C. R. Biologies 325 (2002) 947–956
© 2002 Académie des sciences / Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés
S1631069102015111/FLA
Biologie et pathologie végétales / Plant biology and pathology
Identification de la variabilité intraclonale
des vitroplants de palmier dattier issus de culture
in vitro par organogenèse : étude morphologique
Mohamed Azeqoura*, Mohamed Amssab, Mohamed Baazizc
a
Laboratoire de physiologie végétale, faculté des sciences et techniques, université Moulay-Ismaïl, BP 509,
Boutalamine Errachidia, Maroc
b
Laboratoire de biotechnologies végétales, faculté des sciences de Meknes, université Moulay-Ismaïl, BP 4010,
Beni Mahmed, Meknès, Maroc
c
Laboratoire de biochimie et amélioration des plantes, faculté des sciences Semlalia, université Cadi-Ayyad,
BP 2390, Marrakech, Maroc
Reçu le 14 novembre 2001 ; accepté le 19 août 2002
Présenté par Michel Thellier
Résumé – Devant le rythme accru de la dégradation de la palmeraie marocaine, son repeuplement dépend de la
plantation de vitroplants. Pour évaluer le comportement de ces derniers, une étude morphologique de clones de
palmier dattier, obtenus par organogenèse à partir de jeunes feuilles de cœurs de rejets, a été réalisée sur 92 vitroplants
issus de trois cultivars (Boufeggous, Jihel et Bouskri) et de deux saïrs (Saïr 16bis et 35). Les résultats de l’analyse
en composante principale (ACP) de 34 variables morphologiques de l’appareil végétatif et reproducteur et ceux de la
classification hiérarchique nous ont permis de mettre en évidence une hétérogénéité intraclonale de ces vitroplants au
sein de chaque cultivar et saïr. Un certain nombre de caractères ont été retenus comme étant les caractères les plus
discriminants. Ces caractères peuvent avoir une application dans l’étude de la conformité génétique des vitroplants par
rapport aux pieds mères. Pour citer cet article : M. Azeqour et al., C. R. Biologies 325 (2002) 947–956. © 2002
Académie des sciences / Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS
palmier dattier / vitroplant / morphologie / variabilité intraclonale
Abstract – The greater rhythm of the degradation of the Morocco palm plantation implies a repopulation with
vitroplants. To estimate the behaviour of those vitroplants, a morphological study of clones of date palm, obtained via
organogenesis from primordial leaves surrounding the shoot tip of young offshoots, was carried out on 92 vitroplants
arising from three cultivars (Boufeggous, Jihel and Bouskri) and two saïrs (Saïr 16bis and 35). The results of the
Principal Components Analysis (PCA) of 34 morphological variables of vegetative and reproductive apparatus and
those of the hierarchical classification allowed us to show an intraclonal heterogeneity of these vitroplants within each
cultivar and saïr. A certain number of characters was selected as being the most discriminating. These characters can
be useful in the study of vitroplants genetic conformity with regard to the parents. To cite this article: M. Azeqour
et al., C. R. Biologies 325 (2002) 947–956. © 2002 Académie des sciences / Éditions scientifiques et médicales
Elsevier SAS
date palm / vitroplant / morphology / intraclonal variability
*Correspondance et tirés à part.
Adresse e-mail : Azeqour@hotmail.com (M. Azeqour).
947
M. Azeqour et al. / C. R. Biologies 325 (2002) 947–956
Abridged version
The culture of date palm (Phoenix dactylifera L) has
an important impact on the economic and cultural
sectors for many populations in southern Morocco. It
contributes to the conservation of a fragile ecosystem,
threatened by the Bayoud disease (fusariosis caused by
Fusarium oxysporum f. sp. albedinis) and drought.
Because of the very limited number of offshoots
produced by date palm in its entire life span, mass
propagation can only be accomplished by the use of in
vitro culture. In Morocco, production of date palm
vitroplants is accomplished through organogenesis
(from primordial leaves surrounding the shoot tip of the
young offshoots), which allows a certain varietal authenticity instead of the technique of somatic embryogenesis, which is subject to genetic variations. However, the
observation of vitroplants in the field, after 10 years of
culture, allowed us to register many morphological
abnormalities. The aim of the present work is to
estimate the intraclonal variability of date palm vitroplants with the help of morphological markers related
to the vegetative and reproductive developments.
The measures made on the vegetative and reproductive characters differ between clones within each cultivar and saïr studied. The ANOVA test and t-test indicate
that all characters exhibit significant differences between
the clones of the cultivar S35. Only 21 characters
(except lFM, LEB) for BFG clones, 20 characters
(except LEB, EEB and NGd) for the S16b clones, 18
characters (except LEP, GPH, GPB, LEB and EEB) for
JHL clones, and 19 characters (except LEP, GPH, lMR,
LFB and lFB) for BSK clones, showed significant
differences.
The principal component analysis (PCA) based on 34
morphological characters, the vegetative and reproductive aspects, showed a difference of clones into each
cultivar and saïr. The analysis of correlation matrices
1. Introduction
La culture du palmier dattier est une culture stratégique, particulièrement dans les zones sud-marocaines. Le
patrimoine phœnicicole est composé d’une multitude de
variétés (≡ 230), représentées par environ deux millions
de palmiers (soit 44,4%) et plus de 55,6% de khalts ou
saïrs (hybrides naturels) [1]. Sa répartition est faite sur
une superficie de 44 000 hectares, avec un effectif de
250 000 pieds productifs. Elle s’étend sur plusieurs
régions, dont celles de Tafilalet et Drâa, qui contiennent
plus de 70% de l’effectif national global en palmiers dattiers [2]. Cette culture constitue le pivot économique et
948
leads to many strongly correlated variables (r = 0.9).
Correlation between variables, projected in the plans
formed by the axes (1–2 and 1–3), showed a group
forming the majority of these variables on the axis (1),
which contributes to a high percentage of variance.
Using hierarchical classification, the truncation of the
hierarchy has been found to be different at the level of
the two character sets (vegetative and breeder). It leads
respectively to seven and five classes for BFG and
S16b, seven and seven classes for S35, while for each
of JHL and BSK cultivars, which were not yet fruit
producing, the classification exhibited five classes,
according to the vegetative criteria.
The different analyses revealed a high heterogeneity
in the morphological characters of date palm clones.
The observed variations are important and very highly
significant between clones of the same cultivar or saïr.
By considering all the studied quantitative characters,
the discrimination is bound to 12 and five characters of
the vegetative and reproductive criteria, respectively.
The morphological variations revealed in the date
palm vitroplants suggest the effect of the technique
used. The technique does not use axillary buds, but
buds neoformed on the bases of very young leaves.
This technique can be subject to somaclonal variations,
because of the passage by the callus stage. The use of
young inflorescences as source of explants remains
interesting. Histological studies showed that the initiation of buds is made at the level of the subepidermic
meristematic zones of the petals. So, this technique
could lead to a genetic stability of date palm vitroplants. The study of the morphological characters and
the search for descriptors allowing the clonal characterisation of date palm vitroplants constitute a preliminary and necessary step to improve the date palm
culture. The results of such works should allow early
tests of the genetic conformity in date palm plants
obtained by in vitro micropropagation techniques.
culturel d’une population importante et contribue à la
préservation d’un écosystème fragile, menacé par le
Bayoud (maladie causée par Fusarium oxysporum) et
par la désertification. En effet, les dégâts enregistrés sont
importants en termes de réduction de l’effectif de palmiers dattiers (environ 10 millions d’arbres décimés par
la maladie du Bayoud), d’érosion génétique (disparition
totale des variétés, exemple de Berni et Idrar), de désertification et d’exode des populations rurales.
Pour repeupler la palmeraie dévastée, la propagation
traditionnelle par culture de rejets ne peut répondre aux
énormes besoins en plants nécessaires pour la reconsti-
Pour citer cet article : M. Azeqour et al., C. R. Biologies 325 (2002) 947–956
Fig. 1. Émission de nombreux rejets
et dislocations de l’arbre.
tution de la palmeraie marocaine, vu le nombre limité de
rejets (20 rejets) que peut produire un palmier au cours
de sa vie [3, 4]. Le recours aux techniques de culture in
vitro offre la seule alternative permettant la multiplication en masse et la diffusion rapide des cultivars aux
phœniciculteurs. Aujourd’hui, dans le monde, la propagation in vitro du dattier est réalisée à travers l’embryogenèse somatique et l’organogenèse, utilisant différents
explants. Ainsi, depuis la mise au point de la technique
de propagation in vitro du palmier dattier [5], les autorités marocaines ont mis en place un projet ambitieux
ayant pour but de reconstituer la palmeraie dévastée à
l’aide de plants issus de cultures in vitro. Ce programme
s’échelonne sur 20 ans (1987–2007) et vise à planter
150 000 plants par an [6, 7].
Dans le but de produire des plants génétiquement
conformes, on préfère au Maroc l’utilisation de la technique d’organogenèse à partir de jeunes feuilles de
cœurs de rejets, qui permet, en principe, une certaine
authenticité variétale, au lieu de la technique d’embryogenèse somatique. Toutefois, le passage par cal peut
induire des variations génétiques dans la qualité du fruit,
la résistance aux maladies et d’autres caractères morphologiques et horticoles [8, 9]. Ainsi, plusieurs centaines de vitroplants ont été produits à l’Inra de Marrakech,
puis transmis à d’autres laboratoires commerciaux.
Après 10 ans de cultures, l’observation au champ des
vitroplants de palmier dattier montre des variations
morphologiques. Suite aux rapports des offices régionaux de mise en valeur agricole (Ormva) d’Errachidia
et d’Ouarzazate, un certain nombre d’anomalies ont été
enregistrées (voir Figs 1 et 2) :
– émission de nombreux rejets et gourmands ;
Fig. 2. Malformation du rachis et dessèchement des folioles.
– malformation des folioles et du rachis ;
– chute précoce de fruits et faible taux de nouaison ;
– fruits parthénocarpiques ;
949
M. Azeqour et al. / C. R. Biologies 325 (2002) 947–956
Tableau 1. Nombres de clones, date de plantation et d’entrée en production des cultivars et saïrs étudiés.
Cultivars et saïrs
Code
Nombre de clones
Date de plantation
Entrée en production
Boufeggouss
Jihel
Bousekri
Saïr 16bis
Saïr 35
BFG
JHL
BSK
S16b
S35
24
11
09
24
24
1989
—
—
—
—
oui
non
non
oui
oui
– absence de maturité pour les dattes de certains
clones ;
– non-conformité de Boufeggouss au Boufeggouss
standard ;
– après 10 ans de culture, 18% d’un échantillon de
1078 vitroplants sont actuellement entrés en production
dans la zone d’Errachidia.
Le but de notre étude est l’évaluation de la variabilité
intraclonale de vitroplants de palmiers dattiers, obtenus
par la technique d’organogenèse à partir de jeunes
feuilles de cœurs de rejets, à l’aide de marqueurs
morphologiques portant sur les organes végétatifs et
reproducteurs.
réalisées jusqu’à maintenant. Certains travaux, qui ont
servi de référence à notre recherche, ont concerné des
sujets adultes en Californie [10], d’autres correspondent à des études de phénologie et de pomologie [11],
tandis que les plus récents [12, 13] présentent différents
critères de reconnaissance variétale.
Tableau 2. Codage des caractères morphologiques étudiés.
Caractères
Stipe
2. Matériels et méthodes
2.1. Matériel végétal
Le matériel végétal étudié comprend 92 clones
(Tableau 1), répartis en trois variétés (BFG, JHL et
BSK) et deux saïrs (S16bis et S35). Ces variétés et saïrs
sont plantés à la station de mise en valeur agricole
d’Errachidia, dans les mêmes conditions, et reçoivent le
même entretien depuis 1989. Les mesures des caractères morphologiques sont effectuées sur 24 clones chacun pour BFG, S16bis et S35, et sur 11 pour JHL et 9
pour BSK.
Pour chaque clone, les mesures de 34 caractères
portent à la fois sur l’appareil végétatif (29 caractères)
et reproducteur (5 caractères). Toutes les variables
(Tableau 2) sont des caractères quantitatifs. Elles concernent :
– pour l’appareil végétatif, le stipe (trois caractères), la
palme (9), les pennes ou folioles (9) et les épines (8) ;
– pour l’appareil reproducteur, la spathe (deux caractères), le régime (2) et la datte (1).
Les variables de l’appareil reproducteur ne concernent que BFG, S16bis et S35, qui sont entrés en
production.
Observations morphologiques
Les études sur l’identification des clones de palmier
dattier issus de cultures in vitro n’ont jamais été
950
Palme
HS
DS
NGd
4.
5.
6.
7.
8.
longueur totale de la palme
longueur de la partie foliolée
longueur de la partie épineuse
gabarit de la partie foliolée en haut
gabarit de la partie foliolée au
milieu
gabarit de la partie foliolée en bas
largeur au milieu du rachis
largeur à la 1re épine
largeur à la base du rachis
LTP
LPF
LPE
GPH
nombre total de folioles
longueur de foliole en haut
longueur de foliole au milieu
longueur de foliole en bas
largeur de foliole en haut
largeur de foliole au milieu
largeur de foliole en bas
longueur/largeur de foliole du
milieu
21. densité d’implantation des folioles
NTF
LFH
LFM
LFB
lFH
lFM
lFB
9.
10.
11.
12.
Foliole
(Penne)
Épine
Codes
1. hauteur du stipe
2. diamètre du stipe
3. nombre de gourmands
13.
14.
15.
16.
17.
18.
19.
20.
22.
23.
24.
25.
26.
27.
28.
29.
30.
31.
Inflorescence 32.
33.
34.
GPM
GPB
lMR
l1E
lBR
L/lFM
DIF
nombre total des épines
longueur de l’épine en haut
longueur de l’épine au milieu
longueur de l’épine en bas
épaisseur de l’épine en haut
épaisseur de l’épine au milieu
épaisseur de l’épine en bas
densité d’implantation des épines
NTE
LEH
LEM
LEB
EEH
EEM
EEB
DIE
nombre de régimes
nombre d’épillets par régime
nombre de dattes par épillet
longueur de la spathe
largeur de la spathe
NR
NPR
NDP
LS
lS
To cite this article: M. Azeqour et al., C. R. Biologies 325 (2002) 947–956
2.2. Analyses des données
Les résultats obtenus pour les caractères morphologiques de l’appareil végétatif et reproducteur ont été
traités par analyse en composantes principales (ACP)
[14, 15]. Cela permet de visualiser les relations existant
entre ces caractères et de voir s’ils peuvent être utilisés
comme marqueurs de la variabilité intraclonale des
vitroplants. Pour chaque pied, les valeurs en stipe, en
palme, en foliole, en épine, en spathe et en régime ont
été introduites dans une ACP, en fonction des cultivars
étudiés. Ainsi, les matrices sont constituées de 24(BFG),
24(S16B), 24(S35), 11(JHL), 9(BSK) individus et de
34 caractères quantitatifs. De même, une classification
hiérarchique a été effectuée pour regrouper les clones
homogènes et établir une hiérarchie ou des portions
[16]. La métrique utilisée dans notre cas est la distance
euclidienne [17]. Par ailleurs, une analyse de variance,
à un critère de classification, sur le degré de signification des caractères mesurés a été réalisée par la procédure Anova et t-test. L’Anova a été effectuée sur 23
caractères, alors que le t-test n’a concerné que les
caractères du stipe (HS, DS, NGd) et de l’inflorescence
(NR, NDP, NPR, LS et lS), dont les mesures sont
inférieures à 30 valeurs.
Les différentes analyses ont été effectuées à l’aide
des programmes :
– Excel pour la saisie des données ;
– SPSS pour l’Anova et le t-test.
– Stat ITCF pour l’ACP et la classification hiérarchique.
3. Résultats
3.1. Analyse de variance
Les mesures effectuées sur les caractères végétatifs et
reproducteurs diffèrent entre les clones au sein de
chaque cultivar et saïr étudiés. Les tests Anova et t-test
indiquent que tous les caractères diffèrent significativement entre les clones du cultivar S35, alors que seuls
21 caractères (exceptés lFM, LEB), pour les clones
BFG, 20 caractères (exceptés LEB, EEB et NGd), pour
les clones de S16b, 18 caractères (exceptés LEP, GPH,
GPB, LEB et EEB), pour les clones de JHL, et 19
caractères (exceptés LEP, GPH, lMR, LFB et lFB),
pour les clones de BSK, diffèrent significativement
(Tableaux 3 et 4).
3.2. Analyse factorielle
L’analyse en composante principale (ACP), basée sur
29 caractères morphologiques de l’appareil végétatif et
cinq caractères morphologiques de l’appareil reproduc-
teur, montre une divergence des clones au sein de
chaque cultivar et saïr (Figs 3 et 4).
3.2.1. Données quantitatives concernant l’appareil
végétatif
L’analyse des matrices de corrélations entre les
différentes variables de l’appareil végétatif concernant
les palmes, stipe, pennes et épines, fait apparaître des
variables fortement corrélées (r = 0,9). Toutes les corrélations sont positives entre les variables, sauf pour
DIF, DIE, NGd, qui sont corrélées négativement. Ceci
pour les clones issus des cultivars (BFG, S16b et S35),
alors qu’on note, en plus des trois variables sus-citées,
la variable L/lFM pour (JHL) et HS, LEB pour (BSK).
L’ACP effectuée sur les tableaux des données après
centrage et réduction montre les variances expliquées
par les trois axes et les variables qui ont contribué à leur
formation (Tableau 5).
L’analyse des cercles de corrélation, faite sur les
variables suivant les plans formés par l’axe (1–2) et
(1–3), montre que, selon l’axe (1), qui contribue à un
pourcentage de variance élevé, les variables relatives à
la dimension de la palme et du stipe s’opposent à la
densité d’implantation des folioles et des épines. Alors
que, selon l’axe (2), l’épaisseur de l’épine et la dimension des folioles s’opposent au reste des caractères.
De l’analyse des données brutes, il ressort que les
variables végétatives répartissant les clones en des
groupes homogènes sont :
– la hauteur et le diamètre du stipe,
– le gabarit de la palme au milieu,
– les longueurs totales de la palme et de la partie
foliolée et épineuse,
– l’épaisseur des épines en haut et au milieu,
– la longueur et la largeur de la foliole à la base,
– la densité d’implantation des épines et des folioles.
L’examen des différentes représentations graphiques
montre que la variation est importante entre les clones
de la même variété et saïr.
3.2.2. Données quantitatives concernant l’appareil
reproducteur
Les données quantitatives de l’appareil reproducteur
sont celles concernant la spathe le régime et la datte.
Les matrices de corrélation montrent des liaisons
élevées entre les variables à r > 0,9 ; les corrélations
sont toutes positives.
L’ACP effectuée sur les tableaux des données montre
les variances expliquées par les trois axes et les
variables qui ont contribué à leur formation (Tableau 6).
La forte corrélation entre les variables relatives à
l’appareil reproducteur a entraîné le regroupement de
ces variables sur l’axe (1).
951
952
Tableau 3. Analyse de variance, de la moyenne des carrés et de la valeur F estimée de 23 caractères morphologiques, relatives à chaque cultivar et saïr, déterminées par l’Anova.
BFG
Moyenne des carrés
S16bis
F observé
S35
Moyenne des carrés
F observé
Inter-clones Intra-clone
Moyenne des carrés
JHL
F observé
Inter-clones Intra-clone
Moyenne des carrés
BSK
F observé
Inter-clones Intra-clone
LTP
LPF
LPE
GPH
GPM
GPB
lMR
l1E
lBR
NTF
LFH
LFM
LFB
lFH
1695,980
2552,289
30,903
30,903
317,210
350,728
0,121
2,262
12,488
152,956
68,119
48,790
217,699
0,175
23,236
39,542
6,024
6,024
35,514
53,483
2,778E02
0,279
0,938
2,153
11,006
9,627
39,751
7,847 × 102
72,989***
64,547***
4,130***
5,130***
8,932***
6,558***
4,362***
8,096***
13,352***
71,050***
6,189***
5,068***
5,477***
2,230**
1476,637
1380,231
24,962
25,191
120,985
323,391
0,245
3,612
21,438
167,099
50,118
85,983
187,125
0,585
34,111
44,875
6,892
6,559
24,736
53,819
3,750E02
0,173
1,223
39,389
4,125
11,215
23,550
5,343 × 102
43,289***
30,757***
3,622***
3,841***
4,891***
6,009***
6,539***
20,921***
17,534***
4,242***
12,151***
7,666***
7,946***
10,942***
419,157
3243,128
1201,931
8,417
146,461
258,297
0,126
1,580
16,409
129,389
49,054
82,472
63,589
0,278
25,528
185,958
1290,524
2,969
25,014
43,139
4,042E02
0,107
1,133
9,431
6,219
6,675
15,912
2,708 × 102
16,420***
17,440***
0,931*
2,835**
5,855***
5,988***
3,108***
14,739***
14,497***
13,720***
7,888***
12,355***
3,994***
10,273***
1197,321
967,158
13,156
13,156
160,006
89,438
0,106
4,757
10,797
115,521
29,584
33,823
118,518
0,293
59,848
67,394
3,735
3,735
21,273
72,977
3,061E02
0,163
1,368
3,485
7,698
8,628
22,870
5,273 × 102
20,006***
14,351***
3,523
3,523
7,522***
1,226
3,469*
29,122***
7,895***
33,150***
3,843*
3,920*
5,182**
5,556***
378,815
1743,176
18,600
18,600
203,542
83,58
2,0883E02
2,439
26,672
17,537
34,576
104,380
3967,673
0,219
lFM
lFB
NTE
LEH
LEM
LEB
EEH
EEM
EEB
6807,448
0,279
55,507
34,660
10,471
0,731
5,618 × 102
1,884 × 102
1,498 × 102
6821,314
4,028 × 102
2,306
8,293
1,390
0,515
7,222 × 103
6,806 × 103
6,528 × 103
0,998
6,935***
24,075***
4,180***
7,543***
1,419
7,778***
2,768***
2,294**
0,727
0,308
57,130
28,131
6,036
0,680
5,043 × 102
3,070 × 102
8,382 × 103
0,152
7,806 × 102
1,028
14,270
1,671
0,568
1,167 × 102
9,028 × 103
5,833 × 103
4,773***
3,942***
55,586***
1,971*
3,613***
1,197
4,323***
3,401***
1,437
0,613
0,161
8,695
39,150
10,227
0,749
3,531 × 102
2,377 × 102
4,928 × 103
9,083 × 102
6,083 × 102
0,778
9,845
2,087
0,445
5,139 × 102
4,028 × 103
2,639 × 103
6,744***
2,642**
11,179***
3,977***
4,901***
1,645*
6,871***
5,901***
1,867*
0,571
0,194
42,139
32,755
8,523
0,907
6,485 × 102
5,491 × 102
5,636 × 103
0,145
7,545 × 102
2,879
7,519
1,808
0,872
1,485 × 102
1,061 × 102
7,789 × 103
3,950**
2,574*
14,638***
4,356**
4,713***
1,039
4,367**
5,177***
0,715
0,434
8,954 × 102
4,120
15,832
11,048
2,043
2,926 × 102
7,370 × 103
1,593 × 102
F observé
Inter-clones Intra-clone
62,593
43,778
4,806
4,806
23,065
27,889
3,630E02
0,140
1,974
2,741
4,899
8,693
3340,047
9,00 × 1002
0,155
4,593 × 102
0,815
6,735
1,730
0,640
1,000 × 102
1,481 × 102
5,556 × 103
6,052***
39,819***
3,870
3,870
8,825***
2,997*
0,574
17,377***
13,514***
6,399**
7,057***
12,008***
1,188
2,436*
2,798*
1,950
5,057**
2,351*
6,348***
3,195**
2,926*
4,975**
2,867*
M. Azeqour et al. / C. R. Biologies 325 (2002) 947–956
Caractères
*, **, *** : Statistiquement significative respectivement à 0,05, 0,01, 0,001.
Inter-clones Intra-clone
Moyenne des carrés
Pour citer cet article : M. Azeqour et al., C. R. Biologies 325 (2002) 947–956
Tableau 4. Moyennes et degré de signification des caractères morphologiques du stipe et de l’inflorescence des clones, pour chaque
cultivar et saïr, déterminés par le t-test.
Caractères
BFG
S16bis
S35
JHL
BSK
Moyenne
P*
Moyenne
P*
Moyenne
P*
Moyenne
P*
Moyenne
P*
HS
DS
NGd
93,2708
179,7083
4,0833
< 0,0001
< 0,0001
< 0,001
105,5833
187,6667
1,5000
< 0,0001
< 0,0001
< 0,12
103,2708
167,3750
2,9167
< 0,0001
< 0,0001
< 0,0001
85,7727
179,3182
8,4545
< 0,0001
< 0,0001
< 0,0001
85,0556
177,3333
8,6667
< 0,0001
< 0,0001
< 0,0001
NR
NPR
NDP
LS
LS
1,6250
59,5311
6,8444
39,4589
6,7644
< 0,004
< 0,0001
< 0,0001
< 0,0001
< 0,0001
2,7500
66,9850
5,6250
32,5175
6,3467
< 0,002
< 0,0001
< 0,0001
< 0,0001
< 0,0001
3,0417
51,6287
21,5100
31,3967
8,6038
< 0,0001
< 0,0001
< 0,0001
< 0,0001
< 0,0001
P*: Paired t-test.
L’analyse des cercles de corrélation et les représentations graphiques (1–2) et (1–3) montrent que les
clones sont répartis en deux groupes opposés
(Tableau 7). Cette opposition est due à la dimension de
la spathe et à celle du régime.
À l’issue de l’analyse, il ressort que les cinq caractères :
– nombre de régimes,
– longueur de la spathe,
– largeur de la spathe,
– nombre d’épillets par régime,
– nombre de dattes par épillet,
sont discriminants.
reproducteur est une classification ascendante hiérarchique. D’après l’arbre hiérarchique, les clones homogènes entre eux, pour chaque cultivar et saïr, sont
regroupés en classes (Tableaux 8 et 9).
La troncature de la hiérarchie n’est pas la même au
niveau des deux appareils (végétatif et reproducteur).
Elle différencie respectivement sept et cinq classes pour
BFG et S16b, sept et sept classes pour S35, alors que,
pour chacun des deux cultivars JHL et BSK, qui ne sont
pas entrés en production, la classification a engendré
cinq classes selon les critères concernant l’appareil
végétatif.
4. Discussion
3.3. Classification hiérarchique
La classification hiérarchique effectuée sur les données quantitatives concernant l’appareil végétatif et
Fig. 3. Analyse en composante principale des clones de palmier
dattier, issus de trois cultivars et deux saïrs, basée sur 29
caractères morphologiques de l’appareil végétatif. [, BFG ; ×,
BSK ; +, JHL ; ·, S16b ; _, S35.
Les analyses que nous avons entreprises sur les
vitroplants de palmier dattier nous ont permis de
Fig. 4. Analyse en composante principale des clones de palmier
dattier, issus de deux saïrs et d’ un seul cultivar, basée sur cinq
caractères morphologiques de l’appareil reproducteur. _, S35 ;
·, S16b ; [, BFG.
953
M. Azeqour et al. / C. R. Biologies 325 (2002) 947–956
Tableau 5. Variances expliquées par les trois premiers axes et regroupement des variables de l’appareil végétatif, contribuant à leur
formation.
Variétés
Axe
% de la variation par rapport à la variation totale
Variables
BFG
1
2
3
33,1
18,0
10,6
LFB–NTE–lFB–GPM–DS–lRB–EEM–EEH
DIE–LTP–LPE–LPF
––––––––––––––
S16b
1
2
3
34,4
17,1
10,2
LTP–LPF–lRM–lRB–DS–LPE–NTF–LFH–HS–LFM
LFB–EEM–DIE–lFM
––––––––––––––
S35
1
2
3
31,6
16,8
12,8
LTP–LFM–DS–LFB–DIF–HS–l1E
DIE–EEH–lFM–EEM
LFM–DIF–GPM
JHL
1
2
3
49,5
15
09,1
LTP–LPM–lFM–GPM–lFB–NTE–EEM–EEH–DIF–HS–l1E–lRM–DIE–DS
LFB–lRB–DIE
––––––––––––––
BSK
1
2
3
43,8
19,1
12,9
l1E–LPF–lRB–EEM–LTP–GPM–LFM–LEH–DIF–EEH–LFB–lFB–GPB
NTF–DIE–LFB–NTE
HS–lFH
révéler une grande hétérogénéité dans les caractères
morphologiques des clones. Les variations observées
sont importantes et très hautement significatives entre
les clones d’un même cultivar ou saïr. Ces résultats
confirment le taux de polymorphisme enzymatique
élevé, trouvé chez les mêmes cultivars et saïrs [18].
Certains auteurs écartent quelques caractères, notamment la longueur et l’épaisseur du stipe, parce qu’ils
sont tributaires de plusieurs facteurs, tels que l’âge du
palmier, le poids de rejet lors de la plantation et l’effet
de la sécheresse [19, 20]. Dans notre cas, tous les
vitroplants, ayant le même âge, sont cultivés dans les
mêmes conditions écologiques et reçoivent le même
entretien, dans une station expérimentale.
Cette étude d’identification de clones de palmier
dattier issus de culture in vitro semble n’avoir jamais
été réalisée. Toutefois, le choix d’un nombre élevé de
caractères morphologiques discriminants et stables
s’avère indispensable pour s’assurer de la fiabilité de la
caractérisation morphologique. Les travaux antérieurs
relatifs à la morphologie du palmier dattier se basant
sur de simples observations, la discrimination de tel ou
Tableau 6. Variances expliquées par les trois premiers axes et regroupement des variables de l’appareil reproducteur contribuant à leur
formation.
Variétés
Axe
% de variation par rapport à la variation totale
Variables
BFG
1
2
3
79,5
18,2
01
NPR–NDP–LS–lS
NR
––––––––––––––
S16b
1
2
3
88,6
06,2
02,3
NPR–NDP–LS–lS–NR
––––––––––––––
––––––––––––––
S35
1
2
3
85,5
07,9
03,8
NPR–NDP–LS–lS–NR
––––––––––––––
––––––––––––––
Tableau 7. Répartition de 24 clones de BFG, S16b et S35 en deux groupes homogènes selon l’axe (1).
Variété
BFG
S16b
S35
954
Clones homogènes
Clones opposés selon l’axe (1)
2–4–5–7–9–10–17–19–20
2–3–4–5–9–10–12–14–15–16–19–22
2–11–14–15–16–20–23–24
1–3–6–8–11–12–13–14–15–16–18–21–22–23–24
1–6–7–8–11–13–17–18–20–21–23–24
1–3–4–5–6–7–8–9–10–12–13–17–18–19–21–22
To cite this article: M. Azeqour et al., C. R. Biologies 325 (2002) 947–956
Tableau 8. Classes et effectifs de clones homogènes selon la
troncature de la hiérarchie de l’appareil végétatif.
Tableau 9. Classes et effectifs de clones homogènes selon la
troncature de la hiérarchie de l’appareil reproducteur.
Variétés Classes Effectifs
Clones
Variétés Classes Effectifs
BFG
1
2
3
4
5
6
7
3
4
3
5
1
7
1
1–4–7
2–10–12–20
16–19–22
5–8–15–17–23
11
3–6–9–14–18–21–24
13
S16b
1
2
3
4
5
6
7
6
1
3
3
5
5
1
1–6–9–10–19–21
3
2–14–23
12–18–24
4–7–15–16–22
5–8–13–17–20
11
S35
1
2
3
4
5
6
7
7
10
2
2
1
1
1
1–2–3–6–12–15–21
4–5–8–10–11–14–17–20–22–23
7–19
9–13
16
18
24
JHL
1
2
3
4
5
2
4
2
2
1
1–11
4–8–5–7
2–9
3–10
6
BSK
1
2
3
4
5
1
5
1
1
1
1
2–5–6–7–8
3
4
9
tel caractère est établie d’une façon subjective, comme
le fait de différencier l’importance des caractères par
des termes tels que bon caractère, caractère assez fidèle
ou caractère intéressant [21]. Certains auteurs ont
énuméré un nombre élevé de critères dont la probabilité
d’être discriminants est grande [22–24]. D’autres ont eu
recours à des traitements statistiques unidimensionnels
et n’ont utilisé qu’un nombre réduit de variables (4 à 15
caractères) [25].
En considérant tous les caractères quantitatifs étudiés, la discrimination est liée à 12 caractères de
l’appareil végétatif :
– hauteur et diamètre du stipe,
– gabarit de la palme au milieu,
– longueur totale de la palme, de la partie foliolée et
épineuse,
– épaisseur des épines en haut et au milieu,
– longueur et largeur de la foliole à la base,
– densité d’implantation des épines et des folioles,
Clones
1–3–6–8–11–12–13–14–
15–16–18–21–22–23
2
4–7–10
5–9–17–19–20
24
1
14
2
3
4
5
1
3
4
1
S16b
1
2
3
4
5
12 2–3–4–5–9–10–12–14–15–16–19–22
1
1
5
6–7–20–21–23
2
8–24
4
11–13–17–18
S35
1
2
3
4
5
6
7
8
4
5
1
2
3
1
BFG
–
–
–
–
–
2–11–14–15–16–20–23–24
1–3–6–10
4–5–7–9–12
8
13–22
17–18–21
19
et à cinq caractères de l’appareil reproducteur :
nombre de régime,
longueur de la spathe,
largeur de la spathe,
nombre d’épillets par régime,
nombre de dattes par épillet.
Nos résultats sont en accord avec ceux trouvés pour
26 cultivars de palmier dattier de Zagora, sur la base
d’un traitement statistique multidimensionnel [13].
Parmi les caractères de l’appareil reproducteur, deux
ont été cités dans des travaux antérieurs, réalisés sur le
palmier dattier, il s’agit de la longueur de la spathe [21]
et de la longueur de la spathe et du nombre des épillets
[13]. La hiérarchie basée sur les caractères de l’appareil
végétatif ne conduit pas forcément à la même hiérarchie que celle faite sur les caractères de l’appareil
reproducteur. Cependant, la non-concordance des caractères floraux et végétatifs n’implique pas que la classification soit fausse [26].
Les variations morphologiques révélées chez les
vitroplants de palmier dattier suggèrent l’influence de
la technique de culture in vitro utilisée. En effet,
plusieurs facteurs, sources de variations somaclonales,
sont liés à la technique de culture des tissus de palmier
dattier, à savoir, entre autres : la durée de la culture in
vitro et, plus précisément, la longueur de la phase non
morphogène [27, 28], les désordres physiologiques dus
aux substances de croissance mutagènes [29, 30] et
l’origine de l’explant mis en culture [31]. Ces aspects
rentrent dans ce qu’on peut appeler la maîtrise de la
955
M. Azeqour et al. / C. R. Biologies 325 (2002) 947–956
technique de culture in vitro du palmier dattier. En
effet, aucun acquis dans le domaine de l’amélioration
ne pourra être exploité d’une manière stable et définitive sans la parfaite maîtrise de la voie de régénération
conforme. Rappelons que la conformité génétique n’est
garantie que lorsque le développement provient de
méristèmes axillaires, comme en conditions naturelles.
La technique de régénération employée ne fait pas
intervenir les bourgeons axillaires, mais des bourgeons
néoformés à la base de jeunes feuilles de cœurs de
rejets. Cette technique peut être sujette à des variations
somaclonales à cause du passage par le stade cal [32].
Cependant, la voie des axillaires demeure peu rentable,
vu leur nombre restreint sur les rejets. L’utilisation des
inflorescences comme source d’explants reste intéressante, des études histologiques ont montré que l’initiation des bourgeons se fait au niveau de la zone
méristématique sous-épidermique des pétales [30]. Cette
technique serait donc en faveur d’une stabilité génétique des vitroplants.
L’étude des caractères morphologiques et la recherche de descripteurs permettant la caractérisation clonale des vitroplants de palmier dattier constituent des
étapes préliminaires nécessaires pour mieux promouvoir le secteur phœnicicole. Les résultats de telles
recherches permettraient de vérifier la conformité de
plants de palmier dattier obtenus par micropropagation
in vitro.
Remerciements. Ce travail a été réalisé en collaboration avec les deux offices régionaux de mise en valeur agricole (ORMVA) de Tafilalet et d’Ouarzazate.
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