Qu'est-ce que la vérité ? La conscience naturelle, instinctive, y verra un rapport entre deux « choses », entre une idée et un objet. Pour être vraie, une description du monde doit correspondre à ce monde. Cette conception de la vérité,...
moreQu'est-ce que la vérité ? La conscience naturelle, instinctive, y verra un rapport entre deux « choses », entre une idée et un objet. Pour être vraie, une description du monde doit correspondre à ce monde. Cette conception de la vérité, bien que se trouvant chez de nombreux auteurs avant lui, notamment chez Platon et Aristote, sera cristallisée en un énoncé clair par Thomas d'Aquin : veritas est adaequatio intellectus et rei (la vérité est l'adéquation de l'intellect aux choses). Cela dit, cette conception de la vérité semble incapable de nous offrir une vérité qui soit absolument certaine, exempte de tout doute. Descartes, à l'aide de sa méthode du doute hyperbolique, rejetant tout ce qui était la proie du doute, croyait avoir trouvé cette première vérité dans l'existence même du sujet : cogito ergo sum (je pense donc je suis). Cette attribution de la première vérité à l'essence même du sujet marqua la naissance de la modernité. Pourtant, cette première vérité est aujourd'hui remise en question. Michel Henry rappelle à ce sujet la critique kantienne : La critique du paralogisme de la psychologie rationnelle est en fait la critique radicale de l'être de ce sujet, de telle façon que tout ce qu'on peut affirmer de cet être comporte un paralogisme et que, s'il faut malgré tout en parler, on peut seulement dire que c'est « une représentation intellectuelle ». Ce qui signifie que « je pense » (puisque c'est du cogito qu'il s'agit) équivaut à « je me représente que je pense ». Ce qui signifie encore que l'être du sujet est assimilé à l'objet d'une représentation, lequel objet d'une part présuppose ce sujet, de l'autre ne contient jamais par lui-même, en tant qu'il est représenté, la réalité – de même que se représenter un thaler n'implique pas qu'on en ait un dans sa poche. Ainsi le fondement de tout être concevable est-il frappé d'une