Histoire de La Gaule
Histoire de La Gaule
Histoire de La Gaule
192Z
ÏISBINS LIST JAN 1 5
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HISTOIRE
LA GAULE
A LA MKME LIBRAIRIE
OUVRAGES DE M. CAMILLE JULLLAN
HISTOIRE DE LA GAULE
Sept volumes gr. in-8 brochés.
CAMILLE JULLIAN
DE l'institut
PROFESSEUR AU COLLÈGE DE FRANCK
HISTOIRE
DE
LA GAULE
Y
LA CIVILISATION GALLO-ROMAINE
ÉTAT MATÉRIEL
LIBRAIRIE HACHETTE
79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
1920
Tous droits de traduction, de reproduction
et d'adaptation réservés pour tous pays.
Capyriijlit par Librairie Hachette. I9S0-
A M. FRÉDÉRIC MASSON
DE L ACADÉMIE FRANÇAISE
CIVILISATION GALLO-ROMAINE
I. — ÉTAT MATÉRIEL
T. V, — 1
CHAPITRE 1
LA POPULATION»
lire, encore qu'en termes dilTérents, dans le volume précédent (t. IV), consacré au
gouvernement impérial. II était en effet nécessaire que certaines choses fussent
étudiées deux fois en cet ouvrage, d'abord à la date où elles ont apparu comme
organes de la vie publique et comme produits du régime impérial, ensuite à leur
place dans la vie économique et morale de la Gaule. Je n'ai pas voulu abréger ce
que j'avais à en dire ici, ni me borner à renvoyer par une note à des passages
du t. IV un livre d'histoire ne peut pas obliger les lecteurs à reconstituer eux-
:
tnémes la série des faits ou la suite des idées; il leur doit de leur présenter à
la fois tous les éléments qui leur permettront d'embrasser et de juger l'ensenible
de ces faits et de ces idées. Ceci n'est pas un répertoire de documents, mais un
essai de reconstitution de tous les phénomènes qui firent la vie d'une nation
disparue.
Dans ce tableau économique et moral de la Gaule romaine, nous n'avons exposé
que les faits propres à cette Goule, et nous avons réduit au minimum nécessaire
les allusions au reste de l'Empire. Qu'on ne cherche donc dans ces pages ni
un manuel d'archéologie romaine niune bibliographie des questions que provoque
l'étude de la vie latine. On fera aisément cette bibliographie en recourant au.\
4 LA POPULATION.
graphie du Recueil général des bas-reliefs, etc., de la Gaule romaine, par Espéran-
dieu, 6 V. parus, 1907-1913; et 7" (répertoire plus complet que tout autre) Raoul
Montandon, Bibliogrçphie générale des travaux palethnologiques et archéologiques, en
cours d'impression à Genève depuis 1917. —
Mais le travail continu des érudits
fait que ces recueils deviennent chaque jour plus incomplets. On se tiendra au
courant à l'aide des ciironiques et bibliographies de la Revue archéologique {\° série.
IV. juillet-décembre 1916. du Bulletin monumental (LXXVIII. 1914), de la Revue
des Revues (XXXI^a., fascicules parus en 1914). du Bulletin arcliéologique du Comité
des Travaux historiques et scientifiques (année 1917 en cours), de la Revue des Études
anciennes (XVIIi, 19IG), et aussi du Bericht der Bœmisch-Germanischen Kommission
(VI. 1910-1. paru en 1913), qui a pou à peu empiété, hors du domaine rhénan, sur
toute la Gaule. Il est du reste à souhaiter qu'on donne bientôt une bibliographie
critique de la Gaule romaine. —
Les anciens travaux sur la civilisation gallo-romaine
ne peuvent être examinés qu'à titre de curiosité Friedhender, Gallien und seine :
Cullur unler dcn Rœmcrn, dans la Deutsche Rundschau de 1877, Xlll; Jung. Die
Romanischen Landschaften des Rœm. Reichs, 1881, p. 190 et s.; Mommsen. Rœmische
Geschichte, V. 1883. ch. 111; etc. Tout en étant des travaux plus localisés, les ques-
tions essentielles ont été abordées surtout dans Iletlner, Zur Kultur von Germa-
nien und Gallia Beijicn. 1883 (Westdeutsche Zeitschrift, II); DragendorlT. WesldeuLsch-
land zur Rœmerzeit, 1912; Koepp, Die Rœmer in Deutschland. 2' éd., 1912; Cumont,
Comment la Belgique fut romanisée. 1914 (Annales de la Société royale d'archéologie de
Bruxelles. X.\.V1II), travail d'une netteté et d'une sùrelé remarquables. Pour com-
parer avec la Bretagne : Sagot, La Bretagne romaine. 191 1 ; John Ward, The Romau
Era Havérfield, The Romanization of Roman Britain. 3' éd.. 1915. On
in Britain. 191 1 ;
leben der Rœmer, 1879-82 (Handbuch, VII); Blùmner, Die Rœm. Privatalterliimcr,
3° éd., 1911 (Handbuch d'I. v. Mûller, IV, II); Friedlœnder, Darstellungen aus der
Sittengeschichte Roms. 8" éd., 1910.
1. Voyez t. III et t. IV.
2. Voyez t. II.
DIFFICULTÉS DES ÉTUDES GALLO-ROMAINES 5
apprécier.
Encore si, pour juger ces hommes et ces choses, nous pou-
vions nous aider des yeux et de l'esprit de contemporains qui
les auraient vus et décrits! Des descriptions de ce genre, des
1. Voyez t. IV.
2. Cf. t. V, ch. I, VIII, V, VI, Vil.
3. Cf. t. VI, ch. III, II, I, IV.
LA POPULATlliN.
que les récits des étrangers qui ont visité la France à la veille
iiiililairoen Gaule jusqu'au Rhin [|ieul-olre on 5'] av. J.-C, lire ad Rhcnum cum
cxercituin d'iccrem], sur l'a^Micultarc et les produits du pays (/?. r., I, 7, 8); les
observations faites par Pline IWncien sur des sujets si-niblables, lors de son
service militaire en Germanie Inférieure sous Claude en 47 (génies visœ nobis
Citaucorum, XVI, 2), et ensuite peut-être lors d'une intendance en Belgique en 74,
ce qui lui donna lieu d'écrire Bellorum Grrnuniiœ viginli libros (Pline le Jeune,
/•-'/<.. III, 0, 4), et ce qui exiiliquc l'abonilance de f lits qu'il nous apporte sur ces
légions; les nombreuses observations du mènie Pline l'Ancien sur la région des
Alpes (VIII, 217; X, 56, 133, 13i, ISG; XXXVII, 44), empruntées sans doute à
quelque descripliou d'i:;gnalius Calvinus, qui y fut préfet (t. IV, p. 223; visam in
Alpibus... p/-ot/(d(7) cerlains détails de voyages donnés par SlraLon (IV, I, 12, sur
;
1.1 voie Domilienne); les généralités de Dion Cassius (au moment de la n-ort de
César, XLIV, 42, 4-5); le voyage du grammairien Démétrius de Tarse allant
jusqu'en Bretagne et décrivant les îles des Morts (Plularque, De dcf. orac, 2 et 18;
je n'hésite pas à croire à la réalité du voyage, cf. Drssau, Ilennrs, XLVl, 1911,
p. 156 et s. ; ici, p. 140).
3. Je devrais dire dans le premier siècle : car, après Pline l'Ancien (mort en 79),
il n'y a pas la moindre trace d'un travail descriptif consacré à la Gaule. Ptoléniéc
(mort vers 180) se sert pour la Gaule de documents antérieurs à son temps et qui
peuvent être attribués à celui d'Auguste (voyez par exemple la mention de vieilles
tribus de la Narbonnr.ise, II, 10, 5), documents nuxiiuels il ajoute d'ailleurs des
mentions contemporaines. —
Athénée (à la lin du second siècle) et Solin (au
milieu du troisième) ne font que compiler des documents des derniers temps de
la République ou des premiers de l'iùnpire.
4. Cela résulte des renseignements épars chez Strabon (qui a écrit vers 19),
Pomponius Mêla (vers 40-41) et Pline (n. 2). —
Il est cependant à remarquer que
3. Les documents dont nous avons des traces chez les écrivains sont t" les Com- :
mcnlariicl la carte d'Agrippa (Pline, III, 17), au.xquels Pline emprunte lej mesures
des provinces (111, 37;'lV, 102. 10."), 107) et sans doute les listes des peuples; 2" le
Drn'iarhnn tolius imperii d'Auguste (Suét., Aug., lOI; Tac, Ann., 1, 11), auquel
peuvent remonter des détails éparschez les écrivains; 3° une ^'oliiia GalliarLim,é[-d-
blie sans doute sous Auguste, mise ensuite plus ou moins au courant, avec mention
des cités, de leurs chers-lieux, probablement aussi de leurs pagz et vici, document
dont on trouve des traces dans Slrabon (IV, 1, 12; G, 3). Pline (III, 30 et 37),
Joséphe {De h. J.. Il, 16, 4, mention des 303 =Gv des Très Gallise), Ptolémée (II,
-,
7,o: 10,5. Cet 8) et les Notes Tironiennes (Zaïigcmeister, NeucJahrb., 1892, fasc. 1 ;
tation des dépenses pour la giadiature (G. /. L., II, 627S), promulgué sous Marc-
Aurèle, peut-être à rinsligatina des Trois Gaules (t. IV, p. 331, n. 1 on a sup- ;
1900, man(iue les tables, une IV' partie, renfermant les suppléments au.\ parties
il
I paru en 1916, ». v.\ V. II (Alpes Maritimes), 1877, cf., pour ce vol., les
et II, a
Corporis Supplementa Italica de Pais. 1884 {Atti dei Lincei); Inscripliones Grsecœ
Siciliœ et Itaii.v. etc.. 1890, renfermant les inscriptions grecques de la Gaule,
édi-
tées par A. Lehèguc: Revue épigraphique di Midi de la France, plus tard Revue
épi-
araphique. dernier numéro, n" 121, mars 1S08; L'Année épigraphique de Cagnat
(tirage à part de la Revue arclt.. parait depuis janvier 1888). Voyez aussi
l'utile
souvent un dans les vici importants, chefs-lieux ou non de pagi (par exemple à
Alésia, et ici beaucoup plus vaste que dans de très grandes villes; à Boutœ, cf.
p. 39, n. 4; etc.), et même dans des lieux de foires ou de pèlerinage (Champlieu,
Ilerbord, Tintiniac, etc.; cf. p. 40, n. 7), etc. Tome VI, chap. 11 et III.
3. Cf. t. VI, ch. 11 (Théâtre).
DIFFICULTES DES ETUDES GALLO-ROMAINES. 9
ni chassés ni exterminés *
: la loi fondamentale de sa politique
a été, la conquête une fois achevée, de sauvegarder et d'accroître
Apt, Carpenlras, Cavaillon, Aix, Digne, Die, Lodève; t. IV, p. 32, .30, 76-8. J'ajoute
Orientaux car, parmi les colons citoyens romains, il a dû y avoir, en p.irticulier
:
à Nîmes lY, p. 77, n. 3), des soldats ou civils originnires d'Orient et, à Nîmes,
(t.
3. T. VI, cil". V.
4'. Je ne parle
ici que des colonies de la période iiiilialo il n'y a pas lieu, en :
effet,de tenir compte, dans cette question de l'iminigraLion, des colonies posté-
rieures, plus nominales que réelles (t. IV, p. 202-3), ni des vé;ér.ins dispersés
plus tanl en différents lieux (cf. Tac, Ann., XIV, 27; I, 17). Au surplus, il serait
bon de faire une étude sur les vétérans domiciliés eu Gaule, lesquels, en l'élîit
actuel de nos connaissances, paraissent avoir été envoyés surtout (mais point
uniquement) dans des villes déjà colonies romaines (à Arles, à Lyon), sans doute
en possession d'anciens lots coloniaux ayant fait retour au fisc.
5. Pour les troupes auxiliaires, t. IV, p. 137; pour les légion.^, t. IV, p. 130,
12 LA P0PULAT10x\.
nonien), 3542 (Syrien?), 3543 (Syrien), 3544 (Thrace), 3546 (Grec?). Ces Syriens
peuvent être des Phéniciens ou des Juifs.
2. Dilapsis pluribus in provincias, in quibiis stipendia erpleverant (Tac, Ann., XVI,
27); Dardania [?] me geniiit, tenuil Gcrmania colonum (C. I. L., XIII, 6823). Les
inscriptions de Bouloj;:ne citées ici, n. 1, sont des épitaphes, ou de marins qui
paraissent avoir terminé leur service, ou de personnes de leurs familles.
3. C. I. L., XIII, 3684 (Oriental).
4. XIII, 8270 (de Bologne), 8282, 8283 (Espagnol), 8284 (de Fréjus), 8280 (de
l'Emilie), 8288, etc.
5. XIII. 6881, 0882, 6885 (très ancien, de Plaisance, etc.).
6. Strasbourg, toute une famille d'un vétéran de Milan (XIII, 5976), un vétéran
A
de Norba en Lusitanie, 5075.
7. Amiens, 3495, 3497; Metz, 4329-31; Boulogne, 3544; etc.
8. T. IV, p. 45.
9. T. IV, p. 76 et 79.
11). Surtout aux approches de la frontière, ici, n. 7; dans le voisinage de
Lyon, XIII, 2500 (Belley); etc. Enccre ces véléraiiS pcuvcnt-iis être d'origine
gauloise (cf. n. 4).
L IMMIGRATION LIBRE. 13
m. — L'IMMIC.RATION LIBRE
Les moins nombreux d'entre ces immigrants ont été les fonc-
maison impériale-.
Négociants et industriels, au contraire, formaient, dans les pro-
dans les petites^ villes aussi bien que dans les grandes*, sortis
des coins les plus reculés de l'Empire. Ce sont la Bretagne ^
l'Espagne "^
et l'Afrique '
qui en fournissent le moins. La plupart
1. T. IV, p. 416 et s., p. 421 et s. La chose est moins nette pour les inlen-
fi.inls ([uc pour les houverneurs; mais la plupart de ceux que nous connais-
sons (par cxem[ile Timésilliée, t. IV, p. 551, n. 1) n'ont fait que passer.
2. G. I. L., XII, 4449 tambe commune des courriers de l'empereur à Nar-
:
bonne (l'étendue de la concession, 323 pieds sur 303, montre qu'elle était destinée
à de nombreuses pcrsinncs); XIll, 1330(Rouerp:ue); 255 (Gomminfres); 34GI (Sois-
sons); 3206 (Reims); XIII, 393 (Bordeaux, tombe d'un licteur, civis Urbicus, ori-
ginaire de Rome; cf. XIII, 1980); etc. Autres afiranebis et esclaves de César cilés
t. IV, p. 30i-8, 422-4 il n'est point prouvé, d'ailleurs, que
: les personnages en
question soient tous restés domiciliés en Gaule. Pour lis assesseurs, cf. t. IV,
p. 420, n. G.
3. On entrouve à Avenclics, Poitiers, Metz, etc.
4. Suiioul à Lyon(AI!(ner et Dissard, Alusér, 111, p. 90 et s.), à Bordeaux (Robert,
Les Étrangers à BordMux, Soc. arch. de Bordeaux, VIII, 1881). à Narbonne, moins à
Vienne (cf. p. 15, n. 5), à Nîmes, etc.
5. XHI, 1981 (Lyon), 6221 (Worms).
G. Surtout à Bordeaux (XIII, 580, 012, 621), à Marseille (XII, 412), à Nîmes (XII,
3332) et à Narbonne (.-le. des Inscr., C. r., 1915, p. 392; XII, 4377, aubergiste; 4536).
7. XIII, 3147 (Giirseul); XII, 281 (Fréjus); XII, 686 (Arles); XIII, 2000 (verrier
natif de Cartbage éinbli à Lyon,il a 4 enfants et des petits-enfanls de chacun
où
d'eux); Xlll, 8335 (Bonn). —
peine à croire que les surnoms de Afcr, Afri-
J'ai
canus, qui se rencontrent en Gaule, aient quelque rapport d'origine avec l'Afrique;
je croirais plutôt il quel |ue sens (•< roux », « brun ») qui nous échappe, ou à quelque
sobriquet provocjué par le teint, ou à quelque lien de clientèle avec des Domilius
Afer ou des Tercntius Afcr d'Italie. En admettant même qu'il s'agisse d'un
surnom géographique, cela ne prouve pas nécessairement l'origine ethnique; il
y a à Genève un L. Satmnlas Nuinida (XII, 2629) ce nom de \uniidaa pu sans doute ;
lui être donné parce qu'il était esclave d'origine africaine, mais peut-être aussi
parce qu'un voyage de ses parents l'a fait naître en Afrique, où l'on sait que des
LIMMIGKATION LlHliK. 15
(Suétone, Vesp., 1); Xlll, 1522? (Auvergne); G797? (.M.iyence); ici, n. 2 et p. 340.
2. Ou des villes limitroplies. Mosaïste de Pouzzoîes travaillant à Lillebonne (XIII,
3225); aruspice de Téauuin mort à Poitiers où il se trouvait avec son fils (Xlll,
1131); Xll, 4379 et 4520 (originaires d'.-Eclanum [?] à Narbonne); XII, 4357 (de
Fundi à Narbonne); XIII, Ci29 (de Téanum); etc.
3. XIII, 019,020 (Bordeaux), 2005(Lyon); XII. 3323 (Nimes). Civis Grsecus, iwlione
Grœcus, portent les inscriptions. Cf. n. 4, p. 17, n. 3.
4. XIII, 4337 (un Grec de Nicomédie à Met/.); 5154 (un orfèvre lydien à
Avenches); Xlll, 0851 (Bithyniens); 025 (Billiyuien de Nicomédie à Bordeaux);
6490 (Cappadocien); Galates? (XII, 3359, Nîmes; Xlll, 2007, l.yon); gladiateur
égyiitien à Nîmes (Xll, 3329); les Chrétiens de Lyon, t. IV, p. 480 et 505 (le riche
Altale de Pergame, le médecin Alexandre dePlirygie, etc.); Xlll, 7J84 (Rhodien à
Mayence); XIII, 8343 (à Gologiio, un G.-ec de Mylasa en Carie, choraulcs. et un
Alexandrin); etc.
5. Exil d'IIérode Anlipas à Lyon (t. IV, p. 101, n. 7), d'Arcliélaiis à Vienne
(t. IV, p. 88, n. 7); cf. t. IV, p. 403, n. 4. Un cerlain nombre de personnages
appelés des Syriens (n. 0) peuvent être des Phéniciens ou des Juifs.
G. XIII, 032 (à Bordeaux); 192't? (à Lyon); 2448 (prés de Lyon, originaire de
Canatha); XII, 3:J72 (à Nîmes, de Beyrouth); XIII, 5373 (riclie Syrienne à
Besan(;ou). Coureur de chars arabes à Nîmes, XII, 3324. Je ne peux ici <jue —
donner des exemples. Un travail d'ensemble s'impose sur les étrangers en Gaule.
7. XII, 3072.
8. Cf. le svastika surune tombe de Carpentras (Xll, 1207), qui n'est certaine-
ment pas d'un Gaulois {Soricina, Mauriiio, MaurUla)
celle mais le monument :
raires du pa}s.
9. Pline, XXXIV. 45; t. VI, ch. Kl.
10. T. VI, ch. 111.
5. Ici, p. 372-373
voyez t. VI, ch. IV.
;
p. 33i, n. 7). Sur la quantité d'esclaves vendus dans les marchés de Grèce,
Strabon, XIV. 5, 2.
7. Y en Gaule des Germains de la Germanie indépendante installés
avait-il
librement? L'épigraphie ne permet pas de le dire, soit qu'ils aient pris des noms
romains, soit, plutôt, que depuis Arminius les empereurs aient souvent interdit des
établissements de ce genre. Car au moment de la révolte d'Arminius, Auguste
expulsa de Home ou déporta les Germains qui, en nombre, s'y trouvaient en
séjour (:7rLO/-,u.oCv7s;, Dion, LVI, 23, 4); et. sous Tibère, on prit bien soin de ne
pas établir trop de Barbares dans l'Empire, ne quielas provincias immixti tarbarent
{Ann., II, G3). —
Y en avait-il comme esclaves? C'est évident, vu les razzias si
souvent faites aux frontières (t. IV, p. 143). Ajoutez ce texte si formel de Josèphe,
De bello Judaico, II, 10, 4 'A>,x.ïiv (jlÈv yàp y.a'i tj.îyÉ6ri o-wiiâTwv eI'ScTî Sr|iîO'j
:
TcouAv.'.;, è~z\ Tiavra/o-j 'Pa)u.aroi Toy; to-Jtwv aî-/[xa).oj-;o'jî k'-/oya-:v. Et nous avons
des renseignements formels sur l'emploi de nombreux Germains à Rome comme
porteurs de litières de fgfn mes Clément d'Alexandrie, Pœdag., III, 4, c. 593, Migne,
:
P. Gr., VIII (oï 6: ... '^op-xcr,'/ jïaTTaîovTî; Ks/.-oi T.o'/loi, OÙ le mot de Celtes paraît
pour celui de Germains); TertuUien, Ad ux., I, 4 {GalUcos iniiUos [pour muios?] nec
Gernianicos bajulos... qux niiptiarumgloriain accendunt}. Mais l'épigraphie ne fournit
pas là-dessus des traces appréciables, peut-être également à cause de changements
de noms. Remarquez à cet égard les noms des Gcrmani, esclaves corpore custodes
des premiers empereurs; en dernier lieu, Dessau, 1717-32; Rang, Die Germancii
im Rœin. Dienst, 1906, p. 74 (toutes réserves faites sur les conclusions). — Il n'y
PREPONDEUANCE IJE LA POPULATION INDIGÈNE. 17
ment gicc.
a pas à faire élat des chefs barbares qui ont pu être iiileraés en Gaule, comme
Calualda sous Tibère (Tac, Ann., Il, 02-3).
(inler Goloncs'; lire Cuiinos'?) à Fréjus
— L'f.\i)reJsion (XIII, GlSjde Gcnnanus s'applique à des originaires des provinces
romaines de Gercuanie.
i. P. 15, n. 2; cf. p. :]4'J et 32.3. Nombre de ces Campaniens pouvaient être
d'origine grecque. —
Sur les étudiants cl les cxiléi à Marseille, t. VI, ch. V.
2. Je songe à l'origine des soldats des X% VIP et VHP légions (t. III, p. 17G,
nias, Corinthia, etc., encore (jue ces noms ne révèlent pas nécessairement l'ori-
gine. —
L'origine hellénique des personnages à noms grecs, très probable quand
il ou d'alTrancliis (avec bien des e.xceplions, p. 333. n. 3), n'est
s'agit d'esclaves
nullement certaine pour les hommes libres; cf. plus loin, t. VI, ch. IV. Il est
à rcmaniuer que ces noms grecs, qui se présentent en très grande proportion en
Narboiinaise et dans les villes do commerce, sont beaucoup plus rares ailleurs :
T. V. — 2
18 LA POPULATION.
qui furent établis par César et Auguste dans les villes du Sud-
Est. Doublons ce chiffre pour y joindre les soldats laissés sur le
surtout vers l'Asie orientale. Sur l'installalion possible, à Nîmes, d'une colonie
de Grecs d'Egypte, p. Il, n. 1, t. IV, p. 77, n. 3. Cf. encore p. 15, n. 4, p. 108, n.O.
2. P. 15, n" 4 et G.
3.Sous le nom d'esclaves grecs (p, 10. n. 0, p. 15, n. 3 et 4), on devait sans doute
comprendre tous les Orientaux.
4. Gf.en dernier lieu L. Rréliier, Les Colonies d'Orientaux, By:ant.Zeilschrifl,\]\,\%3.
5. J'entends les colons et leurs familles.
PERSISTANCE DU TEMPÉRAMENT GAULOIS. 19
1. T. II, p. 8.
2. P. 23.
3. Encore faut-il ajouter que même à Lyon, créé de toutes pièces par les
Romains, complété ensuite par les Grecs et les Orientaux, la population celtique
n'en prit pas moins peu à peu une place importante, peut-être prépondérante.
Cf. t. VI, ch. VII.
4. P. 14, n. 4 et G, p. 17, n. 2; t. YI. ch. V. A Narbonne, à la diiïérence de
Lyon (n. 3), il n'y a pas trace appréciable d'éléments celtiques. C'est, sans nul
doute, la ville la plus francliement italienne de la Gaule.
0. Voyez l'abondance d'inscriptions latines (XII, 4ûO-i93) et le petit nombre
d'inscriptions grecques {Inscr. Gr. It., 2432-60). Ici, t. VI, ch. V.
6. Le nombre des Italiens à Marseille est passé, entre 18.50 et 1906, de 16 109 à
90 111; il s'est accru de 18000 entre les recensements de 1896 et 1901. On peut
20 LA POPULATION.
rapport olliciel, MarsùjUa e la sua colonia ilaliana. fait pour l'Exposition de Turin
en 1911, en particulier p. 4G-7. Et je ne parle pas des Corses et des naturalisés.
Pareille chose a pu se produire à répoque romaine.
1. Cf. Jullian, lllsloire de Bordeaux, 1893, p. 538-542; Alfred Leroux, La Colonie
6. G. /. L., XII, 602, 5788, CÛ7, G09, 010 inscriptions dont les titulaires
:
doivent appartenir au locus de Gargiiier. C'est non loin de là qu'a été trouvé le
trésor d'Auriol (t. I, p. 223). la plus ancienne trace archéologique du passage
des Phocéens en Provence.
7. Cf. G. /. L., Xlll, 1557-74; le monument de Lanuéjois (Xlll. 1507 Espéran- =
dieu, n" 1733) me paraît destiné à des membres de l'aristocratie locale.
PERSISTANCE DU TEMPÉHAMENT (JAULOIS. ii
hôtes du monde entier, n'a donné asije, dans les temps latins
à aucune colonie d'immigrants, et il parait dès lors aussi rebelle
aux influences lointaines (jue le trouveront plus lard les pèlerins
*
do Saint-Jacques *.
dans la Gaule, n'a point transforme l'espèce des hommes qui l'habi-
taient au temps de César. Du sang nouveau a pu couler dans leurs
veines, mais pas assez pour que leur nature physique et morale
s'en soit trouvée atteinte. Je croirais plutôt que ces Italiens et ces
Voilà pourquoi tous les traits sous lesquels César et ses con-
temporains ont décrit les Gaulois de l'indépendance se retrouvent
chez leurs descendants des temps romains. Ammien Marcellin,
à la fin de l'Empire, n'admet pas qu'il y ait une différence entre les
uns et les autres; et, pour dépeindre ceux qu'il a vus, au milieu
desquels il a vécu, il copie un écrivain du règne d'Auguste-.
Ces Celtes et ces Belges, sujets de Dioclétien ou de Théodosc,
soldats incomparables^ et beaux parleurs ^ légers et indociles*,
1. le Codex cité plus loin. J";ii parcouru en tout sens le Piiys Casque frai;(;;!is,
Voir
et je ne connais pas en Gaule do répion où il y ait moins de traces romaines
(inscriptions, sculptures, ruines, poteries, noms de lieux). Je ne peux croire un
seul instant, comme on est tenlé de le supposer, que le pays élail encore ù demi
sauvage. Les Vies de saint Léon de Bayonne (en dernier lieu, de Jaurgain,
UÉvêché de Bayonne, 1917, p. 79 et s.) sont trop récentes et trop vagues pour (;u'on
tire argument de leurs expressions, loca silvarum Vascvlœ, loca déserta nemorosa, etc.
(Acta, l" mars, ], p. 95, nouv. édit.), et j'iiésite à altr'luer plus de valeur à l'aiser-
tion, formulée dans un moment de colère, par l'aulcur du Codex de Saint-Jarques
(p. 13), liœc terra desolata, elc
2. Cf. p. 6, n. 4. l):cn qu'Ammicn (XY, 12) n'a pas agi par
Ce qui prouve
paresse particulière, qu'il n'a pas voulu se borner à copier Tima^;ène, c'est qu'il
ajoute à ce dernier des traits iinuvcaux, qui lui sont s.uis doute fournis par son
séjour en Gaule (cf. t. II, p. 419).
3. Aininien, XV, 12, 3; Claudicii, De heilo GiUL, 431; Exposilio lolius niiindi [écrit
et ensuite au milieu du iii° siècle (t. IV, p. 581-5, 610) car, à loutes les autres
:
époques de l'histoire impériale, la Gaule, semble-t-il, a été aussi docile que n'im-
porte quelle province l'assemblée de Reims (t. IV, p. 208 et s.) fait contre-poids
:
Mais les journées de discorde ont été plus rares que les
1. T. IV, p. 493.
2. Cf. t. IV, p. 334.
3. Voyez les inscriptions dans le genre de Mediomalricis cl advenis (XIII, 4324);
cf. IV, p. 330-1.
t.
4. T. II, p. 429.
5. XIII, 5708; ici, p. 370.
6. Xill, 5708; t. VI, ch. IV.
7. XII, 3782; 082 a, où il semble que ce soit un esclave grec qu ait épousé
une Romaine {doininœ et iixori). Un curieux exemple de mariage entre une
Gauloise et un Oriental (un Parthe, venu comme esclave?) est donné par une
inscription métrique de Grand (XllI, 5954) conubio junctis divcrsis gentibus...
:
1. XllI, 5154.
2. T. VI, ch. II.
5. El non plus même nu Mexiiiuo, où il s'est formé une race métisse, laquelle
est devenue le corps do la nation.
6. Cf. t. VI, ch. Vlll.
DU CHIFFRE DE LA POPULATION. 25
de quoi réparer les brèches faites dans les peuples et les familles
4. T. IV, p. 294-5.
5. s., p. 185 et s. (je ne parle toujours que de l'époque avant
T. IV, p. 179 et
Marc-Aurèle; cf. p. 32). L'affaire de Sacrovir, en 21, eut encore moins d'impor-
tance (t. IV, p. 154-100).
0. Je ne sais s'il y a à tirer argument du texte de Pétrone sur Marseille,
Massili.^nses quoliens pestilentia laborabant (fr. 1, Biicheler; cf. t. I, p. 437, n. 4).
7. La peste, sous Marc-Aurèle (p. 32, n. 5), fut accompagnée sans nul doule.
de famine (Orose, VII, 15, 5).
26 LA POPULATION.
1. Lyon en C5 (t. IV, p. 177), Narbonne entre i:î8 et 149 (t. IV, p. 473).
2. P. 177 et s., 203 et s., 211 et s., 264 et s., 318 el s., etc.
3. Cf. p. .33 et s.
4. pouvait renfermer 87 000 places; dimensions, 187 m. 77 sur 153 m. 03.
Il
Les arènes de Poitiers ont 155 m. 80 sur 130 m. 50 [on a dit aussi 142 et
3.
123]; de Périgueux, 130 m. 89 sur 104 m. 01; de Tours, 133 sur 120 [? on a dit
aussi 144 et 124] de Nimes, 134 m. 315 sur 101 m. 50 (Mazauric); d'Arles, 136 m. 15
;
sur 107 m. 62; d'Autun, 154 m. sur 130; de Lyon (au Connuent), 140 m. sur il7;
àe Fréjus, 113 m. 85 sur 82 m. 20; de Bordeau.x, 133 m. 32 sur 110 m. 60; de
Limoges, 137 m. sur 113; de Saintes, 127 m. sur 108; de Metz, 148 m. sur 124 m. 22:
de Paris, 127 m. [ou 128?] sur 90 [?]. On a évalué de 13 000 à 40 000 le nombre
possible des spectateurs dans ces différents édifices.
6. Ici, p. 38 et s.
1. T. II, p. 8.
Tcrlius 133,Qmrlus 93, Quinlus 87, Sextus 49, ceux de Septimus, Oclavus, Nonus
sont extrêmement rares (pour une cause qui m'échappe), Decimus 33 fois la :
proportion descendante de ces chilTres montre que l'on peut recourir, comme
argument, à ce genre de statistique, tout en reconnaissant les nombreuses objec-
tions qu'on peut lui adresser. D'où l'on peut conclure que, sur 300 familles, 163 se
sont arrêtées à 2 enfants, 40 à 3, 8 à 4, 38 à 5, et 49 au delà de o. Dans la —
maison d'Ausone Schenkl, p. xiv), le nombre des enfants est 3 (chez Ausone
(éd.
et chez son fils), 4 (chez son père, son beau-père, son grand-père maternel), 5 (chez
son grand-père paternel), nombres qui sont visiblement supérieurs à ceux qu'in-
dique l'épigraphie du Haut Empire. —
En France, sur 550 familles ayant deux
enfants ou plus, 218 en ont 2 seulement, 145 eu ont 3, 90 en ont 4, 52 en ont 5, 51
en ont 6 et au delà (Je Foville, p. 42). Et cela, avec des divergences de détail,
ressemble dans l'ensemble à l'époque romaine.
6. Il faut bien qu'il en ait été ainsi, puisque des parents se font gloire d'être
mater trium filiorum I.KII, 1920; cf. XIll, 1092; XII, 522), mater quatuor filiorum
(XU, 4247), pa<er liberorum quinque IXU, 2523).
•28 LA POPULATION.
romaine, à ces foules d'enfants qui ont doublé depuis trois quarts
1. Cf. p. 9.
2. En 1840, 32 7SjOJJ; en 1D05, 60 603 000.
3. P. dI et s., TU et s.. Cl.
4. T. Il, p. 328-9. L'intervoniiun des gouverneurs de provinces peut se conclure
de ce que lit Ag^ricola en Liretai^ne (Tacite, Ajr., 21).
5. P. 08. 79 et 39.
6. Il y a trace d'appareils de cliaulTape, sem-
P. 221-2-, Julien, .U(s., p. 341, Sp.
ble-t-il, dans toutes
ruines de villas
les
7. Cf. Blanchet, Recherches sur les aquedua cl cloaques de la Gaule romaine, 1908;
ii;i, p. .57-58. —
Ne croyons pas que les aqueducs fussent réservés aux villes; il y
en eut dans les plus petites bourgades ou les villas, par exemple au village de
Mus dans le Gard (canalisation très bien faite dans des conditions assez difliciles;
Féminier, Mcin. de la Soc. scient. d'Alais, XVII, 1X8G, p. 97-103), à la villa de
VenJres prés de Béziers(Mouret, Le Tempie de Fendrcs, Béziers, 1916. p. 13 ets.);etc.;
cf. C. /. L., XIII, 5330. Cf. ici, p. 79, n. 5.
8. Slagnanles pigrasque mérita {medici) damnant (Pline, XXXI, 31). Toutefois, il y
avait de nombreux puits in oppidis (Pline, XXXI, 38; Ilarold de Fontenay, Autun,
p. 91-3; etc.), et la question des puits gallo-romains est à l'étude (Blancbet,
Aqueducs, p. 147); il est possible que beaucoup aient été inutilisés dès l'époque
HY(3IENE ET UUUÉE DE LA VIE. 29
romaine. Il n'einpèclic que l'Iiygiène de l'eau a é.é poussée par les Romains
plus loin encore ijae par nous, et c'était là un très important contre-poids aux
fantaisies de leur médication.
1. Julien, Mis., [). 3iO : "Voiop r|0;Trov /.al y.aÔapojrxTOv opav xal tJ.'^v/ àOi/ovT;
Trapî'/tov.
2. P. 2v n. 7 et p. 57 -jS. Voyez dans le Digeste, au litre De cloacis (XLllI, 23),
30 LA POPULATION.
maladies des genoux {id., V, n''3888j; oreille (Saint-Germain, Cat. somin., p. 98);
etc. Sur les goitreux des Alpes, Pline, XXXVII, 44. Il n'y a rien à tirer de spécial
à la Gaule dans le De inedicamentis de Marcelius le Bordelais (éd. Niedermann,
Corpus medic. Latin., V, 1910), encore qu'il déclare emprunter eliam ab agrestibus
et plebeis remédia fortuita alqiie siinplicia.
2. P. 42 et s.
4. T. IV, p. .358.
mais, comme les Romains n'indiquaient d'ordinaire point l'âge des enfants morts ù
moins d'un an, il faut ajouter la morlalilé infantile (ce qui est la grosse question,
et insoluble), et cela doit nous amener à moins de 30 ans comme moyenne. J'ai
choisi Bordeaux comme c.\emple, parce que c'est la ville de Gaule où l'usage était
le plus répandu, din liquer l'âge des défunts. La multiplicité des chiiïres ronds, 20,
25, etc., montre qu'on y comptiit le plus souvent par lustres, correspondant à des
recensements quinquennaux (t. IV, p. 3i0). Il va de soi que cette liste n'oiïre (lue
des garanties très liiuilées. Le total des morts entre 30 et 39, près du quart du
total (41 sur 17 I), est surprenant, et s'explique parquelijue cause que nous ignorons.
HYGIENE ET UUUEE DE LA VIE. 31
des enfants fût plus forte que de nos jours-. Mais les inscriptions
tumulaires et les documents écrits nous donnent une assez belle
A. Lyon, sur 106 âges iadiiiués, Mollière(p. oS) trouve des uioyennes de 31 à32ans
(cela me parait bien faible) pour les personnes âgées de plus de 9 ans, 27 ans
environ pour la vie en général. —
Boloch, opérant sur les inscriptions d'Italie, et
à l'aide d'une outre méthode, celle des tables de survie, est arrivé à des résultats
beaucoup plus faibles, à une moyenne de vie totale de 36 à 37 ans pour les adultes
de 20 ans {Die Bevolkerang, p. 47 et s.): il avoue (p. 50) lui-même être étonné de
l'extraordinaire brièveté de la vie en Italie, qui jure avec le chilTre des centenaires
qu'y indiquaient les Anciens (p. 32, n. 3); actuellement, l'âge moyen auquel
arrivent les personnes de 20 ans dépasse, en Italie comme ailleurs. 60 ans (Slat.
inlernalionalc. p. 507). —
Voyez d'autres reclierches, sur l'Afrique, où la longévité
paraît supérieure à la Gaule Schiller, Gesch. des Rœm. Kaiserreichs unter dcr
:
Regier 1111(1 des Nero, 1S72, p. 502: Espérandieu, DiilL (L- l'Âcad. d'Hippone, n" 21.
B(ine, 1880, p. 208 et s. —
.MoUiére (p. 03-6i) croit à une mortalité plus grande
des femmes pendant la durée des fondions naturelles, à cause de la précocité
des mariages (à Lyon, 12 à 13 ans, XIII, 2008, 2203; 14 ans, XII, 090). Comme
d'autre part iL constate que les inscriptions chrétiennes mentionnent toujours,
en Gaule et partout, des âges plus avancés (moyenne, 36 au lieu de 27). il en
conclut (lue l'amélioration des conditions du mariage dans les temps chrétiens a
dû entraîner un prolongement de la vie huiTiaine (remarquez, ce qui conlirme-
ralt la thèse de .Mollière, les faits de longévité au iv'= siècle, ici, n. 3). Ceci est
très ingénieux, mais il y a tant de hasards dans les notations épigraphiques! —
11 est curieux, évidemment, que les inscriptions amènent partout, pour les femmes,
à une moyenne de vie plus faible que pour les hommes (Mollière, p. 58: Beloch.
p. 46; etc.). tandis que c'est aujourd'hui, et depuis longtemps, exactement le
contraire je n'ose cependant encore accepter que la mortalité féminine fût plus
:
Sous Louis XVI, on évaluait la vie moyenne à 25-20 ans (Moheau, Recherches et
Considérations sur la populalion de la Francj, 1778, p. 156; mais cf. les réserves do
Levasseur sur les données de Moheau, Population, 1, p. 277-8). De même, de —
Foville, p. 36 Aux personne-; de 40 ans le droit romain ne semblait promettre.
:
en moyenne, que 20 ans d'existence [allusion à Digeste, XXXV, 2, 68]: leur vie
moyenne monte à 23 ans au xv!»" siè-.le [Moheau dit seulement 21, p. 150] et à
28 d'après les derniers calculs [1377-1831]. •
2. Simple hypothèse, v i l'absence d'in fhMtion d'âge piur les t.)ut petits enfants
(cf. p. 30, n. 8). La mortilité des enfants, de moins d'un an a baissé de 18,7
pour 100 (1800) à 13,9 pour 100 (1903i; Stat. intern., p. 464.
3. P. 30. n. 8. Dans la famille d'Ausone, son père meurt à 88 ans [Parent., 3),
lui-même a dû dépasser 80. son pelit-llh Piulin de Pella a atteint ou dépassé
83 ans (Enc'.iar., 12-14) c'était une belle lignée; et voyez aussi dans cette famille
:
1. p. 30, n. 8.
2. C. I. L., XIII, 7101 (j'ai fait vérifier le chiffre nu Musée de Mayence). Mais
ily a tant de chances d'erreurs dans les déclarations de ce genre (cf. n. 3)! Cen-
tenaire de Metz, épou.x d'une femme de 80 ans, XIII, 64G0. Comme curiosité —
de ce genre, voyez à Vienne les deux frères jumcau.x de 77 ans (XII, 5804).
3. Si on en juge par les textes de Pline (VII, 104) et de Phlégon (fr. 29, Didot),
le nombre des centenaires aurait été considérable en Italie (87 ou 09 pour une seule
des onze régions); et les inscriptions semblent indiquer qu'il en fut de même en
Afrique. Nous ne constatons rien de pareil dans l'ancienne Gaule. En 1880 on —
enregistra en France 184 centenaires; enquête faite, il n'en resta que 89 authen-
tiques, la grande majorité d'ailleurs étant des indigents; de Foville, p. 49-50.
4. Cf. t. IV, p. 477-9, 512-7, 501-8, 588-592, 598-004.
5. La peste de 100 et années suivantes paraît s'être étendue jusqu'au Rhin
(ad asque Wienum et Gallias; Ammien, XXIII, 0, 24); cf. p. 25, n. 5, p. 180, n. 1.
11 y eut sans doute une famine dans le Midi vers 240 (C. /. L., V, 7881).
CHAPITRE II
voyant les lieux bâtis et les demeures groupées que nous serons
le plus frappés des changements apportés à la Gaule par
l'Empire romain.
Cet Empire était l'apothéose de la ville ^ c'est-à-dire de la
1. En
dernier lieu. Gagnât et Chapot, Manuel d'archéologie romaine, I, 1917^
p. 56 etVoir aussi John Ward, Rornano-British Buildings and Earthworlîs, 1911.
s.
T. V. — 3
34 GROUPEMENTS HUMAINS ET LIEUX BATIS.
la ville qu'on rencontrait les plus beaux temples, les jeux les
tion des villes que de celle de leurs remparts, urbes mœnibus cingere didicerunt; tou-
tefois, étant donné que les peuples de la Gaule connaissaient de longue date des
oppida ou des enceintes murales (t. 1, p. 176 et 177, et surtout les relevés d'enceintes
publiés dans le DulieLin de ia Sociélc préhisiorique française depuis 1900). j'incline à
interpréter ce texte comme s'il s'agiss;iit de bâtir de grandes villes régulières.
2. T. II, p. 240 et s., 258-9, 62-3.
3. T. iV, p. 316-9, 73 et s., 319-326.
4. T. IV, p. 42-6, 30-5.
5. T. IV, p. 74-5.
PHOQUES DE LA VIE IRBAINE. 35
les grands du pays, quieti et otio per voluptates assucsccrciit, hortari privatini, adja-
varc pubLice, ut templa, fora, domus exslruerent, etc.
2. Pour Lyon, cf. p. 19, n. .3; pour Autun, p. 9.
3. -Marseille, entre ISOÛ et 1910. monte de 111 000 à 551 000 habitants; Lyon, de
110 000 à 524 000 (Stat. gên. de la France, Résultats du recens, de 1911, I, I, p. 116).
4. T. IV, p. 45; cf. t. II, p. 250 et s.
population servile devait être au moins égale à Tautre (ceci est hypotliélii[ue;
on établit d'ordinaire une population servile égale à la moitié de la population
libre en s'autorisant du texte de Galien sur Pergame, Kûhn, V, p. 49). La péri-
phérie de la colonie de Lyon peut être évaluée à un peu plus de 5000 mètres,
sa surface à environ 170 hectares (chiffres fournis par Germain de Montauzan),
et il parait certain que les fondateurs de la colonie n'ont pas prévu ses prodi-
gieux accroissements (il est vrai que Lyon n'avait pas à recevoir, comme Nîmes ou
Autun, p. 36, n. 2 et o, une grande masse de population indigène antérieure). Mais
il faut tenir compte en outre du quartier du Confluent, et la population avait dû
suivcinls 1" la comparaison de rétendue occupée avec celle des villes contem-
:
sous toutes réserves, à 500 habitants par hectare lu densité urbaine de l'Anti-
quité, où il y avait moins de jardins, de places, de grandes voies, où, si les mai-
sons étaient bien moins hautes, les gens étaient bien plus tassés (on donne à
Alexandrie un demi-million d'habitants et 920 hectares: cf. Beloch, p. 410); 2" les
dimensions de l'enceinte; 3" le nombre des places de l'amphithéâtre (cf. p. 26,
n. 5); 4" le débit d'eau des aqueducs : Paris reçoit par jour (je donne les chiffres
de 1894) 718 000 mètres cubes dont 243 000 pour le service domestique, pour une
population de 2 300 000, soit trois hectolitres (287 1.) par habitant; Lyon en rece-
vait approximativement 73 000 (Germain de Montauzan, p. 346), Poitiers 15 000
(Méni. de la Soc. des Ant. de VOuest, XXI, 1854, p. 79), Sens 31 800 comme
moyenne ^Julliot et Belgrand, Notice, etc., 1875, p. 29), Nîmes 46 300 (Léger,
p. G03; maximum?), Metz en moyenne 43 200 (id.), l'antique Lutéce seulement
2000 (de Pachtère, p. 81), Arles envirofi 18 000 (Congrès arch., XLIII' s., 1876,
p. 551); 5° le nombre des inscriptions et tombeaux et l'importance des ruines; 6° la
superficie des cimetières le cimetière gallo-romain de Terre-Nègre à Bordeaux,
:
qui n'était pas unique, avait un hectare et quart; son cimetière actuel de la
Chartreuse en a 24. Aucun du ces éléments n'est concluant. La densité de la
population nous est inconnue pour ce temps-là et a pu varier extrêmement les :
remparts (par exemple à Fréjus, Augst, Avenches) devaient embrasser bien des
espaces vides, tels que celui de l'amphithéâtre, d'ordinaire à l'intérieur de l'en-
ceinte; et, par contre, ils ne tenaient pas toujours (en particulier à Lyon) tout
l'espace habité. L'amphithéâtre, à Rome, comprenait 87 000 places, moins du
dixième de la population; et je doute que Nimes, par exemple, ait été peuplée
de 200 000 âmes, soit dix fois l'effectif des spectateurs des Arènes (cf. p. 26, n. 5);
les gens de la campagne et d'ailleurs y venaient en grand nombre (p. 152-3). Les
aqueducs servaient aussi bien à alimenter les thermes qu'à fournir la boisson, et
pour celle-ci on recourait toujours (p. 28) aux citernes, puits, sources et rivières.
Enfin, le hasard seul a amené tel ou tel chiffre d'inscriptions (cf. p. 8-9). Tous les
chiffres que je vais donner ici sont donc problématiques, et résultent de la com-
binaison que j'ai faite de ces divers éléments.
1. D'après les indications de Strabon (IV, 1, 12; 3, 2) Narbonne était au temps
d'Auguste la plus peuplée des villes de la Gaule; mais les choses ont dû changer
rapidement. Narbonne, au dire de Strabon, demeure supérieure à Nîmes (IV, 1, 12).
La disi^arilion de toute trace de remparts antiques empêche d'évaluer le péri-
mètre; on peut évaluer la superficie à 200 hectares (Rouzaud) :dans l'ensemble,
Narbonne devait rappeler les dimensions de Nîmes et d'.\utun (n. 2 et 5).
2. Périphérie, 6200 mètres environ [6000, Mazauric[ et 220 hectares (F. Germer-
Durand, Enceintes successives de Nîmes, 2" éd 1877; Blanchet, Enceintes, p. 208); cf.
,
plan de Véran, Congrès de 1876, p. 273), et par suite environ 23 hectares, mais
on sait l'importance de ses faubourgs sur l'autre rive du Rhône duplex Arelas,
:
disait-en toujours (Ausone, Mos., 480-1; Urbcs, 73; Epist., 25, 81, éd. Schenkl).
4. Périphérie de 5 à 6000 mètres? (Blanchet, p. 143); cf. Strabon, ici, p. 35, n. 1.
superficie de 285 hectares. C'est la ville aux dimensions les plus grandes.
PROGRES DE LA VIE URRÂINE. 37
non sous César ou Auguste, comme pour les villes coloniales qui précèdent (p. 36,
n. 1-6, p. 37, n. 1-3), mais au troisième siècle, après le passage des Barbares
(t. IV, p. 294-5), mais enceinte qui suppose après tout la continuation d'une impor-
Chartres (on donne 2100 mètres à ses remparts, ce qui parait assez dispropor-
tionné avec l'ensemble de ses vestiges du Haut Empire), Orléans, Nevers, Auxerre,
Troyes, Chàlons, Tours, Le Mans, Angers, Nantes, Rennes, Paris, Rouen, Arras,
Amiens, Boulogne, Bavai?, Tongres, Strasbourg, Chalon, Dijon, Langres, Soissons,
Beau vais, Dax, Limoges, Périgueux (bien déchu lors de la construction du mur,
qui n'a pas 1000 mètres, mais l'amphithéâtre est fort grand, p. 26, n. 5), Gre-
noble (dont l'enceinte, également récente, varie entre 1800 et 1000; Blanchet,
p. 283-4), Genève, et qui ont livré un nombre suffisant de monuments. Cela donne,
pour la superficie murée, entre 8 hectares (Paris; de Pachtère, p. 144) et 20 hec-
tares (Strasbourg; Blanchet, p. 129), le double et davantage, pour la surface
occupée sous le Haut Empire. On peut mettre dans cette catégorie, plutôt que
38 (IROUPEMENTS HUMAINS ET LIEUX BATIS.
et lettre de J. Hcy).
1.Moins de 10 000 habitants. Dans le Midi, par exemple Aps (en Vivarais, où
la vie municipale est particulièrement faible; cf. t. VI, ch. V), Gap, Antibes (500 m.
et 2 hectares) et les petites capitales alpestres (cf. t. VI, ch. Vil) et pyrénéennes
(cf. t. VI, ch. VI). Ailleurs, Sentis (840 mètres et 9.38 ares); de même, à cause de
leur enceinte (un millier de mètres), Évreux, Noyon, Meaux, Melun, Lillebonne,
Lisieux, Vannes, Bayonne (viens). D'autres chefs-lieux, Javois, Saint-Paulicn des
Vcllaves, Jublains, Vieux, Corseul, etc., ne furent pas fortifiés (il me paraît dif-
ficile que le caslruni de Jublains, un peu plus d'un hectare, ait été une enceinte
municipale) : ce qui uuiitre leur peu d'importance.
2. Cf. t. IV, p. 354 0.
3. Cf. p. 37, n. 5.
4. Strabon, IV, 1, 12; Pline, III, 37. Entre autres (C. /. L., XII, .3362) : Uzès
(Ucetia), Anduze {Andiisia), Alais (Arisitum, Grégoire de Tours, //. Fr., V. 5), Cal-
visson {Arandumun, XII. 4155), Nages {Saninaijenses7, t. Il, p. 507, n. 1), Viiido-
magus (La Vigan?; Ptol., Il, 10,0), sans doute Bcaucaire {Ugcrnum, XII, 3362), sans
doute aussi Substantion (Sexlanlio, XII, 3302, plus tard transformé en colonie,
t. IV, p. 78). C'est en songeant à ces 24 xw[j.«i que Strabon dit de Nîmes qu'elle
PROGRÈS DE LA VIE URBAINE. 39
Drôme*. Pour être moins serrés que dans les grandes villes, les
avait son aqueduc % ses thermes et ses temples aussi bien que
dans une capitale, les boutiques étaient nombreuses et variées,
Vocontii, nom que je traduis par viginti {Revue des Et. anc, 1907, p. 172-4). Luc a
été remplacé par Die comme capitale.
2. Voyez par exemple à Bouiœ (cf. n. 4), p. 54, n. 2.
3. Cf. p. 28, n. 7.
4. Remarquez Pextraordinaire richesse en inscriptions (XIII, 3980-4027) et en
tombes à figures (lispérandicu, V, p. 211 et s.), d'Arlon, Orolaunum (Itin. Ant.,
p. 366, W.), simple vicus des Trévires; Waltzing, Orolaunum vicus, 1904-5 (Musce
Belge). De même, les stèles de Saint-Ambroix (Ernodurum, Ilin., p. 400) chez les
Bituriges (Thil et de Goy, Mém. de la Soc. des Ant. du Centre, 1911, XXXIV, 1912)
nous mettent en présence de petits boutiquiers de village; cf. \>. 341, n. 4. La
meilleure monographie de vicus gallo-romain est Boulœ [tout près d'Annecy, qui
n'a fait que remplacer le uicus], par Marteaux et Le Roux, Annecy, 1913.
5. Le monument de Lanuéjols (p. 20, n. 7), les piles du Sud-Ouest
(Lièvre,
Les Fana ou Vernemets, dits piles romaines, 1888; surtout Lauzun, Invent. gén. des piles
40 GROUPEMENTS HUMAINS ET LIEUX BATIS.
menses villas à l'orée des bois *, et les masses les plus considé
râbles de décombres antiques proviennent de châteaux rustiques'.
La désertion des terres, qui commence dans la Gaule des
Césars, n'atteignit point alors de désastreuses proportions. En
Normandie, en Bretagne, dans le Pays Basque, pays agricoles
et maritimes, nous ne voyons pas de grandes villes drainant les
hommes ^ Les capitales des peuples de montagnes, Viva-
rais, Rouergue, Gévaudan, sont demeurées des bourgades
médiocres, où la vie n'était un peu intense que les jours de
marché*. En Flandre, en dehors de quelques villages, ce ne sont
que paysans, ouvriers ou forestiers attachés à l'exploitation
pour Rodez en Rouergue, XIII, p. 208-9. Les petites villes alpestres (t. VI, ch. VII)
semblent même avoir été plus importantes que celles-là.
5. Cumont, Comment la Belgique fut romanisce, Bruxelles, 1914 (Ann. de la Soc.
d'Arch., XXVIII), p. 9 et S. ici, t. VI, ch. VI. Voyez aussi Demarleau, L'Ardenne
;
594), le groupe des bâtisses d'Herbord près de Sanxay en Poitou (de La Croix,
VILLES NEUVES. 41
{Soc. hist. de Compiègne); voyez aussi les ouvrages cités p. 40, n. o, p. 26, ii. 8.
2. Cf., pour l'origine des villes à l'époquede l'iodépendance, t. Il, p. 240 et s.
3. T. IV, p. 73, n. 5.
42 GROUPEMENTS HUMAINS ET LIEUX BATIS.
4. Ta Twv 'Ov.iJiôjv 6£p[j.à xâÀA'.o-Ta Trotip.wrâtoj uoato;, Sir. IV, 2, 1; Ilixo dcus,
CI. L., XIII, 345 et s. Ce sont peut-être ces eaux auxquelles pense Pline (.X.XXI, 4),
junclœ (c'est-à-dire froides et chaudes, la température en varie actuellement de
(13''50 à Pyrcnœis nionlibus.
64°), situées in
5. Aquœ Convenarum, Itin. .\nt., p. 457, W.
Vicani Aqueuses, XIII, 389;
6. Aquœ Calidœ dans la Table de Peutinger, s. 1, 3; Calenies Baiœ, comme les
8. Lussovius, Luxovias, chez les Séquanes, XIII, 5425-G. Luxeuil devint assez impor-
tant pour être forlihé sous le Bas Empire, casirum firmissimo olim munimine culliim
(F. Colambani, I, 10, Kruscli). —
L'énigmalique Andcsina, dans la Table, ne peut
être qu'une station balnéaire des Leuques, Viltel, Conlrexéville ou Bains.
9. Aquœ Neri, TablOj, s. 1, 3; vicus Nerioimigus, XIII, 1374.
10. J'entends par là Bourbonne-les-Bains chez les Linpons ou chez les Séquanes
(XIII, 5911-20), Bourbon-l'Archaiiibault chez les Bituriges (cf. Bonnard, p. 444 et
s.), Bourbon-Lancy chez les Eduens (Dorvo, Bormo, A(juœ lionnonis; XIII, 2805-7;
Table, s. 1,3; cf. t. IV. p. 322). Il devait y avoir d'autres Bourbon » (cf. t. Il,..
p. 131, n. 10), par exemple Bomiaitus et Bomuina à Aix près de Die chez les
Voconccs (XII, 1501).
11. Cf. t. VI, ch. I.
12. Citons encore : Baden en Suisse (p. 42, n. 6; t. IV. i). 189, n. 8); Aix-en-
Provence (cf. t. III, p. 13; Pline, XXXI, 4); Ai.x-la-Chapeile (conlrairement à l'opi-
nion courante, C. I. L., XIII, II, p. 517, je crois à l'ancienneté du nom Aquœ Grani
[surnom d'Apollon guérisseur], Pertz, Scr., III, p. 704; la localité était d'ailleurs
44 GROUPEMENTS HUMAINS ET LIEUX BATIS.
Le dieu de l'endroit eut son grand temple, ses statues, son trésor,
ses terres et ses esclaves ; il fallut des prêtres pour garder ces
richesses et entretenir ces biens, des maisons pour loger ces
prêtres et leurs serviteurs, des hôtelleries pour héberger les
fort habitée et fort visitée à l'époque romaine, C. /. L., /. c); i4(7uœA'(siVicu ou. plutôt,
Alisincum chez les Éduens, Saint-Honoré (Table, s. 1, 4; Itin., p. 366, 460, W.);
Aqux Scgele chez les Ségusiaves (Moingt [à écrire Moind] plutôt que Saint-Gal-
mier, ces dernières eaux d'ailleurs fréquentées; Table, s. 1,4, cf. C, XIll, 1630,
1641, 1646; Donnard, p. 373-0); Évaux, /uauus, à l'origine chez les Bituriges plutôt
que chez les Lémoviiiues (XIII, 1368; Grégoire de Tours, Confess., 80); Gréoulx,
nymphse Grisclicœ, dans le pays de Riez (Xll, 361); Les Fumades dans le pays de
Nîmes (XII, 2845-51); Aquœ Segeste, prés de Sceaux du Câlinais, entre Sens et
Orléans, chez les Sénons (Table, s. 1, 3). La liste do Bonnard comprend 126 noms,
et elle pourrait être allongée. — J'indique la appartient la station,
civiias à qui
sont marquées à peu près toutes par des vignettes spéciales, beaucoup plus carac-
téristiques que celles qui signalent les autres localités, et Ton peut même se
demander si la Table ne provient pas d'une carte ou d'un routier à l'usage des
baigneurs. — .\u point de vue des noms de ers nouvelles villes, on distinguera
(cf. p. 43, n. 2-12) celles qui sont restées sous le nom généri(|ue latin de Aquœ, et
celles qui ont conservé les noms celtiques des divinités des sources. 11 est à remar-
quer que jusqu'ici nous n'avons pas trouvé un élément toponymique indigène
correspondant au lalin Aquœ.
2. Pour les temps de l'indépendance, t. H, p. 242.
3. T. IV, p. 380; ici, p. 40, n. 7, p. 46.
VILLES NEUVES. 45
1. Die, Dea Augusta, ne peut devoir son nom qu'à un sanctuaire de divinité
d'un dieu Intaranus, a rapprocher du dieu Inlarabus], lieu où les Anciens avaient
accumulé, disait-on, miiltorain nefarioruin portenta {Acla Sanctorain, Vita s. Pere-
grini, 16 mai, 111, p. 360, n. éd.), au milieu du pays d'Auxerre; Fanuin Marlis en
Armorique, devenu Corseul, chef-lieu des Goriosolites (Itin. Ant., p. 387); Tulela.
qui paraît être l'étymologie de Tulle; etc. Rappelons que parmi les grandes
métropoles, Arras, Neinetacam (primitivement Nemetocenna, cf. t. II, p. 242, n. 2),
Clermont (Augustonenictuni), Metz {Divoduram =
« vicus sanctus »), ont une ori-
gine religieuse.
4. Cf. t. IV, p. 33, 73 et s., t. II, p. 243. Fréjus, Forum Julii; Angers, JuUomagus
1. Cf. p. 40, n. 7.
lui-même, et, plus ou moins loin, le marclié permanent, canabœ (on dit canabarii,
canabensc.<i, pour les habitants; XIII, G730, 5007); peut-être y a-t-il eu parfois un
troisième élément, une bourgade parliculière avec vici (à Mayence, G. /. L., XllI,
II, p. 303). C'est le marché qui se transforme peu à peu en ville; Tac, H., IV, 22
(Xanten, près de Vctera) Opéra haudprocul caUris in. modum municipii exstructa. Cf.
:
drale, et le vicus des canabœ (XIIl, 5967), sans doute à Kœnigshofen, à deux milles
SITES URBAINS. 47
tâches pacifiques ^
de là. semble que plus tard les canabœ se rapprochèrent, qu'il y eut ua
Mais il
village civildans la Langstrasse (qui est une grande route romaine, vers Kœnigs-
hofen, Saverne et Metz), adossé au camp, (jue ce villa;5e s'est appelé Stratœ
Bargus, « le bourg- de la route », et qu'il aura imposé à la fin son nom à 1 en-
semble (Grégoire de Tours, H. Franc, X, 19); Dehio, Zeitschrift fur die Gesdiichle
des Oberrheins, nouv. série, XII. 1897, p. 167-8.
1. G. I. L., .\IH, II, p. 29(5 et s. Mayence devint elief-lieu de civilas.
2. C. I. L., XIII, II, p. 537. Bonn resta un viens de la cité de Cologne.
3. C. /. L., XIII, II, p. 602 : le camp est entre Fiirstenberg et Birten, et la ville
esta Xanten, à un mille de là (cf. p. 46, n. 2), Xanten fut érigé en colonie sous
Trajan (t. IV, p. 46o>.
4. Vindonissa, Windisch fXIll, II, p. 37), Dlvllia, Deutz (XIII, II, p. 587), Novse-
sium, Neuss (XIII, 11. p. 593). Windiseh resta simple viens chez les Helvètes, Deutz
et Neuss de même dans la cité de Cologne. — Cologne et Nimègue ont été des
villes indigènes, choisies ensuite comme lieux de camps. X Cologne, le camp, en
particulier de la (lotte, est à Alteburg, à deux milles (cf. t. IV. p. 134, n. 7). A
NimèguR, on peut distinguer l'Ie» marché ae\ii « (Noinomaijus). qui est devenu la
:
colonie, sur les bords du Rhin, 2° le vieil oppidum batave, sur la hauteur près de
là, et 3° sans doute le camp romain primitif; cf. Holwerda, Bijdrwjm voor Vader-
landsche Geschiedeiiis en Oudk'idkunde à La Haye, 1917, p. 207 el s.
5. Je ne parle ici que des trois premiers siècles de l'Empire.
6. T. Il, p. 256 et s.
48 GROUPEMENTS HUMAINS ET LIEUX HATIS.
établi.
Je dis coteau, et non pas plaine, parce que les villes neuves
évitent encore, pour la plupart, les bas-fonds et la plaine absolue,
réservés aux cultures ou abandonnés aux marécages. Elles
imitent Rome, qui hésita si longtemps à s'établir sur son Champ
de Mars, et qui préféra toujours les pittoresques montées de
pu montrer ses sept collines '", Autun fut bâti sur les flancs des
I, m, 1907. p. 496 et s.
5. La ligne de ses remparts embrasse e.xactement sept collines, au.x noms sou-
vent anciens .Montauri [mons Aureus], Canleduc [Cantodunum'7
: « mons albus? •>], ^
la colline de la Tourmagne,
Lampèze, le puech Crémat [mont < brûlé? »], le
la
puech Ferrier [Ferratus], le puech Jusieu [Judaicus] ou mont Duplan; après
d'autres, Maruéjol, .Mines aux Sept Collines, 1909 {Mém. de l'Acad. de Mmes). Reste
à savoir à partir de quelle époque on a fait cette constatation et si les Anciens en
ont eu l'idée. Le texte célèbre de Thèodulfe [sous Charlemagne] porte {Contra
indices, 131) inde Nemausiacas sensini [et non seplem] properanius ad arces. et le mot
arces signilie les tours de Nîmes, et en particulier celles des Arènes.
6. La cote 386 est le point culminant d'.^utun, l'altitude moyenne est de 350,
l'Arroux est à 287.
REMPARTS, PLACES, RLES, AQUEDUCS, ÉGOUTS. 49
demeures sur le puy sacré, cher à Apollon ', qui porte aujour-
d'hui sa cathédrale-. Dans les vieilles cités, les quartiers neufs
évitèrent les terrains les plus bas, et gravirent les [tentes voi-
doive son origine et son nom aux canabx ou canabarii, aux boutiques, magasins
et entrepots établis le long du Port, et qui pouvaient former uisc longue voie de
communication (comme le plan Fourmiguier • au Moyen Age) entre la ville cl
••
de la Clianvrerie à Paris,
de canaberii et ce pouvait être alors le ([uarlier pri-
.
mitif des cordiers, « le lieu où l'on travaille le clianvre », dit Mistral, et la dispo-
sition allongée du quartier se prêtait en effet au travail des corderies.
7. Comme dernière monographie de ville, bien étudiée à ce point de vue, telle
de Cologne par Ivlinkenbcrg, dans Die Kunstdenknuilcr der liheinprovin:, Vt, 1000,
p. 157 et s.; de vicus, le livre sur Boulœ, p. 39, n. 4.
8. P. 35 et s.
T. V. — 4
bO GROUPEMENTS HUMAINS ET LIEUX BATIS.
struction maîtresse \
temps de Tibère) d'une area inter duos [sic] tarres (XII, 3179).
4. Cf. t. II, p. 240, 214 et s.
possible en principe, et ce peut être vrai pour quelques arcs de la Gaule, mais ce
ne peut être vrai pour tous, et du reste l'importance pour l'arc était moins la
nature de l'endroit où il était placé que l'événement ou le personnage qu'il rappe-
lait, l'essentiel étant que l'arc fût placé loco celeberrimo de la ville (G. /. L., XI,
leurs tiges*.
1. De Paclitère, p. 43.
2. Ici, p. 97.
3. Cf. p. 90.
4. On pourrait citer bien d'autres exemples à Metz, la rue principale était la
:
Grand'Rue [dans sa partie ancienne, carreria Recta, etc.], de l'autre rue de l'EvécIié
[carreria liecla Fraitcigena], devaient continuer les chemins, celle-ci de Gaule
(Aix) et celles-là d'Italie; à Autun, p. 53, n. 1. Je crois que même dans les villes
neuves ces grands chemins ont été conservés, soit qu'ils deviennent les artères
principales (à Autun, p. 32, n. 1, p. 53, n. 1 la Saarslrasse, etc., à Trêves), soit
;
qu'ils traversent par des lignes obliques le damier des rues neuves (à Trêves» la
rue qui menait du pont à la Porte Noire, Brùckenstrasse, Fleischslrasse, Simcon-
strasse : je reconnais d'ailleurs que mon hypothèse, de l'existence ancienne de
cette ligne, est contraire à l'opinion et aux restitutions courantes, n. 5).
5. Cf., sur'toutes ces questions, Ilaverfield, Ancicnt Town-planning, 1913. Je —
crois cependant que les plans des cités coloniales ou neuves n'étaient pas aussi
réguliers (direction et façade de rues) que l'indiquent les restitutions modernes,
par exemple celle de Trêves faite par Graeven, si souvent reproduite {Die Dcnk-
malpjlege, VI, Berlin, n" 16, 14 déc. 1904), d'après le réseau de la canalisation
souterraine. en était ainsi, je ne comprendrai pas pourquoi le réseau en forme
S'il
de damier, bien conservé par exemple à Turin, l'est beaucoup moins dans nos
si
villes coloniales, Arles, Nîmes, Trêves, qui furent toujours habitées, lit le Moyen
Age était essentiellement conservateur en matière de rues exproprier, aligner et
:
52 GROUPEMENTS IILMAINS ET LIEUX BATIS.
percer sont choses modernes. Les empiélemenls ont porté sur les trottoirs (p. 53,
n. 2) et les façades, et ,ne pouvaient changer la direction de la voie; remarquez
la (t. VI, ch. VU). .le pense donc que
persistance des voies antiques à Fourvières
la symétrie des plans coloniaux devait souvent s'accommoder de venelles anté-
rieures. Cf. p. 51. n. 4.
à damier, aux rues parallèles se coupant à angles droits, comme celles des colo-
nies Dislinctas vias, dispositum domoram, respondentes directa in compila portas. \\
:
est bien vrai qu'il s'agit de la ville fortifiée d'après 300 (cf. t. IV, p. 594-5); mais
il est impossible de croire que Bordeaux et les autres villes des Gaules aient été
si complètement détruites au m" siècle (t. IV, p. 598 et s.), qu'on les ait rebâ-
ties tout entières sur plan nouveau. On a dû conserver le réseau des rues pri-
mitives en utilisant pour les remparts certaines lignes existantes. — Cette remarque
peut s'appliquer à bien des villes; elle ressort en dernier lieu des recherches
faites à Beauvais (Leblond, Bull, arch., 1915, p. 7 et 10). Je remarque, dans la —
plupart des villes gallo-romaines, le dispositif de deux lignes parallèles formées
par deux grandes voies l'une (par exemple rue Saint-Jacques à Paris. Grande
:
rue de la Porte Serpenoise à .Metz), plus large, plus importante, d'ordinaire une
grande route (p. 51, n. 4); l'autre (via Inferior à Paris, p. 33, n. 3, rue des Clercs
à Metz), tracée parallèlement et sans doute postérieurement à la première. Voyez
de môme à Autun, ici, n. 1. Je pourrais en citer bien d'autres exemples. Il y a
là sans doute une réminiscence des deux lignes parallèles du camp romain
perpendiculaires à l'axe principal, via principalis et via quintana. — Je crois à
UEMPARTS, PLACES, HUES, AQUEDUCS, ÉGOUTS. 53
d'ailleurs ces dates d'aucun souvenir ancien, d'aucune fête du calendrier chrétien
(qui serait une survivance de fête païenne). Cf. Barlhel sur l'orientation de
Timgad, Donner Jahrb., CXX, 191 1, p. 110-1. —
11 est d'ailleurs certain qu'on
célébrait le dies nalalis de ces villes neuves (Trêves, Pan., VII, 22).
1. Harold de Fonlenay, p. 52 (la rue qui unisgail la porte d'Arroux à la poite
de Rome, et qui correspond à la grande voie de Lyon) et 58. Cette largeur rappelle
celle, de 50 pieds, des chemins ordinaires des camps romains.
2. Id. —
A Besancon, dans la grande rue romaine, on parle de trottoirs élevés
de m. 18 au-dessus de la voie, form.és de dalles de moyenne grandeur (Castun,
Besançon cl ses environs, 2" éd., 1901, p. 81). —
En ce qui concerne ce qu'on regarde
comme des trottoirs, je me suii demandé si ce ne sont pas souvent des soubas-
sements de portiques ou de boutiques, ce qui explique leur disparition, au
Moyen Age, nu profit des liabilanls riverains (ici, n. 4).
3. De l'achtêre, p. 47. La via Infcrior, qui lui de la Harpe,
est par;illè!e (rue
boulevard Saint-Michel), n'a que 7 à 8 mètres, 20 à 25 pieds {id., p. 48). Les —
archéologues de Trêves évaluent à 10 mètres la largeur des rues.
4. La largeur de la rue Sainte-Catherine au xviii" siècle (Arch. municipales de
mal à l'aise*. Mais l'Antiquité n'eut point l'idée", pour ces villes,
n. 4), atteint à peine aujourd'hui 3 m. 20. 10 pieds, dans sa partie la plus étroite
(mesures de Clerc). Je crois d'ailleurs que Marseille était la ville qui avait dès
lors la voirie la plus étroite, et cela remontait à l'époque grecque. —
A Lyon, où
l'espace était aussi assez restreint (cf. p. 35, n. G), la chaussée du Gourguillon,
une des principales, avait 8 mètres, dont 4 pour les trottoirs (Allmer et Dissard,
H, p. 289).
2. La rue du Mulets à Bordeaux, qui rappelle une de ces rues, a 3 m. 30
(P. Courteault). L'extrême étroitesse des plus anciennes rues de la Cité de Paris
doit remonter à IWntiquité : « Une seule atteint 5 m. lU, les autres ont généra-
lement 3 mètres [10 pieds]. La voie de la rue de la Vieille-Draperie n'a que 2 m. 95,
celle de la rue aux Fèves 1 m. 50 [5 pieds] »; de Pachtère, p. 157. A Bouta', on a
reconnu une voie de 2 mètres [6 pieds], bordée d'hahitations.
3. Largeur minima actuelle, 3 m. 50.
4. L'écartement des roues d'un véhicule romain est é\aluée. d'après les ornières
de Pompéi. à 1 m. 35; et cf. p. 109, n. 1.
5. Sauf exceptions. — Parmi les rues anti(]ues. les plus larges et les plus
importantes, celles qui menaient aux portes (p. 52, n. 2 et 1) portaient le nom de
plalcx (C. I. L., XIII, 72GI. 7203-7, 7335-7) :elles correspondaient en principe à
la via principalis des camps romains, et sans doute aux deux autres, quiiitana et
decimanus. — 11 semble que. dans l'ensemble, ces différentes, catégories de rues
fussent conformes aux mesures données par les Gromalici pour les limiles des
terrains coloniaux d'après les règlements d'Auguste decimanus maximus. 40 [)ieds.
:
cardo mr.ximus. 20. liiniles actuarii. 12, subruncivi, 8 (Grom. vet.. p. 194). Vitruve
(I, 7, 1) ne distingue qu'entre plaleœ et angiporla. —
La structure interne des rues
ne durerait pas de celle des voies (p. 108 et s.): seulement, la surface en fut
d'ordinaire pavée, peut-être seulement à une époque tardive (à Autun, seulement
la plus grande rue; d'autres à Lyon) : à Autun. ce sont d'énormes blocs de
granit de m. 50 d'épaisseur, et ayant jusqu'à m. 9t) et m. 40 de dimensions
1
moyennes (de Fontenay. p. 55): dans la grande rue de Besangon, les pavés sont
d'énormes pierres de taille ayant m. 70 à m. 80 de large, 2 mètres de long,
m. 35 à m. 40 d'épaisseur (Castan, Bes. et ses environs, 2'' éd., 1901, p. SI); les
pavés en grès de la rue Saint-Jacques, à Paris, pèsent de 488 à 1700 kil. (s'ils sont
romains, ils doivent dater d'assez basse époqueh Ch. Magne, Les Voies romaines de
l'antique Lutèce. p. 15, extr. du Bull, de la Montai/ne Sainte-Geneviève, IL 1897-8; de
Pachtère. p. 47.
REMPARTS, PLACES, RUES, AQUEDUCS, ÉGOUTS. Sn
Les carrefours- et les places n'avaient pas non plus une très
grande étendue. Toutes les cités de l'Empire ont ignoré, à l'inté-
bler dans un jour de fête, tels que les grandes places des villes
1. Pas avant le xvi" siècle (Poêle). Encore au xviii" siècle, 20 mèlres- étaient pour
une rue un maximum très rarement atteint, et on restait souvent bien en deçà :
« on distingue dans Paris trois sortes de rues, les grandes, les moyennes et les
1°-•
les places propres au commerce • ; 2" « celles qui sont consacrées par l'usage
à la publication des loix », au-devant des églises, des palais »; 3° les « places
«
caiiijiiii il l'aris (Ammien, XX, 5, 1; les Cliampeaux aux Halles actuelles?); voyez
Du Cange au mol Campus MarLius. On retrouve le < champ de Mars », à l'aide des
textes médiévaux, dans quelques villes françaises, à Marseille (la Plaine Saina-
Micliel; Cartulaire de Saint-Victor, I, p. 5(1, 03), à Besançon (Chamars; Caslan,
Le Champ de Mars de l'csoiitio, dans les Méiii. de la Soc. d'ÉmuL, IV, V, 1869), à
Aulun (" le pré Chammarl-, en dehors de
la ville, dans le voisinage du « temple
de Janus >•). —
L'expression de prata se retrouve dans nombre de villes médié-
vales avec « les prés >, ou « le pré ». — Voyez aussi l'expression de « plan » et
« plaine » au Moyen Age. —
Forum nundinarium (IMine, VIII, 208, marché aux
bestiaux; cf. G. /. L.. XII, 24G2). —
Je ne parle pas ici des campi de gymnastique
ou do promenade attenant aux thermes (XU, 2493-4) ou aux temples (XIU, 31U7),
des gymnases ou stades isolés (XUI, oOi2; to o-riotov^'?] à .Marseille, Iiiscr. Gr.ItaL,
24GG; le gymnase d'Orange ^le prétendu ciniue] reconstitué par Formigé).
1. ilemarquez que les distributions populaires avaient lieu parfois dans les
amphithéâtres, per gradus (G. I. /.., VI, 290'Jl). L'amphithéâtre, dans les cités
murées du i" siècle, est d'ordinaire à rinlé.icur de l'enceiule (Autun, Nîmes,
Fréjus. .\rles, etc.).
2. Itemarquez l'extrême petitesse des places dans les « cités » médiévales, qui
représentent les portions centrales des villes gallo-romaines (p. 52). Dans la des-
cription de Bordeaux par Ausone (i'rbes, 143; Epist., 10, 22), platea a, je crois, non
plus le sens de vicus ou grande rue, mais de place c'est du reste pure exagération
:
du .Moyen Age.
3. Le forum est proxime porlum dans les villes maritimes, et je pense aussi
dans les ports fluviaux, in oppido medio dans les autres cas (Vitruve, I, 7, 1).
Le forum de Marseille est sans doute à la place de Lenche {forum superius, Acta de
saint Victor, 21 juillet, Coll., anc. éd., V, p. 147); mais peut-être y avait-il aussi
un forum « d'en bas », plus près du port à la place Vivaux? Celui d'.Autun est
:
impérial (p. 56, n. 4); Eumène, à Autun, prononce son discours in foro {Pro rest.
sch., i).
3. C. I. L., XIIl, 10015, 108 (la présence de l'orge doit s'expli(iuer par l'impor-
leurs rues : ils allaient chercher l'eau aux puits et aux sources
les plus proches, et les bras des manœuvres emportaient les
pénétrer de force dans tous ses membres, par une sage capta
tion de la nature physique, un double principe de vie et do
propreté.
1. Sur les égouts collecteurs d'Autun, de Fontenay, p. 111 et s.; d'Arles, Véran,
4. T. II, p. 328.
NOMS, VIE ET ASPECT DES RUES. 59
point faites pour honorer des morts ou fixer des souvenirs; elles
n'appartenaient qu'aux êtres qui y vivaient, aux édifices qui s'y
voyaient. Si telle rue de Metz s'appelle rue de l'Honneur et telle
1. Voyez à Nantes les travailleurs du port, vicani Porteuses (du vicus Portus),
lesquels forment une communauté religieuse et juridiiiue (XIII, 31Ù5-T). Quar-
tier des potiers à Cologne, p. 285, n. 8.
2. C. /. L., XIII, 8254 (Cologne) chapelle élevée à un dieu par les possessores
:
ex vico Lucretio scamno primo [premier îlot]: XIII. 7270 (Kastel) monument reli- :
gieux élevé par deux Meionii, vico noi^o Melonioruin: ce sont sans doute des pro-
priétaires ayant donné leur nom à la rue.
3. Ici, n. 5.
4. Elle ne s'est guère développée en France, je crois, qu'à partir de la fin du
xvi° siècle, au règne de Henri IV.
5. Ficus Honoris, XIII, 4301 ; vicus Pacis, 4303. .\ Mayence : vicus Apollinensis, 0088 ;
tier le - marché aux oies », mais il demeure possible que gantunœ soit une variante
orthograpliique pour canluna' et que ce mol soit l'équivalent de tabernœ.
8. Magistri vici, traduit en gallo-romain par plaliodanni (XIII, 0770). Il devait
peut-être y avoir parfois en Gaule, au lieu de magistri, des édiles de quartiers
(t. IV, p. '342 et 352).
60 (IROUPEMKNTS HUMAINS ET LIEUX BATIS.
l'analyse de tous les débris qu'a livrés son sol : et ce travail est
1. ]'icus doit signifier à la fois rue et quartier; le vicus, en tant que groupement
administratif, renferme, outre les habitants d'une rue principale {viens, via, platea),
ceux des ruelles avoisinantes. 11 est possible qu'en principe une ville ait renfermé
quatre (luarliers, formés par le croisement de deux rues principales, cf. p. 52,
n. 1-2. Lorsqu'Ausone parle de la quintuple » Toulouse (Urbes, 104; Ep., 25, 83),
..
je crois qu'il fait allusion à une division en cinq quartiers (urbes; t. YI, cli. V).
2. T. IV, p. 333.
3. Inscriptions citées p. 59, n. 1 et 2.
4. Quelijucs éléments chez Blanchet, Élude sur la Jécoralion des édifices de la
Gaule romaine, 1913. Le livre sur Doulie (p. 39, n. 4) est très remarquable à cet
égard.
0. Sur les poitiques, cf. p. G7, n. 2, et t. VI, ( li. 111.
5. Voyez les images de rues de villes (à Orange, lîspérandicu, n" 240; à Dijon,
n" 3523; verre de Cologne, C. /. L., XllI, 10025, 185).
0. Cf. à Narbonne les fabri subœdiani (t. IV, p. 399, n. 4). — Sur la naturii des
boutiiiues et de la circulation, cf. plus loin, p. 342-344.
62 GROUPEMENTS HUMAINS ET LIEUX lîATIS.
De ces édifices, les plus nombreux, les plus aimés et les plus
beaux étaient les temples. D'autres s'élevaient plus haut ou cou-
vraient plus d'espace. Mais les temples, résidences des dieux,
assez loin de Metz (Grenier, llabilalions gauloises, p. 23 et s.); voyez Les Ilabila-
tions préromaines... de l'antique Alésia, par Toutain, 1914 {Revue des Et. préliist.).
Cf. Paulin de Noie, Carm., X, 245-6 (il est vrai à la campagne) : Niyranlcsque
casas et texta mapalia culino diijnaque pellilis habitas déserta Bigerris.
2. In Gallia {œdijlcia) scandulis robusteis aul stramentis (Vitruve, II, 1,4); Massiliw
animadvertere possunuis sine tegulis, subacta cum paleis terra, tccta (Vitruve, II,
1,5): cela est d'autant plus étonnant que Marseille est devenue un pays à tuiles
(cf. t. 1, p. 84).
3. N. 2.
des grands dieux celtiques adorés sous des noms romains, Teu-
1. Le temple devait être, je crois, noa pas au-dessus, mais à côte de la source;
voyez le temple de Ncmausus à Nîmes.
2. Cf. t. H, p. 15G.
3. 11 a pu y avoir des exceptions.
4. Cf. t. Il, p. 15G.
5. C'est sur le forum de Bordeaux que je suppose placé le temple des Piliers de
Tutelle (t. VI, ch. III); sur celui de Périgueux, le temple de la Tour de Vésonc,
sans doute consacré à la Tutelle de la ville U- VI, ch. III). Vitruve (I, 7, 1) —
recommande de placer à l'endroit le plus élevé, in excelsissimo loco, les temples des
dieux quorum in lutcla civilas vidctur esse, elJovi et Junoni et Minervœ [les CupiloUa;
cf. n. 8]. Il ne pouvait y avoir de règle à ce sujet en G iule. Ainsi, Vitruve
7. Vitruve, cf. n. 5.
8. Ibid. A Autun. Eumène, Pro rest. sch., 9-10; à Toulouse, t. IV, p. 561, n.3;
à Narbonne, Ausone, Urbcs, 120-3, et Sid. ApoU., Carin., 23, 41 (avec le pluriel
CapitoUii, comme si le mot était synonyme de templis). On peut recourir aux textes
du Moyen Age pour accroître celte liste (Cologne, Trêves, Besançon, Clermont,
Soissons [plutùl (]ue Reim-^, Acta, 6 janv., I, p, 325;, Saintes, Nîmes, mais en fai-
sant remarquer que capilolium a pu finir par s'appliquer à n'imporle quel temple
et peut-être à n'importe quelle ruine;
il s'est également identifié à capilulum,
« chapitre ». —
La question des capiloles municipaux a toujours passionné les
érudits depuis les temps de Savaron (Les Origines de la vil Le de Clairmont, I6G2, p. 104):
Du Cange, dern. éd., Favre, 1883-7. au mot Capilolium; Braun. Die Kapilolc, Bonn,
1849; Castan, Mémoires de la Soc. d'Émul. du Doubs, IV, IV, 1868, p. 201 et s.; Audiat,
Le Capitole de Saintes, 1881 (Bull, de la Soc. des Arch.); Kuhfeldt, De Capitoliis, llièsc
de Kœnigsberg, 1882; Saglio, Dict., s. v. (1887); Harold de Fontenay. Autun, 1S89,
p. 152 et s. ; Toutain, Et. sur les Capitales provinciaux, 1899; Roscher, 11, 1, 1890-4, c.
religion du Moyen Age gardait dans les villes cette emprise sur
le sol qui lui venait de l'héritage romain.
1. T, VI, ch. I.
2. T. IV, p. 345 et s.
3. Cf. ]). 59.
4. semble indiquer des loges.
Tribunalia (XIII, 3487, 3100)
5. L'autel d'Auguste àNarbunne (p. SU, n. 4); XIII, 10027, 197 (l'ara Ibioruin à
Gologue); Xil, 4338; etc.; les autels du monument ou plulùt du marché de la rue
Souftlot à Paris, qu'on a supposés placés des deux cotés de l'entrée (de Pachtère,
plan 3 et p. 02).
0. Cf. XIII, 509 (arula cuni templo).
7. Cf. Pétrone, Sat., 17 ; L'iiquc noslra rejin tam prœseulibus plena est numiaibus,
ul facilius possis dcum quain hoininem invenii-c.
8. Baslllca cum porliclbiis, XII, 2333; basilicas daas a Périgucux, XIII, 934; il est
question de basilicx au pluriel à Narbonne (XII, 4342); à Nimes, p. 71, n. 3, p. 73,
p. 226. Il pouvait y avoir plusieurs basili(jues dans une ville, car je crois que l'on
désignait par ce mot, non seulement un palais de justice, mais sans doute une
bourse, et peut-être la curie (p. 63, n. 3), toutes sortes de lieux de réunion, etc.
LES ÉDIFICES PUBLICS. 65
que, dans certaines villes, les plus riches corporations, celles qui
jouaient un rôle public, se soient bâti leur hôtel ou leur
« parloir » particulier'-. Les métropoles de provinces et peut-être
4. .^rarium, Vitruve, V, 2. 1. Cf. t. IV, p. 342. Il va sans dire que ces locaux
ont pu être groupés ensemble, et souvent disposés dans des temples.
5. Carcer, Vitruve, V, 2, 1. A Lyon; cf. t. IV, p. 4'J3, n. 5.
G. Cf. t. IV, p. 342.
7. Cf. t. IV, p. 342.
8. Cf. t. IV, p. 358, n. 4.
Autres, au in« siècle, à Trêves, Cologne, Vienne
9. T. IV, p. 65, n. 6, p. 86, n. 10.
t. IV, p. 580). dans ce cas, bien entendu, d'édifices dépendant de
Il s'agit
l'empereur, représenté par le gouverneur de province.
10. T. IV, p. 63, n. 6, p. 493, n. 5.
Solarium à Vieille-Toulouse iXII, 3388); à Vienne, XII, 1893 à Aix, XII, 333;
11. ;
12. Schola des nautes à Paris?? (j'en doute fort maintenant; cf. t. IV, p. 393<
T. V. — 5
6G OUOUPEMENTS HUMAINS ET LIEUX BATIS.
prenaient place.
C'est ainsi que nos cités reçurent des fontaines monumen-
tales, avec la décoration traditionnelle de Tritons et de dieux
n. 5); sc/ioJa des nautes helvètes à Avenches (XIII, 5096); pavimcniuin scholœ des
dendrophores à Gimiez (V, 7904).
1. Pour Autun, Paneg., VIII[auj. V], 8 [sous Constantin] Vias quibus in Palatium
:
p. 90, 161, 171, 191 (séjours d'empereurs dans la ville). Pour Trêves, on a les ruines
.dites du palais impérial, attribuées à l'époque d'après Dioclétien (on vient, en
Allemagne, de douter de cette qualification, et d'y voir des thermes) mais il a :
dû y avoir un palais dès Postume (cf. t. IV, p. 579). Pour Xarbonne enfin, la domus
Csesaris est mentionnée dans une inscription (Xil, 4449). Il est d'ailleurs possible
que l'on ait temporairement appelé palatium la domus où descendait l'empereur.
2. Il n'y a pas à tenir compte des textes du Moyen Age parlant de palatium le :
mot est appliqué à toutes sortes de ruines, môme d'amphithéâtres (t. IV, p. 580.
n. 6).
3. Les areœ, places ou parvis, qui précédaient les édifices en fagade sur les
marins '
;
qu'on y multiplia les portiques -, dont les resques et les
rornement le plus cher aux villes de ce temps fut l'arc isolé ^ arc
bassins et les vasques, iaciis (Xll, 2606-7, 4190) ou piscinx (Xll, 4338).
Portique couvert, tccluiii poriicus cum suis columnis et pœnulis [frontons] duabus
2.
et opère lectorio, XII, 2391-2. Les portiques étaient d'ordinaire attenant à d'autres
édifices, basiliques (XII, 2533; p. 64, n. 8), écoles (ici, n. 3, et p. 09, n.G), thermes
temples (XIII, 3063), ou prolongeaient des arcs ou des portes (XII, 1121),
(XII, 1357),
ou entouraient des marchés ou places (XII, 4248; etc.). Dans le même sens —
que portique, je crois, prosca?n(um (XIII, 3450), proscenium cum tribunali (XIII, 4132).
3. Sur les murs des portiques des écoles d'Autun, on avait représenté la carte
de triomphe proprement dits (arcus eum Iropœis, à]/''.; ipoTraiocpôpo;), ornés de d épouilles
de nations vaincues ou soumises (ou plutôt de leurs images en sculpture), élevés
à des personnages ayant commandé en chef, imperatores (et en particulier à l'em-
pereur), et sans doute, en principe, avec l'assentiment du sénat romain (Suétone,
V. CL., 1; Dion, LUI, 26, 5; LX, 22, 1; C. /. A.., XI, 1421; ici, n. 0);2'' les portes
monumentales, plus ou moins ornées, élevées par des villes ou des particuliers
en l'honneur de dieux ou de grands personnages, ou simplement à titre de décor
(ici, n. 7). II est du reste probable que les deux sortes de constructions arrivèrent
à
se confondre, et d'assez bonne heure, et que les simples portes purent recevoir,
sinon de vrais trophées, du moins l'image d'armes, soit prises à l'ennemi, soit (ce
qu'il ne faut pas oublier) portées par les vainqueurs et consacrées ensuite aux
dieux. —
Sur la place choisie pour élever ces arcs, p. 50, n. 3.
6. A coup sur Orange, le mieux caractérisé des arcs de triomphe, élevé, je
:
n" 260); l'arc de Vinicius dans les Alpes en 23 av. J.-C. (cf. t. IV, p. 59); l'arc
de
Claude à Doulogne (Dion, LX, 22, 1). L'arc de Saint-Ilemy (Esp., n° 111) et celui
de Carpentras (n" 243) ont des trophées bien caractérisés. Dans cette catégorie,
sans doute l'arc de Constantin h Arles (pi. 15 de Dumont; cL VAbré<jé de de Noble
Lalauziere, 1808; G. /. L., XII, 667).
7. Me non des arcs de triomphe, mai^ des arcs de passage,
paraissent être,
rappelant parfois des passages d'empereurs ou de princes, ou quelque solennité
importante, ceux des localilés suivantes Suse, en souvenir du passage d'Auguste
:
et peut-être du cens des Alpes Cuttiennes en 9-8 av. J.-C. (Esp., n" 16;
cL t. IV,
p. 62); Cavaillon, arc sur croisée de routes (n" 237; cf.
Quadruviis arcum à Stras-
Titus
bourg, XIII, 5971); Apt {porticus et arcum, XII, 1121); Windisch (en 79 à
et àdes dieux, XIII, 5195); Genève (à Jupiter, arcum cum suis ornamentis, XII, 2390);
toute
de Mars à Reims (Esp., n" 3681, cL Flodoard, IL eccl. R., I, 1),
l'arc dit Porte
sculptée de scènes mythologiques ou de genre, Vénus, les Saisons,
Uomulus et
Rémus, allusion au nom des Rémi (il n'est pas sûr que le nom de Porte de Mars,
(Esp.,
connu dès Flodoard, soit antique); la « Porte Basée » à Reims, disparue
Reinach, Rev. arch., 1909, II), avec des
n" 3680); la Porte Noire de Besan(.-on (S.
certaine-
images de même genre, mais aussi des trophées et scènes de combats,
68 GROUPEMENtS HUMAINS ET LIEUX BATIS
ment pas antérieure à Hadrien; Langres, deux portes doubles et non arcs (Esp..
n°' 3270-1); Saintes, arc en Ihonneur de Gerinanicus, peut-être élevé lors d'un
passage à Saintes (G. /. L., XIII, 1036); Mayence, arc élevé par Dativius à
Jupiter (C./. L., XIII, 6705, sous les Sévères). Les voyages d'Hadrien en Gaule (t. IV,
p. 470-3), suivant de prés les grandes victoires de Trajan. ont certainement pro-
voqué Térection de nombreux arcs de ce genre. —
Arcs aux deux extrémités du
pont Flavien (cf. p. 118. n. 6). —
L'édifice dit « arc de Campanus » (Aix-les-Bains,
XII, 2473) est funéraire. —Voyez sur ces arcs, outre les travaux de Frothingham
(p. 50, n. 5), celui de Spano, VOrlyine degli archi, etc., dans Xeapolis, I, 1913.
1. Voir p. 50, n. 5. Au point de vue de l'art, t. VI, ch. III.
2. Cf., pour ces places, p. 55, n. 3; ce qu'on en disait rappelle le mot sur les
ares, de Pline, XX.XIV, 27 : Attolli super celeros mortales... arcus sijnificanl; C. I. L.,
XI, 1421.
3. Ceux-ci, beaucoup plus rares; cf. t. VI, ch. IV.
4. A Feurs, théâtre de bois jusqu'à Claude, puis de pierre (XIII, 1642). Il est
probable qu'il y a eu partout d'abord des théâtres et des amphithéâtres de bois,
plus ou moins longtemps. A BjrJeaux, ramphilhéàtre (Palais Galien) ne paraît
pas antérieur au ni' siècle {Inscr. rom. de Bord.. H, p. 561 cf. t. IV. p. 580).
;
^
plaisirs publics.
1. Cf. p. 26 et p. 35, n. 6.
2. P. 372-373, et t. VI, ch. IV.
3. ffiscin. et eampum (XIII, 4324), balineum, campum, porlicus (XI!, 2493-5); XII.
1337, 4342. Ici, p. 370, n. I.
4. Cf. p. 370.
5. Il pour s'en rendre compte, de regarder à la table du Corpus (XII,
suffit,
hommes. Chacun de ces édifices reçut sa loi, qui fixait les règles
1. Xni, 1623.
2. Vitruve, VIII, 6, 2; Fronlin, De aquœ duclibus, 94 et s. ; cf. Germain de Mon-
tauzan, p. 383 et s.
3. Soit pour y travailler, soit pour y habiter; à Nîmes, exactor opcris basilicœ
[lie Plotine?] mannorari et lapidari (XII, 3070); pour les aqueducs et les temples,
t. IV, p. 380, n. 2-3, p. 345, 318-9. Peut-être les/a6ri subsediani de Narbonne (t. IV,
p. 399, n. 4.
4. Cf. p. 80.
5. Cf. t. IV, p. .391, n. 2, 4, 5.
6. Ipsos oculos civitatis, ApolUnis templuin alque CapitoUum, à Autun; Eumène,
Pro rest. sch., 9.
de 1909, Cil; il y avait même un clocher et deux chapelles. Pour les Arènes
d'Arles, voyez le dessin si connu et si curieux de l'ancien état, pi. 10 (de Duniont)
à la suite de V Abrégé de de Noble Lalauziere, 1808. Une étude serait à faire sur
l'utilisation des édifices gallo-romains au Moyen Age.
CARACTERES GÉNÉRAUX DE CES EDIFICES. 73
4. P. 65, n. 11.
5. Cf. t. IV, p. 472, n. 1.
6.Voyez ce que dit Vitruve, I, 7, 1. Cela était vrai même d'édifices particuliers :
d'être seulement une aire consacrée, est aussi devenu un lieu éter-
celle inscription du Gévaudan, d'une tombe monumentale élevée pro sainte sua par
le fondateur d'une villa, et sans aucun doute sur son domaine même les piles • ;
<-
(p. 39, n. 5) sont dos heroa de ce genre; de même, dans le môme Gévaudan, le
mausolée de Lanuéjols, honori et meinoriœ (XIII, 15G7). Doniuni œternam, XII,
4123; elc.
^
LES TOMBEAUX. 75
vent, était fait pour un seul mort, à la rigueur pour lui et ses
1. P. 76.
2. T. VI, ch. Il; t. lY, p. 309.
3. Cf. XII, 4123; XIH, 5708 {ne quisquain post me dominhm eorum locoruin habeto),
puissance.
De ces tombes, les variétés étaient infinies. Je laisse ici de
côté les simples fosses' et les puits funéraires-, où les pauvres
trois étages et ses cent pieds de haut elle vaut, comme gran-
deuj et solidité, les plus robustes des édifices municipaux^ Ces
sépultures étaient bien faites pour la durée sans fin.
1. P. 77, n. 9.
2. Puticuli; cf. Marquardt, Privatleben, Les puits funéraires ont pu être
p. 332.
accompagnés de pierres portant épitaphcs puits de Tortequesne en Artois,
(cf. le
XIII, 3534-8, locus, etc. car je ne puis croire que ce puits n'ait pas servi dès
:
l'origine à recevoir des cendres, et qu'il ait été simplement des favissx ou lieux
de dépôt pour épitaphes ou objets religieux hors d'usage). —
Je ne comprends
guère l'opposition habituelle des érudits à l'existence de puits funéraires; les
fameuses objections de Lièvre (qui voyait là de simples latrines, Mém. de la Soc.
des Antiquaires de l'Ouest, 11" s., XVI, 1893) n'ont pas do valeur dans la plupart des
cas. En dernier lieu, Baudouin et Lacouloumère, La Nécropole gallo-romaine à puits
funéraires de Troussepoil, Le Bernard, Vendée, 1908 (Congrès préhist. de Chambéry).
3. Voyez par exemple les petits colTrets en marbre qui ont moins de m. 30 de
haut, en usage surtout en Italie (Esp., n" 2981).
4. Hauteur 23 mètres. La
: pile » de Pirelongue en Saintonge a 24 m. (Lauzun,
>.
6. Hauteur 34 mètres (33 m. 80, Mazauric, chiffre que je retrouve chez Gran-
:
gent). Le monument étant soudé aux remparts de Nîmes a àù être construit avant
l'enceinte (16 av. J.-G. ;cf. t. IV, p. 78) je ne crois pas cependant qu'il lui soit
:
forma, autour de la ville des vivants, une ville des morts, aussi
populeuse, aussi solide, aussi riche que l'autre. Elle se groupait,
pareille à l'autre, en quartiers et en rues, en cimetières et en
allées ^ Les pauvres gens étaient entassés dans des nécropoles
voisines des faubourgs, taillées dans. les rochers, creusées dans
1. Cela résulte de ce «lue les inscriptions des morts étrangers à la ville ont été
découvertes souvent ensemble, et d'un certain nombre de textes; cf. xayïiv toïç
Sévoiç, Évangile de Matliieu, 27, 7. Robert, Les Étrangers à Bordeaux {cS. p. 14, n. 4).
2. Voyez en particulier à Lyon; Alliner, Musée, II, p. 309,312-3, 321.
3. ci. p. 75, n. G, p. 70.
4. Cf. t. VI, ch. III et IV.
5. P. 39 et s.
BATISSES ISOLEES DANS LES CAMPAGNES. . 79
demeures isolées, sont encore pour les Gaules des formes aimées
de la vie sociale'. De même façon, elles n'oublièrent aucun de
leurs sanctuaires des champs, aucun de leurs dieux solitaires
1. AudoIIent, Ac. des Inscr., G. r., 1902, p. 299 et s. Voyez aussi les sanctuaires
ruraux cités p. 40, n. 7.
2. Voyez le plan des habitations et annexes, id., p. 305. Cf. ici, p. 365-7, et
t. IV, p. 380.
3. Ajoutez les constructions qui bordaient les routes (p. 126-128), et, à litre
I. Bergier, Histoire des grands chemins de l'Empire romain, parue en 1622; nouv. éd.,
1728 (que je cite; un des plus originaux travaux d'archéologie que l'on connaisse);
A. Maury, Les Voies romaines en Italie et en Gaule, dans la Fievue des Deux Mondes,
1" juillet iS66; Desjardins, Texte explicatif de la Table de Peutinger [inachevé;
même. Géographie de la Gaule d'après la Table de
ra|»port initial, 1" déc. 1866]; le
Peutinger, 1869; le même. Géographie hist. et adm. de la Gaule romaine, IV, 1893
(posthume); Besnier, art. Via dans \e Dict. des Antiquités (paru en 1915-0). Ilmanque
un travail d'ensemble, et pour l'Empire et pour la Gaule les cartes données par
:
T. V. — 6
82 LES GIIANDES ROUTES.
Grivaud, 1810-3. Pour la comparaison avec les routes médiévales, Wilke, Die
Franzœsischeii Verkehrsstrassen nach den Cliansons de Geste. 19[0 (Beihefte de Grœber,
XXII; superficiel). — Pour les routes fluviales, L. Bonnard, La Naviijation inté-
rieure de la Gaule à l'époque romaine, 1913.
1. C'est le principe que rappelle sans cesse le Code Théodosien, Deitinere muniendo
(XV, 3), et il est visible qu'il remonte très haut; cf. Suétone, Auguste, 30. L'ana- —
logie avec le service militaire peut être justifiée par l'expression de via militaris,
et aussi parce que, de môme que l'armée dépend de l'empereur, la route lui est
dédiée magnorum principutn dedicata, C. Th., XV, 3, 6; ici, p. 122-3, 128-9)
{titulis :
ce qui fait que le service des routes n'est pas en principe un sordidam niunus.
2. Pour les orateurs, Cic, Pro Fonteio, 4, 8 (ici, t. III, p. 36 et 112); De prov.
cons., 2, 4; pour les tribuns, Plutarque, Caius Gracchus, 6-7; pour les princes,
voyez les inscriptions des milliaires (ici, p. 122-124). Cf. Bergier, I, p. 92 :
X, 1885).
.
aux routes d'Agrrippa. Le nom d'Auguste n'apparaît sur aucune des voies attri-
buées à Agrippa et ne se montre que pour la réparation des routes du Midi, et
toujours après la mort d'Agrippa, notamment aux dates de 13-12 av. J.-G. (via Jidia
Awjusta de Plaisance au Var, C. /. L., V, p. 953 et s.; du Yar à Aix, XII, 5444,
5454-5), 3 av. J.-G. (d'Aix à Arles, Nîmes, Narbonne et au delà). 13 ap. J.-G. (de
Narbonne eu Espagne et de Narbonne à Toulouse (XII, 5668 et 5671) la succes- :
sion des dates et des lieux, la récapitulation des milles dans certaines inscrip-
tions extrêmes (XII, 5668, 5671; V, 5823) montrent que, pour ces routes du Midi,
il s'agit de la réfection de tout un ensemble, allant d'Italie et même du Danube
(p. 142, n. 8) en Aquitaine et en Espagne. On voit qu'elle a pris 26 ans, ce qui
montre (et nous en avons bien d'autres exemples, cf. p. 169, n. 4) avec quelle
lenteur procédait souvent la vie administrative de l'Empire.
2. Lui et ses successeurs; C. V, 8002-3; Florus, II, 3U, 26; ici, t. IV,
/. L.,
p. 104, Drusus en matière de voirie n'apparaît
110, 112, 114, 130-1. L'activité de
jus(}u'ici que du côté de la frontière du Rhin.
3. T. lY, p. 172, et ici, p. 80, n. 7, p. 91, n. 1, 3, 4 et G; et il parait aussi s'être
attaché aux routes conduisant au Rhin et le longeant (ici, p. 80, n. 4, p. 90, n. 5).
Il faut donc reconnaître que Claude paraît avoir fait autant qu'.Vgrippa pour la
grande viabilité de la Gaule. G'cst à Claude que sont dues quelques-unes des
routes les plus lointaines, les plus difficiles, les plus directes (mêmes renvois).
4. Il m'a semblé, dans la direction des frontières, avoir constaté parfois des
routes assez voisines, ayant à peu près les mêmes points de départ et les mêmes
destinations (p. 86, n. 4, p. 88, n. 2, 5, 6. p. 90, n. 1, p. 98, n. 5, p. 99, n. 5). Si
ces remarques sont justes. l'Empire romain se serait arrangé peu à peu pour
doubler les voies militaires les plus importantes, de manière à rendre les trans-
ports de troupes ou de matériel plus rapides et moins encombrants
RESEAU ROUTIER DE LA GAULE. 85
1. Voyez aussi, pour d'autres détails, t. VI, texte et notes des chapitres V-VII.
2. T. III, p. 30-7; ici, p. 94, p. 83, n. 3. Pour les voies des Alpes, p. 80. n. I.
3. T. IV, p. .j7, 81-5; ici, n. 5, p. 86, n. I, p. 88, n. G, p. 89, n. 2, p. 92, n. 3.
p. 93. n. 8.
4. Ici, n. 5. Les plus anciens miiliaires des Trois Gaules sont de lempereur
Claude.
5. Straljon, IV, 0, 11 'AypiTîTxa; îvtcvOcv -:à; ooou; ïzz[).z [d'Aquitaine, de Bou-
:
liarum.
86 LES GRANDES ROUTES.
lent « le chemin de Rome » (Guigne, Les Voies anliqiies du Lyonnais, [1877], p. G9). —
Vers Montmélian les voyageurs venus des Alpes à destination du Midi quittaient
la route de Lyon pour descc.idre l'Isère sur Grenoble et Valence. A Conflans, —
les voyageurs dllalie à destination ou du Nord et de l'Est de la Gaule ou de la
Bretagne, gagnaient Genève (cf. t. IV, p. 197, n. I) par Les Fins d'Annecy (Bou(<t).
RÉSEAU ROUTIER DE LA GAULE. 87
celle de Domitius *
et des Alpes Cottiennes, par Grenoble, la
et de Genève, par Pontailler et Mirebeau (t. IV, p. 458, n. 4), Langres, où ils rejoi-
gnaient le réseau d'Agrippa (cf. p. 89). Celte dernière route, qui est, avec celle
du Grand Saint-Bernard à Langres (p. 86, n. 5), la plus directe pour aller d'Italie en
Bretagne, qui est connue par des textes (t. IV, p. 197, n 1), qui fut jugée assez
importante pour recevoir les postes militaires les plus considérables (t. IV, p. 458,
n. 4), est à peu près complètement ignorée des itinéraires, tlle a été, ce qui était
naturel, l'objet des soins de Claude (XIIl, 9044). Cf. p. 84, n. 3. Il est pro-—
bable que d'autres routes se greiïaient sur celle-ci vers la Gaule centrale, par
exemple de Genève et Mirebeau a Troyes par Thil-Cbàtel, de Genève par les
environs de Dole à Dijon et au delà vers Alésia et Sens; cf. p. 90, n. 1.
1. T. m, p. 30; cf. Strabon, IV, 1, 3; ici, p. 96, n. 1.
rocheuse, puis une entaille formant tunnel, large de 3 m. 10, voûtée à partir de
3 m. 04 de hauteur. —
Mais une route plus longue et plus facile rejoignait la voie
Domitienne el la Durance par Valence, Luc, Die, le col de Cabre et Gap c'était :
celle qu'on faisait suivre aux convois de troupes (Valens et Vilellius en 69, t. IV,
p. 189 et 196; César en 58 av. J.-C, t. III, p. 203). —
Je ne vois pas qu'on ait
utilisé pour une route, par exemple de Grenoble à Gap, le passage intermédiaire
par le Champsaur et le col Bayard.
3. T. I, p. 478 et s.
4. T. 1, p. 47-8. Je ne crois cependant pas qu'il ail été complètement négligé;
mais il ne devait plus servir aux services publics et aux messageries du commerce,
remis en honneur au Bas Empire (cf. t. 1, p. 47).
et peut-être a-t-il été
5. Ou
à Windisch, la bifurcation étant vers Oensingen, la route d'Augst traver-
sant ensuite le Jura par Klus.
88 LES GRANDES ROUTES.
1. Quoique celte roule ne soit pas mentionnée par les textes, il fallait l'indi-
quer ici, parce que, je crois, c'est la roule la plus ancienne comme elle est la plus
directe : elle est jalonnée par les trois colonies primitives de la Gaule de César,
Lyon, Nyon et Augst
(t. IV, p. 44), et son parcours sur le terrain est très aisé à
reconnaître, même
de Lyon à Genève. Ce parcours (de Lyon à Nyon) lui est
commun avec la route de Lyon au Grand Saint-Bernard; cf. p. 86, n. 4 et 5.
D'Avenches (ou plutôt de ses abords, Payerne) au Rhin, la route de Lyon se
confond avec la roule du Grand Saint-Bernard à la Germanie (p. 8C, n. 5).
2. Cette roule a dû être substituée ou ajoutée à la route par Genève et Nyon
atteint Resanron par l'ontoux et Dùle. Vers la trouée de Belfort elle se bifurciue :
Tune, sur la rive droite du Doubs, par Loposcujium (Luxiol?), l'autre, sur la gauche,
par Vellaloduruin (Vellerot-lès-Belvoir) remarquez alors le doublement, que les
:
empereurs ont pu vouloir dans un but militaire (cf. p. 84, n. 4). Quant à la sta-
tion de Gramaiuin, dans l'Itinéraire Antonin (p. 348), elle doit être déplacée, et
cherchée à l'ouest sur une route détournée, sans doute celle prise par César, par
Villersexel et Arcey (t. IH, p. 230).
3. Il y avait, outre la route par Chaion (n. 2), une importante route directe de
Boulogne, menait au Rhin supérieur par portas Abucini (Busini'?), Port-su r-Saùne,
le principal port des Sé(iuanes, rejoignant vers la trouée de Belfort les routes de
Ceci est proprement la route d'Agrippa. dont jiarle Strabon (IV, 6, M), avec
2.
celle diflï'rcnce que Slralion lui fait faire (comme le lit César, t. III, p. 258) le
détour de Bcauvais mais ie trajet direct par Soissons, Noyon, Roye, Amiens est
:
si naturel el marqué par tant de vestiges, qu'on peut croire à une erreur du
géograpiic. —
On peut à la rigueur supposer qu'il a voulu parler d'un trajet, de
Langres à Reauvais et Amiens par Bar-sur-Aube {Scgessera, où il se délaciie du
précédent), Troyes, Meaux et Sentis, Ir.ijet ([u'on retrouve en partie sur le terrain
et dans les ilinéraires. —
D'autres liypullièses sont possibles pour expliquer le
texte de Strabon, par exemple un trajet par la roule de Soissons à Beauvais,
soit la route détournée (Senlis), soit la route directe (Compiègne).
3. Il est probable que le principal Irajet de Gaule en Drelairne, parmiles trajets
concurrents de celui d'Agrippa (par Langres et Chàlons), passait par Chalon,
Aulun, Auxerre, Sens, Meaux, où il traversait la Marne (et où il rejoignait la
roule indiquée tout à l'heure à propos de Strabon, n. 2), Senlis, Beauvais. Ce
frajrt avait dû être, dès les temps de l'indépendance, préconisé par les Éduens
et les Bellovaques (remarquez que César, II. 14, 2, note leurs relations de Jîdcs et
amicitia), dont il traversait les terres, et utilisé surtout par les marchands grecs,
venant de Marseille; l'autre trajet, celui d'Agrippa (en liaison directe avec le
Grand Saint-Bernard, p. 80, n. 5), devait être préféré par les Italiens, et prolilable
surtout aux Lingons et aux Rèmes. Chaque chemin avait ses prolagonistes parmi
les cités gauloises (cf. t. Il, p. 527, n. 2), et les conserva parmi les villes gallo-
romaines. Mais que la vraie route militaire et postale d'Italie en Brelagne lut,
non pas celle de Lyon et d'.\utun, comme l'indiquent les caries modernes, trop
iiilluoncées i)ar les itinéraires (cf. p. 90, n. 1), mais celle de Langres et Chàlons,
c'est ce que montrent bien le texte de Strabon, l'installation .à Langres des corps
venus de la Bretagne (Tac, Hist., 1, 59). le rôle stratégique de Chàlons, les camps
du voisinage de Langres (cL t. IV, p. 458, n. 4).
90 LES GRANDES ROUTES.
Bavai et Tliérouanne (p. 101, n. 2; les itinéraires font faire à la route le détour
par Tournai et Cassel) de Soissons à Cambrai, puis à Arras et Tliérouanne (roule
;
(le mont Lassois); de Dijon (même situation) à Sens et Meaux par Alésia et
Tonnerre l'un et raul,re trajets faisant suite à des routes venant de Genève (p. 80,
;
n. 7). —
Enfin. l'Ilinéraire Antonin (p. 350-363) indique comme la grande voie
principale d'Italie et Lyon à Boulogne et en Bretagne une roule par Chalon, Autun,
Auxerre, Troyes, Cliàlons, Reims et Amiens ou bien c'est un trajet ofriciellement
:
fixé très longtemps après Agrippa, ou bien, ce que je crois, c'est un parcours
artificiellement combiné par le compilateur de l'Itinéraire et fait à l'aide de la
première partie de la roule que nous avons appelée roule de la Seine (Chalon-
Auxerre, ici, n. 2) et de la dernière partie de la vieille voie d'Agrippa (Chàlons-
Boulogne, p. 89), réunies par une voie transversale d'Auxerre à Ghàlons par
Troyes. —
Tout ce que nous savons des routes et des marches militaires au pre-
mier siècle fait ressortir l'importance de Langres, et elle ne peut guère s'expliquer
que par la convergence vers ce point des routes de Bretagne (par Lyon, p. 89,
n. 2; par Genève, p. 80, n. 7; par Besançon, p. 86, n. 5) et leur rencontre en cet
endroit avec la route de Germanie.
2. Pour la partie initiale de la route, de Chalon à Auxerre, p. 89, n. 3. La
roule, très fréquentée par les baigneurs, a dû remplacer le chemin gaulois entre
Bibracte et Gergovie si souvent parcouru par Jules César (t. III, p. 471); c'est sur
cette route qu'on devait montrer les « camps de César », hiberna legionum Julia-
narum (Sid. Apoll., Ep., II, 14). De Besançon à Autun par Beaune (plutôt que par
Dijon, cf. t. IV, p. 159 c'est peut-être le chemin qu'a dû prendre Constantin en
:
311; Paneg., Vlll [V], 7); ce chemin va ensuite d'Autun à Decize (ou Nevers) et
de là vers Bourges c'est une des grandes voies centrales de la Gaule. De Ghàlons,
:
Troyes, Auxerre à Bourges par Entrains (en partie connu par G. /• L., XIII, 2681).
De Troyes et Sens à Orléans. De Bavai et Paris à Orléans, ce qui est la grande
RESEAU ROUTIER DE LA GAULE. 91
route de rOuest (p. 97). De Paris à Chartres et de là vers Le Mans et vers l'Armo-
rique (p. 91, n. 4). De Paris à Dreux. Une grande voie du Nord partant, soit de
Tournai et Arras, soit de Bavai et Cambrai (ici admirablement conservée), vers
Amiens, Beauvais, Manies, Dreux, et de là, sans aucun doute, vers Séez, Avran-
ches, la Normandie et l'Armorique. De Rouen et Lillebonne (en deux voies) à
Évreux, Dreux et Chartres. De Lillebonne à Lisieux, et ensuite à la côte normande
par Vieux, Bayeux, Cherbourg-. Remarquez .l'importance du carrefour de Dreux.
1. Celte ligne n'est pas indiquée par Strabon et n'a peut-êlre été sérieusement
entreprise que par Claude, el pour faciliter les relations avec la Bretagne (cf. n. 3. 4
et 6; t. IV, p. 172).
2. Je la reconstitue, sans aucune difficuilé. d'après les éléments fournis par la
(Brest ou plutôt Castel Ac'h, près duquel nous trouvons un milliaire de Claude,
XIII, 9016 la lecture Xlvii, qui me parait certaine, indi(iue la distance en milles
:
Rouen ou à Lillebonne (p. 90, n. 2), d'autre part à Lisieux et sans aucun doute
au delà vers Vieux (milliaire de Trajan, 8990) Bayeux. De Tours au Mans, à
et
Séez, à V'ieux, Bayeux, Valognes, Corialluni (Cherbourg) route fort importante,
:
réparée par Claude près de Bayeux (.Xlll, 8976). Du Mans à Avranches par Jublains
(passage de la Mayenne, soit au pont de Brives, soit au gué de Saint-Léonard; ici,
p. 120, n. 2, et C. /. L., Xill, 8973». et du Mans à Rennes par Jublains ou directe-
ment. D'Angers à Rennes, et de là à Avranches, Coulanees, Valognes, Cherbourg.
— Route transversale de Chartres (venant de Paris, p. 90, n. 2) au Mans. Autre
route transversale venant de Paris ou de Beauvais par Dreux, p. 90, n. 2.
Argenton, Poitiers, Nantes, route très importante pour les cités du Centre. A
Argenton, arrivée d'e la route de Troyes, Auxerre, Bourges, vers Poitiers (p. 90,
92 LES G11AN'I)I-:S ROUTES.
(p. 97), mais qui continue au delà vers la mer, dans la direction de La Rochelle :
c'est celle route (de Limoges à Aulnay) dont les archéologues limousins font d'ordi-
naire la route principale d'Agrippâ, de Limoges à Saintes; cf. en dernier
lieu Ducourtieux, Les J'oies romaines en Limousin, 1909 (Bull, de la Soc. arch.),
p. 59 et s.
•détour par Saintes s'explique par l'importance de la cité. Mais je crois à une route
directe de Poitiers à Bordeaux par Angouléme (cf. Aimoin, V. Abbonis, Migne,
P. L., CXKyilX, c. 407) et Coutras; cf. p. 97, n. 3. —
En outre, on peut supposer,
pour les voyages rapides à destination du Somport, un chemin rectiligne se
détachant du précédent à Montmoreau, passant par Aubeterre. Francs, Castillon,
La Réole ou Langon (c'est celui ([u'a suivi jusque-là Abbon. c. 408-9), Bazas (de
Langon à Bazas, cf. Sidoine Apollinaire, Ep.. Vlll. 12, 1 et 3), Aire et Lescar
(cf. Ausone, Epist., 23, 124-6). —
Une route de port assez importante (sans doute
pourvue de milliaires, cf. le lieu de Cartelègue, Quartaleuca) allait d'.\ngou-
lême à Blaye.
RESEAU ROUTIER DE LA GAULE. 93
1. Deux voies de Bordeaux à Dax, l'une sans doute par le pays de Buch et le
voisinage des étangs, l'autre parBelin et les Grandes Landes (It., p. 455-7).
2. Ici, p. 110-117. Vers l'ampelune.
le pont à Vienne et passer ensuite sur la rive gauche mais il y avait un coni- :
pend/um sur la rive gauche, i|ue l'on gagnait en traversant en bac le Rhône à Lyon.
8. Strabon, IV, 6, c'est la voie d'Agrippa, que le géographe fait arriver
1 1 :
04 LES GRANDES ROUTES.
âul Tf|V .MaT(ra>,ta)T:/.riv uapa/iav, ce qui peut signifier aussi bien jusqu'à Tarascon
que jusqu'à Fréjus, et peut aussi viser une des routes directes de Marseille à
Arles (p. 94, n. 3).
1. Un cliemin direct, évitant à la fois Tarascon et Arles, partait d'Avignon,
passait à Saint-Gabriel (Ernaginiun), et de là allait rejoindre à Fonlvieille la route
montant d'Arles.
2. Ce nom {via Aiu-clia... Arelatum usque, It. Ant., p. 2SD) s'explique parce qu'elle
qui devait être la voie antique des Marseillais (t. I, p. 469-470) et de Marius (t. III,
p. 713); 2° l'autre à l'est de l'étang, par le pont Flavien (sur la Touloubre, à Saint-
Chamas). —
Les itinéraires écrits, d'ailleurs concordants (Table, Antonin, .\no-
nynie de Ravenne), ont complètement perturbé la route normale de Marseille ils :
font aller à Calcaria (14 milles, vers Vitrolles), ad Vicensiiniun (20 milles, de Mar-
seille [?], au passage de l'Arc), colonia Maritiina (le port de Miramas ou Saint-Chamas?
cf. p. 133, n. 6), Fossse Marianx (Fos) et .\rles on fait donc faire tout le tour de
:
l'étang à la route, ce qui est d'impossibilité absolue, les voyageurs n'ayant aucune
peine à trouver un bon chemin direct de Miramas à Arles par la Crau.
4. Cf., pour cette route, t. VI, ch. V.
grande part de leur vie, pour qui il était l'ombilic sacré oîi ils
2. T. I, p. 225-6.
3. T. I, p. 458 et s., t. III, p. 30-7, 72 et s., 81, 110. 429. 578 et s., t. lY, p. 55.
n. 8. Ajoutez Claude, t. IV, p. 169, Hadrien, t. IV, p. 471, n. 2.
4. Kotvri ôoôî, dit Strabon, W, 1, 3. — Je crois à Texistence d'un chemin direct,
évitant le coude de Nimes, pour les voyageurs de Rome à Narbonne, coinpendimn
allant d'Arles à Sextantio par \e pons yErarium fp. 127, n. 3) sur le Petit llhùue, et
c'est ce chemin qui explique la différence de 19 milles indiquée sur ce trajet dans
certaines bornes (p. 123, n. 5).
5. Cf. p. 94.
6. Cf. p. 94.
96 LES GHANUES ROUTES.
autre route arrive en vue des Pyrénées, dont elle longe ensuite
1. Cf. p. 87; Strabûii, IV, 1, 3 et 12. La route partait, soit de Tarascon, soit
d'Arles, les deux troiigons se soudaient à Saint-Gabriel, Ernaginum, un des carre-
fours les plus importants de la Provence (cf. p. 94, n. 1, p. 120. n. 5). Puis, elle
passait la Durance à Cavailion, coupait par Apt à travers les pentes du Lubéron
(cf. t. IV, p. 471, n. 5) et ne rejoignait la Durance que vers Lurs. Sur les routes —
qui se greffaient sur celle-ci, venant de Lyon, de Grenoble ou de Fréjus, p. 87,
n. 2 (à Brian(.'on), p. 87, n. 2 (à Gap), p. 100, n. 3 (à Sisteron).
2. Quoi(iue le parcours de Toulouse à Agen manque sur les itinéraires, j'hésite
à ne pas mettre une grande voie romaine sur toute la Garonne (rive droite jus-
qu'à Agen, rive gauche ensuite jusqu'à Bordeau.x). Mais cette route a dû être —
fortement concurrencée, soit par le lleuve, soit par les routes de l'Armagnac :
1" de Toulouse à Agen par Lectoure; 2" de Toulouse à Bordeaux par Auch, Éauze
et Bazas voyez sur cette roule, outre la Table, l'Itinéraire de Jérusalem, p. 549-550
; :
c'est la dernière partie de cette route, de Bazas à Bordeaux, dont on aperçoit les
vestiges, connus sous le nom de « chemin Galien » (t. IV, p. 380, n. 6). Quoique non —
marquée par les itinéraires, je crois à l'existence d'une route diagonale de l'Aqui-
taine par Agen. Sos, Tartas et Dax, route suivie jadis par Grassus (t, III, p. 305).
3. T. I, p. 24-25, 33, 13.
4. Pour la plus grande hypothétique de Dax à Bayonne.
partie, Ilin. Aiit., p. 457;
Il est possible rapidement à Bayonne par une route directe partant
qu'on allât plus
de Benearnum (Lescar). —
Je crois qu'il y avait, plus au sud encore, une très
ancienne piste de montagnes allant de Roussillon ou d'Elne à Oyarzun par les
cols latéraux (cf. t. I, p. 188-9).
0. Cités ici, n. 2.
6. Le principal chemin de ce côté (point toujours marqué dans les textes), qui est
Gaule et unir par une ligne rapide les terres d'Espagne à celles
de la Germanie. On le voyait à Dax sur l'Adour, à Bordeaux
sur la Garonne, à Saintes sur la Charente, à Poitiers sur le
le chemin des pèlerins de Saint Jacques, « le chemin des Charrois > du xvni" siècle
(Lièvre, Mém. de la Soc. des Anl. de VOuest, II' s., XIV, 1891, p. 471). La ligne —
Melie-Rom se continuait vers le nord-est pour atteindre Argenton et Bourges et :
cela formait ainsi un chemin droit entre Bourges et Saintes (ou a proposé d'autres
tracés pour la communication directe entre ces deux villes): cf. p. 91, n. 6.
4. T. I, p. 23-4; t. VI, ch. VI.
5. T. VI, ch. VI. la route manque dans les textes;
De Paris à Bavai par Sentis
mais il est facile de la retrouver sur le terrain, en particulier de Vermand (elle
ne passe pas par Saint-Quentin; cf. p. 107, n. 2) à Bavai, où son tracé rectiiigne
est peut-être le plus curieux qu'ait laissé en Gaule une route romaine tout indique ;
d'ailleurs que ce tracé remonte aux temps celtiques (t. II, p. 472). De Bavai elle
conduit à Cologne par Tongres, et là encore c'est une très vieille route fort connue
de César (cf. t. III, p. 262, 269 et s., 376 et s., 406 et s.). Louis Guichardin [vers 1567]
a très bien reconnu la direction et le tracé de la voie a Tungris reclo ilinere Luteliam
usque {Onnium Belgii. éd. de 1613, p. 306). —
Des embranchements menaient,
au delà de Tongres, à Xanten (cf. t. 111, p. 326, n. 6), et sans doute de Tongres
et de Bavai vers Bois-le-Duc et Ximègue (Table, 1, 4; t. IV, p. 216, n. 6; ici,
p. 101, n. 2). —
Sur la route parallèle de Bavai en Normandie, p. 90, n. 2. —
Sur les voies transversales vers Boulogne, p. 90, n. 1. Le croisement de la route
postale de Boulogne devait se faire aux abords de Roye (cf. t. VI, ch. VI).
6. Son principal rôle international est, sur le secteur Cologne-Bavai, continué
T. V. — 7
98 LES GRANDES ROUTES.
par la route Bavai-Boalogne (p. 90, n. 1), d'assurer les relations entre la Ger-
manie Inférieure et la Bretagne.
1. Cf. t. H, p. 472, t. f, p. 23-4, 53, 66. —
Il devait y avoir, à gauche de cette
1° en partant d'Orléans, vers Bourges (cf. 1. 111, p. 437), Limoges, Périgueux, Eysses
3. Dès les campagnes de Julien, par exemple en 357 (Ammien, XVI, 11. 11;
XVIL i, 1-2).
Meuse à Mouzon^ et, plus loin que Trêves, jusqu'à Alayence sur
la frontière-: vieille route maintes fois suivie, jadis, par les
cavaliers de César ^, et qui maintenant reliait entre elles les
trois grandes métropoles des terres de la Belgique devenue
romaine *.
1. Très facile à suivre de Reims à Mouzon, Mosoinagus « c'est l'un des plus
:
beaux, des plus hauts et des plus entiers qui soit en toute la Gaule Belgique »,
Bergier, p. 524. Au delà, par Moyen et Arlon vers Trêves. —
A Moyen (Meduantum)
près de Mouzon,. une route directe partait vers Cologne, route qui devait rejoindre
à Tolbiacum (Zulpich) le réseau rhénan (p. 88, n. 5) j'avais songé, comme d'autres,
;
trois routes 1° par Trêves, Arlon, Moyen (route de Reims déjà citée ici. n. 1),
:
Tongres ou de Bavai (p. Neuss (p. 88, n. 5), Cologne et Bonn, venant
97, n. 5);
de Trêves et de Lyon (p. venant de Tongres et de Bretagne (p. 97,
88); Cologne,
n. 6): Goblenlz, voie fluviale venant de Trêves par la Moselle; Bingen, voie de
Trêves sur Mayence (p. 99, n. 2); Strasbourg, voie de Reims (p. 98); le passage
de Brisach d'un côté et Kembs de l'autre, voie de Besançon (p. 88, n. 2); Augst
d'un côté et Windiscli de l'antre, voies de Lyon et d'Italie (p. 86, n. 5, p. 87,
n. 5). —
Deux routes importantes se greffaient sur cette voie frontière, desti-
nées aux terres romaines de la rive droite de l'ouest à l'est, partant de Stras-
:
bourg vers la Souabe et la vallée du Danube, construite par Vespasien (t. IV,
p. iGI, n. 6); du nord au sud, partant de Windisch dans la même direction, et
commencée peut-être par Drusus (t. IV, p. 133, n. 4).
1. Je dis des Anciens, car toutes ces routes sont antérieures aux Romains.
2. Ce sont des secteurs de voies partant du Petit Saint-Bernard pour aller sur
le Rhône (p. 86, n. 4 et 7).
mètres, étaient des pistes de mulets plutôt que des voies charre-
tières. Mais rien n'en interrompait la ligne imperturbable, depuis
l'horizon du Grand Saint-Bernard jusqu'à celui de Monaco '.
des Alpes Pennines pour entrer dans les Alpes Grées chez les Ceutroncs (cf. l'inscrip-
tion de La Forclaz, C. /. L., XII, 113), puis vallée deChamonix, vallée deMontjoie;
2° col du Bonhomme, débouché dans la Tarentaise à Bourg-Saint-Maurice (C. /. L.,
sion .\mmien Marcellin, XV, 10, 4-7); 5° de la Durance au Queyrns par le cul
d'Izoard (inscription des Escoyères, C. /. L., XII, 80); 6° par le col de Vars dans
la vallée de Barcelonnette; T par le col de La Cayolle dans la vallée du Var;
8° passage à Glandève, col du Buis, Briançonnet, et, au delà, route de Sisteron
à Cimiez (p. 100, n. 3); 9° on pouvait rejoindre cette même route à Caslellane
par le col de La Foux et la vallée du Verdon. —
Celte roule, par laquelle com--
muniquaient toutes les provinces alpestres, pourrait être appelée la roule des
intendants impériaux, préfets ou procurateurs, chargés spécialement de la police
des Alpes; cf. t. IV, p. 559-63.
2. Les 7 chemins me paraissent les suivants 1° Cambrai, vers Amiens, Rouen,
:
romain et du monde :
bourg et Ostende (cf. p. 138, n. 3); il devait y avoir un 8' chemin, se détachant
de celui de Cambrai près de Bavai, allant vers Valenciennes', ce qui indi(iue Thé-
rouanne et Boulogne comme direction recliligne. —
L'exemple de Bavai montre
bien que toute ville chef-lieu était rattachée à tous les chefs-lieux voisins et à
toutes « les mers ». Voyez, sur ces chemins de Belgique, quelques détails utiles
au milieu de données hétéroclites, chez Gauchez, Topoijr. des voies romaines de la
Gaule-Belgique {Ann. de rAc. d'Arch., XXXYIII, 1882).
Viœ militares exilum ad mare... habent, définit le Digeste, XLIII, 7, 3.
1.
naître que ce sont là surtout jeux d'érudits. facilités par le fait que. toute métro-
pole de cité étant unie aux métropoles voisines, la chose entraînait nécessairement
de six à huit grandes routes. —
Pourtant, il est possible que les Romains aient
cherché à réaliser ce chiffre de sept le monument de Tongres (XIII, 9158) est à
:
RESEAU ROUTIER DE LA GAULE. 103
voulu retrouver sur la terre les routes marquées par les sept
planètes du ciel '.
huit côlés, dont sept devaient porter des itinéraires. Et peut-être, surtout en Bel-
gique, ont-ils subi en cela l'influence des cultes planétaires (cf. t. YI, ch. 1).
Note précédente. C'était l'idée de Jacques de Guyse, I, p. 238, 338.
1.
En outre, c'était par des voies militaires que ces capitales communiquaient
2.
avec leurs ports (p. 102, n. 1) de là, la présence en Gaule de tant de voies romaines
:
(où il s'agit peut-être aussi de chemins autres que la grande route, réparés par une
générosité exceptionnelle du prince); etc. Dans les Alpes Coltiennes, Auguste laissa
les frais et le soin des routes au roi Cottius, sans doute à la fois comme attribut
de son autorité royale et obligation de sa vassalité (Ammien, XV, 10, 2; t. IV,
p. 62). —
Le gouverneur représentait l'empereur en cette circonstance (cf. p. 122,
n. 6). —
11 n'y a aucune distinction à faire, en ce qui concerne les routes, entre pro-
vinces du sénat et provinces de César (t. IV, p. 232-3) la route, où qu'elle soit, est.
:
exemple, en Gaule, les bornes au nom de Maximin, où les deux formes se rencon-
trent sur les mêmes routes, et à la même date (XIII, 8801-4, 8800-7, 8874, 8887),
le nominatif chez les Vellaves, le dalif chez les Ségusiaves). —
En ce qui concerne
les frais de la route, je persiste à croire à l'intervention du fisc impérial, et, si elle
n'est pas mentionnée directement, c'est qu'elle allait de soi. Cela n'exclut pas,
cela va sans dire, contributions, prestations ou dons spontanés des communes
et des particuliers (cf. t. IV, p. 313, u. 2, t. V, p. 82, n. 1). Il devait y avoir en
cette matière des espèces infinies suivant les circonstances et les lieux (Siculus
Flaccus, Groin, vet., p. 140K
4. 1». 122, 128-9; cf. p. 82, n. 1.
5. T. IV, p. 33, 75, 76-78.
6. La grande route a pour symbole le milliaire au nom du prince; C. Th. {ici,
Tel fut le réseau des routes romaines. Avec son nœud cen-
tral, ses rayons, les arcs de ses circonférences, les étoiles de ses
secteurs, il nous apparaît comme un ensemble géométrique
d'une absolue symétrie; et toutefois, il était si habilement tracé,
conformant ses lignes aux directions des voies naturelles, qu'il
les Gaules, c'est celle des routes qui a servi le plus longtemps,
qui a rendu le plus de bons offices. Leurs chemins ont suscité sur
l{eugis)XII c{onstUui)j(ussit}, v. s. L m. (cf. t. VI, ch. VI) c'est une des 1res rares men-
:
tions de milliaires sur des routes non militaires (il s'agit ici d'une roule de pèleri-
nage vers un sanctuaire; cf. Bechstein, Les Antiquités du Donon, trad. Balden
sperger, Bull, de la Soc. philom. Vosgienne, XVI 11, 18&2-3, p. 348-:Jo4). Etc. Je —
crois (|u'on peut diviser ces roules vicinales en deux groupes, celles qui étaient
assimilées aux publias, et celles qui servaient uniquement à des usages ruraux.
— Les vise vicinales étaient administrées par les chefs des pagi (t. IV, p. 353), sans
doule sous l'autorité supérieure des chefs de cités; Gromat., p. 146. —
Les vise
lignarise sont les chemins de servitude forestière. —
Toutes ces voies vicinales et
privées étaient, non pas slratœ (p. 108, n. 2), mais tcrrcnœ {Digeste, XLIII, 11, !)•
2. Chemin marqué par l'inscription iter privalum, suivi sans doule parfois du
de ce corps de nation.
1. T. I, p. 225-6.
2. Grégoire de Tours, In gloria confessoruin, 5 (saint Martin, sur la route romaine
de Néris à Clermonl). Voyez le transport des reliques de saint Germain à Auxerre,
sur la route d'Autun (p. 90) (virgines) in itinere diviniius evocata;... in publico aggere
:
3. Jullian, Romania, XX, iS'JO, p. 161 et s.; cf., dans le même sens, Bédier, Les
Légendes épiques, IV, 1913, p. 403 et s.
4. P. 97; cf. t. I, p. 23-24 (seuil de Vcrmaudois).
légionnaire, et qui sont bien des routes bâties par Rome : vous
serez surpris de constater qu'ils s'en vont aboutir à quelque
vieille forteresse des temps celtiques, abandonnée à l'époque
impériale ^ C'est donc la preuve que la direction de cette voie
date d'un Diviciac et non pas d'un César, et que les Romains
en ont approuvé le tracé.
t. VI, ch. V
reconnaître aisément que la presque totalité des tracés suivis
et VI,
par les routes romaines se retrouvent avant la conquête.
2. T. III, p. 472 (cinquante milles en vingt-quatre heures), p. 237 (trente
milles en vingt-quatre heures); t. II, p. 228 et s.
3. T. III, p. 36.
4. Ici, p. 93-94.
5. T. I, p. 458 et s., p. 474.
6. Ici, p. 102, n. 2.
7. P. 107, n. 2. Voyez aussi le chemin d'Arras à Sangatte (p. 102, n. 2), celui
qui mené de Doullens ou plutôt d'Arras à Voppidum de Tirancourt, etc.
8. Ici, p. 41 et s., t. IV, p. 73-76
DE L'ORIGINALITÉ DES ROUTES ROMAINES. 107
Elle innova moins encore sur le chemin gaulois, que nos voies
ferrées n'ont innové d'abord sur les « pavés du roi ».
4. En supposant que les Gaulois n'aient pas déjà préparé leurs routes par
battage, cailloutage ou empierrement, chose qui serait après tout fort possible.
108 LES GRANDES ROUTES.
1. Outre \es remarques capitales de Bergier et des auteurs cités ou visés p. 81,
n. 1, p. 112, n. 3 : Gautier, Traité de la construction des chemins, où il est parlé
de ceux des Romains, 3° éd., 1755; de Matty de Latour, Voies romaines, système de
construction et d'entretien, 1865, 7 vol. ms. à la Bibliotlièque de l'Institut (nom-
breux et intéressants relevés de coupes).
2. La distinction entre routes empierrées et routes pavées s'est continuée jusqu'à
nos jours et demeure classique dans l'enseignement des Ponts et Chaussées (cf. les
livres cités p. 112, n. 3). Les unes et les autres étaient des stralse (p. 104, n. 1).
3. Silex, lafAs; Dy.,'XLlII, 11,1; TibuUe, I, 7, 60; Tile-Live, XLI, 27; C. I. L.,
XII, 365 (aux environs de Riez sous Hadrien, vias silice sternendas). Surtout dans —
le Midi (ici, n. 7) et d.ins la traversée des grandes villes (ici, n. 7, et p. 5i, n. 5) :
choix de leur forme et couleur « à les prendre en gros, ils tirent à la couleur
:
les enfonçoit et aiïermisioit à coups de batte » (p. 251). — C'est la couverture habi-
tuelle des routes romaines en France.
« Et de cela se faisoit une crouste de telle fermeté et relenement, que nous
6.
lesvoyons avoir résisté à la pluye, aux neiges, aux bruines, aux gelées et autres
humidités du temps et qui plus est, au froissement continuel des pieds des
:
les caves » de certaines maisons, on éprouva de telles difficultés pour démolir les
dalles de la voie, < que l'on creusa les caves par-dessous, laissant les dalles
comme plafond ». —
On aurait trouvé des dalles (avec ornières) dans les Vosges.
— H. Ferrand m'en signale sur les grandes voies des Alpes. Etc.
STRUCTURE DES ROUTES ROMAINES. 109
certaines routes de montagnes directement taillées dans le rocher. Les plus signi-
ficatives sont celles de la route de l'Autaret du côté de Mont-de-Lans (cf. p. 87,
n. 2), larges de m. 06, avec écartement de 1 m. 44, « ce qui est encore la voie
normale de nos chemins de fer » (Ferrandj. Ornières à Aix, Clerc, Aquse Sextiœ,
p. 363, 367; à Alésia (1 m. 54 d'écartement), Espérandieu, Bulletin arch., 1914,
p. 175; autres exemples de « voies à rainures », Caillemer, Congres arch. de Vienne,
1879, p. 277 et s.; sur les chéraux ou rainures des vieux chemins dans la région
rocheuse de la Meuse, de Loë et Rahir, Ann. de la Soc. d'Arch. de Bruxelles, 1907,
XXI, p. 355 et s.; dans les Vosges et les Alpes, p. 108, n. 7.
2. P. 112, n. 5.
La question est même de savoir si, dans certains cas, les ornières des routes
3.
de la Gaule n'ont pas été préparées de main d'homme, comme les « voies à rai-
nures » des anciens Grecs.
4. « Relevés sur hautes terrasses », Bergier, I, p. 248; « véritable mur horizontal
solidement maçonné », Debauve, Guide du construcleur, II, p. 501 (2' éd. \", p. 499). ;
C'est l'impression que veut donner Stace, Silves, IV, 3, 40-53 {saxa ligant, etc.).
no LES GRANDES ROUTES.
plus '.
et summo greiniam parare dorso, ne nutent sola, ne mal'ujna scdes det pressis dubium
oublie saxis.
2. Ce béton, qui manijue s'il s'agit d'un sol rocheux, est nécessaire dans les
parcours marécageux, par exemple aux abords d'Auxerre (Quanlin et Boucheron,
p. 21); c'est le « ciment de chaux et d'arène » à la traversée des marais de la Vesle
(Bergier, 1, p. 181); etc. Le béton n'exclut pas le hérisson, qui suit, mais le com-
plète et le fortilie dans ces cas-là.
3. Bergier,181; Gautier, p. 7; Quanlin et Boucheron, p. 56; de Fontenay,
1, p.
1. Cf. p. 110, n. 2, p. 121.Le hérisson peut disparaître dans les endroits solides;
mais le remplissage de pierraille n'y atteint pas moins, parfois, jusqu'à un mèlre.
2. Cf. p. lus, n. 5.
3. Trois pieds, disait Bergier (p. 183); mais on a trouvé beaucoup plus.
4. Cf. Stace, ici, p. 110, n. 1; Vitruve, VII, l, 1.
5. Bergier, I, Es grands chemins de nostre Gaule Belgique... les fon-
p. 254 : >
dations sont munies de part et d'autre de grosses pierres, dont les moindres
pèsent vingt ou trente livres, et aucunes plus de cent. Ces gros cailloux sont
arrangés au cordeau, sans que l'un passe ou desborde l'autre; et sont tellement
alliez ensemble, qu'ils tiennent en état, non seulement lesdites fondations,
auxquelles ils sont plus particulièrement affectez, mais aussi... autres couches. »
I, p. 602 « La plus basse [des couches] est bordée de part et d'autre de grosses
:
crebris iter alligare gomphis. Bergier (I, p. 143) interprète gomphi par « agrafes de
fer » joignant les pierres de trottoir ou umbones.
6. Gautier, p. 7; etc.
7. Ici, n.5;cf. p. 121, n.3 et 4. Voyez l'excelleate description de la route romaine,
\
déjà faite au milieu du xvi* siècle par Louis Guichardia à propos de celles de
Belgique Vestigia continuati et cohœrentis mûri, qui el viam utrimque muniveril, et
:
quo marginata ipsa, pulvilli sea aggeris speciern obtinuerlt (Omnium Belgii, éd. latine
de 1613, p. 306).
1. L'épaisseur moyenne de nos routes nationales est tombée de 0,134 à 0,131 ;
Chambre des Députés, VU" lég., n° 601, Rapport du Budget, 1899, Travaux publics, p. 01.
2. De là, l'expression de agger,agger vise, pour désigner le corps même, le centre
5. Voyez les inscriptions des miiliaires (p. 122 et s.). Cela explique en partie le
temps qui fut mis sous Auguste à refaire la route du Midi (p. 84, n. 1).
6. Margines, crepidines, umbones ils doivent souvent former l'étage supérieur
:
nulle part qu'elle fût plantée d'ari)res : sur les routes comme
dans les villes ^ l'Etat se souciait peu de cette forme de l'élé-
n. 7). Pasumot a constaté (p. 31) que « la voie romaine présente une èminence
qui facilite l'écoulement des eaux à droite et à gauche ». Voyez la coupe d'une
voie à Autun (Soc. Édiienne, n. s., I, 1872, pi. de la p. 354).
5. Page 5.5.
6. « Henry II est le premier qui ait ordonné de planter des arbres le long des
de G m. esta peu près nécessaire pour que deux voitures puissent se rencontrer
sans risquer d'accrocher et sans être obligées de ralentir » (Baron, p. 24).
T. V. — 8
114 LES GRANDES ROUTES.
ce texte puisse s'appli(iiier aux routes impériales). Ce devait être la largeur dans
les routes de montagnes. Voici le principe actuel « en général, les chaussées se
:
p. 24).
3. 2',) pieds de pavé, Bergier, 1, p. 002; 7 mètres d'empierrement sur la route
de Sens à Orléans (Quantin et Boucheron, p. 2'J), laquelle n'est pas une voie
maîtresse; 5 mètres de pavage sur la voie Aurélienne entre Aix et Arles (Gilles,
p. 72). —
Cela répond assez aux largeurs constatées pour les rues principales des
villes (ici, p. .")3-5i).
4. N. 2 et 0. Je me demande même si le principe de la largeur totale de
GO pieds, lixé par l'ancienne Monarchie, ne résulte pas, en dernière analyse, de la
constatation faite sur les voies romaines (ici, n. 5).
§ 719, éd. Salmon « Li chemin que Juliens Césars fist fere ... de lxiiii [var. lx]
:
20 mètres mesurés entre fossés sur la route de Sens à Orléans (Quantin et Bou-
cheron, p. 20). —
L'arrêt du Conseil du 3 mai 1720 fixait la largeur des grands
chemiui à 00 pieds {Traité de la Police, lY, p. 476).
0. Dans ce cas, la comparaison peut se faire avec nos routes nationales hahi-
parapets ^ — Dans les pays de plaine, elle évitait, sauf les cas
près de Bienne (Léger, p. 166; G. /. L., Xlli, 5166) il est vrai qu'on a soutenu :
que l'ouverture avait été produite naturellement par les eaux (de Saussure, Voy.
dans les Alpes, II, 1787, § 331), et tout au plus élargie par les Gallo-Romains. De —
toutes les œuvres d'art que comportaient les routes, les tranchées, qui rendent la
marche plus rapide, étaient de beaucoup les plus familières aux Bomains; en
Gaule, XII, 1524 (viarum usuin cœsis utriinqne monliuni lateribus), 2555 (ici, n. 5).
4. Les ingénieurs romains savaient, dès l'origine, qu'une route devait cire
beaucoup plus large aux tournants (p. 113, n. 8).
5. Tout ceci ne peut être une conclusion absolue. Sur la voie de Vienne à l'Isère
les inondations -.
1. Voyez par exemple la route de Paris à Sens par la rive gauche, laquelle
partait de la rue Gaiande, gravissait la montagne Sainte-Geneviève par la rue
de ce nom, viens Magnas au Moyen Age (plutôt que par la rue Lhomond), la
descendait par la rue MoulTetard et gagnait ensuite, pour s'y tenir, la ligne du
plateau depuis Villejuif (Dubuisson-Aubenay, Itinéraire de Brie, IGiG et IGiT, ms.
de la Bibl. Maz. 4403, b 123 r") depuis Villejuif jusqu'à Juvisy, chemin « très
:
4. Cela fut remarqué dès r>)rigine (de Beaumanoir, § 719; rectissimum iter, Carolus
Bovillus l^de Bovelles , De hallucinatione Gullicanorun nominuni, 1333. p. 106, etc.);
et les chaussées belges dites de Brunehaut(p, 102, n. 2) sont les meilleurs exemples
qu'on puisse trouver de chaussées reclilignes. Toutefois, en cela comme dans le
reste, il faut se garder d'établir un principe absolu. On pourrait citer nombre de
déviations, provoquées, soit par le désir de prendre et de garder la croupe des
montagnes (p. 16-7), soit par celui d'éviter certains bas-fonds ou marécages ip. 121-
1
122), soit peut-être par la nécessité de rejoindre certaines villes (p. 107, n. 2).
5. Ici, p. 93 et 97; t. I, p. 32-3. —
Voyez, de même, le départ de la route du
Sjmport (p. 93) à Oloron et sa montée par la croupe de Sainte-Croix.
TRACÉS ET ŒUVRES D'àRT. 117
franchira
L'affaire n'allait pas toujours aussi aisément dans ces capri-
cieux pays de montagnes; et il fallait parfois trancher profon-
dément dans le vif du rocher, soit que l'on opérât une brèche,
une coupée, pour faire passer directement une route d'un ver-
sant à l'autre \ soit qu'on entaillât le flanc d'une colline pour y
accrocher le ruban du chemin et l'y faire monter le long des
parois escarpées ^ Mais partout où j'ai pu observer, le lacet est
voie rurale près de Sisleron (C. /. L., XII, 1524); à Dingy-Saint-Clair près d'Annecy,
sur un chemin rural (Xll, 2555; cf. ici, p. 115, n. 5): peut-être à Escot sur la roule
duSomport(C. /. L., XIII, 407); peut-être à Pierre-Pcrlais (p. 115, n. 3). La brèche
dite « la Porte Taillée » à Besancon est bien de l'époque romaine, mais elle a
été faite pour l'aqueduc. Cf. p. 115, n. 3.
5. Ici, p. 115, n. 5.
H8 LES GRANDES ROUTES.
la frontière, ils n'y ont recouru qu'en face des villes militaires,
rieur du pays, il n'y eut pas, à cet égard, un réel progrès sur
l'époque de l'indépendance* : le pont en bois fut remplacé par
un pont de pierre, et ce fut tout^ Sur aucun de nos quatre
fleuves, on n'entreprit de beaux travaux d'art au croisement
des grandes routes ^ Point de pont ni à Bordeaux sur la
1. Strabon (IV, 1, 12) signale les ennuis que, sur la roule du Genèvre au
{Paneg., VII [VI], 13; cL Westd. Zeiischrift, V, 1886, p. 238 et s.; Rlinkenberg,
p. 345 et s.).
4. Voyez ce que les Gaulois ont fait comme ponts, t. IL p. 230-2. Des constata-
tions semblables, qui ne sont pas à l'honneur de l'Empire, ont été faites en Grèce
et en Asie (Mommsen, /?. G., V, p. 269 et 330), et je ne crois pas qu'il faille en
incriminer seulement le gouvernement du sénat.
5. Encore remarquons que, sous Julien, les deux ponts de Paris sont toujours
en bois, ^-j/.'.vai vlcp-jpai (p. 340, Sp.) il est vrai que les ponts de pierre ont pu
;
être détruits par précaution lors des invasions de 275-6 (t. IV, p. 600-1). Strabon
mentionne des ponts en bois sur la grande route du Genèvre au Pertus (IV, I, 12).
CL n. 1.
piliers du pont de Trêves sur la Moselle (190 m.; on a supposé qu'il ne date
TRACES ET ŒUVRES D AUT. il9
que de Constantin, ayant alors remplacé un pont en bois c'est douteux); les :
restes du pont de Cob'ientz sur la Moselle {Westd. Zcitschrifl, XVII, 1898, p. 2.36);
le pont des Esclapes près de Fréjus {via Aurélia, sur une dérivation de l'Argens?);
à Vaison sur l'Ouvèze: à Anibrussum (Pont-Ambroix, via Domilia, C. I. /.., XII, 5648)
sur le Vidourle;pont dit de Battant sur le Doubs à Besancon (aujourd'hui
le
enfermé dans l'oeuvre du pont moderne); le pont Flavien de Saint-Chamas
(C. /. L.,X1I, 647) sur la Touloubre, passat^e d'une roule directe d'Arles à MarseiJle
(p. 94, n. 3), avec un arc à chaque extrémité; le pont Julien, près d'Apt, sur le
Calavon (roule du Genèvre) à Jaulnes, les massifs en maçonnerie du pont, sur
;
n" 1032, 11, p. 312, Bémont). sur la rive droite, en face la gare du Midi, là où pré-
cisément le chemin de
fer traverse aujourd'hui le fleuve ce qui s'explique par :
la possibilitéde gagner plus vite la ligfte des coteaux de la rive droite, en évi-
tant le plus possible les marais de La Bastide. C'est bien la route romaine qui
est décrite dans le premier document magnum itcr quo ilur a porta de Trajet
:
1. P. IIS, n. ri.
.\ge, mais qui a dû servir à l'Aiiliquilé, sur la route de Toulouse {vadus de Pctra
Longa; Rôles Gascons, II, n° 1, p. 2, Bémont). Gué de Saint-Léonard sur la Mayenne,
prés de Mayenne l'utilisation de ce gué à Tépoque romaine (route du Mans et
:
1. Pour TarascoD, Rev. des El. anc, 1907, p. 21 et s.; pour Bordeaux, Arch.
départ, de la Gironde, C, •'3715 [Inventaire sommaire, p. 140], 42Go [p. 105] (commu-
nications de P. Courleault).
2. Toutefois, on a remar(iué (Quantin et Boucheron, p. 39) certains détours faits
par les routes pour contourner des marécages. Il est d'ailleurs possible que —
bien de ces routes sur marais aient déjà été tracées et bâties sur pilotis par les
Gaulois; cf. César, Vil, 57, 4 (sur la route de Sens à Paris, aux marais de
l'Essonne les Gaulois ont dû, pour arrêter les Romains, couper la route à cet
:
endroit).
3. Chemin de la Vie [via] dans les marais de Monferrand entre Garonne et
Dordogne « sur un banc très épais de tourbe, qui forme le sol du marais, les
:
Le long des routes, tout ainsi que dans les grandes villes, il
1. P. 121, n. 3 et 4,
2. Longi pontes; Tac, Ann., I, G3 (cf. t. IV, p. 114). Voyez les nombreuses loca-
lités dites « Pont-Long » et surtout « Long-Pont ».
3. P. 121, n. 3.
4. P. 119, n. 1.
5. dernier lieu, Ilirschfeld, travail cité t. IV, p. 283, n. 5, et réimprimé dans
En
ses Kleine Schriflen, 1913, p. 703 ets. Aussi, Mommsen, Ges. Schr., V, 63 et s. [écrit
en 1877]; G. J. Laing, Boman Milestones und Ihc Capila vianim {Trans. and Proc. of
the American Phil. Ass., 1908, XXXIX).
6. On ajoutait parfois le nom du magistrat, le gouverneur, chargé de la réfec-
tion de la route; C. /. L., XII, 5430-2; XllI. 9082, 0031.
7. D'ailleurs, fort souvent, le nom de l'empereur et ses titres n'étaient accom-
pagnés d'aucune autre indication, ni de lieu ni de distance : l'inscription se borne
BORNES MILLIAIRES. d23
à les faire suivre de sans plus (XII, 5471-6, etc., surtout au premier siècle),
restituit,
peut-être, il est vrai, parce que des bornes d'autres empereurs, à cùté, donnaient
les indications de distances.
Cela se trouve cependant, mais alors la mention de la station est accom-
i.
pagnée de celle d'un chef-lieu (XIII, 8911, 8922). Par exception, le milliaire
d'.411ichamps (8922), au croisement de la route de Néris à Bourges et d'un chemin
vers Chàteaumeillant, indique la distance à Bourges, le chef-lieu, à Néris et à
Ghàleaumeillant. Ceci, dis-je, est exceptionnel car en principe le milliaire
:
les distances sont parfois marquées d'un chef-lien voisin, plus important et tète
de ligne (n. 4). Distance marquée depuis Marseille sur le territoire d'Arles?
(p. 94, n. 3). Distance marquée depuis un simple vicus, Blaye (p. 92, n. 4). De
même, p. 104, n. I (mais il ne s'agit pas d'une route militairi').
3. Fines (XIII, 8927 et 3.\ C'est une habitude propre, semble-t-il, aux Pictons.
— Milliaire de Prégilberl chez les Éduens, 9023.
4. Sur la via Domilia, dans la direction de Tarascon à Narbonne, les milliaires
sont marqués depuis Nimes sur le parcours de Nîmes à Tarascon, depuis Nar-
bonne sur le trajet de Narbonne à Nîmes (sauf à partir de la réfection de la roule
par Antonin en 143, où Nîmes fut, au moins sur son territoire, tète d'itinéraire).
5. Sur la via Jalia Augusta, de Plaisance au Yar (C. /. L., V, p. 9o3 et s.). Sur
la via Doniitia entre Narbonne et le Pertus (XII, 3068), et sur la route de Nar-
bonne à Toulouse (XII. 3671). la distance de Rome est marquée en plus de celle de
Narbonne. Comme ce sont des milliaires d'Auguste, on peut croire qu'on s'y sera
conformé à une tradition des temps républicains. Il est même à remarquer qu'on
donne sur chacun de ces milliaires deux chiffres pour cette distance de Rome
(différents de 19 milles; p. 95, n. 4). J'ai peine à croire qu'il ne s'agisse pas de la
route la plus courte, par la via Domitia et la via Aurélia. —
Il n'y a pas lieu de
tions nationales \
1. T. IV, p. 283.
2. Milliairos de Claude et de Gordien (XII, 8900 et 8901). Bornes de Claude,
Nerva Trajan à cùlé, 9143-7. Les bornes d'âges si différents qu'on trouve pêlc-
et
inèle dans les remparts des villes (Rennes, 8952-09; Baycux, 8979-89), ont dû
être enlevées en même temps des roules et s'y trouver par consé([uent ensemble.
3. Encore sont-ce moins des inscriptions indiquant les directions des chemins
que récapitulant les routes (jui traversaient les cités milliaire d'Autun, antérieur
:
à 200 (XIII, 26SI), qui parait indiquer la roule de Boulogne par Auxerre (avec
embranchements) et celle de Cologne par Langres; milliaire de Tongres, posté-
rieur à 200 (XIII, 9138), indiquant la roule de Tongres en Italie par Cologne et
Strasbourg, de Tongres à Reims et de là à Boulogne, peut-être aussi de Tongres
à Boulogne par Bavai et Arras (p. 97, n. 5; p. 99, n. 1, et p. 89; p. 97, n. G);
autre fragment de ce genre, trouvé dans le pays de Trêves, XIII, 4083.
CONSTRUCTIONS QUI BORDENT LA ROUTE. I2K
marquant les distances, les relais et les gîtes'; des cartes itiné-
raires, où les mêmes indications étaient écrites ou dessinées -.
1. Itinéraire dit d'Antonin; cf. t. IV, p. 533. C'est un extrait, fort incohérent,
d'un routier officiel contemporain d'Antonin Garacalla, extrait fait très tardive-
ment, pour marquer (en ce qui concerne la Gaule) surtout les routes d'Italie en
Bretagne et au Hhin, et de ces trois régions en Espagne; mais même en se pla-
çant à ce point de vue, il y a des lacunes incompréhensibles, comme d'Orléans
à Poitiers, de Chalon à Besancon, de Clialon à Langres (cf. Desjardius, IV, pi. 8).
C'est un des documents les plus médiocres que nous ait laissé l'Antiquité. Do—
routiers semblables à celui (ju'a utilisé l'Itinéraire Antonin dérivent 1" un très
:
grand nombre d'indications de noms (datant, je crois, du m" ou du iv" siècle) dans
l'Anonyme de Bavenne, écrit vers 700 {Ravcnnalis anonymi Cosniographia, Pindcr
et Parthey, 1800); 2" les inscriplions citées p. 124, n. 3; 3" les itinéraires (de
Cadix
aux Aquœ de Vicarello par Domilia et le Genèvre) tracés vers l'an 100 sur les
la via
quatre vases de Vicarello (G. /. L., XI, p. 496 et s.; Uesjardins, IV, p. 1 et s.);
4° et, à une époque bien plus tardive, en 333, l'Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem
par le Genèvre (édité à la suite de l'Itinéraire Antonin, Itin. Antonini Aug., Parthcv
et Pinder, 1848, et par Geyer, Itinera Hierosolymilana, 1898, dans le Corpus
Scr. Eccl. Lai. de Vienne, X.\.>l1X). —
Voyez en particulier Kubitschek, Eine Rœmis-
che Kartc, dans Œst. Arch. Imt., V, 19Û2 il a le tort, je crois, de
les Jahreshefte des :
ramener tous ces documents à une carte; le texte de Végèce (III, G, viaruni ijua-
lilas, etc.), montre qu'il y avait des routiers écrits, et suffisamment descriptifs.
2. Table dite de Peulinger; cf. t. IV, p. 5-33. —En principe, également contem-
poraine de Caraealla mais il s'agit encore d'une copie tardive et très arbitrai-
:
rement faite. Le motif qui a présidé au choix des routes échappe plus encore que
pour l'Itinéraire (cf. Desjardins, IV, pi. 10) je ne peux que rappeler (p. 44, n. 1)
:
p. 90, n. 0), Nîmes, Arles; sauf deux, ces gîtes correspondent à des villes, et
toutes chefs-lieux de cités. Gela fait 11 mansiones pour environ 550 kilomètres
(Itin., p. 549-553).
4. Par exemple, les Prœtoria cités n. 1.
5. Par exemple les Tabernœ, à 14 lieues (31 kil.) de Strasbourg, aujourd'hui
Saverne, sur la voie romaine de Metz et Reims (It., p. 240; ce sont les Très Tabernœ
d'Ammien, XVI, II, 11; XVII, 1, 1); les Tabernœ, Uheinzabera, sur la route entre
Strasbourg et Spire.
G. Mutaliones. Les slabula sont en principe des écuries pour chevaux, en parti-
culier de la poste le mot a pu signifier aussi auberge. La mention de stations
:
Ad Ilorrea (par exemple sur la voie entre Anlibas et Fréjus [vers La Napoulc?
ou plutôt dans le bas pays de Mougins, campus de Orreis, CarLulaire de Lérins,
p. 96 et I.jG], Itin., p. 297) indique la présence sur ces routes de grands greniers
publics, peut-être comme dépôts de concentration de blés, de vins ou d'huiles
achetés par l'État.
7. L'Itinéraire de Jérusalem est précieux à consulter à cet égard, car il marque
tous les rolais départ de Bordeaux, premier relais à La Brède (7 lieues, 10 à
:
CONSTRUCTIONS QUI BORDENT LA ROUTE, 127
à Arles (It., p. 532), était peut-être un pont à péaj^e (le pont de Saint-Gilles [?]
sur le Petit Rhùne). où on payait soit un droit de passage soit un droit d'entrée à
la frontière des pays d'Arles et de Nimes. Cf. ici, p. 128, n. 3.
; on le
1. T. VI, cil. 1. De même aussi les ponts (cf. p. 74, n. 3-4), les gués (voyez
l'expression de Augasloritum), les trajcctus.
2. Cf. p. 132, 4(3, 40.
3. Finibus etloci (XHI, 7732, frontière des deux Germanies et de deux
Gcnio
cités); XII, 75, dco Mercurio fiiiiliino [?]; XIII, 0127, Concordiœ diiaruin stalioniim, à
la frontière des Némètes et des Vangions; remarquez la station de Concordia à
la frontière des Triboques et des Némètes (Itin., p. 233). —
11 est possible que, au
passage de la frontière par une route, chaque civitas eut sa stalio, lieu de prières,
gite d étapes, villa pour hùles ou poste d'octroi ou de police.
4. T. II, p. 54 et 232-3. Même au Grand Saint-Bernard on a trouvé quantité de
monnaies celtiques aux abords du temple de Jupiter Pœninas; E. Ferrero, Le
Monete Galliche del Medagliere ddV Ospizio, dans les Mcmorie délia R. Accad. ... di
Toriiio, IP s., XLl. 1891.
5. La consécration au Mercure du Donon d'une route et de ses milliaires est
très siguilicative (p. 104, n. 1). De même, une route municipale, chez les Hel-
vètes, est consacrée Nuinini Augustorum (XIII, 5106). Dans un certain sens, on
dira que les milliaires au nom de l'empereur lui consacrent également la route.
0. Ici, p. 67-08.
7. C /. L., XIII, 1440 (réserves à faire).
TRAVAUX SUR VOIES PLUVIALES. 129
1. Ici, p. 122 et s.
publiée miiniuntur et auctorum noinina optinent (Grom. vet., p. 146). C'est en partie
pour cela que, de très bonne heure, le folk-lore a appliqué le nom de César aux
routes romaines {via Cœsaris, Sidoine, Epist., I, 5, 5; via Csesarea, en 533, testa-
ment de saint Rémi, Pardessus, p. 87).
3. Voyez le livre de Honnard cité p. 81, lin de la n. 1.
T. V. — 9
130 LES C.HANDKS IIOUTES.
avait qu'à profiter de la paix romaine pour l'imiter sur tous les
fleuves. On y pensa un instant : sous le règne de Néron, un
légat de Germanie entreprit de réunir l'une à l'autre la Moselle
charpentes.
3. T. IV, p. 104, n. 3; garages, arsenaux et chantiers étaient surtout du côté de
1. Strabon, IV, 1, 8, parle des difficultés du canal : "Oaio; o-jv ïii [itm ô-jasi(7T:).oa
Sci TE Tr^v /aPpÔTTrjTa y.al Tr^y TTOôir/foaiv tv/ 'a7i£'.vûTY)Ta t?,? -/wpa?, (otte
xo:i \i.-f]
xaQopâaÔat (jlyiq' £Yyù; àv Taf; o-jo-aspîatç. L'Itinéraire maritime (It. Ant., p. 507)
indique comme route, de Marseille à Arles, le Grand Rliône {ad gradum Massili-
tanorum); de môme, Ammien, XV, 11, 18. Toutefois, l'importance que conserve la
localité de Fos (Fossx Marianx) au débouché du canal, sa mention constante dans
les itinéraires, la présence à cet endroit, sur la Table de Peutinger, d'une image
singulière (portique ou même pont?), peuvent faire supposer que le canal n'a
jamais été complètement abandonné; l'importance d'Arles, comme centre de
navigation, exigeait d'ailleurs le maintien de ce canal. Le canal de dérivation —
de l'Argens dans le port de Fréjus, s'il est prouvé, se rattache également aux
nécessités du port militaire (p. 134).
2. 11 est bon cependant de rappeler qu'au point de vue de la navigation, de l'usage
des eaux, de l'entretien des bords, il y avait une législation minutieuse et sans
doute tracassière; Digeste, XLIII, 12-15. —
On signale des ports privés ou de
domaines (XII, 3313), et il devait par suite y avoir des ports municipaux et peut-
être aussi des ports d'État.
3. Cf. p. 118 et s., 132 et s.. 136 et s., 160 et s., 168 et s., t. VI. ch. VIII.
4. T. 1, p. 519-520, 129, 132, 175-6.
5. Les itinéraires maritimes énumèrent comme petits ports à l'est de Nice,
Monaco (Hercle Manico), Avisio (Beaulieu ?), Anao (Saint-Jean ?), Olivula (Ville-
franche?). Entre Nice et Antibes, Melaconditia (= Micalo colonia Diceorum; Anon.,
IV, 28; V, 3), qui paraît dissimuler, soit le port de Gagnes, soit Voppidum des Déciates
(cf. t. I, p. 521). Il remarquable que Nice est appelée plagia [la grève des deux
est
cùlés du Paillon] et non portas; Itinéraire Antonin, p. 503-4; Anonyme de Ravenne,
IV, 28; V, 3 : ce sont des documents extraits de guides pour caboteurs. Cf. p. 125. —
TRAVAUX SUR VOIES MARITIMES. 133
séjours de terre. Rien n'a été fait par l'Etat dans leurs ports, et
pas davantage à Toulon"-, à Sana^y^ à La Ciotat* ou à Cassis".
à Agde *-
ou à Port-Vendres '^
; et on sent bien que l'Etat se désin-
téresse de leur vie maritime. Ainsi que tous les Empires trop
puissants, il n'a cure des intérêts de petites bourgades, et les
1. Ou, plulùt, Olbia (cf. t. I, p. 397), qui est aux ruines de La Manarre; cf. de
Gérin-Ricard, Revue des Et. anc, 1910, p. 73; de Poitevin de Maureillan, Pompo-
niana, 1907. —
Entre Fréjus et Toulon, la plagia du Sambracilanus sinus (le golfe de
Grimaud?), le port à.'HeracUa Caccabaria (Saint-Tropez?), portas ou plagia Alconis
(Gavalaire ou Le Lavandou?), Pomponianœ (dans la rade d'Hyères?). Cf. t. I,
p. 398, n. 5.
2. que comme station de cabotage (Itin., p. 505; Anon.,
Telo Martius; n'est cité
IV, 28). Le nom, en apparence, indique un péage; mais je ne vois ni la route ni la
frontière; et puis, pourquoi cette épithèle militaire? Toulon servait peut-être
d'annexé extrême à Arles, à la civitas de laquelle il appartenait. 11 y aura plus —
tard là un procurator bafii, autrement dit un administrateur impérial des teintu-
reries de pourpre (A'o<., Occ, 11, 72) ce nom de Telo rappellerait-il un mono-
:
est vrai qu'à Fréjus^ Auguste fit exécuter une œuvre considé-
rable : un chenal de plus de mille mètres, allant de la mer au
pied de la colline qui reçut la nouvelle cité, et là, creusé de main
d'homme en pleine terre, un port intérieur de cinq cents mètres
être tout au plus d'une lanterne pour éclairer le port (dessin de l'eiresc apud
Léger, pi. 8, flg. 9; j'ai vainement cherché l'original de ce dessin).
4. Ni même, à vrai dire, la moindre trace d'inscription ou de monument relatifs
est certainement très ancienne, se rattache à l'existence d'un phare sur la col-
line de ce nom, à l'entrée du port, de l'autre côté de la ville, il ne parait point
douteux que ce phare ne soit de l'époque grecque, des temps de l'indépendance.
5. Ribliographie, t. VI, ch. V.
G. Au phare de haute mer), dont les ruines
la bulte Saint-.4nloine (destinée à la
ont été vues hautes Jusqu'à 2.5 mètres (prés de 32 au-dessus du niveau de la
mer); à la lanterne de l'entrée (sur une hase circulaire une tour octogonale cou-
verte en pyramide) il faut ajouter le phare de mer, situé sur l'îlot du Lion-
;
nissaient des abris naturels qui furent -sans doute améliorés; des
1. P. 131.
La dernière trace. Ires vague, de la (lotte de Fréjus est une inscription qui
2.
peut être contemporaine de Marc-Aurèle (C. /. L., XII, 258); mais il est possible
qu'elle ait dispara beaucoup plus tùt. Elle existe en tout cas à l'avènement de
Vespasien (t. IV, p. 198-9).
3. Apollinaire, parlant des monuments de Narbonne,
Remarquez que Sidoine
ne presque rien se référant à ses ports {insulis, salinis, stagnis, Jlumine, merce,
dit
ponte, ponlo, et c'est tout; Cannina, 23, 4.3-4).
4. Rou/.aud, dans ses minutieuses recherches, les premières vraiment sérieuses
(i\ole sur les ports antiques de Narbonne, 1917, Bull, de la Commission arch.; docu-
ments, travau.x et mémoires qu'il a bien voulu me communiquer) n'a constaté
aucun 1res gros travail d'ingénieur, mais seulement l'ulilisalion de sites natu-
rels 1" un grand port des arrivages maritimes à Cauquène (Cancana, île Sainte-
:
Lucie, sur l'étang de Sigean; 2" un port des allèges sur l'Aude à Narbonne même
près du pont; 3° un port d'étang à Capelles au fond de l'étang de Bages; 4" un
très grand port, peut être le principal, au fond de l'étang de Campignol, joignant
l'étang de Gruissan: 5" un canal de jonction (rohina antiqaa) entre les étangs de
l'Ayrolle et de Sigean; 6° sans doute des quais le long de r.\ude. Ce sont peut-
être des constructions navales de Narbonne, quai et lanterne (ou tour à machine
de déchargement), qui sont figurées, d'ailleurs assez grossièrement, sur la mosaïque
des Narbonenses à Ostie (.\otizie degli Scavi. 1916, p. 327).
136 LES GRANDES ROUTES.
il est vrai que Narbonne était moins utile que ces deux villes
à Rome et à l'empereur.
Ce fut tout aussi mal sur l'Océan. Si nous partons de la
trouvé la moindre trace d'un travail quelconque des Romains. Jusqu'à nouvel
ordre, Bayonne n'offre rien de plus ancien que sa muraille du Bas Empire (t. IV,
p. 594). Ce qu'il y a de plus curieux sur ce rivage est encore la villa maritime
d'Andernos, au fond du bassin d'Arcachon.
2. P. 130, n. 1. —
Comme dépendances du port de Bordeau.x Blaye ou Blavia, :
qui appartient à sa cité, et peut-èlre Royan (Novioregum?, Itin., p. 459), qui appar-
tient aux Santons (n. 5).
3. Cité d'ailleurs par les itinératres maritimes.: Cordano, Anon. de Ravenne,
Y, 33. Les plus anciens feux mentionnés sont au xi" siècle (t. \, p. 9, n. 4).
4. Savrôvwv a/.pov, Ptolémée, II, 7, 1.
5. Après bien des hésitations, j'accepterai l'existence d'un ïlavTÔvwv ),i(j.r|V (voyez
certains manuscrits de Plolémée, II, 7, 1), et je le placerai à Royan (ici, n. 2)
et à la rigueur à La Rochelle. J'ai d'ailleurs peine à croire que le peuple des
Santons, très adonné aux choses de la mer (t. 11, p. 497; t. III, p. 292), très intel-
ligent, très industrieux, n'ait pas utilisé l'admirable rade de La Rochelle, la vraie
maîtresse de cette mer; et ce qui achève de me le faire croire, c'est que le grand
chemin de Limoges a Aulnay (p. 92, n. 2), prolongé en direclion rectiligne,
menait à La Rochelle. Chàtelaillon et surtout Fouras sont encore possibles comme
anciens ports.
6. La Vendée dépendait des Pictons, dont César utilisa les services maritimes
(t. m, p. 292). Plolémée fait connaître un port picton qu'il appelle "Li-nôp (Ij, 7, 1)
et qui doit être Les Sables, le meilleur port de la Vendée, à la rigueur Saint-
Gilles-sur-Vie (Pornic me semble impossible).
7. Cf. n. 5.
rique élait le pays de l'Atlantique le plus riche en ports, ce que confirme l'éventail
de routes partant de Carhaix pour desservir les rivages (p. 91, n. 5). Tous ces
rivages d'ailleurs sont extrêmement riches en raines romaines; cf. de La Bor-
derie, flist. de Bretagne, I, 1S9G, p. 78 et s.
1. Cf. p. 91, n. :j. 4, o. Mais il est probable (jue les tracés de ces routes sont
antérieurs à Rome (cf. p. iOO et ici, n. 2).
Classis Sambrica [la Somme et non la Sambrc] in loco Qiiartensi sive Ilornensi [vers
Saint-Vnlery, le cap llornu et le Groloy, c'est le port des kmhicn?,]; porlii Epaliaci
[Étaples?, qui a dû êlre d'ailleurs une station navale: on a sonpé aussi au Tré-
port]. — De la même manière, à l'est de Roulopne, il est visible qu'il y a nombre de
ports assez importants, soit à cause des pcclicrics(C. cause /. L., XUI, 8830), soit à
des passiges en Angleterre: Ambieteuse (t. III, p. 337, n. 8); Sangatto, qu'un vieux
chemin Crunehaul réunit à Arras (p. 102, n. 2); Wissant (plus douteux); Mardyck,
qui doit être le Marcis [ablatif pluriel?] porlus où la Notilia dignitalum place une
garnison {Occ, 38), et qu'une très vieille route réunit directement à Ca-sel, le
chef-lieu des Ménapes, dontMardyck a dû être le port. Nous continuons donc à —
constater, sur toute la ligne de l'Océan, que chaque civilas a son port, réuni à son
chef-lieu par une route directe et militaire. Et cette situation comme ces routes
doivent remonter plus haut que la conquête d'aulnnt [dus qu'aucun de ces petits
:
phares de Douvres.
5. Encore devons-nous ajouter que, si l'existence de ces travaux résulte de tout
ce que nous savons de l'hisloire de Boulogne, il n'en a pas été constaté de traces
TRAVAUX SUR VOIES MARITIMES. 139
guider les navigateurs plus que n'importe quelle construction du rivage. En der-
nier lieu, voir les travaux de C.-J. Formigé, Ac. des Inscr., C. r., 1910, p. 76
et 509.
140 LES^GRANDES ROUTES.
LA CIRCULATION
toute la durée de l'Empire, plus forte, plus variée qu'à nul autre
relâche.
1. Galigula (t. IV, p. 164, n. 2); Claude (t. IV, p. 169); le retour des soldats de
Bretagne en 61) (t. IV, p. 197, n. 1); Hadrien (t. IV, p. 471, n. 2); Albinus (t. IV,
p. 515); Septime Sévère (t. IV, p. 517-8 et 530-1); Télricus et Aurélien (t. IV,
p. 5'Jl); etc. — De l'importance que prit sur celte route le pont de Châlons sur
là,
la Marne, à mi-chemin entre les Alpes et l'Océan (cf. t. IV, p. 591). Il ne faut —
d'ailleurs pas oublier que cette roule fut une de celles que prenaient jadis les
caravanes de des marchands italiens ou marseillais (t. II, p. 485, n. 9).
l'étain et
— Ajoutez de Germanie en Bretagne et inversement par Cologne et Bavai
le trajet
(p. 97, n. 6; t. IV. p. 211), n. 6) ou par Mayence, Trêves et Reims (p. 99, n. 1 et 2).
2. Cf. la route de Septime Sévère, t. IV, p. 515.
3. Cf. t. IV, p. 51, note.
4. T. IV, p. 188-190, 196.
0. Sans doute Agrippa, Drusus, etc., et tous les empereurs qui ont séjourné à
Lyon (cf. p. 147, u. 6).
6. Ou le Somport. Ici, p. 93. Je suppose le passage d'Auguste par Roncevaux
en 20 ou 25 av. J.-C, à cause des affaires des Canlabres (t. IV, p. 64).
7. Hadrien (t. IV, p. 471, n. 2); sans doute Auguste (cf. t. IV, p. 55, n. 8).
8. Ajoutez l'attraction de Tarragone, la grande ville impériale de l'Espagne. —
Quand on regarde sur la carte le réseau des routes italiennes, on s'aperçoit aus-
sitôt des motifs qui ont fait construire par Augusle, en 13-12 av. J.-C, la fameuse
via JiUia Augusla, de Plaisance à Nice par le col de Cadibone (C /. L., V, p. 953
LES ROUTES LES PLUS PASSAGERES. 143
c'est pour cela que tous les prétendants à l'Empire ont voulu,
après Rome, tenir Lyon ^
et s.; ici, p. 94, n. 2, p. 84, n. 1) cette route, qui conlinuait une route venant
:
de Vérone, servait aux communications rapides entre le Danulie (soit par la voie
d'Aquilée, soit par celle de Trente), la Gaule du Midi et l'Espagne.
1. P. 97-8; t. VI, ch. YI.
2. Outre les proconsuls (t. III, p. 104, 109-110 et 116-7, 578 et 585, 600 et 602),
Pollion en 43 (t. IV, p. 51, note). Galba et ses courriers (t. IV, p. 184, n. 3 et 4),
et sans doute Auguste (t. IV, p. 55, n. 8) et Hadrien (t. IV, p. 471).
3. T. I, p. 225-6.
4. Cf. t.V, p. 94 et 95.
5. Voyez les séjours à Lyon d'empereurs ou de prétendants à l'Empire (p. 147,
n. 6). — Lyon comme carrefour d'Empire était doublé 1° par Chalon, où la route
:
de Lyon à Langres vers Boulogne d'un côté et vers le Rhin inférieur de l'autre
se détacliait de la route directe de Lyon vers le Rhin supérieur par Besançon
(p. 88, n. 2), sans parler de la route de la Seine par Aulun (p. 90), laquelle ser-
vait aussi à la direction de Boulogne (p. 89, n. 3) ajoutez la fin habituelle de
;
la navigation sur la Saône (p. 102. n. 3); 2° par Langres, où se croisaient cinq
144 LA CIRCULATION.
sur les routes : nous avons déjà parlé et nous reparlerons sou-
vent encore des marchands, des artistes, des ouvriers de tout
pays et de tout rang qui sillonnent les chemins gaulois, en
quête d'une aiïaire, d'une place ou d'une besogne ^
C'est la religion, ensuite, qui occupe le plus ces chemins.
très bonnes voies : celle venant de Lyon (p. SS et 89), celle partant pour Boulogne
partant pour Cologne et le Rhin (p. 88), celle du Grand Saint-Bernard
(p. 89), celle
par Besançon (p. 8G, n. 5), celle du Petit Saint-Be;nard par Genève (p. 80, n. 7).
1. Cf. Dion Cassius, XLIV, 42, 3-5. Voir ici tout le ch. VII.
2. Écrit avant août 1914.
3. Vagus in orbe, assidue loto circu[infcror orbe], dit un Gallo-Romain de Bordeaux ;
sur les chemins de pèlerinages, par exemple au Donon (p. 1(J4, n. 1) ou au puy
de Dôme. —
Dans le même ordre d'idées, rappelons les voyages des délégués et
des dévots aux autels provinciaux de Rome et d'Auguste, voyages qui devaient
entraîner d'assez grands déplacements d'hommes, vu les fêtes qui s'y donnaient,
les dépenses qui s'y faisaient: t. IV, p. 425 et s.
T. V. — 10
146 LA CIRCULATION.
de ceux qui mouraient au loin*'. Aux abords des villes, les théo-
nibal • (t. I, p. 489), 'des « pas d'Hercule » (t. 1, p. 220), des « camps de César »
Gallia littus Oceani prœtentus aquis, ubi fevtar Ulysses, etc. (Claudien, In Ruf., I,
123-4). Et c'est sans aucun doute au.\ mêmes sites que fait allusion Procope, lors-
qu'il parle des « nautoniers des âmes » sur le rivage de l'Armorique; De bello
Gotilico, IV, 20.
Plutarque, De def. or., 18. Cf. p. 6, n. 2.
10. llspl TT^v BpsT-ravîav v/i-rtov slva:, etc.,
11. C. /. L., XII, 155, à Saint-Maurice en Valais
Ronie defuncti... pater infelix :
corpus ejus deportatum hic condidit; XII, 118; XIII, 2181, à Lyon Corpus ab Urbe :
foules en deuil ^
— C'est une question,si Arles, Saint-Gilles, Bordeaux, etc., n'ont pas eu dès l'époque
pedibus venire; Pline, X, 53 Pline est un témoin oculaire (cf. p. ti, n. 2).
:
3. Voyez, t. IV, p. 137 et s., p. 294 et s., les faits de recrutement. Voyez à Amiens
le monument élevé par des soldats de l'armée de Germanie euntes [ad] expedi[lionem]
Britanicain (XIII, 3490).
4. Courriers d'État (XII, 44 iOj; provinciaux (aucun texte); municipaux (p.!71,n.C).
5. C. /. L., VI, 5197; ici, t. IV, p. 422.
pas d'un tel maître, qui visitait toutes choses en curieux, qui
de commerce.
Nous les trouverons donc partout, eux ou leurs marchandises *,
1. T. IV, p. VA-2.
2. Je pense à l'exprejsion de Tacite à propos du passage de Vitellius à Lyon
(Hist., II, 62; ici, t. IV, p. 192), slrepenlibus ab utroque mari itineribus, où il s'agit
surtout de la roule de Bretagne à Rome par Lyon.
3. T. 1, ch. VIII.
4. Cf. p. 320-321, 327 et s.
5. Venant surtout de Lyon; C. I. L., II, 6254, •26[?]; 2912.
6. Bail, arck., 1916, p. 87 (épitaphe d'une Viennoise, morte à Volubilis en
Maroc, où ellea accompagné son mari, officier, sans doute aussi d'origine vien-
noise). — Voyage de Narbonne en Afrique (p. 169, n. 3). —
C'est en Afrique, à la
dirrérence des temps actuels, que les gens de Gaule paraissent avoir le moins élé.
7. De LyonC?), VII, 1334,1 et 14; de Trêves, XIII, 634; VII, 36; de Melz, VU, 55;
Carnute, Eph. epigr,, IX, 995. Mercatores Gallicani, sans doute surtout à Londres,
ici, p. 330, n. 2.
8. A Rome Dion, LVI, 23, 4 (en général); avocats gallo-romains à Rome. t. IV,
:
p. 178, n.2; CI. L.,X1I, 155 (de Saint-Maurice, ici, p. 146. n. 11); VI, 29G88 (Vien-
nois); 29718 (Mmois); 29709 et 20722 (Lyonnais); VI, 11090 (Morvinnicus, .^duus);
VI, 3.302 (Helvète); 15493 (Ambien); 29692 (.Morin). A Bologne, XI, 716 (Carnute).
En Cisalpine, Xlll, 2029 (Trévire); à Milan, p. 338, n. 2, et .Médiomalri(jue ner/o-
tialor sagarius (V, 5929).En route, au Grand Saint-Bernard V, 6887 {labellarius :
de sa nature.
D'autres partaient de leurs foyers comme avaient fait leurs
pères, pour guerroj^er au loin. Beaucoup servirent dans les
bourgs d'Antioche.
Il me semble pourtant que peu à peu le Gaulois se soit lassé
de ces longs voyages si chers à ses ancêtres. Certainement, il
Germanie -.
1. En 360 (Ammion, XX, 4, 10) : Nos qnidein ad orbis ierrarum extrema ut noxii
pellimur et damnali, caritates vero nostrœ Alainannis denuo scrvient.
2. Cf. t. IV, p. 139, 474-5. Quoniam diilcedo vos palriœ relinel, et insueta peregri-
naque metiiUis loca; Ainmien, XX, 4, 16.
3. T. I, p. 313 et s., p. 320 et s. Ce sont d'ailleurs les Belges qui fournissent
(XIII, 2954): à Trêves (XIII, 3656): chez les Lingons (XIII, 5919??); dans les
régions du Uhin (XIII, 6394, 6460. 7007, 7369). Un sagarius de Melz à Milan (V, 5929).
Cf. p. 148. n. 7.
5. A Saint-Berlrand-de-Comminges (XIII, 233); à Éauze (XIII, 542), vestiarius; à
Bordeaux (Xlll, 633; QU, J^egotiator Britanincianus 635); à Lyon ; (XIII, 1911, 1949,
•
6. A Hordeaux (XIII, 607); en Italie (p. 148, n. 8). Bellovaques à Bordeaux (Xlll,
611); à Vienne (XII. 1922). Gens du Vermaudois à Lyon (XII, 1688); en Auvergne
(XIII, 1465); à Cologne (XIII, 8341-2).
7. A Bordeaux (XIII, 628); à Saintes 1035, 1091); à Lyon (XIII, 2008,
(XIII,
sagarius); à Bonn Rindern (cf. t. IV, p. 216, n. 8) les
(XIII, 8104, argentariiis); a.
Rèmes forment sous Néron une colonie assez importante pour avoir son temple i
Mars Camulus (cives Rémi qui teinplum constituerunt, Xlll, 8701).
8. A Bordeaux (Xlll, 631) à Lyon (XIII, 1990, 1991, 1983; 2023, negotiator artis
r
1. Pour ces trois groupes Morins à Nimègue (XIII, 8727) et à Rome (p. 148,
:
n. 8); Nerviens à Cologne (XI 11, 8338, nejotiator pistorius; 8339, 8340), à Nimègue
(XIII, 8725, negûtiator frumentarius), a Saintes (XllI, 1056, manupretiarius burra-
riusl) Tongres en nombre à Vechten (Xlll, 8815) Ménapes à Bordeaux (XIII, 624).
: :
de Belgique, ne sont que des faits isolés. Ils se produisent surtout vers les deux
villes de commerce de Lyon et de Bordeaux.
3. Je néglige les Viennois établis à Lyon (XIII, 1988) ou à Bordeaux (XIII, 636-7) :
Car une fête ou des jeux n'allaient pas sans un appel aux cités
foule des grands jeux, et ils n'évitaient ses colères qu'en cédant
V. — LE CHARROI
4. Cf.à Paris en 360, Ammien,. XX, 9, 6-7; à Aulun en 350, Zosime, II, 42, 6-7.
5.80Û0 kilogr.; Bazin, Nîmes gallo-romain, p. 102; < les pierres de 2 à 3 mètres
cubes y sont communément employées » (Grangent, Descr., p. 65). Ici, p. 214 et s.
^
LE CHARROI. iriS
rocher
Puis ce fut, pour ne jamais s'arrêter sous l'Empire, le passage
4. Cf. p. .306.
5. Ne nutent sola, dit Stace, IV, 3, 45; ici, p. 108-111.
6. Carpcnla, Ainmiea, XV, Très nombreuses figurations sur les
10, 4; etc.
monuments funéraires, et peut-être même est-ce la scène de la vie courante qui
est le plus représentée (Espérandieu, n°' 4, tombe d'un inulio, 618, 857, 3175,
3232, 3521, 3522; VI, p. 4i9, monument d'igel; etc.) ce sont d'ordinaire des :
1. Peut-être Esp., n"" 4043, 4044, 4083, 4137, 4297; VI, p. 431 (Igcl); etc. id., :
4. Petorrituin traîné par des mules rapides; Ausone, Ep., 8, 5: 14, 13-0. Cf. la
redd des temps celtiques, t. IV, p. 234.
5. Sur l'écartement normal des roues, p. 109, n. 1. p. 54, n. 4.
6. Cf. t. H, p. 234-5.
7. Vel celerem mannum vel raplum terga verxdum (Ausone, Ep., 8, 7).
8. Ce qui précède est supposé d'après l'ensemble des renseignements sur
l'Empire; des Ant., Malus, p. 2020-1.
cf. Dict.
passer.
postes n'ont pas été permanents, et qu'il n'est pas prouvé qu'ils aient réellement
fait fonction de police ou de gendarmerie; le texte de Suétone, Tib., 37, rend
cependant la chose vraisemblable.
4. Voyez (t. IV, p. 503) les brigandages sous Commode, et peut-être aussi sous
Marc-Aurèle (t. IV, p. 478) et sous Antonin (t. IV, p. 475).
5. Inscription de Lyon (XIII, 2282) a latronibus interfecto
: ; autres morts de ce
genre, XIII, 3689, 6429; même un soldat (Autun, XIII, 2667).
InS LA CIRCULATION.
feurs » '
analogues à ceux de la France d'autrefois. Remarquez
qu'ils ne sont point rares dans l'Empire, en Afrique, en Grèce,
en Italie même : la littérature d'imagination, romans et nou-
velles, vivait alors en partie d'histoires de voleurs ou de bandits,
filles enlevées ou voyageurs détroussés-; et, dans la réalité,
1. Sauf sous Commode (p. 157, n. 4), et sans parler des temps troublés du iirsiècle.
2. Cf. Marquardt, Privatlcben, p. 103.
3. Dion Cassius, LXXVI, 10; Suétone, Tib., 37.
4. Je répète que tout cela a changé depuis Marc-Âurèle, p. 32 et 25, p. 137, n. 4.
5. Pour tout ceci, t. IV, p. 303-7, p. 307, n. 2, p. 337, n. 7.
6. T. IV, p. 321 et s.
droite ligne.
même dix pour cent''. Mais les hommes et les bêtes de ce temps
n'avaient pas encore perdu l'habitude des plus rudes montées;
et grâce à ces ascensions franches des chemins de crête, aux
rapides descentes qui s'ensuivaient, la voie romaine rachetait
un peu plus d'eiïort par un bon gain de temps.
L'hiver n'empêchait pas les voyages, pas même par les cols
payer ait pu entraver la circulation. Dans certains cas, l'État permetlait sans
doute de ne dédouaner qu'au lieu de destination (à Lyon, t. IV, p. 305, n. 2).
1. P. 109 et 112.
2. P. 115-117.
3. Sidoine, £/)., VIII, 12, 1 (sur la route de Bazas à Bordeaux,
Cf. p. 29, n. 8.
cavatis in callem nivibus. Traversée des Alpes en mars, Ennodius, Vita Epiphani,
p. 369, Hartel.
Au Grand Saint-Bernard, le temple de Jupiter Pœninas, C. I. L., V, 6863 et s.
7. ;
cf.en dernier lieu l'article Pœninus dans le Lexikon de Roscher (Ihm). Au Petit
Saint-Bernard, Pétrone, Sat., 122, 146. 11 est vrai qu'il n'est pas dit nettement que
IGO LA CIRCULATION.
direction à suivre ^.
aller de soi; bien remiser les attelages et abriter les cantonniers chargés
il fallait
d'ouvrir les chemins de neige.
1. Ammien, XV, 10, 5, locorum callidi.
inligata pone cohibenle viroruin vel boum nisu vulido (Ammien, XV, 10, 4).
3. Eminentes ligneos stilos per cautiora loca dcfigunt (Ammien, ib.).
i. T. IV, p. 184.
5. Et peut-être môme plus vite; cf. t. III, p. 388, n. 11, p. 197, n.4. Je parle des
courriers à cheval, et non des crieurs de messages, qui envoyaient d'ailleurs les
nouvelles à une vitesse, soit de 13 à 14 kil. par heure (t. III, p. 393, n. 3), soit môme
de près de 20 kil. (t. II, p. 229).
6. T. II, p. 229-230.
LA NAVIGATION PLUVIALE. 161
4. Sans doute à fond plat (cf. n. 5). C'est à eux que je rapporte les sUatUe
carum; César les appelle ailleurs naves onerariœ {id., 40, 5). C'est également à ce
genre que la mosaïque d'AUhiburus applique le mot de ponlo, dont le sens s'est
déplacé plus tard (n. 4). Cf. aussi les grands navires de transport pour hommes, che-
vaux et vivres, navires pontés, construits par Germanicus sur le Rhin, et, de môme,
T. V. — H
162 LA CIRCULATION.
les navcs angustœ [tuppi proraque et lato utero, les uns et les autres destinés à
navifîuer aussi sur la mer (du Nord, Tac, Ann., Il, (ij, comme, je crois, ceux du
Rhône dont parle Aminicn. Sur le Rhône, grandissimas naves, ventorum difjlatu jactati
sœpias adsuetas, Ammien, XV, 11, 18. Espérandieu, n° 5261 (sur la Moselle?).
4. Monument de Rlussus à Mayence, sur le Rliin (Bonnard, p. 147 ; C. I. L., XIII,
7067); barques de Neumagen, chargées de barriques, sur la Moselle (Esp.,
n°' 5184, 5193, 5198); etc. Il ne serait pas impossible qu'elles eussent un màt et
pussent aller aussi à la voile. C'est à ce groupe qu'Ausone semble appliquer (en
Garonne) le mot acatiis (var. acatia, acatiuin; Epist., 21, 31).
2. Lembus caiidiceiis, Ausone, 3/os., 197; cf. Tite-Live, XXI, 26, 9 (sur le bas
Rhin à Chalon, et s"y embarque pour Arles (Panégyr. de Constantin, Pan. Lat.,
VII [VI], 18). Cf. p. 161, n. G. Cf., sur le Rhin, les vaisseaux -de transport, sans
doute de troupes, à deux gouvernails; Tac, Ann., II, 6. Les phaseli d'Ausone —
doivent être de légers vaisseaux de transport pour marchandises (Epist., 22, 31).
4. Gursoria au féminin Sidoine, Ep., I, 5 (sur le Pô)
; Ausone, Ep., 2, 5-10 (sur la ;
Moselle). Cf. les vegetiœ (mot rectifié Aulu-Gelle, X, 25,5; mosaïque d'Althiburus);
:
vegetoruni, genus fluviaUuni naviuni aput Gallos, C. gi. L., IV, p. 191 ; V, p. 518. 613.-
5. Exercices de canotage sur la Moselle, Ausone, Mos., 200 et s. {lembi rcmi-
pedes).
6. Les lintres sont des barques ordinaires servant aux transports à petite distance
ou aux passages; Ausone, Ep., 22, 31 (Garonne); César, De b. G., Vil, GO, 4
(Paris); I, 12, 1 (Màcon).
7. me demande si le mot geseorrla chez Aulu-Gelle (X, 2a, 'S) n'est pas le
Je
nom gaulois d'un bateau de passage, le radical de ce mot se retrouvant dans les
noms de deux ports de la Gaule, Gesoriacum, Boulogne, et Gesocribate (p. 91, n. 3).
8. Cf. t. IV, p. 401, t. V, p. 120.
9. Cf. t. IV, p. 401, n. 3.
10. Ratis, sur la Garonne et le Tarn; Ausone, Ep., 22, 31; cL t. IV, p. 401, n. 5 ;
ici, p. 163, n. 4.
11. Cf. Sidoine, Ep., VIII, 12, 5. Il faut rappeler à ce propos le goût des Gallo-
Romains pour les villas riveraines des cours d'eau (cf. p. 132, n. 2).
LA NAVIGATION PLUVIALE. i63
de radeaux*.
Le mouvement devait être aussi très intense sur le Rhin,
bordé de villes et de camps ^ Mais je ne crois pas qu'il eût la
rières.
8. A .\lleburg près de Cologne : c'est, je crois, le vrai centre de la classis Ger-
manica (XIII, H, p. 506). — II n'est pas sûr que le camp naval de Bonn ait été
maintenu (t. IV, p. 104, n. 3).
9. Douteux; cependant l'importance des constructions (nauaiia?, t. IV, p. 217)
donne le droit de supposer une station navale à Nimègue. Stations terminales —
164 LA CIRCULATION.
nait ses droits, stimulée plutôt que gênée par l'approche des
garnisons : le long de ses eaux claires, au pied des coteaux
verdoyants qui se miraient en elles, s'affairaient sans relâche
vers la mer: à Voorburg près de La Haye, sur le canal de Corbulon (XIII, II, p. 637;
cf. t. IV, p. 142, n. 4), à Katwyk sur la mer, port du Vieux Rtiin (XllI, II, p. 641),
an grand port commercial de Vechten fcf. p. 138, n. 2).
1. Ici, p. 162, n. 1 et o. Nautx Mosallici à Metz. Xlïl. 4335.
2. P. 131.
3. T. Il, p. 223 et s.
qu'étaient tous ses cours d'eaux. Entre eux, Paris et les abris de
1. T. IV, p. 393, n. .5; C. /. L., XIII, 3026 (t. IV, p. 160, n. 6).
2. Il n'est pas inutile de rappeler que César signale des embarcations sur la
Loire à Nevers (Vil, îio, ^).
Le port, vicus Portas (C. /. L., XIII, 3105-7), me paraît être le quartier du
3.
Nantes.
4. P. 130, II. 1.
5. X Nantes, naiitœ Ligerici, associés au vicus du port dans une dédicace reli-
gieuse (XllI, 3105). A Uordeau.x, p. 118-U9.
166 LA CIUCULATION.
logiques (Esp., n°' 1103, 1109), très diiïérentes des représentations réalistes que
nous avons trouvées en si grand nombre sur la Moselle (p. 102, n. 1).
2. P. 136, n. 5.
3. P. 130, n. 1. Port-d'Albret est aujourd'bui Vieux-Boucau.
4. Pour les ports d'Armorique, p. 137.
5. CL de La Borderie, Histoire de Bretagne, I, P- 84 et s., p. 150 et s.; cf. ici,
p. 136, n. 1.
la Moselle '
que les mariniers de l'Armor. On dirait que César,
après avoir détruit les vaisseaux des hommes du Morbihan-,
leur a interdit d'en construire de nouveaux et de s'approcher
de la mer : c'est la punition que d'autres proconsuls avaient
infligée aux Dalmates de l'Adriatique et aux Ligures de Pro-
vence^. L'Empire a du lever ces défenses : mais le mal était
son maximum d'intensité. Ici c'est alors, comme sur terre entre
1. P. 190, n. 2.
2. T. III, p. 300.
3. T. I, p. 51.3 et 522.
4. Cf. p. 138-140. — Je
n'ai pas à insister ici sur Vechten, cf. p. 138, n. 2.
5. Je dis Douvres (Dubra au pluriel), mais le grand port militaire et sans
doute commercial de la Dretagne fut longtemps Rutupiœ, l'ancêtre de Sandwich.
Les itinérairce fp.4G3, 4(16, 472, 496) disenta Gessoriaco... Ritupis, et comptent assez
exactement 450 stades (56 milles 14, soit un peu plus de 84 kilomètres). Limpor-
tance de ce port était telle que tout ce rivage breton porta le nom de litlora
Rutijpina (Lucain, VI, 67; Juvénal, IV, 141). Le port de Rutupiœ seryait aussi aux
voyageurs d'Espagne Excipit ex Gallia vel Hispaniis navigantes (Conim. Bern.,
:
p. 193, Usener) ce qui montre que Sandwich a du être fixé comme Boulogne
:
plus étendues avec l'Afrique, l'Egypte, la Sicile (p. 169, n. 3, p. 338, n. 5), également
du 7; on vient de découvrir à Ostie la mosaïque de la
reste avec l'Italie (p. 171, n.
schola['^]des Narbonenses, sans aucun doute les navicularii; Notizie degli scaoi, 1910,
p. 327; ici, p. 171, n. 7). Il est d'ailleurs possible qu'il n'y ait là qu'une apparence.
Les textes du Bas Empire décrivent dans les mômes termes le commerce mari-
time universel de Narbonne (Afrique, Sicile, Espagne et Orient; Ausone, Urbes,
123-6) et d'Arles (Orient, Assyrie, Arabie, Afrique, Espagne; constitution de 418,
Corpu ;Hœnel, p. 238; Exposilio, dans les Geogr. Lai. minores, p. 122, Riese;
/egiu/n,
Lettres du pape Léon, 65, 3, Migne, P. L., LIV, c. 882). Mais pour Narbonne
comme pour Arles, ce sont alors des développements tout faits.
8. Voyez les voyages d'empereurs, p. 147.
DES TRANSPORTS EN COMMUN. 169
1. T. IV, p. 169.
2. Les blés ou huiles embarqués à Arles ou à Narbonne; t. IV, p. 402. n. 1;
cf. ici, p. 171, n. 7, p. 168, n. 7.
3. Voyez les Actes (n. 4), en particulier 28, 12 et s. remarquez qu'il s'agit d'un
:
beau ne plus former qu'un seul Etat : le cours delà vie générale
et le règlement des intérêts naturels souiïraient de lenteurs
incroyables, qu'aurait aisément évitées ,une autorité plus
réfléchie, moins routinière, moins encombrée de bureaux,
moins absorbée en la jouissance de ses propres droits.
Ce qui manquait à ces routes de mer, de rivière et de
terre, c'était un système de transports en commun, pour les
prix convenus. Une pareille chose nous paraît fort simple ', et
d'échanges et de correspondances.
Les empereurs installèrent bien une poste à chevaux, avec
cavalerie de relais, bêtes de renfort, voitures, postillons et cour-
i. Actes, 21, ô;2S, 11 iici, p. 169, n. 3). C'est surtout la flotte commerciale d'Alexan-
drie qui rendait ces services. devait y avoir un droit de réquisition de
11 l'Klat.
de la Loire ou de la Seine''.
Très riches, possédant des immeubles, des navires et des
entrepôts, composées de noms connus et estimés, ces sociétés
1. T. IV, p. 401, n. 1.
7. Monument des nautx Parisiaci, XIll, 3026; t. IV. p. 398; je répèle que le bas-
relief représente la scène de l'entrevue.
DES TRANSPOnTS EN COMMUN. 173
1. G. /. L., XIII, 1954, 1911; XII, 4406, 4393 (cf. p. 171, n. 7).
2. Cf. Mommsen, Bœm. G., V, p. 428-9 et 434.
CHAPITRE V
aÙTYi Tj 'lTa).c«, etc., è(i.paTdt, etc.; de même, Joséphe, De bello Judaico, II, 16, 4.
3. T. L p. 173 et s.; t. II, p. 265-283; t. I, p. 371.
CONDITIONS NOUVELLES DE LA VIE AGRICOLE. 175
plus drus et la glèbe plus féconde, mais bien des plantes qu'il
avait ignorées jusque-là furent révélées par les hommes du
Midi, vigne, olivier, légumes et arbres fruitiers''. Et comme il
2. Il faut cependant rappeler ici les mesures contre les vignes, p. 187 et s.
3. T. IV, p. 305-7 et 357.
4. T. II, p. 274 et s.
o. L'enquête, trèsdifllcile, sur le rijle agricole des aqueducs en Gaule n'a pas
été faite. J'inclinecependant à croire à ce rùle, étant donné que nous avons en
Gaule trop d'aqueducs dans les petites localités, vici ou villx (p. 28, n. 7),
pour qu'ils n'aient pas servi aux champs autant qu'aux hommes. Cf. Germain de
Montauzan, Les Aqueducs de Lyon, p. 340-9. —
L'aménagement des torrents par
des prises latérales, des terres marécageuses par des fossés d'écoulement ou de
drainage, doit être de beaucoup antérieur aux Romains; cf. t. I, p. 17 i. Peut- —
être certains travaux de barrage. qu"on leur a attribués sur quelques rivières,
ont-ils eu pour but des canaux d'irrigation; la région de la basse Durance et le
Vaucluse seraient à étudier particulièrement à ce point de vue.
MARECAGES ET FORETS. 177
maisons, des villas et des jardins -. Les îlots palustres qui avoi-
montre tout à la fois qu'on en comprenait le danger et qu'on ne prenait pas contre
eux de très énergiques mesures.
3. D'après les noms donnés aux communes voisines de la Gironde, Pauillac
(cf Ausone, Ep., 5, 16), Soulac, Dignac dans l'ile de Jau, Valeyrac, etc., noms qui
remontent tous à des villas gallo-romaines.
4. Voyez l'excellente carte de Glouzot, Les Marais de la Sèvre Niortaise, 1904.
T. V. — 12
178 L'EXPLOlTATlOxN DU SOL.
qui avaient abrité les embuscades des Belges contre Jules César ".
1. Cf. t. II, p. 475, n. fl. Ajoutez l'usage auquel ont pu servir les énigmaliques
aiiia3 de cendres de Vendée (ici, p. 210, n. 5, p. 262, n. 4, p. 29."j, u. 2).
2. 249 (sabots, sans doute en bois d'aulne ou de
Cf. p. 236 (vannerie), p.
vergne), p. 264, n. 5 (nièciies de jonc); Caton, De agri cullura, 9; 33, 5; etc.
3. Cf. p. 201-202.
4. Je rappelle ijue c'est un nom commun; t. I, p. 113.
t. I, p. 92, n. 3.
9. Cf. t. I, p. 92, n. 2; ici,t. V, p. 263. Rappelons-nous aussi le rôle joué par
les forêts dans les deux industries, importantes en Gaule, de la savonnerie
et de la verrerie (p. 210, n. 5, p. 262-3, p. 293) : ce sont leurs bois qui fournis-
saient les potasses ou, comme on disait autrefois, les « cendres » ou « salins » :
je crois que c'est cela que signilie le mot de Varron (Hes r., I, 7, 9), ex quibusdam
lignis combustis carbonibus saisis).
10. La forêt de Compiègne, siUm Colia; Grég. de Tours, //. Fr., IV, 21 V,39; etc. ;
relâche ses communs, ses parcs, ses prairies, ses vero-ers et ses
sera, près de Bing:en, une vnsle région désertique et forestière (Mos., 5-6) qu'on
retrouve exactement aujourd'hui.
1. Voir à ces mots le Dklionnaire des Postes, 4<= éd., 1905.
2. Cf. IV, p. 375. La villa gallo-romaine est toujours inséparable de son
t.
horizon de bois {sub radicibus monlis silvestris, Varron, /?. ;-., I, 12, 1); et c'est pour
cela que la majorité de nos anciennes communes ou paroisses rurales, héri-
tières de villas gallo-romaines, sont encadrées de bois ou de forêls.
3. Le sanctuaire rural étant une manière de domaine (cf. t. lY, p. 380), on peut
en dire autant que des villas. Voyez la situation d£ l'habitat sacré de Champlieu
à quehiues mètres de la forêt de Compiègne (ici, p. 40), celle des fana normands
décrits par de Vesly (Les Fana, p. 15, 21, 73, 78, 84, etc.), etc.
4. La conquête de la Gaule a dû y introduire de nouvelles essences forestières.
La principale fut sans nul doute le platane, recherché du reste unitiuement pour
son ombre, et qui se répandit jusque dans le Nord à Boulogne; on le planta en
assez grande quantité pour que les pieds en fussent recensés pour l'impôt foncier:
ad Morinos usque pervecta.... ut gentes vectigal pro uinbra pendant (Pline, XII, 6).
5. Il est de mon devoir de dire que cette opinion, que cent faits justifient,
est absolument contraire à l'opinion courante.
6. J'enlends dès les invasions du m" siècle, et peut-être cela commence-t-il dès
le temps de Marc-Aurèle; t. IV, p. 598 et s., t. Y, p. 180, n. I. p. 32.
180
'
l'exploitation du sol.
en produisait assez pour nourrir les siens, et, s'il le fallait, pour
aider à la subsistance des pays voisins' ; et, comme elle s'était
« ronces croissent sur les ruines » autre exemple, ici, p. 26, n. 8. Orose
les ;
(VII, 15, o) signale le fait en Italie dès le temps de Marc-Aurèle, oppida in ruinas
silvasque.
.
2. T. IV, p. 594-5.
'i. Grégoire de Tours, H. Fr., VI, 25;de Pachtère, p. 17, 145.
cf.
4. Drouyn, Bordeaux, p. 134, 119, 137. les marais venaient, du coté de l'ont-
etc. ;
Long (rue d'Ares), jusqu'à la Calhédrale (Bévue des Et. anc, 1899, p. 241).
5. Cf. p. 177. Supposé d'après l'ensemble des faits, et d'après ce que le panégyriste
de Constantin dit du pays de Beaune, dont les terres basses, jadis recouvertes con-
tinua cultura. sont maintenant transformées in voragines et stagna (Ptin., VIII [V], G).
6. Cf., pour l'époque gauloise, t. II, p. 265 et s., t. I, p. 85-6 tous les textes :
sonnais '
en Belgique, Comtat* et Toulousain'* dans le Midi,
(l.IV, p. 397, n. 5), et. dans l'enseiiible, par des inscriplioiis (t. IV, p. 424, ii. 5)
etdes textes (Romain invchuntur, Pline, XVIII, 66). —
L'e.xportalion en Espagne est
atleslée pour les derniers temps de la République; t. III, p. 112.
1. Cf. p. 205 et s.
2. Cf. Pline. XXXVII, 203; iMéla, III, 17 : Terra est frumenti prœcipiie ac pabidi
ferax.
3. Peut-tHre Animien, XVII, 8, 1 (ex Aquilania annona); en tout cas Sidoine.
Ep., IV, 21, 5 (œquor aijrorum, etc:); Carin., 7, 41 et s. ; et Salvien,Degub. Dei, VII,
2, 8 (crinila mcssibus, etc.).
4. Aucun texte en dehors de l'époque celtique (choix d'Orléans, par César,
comme centre du ravitaillement en blé de son armée. De b. G., VII, 3, 1).
5. Claudien, Decons. Slil.. III, 94 (comere Lmjyonico, sans doute du pays de Dijon).
La richesse en blé du terroir do Dijon est longuement décrite par Grégoire, Hist.
Franc, III, 19.
0. Moins célébrée que la Limagne, mais déjà, je crois, excellente terre à blé,
si j'en juge par l'abondance, sur ces plateaux, de villas romaines, toutes aux
mêmes points que les communes actuelles (cf. t. 1, p. 85, n. 8). Il serait possible
que la richesse de la Brie datât seulement des temps romains. Peut-être y
trouvc-t-on une allusion dans les Pancg., VIII, 6 (à propos des Rèmes) et chez
Claudien (L c, III, 92, ligones Senomim, le pays de .Melun appartenant aux Sénons),
Toutefois le pays de Brie proprement dit était sans doute partagé entre la cité de
Meaux et celle de Soissons (à qui appartenait le pagus Otmcnsis, ou de Chàteau-
rhierry).
7. Fortunat, Garni., VII, 4, 14 (seges des bords de l'Aisne). Sans doute aussi —
sur les plateaux du llainaut (Nerviens) et de la Hesbaye (Tongres), cf. p. 151, n. 1.
8. Décidément, je crois ([ue Pline (XVIII, 85; cf. t. I, p. 85, n. 8) parle des
chaque grande ferme devait avoir les siennes. Les plus anciennes,
les plus fameuses, étaient au Midi, dans les bonnes terres du
Quen y. Mais le JVord se laissa rapidement entraîner à ce genre
de culture, facile en ces terres humides et largement rémuné-
rateur, et, dès le premier siècle de l'Empire, la Flandre et
l'Artois s'étaient en partie transformés pour le recevoir ^
Trévires il y a 3 ans [en 74?], dit-il, cum Même prœgelida captse segctes
: essent,
reseverunt etiam campos mense Martio uberrimasque messes habuerunt. 11 s'agit de l'uti-
lisation pour blés de printemps de terres où le blé d'hiver, semé peut-être trop tôt,
avait été détruit par la gelée.
3. Cf. p. G, n. 4, t. II, p. 263, n.2. —
Aussi, pour les différentes espèces de céréales,
n'aurions-nous qu'à répéter ici ce que nous avons dit aux temps gaulois (t. II,
p. 267 et s.). —
C'est évidemment une question à résoudre, si les Romains n'ont
pas introduit en Gaule de nouvelles variétés de blé; mais je ne vois pas encore
la manière d'en faire l'étude; J. et Ch. Cotte (Élude sur les blés de l'Antiquité clas-
sique, p. 34) font justement remarquer
1912, la difliculté qu'il y a à « serrer la
question de près ».
4. P. 244 et s.
5. Pour tout ceci, Pline, XIX, 8 : Cadurci, Caleti, Ruteni, Bituriges ultimique homi-
num existimati Morini, imo vero Gallix universœ vêla texunt. De la Gaule, la culture
gagna la Germanie, jam quidem et Transrhenani hostes. Le recensement des linières
entrait dans l'impôt foncier des Gaules, Galliœ censentar hoc reditu. — Cf. t. II,
sable ^
IV. — LA VIGNE 6
n. autour d'Aix (p. 237, n. 3), autour de Nice et d'Anlibes (C. /. L., Y, 7'JU3,
7),
7920; etc.), peut-être autour de Riez (cf. XII. 372), d'Orange (cf. XII, 1236) et
d'Arles {Dig., XIV, 3, 13, s'il ne s'agit pas d'huile importée). 11 nous manque un
répertoire et une élude archéologique des moulins et pressoirs à huile de la Gaule
(cf. Bull, de la Soc. préhist. fraw;., 1910, p. 376 et s., et ailleurs). — La restriction
que République apporta à la culture de l'olivier (t. lli, p. 99), ne put sans
la
doute tenir devant les besoins énormes de l'Empire.
6. Curtel, La Vigne el le Vin chez les Romains, 1903 (très sagace); Billiard, La Vigne
phiné '
; et coninic elle y réussissait fort bien et que les (jaulois
elle s'installa pour l'éternité sur les lianes des coteaux dauphinois
1. Il est d'ailleurs fort possible que les Marseillais aient fini par la propager
aux abords de leurs colonies. Ils l'avaient plantée, disait-on, près d'Aix, Plutarque,
Marins, 21. Cf. t. II, p. 27(», n. 4. —
J'ai eu peut-être tort (t. II, p. 270) d'insister
sur peu d'étendue des vignobles marseillais. Jusque dans le cours du xix° siècle
le
le vin du pays était une fortune pour le terroir de Marseille « les environs de:
intra, Pline parie peut-être de la réputation de Beziers hors de Gaule aussi bien
q.u'en Gaule; cf. p. 2.54, n. 1]. Aujourd'hui encore Béziers est le marché régula-
teur des vins. — Nous ignorons les cépages qui furent utilisés à l'origine dans
cette région. Ils sont arrivés peut-être par la colonie grecque d'Agde. —
Cépage
postérieur, p. 183, n. 1.
plus célèbres plantations devaient être sur la rive droite, à la Cote Holie (Biiliard,
p. 82), laquelledépendait du territoire de Vienne. C'est sans doute de ces vignobles
qu'il estquestion chez Pline (XIV, 18) Viennensem agrum nobililans Taburno [var.
:
Aburno], Solanoque et Ellinco generibus non pridem liœc illuslrata [les corrections
Arverno, Sequano, Uelvico, semblent contraires à l'ensemble du texte, il s'agit de
crus ou de localités chez les Viennois, cf. p. 185, n. 1]. —
C'est le plant qui don-
nait, sur place, le « vin de Vienne », vintim picaluni; Pline, XIV, 18 et 26; Martial,
XIII, 107; Plutarque, Qu. conv., V, 3, 1; Columelle, III, 2, 10; XII, 23; ui, p. 254.
— A ce plant devaient se rattacher les vignobles des Voconces dans la Drôme
(Pline, XIV, 83) et du Lyonnais (vignobles célèbres du vicus ou pogus Anionius
Sidoine, Carm., 17, 17-8; ici, t. IV, p. 52, n. 7).
1. L'attribution d'un cépage distinct et de vignobles importants aux Ilelviens du
Vivarais résulte, sans certitude absolue, de mentions chez Pline 1° d'un cépage, :
sans doute de seconde catégorie, découvert, il y avait sept ans (sous Néron),
Alba llelvia [les manuscrits ont Albo Olvia ou Oliva, Olivia] (XIV, 43), c'esl-à-dire
à Aps, cépage à floraison très rapide, uno die dejlorescens, ob id tulissima, et qu'on
répandit pour cela dans toute la Narbonnaise et ailleurs; on l'appelait (vilis) car-
bunica; 2° d'un vin (jui avait naturellement goût de poix et qui portait à la tête,
fabriqué Helvenc[o] in pago (XXIil, 47); mais il peut s'agir ici de VEllinco du ter-
roir viennois mentiorné XIV, 18 (p. 184, n. 6); 3° il est vrai que dans ce dernier
passage il peut s'agir de cépages helviens cultivés en Viennois; 4" de l'existence
d'un cépage de troisième catégorie, appelé Helvennaica, Helvcnnaca, Helvenacia
(Pline, XIV, 32-3; Columelle, 111, 2, 25 et 20, d'après Celsus; V, 5, 16); on en citait
trois variétés (appelées, l'une en celtique marcum ou marcus, emarcum, une autre
longa ou cava), cépage convenant aux sols maigres, aux terroirs maritimes, don-
nant du vin très abondant, médiocre et ne se gardant pas; 5° de l'inscription
(texte très douteux) Helvior. sur une amphore à Vechten (XIII, 100(14, 8); 6° de
l'importance de la tonnellerie sur les bords du Rhône, à Rochemaure (t. IV, p. 387
n. 2). — C'est du reste aux abords du fleu ve que devaient se trouver ces vignobles.
— Le cépage helvien < était sans doute quelques-unes des espèces cultivées
aujourd'hui dans nos provinces centrales » (Cartel, p. 77) mais j'imagine ([ue les
:
Ilelviens avaient du implanter sur leurs terres des bords du Rhône le bon cépage
allobrogique (p. 184, n. 6). —
J'ai à peine besoin de rappeler les vins célèbres du
Vivarais, Cornas, Mauves, Limony, Saint-Péray (vins blancs); mais il serait pos-
sible que dans l'Antiquité celte région ait dépendu de Valence.
2. Chez les Éduens Paneg., VI [V], 6
: vignobles sans doute sur les coteaux [la
:
correction infimo loco est absurde] du pagus A rebrig nus (pays de Beaune et de Nuits,
p. 188, n. 4; cf. le dieu au tonneau de Cussy-le-Chàtel, Esp., n" 2025). Chez les
Lingons, à Dijon Grégoire de Tours, //. Fr., III, l'J Occidenlcs montes sunt ubcr-
: :
rinii viniisque repleti, qui tam nobile incolis Falernum porregunt; cf. Espérandieu,
n°^ 3253 (Langres), 3469 (Dijon), .3608 (Thil-Chàtel), avec celte réserve qu'il peut
s'agir, dans ces ligures, de vins importés (j'en doute fort cependant); le dieu au
tonneau de Mùlain (n" 3o68).
186 L'EXPLOITATION DU SOL.
les vallées de l'Océan. Trois d'entre elles lui furent surtout favo-
rables : celle de la Garonne, où elle aiïectionna à la fin les
graves blanches ou dorées du bas pays, Médoc et Bordelais';
celle de la Seine, où elle recouvrit les revers ensoleillés des
plateaux parisiens, à Suresnes, Argenteuil ou Chanteloup-;
plus au nord, celle de la Moselle, sur les coteaux des deux rives,
réchauffés du soleil et abrités contre la brise ^ Trois cités, cha-
cune dans sa vallée, allaient devenir des reines de vins, Trêves,
peut-être postérieure; cf. t. IV, p. 609, n. 6. — Jusqu'à nouvel ordre, aucun docu-
ment des temps romains pour le vin de Champagne, mais il y en a de l'époque
mérovingienne, je ne parle pas d'ailleurs du vin mousseux, qui est très récent.
3. Ausone, Mos., 21. Pline, qui a été dans le pays, n'en parle pas, mais les monu-
ments funéraires (Neumagen; Esp.. n"" 3184, 5193. 519S) représentent souvent,
bien avant Probus, des transports de barriques il est vrai que ce peut être (j'en
:
vin atteignait des prix qui étaient interdits au blé '. La conquête
de la Bretagne, de bonnes relations avec la Germanie, assuraient
de nouveaux débouchés. Il fallait du vin pour la grande armée
installée à la frontière, officiers et soldats. Les gourmets de
Rome demandaient aux crus gaulois de leur révéler des sensa-
On ne
tions inconnues-. sépara plus l'usage du vin d'un certain
confort dans la vie : il n'avait été jadis accessible qu'aux plus
Il arriva donc à notre pays ce qui lui est advenu à toutes les
1. Voyez les remarques de Pline ^XIV, 46 et s.). Pline (XIV, 57) rappelle que
les Viennois ont vendu « entre eux, par amour-propre national », amore proprio
(cf. p. 191, n. 1). leurs vins à plus de mille sesterces l'amphore (210 francs les
26 litres), ce qui met le tonneau [4 barriques de 228 litres] à plus de 7000 francs,
prix des premiers grands crus bordelais des très bonnes années.
2. Pour le vin de Vienne. Martial, XllI, 107: Pline, XIV, 18, 26, 37-, pour celui
de Marseille, Pline, XIV, GS, et t. II, p. 270. Dans l'ensemble, ici, p. 252 et s.
3. P. 18S. n. 3.
4. Voyez les inscriptions citées p. 2oo. n. 3, p. 253, n. 4; G. /. L., Xlll, lOlUS,
135 Parce picatum, du Amineum ce buveur ne veut pas du vin du Midi gaulois,
: :
6. P. 180. n. 7.
188 L EXI>L01TATI0N DU SOL.
le savons pas. D'un côté, j'ai peine à croire que les empereurs
aient privé la Gaule de tousses vignobles '
: trop d'intérêts étaient
dait d'installer prés des mausolées un arpent de vignes, dont les produits servaient
aux libations funéraires je ne pense pas que l'édit ait rien changé à cet égard
:
(C. /. L., XII. 1G37, Die chez les Voconces; 3637, Nîmes; XIII, 2403 et 2494, Briord
et (iélignieux dans le pays de Belley).
4. Il est possible que certaines cilcs, comme peut-être les Trévires (p. 186, n. 3),
les Lingons (p. 183, n. 2), les Allobroges (p. 184, n. 6), aient été privilégiées à cet
égard, d'autres, au contraire, sacritiées, comme peut-être celle de Bordeaux (p. 186,
n. I). Le texte si difficile des Pan. Lat., Y11I[V], 0, sur les vignes du paijiis Arc-
brignus dans la cité d'Autun (cf. p. 183, n. 2), peut s'expliquer par le fait que ce
pagiis avait conservé le droit d'avoir des vignobles in iiiio loco [in uno dissimule
peut-être un nom de lieu, Belino, Beaune?] en tout cas les vignes dont il est
:
Probus. —
11 est encore possible qu'on ait autorisé un arpent de vigne par
concession funéraire (cf. ici, n. 3) car je crois que le vîn destiné aux liba-
:
tions funéraires ne pouvait être que du vin pur et authentique (le vin tenant
lieu de sang; cf. Kircher, Die sakrale Bedeutumj des Weincs, Giessen, 1910,
p. 86), et que ces' plantations de vignes près des tombes étaient faites à cette
intention. Peut-être, également à cet effet, out-on des vignes de serre jusqu'en
Belgique.
LA VIGNE. 189
1. Les figurations les plus iinporlantes sont les bas-reliefs funéraires représen-
tant des transports de tonneaux chez les Lingons (p. 18.5, n. 2) et chez les Trévires
(p. 186, n. 3), les mosaïques représentant des scènes de vinification à Saint-
Romain-en-Gal dans le voisinage des fameux crus des Allobroges (cf. p. 184, n. G).
A Bordeaux, les inscriptions et représentations relatives au vin sont au contraire
très rares.
2. P. 323.
3. 11 faut d'ailleurs bien l'admettre, puisqu'on fit à Probus un mérite de l'avoir
abrogé (t. IV, p. 609).
4. T. IV, p. 60y. Il est certain que
l'édit de Probus a eu de fortes consé(iuences
pour le commerce des après son règne que se placent, dit-on, les
vins". C'est
vases à inscriptions bachiques si nombreux dans le Nord-Est (C. /. L., Xlll, III,
p. 532 et s.; ici, p. 187, n. 4). Mais je ne sais si laflirmation peut être absolue.
0. Voyez les trois principales catégories de cépages gaulois, 1' « allobrogique •
dans la première classe des cépages connus (p. 184, n. 6), le • biturige » eu tète
de la seconde p. 186, n. 1), le cépage d'Aps ou carbunica dans la seconde (p. 183,
490 . L EXPLOITATION DU SOL.
ceux dont la floraison s'achève très vite, ce qui est une garantie
contre la coulure et pour des grains plus stables' ; on essaya en
Gaule des plants d'Italie -
et en Italie des plants de Gaule \ Dans
certaines localités on laissait grossir le bois de la vigne jusqu'à
pouvoir y tailler une coupe *. Ailleurs, on permettait aux sar-
n. 1), r helvennaque • ordinaire dans la troisième (p. 185, n. 1), bien hiérar-
"
2. Pline. XIV, 39
Trans Alpes vero Picenam
t il s'agit de plants venus des :
trois principaux cépages gaulois (p. 189, n. 5), ce fut le • biturige » qu'on planta le
plus en Italie cela résulte de tous les renseignements que les agronomes ont
:
16. Lors(iue Pline parle de plants helvennaques dont lessarments étaient soutenus
par des fourches (Pline, XIV. 32), il doit faire allusion aux candosocci. II —
n'est question, à propos de la Gaule, que de vignes rampantes ou courantes. Mais
il est bien probable que l'on connaissait toutes les autres espèces de conduites
et de tailles, car précisément ces façons rampantes ne conviennent guère aux
climats humides.
6. Paulin de Pella, parlant de la maladie et de la réfection de ses vignes borde-
laises au début du \° siècle {Eucliar., vers 195 et s.) Protinus et culluram agris :
adhibere refectis et fessis celerem properavi impendere curam vinelis, comperta mihi
ratione novandis.
FRUITS, LÉGUMES ET FLEURS. 191
p. 77. —
E[ ce caractère de la viticullure se continuera dans la vinification (p. 2.%,
n. 2). —
11 est un autre caractère de la viticulture et de la vinification qu'on ne
retrouve, du moins au même degré, pour aucun des produits agricoles ou indus-
triels de la Gaule, c'est le caractère municipal (qu'on reverra nu Moyen Age),
je veux dire par là que les cités mettaient leur amour-propre et leur gloire dans
l'excellence de leur vin de là, les noms municipaux qu'on donnait aux cépages
:
(p. 184. n. 6. p. 185, n. 1. p. 18G, n. 1); de là, les réclames que les habitants fai-
saient aux prix marchands de leurs vins (p. 187, n. 1); de là, peut-être, une légis-
lation spéciale pour les vignobles des diiïérenles cités (p. 188, n. 4); cf. Ausone,
Urb., 129, insigiiem Daccho (Bordeaux).
2. La variété des productions de la Gaule est reconnue sous l'Empire (t. I,
Esp., n" 6i6, marchand de pommes [on a supposé, à tort ce me semble, des gre-
nades cf. p. 343, n. 6] à Narbonne, avec l'inscription main, mulicr^s meœ: n"' 19
(dans une sculpture funéraire, la mère tient une pomme, la fille des épis), 197,
2185, etc.; n° 360 (motif de décoration monumentale). Espèces mentionnées par
Charlemague (p. 192, n. 7) Malorum nomina : go:marinçja, geroldinga, crevedella,
:
passer Je pominiers, et, dutis tous les taillis qui avoisinaient les
enfants '.
de Pline peut aller j,usqu'au Rhin] (principatm) Lusilanis [plants importés du Por-
tugal], in ripis eliani Rheni ternis [à trois couleurs? texte très corrompu] Us colos c :
siccatur etiain conditurqiie ut oliva cadis. Ceresarios diversi generii, dit Charlemngne.
3. Pline, Persicorum palina duracinis. Natiomim habent cognonien Gallica
XV, 3'J :
et Asiatica. Les duracina de Gaule sont les pèches alberges, aux noyaux adhérents;
Olivier de Serres (éd. de IGIG, p. G18) semble les identifier avec les « alberges si
prisées, à teinte jaune dorée ». Je crois qu'on en faisait dès lors des conserves
(XIII, lUOOS, 50, persica, sur un vase trouvé à Saintes).
4. Hypothétique d'après ce que dit Pline dans l'ensemble {in piris superbiœ, XV,
:
53 et s.), et la présence de poires dans les représentations figurées (Rsp., n°' 2349,
5154). J'imagine qu'on devait connaitre dès lors les espèces citées par Gharle-
magne : Perariciis seruatoria trium et quartuin genus['?], dulciores et cocciores et
serotina. Mais je ne vois dans les textes anciens aucune variété qui puisse s'ap-
pliquer à la Gaule.
5. Strabon (IV, 1, 2) fait encore finir le figuier aux Gévennes : mais il écrit
d'après une source antérieure à Auguste; Julien (Mis., p. 341, Sp.) signale la
culture du figuier à Paris, les arbres étant enveloppés de paille pendant l'hiver.
— Cf. l'article Feige dans la Real-Enc. (Olck).
6.Hypothétique; mais la châtaigne étant un fruit cher au populaire italien, je
doute que l'arbre ne se soit pas très vite acclimaté en Gaule, où il trouve des ter-
rains si propices. En outre, il semble que la tonnellerie gauloise ntilisàt le bois
de châtaignier (p. 232).
7. On trouvera, je crois, un tableau des fruits essentiels de la Gaule dans le
l'oignon, qui l'avaient sans doute reçue dans des siècles très
1. Pline, XIX, 97 : Bulbi... nascuntur sine modo etiain in Remoriim nrvis; XL\, 105:
Gênera (cepœ)... Gallica. Peut-être le Rèmes, qui mérita d'être connu
bulbus des
même à Rome, a-t-il quelque rapport avec V « ail de Gandelu • (dép. de l'Aisne),
vanté dans les proverbes du Moyen Age (Le Grand d'Aussy, Ilist. de la vie privée,
I, éd. de 1815, p. 174). —
On parlait couramment dans l'Empire de 1' « ail gaulois »,
alium ou alum Gallicum (Scribonius Largus, 83; Marcellus, X, 68; XX, 91; XXVI,
18; XXXI, 29; etc.; cf. le Tliesaurus, à ces mots) mais s"agiss'iil-il d'une espèce
:
particulière"?
2. Cf. la représentation de la culture des fèves dans les mosfiïques de Saint-
Romain-en-Gal (Inv., n° 24G; Lafaye, Rev. arch., 1892, 1, p. 329); fabarius à Nar-
bonne (C. /. L., XII, 4472), où il est fort possible qu'il s'agisse d'un marchand de
toutes sortes de légumes. Ajoutez sans doute lentilles, haricots, pois, laitues, car
l'Antiquité a connu à peu près tous nos légumes, mais ces derniers me paraissent
alors moins populaires; cf. l'édit de Dioclétien, 1 et 6. L'abondance de légumes
en Gaule résulte de l'existence de corporations de maraîchers (à Metz, XIII, 4332,
holitores).
3. Asperges, panais, chervis comme légumes; plantes d'assaisonnement; plantes
T. V. —13
194 L'EXPLOITATION DU SOL.
Les Anciens, du reste, nous ont assez peu parlé des fruits et
vie ses traits les plus aimables^ Fleurs et fruits avaient, dans les
Pour égayer les pauvres petits enfants, morts trop tôt, pour les
1. La même question se pose pour les fameuses Busalkas ou rosaria des Slaves
(Léger, La Mythologie slave, p. 177 et s.).
4. P. 191, n. 4.
5. T. VL ch. m.
G. D'après ce qui est constaté à Rome et dans tout l'Empire; cf. p. 10,3, n. 7.
ELEVAGE, PECHE ET CHASSE. 191
4. P. 247, n. 4.
Nous n'avons aucun renseignement sur les haras et l'élève des chevaux dans
5.
la Gaule romaine, sauf ceux qu'on peut tirer de l'abondance des images d'Epona,
la déesse des chevaux (t. VI, ch. I) et de la vogue des esclaves palefreniers de la
Gaule (ici, p. 333). On peut, sans qu'il y ait beaucoup à en tirer, étudier les figura-
tions des chevaux attelés (p. 155, n. G, p. 156, n. 1-3). Je ne sais que penser desjumeiits
hermaphrodites découvertes m a</ro Treverico et envoyées à Néron (Pline, XI, 262).
6. P. 201, p. 327, n. G.
7. Recherchées, non seulement à cause de leurs foies, mais aussi
P. 147, n. 2.
de leurs duvets celles du Boulonnais et de l'Artois préférables au premier point
:
i. Tel est peut-être le pecaarius, affranchi d'un M. Téreotius, qui a élé assas-
siné par son esclave à Mayence (le tombeau le un fouet, un chien
représente avec
et un troupeau de moutons, XllI. 7070). — que les petits proprié-
Il est probable
taires s'associaient pour envoyer leurs bétes ensemble au pacage après les avoir
manjuées. On possède des fers à marquer le bétail, lesquels indiquent des noms
de familles ou d'individus (^pro/uorum, Ocusioruin, Xlll, 10023, 3 et 12; etc.).
2. Il est cependant possible que, dans les vastes espaces longtemps déserts des
Champs Décumates (t. IV, p. 462-4), il se soit formé, sur des concessions de l'État, de
grandes entreprises d'élevage, à allure industrielle, en dehors de la vie doma-
niale. Et il est également possible que la chose ait existé en Gaule sur des terres
confisquées aux cités (cf. t. 111, p. 100). Mais jusqu'ici, il n'y a pas de traces bien
nettes de ces entreprises. A côté d'elles, on doit rappeler les pâturages, troupeaux
et pecuarii des armées du Rhin (cf. Tac, Aiin., Xlll, 5i-5, wjros vacuos et mililnm
usai sepositos.... pecora et armenla militum).
3. T. II, p. 290 et s.
4. C'est bien là, en effet, une initiative romaine; Pline, IX, 168 et s. Viviers
pour les muges en Languedoc, Pline, IX, 59. Lapsus, canal ou poche de déri-
vation naturel ou préparé pour la prise des poissons dans les rivières; Grégoire
de Tours, H. Fr., VIII, 10; V. pair., i7, 4; In gl. conf., 5. —
Une recherche archéo-
logique s'impose à ce sujet.
5. C'est ce que reconnaît Pline, invasil singuloniin piscium amor, etc., IX, 172: autres
textes, p. 201, n. 2.
ELEVAGE, PECHE ET CHASSE, 197
loriim); de même, Sidoine, YllI, 12, 7 le centre de culture devait être à La Grave.
:
Ausone vante leur chair, tendre, grasse et blanche, leur saveur douce relevée d'un
goût de mer c'est cette siiavitas que signale aussi Pline (d'après Mucien, XXXll,
:
Pline montre que dès le premier siècle quelques-uns pensaient déjà ainsi. Les
textes indiquent qu'on les appelait tantôt " huîtres de Médoc ••, taiilùt « huîtres
de Bordeaux ».
5. Ausone, Ep., 9, vers 31. 35, 30. Pour la Vendée, qu'on songe aux énormes
amas (plusieurs milliards d'écaillés) des Chauds près de Saint-Michel-en-l'Herm
(Bégouen, Inslitut français d'arch., 1913, p. 20G et s.). — On a récemment supposé
que ces dépôts avaient une origine cultuelle (Baudouin, Bull, de la Soc. préhist.,
1916). De toute manière, ce sont des dépôts faits de main d'hojnme, de coquilles
d'huîtres ayant servi ou pu servir d'alimcnls, et. pour une bonne part, de répoqne
romaine (Bégouen, p. 211).
G. Les huîtres du Médoc allaient jusqu'à la table des Césars, à Trêves ou en
Italie (Ausone, Ep., 9, 20). A l'endroit de la Gaule le plus éloigné des centres
ostréicoles de la Gaule, à Clermont, on découvrit « une couche d'huîtres de 10 à
12 centimètres d'épaisseur, sur une surface d'environ 80 mètres carrés » (.Mathieu,
Des colonies ... en Aiivergic, Clermont, 1837, p. 194). Comme ces amas ont été
trouvés, semble-t-il,dans les vestiges du principal temple, je me demande parfois,
comme on l'a supposé pour les amas de Vendée (ici, n. a), s'il n'y avait pas
quelque acte cultuel dans le dépôt de coquilles d'huîtres.
7. On les élevait, comme aujourd'hui, sur des tuiles (très intéressantes obser-
vations de Lafaye, Bull, des Antiquaires, 1913, p. 218-221).
8. T. I, p. 391" et 407.
498 l'exploitation DU SOL.
atteint autrefois les plus hauts prix ce que l'on constate aujourd'hui encore sur
:
nos marchés.
C. T. I, p. 187-8 et 380-8.
7. Inscription des conductorci piscalas trouvée près de Leeuwarden (XUl, 8830;
ici, t. IV, p. 163, n. 4), l'inscription la plus septentrionale connue. 11 est bien
de savoir quelle pêche provoquait ces enlreprises.
diflicile Pline, indépendamment
du saumon, qu'on devait pécher surtout dans les fleuves, ne parle (IX, 04) que du
surmulet ou rouget de l'Océan, et il est certain que les Romains Tout particu-
lièrement recherché il doit s'agir chez Pline de celui
: de la Normandie et de
la Bretagne française (septentrionalis taïUuin hns et proxiina .occidentis parte yignit
Occanus). Et il est également à noter que c'est seul poisson de mer cilé par le
Ausone (punicei mulii, Mos., 117). Cf. Guvier, //. nat. des poissons, III, p. 319. Il —
est cependant difficile de penser que les pêcheurs de Frise ne ramassassent
pas des poissons plus médiocres, harengs et autres.
ELEVAGE, PECHE ET CHÂSSE. 199
ques '. Les temps des plus grandes pêches n'étaient point encore
venus.
Sur les fleuves, au contraire, où tout était sécurité et profit,
3» sur une île d'Armori(iue, irecenlas bclluas, mirx varietatis et inagnitudinis, aban-
données par rOcéan; 4° de même, sur le rivage de Saintonge, néréides et autres,
elephantos, ariclc; candorc lantum cornibus adiiinulatis Cuvier supposait que 1' « élé-
:
phant » était le morse, tout en doutant qu'on ait pu le voir sur nos côtes, et que
le « bélier » pouvait être cette espèce de dauphin qui a sur l'œil une tache blanche.
Pline signale l'arrivée de baleines en Méditerranée (IX, 14). Il est cependant —
possible, si le texte de Pétrone est exact {balœnaceani lenens virgam, Sat., 21), qu'on
devait déjà rechercher la baleine pour des usages industriels; de même, on a
trouvé une vertèbre de baleine [?] travaillée dans une villa de Carnac (Miln,
Fouilles faites à Carnac, p. 84).
2. Ausone parle de trois espèces de pêches en Moselle la pèche au filet en :
eau profonde (243-4), la pèche au filet de surface retenu par des flotteurs de liège
(24.>6). la pêche à la ligne (247 et s.), qui paraît avoir été chère aux riverains de
la Moselle (Metz, Ksp., n" 4313). Piscator à Trêves (Xlll, 3643). Sur les viviers et
lapsus, p. 196, n. 4.
3. Cf. t. H, p. 291, n. 7. La lotte du lac de Constance, renommée pour son foie,
meunier ou la chevaine (ou chevanne), capito, à la chair très tendre, et qu'il faut
servir moins de six heures après; la truite, salar; la loche, rhedo; l'ombre, unibra;
le barbeau, barbus, à manger vieux; le saumon, salmo, qui peut se conserver; la
lotte, mustela (cf. ici, n. 3); la perche, perça, au goût relevé et à la chair ferme,
le lucius des auberges populaires, ou le brocîiet; la tanche, tinca, consolation
200 l'kxploitation du sol.
Car c'était alors le bon temps pour eux : nos rivières n'avaient
rien perdu de leurs richesses poissonneuses-, Bordeaux conser-
vait encore ses esturgeons % et la clientèle ne faisait jamais
défaut. 11 faut même supposer qu'on ramassait déjà les coli-
cuisines pauvres; TaUeLte, alburnus; l'alose, alausa, ces trois dernières également
de goût populaire (les choses ont changé pour l'alose, du moins en Gironde;
nous revi(*ndrons là-dessus, t. VI, ch. VI, Bordeaux); sario ou truite saumonnée;
le goujon, gobio; et enhn l'énorme siluriis (le silure plutôt que l'esturgeon?
voyez les objections au silure chez Cuvier, Hist. nat. des poissons, XIV, p. 252). Sur
les variélés d'identification, de La Ville de Mirmont, p. 60 et s. de son édition
de la Moselle, 1889 (riche bibliographie).
1. Voyez les pass iges de la Moselle (p. 199, n. 7). Les pêches « miraculeuses » de la
Moselle reviennent chez les écrivains chrétiens (Grégoire, V. patruin, 17, 4; etc.).
2. Si le mot de esox désigne dans ces passages l'esturgeon, on le péchait dans
la Loire près de Tours (au filet, Sulpice, Dial., II j^lll], dans l'Allier
10, 3-4) et
(Grégoire de Tours, In gl. confess., 5). Toutefois, il est fort possible (jue dans ces
passages esox désigne déjà le saumon car il ne me : paraît maintenant plus faire
de doule que le mot, après l'époque romaine, soit passé de l'esturgeon {acipenscr
sturio) au saumon, sur lequel il est resté; cL t. 11, p. 290, n. G. Sidoine rap- —
pelle les poissons de l'Adour (Ep., VIII, 12, 7).
3. La pèche en dura jusqu'au xvu° siècle; elle se faisait aussi en Dordogne
près de Libourne (cf. Bémont, Recueil d'actes, p. 12, où creacus signifie « créât »,
mot méridional qui désigne l'esturgeon). —
On préparait avec l'esturgeon ce
qu'on appelait isicia {esocia), c'est-à-dire le caviar (Isidore. XX, 2, 30).
4. Les débris de cuisine des ruines gallo-romaines devraient être étudiés à ce
point de vue.
5. Cochlcaruni vivaria, coshlearia il semble bien qu'il y en eut dans la réserve
:
1. Testament du Liiip;on (C. /. L., XIII, 5708) : Oinne insLruinentuin meum, i/uoti
ad vcnandurn cl auciipanduin paravi, mecuin crcmari cuin lanceis, glodiis, cultris^ retibus,
plagis, lafiiicis, kalamis [roseaux enduits de plu], labernaciilis [pièges en forme do
cf. C, Xn, 533 Sœpe feras lusl, niedicus tamen {h)ls quoqiie vixi] instrumcnto illias
:
sliidi et navjin liburnam et scurfo [on a corrigé en exscirpo; il s'agit en tout cas de
la manger, ganta est l'oie blanche du Nord (anser segctuni), anser l'oie grise ordinaire
{anser cincreus). Remarquez dans ces mêmes régions la très fréquente représenta-
lion de volailles cuites servies aux repas et en particulier aux repas funéraires (à
Metz, Esp.. n° 4313; à Neumagen chez les Trévircs, n° 5155, elc.) je crois bien :
(lue rélevage des volailles était dès lors une des spécialités des pays lorrains.
4. Varron, R. r., III, 12, et en particulier § 2 s.rptum venalionis de T. Pompéius
:
leur livrait ses ours', ses cerfs et ses sangliers-. Pour les cap-
avait (ini par désigner, soit les chasseurs de bêles sauvages, soit les combattants
libres de l'arène (à Aix, C./. A. XII, 533; à Zurich, XllI, 5243; ici, n.3);cf. p. 373.
, .
L'ours était du reste inliniment plus abondant que de nos jours, sa vogue populaire
ayant amené en partie sa disparition; cf. t. I, p. 93; C. /. L., XIII, 5100, inscription
à Berne Artioni, « à la déesse des ours », à la Diane de la chasse aux ours [?];
chez les Trévires. Artioni Diber, XIII, 4113; très nombreuses représentations dans
tous les pays de Gaule (Esp., n°^ 43, 4i, 362, 404, 411, etc.); à Cologne, un centurion
se vante d'avoir capluré 50 ours en G mois (Riese, 556); etc. Il servait à des com-
bats ou à des chasses dans les amphithéâtres, mais aussi, comme dans nos foires,
à des jeux de baladins, ursns minium agenles [H. Aiig., Car., 19, 2) un commen-
:
taire très exact de ce dernier texte nous est fourni par une tablette gravée de
Narbonne (Lsp., n" G09), où sont représentés la lutte d'un ours avec un bateleur
assis dans une cuve pleine d'eau, un autre bateleur faisant rouler un tonneau
par un ours, un arbre où on fait grimper l'animal, etc.
2. Cf. p. 201-202.
3. Uursarius d'une légion eil plulJl un cha.iscur de forêts qu'un com-
N. 1.
prouvé, faute d'une étude minutieuse, d'ailleurs très difficile, des galeries,
ruines et décbels de l'époque gallo-romaine. Attribuer telle mine, telle exploita-
tion aux temps impériaux plutôt qu'aux Gaulois ou au Moyen Age est toujours
sujet à caution. Cf. A. Léger, Les Travaux publics aux temps des Romains, p. 087
et s. fmédiocre); Bliimner, Terminologie, IV, p. I et s.; Ardaillon, Dict. des Ant.,
VI, p. 1856 et s. (l'article a paru en 1903).
3. Cf. ici, n. 8. En exemple
outre, l'extraction par tranchées à ciel ouvert, par
pour l'étain du massif Central, mais il s'agit, semble-t-il, d'une mine préromaine
(de Launay, La Natiim, XXIX, 1901, II, p. 44).
4. Rlvos... infra iiiimam (Tac, Ann., XI, 20; il s'agit de mines d'argent dans le
Nassau, creusées par les légionnaires en 47). Voir les galeries d'Alloué en Charente
(plomb argentifère) avec piliers de soutènement (Annales des Mines, IT s., VII, 1830,
p. 174-0, pi. 4); traces de boisage hors de Gaule [id., V
s., XIV, 1858, p. 569).
Voyez aussi les chambres d'extraction aux mines de plomb argentifère de Ponlgi-
baud dans le Puy-de-Dôme (Annales des Mines, W" s., 1, 1892,' p. 442, pi. 19).
5. Il serait intéressant de rechercher si quebiues-uns des aqueducs de la Gaule
1. Dans la mesure où l'on accepte que les Gaulois n'avaient point fait de recher-
ches scientiliques, ce qui reste toujours à prouver.
2. T. I, p. 75-6; t. II, p. 155: t. III, p. 65.
Ausone parle du Tarn aurifer {Mos., 465) car il va de soi que l'orpaillage
3. :
p. 302-3.
5. Remarquez le contraste, à propos des mines d'or de la Gaule, entre le
de cuivre (Daubrée, Rev. arch., 1868, I, p. 304). Les textes de Pline (n. 2-4) semblent
indiquer des gisements plus nombreux, peut-èlre ceux de Gascogne et des Pyré-
nées (cf. n. 6; t. I, p. 78; t. II, p. 304). Il est possible que la présence d'ararii à
Entrains (XIII, 2901), de /oricara à Monceaux-le-dom te ou plutôt à Brèves (XIII. 28:28),
permette de supposer l'exislence de mines de cuivre dans la Nièvre; cf. p. 30."), n. 4,
p. 313, n. G. On signale aussi des débris ou des souvenirs romains dans des mines
de cuivre de Gabrières (Hérault), Le ColTre (commune de Cadarcet, Ariège), Gliessy-
les-Mines (Uliône), Rosières près de Garmaux, etc.: mais il faudrait absolument
reprendre l'examen de ces gisements au point de vue de la date de leur exploitii-
tion. La science de nos anliquilés, en cet ordre de faits, n'en est qu'à ses débuis.
6. S'il est vrai qu'on n'ait trouvé dans les mines de Baigorry (t. I, p. 78, n. 11 ;
est même possible que chaque cité ait fini par avoir la sienne -
p. 303. —
Je suis étonné du peu d'importance, duns les documents, des mines de
plomb argentifère de Melle, si fameuses sous les Mérovingiens il n'y a pas d" :
doute d'ailleurs qu'elles n'aient été exploitées sous les Romains; Annales des Mines,
II- s., VII, 1830, p. 176 et s.
connaître aussi' celles du Bigorre '° et des Corbières " dans les
une étroite solidarité entre la production économique d'une cité et sa vie muni-
cipale (cf., pour les vins, p. lUI, n. 1 pour les fers, p. 209, n. 7; pour le plomb et
;
toutes les régions (p. 204, n. 2), qu'elles datent en principe des temps gaulois.
10. Inscription rapportée par Oihenart(A'o/. utr. Vase, dans la 2° édit. seulement,
16.50, p. 5IJ7; C. /. L., X\\\,S8i, paganiferrarienses) et (\u'\ aurait été trouvée à Asque :
je l'y ai vainement cherchée, et je crois plutôt qu'elle aurait été à Asté prés de
Bagnères-de-Bigorre.
11. Ftipa dcxtra de l'Aude (XII, 4398). On a supposé le Vivarais et la rive droite
MINES ET SALINES. 209
bureaux sont à Lyon ^ Mais les villes ont également les leurs *^,
bien organisée devait trouver sur place son minerai pour ali-
menter sa forge, comme elle récoltait ses blés pour nourrir ses
hommes, et filait ses laines pour les vêtir'.
T. V. — 14
210 L EXPLOITATION DU SOL.
rendre compte par les noms de lieux, bien d'autres exploitations de sel, parexeniiile
à Sulinœ, Castellane, dans les Alpes Maritimes.
4. G. I. L., Xll, 3300 (à Peyriac-de-Mer sur l'étang de Sigcan); cf. XII, 1.31)6.
aulnes, peupliers, trembles), à Nalliers, etc. (p. 177, n. 4), paraissent se rapporter,
dit-on, plutôtà des marais salants qu'à des fabrications de potasse pour verres ou
savons on y a trouvé en effet des briquetages assez semblables à ceux de la Seille
:
390-1). Il peut évidemment s'agir de fermiers d'un monopole d'Etat. Mais je crois
plutôt que ce sont des corporations de trafiquants libres, indigènes et romains. Il
n'est nullement prouvé que le fisc se fût réservé toutes les exploitations de sel.
7. Pour ceux-ci, p. 198, n. 7.
CAimiERES. 2H
VIII. — CARRIÈRES
Gannat, Saint-Uémy-en-Rollat, pour les vases (p. 27'.J, n. 4); près de Moulins pour
les figurines (puits des Segauds signalés par Tudot, Figurines, p. 58 et 76).
5. Par exemple à La Graufesenque chez les Rutènes (Aveyron), à Banassac chez
les Cabales (Lozère), à Monlans chez les Rutènes albigeois (Tarn). Et, aussi, pâte
rouge de Lezoux chez les Arvernes, etc. Cf. p. 273 et s.
6. T. I, p. 83; ici, p. 278, n. 4.
7. En ce qui concerne en particulier les amphores et gros récipients à terre
212 l'exploitation DU SOL.
toutes les Alpes '% ils explorèrent en détail toutes les Ardennes'%
commune, dont lesmarques paraissent le plus souvent locales; ici, p. 2GG-7. Mais
même pour les faux arrétins en terre rougeàtre, je crois bien que chaque cité
a eu ses figlinas locales; ici, p. 207 et s.
1. nous man(iue une élude d'ensemble sur les marbres romains de la Gaule.
11
11 n'y a que des indications épirses dans nombre de travaux, depuis le Rapport
d'Héricart de Thurt {Annales des Mines, Yill, 1823) jusqu'à la thèse de Ch. Dubois
{Et. sur V administration des carrières, etc., 1908, p. 21 et s.). Le texte d'Ulpien —
{Dig., XXIV, 3, 7, 14) semble une allusion à une richesse presque légendaire des
carrières de marbre de la Gaule, ut lapis ibi renascatur.
2. Outre Saint-Béat (n. 3), les marbres de Sarrancolin dans la vallée de la
Neste d'Aure, ceux de Campan en IJigorre, toutes les variétés des marbres de
l'Ariège, très répandus dans l'Aquitaine, en particulier à Bordeaux. Dans les
ruines de Ghiragan, Joulin (p. 58-60) a reconnu les marbres gris de Saint-Béat,
ceux de Sarrancolin, ceux de Caunes en Languedoc et, entre autres variétés arié-
geoises, les griottes rouges, vertes et isabelle de Seix. Les fubncnta Aquilanica
(Sidoine, Ep., 11, 10, 4) doivent être des marbres des Pyrénées).
3. G. /. L., XIII, 38 (inscription près de Saint-Béat) : Silvano deo et Montibus
Numidis[= « sanctis'? »] Q. Jul. JuUanus et Publicius Cresccntinus [ce sont des Ita-
liens?] qui prinii hinc colamnas vicenarias celaverunt et cxporlaverunt. On a cru recon-
naître les traces de l'exploitation gallo-romaine dans « de profondes excavations
creusées verticalement dans le roc vif» ; Barry, Bail, de l'Institut de Corresp. archcol.,
1862, p. 142. — Marmorarius mentionné àArdiège dans la même région (XIII, 122).
4.Cxduntur mille gênera marmorum, dit Pline (XXXVI,
in Et on put en dire 2).
de même du Jura et des Vosges. — Paul Silentiaire (vers 637 et mentionnele s.)
Ardennes avec leur célèbre marbre de Sainte-Anne? ou, bien plutôt, des Pyrénées,
avec leur marbre - grand deuil », de style admirable », d'Auberten Ariège, qu'on
><
retrouve à Rome et à Saint-Marc de Venise (Frossard, Mcm. sur les marbres des
Pyrénées, 2" éd., 1895, p. 19)?
5. Dans les villas de Belgique on a reconnu notamment le marbre rouge du
CARRIERES. 213
pays entre la Sambre et la Meuse, et je doute fort qu'on n'ait pas utilisé le marbre
noir des Ardennes. —
Ausone parle des marbres des bords de la Ruwer près de
Trêves {Mos., 359 et s., marinore clarus Erubris). Je ne sais si on les a relrouvés (on
a supposé qu'Ausone voulait parler, ou des scieries de marbre importé, ou des
ardoisières du pays). — Cf. ici, t. I, p. 81.
1. Voyez p. 220-227.
2. En particulier pour les cacbets d'oculistes (cf. Espérandieu, C. /. /--., XIll,
p. 72-3); comme toitures, sans nul doute en Belgique et bien ailleurs. C'est sans
doute aux ardoises que songe Pline, XXXVl, 159 Mollilise trans Alpis prsecipua
:
sant excmpla. Je ne sais si l'on a étudié de près l'iiisloire ancienne des ardoisières
de Renazé ou d'Angers et des Ardennes. Près de Trêves, cf. p. 212, n. 5.
5. Pline. XXXVI, 159; t. I, p. SI; cf. ici, p. 217, n. 5.
6. Pline signale de rocbe dans les Alpes, où on
le cristal allait le cbercber à
flanc de rocber à l'aide de cordes (X.XXVII, 24 et 27).
7. T. 11, p. 303, n. 9; cf. ici, p. 296, n. 4. Pline semble aussi parler des—
pierres à aiguiser de la Gaule, passernices; XXXVI, 165. S'il s'agit des pierres à
aiguiser les rasoirs, il doit penser aux fameux gisements de Viel-Salm en Belgique.
Pour les outils communs, on a dû utiliser entre autres les grès des Vosges.
8. Ici, p. 108-111; et plus loin, p. 223, n. 4, p. 227. On allait parfois les cher-
214 L EXPLOITATION DU SOL
cher très loin à Fréjus, les pierres à chaux venaient du côté de Fayence, à
:
tions sont sur pierre de Seyssel, « d'un grain fin favorable à la sculpture, mais
que son manque de résistance aux injures de l'air a fait abandonner de bonne
heure pour le calcaire de choin de [du?] Fay, plus grossier et beaucoup plus dur >•
;
7. «Toutes les inscriptions parisiennes sont gravées sur calcaire grossier >, • la
tailleurs de pierre -.
1. Pour les Arènes de Nîmes, les pierres de Barutel (à 7 kil., sur la roule d'Aiais),
belles d'aspect et d'un grain fin, ont servi au gros œuvre extérieur; on a utilisé
celles de Mauvalat (Sommières) pour la maçonnerie des voûtes, celles de Roque-
maillère (commune de Nîmes) pour les parties moins en vue (voyez des relevés
un peu différents chez Grangent. etc., Descr. des mon. antiques, p. G3-4). Les pierres
de laMaison Carrée auraient été extraites des carrières de la montagne des Lens
dans Moulézan. —
A Autun, on a relevé (de Fontenay, p. 83-4). comme pierre de
taille, le grès de Prodhun (Aulully), le calcaire oolithique de Mont-Saint-Jean et
formé par les débris de roches très dures, et fort estimé pour les mortiers »
(Texier, 3* mém., p. 250 cf. ici, p. 213. n. 8).
;
—
Tout cela suppose de nombreuses
comparaisons et des organisations industrielles assez compliquées.
2 Herculi Saxsano, C. I. de Norroy), 7692 et s. (car-
L., Xlll, 4623-.5 (carrières
rières de Brohl). C'est tout à fait à tort Hercule comme
que l'on a considéré cet
un dieu germanique on l'adorait à Tibur (XIV, 3543), ville qui avait d'impor-
:
LA FABRICATION
I. — LA CONSTRUCTION EN PIERRE^
1. Voyez
remarques bibliographiques ou autres de la p. 3, n. 1.
les Comme —
bibliographie générale, en outre Bliimner, Technologie iind Terminologie der
:
Gcwerbe und Kiinslc bei Griechen imd Rœinern, 1* éd., 4 v., 1875-87; 2'' éd., I, 1912;
Gagnât et Gbapot, Manuel d'archéologie romaine. I, 1917.
2. Choisy, L'Art de bâtir chez les Romains, 1873; le même, Vilruve, 1, 1909;
Léger, Les travaux publics... aux temps des Romains, 1875; d'utiles renseignemenis
techniques chez Grangent, Durand et Durant, Descr. des monuments antiques du
Midi, 1819 [limitée au département du Gard).
3. On disait structures pour les ouvriers de la construction (cf. t. IV, p. 399,
n. 7). — Sur les outils. Héron de Villefosse, Outils d'artisans romains, dans les
Mémoires dc-s Antiquuires de France, de 191/1 et 1902, LXIl et LXIII; en outre,
Esp., n<" 730, 781, I.jOI, 1.")09, 1612, 1615, 1881, 522G, .i227. etc.; cf. ici, p. 307, n. 5.
Je ne crois cependant pas que les représentations funéraires d'outils de maçons
(triangle ou niveau, équerre, règle, ciseau, etc.) se rapportent nécessairement à
la profession du défunt; ils peuvent se raltncher, comme Vascia (t. VI, ch. 1, § 14),
à quelque rite relatif à la construction du tombeau.
LA CONSTRUCTION EN PIERRE. 217
1. Employés en particulier pour les pavés dans les rues de Fiéjus romain
(Texier, niém., p. 249); cf. n. 4.
'i"
suffit (le voir, sur les façades de nos édifices romains, la gran-
deur de certains blocs aux Arènes de Nîmes \ la régularité des
milliers de cubes de pierre dont sont faites les murailles de
Fréjus-, et, partout, la rectitude des lignes, la netteté des arêtes
calcaire sont tellement serrés « que la plupart sont presque invisibles au premier
abord • du Fontenay, p. 38. On arrivait à ce procédé en introduisant dans un
;
nier qu'il ait pu y avoir des édifices mal construits et qui n'ont pas eu la vie
très longue. D'assez nombreuses inscriptions mentionnent des œdificia vctustate
conlapsa (en bien moins de deux siècles, XIII, 939; 7506 a, etc.).
5. Espérandieu, n° 2779'? (Sens); Vitruve, X, 2 (trodeae); cf. Choisy, Art de bâtir,
p. 117-8; Germain de Montauzan. Essai sur la science et l'art de iingénieur aux pre-
miers siècles de l'Empire, 1908, p. 82 et s.
6. En particulier « des échafaudages volants, portés en surplomb sur des cor-
LA CONSTRUCTION EN PlEllRE. . 219
posés sur l'arèle, la recherche esthétique est plus grande encore, puisque l'ensemble
lorme un réseau complet de losanges réguliers. Le type le plus parlait, en
,
sions '
; et dans les campagnes mêmes, on peut constater, sur les
murailles romaines, les efforts gauches et naïfs faits par les
maçons de village pour assurer la disposition harmonieuse de
leurs assises de pierres-. — Il y avait en cela une sorte de
superstition d'artisan qui, par l'Italie, pouvait venir de l'ouvrier
grec, si passionné pour le dessin élégant de ses œuvres ^ Mais
rappelons-nous aussi que les Gaulois n'étaient pas de purs
manœuvres, et que, sur les remparts de pierre et de hois qui
marquèrent leurs débuts dans l'industrie du bâtiment, ils ont
également dessiné des façades agréables à voir\
Comme éléments des grandes constructions, je n'en rencontre
aucun qui paraisse propre à la Gaule. Arc cintré ou porte à
linteau pour les ouvertures de façades, plafond charpenté ou
voûté pour les couvertures de salles % fronton et toits en arête
pour les couronnements d'édifices'^ : — le corps du bâtiment
de brique ont été parfois remplacées par les dalles de pierre de Bidache de mêmes
dimensions (Revue des Et. anc, 1905, p. 153). —
Ces petits appareils se rattachent
à Vopus cœinenticiuin, p. 22 i, n. i, et mériteraient une élude spéciale de men-
suration.
1. Voyez remparts bâtis à partir d'Aurélien, où les parties supérieures, en
les
petit appareil, offrentdes asiises de blocs parfois très régulièrement disposées,
au lieu que les soubassements, faits de gros blocs empruntés à d'anciens édifices,
sont au contraire de disposilion informe.
2. Voyez par exemple les monuments de Champlieu et les Arènes de Senlis,
4.Tr II, p. 218. Il reste possible que cette recherche de la symétrie vienne,
même pour ces temps de l'indépendance, de l'influence grecque.
0. Voûtes en berceau, d'arôle, sur plan circulaire; le plus souvent maçonnées;
cf. Choisy, Art de bâtir, p. 31 et s. —
Voyez surtout, pour le second type, la
grande salle de Cluny, où la voûte a m. 05 d'épaisseur à la clé, et était assez
solide pour porter n jandeisf rdin (de Pachtcre, p. 87).
G. Cf. Choisy, Art de bâtir, p. 143 et s. —
Les variétés dépendent de l'incli-
naison et des matériaux de couverture (cf. p. 228). La doiiiinalion romaine relégua
aux habitations populaires les chaumes, roseaux ou bardeaux (cf. t. II, p. 322,
t. V, p. 228 et 62), qui permettent plus d'inclinaison, s'accommodent des
toits en
cône ou en pyramide (cf. p. 221, n. 1).
LA CONSTRUCTION EN PIERRE. 221
1. Sans tenir toujours compte des diflérences de climat « :La faible inclinai-
son » des toits, en usage en Italie, fut appliquée « dans nos contrées du Nord
pour lesquelles elle n'était point faite.... On en vint à couvrir les salles non
voûtées... de Cluny comme on aurait couvert un temple ou une basilique à
Naples ..; Choisy. p. 151. Cf. p. 222, n. 2, p. 355, n. •}.
2. Les marches, d'ordinaire plus hautes et parfois plus étroites et moins pro-
fondes que de notre temps. — Communication de Mazauric à la Maison Carrée
:
4. On a cru constater qu'elles ont été plus répandues en Gaule qu'en Italie.
Voyez en particulier les sous-sols des habitations d'Alésia, bétonnés, avec escalier
et soupirail. On en a signalé de semblables en Belgique et ailleurs. Les plus
remarquables peut-être de la Gaule sont les soixante caves découvertes dans la
forêt de Compiêgne : elles devaient être « recouvertes d'un plancher établi en
maçonnerie supporté par de fortes solives en bois » parfois, < le sol est bétonné
;
et des trous circulaires sont ménagés dans le béton de manière à recevoir des
amphores » (Cauchemé, Descr. des fouilles archéologiques exécutées dans la forêt de
Compiêgne, \V p., 1902).
5. Pour la charpente des portes et fenêtres, p. 229; pour les vitrages, p. 291.
qaod arcuatili camino sœpe ignis animatus pulla fuligine infecit; Sidoine, Carmina, 22,
189 et s. (dans la villa de Bourg sur Dordogne); Julien, Mis., p. 341, Sp. (dans
son palais de Paris) :'IVô /.aaivo;; tx -o/./.à xcôv ocy.r,aiTwv é/.eï ôëpjxaivefjOai.
Il s'agit dans ces trois cas de pièces d'hiver. — Cf. t. II, p. 322.
222 LA FABRICATION.
peut douter '), lu (jaule n'a pas bâti autrement que le reste de
l'Empire -.
Les textes qui nous le font connaître (p. 221, n. 1) sont du Bas Empire, et
1.
il est possible ([ue ce vieux système de chauirage ait disparu presque partout
chez les riches (comme de notre temps) devant le chauffage central. On sait —
les innombrables discussions que la question des cheminées a provoquées chez
les archéologues de tous les temps.
2. Voyez les remarques de Choisy, ici, p. 221, n. 1, et celles de Grenier, Habita-
tions, p. 87-8 (cf. ici, p. 355, n. 3) « Le plan général est conforme à celui de la
:
villa classique. L'atrium avec ses galeries ouvertes », par exemple, qui était
« un véritable contre-sens sousle climat rigoureuxde la Belgique », y fut adopté,
1120 mètres de longueur, 118 arches (on a dit aussi 114). Voyez sur lui les judi-
cieuses remarques de de Montfaucon, SuppL, IV. p. 105 et s.
7. Au niveau de la cimaise du second étage; Mazauric donne 273 m. en tout.
48 m. 77, soit 20 m.
8. 12 pour chacun des deux premiers étages, 8 m. 53
pour le troisième.
Le grand arc mesure 24 m. 52, et, pour comble de hardiesse, l'épaisseur des
9.
piles (4m. 80) paraît inférieure à l'épaisseur que les architectes jugeraici.t aujour-
d'hui nécessaire (5 m. 25). Cette ouverture d'arche ne paraît pas a\oir été dépassée
en (iaule. Cf. Léger, p. 338 (tableau), 570-1.
10. Ajoutez l'épaisseur des murailles. Au temple de Vassogalate, que je crois à
Clermont, la muraille était de 30 pieds, à l'extérieur de grand ou moyeu appareil
{quadris sculptis), à l'intérieur de petit appareil {ininuto lapide) : ce qui me parait
MAÇONNERIE ET ANNEXES DU BATIMENT. 223
« lors même que les pierres de taille devaient se liaisonner avec des massifs
maçonnés, elles étaient toujours posées à sec »; le mortier n'avait qu'une fonc-
tion essentielle, celle d'une gangue plastique propre à réunir des cailloux en
<•
nerie proprement dite, faite de matériaux autres que la pierre de taille, d'éclats
de rochers, déchets de carrières, cailloux, pierrailles et caillnsses de tout genre,
agglutinés en une sorte de béton par un bain de mortier [j'emploie Texpression
de béton, tout en remarquant qu'il ne s'agit pas, dans ces sortes de murailles, de
béton préparé d'avance, comme le nôtre'. Les Romains, de ce bétonnage, firent
un emploi extraordinairement fréquent, et qui n'est comparable qu'à ce que les
temps actuels ont imaginé en ciment ou en béton armé. Ils l'ont employé 1° par :
Les lignes de briques dont nous avons parlé ne formaient pas seulement décor.
Elles servaient aussi, et surtout, à assujettir au blocage les pierres de revête-
ment, à les relier entre elles, à maintenir les différentes couches du mortier
intérieur, à y éviter des poussées ou des déplacements; elles sont les analogues
de ces parpaings en bois que recommande Vilruve pour les murs des villes
(I, 5, 3); cf. Choisy, Art, p. 26-7. Car, en principe, ces lignes traversaient tout
il faut avouer qu'il en est resté du bon en quantité considérable, et dans les moin-
dres endroits. On a dit que le temps a contribué surtout à celte dureté mais
:
est-il sur que les llomains n'aient point prévu cet accroissement graduel de soli-
dité"? Le ciment romain a trop frappé les observateurs, dès le Moyen Age, pour
que sa gloire soit simplement le résultat d'un engouement. Et voyez n. 3.
3. Des précieuses expériences provoquées par Germain de Montauzan (p. 269-
271) il résulte « que non seulement les mortiers romains atteignaient à de très
hautes résistances [110 et 120 kilogrammes par centimètre carré], mais encpre
qu'on ne descendait pas au-dessous de résistances bien plus que moyennes »; la
résistance moyenne de nos m?il)eurs mortiers ordinaires est de 30 à 35 kilo-
grammes (Debauve, Procédés et Matériaux de construction. 111. 1894. p. 356).
MAÇONNERIE ET ANNEXES DU BATIMENT. 225
bien que pendant le Moyen Age les habitants de nos villes avaient
pu se tailler des demeures et bâtir des escaliers à l'intérieur
1. On le répète du moins
Choisy, Vilruve, 1, p. 14, dit
: [)eul-ôtre » Germain ••
;
2. A Bordeaux dans la muraille du Bas Empire, cf. Inscr. roin. de Bord:, II,
p. 2S0. A Fréjus, les murailles d'Auguste ayant perdu leur parement de moellons,
le mortier demeure intact et présente des alvéoles aux rebords aussi fermes que le
couches de poussière de marbre, chacune plus fine que l'autre (graneum, innrmor
T. V. — 15
226 LA FABRICATION.
graneum). Les excellenles recherclies de Bulard sur les stucs de Délos [Fondation
Piot, XIV, 1908) OQt montré l'origine gTecque de ces procédés.
1. Blanchet, Étude sur la décoi-alion des édifices de la Gaule romaine, 1913, p. 14-5,
52 et Voyez dans ce livre, p. 57-60, le résumé des discussions auxquelles ont
s.
donné lieu les manières d'appliquer la peinture, fresque (plus probable, udo tectorio,
Vitruve, YII, 3, 7) ou encaustique. Sur les couleurs, ici, p. 262, n. 3. Excep- —
tionnellement, on fabriquait des tuyaux en chaux et sable (C. /. L., XIII, 3097).
2. Les niarmorarii (Agen, XIII, 915) sont sans doute souvent des entrepositaires
et travailleurs plutôt (jue des extracteurs.
3. Même dans les édifices à destination vulgaire, comme l'amphilhéùtre de
Fréjus, on constate au podium un revêtement de marbre en dallée de 15 centi-
mètres (Texier, 3' mém., p. 255).
4. Exactor operis basilicœ marmorari et lapidari, XII, 3070 basilique de Pié- :
tine? (p. 73j. Cf. ad marnioranduni balnenrn, XIII, 5416; temple marmore variatum,
Grégoire, Hist. Fr., I, 32.
5. Bulletin monumental, IP s., XII, 1830, p. 337.
MAÇONNERIE ET ANNEXES DU BATIMENT. 227
C'est une même variété dans les pavements que sur les
2. Saus parler des grandes' dalles, épaisses parfois de 13 cenliinèlres' (p. 22(5,
n. 3), i)1lis de 3 pouces, (jui servaient surtout aux édifices publics.
3. Ou mosaïque; Grégoire de Tours, llist. Fr., 1, 32.
parfois de
4. Cf. p. 223 et108 et s. Les éléments y sont les mêmes.
s., p.
même dans les plus belles villes du Midi, telles que Marseille';
là brique rouge, qui fournissait des ornements faîtiers d'une
certaine élégance^; les plaques d'ardoise noire ou de pierre
blanche, fréquentes surtout dans le Nord'; et les tuiles de
haut, une cité romaine, avec ses toitures bigarrées, n'était pas
ni. - CIIARPENTERIEfi
dit de l'importance des avant-toits (cf. Vitruve, IV, 7, 5) peut, je crois, être géné-
ralisé pour toutes les Gaules (t. Yl, ch. 111), et il serait bon d'en tenir compte en
particulier dans la reconstitution des lieux de culte gallo-romains.
2. Pour les étages supérieurs des maisons; cf. Vitruve, VII, 3, 1 et s.
Il est vrai que les Gaulois n'avaient pas été des charpen
tiers maladroits^; il est tout aussi vrai que les Romains étaient
en cette matière des ouvriers incomparables, et qui ne seront
point égalés : rappelons-nous ce que César leur a fait faire
entre les deux rives du Rhin\ Ces qualités des maîtres et des
indigènes se trouvèrent concerter pour valoir à la charpenterie
les plus beaux temps qu'elle ait connus en France. — Il est du
reste possible que, dès la fin du premier siècle, ses elTorts aient
éf;;aler.
1. T. III, p. 583. Mais on y fabriquait peut-être des barques dès les temps
celtiques (t. 1, p. 466-7).
2. La présence de chantiers à Narbonne peut être tirée du rôle très important
qu'y jouent les naviciilarii (p. 171, n. 7) et du très f^rand nombre de monuments
funéraires qui y roprésontent des navires aucune ville de la Gaule, à beaucoup :
prés, ne peut être comparée à Narbonne à cet égard; Esp., n"' 678, 683, 685-7.
690, etc.
3. Negotiator artis ratiariœ (XIII, 2035); ralis peut signifier ou radeau ou barque
(cf. p. 162, n. 10, p. 163, n. 4).
.4. Ici, p. 134-135.
5. Cf. p. 130, n. 2, p. 165. n. 3 et 5.
6. T. III, p. 292. — Aucune trace des anciens chantiers de Saintonge et de
Vendée (t. III, ib.).
9. A cause de la présence des nautes (p. 165) et du culte de Vulcain (XIII, 3105-7).
— Peut-ôtre aussi à Metz (p. 104, n. 1), Trêves (p, 161, n. 5, p. 162, n. 1, 2, 5).
Chalon (p. 162, n. 3, p. 130, n. 1).
10. T. I, p. 391 et s.; t. Il, p. 211 et s.
1 1 . Aucune trace appréciable de ces navires dans ces deux ports, sauf 1° à Fréjus,
:
la mention de liburnicœ (Tac, H.. IV, 43) : c'étaient,en principe, des vaisseaux de
guerre très légers, poupe et à la proue, des sortes de croiseurs (cf.
effilés h la
Tac, Ami., Rhin); 2° à Boulogne, l'ex-volo de la triretnis Radians (XIII,
II, 6, sur le
3504 = Esp.. n" 3904) le tonnage d'une trirème est évalué à 75 tonnes.
:
,
232 LA PWIMUCATIOX.
1. Cf. p. 161-162.
entre 200 et 300 tonnes? Les gabares n'ont guère que le tiers
2. Cf. p. 161, n. 6;
de ce tonnage, \jeponto de la mosaïque dWlthiburus. avec sa barque à la (ilière,
son grand mat, son màt de misaine, son gréement complet de voiles et de cor-
dages, me rappelle bien nos transports de rivières. Ce doit être aussi le type des
navires de charge figurés à Narbonne (p. 231, n. 2) et sur la mosaïque des Nar-
bonenses à Ostie (p. 168, n. 7, p. 135, n. 4).
3. Cuparii, mentionnés en Vivarais (t. IV, p. 387, n. 2) et à Nantes (C, Xlll,
3104: ici, p. 186, n.l). Un cuparius, à Trêves, est en même temps saccarius (C.
XIII, 3700), fabricant de sacs à filtrer le vin (sacci vinarii) : c'est ainsi que nos
tonneliers vendent toutes sortes de fournitures pour l'entretien des caves.
4. Je crois qu'on peut reconnaître ces quatre espèces de récipients. Nombreux
bas-reliefs; Esp., n"^ 1112, 1621, 1843, 1882, -32.32 (foudre, à Langres), 3253, 4072,
4080, 41G1, 4221, 4327, 518i, 5193, 5198, etc.
5. Il faut ajouter les différentes espèces de cuves, cuviers, baquets, boisseaux,
pour les manipulations des liquides ou des grains; cf. Esp., n"* 2215 (divinité de
métier), 2852, 4125, 4892-3 (la déesse des savonniers).
6. Cf. le tonneau du Musée de Mayence, Billiard, p. 481; je sais qu'on en a
découvert un certain nombre d'autres sur le Uliin inférieur. Il y eut des fers à
marquer les tonneaux.
7. Pline, XVI, 75. Je ne sais rien sur l'usage de cercles en métal.
MENUISERIE. 233
IV. — MENUISERIE
antiques. Quelques-uns m'ont paru plus allongés que les barriques bordelaises de
nos jours (la futaille mélriiiue officielle, d'ailleurs assez peu observée, comporte
21 parties en longueur, 16 en diamètre de fond, 18 en diamètre au bouge), plus
voisines des anciennes barriques bordelaises (au xviii" s., m. 9271 de longueur,
m. 6046 de diamètre de fond, m. 6918 de diamètre au bouge; Brutails). Beau-
coup ont, semble-t-il, les douves plus étroites et les cercles plus rapprochés. Il
faudrait aussi examiner à ce point de vue les barillets de verre de Frontin (p. 292,
n. 7), qui m'ont paru reproduire assez fidèlement, en minialure, les types réels
(j'ai pris les mesures, par exemple, de m. 125. m. 07. ni. 085, pour les trois
dimensions réglementaires du tonneau). Dans l'ensemble, l'impression est celle
d'excellent ouvrage, et les ressemblances avec les futailles courantes de France
sont infiniment plus nombreuses que les différences.
3. Choisy (Vitruve, I, p. 56-7) remarque le peu d'importance des menuiseries
d'Italie, comme l'Algérie l'a été par les modèles courants des
ébénistes du faubourg Saint-Antoine?
Il me semble par malheur que, de ces trois solutions, la moins
hasardée est la dernière, la plus défavorable au maintien des
traditions nationales. La maison gauloise s'ouvrit largement aux
meubles du Midi, et quand ils n'arrivèrent point tout faits des
ateliers de Rome, ils furent copiés sur les types que la capitale
riariiis'},4467; inateriarius'!, Uiese, 3022 ces deux derniers noms pouvant désigner
:
des charpentiers. Il ne faut pas oublier que dans l'Antiquité comme de nos jours
(cf. luthier, ébéniste, cordonnier, bonnetier, tapissier, etc.), le nom d'un métier
Il arriva même ceci (en quoi peut-être la Gaule prit ses usages
propres), il arriva que, une fois goûté le charme de la position
assise, elle s'y livra plus que ne le faisaient alors ses maîtres
des chaises autour d'une table ronde, aux grands lits allongés
temps ^
: la Gaule impériale le remettait en honneur.
n°5156). Les vraies chaises (par exemple celles des magistrats municipaux; Esp.,
n"'' 119, 680) sont en réalité de hauts tabourets, mais à pieds croisés et
ornés, et
avec coussins.
6. Esp., n" 4095.
7. C'est le type de siège le plus répandu. Le modèle en bois comporte, tantôt un
dossier droit et des bras ajourés (Esp., VI, p. 4i6}, tantôt, à ce qu'il semble, un
dossier plein et recourbé faisant corps avec des accoudoirs de même nature
(n"^ 4062-3, 4098, 5155, 5156); il y a du reste bien d'autres combinaisons.
Pour le
type en osier, p. 236, n. 1. —
Sella (jslaloria, C. I. L.. XI II, 5708. On trouve —
des cercueils en bois, en particulier de noyer.
23Ô LA FAIJIUGATION.
(loirs larges et pleins. Elle y pla(;a les plus chères de ses déesses,
i. Esp., n°' 2788-9 et VI, p. 323 (les détails du tressage nioutrent une absolue
similitude avec les fauteuils d'osier actuels), 331, etc.; Blanchet, Fiijurincs, p. 117.
2. Viminarius à Narbonne (XII, 4522).
3. Remarquez des paniers d'osier pour récipients de verre (Esp., VI, p. 360);
autres objets, paniers, corbeilles, etc., n°' 2778, 2852, etc. Petites voitures ou char-
rettes avec caisses en osier; p. 15G, n. 1 et 2. Utilisation de la vannerie pour la fabrica-
tion de petites barques (p. 202, n. 1); navem libuniam ex scirpo ['?], XIII, 5708.
cf.
4. Deux catégories principales d'appartement et colfrets ou cassettes à
: coffres
main; Esp., n"' 2789, 2798, 2817, 28.52, etc. Les principales dilférences venaient des
sculptures et surtout de l'ornementation en métal (cf. p. 304, n. 4). Une espèce —
à part, très répandue, et à laquelle on attachait peut-être un sens solennel ou
mystique, était le colTre cylindrique, haut et profond, cista ou caf^sa. où l'on dépo-
sait rouleaux, livres ou documents: cf. Espérandieu, u"* 1084, 1095, etc. C'était
sans doute ce qui tenait lieu de meuble d'archives à une famille.
5. C'est, au moins dans le Nord-Est, le type consacré pour les repas sacrés ou
funéraires: elles sont à trois pieds, souvent réunis par des traverses ou des bar-
reaux de bois; Esp., n"" 4062-3, 4097, 5I5C, etc.); et je crois bien qu'elles rap-
pellent le type gréco-romain de la delphica, imitée du trépied de Delphes.
6. Esp., n" 5154. —
Mais les tables de pierre continuaient à leur faire concur-
rence; voyez la table de pierre trouvée à Alésia. De même? Esp., n° 1547. Et les
tables dos marchés étaient souvent en pierre.
MENUISERIE. 237
p. 325), semblent montrer que l'industrie n'en souffrit pas tout d'abord de la con-
quête. Il me parait cependant nécessaire que l'usage des mosaïques (cf. p. 227)
ait restreint celui des tapis; en outre, inscriptions et sculptures ne mentionnent
jamais ces derniers. Voyez les remarques de Besiiier, Dicl. des Ant., IX, p. 46.
8. T. II, p. 325. Ici, t.V, p. 243, 244-5.
V. — TISSAGE
toujours dans la Gaule romaine: mais nous n'arrivons pas à démêler si c'est par
une survivance celtique ou sous une influence ori.entale. Elle devait en tout cas,
je crois, sedévelopper particulièrement à partir du ni- siècle, et alors, sans doute,
par TelTet des Svriens; cf. Sidoine, Carmina, 22, l'J2 et s.
2. P. 237, n. 7.
3. Pour tout ce qui suit, t. H, p. 2'JC et s.
4: Cf. p. 244, n. 3.
5. Voyez la tunique à couleur marron foncé trouvée dans la nécropole de .Mar-
manteau à capuchon ^
Il arriva même ceci, que les Romains trouvèrent plus d'avan-
tages à se vêtir à la gauloise ^ Déjà, avant l'Empire, ils impor-
taient des pays transalpins une quantité notable de saies et
1. Cf. p. 240, n. 4.
mais il se rencontre aussi cliez les Grecs. Ce n'est qu'exceptionnellement que les
femmes portent un manteau long à collet (n" 2818) ou à capuchon (a° 2837?).
5. Cf. Mommsen, Slaatsrecht, III, p. 218 et s. Voyez le rêve de Claude, omnes
Gallos togalos videre (ici, t. IV, p. 175, n. 1).
marchands d'étolTesde laine ou d'habits de dessus (cf. notre mol « drapier •), par
opposition au Untearias, marchand d'ètoiïes de lia ou de dessous (cf. notre mot
«chemisier »); Digeste, XiV, 3. 5, 4: 4, 5, 15.
1. Saijarii à Lyon (XII, 1898; XIII, 2008, d'origine rémoise); chez les Viennois
(XII, 1928, 1930, 2619); à Narbonne (XII, 4509); negotialor sagarius d'origine car-
nule établi à Lyon (XIII. 2J10); vesluirius Jtalicas, Nimois importateur d'habits en
Italie (XII, 3202); Viennois, sagarius liomanensis, importateur d'habits à Rome (XII,
1928): vestiarius médiomatrique iXIII, 4564); sagarius médiomatrique à Milan
(V, 5929); Genio uegoliatoruin pannariorum à Mayence, XIII. 6744 (ceux-ci ne ven-
daient que des pièces, de drap). Tous ces gens, je pense, sont des marchands en
gros et non des fabricants (cf. p. 241, n. S).
2. Martial, VI, 11,7: Me pinguis Gallia veslit.
3.Les sagarii (ici, n. 1 et 5, et p. 23S, n. 6), sauf la réserve sur le sens général
que le mot de sagarius a pu prendre (p. 239, n. 9), .\egoliator psnularius. XIII,
6366.
4. Espérandieu, n° 2781; ici, n. S et 9. —
Remarquez qu'on ne parle pas de
marchands particuliers pour les tuniques et les braies elles n'entraient sans :
doute pas dans la confection toute faite (cf. p. 241, n. 8). Les bracarii ou braccarii
des textes sont des tailleurs sur mesure, qui d'ailleurs peuvent faire toutes
sortes de vêtements et de réparations.
5. Atrabatica saga (llist. Aug., Gall., G, 6); birri ab Atrabatis peliti (Car.. 20, 6);
ipéa; ['A^TSE^aT: /.?,;. édit de Dioclétien, 25. Bliimner; Jérôme, Adv. Jovinianum,
9,
II, 21, Migne, P. L., XXIII, c. 315 Atrebatum ac Laodiceœ indumentis [on fabriquait
:
Saintes, manapreliarius burrarius (C, Xlli, 1056), plutôt vendeur au détail que
fabricant. — Draps atrébates et nerviens correspondent a nos draps de Flandre,
7. N. 5 et 6.
8. Saies à capuchons, sans doute de longueur très variable; Martial, XIV, 128 :
le texte de Pline. VIII. 192, qu'on y ajoutait une préparation au vinaigre, ce qui
les rendait aussi imperméables que du feutre: à moins qu'il ne s'agisse dans ce
TISSAGE. 241
texte du feutre même]. Le pays fournissait sans doute toute espèce de saies:
Leuconicis [à corrig-er. je crois, en Lingonicis] sagis, Martial, XIV, 139, 2. C'est —
une variété de mautean grossier que Vendroniis [le mot est grec] de Franche-Conilé
Scqaaiiica U'xlrix, Martial, IV, 19).
1. Je n'arrive pas à comprendre bardocucuUus (p. 240, n. 8 ej. 9; Hist. Aug., CL,
17, 6); bardo- me paraît cependant désigner moins les bardes ou poètes gaulois
de jadis qu'une teinte, peut-être le roux, burrus, habituel à ces sortes d'étoffes
ou encore une préparation spéciale des poils (cf. p. 240, n. 9), car
(p. 247, n. 1),
je ne crois pas que « les bardocuculles » fussent à drap entièrement rasé: il est
probable qu'on ne les soumettait qu'à une seule tonte.
2. Un Hème, Lyon (Xlll, 2008); vesliarius k Reims, Xlll, 3203.
sagarius, à
.3. P. 2i0, n. I. —
Peut-être aussi Chartres ou Orléans (p. 240, n. 1), Vienne
(p. 240, n. 1), Narbonne (sagarius et vesliarius, XII, 4309, 4320-1). Évreux (p. 242, n 4).
4. Moins, je crois, pour la draperie que pour la chemiserie, la « rouennerie »
primitive; p. 244, n. 2.
3. Pour ces deux localités, voyez l'édit de Dioctétien, 19, 60, câyoç T'a),X!xô;,
tojt' Èar.v 'A[iP'.avr,G-to; r,To; B;Toup-r,T-iy.ô-. — Les ateliers de confections militaires
sous le Das Empire sont à Arles, Lyon, Reiras, Tournai, Trêves, Aulun (celui-ci,
supprimé plus tard), Metz {Not. dignit., Occ, 11), lit cela correspond assez bien à
l'état antérieur. —
Inexplicables sont les vêtements de laine que l'édit de Dioclé-
tien (19, 43, 46, 4S) appelle [BivaTa ra/./.iy.r,, pioo; ra),),:-/.ô;, aiv-.-Xiojv TaX/ixoç.
Voyez les innombrables poids de tisserands trouvés dans les ruines des
6.
intervenait le foulon*.
pouvait posséder son foulon à elle seule, comme elle avait ses
vrai que c'était la pièce du vestiaire qui exigeait le moins de mesures préalables.
Marchand de tuniques? n° 2780. Les marchands drapiers vendaient, le plus sou-
vent, les pièces de drap (Esp., n" i:}42, 37S5, 404-3, 5170: pannarii, p. 240, n. 1),
dont on faisait confectionner les habits, soit chez soi, soit chez un lailleur de bou-
tique (p. 240, n. 4 et 6). — Mais d'autre part, les inscriptions mentionnent si sou-
vent des commissionnaires en vêtements (vestiarii, sagarii, p. 240, n. 1), qu'on se
demande s'ils n'exportaient pas en nombre des habits tout faits, préparés, soit
dans de grands ateliers de coupe, soit dans des lingeries familiales {servi sarci-
natores). Toutefois, il est bon de ne pas se fier absolument, dans les choses de
métier, au sens apparent des titres (p. 234, n. 2, p. 250, n. 1).
Couvertures de lils ou lodices (C. I. L., XIII, 5708; je ne crois pas qu'on doive
8.
qu'oa ait trouvé près de Reims l'équivalent de nos réticules ou sacs à main, avec
« face étoiïée de lilé d'or laminé appliqué sur les lils de chaîne ».
H. T. II, p. 325.
12. Soit de coussins d'appui, cervicalia cenatoria. longs coussins d'appui pour
bancs de tables à repas (XllI, 5708), soit de coussins de sièges (car il ne faut pas
oublier que,ïi le corps des sièges était en bois, il portait d'ordinaire des coussins;
Esp., n" 5156, etc.), soit de coussins comme appuis de pieds.
,
24'j. LA FABIIICATION.
sous ^
et aux voiles de femmes \ aux draps de lits ^ aux nappes '''
l'Empire, c'est ce que montre la mention dans l'édit de Dioclélien Aesabana Gallica
(28,57), linges spéciaux utilisés sans doute surtout pour les bains. Et il est possible
qu'il y eût un lien entre ce linge de bain propre aux Gaulois et leur savon (p. 262-
26:}). —
Linteum, manlele ou mappa dans les textes classiques. Figures chez Esp.,
n"' 3051, 3096, etc. je suppose qu'il s'agit, dans ces représentations, qui sont
:
funéraires, d'un linge à main, à caractère rituel, dont le mort était censé se servir
dans la vie d'outre-tombe, par exemple lors des repas ou libations d'anniversaires.
— Du même genre, je crois, en tout cas à sens funéraire ou cultuel, les draps
frangés, Esp., n"' 1519, 1879, 5123.
8. Ici, n. 7.
p. 153, n. 2. Tout cela se faisait sans doute aussi en cuir (p. 249).
4. Surtout avec le chanvre; cf. p. 244, u. 9.
France dès le début du .Moyen .\,u:e, pour (|ue l'idée s'en soit absolument perdue :
mais il est curieu.\ (jue nous n'en trouvions d'autre trace à l'époque romaine que
la mcnlion du ijlastum de Gaule chez Pline (XXII, 2). lîeynier (p. 319)-rapiielle. à
propos du paslel de la Gaule, la falsification de l'indigo indien à l'aide de celte
plante (cf. Vitruve, Vil, 14, 2; Pline, X.\XV, 46).
7. Ptirpurarius à Narbonne, C. I. L., XII, 4597-8. A Toulon? p. 133, n. 2. Sous
le Bas Empire, leinlureries d'État à Toulon et à Narbonne (Not., Occ, 11, 72-3).
8. Jii déjà dit (t. II, p. 300) que les Romains reprochaient au.x teintures gau-
loises de ne pas tenir à l'usage (Pline, XXII, 4. culpanl ablui usu), mais que je croyais
plutôt que la recette des fixatifs s'était perdue. —
Offector, teinturier, Xlll, 7.553.
246 LA FABRICATION.
menterie -
; elle fonda des fabriques de velours '
et de broderies *
;
1. Pour les tuniques, Esp., n" 2824, 2S33, etc.; pour les nappes ou couvertures
de tables, n" .oloi; pour les serviettes ou mouchoirs, p. 244, n. 7, n° 512.3; écharpe
trouvée à la nécropole de Martres-de-Veyre (Musée de Clermonl).
2. N. 1, 3-6. —
Je ne sais rien au sujet de la dentelle; cf. p. 205.
3. C'est ainsi que j'interprète le negotialor arlis prossariœ (à Lyon, XIII, 2023;
d'origine séquane), lequel est en tout cas un peigneur ou brosseur (cf. p. 243,
n. .j, p. 242, n. 1) d'étoffes de luxe.
4. D'après ce que nous savons pour le reste de l'Empire.
5. A Lyon, un Oriental, homo arlis barbaricariœ, XIII, 1945. Ateliers officiels,
sous Bas Empire, à Arles, Trêves, Reims (barbaricarii sive argentarii; IS'ot.
le
diijii., Occ, 1 1).
t. Il, p. 2!t9. L'usage des brocarts était tout aussi bien germanitiue qu'oriental;
llérodien, IV, 7, 3.
7. N. 3 et 5. Encore (jue la soie ait pu entrer dans ces tissus de luxe, il n'en est
point question jusqu'ici à propos de la Gaule.
8. T. IL p. 2!)9-:j00.
9. T. IV, p. cf. Hérodien, IV, 7, 3, qui attribue aux Germains
392, n. 3, p. 190:
cette passion des couleurs voyantes qu'on remarquait jadis chez les Celtes; allu-
sion chez Tacite. aux sagula versicolora des Bataves (Hist., V, 23).
CUIR ET INDUSTRIES SIMILAIRES. 247
sont tète nue° : ce qui était chez les Romains l'usage cérémonial,
que les Gaulois leur ont empruntée Mais il n'est pas possible
1. Je songe aux cagoules (p. 241, n. 1) et aux saies des Nerviens et des Atrébates
Ces dernières étaient dites xerampelina, c'est-à-dire couleur de vigne
(p. 240, n. 5 et 6).
sèche (Suidas, au mot 'A-pa^a-'.xi:). Je doute (|ue cela signifie noir; il s'agit
plutôt de quelque nuance de roux ou de brun, celle que gardait la laine non
blanchie Vcstilur Gallia rufis, et placet hic pueris militibusquc color (.Martial, XIV,
:
129), où il faut voir une allusion aux cagoules (p. 240, n. 4, 8 et 9j.
2. Voyez la description d'une fêle chez Galpurnius (VII, 26-9), la plèbe estpulla,
p. 239, n. 4. .
que, coïncidence à noter, les tombes ont livré beaucoup plus de débris de chaus-
sures que de coilTures.
248 LA PAHHICATION.
Je dois dire que ceUe interprétation n'est pas généralement admise, et qu'on a
songé à un turban, à un diadème, même à une auréole, et l'on peut également
songer à un large bonnet relevé, en toile apprêtée, comme les coiffures de reli-
gieuses ou de paysannes endimanchées. Car il semble bien i\ue les femmes de
Gaule aient porté dés lors des oilîures de toile analogues à celles de nos paysannes,
et sans doute avec quantité de variétés locales; cf. le bonnet de femme de Vire-
court, à larges plis ou godrons relevés (Espérandieu, u" 4701, j'incline vers
raullicnticité du monument). Voyez aussi Blunchet. Fi<j.. planches, n" 13; Saint-
Germain, Cat. so:nm., p. 110. —
Ces chapeaux, si mon interprétation est juste,
seraient l'équivalent celtique du pétaso ou de la causia des peuples du Midi.
3. Cf. t. Il, p. 21)7-8. —
Autres formes de coilTures (sans bords) chez les Gallo-
Uomains bonnet pour homme en forme de turban, d'origine celtique (Ksp.,
:
selles pour cavaliers ou voi turiers *", bourses, sacs et sacoches pour
tout le monde", sans parler des outres en peau de bouc ou de
chèvre, qui servaient aux usages les plus divers, à conserver et
assigne aux dieux indigènes (j'ignore pourquoi; cf. t. 11. p. 207, n. 1\ et qui me
paraît correspondre aux udones et pedocuculli des textes.
5. Esp., n" 2814. En particulier le calceus d'apparat des sénateurs.
G. Durand, r. de 1910-1911, planche 0. Peut-être Musée de
Fouilles de \'ésone, C.
Saint-Germain, Cnl., p. 190^ Esp., n" 3547. C'est le calceus repatidas, àonlXes Anciens
faisaient un des insignes de Jano Sospila. —
Ornements de souliers, p. 304, n. 3.
7. Péronés (mot qui désigne peut-être aussi les souliers de fatigue, ici, n. 3),
8. P. 233, n. 1.
Vil. — ALIMENTATION
Venancc Fortunat, également sur la Moselle, Carin., III, 12, 37-8 Ducilur inriguis :
s'uiuosa canalibus unda, ex qua fert populo hic mola rapta cibum. Je doute que ce fût
autre chose que,des meules ordinaires, actionnées par l'eau, et à l'usage des
propriétaires riverains ou des boulangers de la grande ville voisine. Cf. Bliimncr,
I, 2" éd., p. 47-8.
ALIMENTATION. 251
sait son pain; et la seule différence était en ceci, que les unes
faisaient travailler leurs esclaves ^ et -que pour les autres les
Il s'y est donc établi des entrepreneurs qui font cette besogne,
pour le compte de chacun et à leur profit personnel ; et nous
voyons s'affairer, en divers lieux, des négociants en grains
qui approvisionnent ces industries ^ des boulangers en gros*
et en détail " qui en écoulent les produits, et peut-être même des
commissionnaires en céréales pour les fournitures publiques''.
reste, sont parmi les plus intéressantes du monde antique (celle, au Musée de
Nantes, en grès vert, Dict. des Ant., YI, Mola, f. 5103; ailleurs, en lave du Cantal);
le principe de ces meules est le même qu'en Italie; mais il y a moins de con-
nexité entre les deux parties des meules gallo-romaines, la partie supérieure et
mobile ou catillus ayant sa cavité d'en bas moins profonde, la partie inférieure et
fixe ou mêla ayant une saillie moins prononcée; A. Baudrillart, l. c. cf. Déchelette, ;
II, p. 1389. — Je ne peux me prononcer sur les meules tournant sur galets, ni
sur leur âge ni sur leur destination.
2. C'est sans doute le cas des boulangers figurés sur le mausolée d'Igel (Esp.,
VI, p. 442). — Cf. p. 182, n. 1.
1. Voyez les représentations, en particulier Esp., n" 1353; le dessus du pain est
ces dilTérentes espèces. Le pays de Marseille produisait deux espèces de vins, dont
l'une, plus grasse, plus épaisse, la variété liquoreuse, sucosum. servait condiendis
aliis (Pline, XIV, 68) je pense qu'il s'agit du coupage de vins d'autres pays; mais
:
il peut s'agir aussi du coupage entre les deux qualités marseillaises, commune et
supérieure, qui s'est pratiqué de lout temps dans cette ville ])Our ses vins d'expor-
tation (A. Jullien, p. 252). —
Les trois principaux vins d'exportaiion, en particulier
pour Bome, étaient ceux de N iciuie (cia^sprivroj; •:ttj.oj[j.îvo; -j-h 'Pwij.a;tov, Plut., Qu.
c, V, 3, 1), Béziers et Marseille. —
Ne nous étonnons pas qu'on exportât du vin
de Marseille (cf. p. 184. u. I); des deux espèces du terroir marseillais, encore au
début du xix" siècle, on exportait et des vins rouges, « très colorés, corsés, spiri-
tueux, solides ». et des vins blancs, surtout les vins célèbres de Cassis, « liquoreux,
corsés et spiritueux » (cf. A. Jullien, Topographie de tous les vignobles, p. 251-3).
3. Ua texte de Pline (p. 184, n. 6) semble indiquer trois crus allobroges de
premier rang. —
Sur le classement des cépages, p. l.SO, n. 3.
4. P. 184. n. 3. Sur des amphores trouvées à Rome Sum vêtus V Bœterrense
:
L. Marti Salulli, vin de cinq ans; C. /. L.. XV, 4oi2; 4543 Bxterrense album. 11 y
:
254 LA FABRICATION.
fait ^ ainsi que nous nous faisons nous-mêmes, dans notre cui-
sine, à tant d'ingrédients bizarres
Mais il faut ajouter que certains palais, plus fins et plus sen-
rieure au 1" siècle (Bull, délia Coinmissione, 1915, XLIII. p. 41-6, Il Monte Tcslaccio e
la Gallia) on peut dans ce cas accepter la traduction du texte de Pline (p. 184, n. 5)
:
[dans le sens de parmi les vins de Gaule; cf. Pline, XI, 241] se maintient ».
2. Elle est décrite par Coluraelle, XII, 23, 1. Et il est possible qu'elle se soit
développée d'abord en Daupliiné, non pas sous 1 influence des viticulteurs
italiens, quine paraissent pas l'avoir pratiquée à l'origine, mais sous celle des
Grecs de Marseille. Plutarque remarque qu'elle est en usage, outre les Grecs,
surtout chez les Italiens du Pô, descendants de Gaulois. Il y a donc là une pra-
tique devenue spéciliquement celtique.
3. Pix corlicata appellatur, qua uluntur ad condiiuras Allobroges (Col., ib.); picata
Viennensia ou Allobrogica, Pline, XIV, 57 et 26; Martial, XIII, 107; Plutarque, Qu.
conv., V, 3, 1 (la poix vieillirait le vin et le corserait en lui enlevant les élé-
ments « humides » ; Dioscoride, V, 43, XXV, p. 720, Kïihn (attribue le fait à ce
que. le raisin ne pouvant mûrir dans ces pays froids, le vin s'aigrirait sans
l'emploi de la résine [!]).
4. P. 187, n. 1.
5. Plutarque (n. 3) parait bien croire qu'on en sentait le goût, lorsqu'il dit que
la préparation ajoutait au vin odeur et saveur agréables.
6. Cf. Curtel, p. 173. —
Dans l'ensemble, on dirait que le poissage des vins
était considéré, suivant les cas, comme un procédé de chauffage, de conservation
des moûls (ici, n. 3), ou comme une manière de nuancer le goût du vin (ici,
n. 7, p. 255, n. I).
les plus imprévus, d'en tirer les sensations les plus mor-
bides. Non contente de le fumer pour le colorer ou le faire
nensi gcnitis adseverare non est, quoniam ofjlclnani ejiis rci fecere tinguentes fiiino,
utinani'iue non et herbis ac medicaminibus noxils! quippe etiam aloe [pour donner le
goût de vin vieux] mercator saporem coloremque adultérât. Remarquez que, dans
les inscriptions bachiques, les buveurs réclament tantôt du vin pur, merum, tantùt
du vin aromatise, condiLim (XIII, 10018, 7. 17, 131, 157).
4. Par exemple chez les Voconces (Pline, XIV, 83-4), dont Pline décrit longue-
ment les pratiques à cet égard, le raisin étant séché, tantôt sur pied, tantôt sur
des claies de paille, tantôt même dans des étuves, etc. Genus dulce Narbonensis :
provincia et in maxime Voconti, etc. Le nom que l'on donnait à l'un de ces vins
de liqueur, diachyton, optimi odoris saporisque, et le fait qu'il provenait d'ordinaire
de cépages " helvennaques » (p. 185, n. 1) prouvent sans doute que les Gaulois en
ont pris l'idée aux Grecs de Marseille.
5. Il ne me parait pas y avoir de doute à ce sujet, d'autant plus que l'absinthe
de Gaule était fort célèbre (p. 2G0). La préparation du vin d'absinthe (Col., XI l,
35) comportait, comme le remarque Curtel (p. 170), d'assez fortes proportions
d'absinthe (une livre [327 gr. 45] dans 4 setiers de moût [2 1. 188], cuit jusqu'à
réduction d'un quart, le tout versé dans une urne [13 1. 13] de moût d'aminéen).
— Cf., sur les ingrédients mêlés au vin, Capitan, Ac. des Inscr., C. r.. 1916,
p. 77-83.
256 LA FABRICATION.
Ceci apparaît très nettement chez Ammien (XV, 12, 4), qui parle moins de
1.
l'ivresse du vin que' de celle des préparations végétales Vini avidum genus, :
adfcctans ad vini similitudincin muiiipliccs polus et inter eos humiles quidam obtunsis
ebriclate continua scnsibus. Remarquez la similitude des expressions chez Pline
(XIV, 149) : ICst et occidentis populis sua cbrietas fruge madida pluribus modis per
Gallias, etc.
2. Gomme le rem irque justement Curtel (p. 170), Pline (XIV. 142) décrit, non
pas l'ivresse du vin, mais celle de l'absinthe, « l'intoxication par les essences
végétales ». —
Pour tous ces détails, Curtel (p. 177-8) conclut justement qu'en
matière de vinification ainsi que de viticulture (ici, p. 191, n. I) les pratiques
des Anciens ne dilTéraient pas sensiblement des nôtres.
3. Cf. p. 183 et t. II, p. 204.
4. Cervesarius à Metz (XIII, 597*, authentique), et à Trêves {Rœm.-Germ. Korr.,
1913, p. 74). Il a pu du reste y avoir des cervesarii un peu partout (XUI, 1ÛÛ12, 7,
ici dans le sens de buveurs de bière, p. 274, n. 5); on a signalé traces de fabrica-
tion de bière dans la villa d'Anthée (Soc. arch. de Namur, XV, p. 36), une bras-
serie de villa à Ronchinne (id., XXI, p. 198 et s.), etc.; à Cologne, p. 57, n. 3.
Mais le nombre des cervesarii n'approche pas à beaucoup près de celui des vina-
rii, et la brasserie est un des métiers les moins figurés sur les tombes.
inscription sur peson de fuseau {curmi da; Loth, Ac. desinscr., C. r., 1916, p. 169) ;
1. Ici, p. 256, n. l.
au mont Testaccio (Héron de Villefosse, Deux armateurs, etc., Mém. des Antiquaires,
LXXIV, 1915. p. 172 et s.).
7. N. 5 et G.
1. Macclla (cf. p. .57, n. 3), où Ton pouvait sans doute vendre aussi volailles,
gibier et poisson.
2. Negotiator artis macellariœ, civls Tribocus, à Lyon : il a pu trafiquer de la char-
cuterie de Strasbourg (XIII, 2018).
3. Laniones de Périgueux, élevant un monument à Tibère, XIII, 941; à Dijon,
Esp., n" 3454; à Narbonne, lanius, XII, 4482; etc.
4. N. 3.
5. T. H, p. 293-4; Ménapes, Séquanes, Cérétans de Cerdagne. L'édit de Dioclé-
tien (4,8) mentionne encore, mais mentionne seulement pernœ opliinœ sive peta-
sonis Menapicœ vel Cerritanœ c'est tout à fait à tort qu'on assimile ces derniers
:
p. 200, n. 3.
10. C'est le mot de IMine à propos des fromages (XI, 240) : Laus caseo Roinœ, ubi
omnium i/cntium bona comminus judicantur.
EPICERIE ET DROGUERIE. 259
1. T. II, p. 294.
2. 11 serait cepeiidaut
possible que Pline fit allusion au roquefort et à son
persillage en parlant d'un fromage (de chèvre?) gaulois à goût de médicament
(Galliaruin snpor medicamenti vim optinet, XI, 241). lieynier (p. 497) songe plutôt, à
propos de ce texte, à la préparation du schapzujuer dans le canton de Claris [en
Rétie]; il s'agit du schabzieger ou « fromage d'herbes », que les gens de Glaris
peuvent exporter assez loin.
3. C'est en particulier une affaire de liaiard si Martial nous parle du fromage
de Toulouse, du reste comme d'une nourriture vulgaire (ncc quadra deerat casei
Tolosatis, XII, 32, 18) et ce ne doit être que quelque fromage commun du pays,
:
peut-être le fromage sec, de vache, genre hollande, qu'on fabrique dans le haut
pays et qui se conserve assez longtemps.
4. P. 209 et s.; p. 257; t. II, p. 295.
5. Cf. p. 258, n. 8; cf. p. 2G4, n. o.
6. Cf. p. 271, n. 2.
260 LA FAHRICATION.
copre '
; mais il faut insister sur le miel, un des produits les
XI, 33 (il vit en Germanie, sans doute sur la rive gauche du Rhin inférieur, un
rayon parvenu à la longueur de huit pieds). On ne com^prendra l'importance des
abeilles et du miel dans la Gaule qu'en songeant au rôle actuel du sucre. N'oublions
pas l'étendue de l'apiculture dans l'ancienne France, rôle si malheureusement
réduit de nos jours (le nombre de rui:hes a baissé de 2 millions et demi en 1862
rapportant 25 millions de francs à 1 600 000 en 1897 rapportant 14 millions).
3. AudoUent a cru retrouver traces de confitures dans la nécropole de Martres-
5. Pour tout ce qui suit, les textes dans t. II, p. 273, n. 3; en outre, Marcellus,
XV, 86 {absinlkium Gallicum), XXVIIl, 31 et 35 {absinthium Santonicum), XXVIII, 2
(Santonica herba).
EPICERIE ET DROGUERIE. 261
1. C, XIII, 10008, 3, 4, 6, 16. 17, 22, .33, 37, 39, 40, 43-, 44, i5(ebulum recens, racine
d'hièble fraîche [cf. Marcellus, XXIII, 35; XXVI, 15]), 49, 50, 52, 59, 72, 79.
L., XIII, III, p. 604 et s., et les receltes de Marcellus Empiricus, à la table de
l'édition Niedermann, p. 320 et s. (index specieruni).
4. Marcellus Empiricus. XXXVI, 5.
5. C'est ici qu'intervenaient sans doute les seplasiarii ou droguistes proprement
dits (à Narbonne, XII, 5074; à Cologne, XIII, 8354; dans le pays de Reims, L'Année
épigraphique, 1910, 57).
262 LA FABRICATION.
tradition celtique ^
1. Unguentarius, XIII, 2G02, à Lyon sans doute; unguentarius Lugdunensis, VI, 9998;
iinr/uentaria, XII, 1594, à Die; voyez les inscriptions des vasa unguentaria, XIII,
10025, 15-31. Turariiis a Narbonne (XII, 4518).
Très nombreuses représentations dans le Recueil d'Espérandieu.
2.
.3. Pour les couleurs de teinture, p. 245. —
Pour la peinture, on a reconnu sur-
tout des couleurs à base minérale (poudre de craie pour le blanc; ocre ou mélange
d'argile et de protoxyde de fer pour le jaune, le rouge et le brun; silicate de fer
et de magnésie pour le vert; bleu égyptien), et, en proportions bien moindres, à
base végétale (cendres de matières résineuses pour le noir) ou animale (cire et
pourpre pour l'écarlate?); Henry de Fontenay, Note sur les couleurs antiques trou-
vées à Autun, Soc. Éd., n. s., III, 1874 (très utile). Huybrigts, Tongres et ses envi-
rons, 1901, p. 45 et s., signale la découverte, dans une villa, d'une centaine de
bri(iucltes et tablettes de couleurs et d'une vingtaine de godets avec couleurs
Mais peut-être la plus curieuse découverte, en cet ordre de choses, est-elle celle
de Saint-Médard en Vendée, d'une boîte à couleurs, d'une palette en basalte, etc.,
avec quantité de couleurs, bleu égyptien, terre de Vérone, vert-de-gris, protoxyde
de fer, poudre d'or mélangée avec une substance gommeuse, résine, cire et
matières grasses pour vernis (analyses de Ghevreul; Fillon et de Rochebrune,
Poitou et Vendée, I, 1861-4, Fontenay-le-Comte, p. 128 et s.).
4. Je ne peux pas exclure l'hypothèse de la connaissance, par les Gaulois, de
Cela est d'autant plus possible que Dioscoride signale des mélanges de
5.
cendres avec l'huile aussi bien qu'avec la graisse (De mat. med.,Y, 131, 132, 134.
Kiihn, XXY, p. 799-801).
EPICERIE ET DROGUERIE. 263
primitif des Gaulois et des Germains dont parle Pline (cf. t. II, /. c), constitué
avec du suif de la potasse; voyez aussi les gros pains ronds du bas-relief
et
d'Hpinal; 3° une matière à laver le linge et le corps, préparée également en
boules, Tx; Xtipoios'.; ta; Tzo:-/]T0t.(; crq^aipa; (Arélée de Cappadoce, De cur. morb.. Il,
13 = XXIV, p. 343-4, Kiihn; Galien, De. morb. san., VIII, 4 X, p. 509, KiJhn; =
Sérénus Sammonicus, XI, vers 15o);4" un onguent médical dit également « savon
gaulois » (Marcellus, VII, I; etc.); 5° un onguent à parfumer. Il est possible —
que les Gallo-Romains connussent aussi une sorte d'empois pour apprêter le linge
ou les bonnets (cf. p. 248, n. 2).
2. Ou tout au moins tels qu'ils l'étaient avant les derniers progrès faits par
5. Même remarque.
6. Pline, XVI, 138. Il est possible qu'on s'en servît aussi dans certains pays
pour calfeutrer les murailles et les toits des maisons (Pline, XXXVI, 166).
7. Pline, XXXV, 41; cf. p. 262, n. 3.
torches ^. Tous ces effets, sauf les derniers, avaient été révélés
formée par les leçons des maîtres du Midi, et elle s'est aussitôt
alimentée au trésor de matières premières le plus abondant,
i. De là le nom de cerœ, tabulœ ceralœ pour ces tablettes; C. I. L., XIII, 10033, 7-9.
2. Ici, p. 262, n. 3.
3. Probablement aussi des figurineset bas-reliefs de toutes sortes, images de
défunts, etc. La connaissance exacte de l'archéologie de la cire a, cela va sans
dire, considérablement souffert de la nature périssable de la matière.
4. Voyez les innombrables sceaux trouvés en Gaule, XIII, 10022-24, etc.; XII,
5690, 5693.
5. Ausone (Ep., 4, 10 et s.) écrit à un ami du Bas Médoc qui achète, pour
revendre, albentis sévi globulos [suif pour éclairage] et pinguia cerœ pondéra Nary-
c'.amque picem [il ne peut s'agir que de la poix du pays, à laquelle Ausone, selon
son habitude, aura appliqué un vocable fameux; cf. Virg., Geo;-;/., 11. 438] scissamgue
papyrum [mèches à chandelles faites avec des filaments, non de papyrus, mais de
quelque plante du Médoc, sans doute le jonc des chaisiers, scirpus lacustris],
famantesqae olidiun paganica luinina tœdas le correspondant d'Ausone est un courtier,
:
c'est ce que montre le tribut de 200 000 livres de cette matière imposé à la Corse,
pays grand éleveur d'abeilles (Tite-Live, XLII, 7).
7. Pour la partie technique des § 9 et 10, Hrongniart. Traité des arts céramiques,
ayant peut-être le plus produit en Gaule, est celui qui est le moins représenté en
épigraphie et sculpture funéraires ou autres (C. /. L., Xll, 4478?, à Narbonne
TEKIIE CUITE : VASES ET VAISSELLE. 265
magister figulorum du cùlé de Nimègue, XIII, S129; fictiliarius a. Metz, XIII, 590*,
authentique). En
revanche, de tous les commerces, celui qui a fourni le plus d'in-
scriptions, est celui de la terre cuite ncgolialores arlis cretariœ ou cretarius, XIII,
:
1906,2033, Lyon; 4336, Metz; 6366, 6524, 7588, Germanie transrhénane; 8224, 8350,
Cologne; 7228, Mayence etc.). Cela tient sans nul doute à l'organisation du tra-
;
vail en vastes ateliers, qui devaient être souvent des aleliers de domaines (p. 275,
n. 3), et à celle de la vente, qui devait être concentrée entre les mains de gros
dépositaires et commissionnaires, les ncgolialores en question, ai-.hetant dans ces
domaines. Mais on ne peut généraliser ces conclusions; cf. p. 275, n. 3.
1. T. I, p. 172.
2. T. II, p. 317-8.
3. T. Il, p. 317-8; Déchelette, Manuel, II, p. 1458 et s.
4.L'imitation des produits grecs est de plus en plus probable. Mais le prototype
des vases celtiques doit toujours être cherché dans des espèces grecques
archaïques. —
Il n'en est pas moins à rappeler que la Gaule a dû être portée
d'elle-même, par ses propres goûts (cf. p. 246), vers la céramique polychrome.
266 LA FA13RIGATI0N.
tion intern.itionale : les Atisii. allobroges plutôt que lyonnais j'ai autrefois iden-
tifié cette fabrique avec la Lugduncnsis], exportant, non seulement dans toute la
Gaule, mais peut-être jusqu'à Herculanum (X, 8048, 2); la fabrique dite « lyon-
naise », exportant en Bretagne (Vil, 1334, et 14).
I
il ne faudrait pas croire, en effet, que celles qui se retrouvent eu Gaule et à Home
(G. /. L., XV, p. 491 et s.) ne puissent pas être d'origine gauloise; beaucoup de
ces amphores ont pu être importées en Italie avec l'huile du Midi ou les vins de
Marseille, Vienne et Béziers (p. 257 et 253-4; C.J. L., Xll, p. 700). La présence
de noms gaulois (remarquez Biturix, XIII, 10002, 129) indique par exemple une
origine celtique. A la dillérence des pelves (n. 3), les amphores, en dehors de leurs
contenus, ne sont pas un objet d'exportation ou de commerce.
5. Urcei. Hauts d'un pied en moyenne, flanqués d'ordinaire de deux petites
anses; en particulier pour garder le miel, XIII, lOOÛS, 43 et 44.
6. Lagonœ, à peu près de même dimension, mais à une seule anse c'est la:
cruche à verser. Nombreuses figurations sur les tombeaux, où elles sont placées
dans la main du mort. XIII, 10008, 4 et 6. —
Variété en forme de gourde, à
deux anses, mais en terre rouge vernissée, pas antérieure au m" siècle XIII, :
10018, 7 (c'est la fameuse gourde de Paris); cf. Esp., n" 4211, représentation de
gourde dans un repas funéraire.
7. Dolia. il y en a de plus de 2 mètres de haut : c'étaient des récipients à garder
le deux beaux dolia
vin, l'huile, les fruits secs, etc. Xll, 5084; Xlll, 10005. Les
du Musée de Nîmes, fabriqués sans doute dans le pays, cubent 14 et 18 hectolitres
(Mazauric). Dans une villa gallo-romaine des environs de Gap, on découvrit en
1838 quatorze jarres de plus de 2 m. 30, dont quelques-unes étaient raccommodées
avec des liens de plomb (Brongniart, I, p. 408). —
Ces récipients, jarres, jarrons
ou amfihores, pouvaient servir de tombeaux.
TERRE CUITE : VASES ET VAISSELLE. 267
1. P. 2G6, n. 3.
2. p. 266, n. 3.
3. Brariaius son fils, peut-élre de Bavai (XIII, 10006, 18 et 9")
et jattes; :
lOOOo, 23 tonneaux).
:
XII. 246i\ par les textes {Figlinx entre Vienne et Tain chez les Alloljroges,
Table de Peutinger), par la toponymie localités dites Félines, etc.), par les ruines et
(
in quibus ea vasa fièrent, quibus fruclus ejus fundi exportarentiir (Digeste, VIII, 3, 6).
5. Déchelette, Les Vases céramiques ornés de la Gaule romaine, 1904 (capital). Avant
lui, surtout DragendortT, Terra sigillata, dans les Bonner Jahrbiicher, XCVI-VII (sobre
et judicieux), 1895; cf. XCIX, 1896; en outre, Koenen, Gcfdsskunde, Bonn, 1893, et
llœlder, Die Formen dcr Rcem. Tliongefdsse, Stuttgart, 1897; après lui. surtout les
monographies d"ateliers et de musées notées plus loin (n. 6, p. 274-276).
6. 11 y a deux calégories parmi ces publications celles qui sont des inventaires
:
de marques conservées dans des collections (par exemple Walters, Cat. of the
floman Pottery, Brilish Mu-eum, 1908), ou trouvées dans un lieu déterminé (par
268 LA FABRICATION.
Elle a régné dans les villes, elle a pénétré dans les campagnes
les plus reculées ; forestiers, pêcheurs, bergers, s'en servirent
exemple celles de Knorr, Die verzierten Terra-Sigillata Gefasse von Cannstatl, 1905,
von Rotlweil, 1907, von Rottenhurj, 1910, SiidgaUischeT.-S.G.von Rottiveil, 1912; etc.);
celles qui étudient des ateliers déterminés (p. 274-276, notes).
1. Aux anciens recueils de Frœhner (1838) et de Schuermans (1867), qui n'ont
3. Moins complètement, cependant, qu'on peut être tenté de le croire; cf. p. 299.
4. Gela résulte des lieux où il a été découvert de ces poteries; cf. p. 269, n. 2,
p. 322, n. 2.
5. Cf. p. 267, n. 4.
6. Les prix de détail devaient être très bas, puisque les lampes ordinaires
d'argile pouvaient se vendre à un as la pièce, ab asse vénales (VIII, 10478, 1).
sous ce règne de Caligula et surtout sous celui de Claude qui amenèrent, peut-être
en partie grâce à l'initiative des intendants du prince, le véritable éveil industriel
de la Gaule (cf. t. IV, p. 172-3). —
Pareil fait de substitution, en matière de céra-
mique, avait dû se produire sous la République chez les Gallo-Homains de la
Cisalpine il n'y a pas élé étudié, à ma connaissance.
:
ment pour les parois, iiièiiic surface d'un beau rouj^'^e foncé sous
le lustre de son vernis, même usage de figures en relief comme
motifs de décor. Mais ce n'est souvent que l'apparence. Il est très
céramique gallo-romaine, elle aussi, est encore aujourd'hui à peu près impossible
à réaliser. Analyses et remarques de Brongniart, I, p. 420 et s. « La ressem- :
blance... de ces poteries est une sorte d'énigme ». On a supposé que les Anciens,
<•choisissant des argiles presque sans couleur, et propres à fournir une pâle fine
et dense, leur donnaient la couleur rouge par des proportions appropriées d'ocre
rouge introduite dans la pâte ». L'application du vernis est également un problème :
aucune trace du pinceau; peut-être « par immersion dans un liquide qui tenait
le vernis en suspension ». —
Voyez aussi Keller, Die rothe Rœm. Tôpfcr-Waare
mit bes. Riicksicht aiif ihrc Glasur, Ileidelberg, 1S7G.
3. Paiera, patina, patella, s'entendant surtout des assiettes; patella, également
de grands plats à servir; paropsis, surtout des grands plats (le parasidus des
inscriptions, Déchelette, l, p. 87); catinus, catillus (C. I. L., XIII, 10017, 40, 48, 49,
50), des plats plus creux, se rapprochant des tasses ou des soupières (0 1. 09 et
1. 41 de contenance, suppose Déchelette).
TERRE CUITE : VASES ET VAISSELLE. 271
47) ou au mor/artus (Déchelette, I, p. 88, qui les évalue assez justement à 4 setiers,
2 l. 18), qui peuvent être aussi des marmites de cuisine ou de dressoir. Il n'y a —
pas à insister sur les espèces plus rares, telles que les passoires et les soi-disant
'
« biberons » ou vases à petites tubulures latérales.
4. O^a (mais il s'agit ici d'une urne noire X'!I, 10017, 51). :
5. Types 50 et 59.
6. Types 00, 01, 62.
(forme 37). « Nous avons noté dans la collection Plicque un fragment d'une
capacité tout à fait anormale, dont le diamètre à la ])anse supérieure atteint
m. 45, tandis que d'ordinaire il ne dépasse guère m. 20 » Déchelette, I, p. 150. ;
8. Une classe tout à fait particulière de vases est celle des vases [rituels?], en
terre d'un brun rougeàtre, dont le.î parois figurent en relief les sept dieux plané-
taires (cf. t. VI, ch. i) ces vases n'ont guère été fabriqués qu'en Belgique, chez
:
les Nerviens ou les Toagres, et qu'à la fin du u' siècle au plus tôt; jusqu'ici on
n'en connaît qu'un très petit nombre (cf. Revue des Et. anc, 1908).
9. Sauf quelques exceptions.
272 LA PAI3UIGAT10N.
moulées en relief sur les parois des plus grands vases. Les cistes
ou les soupières dont nous venons de parler, et qui étaient sans
doute disposées pour faire ornement sur les étagères des dressoirs
romain, qui soit plus banal comme motif, plus faible comme
dessin, plus médiocre comme facture le relief, lourd, grume-
:
il est possible que cet homme ait été parfois un artiste de mérite,
et que son dessin lui ait été bien payé par un patron de
bien les ornements étaient préparés en creux, par empreintes, sur le moule de
l'ensemble du vase, et, par suite, moulés avec le vase même. Ou bien, le vase
étant d'abord achevé, les ornements étaient préparés en relief à l'aide de moules
appliqués sur le vase à l'aide de barbotine. Le premier sys-
distincts, et ensuite
tème caractérise surtout la poterie antérieure aux Sévères {vases à reliefs
provenant de moules estampés); le second, surtout la poterie postérieure à
Marc-Aurèle (vases à reliefs d'applique). Cette seconde catégorie, d'ailleurs,
renferme moins de la vaisselle d'usage domestique que des vases d'ornement,
et beaucoup d'images de cette catégorie devaient commémorer quelque fête,
où le vase était acheté comme Souvenir. Cf. Décheletle, Vases, surloiut II,
p. 167 et s.
crus avec les vignobles de leurs coteaux ". Sur les bords du
1. Lezoux {Ledosus) a fabriqué dès l'époque celtique des vases peints à engobe
blanche ou autre (p. 200, n. 1) le travail romain n'a donc fait qu'y continuer
:
une tradition indigène. Et ceci est une remarque très importante. C'est Lezoux —
qui, dans la Gaule Chevelue, a la principale spécialité des grands produits de
vases moulés, puis des vases à reliefs d.'applique (p. 272, n. 1), mais on y fabriqua
aussi des vases uni^, barbotinés, incisés, et bien d'autres choses en argile cuite
(p. 290, n. 1). Le plus important et le plus distingué des nombreux céramistes
de Lezoux esl Liberlus, qui parait contemporain de Trajan. Après lui, en date et
en importance, vient Paternus. —
Voyez les travaux de Plicque (fouilles et écrits
de 1879 à 1894); cf. Déchelette, Vases, I, p. 138 et s., II, p. 10!) et s.
2. Plicque releva les substruclions de 160 fours (Congrès arch. de 1885, Mont-
il est inscrit pour 9000 pièces il fabriquait surtout des catilii et des parasidi (p. 270,
;
n. 3). — Fouilles et travaux de Gérés (cf. Vialettes, Mémoires de la Soc. des Lettres
de l'Aveyron, 1894-99, XV); cf. Déchelette, I, p. 64 et s.
avec le nom du mouleur en cire (p. 273, n. 1), et à inscriptions explicatives (par
exemple, XII, 5087, 4, image d'Hercule avec la devise virtus nusquain terreri potest).
1. Tabernse chez les Némètes; cf. C. I. L., XIII, II, p. 16i. Cerialis, Cobnertas [nom
gaulois], Comitlalis, parmi les principaux potiers. Voyez Ludowici, quatre recueils
parus sous diiïérents titres, Stempel-Namen, Stempct-Bilder, Urncn-Gruber, Rœin.
Zicgel-Griiber, Munich, de 1901 à 1912; aussi Gûnther Rnubel, Rœm. Tôpfer in
Rheinzabern, Spire, 1912. — Les rapports entre la céramique des vases moulés de
Rheinzabern et celle des produits similaires de Lezoux sont assez nets, et il peut
se faire que les fabriques némètes doivent leur origine à des potiers arvernes.
— Dans la dépendance de Rheinzabern peuvent être les potiers triboques d'Alsace
(Heiligenberg-Dinsheim et Ittenweiler); Forrer, rne Rœm. Terrasigillata-Tôpfe-
reien... im Ëlsass, Stuttgart, 1911. — M"" Fœlzer {Die Bilderschiisseln der Ostgal-
lischen Sigillata-Manufakturen, Bonn, 1913) a étudié les fabriques de la Moselle :
peine à croire que Mommo et les autres potiers dont les noms figurent sur les
bordereaux (p. 274, n. 4), fussent des patrons je crois plutût à des esclaves,
:
affranchis ou employés d'une grande maison dont la raison sociale nous échappe,
absolument comme le Mascuricus allobroge est un esclave de la gens Verria (p. 278,
n. 4), le Xanlhus des poteries arrétines est un affranchi des Cn. Ateii (10009, 317
27fi LA FABRICATION.
et 54), chacun de ces signataires, Momnio par exemple ou Xantiuis, devant être
regardé comme un chef d'atelier ayant la signature commerciale, tout ainsi que
les directeurs des verreries de Fronlin (p. 295, n. o). —
Il y a trace, d'autre part,
de dynasties de potiers Arvernas, puis Belsa, Arverni fdius, 10010, 175 et 287.
:
—
Trace aussi de potiers associés (XIII, III, p. 120). —
11 y avait des Jiglinœ faisant
8729. — Tous les genres d'organisation ont pu se rencontrer mais je crois cepen- :
livré plus de 40 vases de Censorinus, d'où l'on doit conclure qu'il y a travaillé; et
ce même Censorinus est signalé à Lezoux, à Hheinzabern, et ailleurs (Chenet,
L'Atelier... duPontdcs Reines, Re\ms, 1913; M"" Fœlzer, ail contraire, croit à quatre
ou cinq homonymes, p. OG-7). On a supposé (ju'il avait quitté Lezoux pour porter
successivement son métier en Champagne et sur le Rhin. Mais d'autre part, ce
môme atelier de Florent a livré des produits de potiers de lezoux et de La Grau-
fesenque tout ensemble je ne me représente pas les fabricants de ces deux
:
douteux *
: les poteries d'importation ne sont pas plus nom-
breuses au troisième siècle, tout au contraire. D'ailleurs, en Italie
aussi, la fabrication des arrétins s'est également terminée".
Je croirais plutôt à quelque changement dans le goût du jour, à
une préférence plus forte pour la verrerie ou pour les vases
polychromes^; et je croirais aussi à quelque lassitude indus-
trielle, qui fit renoncer les fabricants aux multiples opérations
exigées par le façonnage des vases moulés ^.
sigillala, comme on dit, sont, 1" le vernis rouge, 2° l'emploi du poinçon modelé
pour les moules et du moule pour
les reliefs d'ornement, 3° la signature du
potier, voici les survivances ou les disparitions que je constate pour ce genre de
poteries 1° la signature disparaît la première, et, à ma connaissance, avant le
:
111° siècle; 2° l'usage du relief se maintient, avec poinçon et moule, mais au vase
moulé par ensemble se substitue le relief appliqué par la barbotine (p. 272, n. 1);
3° mais en même temps se développe l'usage de façonner sur le .vase le bas-
relief, sans poinçon ni moule, par un modelage de barbotine à la main; 4° l'usage
du poinçon (avec lettres ou images) subsiste, et jusqu'à l'époque barbare, mais
pour imprimer en creux sur les vases mêmes. Comme on le voit, il y a persis-
tance mais décomposition des divers éléments de l'arrétin. Les vases à reliefs —
barbotinés sont répandus surtout en Belgique et en Germanie Supérieure. Voyez
notamment les vases gris ou jaunes à scènes de chasses ou de combats, dits de
« Castor (localité du comté de Nortliampton), autrefois Durobrivœ en Bretagne,
•>
empereurs. Outre les mesures contre la vigne (p. 188-9), voyez celles pour limiter
la production des mines (p. 208, n. 1), peut-être pour assurer le monopole du
papyrus (p. 300). —
II est en outre possible que, sous les Sévères, il y ait eu des
règlements sur les marques de fabri(iues qui aient gêné l'industrie gauloise la :
législation de ces marques est d'ailleurs ce que nous ignorons le plus dans l'his-
toire de l'industrie romaine (cf. t. IV, p. 479;.
2. Cf. Déchelette, I. p. 19.5.
3. Il est certain que l'avènement de Septime Sévère et de la dynastie syrienne,
correspondant avec les progrès des cultes orientaux (t. IV, p. 519 et s.), a dû
changer les habitudes industrielles et les goûts artistiques de lEmpire.
4. Les désastres du temps de Marc-Aurèle (t. IV, p. 476 et s.) ont dû également
rarôQer la main-d'œuvre.
.
?~8 LA FABRICATION.
5686, n"' 562 et 924». Leurs produits s'exportent d'ailleurs très peu hors du pays
viennois. Ces vases ont été bien étudiés dans Marteaux et Le Roux, Boulœ, p. 434
et s. —
De nature très différente, beaucoup plus grossière, sont les vases noirs en
particulier des Éduens (10010, 93, 775. 1209, etc.) mais ils étaient d'usage pure-
:
temps '
; et dès le second siècle, les bonnes fabriques en ont
disparu -.
2. 11 semble bien, en rapproctiant les dates, que la poterie noire a reculé, vers
1. Cf. p. 292 et s. — Il ne faut pas croire, cependant, que les yeux des Gaulois. et
soient absolument résignés, en matière de poterie, à l'uniformité du rouge arrétin.
Outre les essais des prt^miers temps
(p. 27'J), on trouve trace de vases vernissés,
à teinte grise, jaune, marron ou verte assez éclatante, vases à parfums ou à
liqueurs, alTectant parfois des formes bizarres, de tôle humaine ou d'animal par
exemple, et qui font songer aux fantaisies de nos fabricants d'apéritifs; cf. Déche-
lette, II, p. 322-5; Musée de Saint-Germain, salle XIV, 1 a et b, Cat., p. 114. Des
formes similaires se retrouvent en verrerie, p. 293. Mais cela n'a pu être (ju'une
industrie d'occasion, comme chez nous.
2. C'est à dessein que je dis toutes les cités; cf. p. 208, n. 2.
3. Il y en eut d'autant plus ([ue, outre les briqueteries industrielles, bon nonafbre
cf. p. 210, n. 2. Il me parait au surplus difficile que les Gaulois n'aient pas
connu au moins l'usage des briques séchées à l'air. Ceux du Midi,d'aulre part,
n'ont pu rester insensibles à l'inlluence des hriquetiers grecs d'Agde ou de
Marseille.
5. Cf. t. 111, p. 598-9 (murs de briques construits lors du siège de Marseille).
TERRE CUITE : BRIQUES, OBJETS DE MOBILIER, FIGURINES. 281
bâtit de terre cuite des maisons entières '. Toulouse élait déjà
la ville aux murs de briques^, ce qui la faisait ressembler davan-
tage à la plus vieille Rome ^ Dès le milieu du second siècle,
l'emploi monumental des dalles d'argile se généralisa partout :
4. Cf. p. 223, n. 4.
5. D'après les observations que j'ai pu faire dans certaines ruines du début de
l'Empire, où j'ai trouvé des briques moins fermes, moins compactes. Mêmes
tâtonnements dans Tarrétin, p. 27!), n. 3 et 4.
6. Propter levitalem habcnt firmitateni (Vitruve, II, 3, 1) voyez chez Vilruve les :
de là, sont moins communes dans les Trois Gaules que dans
certaines provinces de l'Empire, telles que l'Afrique ou l'Italie,
produits sont répandus dans une bonne partie de la Narbonnaise. Les autres fabri-
ques limitent leurs débouchés, soit strictement à la cité, soit aux cités voisines.
3. Surtout, bien entendu, dans les deux Germanies, mais aussi assez loin dans
l'intérieur, jusqu'à Viviers et Néris (t. IV, p. 458, n. 4). Les briques étaient mar-
quées à l'estampille des corps, légions, troupes auxiliaires, (lottes, détachements
mixtes. Voyez, à titre d'exemple, le travail de Ilamy, Les Sigles figulins de la
Flotte de Bretagne, 1907 (Bull, de la Soc. Acad.) il s'agit de la classis Britannica de
:
Boulogne.
4. Ou de filets; cf. C. /. L., XUl, 10019. 11 faut toujours consulter à ce sujet le
célèbre mémoire de Ritschl, Ucber antike Gewiclitsleine, écrit en 1866, Opuscula, IV.
— .\joutez de menus objets domestiques,pipes (cf. p. 308, n. 4), tirelires, etc.
5. ne faudrait cependant point généraliser de Gérin-Bicard a trouvé, il est
Il :
284 LA FABRICATION.
chez eux une sérieuse activité : une seule maison notable s'y
1. L. I]os{idius'>) Cri(spus?); XII, 5082, 57; XIII, 10001, 55. Je la crois d'origine
postérieure à celle de Fortis; le style est moins sobre. C'est une des très rares
maisons de céramique (avec Fortis et très peu d'autres) qui ait établi dans ses
produits des séries, marquées par des lettres et par des signes. Toutefois, —
l'exportation des lampes de cette maison, si intense que fût sa production, demeura
très faible hors de la Xarbonnaise : et ceci est à noter (p. 340).
L'origine modenaise de Fortis, Coinmunis, Strobilus, est très probable, plutôt
2.
que certaine. On place leur activité, sans preuve décisive, pendant tout le i" siècle
C. I. L., XV, II, p. 783. La forme des lettres, la sobriété du dessin des objets me
font penser, pour Fortis, à des produits faits suivant un type voisin du temps
d'Auguste.
3. Voyez (G. /. L., XIII, lOOOI. 136, et XII, 5682,50) la liste des localités qui ont
fourni des lampes signées Fortis. Ceque nous disons de Fortis peut se dire,
dans des proportions moindres, de quelques autres grandes fabriques mode-
naises ou italiennes, Strobilus, Communis, C. Oppius Rcstitutus, dont les produits
accompagnent ceu.x de Fortis dans la Gaule (cf. n. 2).
4. Notez les 9000 pièces indiquées sur un bordereau du potier Mommo, p. 274, n. 4.
5. Remarquez, à la diiïérence de ce que nous constatons pour la vaisselle
(p. 200, 274-5, 278) et les figurines (p. 283, n. 8), l'extraordinaire rareté de noms
gaulois chez les potiers de lampes.
TERRE CUITE : BRIQUES, OBJETS nE MOBILIER, FIGURINES. 285
Étude sur les figurines, etc., 1891 (Mém. des Antiquaires, Ll); id., SuppL, 1901 («6.
LX); Coutil, Les Figurines en terre cuite des Éburovices. etc., Évreux, 1899; C. I. L.,
XIII. 10015: XII, 5089; Musée de Saint-Germain, salle XIV, Cat. sommaire, p. 114
et s. (S. Reinach).
leur principal emploi, et, parmi ces divinités, Vénus et les Mères sont
2. C'est
de beaucoup les plus répandues, sans doute parce que ces poteries servaient
surtout à des cadeaux de naissance ou de mariage.
3. Surtout des enfants, en pied ou en buste (pour le motif indiqué n. 2); mais
aussi quelques caricatures.
4. Surtout des colom''es et des coqs (cf. le motif indiqué n. 2).
Cologne, Vindex, .-Elias Manlianus et Lucius, tous trois ad Gantunas (Cantanas) iS'ocas
(qui parait avoir été le quartier des modeleurs; cf. p. 59, q. l},Servandus, ad Foruir
Hordiariuni (XUl, 10015, 115. 98, 105. 108); cf. Klinkenberg. p. 259 et s.
9. Surtout l'argile blanclie (de là, l'extraordinaire production des ateliers de
l'Allier, Toulon et autres), et il doit y avoir à ce choix, soit un motif coutumier ou
religieux, soit un motif technique, peut-être la facilité d'appliquer des peintures
Blanchet, p. 10), et c'est cette facilité (jui explique aujourdhui encore le choix
de l'argile blanche pour la fabrication des sautons • dans le Midi.
10. Blanchet, Étude, p. 79 et s., en particulier p. 82 et s., p. 84 et s.
286 LA FABRICATION.
signés (XIII, 10013, 1-63) n'apporte pas une confirmation décisive à cette hypo-
thèse.
3. Sauf, bien entendu, le cas de la figuration d'un type indigène, divin ou
SuUin de Table de Peutin^er, (jui est une localité deâ Vénètes (Castennec) Salis
la :
je crois, le principal effort fait par ce genre d'artistes pour adapler la plastique de
l'argile à la religion indigène voyez la figurine du Musée de Rouen (^ Saint-
:
Germain, n° 17402; Bianchet, Et., pi. 1, 3), qui paraît appartenir à cet atelier, figu-
rine où la Déesse Mère est représentée avec une taille surhumaine, flanquée d'un
couple humain plus petit, et d'un enfant plus petit encore, ce qui n'est pas sans
analogie avec les figures du chaudron de Gundestrup. Mais il ne semble pas
que Patelier ait eu la vie très longue.
3. XIII, 10015, 38 Sacrillos Carali (seruds?). Il y a eu à Toulon (comme ailleurs
:
sant à toutes les tâches. Un tel effort fut impossible aux hommes
de ce temps, qui voulaient le travail facile et rémunérateur, et
6° Une place à part doit être faite, à côté des figurines, aux
antéfixes et aux médaillons.
Les antéfixes sont, à proprement parler, des tuiles faîtières,
1. Nallus Arvcnms; C. I. L., XIll, 10001, 226; 10010, 1414; 10015, 32 et 82.
2. Peutùtre à Saint-Pourçain-sur-Besbre chez les Arvernes, aux frontières des
pays arverne et éduen, p. 287, n. '].
mais il est possible que ces trois fabriques aient dépendu d'un seul grand
manufacturier arverne.
TERRE CUITE : BRIQUES, OBJETS DE MOBILIER, FIGURINES. 289
que). Et d'ailleurs la différence entre les uns et les autres ip. 272, n. 1) est assez
faible.
3. Pour les sujets de clipei aussi bien que de reliefs d'applique, cf. Déchelette,
II, p. 167 et s.
pas étonné que ces fameux reliefs, avec l'inscription Genio arnantissimo coloniœ
habeas propitium Cœsarem, fussent vendus en souvenir des fêtes et sacrifices anni-
versaires de la fondation de Lyon, peut-être de fêtes à l'occasion de son second
centenaire vers 157. Cf. t. IV, p. 43, n. 1, p. 514, n. 4.
5. Déchelette, II, p. 215-7; XIII, 10013, 19 (reliefs d'applique). Cette impor-
tance particulière de Trajan dans ces bas-reliefs de céramique s'explique peut-
être par des fêtes données en l'honneur de ses victoires ou, lors du vova"-e
d'Hadrien en Gaule, en l'honneur des événements de son régne et de son apo-
théose. Je rappelle que ce genre de relief, pour vase ou médaillon, devait, comme
l'a indiqué Déchelette (cf. p. 272, n. 1), être ve ndu en souvenir de fêtes et de jeux
ainsi que, par exemple, les médailles commémoratives de nos concours d'orphéons.
T. v. — 19
290 LA PABRIHATIÛN.
XI. — VERRERIES
cruches, oreilles de plateaux, déversoirs -de vases, ornements que l'on fit en forme
de figures humaines ou autres tout cela, façonné à l'aide de moules, où l'on
:
copia des modèles créés par les argentiers ou les hronziers gréco-romains. De —
cette même catégorie on rapprochera, pour leur faire une place à part, les tètes de
chenets en argile (Déchelette, Le Bélier consacré, etc., Rev. arch., 1898, II). —
Ornements de balustrades trouvés à Lezoux (Esp., n°' 1604 et 1610). —Ces sortes
d'objets, et en particulier les chenets, pouvaient être dorés.
2. Morin-Jean, La Verrerie en Gaule sous VEmpire romain, 1913 (capital); cf. aussi
Fnnhner, La Verrerie antique. Le Pecq, 1879, et Kisa, £)as Glas iin Allertume, 1908.
3. T. II, p. 315-6.
4. Cf. Déchelette, Manuel, II, p. 1314-27.
5. Surtout de Syrie (p. 15, 17-18), ou d'Afrique (verrier de Carlhage établi a Lyon,
^
VERREUIE. 291
p. 14, n. 7). Vases de Sidon importés à Lillebonne et à Cologne (XIII, 1002o, 1).
C'est à cette éducation récente des verriers de la Gaule que fait allusion Pline
(XXXVI, 194) : Jam vero et per Gallias Hispaniasque simili modo harcna temperatur.
1. P. 227.
2. Surtout à Reims; ils sont petits (simple capsule de 5 à 6 centimètres de
diamètre recouverte d'une couche de plomb fondu), et d'assez basse époque; cf.
Cat. du Musée arch. Habert à Reims, Troyes, 1901, n"" 4848-03; Michon, Bull, arch.,
1909, p. 244 et s.; 1911, p. 203 et s.
3. On en aurait trouvé dans la grande villa de Carnac (cf. p. 227, n. 8); Miln,
Fouilles faites à Carnac, 1877, p. 120 (voyez la restitution de la fenêtre, dont on a
retrouvé une barre de fer garnie de crochets en plomb, ainsi que le ciment qui
fixait les bords de la vitre); on en a aussi rencontré à Alésia, au Vieil-Évreux,
même dans bourgade de Boulse (Marteaux et Le Roux, p. 406-7), un peu
la petite
partout en Relgique. etc. « Ceux de la haute époque ont de 3 à 6 millimètres d'épais-
seur; ils sont en verre bleuâtre, verdâtre ou tirant sur le brun. Ceux du in' siècle
se rapprochent de nos vitres. A Alésia, les fragments sont aussi transparents et
aussi bien faits que ceux de nos vitres. » Morin-Jean, Dict. des Ant., IX, p. 947.
4. Cf. ici, p. 2o9ets.; fioles ou balsamaires à long col, Morin-Jean, p. 75 et s.;
flacons et bocaux prismatiques, p. 59 et s.; vases à type d'amphore, de gourde,
de ballonnet, p. 82 et s.; carafes ou bouteilles, ansées ou non, à goulots plus ou
moins étroits, p. 52 et s.
5. Morin-Jean, p. 139 et s., p. 132 et s. (tasses ou urnes à anses).
6. Flacons à une seule anse, imités des œnochoés ou aiguières de métal, p. 100
et s., p. 111 et s.; les mômes avec tubulures latérales, p. 107 et s.; autres, inspirés
des lécythes d'argile, p. 119 et s. Cf. ici, p. 292, n. 2, p. 293, n. 6.
7. Le fameux vase à reliefs priapiques, au Musée de Besançon, type d'œnochoé,
dans le dessin de leurs vases, allant, tel fut grand leur besoin
d'imiter, jusqu'à reproduire en verre des récipients en bois ou
1. « Toutes les formes signalées » dans la poterie arrétine « ont tenté le ver-
rier (Morin-Jean, Dicl.., IX, p. 943). Cf. ici, p. 291, n. 4, 5 et 6.
»
2. « Les canlhares » de verre rappellent jusque dans les détails les plus
<i
infimesde leur structure » les vases d'argent(Moria-Jean, l. c). Cf. ici, p. 291, n.6.
3. Cf. Morin-Jean, p. 178-9.
4. Morin-Jean, p. 23 et s., 249 et s.; « les artistes... connaissaient à fond
Cf.
toutes les ressources de leur métier » (p. 24). Le bol de Nîmes (au Louvre), —
en vert émeraude, avec la figuration des pygmées et des grues, paraît importé;
de même, le vase et fragments de Fraillicourt (Ardennes) au Musée de Reims
[détruits par le bombardement en 1914], verre blanc avec peintures d'oiseaux. —
Il devait cependant y avoir des ateliers pour ce genre de travail à Cologne ou
que l'Orient n'a fait qu'envoyer les premiers objets et les modèles^
et que, sur ce point, l'industrie gauloise a su égaler ses maîtres \
En fait de verrerie mille fantaisies pouvaient se donner car-
rière ^ On eut, par le moyen du moule ou du soufflage, des
régions rhénanes, en Normandie et dans les pays intermédiaires. Étant donné que
la forme du tonneau (avec toutes ses variétés) est scrupuleusement observée (ici,
p. 233, n. 2), et que ces barillets se rencontrent surtout dans les tombes, il a dû y
avoir à ce mode de récipient, d'abord un motif symbolique, et ensuite une survi-
vance funéraire, peut-être quelque rapport avec le rôle rituel du vin chez les
morts (p. 188, n. 3 et 4).
1. Forme 32 de Morin-Jean. Il y en a de GO centimètres de long.
2. Morin-Jean, p. 81-2.
3. Ces fioles, recueillies surtout dans les tombes d'après Constantin, conte-
naient certainement du vid (cf. Courteault, Revue des Et. anc, 1911, p. 331-6), enfermé
avant la soudure de l'objet. A moins de supposer que l'on ait importé de Syrie
le récipient tout prêt, vin compris et la délicatesse de ces sortes d'objets rend
:
continuer en Gaule l'emploi similaire des pesons de fuseaux (p. 298, n. 3).
5. Cf. Morin-Jean, p. 148-251 sourtlage dans des moules ornés, ce qui permit
:
des Ant., IX, p. 938); igi, n. 2. De même, ravènement des Syriens avec Septime
Sévère (t. lY, p. 520, 532). Tout se tient en matière d'histoire et d'archéologie.
2. Je suis convaincu qu'on ne comprendra l'histoire de la poterie et celle de la
verrerie qu'en les étudiant ensemble. — Les ligures des vases de verre et des
récipients de terre cuite ont entre elles des analogies absolues : mêmes images
de gladiateurs et de cochers, mêmes commémorations de souvenirs (cf. p. 289, n. 5),
mêmes acclamations bachiques (XllI, 10(J25, 109-249). On remarquera seulement
le' nombre relativement restreint de représentations mythologiques sur les vases,
sans doute parce que la vogue de ces verres est postérieure à Commode et con-
temporaine du déclin de la mythologie classique (cf. n. 1).
3. Voyez les relevés chez ISlorin-Jean, p. 252 et s.
4. Il est possible que l'industrie du verre, en Gaule, ait commencé surtout par
là : les ollœ cinerariœ << constituaient, surtout au second siècle, les récipients
normaux des incinérations de la classe aisée » {id., p. 43). L'urne est souvent
dans un caisson de pierre, avec couvercle creusé pour s'y emboUer.
3. Ainsi qu'à la linesse d'exécution. Cf. ici, p. 273, 286, 289, 290, p. 304, n. 4.
VERRERIE. 295
de Mervent en Vendée (cf. Fillon, L'Art de terre chez les Poitevins, Niort, 1864,
p. 187). Remarquez la découverte, près des dépôts de cendres de Nalliers (p. 210,
n. 5), d'un fragment de verre signé de la marque connue Cn. A. Ingu. A. V. Af.
(artifex vilrarius'7 et manu'!}, avec lettres de séries (Xlll. 10025, 6) si bien que :
de Picardie; en tout cas d'une région avoisinant la Manche, entre Rouen et Bou-
logne. Je crois Frontin du temps des Sévères.
5. Ofjicina Fronttniana (10025); chefs d'ateliers : Bassiliamis, Sextinus, S. C,
Protis, Prometheus, Pax, Divixtus, Eqtia..., Asiaticus, et d'autres sans doute.
6. Ses affaires ne paraissent pas s'étendre en dehors des Trois Gaules, et
296 LA FAinUCATION.
3. P. 292.
4. Voyez les inscriptions, XIII, 10024' (où malheureusement on a mêlé inscrip-
tions sur pierres et sur anneaux). Comme pierres fines alors citées aux abords
de la Gaule (je me le corail des rivages
place au point de vue des Anciens) :
Bull, arch., 1913, p. 79); l'urne, en albâtre égyptien, de Metz; la coupe d'ambre,
de Corlil-Noirmont au Musée du Cinquantenaire; etc. Les inscriptions ne nous —
fournissent aucune trace de tailleurs en pierres précieuses. Seulement, étant
donné que le grenat, la plus connue et la plus répandue des pierres fines en Gaule,
TABLETTERIE ET PAPETERIE. 297
tendances de l'Occident.
s'appelait alabandiais (d'où nous avons formé grenat almandin), il serait possible
que les lapidarii Almanticenses ou Almanicenses d'Arles et de Cimiez (XII, T32; V,
7869; ici, t. IV, p. 399, n. 7) fussent les ouvriers en grenat des Alpes, et, pnr
extension, en pierres préi'ieuses.
1. Brilish Muséum... Early Jron Age, p. 87 et s. On a supposé que les objets
avoir été le centre de production {Annales de la Soc. arch. de Aamur, XXIV, 1900-4,
p. 262 et s., travail très important de Bequet); inscription sur boucle, lettres gra-
vées remplies d'émail rouge, séparées par des losanges de bleu et de vert, XIII,
10027, 233 d (trouvée à Amiens; Musée de Péronne); Reims, Cat. du Musée arch.,
p. 50: etc. — Voyez, au sujet de ces fibules émaillées et de la question si dis-
cutée de l'émaillerie eu général (outre n. 1 et 3) : Labarte, Recherches sur la pein-
ture en émail. 1836, en particulier p. 92-6; Pilloy. Bull, arch., 1893, p. 232 et s.
(favorable à la thèse belge); Morin-Jean, Les Fibules delà Gaule romaine, dans le
Congrès préhistorique de France, 1910, Tours. La découverte au Caucase de fibules
identiques aux fibules belges a fait croire à une origine orientale pour celles-ci,
soit importation d'objets, soit influences industrielles ou artistiques: cf. Chantre,
Recherches anthropologiques dans le Caucase. III. 1887. p. 101 et s. Mais n"a-t-on pas
trouvé au Caucase des fibules de bronze du fabricant belge Aucis^a (p. 304, n. 6)?
3. Ici se place, à titre d'exception au moins apparente, le vase de bronze à orne-
ments d'émail trouvé à La Guierce (dans Pressignac) en Limousin, vase qu'on dit de
la fin du ni' siècle (.Molinier, Hist. gén. des arts appliqués, IV. p. 31). que tantôt on
attribue à une origine orientale, tantôt on regarde comme une œuvre locale, formant
transition entre l'antique émaillerie celtique et l'émaillerie limousine du Moyeu
Age. J'inclinerai à y voir une œuvre gallo-romaine de Belgique, peut-être de
l'atelier d'Anthée; de même, je pense, le vase d'Ambleteuse au British Muséum,
l'émail de Famars au Louvre, le vase de La Plante au Musée de Namur. la patère
de Pyrmont, etc. Il n'en est pas moins curieux de rencontrer ce vase, le [dus inté-
ressant produit de l'émaillerie gallo-romaine, en plein pays limousin. Tous ces
objets sont à revoir de près. En dernier lieu, Morin-Jean. Dict.. I.\, p. 949.
^
298 LA FABRICATION.
celtiques, de les enfermer dans les tombes, à je ne sais quel litre cultuel ou sym-
bolique (cf. Déchelette, Man., II, p. 1308; ici, p. 293, n. 4j.
4. C. /. L., XIII, 10032, 15.
5. Assez souvent figurées dans les bas-reliefs funéraires. II devait s'en faire
aussi en bois (cf. C. I. L., XIII, 10033, 7-10).
6. Espérandieu, n° 1880.
7. Dès l'époque celtiiiue, et au'ssi, en ce temps-là et plus lard,
Xlll, 10032, 40-2.
en en métal, en bois (10033, 6). en schiste (10035. 24).
pierre,
8. XIII, 10032, 28 et s.; voyez au Musée Haberl de Reims {Cal., n"' 4961-90) la
curieuse série de dés et jetons. Mêmes remarques. Pièces de jeux en marbre, avec
inscriplions, Xlll, 10035, 13-22.
9. C. /. L., XIII, 10032. 24. La flûte de Pan d'Alésia est en bois.
10. XIII, 10032, 22, 25 et 26. .Manches en corne dès l'époque gauloise, si bien
TABLETTERIE ET PAPETERIE. 299
tifs '
et cent autres objets, bibelots dont le rôle n'est point
que les couteaux de ce temps << diiïèrent à peine de nos couteaux actuels » (Déche-
lette, II, p. 1306).
1. C. I. L., XUI, 10032, 27.
2. En ou rondelles, et les cylindres ou tubes d'os ou
particulier, les orbiculi
d'ivoire. Les premières (10032, pouvaient être des amulettes ou des ex-voto (cf.
20)
C. I. L., XIII, 10020, 20). Les autres (cf. Saint-Germain, salle XVI, vitrine 4 i et j;
C. I. L., 10032, 17) ont été regardés, tantôt comme des charnières [cela me semble
impossible], tantôt comme des sifilets de toutes manières, je crois à des objets
:
4. Elle devait, je crois, reprendre au iv° siècle, et peut-être dès le m". Cf. p. 268.
5. Supellex lignea. —
Ajoutez les sabots, qui ont conservé toute leur vogue (p. 249).
G. Ajoutez quelques figurines en bois de divinités, surtout indigènes (Épona à
Saintes, Revue des Et. anc, 1905, p. 235; Mercure gravé sur un disque en bois,
trouvé vers Pierre-Scize à Lyon, Bull, des Antiquaires. 1865. p. 147; figurines de
Luxeuil). Encore que la statuaire de bois, fréquente dans les derniers temps cel-
tiques (t. II, p. 153-4), eiit beaucoup moins disparu que les constatations archéo-
logiques ne le feraient croire, il paraît indubitable que la vogue des figurines de
terre cuite (p. 285) l'a à peu près complètement discréditée.
7. Maillet en bois de chêne avec l'inscription d'un légionnaire de la XIV'%
trouvé dans les ruines du pont de Mayence C, XIII, 10033, 1; les maillets du
:
dieu celtique (t. VI, ch. 1). Autres instruments à manches. Esp., n°* 1878 (marteau,
emporte-pièce), 1881 (scie, truelle), etc.; cf. p. 216, n. 3. Ici, la tradition celti(|ue
se suit sans solution de continuité. — Pour la menuiserie, p. 233 et s. — Flûte en
bois, p. 298. n. 9. — Pour les sabots, p. 178, n. 2, p. 249.
8. Les monuments funéraires représentent souvent des rouleaux ou des livres
300 LA FABRICATION.
Xin. — MÉTAL
4. C'est à Narbonne que le titre de aurifex apparaît le plus souvent (XII, 4301,
1464, 4463) : rien n'exclut une origine étrangère chez ceux qui le prennent (n. 7).
5. P. 20o et s.
l'a été par son habile marteleur. Certes encore, les dames mon-
traient dans leurs écrins toutes les variétés possibles de bijoux,
lait au milieu des rubis, des améthystes, des coraux, des gre-
nats et des émeraudes ^. Mais dans aucune de ces œuvres je ne
peux reconnaître la main d'un artiste gaulois.
Médailles; scènes empruntées à la vie de Bacchus. Le travail, qui est fait au mar-
teau, doit dater de Septime Sévère. La pièce a m. 25 de diamètre, et pèse 1 k. 315.
2. Comarmond,
Description de Vécrin d'une dame romaine, 1844.
3. On peutconclure, soit des textes (Tacite, Germ., 5),' soit des inscriptions
le :
les Lexoviens, non loin de leur frontière avec les Yéliocasses'et les
Éburoviques;
trésor de Nolre-Dame-d'AUengon (Andes ou Angevins), près la frontière des
Pictons
302 LA FAIHUCATION.
hellénique!
En matière de bijouterie courante, le marché gaulois ne fut
(XIII, 3100); trésor de Limoges, aujourd'hui détruit (XIII, 10026, 19). Cf. Tliédennt
et Héi"on de Yillefosse, Les Trésors de vaisselle d'argent trouves en Gaule (Gaz. arch.,
IX-X, 188i-oj. Voyez l'abondance d'inscriptions que nous possédons sur de la
vaisselle d'argent, C. /. L., XUI, 10026, 15 et s.
.1. P. 301, n. 7, ici, n. .5. Le travail au repoussé (cf. p. 301, n. 3) est peut-être
Q. Domitius Tutus, qui est le donateur des principales belles pièces (XIII, 3183,
10-lC).
4. C'est aussi le cas des pièces de Notre-Dame-d'AUençon (p. 301, n. 7).
5. P. 301, n. 3; trésor de Trêves, consistant en 228 livres de vases d'argent,
MÉTAL. 303
gallo-romain, ce sont des bagues dont le chaton est accompagné d'une tablette
présentant des ornements en métal ajouré. —
Il y a aussi des anneaux d'argent.
travail de Bequet, La Bijouterie chez les Belges, Soc. de Namur. XXIV, 1900-4. —
L'expression de faber xrarius. œrarius, est assez rare (XII, 3333, Nîmes: 4473, Nar-
bonne; œrarii, collège à Entrains. XIII, 2901; etc.). Mais les bronziers ou chau-
dronniers sont évidemment compris sous l'appellation de fabri, faber, employé
isolément (t. IV, p. 399). Et jusqu'à quel pointées appellations de métiers peuvent
être trompeuses, c'est ce que montre le cas de cet Arlésien (Xll, 722) qui est
inscrit parmi les fabri tignuarii et qui est surtout un fabricant de tuyaux de bronze
ou d'orgues hydrauliques eut summa fait fabricas studium, organa qui nosset facere
:
laiton (cuivre et zinc, cuivre jaune, dinanderie) chez les Tongres ou près de chez
eux (p. 20G. n. 6); ornements en laiton, p. 304. n. 3. —
L'importance des Tongres
et des Nerviens dans les industries du cuivre est une chose très remarquable,
qui fait prévoir l'activité du pays au Moyen Age, comme du reste lensemble de
leurs travaux de fabrique (p. 297, n. 2-3, p. 30i, n. 4. p. "107, n. 2).
4. Sans l'accepter encore, je ne puis cependant exclure l'hypothèse dune
intervention éventuelle de l'État romain, dont nous connaissons si mal la poli-
tique économique. Cf. p. 277, n. I.
304 LA FAUIUGATION.
1. P. Cipius Polybus, XIII, 10027, 17 (il apparlient à une vieille famille de bron-
ziers de Capoue). Ses produits allèrent jusque sur la Baltique (10030, 37, 50, 74;
Willers, Die Rœm. Bronzeeimer von Heininoor, 1901, p. 214-5). Mais il est à remar-
quer que l'on n'en trouve pas en Gaule en dehors des provinces rhénanes.
Peut-être lui réservait-on la zone des armées. —
Il est d'ailleurs probable que la
concurrence gauloise arrêta au second siècle, même dans ces régions, la chau-
dronnerie campanienne, et l'écarta peut-être bien avant dans les Trois Gaules et
en Narbonnaise (voyez par exemple les marmites de Draccius, XUl, 10027, 22; XII,
5C98, 5, et de Carugenun, XIII, 10027, 14, qui sont certainement gaulois); cf. Willers,
Neue Unters., p. 79 et s., qui du reste constate avec raison que les bronziers gallo-
romains ne firent qy'imiter les casseroles campaniennes.
2. Par exemple les fibules (cf. n. 6). La Gaule est le pays de l'Empire, semble-
t-il, qui a livré le plus de fibules, et la presque totalité des noms de bronziers
sont celtiques; ils appartiennent d'ailleurs, sauf exceptions, au i" siècle cf. XIII, ;
III, p. 699 et s.
3. Par exemple les petits disques en bronze, sans doute pièces de harnache-
ment, fabriqués par Banna (XUl, 10027, 190), et qui s'exportaient même en Italie
(X, 8072, 11; XV, 7100) et dans les régions du Danube (III, 6017, 8). Voyez aussi
les ornements, curieux et variés, en cuir incrusté de fils de laiton, pour souliers
de femmes ou d'enfants; Reims, Musée Habert, n°* 2633-50.
4. Par exemple poignées de coffrets ou de commodes, fabriquées au moule,
sans doute à Bavai ou dans le pays nervien (Reinach, Bronzes, p. 334-5; Cumont,
p. 75); pas avant Marc-.\urèle?
5. Il est possible, en revanche, qu'on fît venir de l'étranger (Italie surtout) les
instruments de chirurgie (Saint-Germain, Cat., p. 200 et 129, la trousse de Reims;
cf. Rjv. arch., 1882, I) et certains accessoires de toilette, par exemple les strigiles
de bain, pour lesquels je ne trouve aucun nom celtique de fabricant (XIII, 10027,
171-187); le charmant strigile de Ficcius, trouvé à Bibracte (Saint-Germain, n° 16231),
doit venir d'Italie. Les balances (G. /. L., XIII, 10031) sont peut-être également
importées. Les instruments de musique (t. VI) doivent l'être également en partie,
mais il y avait en Gaule des fabricants d'orgues hydrauliques (à Arles, XII, 722;
cf. p. 303, n. 2). —
Je laisse do côté bien d'autres objets de moindre importance,
comme les fameux dodécaèdres perlés, qui sont certainement des instruments de jeu.
6. Ses produits (milieu ou première partie du i"' siècle) se sont trouvés un peu
partout en Italie, en Angleterre, dans les pays danubiens, en Asie Mineure, jus-
qu'au Caucase, où on en a découvert deux exemplaires (10027, 107; Haverfield,
The Arch. Journal, LX, 1903. p. 236 et s., LXII, 1903, p. 263 et s.). Ici, p. 297, n. 2.
7. Sa fabrique était en Suisse, à Baden, Aqux Helvelicœ (10027, 204).
MÉTAL. 305
d'allure des images importées^ Mais chez les unes et les autres
1. P. 303, n. 3.
2. p. 36(>; cf. t. YI, ch. 1 et III.
3. Tous les procédés anciens (t. II, p. 311) se retrouvent, mais le moulage est
devenu peut-ùlre prédominant, comme en céramique (p. 273) et en verrerie (p. 293).
C'est une iiuestion, si l'on pouvait fabriquer en (jaule le fameux bronze des tables
publi(iues, œs labulari (p. 322, n. 1).
4. Il faut distinguer, parmi les marques des tuyaux de plomb :
1° celles qui
portent les noms des empereurs (par exemple 20 à 30, à Lyon, au nom de Claude;
XIll, 1002D, 3), et (|u^on croit indiquer les eaux destinées au service impérial;
2° cellesqui portent des indications d'esclaves de villes (à Nîmes, XII, 5701, 58),
peut-être pour le service des eaux municipales (à quoi on peut objecter que les
tuyaux ont été découverts bien loin de Nîmes); .3° celles qui portent des signatures
de plombiers ordinaires (cf. Germain de Montauzan, p. 350 et s.). Sur le mode —
de soudure de ces tuyaux, voyez les remarques topiques de ce dernier, p. 200
et s. Je trouve clicz Jaccjuemin (Guide du voywjcur dans Arles, 1835, p. 216) que,
pour la soudure des tuyaux d'Arles, sur 144 grains d'alliage il y en a 84 de plomb
et 60 d'élain, ce qui est une soudure maigre, ou une soudure au tiers. On sait —
que ces tuyaux permettaient aux eaux de traverser même les fleuves, par exemple
à Arles (XII, 5701, 2). Voyez l'étude de Germain de Montauzan sur les siphons,
p. 176 et s. —
Dans quelles énormes proportions ce tuyaulage de plomb était
employé, c'est ce qu'on verra encore chez ce dernier (p. 204-5) les siphons des :
aqueducs de Lyon ont nécessité de dix à quinze mille tonnes (la production actuelle
du plomb en France n'atteint pas 30 000 tonnes).
5. Beaucoup plus habituels qu'on ne croit, surtout depuis le second siècle,
sous les influences des religions orientales mais je ne crois pas que les sr.rco-
:
pliagcs en plomb soient uniiiuement des tombes d'Asiatiques (cf. Esp., n"^ £924,
3930, 3969, 4385, etc.). Cf. p. 15. Peut-être sont-ils importés pour partie.
6. Par exemple les tablettes trouvées dans un puils à Rom dans les Deux-
Sèvres (!\Iém. des Antiquaires, LVIII, 1^899, p. 133); tablettes des Inscriptions
magiques (AudoUent, Defixionum tabcllœ, 1904. p. xlvii-ix).
7. Comme celui qui représente le passage du Rhin à Mayence sous Dioctétien
(Cabinet des iMédailles; Koepp, fig. 112), et qui peut être le modèle ou la réplique
d'un médaillon en or.
8. Cf. Dissard, Collection Récamier, Catalogue des plombs antiques, ,\dÔa; C. I. L.,
ouvriers locaux achetant des lingots de plomb aux agents des mines (Xll, 5700, 1;
cf. p. 208, n. 3). Mais il est possible que certains éléments ou ornements des sarco-
de soldat en fonte creuse trouvée dans le pays de Namur (Ann. Soc. arch., XXIV,
1900-4, p. 189). Mais ils n'en témoignent pas moins de l'esprit d'initiative métallur-
gique des populations de ce pays (cf. p. 303, n. 3).
3. Arlis fabrica; ferrarix, C. I. L., XIII, 2036.
4. Voyez le Recueil d'Espérandieu. Fabri ferrarii à Dijon (XIII, 5474).
5. Musée "de Saint-Germain; voyez Champion, Outils en fer du Musée de Saint-
Germain (Rev. arch., I91G, I), pour ceci et pour ce qui suit.
6. Toutes les variétés modernes de tètes et de pointes se retrouvent.
tures, ses pênes, ses gâches, ses cadenas, ses clés à dents
variées, aux dimensions parfois énormes, compliquées comme
des machines et lourdes comme des armes*.
D'aucun de ces objets et de ces outils de fer on ne peut dire
que les Romains en aient révélé à la Gaule ou l'usage ou la
laborieuse.
1. Testament du Lingon, XIII, 5708; et aussi des épées de chasse; cf. p. 202, n. 1.
2. Voyez l'importance que prit à elle seule la fabrication des fourreaux d'épées
de gladiateurs, p. 304, n. 7.
3. CoiUinuam ferri tegimen. Tac, Ann., 111,43; ici, t. IV, p. 158.
veront à l'époque impériale romaine avec des formes à peu près identiques et
passeront sans modifications essentielles dans l'outillage moderne, leur type ayant
été constitué déflaitivement dans ces temps reculés. »
ORGANISATION DE L'INDUSTRIE. 309
visibles de sa nature, elle avait été surtout une terre bien cultivée ^ :
elle ajouta alors aux mérites et aux denrées de son sol le travail
1. Je dis surtout et non pas uniquement, parce qu'il faut tenir compte de l'im-
portance que la vie industrielle avait déjà chez les Celtes (cf. p. 317, 237, 239 et s.,
300 et s., 307-8).
2. Remarquez que Pline, qui se sert beaucoup de sources datant des premiers
la manière romaine-.
De même que l'industrie s'appliqua à toutes les matières
1. T. Il, p. 338.
2. P. 290 ot s., 268 et s., .303 et s., 280 et s., 223 et s.
3. Ou plutût de la fabrique qui porte son nom, p. 295, n. 3; autres noms d'in-
dustriels, p. 293. n. 2, p. 287, 285, n. 8, p. 284, n. 1, notes des p. 273, 274. 275, 276.
p. 3U4, n. 1, 2, 3, 6 et 7. Il est possible que nous ayons le vicus industriel dépendant
d'un de ces grands cbefs de maisons dans le village gallo-romain de forgerons à
Morville (près d'Anthée chez les Tongres) avec ses 13 ateliers et babilalions, ses
6 bas fourneaux, son magasin ou sa balle de 700 mètres carrés [Annales de la
SocûUc arch. de Namur, XV, 1881, p. 220 et s.; Revue universelle des Mines, XXI,
1887, p. 295). Autre de ce genre à Vodecée (id., XXIV, 1900-4, p. 454. travail de
Becjuet, Habitations de métallunjistes). Tout ce pays de Tongres (entre Sambre-
et-Meuse) devait consister surtout en domaines de maîtres de /erra;-;» et de forges,
et aussi de bronziers (cf. p. 303, n. 3).
4. Societat{is) Siexti) T{iti) Lucreti{oruni) (XI 11. 10029, 26) pour la plomberie r
association de deux frères ou gentiles. Association de Mem. et Trib., pour les faux
arrétins, deux associés pour une très petite maison ilOOlO, 1338). Toutefois, l'asso-
ciation industrielle paraît assez rare en Gaule, et il serait possible que, dans le
second cas et d'autres semblables, il s'agisse de deux ouvriers dirigeant un seul
atelier pour le compte d'un patron. —
Je ne serais pas éloigné de croire que
certaines manufactures ou exploitations industrielles dssent partie d'un domaine
religieux (ici, p. 287, n. 2, p. 366-7).
5. Voyez les justes remarques de Ciccotti, Le Déclin de Vesclavage antique, trad.
Platon, 1910, p. 417 et s.
ORGANISATION DE L'INDUSTRIE. 311
1. A moins de supposer que tous les noms de potiers inscrits sur les vases
(comme nous l'avons supposé pour Momnio, p. 275, n. 3) soient des noms d'esclaves
ou d'affranchis de grandes maisons demeurées anonymes. Et, de même, les ateliers
ou boutiques figurés sur les bas reliefs funéraires peuvent être à la rigueur ceux
d'esclaves de ces grandes maisons, préposés à la vente au détail (p. 243, n. 4).
Tout est incertitude en matière de ce genre. 11 me semble cependant que le carac-
tère servile de ces noms, de ces figures, l'existence exclusive de grandes mai-
sons industrielles se marqueraient mieux dans les faits épigraphiques et archéo-
logiques, si c'était la réalité. —
Qu'on n'allègue pas en faveur de celte thèse
domaniale les inscriptions de Dijon (chez les Lingons, XIII, 5474-5) où lapidarii et
fabri ferrarli du pays se disent clientes d'un riche patron ce patronage peut être
:
la suite d'un accord plutôt que d'une origine servile. Et toutefois, je suis très
frappé de l'analogie que présente cette clientèle ouvrière d'un riche Lingon avec
la clientèle rurale et militaire d'un noble gaulois à l'époque de l'indépendance
(t. Il, p. 77).
2. Pour tout ceci, t. IV, ch. X.
3. Cf. p. 251, 241, n. 6 et 8. Même la bière, cf. p. '256, n. 4.
4. Cf. Varroa, Res r., I, 16, 4; cf. p. 280, n. î, p. 267, n. 4.
312 LA FABRICATION.
dans l'Empire *.
Cela ne veut point dire qu'il n'y eut à craindre, dans les indus-
tries, ni coalition, ni grève, ni sabotage. Ces choses sont de tout
(le caractère militaire est plutôt probable que certain; XIII, 2901); monument,
voyez les voyages d'Hadrien (t. IV, p. 471), qui nous révèlent également l'exis-
tence d'équipes d'ouvriers à la suite de l'empereur.
314 LA FAimiCATION.
les prix et les produits. L'Etat romain laissa faire le plus sou-
vent, du moins dans les trois premiers siècles de l'Empire : il
1. Au moins avant les invasions du m' siècle (cf. p. 313, n. 6). Car, au iv%
les choses ont cliangé, et je crois, par exemple, que les loricarii de Brèves
(p. 313, n. G) ont été transférés à Autun {Not. dign., Occ, U, 33).
2. P. 267, n. 4. Cf. p. 31U, n. 3.
3. Voyez les adresses données par les potiers de Cologne, ici, p. 285, n. 8.
4. Bas-reliefs dans le Recueil d'Espérandieu.
5. Cf. n. 3.
6. Il est bon de ne pas généraliser. Les usages, en rtiatière de signature, n'étaient
ORGANISATION DE L INDUSTRIE. 315
Mais rien n'était plus facile à imiter. Et je ne sache pas que les
retrouve, et sur des vases aulhentiquement arrétins (10009, 98) et sur des vases
similaires gaulois (10010, 698), s'il n'y a pas contrefaçon de la marque même.
—
La chaudronnerie gallo-romaine paraît également une imitation plus ou moins
fidèle de la chaudronnerie campanienne (Willers, IS'eue Untcrs., p. 80; cf. ici,
p. 304, n. 1).
4. Il est vrai, pas en même temps sur toutes les espèces de produits d'abord, :
semble-t-il, sur les fibules de bronze, où les pièces signées sont certainement les
plus anciennes (p. 304, n. 2|, puis sur les faux arrétins (p. 276, n. 2), jijus lard
dans la verrerie (p. 293).
5. CL t. IV, p. 292-3.
Outre les faits que nous allons rappeler, il a dû y en avoir bien d'autres,
6.
qui expliqueraient les fluctuations subies en Gaule (cL p. 276-7, 300) par cerlaines
industries. Voici par exemple Tibère, qui, lui, sans aucun doute, a eu l'idée
d'édits de protectionnisme industriel un édit île bruit en avait couru, la chose
:
que de l'écouler à vil prix, dans les garnisons, les villes neuves,
les marchés, les campagnes, par toutes les routes de l'Occident,
maintenant largement ouvertes. — Mais par là même cetle
2. Pline, XXXIV, 16i: In Brilannia .... ut Icx ultro dicalur, ne plus certo modo fiai.
L'intéressant serait, comme pour l'édit sur les vignobles (p. 184 et 188), de con-
naître les considérants.
.3. Pline, Xlll, 89 (également sous Tibère).
4. Voyez les remarquer de Grenier en matière de construction, ici, p. 221,
n. 1, p. 355, n. 3. Remarques de même genre chez Déchelette à propos des céra-
mistes (7«ses céramiques, Apprécier défavorablement les aptitudes
I, p. 241) : <
fours, sans cesse en pleine activité, ne cessaient do produire, aux couditions les
plus économiques et par énormes quantités ».
ORGANISATION DE L'INDUSTRIE. 317
1. Ici, p. 265-266, 293-297, 238, 240-247: peut-être aussi ses teintureries végé-
tales, p. 245.
CHAPITRE VII
LE COIVIIVIERCE
I. —.DÉVELOPPEMENT DE LA CIRCULATION
COMMERCIALE
1. P. 234, 2.37, 2.3i)-240, 245, 247, n.4, p.254, 208els.,284-.g, 201ets., 208, 300 et s.
2. Cf. t. II, p. 326-9.
3. Cf. Sénèque, Natur. qiisest., V, 18, 4 : Omnibus iiiler se populis commercium.
DEVELOPPEMENT DE LA CIRCULATION COMMERCIALE. 319
de l'acheteur.
La Gaule en devenant romaine et Rome en s'annexant le
pour ses jeux des élans de la forêt Hercynienne '. En Gaule, les
grands seigneurs ne savaient pas davantage se contenter d'un
1. p. 331-2.
2. T. IV, p. 463-4.
3. 0.n:iia pM-jjrj emunlar, dil un Italien du Milanais (Pline, Ep., IV, 13, 5).
5. P. 203.
T. V. — 21
322 LE COMMERCE.
luxe facile et qui fût à portée : les plus belles iiiurcliaudises étaient
II. — IMPORTATION
[africain ou grec], vel œnea ex sere tabulari [le bronze dont on fait les tables tles
documents publics] quam opiuino... Lectica et H subsellia ex lapide transmarino ...
Ara ex lapide Lunensi quam oplinio... Cludatur id œdificium lapide Lunensi.
2. On a trouvé, par exemple, un vase signé Vibii aux environs de l'ancien poslc
des Douanes dit du Sud vers Arcaclion (Durègne, Extraits des Comptes rendus de la
Soc. Linnéenne de Bordeaux, 1897, p. m). Remarquez qu'il s'agit peut-être d'un bon
potier d'Arezzo (XUI, 10009, 290-300).
IMPORTATION. 323
doute pour les soldats d'Italie, était les olives noires conservées dans du vin
cuit, olivœ nigrx ex dej'ruto (Riese, 4554-5), sans que nous sachions si elles vien-
nent d'Italie, d'Espagne, d'Afrique ou même de Narbonnaise. C. I. L., XIII, 10U04,
13 (duracina [sicca'?] sur une amphore; cf. p. 235, n. 4, p. 192, n. 3).
4. Cf. n. 2 et 3. Sur ces cantines et marchands, p. 46-47.
5. Cf. p. 226-7, 234 et s., 245, 252 et s., 257, 201, 268 et s., 283, n. l,p. 284, 300 et s.
6. Le centre du commerce du vin, au moins pour les Trois Gaules, est à Lyon;
marques d'amphores d'origine bétique (cf. XIII, 10004, 1 Riese, 4536) mais les ; :
de province de Uélique.
la — Ajoutez sans doute l'importation des fameuses sau-
mures de Gartliaijène et de Cartéia negoliator nuiriarius à Lyon (XIIL 1006).
:
[Docimeivdin], el Nomaduni qui portai eburnea saxa collis [Chemtou], et herbosis quœ
vernant marmora vents [serpentine verte d'Egypte?]; candentem jarn ilolo Paron
[blanc de Paros], jam nolo Caryston [cipolin, blanc veiné de vert, de Carystos en
Eubée]; vilior est rubro quœ pendet purpura saxo [porphyre rouge d'Egypte?]. Fon-
taine en marbre de Paros à Bordeaux, Ausone, Urbes, 148; Gapitole de même
matière à Narbonne, id., 120. Il est possible d'ailleurs que ces poètes aient mis à
tort et à travers des noms de marbres célèbres. On a supposé que les entre-—
preneurs de Gaule adressaient leurs commandes à des entrepositaires de Rome.
7. Cr. p. 206: Pline. XXXIV, 4; Strabon, III, 2, 9. — Ajoutez les importations
d'or (des pays du Danube?, p. 205), d'argent (d'Espagne?, p. 207). L'importation —
du soufre, dont on se servait en médecine, en vinification et surtout dans l'apprè-
lage des tissus, peut expliquer les rapports suivis avec la Sicile (p. 338, n. 5).
IMPORTATION. 32S
qui l'a créée. Mais si cette étude ajoute d'utiles détails à l'histoire
III. — EXPORTATION
L'exportation est plus intéressante à étudier : elle porta sur
des objets plus divers, elle s'adressa à des pays très différents,
et elle nous permet de mieux apprécier le rùle économique de
la Gaule dans le monde romain.
Ce fut l'Italie à qui elle rendit le plus de services, vendit le
et les mulets^
de ses haras au renom séculaire, les chiens de chasse des
chenils celtiques, que la poésie romaine se chargeait de célé-
fabrique italienne. Remarquez les marques d'Euhodia el des Firmii Ililarus et llyla.
Le centre de la droguerie et parfumerie (seplasiarii) est à Capoue.
1. Nous ne pouvons rien indiquer de précis sur les exportations de Gaule en
Rome (p. 168, n. 6, t. IV, p. 402, n. 1), de Narbonne avec Rome et Ostie (p. 171,
n. 7), de Narbonne avec la Sicile (p. 338, n. .o; cf. Ausone, Urbes, 125).
3. P. 203.
4. Ici, p. 195, n. 5: t. II. p. 188, 278-9.
5. Je pense surtout au Dauphiné, t. II, p. 280; cf. t. Y, p. 16, n. 7.
6. Cf. t. II, p. 287-9. Outre le poème de Gratius, outre les vers de Martial, de
Silius, d'Ovide, cités à ces pages, voyez l'épitaphe métrique de la chienne Mar-
garita à Rome (C. /. L., VI, 29896) ; Gallia megenuit. Le chien Aminnaracus à Rome
(29895) semble porter un nom gaulois.
7. P. 255. n. 2, p. 254, n. 3. p. 253, n. 2 et 4: surtout de Marseille, Vienne et Bézicrs.
328 LE COMMERCE.
rivages des deux mers\ les beaux poissons des grands fleuves*,
les gibiers rares des Alpes '',
les asperges ou les légumes inédits
des provinces rhénanes ^ les fromages des Cévennes et des
sous les formes les plus communes'", et aussi les vins ordi-
1. Cf. Josèphe, De h. J., II, 16, 4 : ToT; àyaOoï; <t/£5ov o>.r,v è-'.z/.-j^ovtî; -r,'j o'f/cov-
2. Sauf le cas des fibules (p. 328, n. 1.5, p. 304, n. G) et de certains petits bronzes
(p. 304, n. 3) accompagnant peut-être des exportations de harnais et de chevau.x.
Nous nous séparons sur ce point, non sans hésitation, de Déchelette (Céram.,
3.
I, qui attribue une grande importance aux découvertes, à Rome et à
p. 94-116),
Pompéi, de. vases de potiers gaulois (presque exclusivement rutènes, et notamment
de .1/ommo de La Graufesenque; NI. SO.5.3. 27: XV,.o355: p. 274. n.4).Ce qui m'a empêché
de regarder ces faits d'exportation autrement que comme épisodiques, c'est, cuire
les raisons économiques exposées ici, la constatation que les potiers arvernes n'ont
rien laissé au delà des Alpes, et que Pline, Martial et Juvénal, qui parlent si net-
tement et si souvent des poteries d'Arezzo et de Sagonte. sont muets sur celks
des Gaules. Il a pu y avoir simplement un mouvement d'affaires occasionnel.
via Narbonne, entre La Graufesenque et Oslie ou Pouzzoles. Les mêmes poteries —
rutènes se sont rencontrées sur la cote orientale d'Espagne (Déchelette, id., p. 111)
et en particulier d'Ampurias (Cazurro, Ainiari de VInstitut d'Estudis Catalans,
1909-10). Mais, si difficile qu'il soit de connaître les vases de Sagonte (voyez les
remarques de Cazurro), je doute que ceux du Rouergue aient pu venir leur faire
concurrence en Espagne même (cf. Pline, XXXY, 160-1). La manufacture —
330 LE COMMERCE.
gabale de Banassac n'est représentée hors de Gaule que par un vase conservé à
Naples et qu'on dit venir de Pompé! (l)échelette, 1, p. 128). —
Jusqu'à nouvel ordre,
les arguments archéologiques ne peuvent prévaloir contre les textes et la nature
des choses, d'aulaat plus que Pline tient à parler ici des produits qui s'exportent
en grand, hœc quoque per maria terras ultro cilro porlantur. —
Et il n'y a pas à
objecter que les exportations de Gaule ont pu se produire après le i" siècle, puis-
qu'on allègue surtout des objets trouvés à Pompéi.
1. Sauf, en Bretagne, dans la mesure où se fondèrent, pour concurrencer la Gaule,
Brilish Muséum, 1908: on a aussi noté celle des poteries de Rheinzabern. On doit
y joindre celle des (ibules de bronze d'.4i(cissa (XIII, 10027, 107). 11 est bien diffi-
cile de ne pas supposer aussi une forte importation de vins. —
Les textes men-
tionnent mcrcalores Gallicani en Bretagne (Pan. Conslantio =
Pan. Lai., V[VI1I], 12),
copia negoliatorum à Londres (Tac, Ann., XIV, 33).
EXPORTATION. 331
vases d'argent, et il semble bien que. pour ne pas avoir à exporter de l'or, les
légats et les empereurs ne voulussent envoyer comme présents aux chefs bar-
bares que des vases d'argent (Tac, G., 5). —
Le negotiator gladiariiis de Mayence
(XIII, 6677; c'est' un ancien soldat) a pu, sans doute sous des conditions délern.i-
nées par l'autorité publique, vendre des épées aux Germains on a du reste décou-
:
vert au delà du Ithin bon nombre d'épées de fer signées de fabricants romains
ou gallo-romains (trouvaille de Nydam en Schleswig, XIII. 10036, 3U-43). Mais il est
impossible que l'exportation des armes ne fût pas interdite en principe. Les —
défenses d'exporter hors du territoire romain portaient, au iv'' siècle, sur l'or
(C. Jast., IV, 63. 2; Tacite, Germ.. 5, ne précise pas à ce sujet), sur le vin, Ihuile
et les liqueurs (IV, 41. 1), sur les armes nlfensives et défensives (IV. 41, 2 défense :
même était faite d'en vendre aux Barbares en mission dans l'Empire).
5. Xill. 8793 (p. 325, n. 7), 8350, 7588, 6366, 6524. Les poteries de Bretagne
(8793) venaient faire concurrence sur ces marchés à celles de Gaule (cf. p. 325,
n. 7. p. 330, n. 1).
antique. Dans l'ensemble, ce sont les ustensiles de bronze qui paraissent s'être le
332 LE COMMERCE
Aucissa ont pénélr*'' plus loin encore, jusqu'au pied du Caucase ',
de l'Asie -.
IV. — LA TRAITE
être assez recherché dans les ventes'; s'il arrivait à être acheté
à noms celtiques, mais on pouvait changer les noms. Des esclaves ou allranchis
d'origine gauloise ou gallo-romaine, mais tous à noms grecs ou latins, sont
signalés à Augsbourg (C./.L.. III, 5S31, origine bilurige), à Turin (Y, 7046, origine
viennoise), à Cliternia dans l'Italie centrale (IX, 4172, natione Gallus). à Rome (VI,
10127 : il jeune actrice Phœbé, du pays des Voconces) quant à l'esclave
s'agit de la ;
de race gauloise (vév. rà),),ov) dont il est question dans un papyrus d'Egypte
de 350 ap. J.-C, son nom, "ApvojT-;, n'est assurément pas celtique (Hernies, XIX,
p. 419).
4. Cf. t. IV, p. 83-4.
5. Cf. t. VI, ch. IV : un < murmillon » éduen (XII, 3325) et un « rétiaire » allo-
broge (XII, 3327), leur origine servile est douteuse; mirmillo tongre, alTranchi'?,
VI, 33977. Voyez, sur l'organisation des gladiateurs du prince, t. IV, p. 424, n. 4.
G. (Jleci dit dans la mesure où l'on peut appli(iuer à des Relges les textes de
Tertullien et de Clément (p. 16, n. 7).
7. Varron, Res r., II, 10, 4 : Ad pecuariain... Galli adpositissiini, maxime ad jumenta.
334 LH COMMEllCK.
seils de guerre'.'
La Gaule, en fait d'esclaves, achetait plus qu'elle ne vendait.
4. T. IV. p. 148-y.
3. Cf. t. IV, p. 143. Voyez la Bissula d'Àusone.
0. Ici, p. 322. n. 1; C. /. du moins les noms font preuve).
L., XIII, 5708 (si
7. Venaliciarlas Grsecarias à Nîmes; XII. 3349; cf. p. 16, n. 6. Mommsen interprète
LA TRAITE. 335
trafiquants de l'Empire.
dans les diverses provinces et des aptitudes plus variées. Ils ont
à s'informer de tout et à répondre sur tout; ils sont agents de
recrutement, placiers en domestiques et en ouvriers, fournis-
seurs de troupes de spectacles et pourvoyeurs de lupanars; ils
3. T. IV, p. 158-9.
33C LE COMMERCE.
V. — LE COMMEHCE DE GROS
3. Théon, propriétaire dans Bas Médoc, achète aux paysans les matières
le
propres à l'éclairage pour les revendre non pas,
(cire, résine, suif, etc.), et c'est :
prcliis gravis auclio vendat [je doute qu'il faille voir dans auctio une vente à
l'encan].
4. On pourrait à la rigueur omettre Arles car, sauf peut-être les
: négo-
ciants en huile (p. 183, n. 5), il n'y a point là de négociants en produits gaulois :
1. Le nombre des spécialités à Xarbonnc est remarquable : huiles (p. iTI, n. 7),
blés, clavarius materiarius (bois de charpente ou de menuiserie), limarius (limes),
gypsarius (plâtre), solearius (sandales), armariarius (armoires), ampullarius (fioles
de verre ou de terre cuite), viminarius (vannerie), vestiarius, sagarius, turarius, pur-
purarius, vascularius, amilarius.fabcrœrarius,faberargentarius, aurifex,fabarius (fèves
et légumes), lardarius, lanarius (cf. p. 243, n. 5), lintearius. pellio (peaux), capis-
trarius (licous et sellerie), pisior candidarius (XIL 4502; cf. p. 251, n. 7), seplasiarius,
panucularius (pour pannicalarius'?. marchand de draps, Xll, 5073). Mais je repèle
(cf. p. 336, n. 1) qu'il y a là sans doute à la fois fabricants, marchands de gros ou
détaillants, et, en outre (cf. p. 234, n. 2, p. 250, n. nom du métier peut i), que le
souvent ne désigner qu'une minime partie de son activité nos bonnetiers ne :
vendent plus surtout des bonnets, ni nos luthiers des lutlis, et il est possible que
le limarius tînt magasin d'instruments de fer, V armariarius iùl un menuisier et le
lurarius un drogurste en tout genre.
2. Beaucoup de ces étrangers, si nombrou.x à Bordeaux, sont sans doute des
négociants en gros, importateurs de produits de leur pays, par exemple le
Séquane (XIII, 031) peut être un négociant en jambons, et ce ne peut être que
le commerce qui attire les Trévires-à Bordeaux (XIII, 633-5\
3. Sans doule surtout à destination des camps ou des Germains: negotiator, XIII,
3660, 3703-5, 4155-7 (ceux-ci à Neumagen); cuparius et soccarius {p. 232, n. 3).
Sous Tibère, il est question à Trêves de Romanis (Tac. Ann.,
negoliatoribus
III. 42), lesquels peuvent être d'ailleurs des banquiers autant que des marchands.
4. Même remarque : negoliator, 8224; negotialor cretarius, 8350; negotiator lanio
(boucher en gros , 8351; negotiator artis lapidariœ, 8352; negotiator seplasiarius
(p. 261, n. 5). 8334. Remarquez l'abondance de Belges installés là, évidemment
pour le commerce (8838-42; cf. ici, p. l.oO-l). — L'importance commerciale de
Mayence est bicii moins sensible; on n'y trouve (lu'un negotialor gladiarius (p. 331.
n. 4), des nianlicularii. des pannarii.
5. En premier lieu, les negotiatores vinarii (t. IV, p. 387, n. I); en outre, olca-
rius [?], lintiarius, sagarius, argentarins, muriarius, unguentarius, ars saponaria(p. 263,
n. 1), ars prossarid (p. 246, n. 3), ars barbaricaria (p. 246. n. o), ars cretaria, vitrie,
ferraria, caracteraria (p. 307, n. 7), macellaria, avec ou sans negotiator. A Lyon, le
caractère de chef de maison de gros apparaît, pour ces individus, plus nettement
qu'à Narbonne (ici, n. 1).
6. Mais je crois que les marchan lises orientales étaient le plus souvent ache-
tées à Rome, par exemple les marbres (cL p. ;{24, n. 0). Cf. p. 32(», n. 7 et 0.
T. V — -22
338 LE GOMMEHOK.
et de Plancus^
On en rapprochera les maisons de « nautes » ou d'armement
(luvial et maritime qui s'étaient fondées à Lyon, à Arles et à Nar-
bonne^ Car elles ne se bornaient pas à armer des navires, elles
naient dans une m6me maison, quelle que fût sa raison extérieure, tout ainsi que
chez les marchands du Moyen Age et dans nos alîaires de commission. C'est pour
cela que les négociants de Lyon sont si souvent affiliés aux corporations les plus
éloignées en apparence de leur métier (XIII, 1900, muriarias affilié aux nautes et
aux lignaarii, etc.); voyez ce négociant en vins, de Lyon, qui est en même temps
diffusor olearius ex Bœlica (C. /. L., VI, 29722), ce négociant dans la Germanie du
limes, qui est à la fois negotiator arlis crelarix et negotiator pœnularius (Xlll, 6360).
2. Cf. t. 122, 142. Les negotiatores Ilalici de l'ère républicaine doivent
III, p.
avoir, je crois,pour héritier à Lyon le corpus splendidissiiniini negotialoruin Cisal-
pinorwn et Transalpinorum, (jui a une succursale, semble-t il, à Milan (il y a un
Trévire parmi eux; XIII, 2029; V, 5911).— C'est un marchand en gros, sans doute
de marchandises orientales, que ce riche Syrien qui s'inlilule (XIII, 2448) nego-
tiator Luguduni et provincia Aqaitanica il devait avoir ses entrepôts à Lyon et
:
expédier des revendeurs ou colporteurs par toute l'Aquitaine. Ce sont des mar- —
chands de ce genre que les negotiatores Britanniciani de Bordeaux (XIII, 634) et de
Cologne (XIII, 8164 a) ils devaient importer de Bretagne en Gaule (cf. Xlll, 8793,
:
negotiator cretarius Britannicianus; Xlll, 7300; cf. p. 32.5, n. 7) et sans aucun doute
faire aussi l'inverse.
3. T. lY, p. 401 ; ici, t. V, p. 171-172.
4. Par exemple pour les armateurs de Narbonne; p. 171, n. 7.
les huiles
5. L'inscription de ce Xarbonnais {Revue épigr., III, n° 890) qui fut magistrat
honoraire à Palerme, Syracuse, Himère, montre (cf. de Villefosse, Mém. de la Soc.
des Ant., LXXIV, 1915, p. 178) qu'il faisait l'armement entre Narbonne et la Sicile.
6. Nous manquons de renseignements précis, pour le Haut Empire, sur les
règlements relatifs au commerce avec les Barbares. Il est très probable qu'il yen
a eu, et d'analogues à ceux que nous trouverons plus tard (Code Just., IV, t. 40,
41 et 63; C. Théod,, VII, 16, 3): prohibition de sorties pour certaines marchan-
dises, armes, vin, blé, Ii(iueurs, métaux précieux (cf. p. 331, n. 4); déclaration de
LE COMMERCE DE GROS. 339
villes, il pouvait y avoir des lieux de marchés convenus, par exemple Neumagen
(Noviomagus =« marché neuf >>) chez les Trévires, à la frontière de la province
d'ailleurs rapporta une fabuleuse cargaison d'ambre, étudia également avec soin
la route commerciale {commercia ea et littora peragravit) il est possible que cer-
:
tains détails géographiques fournis par Pline et surtout par Ptolémée viennent de
son itinéraire. En outre, on peut supposer qu'elle procura quantité d'esclaves
et de bétes rares, puisqu'elle fut organisée par le grand maître de la gladialure
impériale. — Mais dans l'ensemble les expéditions de ce genre, du côté de la
Germanie (ajoutez l'Irlande et la Scandinavie), ont été beaucoup plus rares,
semble-t-il, que ne l'eût comporté la force de l'Empire romain; peut-être l'obstacle
vint-il de l'instabilité du inonde germanique (cf. t. IV, p. 145-8). —
Les trouvailles
de trésors de monnaies romaines (cf. Mém. de la Soc. des Ant. du Ps'ord, n. s., 1872-7,
p. 54) semblent prouver <jue les relations commerciales furent poussées jus(]ue
dans le sud de la Suède, mais s'arrêtèrent après Septime (t. IV, p. 147}.
3iO LE COMMERCE.
1. P. H38, n 2.
2. p. 284, n. 1, p. 29a, n. G, p. :î04, n. I, p. 278, n. 4.
VL — LES DÉTAILLANTS
1. A Lyon(cf. p. 338, n. 2); à Trêves (p. 317, n. 3); XIII, 1522 (au puy de Dùme,
cives [Romani'?] negotiatores); cf. t. iV, p. 414. La vogue, dans la Germanie indé-
pendante, de la chaudronnerie campauienne (p. 304, n. 1) s'explique sans doule par
l'action des placiers italiens. Mais il s'agit, dans !a plupart de ces cas, des pre-
miers temps de l'Eujpire.
2. Remarquez qu'à Lyon un Trévire fait partie du corps des negolialores Cisal-
pinoruni et Transatpinoruin (XIII, 2029; ici, p. 338, n. 2).
3. Uappeloas que ces aptitudes commerciales se constatent surtout cliez les
Bel„'es, les Trévires avant tout, puis les Xerviens, les Rèmes, les Tongres, etc.;
cf. IjO 151.
p.
4.Association de tabernarii d;u\s la très petite ville de Caslellane dans les Alpes
Maritimes (t. IV, p. 387, n. 3); le quartier des Canlunx Novx à Cologne, où sont les
potiers de figurines (ici, p. 285, n. 8).
5. Elle a pu souiïrir après Anlonin, et elle a sans aucun doute diminué forte-
ment après Sévère Ale.vandre; cf. t. IV, p. 477 et s., p 032 et s.
à travers les rues et les places, il est bon que mille échoppes,
l'acceptent.
Les plus riches d'entre les débitants étaient ceux qui avaient
boutique sur rue : bouchers avec leurs quartiers de viande
suspendus k d'énormes crochets, avec leur étal où repose le
p. 2.j8, n. 2 et 3.
4. N°' 1099 (Bordeaux), 4U43 (.4rlon). Cf. ici, n. 1, et p. 240, n. 1, 3, 4.
dans les bas-reliefs qui les représentent, cela nous rappelle nos
bonnes villes de province d'il y a soixante ans, Nîmes au quar-
tier de l'Horloge, Bordeaux aux Fossés de l'IIotel-de-Ville,
Arras à la Grande-Place.
En temps de marché, les bancs et les tentes se dressaient sur
bourgeoisie française.
faciles et sûres.
1. P. 34.3, n. 2.
2. Tonsores à Nai'l))nne, XII, 4ol4-7, où il semble même qu'il y ait une femme
de ce métier (4514).
3. N. 4. Cantunœ Aovx h Cologne (p. 59, n. 7).
4. Copo patiLLus à Nimci. XII, 3345; cocus et culinarius à Narbonne, XII, 4468 et
4470 interprétations douteuses.
: —
A Narbonne, l'hùtellerie A Gallo GaUinacio
(XII, 4377); à Lyon, Thôtellerie consacrée Mercurto et ApolUni, tenue par Seplu-
inahus, qui fournissait hospilhim cuin prandio (XIII. 2031); deux auberges voisines
d'un champ de foire, diœla Asiciana aut Paconiana, à Aix-les-Bains (XII, 2462). —
Sur les auberges des grandes routes, p. 126. —
Sur les cris des buveurs, p. 187,
p. 253, n. 3, p. 230. n. 5.
PIlATiQUES AUXILIAIRES DU COMMERCE. 345
routes*, les pas et les pieds dans l'arpentage % les pieds dans la
bâtisse", les livres pour les gros poids ^ les onces en orfèvrerie
et en droguerie ^ les boisseaux', les setiers'" et les amphores*'
7. Libra, 327 gr. 43. C. I. L., XII, 3701, 2 et 9 (tuyaux de plomb dont le poids
est indiqué en livres); C. I. L., XIII, 10008; etc. On a pu supposer (lingot de —
plomb, XIII, III, 10029, 25) une livre (germanique? celtique?) de 331 gr.; mais
la chose est bien incertaine. —
Il y avait une unité de poids et de capacité parti-
culière pour l'huile, qui était l'hémine (0 I. 27:i6, un demi-setier); cf. Ilultsch,
Métrologie, 2" éd., p. 120. Une inscription de N.irbonne (XII, 3277, p. 833) porte
ol{ei) po{ndo) V; comme elle se lit sur une amjihore qui doit contenir de 55 à
60 litres (un peu plus de 2 amphores ordinaires), on peut supposer qu'il s'agit là
d'une mesure ou d'une unité commerciale appliquée aux grandes quantités, égale
peut-être à 40 hémincs (10 1. 94, 20 setiers; cinq fois cette mesure ferait environ
55 1.). —
Poids et balances (XIII, 10030-1) paraissent tous conformes au système
romain (sauf quelques variantes qui ne paraissent que le fait du hasard).
8. Uncia, 27 gr. 288. C. /. L., XII, 334; etc.
9. Modius, 8 litres 734. Cf. C, XII, 3179 (framcnti modliiin). XIII, 10003, 93 et s.
10. Sexlarius,Ol. 347. Cf. XIII, 10003, 93 et s. ; 10008, 45. Cf. ici, p. 271, n. 2, pour
lesmesures des récipients de table et de cuisine. Voyez, à la devanture d'un
marchand de vins, les spécimens de six mesures en forme de pichets (Espérandicu.
n" 3608).
11. Cf. XII, 3081, I ; Vainphora est de 26 1. 26. Pour ces gros récipients, ici. p. 266.
346 LE COMMRRCE.
nées à Lyon. —
Il est possible que dans certaines circonstances, pour empêcher
la fraude et surveiller les transports, on fit suivre aux marchandises des routes
déterminées, par e.\emple celle de Boulogne pour les passages en Bretagne (cf.
Ammien, XX, 9, 9: et ici, p. IGT, n. 6).
1. T. IV, p. 307 et 357.
2. J'entends ici le mot dans le sens étymologique, qui est celui du latin chiro-
yraphum.
3. 11 nous reste des bordereaux, d'ailleurs très primitifs (gravés sur des tessons
de terre cuite), de livraison de vases en faux arrélin, avec indication des potiers
fabricants, des espèces d'objets et tie la quantité livrée (Déchelette, Céram., I,
p. 83 et s.) ce ne sont peut-être que des mémentos ou des brouillards.
:
4. Cf. t. IV, p. 397, n. 5. Je réunis aussi sous ce mot les connaissements mari-
2. Cf. noie 4.
3. Argenlarius coaclor; XII, 44GI.
4. Niimmularius (surtout chan2:eur) ou argenlarius (surtout banquier). En Gaule,
la première expression est courante pour toutes affaires d'argent, et argenlarius
seul paraît signifier, sauf exceptions, fabricant ou marchand d'argenterie (p. 301,
n. 3. —
Numnmlarius à Narbonne (XII, 4497-8). à Saintes (XIII, 1037), à Lyon
(1982 a [? cf. XII, 4497], 1980), a Trêves (Riese, 427), à Cologne (XUl. 8333, ncgo-
tiator nunimularius). —
Mensularias, à Narbonne (XII, 4491), peut-être un simple
changeur. —
Tous les banquiers mentionnés ici pouvaient faire toutes les opéra-
tions de courtage, d'acte, d'encaissement dont nous parlons (cf. t. III, p. 113,
n. 3). Et il est possible que les individus qualifiés de negoliator (p. 337, n. 3 et 4)
fissent, comme sous la République (cf. p. 338, n. 2), des alTaires de banque.
5. Cf. Espérandieu, n" li)97 (scène de change ou de paiement avec greflier
enregistrant les sommes?); n" 4037 (autre scène d'argent).
6. Gravitate fœnoris; Tac, Ann., III, 40; ici, t. IV, p. 133, n. 3. Cf. Belot, Cheva-
liers, 11, p. 130 et s.
LES MANIF.URS D'ARGENT. 3i9
étaient le plus souvent des Italiens ', tout comme les banquiers
lombards ou florentins de nos villes médiévales. Le malbeur
pour la Gaule, au commencement de sa vie romaine, fut qu'elle
sollicita l'aide de ces étrangers, qu'elle n'eut pas le courage de
se passer des courtiers en numéraire. Propriétaires pressés de
6. Peut-être aussi, en cas de créance sur une cité, avait-il le droit de saisir les
revenus municipaux.
7. Cela explique en grande partie la révolte de 21 (cf. t. IV, p. 155).
3r,0 LE COMMEltCK.
RICHES ET PAUVRES
I. Plus de bien-être chez le pauvre. — II. Plus de luxe chez le riche. — 111.
\. Cf. ch. V, p. 17."), ch. Il, p. 35. ch. VI, p. 311-2, ch. IV, p. 155-0.
2. Jusque sous Marc-.\urèle (t. IV, p. 477 et s.; ici, p. 32).
3. P. 85 et 40-40. Ajoutez les précautions prises par les empereurs pour assurer
la production en blé, p. 187.
3r)2 lUCIIF.S ET PAUVRES.
loises favorisait les plus modestes des éleveurs '. Autour des
villes grandissantes, il y avait place pour un monde nouveau de
petits travailleurs, maraîchers, jardiniers, nourrisseurs de porcs
ou de volailles -. Dans les cités, les métiers les plus modestes, les
.soleil des rues \ L'argent est partout assez répandu pour qu'il
soit permis aux moindres bourgades d'avoir leurs boutiques
d'épiciers ou leurs bazars rustiques ^ Ce fut la première fois %
dans l'histoire de notre sol, que le pauvre ou le mendiant put
s'élever sans peine à la condition de gagne-petit, le degré initial
1. p. IDo-lOG.
2. P. 193, n. 2, p. 195-6, p. 202, n. 3.
3. Ch. VII, g 6.
4. Voyez les stèles de Tliil-Cliàtel (Esp., n" 3608, marcliand de vins et comes-
tibles), d'Arlon (n" 4043, boutique de marcband drapier). Cf. p. 39. n. 4.
trait sa fme vaisselle à vernis roage, signée des noms les plus
T. V. — 23
354 RICHES ET PAUVRES.
mêmes'-; sur les dressoirs, des patères d'or, des vases d'argent,
des coupes de verre ornées de figures '^; à tous les meubles, des
1. p. 246, n. 9.
2. x\ Bourg dans le Bordelais, Ponlius Paulinus faisait môme représenter dans
sa villa les exploits de Lucullus (Sidoine, Carm., 22, loS-IGS) : peut-être, à cause
de son nom, se croyait-il originaire du Pont.
3. Et totiiin solein lunala per atria servat; Sidoine, id., 150.
4. Cf. p. 221; Sidoine, id., 180-3, 187-191.
5. Cf. Sidoine, Carm., 22, 204-6.
6. Id., 208-210.
7. Sidoine, 136-141 (revêtements de marbres; cf. p. 324), 158-166 (peintures; cf.
p. 226); Ausone, Cupido cruciatus (Cupidon crucifié par les femmes, p(c<ura in tri-
1. P. 305, n. 1.
toul cela, outre les livres sur les villas (cf. t. IV, p. 378, n. 2), Blanchet, Étude sur
la décoration des édifices de la Gaule romaine, 1913; Cumont, Belgique, p. 40 et s.
dans ses expressions les plus variées, à celui qui sévissait alors
sur le reste de l'Empire.
La seule nouveauté qu'olîrît dans les Gaules le luxe d'un
grand seigneur, venait de leurs forêts giboyeuses ^ Ce genre de
richesses, ces chasses miraculeuses et à variétés infinies de
plume et de poil, mettaient la marque du terroir à la gloriole de
2. T. II, p. 287 et s.
3. Testament du Lingon (XIII, 5708) : Volo autem omne inslruinentum meum, quod
ad venanduin et aticupandum paravi, mecum cremari ..., et slellas oinnes ex cornibus
alcinis; ici, p. 202, n. 1, p. 201, n. 3.
PLUS DE LUXE CHEZ LE RICHE. 357
tiques, fixé sur les parcs de son domaine et dans les marbres
de son palais, le riche transforma l'expression de son orgueil
et l'allure de sa vie; au lieu d'opprimer les hommes par la
force de sa volonté, il leur imposa l'obsession de son nom, et il
par des clients pro saluLe, itu et redilu de leur patron, avec l'inscription Jovi :
4. P. 70-77.
PLUS DE LUXE CHEZ LE RICHE. 359
suivant le plan que j'ai donné. Qu'il y ait une grande loge où
l'on placera ma statue, assise, haute au moins de cinq pieds,
en marbre d'outre-mer ou en bronze, mais l'un ou l'autre du
meilleur. Sous la loge, qu'on dispose un lit d'apparat, et, de
chaque côté, de longs bancs, le tout en marbre d'outre-mer; et
volontés, qu'il s'est fait bâtir de tels édifices. Jamais, après les
cela fait autour de la villa plus de dix mille hectares tout d'un
p. 31(1, 11. 3.
3. Bequet, id., XXIV, 1900-4, p. 2ol et s.: et ce domaine était clos de murs; cf.
ici, p. 79, n. 3. Cf. œdijîcia privala laxilaleni urbiuin magnaruin vincentia, Sénèque,
De ben , VII, 10, 5.
4. C. I. L., XIII, 5474-6 (lapidarii el fabri ferrarii, clientes ejus). Cf. p. 357.
5. T. II, p. 79 et s. Cf. ici, t. V. p. 311. n. 1.
362 RICHES ET PAUVRES.
1. T. IV, p. 381-2.
2. ch. VI, en particulier p. .310; t. IV, p. 384.
Ici,
3. Voyez par exemple à Aix-Ies-Bains les possessores {XII, 2409-01, 5874), (|ui
paraissent être les petits propriétaires de l'endroit réunis en collège (cf. t. IV,
p. 353, n. 6). De même à Cologne (XIII, 8254), les possessores ex vico Liicretio doi-
vent être les propriétaires du quartier, héritiers de lots constitués lors de la
colonisation. Peut-être faut-il songer quelquefois, dans les représentations funé-
raires de voitures avec leurs conducteurs (p. 156, n. 1), à de petits propriétaires.
4. T. IV, p. 31 et s., 76 et s.
GRANDE ET PETITE PROPRIÉTÉ. 363
1. J'ai peine à croire que les anciennes prescriptions interdisant la vente des
biens assignés n'aient pas été maintenues. Mais il est certain que les vétérans
ne se sont pas privés de les enfreindre dans certains cas (Tac, Ann., XIV, 27),
qui d'ailleurs ne s'applicjuent pas aux vieilles colonies de la Gaule. Cf. Die SchriJ'lcn
der Rœin. Feldinesser, II, p. 382-4 (lludorlV).
2. Horace, Episl., I, 14 et 16.
3. Il est possible aussi que les riches Gaulois aient vendu portions de leurs terres
(comme au xvi' siècle et plus tard les seigneurs de France) pour acquérir des hôtels
à Rome (cf. p. 36 i, n. 4) et faire figure à la cour.
4. T. I, p. 19-20, Sj-Q.
364 RICHES ET PAUVRES.
que dans les cités, les gagne-petit ont leur domaine et leur
clientèle, et ils sont maîtres chez eux-.
Parle fait des lois, des mœurs des hommes, de la nature de
la terre, la grande propriété se trouva donc enrayée dans la
non pas seulement un bien qu'il exploite, mais mieux que cela,
c'est,par exemple, le l'ait que les sénateurs de Rome possèdent des terres en
Narbonnaise. ce qui doit remonter au temps de la République, lors(iue le pays
fut envahi par les marchands de biens (t. 111, p. 100; t. IV, p. 379); la posses-
sion, par des grands de Rome, de mines en particulier (ici, p. 206, 209, n. 6); le
fait que des AUobroges deviennent propriétaires en Gallia Coniata (p. 360, n. 3);
l'allusion possible à l'extension des latifundia en Gaule chez Pline, lorsqu'il ajoute
perdidere jam vero et provincias, XVllI, 35. Ajoutez le fait
que des riches Gaulois,
comme le Viennois Valérius Asiaticus, pouvaient posséder des maisons à Rome
(Tac, Ann., XI, 1).
5. Cela me paraît résulter de l'importance municipale, révélée par l'épigraphie.
LA RICHESSE DES DIEUX. 365
Mais tout cela n'est vrai que des premiers temps de l'Empire.
A partir de Marc-Aurèle, l'une après l'autre, les digues qui
contenaient les grands propriétaires se rompirent, et, comme
au temps de l'indépendance celtique, ils devinrent à la fois un
embarras pour l'Etat et un danger pour les petites gens ^ De
nouvelles conditions sociales se préparèrent pour la Gaule,
encore que, par la bonté spéciale du pays, elle doive être
moins bouleversée que le reste de l'Empire.
d'un dieu, et non pas les sentiments que ce dieu inspirait aux
hommes.
Une divinité pouvait être, en numéraire, en bijoux, en
bâtisses, en terres et en serviteurs, plus riche que le plus riche
des hommes, et la mainmorte faisait que cette richesse croissait
acquise par les grandes familles du pays (t. IV, p. 382), et aussi de l'importance,
révélée par Tarcliéologie, des grands mausolées rustiques (cf. ici, p. 39-'iO).
1. T. IV, p. 552 et s., p. 005 et s.
2. Cf. t. IV, p. 380. Il est probable cependant que l'État a pris des précautions
contre cette mainmorte, n'a par exemple reconnu le droit d'hériter que pour
certains temples (cf. t. IV, p. 278, n. 3).
3. Cf. t. IV, p. 278, n. 3; ici, n. 2.
366 RICHES ET PAUVRES.
1. Je cite les dieux de la Gaule dont les temples paraissent avoir clé les plus
riches, et ce sont sans aucun doute les héritiers des anciens plus grands dieux
celtiques (Ésus, Teutatès, Bélénus et la principale divinité féminine). Et c'est
peut-être à celles-là seules, et dans de certaines conditions, qu'on accordait tous
les avantages de la mainmorte (p. 365, n. 2).
2. T. II, p. 156; t. 111, p. 64-5,568.
3. Cf. p. 80.
4. Pline, XXXI V, 45; cf. t. VI, eh. I et III.
5. Espérandieu, n' 1089; ici, t. VI, ch. IM.
6. Grégoire de Tours, Ilist. Fr., I, 32; cf. t. IV, p. 565, n. 5.
7. Cf. p. 302.
8. T. IV, p. 380.
9. C. /. L., XII, 2426 ; c'est la lex rivi Ul... [lè Guiers, près des Échellesj : Si quis
CONTACTS ENTRE RICHES ET PAUVRES. 367
de Jupiter aux Échelles paraît fort important et mériterait une étude nouvelle.
Cf. t. IV, p. 380.
1. Cf. p. 287, n.2.
2. Ici, p. 44-45.
\
usine. De l'or plein les sébiles des changeurs et les sacs des
banquiers ', des ballots de marchandises sortant par les portails
des manufactures-, un navire chargé rentrant au port% tout
cela révélait aux yeux des plus ignorants l'existence d'un heu-
1. Cf. t. II, p. 75 et .
T. V. — 24
370 RICHES KT l'AUVUKS.
2. Les Anciens lereconnurcnl eux-mêmes; Tac, Ann., XII, 53; XIV, 55; etc.
3. Ut faniilia mea jain mine sic me ainet lanquain morluum, dit Trimalcliion,
Sut., 71, 3.
4. Sut., 71 : Oinncs illos in testamenlo meo inanumitlo.
L'épigraphie funéraire nous fournit de cela des preuves nombreuses
5. car :
les provinces, non pas sans doute comme règle politique, mais
Que sur les gradins de ces bâtisses les rangs sociaux fussent
distingués avec soin, les bonnes places réservées aux plus
nobles et aux plus riches', les mauvaises abandonnées aux
prolétaires : cela va de soi, et nous ne procédons pas autrement,
en dépit de nos prétentions démocratiques. Mais enfin, ces
ou d'entretenir le monument de son bienfaiteur (cf. t. IV, p. 372, t. VI, cli. IV).
Comparez aux paroles de Trimalchion (p. .370, n. 4) le testament du Lingon (XIII,
5708) Omnes liberii m'A et liberlx, qiios
: et vivos et quos hoc testamcnto manumisi.
i. d'Orange, places réservées aux chevaliers iXII, 1241); aux amphi-
.Vu théâtre
théâtres d'Arles et deNimes, places réservées à des membres de corporations et à
d'autres (XII, 714, 3316-8: 3318 cuneus quxs[toris?], conjecture d'il. Dazin);
:
'
romain, il n'a été fait plus de place aux droits de l'égalité natu-
minie de la pauvreté.
C'est à ces heures de spectacle (|ue le plus pauvre prenait sa
3. A Arles, épitaphe d'un scœnicus ex faclione Eudoxi (XI 1, 737) Eudoxus doit :
être Un artiste chef de troupe, el faclio désigner sa troupe. A Nîmes, (jrex Galli-
canal?] Memphi et Paridis (XII, 3347). sans parler de l'association universelle des
compagnons de Bacchus {Inscr. Gr. liai.. 2498-2502: cf. t. 1). A Vienne,
IV, p. 404, n.
scœnici Asialiciani (XII, 192'J), troupe subventionnée, salariée ou fondée par Valé-
rius Asiaticus (cf. p. 368, n. 4). A Bordeaux, scœnicus negotialor (Xlll, 042), entre-
preneur de tournées'.' Cf. t. VI, ch. III.
Les frais des jeux ordinaires faisaient partie des budgets des
villes '*
ou des provinces '^ Mais beaucoup de spectacles venaient
qu'ici en épigraphie.
4. Retiarii. Ils ont pour adversaires les secutores (XII, 1596).
5. Thraces; cf. XII, 1915, 3328-32.
Les essedarii paraissent en principe d'origine bretonne (cf. t. Il, p. ISG et s).
0.
7. Cf. Thédcnat, Dict. des Ant., G, p. 1382. Un certain nombre darmes figu-
rées sur les bas-reliefs funéraires de la Gaule peuvent être des armes de gladia-
teurs et doivent être étudiées comme telles. Figurations de gladiateurs à Nar-
b.mne, Esp.. n'" 602-601"), etc. Une des plus curieuses est à Maëstricht (n° 3901)).
8. Espérandieu, n° 1266 (ours).
1. A Marseille, agon lobianus, plutôt nom de personne que nom de Jupiter (XII,
410, p. 812). A Die, inunus gladiatoriuin Villianum(S.H, 1583). XWenne, gyiiiincus agon
ex cujusdain testainento (Pliae, Ep., IV, 22) les représentations furent supprimées
:
d'un spectacle, mais aux frais d'un particulier (XII, 372); distribution de vin ou
d'huile faite par un particulier à tout le peuple [?], sans parler de vin et de pain
aux membres de collèges (Cimiez, V, 71)0'(, 7905, 7920). Sur les autres formes de
la bienfaisance publique, t. VI, cli. IV, et t. IV, p. 338; cf. ici, p. 09. Les sportulœ
distribuées à l'occasion de dédicaces de monuments, d'élections, etc., n'étaient en
réalité que des cadeaux faits à quelques-uns, membres de confréries, décurions
môme, et ne peuvent être assimilées à des œuvres de bienfaisance (Xll, 4388;
id., p. 960; XIII, 1921; etc.).
4. T. VI, ch. IV.
5. De Pactitère, Paris à Vêpoque gallo-romaine, p. 06 et 76.
LES PLAISIRS PUBLICS. 375
(voyez en particulier celles des thermes de Sens, en dernier lieu, Espérandieu, IV,
p. 5o et s.), des textesn. 6), des inscriptions (Vaison, Xll. 1357, un
(cf. p. 324,
haliitant ad porticuin anle thennas marmoribus ornandam;
laisse 50 000 sesterces
Narbonne, 4388; Le Pégue, chef-lieu de pagus voconce, 1708), et de l'exemple des
empereurs à Home. ».
376 RICHES ET PAUVRKS.
4. Cf. p. 304, n. 4.
JALOUSIES COLLECTIVES. 377
saurait jouir.
dû voir les tables des grands et les trésors des dieux'-. Dès le
jour oîi l'Empire prit contact avec la Germanie, l'envie folle de
cet or et de ce vin grandit sur le sol barbare ^
et à Rome même (p. 16, n. 7), en particulier les chefs fugitifs et leur suite
(Dion, LVI, 23, 4; Tac, Ann., II, 63; XI, 16). A Fréjus, Tibère installa en l'an IS
Calualda, roi des Gotoncs [les Cotini de Silésie?], le vainqueur de Marbod (Tac,
Ann., Il, 63); et il semble que l'empereur n'était rassuré qu'à moitié au sujet de
ces Barbares, puisqu'il installa leur suite ne quictas provincias immixtl lurbarcnt.
3. Sans parler de ses convoitises éternelles sur le sol de la Gaule; Tac, IlisL,
CHAPITRE I
LA POPULATION
I. Difficultés d'une élude sur la civilisntion
gallo-romninc .... 3
^'
IV. Prépondérance de la population indigène
1^
V, Persistance du tempérament gaulois
"
VI. Rapports des diverses populations
entre elle? -^
'-^
VII. Du chiffre de la population.
VIII. Hygiène et durée de la vie .
CHAPITRE II
II.
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
LA CIRCULATION
I. Les routes les plus passagères 141
II. Circulation des hommes 144
III. Voyageurs de Caule 148
IV. La l'ouïe des jours de foires 151
\'. Le charroi 154
VI. Des conditions des voyages : sécurité et vitesse 157
VIL La navigation fluviale 161
VIII. La navigation maritime 160
IX. Des transports en commun 169
CHAPITRE V
L'EXPLOITATION DU SOL
I. Conditions nouvelles de la vie agricole 174
IL Marécages et forêts 177
III. Céréales, lin, chanvre, olivier 180
IV. La vigne 183
V. Fruits, légumes et fleurs 191
VI. Élevage, pèche et chasse 195
VII. Mines et salines 203
VIII. Carrières .
.' 211
CHAPITRE VI
LA FABRICATION
I. La construction en pierre 216
IL Maçonnerie et annexes du bâtiment 223
III. Cbar])enterie 228
IV. Menuiserie 233
V. Tissage 238
VI. Cuir et industries similaires . . 247
VIL Alimentation 250
VIII. Épicerie et droguerie 259
IX. Terre cuite :vases et vaisselle 264
TABLE DES MATIERES. 381
CHAPITRE VU
LE COMMERCE
I. Développement de la circulation provinciale 318
II. Im[iortation 322
III. Exportation 327
IV.La traite 332
V. Le commerce de gros 33g
VI. Les détaillants 341
Vil. Pratiques auxiliaires du commerce 344
VIII. Les manieurs d'argent 3'f7
CHAPITRE VIII
RICHES ET PAUVRES
I. Plus de bien-être chez le pauvre 351
IL Plus de luxe chez le riche 3:;3
m. Grande et petite propriété 300
IV. La richesse des dieux 365
V. Contacts entre riches et pauvres 367
VI. Les plaisirs publics 371
VII. Jalousies collectives 377