On propose dans ce papier un nouveau modèle anthropologique pour la science politique permettant de fonder l’hypothèse de « l’homo emoticus ». Selon Alfred Adler, le comportement humain est déterminé par une lutte continuelle contre un...
moreOn propose dans ce papier un nouveau modèle anthropologique pour la science politique permettant de fonder l’hypothèse de « l’homo emoticus ». Selon Alfred Adler, le comportement humain est déterminé par une lutte continuelle contre un sentiment d’infériorité qui conduit en permanence, suivant un processus de surcompensation, à désirer la puissance ou la supériorité. Il est possible de distinguer quatre facettes du sentiment d’infériorité ressenti par l’homme : le sentiment d’insécurité liée à sa vulnérabilité corporelle, laquelle donne lieu à la peur ; le sentiment de diminution, liée à son infériorité psychologique, laquelle donne lieu à l’envie ; le sentiment de petitesse, liée à sa perfectibilité, laquelle donne lieu à l’admiration ; enfin le sentiment de filialité liée à sa dépendance, laquelle donne lieu à la piété filiale. Ces quatre sentiments s’activent au contact d’un phénomène extra-ordinaire particulier, respectivement, le danger, l’obstacle, la perfection et le don. Ils donnent naissance chez le sujet, respectivement, aux soucis de conservation de soi, d’estime de soi, d’idéal de soi et d’origine de soi. Le sujet met en œuvre un style de vie qui a pour buts finaux la sécurité, la supériorité, la perfection et la filiation. La peur, l’envie, l’admiration et la piété filiale définissent chacune une ligne de conduite expliquant le comportement humain. Elles permettent de décrire les quatre stades de la rencontre avec autrui, suivant qu’on perçoit celui-ci comme un danger, un obstacle, une perfection ou un don, et de décrire ainsi comment se fait la distinction ami/ennemi et le recours à la violence. Elles permettent également d’expliquer le comportement d’attachement à une figure supérieure, suivant que l’on a peur (d’où l’attachement à un protecteur), que l’on envie (d’où l’attachement à un magicien), que l’on admire (d’où l’attachement à un héros) ou que l’on aime filialement (d’où l’attachement à un père), ainsi que les motifs d’association politique en raison d’une émotion partagée : la peur, l’envie, l’admiration ou l’amour filial. Homo emoticus présente donc quatre visages, homo timidus, homo invidus, homo admirator et homo pius, qui permettent de décrire le comportement humain dans pratiquement toutes les circonstances de la vie en société.
This paper presents a new anthropological model for political science that we call « homo emoticus ». According to Alfred Adler, human behaviour is determined by a never ending struggle against inferiority feelings which lead, following a process of overcompensation, to desire power or superiority. We show that inferiority feelings have indeed four major dimensions: insecurity linked to the physical vulnerability, which gives birth to fear ; lessening linked to the psychological inferiority, which causes envy ; smallness linked to the perfectibility, which provokes admiration ; and, finally, filiality linked to the dependency, which engenders filial piety. These four feelings are triggered respectively by one extraordinary phenomenon : danger, obstacle, perfection and gift, which give birth respectively to worries of self conservation, self esteem, self ideal and self origin. The subject develops a life style with four major goals : security, superiority, perfection and filiation. Fear, envy, admiration and filial piety are the emotions which shape the guidelines of human behaviour. They enable to describe the four major steps of the encounter with the other, depending on whether the subject perceives the other as a danger, an obstacle, a perfection or a gift, explaining consequently how friendship, hostility and violence emerge. These emotions reveal the major motives of political association : a common danger, a common obstacle, a common perfection or a common gift. They also explain attachment behaviours to a superior figure, depending on whether the subject is scared (then he needs a protector), he envies (then he needs a magician), he admires (then he needs a hero) or he is grateful (then he needs a father). With these four faces of Homo emoticus, Homo timidus, Homo invidus, Homo admirator and Homo pius, it is possible to describe human behavior in most of situations in life.