Le corps fait l'objet de nombreuses manipulations sociales sous forme de rituels ou d'opérations chirurgicales qui visent à le modeler selon un modèle idéal du corps, défini, entre autres, d'après des normes de genre androcentrées. La...
moreLe corps fait l'objet de nombreuses manipulations sociales sous forme de rituels ou d'opérations chirurgicales qui visent à le modeler selon un modèle idéal du corps, défini, entre autres, d'après des normes de genre androcentrées. La médecine héritière des Lumières souhaite réparer les corps mutilés, différents, indifférenciés, ambigus, afin qu'ils entrent dans la catégorie de l'acceptable, du complet, du défini, voire du beau et du monosexué. De ce point de vue, la finalité des techniques médicales comme la nymphoplastie ou la clitoridoplastie-et également celles relatives à l'intersexuation et la transsexualité comme le montrera le deuxième volume de ce numéro-ne se distingue pas de celle des rituels d'excision et de circoncision qui visent également à trancher dans le vif de la chair pour sexuer les corps. Le terme même de sexe en latin vient de secare, couper, comme si la coupure qu'elle soit physique à travers les opérations ritualo-chirurgicales de sexuation, ou catégorielle au niveau du langage, à travers la binarité des genres 1 , présupposait une indifférenciation originelle qui menace l'ordre social en tant qu'elle apparaît comme bisexuée. Car, si le genre apparaît à beaucoup comme relatif et le sexe absolu, celui-ci peut revêtir également une certaine plasticité, ainsi qu'en témoigne les rituels d'excision, de circoncision, et d'infibulation, mais aussi les interventions chirurgicales comme l'hyménoplastie, la 1 Corinne Fortier, « Inscribing Trans and Intersex People in the Dominant Binary Categories of Gender », in Value,