A NALECTA
ANALECTA BOLLANDIANA
Revue critique d’hagiographie – A Journal of Critical Hagiography
The Journal is published twice a year
(in June and December) in issues of
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La Revue paraît deux fois par an
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BOLLANDIANA
Volume 136 (2018)
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SOMMAIRE / CONTENTS
Sebastian BROCK. The Martyrdom of Crescus (Crescens) of Myra
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Patrick HENRIET. Un emprunt non repéré de Grégoire le Grand (Dialogues, II, 11) à Cassien (Institutions, II, 14) . . . . . .
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23
Paolo TOMEA. Appunti sulla venerazione agli angeli extrabiblici nel
Medioevo occidentale. I nomina archangelorum e l’enigmatica
fortuna di Pantasaron . . . . . . . . . . . .
27
André BINGGELI. L’histoire du ms. Istanbul, Sainte-Trinité 100, et
ses fragments inédits des Passions de Phocas le Jardinier, de Sévérien, et de Fébronie . . . . . . . . . . . .
63
La conversion de Gaza au christianisme
La Vie de S. Porphyre de Gaza par Marc le Diacre (BHG 1570)
Appendice. Pierre AUGUSTIN. La description du manuscrit par Samuel
Slade en 1610. . . . . . . . . . . . . . .
94
Édition critique – Traduction – Commentaire par Anna LAMPADARIDI
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Eleni TOUNTA. Conflicting Sanctities and the Construction of Collective Memories in Byzantine and Norman Italo-Greek Southern
Calabria: Elias the Younger and Elias Speleotes . . . . . 101
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Bernard JOASSART. Deux «nouveaux» bollandistes du XIX siècle
. 145
François DOLBEAU. Catalogues de manuscrits latins.
Inventaire hagiographique (trente-quatrième série).
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SUBSIDIA HAGIOGRAPHICA 94
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Bernard JOASSART. Les tribulations d’un exemplaire du dossier de S.
Ignace de Loyola. Une curiosité bibliographique dans la Bibliothèque des Bollandistes. . . . . . . . . . . . 190
Robert GODDING. Vers un catalogue informatisé du fonds des imprimés anciens de la Bibliothèque des Bollandistes . . . . 193
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2016, VI-292 p.
Saint Jean, higoumène de Scété (VIIe s.)
Vie arabe et épitomé éthiopien
Édités et traduits par Ugo ZANETTI
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2015, 288 p.
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Bulletin des publications hagiographiques .
Publications reçues.
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Résumés – Summaries: 22, 26, 62, 93, 142
Ce numéro a paru le 26 juin 2017
ISSN 0003-2468
. 194
.
235
TABULARIUM HAGIOGRAPHICUM 8
Querelles autour de l’hagiographie bretonne à la fin du XIXe s.
Dom François Plaine et les Bollandistes
Correspondance
Présentation, édition et commentaire par Philippe GUIGON
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2015, 128 p.
REVUE SUBVENTIONNÉE PAR LA FONDATION UNIVERSITAIRE
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DES PUBLICATIONS HAGIOGRAPHIQUES
199
Relevons enfin que H. P., pour beaucoup des textes sur lesquels il se fonde,
les cite in extenso, à la fois dans l’original grec et en traduction anglaise. Cela a demandé sans nul doute travail et même dépenses, mais c’est un grand mérite car, en
fin de compte, seul le texte-source fait foi. Si le grec, comme d’ailleurs les autres
langues, présente quelquefois de petites fautes, celles-ci ne défigurent jamais le
texte au point d’en rendre la compréhension malaisée. Bref, ce livre, par le caractère central de son sujet et par le sérieux avec lequel il le renouvèle, me paraît vraiment indispensable dans toute bibliothèque qui veut couvrir l’histoire des premiers
siècles chrétiens.
J. NORET
Normes et hagiographie dans l’Occident latin (VIe-XVIe siècle). Actes
du colloque international de Lyon (4-6 oct. 2010). Ed. Marie-Céline
ISAÏA – Thomas GRANIER (= Hagiologia, 9). Turnhout, Brepols, 2014,
535 p. + 16 pl. [ISBN 978-2-503-54835-7]
Le titre, pour le moins général, de ce volume nécessitait un éclaircissement.
Celui-ci est apporté d’emblée par M.-C. ISAÏA qui signe, en guise d’introduction,
L’hagiographie, source des normes médiévales. Pistes de recherche (p. 17-42): il
ne s’agira pas ici de réfléchir sur l’exemplarité des Vies de saints, mais sur les relations «que le discours hagiographique a entretenues avec les normes en Occident».
Une norme, qu’est-ce à dire ? En combinant les définitions données par M.-C. I. et
par A. Dierkens dans les conclusions de l’ouvrage, celle-ci désigne une «règle exprimée autrement que la sous la forme explicite d’une loi» (p. 479) qui n’émane pas
d’une autorité clairement identifiée (p. 21). L’article liminaire, un peu théorique
mais stimulant, brasse de nombreuses idées. Je n’en retiendrai qu’une, pour sa
capacité à nous interroger: selon l’A., l’hagiographie aurait été «le lieu privilégié
d’une sélection et d’une mise par écrit des normes communes» car, n’ayant pas «la
sécheresse des règlements» mais «naturellement émouvante», elle possédait un
«pouvoir de persuasion» sur les individus. Lier à l’émotion les normes paraît de
prime abord incongru, mais n’est-il pas indéniable que «les normes s’imposent
d’autant mieux qu’elles sont portées par un consensus émotionnel» (p. 34) ? Les
textes hagiographiques ont dès lors pu en effet secréter, modeler, modifier ou entériner ces normes. Du moins surtout avant les XIIe et XIIIe s., époque à partir de laquelle la règle tend à devenir «stricte norme juridique», délaissant peu à peu ses
autres canaux d’expression.
Les actes de ce colloque réunissent 29 contributions, toutes en français. Structuré en quatre parties, l’ouvrage comporte des index et de brefs résumés bilingues
(Fr/En). S’il ouvre incontestablement des perspectives intéressantes, son contenu
semblera hétéroclite à certains, non seulement par le large spectre chronologique
qu’il embrasse mais aussi en raison de la polysémie recouverte par la notion de
norme. Vu sa forte teneur hagiographique, il nous a paru utile d’en donner une recension détaillée.
Les Propos liminaires de M. VAN UYTFANGHE (p. 9-16) synthétisent, avec un
sens de la formule remarquable, cinq problématiques fondamentales de l’hagiograAnalecta Bollandiana, 135 (2017).
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BULLETIN
phie médiévale: les causes du prodigieux essor du culte des saints; la question du
«statut quasi scripturaire» de l’hagiographie; la notion, plutôt illusoire pour l’A.,
d’exemplarité de la sainteté, car très majoritairement réservée aux célibataires; la
coexistence d’une «hagiographie spontanée», orale, légère et populaire avec une
«hagiographie autorisée et normative»; le poids des conventions religieuses et littéraires, véritables freins à l’émergence de nouveaux types de sainteté.
La partie I, Hagiographie et expression des normes, entend montrer à quel
point les textes hagiographiques, en raison de leur (relative) accessibilité, ont pu
être un vecteur privilégié pour l’énoncé des normes,
Pour commencer, J. DELMULLE s’interroge sur Polémique doctrinale et hagiographie: établir et diffuser la norme. La Vita Caesarii, ultime étape de la controverse augustinienne en Gaule du Sud ? (p. 45-63). Quasi absente de la Vie de S.
Honorat, réhabilitée dans celle d’Hilaire d’Arles, la question de la grâce, au cœur
de la controverse augustinienne, s’avère très présente dans la Vita de Césaire (ca
550), l’évêque qui trancha la longue polémique au concile d’Orange en 529. J. D.
relève les manières très diverses par lesquelles cette controverse imprègne le texte
hagiographique – de l’insertion d’un discours doctrinal et d’un «acte de normatisation» (la relation du concile de Valence) à des allusions beaucoup plus anodines.
Cette étude incite à répondre par l’affirmative à la question posée dans le titre. La
Vita apparaît comme un outil de vulgarisation de la norme désormais établie,
permettant d’éluder la complexité des discours théologiques, et d’instiller efficacement dans les esprits les conceptions orthodoxes. – B. JUDIC envisage, assez rapidement, Les Dialogues de Grégoire le Grand et l’expression des normes (p. 65-76),
à partir de quelques extraits de l’œuvre. Ces «récits amusants» ont-ils pu générer
des normes, «normes de piété, normes morales, normes doctrinales» ? Les descriptions et les personnages des Dialogues, souvent haut en couleurs, n’ont-ils pas
davantage joué le rôle de modèles plutôt que de normes ? Dans un cas au moins –
l’histoire du moine-médecin Justus (Dial. IV, 57) –, le récit semble bien avoir inspiré une coutume: la fixation à trente jours de la date usuelle de commémoration
d’un défunt. – R. VERDO s’attache à une Approche sociolinguistique de trois réécritures hagiographiques (VIIe-IXe siècles): du compromis mérovingien à la norme
carolingienne (p. 77-100). Sa minutieuse analyse comparative, menée principalement sur la morphologie de sept textes issus des dossiers de Bathilde, Riquier et
Gall, lui permet d’évaluer le degré, variable, de transformation des tendances langagières entre les époques mérovingienne et carolingienne (modéré dans le cas de
Bathilde, très net dans celui de la réécriture de la Vita S. Richarii par Alcuin). Cette
expertise l’amène à proposer des hypothèses plus générales sur la réception des
textes: alors que dans les Vies écrites vers l’an 700, les scholastici cherchent à
marquer leur narration d’une empreinte savante, tout en veillant à user de structures
latines qui restent intelligibles à leur auditoire, les remaniements carolingiens
s’écartent résolument du grand public. Cette «reconfiguration de la langue» n’est
pas sans incidence sur le fond du discours: selon lui, le saint devient désormais «un
personnage plus distant, aux manières plus aristocratiques», et les textes hagiographiques ne sont plus recevables que par un auditoire doté d’une instruction savante.
– Comment fut accueillie la réforme de la vie monastique prônée lors des conciles
Analecta Bollandiana, 135 (2017).
DES PUBLICATIONS HAGIOGRAPHIQUES
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convoqués par Louis le Pieux à Aix-la-Chapelle ? R. KRAMER, … ut normam salutiferam cunctis ostenderet: représentations de l’autorité impériale dans la Vita
Benedicti Anianensis et la Vita Adalhardi (p. 101-118), explore la question à partir
de ces deux textes composés dans la décennie 820, dont les protagonistes furent
précisément en désaccord sur cette réforme. Si l’un comme l’autre hagiographe ne
remettent pas en cause le rôle de l’empereur à la tête de l’ecclesia, ils s’opposent
sur les implications de cette position dominante, la Vita Adalhardi de Paschase
Radbert pouvant même être interprétée comme une critique monastique envers la
Cour et les nouvelles normes qu’elle vise à imposer. – C. BERNARD-VALETTE
étudie la Pratique politique de l’intertexte hagiographique chez Hincmar de Reims
(p. 119-133), recensant au préalable les (très) rares emprunts du prélat carolingien
aux Vies de saints antérieurs. En tout et pour tout, treize saints, tous évêques, apparaissent dans son œuvre, le plus souvent dans ses écrits relatifs à la royauté. Si ces
références hagiographiques sont clairsemées, elles prétendent fonctionner comme
des arguments d’autorité, à l’instar des textes canoniques et patristiques. Ce constat
inspire à C.B.V. une question pertinente: «qu’est-ce qui fait autorité dans l’intertexte hagiographique ?»: le saint lui-même, l’auteur de sa Vie ou le genre littéraire ?
Le recours à l’hagiographie – et particulièrement aux exemples de S. Ambroise et
S. Martin – aide Hincmar à définir l’auctoritas et le rôle politique de l’évêque mais
aussi à «prendre parti entre les puissances civiles», à une époque troublée, marquée
par les tentatives d’invasion du royaume de Charles le Chauve par son frère Louis.
– Dans L’inceste entre anormalité et déviance dans les légendes de Judas et du
pape Grégoire (p. 135-146), A. LAFRAN considère un interdit sexuel universel,
présent dans plusieurs Vies de saints. La légende de Judas, connue depuis le XIIe s.
mais popularisée par Jacques de Voragine, et celle de S. Grégoire – identifié tantôt
au grand pape du VIe s., tantôt à un pontife homonyme –, devenue célèbre grâce à
l’œuvre de Hartmann von Aue (ca 1180-1190), partagent des points communs (les
deux protagonistes sont l’un et l’autre des enfants abandonnés en quête d’identité),
mais divergent quant à leur canevas. Alors que l’inceste commis par Judas ternit
encore un peu plus sa figure, en en faisant un nouvel Œdipe, la destinée rocambolesque de Grégoire – marquée par un double inceste, une terrible expiation (il
reste attaché 17 ans à un rocher !) et une désignation céleste comme pape – atteste
une «certaine compréhension» vis-à-vis de cet acte, présenté davantage comme un
danger que comme une perversion, et illustre surtout que «la Grâce divine et le
pardon divin sont au-dessus des lois, des règles». Ce qui amène A. L. à conclure
que, malgré plusieurs exemples connus (cf. Vies des SS. Métron, Alban ou Brice de
Tours), l’hagiographie ne fut pas mise au service de la prohibition de l’inceste, mais
plutôt de la promotion de la repentance et de la contrition.
La partie II, Hagiographie et régulation des communautés, considère plus
spécifiquement les normes autour desquelles des communautés (surtout) religieuses
se soudent et développent leur identité.
Th. GRANIER dégage La fonction normative des textes hagiographiques dans
la Chronique de Saint-Vincent du Vulturne (vers 1120) (p. 151-165), copiée au début du XIIe s. dans le ms. Vat. Barberini lat. 2724, et qui inclut trois versions distinctes de la Vie de Paldo, Tato et Taso, fondateurs de l’abbaye. Davantage qu’une
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introduction historique, ces récits semblent avoir été, pour les rédacteurs du cartulaire-chronique, une véritable «clé de lecture» des autres documents insérés dans
cette compilation; ils définissent une norme (norme spirituelle dans la Vita BHL
6415 d’Ambroise Autpert [VIIIe], norme politique dans la Vie BHL 6416 du moine
Pierre [XIe], norme d’autorité et de prestige pour la Vie insérée au sein de la
Chronique) qui prétend déterminer les rapports du monastère avec le passé, mais
aussi avec le présent et le futur, et dont l’observance conditionne la prospérité de
l’institution. – Au terme d’une analyse ingénieuse, au cours de laquelle elle réexamine le contexte de rédaction des deux principales pièces hagiographiques du
dossier (BHL 5794 et 5795), A.-M. HELVÉTIUS associe La Passio de sainte
Maxellende et la réforme d’une communauté féminine en Cambrésis (p. 167-181).
Bien que Maxellende soit une martyre – elle finit assassinée par son prétendant
après avoir obstinément refusé le mariage – et, qui plus est, une jeune laïque, son
premier hagiographe (fin IXe-début Xe s.) la présente comme une religieuse modèle.
À travers elle, et les «injonctions morales» que délivre sa vie, l’auteur veut adresser
un discours réformateur aux sanctimoniales séculières de Caudry, visant à mettre
fin à certains abus (quitter la communauté pour se marier, avoir une apparence trop
mondaine…). Le texte propose donc un véritable modèle de sainteté adapté aux
communautés féminines séculières – en d’autres mots, aux chanoinesses nobles –,
mais ne connut manifestement pas l’effet escompté, car l’institution fut supprimée
peu de temps après. – E. MAGNANI s’attache aux rapports entre Hagiographie et
diplomatique dans le monachisme réformé en Bourgogne au miroir du manuscrit 1
de Semur-en-Auxois (p. 183-195 + 6 fig.), issu de l’abbaye Saint-Jean de Réôme
(Côte-d’Or), qui renferme, entre autres, un livret hagio-liturgique sur le saint tutélaire (BHL 4425, 4426, 5741, 4429-4430) et deux pseudo-diplômes mérovingiens
forgés au XIe s. L’A. souligne les «résonances» volontairement établies entre ces
deux types de documents, qui se marquent jusque dans les détails décoratifs ou le
vocabulaire, et fait de ce manuscrit un exemple typique de la rénovation monastique entreprise aux environs de l’an mil. – P. LICCIARDELLO réfléchit sur La
fonction normative dans l’hagiographie monastique de l’Italie centrale (Xe-XIIe
siècles) (p. 197-214), à partir de plusieurs dossiers célèbres (Romuald, Pierre
Damien, Dominique de Sora, Jean Gualbert…) issus d’abbayes qui ne le sont pas
moins (Fonte Avellana, Vallombreuse, Camaldoli, Farfa…). À ses yeux, cette expression des normes se décline suivant quatre perspectives: sur le plan moral,
puisque les Vitae proposent des modèles de comportement (retrait du monde,
ascèse, idéal missionnaire, volonté de réforme…); sur le plan juridique, dans la
mesure où ces textes s’attachent parfois à légitimer des droits ou des propriétés; sur
le plan identitaire enfin, car ils contribuent à construire la mémoire de la communauté. En revanche, dans le domaine littéraire, les écrits hagiographiques apparaissent comme «anti-normatifs», du fait qu’ils transcendent les genres et les catégories, incluant en leur sein d’autres types de documents ou adoptant parfois des
formes inattendues. – Cette vaste enquête est suivie d’une contribution très ciblée:
A. TRIVELLONE, Culte des saints et construction identitaire à Cîteaux: les images
de Jérôme dans les manuscrits réalisés sous l’abbatiat d’Étienne Harding (p. 215234 + 22 ill.). Dans les miniatures des manuscrits confectionnés à Cîteaux durant
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le premier tiers du XIIIe s., Jérôme apparaît à cinq reprises – soit davantage que tout
autre Père de l’Église. L’A. démontre, de manière convaincante, que cet intérêt
s’explique vraisemblablement par les champs d’activité d’Étienne Harding († 1134).
Quatre de ces cinq enluminures présentent une iconographie très rare: dans la première, Jérôme offre la Vulgate au pape Damase, tandis que les trois autres figurent
Jérôme en compagnie de femmes (Eustochium, Marcella et Principia). Or, comme
Jérôme, Étienne fut un philologue hors pair, qui travailla assidûment sur le texte de
la Vulgate; comme Jérôme, Étienne chercha à promouvoir le développement d’un
monachisme féminin, étant impliqué dans la fondation de l’abbaye de Tart peu
avant 1125. Ainsi, aux yeux d’Étienne, Jérôme fut un modèle absolu, et s’identifier
à lui permettait de légitimer certains de ses choix. – Dans F.R.A.N.C.I.S.C.U.S.
L’hagiographie de saint François vue par Nicolas de Lyre (p. 235-247), S. DELMAS
décrypte la Contemplatio ou Oratio ad honorem S. Francisci, opuscule composé
par le célèbre exégète franciscain entre 1322 et 1339, et connu seulement par des
éditions anciennes. À travers cette œuvre, structurée en dix antiennes relatives à des
épisodes de la vie de François, chacune commençant par une lettre de son prénom
(acrostiche), Nicolas contribue, par les larges emprunts qu’il fait à ses Legendae, à
conforter la norme hagiographique élaborée par Bonaventure, au détriment de celle
transmise par Thomas de Celano. Tout en prônant une logique d’apaisement entre
les Frères mineurs, il prend le parti des Conventuels dans la querelle face aux Spirituels, omettant par ailleurs toute référence à l’amour de la pauvreté du saint fondateur.
«La porosité générique de l’hagiographie», encline à insérer en son sein des
types de narrations et des documents hétérogènes (diplomatiques, liturgiques, historiographiques, pastoraux…), explique-t-elle son utilisation régulière pour diffuser
les normes ? Cet aspect fait l’objet de la partie III, Hagiographie et normes: le problème générique.
G. BLENNEMANN, Martyre et prédication: adaptations d’un modèle hagiographique dans les sermons de Césaire d’Arles (p. 253-273). Le saint, et plus encore le martyr, se trouvait au cœur d’un paradoxe, particulièrement flagrant une fois
les persécutions révolues: dans quelle mesure celui qui était présenté comme un
modèle restait-il imitable ? Pour Césaire, le temps des martyrs n’est pas révolu. À
travers ses sermons hagiographiques, il relativise la distance qui sépare son époque
de ce temps et, à l’instar de S. Augustin, promeut des «modes d’appropriation» du
martyre, accessibles à ses contemporains, où la charité et la patience apparaissent
comme les nouveaux ingrédients d’un sacrifice désormais spirituel. – Dans Hagiographie et législation en Irlande médiévale (VIIe-IXe siècle) (p. 275-292), J.-M.
PICARD démontre clairement les interactions entre les deux genres. Des textes juridiques comme le Senchas már ou la Collectio canonum Hibernensis intègrent des
épisodes empruntés aux Vies de saints (en l’occurrence à la Vita Patricii, à celle de
S. Martin, et plus généralement aux Dialogues de Grégoire) pour conforter leur autorité. Inversement, divers documents à visée diplomatique, des accords ou des éléments de coutumes sont subtilement insérés au cœur des Vies de saints dans une
perspective probatoire. Celle de S. Máedóc (XIe s.) reproduit ainsi un accord passé
entre les communautés de Ferns et Devenish, où sont réglementés transfert de terres
Analecta Bollandiana, 135 (2017).
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BULLETIN
et gestion d’impôts annuel. C’est dans la Vita S. Columbae, écrite peu avant 700
par Adomnán, que les rapports entre hagiographie et législation sont les plus évidents, notamment à propos des usages matrimoniaux et de la notion de royauté,
envisagée pour la première fois comme centralisée et de droit divin. – S. JOYE et P.
BERTRAND s’intéressent à un «ilôt documentaire» original, riche d’une bonne dizaine de textes, oscillant entre hagiographie et diplomatique: Les «testaments de
saints» en Chrétienté occidentale (p. 293-307). Ceux-ci, qui s’apparentent le plus
souvent à des donations entre vifs, s’avèrent tantôt authentiques (Césaire d’Arles,
Burgundofara, Humbert de Maroilles…), tantôt controversés (S. Arède/Yrieix…),
voire clairement faux (le dossier de Ste Aldegonde de Maubeuge nous fournit un cas
emblématique à cet égard). La force de cet article est de bien poser la problématique en démontrant la variété des types génériques revêtus par ces «testaments», la
diversité de leurs supports (on les trouve dans des légendiers, cartulaires, voire
gravés dans la pierre comme à Arezzo) et de leurs motivations (préservation des
propriétés, visées réformatrices, protection contre la rapacité d’abbés laïques…).
Les auteurs suggèrent que si les textes hagiographiques ont longtemps pu remplir
des fonctions de légitimation, à partir des Xe-XIe s., on cherche plus volontiers à
produire des documents qui adoptent une forme diplomatique, tout en continuant à
les associer à l’aura du saint. – C. GARAULT analyse en détail Les rapports entre
récits hagiographiques et matériel diplomatique à travers le dossier hagiographique de saint Malo (IXe-XIIe siècle) (p. 309-327), à savoir «les modalités de consignation ou de création des récits de donation» dans quatre de ses Vies successives. S’il est impossible d’affirmer que les hagiographes ont utilisé dans leurs
œuvres narratives des actes de la pratique, l’enquête menée ici atteste une évolution
significative: alors que la Vita initiale composée par le diacre Bili (ca 870) évoque
10 donations, usant ça et là d’un vocabulaire juridique, celle écrite au milieu du XIIe
s. probablement par l’évêque Jean de Châtillon n’en recense plus aucune, comme si
à cette époque écrits hagiographiques et diplomatiques constituaient deux sphères
distinctes n’ayant plus à s’interpénétrer. – K. GIBSON montre que la description de
La vie monastique dans les Vies de saint Gall récrites au IXe siècle (p. 329-343), à
savoir celles de Wetti et de Walafrid Strabon, témoigne de divergences significatives. La comparaison de plusieurs thèmes (le rapport de l’abbé aux moines,
l’attitude de ces derniers vis-à-vis de la nourriture, l’entrée de Gall au monastère…)
laisse penser que Walafrid a mis à jour le récit pour le conformer à la vision
impériale du monachisme, adossée à la Règle bénédictine et exprimée dans les capitulaires carolingiens. L’importante tradition manuscrite de son récit (plus de 75
exemplaires conservés pour un seul dans le cas du texte de Wetti) suggère en effet
que sa Vita servit à diffuser cette conception. Selon K. G., la comparaison entre les
deux réécritures illustre aussi comment «les objectifs de la réforme [carolingienne]
se transformaient de décennie en décennie». – Le traitement différencié d’un même
épisode dans deux récits se trouve également au cœur de l’article de Fr. LAURENT,
«Saint» Richard de Normandie et le sacristain noyé dans le Roman de Rou de
Wace et l’Histoire des ducs de Normandie de Benoît de Sainte-Maure (p. 345-357).
L’historiette du sacristain mort noyé suite à une escapade amoureuse, et dont les
démons et les anges se disputent l’âme avant qu’il ne soit ramené à la vie, provient
Analecta Bollandiana, 135 (2017).
DES PUBLICATIONS HAGIOGRAPHIQUES
205
d’un miracle marial très populaire au Moyen Âge. Elle est réemployée de manière
fort différente dans les œuvres de Wace et de Benoît de Sainte-Maure, composés
dans les années 1160-70 sans doute à la demande de Henri II Plantagenêt. Alors
que Wace s’affranchit de la norme hagiographique, et évoque à travers l’épisode le
libre-arbitre de l’homme, Benoît, sous couvert d’un récit romanesque bien plus
long, revient aux motifs et aux conventions de cette dernière, soucieux d’exalter la
«sainteté» du duc Richard Ier.
Les normes ne sont ni figées, ni perpétuelles. Elles se métamorphosent continuellement, se cherchent, ou entrent en conflit avec d’autres règles. La partie IV,
L’hagiographie, laboratoire normatif, envisage cet état de choses.
Dans Vitae presbyterorum. Remarques sur quelques Vies de prêtres ruraux du
haut Moyen Âge (p. 363-378), Ch. MÉRIAUX met en lumière l’émergence, à partir
du VIe s., d’une hagiographie «sacerdotale» centrée sur la figure de prêtres ruraux.
Celle-ci s’observe, notamment, dans les écrits de Grégoire de Tours et à travers
cinq dossiers hagiographiques, examinés par l’A.: S. Eptade d’Autun, le Bavarois
Gamalbert, Lonoghylius, prêtre itinérant qui se fixa près de Mamers, le manceau
Rigomer et Valentin, originaire de la région de Langres. S’il est péremptoire d’affirmer que ces Vies cherchent à dresser un portrait idéal de prêtre, proposé à l’imitation, elles offrent une série d’informations que C. M. a résumées dans une intéressante conclusion sur «le prêtre au miroir de l’hagiographie» avant la réforme
grégorienne. Ces Vitae, à la notoriété le plus souvent restreinte, suggèrent que, contrairement à certaines idées étayées par des documents médiévaux non-hagiographiques (lettres du pape Zacharie ou d’Agobard de Lyon), ces prêtres provenaient
de milieux aisés (petite et moyenne aristocratie foncière) et éclairent le statut des
églises rurales, de nature souvent familiale, ainsi que la question du rapport aux
femmes. – Bien qu’elles soient très inégalement documentées, une pluralité de
normes, parfois contradictoires entre elles, coexistaient au Moyen Âge. «Par un
effet de miroir», l’hagiographie dévoile çà et là des codes de comportement propres
à l’aristocratie laïque, qu’elle entend parfois contester. S. FRAY en donne un bon
exemple dans Un cas de norme laïque transmise par une source hagiographique:
relecture des chapitres 7 et 8 du livre I de la Vita Geraldi (p. 379-389), composée
par Odon de Cluny vers 930, chapitres qui se répondent l’un à l’autre et concernent
la légitimité de la violence armée et, particulièrement, de la vengeance. Alors que
dans le premier chapitre, Odon se fait l’écho de l’entourage de Géraud sur la
question, dans le second, le clerc propose à l’Ordo pugnatorum un autre discours
sur le bon usage des armes, faisant de Géraud «le porte-parole de ses propres conceptions». – Les normes de sainteté divergent parfois dans un même cadre spatiotemporel. Ainsi, l’idéal de l’évêque impérial incarné par S. Brunon de Cologne fut
loin d’être approuvé unanimement en terre d’Empire; pour l’illustrer, A. WAGNER
passe en revue, d’une manière un peu trop succincte, l’activité et la représentation
de neuf archevêques successifs de Mayence, de Frédéric († 954) à Adalbert de
Sarrebruck († 1137) dans Norme et écarts à la norme dans l’hagiographie de l’Empire aux Xe-XIe siècles: l’exemple de Mayence (p. 391-402). La plupart de ces prélats témoignent d’une conception de l’épiscopat inspirée par les modèles «monastique, traditionnaliste et bonifacien», qui n’exalte pas leur pouvoir politique et
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militaire. Parmi eux, la Vita de S. Bardo (BHL 977) n’attribue aucun rôle politique
à l’évêque et dote au contraire celui-ci d’une humilité telle qu’un jour, pris pour un
vagabond, il fut chassé de sa propre église par un sacristain ! – N. GIANTSI, Vivat
de labore manuum ejus. L’idéal de travail contre l’idée de mendicité: deux normes
contradictoires (p. 403-417), analyse la perception du travail dans treize Vies de
mulieres religiosae du XIIIe s. À quelques exceptions près, le travail apparaît bien
présent et valorisé. Le binôme biblique de Marthe (travail manuel) et Marie (travail
intellectuel) est souvent évoqué, mais certaines Vies – surtout celles de Marie
d’Oignies et de Julienne de Cornillon – offrent des mentions plus concrètes:
Julienne se fait un devoir quotidien de traire les vaches; Ide de Léau s’évertue à
copier et corriger les livres liturgiques; même Alice de Schaerbeek, pourtant lépreuse, entend ne pas rester oisive. Cet intérêt pour le travail revêt sans doute une
dimension expiatoire, mais il constitue aussi une réponse aux accusations de
paresse, inhérentes aux critiques concernant la mendicité pratiquée par les béguines
et autres mulieres religiosae. En cela, les hagiographes s’efforcent de définir (et
d’encourager) une norme de vie afin de donner une légitimité à ce courant religieux,
alors nouveau et controversé. – Les normes évoluent au fil des siècles, au fil des
textes, selon l’attente des publics. Voici l’un des enseignements de la belle étude
de N. V. DURLING, Traductio(n) et conversio(n): l’exemple de la Vie de Lehire (p.
419-433), alias S. Éleuthère, évêque de Tournai († 531). Travaillant à la fin du XIIIe
s., le traducteur anonyme se fonde principalement sur la Vita de Guibert de Tournai,
assimilant celle-ci à une «nécropole» à fouiller, et le latin à une couche de terre cachant l’histoire. Ses aménagements entendent rendre la légende plus accessible au
public ciblé, à savoir l’aristocratie tournaisienne, et célèbrent l’identité régionale,
entre autres en associant le roi Clovis à la ville scaldienne. Au moyen de jeux de
mots étonnants, dans lesquels l’étymon tour- revient sans cesse (ex. Pour tourner à
Tournai, se tourna esraument. Quand il fu atournés a Tournai s’en tourna / entour
le saint…), il exalte à la fois le rôle de Tournai dans l’évangélisation et son lien
avec la royauté française. N.V.D. observe aussi que le seul manuscrit qui transmet
cette Vie (Paris, BnF, fr. 24430) comporte une anthologie de textes poursuivant les
mêmes desseins. – De manière limpide, V. SOUCHE-HAZEBROUCK met en évidence
La transformation du prologue de la Vita tripartita de Gertrude de Nivelles dans
l’un des prologues de recueils de Jean Gielemans (p. 435-457), l’Agyologus Brabantinorum, compilé entre 1476 et 1483. Les remaniements sémantiques et formels
apportés par le chanoine (présentés dans un tableau) permettent à celui-ci d’introduire subtilement deux concepts polémiques: l’importance des femmes dans le
sanctoral de son œuvre et le concept de patriotisme hagiographique. En réutilisant
d’anciens prologues – V.S.H. identifie aussi des emprunts au prologue de la Vita
prima Gertrudis – Gielemans le collector se fait auctor et, grâce à l’auctoritas que
lui offre la patine des textes anciens, il énonce de réelles innovations idéologiques.
– Enfin, N. TROTIN parcourt Le De imitatione Sanctorum (1528) de Guillaume Pépin
(o.p.): prêcher la vie des saints au Beau Seizième siècle (p. 459-475), dégageant de
ce recueil de sermons quatre axes éclairant les «inflexions de l’écriture de la sainteté» à l’aube de la première modernité. Le dominicain normand, attentif à citer ses
sources et à ancrer sa narration dans le quotidien de ses lecteurs et auditeurs, y té-
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moigne d’abord d’une «perception renouvelée du miracle». Par ailleurs, ses sermons
magnifient son Ordre à travers ses grands saints (Dominique, Thomas d’Aquin,
Pierre Martyr, Catherine de Sienne, Vincent Ferrier) et justifient les nécessaires réformes. Concernant les dévotions polémiques, Pépin se montre prudent comme
l’illustre son traitement des Trois Maries, dont le culte avait été promu à Évreux
dans la seconde moitié du XVe s.; il défend celui-ci au nom de l’enseignement admis
au sein de l’Église mais se garde bien de célébrer leurs miracles. Sa prédication
prend parfois une connotation politique, se muant en éloge du pouvoir royal, comme
on peut s’en rendre compte dans l’un de ses sermons commémorant S. Louis.
Pour clore le volume, A. DIERKENS formule Quelques réflexions en guise de
conclusion, résumant les acquis des articles respectifs et avançant des observations
méthodologiques stimulantes, entre autres sur «le danger de la surinterprétation des
seules données textuelles» pour identifier ce qui faisait norme. Enfin, M.-C. ISAÏA
et Th. GRANIER établissent les Bilan et perspectives de ce colloque de Lyon. Selon
eux, l’hagiographie ne contribua que «dans une proportion souvent minime à l’élaboration des normes» régissant les sociétés médiévales, ce qui peut sembler paradoxal quand on referme un volume de 500 pages consacré à ce sujet et qu’on relit
certaines pages de l’introduction. Quoi qu’il en soit, les Vies de saints suggèrent
naturellement des normes de comportement, le plus souvent à travers l’autorité de
leur héros, et aussi des normes communautaires en recourant à un passé idéalisé.
«L’hagiographie est par excellence le genre littéraire qui convient pour écrire une
histoire des origines, dès lors qu’on veut que cette histoire joue pleinement un rôle
de mythe». De telles assertions, on en conviendra, ne manqueront pas d’interpeller
les spécialistes et montrent que la problématique envisagée par ce colloque a été
explorée avec une rare méticulosité.
Fr. DE VRIENDT
Katherine T. BROWN. Mary of Mercy in Medieval and Renaissance
Italian Art. Devotional Image and Civic Emblem. London – New
York, Routledge, 2017, XX-211 p. + 25 pl. [ISBN 978-1-4724-7650-0]
During her stay as an art history teacher in Cortona and Rome, the A. got fascinated by the Madonna della Misericordia whom she encountered everywhere in
Central Italy. She has now mapped this particular type of Madonna in her book
Mary of Mercy in Medieval and Renaissance Italian art.
The Madonna della Misericordia spreads her mantle over a number of believers who seek her protection, the Latin or Italian word misericordia meaning
“mercy”. Usually, she is standing; occasionally she is seated, so that the image is
combined with that of Mary as majestas. Sometimes she holds with both hands the
slips of her cloak, which she spreads in protection over her worshippers. Often she
is carrying the Christ child in her arms, but it also happens that it is present within a
clipeus or mandorla in front her. Sometimes she stands with her arms outstretched
in orante position (fig. 5) or with her hands folded (fig. 15); in these cases, it’s angels that lift up her mantle. Usually, the worshippers are placed on both sides of the
Mantle Madonna, the men at the right, the women at the left. Sometimes the worAnalecta Bollandiana, 135 (2017).