L'archéologie du Moyen-Age et des temps modernes s'est développée en Europe bien après celles de la préhistoire et l'Antiquité. Et au sein de cette discipline, l'étude des objets est une spécialité elle-même récente, venue après celle des...
moreL'archéologie du Moyen-Age et des temps modernes s'est développée en Europe bien après celles de la préhistoire et l'Antiquité. Et au sein de cette discipline, l'étude des objets est une spécialité elle-même récente, venue après celle des structures (religieuses, castrales) et même la céramologie ou la numismatique. C'est dire que l'ouvrage de V. Legros, un des premiers de cette ampleur en France, marque une étape importante pour l'approche archéologique, technique et historique de mobiliers contextualisés. Ayant regroupé le mobilier métallique médiéval de Picardie, un corpus de 800 objets déterminés, constitué à partir de nombreuses fouilles archéologiques et complété ensuite par des collections de musées, l'auteur mesure sans doute, avec la publication très attendue de cette thèse soutenue en 2002, tout le chemin parcouru depuis qu'il a commencé à étudier le mobilier métallique des fouilles de Boves, en 1997. Si c'est dans le cadre de la fouille dirigée par Ph. Racinet qu'il a commencé ce travail de longue haleine, il a bien vite éprouvé le besoin d'enrichir son catalogue de références externes, livrées au fil des années par le mobilier de fouilles de sauvetage et d'opérations programmées. Grâce à cet ouvrage, la Picardie devient la région la mieux connue pour ses objets médiévaux, là où on ne bénéficiait jusqu'alors que d'un catalogue de Musée, celui de la Normandie 1 , consacré en partie seulement au Moyen-Age. Etudier une région et non pas seulement un site, comme cela a été le cas à Rougiers ou Andone 2 , pour l'époque moderne à Marseille ou La Rochelle 3 , a imposé une méthode spécifique : l'enregistrement du mobilier de chaque site, en continu, dans une base de données qui a pu ainsi s'enrichir à l'occasion de chaque campagne de fouilles. De cette manière, le classement typologique, lui aussi, a pu évoluer au gré des découvertes. Toute publication de ce type doit généralement faire un choix, celui de présenter le mobilier par sites, ou par types. Ici, V. Legros a pu adopter une solution originale, qui est généralement repoussée par les éditeurs, mais apporte ici toute satisfaction : les objets apparaissent deux fois, les dessins étant présentés par sites dans la première partie, et par types dans la seconde. Le corpus (p. 25-84) respecte donc les ensembles de mobilier de chaque site, précédés d'une rapide synthèse sur l'évolution du gisement, tandis que l'étude fonctionnelle (p. 85-173) regroupe les mêmes objets par types, tous sites confondus. Bien qu'ayant été confronté à l'identification d'objets de forme aujourd'hui oubliée, mais aussi à celle de fragments ou d'objets mal conservés, l'A. a pu attribuer tout le mobilier étudié à des fonctions, ce qui permet de dépasser le catalogue technique pour aborder les thèmes anthropologiques : l'étude technique et fonctionnelle (p. 85 sqq.) regroupe ainsi le mobilier par grandes catégories, ce qui permet non seulement de suivre son évolution morphologique technique sur plusieurs périodes, mais aussi de classer les sites en fonction des activités de leur population. L'attestation d'une production agricole, la présence de soldats, deviennent ainsi des marqueurs directement utiles à la caractérisation des sites.