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Cavafy

verso

Cavafy Il y a ceux dont les noms sont dans notre mémoire, Alexandre Jannée, petit-fils de Simon Macchabée, y retrouve sa famille; Il y a celui que l'on a croisé un jour, il y a bien longtemps, dans les ruines de Mystra, Théophile Paléologue, le mathématicien lettré, parent du dernier empereur de la ville ; il y a ceux qui sont presque des familiers, Apollonius de Thyane que l'on priait avec Sévère Alexandre ; et puis, il y a tous ceux que l'on ne croise que chez Cavafy, Jean Cantacuzène, Anne Commène, Et aussi Oropherne-lui on s'en souvient, on le voyait dans les éclairs au-dessus des ruines du château d'Olipherne, aider Judith à brandir la tête d'Holopherne. Je demande l'indulgence pour cette facilité que je m'accorde, juste gâterie après la très raide montée jusqu'aux ruines d'Olipherne. Ces noms, quelquefois imaginés, à chaque lecture ils reviennent à nous, comme des voisins, dont on connait le visage, le nom, et rien d'autre, parceque l'on laisse le mystère-ou l'indifférence… dissimuler les ruines des vies gâchées, tandis que nous imaginons ce qui nous attend, le pesant ennui d'hier; mais peut-être retrouverons-nous, assis au café à la table voisine, le désir qui était le nôtre dans cet après-midi d'été, c'était, oui, c'était il y a longtemps, ce souvenir qu'a gardé notre corps d'avoir été tant aimé, en ces temps où déjà les poèmes de Constantin accompagnaient nos mélancolies. Je lis Cavafy dans la traduction de Marguerite Yourcenar, et je lis Cavafis dans la traduction de Dominique Grandmont (Les deux livres dans la collection Poésie/Gallimard) Je cite ici des mots des poèmes suivants : La ville, Monotonie, La Table voisine, Rappelle-toi mon corps. © Mermed

Cavafy Il y a ceux dont les noms sont dans notre mémoire, Alexandre Jannée, petit- fils de Simon Macchabée, y retrouve sa famille; Il y a celui que l’on a croisé un jour, il y a bien longtemps, dans les ruines de Mystra, Théophile Paléologue, le mathématicien lettré, parent du dernier empereur de la ville ; il y a ceux qui sont presque des familiers, Apollonius de Thyane que l’on priait avec Sévère Alexandre ; et puis, il y a tous ceux que l’on ne croise que chez Cavafy, Jean Cantacuzène, Anne Commène, Et aussi Oropherne lui on s’en souvient, on le voyait dans les éclairs au-dessus des ruines du château d’Olipherne, aider Judith à brandir la tête d’Holopherne. Je demande l’indulgence pour cette facilité que je m’accorde, juste gâterie après la très raide montée jusqu’aux ruines d’Olipherne. Ces noms, quelquefois imaginés, à chaque lecture ils reviennent à nous, comme des voisins, dont on connait le visage, le nom, et rien d’autre, parceque l’on laisse le mystère - ou l’indifférence… dissimuler les ruines des vies gâchées, tandis que nous imaginons ce qui nous attend, le pesant ennui d’hier; mais peut-être retrouverons-nous, assis au café à la table voisine, le désir qui était le nôtre dans cet après-midi d’été, c’était, oui, c’était il y a longtemps, ce souvenir qu’a gardé notre corps d’avoir été tant aimé, en ces temps où déjà les poèmes de Constantin accompagnaient nos mélancolies. Je lis Cavafy dans la traduction de Marguerite Yourcenar, et je lis Cavafis dans la traduction de Dominique Grandmont (Les deux livres dans la collection Poésie/Gallimard) Je cite ici des mots des poèmes suivants : La ville, Monotonie, La Table voisine, Rappelle-toi mon corps. © Mermed