"RESUME "Le relief de la vision. Mouvement, profondeur et cinéma dans “Le monde sensible et le monde de l’expression” Est-il possible d’établir une connexion entre “Le monde sensible et le monde de l’expression” et la pensée du...
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"Le relief de la vision. Mouvement, profondeur et cinéma dans “Le monde sensible et le monde de l’expression”
Est-il possible d’établir une connexion entre “Le monde sensible et le monde de l’expression” et la pensée du dernier Merleau-Ponty? De quelle manière une formulation germinale de la réflexion ontologique serait-elle présente dans le cours de 1953? Et quels sont les éléments de contact et de convergence qui permettent de retracer un tel lien? Je vais proposer cette hypothèse à partir d’une considération du thème de la vision dans son rapport au mouvement, en esquissant les points dans lesquels ce lien émerge et se montre, tant de manière latente que de manière manifeste. Je voudrais montrer comment, dans le développement de ce cours, d’un côté, le mouvement est défini dans sa valeur ontologique et en vient à exprimer la relation même qui lie le corps percevant et le monde perçu et, de l’autre côté, comme le thème de l’expérience scopique arrive à éclairer le rapport entre perception et expression pour en dévoiler le caractère chiasmatique.
Si les recherches menées par Merleau-Ponty dans la Phénoménologie de la perception avaient délimité le rapport d’inhérence et de co-implication entre le percevant et le perçu, les notes de cours du Monde sensible et monde de l’expression en viennent à désigner un «double mouvement» entre le sens et le sensible, ou bien un mouvement d’expression et d’empiètement de l’un dans l’autre, «réciproque» et «à double sens», dans lequel nous pouvons entrevoir une préfi guration du rapport chiasmatique et réversible qui lie le voyant et le visible dans l’ontologie merleau-pontienne de la chair.
Il existe une trame qui relie le cours de 1953 avec la réflexion du dernier Merleau- Ponty, particulièrement avec « L’œil et l’esprit ». J’ai parcouru à nouveau les trois modes, ou plutôt les trois mouvements de la vision qui émergent à l’état germinal dans les notes du cours.
- Le thème de la vision en profondeur comme découverte du rapport actif-passif entre le voyant et le visible, lié à la dimension scopique comme ouverture au lien entre vision et désir.
- La notion d’œil spirituel que Merleau-Ponty emprunte à Paul Schilder, comme concept clé pour la conception de la vision dans « L’œil et l’esprit », qui représente en outre un lien fondamental entre l’expérience scopique et la conception libidinale du corps propre, en syntonie profonde avec le rôle de la pulsion scopique chez Lacan.
- Le thème du mouvement dans le cinéma comme point culminant de ces references à la vision, à la profondeur, au relief, et qui émergera à quelques années de distance, avec la peinture, dans « L’œil et l’esprit » et dans le cours sur « L’ontologie cartésienne et l’ontologie d’aujourd’hui ».
ABSTRACT
The Depth of Vision: Movement, Depth, and Cinema in “The Sensible World and the World of Expression”
Is it possible to establish a connection between “The Sensible World and the World of Expression” and Merleau-Ponty’s last thought? In what manner would a germinal formulation of ontological reflection be present in the 1953 course? And what are the elements of contact and convergence that allow us to tracing out such a link? I intend to put forward this hypothesis from a consideration of the theme of vision in its relation to movement, sketching the points in which this link emerges and shows itself, both in a latent and a manifest way. I would like to show, in the development of this course, on the one hand, how movement is defined in its ontological value and comes to express the very relation which links the perceiving body and the perceived world, and, on the other hand, how, as the theme of optical experience comes to bring to light the relation between perception and expression in order to unveil its chiasmatic character.
If the research conducted by Merleau-Ponty in the “Phenomenology of Perception” had delimited the relation of inherence and co-implication between the perceiving and the perceived, the course notes of “The Sensible World and the World of Expression” come to designate a “double movement” between sense and the sensible, or, a “reciprocal” or “bi-directional” movement of expression and encroachment one another, in which we can catch a glimpse of a prefiguration of the chiasmatic and reversible relation which links the seer and the visible in the Merleau-Ponty’s ontology of the flesh.
There is a web which links the 1953 course with the reflection of the final Merleau- Ponty, particularly with “Eye and Mind”. I have again gone through the three modes, or rather the three movements of vision which emerge in a germinal state in the course notes.
- The theme of vision in depth as the discovery of an active-passive relation between the seer and the visible, linked to the optical dimension as the opening to the link between vision and desire.
- The notion of the “spiritual eye” that Merleau-Ponty takes from Paul Schilder, as the key concept for the conception of vision in “Eye and Mind”, which in addition represents a fundamental link between optical experience and the libidinal conception of one’s own body, which is profoundly in sync with the role of scopic impulse in Lacan.
- The theme of movement in film as the culminating point of these references to vision, to the depth, to the being in relief or depth perception, which will emerge in some distant years, with painting, in “Eye and Mind” and in the course on “Cartesian Ontology and Ontology Today”.
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