Dans ses travaux sur la valeur épistémique des images (Understanding Pictures, 1996), Dominic Lopes (Département de philosophie, Uni-versité de Colombie Britannique) développe une esthétique analytique essen-tiellement tournée vers la...
moreDans ses travaux sur la valeur épistémique des images (Understanding Pictures, 1996), Dominic Lopes (Département de philosophie, Uni-versité de Colombie Britannique) développe une esthétique analytique essen-tiellement tournée vers la représentation iconique, pour la compréhension de laquelle il confronte généralement deux modèles. Selon le premier de ces modèles, inspiré d'une approche perceptuelle comme celle de Richard Woll-heim, les images dépendent de processus perceptifs (le perceptualisme repose sur l'idée d'une « ressemblance » entre l'image et ce qu'elle représente). Le défaut de ce modèle serait néanmoins de se fier de manière trop naïve au caractère naturel de la perception. La représentation iconique ne peut pas être expliquée par la seule perception, la vision étant bien entendu informée par les dimensions culturelle et surtout cognitive. En ce sens — et il faudra dans les lignes qui suivent pouvoir montrer pourquoi —, la reconnaissance iconique diffère de la reconnaissance visuelle ordinaire. Selon le deuxième modèle, qui mobilise les outils d'une approche symbolique comme celle de Nelson Goodman, la représentation iconique fonctionne en analogie avec d'autres types de symboles, notamment linguistiques. Une telle approche part des similitudes entre les images et le langage, en tant que représentations fonctionnant semblablement par dénotation et prédication. Or, on connaît les résistances actuelles des théoriciens de l'image à l'égard du paradigme langagier : le risque d'une confrontation avec le langage serait — selon cer-tains défenseurs de l'iconic turn — de perdre la densité sémantique de l'image, au profit d'une « simple » capacité descriptive. Entre ces deux voies, D. Lopes développe sa « théorie de la reconnaissance d'aspect », qui incor-pore des éléments perceptifs à une structure de compréhension symbolique. Si les images appartiennent bien à des systèmes symboliques de dénotation, 321