DIALOGUE SUR LE RÔLE DES MÉDIAS
POUR LA DÉMOCRATIE CANADIENNE
RAPPORT SYNTHÈSE
Soutenu par le :
SECRÉTARIAT DU QUÉBEC AUX RELATIONS CANADIENNES
25 mars 2021
inm.qc.ca
Crédits
Analyse et rédaction
Francis Therrien, agent de communication
Nicolas Vazeille, chargé de projet
Révision
Mathieu Arsenault, conseiller principal et coordonnateur, communications et relations de
presse
Malorie Flon, directrice du développement
Josselyn Guillarmou, analyste-rédacteur
Julie Caron-Malenfant, directrice générale
Équipe de projet
INM
Julie Caron-Malenfant, directrice générale
Malorie Flon, directrice du développement
Francis Huot, chargé de projet, publications et contenus
Marie Perrault, agente de projet
Francis Therrien, agent de communication
Nicolas Vazeille, chargé de projet
Centre pour le dialogue Morris J. Wosk de l'Université Simon Fraser
Zaria Alibhai, coordonatrice de projet
Michelle Bested, manager, engagement et entrepreneuriat social
Julie Bezard, analyste, dialogue et engagement
Renee McMillen, assistante de recherche, communication et engagement
Prodpran Wangcherdchuwong, analyste, dialogue et engagement
Jennifer Wolowic, manager, Renforcer la démocratie canadienne
2 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
À propos de l’INM
L'INM est une organisation indépendante et non partisane qui a pour ambition
d'accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique.
L'action de l'INM a pour effet d'encourager la
participation citoyenne et de contribuer au
développement des compétences civiques, au
renforcement du lien social et à la valorisation
des institutions démocratiques.
L'équipe de l'INM est animée par la conviction
que la participation citoyenne renforce la
démocratie.
Pour nous joindre
5605, avenue de Gaspé, bur. 404
Montréal (Québec) H2T 2A4
Téléphone : 1 877 934-5999
Télécopieur : 514 934-6330
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www.inm.qc.ca
Pour citer ce document
INM. « Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne – Rapport synthèse
». Montréal, 31 mars 2021. https://inm.qc.ca/dialogue-role-medias-democratie-canadienne/
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 3
Faits saillants
Le Dialogue sur le rôle des médias dans la démocratie canadienne a été piloté par l’INM en
partenariat avec le Centre pour le Dialogue Morris J. Wosk de l’Université Simon Fraser.
25 personnes ont pris part au Dialogue : journalistes, directions de médias, syndicalistes,
universitaires, personnes œuvrant dans des fondations ou ayant travaillé pour le CRTC.
Le Dialogue s’est déroulé en quatre séances du 5 au 26 novembre 2020. Trois séances
portaient sur des enjeux actuels en lien avec les médias : le pluralisme de l’information et la
démocratie; les défis rencontrés par les médias canadiens; le cadre réglementaire et le rôle de
l’État. La quatrième séance consistait en une présentation du projet de Conversation
publique sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne, suivie d’une discussion
sur la pertinence d’un tel projet.
Les participants ont convenu de la nécessité de préserver le droit qu’ont tous les citoyennes et
citoyens d’être informés adéquatement des enjeux d’intérêt public et de renforcer le rôle des
médias pour la démocratie, tout en identifiant plusieurs défis qui ont émergé des discussions :
1. Les disparités territoriales au sein du Canada
● Les enjeux et difficultés rencontrés par les médias diffèrent selon les provinces.
○ Le Québec est confronté à une concentration plus grande des médias,
tout en bénéficiant d’un « facteur de protection linguistique » par
rapport au reste du Canada.
○ Les médias anglophones sont confrontés à la concurrence
états-unienne.
● Les médias francophones hors Québec connaissent des difficultés que les
médias francophones québécois ne rencontrent pas. Contrairement à ces
derniers, la langue n’est ni un atout ni une protection pour eux.
● Les villes et les régions ne font pas face aux mêmes défis, et ce, partout au
Canada. Les médias locaux ont des difficultés particulières liées au territoire
qu’ils couvrent.
2. Le financement des médias
● Il n’y a pas de consensus à savoir si l’indépendance des médias est mieux
protégée par un financement privé que public. Des mécanismes doivent
assurer l’indépendance du travail journalistique.
● L’État peut stimuler l’écosystème médiatique en aplanissant les différences
réglementaires entre les géants du Web et les médias canadiens et en offrant
des capitaux via un fonds indépendant et/ou des crédits d’impôt.
● Les médias doivent revoir leur modèle d’affaires et se questionner sur la
disponibilité du contenu par abonnement comparativement à la gratuité. La
forme juridique des médias est aussi une avenue à explorer quand on parle de
modèles d’affaires.
4 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
3. La diversité dans les médias
● La concentration des médias au Canada nuit à leur pluralisme. Si ce
phénomène apporte des solutions à certains maux, il vient avec son lot de
problèmes.
● La question de la diversité dans les médias se décline en trois dimensions :
○ Diversité du personnel, dont la faiblesse contribue à miner la relation
avec les publics;
○ Diversité des opinions dans les salles de nouvelles. « L’uniformité dans
les opinions serait un danger pour la démocratie »;
○ Diversification des approches journalistiques, présentée comme une
avenue pour donner un nouvel élan au journalisme et rejoindre de
nouveaux publics.
4. La relation entre médias et publics
● Avec la multiplication des sources d’information, la vision des médias comme
institution qui rassemble l’ensemble de la population est en compétition avec
une autre, qui mise sur la création de niches pour chaque média.
● La confiance de la population envers les médias au Canada est décroissante.
Pour contrer cette tendance, les médias doivent réaffirmer leur indépendance,
notamment par l’éducation aux médias auprès de la population.
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 5
Table des matières
PRÉSENTATION DE LA DÉMARCHE PARTICIPATIVE
Mise en contexte
Étapes de la démarche
7
7
8
RÉSULTATS DES DISCUSSIONS
1. Des disparités territoriales au sein du Canada
1.1. Des réalités différentes entre le Québec et les autres provinces
1.2. Une dichotomie entre villes et régions
2. Le financement des médias
2.1. Le rôle de l’État
2.2. La nécessaire révision des modèles d’affaires
3. Pour une plus grande diversité dans les médias
3.1. Diversité des médias : pluralisme et concentration
3.2. Diversité du personnel : représentation et perspectives
3.3. Diversité dans l’approche journalistique : faire évoluer la pratique
4. La relation avec les publics
4.1. Les rôles des médias
4.2. La confiance envers les journalistes et la question de l’indépendance
4.3. L’éducation aux médias
12
12
12
15
16
16
20
21
21
23
24
25
26
28
29
Conclusion
30
Liste des références
31
Annexe 1 – Déroulement des séances
32
Annexe 2 – Biographies des personnes participantes
38
6 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
PRÉSENTATION DE LA
DÉMARCHE PARTICIPATIVE
Mise en contexte
Les médias constituent le quatrième pouvoir et agissent comme « chiens de garde de la
démocratie ». Leur pluralisme et leur indépendance sont des indicateurs de la santé
démocratique d’une société. Selon le Democracy Index 2019 produit par The Economist
Intelligence Unit1, les libertés civiles constituent le socle de la démocratie, et parmi ces libertés,
ce sont la liberté d’expression et la présence d’une presse imprimée et électronique
indépendante qui ont souffert le plus dans les dernières décennies. Le Canada n’y échappe
pas. Les problèmes liés à la concentration des médias ont été soulevés à maintes reprises au
Canada, notamment au Québec.
En plus de l’importance de leur rôle de contre-pouvoir démocratique, les médias jouent un rôle
d’éducateurs citoyens et peuvent contribuer à l’amélioration de la littératie politique. À ce sujet,
une étude comparative des systèmes médiatiques de 12 pays occidentaux, qui incluent le
Canada, brosse le portrait des facteurs liés aux médias ayant une influence (positive ou
négative) sur le niveau des compétences citoyennes de la population2. Parmi ceux-ci, on
retrouve notamment le niveau de financement public, le pluralisme, le niveau de concentration,
et le type de médias consommés.
La liberté de la presse, l’indépendance et le pluralisme de l’information sont essentiels pour
préserver le droit qu’ont toutes les citoyennes et les citoyens d’être informés adéquatement
des enjeux d’intérêt public. Dans un contexte de montée des fausses nouvelles, de l’influence
croissante de leaders d’opinion qui occupent la place publique, et devant la montée du
populisme et du cynisme de la population envers les affaires publiques, réfléchir à ces enjeux
est primordial pour s’assurer de l’avenir des médias.
Objectifs poursuivis
Cette première phase du projet sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne, piloté
par l’INM en partenariat avec le Centre pour le dialogue Morris J. Wosk de l’Université Simon
Fraser, consistait à réunir, en novembre 2020, un groupe d’une vingtaine d’actrices et acteurs
The
Economist
Intelligence
Unit,
Democracy
Index
2019,
reperé
à
:
https://www.eiu.com/topic/democracy-index
2
Milner Henry, La compétence civique. Comment les citoyens informés contribuent au bon
fonctionnement de la démocratie, 2004
1
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 7
de la société civile canadienne préoccupés par le sujet lors de quatre séances. Ces dernières
servaient à jeter les bases d’une réflexion et d’une problématique commune, dans le but
d’évaluer l’opportunité d’en faire l’objet d’une plus vaste conversation publique sur cette
question en 2021-2022.
Les objectifs de la première phase du projet étaient de :
● Problématiser les grands enjeux liés à l’information et au rôle des médias dans la
démocratie canadienne;
● Identifier les besoins d’information ou de recherches supplémentaires pour bien
documenter ces enjeux;
● Identifier les meilleurs moyens de coaliser les médias canadiens et l’écosystème les
entourant;
● Identifier les meilleurs moyens de mobiliser et de faire participer la population à la
discussion sur cette question.
Étapes de la démarche
Pour problématiser les grands enjeux liés aux médias qui pourraient faire l’objet d’une
conversation publique, le Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne
s’articulait en quatre séances de réflexion rassemblant une vingtaine de personnes
sélectionnées en fonction de leur expertise.
Sélection des participantes et participants
Des invitations ont été faites à des personnalités liées au monde des médias avec pour objectif
d’avoir un panel représentant au mieux la diversité des actrices et acteurs du paysage
médiatique canadien. Cette diversité s’exprimait tant au niveau des postes occupés par les
personnes présentes (journalistes, direction, syndicalistes, universitaires, postes dans des
fondations, anciens du CRTC…) que de leur provenance (de multiples provinces étaient
représentées).
Voici la liste des personnes qui ont participé à une ou plusieurs des séances de réflexion :
● Robert Armstrong, président, Communications Médias inc.
● Marc-François Bernier, professeur, Université d'Ottawa
● Michelle Bested, manager, engagement et entrepreneuriat social, Centre pour le
dialogue Morris J. Wosk
● Julie Caron-Malenfant, directrice générale de l’INM
● Simon Claus, chercheur associé, CRICIS
● Michel Cormier, professionnel de l'information
● Stéphane Giroux, journaliste, CTV
● Brent Jolly, président, Association canadienne des journalistes
● Luce Julien, directrice générale de l'information, Radio-Canada
● Jed Kahane, directeur de l'information, Bell Média
8 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
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Jean La Rose, président, Dadan Sivunivut
Anita Li, stratège, consultante et cofondatrice, Canadian Journalists of Colour
Chad Lubelsky, Directeur de programme, Fondation McConnell
Marie-Ève Martel, journaliste, La Voix de l'Est
Henry Milner, chercheur invité, Université de Montréal
Brian Myles, directeur, Le Devoir
Melissa Ridgen, animatrice et productrice, APTN National News
Alain Saulnier, professeur invité, DESS en journalisme, département
communication, Université de Montréal
Francis Sonier, éditeur-directeur général, Acadie Nouvelle
Pascale St-Onge, présidente, FNCC-CSN
Nadia Stewart, vidéo-journaliste, Global BC
Trine Syvertsen, professeure, Université d'Oslo
Claire Trottier, directrice, Fondation Trottier
Dwayne Winseck, professeur, Université Carleton
Sadia Zaman, présidente-directrice générale, Inspirit Foundation
Robert
Armstrong
Marc-François
Bernier
Michelle Bested
Julie
Caron-Malenfant
Simon Claus
Michel Cormier
Stéphane Giroux
Brent Jolly
Luce Julien
Jed Kahane
Jean La Rose
Anita Li
Chad Lubelsky
Marie-Ève Martel
Henry Milner
de
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 9
Brian Myles
Melissa Rigden
Alain Saulnier
Francis Sonier
Pascale St-Onge
Nadia Stewart
Trine Syversten
Claire Trottier
Dwayne Winseck
Sadia Zaman
Programme des quatre séances
Le Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne était structuré en quatre
séances de réflexion de deux heures. Chacune abordait un sujet différent. Les trois premières
séances permettaient de mettre en lumière les principaux enjeux auxquels font face les médias
canadiens tandis que la dernière visait à présenter le projet de conversation publique et à le
soumettre pour bonification aux participantes et participants. Toutes les séances ont eu lieu en
ligne, sur la plateforme Zoom. Le programme des quatre séances, incluant les sujets de
présentations et les questions de discussion, est disponible en annexe.
Analyse et rédaction du rapport
Pour rédiger ce rapport, l’INM a procédé à l’analyse des résultats des séances de réflexion,
mais également des formulaires de commentaires envoyés aux participantes et participants
après chacune des séances.
Le rapport est structuré selon les thèmes les plus récurrents ou ayant suscité le plus
d’échanges et de propositions lors des différentes activités. Chaque section présente les
résultats recueillis grâce aux différentes activités (séances de réflexion et formulaire de
commentaires). Les thèmes sont les suivants :
● Des disparités territoriales au sein du Canada;
● Le financement des médias;
● Pour une plus grande diversité dans les médias;
● La relation avec les publics.
10 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
Dans le processus d’analyse, ont été considérées autant la récurrence des opinions émises
que la clarté de l’argumentation et les informations fournies pour déterminer l’importance à
accorder aux différents points de vue. Des citations ont été choisies et incluses dans le rapport
pour leur valeur illustrative et représentative des propos des participantes et participants.
L’INM et le Centre pour le dialogue Morris J. Wosk n’ont pas vérifié si les commentaires des
personnes participantes s'appuyaient sur des données scientifiques à jour ou indépendantes,
ni n’en ont fait une évaluation factuelle. De même, il ne nous appartenait pas de porter un
jugement sur la pertinence des commentaires faits lors des différentes séances ou dans les
formulaires complémentaires, mais d’en faire la synthèse tout en faisant ressortir les
tendances et les convergences.
La participation aux activités étant sur invitation, les résultats représentent l’opinion des
personnes s’étant exprimées et ne peuvent être généralisés à l’ensemble du milieu
médiatique. Toutefois, les résultats relaient les propos de spécialistes se sentant
particulièrement concernés par l’enjeu du rôle des médias dans la démocratie canadienne.
Le présent rapport se concentre uniquement sur les résultats des trois premières séances de
réflexion qui visaient à cibler les enjeux auxquels font face les médias canadiens. Le contenu
de la quatrième séance, qui servait à bonifier le projet de conversation publique sur le rôle des
médias pour la démocratie canadienne, fera l’objet d’un document séparé qui présentera les
suites à donner à ce projet.
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 11
RÉSULTATS DES
DISCUSSIONS
1. Des disparités territoriales au sein du Canada
Les discussions entre les personnes participantes lors des séances de réflexion ont fait
ressortir un premier constat : les enjeux relatifs au rôle des médias pour la démocratie
canadienne varient en fonction des territoires et des spécificités culturelles.
Faits saillants
●
Les enjeux et difficultés rencontrés par les médias diffèrent selon les provinces.
○ Le Québec est confronté à une concentration plus grande des médias, tout
en bénéficiant d’un « facteur de protection linguistique » par rapport au reste
du Canada.
○ Les médias anglophones sont confrontés à la concurrence états-unienne.
●
Les médias francophones hors Québec connaissent des difficultés que les médias
francophones québécois ne rencontrent pas. Contrairement à ces derniers, la
langue n’est ni un atout ni une protection pour eux.
●
Les villes et les régions ne font pas face aux mêmes défis, et ce, partout au Canada.
Les médias locaux ont des difficultés particulières liées au territoire qu’ils couvrent.
1.1. Des réalités différentes entre le Québec et les autres provinces
Dans les échanges, l’accent a été mis sur le fait que les médias québécois connaissaient,
malgré des similitudes, une réalité différente des médias du reste du Canada, et ce, pour
diverses raisons. L'histoire particulière du Québec et le fait que ce soit une province
francophone ont une grande influence sur les défis que doivent relever ses médias : d’une
part, au niveau des enjeux et des difficultés rencontrées et, d’autre part, en termes de
concurrence face aux médias internationaux. Quant aux médias francophones hors Québec,
ils font face à des défis spécifiques que ne connaissent pas ceux du Québec.
12 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
1.1.1. Des priorités différentes selon les provinces
Les préoccupations que connaissent les spécialistes des médias varient selon le territoire où
ils exercent. Au Québec, la principale inquiétude est relative à l’indépendance et à l’intégrité
des journalistes qui pourraient notamment être remise en cause par le phénomène de
concentration des médias.
Cette question ne semble pas être la plus importante pour les spécialistes des autres
provinces canadiennes. En effet, les participantes et participants du reste du Canada affirment
que leur principale préoccupation concerne le manque de ressources pour exercer leur métier.
Même si cette préoccupation se retrouve chez les personnes participantes québécoises, elle
n’occupe pas la même place dans la hiérarchie des priorités.
1.1.2. Un pays, deux langues et deux réalités
La question linguistique contribue à façonner les défis vécus par les médias au pays. Cela dit,
elle n’explique pas tout, car les francophones qui vivent hors-Québec sont aussi confrontés à
une autre réalité.
En ce qui concerne le Québec, plusieurs ont affirmé que les médias québécois francophones,
comme ceux d’autres régions du monde, telles que les pays scandinaves, sont protégés par
leur langue. Ce n’est pas le cas pour les médias anglophones. En effet, la population
québécoise s’informe principalement en français et elle préfère s’informer à partir de sources
québécoises. Les médias francophones des autres pays, tels que la France ou la Belgique, ne
fournissent que peu de détails sur l’actualité québécoise si bien que les médias de la province
n’ont pas de concurrence dans la francophonie à ce chapitre.
À l’inverse, dans les provinces anglophones, la concurrence des médias de langue anglaise
est forte. Plusieurs personnes relevaient que le New York Times ou encore The Guardian,
facilement accessibles, font concurrence aux médias canadiens anglophones. Il en va de
même pour ce qui est de la télévision. Les anglophones ont tendance à regarder davantage de
contenu produit à l’étranger – essentiellement aux États-Unis – au détriment du contenu
canadien 3.
《
Le Québec et les pays scandinaves sont protégés par la langue. Les
anglophones ne sont pas protégés par cela. Au Québec, nous avons
un peu de temps pour trouver des solutions et les mettre en place.
》
- Personne participant à la séance sur les défis rencontrés par les médias
canadiens du 12 novembre 2020.
https://crtc.gc.ca/eng/publications/reports/policymonitoring/2018/cmr4c.htm#s90i2 : Figures 9.7 et
9.8
3
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 13
Au-delà du fait que les médias anglophones canadiens perdent une part de leur public au profit
de médias d’autres pays, cela accentue l’urgence à trouver des remèdes. En effet, même si le
monde médiatique québécois connaît des difficultés depuis plusieurs années, cette protection
linguistique lui donne plus de temps pour trouver des solutions. Temps que les médias
anglophones n’ont pas, comme le relevaient plusieurs participantes et participants.
1.1.3. Les médias francophones hors Québec
Certaines personnes ont évoqué un autre enjeu relatif au territoire qui est celui des médias
francophones hors Québec. De nombreuses communautés francophones vivent dans des
provinces à majorité anglophone. Bien que des médias francophones existent en dehors du
Québec, ces derniers connaissent des difficultés similaires à celles de médias locaux en
termes de viabilité financière.
La fermeture de médias francophones hors Québec pourrait avoir pour répercussion une
situation de quasi-monopole de Radio-Canada, seul média à fournir du contenu français à
l’échelle nationale. En effet, le diffuseur public a fortement investi pour couvrir l’actualité
régionale. Les publics auraient dès lors deux choix : soit consulter des contenus de
Radio-Canada en français, soit se tourner vers des contenus anglophones pour suivre
l’actualité régionale.
Cela place donc les médias francophones hors Québec dans une situation particulière. Pour
autant, leur rôle est primordial. Les participantes et participants ont relevé à quel point l’identité
culturelle est importante pour les publics lorsqu’ils s’informent. La fermeture de médias
francophones hors Québec aurait un fort impact sur ces communautés.
《
On parle d’information, mais on doit aussi parler d’identité culturelle.
C’est une clé pour les francophones.
》
- Personne participant à la séance sur les défis rencontrés par les médias
canadiens du 12 novembre 2020
Contrairement aux médias francophones du Québec, les médias francophones hors-Québec
ne sont pas protégés par la langue puisqu’elle n’est parlée que par une minorité de gens. Leur
public est donc restreint. Ils ne sont pas non plus les seuls à traiter des nouvelles locales
puisque des médias anglophones (mais aussi Radio-Canada en français) couvrent les mêmes
événements. Leur situation est délicate, et pourtant, leur présence permet d’assurer une
diversité de points de vue en langue française dans les médias, enjeu des plus importants pour
la démocratie.
14 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
1.2. Une dichotomie entre villes et régions
Les médias locaux connaissent des difficultés particulières liées au territoire sur lequel se
trouvent leurs publics. Ils couvrent notamment des régions souvent plus éloignées des grands
centres et moins densément peuplées. Le public est moins nombreux que dans les villes. Se
pose donc le défi de la viabilité financière des médias dans des régions qui se dévitalisent et
dont la population diminue. Moins de population signifie moins de consommatrices et de
consommateurs pour d’éventuels annonceurs et donc moins de revenus publicitaires, ce qui
réduit d’autant les moyens financiers pour couvrir l’actualité.
《
La question qui se pose est de savoir comment maintenir la viabilité
financière d’un média dans une région minée par la dévitalisation et le
déclin démographique.
》
- Personne participant à la séance sur les défis rencontrés par les médias
canadiens du 12 novembre 2020.
Cette difficulté est connue autant par les médias locaux québécois que par ceux des autres
provinces. Une personne rapportait notamment qu’en Ontario, les médias les plus puissants se
concentrent sur l’actualité nationale et délaissent les régions, ce qui a pour conséquence
d’empêcher diverses voix et perspectives à travers la province d’être entendues.
Pour toutes ces raisons économiques, les médias locaux sont à un tournant de leur histoire.
Plusieurs ont dû fermer leurs portes. Certains événements publics, pourtant importants pour la
population de ces régions, ne sont plus couverts par des journalistes. On déplore même que
des conseils municipaux ne soient pas couverts par la presse locale.
Un autre problème qui se pose en région est celui de l’absence de pluralité. Les médias se
faisant de plus en plus rares dans les territoires reculés, le public a moins de choix quand il
s’agit de s’informer sur l’actualité locale. Il est donc plus facile pour les fausses nouvelles et la
désinformation d’y faire leur chemin puisque les journalistes, qui travaillent selon des règles
déontologiques strictes, sont peu présents.
Cette question des médias locaux a de grandes répercussions, notamment pour les
communautés autochtones. Plusieurs personnes relevaient que la couverture de l’actualité
dans certaines communautés était un enjeu qui devrait être résolu. L’APTN4 a à ce sujet mis
en place un projet pour que des reporters autochtones se rendent dans des communautés
éloignées et tentent d’y instaurer un nouveau modèle d'information qui pourrait ensuite être
utilisé plus largement.
Toutes ces difficultés sont particulières aux régions. Dans les grandes villes, il existe encore
une grande variété de médias, sur une diversité de supports (télévision, radio, presse écrite).
4
L’APTN (Aboriginal Peoples Television Network) est un réseau fédéral de télévision autochtone.
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 15
Au Québec, on est chanceux. Une ville comme Montréal a encore
énormément de variété dans ses médias : quotidiens, radio, médias
dans les deux langues. En région et dans d’autres provinces, ce n’est
pas le cas.
《
》
- Personne participant à la séance sur le pluralisme de l’information et la
démocratie du 5 novembre 2020.
2. Le financement des médias
Le financement des médias revient également dans les échanges comme étant une
question incontournable.
Faits saillants
●
Il n’y a pas de consensus à savoir si l’indépendance des médias est mieux protégée
par un financement privé que public. Des mécanismes doivent assurer
l’indépendance du travail journalistique.
●
L’État peut stimuler l‘écosystème médiatique en aplanissant les différences
réglementaires entre les géants du Web et les médias canadiens et en offrant des
capitaux via un fonds indépendant et/ou des crédits d’impôt.
●
Les médias doivent revoir leur modèle d’affaires et se poser la question du contenu
disponible sur abonnement versus la gratuité. La forme juridique des médias est
aussi une avenue à explorer quand on parle de modèles d’affaires.
2.1. Le rôle de l’État
Les interventions des personnes participant au Dialogue ont mis au jour des divergences
présentes dans le milieu journalistique concernant leur vision du rôle de l’État. D’un côté,
plusieurs demandent un financement public accru pour les médias, de l’autre, on se
questionne sur les risques pour l’indépendance des médias.
2.1.1. Appréhensions sur le financement public
Les appréhensions de certaines personnes face à l’intervention publique dans le financement
des médias se déclinent en deux facettes. D’une part, on réitère l’importance de la séparation
franche entre les pouvoirs politiques, et le travail journalistique et les médias. On craint que les
gouvernements utilisent le retrait ou la modulation du financement comme levier pour
influencer les contenus. D’autre part, on estime que les normes liées à des programmes de
financement pourraient déséquilibrer le marché médiatique.
16 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
Certains ont exprimé une crainte que le pouvoir d’influence des grands médias leur confère un
avantage en termes de financement, au détriment de nouveaux médias d’information. Ces
appréhensions ont été nommées essentiellement dans les groupes de discussion qui se sont
déroulés en anglais.
《
Le paradigme journalistique a changé en quelques années seulement.
Avant, la règle était : “pas de fonds publics ou d’argent du
gouvernement pour maintenir l’indépendance”. Nécessité faisant loi, on
a accepté de changer cela. Quand il y a des crises qui mettent en
cause le gouvernement fédéral ou provincial, il y a toujours des gens
qui disent que les médias sont complaisants, car financés par l’État. Il
faut donc aussi faire un travail pour faire comprendre aux lectrices et
lecteurs que ce n’est pas nécessairement un risque démocratique.
Même si ce risque existe bien évidemment.
》
- Personne participant à la séance sur les défis rencontrés par les médias
canadiens du 12 novembre 2020
Dans les groupes francophones, on a surtout fait remarquer que l’indépendance liée au
financement était un enjeu, peu importe que les capitaux proviennent de l’État ou de sources
privées. D’ailleurs, on a rappelé que certains élus usent déjà de divers moyens tels que le
retrait d’achat publicitaires pour sanctionner des médias trop critiques à leur endroit.
En bref, il n’y a pas de consensus sur les risques d’un financement public. Certaines
personnes le craignent, d’autres le voient comme équivalent au financement privé. Cela dit,
toutes et tous ont proposé des pistes de solution sur les méthodes de financement public
possibles, si action de l’État il y a.
2.1.2. Renforcer le cadre réglementaire
L’un des gestes que l’État pourrait poser, en dehors du financement, c’est la révision du cadre
réglementaire. Cela touche surtout la réglementation liée aux redevances – de
câblodistribution notamment – qui interpelle à la fois le gouvernement fédéral et le Conseil de
la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).
Certaines personnes ont critiqué l’inaction du gouvernement et du CRTC depuis les années
1990 en ce qui a trait à la réglementation du numérique. De manière générale, on semble
s’entendre sur la nécessité de révision de la Loi sur la radiodiffusion pour que ce ne soit pas
seulement une loi sur la concurrence5. Une intervention au sujet du projet de loi débattu à la
Chambre des communes à l’automne 2020 concernait l’élimination de l’obligation pour les
entreprises de diffusion d’être canadiennes. Cela découle de l’entrée en vigueur de l’Accord
Canada–États-Unis–Mexique, plus tôt la même année.
Le Dialogue s’est tenu alors qu’était sur le point d’être adopté, le projet de loi C-10, Loi
modifiant la Loi sur la radiodiffusion et apportant des modifications connexes et corrélatives à
d’autres lois. https://parl.ca/DocumentViewer/fr/43-2/projet-loi/C-10/premiere-lecture
5
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 17
Certaines propositions concernant l’encadrement des géants du Web ont aussi été faites. Il a
été suggéré de mettre fin à la concurrence dite « déloyale » créée par la non-taxation de
certains produits, d’élargir la notion de propriété canadienne à ces entreprises et de capter une
plus grande partie de leurs revenus pour les redistribuer dans la production médiatique. Des
personnes soulignent néanmoins l’apport positif actuel des géants du Web.
《
Ce n’est pas grave si le contenu est sur Facebook, si l’abonnement
numérique du média augmente en même temps [...]. Ça devient alors
un canal de découverte. Il faut tout de même s’attaquer aux GAFAM,
car ce ne sont pas des médias, sans être non plus seulement des
outils de technologie.
》
- Personne participant à la séance sur les défis rencontrés par les médias
canadiens du 12 novembre 2020
Dans une moindre mesure, la révision du mandat de CBC/Radio-Canada a été évoquée
comme essentielle pour contrer la concurrence qu’elle fait aux diffuseurs privés. Concurrence
au sens où des personnes participantes voient un virage commercial qui n’est pas au cœur du
mandat du service public et parce que CBC/Radio-Canada perçoit quand même des revenus
tirés de la vente de publicité, réduisant d’autant les revenus potentiels pour les médias privés.
2.1.3. Développer un fonds dédié non partisan
Parmi les modalités pour permettre des investissements publics dans les médias, celle de
créer un fonds dédié et non partisan a rallié une partie des participantes et participants.
Toutefois, on s’entend sur l’importance de créer un nouveau fonds. L’élargissement du mandat
du Fonds des médias du Canada n’est pas une avenue souhaitable. D’ailleurs, cette idée d’un
fonds dédié et non partisan concorde avec une recommandation du rapport final du comité
Yale sur l’avenir des communications au Canada6 comme le faisait remarquer une personne
participante.
Les tenants de cette proposition estiment qu’un fonds indépendant permettrait d’assurer une
non partisanerie et une stabilité, d’élections en élections, afin d’éviter la politisation du
financement des médias.
Bien que le rapport du comité souligne que le CRTC n’a pas autorité sur les journaux, qu’ils soient
papier ou numériques, le comité recommande que les redevances qui proviendraient d’entreprises
comme Facebook devraient être versées à un fonds indépendant approuvé par le CRTC pour
contribuer
à
la
production
de
contenu
de
nouvelles
(recommandation
71)
http://www.ic.gc.ca/eic/site/110.nsf/fra/00012.html#Toc27036651.
6
18 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
《
Il faut créer un fonds indépendant qui soit non partisan et qui ne
change pas au gré des élections. Ce fonds doit avoir des critères
d’admission clairs, mais c’est difficile à établir. Comment choisir les
standards? Il faut que toutes les voix puissent être entendues.
》
- Personne participant à la séance sur les défis rencontrés par les médias
canadiens du 12 novembre 2020
Les pays scandinaves ont aussi été donnés en exemple à cet égard. En nommant
principalement la Suède et la Norvège, les participantes et participants ont discuté des fonds
indépendants et des organismes similaires au CRTC qui financent les médias dans ces pays
en s’appuyant sur des critères objectifs : revenus, place dans le marché, coûts de la transition
numérique et de l’innovation.
Finalement, des personnes participantes ont fait remarquer que si le marché a failli aux
médias, le gouvernement doit prendre le relais, tout en garantissant la liberté de la presse.
Cette garantie passerait par un fonds dédié hors de portée de considérations partisanes.
2.1.4. Favoriser les crédits d’impôt et subventions
Parmi d’autres moyens pour soutenir les médias, on retrouve les crédits d’impôt et les
subventions. Parmi ces options, les crédits d’impôt semblent avoir la faveur du groupe réuni
lors du Dialogue.
Bien que ces crédits d’impôt soient plus sensibles aux changements de gouvernement, l’idée
de pérenniser le crédit d’impôt sur la masse salariale a rallié plusieurs personnes. D’autres ont
ajouté que, même s’il s’agit d’une bonne idée, les crédits d’impôt demeurent insuffisants. Selon
ces personnes, ils doivent être bonifiés.
《
C’est une mesure fiscale qui permet une distance entre la salle de
nouvelles et la source de financement. Ça a toujours été présenté
comme un pansement sur une hémorragie, pas comme une solution à
long terme, mais il pourrait être pérennisé.
》
- Personne participant à la séance sur le cadre réglementaire et le rôle de
l’État du 19 novembre 2020.
Un tel crédit d’impôt pourrait être financé à même les recettes fiscales tirées d’un éventuel
encadrement des plateformes comme Google et Facebook, à l’instar de ce que l'Australie
souhaite faire7.
The Guardian, Google and Facebook to be forced to share revenue with media in Australia under
draft code, repéré à :
https://www.theguardian.com/media/2020/jul/31/google-and-facebook-to-be-forced-to-share-revenu
e-with-media-in-australia-under-acccs-draft-code
7
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 19
En somme, peu importe la modalité envisagée, les participantes et participants favorables au
financement public des médias rappelaient que l’intervention gouvernementale dans le champ
économique est une forme utile de redistribution de la richesse.
《
Au Canada, nous avons l’un des niveaux les plus bas en termes de
financement des médias. C’est un problème grave pour une
démocratie saine.
》
- Personne participant à la séance sur le cadre réglementaire et le rôle de
l’État du 19 novembre 2020.
2.2. La nécessaire révision des modèles d’affaires
L’autre aspect lié au financement, après le rôle de l’État, est relatif aux modèles d’affaires des
médias eux-mêmes. D’abord, il y a une divergence entre deux visions sur la manière de
financer les contenus des médias. D’un côté, certaines personnes défendent l’idée de miser
sur l’abonnement et les murs payants. De l’autre, il faut s’assurer d’offrir du contenu de qualité
gratuitement en ligne pour faire compétition aux sites de fausses nouvelles qui eux, « sont
toujours disponibles gratuitement ».
Une des solutions consensuelles face à ce dilemme est de miser sur une « niche », qu’il
s’agisse d’un public particulier, d’un traitement donné à l’information, d’une approche
journalistique, etc. Une fois celle-ci définie par le média, ce dernier peut alors se concentrer à
la production de contenus de qualité pour sa niche, plutôt qu’à produire une grande quantité de
contenus moyens pour un public très large.
Le défi du financement est d’autant plus grand que les budgets publicitaires n’augmentent pas
au rythme des annonceurs dans le secteur des médias – incluant les nouveaux médias et les
géants du Web.
Mis à part le financement public décrit ci-dessus, d’autres modèles et avenues se dessinent
pour les entreprises médiatiques elles-mêmes. Des personnes proposent de poursuivre sur la
lancée des anciens médias du groupe Gesca : La Presse et des médias de la Coopérative
nationale de l'information indépendante au Québec sont passées d’entreprises « classiques »
à, respectivement, organisme à but non lucratif et coopérative. Ces changements de structures
juridiques sont toutefois trop récents pour en mesurer l’efficacité. D’autres, non pas en
opposition mais en complément, proposent de diversifier les sources de revenus. Certaines
personnes ont mis de l’avant le rôle qu’ont et que devraient avoir les acteurs philanthropiques
pour les médias. L’idée avancée est que la philanthropie pourrait financer la mission d’un
média ou une partie de sa couverture. Par exemple, une fondation faisant la promotion de la
lutte contre les changements climatiques pourrait financer les articles portant sur les
changements climatiques dans un média donné.
20 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
En somme, l’ensemble des personnes participantes était d’accord sur l’importance de produire
des contenus de qualité et une bonne partie était en faveur d’une diversification des sources
de revenus.
3. Pour une plus grande diversité dans les médias
Il émerge des discussions que l’un des enjeux majeurs de l’avenir des médias est la
question de la diversité, qui a été abordée sous plusieurs déclinaisons.
Faits saillants
●
La concentration des médias au Canada nuit à leur pluralisme. Si ce phénomène
apporte des solutions à certains maux, il vient avec son lot de problèmes.
●
La question de la diversité dans les médias se décline en trois dimensions :
○ Diversité du personnel, dont la faiblesse contribue à miner la relation avec
les publics.
○ Diversité des opinions dans les salles de nouvelles. « L’uniformité dans les
opinions serait un danger pour la démocratie ».
○ Diversification des approches journalistiques, présentée comme une avenue
pour donner un nouvel élan au journalisme et rejoindre de nouveaux publics.
3.1. Diversité des médias : pluralisme et concentration
« La concentration est le processus économique et financier qui caractérise un marché marqué
à la fois par la réduction du nombre des acteurs et par l’augmentation de leur envergure »8. En
d’autres termes, la concentration des médias est le fait que de grands groupes possèdent de
nombreux médias et se partagent une grande partie du marché et des revenus. Le Canada
n’échappe pas à ce phénomène de concentration. D’après des chiffres de 2017, cinq grosses
compagnies (Bell, Rogers, Québecor, Shaw et Telus) représentaient 72,5% de l'économie des
médias en termes de revenus9.
Les personnes participant au Dialogue estiment que la raison principale de cette concentration
des médias est économique. Beaucoup d’hebdomadaires locaux ont été rachetés par des
grands groupes car ils connaissent des difficultés financières. La concentration a un avantage :
elle permet de sauver certains médias qui, s’ils n’étaient pas rachetés, disparaîtraient. D’une
part, la concentration permet de protéger certains emplois et d’empêcher la disparition de
Raboy Marc, Les médias québécois : presse, radio, télévision, inforoute (Montréal : Gaëtan Morin
éditeur, 2000), p. 306.
9
Winseck, Dwayne, 2020, “Media and Internet Concentration in Canada, 1984–2019”,
https://doi.org/10.22215/cmcrp/2020.2, Canadian Media Concentration Research Project, Carleton
University.
8
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 21
nombreux médias. Ce faisant, elle présente, d’autre part, des avantages pour le public, qui a
accès à une pluralité de sources et de médias. Cela est essentiel dans le maintien d’une
démocratie en santé.
《
Certains médias sont en perte de vitesse. La concentration permet à
certains médias de survivre. Bell a racheté Noovo et pour le
consommateur, c’est un beau projet.
》
- Personne participant à la séance sur les défis rencontrés par les médias
canadiens du 12 novembre 2020
Malgré les avantages, des inquiétudes sont exprimées quant à ce phénomène. Plusieurs
affirment que la concentration peut poser des questions quant à l’indépendance des
journalistes par rapport à une éventuelle ligne éditoriale imposée. Plusieurs participantes et
participants affirmaient même que la convergence et la concentration des médias ont une
influence sur la façon de travailler des journalistes.
《
L’inquiétude chez les journalistes concerne l’embrigadement. Plus ils
sont jeunes, plus ils sont obligés de jouer le jeu dans les grands
groupes.
》
- Personne participante à la séance sur les défis rencontrés par les médias
canadiens du 12 novembre 2020
Un autre enjeu est celui de la stabilité économique des conglomérats médiatiques. Comme le
soulignaient plusieurs personnes, les conglomérats possèdent de nombreux médias, et s’ils
connaissent des difficultés économiques, voire une situation de faillite, de nombreux médias
peuvent disparaître d’un seul coup. C’est un risque pour la diversité des sources médiatiques,
mais également pour l’accès à l’information au Canada.
Certaines personnes participantes avançaient d’ailleurs que des difficultés connues par
certains conglomérats ont abouti à la création de déserts médiatiques dans certaines régions
du pays, déserts dont il faut empêcher l’élargissement afin que toutes et tous puissent
s’informer selon des sources journalistiques crédibles et fiables. La disparition de médias est
un enjeu démocratique, mais également social. De nombreux emplois du domaine médiatique
dépendent de la santé économique et financière des grands groupes et du bon vouloir des
personnes dirigeant ces groupes. Sans parler de la vitalité de la vie communautaire de
plusieurs localités, dont les médias sont souvent les témoins privilégiés.
《
Il est important de s'assurer qu’il y ait une diversité des voix dans les
régions et à travers le pays. Il existe des déserts médiatiques et il faut
éviter que ces déserts ne s’élargissent.
22 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
》
- Personne participante à la séance sur les défis rencontrés par les médias
canadiens du 12 novembre 2020
3.2. Diversité du personnel : représentation et perspectives
La diversité du personnel s’entend sous deux aspects. D’une part, les personnes racisées ne
sont pas assez représentées dans les médias, ce qui n’est pas sans conséquence dans la
relation avec les publics. D’autre part, les médias semblent présenter trop souvent des
perspectives similaires qui ne laissent pas toujours la place à des perspectives différentes
dans les salles de nouvelles.
3.2.1. Pour une plus grande représentation des personnes racisées dans les médias
Dans les discussions qui ont eu cours lors du Dialogue, l’enjeu de la diversité ethnoculturelle
du personnel est revenu à de multiples reprises. Une grande partie du groupe avançait que les
gens qui travaillent dans les médias ne représentent pas la diversité de la population du
Canada. La place faite aux personnes racisées n’est pas suffisante, que ce soit au niveau des
journalistes ou encore au niveau des cadres et de la haute direction.
《
Il faut se poser la question de la place qui est faite ou n’est pas faite
aux personnes racisées dans les médias. Nous avons besoin d’une
meilleure représentation.
》
- Personne participant à la séance sur le pluralisme de l’information et la
démocratie du 5 novembre 2020.
Plusieurs personnes soulevaient que l’absence de représentativité des personnes racisées
aboutit à ce que certains publics, qui ne se sentent pas représentés, ne consultent plus les
médias traditionnels. S’assurer que la diversité de la population canadienne soit représentée
dans le personnel qui exerce dans les médias apparaît comme une solution pour renouer avec
certains publics qui ne sont plus rejoints.
3.2.2. Pour une plus grande parité dans les salles de nouvelles
L’enjeu de la place des femmes dans les salles de nouvelles a lui aussi été évoqué. En effet,
elles sont souvent dirigées par des hommes, à l’instar d’une majorité d’organisations dans tous
les domaines d’activité.
3.2.3. Diversité des perspectives
La diversité du personnel ne se pose pas uniquement en termes de représentation des
personnes racisées. En effet, une partie du groupe regrette l'homogénéité des perspectives
dans les salles de nouvelles. Selon elle, les journalistes adhèrent en grande partie à la ligne
éditoriale du média pour lequel ils travaillent et peu d’opinions divergentes se font entendre au
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 23
sein d’une même salle de nouvelles. Ce point ne faisait toutefois pas consensus chez les
participantes et participants.
《
Il n’y a plus de diversité dans les salles de nouvelles. Il y a 20 ans, on y
trouvait diverses opinions. Les médias sont constitués de personnes
qui ont toutes la même façon de penser.
》
- Personne participant à la séance sur le pluralisme de l’information et la
démocratie du 5 novembre 2020.
L’homogénéité se retrouve également dans les sujets traités qui sont relativement similaires
d’un média à un autre. Plutôt que de couvrir différents événements, une grande partie des
médias s’attarde aux mêmes sujets sur leurs plateformes respectives. Cela a une double
conséquence : d’une part, les citoyennes et citoyens ont accès à une information similaire d’un
média à l’autre et, d’autre part, certains événements, pourtant intéressants pour une partie de
la population, ne sont pas ou peu couverts, ce qui pose problème quant au rôle des médias
pour la démocratie, d’où l’importance de favoriser la diversité dans les contenus.
3.3. Diversité dans l’approche journalistique : faire évoluer la pratique
Une majorité soutenait qu’il était nécessaire de faire évoluer la pratique journalistique. Il
existerait une seule manière de faire du journalisme, ce qui nuit aux médias et aboutit à une
certaine uniformité des contenus, tant au niveau des sujets abordés que dans les façons de le
faire.
Des personnes participantes plaident pour que de nouvelles approches journalistiques soient
mises en valeur, à l’instar du journalisme de solutions. Même si de nouvelles approches de
contenus ont émergé ces dernières années, les résultats sont mitigés. L’opinion, la promotion
et le divertissement occupent une place forte dans de nombreux médias, car ils rapportent des
revenus qui permettent de financer les médias et le journalisme d’information. Cependant, ils
nuisent à la crédibilité du journalisme en ne respectent pas les règles de déontologie de la
profession et portent à confusion sur ce qui est du journalisme et ce qui n’en est pas.
Plusieurs personnes affirmaient que la diversification des approches journalistiques est une
piste à suivre, non seulement pour renforcer le rôle démocratique des médias et renouer avec
certains publics tels que les jeunes, mais également pour casser l’image élitiste perçue pour
certains médias. Pour elles, il semble important de réfléchir aux nouvelles façons de raconter
l’information. Produire des contenus moins conventionnels tout en respectant l’éthique
journalistique permettrait de rejoindre de nouveaux publics peu intéressés par les médias
traditionnels, mais également de faire la concurrence à la désinformation et aux fausses
nouvelles qui se répandent notamment sur les réseaux sociaux.
24 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
L’enjeu de la diversification des approches journalistiques ne faisait toutefois pas l’unanimité.
Certaines personnes doutent notamment de son utilité pour lutter contre la désinformation et
les fausses nouvelles.
《
Ceux qui font de la désinformation connaissent les outils pour faire du
journalisme de qualité et sont capables de se donner une allure
crédible.
》
- Personne participant à la séance sur les défis rencontrés par les médias
canadiens du 12 novembre 2020.
Par ailleurs, la diversification des approches journalistique a une certaine limite pour plusieurs
personnes qui notaient que les gens ont peu tendance à croire ce qui est diffusé dans un
média dont la ligne éditoriale est différente du média auquel ils ont l’habitude de se référer. Ce
n’est pas parce que le contenu est présenté sous une forme nouvelle que la crédibilité du
média serait renforcée. Cette avenue ne permettrait donc pas nécessairement d'enrayer le
phénomène des chambres d’échos.
《
Il y a aussi la question de la concurrence entre les médias. Les gens
croient plus en leurs médias, en ceux qu’ils lisent, qu’en ceux qu'ils ne
consultent pas. Pourquoi est-ce que je croirais un autre média qui dit le
contraire de celui que je lis habituellement ? L’amélioration des
pratiques n’aura donc pas nécessairement d’influence.
》
- Personne participant à la séance sur les défis rencontrés par les médias
canadiens du 12 novembre 2020.
Malgré l’absence de consensus sur cette question, les participantes et participants semblaient
conquis par les tentatives de Radio-Canada de diversifier les formats, notamment avec Rad
qui a permis au média public de rejoindre de plus en plus de jeunes au Québec.
4. La relation avec les publics
Comme les médias ne sont pas que de simples entreprises, la conception du rôle idéal
des médias en démocratie a fait l’objet de discussions, tout comme le mandat
spécifique du diffuseur public. La relation de confiance entre le public et les médias
n’est pas à son meilleur.
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 25
Faits saillants
●
Avec la multiplication des sources d’information, la vision des médias comme
institution qui rassemble l’ensemble de la population est en compétition avec une
autre, qui mise sur la création de niches pour chaque média.
●
La confiance de la population envers les médias au Canada est décroissante. Pour
contrer cette tendance, les médias doivent réaffirmer leur indépendance, notamment
par l’éducation aux médias auprès de la population.
4.1. Les rôles des médias
Le rôle des médias pour la démocratie canadienne a fait l’objet de nombreuses discussions,
notamment pour ce qui a trait à leur rôle auprès des citoyennes et des citoyens. Il en ressort
que selon le type de média, les rôles varient. Le service public, par exemple, a un mandat
distinctif par rapport aux médias privés.
4.1.1. Le rôle des médias en général
C’est un lieu commun de le rappeler, les changements technologiques entamés depuis
l’arrivée d’Internet dans les foyers canadiens ont affecté diverses sphères de la société, dont
les médias. Ce qu’on décrit comme le Web 2.0 permet à tout un chacun de partager du
contenu sur la toile. Cette situation a bouleversé le rôle des médias comme principal vecteur
d’information dans notre société. Ceux-ci se retrouvent désormais en compétition avec de
nouvelles sources d’information aux formes et aux origines hétérogènes, ainsi qu’avec des
récits divergents.
《
Les médias n’ont plus le monopole de la communication et leur
transformation n’est pas bien entamée. Pour réussir comme
généraliste, il faut soit avoir une licence publique, soit avoir une niche.
》
- Personne participant à la séance sur le pluralisme de l’information et la
démocratie du 5 novembre 2020
Bien que le groupe semblait s’entendre sur le rôle changeant des médias dans un contexte de
multiplication des sources d’information, ce ne sont pas toutes les personnes participantes qui
estiment que la solution n’est que du côté des médias de niche. D’autres croient qu’il faut que
les médias généralistes demeurent des institutions vers lesquelles les citoyennes et citoyennes
peuvent se tourner pour obtenir une information fiable. Ils devraient en être ainsi pour
contrebalancer les effets délétères des chambres d’écho des réseaux sociaux dans la
discussion publique.
26 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
On nomme en contre-exemple les États-Unis où les médias ont développé des niches
tellement précises que chacun d’entre eux ne communique que sur peu d’enjeux communs.
Cela a un impact sur la conception même de ce qui constitue la vérité.
Il existe une tension dans la conception du rôle des médias à l’égard de la démocratie en lien
avec leur relation avec le public. D’un côté, on observe des personnes qui défendent une
vision où chaque média entretient une relation particulière avec son public, bien qu’il soit
accessible pour qui veut bien le consulter. De l’autre, on défend l’idée d’un média englobant les
grandes tendances de la société et qui serait destiné non pas à un public spécifique, mais au
public en général. Les deux visions sont compatibles avec la démocratie libérale, comme le
montrent les expériences d’autres pays présentées lors de la séance sur le cadre
réglementaire et le rôle de l’État10.
4.1.2. Le rôle spécifique du service public
La société d’État CBC/Radio-Canada est probablement l’institution médiatique sur laquelle la
population a le plus de contrôle puisque son mandat est déterminé par les personnes la
représentant au Parlement du Canada. Lors du Dialogue, nous nous sommes attardés sur son
rôle et son mandat. Ce sont essentiellement les groupes de discussion francophones qui se
sont intéressés à cette question.
《
Ça m’a pris longtemps pour comprendre la différence d’attachement
pour les Canadiens anglais avec CBC et les francophones avec
Radio-Canada. Le rôle de Radio-Canada est essentiel en raison de la
petitesse du marché québécois. Pour le journalisme, il y a des moyens
qu’il n’y a pas dans le privé.
》
- Personne participant à la séance sur les défis rencontrés par les médias
canadiens du 12 novembre 2020
Cet attachement se confirme dans les parts de marché : Radio-Canada accapare au Québec,
le double de ce que CBC accapare au Canada11.
Malgré cela, des critiques sur le rôle actuel de la société d’État ont été faites. D’une part, quant
à son rôle dans la production de nouvelles écrites, particulièrement à l’échelle locale, et d’autre
part, sur les pratiques de Radio-Canada qui sont assimilées à une volonté d’entrer en
compétition avec les diffuseurs privés pour augmenter leur part d’audience.
Dans le cadre de sa présentation, une personne participante expliquait que dans la plupart des
pays européens, les médias ont des niches politiques, contrairement à la norme au Royaume-Uni,
aux États-Unis et au Canada. Source : Daniel C. Hallin et Paolo Mancini, Comparing Media
Systems: Three Models of Media and Politics (New York: Cambridge University Press, 2004).
11
CRTC, « Communications Monitoring Report », 2017, 158-159,
https://crtc.gc.ca/eng/publications/reports/PolicyMonitoring/2017/cmr2017.pdf; CBC/Radio-Canada,
« Television », Media Solutions, 2018, Repéré à :
https://solutionsmedia.cbcrc.ca/Pages/En/television-en.aspx
10
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 27
À ces critiques, d’autres répondent que le mandat du service public est de s’adapter
constamment à l’auditoire, que ce soit sur la forme ou les contenus. Sur la forme, il s’agit de
multiplier les plateformes et sur les contenus, de faire évoluer le « format narratif » de
l’information. Il a aussi été rappelé que Radio-Canada a une entente avec Facebook pour
signaler les fausses nouvelles qui circulent. C’est une initiative à laquelle participent d’autres
institutions médiatiques importantes à travers le monde. C’est là aussi, aux dires de certaines
personnes, le mandat du service public : servir de référence pour l’ensemble des citoyennes et
citoyens plutôt que de se concentrer sur une niche.
4.2. La confiance envers les journalistes et la question de l’indépendance
Peu importe leur rôle dans l’écosystème médiatique, les entreprises d’information doivent
entretenir une relation de confiance avec le public. Selon plusieurs personnes participantes,
cette relation s’effrite un peu partout à travers le monde Le cas des États-Unis est ainsi
souvent utilisé pour illustrer ce phénomène. Toutefois, certaines personnes font remarquer que
le Canada reste quelque peu épargné par cette crise de confiance. La confiance envers
l’ensemble des médias demeure élevée au Canada, et encore plus au Canada francophone,
aux dires d’une personne participante qui cite un rapport de Reuters12.
La situation au pays n’en est donc pas au point où la confiance doit être complètement rebâtie,
mais elle doit toutefois être entretenue et améliorée. Quelques personnes ont fait remarquer
que certains types de journalisme sont mieux perçus par l’auditoire, notamment le journalisme
de solutions.
《
Depuis un demi-siècle, beaucoup de reproches sont faits aux
journalistes : ils sont arrogants, trop sensationnalistes… Mais cela ne
veut pas dire que c’est la vérité. Il y a des pistes à suivre pour que ces
nouvelles formes de journalisme s'imposent peu à peu.
》
- Personne participant à la séance sur les défis rencontrés par les médias
canadiens du 12 novembre 2020
En plus du travail sur les approches journalistiques, le financement des médias doit aussi être
abordé sous l’angle de la confiance. Il peut y avoir apparence de conflits d’intérêts selon la
provenance du financement, qu’il soit public ou privé, et les conditions qui peuvent y être
attachées. La solution semble passer notamment par l’importance de réitérer la séparation
qu’entretiennent les rédactions avec leur administration et les équipes chargées de la publicité.
Autrement dit, il s’agit de réaffirmer l’indépendance des salles de presse, comme le suggère le
groupe consulté.
Des personnes ont aussi rappelé l’importance de bien faire la différence entre cotes d’écoute
(ou distribution, pour la presse écrite) et confiance. Dans une discussion sur la confiance entre
12
Reuteurs Institute, repéré à : https://www.digitalnewsreport.org/survey/2020/canada-2020/
28 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
le public et les médias, il est important de distinguer pertinence, confiance, imputabilité, et
autres indicateurs. On faisait remarquer que, souvent, des médias disent avoir la confiance du
public parce qu’ils ont de bonnes cotes ou parce qu’ils sont distribués largement. Pourtant,
selon ces mêmes personnes, il est tout à fait possible de consulter un média pour lequel on a
peu ou pas confiance.
4.3. L’éducation aux médias
La relation entre les médias et le public ne peut être appréhendée de manière unilatérale : elle
repose sur un principe de réciprocité. Des initiatives d’éducation aux médias doivent ainsi se
multiplier dans la population.
《
On peut faire l’effort d’aller vers le lectorat, mais il faut que ce dernier
fasse sa part également.
》
- Personne participant à la séance sur les défis rencontrés par les médias
canadiens du 12 novembre 2020
Les défis à relever sont multiples. Plusieurs mettent de l’avant un sujet qui revient
fréquemment dans l’espace public depuis les cinq dernières années : les fausses nouvelles.
Pour contrer ce phénomène, il est primordial de faire de la pédagogie. D’autres parlent d’un
problème plus en amont, en lien avec les capacités de lecture et d’attention du public. Si
l’école n’arrive pas à développer ces compétences, les médias risquent d’en pâtir. Un troisième
aspect de l’éducation aux médias concerne la pédagogie générale à faire autour du
fonctionnement même des médias, de leur financement et des méthodes journalistiques. Cette
pédagogie pourrait aussi accroître la confiance des citoyennes et des citoyens envers ces
institutions.
L’éducation aux médias devrait aussi inclure de l’information autour de la différence entre les
médias traditionnels et les médias sociaux, ainsi que sur les médias sociaux eux-mêmes. On
dit que la population doit être informée sur les enjeux liés à la collecte de données et aux
algorithmes.
En somme, si les médias travaillent sur leurs pratiques afin d’inspirer encore plus confiance,
l’éducation aux médias devient un corollaire d’une confiance accrue. La relation entre le public
et les médias en serait ainsi améliorée.
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 29
Conclusion
Au terme de cet exercice, nous nous sommes questionnés, à l’INM et au Centre pour le
Dialogue Morris J. Wosk, sur la manière dont nous pouvons, ensemble, contribuer à préciser
les solutions à ces grands défis du monde médiatique canadien, en vue d’un renforcement de
la démocratie. Du point de vue de nos deux organisations, la relation avec les publics est un
chantier important au sujet duquel il est possible de travailler de concert avec la population
canadienne.
30 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
Liste des références
CRTC. « Communications Monitoring Report », 2017. Repéré à :
https://crtc.gc.ca/eng/publications/reports/PolicyMonitoring/2017/cmr2017.pdf; CBC/Radio-Canada,
CRTC. « Communications Monitoring Report », 2018. Repéré à :
https://crtc.gc.ca/eng/publications/reports/policymonitoring/2018/cmr4c.htm#s90i2
Daniel C. Hallin et Paolo Mancini, Comparing Media Systems: Three Models of Media and Politics
(New York: Cambridge University Press, 2004).
Gouvernement du Canada. L'avenir des communications au Canada : le temps d'agir. 2020.
Repéré à : http://www.ic.gc.ca/eic/site/110.nsf/fra/00012.html#Toc27036651.
Loi modifiant la Loi sur la radiodiffusion et apportant des modifications connexes et corrélatives à
d’autres lois. https://parl.ca/DocumentViewer/fr/43-2/projet-loi/C-10/premiere-lecture
Milner Henry, La compétence civique. Comment les citoyens informés contribuent au bon
fonctionnement de la démocratie, 2004
Raboy Marc, Les médias québécois : presse, radio, télévision, inforoute (Montréal : Gaëtan Morin
éditeur, 2000), 306.
Reuteurs Institute, repéré à : https://www.digitalnewsreport.org/survey/2020/canada-2020/
The Economist Intelligence Unit, Democracy Index 2019, reperé à :
https://www.eiu.com/topic/democracy-index
The Guardian, Google and Facebook to be forced to share revenue with media in Australia under
draft code, repéré à :
https://www.theguardian.com/media/2020/jul/31/google-and-facebook-to-be-forced-to-share-revenu
e-with-media-in-australia-under-acccs-draft-code
Winseck, Dwayne, 2020, “Media and Internet Concentration in Canada, 1984–2019”,
https://doi.org/10.22215/cmcrp/2020.2, Canadian Media Concentration Research Project, Carleton
University.
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 31
Annexe 1 – Déroulement des
séances
Séance de réflexion sur le pluralisme de l’information et la démocratie (2 h 00)
Date : le jeudi 5 novembre 2020, de 12 h à 14 h (heure de Montréal)
Les médias jouent un rôle fondamental dans la démocratie. Ils contribuent à alimenter le débat
public et permettent à la population de se forger une opinion éclairée sur divers enjeux
sociétaux. Qualifiés de « quatrième pouvoir », ils sont les « chiens de garde de la démocratie
». À cet égard, le manque de pluralisme dans les médias peut avoir des incidences fortes sur
leur impartialité et leur indépendance. Les médias sont-ils en mesure d’exercer pleinement leur
rôle démocratique ? Le Canada fait-il face à un manque de pluralisme dans son information ?
Quelles conséquences la concentration des médias pourrait-elle avoir sur la démocratie
canadienne ?
Temps
Activité
10 minutes
Introduction de l’animateur
● Mot de l’INM et de SFU
○ Remercier le SQRC
● présentation de la charte de participation
● présentation des outils numériques, rappeler que la séance est
enregistrée
● présentation de la séance et du sujet
10 minutes
Animation “brise-glace” :
● les participants et participantes sont répartis dans des salles Zoom
par groupe de 5
● ils doivent échanger autour de la question suivante : “Pourquoi
êtes-vous là aujourd’hui, en quoi le sujet vous semble-t-il important
?”
Sous-thème 1 - Le rôle démocratique des médias
10 minutes
Séminaire d’Alain Saulnier : présentation sur le rôle démocratique des
médias.
20 minutes
Échanges : les participantes et participants peuvent poser des questions,
réagir et ajouter des précisions sur le sujet, soit en prenant la parole
directement, soit en répondant à des questions posées par l’animateur avec
l’outil sondage.
32 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
10 minutes
Pause
Sous-thème 2 - La concentration des médias et le déclin du pluralisme : portrait
de la situation
10 minutes
Séminaire de Simon Claus : portrait de la situation sur la concentration des
médias et le déclin du pluralisme.
20 minutes
Échanges en petits groupes : les participantes et participants sont répartis
en 4 groupes. Ensemble, ils doivent remplir un napperon collectif qui répond
à 2 questions :
● Le portrait de la situation vous semble-t-il complet ? Sinon que
manque-t-il ?
● Pensez-vous que la situation soit uniforme au Canada ou les
réalités sont-elles différentes selon les provinces ?
Sous-thème 3 - Comment le manque de pluralisme se traduit-il dans l’industrie du
journalisme ?
10 minutes
Séminaire de Pascale St-Onge : présentation sur les conséquences du
manque de pluralisme sur l’industrie journalistique.
20 minutes
Échanges : les participantes et participants peuvent poser des questions,
réagir et ajouter des précisions sur le sujet, soit en prenant la parole
directement, soit en répondant à des questions posées par l’animateur avec
l’outil sondage.
3 minutes
Conclusion de l’animateur
● Rappel des suites :
○ envoi d’un questionnaire qui permet aux personnes
participantes d’ajouter des précisions sur le sujet si elles
n’ont pas pu intervenir pendant les sessions en ligne
○ présentation de la prochaine séance
Séance de réflexion sur les défis rencontrés par les médias canadiens (2 h 00)
Date : le jeudi 12 novembre 2020, de 12 h à 14 h (heure de Montréal)
Qu’ils soient locaux, indépendants, publiques et des conglomérats, les médias connaissent
des défis pour exercer leur rôle si important dans notre démocratie. L’émergence d’internet, les
enjeux de financement ou encore la concurrence de la presse étasunienne sont autant de défis
rencontrés par les médias canadiens. Qu’en est-il réellement ? Quels sont les obstacles
auxquels font face nos médias ? L’industrie journalistique est-elle en danger ?
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 33
Temps
Activité
3 minutes
Introduction de l’animateur
● présentation de la séance et du sujet
5 minutes
Animation “brise-glace” : l’animateur pose une question aux participantes et
participants qui répondent dans le chat de Zoom.
● En un mot, comment avez-vous vécu la couverture médiatique de
l’élection américaine dans le cadre de votre travail ?
L’animateur lit quelques réponses au fur et à mesure qu’elles arrivent.
Sous-thème 1 - Une presse locale et indépendante en voie d’extinction
10 minutes
Séminaire de Marie-Ève Martel : témoignage d’une personne travaillant dans
un média local sur les défis rencontrés.
10 minutes
Séminaire de Brian Myles : témoignage sur les défis rencontrés par les médias
indépendants.
25 minutes
Échanges en sous-groupes : les participantes et participants doivent répondre
à une question :
● Comment s’assurer de la pérennité des presses locales et
indépendantes ? En termes de pratiques, de financement, de rôle des
journalistes …
10 minutes
Pause
Sous-thèmes 2 : Les groupes médiatiques face aux GAFAM et les médias publics
face à de grands défis
10 minutes
Séminaire de Dwayne Winseck :
médias
état des lieux sur la concentration des
10 minutes
Séminaire « Pas de diffuseur public sans public » par Luce Julin : présentation
des défis rencontrés par CBC/Radio-Canada.
25 minutes
Échanges en sous-groupes : les participantes et participants doivent répondre
à une question :
● Comment envisager le rôle des diffuseurs publics et des grands
groupes dans l’écosystème médiatique, notamment face aux GAFAM ?
Conclusion de la journée
5 minutes
L’animateur demande aux participantes et participants de répondre dans le
Chat à la question suivante :
● Pour vous, quel est l’enjeu le plus important qui a été évoqué
aujourd’hui ?
L’animateur reprend quelques des enjeux à voix haute.
34 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
5 minutes
Conclusion de l’animateur
● Rappel des suites :
○ envoi d’un questionnaire qui permet aux participantes d’ajouter
des précisions sur le sujet si elles n’ont pas pu intervenir
pendant les sessions en ligne
○ présentation de la prochaine séance
Séance de réflexion sur le cadre réglementaire et le rôle de l’État (2 h 00)
Date : le jeudi 19 novembre 2020, de 12 h à 14 h (heure de Montréal)
La libre circulation de l’information constitue un fondement de la démocratie canadienne.
Reconnue par la Charte canadienne des droits et libertés, la liberté de la presse et des autres
moyens de communication est une de nos libertés constitutionnelles fondamentales. Mais le
cadre juridique existant permet-il aux médias d’exercer pleinement leur rôle démocratique ?
L’État devrait-il s’investir davantage pour garantir ce rôle ? Quelle est la situation dans les
autres démocraties ? Devrions-nous nous en inspirer ?
Temps
Activité
10 minutes
Introduction de l’animateur
● accueil des participantes et participants
● retour sur la séance précédente
● présentation de la séance, du déroulement et introduction sur le
sujet du jour
10 minutes
Animation “brise-glace” :
● L’animatrice demande aux personnes présentes : après les deux
premières séances, quel est l’enjeu qui vous intéresse le plus de
creuser ? Pourquoi ?
● Les personnes présentes sont divisées en petits groupes de 2, et
invitées en 5 minutes à partager l’enjeu qui les intéresse le plus,
puis au retour, à les écrire dans le chat.
Présentations
10 minutes
Séminaire “Le cadre réglementaire : les balises existantes” par Robert
Armstrong sur les lois entourant l’exercice du journalisme.
10 minutes
Séminaire sur le financement des médias dans les pays scandinaves par
Trine Syversten.
10 minutes
Pause
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 35
Réactions et échanges
40 minutes
Échanges en sous-groupes : les participantes et participants doivent
répondre à deux questions :
● Devrait-on mettre en place des programmes de financement
récurrents et non-partisans pour les médias d'information ? Par
exemple, en élargissant le mandat du Fonds des médias du
Canada.
● Pensez-vous que le financement public pose davantage un
problème d'indépendance que les capitaux privés ?
● Selon vous, quelle devrait être la priorité du gouvernement fédéral
et/ou des gouvernements provinciaux en matière d'encadrement
des médias ?
10 minutes
L’animateur ou l’animatrice de groupe demande à une personne si elle
veut se porter porte-parole pour la plénière. Pour chacune des questions,
les participants choisissent un enjeu qui leur semble essentiel et qu’ils
veulent présenter en plénière. La personne porte-parole prend en note ces
enjeux pour les présenter ensuite.
Plénière
15 minutes
Chaque porte-parole fait un retour sur les principales idées qui sont
ressorties des échanges qui ont eu lieu dans son groupe.
5 minutes
Conclusion de l’animatrice :
● Rappel des suites :
○ envoi d’un questionnaire qui permet aux personnes
participantes d’ajouter des précisions sur le sujet si elles
n’ont pas pu intervenir pendant les sessions en ligne
○ envoi d’un résumé de la séance
○ présentation de la prochaine séance
Séance de présentation du projet de Conversation publique sur le rôle des médias
pour la démocratie (1 h 35)
Date : le jeudi 26 novembre 2020, de 12 h à 13 h 35 (heure de Montréal)
Cette session sert à présenter le projet de Consultation publique élaboré par l’INM sur le rôle
des médias pour la démocratie canadienne et à permettre aux personnes présentes de le
bonifier.
36 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
Temps
5 minutes
Activité
Introduction de l’animateur
● présentation de la séance et du sujet
Présentation du projet de Conversation publique sur le rôle des médias pour la
démocratie canadienne
10 minutes
Présentation du contexte, des objectifs, de la structure du projet et d’un
échéancier provisoire et du cadre de gouvernance.
15 minutes
Questions de clarification et réactions générales : les participantes et
participants peuvent poser des questions, réagir sur le projet en prenant
la parole directement.
30 minutes
Les participantes et participants sont répartis en groupes de 5. Ils doivent
remplir un napperon collectif répondant aux questions suivantes :
● Est-ce que les objectifs de cette conversation publique vous
semblent pertinents dans le contexte actuel ?
● Est-ce que les publics sont bien ciblés? Est-ce qu’il y a un autre
groupe qui devrait être ciblé pour les groupes de discussion ?
● Avez-vous des suggestions de modifications aux prochaines
phases ? Est-ce qu’il manque des activités ? Qu’est-ce qui
devrait être amélioré, enlevé, ajouté, clarifié ?
20 minutes
Retour en plénière
Une personne porte-parole dévoile aux autres les réflexions de son
groupe.
5 minutes
Conclusion :
● rédaction d’un rapport
● formulaire envoyé pour sonder l’intérêt à prendre part au projet
de Conversation publique et/ou faire partie du comité de pilotage
● Remerciements
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 37
Annexe 2 – Biographies des
personnes participantes
Robert Armstrong, président, Communications Médias inc.
Robert Armstrong est diplômé de l’Université Laval et ancien professeur d’université en histoire
économique. Il a également été cadre supérieur auprès du Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications canadiennes (CRTC) et de Téléfilm Canada. Consultant pour des
entreprises de radiodiffusion et des associations de créateurs francophones, il est l’auteur de
livres sur l’histoire économique du Québec (Gage, 1984), sur les politiques en radiodiffusion
canadienne (UTP, 2016) et sur la télévision au Québec (PUL, 2019).
Marc-François Bernier, professeur, Université d'Ottawa
Marc-François Bernier est professeur titulaire au Département de communication de
l’Université d’Ottawa, où il a dirigé la Chaire de recherche en éthique du journalisme
(2008-2014). Il détient un doctorat en Sciences politiques (Université Laval, 1998) et une
maîtrise en Communication publique (Université Laval 1992).
Journaliste pendant près de 20 ans, il s’est impliqué dans plusieurs débats professionnels et a
été co-rédacteur du Guide de déontologie de la Fédération professionnelle des journalistes du
Québec. Spécialiste de la sociologie, de l’éthique et de la déontologie du journalisme, ses
recherches ont porté sur les impacts de la convergence et de la concentration des médias sur
la qualité, la diversité et l’intégrité de l’information journalistique.
Il est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés au journalisme : Foglia l’Insolent (Édito 2015),
Le Cinquième pouvoir : la nouvelle imputabilité des médias envers leurs publics (PUL, 2016),
Éthique et déontologie du journalisme (PUL, 1994, 2004 et 2014), Journalistes au pays de la
convergence: Sérénité, malaise et détresse dans la profession (PUL 2008), Une tripartition
catégorielle de l’équité journalistique (Éditions GGC 2006), L’Ombudsman de Radio-Canada:
Protecteur du public ou des journalistes ? (PUL 2005), Les fantômes du parlement : L’utilité
des sources anonymes chez les courriéristes parlementaires (PUL 2001). Il publiera
prochainement Les journalismes : Information, Persuasion, Promotion, Divertissement (PUL
2021).
Simon Claus, chercheur associé au CRICIS
Simon Claus est titulaire d’un doctorat de communication (École des médias de l’UQAM) et
chercheur associé du Centre de recherche interuniversitaire sur la communication,
l’information et la société (CRICIS). Dans ce cadre, il a notamment participé à plusieurs
recherches consacrées aux rapports entre la concentration de la propriété des médias, les
changements technologiques (dont la numérisation de nos sociétés) et le pluralisme de
38 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
l’information suite à l’obtention de trois subventions du CRSH (Développement Savoir, Savoir
et Connexion) et une du FRQSC (nouveaux chercheurs).
Michel Cormier, professionnel de l'information
Directeur-exécutif de la Commission canadienne de l’expression démocratique. Représentant
canadien du Journalism Trust Initiative de Reporters Sans Frontières. Ex-directeur de
l’information et correspondant à l’étranger de Radio-Canada.
Stéphane Giroux, journaliste, CTV
Journaliste depuis 30 ans, au service de CTV News depuis 1994, Stéphane Giroux est
président de sa section syndicale Unifor 614M. Il a été président de la Fédération
professionnelle des journalistes de 2016 à 2019. Sa spécialité est le journalisme juridique.
Brent Jolly, président, Association canadienne des journalistes
Brent Jolly est le président de l’Association canadienne des journalistes. En plus d’occuper ce
poste, il est également administrateur au Conseil national des médias du Canada (CNM),
l’organisme l’organisme d’autoréglementation des médias d’information du Canada. Avant de
rejoindre le CNM en 2016, Brent a travaillé comme journaliste pour divers organes de presse
et en tant qu’écrivain et éditeur. Il détient un baccalauréat en journalisme à l’Université
Carleton et une maîtrise en sciences politiques à l’Université de Toronto, où il a étudié comme
boursier au Massey College.
Luce Julien, directrice générale de l'information, Radio-Canada
Luce Julien est directrice générale de l’Information de Radio-Canada depuis juillet 2018. Sa
nomination marquait un retour au sein du diffuseur public où elle a œuvré durant 23 ans. Elle a
notamment dirigé les nouvelles radio, ICI RDI ainsi que l’information numérique. Avant de
prendre les rênes du secteur de l’Information, Luce Julien était rédactrice en chef du quotidien
Le Devoir.
Jed Kahane, directeur de l'information, Bell Média
Jed Kahane est journaliste et gestionnaire dans le monde de l’actualité depuis une trentaine
d’années en radio et à la télévision. Il est le Chef de bureau Calgary et Montréal pour CTV
National News et directeur de l’Information pour Bell Média au Québec depuis les 12 dernières
années.
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 39
Jean La Rose, président, Dadan Sivunivut
Jean La Rose est un citoyen de la Première Nation abénaquise d’Odanak au Québec. Dans sa
jeunesse, il a passé ses étés à Odanak avec ses grands parents. Il a grandi à Ottawa, où il a
étudié le journalisme au Collège Algonquin et a obtenu son baccalauréat ès arts en
communications sociales à l’Université d’Ottawa/Université Saint Paul. Il a aussi entrepris une
maîtrise en administration publique, mais a dû abandonner ses études après la deuxième
année en raison d’obligations familiales.
De novembre 2002 à décembre 2019, Jean La Rose a été le directeur général d’APTN, le
premier télédiffuseur autochtone national au monde, qui diffuse des émissions conçues par et
pour les Autochtones, et qui parlent d’eux. Depuis qu’il s’est allié au Réseau, il en a consolidé
la situation financière pour assurer sa croissance à long terme. Le Réseau est passé à quatre
chaînes distinctes, dont une chaîne haute définition, et possède et exploite maintenant deux
stations de radio. ELMNT FM possède des stations HD à Ottawa et à Toronto depuis octobre
2018. APTN emploie maintenant 200 personnes à l’échelle nationale, ce qui inclut les stations
radio, et offre des possibilités de production à plus de 100 producteurs autochtones au
Canada. Par ailleurs, le Réseau a procédé au lancement de la compagnie de production
AnimikiSee Digital Productions et de la compagnie de distribution AnimikiSee Distribution. Ces
nouvelles entreprises fonctionnent en tant que sociétés indépendantes d’APTN.
Anita Li, stratège et consultante
Anita Li est une conseillère médiatique et consultante basée au Canada. Elle est également
professeure de journalisme dans la région du Grand Toronto et à la Craig Newmark Graduate
School of Journalism de New York.
Anita possède plus de dix ans d’expérience à temps plein en tant que journaliste
multiplateforme à Toronto, New York et Ottawa. Elle a débuté sa carrière en tant que
journaliste et rédactrice dans des publications canadiennes, notamment le Toronto Star, le
Globe and Mail et CBC. Après cela, elle a occupé des postes stratégiques au niveau de la
direction dans des médias numériques américains, tels que Complex, Fusion et Mashable.
Plus récemment, Anita était directrice des communautés à The Discourse, un nouvel acteur de
la scène médiatique canadienne qui comble les lacunes de la couverture médiatique des
communautés mal desservies.
Anita est une experte du journalisme communautaire, de l’engagement du public, des modèles
commerciaux payants, de la diversité des salles de rédaction, de l’éthique des médias et de
l’innovation dans le journalisme. Elle a été invitée à discuter de ces sujets lors d’interviews et
de conférences dans le monde entier. Anita est membre du Online News Association board of
directors et membre de la promotion 2016 du Poynter-NABJ Leadership Academy for Diversity
in Digital Media. Elle a également cofondé en 2018 Canadian Journalists of Colour, un réseau
de créatrices et créateurs de médias racisés au Canada.
40 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
Chad Lubelsky, directeur de programmes, Fondation McConnell
Chad Lubelsky (@chadlubelsky) travaille pour la Fondation McConnell où il est directeur des
programmes pour le journalisme et le milieu post-secondaire. Avant de se joindre à la
fondation, Chad était directeur général du Santropol Roulant. Parmi ses engagements
communautaires, Chad est le co-fondateur de la Fondation Awesome à Montréal et il est
présentement président du conseil d’administration de Nord Ouvert. Il a un baccalauréat et une
maîtrise en communication, ainsi qu’une maîtrise en leadership.
Marie-Ève Martel, journaliste, La Voix de l'Est
Marie-Ève Martel est journaliste au quotidien La Voix de l’Est et auteure de l’essai Extinction
de Voix – Plaidoyer pour la sauvegarde de l’information régionale. En plus d’être blogueuse
sur son site personnelle, elle offre depuis plusieurs années diverses conférences sur le
journalisme et le rôle des médias en démocratie. Elle siège également au conseil
d’administration de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec depuis 2015.
Henry Milner, chercheur invité, Université de Montréal
Diplôme : Carleton : PhD 1976, M.A 1968 ; McGill B.A. 1967 ; Discipline : science politique
Chercheur, Invité. Département de science politique, Université de Montréal depuis 2006
Professeur invité, University d’Umea (Suède), département de science politique, 1998-2010
Chercheur, L’Institut de recherche en politiques publiques (Montréal) 2004-2008
Membre: International Advisory Committee. DEMOCRACY: A CITIZEN PERSPECTIVE,
Interdisciplinary Centre of Excellence. Abo Akadeni University, Finland, 2007-2015,
Publications: Plusieurs articles et livres dont : Les compétences civiques. Comment les
citoyens informés contribuent au fonctionnement de la démocratie. Québec: PUL, 2003.
Brian Myles, directeur, Le Devoir
Brian Myles est directeur du Devoir depuis février 2016. Il fut l’un des rouages importants de la
Coalition pour la pérennité de la presse d’information au Québec, et il a contribué aux efforts
visant à obtenir des programmes de crédits d’impôts pour les médias. Il a œuvré pendant 20
ans au sein du Devoir à titre de journaliste, de 1994 à 2015. En parallèle, il a enseigné le
journalisme pendant plus de 15 ans à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), de 2000 à
2016. Il a aussi assumé la présidence de la Fédération professionnelle des journalistes du
Québec, de 2009 à 2013. Il est bachelier et maître ès communication (spécialisation en
journalisme).
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 41
Melissa Ridgen, animatrice/productrice, APTN National News
Melissa est productrice et co-présentatrice d’APTN National News et anime une émission
hebdomadaire d’actualité appelée InFocus. C’est une journaliste, lauréate de plusieurs prix, qui
travaille depuis 24 ans dans l’Ouest et le centre du Canada dans les nouvelles quotidiennes et
dans des documentaires d’enquête de longue durée
Alain Saulnier, professeur invité, DESS en Journalisme, département de communication,
Université de Montréal
Alain Saulnier est journaliste depuis plus de trente ans. Il a également consacré une grande
partie de sa carrière à militer pour un journalisme de qualité au Québec, tant au sein des
entreprises de presse qu’au sein des organisations professionnelles de journalistes. Ainsi,
c’est sous sa présidence à la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ)
qu’a été adopté le premier Guide de déontologie de la profession journalistique au Québec.
Après avoir été journaliste et réalisateur dans plusieurs émissions d’information à la télévision,
Alain Saulnier a dirigé le service d’information radio de Radio-Canada à compter de 1999, puis
l’ensemble des services français d’information de 2006 à 2012. Comme directeur général, il a
proposé au service de l’information de Radio-Canada une vision misant sur le journalisme
d’enquête, ce qui a contribué à lever le voile sur les scandales dans l’industrie de la
construction au Québec, sur la corruption, sur le financement occulte des partis politiques et
d’autres sujets importants. C’est sous sa direction que l’émission Enquête a été créée.
Depuis septembre 2012, Alain Saulnier enseigne le journalisme à l’Université de Montréal pour
le programme de DESS en journalisme. En septembre 2013, il est aussi devenu producteur
délégué de l’émission Arrêt sur le monde, produite par le CÉRIUM (Centre d’études et de
recherches internationales de l’Université de Montréal) et diffusée au Canal savoir.
En novembre 2014, il a publié Ici ÉTAIT Radio-Canada aux Éditions Boréal, un livre qui a eu
un impact important sur l’avenir du diffuseur public. Une édition anglaise, Losing our voice,
Radio-Canada under siege, a été publiée en 2015. Il a également contribué à plusieurs
ouvrages collectifs sur le journalisme.
Il a assumé la direction des contenus au magazine du journalisme Le Trente de 2015 à 2017.
Alain Saulnier est un expert reconnu et un commentateur en journalisme et médias pour
plusieurs émissions et publications au Québec.
42 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
Francis Sonier, éditeur-directeur général, Acadie Nouvelle
Francis Sonier est l’Éditeur et directeur général du quotidien l’Acadie Nouvelle depuis juillet
2009, après en avoir été le directeur adjoint durant 9 mois auparavant. Il s’agit du deuxième
passage de Francis dans l’équipe du seul quotidien de langue française du
Nouveau-Brunswick.
En 1990, après l’obtention de son baccalauréat en communication publique de l’Université
Laval à Québec, il s’établit en Acadie, terre natale de ses parents, et fait son entrée à l’Acadie
Nouvelle à titre de journaliste.
Deux ans plus tard, il poursuit sa carrière de journaliste à CKRO Radio Péninsule, pendant
deux ans et demi.
En janvier 1995, Francis entreprend des études de Maîtrise en administration des affaires
(MBA) à l’Université de Moncton. Au même moment, il est embauché à titre de journaliste à la
radio et à la télévision de Radio-Canada Acadie.
En octobre 2008, il délaisse le journalisme au quotidien pour l’administration du journal Acadie
Nouvelle.
Aujourd’hui, Francis, dirige une équipe de 65 employés dont 45 travaillent à partir du siège
social à Caraquet. Francis assume également la direction générale des Éditions de la
Francophonie, succédant ainsi à son père Denis, le fondateur de la maison d’édition. Enfin,
depuis juillet 2015, Francis est le président de l’Association de la presse francophone qui
regroupe 23 journaux francophones à l’extérieur du Québec.
Pascale St-Onge, présidente, FNCC-CSN
Pascale St-Onge est présidente de la Fédération nationale des communications et de la
culture (FNCC-CSN) depuis 2015 et elle en est à son deuxième mandat. Dans le cadre de ses
fonctions, elle a dirigé plusieurs études et recherches sur les médias, le journalisme, le
contexte économique de ce secteur et les solutions à proposer afin d’assurer sa pérennité. Elle
fait de fréquentes représentations politiques et publiques afin de défendre l’importance des
médias, du journalisme et de la diversité médiatique pour la démocratie canadienne. Elle a
également participé à de nombreux panels et comités d’experts sur ces sujets. La FNCC-CSN
a pour mandat de défendre les conditions de vie socio-économiques de ses membres, ainsi
que leurs conditions de travail et de pratique professionnelle. La Fédération représente
également des personnes qui œuvrent dans les secteurs des arts, de la culture et de
l’événementiel, ainsi que dans les télécommunications et les technologies de l’information.
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 43
Nadia Stewart, vidéo-journaliste, Global BC
L’amour de Nadia Stewart pour la narration l’a amenée d’un océan à l’autre. Actuellement, elle
travaille chez Global BC en tant que vidéo-journaliste. Elle a collaboré pour CBC, CTV et The
Weather Network. Son travail a également été publié dans Planet Africa Magazine, où elle a
travaillé en tant qu’écrivaine et éditrice indépendante. Nadia est aussi la directrice générale de
L’Association des journalistes noirs du Canada.
Trine Syvertsen, professeure, Université d'Oslo
Trine Syvertsen est professeur de médias et de communication à l’Université d’Oslo et se
spécialise dans la politique des médias, l’histoire, la télévision et les médias numériques.
Parmi les livres récents, citons The Media Welfare State: Nordic Media in the Digital Era (avec
Enli Mjøs,Moe, 2014), Media Resistance; Protest, Dislike, Abstention (2017) et Digital Detox:
The Politics of Disconnecting (2020).
Elle est présidente du projet Intrusive Media, Ambivalent Users and Digital Detox (Digitox),
financé par le Norwegian Research Council pour 2019-2023.
Article récent : ”From problem to solution? Why it is difficult to restrict the remit of public
broadcasters”.
Claire Trottier, directrice, Fondation Trottier
Claire Trottier est impliquée au sein de sa communauté et dans le secteur philanthropique
dans différents rôles. Elle siège au conseil d’administration de la Fondation familiale Trottier,
une fondation privée qui soutient des projets dans les axes de la science, l’éducation, la santé,
et les changements climatiques. Claire est aussi co-vice présidente de la Fondation du Centre
Universitaire Hospitalier McGill, ainsi que cofondatrice et présidente du Collectif Bienvenue, un
organisme qui facilite l’intégration des demandeurs d’asile à Montréal. De plus, elle travaille
avec un consortium de fondations pour affronter la crise COVID-19 au Québec. Elle est
professeure adjointe en microbiologie et immunologie à l’Université McGill.
Dwayne Winseck, professeur, Université Carleton
Dwayne R. Winseck est professeur à l’École de journalisme et de communication, avec une
nomination conjointe à l’Institut d’économie politique à l’Université Carleton à Ottawa. Ses
intérêts de recherche comprennent l’économie politique des médias, Internet et les
télécommunications, l’histoire des médias et la théorie des médias. Il est également directeur
du Canadian Media Concentration Research Project.
44 • INM / Accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique
Sadia Zaman, PDG, Inspirit Foundation
Sadia apporte une riche expérience provenant des arts, des médias et des organismes sans
but lucratif à son rôle de PDG, Inspirit Foundation.
Avant de se joindre à Inspirit, Sadia était directrice générale, ROM Canada au Musée royal de
l’Ontario, où elle s’est concentrée sur le contenu numérique et les récits autochtones. Avant le
ROM, Sadia a mené des projets documentaires et d’actualité à travers le pays en tant que
directrice, Développement de programmes originaux, CBC News and Centres. Elle a
également dirigé Women in Film and Television-Toronto (WIFT-T), un organisme sans but
lucratif qui soutient la formation et l’avancement des femmes dans l’industrie des écrans. Sadia
a commencé sa carrière en tant que journaliste, créant des centaines d’heures de contenu
d’actualité et de documentaire original et acclamé par la critique pour Vision TV, CBC et TVO.
Elle a remporté des dizaines de prix pour son journalisme et a été honorée pour son
leadership. Elle siège dans de nombreux jurys et comités consultatifs et est souvent sollicitée
pour parler des médias, de la diversité, du genre et du leadership.
Dialogue sur le rôle des médias pour la démocratie canadienne / Rapport • 45
INM
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