Rachid PDF
Rachid PDF
Rachid PDF
Verlaine de Metz,
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………………………………….…….….
………….…………………
……….………………….…..
Laboratoire
Matériaux Optiques, Photonique et Systèmes
Unité de recherche commune Université de Metz – Supélec - CNRS
UMR 7132
Verlaine de Metz,
………………………..………..……………..
..…………..............
…………………….
………………………………….…….….
………….…………………
……….………………….…..
…………………………….………………………..…………………………..…………………iii
IV.2 – Inversion de domaines après croissance
IV.3 – Analyse et caractérisation de domaines – parois de domaines
V – Conclusion partielle…………………………………………………………………………………60
Références bibliographiques……………………………………………………………………….……61
………………………………….……………………………...141
…………………………….……………………………………….......………………...A1
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Depuis plus d’une quinzaine d’années, la mise en œuvre par commutation électrique de
structures ferroélectriques périodiquement polarisées (PP), à température ambiante, occupe une
place importante parmi les techniques existantes de fabrication de dispositifs d’application tels
que la génération de la seconde harmonique (SHG) et les oscillateurs paramétriques optiques
(OPO) [1]. L’intérêt vient de la possibilité d’obtenir une efficacité de conversion de fréquence
tout en maintenant la conservation du moment (vecteur d’onde) nécessaire pour l’accord de phase
à travers une contribution supplémentaire correspondant au vecteur d’onde de la structure
périodique : c’est la méthode de quasi-accord de phase (QPM). Par conséquent, le processus de
mélange à deux ondes qui satisfait à la conservation de l’énergie peut être accordé en phase. Par
exemple, les fréquences optiques des ondes fondamentales impliquées peuvent être identiques,
avec la même polarisation, et se propager à travers le milieu dans des directions où les propriétés
NL sont modulées. Ceci nous permet d’utiliser le coefficient non-linéaire (NL) le plus élevé dans
l’interaction NL. Par ailleurs, le niobate de lithium est un matériau parfaitement connu et dont on
maîtrise la croissance, du moins dans sa composition congruente, et comme il est relativement
établi : le niobate de lithium est à l’optique ce que le silicium est à l’électronique [2].
L’idée de réalisation de matériaux non-linéaires (NL) sous forme de microstructures, par
exemple les structures périodiquement polarisées (PP), date de 1962, quand Armstrong et al. [3]
proposèrent un schéma de quasi-accord de phase pour le doublage de fréquence. Ces idées furent
reprises ensuite par Miller en 1964 [4]. Mais, ce n’est qu’au début des années 90 que les
techniques de fabrication de structures PP ont été réellement développées pour permettre la
réalisation de pas de réseaux en dessous de 4 µm, pour des applications en SHG du premier ordre
de lumière bleue dans LT [5-8] et LN [9-12]. Ainsi, la première démonstration d’inversion de
domaines à température ambiante, moyennant un faisceau d’électrons énergétique, a été reportée
en 1991 par Yamada et Kishima [13] dans LN pour des pas de réseau aussi fins que 3 µm [14].
En 1993, le processus de fabrication a été suffisamment développé pour obtenir de tels pas
Introduction générale________________________________________________________________________________________
utilisant des champs électriques à température ambiante [15]. Cette technique a été, peu après,
développée par d’autres groupes et dans d’autres matériaux [1].
Les techniques de fabrication se développent continuellement, et sont sans cesse améliorées.
Par ailleurs, de nouvelles applications apparaissent comme les lentilles en volume [16], les
modulateurs de Bragg [17], et la déflection [18], contrôlées par effet électro-optique, des
dispositifs piézoélectriques tels que les réflecteurs et résonateurs d’ondes acoustiques [19] à
dispositifs microstructurés. Des progrès ont permis de réduire la période de ces structures, pour
l’adapter à des conversions de fréquences différentes. Toutefois, la nucléation et la propagation
des domaines renversés ne permettent toujours pas d’obtenir des structures PPLN homogènes (la
période n’est pas constante) ou des résultats de conversion reproductibles. Dans un premier
temps, les efforts de recherche se sont concentrés sur la fabrication de ces structures et la mise au
point de dispositifs de conversion. Ce n’est que récemment que des études ont été consacrées,
plus spécifiquement, à la caractérisation de ces structures en domaines.
Mais il manque encore de méthodes de caractérisation non destructives capables de réaliser
à la fois des analyses complètes et efficaces des microstructures mises en œuvre sur LN. C’est
pour cela que nous avons axé les travaux de cette thèse sur l’utilisation de la micro-spectroscopie
Raman (SR), méthode non destructive et possédant la résolution spatiale pour l’étude
d’échantillons microstructurés. En particulier, la résolution spatiale (latérale et axiale) de SR
permet l’accès à des informations physiques et chimique locales à la fois en surface et en volume.
Ces informations peuvent être, par exemple, la composition, l’orientation, l’état des contraintes,
ou la température. Très peu de techniques permettent une telle combinaison d’informations, et
accompagnée d’une résolution spatiale (voir temporelle) compétitive en analyse de surface et de
volume. Par ailleurs, la technique Raman est utilisée pour déterminer la composition dans LN et
permet ainsi de différencier la congruence1 de la stoechiométrie2. De même, elle peut être utilisée
comme spectroscopie de site pour localiser les sites occupés par un ion dopant en fonction de la
concentration [20], et de rendre compte aussi de la sensibilité d’un composé pur ou dopé par
rapport à sa résistance au dommage optique [21,22].
Dans cette thèse, nous montrons que la spectroscopie Raman peut être aussi utilisée pour
déterminer les propriétés statiques du réseau cristallin telles que la présence de contraintes dans
un PPLN, et ainsi de détecter la structure en domaines ferroélectriques. Cette étude de ces
domaines est primordiale pour comprendre d’une part la physique de création d’un domaine
1
Les compositions du bain et du cristal sont identiques.
2
Idéalement, les pourcentages des deux espèces lithium et niobium sont équivalents dans le cristal.
________________________________________________________________________________________Introduction générale
(nucléation), et d’autre part la nature de la paroi de domaines, permettant ainsi une meilleure
compréhension des mécanismes physiques régissant la nucléation des domaines et l’optimisation
de la fabrication de microstructures de meilleure qualité.
Comme les structures étudiées – fournies par le Professeur Vladimir Ya. Shur de
l’Université d’Oural (Fédération de Russie) avec qui nous avons engagé une coopération dans le
cadre de ma thèse – ont de très petites périodes (environ 7 µm), mon travail a nécessité de me
familiariser avec la spectroscopie confocale Raman, et d’en étudier ses avantages et limites. Lors
de mon travail, j’ai étudié principalement des échantillons PPLN préparés par polarisation
électrique de V. Shur, mais aussi des échantillons PPLN élaborés par le Docteur Marco Bazzan
lors d’une croissance décentrée (résultats non reportés ici). Il est également prévu d’étudier des
cristaux PPLN : Hf préparés par polarisation électrique lors du processus de croissance par le
Professeur Edvard P. Kokanyan. Ainsi, un travail préparatoire dans le cadre de ma thèse a
consisté à étudier le rôle propre de Hf dans les cristaux massifs LN : Hf.
Le mémoire est composé de deux parties ; la première partie comporte trois chapitres qui
nous serviront de rappels et de généralités utiles à notre travail : le chapitre A1 aborde les
propriétés essentielles du niobate de lithium, en terme de croissance cristalline, cristallographie,
mécanismes de défauts, propriétés optiques linéaires et non-linéaires de LN. Dans le chapitre A2
on introduit la spectroscopie Raman du point de vue théorique et expérimental en décrivant le
spectromètre Raman utilisé. Le chapitre A3 présente quelques notions de bases des structures
PPLN, la problématique du quasi-accord de phase et de l’utilité de telles structures. Ainsi, on
citera les principales techniques de fabrication et les méthodes de caractérisation les plus
courantes. Le second volet de ce mémoire est consacré à l’exposé de mes résultats obtenus par
microsonde Raman lors de l’étude de la structure des PPLN. Le chapitre B1 porte sur la
technologie de diffusion Raman pour l’étude de matériaux en surface et en volume avec en
particulier une étude sur les aspects de spectroscopie confocale en volume. Dans le chapitre B2,
nous reportons les différents spectres de LN congruent servant de référence à la suite du travail,
puis une étude Raman plus complète de cristaux de LN dopés en Hafnium. Ces résultats sont
utilisés pour étudier l’incorporation du Hf dans LN en fonction du taux de dopage de cette
impureté. Le chapitre B3 regroupe les principaux résultats de diffusion Raman obtenus sur des
microstructures de PPLN en surface et en volume. Ceci constitue l’essentiel de mes résultats qui
sont ensuite interprétés en terme des effets propres des contraintes mécaniques et du champ
électrique. Une synthèse globale conclura nos principaux résultats et des perspectives de travail
seront abordées pour donner d’éventuelles continuités au sujet de ma présente thèse.
Introduction générale________________________________________________________________________________________
[1] J.A. Abernethy, “Novel devices in periodically poled lithium niobate” Ph.D. Theses – University of Southampton
(2002)
[2] A. Boudrioua, “Optique intégrée – théorie et applications” ISBN : 2-7462-1445-8, Hermes Sciences – Lavoisier
(2006)
[3] J.A. Armstrong, N. Bloembergen, J. Ducuing and P.S. Pershan, “Interactions between light waves in a nonlinear
dielectric” Phys. Rev. 127, 1918 (1962)
[4] R.C. Miller, “Optical Harmonic Generation in Single Crystal BaTiO3” Phys. Rev. 134, A1313 (1964)
[5] K. Mizuuchi, K. Yamamoto and T. Taniuchi, “Fabrication of first-order periodically domain inverted structure
in LiTaO3” Appl. Phys. Lett. 59, 1538 (1991)
[6] K. Mizuuchi and K. Yamamoto, “Highly efficient quasi-phase-matched second-harmonic generation using a
first-order periodically domain-inverted LiTaO3 waveguide” Appl. Phys. Lett.60, 1283 (1992)
[7] K. Mizuuchi and K. Yamamoto, “Characteristics of periodically domain-inverted LiTaO3” J. Appl. Phys. 72,
5061 (1992)
[8] K. Mizuuchi and K. Yamamoto, “Domain inversion in LiTaO3 using proton exchange followed by heat
treatment” J. Appl. Phys. 75, 1311 (1994)
[9] E.J. Lim, M.M. Fejer, R.L. Byer and W.J. Kozlosky, “Blue light generation by frequency doubling in periodically
poled lithium niobate channel waveguide” Electron. Lett. 25, 731 (1989)
[10] J. Webjorn, F. Laurell and G. Arvidsson, “Blue light generated by frequency doubling of laser diode in a lithium
niobate channel waveguide” IEEE Photon. Tech. Lett. 1, 316 (1989)
[11] X. Cao, R. Srivastava and R.V. Ramaswamy, “Simultaneous blue and green second harmonic generation in
quasi-phasematched LiNbO3 waveguide” Appl. Phys. Lett. 60, 3280 (1992)
[12] Y. Lu, L. Mao and N. Ming, “Green and violet light generation in LiNbO3 optical superlattice through
quasiphase matching” Appl. Phys. Lett. 64, 3092 (1994)
[13] M. Yamada and K. Kishima, “Fabrication of periodically reversed domain structure for SHG in LiNbO3 by
direct electron beam lithography at room temperature” Electron. Lett. 27, 828 (1991)
[14] A.C.G. Nutt, V. Gopalan and M.C. Gupta, “Domain inversion in LiNbO3 using direct electron beam writing”
Appl. Phys. Lett. 60, 2828 (1992)
[15] M. Yamada, N. Nada, M. Saitoh and K. Watanabe, “First-order quasi-phase matched LiNbO3 waveguide
periodically poled by applying an external field for efficient blus second-harmonic generation” Appl. Phys. Lett.
62, 435 (1993)
[16] V. Gopalan, K.T. Gahagan, M. Kawas, Q.X. Jia, J.M. Robinson, T.E. Mitchell, T.E. Schlesinger and D.D.
Stancil, “Integration of electro-optic lenses and scanners on ferroelectric LiTaO3” Int. Ferroelectrics 25, 371
(1999)
[17] J.A. Abernethy, C.B.E. Gawith, R.W. Eason and P.G.R. Smith, “Demonstration and optical characteristics of
electr-optic Bragg modulators in periodically poled lithium niobate in the near-infrared” Appl. Phys. Lett. 81,
2514 (2002)
[18] J.A. Abernethy, R.W. Eason and P.G.R. Smith, “Invetigation into bulk optical Bragg Deflectors based on an
electro-optically induced grating in periodically poled lithium niobate” Int. Workshop on Periodically
Microstuctured Nonlinear Optical Materials – Madrid 10-13th jun (2001)
[19] M. Miyashita and J. Kushibiki, “Quantitative characterization of the fabrication processes of domain-inverted
layers in LiTaO3 by the line-focus-beam ultrasonic material characterization system” J. Appl. Phys. 92, 3959
(2002)
[20] R. Mouras, P. Bourson, M.D. Fontana, G. Boulon, “Raman spectroscopy as a probe of rare-earth ions location
in LiNbO3 crystals” Opt. Commun. 197, 439 (2001)
[21] R. Mouras, M. D. Fontana, M. Mostefa, and P. Bourson, “Photorefractive properties probed by Raman
spectroscopy in Fe-doped LiNbO3” J. Opt. Soc. Am. B 23, 1867 (2006).
[22] A. Ridah, P. Bourson, M.D. Fontana and G. Malovichko, “The new composition dependence of the Raman
spectrum and new assignment of the phonons in LiNbO3” J. Phys.: Condens. Matter 9, 9687 (1997)
LE NIOBATE DE LITHIUM,
PROPRIÉTÉS GÉNÉRALES
(Rappels)
I – Introduction…………...……………………………………………………………………….…………………………………2
II – Présentation du niobate de lithium cristallin……………………………………………..…………………….2
II.1 – Croissance cristalline
II.2 – Structure cristalline et propriétés cristallographiques
II.3 – Structure des défauts dans LN
III – Propriétés physiques du LN……………………………………………………………...………………………….10
III.1 – Ferroélectricité
III.2 – L’effet piézoélectrique
III.3 – L’effet pyroélectrique
IV – Propriétés optiques linéaires………………………………..……………………………...……………………..…14
IV.1 – L’absorption
IV.2 – Indices de réfraction et biréfringence de LN
IV.3 – L’effet élasto-optique
IV.4 – L’effet électro-optique linéaire (effet Pockels)
V – Propriétés optiques non-linéaires………………………….………………………………………...………..……19
V.1 – La polarisation non-linéaire (NL)
V.2 – L’effet photoréfractif
Références bibliographiques………………………………………...………………………………………………………21
Chapitre A1_____________________________________________________Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)
Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)_____________________________________________________Chapitre A1
d'un germe monocristallin de petite taille, est issue du matériau fondu à une température juste au-
dessus du point de fusion, avec un gradient de température contrôlé. Le liquide se solidifie sur le
germe en gardant la même organisation cristalline (épitaxie) ; ensuite on tire le germe vers le haut
tout en le faisant tourner à vitesse très lente. Le cristal et le bain sont soumis à des rotations dans
des sens opposés pour favoriser l’homogénéité du bain et éviter les gradients de température à
l’interface cristal-bain. Après croissance, la boule est refroidie avant d’être découpée selon la
forme et l’orientation désirées. Les conditions de croissance sont hautement critiques durant la
croissance et le moindre changement dans le gradient thermique ou les chocs thermiques peuvent
affecter considérablement le résultat. Les conditions nécessaires pour la production de cristaux de
bonne qualité ont été suggérées par Prokhorov et Kuz’minov [2]. Ces conditions peuvent être
finalement optimisées de sorte que des structures plus complexes peuvent être produites. Ainsi
récemment, Bermudez et al. [16] ont utilisé la technique Czochralski pour le tirage d’un cristal
LN périodiquement polarisé.
Chapitre A1_____________________________________________________Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)
où les compositions du bain et du cristal sont identiques à travers le processus de croissance, c’est
la composition congruente (48.4–48.6 % mol. de Li2O) [2,5,17]. Cette composition est plus aisée
à atteindre que celle d’un cristal LN stoechiométrique qui possède, idéalement, des pourcentages
équivalents des deux espèces Li et Nb (~50 % mol. de Li2O). La composition du LN est définie
par :
[Li ]
xc = , (1)
[Li ] + [ Nb]
où [Li] et [Nb] sont les concentrations de Li et Nb, respectivement. La composition xc peut être
déduite de la mesure de la température de Curie (Tc), de l’indice de réfraction, de la biréfringence,
ou du gap optique dans l’absorption UV [18]. La composition peut avoir un effet majeur sur les
propriétés du cristal telles que le champ coercitif nécessaire pour l’inversion de domaines et du
champ interne associé [19,20]. Les cristaux de composition proche de la stoechiométrie peuvent
être obtenus à partir d’un bain contenant un excès en potassium (K) ou 58 % mol. de Li2O par
exemple. Une telle différence entre la composition dans le bain et du cristal entraîne des
problèmes de refroidissement et de variations de composition à différents stades du processus.
D’autres méthodes de croissance cristalline, comme la méthode EFG. (edge-defined film-fed
growth), la méthode TSSG (top seeded growth from solution), et la méthode VTE (vapor
transport equilibrium) permettent la production des formes de boules non-cylindriques et sont
utilisées pour produire des cristaux de bonne qualité [18,21]. Néanmoins, des défauts
extrinsèques, causés par la présence d’impuretés chimiques, seront toujours observés dans les
cristaux LN [7].
Beaucoup de composés ABO3 tels que BaTiO3 possèdent une structure perovskite [22]. Au
contraire, le niobate de lithium a deux phases de symétrie rhomboédrique. Un système de
coordonnées cartésiennes (x, y, z) est utilisé pour décrire les propriétés tensorielles physiques du
LN [23]. Comme tous les cristaux de symétrie rhomboédrique, le LN peut être décrit soit par un
réseau rhomboédrique ou hexagonal [24]. La cellule rhomboédrique élémentaire (Fig. A1.2.b) est
la plus petite des deux. Elle possède uniquement deux unités formulaires (2LiNbO3) avec 10
atomes par cellule élémentaire dans chacune des deux phases. La cellule hexagonale (Fig. A1.3),
dont les axes principaux x, y et z sont orthogonaux entre eux, contient 6 unités formulaires avec 6
plans d’oxygène successifs. Mais cette dernière est la plus couramment utilisée en raison de la
simplicité des coordonnées cartésiennes, et parce que dans la cellule ortho-hexagonale tous les
Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)_____________________________________________________Chapitre A1
tenseurs de rang 3 associés aux propriétés physiques de LN ont évidemment la même symétrie
selon ce système d’axes. Les distances inter-atomiques relatives à la cellule rhomboédrique
peuvent être déterminées à partir des dimensions de la cellule hexagonale [24].
(a) +y (b)
Plan miroir
Li+
+z = +c
Nb5+
Li+
Nb5+
O2- O2-
+x = a2
Plan
d’oxygène z
+y +y
Plan miroir Plan miroir
+x = a1
Fig. A1.2 – (a) Conventions d’axes dans la cellule ortho-hexagonale élémentaire, et (b) cellule
rhomboédrique élémentaire dans LN [25,27].
+z
( 001) +x = a3
+x = a2
B (100)
Li+
+y
+x = a1 Plan miroir Nb5+
A
Lacunes
2×1.96 °A
Fig. A1.3 – Orientation des axes cristallographiques hexagonaux (a1, a2, a3, c) dans la cellule
hexagonale élémentaire du LN [24]. Les sites vacants se positionnent sur des plans
disposés en parallèle tel que ABCD.
Chapitre A1_____________________________________________________Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)
L’axe c est parallèle à l’axe polaire z du cristal, tandis que l’axe x est choisi pour être
parallèle à l’un des trois axes cristallographiques équivalents (a) écartés de 120°, et qui sont
perpendiculaires, à la fois, à l’axe z et aux plans miroirs (de symétrie) y-z. Par conséquent, l’axe y
est le long d’un plan de symétrie et perpendiculaire, à la fois, aux axes x et z (ces relations sont
illustrées en Figs. A1.2-A1.4) [24-27]. Ses distances interatomiques ont été indiquées par Weis et
Gaylord [24], et par Abrahams et al. [28] à l’aide de mesures par diffraction des rayons X. Entre
autre, la direction +c est définie suivant un vecteur sortant de la face polaire chargée
négativement après compression du cristal le long de cet axe. Une seconde méthode standard est
d’orienter la direction +c sortante de la face chargée positivement après refroidissement. Ces
deux méthodes peuvent être comprises qualitativement en considérant le mouvement des ions Li+
et Nb+5 par rapport aux octaèdres d’oxygène [24].
m
m
m m
m
m
a2 X
Axe a
60°
y2
60°
a1, x1
Fig. A1.4 – Schéma simplifié de la cellule hexagonale élémentaire montrant : (a) les coordonnées
cartésiennes, et (b) conventions d’axes dans LN [26].
Pour LN, la température de transition est très élevée (température de Curie : Tc ∼1138 °C
pour LN congruent et 1198 °C pour LN proche stoechiométrique) [4]. LN présente une seule
transition de phase, de la phase paraélectrique (PE), stable au dessus de cette température, vers la
phase ferroélectrique (FE) (Fig A1.5) [24,29]. Dans cette phase ferroélectrique, LN possède une
symétrie rhomboédrique de groupe ponctuel 3m (C3v en notation de Schönflies) autour de l’axe c,
et de groupe d’espace R3c [26]. Cette structure consiste en une succession d’octaèdres d’oxygène
(O2-)6 distordus le long de l’axe polaire c. L’atome métal de transition (Nb) occupe les centres des
octaèdres d’oxygène le long de l’axe c. L’octaèdre d’oxygène adjacent, le long de cet axe, est
vide et l’octaèdre suivant contient un atome de lithium (Li). L’ion Li+ est déplacé par rapport au
Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)_____________________________________________________Chapitre A1
plans d’oxygène ce qui est à l’origine de la polarisation spontanée (Ps) et qui donne le caractère
ferroélectrique [29]. Chaque plan d’oxygène se situe à 2.310 Å de son plus proche voisin, et dans
la phase ferroélectrique les distances interatomiques à partir d’un plan d’oxygène sont de 0.897 Å
pour le niobium et de 0.714 Å pour le lithium [2]. Cependant, au dessus de Tc, les ions Li et Nb
sont situés vers des positions centrosymétriques avec l’ion Li+ placé sur un plan d’oxygène voisin
et l’ion Nb5+ positionné à mi-hauteur entre les plans du même octaèdre (O-2)6 [24,29]. Dans cette
phase, la structure moyenne appartient au groupe d’espace R 3 c .
Axe
polaire
Fig. A1.5 – Structure et phases de LN : (a) phase ferroélectrique, (b) phase paraélectrique [24].
Les plans d’oxygène sont représentés par des lignes.
1
Glass, en 1968, et plus tard Johnston et Kaminov ont déterminé, utilisant des mesures diélectriques et thermiques,
que la transformation de phase dans ce système est sans phases intermédiaires [30,31].
Chapitre A1_____________________________________________________Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)
phonons dans les deux phases. Veithen et Ghosez [25] complétèrent cela en rapportant les
charges effectives et les tenseurs diélectriques optiques des deux phases.
En cristallographie, les défauts ponctuels [37] sont des défauts dans l’organisation des
cristaux qui ne concernent que les nœuds isolés. Le cristal parfait est un empilement régulier et
infini d’atomes, d’ions ou de molécules. Un défaut ponctuel peut être une absence d’un atome
(lacune), une présence d’un atome du réseau entre les autres atomes du réseau (défaut interstitiel
ou défaut d’anti-site), ou même une présence d’un atome étranger entre les atomes du réseau
(solution solide interstitielle) ou à la place d’un atome du réseau (solution solide de substitution).
Les défauts ponctuels sont des espèces chimiques à part entière, qui peuvent contribuer à des
réactions chimiques.
Un modèle de défauts [7,38] a été élaboré d’après les travaux antérieurs sur LN et LT. Ce
modèle est basé sur le concept des défauts complexes en volume donnant une augmentation dans
la stabilisation de domaines ferroélectriques et de champs internes observables après
renversement de polarisation. Kim et al. [38] donnent une explication qualitative des processus
de renversement de polarisation tel que la dépendance du champ limite coercitif sur la densité des
défauts, et les cycles de polarisation à répétition de différentes fréquences. Ils citent trois
principaux modèles associés aux travaux de plusieurs groupes, pour en retenir que le 3ième cité ci-
après :
1. Prokhorov et Kusminov [2] conclurent que les lacunes de Li (VLi)- et d’oxygène (VO)2+
dominent à température ambiante, correspondant à une structure de défauts congruents
de : [Li0.944 0.056]Nb[O2.972 0.028] (où symbolise une lacune).
2. Néanmoins, la densité de LN croît avec l’augmentation des déficiences en Li, ce qui est
incompatible avec le modèle des lacunes d’oxygène. Schirmer et al. [39] conclurent que
les anti-sites Nb en sites Li (NbLi)4+ et les lacunes de Nb (VNb)5- sont les défauts ponctuels
les plus dominants et les lacunes d’oxygène seraient présentes en concentrations
négligeables. La formule chimique pour ce modèle de défauts suggérée par Abrahams et
Marsh [38] est : [Li0.947Nb0.053]×[Nb0.9528 0.047]O3.
3. Cependant, Donnerberg et al. [40] montrèrent que la formation d’une lacune de Nb est
non favorable énergétiquement en comparaison à la formation d’une lacune de Li. Le
Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)_____________________________________________________Chapitre A1
troisième modèle proposé consiste donc en la présence, à la fois, des anti-sites (NbLi)4+ et
des lacunes (VLi)+ ; des résultats de diffraction de neutrons [41] le confirment et la
formule chimique proposée est : [Li0.95 0.04Nb0.01]NbO3.
Schirmer et al. [39] conclurent que les modèles des lacunes (VNb)5- et (VLi)- peuvent être
réconciliés, si on suppose qu’il y a un empilement de fautes de type ilménite dans la structure
régulière de LN. Néanmoins, Ivanova et Yatsenko [42] affirment que seul le dernier modèle (3)
(avec mobilité des ions Li+ dans l’octaèdre NbO6) peut expliquer la dépendance en température
des spectres RMN des isotopes 7Li et 93Nb de 77-4.2 K. De façon appropriée, les mêmes auteurs
[42] proposèrent la structure d’un défaut complexe formé d’un anti-site (NbLi)4+ entouré de 3
lacunes (VLi)- dans le voisinage immédiat, plus une lacune (VLi)- indépendante le long de la
direction polaire z. Yatsenko [43] rapporta également que l’analyse de la distorsion causée par un
défaut NbLi anti-site implique une contraction des atomes d’oxygène les plus proches, et un
93
déplacement de l’axe c des trois noyaux Nb voisins immédiats. Ce défaut complexe consistant
en un NbLi avec 4 VLi possède certainement un moment dipolaire électrique, essentiellement, le
long de l’axe z, à partir d’antisites NbLi aussi bien que par l’arrangement relatif de lacunes VLi
autour de cet antisite. Ce modèle de défauts est aussi confirmé par les diffusions neutroniques et
de rayon X sur LN congruent. Des chaînes d’atomes ont été suggérées telles que : Li-NbLi- -Li,
Li- -NbLi- , Li- - -NbLi,…etc. comme combinaisons possibles de ce modèle.
Récemment, Abdi et al. [44] présentent un modèle complet de la structure de défauts
intrinsèques dans LN, basé sur des résultats de spectroscopie Raman. Il est fondé sur la
coexistence de lacunes de lithium (VLi) et de niobium (VNb). Le contenu des différents types de
défauts intrinsèques a été déterminé comme fonction de la composition hors congruence. La
fiabilité de ce modèle et les calculs associés ont été vérifiés par l’analyse des fréquences et des
amortissements des modes de phonons, confortés par des mesures de diffusion Raman
enregistrées dans des cristaux de différentes compositions. Ils montrent ainsi que les lacunes de
Li sont dominantes dans la structure de défauts de cristaux non congruents. Les calculs de ce
modèle ont été utilisés pour interpréter le comportement des propriétés électro-optiques, en
particulier, les anomalies montrées en fonction de la composition.
En outre, des défauts de charge électrique peuvent subsister : un site du cristal présente une
charge plus négative (électron libre) ou plus positive (trou d’électron) que les autres sites du
même type. Cependant, un porteur de charge peut être un électron de la bande de conduction
Chapitre A1_____________________________________________________Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)
(polaron2 d’électron) ou un trou dans la bande de valence (polaron trou) [45]. Il existe toujours un
couplage qui n’est, en général, qu’une faible perturbation faisant diffuser l’électron (ou le trou)
d’un état de bande vers un autre sans modifier l’énergie de ces états de manière considérable
[7,39]. Ce couplage est l’une des causes des phénomènes de résistivité dans LN, et s’ensuit une
variation de la durée de vie des porteurs. On appelle, plus précisément un polaron [45], le porteur
de charge auto-piégé occupant un état localisé dont le puit de potentiel est stabilisé par une
déformation de réseau entourant le porteur de charge. Cette dénomination provient des propriétés
polarisantes de cette quasi-particule. L’auto piégeage sous-entend en principe que la déformation
de réseau est créée par la localisation du porteur de charge lui-même : si ce dernier se déplace, la
déformation de réseau l’accompagne. Autrement dit, le polaron diélectrique est composé du
porteur responsable de la déformation et de la structure du réseau. Le polaron permet de
caractériser la structure cristalline [45], jusqu’à pouvoir déterminer les hétérogénéités du
composant (guides d’ondes, mémoires holographiques, …etc.), et permet d’avoir une idée sur la
conductivité du cristal à même de compléter les modèles de l’effet PR existants jusqu’à présent
[39,45].
On rappellera donc que les ferroélectriques sont des composés polyatomiques très
polarisables [47], non-centrosymétriques, et solides non-métalliques dans lesquels il existe un
champ électrique local très fort même en l’absence d’un champ électrique appliqué [48]. Cette
polarisation rémanente (ou spontanée Ps)3 est définie comme étant le moment dipolaire par unité
de volume, ou densité de charge par unité de surface [49]. Celle-ci peut changer de sens sous
l’action d’un champ électrique [50] de valeur supérieure à un certain seuil (champ coercitif) ou
appliquant une méthode basée sur un concept particulier [51].
2
Le mot polaron désigne un porteur électronique associé à un champ de déformation et de polarisation.
3
Contrairement aux diélectriques linéaires, qui sont les plus courants des isolants électriques, et qui acquièrent une
polarisation proportionnelle au champ électrique appliqué.
Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)_____________________________________________________Chapitre A1
4
Il s’agit de l’application principale et la plus ancienne des ferroélectriques : condensateurs de type céramique.
5
Système qui permet de gérer le débit et la pression d’un fluide (air, gazole, huile) afin de piloter un autre système
dans des conditions particulière.
Chapitre A1_____________________________________________________Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)
σ xx
σ yy
Px 0 0 0 0 d15 − 2 d 22
σ zz
Pi = d i , jkσ jk ; Py = − d 22 d 22 0 d15 0 0 , (2)
j ,k P d σ yz
y 31 d 31 d 33 0 0 0
σ
zx
σ
xy
où la notation utilisée pour indexer les dijk (éléments du tenseur piézoélectrique, tenseur de rang
3) et les σjk (éléments du tenseur des contraintes, tenseur de rang 2) est celle de Voigt ;
i : x = 1, y = 2, z = 3,6
jk : xx = 1 yy = 2 zz = 3 zy = yz = 4 xz = zx = 5 xy = yx = 6
L’effet piézoélectrique peut donc être décrit par 4 coefficients indépendants, à 25 °C, qui
sont donnés ci-après7 [24]:
d15 = 69.2 d31 = –0.85 d22 = 20.8 d33 = 6.0 [×10-12 CN-1]
Les applications piézoélectriques, tels que les filtres à ondes de surface (très utilisés dans la
téléphonie) [57], utilisent des monocristaux comme LN pour leurs forts coefficients de couplage
et faibles coefficients de température.
6
Et x, y, z sont les axes du cristal.
7
En plus des quelques mesures reportées avant par d’autres auteurs [24].
Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)_____________________________________________________Chapitre A1
(b)
ΔT>0,
ρ<0
Charge d’écrantage, σsc
Egap
σsc
Charge de polarisation, Ps
+z face
Ps
+z
Ps
(c)
σsc
Ps
ΔT<0,
Egap
–z +z face
Ps
(a)
Fig. A1.7 – Diagramme schématique d’évolution de l’état électrostatique pour les charges non
compensées sur la surface de la face +z en fonction de la température [61]: (a) à
l’équilibre, (b) quand la température baisse, et (c) quand la température augmente.
Tout excès ou manque en écrantage des charges (σsc relativement à Ps) mène à l’apparition
d’un état électrostatique partant des charges non compensées : ρ = Δ(Ps – σsc). Ceci génère un
champ électrique important à la surface du cristal (Fig. A1.7), qui peut être de l’ordre de 106-108
Vcm-1 [63,64], capable d’entraîner une émission pyroélectrique d’électrons par les effets de
champs d’émission (FE : Field Emission) et/ou d’ionisation (FI : Field Ionization). Le courant
engendré durant ce phénomène, dans le cas d’un rayonnement laser d’intensité I0 (comme origine
de ΔT), est tel que [65]:
∂Ps dT ∂P I [1 − exp(− αd )]
J pyro = ; J pyro = s 0 . (4)
∂T dt ∂T C p dρ
Cet effet nous permet de déterminer notamment l’orientation de l’axe c qui est la même que le
courant lui étant affecté. Il est donc important de mentionner un champ pyroélectrique Epyro
souvent négligé mais qui peut être important lors d’illuminations intenses [65]:
Chapitre A1_____________________________________________________Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)
1
E pyro = p ΔT , (5)
εε 0
avec ε et ε 0 sont les permittivités diélectriques respectives du LN et de l’espace libre.
polarisation NL induite par un champ de lumière suffisamment intense. ε0 = 8.085 × 10-12 F/m est
la permittivité diélectrique en espace libre. χ(1) est le tenseur de la réponse diélectrique et devient
une quantité scalaire dans un milieu isotrope (en général, ε = 1 + χ ). En optique linéaire, la
réponse d’un milieu isotrope χ(1) est une fonction complexe de la fréquence et peut être écrite
comme [67]:
χ (1) = χ R(1) + iχ I(1) , (6)
où les indices R et I symbolisent les parties réelle et imaginaire, respectivement.
L’absorption de la lumière par un milieu optique est caractérisée par son coefficient
d’absorption α. Ceci est défini comme la fraction de la lumière absorbée dans une unité de
longueur du milieu. Si le rayon se propage dans la direction z et l’intensité (puissance par unité de
surface) à une position z est I(z), la décroissance de l’intensité sur un matériau d’épaisseur dz est
donnée par [67]:
dI = −αdz × I (z ) . (7)
Ceci peut être intégré pour obtenir la loi de Beer-Lambert :
I ( z ) = I 0 e −αz , (8)
8
L’indice effectif lorsque le champ électrique est polarisé perpendiculairement à l’axe c,
9
Champ électrique polarisé suivant l’axe c.
Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)_____________________________________________________Chapitre A1
ε 1 = n − κ n =
2 2
2
(ε1 + ε 12 + ε 22 2 )
1 . (12)
ε 2 = 2 nκ 1
κ = 2
( 2
− ε 1 + ε1 + ε 2 2 2
)
Notons que si le milieu est faiblement absorbant, on peut supposer que κ est très petit ( ε 2 << ε1 ),
et en conséquence :
ε2
n ≈ ε1 , et κ ≈ , (13)
2n
d’où la généralisation des équations suivante :
ωχ I(1)
n(ω ) = 1 + χ R(1) (ω ) , et α (ω ) = . (14)
n(ω )c
La variation (dispersion) des indices no et ne est donnée, pour LN, par l’équation de
Sellmeier [68,69]. Elle est utilisée pour décrire cette dépendance avec la bande de transparence
du LN, 340 à 4600 nm, et dont l’expression généralisée a été déterminée par U. Schlarb et K.
Betzler [69]. Son expression est constituée d’une combinaison d’oscillateurs contribuant aux
deux indices de réfraction no et ne. Pour une composition comprise entre 47 et 50 % mol. Li2O, et
Chapitre A1_____________________________________________________Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)
sur les intervalles des longueurs d’ondes, allant de 400 à 1200 nm, et des températures, de 50 à
600 K, on a [69]:
ni2 =
(50 + X c ) A0 ,i
+
(50 − X c ) A1,i
− AIR ,i λ2 + AUV , (15)
100 (λ0 ,i + µ0 ,i F ) + λ−2 −2
100 (λ1,i + µ1,i F )−2 − λ−2
avec : F = f (T ) − f (T0 )
i – Ordinaire (o) ou extraordinaire (e) µ0,i, µ1,i – Coefficients traduisant la dépendance en température
Xc – Composition de l’échantillon en % mol. Li2O AIR,i – Contribution de la zone IR associée à l’absorption
λ – Longueur d’onde de mesure exprimée en nm AUV – Contribution des plasmons10 à l’indice de
réfraction
A0,i, A1,i – Forces des deux oscillateurs de Sellmeier T – Température en °C
λ0,i, λ1,i – Position moyenne des oscillateurs T0 – Température ambiante en °C
Les valeurs des différents paramètres de cette équation sont données dans le tableau ci-après :
Tab. A1.1 – Paramètre de l’équation de Sellmeier pour les cristaux purs avec des compositions
comprises entre 47 et 50 % mol. Li2O [69].
2,48
Indice ordinaire no
Indice extraordinaire ne
2,40
Indice de réfraction
2,32
Fig. A1.8 – Courbe de dispersion des
indices de réfraction d’un cristal LN
2,24
congruent à température ambiante, d’après
l’équation de Sellmeier.
2,16
2,08
La Fig. A1.8 illustre l’évolution des indices ne et no dans le cas d’un cristal LN de
composition congruente, à température ambiante. A cette température, la différence de no entre
10
Oscillation de plasma quantifiée.
Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)_____________________________________________________Chapitre A1
deux cristaux stœchiométrique et congruent ne dépasse pas 10-3. Par contre, pour l’indice ne on
observe une nette différence entre les deux compositions. L’indice ne décroît quand on
s’approche de la stœchiométrie (près de 10-2) ; no varie très peu en fonction de la température
comparé à ne et ce quelle que soit la composition. Schlarb et Betzler [70] ont confirmé
expérimentalement l’expression de l’équation de Sellmeier dans le cas de cristaux LN dopés Mg
et Zn synthétisés à partir d’un bain congruent et les ont validés par l’expérience [70]. Volk et
Wöhlecke [71] ont établi une équation généralisée pour un co-dopage en Mg, Zn, et In. En
particulier, ces équations servent à mesurer les coefficients d’absorption. Et une équation de
Sellmeier révisée de ne a été reportée par Jundt [72]. Celle-ci a été utilisée dans le cas des
structures PPLN pour la prédiction des indices de réfraction à de grandes longueurs d’onde
[73,74].
ε11 0 0 no 0 0
ε~ij = 0 ε 22 0 n~ij = 0 no 0 . (16)
0 0 ε 33 0 0 ne
L’effet élasto-optique consiste en une variation de l’indice de réfraction comme résultat
d’une déformation appliquée dans LN. La relation entre la déformation et l’indice de réfraction
est linéaire, habituellement décrite par [24]:
Δ
1
= pij ,kl skl , (17)
n2 ij k ,l
où Δ(1/n2)ij appartient au tenseur de rang 2 décrivant le changement dans la perméabilité
diélectrique relative, skl est la déformation subie dans le plan xl, et appliquée le long de l’axe xk
(d’un tenseur de rang 2), et pijkl est le coefficient élasto-optique effectif qui appartient à un tenseur
de rang 4.
L’effet Pockels (décrit pour la première fois par le physicien allemand Friedrich Pockels)
est l’effet électro-optique (EO) linéaire11, où l’indice de réfraction du cristal est modifié
11
Le LN étant non-centrosymétrique, seul l’effet EO linéaire (effet Pockels mis en évidence en 1893) est considéré,
l’effet EO quadratique (effet Kerr mis en évidence en 1875) étant négligeable comparé au premier [75,76].
Chapitre A1_____________________________________________________Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)
proportionnellement au champ électrique appliqué [75]. Cet effet ne peut avoir lieu que dans des
matériaux non-centrosymétriques. Mathématiquement, l’effet Pockels peut être décrit par la
déformation induite de l’ellipsoïde des indices de réfraction en présence d’un champ électrique
global, qui est défini en coordonnées cartésiennes par :
1 2 1 2 1 2
n2 + r12 E2 + r13 E3 x1 + n2 + r22 E2 + r23 E3 x2 + n 2 + r33 E3 x3 , (18)
o o e
+ 2n42 E2 x2 x3 + 2r51E1 x1 x3 + 2r61E1 x1 x2 = 1
partant de l’équation sans présence de champ12 électrique, où les rij sont les coefficient EO
effectifs du LN. Les variations des facteurs des xi (composantes d’imperméabilité diélectrique
Bij), dû au champ électrique E = (E1, E2, E3), sont linéaires et s’expriment par [75]:
δ
1 1 1
2
= 2 − = rijk E k = δBij ( E ) , (19)
n ij nij E
nij2 E =0 k
1
et Bij = = 2 .
1
(20)
ε ij n ij
Ainsi, ~
rijk est le tenseur des coefficients EO, c’est un tenseur de rang 3 avec 27 éléments. Pour des
raisons de symétrie, ce tenseur peut être décrit par seulement 18 éléments indépendants, et
utilisant les notations de Voigt (indices i et j) [24], il peut être réécrit comme une matrice [6×3]
tel que :
0 − r22 r13
0 r22 r13
~ 0 0 r33
rij ,k = . (21)
0 r51 0
r51 0 0
− r22 0 0
Ceci est analogue aux éléments du tenseur piézoélectrique avec les indices inversés. Ainsi, l’effet
EO peut être décrit dans LN par 4 coefficients indépendants. Les valeurs mesurées de ces
coefficients dépendent des contraintes mécaniques imposées au cristal. Un effet EO linéaire
secondaire peut être induit par l’application d’un champ électrique, ceci induit une déformation
dans le cristal à travers l’effet piézoélectrique inverse. Cette déformation contribue à son tour à
l’indice de réfraction à travers l’effet élasto-optique [24,77]. La relation finale est donnée
par [24,78]:
rijT = rijS + pik d jk , (22)
12
x1, x2 et x3 axes principaux du cristal, sans champ électrique appliqué : Biixixi = 1.
Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)_____________________________________________________Chapitre A1
où rijT est la valeur mesurée à contrainte constante, rijS est la valeur mesurée à déformation
constante, pik est le coefficient photo-élastique, et dij est le coefficient piézoélectrique. Les
coefficients EO dépendent largement de la fréquence du champ E. A basse fréquence, c’est la
somme de différentes contributions, électronique, ionique et acoustique, d’où [24,79]:
rtot= re+ri+ra . (23)
rS = r42 = 28 r13 = 8.6 r22 = 3.4 r33 = 30.8 [en pm⋅V-1] [Réf. 24]
où ε0 est la permittivité diélectrique du vide, le premier terme représentant les effets linéaires (L),
le second terme représente les effets NL du 2ième ordre, et ainsi de suite. En commutant vers
l’espace des fréquences (ω), la polarisation instantanée du 2ième ordre peut être exprimée en terme
des composantes de Fourier du champ électrique E(ω) par l’équation [66]:
Pi (ω3 ) = 2 χ ijk
(2 )
(ω3 = ω1 ± ω2 )E j (ω1 )E k (ω2 )
jk
, (25)
= ε 0 d ijk( 2 ) (ω3 = ω1 ± ω2 )E j (ω1 )Ek (ω2 )
jk
13
Suivant la symétrie du cristal, le nombre de composantes indépendantes peut se réduire davantage
Chapitre A1_____________________________________________________Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)
effets optiques d’une génération d’une somme (ou d’une différence, pour ω1 ≠ ω2) de
fréquences [51,81]:
E x2 (ω )
E y2 (ω )
Px (2ω ) 0 0 0 0 d 31 − 2 d 22
P (2ω ) = 2ε − d E z2 (ω )
2 E y (ω )E z (ω )
d 22 0 d 33 0 0 × . (26)
y 0
22
Pz (2ω ) d 31 d 31 d 33 0 0 0
2 E x (ω )E z (ω )
2 E x (ω )E y (ω )
On remarque une variation considérable dans les valeurs citées pour les coefficients dim et la
dispersion est typiquement de 2.3 à 6.7 pm⋅V-1 pour d22, 4.76 à 10 pm⋅V-1 pour d31 et 30.8 à 32.2
pm⋅V-1 pour d33 [51].
Pour la génération de la seconde harmonique, l’accord de phase sous-entend que le
désaccord de phase, entre des ondes fondamentales et de seconde harmonique, soit compensé sur
une certaine distance de propagation dite de cohérence. Puisque tous les matériaux optiques sont
dispersifs, il est quasiment impossible d’avoir des vitesses de phases égales dans les matériaux
anisotropes, c’est pourquoi dans le Chap. A3 on définira et on introduira le quasi-accord de phase
(QPM).
Cet effet consiste en une modification locale de l’indice d’un milieu par l’excitation
inhomogène d’une onde lumineuse incidente qui l’éclaire. En conséquence, le faisceau lumineux
peut modifier lui-même les conditions de sa propagation. Cette propriété d’action de la lumière
peut être utilisée pour réaliser des fonctions optiques telles que les miroirs à conjugaisons de
phase, des calculateurs optiques, des interrupteurs optiques, des hologrammes dynamiques et
surtout des mémoires holographiques. L’effet photoréfractif peut être décrit comme associant la
photoconduction à l’effet Pockels. Dans ce cas, l’onde électromagnétique qui éclaire le cristal
excite localement des porteurs de charge issus de centres donneurs dont le niveau d’énergie se
situe dans la bande interdite du matériau, tels que les ions dopants Fe2+/3+ dans LN ou BaTiO3.
Dans LN, l’effet photoréfractif [82,83] provient surtout de l’effet photovoltaïque qui
demeure dominant devant la diffusion et l’entraînement de porteurs de charge par un champ
électrique extérieur.
Le Niobate de lithium, propriétés générales (Rappels)_____________________________________________________Chapitre A1
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LA SPECTROSCOPIE RAMAN :
GÉNÉRALITÉS ET RAPPELS
I – Introduction……………………………………………………………………………………………………………………..26
II – Rappels sur l’effet Raman……………………………………...…………..………....…………………………...…..26
II.1 – Les phonons – vibrations de réseau
II.2 – Processus de diffusion Raman
II.3 – Les configurations géométriques
II.4 – Traitement classique de l’effet Raman
II.5 – Apport de la mécanique quantique
III – Structure d’un spectromètre Raman……………………………...….............……....……….……………...…..36
III.1 – Les sources laser
III.2 – Séparation des rayonnements et détection
IV – Conclusion partielle……………………………...….............……....……….…………….......................................…..39
Références bibliographiques……………………………...…....……....……….……………...……………………………40
Chapitre A2________________________________________________________La spectroscopie Raman : Généralités et Rappels
La spectroscopie Raman1 [1] est une méthode non destructive permettant de caractériser la
composition moléculaire et la structure d'un matériau. La diffusion Raman résulte de l'interaction
lumière-matière et permet d’accéder aux vibrations moléculaires et cristallines (phonons). Cette
technique est complémentaire de la spectroscopie infrarouge [3] qui permet également d'étudier
les modes vibrationnels d'un matériau. La technique « Raman » consiste à focaliser (avec une
lentille) un faisceau de lumière monochromatique sur l'échantillon à étudier et à analyser la
lumière diffusée. Cette lumière est recueillie à l'aide d'une autre lentille (ou la même lentille, dans
le cas d’une rétro-diffusion) et analysée par un spectromètre. Les intensités sont mesurées avec
un détecteur (monocanal type photomultiplicateur ou multicanal type CCD). Les applications très
diverses [4-8] concernent la physique et la chimie des matériaux, la biologie, ...etc. C'est une des
rares méthodes qui permettent d'obtenir une caractérisation chimique d'un matériau dans de larges
gammes de températures. De plus, elle ne nécessite qu’une très petite quantité de matière et sans
préparation au préalable. Il est également possible, si on possède une référence, d'estimer les
concentrations d’espèces chimiques constituant un composé.
La spectroscopie Raman : Généralités et Rappels_____________________________________________________ ___Chapitre A2
proches des fréquences d’ondes lumineuses. Ceci est dû au fait qu'ils correspondent à des modes
de vibration pour lesquels les ions positifs et négatifs situés sur des sites adjacents du réseau
créent un moment dipolaire électrique oscillant avec le temps.
Pour mieux comprendre l’origine des fréquences des vibrations d’un réseau cristallin, on se
contentera d’illustrer le cas des vibrations longitudinales d’une chaîne diatomique. La maille
cristallographique contenant un couple d’atomes (de masses m et M) se reproduit périodiquement
au travers du paramètre de maille a. Si on part des équations du mouvement en fonction des
déplacements x entre atomes, la coordonnée x peut admettre des solutions, pour le nième atome, de
la forme [10]:
xn = A sin(qna − ωt ) . (1)
Cette équation décrit une onde progressive de pulsation ω = 2πν (ν étant la fréquence) et de
vecteur d’onde q , tel que : q = 2π / λ. On arrive à des solutions de la forme [10]:
1 1
2
ω 2 = Λ
1 1
+ ± Λ + −
4
sin2 (qa ) , (2)
m M m M mM
où Λ est la constante de force associée aux liaisons entre atomes, admettant que dans le cas d’un
cristal ionique, les liaisons sont toutes identiques.
La Fig. A2.1 montre que la fréquence ν ν µ : masse réduite
0,5
(2 Λ/µ ) / 2π
apparaît comme une fonction sinusoïdale de q, de Branche optique
0,5
(2 Λ/m) / 2π
période 2π/a (l’intervalle –π/a à π/a est appelé
1ière zone de Brillouin). Ainsi, en centre de zone
de Brillouin, on arrive à une première solution qui (2 Λ/M)
0,5
/ 2π
λ = valeur infinie λ = 2a
longitudinaux de la molécule rigide de masse "Toutes les mailles "Toutes les mailles vibrent
vibrent en phase" en opposition de phase"
totale m + M [11].
Fig. A2.1 – Dispersion des fréquences des
La généralisation à trois dimensions des vibrations longitudinales d’une chaîne
diatomique [10,11].
équations de mouvement ne présente pas de
difficulté de principe mais elle requiert une mise
en équation d’autant plus lourde que le nombre d’atomes par maille est grand [11]. En définitif, il
faut associer à chacun des modes optiques et acoustiques trois directions de déplacement.
Cependant, la forme des courbes de dispersion dépendra nécessairement de la direction
Chapitre A2________________________________________________________La spectroscopie Raman : Généralités et Rappels
considérée de q . On a, en général, trois branches par atomes de la maille (autant que de degrés de
liberté) et par conséquent un cristal avec N atomes par maille, aura 3N branches se répartissant en
trois branches acoustiques et, par différence, 3N – 3 branches optiques.
La diffusion Raman [12-14] est un processus non-linéaire (NL) dans lequel un photon
incident crée ou annihile une ou plusieurs quasi-particules (phonons) et est diffusé avec une
énergie différente. Cependant, l’interaction entre la matière et une radiation lumineuse
monochromatique d’excitation (laser) conduit à une diffusion élastique3 appelée diffusion
Rayleigh, et une diffusion inélastique, avec donc échange d’énergie et modification de la
fréquence. Cette diffusion inélastique est appelée diffusion Raman lorsqu’elle est associée aux
phonons optiques, alors que les phonons acoustiques sont associés avec la diffusion Brillouin
[11,12]. Un spectre Raman comportera deux parties symétriques de part et d’autres de la
fréquence d’excitation laser ν0, l’une appelée Raman Stokes, l’autre Raman anti-Stokes, selon le
sens de l’échange (Fig. A2.2). Un diagramme d’énergie simplifié illustrant ces concepts est
montré en Fig. A2.3.
ωi, ki
ωi, ki
ωvib, q
ωvib, q
La spectroscopie Raman : Généralités et Rappels_____________________________________________________ ___Chapitre A2
k0 = k d ± q , (5)
dans laquelle k0 est le vecteur d’onde du photon incident, k d celui du photon Raman et q celui
du phonon5.
Intensité diffusée
Nombre d’onde
relatif
Les relations citées aux Eqns. 3-4 permettent de préciser les relations angulaires entre les
trois vecteurs. La différence d’énergie entre les photons incident et Raman est faible par rapport à
celle du phonon, on peut donc admettre que | ki | = | kd | (typiquement, ν i ≅ 10 2 ⋅ν vib ), et
que [11,12]:
φ
q = 2 ki sin . (6)
2
Cette relation montre que seuls les phonons optiques du centre de la zone de Brillouin participent
à la diffusion Raman du premier ordre (Fig. A2.4).
φ/2
ki
φ/2 kd
φ/2 q
kd
Fig. A2.4 – Relation entre les vecteurs d’onde des photons incident ki, diffusé kd et du phonon q
[11,12].
5
Le vecteur d’onde q a des propriétés directionnelles.
Chapitre A2________________________________________________________La spectroscopie Raman : Généralités et Rappels
En effet, l’amplitude du vecteur d’onde k i dans un cristal d’indice n, est donnée par :
2π
ki = .n , (7)
λi
où λi est la longueur d’onde de la lumière incidente. En prenant n ≅ 2 et λi ≅ 5×10-5 cm = 500 nm,
on remarque que k i est de l’ordre de 2.5×105 cm-1 et qu’il en est de même pour q . En effet :
4π
Si λi = 5 ×10 −5 cm ki ≅ .10 5 cm-1 (8)
5
4π
qk ≅ .105 cm-1 ,
5
où l’indice k indique le kième phonon rentrant dans la diffusion. Le vecteur d’onde d’un phonon de
la première zone de Brillouin varie généralement entre 0 et qmax = π/a, d’où.
Une expérience visant à l’étude Raman s’effectue, en général, en lumière polarisée et elle
requiert, comme en absorption, que le cristal soit taillé d’une manière adéquate. L’orientation du
cristal, les directions du faisceau lumineux incident et l’orientation de son vecteur électrique
(polarisation) étant fixés, on peut donc sélectionner un phonon (un mode de vibration) en
choisissant les conditions d’observation : direction du faisceau diffusé et l’orientation de sa
polarisation.
Soit un faisceau lumineux de vecteur d’onde q ki z
k i , de fréquence νi et de polarisation ei tombant x Φ
θ
normalement sur un cristal (Fig. A2.5) ; si le cristal
est transparent pour la fréquence νi, une fraction de
θ
la radiation incidente est diffusée avec un vecteur
d’onde k d , une fréquence νd et une polarisation ed . y
La théorie de base pour la diffusion Raman à partir kd
La spectroscopie Raman : Généralités et Rappels_____________________________________________________ ___Chapitre A2
σ τ τ τ Q
S = A ei RσQ (αξ + βq̂ )ed , (10)
σ ,Q ,τ =
x ,y ,z
où eiσ et edQ sont les composantes des vecteurs unitaires de la polarisation des lumières incidente
et diffusée dans les axes principaux σ et Q, respectivement (correspond à x, y du repère
cartésien). ξ τ et q̂τ sont les composantes des vecteurs unitaires de polarisation de phonons et de
vecteur d’onde selon l’axe principal τ = z, respectivement ; α et β sont des constantes ( β est
proportionnel au champ de polarisation). RστQ symbolise l’élément du tenseur Raman7 dans la
direction τ, et A est une constante qui ne dépend pas de la géométrie de diffusion. x, y et z
définissent les axes principaux du cristal.
Le calcul par l’Eqn. 10 de l’efficacité de diffusion Raman, avec les deux configurations
choisie, VH et VV, nous permet d’illustrer la séparation des spectres Raman de phonons
ordinaires et extraordinaires ; ainsi la dispersion directionnelle peut être déterminée avec
précision en utilisant L’Eqn. 10. Cependant, il est aussi possible d’obtenir des spectres Raman
ordinaires et extraordinaires par la géométrie de diffusion à angle droit des configurations VH et
VV. Les diffusions sont donc, principalement, de deux types : (1) la diffusion à angle droit à 90°
(ki ⊥ kd ) , et (2) la diffusion en retour à 180° (retro-diffusion Raman), avec (ki // kd ). Les
6
Par définition, c’est le rapport du nombre de photons diffusés νd produits par unité de temps et par unité de section
du cristal en angle solide dΩ suivant la direction d’observation, sur le nombre de photons incidents νi traversant une
unité de surface en une unité de temps.
7
Le tenseur des polarisabilités Raman de LN (groupe ponctuel 3m), peut se trouver dans [Réfs. 11,12,15], et sera
mieux discuté au Chap. B2.
8
Par rapport au plan de la Fig. A2.5.
Chapitre A2________________________________________________________La spectroscopie Raman : Généralités et Rappels
Certains mouvements du nuage électronique peuvent être mis en résonance par une onde
électromagnétique (EM) de fréquence ν (domaine UV-visible) donnant lieu à un phénomène
d’absorption de ce rayonnement. De la même manière, un mouvement de vibration des noyaux
moléculaires peut donner lieu à une absorption dans le domaine de l’infrarouge : on dit souvent
qu’une telle vibration est polaire. Inversement, une vibration polaire peut émettre un champ EM à
la même fréquence. Enfin, lorsque la fréquence de l’onde EM est loin de toute fréquence de
vibration électronique ou moléculaire, c’est le phénomène de diffusion, lié à la polarisabilité
moléculaire, qui est prépondérant. La diffusion de la lumière par effet Raman analyse donc la
dynamique des atomes au travers du couplage tensoriel entre une lumière monochromatique et la
variation de polarisabilité9 des liaisons chimiques. Cette polarisabilité exprime la faculté du
nuage électronique à acquérir un moment dipolaire électrique10 induit P sous l’effet du champ
électrique E , ce qui s’écrit [9]:
P = α~E
~ 1 ~ 1 ~ (11)
= α ⋅ E + β ⋅ EE + γ ⋅ EEE + ...,
2 6
où β et γ sont les hyper polarisabilités11 d’ordre 2 et 3, respectivement. Pour de faibles champs,
l’Eqn. 11 s’exprime comme suit [7-9]:
P = ε 0 χ~E = αE , (12)
Px α xx α xy α xz E x
Py = α yx α yy α yz E y , (13)
P α α zy α zz E z
z zx
9
La déformation du nuage électronique lors du mouvement des atomes est gouvernée par un champ d’excitation
extérieur.
10
C’est une grandeur qui caractérise un dipôle électrique.
11
Des ordres de grandeur typiques pour les composantes α, β, et γ sont ∼10-40 CV-1m2, 10-50 CV-2m3, et 10-61 CV-3m4,
respectivement [9].
La spectroscopie Raman : Généralités et Rappels_____________________________________________________ ___Chapitre A2
1 ∂ α ij
2
∂α ij
αij = (αij )0 + Qk + Qk Ql + ... , (14)
k ∂Qk 0 2 k ,l ∂Qk ∂Ql 0
12
Peut parfois être construite directement comme une coordonnée adaptée à la symétrie.
Chapitre A2________________________________________________________La spectroscopie Raman : Généralités et Rappels
∂α~
P = α~0 E0 cos (ki .r − 2πν i t ) + Q0 k cos(q .r − 2πν vibt ) ⋅ cos (ki .r − 2πν i t ) , (19)
∂Qk
Rayleigh
~
P = α 0 E0 cos (ki .r − 2πν i t ) +
(20)
1 ∂α~
Anti − Stokes
Stokes
[ ] [
Q0 k cos (ki + q ).r − 2π (ν i + ν vib )t + cos (ki − q ).r − 2π (ν i − ν vib )t .
2 ∂Qk
]
Ainsi, d’après l’Eqn. 20, le dipôle induit dans un système moléculaire vibrant à la fréquence
νvib et irradié à la fréquence νi, variera comme νi et aussi comme (νi+νvib) et (νi – νvib). Au
premier terme est associé une radiation de fréquence νi. Cette radiation émise correspond à la
« raie Rayleigh ». Le deuxième terme traduit l’émission de deux rayonnements de fréquences
égales à νi – νvib, appelée « raie Raman Stokes », et νi + νvib, appelée « raie Raman anti-Stokes ».
L’approche classique met en lumière les entités intervenant dans la diffusion Raman. Même
si l’analyse rigoureuse des processus ne peut se faire que dans le cadre de la physique quantique,
cette approche simple permet déjà de mettre en évidence les lois de conservation qui régissent la
diffusion Raman au premier ordre dans un cristal.
L’approche classique ne détaille pas, d’une manière complète, le rôle majeur des électrons.
Les fréquences des photons incidents étant bien supérieures à celles des phonons, la probabilité
d’interaction directe photon-phonon est très faible ; cette interaction s’effectue alors par
l’intermédiaire des électrons. Selon la théorie des quanta, un changement dans l’état d’un cristal
est ainsi accompagné d’un gain ou une perte d’un quantum d’énergie ou plus. Sachant qu’un
quantum d’énergie est défini comme suit :
ΔE = h ν k , (22)
La spectroscopie Raman : Généralités et Rappels_____________________________________________________ ___Chapitre A2
l’excitation (±νd), et exprimées comme des valeurs d’inverse de longueur d’onde (nombre
d’onde), exprimée en cm-1.
ν d = ν d / c = 1 / λd , (23)
Niveau virtuel
V=2
Fig. A2.6 – Interactions photons-matière et processus de diffusion Raman. Les entier affectés aux niveaux
d’énergie V sont arbitraires.
13
Différentes valeurs de ν où les niveaux d'énergie sont séparés par un même écart d'énergie correspondant à hνvib.
Chapitre A2________________________________________________________La spectroscopie Raman : Généralités et Rappels
Stokes ne concerne que les molécules se trouvant dans un état excité (transition : V+1 → V)
ce qui explique sa faible intensité par rapport à la diffusion Stokes.
Les phonons dans un cristal sont en équilibre thermique les uns avec les autres. Le nombre
moyen de phonons de vecteur d’onde q , en équilibre thermique à une température T est donné
par une fonction de la distribution de Bose-Einstein [10,11,18]:
1
n (q ) = , (24)
exp[ω (q ) / kBT ] − 1
14
Seules les molécules ou atomes ayant été excités antérieurement (par la température) peuvent influencer
l’augmentation de l’intensité Raman anti-Stokes IAS.
La spectroscopie Raman : Généralités et Rappels_____________________________________________________ ___Chapitre A2
Un spectromètre Raman comprend [13]: (1) une source laser, (2) un porte-échantillon, (3)
une optique de collection de la lumière diffusée et de couplage avec le dispositif d’analyse
spectrale (spectromètre), (4) un spectromètre, (5) un détecteur de lumière très sensible, et (6) une
électronique d’acquisition et de traitement des données spectrales (Fig. A2.7).
Selon que cette installation est prévue pour analyser des échantillons de taille relativement
grande ou au contraire une quantité microscopique de matière, on parlera respectivement
d’installation de macroanalyse ou d’installation de microanalyse Raman (plus simplement
appelée microsonde Raman) [13]. Ces
Détecteur CCD Source laser
deux types d’installations diffèrent selon le
dispositif optique de collection ; soit Filtre
Notch
équipé d’optiques généralement de faibles Réseau de Optique de
diffraction couplage et de
Optique filtrage laser
ouvertures numériques pouvant accueillir d’échantillonnage
(Microscope)
des objets relativement volumineux, soit
au contraire un véritable microscope Fig. A2.7 – Principe du micro-spectromètre Raman
optique muni d’objectifs à fort
grandissement (jusqu’à 100× dans l’air), et d’ouverture numérique très élevée (jusqu’à 0.95 dans
l’air) permettant l’observation et l’analyse d’échantillons microscopiques. Bien évidement, les
optiques de focalisation du faisceau laser et de collection de la lumière diffusée (points (1) et (3)
de l’installation) seront différentes d’un type d’installation à l’autre pour s’adapter aux exigences
de chacune.
On excite l’échantillon par une radiation laser intense, de longueur d’onde pouvant être
choisie dans un domaine assez large [9]. On distingue les lasers continus et les lasers pulsés, et il
faut trouver un compromis entre l’intensité de la source et sa longueur d’onde [21,22].
Les lasers He-Ne (de longueur d’onde λ = 632.8 nm) comptent parmi les plus utilisés car les
raies parasites d’intensités plus faibles divergent plus vite que la raie principale qui les
accompagne. On les supprime grâce à des filtres mais aussi en augmentant la distance entre la
source et la fente d’irradiation. On cherche aussi souvent à diminuer la longueur d’onde
d’excitation notamment pour pouvoir augmenter l’intensité diffusée de l’échantillon à analyser
(cela permet aussi d’augmenter la résolution spatiale, cf. ci-après). On utilise ainsi les lasers
« Argon » (ou Argon-Krypton) émettant notamment des raies à 488 et 514.5 nm, surtout pour
Chapitre A2________________________________________________________La spectroscopie Raman : Généralités et Rappels
atteindre une résolution optimale. En effet, pour la même puissance d’entrée, on obtient des raies
environ trois fois plus intenses que dans le cas du laser He-Ne 632.815 nm, car l’intensité de
diffusion est proportionnelle à 1/λ4 [17]. Cependant, les lasers pulsés permettent de mesurer les
régimes transitoires en effectuant une série de mesures distinctes et rapprochées.
Les nombreuses avancées technologiques des dernières années ont permis d’ouvrir de
nouvelles potentialités pour la spectroscopie Raman. Par exemple, l’introduction des filtres Notch
holographiques [1,13] met à profit la diffraction par un hologramme de grande épaisseur pour
extraire d’un rayonnement polychromatique incident une bande spectrale très étroite avec un taux
de réjection très élevé pour la raie Rayleigh. En spectroscopie Raman, ces éléments servent à
filtrer le signal diffusé provenant de l’optique de collection avant qu’il ne soit injecté dans le
spectromètre.
Un monochromateur est un dispositif utilisé en optique pour sélectionner une gamme la plus
étroite possible de longueurs d'onde à partir d'un faisceau lumineux de gamme de longueurs
d'ondes plus large. Le monochromateur du spectromètre est composé d’un réseau, qui est un
ensemble de stries gravées parallèles [21,23] (1800 ou 950 traits/mm dans le cas de notre
appareil : LabRam 010). Le réseau disperse la lumière grâce à des interférences constructives et
destructives [21,24]. On peut travailler dans un domaine de fréquences allant de 4000 à 25 cm-1
avec une résolution moyenne d’environ 1 cm-1. Les qualités d’un monochromateur s’établissent
suivant trois critères, dont le pouvoir séparateur qui est d’au moins 0.04 nm [23], le taux de
lumière parasite qui est très faible actuellement, évaluant cette valeur autour de 10-13 grâce à
l’excellente qualité de gravure des réseaux obtenus par le procédé holographique [25], et enfin, en
ce qui concerne l’acquisition, les images sont de bonne qualité sur la génération actuelle de
microsondes ce qui permet de s’affranchir des bruits additionnels.
Il y a déjà quelques décennies, les instruments étaient basés uniquement sur un triple
monochromateur [13,24], complexe et délicat à manipuler, et le filtrage utilisant un double
monochromateur soustractif. Actuellement, les instruments sont basés sur des monochromateurs à
simple étage (cas du LabRAM 010) [26,27], équipements intégrés, facile à appréhender, filtrage
basé sur coupe bande (filtre Notch) / passe haut (filtre Edge).
A la sortie du monochromateur, il peut y avoir plusieurs méthodes pour recueillir le signal.
En général, on dispose d’une détection électronique, l’absorption d’un quantum d’énergie produit
une quantité d’énergie électrique par l’intermédiaire d’un transducteur (CDD par exemple).
La spectroscopie Raman : Généralités et Rappels_____________________________________________________ ___Chapitre A2
L’analyseur multicanal (CCD) reste le plus souvent utilisé pour son rendement15 élevé [1]. On
peut analyser plusieurs longueurs d’ondes en même temps, à chaque longueur d’onde correspond
un micro-canal [21]. A l’issue des signaux lumineux enregistrés par la CCD, un assemblage
direct est effectué en fonction de la longueur d’onde, soit de façon linéaire, soit de façon
matricielle (1024 éléments) pour une acquisition vers un ordinateur.
Le procédé utilisé peut être le même que celui des caméras CCD (cas du LabRAM 010).
L’ordinateur permet, entre autre, de coordonner les mesures effectuées entre elles. Le
développement récent des caméras CCD à deux dimensions ouvre de nouvelles possibilités, par
exemple, le multiplexage spatial et en fréquence ou le multiplexage en temps et en fréquence
[26]. L’interface des spectromètres avec les ordinateurs a considérablement amélioré l’acquisition
des données : discrimination de la fluorescence, accumulation de spectres, spectres
différences,…etc. [23,25].
15
L’émission Raman est un processus à rendement très faible où ∼1/106 [9,24] photons interagissent efficacement
pour donner naissance à l’effet Raman, donc collecter un maximum de photons permet de maximiser la sensibilité de
l’instrument.
Chapitre A2________________________________________________________La spectroscopie Raman : Généralités et Rappels
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37, 20 (2006)
LES STRUCTURES PPLN
I – Introduction………………………………………………………………………………………………………...…………...43
II - Généralités………………………………………………………………………………………………………………...……43
II.1 – Renversement de domaines ferroélectriques
II.2 – Conversion de fréquence et accord de phase
II.3 – Accord de phase par biréfringence (BPM)
III – Le quasi-accord de phase (QPM)…………………..……………………………………………..………………49
III.1 – Effet des parois de domaines sur la SHG
III.2 – Limitations du QPM
IV – Fabrication, analyse et caractérisation de PPLN………………………………………….………………55
IV.1 – Inversion de domaines durant la croissance
IV.2 –
IV.3 – Analyse et caractérisation de domaines – parois de domaines
V – Conclusion partielle…………………………………………………………………………………60
Références bibliographiques……………………………………………………………………….……61
Les structures PPLN_______________________________________________________________________________Chapitre A3
1
Définit l’orientation d’un domaine ferroélectrique.
2
Pour cause de dispersion, les vitesses de phase des ondes fondamentale et de seconde harmonique ne sont jamais
égales.
Chapitre A3_______________________________________________________________________________Les structures PPLN
Plan O2-
Li+
Plan O2-
+ Ps
(001) Centre
octaèdre
+ Nb5+
–
Lacune
– Ps
(001)
Fig. A3.1 – L’application d’un champ électrique externe déplace les ions Li+ et Nb5+ vers les
positions opposées du réseau et l’inversion de polarisation suit [4].
Le renversement de Ps [4] (Fig. A3.1) est connu pour s’établir en un processus à deux
étapes [5]. Tout d’abord, la nucléation (point de naissance) des domaines apparaît à des positions
un peu particulières (sites de nucléation), ou par quelques irrégularités locales comme un défaut
qui la favorise, à la face polaire du cristal. En second lieu, les domaines inversés s’étendent
latéralement, sur une face polaire z, à travers le mouvement des parois de domaines. Les
processus de nucléation et la croissance de domaines ne sont toujours pas complètement compris,
mais il est établi l’existence de couches de charges d’espace près de la surface du cristal qui
induisent des champs électriques dans le cristal. La force de ces champs n’est pas suffisamment
importante pour générer le processus d’inversion directement, mais peut contribuer au
renversement de polarisation et au processus de nucléation lorsqu’un champ électrique externe est
appliqué. Les nucléations initiales sont distribuées aléatoirement dans l’espace et le temps, ce qui
les rend difficiles à contrôler. Il faut pour cela calculer le taux du renversement de polarisation, la
croissance d’une paroi de domaine et ses mouvements [5,6].
La Fig. A3.2 montre un schéma possible des états d’équilibre d’un défaut complexe (se
reporter au § II.3 du Chap. A1) pour un domaine vierge et renversé. Au-delà d’un renversement
de domaines, le défaut anti-site NbLi se déplace pour se faire un chemin entre les trois atomes
Les structures PPLN_______________________________________________________________________________Chapitre A3
d’oxygènes serrés du plan adjacent. Les lacunes de Li autour du défaut original en Fig. A3.2.a ont
besoin d’un réarrangement autour de la nouvelle position de l’anti-site afin d’atteindre un état
d’équilibre stable pour le défaut (Fig. A3.2.c). A température ambiante, un manque de la mobilité
du Li peut donner l’état frustré du défaut complexe comme montré en Fig. A3.2.b, qui peut être
soulagé vers l’état (c) après un recuit vers une température élevée. Néanmoins, comme montré
par Nassau et Lines [7], la présence de deux ions Nb dans des octaèdres d’oxygènes adjacents
peut être énergétiquement non favorable dû à la charge positive dense autour de la précipitation.
Ils proposèrent donc un empilement de faute de lacunes dans la structure.
+y
+z +z +z
+y +y
+y +y
+y
+y +y
Li
Nb ou Ta
VLi
Ps
NbLi ou
TaLi
Ps
Ps
Fig. A3.2 – Schéma des défauts dipolaires dans du LN non stœchiométrique à température ambiante [8].
Nous pouvons utiliser les matériaux NL pour générer des ondes électromagnétiques (EM)
avec de nouvelles fréquences. Pour obtenir une conversion significative des ondes incidentes vers
les nouvelles ondes, l’énergie et le moment doivent être conservés.
ω3 = ω1 + ω2 (Conservation d’énergie), (1)
k3 = k1 + k2 (Conservation du moment), (2)
où k décrit le vecteur de propagation d’une onde, = h / 2π (h est la constante de Planck), et |k|
= nω/c. Comme l’indice de réfraction est fonction de la fréquence, et ainsi, la dispersion normale
n croît avec la fréquence, ceci va empêcher la conservation du moment (ou l’accord de phase) et
Chapitre A3_______________________________________________________________________________Les structures PPLN
induire la présence de trois ondes interagissant entre elles, se propageant à travers le matériau à
des vitesses différentes. Ce désaccord de phase est une difficulté inhérente aux processus de
conversion de fréquence. Fort heureusement, deux techniques – l’accord de phase par
biréfringence (BPM) et le quasi-accord de phase (QPM) (Fig. A3.3) – ont été développées pour
obtenir une conversion de fréquence efficace.
lc Faisceau
z fondamental ω
Faisceau fondamental ω
x Faisceau de seconde
harmonique 2ω
y
Orientation de domaines
périodiquement commutés
Fig. A3.3 – Modulation périodique du coefficient NL dans un cristal PPLN, cas du QPM. La
fréquence 2 ω est celle de l’onde de seconde harmonique.
4π
où : Δk = k 2ω − 2kω = (n2ω − nω ) , (4)
λ
où Pω et kω sont respectivement la puissance et le vecteur d’onde de l’onde fondamentale dans le
milieu considéré3, d le coefficient NL, l la distance d’interaction, n 3 = nω2 n2ω l’indice de
réfraction, et A l’aire de la section traversée par le faisceau pompe. Puisque l’efficacité augmente
avec la densité de puissance mise en jeu, il serait avantageux de focaliser le faisceau laser avec le
cristal. L’expression de l’efficacité est meilleure lorsque Δk = 0, ce qui peut avoir lieu
uniquement si 2k(ω) = k(2ω) (conservation du moment). L’échec dans la minimisation de Δk
signifie qu’il y aurait une interférence destructive entre les ondelettes générées à différents points
dans le cristal. La puissance P2ω oscille le long de la distance d’interaction avec un pas fonction
de sin2(Δkl/2). Lorsque Δkl = π, l’interaction a lieu sur une longueur dite de cohérence, et partant
de Eqn. 4, elle est donnée par :
3
Où l’indice 2 ω fait référence à la seconde harmonique.
Les structures PPLN_______________________________________________________________________________Chapitre A3
2ω
Δk = k (2ω ) − 2k (ω ) = (n2ω − nω )
c
2π πc λω
lc = = = , (5)
Δk ω (n2ω − nω ) 4(n2ω − nω )
c’est une longueur qui donne la dimension critique pour l’accord de phase, et représente du coup
la longueur maximale du cristal qui est utile pour obtenir un maximum pour la SHG. La longueur
de cohérence est aussi définie comme la longueur au-delà de laquelle la puissance en seconde
harmonique cesse d’augmenter en raison des interférences destructives entre les faisceaux
engendrés au point z (direction de propagation). Ce phénomène limite fortement l’épaisseur
utilisable pour le cristal NL et donc la quantité d’énergie SHG engendrée. Pour obtenir un taux de
conversion optimal, il est nécessaire de s’affranchir de ce processus en se plaçant dans la
condition Δk = 0 (k2ω = 2kω, soit n2ω = nω) comme décrit ci-dessus. Une condition qui n’est pas
réalisée naturellement dans le matériau en raison de la dispersion chromatique.
En référence aux données de dispersion pour LN, on peut utiliser la biréfringence naturelle
(Fig. A3.4) afin d’égaliser les indices de réfraction no et ne (voir § II.2) pour deux polarisations de
la lumière [10] dont les longueurs d’onde diffèrent d’un facteur de deux. En pratique, l’accord de
phase par biréfringence (BPM) peut être réalisé si on tourne le cristal de sorte que, utilisant les
ellipsoïdes des indices, la direction de propagation de l’onde pompe soit au bon angle par rapport
à l’axe optique. Une autre façon d’aboutir à un accord de phase est d’utiliser la dépendance en
température de l’indice de réfraction [5]. Par exemple, les dépendances en température de l’indice
de réfraction sont données par les équations de Sellmeier, revues par Schlarb et Betzler [13]. Pour
le cas d’un cristal LN de composition congruente, à température ambiante, les indices de
réfraction sont donnés par (se reporter au Chap. A1) :
4.4677632 ⋅ 10 −5 3.82508 ⋅ 10 −7
no2 = −2
+ −2
− 3.6340 ⋅ 10 −8 λ2 + 2.6613 , (6.a)
(223.219 ) − λ (260.26 ) − λ
−2 −2
2 3.8913476 ⋅ 10 −5 1.16396 ⋅ 10 −6
n =
e −2
+ −2
− 3.0998 ⋅ 10 −8 λ2 + 2.6613 , (6.b)
(218.203) − λ (250.847 ) − λ
−2 −2
où λ est la longueur d’onde en nanomètres. Comme exemple donné en Fig. A3.4, par une
longueur d’onde fondamentale de 1068 nm, on trouve un des accords de phase à 534 nm : ne(534) =
no(1068) ≅ 2.23.
Chapitre A3_______________________________________________________________________________Les structures PPLN
Axe optique c
k(ω)
no(2ω)
. θm
..
ne(2ω) ne(ω)
.no(ω)
no(2ω)
ne(ω,θ)
.
no(ω)
ne(2ω,θ)
Fig. A3.4 – Surfaces d’indices normales pour des rayons ordinaire et extraordinaire dans un cristal
uniaxe négatif [10].
Si ne2ω < noω , il existe un angle θm auquel ne(2ω,θm) = no(ω). Cet angle qui procure une
Néanmoins, l’existence d’une solution réelle d’accord de phase pour θm dépend des détails de la
dispersion du matériau particulier à utiliser. Ainsi, la technique BPM peut ne pas être toujours
possible. Et l’amplitude du coefficient non-linéaire deff dépend de la direction de propagation à
travers le cristal. Pour LN avec un groupe ponctuel 3m, on a [14,15]:
d eff = d 31 sinθ m − d 22 cos θ m sin 3φ , (9)
~
où d31 et d22 sont des coefficients NL, éléments contractés du tenseur d et φ est l’angle de
propagation relativement à l’axe cristallographique x dans le plan x-y. Pour LN, on rappellera que
l’élément d33 est 5 fois supérieur à d31 et 10 fois supérieur à d22. En outre, la technique BPM
permet une longueur d’interaction limitée comparée à la technique du QPM.
Les structures PPLN_______________________________________________________________________________Chapitre A3
En 1962, Armstrong et al. [16] proposèrent le quasi-accord de phase (QPM) comme un
moyen pour accomplir une haute conversion de fréquence utilisant une structure périodiquement
polarisée. Pour comprendre la raison de cette terminologie, considérons ce qui se produit si
l’accord de phase n’est pas parfait :
Δk = k3 − k1 − k2
= k (2ω ) − 2k (ω ) ≠ 0 . (10)
k3
k1 k2 2π/Λ
où k1 et k2 sont les ondes fondamentales et k3 l’onde générée. Le QPM est une technique
spécifique pour permettre des résultats similaires comme pour l’accord de phase d’interactions
non-linéaires (NL). A la place d’un cristal NL homogène, un matériau avec des propriétés NL
modulées le long de la direction de propagation est utilisé (PPLN par exemple). L’idée essentielle
est de permettre la compensation du désaccord de phase sur une certaine distance de propagation
lc, mais aussi d’inverser (ou interrompre) l’interaction NL à des positions où l’interaction
prendrait place avec la mauvaise direction de conversion.
Comparé au cas de l’accord de phase parfait (BPM), le QPM permet une efficacité de
conversion moins importante si le coefficient NL utilisé est le même : la non-linéarité effective
deff est réduite par un facteur de 2/π. Néanmoins, le QPM permet l’utilisation de la même
direction de polarisation pour les ondes fondamentales et harmoniques, et ceci correspond le plus
souvent à l’utilisation de l’élément le plus important du tenseur NL. En fait, l’efficacité de
conversion peut être considérablement plus grande que dans le cas du BPM avec des efficacités
de conversion 20 fois supérieures. Prenons l’exemple du LN où l’on utilise le coefficient d31 =
4.35 pm/V, lorsque le QPM normalement utilise le plus grand élément d33 = 27 pm/V qui
correspond à 17 pm/V (valeur effective) prenant en compte le facteur mentionné ci-avant.
Le QPM est actuellement très utilisé dans le doublage de fréquences (sources laser verte et
bleue) et pour des dispositifs paramétriques tel que les oscillateurs paramétriques optiques
(OPO). Les meilleurs candidats pour le QPM sont les cristaux inorganiques à bande interdite
large tels que LN, LT, KTP, mais aussi les matériaux organiques très transparents, stables au
dommage optique, et possédant de grands coefficients NL [9]. L’équation d’accord de phase pour
Chapitre A3_______________________________________________________________________________Les structures PPLN
le QPM avec les polarisations des trois ondes d’interaction parallèles et colinéaires en
propagation devient :
π 2π
Δk = k 2ω − 2 kω = = , (11)
lc Λ
où Λ est le pas de commutation des domaines ferroélectriques. En doublage de fréquences, des
périodes (du réseaux PP) typiques pour les OPO pompés par un laser (à 1.064 µm) pour produire
des longueurs d’onde dans le mi-IR (à ~ 3-4 µm) sont de l’ordre de 25-30 µm. Les périodes
deviennent très petites (juste quelques microns) pour la conversion vers les fréquences bleues et
ultraviolettes.
Etant donné que les vecteurs d’onde k ( k = 2π / λ ) des ondes interagissant entre elles
dépendent de la longueur d’onde λ (les indices de réfraction aussi), la différence dans les vitesses
de phase des champs à fréquences différentes peut produire un désaccord de phase qui peut,
sérieusement, limiter l’efficacité de conversion de la puissance et de la longueur d’interaction
effective pour les dispositifs NL. Si on veut augmenter l’efficacité de conversion ηSHG (Eqn. 3),
on a besoin de maximiser tous les termes exprimant ce rapport. Le BPM dans beaucoup de
matériaux mène à des dispositifs NL intéressants, mais possède ses propres limitations,
particulièrement pour la génération de longueurs d’onde dans la région de moyen infrarouge, dû
au fait que très peu de matériaux NL sont transparents, ou de phases accordables, pour des
longueurs d’ondes supérieures à 4 µm [17]. Néanmoins, une interaction NL efficace est possible
si un vecteur additionnel peut être introduit exprimant le désaccord en vecteur d’onde afin de
garder Δk = kg (autrement, Δk’ = Δk – kg = 0) pour toute interaction de n’importe quel triplet
d’ondes. Ainsi, le désaccord de phase peut être rectifié4 en introduisant un vecteur additionnel kg
à travers le renversement périodique de la polarisation spontanée du cristal NL et la SHG va
continuer à se construire à travers la totalité de la longueur considérée :
Δk ' = k 2ω − 2kω − k g . (12)
Le mième vecteur d’onde km relatif au pas de réseau est donné par [18]:
2πm
k m = mk g = , (13)
Λ
λ0 m
Λ= = 2 mlc , (14)
2(n2ω − nω )
4
C’est le vecteur de phase kg, proche ou égal à Δk, qui ramène l’interaction NL en phase : Δk = 0.
Les structures PPLN_______________________________________________________________________________Chapitre A3
où le facteur m représente l’ordre du processus du QPM. Ainsi, la période du réseau peut être
choisie pour compenser le désaccord de phase (Fig. A3.6). On trouve que le champ électrique de
seconde harmonique, à la fin d’un cristal de longueur L, est donné par [18]:
L
E L (2ω ) = Γ d ( z ) ⋅ e −iΔkz dz , (15.a)
0
µ 0ε 0 2
avec : Γ = −iω E (ω ) , (15.b)
εr
(a) (b)
Efficacité SHG
(c)
(d)
(e)
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Nombre de cohérence z/lc
(b)
(c)
(d)
(e)
Fig. A3.6 – Efficacité de conversion de SHG sous différents ordre de QPM, où z est la position dans
le cristal, lc est la longueur de cohérence du processus de 1er ordre [19]: (b) premier ordre,
(c) second ordre avec un rapport cyclique de 25%, (d) troisième ordre, (e) désaccord de
phase, et (a) accord de phase par biréfringence dans un cristal mono-domaine.
Chapitre A3_______________________________________________________________________________Les structures PPLN
et en laissant g(z) varier entre –1 et 1 pour 0 < z < L, l’Eqn. 15.a peut se mettre sous la forme :
E (2ω ) = Γd eff LG(Δk ) , (17)
Mais dans le cas d’un accord de phase conventionnel (BPM) : Δk = 0, l’intégrale est triviale, et on
trouve que le champ de seconde harmonique est donné par :
E L (2ω ) = Γd eff L . (19)
Dès lors que G est une fonction de Δk, on réfère G(Δk) comme la fonction du désaccord.
Comparant les Eqns. 17 et 19, on voit que l’amplitude de la fonction de désaccord, qui est ≤ 1,
représente la réduction dans la non-linéarité effective comparée à un milieu accordé en phase. Et,
donc, si g(z) est une fonction périodique en z avec une période Λ, i.e. :
+∞
G
ik g z
g(z) = m ⋅e , (20)
m = −∞
dont le mième pas du réseau km était exprimé en fonction de Λ et kg dans l’Eqn. 13. L’intégrale en
Eqn. 18 est dominée par la contribution de ce mième terme, et l’Eqn 17 peut être réécrite comme
ceci :
Δk '
Γd Q L sin c
Δk' L
E 2ω ≈ ie 2
, (21)
2
où dQ = deffGm est l’amplitude de l’harmonique pertinente de d(z), et Δk′ ≡ k3 – 2k1 – kg. Si on fait
l’hypothèse que le mème terme de la série de Fourier soit en accord de phase : Δk’ = Δk – kg = 0,
alors le coefficient de Fourier peut être exprimé par [18]:
2
Gm = sin(mπ ⋅ D ) , (22)
mπ
avec D (largeur d’un domaine vierge/Λ) comme rapport cyclique de la période (ou pas) du
réseau. Un rapport cyclique optimal est obtenu pour m impair, et vaut 50 % [18]. Il y a plus d’un
rapport cyclique optimal qui maximise Gm, et ce d’autant plus que m augmente. Le fait que
l’optimum Λ pour m = 2 est 25 % ou 75 %, correspond à des domaines alternés de lc et 3lc. Et dès
lors que dQ = deffGm, on trouve qu’à un D optimal, le coefficient Gm est maximisé pour :
2 d eff
d Qmax = , (23)
mπ
d’où la démonstration que l’efficacité de conversion est réduite d’un facteur (2/mπ)2 comparé à
une interaction d’accord de phase conventionnelle qui elle est limitée en distance d’interaction.
Les structures PPLN_______________________________________________________________________________Chapitre A3
où les quantités nω et n2ω sont les indices de réfraction aux fréquences fondamentale et seconde
harmonique, respectivement. Une onde de seconde harmonique réfléchie, de petite amplitude, est
aussi générée, mais ne sera pas discutée d’avantage [16,21]. 2kω ne sera pas en général égale à k2ω
(dispersion en fréquences) de sorte que les deux ondes soient déphasées de π à x = 0 (position
d’une parois de domaines), ces ondes voyagent avec des vitesses différentes. L’intensité de la
seconde harmonique P2ω dans le cristal est le résultat d’interférence entre ces deux ondes, et peut
être exprimée par [20]:
2
P2ω ∝ E 2ω + Eω . (26)
12
Ps Ps Ps
10
Parois de domaines
Puissance de la SH (u.a.)
à 180 °
8
Déphasage de π
lc lc
6
4 Intensité de SHG
2
|E2ω+Eω|
0
0 1lc 2 lc 3 lc
Distance parcourue (z/lc)
Fig. A3.7 – Illustration de l’augmentation de SHG due à la présence d’une paroi de domaines [20].
Cette intensité est essentiellement zéro à x = 0, et l’intensité maximale apparaît pour une première
fois à x = lc, où les deux ondes sont en phase. Les minimas apparaissent à des multiples paires de
lc. L’onde E2ω sera déphasée de π en passant une paroi de domaines. L’effet de cette paroi sur
5
Les composantes tangentielles de E et H doivent être continues à travers la surface du cristal
Chapitre A3_______________________________________________________________________________Les structures PPLN
l’onde libre est déterminé par la condition que les composantes tangentielles des champs E et H, à
la fréquence 2ω, doivent être continues à travers cette frontière. Pour une paroi placée à x = x0 (x
> x0), l’onde libre change de la forme donnée en Eqn. 25 pour donner [20]:
(n + 1) (nω + n2ω ) i ( 2 kω −k2 ω ) x0 i ( k2 ω x −2ω )
− lc ω − e ×e . (27)
(n2ω + 1) n2ω
Ainsi, dans le cas d’une onde libre, la paroi de domaines introduit, en général, un changement
dans l’amplitude aussi bien que dans la phase. Supposant que la paroi est à une distance x0 = lc,
dans un cas où le maximum augmente dans Eω, et de là P2ω est obtenu. Chacune de ces parois,
proprement placées, permet une augmentation de l’amplitude de l’onde libre par un facteur de
(n1+n2)/n2 ≈ 2. Avec N parois de domaines, le facteur en question est de [1 + (1 + 2N)2]/2 [20].
2
L’intensité harmonique totale est proportionnelle à E2ω + Eω , et est maximale pour un nombre
impair de longueurs de cohérence lc (minimale pour un nombre impair). Pour z < lc, la puissance
de seconde harmonique est issue de la fondamentale et est à son maximum pour z = lc. Lorsque z
dépasse lc (entre lc et 2lc), la puissance retourne à la fondamentale d’où l’utilité d’une structure
périodiquement polarisée tel que le PPLN.
L’utilisation de microstructures dans des interactions NL (QPM) présente des avantages par
rapport à la méthode conventionnelle d’accord de phase par biréfringence (BPM) [22]. Toutefois,
la fabrication de milieux utiles pour le QPM est limitée par l’effet des imperfections dans le
schéma du réseau de domaines ferroélectriques [18]. Un problème de fabrication courant est le
recouvrement entre domaines voisins, et les paramètres actuels de cristaux périodiquement
polarisés possèdent souvent quelques déviations par rapport aux caractéristiques de structures
idéales [23]. Si une fraction de domaines nominaux est d’une mauvaise orientation, le pic
d’efficacité est réduit comparé à la structure idéale. Ainsi, 5 % de domaines avec la mauvaise
orientation réduit l’efficacité de conversion à 81 % de la valeur maximale de départ [18,22]. Le
cas d’erreurs aléatoires6 dans la taille d’un domaine est plus complexe [18]. Deux cas limites
peuvent être considérés : (1) « erreurs de période » qui s’accumulent le long du réseau
microstructuré, et une longueur lc aléatoire qui suit, (2) « erreurs de rapport cyclique » ayant
comme conséquence de passer vers des ordres inférieurs dans le QPM (se reporter à la Fig. A3.6)
et même de réduire l’efficacité de conversion SHG. L’efficacité de la conversion non-linéaire de
6
Manque de contrôle dans la fabrication de ces microstructures.
Les structures PPLN_______________________________________________________________________________Chapitre A3
Chapitre A3_______________________________________________________________________________Les structures PPLN
dépendent du gradient de concentration du soluté (le dopant). Ce fait a été contredit par
Bermudez et al. [41] qui ont rapporté que la concentration de Nb dans un tel PPLN varie le long
de la structure périodique obtenue, lorsque la concentration en dopant d’Er reste constante et que
le maximum du niveau de concentration en Nb (et celle des antisites NbLi) correspond à des
positions de domaines avec une polarisation Ps opposée [42]. De plus, Bazzan et al. [43] ont
démontré que la polarisation n’est presque jamais parallèle à l’orientation des parois de domaines,
ceci est sans doute lié à la forme convexe observée de l’interface cristal-bain. Lorsque la forme
de cette interface est exactement plane, cela indique un gradient de température moindre en cette
zone et les structures périodiques ne peuvent apparaître [41].
En outre, la technique LHPG (laser-heated pedestal growth) est commode pour la
croissance de cristaux de petits diamètres. De cette technique peuvent être obtenues des fibres et
des structures périodiquement polarisées [44-46]. Néanmoins, la technique Czochralski reste la
plus utilisée pour la fabrication de PPLN. Par ailleurs, il peut être intéressant de combiner au
PPLN l’intérêt propre du dopant. En particulier, l’Erbium est un ion optiquement actif à l’origine
d’un nombre considérable de processus optiques utiles [47] (sa propriété la plus importante est de
produire un gain optique et une oscillation laser pour des longueurs d’onde autour de 1.5 µm).
D’autres processus tel que le gain optique et la conversion laser vers diverses bandes ont été
démontrés [48,49]. L’amélioration de la connaissance sur la formation des PPLN et du processus
de préparation donnant des structures dans le volume est primordiale dans le développement
ultérieur des dispositifs optiques intégrés.
Le renversement de polarisation a été étudié par Miller et Savage dès 1959 [50]. Les défauts
des cristaux jouent un rôle significatif dans toute restructuration de ce genre de dispositifs, et leur
influence a pour origine des défauts ponctuels à l’échelle atomique, tels que les lacunes, les
impuretés, ou les défauts étendus comme les dislocations. Pour obtenir une polarisation
périodique en surface et en volume dans LN, nombre de traitements ont été tentés impliquant des
procédés chimiques de l’application de champs électriques et des variations de la température. La
compréhension des processus reste incomplète. La polarisation par champ électrique est
considérée comme la plus importante des méthodes établies sous courant électrique pour produire
des dispositifs de QPM [51-53]. En effet, les principales avancées dans les dispositifs de QPM
ont été accomplies avec cette technique. Pourtant, les ferroélectriques LN et LT ont longtemps été
regardés comme des ferroélectriques « gelés » du à l’incapacité de procéder à la commutation de
Les structures PPLN_______________________________________________________________________________Chapitre A3
polarisation à température ambiante [54]. En particulier, la difficulté majeure était due aux
grandes valeurs nécessaires du champ coercitif (∼21 kV⋅mm-1 proche de la tension de rupture
pour le cas d’un cristal LN congruent) [55]. Pourtant, des scientifiques de la « Sony Corp. » ont
pu réalisé (en 1993) avec succès une polarisation par champ électrique pulsé pour aboutir à une
inversion périodique de domaines (en volume dans LN) à température ambiante [56]. Cette
technique a depuis été largement améliorée pour la commutation de polarisation dans les cristaux
ferroélectriques caractérisés par un fort champ coercitif [57].
La technique couramment utilisée pour construire un ensemble d’électrodes périodiques sur
la surface +c du cristal consiste en l’application d’une couche photorésistante structurée par
lithographie [58]. La nucléation des domaines renversés à 180° peut apparaître en premier lieu
sous les électrodes de la face +c du cristal LN, puis croît le long de l’axe polaire c [59]. Le champ
externe doit être coupé avant la propagation latérale des domaines en dehors des zones définies
par les électrodes [59]. Des périodes en dessous de 3 µm ont été obtenues avec cette approche.
Récemment, et pour la première fois, de la lumière ultraviolette a été générée dans LN dopé MgO
en créant des périodes de domaines de 1.8 µm [60] dont la clé réside en l’application
d’impulsions multiples [52] sur un matériau taillé à 87 ° de la face z. Néanmoins, les principaux
inconvénients de cette technique est l’utilisation d’électrodes structurées qui nécessite l’utilisation
de salle blanche pour faire la lithographie, la lourdeur technologique dans la création des
ensembles d’électrodes, la nécessité d’utiliser des échantillons d’épaisseurs inférieures au
millimètre. De plus, parfois les domaines renversés n’occupent pas la totalité de cette épaisseur.
Cette technique a, pour le moment, échoué pour la réalisation des structures de domaines de
longueurs sub-micrométriques. Pour surmonter cette limitation, d’autres procédés tels que
l’élaboration de domaines par faisceaux de lumière sont actuellement à l’étude [61].
La fabrication des structures fines pour le QPM,
avec une période inférieur à 6 µm a nécessité
l’introduction du back-switching (retour de
commutation). Ceci nécessite une forme particulière
du champ appliqué, incluant les étapes de croissance
directe de domaines, back-switching, et stabilisation
de la structure des domaines [62]. Puis la tension
appliquée est rapidement baissée pour permettre un
retour de polarisation spontanée du domaine
Fig. A3.9 – Forme de l’impulsion de
renversé, comme l’indique la Fig. A3.9. Récemment, polarisation et de courants électriques
en expérience [62].
Chen et al. [63] montrèrent, qu’en utilisant cette
Chapitre A3_______________________________________________________________________________Les structures PPLN
technique, il est possible de réaliser des structures submicroniques sur du LN dopé MgO
permettant une grande efficacité en SHG. Et il est intéressant de souligner que la multiplication
par deux, voire trois, de la fréquence spatiale des domaines pour le QPM prédéfini peut être aussi
réalisée par cette technique originale [64].
Outre la polarisation par champ électrique, diverses techniques d’inversion de domaines
dans LN, après croissance, sont couramment utilisées et font l’objet d’intenses investigations. Les
plus importantes sont [57,65,66]: (1) l’induction de domaines en surface par effet de la
température, (2) la radiation électronique, (3) la commutation nano-domaine (notamment, par
AFM), (4) inversion de domaines induite par diffusion (Technique de l’échange protonique et
technique de l’inter-diffusion de Ti), (5) l’assemblage de domaines anti-parallèles, (6) l’écriture
directe de domaines par lumière laser,…etc. Durant les dernières décennies, la structuration de
domaines ferroélectriques a fait l’objet de nombreuses recherches, motivées en particulier pour
des applications en photonique, comme par exemple le stockage de données [67].
Les structures PPLN_______________________________________________________________________________Chapitre A3
Type Résolution
Nom de la méthode Informations Caractéristiques
d’analyse latérale
Décoration de En surface : Localisation de charges Utilisation de poudres spécifiques,
Modif. de
< 1 µm
surface
Topologie de la surface
Microscopie à force entre échantillon et une pointe
d’un échantillon ne
atomique de En surface ∼ 10 nm montée sur un micro-levier,
conduisant pas
balayage résolution verticale < 0.1 nm,
l’électricité
complexité dans l’interprétation,
difficile à mettre en oeuvre
Microscopie Champ proche, très difficile à
Variation de
acoustique7 de mettre en œuvre, quelques fois
En surface ∼ 50 nm biréfringence,
champ proche à combinée avec l’effet Raman
contraintes
balayage (nano-Raman)
Une onde élastique interagit
Réaction de
Microscopie optique directement avec les propriétés
En surface ∼ 50 nm l’échantillon à des
de champ proche élastiques du matériau, utilise
impulsions électriques
l’effet piézoélectrique inverse
7
Elle utilise des sons focalisés pour caractériser, mesurer, ou imager un objet.
Chapitre A3_______________________________________________________________________________Les structures PPLN
Néanmoins, elles sont connues pour influencer les propriétés du matériau par des tensions et des
contraintes même au delà de plusieurs micromètres [70]. Durant les dernières années, un nombre
important d’investigations expérimentales a été fait, principalement axé sur la caractérisation des
domaines ferroélectriques et des parois de domaines dans BaTiO3 [71], mais aussi dans LN et LT
[72,73]. Parmi les techniques de visualisation de domaines ferroélectriques, on distingue (se
reporter au Tab. 1) [57,63]: (1) la microscopie électronique (et optique) à balayage (microscopie
électronique, microscopie acousto-électronique, microscopie électronique de transmission,
microscopie optique confocale, microscopie de seconde harmonique, et microscopie en
luminescence de défauts), (2) les sondes microscopiques de champ proche à balayage
(microscopie à force atomique de balayage et la microscopie optique de champ proche), (3) les
méthodes optiques (microscopie à lumière polarisée, déflection de lumière, exploitant l’effet
photoréfractif, microscopie de génération de seconde harmonique, et l’imagerie aux rayons X),
(4) la détection de domaines par modification de surface (décoration de surface, et la révélation à
l’acide). Toutes ces techniques ont été appliquées avec un succès intéressant mais limité. Et
aucune de ces mesures n’aborde les propriétés physiques près des parois de domaines avec une
résolution suffisante.
Des calculs théoriques ont porté principalement sur la détermination de l’épaisseur de la
paroi de domaines, l’énergie libre de cette paroi [74], sa structure ou son caractère [75,76]. De ces
travaux, on estime la paroi de domaines à une épaisseur < 20 Å [69]. C’est la valeur très faible de
cette épaisseur qui peu être la raison de la difficulté à obtenir des données expérimentales fiables
sur les propriétés physiques de ces parois de domaines. Chaib et al. [69] montrèrent dans leur
modèle théorique que le comportement de toutes les grandeurs prises en compte (le champ local
spontané, l’anisotropie de la polarisabilité électronique, la polarisation spontanée, ou l’indice de
réfraction local) dépendent radicalement de l’épaisseur de la paroi de domaines. C’est pour cela
que pour beaucoup d’applications [77-79], la taille minimale du domaine et, par conséquent, la
largeur des parois de domaines, est d’une importance capitale.
L’étude des cristaux périodiquement polarisés (PPLN) est le cœur de notre travail. Pour une
meilleure compréhension et pour le contrôle des domaines ferroélectriques structurés, il est clair
que la visualisation de domaines est essentielle. La caractérisation de domaines fait appel à un
grand nombre de techniques. Nous nous proposons d’étudier l’apport de la microscopie Raman
pour la caractérisation des structures PPLN.
Les structures PPLN_______________________________________________________________________________Chapitre A3
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[71] R.S. Cudney and M. Kaczmarek, “Light-induced removal of 180° ferroelectric domains in Rh:BaTiO3” Opt.
Express 7, 323 (1999)
[72] S. Tsunekawa, J. Ichikawa, H. Nagata and T. Fukuda, “Observation of ferroelectric microdomains in LiNbO3
crystals by electrostatic force microscopy” Appl. Surf. Sci. 137, 61 (1999)
[73] S. Zhu and W. Cao, “Imaging of 180° ferroelectric domains in LiTaO3 by means of scanning electron
microscopy” phys. stat. sol. (a) 173, 495 (1999)
[74] D.A. Scrymgeour, V. Gopalan, A. Itagi, A. Saxena and P.J. Swart, “Phenomenological theory of a single
domain wall in uniaxial trigonal ferroelectrics: lithium niobate and lithium tantalate” Phys. Rev. B 71, 184110
(2005)
[75] W.N Lawless, “180° domain-wall energies in BaTiO3” Phys. Rev. 175, 619 (1968)
[76] M. Kösters, U. Hartwig, Th. Woike and K. Buse, “Quantitative characterization of periodically poled lithium
niobate by electrically induced Bragg diffraction” Appl. Phys. Lett. 88, 182910 (2006)
[77] N.G.R. Broderick, G.W. Ross, H.L. Offerhaus, D.J. Richardsonand D.C. Hanna, “Hexagonally poled lithium
niobate: A two-dimentional nonlinear photonic crystal” Phys. Rev. Lett. 84, 4345 (2000)
[78] R.W. Eason, A.S. Boyland, S. Mailis and P.G.R. Smith, “Electro-optically controlled beam deflection for
grazing incidence geometry on a domain-engineered interface in LiNbO3” Opt. Comm. 197, 201 (2001)
[79] R.S. Cudney, L.A. Rios and H.M. Escamilla, “Electrically controlled Fresnel zone plates made from ring-
shaped 180° domains” Opt. Express 12, 5783 (2004)
ASPECTS INSTRUMENTAUX
DE LA
SPECTROSCOPIE CONFOCALE
I – Introduction…………………………………………………………………………………………………………..…………66
II – Montage et conditions expérimentales……………………………………………………………………..……66
II.1 – Spectromètre Raman – schéma de principe
II.2 – La résolution spatiale
III – Traitement géométrique pour l’analyse de la confocalité………………………….…………………74
IV – Analyse par la théorie vectorielle de Debye…………………………………………………………...……79
IV.1 – Introduction à la théorie de Debye
IV.2 – Profils des distributions d’intensité dans LN
V – Conclusion partielle……………………………………………………………………………………….……...………85
Références bibliographiques……………………………………………………………………………………….……......87
Chapitre B1_________________________________________Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale
Dans le cadre d’une analyse Raman de microstructures comme les PPLN, il est important de
bien connaître et d’optimiser les conditions de résolution spatiale de l’appareillage [1]. J’ai donc
fait un travail important de mesure, de simulations numériques (sous MATLAB) et de
modélisation concernant les deux approches ; géométrique et théorie de Debye abordant la
distribution de champs de polarisation à/et autour de la région focale d’un objectif avec une
ouverture numérique importante. Le but visé est d’arriver à estimer, au mieux, la résolution
spatiale (en air libre et en volume d’indice de réfraction ≠ 1) afin de mieux rendre compte de nos
observations expérimentales en matière de cartographie en surface et en volume des
microstructures PPLN.
1
Un spectromètre est un appareil de mesure permettant de décomposer une lumière diffusée par exemple. En optique
il s'agit d'obtenir les longueurs d'ondes spécifiques constituant le faisceau lumineux (spectre électromagnétique).
De façon générale l'étude des spectres est appelée la spectrométrie.
Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale_______________________________________________________Chapitre B1
confocalement à un spectrographe2 de longueur focale 300 mm. Il est équipé d’un détecteur CCD
et en standard d’une source laser He-Ne interne, montée à l’arrière de l’instrument, émettant un
rayonnement de longueur d’onde 632.815 nm d’une puissance maximale 9 mW ; une entrée pour
un autre laser externe est aussi placée à l’arrière : nous disposons d’un autre laser de type Argon
(514.5 nm) pouvant fournir une puissance allant jusqu’à 50 mW et d’une diode laser (785 nm)
pour une puissance maximale de sortie de ~100 mW. Le laser est focalisé sur l’échantillon à
travers un microscope (Fig. B1.2), induisant une tache lumineuse d’un diamètre moyen de ~1 µm
(voir Tab. 2) pour un objectif de grandissement de ×100 (λ= 632.815 nm). Pour cette longueur
d’onde, la résolution spectrale est de ∼ 1 cm-1 (Tab. 1) en utilisant le réseau 1800 traits/mm.
L’autre réseau disponible est de résolution plus faible et est gravé à 950 traits/mm. L’appareil est
équipé d’un filtre Notch pour chaque longueur d’onde dont la rejection de la raie Rayleigh est
fonction de l’angle d’incidence de la lumière diffusée et la diffusion Raman totalement transmise
à travers ce filtre vers le trou (diaphragme) confocal ajustable entre 0 et 1000 µm et la fente
d’entrée du spectromètre ajustable également.
(10) (11)
(9) (12)
(1)
(13)
(8) (17)
(2)
(14)
2
Un spectrographe est un instrument qui transforme une onde entrante en un spectre de fréquences, ou généralement
une séquence d'un tel spectre.
Chapitre B1_________________________________________Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale
Le spectrographe donne un spectre sur le détecteur CCD dont la partie électronique est
refroidie par une platine Peltier. La gamme dynamique du CCD est de 15 ou 16 bits
(échantillonnage de l’information vers l’ordinateur), de dimensions 1024 × 256 pixels sachant
que la longueur d’un pixel est de 27 µm. Le Tab. 1 donne les résolutions spectrales des deux
réseaux disponibles sur l’appareillage, et ce pour les deux longueurs d’ondes à 515 et 633 nm [4]:
Tab. 1 – Résolutions spectrales associées aux réseaux de diffraction disponibles sur le montage
expérimental.
La coordonnée spectrale d’un spectre Raman est donnée en nm, ou en cm-1. La conversion
entre nm et cm-1 est obtenue comme suit [4]:
10 7 10 7
ν [cm ] =
−1
; Δν [cm ] = 2
−1
⋅ Δλ [nm] (1)
λ [nm] λ [nm]
où une forte dépendance non-linéaire 1/λ2 est observée. La dispersion en nombre d’onde varie
avec la longueur d’onde. Entre 400 et 700 nm, la dispersion diminue d’un facteur 4 [4]. La
résolution spectrale dépend de la dispersion mais aussi des largeurs des fentes d’entrée et de
sortie du spectrographe. Les dimensions des fentes, qui sont communément utilisées en Raman,
se situent entre 200 et 700 µm [4].
Un developpement relativement récent des techniques de microsonde Raman résulte de
l’application des principes de la microanalyse confocale, ce qui a largement contribué à
l’amélioration de la résolution spatiale. Un microscope classique, dans lequel tout le champ
observé est illuminé, souffre d’une faible résolution axiale qui ne permet pas la discrimination en
profondeur des images des différents plans d’un objet épais [8]. Le principe du microscope
confocal consiste à éclairer ponctuellement l’échantillon à partir d’une source laser et à effectuer
un filtrage spatial du signal provenant de l’échantillon par un diaphragme de très petit diamètre
placé dans le plan image du microscope (Fig. B1.3), là où se forme l’image agrandie de
l’échantillon (ouverture confocale). Le choix de l’ouverture confocale (qui définit la résolution
spatiale) passe par un compromis visant à éviter les pertes éventuelles en information locale tout
en gardant la résolution spatiale la plus importante possible [8,9].
Le principe de la microscopie Raman confocale est illustré en Fig. B1.3 (reproduite à partir
de la Réf. [10]). Dans le centre de la figure, la lumière diffusée Raman est collectée par le
microscope partant du plan où le faisceau laser est focalisé. Cette lumière diffusée Raman sera
Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale_______________________________________________________Chapitre B1
refocalisée à travers le trou confocal dans le plan conjugué à l’échantillon et sera détecté
efficacement par le photo-détecteur (qui inclut le spectrographe Raman). A droite (ou à gauche)
de la figure, la lumière Raman est générée à partir du matériau au dessus (ou en dessous) du plan
de focalisation (avec une distance égale à ±Δz), même si on sait que le faisceau laser n’est pas
focalisé en ce plan. Néanmoins, sa détectivité est diminuée parce que le signal ne va pas être
transmis dans sa totalité par le trou confocal conjugué. Notons que si l’échantillon est opaque, le
faisceau laser ne va pas pénétrer en dessous du plan de focalisation, et le signal lumineux est issu
de la surface échantillon, ce signal ne sera généré que dans le matériau au dessus de l’échantillon
(se reporter à la Fig. B1.3). Le haut de la figure montre le comportement du signal détecté comme
fonction de la distance à partir du plan de focalisation.
Signal I(z)
–Δz +Δz
Distance axiale
0
Photo-détecteur
Diaphragmes
conjugués
Objectif de
–Δz microscope
z=0
Plan de +Δz
focalisation
Fig. B1.3 – Microscope confocal à laser : influence de la position de l’échantillon sur le signal du
photo-détecteur [10].
Chapitre B1_________________________________________Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale
L
lumière provenant des régions de l’échantillon situées
au-dessus ou en dessous de la zone focale permet une
information locale plus précise, donc un accroissement Fig. B1.4 – Géométrie classique
d’un faisceau laser gaussien [11].
considérable d’un contraste qui devrait ainsi être mieux
localisé. La rejection de la fluorescence de la matrice est
également très efficace puisque seule la région voisine du point d’analyse contribue au signal et
non les zones situées de part et d’autre du plan focal et donc de ‘‘netteté de l’objectif ’’. La
profondeur sondée dépend, en particulier, de l’ouverture numérique (NA) (Fig. B1.5) de l’objectif
utilisé. NA est donnée par :
NA = n⋅sin(α) (2)
Les ouvertures numériques des objectifs disponibles sur le LabRAM sont : NA = 0.9 (pour
l’objectif ×100), NA = 0.5 et 0.75 (pour un grandisement ×50), NA = 0.25 (pour l’objectif ×10).
Lentille
La microscopie confocale représente l’une des objectif
Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale_______________________________________________________Chapitre B1
Tous les microscopes optiques sont limités par des facteurs physiques fondamentaux dans
leur résolution. Dans un système optique parfait, la résolution est limitée par l’ouverture
numérique des composantes optiques, la longueur d’onde de la lumière incidente et détectée,
ainsi que l’indice de réfraction du milieu à travers lequel la lumière se propage. Le concept de la
résolution est inséparable du contraste, et est défini comme la séparation minimale entre deux
points observés de l’intensité focalisée. En réalité, le contraste est déterminé par le nombre de
photons collectés à partir du spécimen étudié, l’intervalle dynamique du signal, les aberrations
optiques du système de visualisation, et le nombre d’éléments (pixels) constituant une image par
unité de surface. Les aberrations des lentilles qui affectent la performance d’un objectif
(résolution), n’étant pas abordées dans ce chapitre, peuvent être divisées en deux catégories,
incluant celles dites achromatiques (invariables avec la longueur d’onde) et chromatiques (qui
dépendent de la longueur d’onde). Mais, dans le but de quantifier la résolution, le concept de
Chapitre B1_________________________________________Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale
contraste est employé, et les problèmes d’aberration ne seront pas discutés. Il est défini pour deux
objets identiques comme la différence entre leurs intensités maximale et minimale par rapport à
l’espace compris entre eux [14]. La largeur à mi-hauteur du profil d’intensité va dépendre de
l’ouverture numérique de l’objectif et des dimensions de l’ouverture confocale [15].
Dans l’analyse de Wilson cité par [Réf. 16], une étude sur les résolutions latérale et axiale
d’un microscope confocal montrent une amélioration par rapport à un microscope conventionnel.
En lumière réfléchie, chaque point de l’image a une intensité [16]:
où υ = (2π / λ )r sin α est une distance normalisée perpendiculaire à l’axe optique, J1 est la
fonction de Bessel de type 1 et d’ordre 1, et u = (8π / λ )z sin 2 (α / 2 ) est une distance normalisée
partant du plan de focalisation pour l’objectif du microscope. Les variables r et z sont les
coordonnées cylindriques. Pour le cas d’un microscope confocal, l’image est affinée par un
facteur de 1.4. Dans un microscope confocal, la résolution est 40 % meilleure que dans le cas
d’un microscope conventionnel [16-19].
Il est intéressant de noter que pour les applications nécessitant une analyse en profondeur, la
plus petite marge de mise au point3 ou bien la résolution verticale (axiale) est obtenue pour
l’objectif de plus forte ouverture numérique. Un faisceau laser focalisé (se reporter à la Fig. B1.4)
par un objectif va avoir un diamètre de faisceau décrit par quelque chose entre une gaussienne
focalisée (lorsque le diamètre de la lentille >> diamètre du faisceau) et un petit disque (où le
faisceau d’intensité uniforme remplit une lentille : cas retenu pour notre étude – voir Tab. 2). Les
expressions de ces quantités, en air libre, sont respectivement [1,14]:
4λ
Ta = 2 w0 = , et (3.a)
πNA
Tb = 2 w0 = 1.22 ×
λ
(3.b)
NA
3
C’est à dire la distance z pour laquelle le rayon laser est bien focalisé.
Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale_______________________________________________________Chapitre B1
où w0 est le waist du faisceau laser au premier mode, λ est la longueur d’onde. Malgré le fait que
ces deux expressions décrivent des conditions différentes, les valeurs produites par les deux
équations sont assez similaires. La résolution axiale est couramment exprimée, pour la
configuration confocale, par [14]:
λn
L = 2Δz = 1.4 × 2
(4)
NA
où n est l’indice de réfraction du milieu d’immersion. Si l’on veut obtenir une haute résolution
spatiale (ce qui signifie de petites dimensions du faisceau excitateur), une optique à grande
ouverture numérique est requise. Finalement, lorsque ce petit spot issu de la lumière Raman est
collecté, il est imagé sur la fente d’entrée. La taille de l’image peut être inférieure à 100 µm. Ceci
signifie que toute la lumière collectée passe vers le détecteur si la fente d’entrée du
monochromateur est ≥ 100 µm. Le résultat final de l’utilisation des optiques à grandes ouvertures
numériques pour obtenir des micro-spots dépend de grandes efficacités de collection et de la
densité de la lumière diffusée dans le spectrographe. Le Tab. 2 illustre quelques valeurs de la
résolution latérale obtenue par l’Eqn. 3.b :
Tab. 2 – Résolutions latérales usuelles (diamètres T du spot laser) en espace libre pour différents
objectifs et différentes longueurs d’ondes.
Il existe peu de paramètres libres en microscopie confocale. Cependant, l’une des variables
les plus évidentes est la taille du trou confocal (TC) servant de barrière pour une partie du signal
recueilli [8]. Le TC joue le rôle de discriminateur envers les diffusions provenant des régions hors
du volume de diffusion. Plus grand est le TC, plus important sera le nombre de photons qui le
franchira. Néanmoins, Wilson et Carlini [9] ont montré que pour une opération réelle de
confocalité, un rayon de TC correspondant à υp = 0.5 en unités de coordonnées optiques serait un
choix raisonnable4. Pour illustration, ils avancèrent l’exemple suivant : pour un objectif de
grandissement ×40, une lentille d’ouverture numérique NA = 0.6, ce critère suggère que le
diamètre 6.7 µm du TC est recommandé lorsqu’un laser He-Ne (à 0.6328 µm) est utilisé. Par le
même principe, et avec un grandissement ×100 d’ouverture numérique NA = 0.9 et à la même
4
υ = kr⋅sin(α) est la coordonnée optique radiale, où sin(α) est l’ouverture numérique et k = 2π/λ, avec λ représente
la longueur d’onde.
Chapitre B1_________________________________________Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale
longueur d’onde 0.6328 µm, on trouve un diamètre optimal de 11.2 µm dans ce cas. En outre, une
configuration confocale réelle requiert un alignement optique très précis et un grand degré de
stabilité et de reproductibilité de l’alignement optique et physique, ce qui est très difficile à
atteindre en pratique.
Everall [20,21] mit en place une approche théorique considérant l’effet de la réfraction
(optique de Fresnel), passant un dioptre plan air/échantillon, sur la distribution de la lumière
incidente en volume d’un échantillon transparent d’indice ≠ 1. Ce modèle suppose que les effets
de diffraction sont petits par rapport à l’influence de la réfraction en volume. Par conséquent,
seules les aberrations induites par effet de la réfraction sont considérées et modélisées par
l’analyse de traces (trajectoires) de rayons rectilignes. Il est évident que ce modèle ne rend pas
compte de la limite de diffraction5. Néanmoins, il permet de se faire une idée approximative de ce
qui se produit qualitativement en décomposant le problème d’une manière simplifiée. Dans la
Fig. B1.6, les paramètres pertinents de ce modèle sont représentés.
θmax n2 n1
rmax
m = 0 : rayon paraxial
m = 1 : rayon marginal
θ0 θ
P0 P
zn
z
Lentille
Fig. B1.6 – Diagramme schématique montrant la géométrie et les paramètres utilisés pour modéliser
les effets d’un rayon réfracté par une interface plane entre la lentille et la position du point
focal nominal [20,21].
5
La longueur d’onde du faisceau incident est proche des dimensions du spot laser en zone de focalisation.
Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale_______________________________________________________Chapitre B1
rmax. Lorsqu’on focalise à travers un dioptre plan air/échantillon (dont l’indice de l’échantillon est
n1 > 1), le faisceau émergeant (sortant) de la lentille du microscope avec un rayon r (mesuré à
partir de son centre) est projeté vers un point de focalisation P, situé à une distance z = zr (pour un
rayon incident arbitraire, voir Fig. B1.6) en dessous du dioptre plan. La mesure z = zn représente
la distance qui sépare le point P0 du dioptre plan en l’absence de réfraction. Le but de cette
analyse est d’exprimer littéralement la position réelle zr et donc la distribution (localisation) de
l’intensité à l’intérieur de l’échantillon, en fonction de n = n1/n2, NA et zn. Cette approche permet
une estimation approximative de la région réellement illuminée.
Considérant un rayon arbitraire (d’indice k) émergeant avec un rayon rk [20],
12 12
'
zr = z = zn k 2
(
r 2 ⋅ NA 2 ⋅ n 2 − 1 2
)z z
2 NA 2 ⋅ n 2 − 1
+ n2
( )
+ n = n m ⋅ (5)
k
(
rmax ⋅ 1 − NA
2
)
r
1 − NA 2
( )
où le paramètre m est défini comme le rayon normalisé (m = r/rmax) [20]. Lorsque m = 1, on a un
rayon marginal avec l’angle d’incidence le plus important possible, alors que m = 0 définit un
rayon normal au dioptre. La Fig. B1.7.a et B1.7.b illustrent la variation de zr avec m pour quatre
valeurs de zn : 2, 5, 8 et 12 µm, partant d’un objectif avec NA = 0.9. L’Eqn. 5 définit la
profondeur de focalisation comme suit :
NA 2 ⋅ n 2 − 1
( ) 12
2
DR = z m=1 − z m=0 = z n ⋅ + n − n (6)
(
1 − NA
2
)
n1
n2
n2
Δ = z2
n1
Δ = z1
DR1
Résolution en
profondeur (DR2)
Fig. B1.7.a – Illustration de l’effet de la réfraction et de la position du dioptre plan sur la résolution
axiale [21].
Chapitre B1_________________________________________Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale
50
45 Cas du LiNbO3
n = 2,22
40
NA = 0,9 Objectif x100 DR2
35
30
z (µm)
zn=10 µm
25
8 µm
20
6 µm
15
4 µm
10
2 µm
5 DR1
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
m
Fig. B1.7.b – Distance du point de focalisation zr en dessous du dioptre plan air/LN en fonction du
paramètre m, pour quelques valeurs de zn [20].
DR
Cas du LN
zn = 2
Intensité laser (u.a.)
zn = 5
zn = 10
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
z (µm)
Fig. B1.8 – Intensité laser en fonction de la position réelle du plan de focalisation zr dans
l’échantillon et de la position nominale zn. L’intensité intégrée est normalisée à une aire
constante [20].
Un faisceau laser supposé de forme gaussienne [22] est focalisé plus loin qu’on peut le
croire lorsque l’indice de réfraction n1 du matériau considéré est supérieur à 1 ; par conséquent, le
volume de focalisation est aussi affecté. La Fig. B1.9 donne un aperçu de cette évolution, où L’ et
T’ définissent la hauteur (longueur de Rayleigh) et le diamètre du cylindre ainsi focalisé. Dans
l’air, le waist du faisceau est donné par [23]:
Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale_______________________________________________________Chapitre B1
z2
w( z ) = w0 1 + , (7)
z02 n2 r
par :
πw02 n2 πw02 LiNbO3
z0 = = , (8) n1∼2.22
λ λ
dont l’origine est prise à z = zn. L’angle
d’incidence au niveau du dioptre air/LN, par
exemple, est donné par :
Fig. B1.9 – Forme gaussienne d’un
dw w0 z faisceau laser en volume du LN
tgθ i = = . (9)
dz z 2
z 02 1 + 2
z0
Mais, dans le milieu d’indice n1 (LN), on a :
z12 πw012 n1
w1 ( z ) = w01 1 + 2 , et z01 = , (10)
z01 λ
où w01 est le waist du faisceau (considéré dans LN) au point zr supposé comme origine des
variables z uniquement dans le cas des formules exprimant le waist ou la distance Rayleigh. Au
point z01 = L’/2, la puissance diminue de moitié [23] (tel que dans le faisceau focalisé en espace
libre). L’angle de transmission dans le volume du LN est :
dw1 w01 z1
tgθ t = = . (11)
dz1 2 z2
z 01 1 + 21
z01
D’après la loi de Snell-Descartes pour les interfaces entre deux milieux d’indices différents, on a :
′
n2 sin θ i = n1 sin θ t ,
(12)
sachant qu' en général : (tgθ )′ = 1 cos 2 θ .
1 0 2 01 2
z0 w01
Chapitre B1_________________________________________Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale
L’évolution de z1 en fonction de z est une droite inclinée ne passant pas l’origine (z1, z)=(0, 0).
Combinant les Eqn. 14 et 15, on arrive à [23,24]:
z04 w2 w2 z 2 w2 z 2
2 + w02 + z02 − 02 z02 + 0 2 + z 2 − 02 2
z n1 z0 n1 z0
2
w01 = (14)
2
z0 4
z 2
1 π z 2
2 2 + 1 + 02 − 2 + 2 w02 1 + 2
w0 z w0 n1 λ0 z0
La largeur du faisceau dans le milieu de plus grand indice de réfraction n1, T’ = 2w01, est
donné d’après l’Eqn. 14. Nous illustrons en Fig. B1.10 une méthode graphique permettant
d’accéder à un optimum entre la résolution axiale DR et le produit6 T’×L’ (section du volume de
focalisation considéré dans l’échantillon d’indice7 n1), pour une dispersion avec l’ouverture
numérique NA. La représentation graphique de cet optimum est donnée pour deux valeurs de la
longueur d’onde λ = 633 et 514 nm (disponibles au laboratoire). Ce résultat semble se confirmer
avec d’autres valeurs de zn, et donc à différentes profondeurs de focalisation.
30 30 30 30
T'*L' T'*L'
25 d.o.f. 25 25 DR 25
20 20 20 20
zn = 4 µm
znΔ==44 µm
µm
15 15 15 λ = 633 nm 15
T'*L'
T'*L'
DR
λλ==514
514 nm
DR
nm
10 10 10 NA ~ 0,9 10
NA
Na ∼ 0.9
~0,9
5 5 5 5
0 0 0 0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
NA NA
Fig. B1.10 – Résolution graphique du point optimal (choix de l’objectif en fonction NA). Il s’agit de
l’intersection entre les courbes de DR et du produit L’×T’, dans le matériau d’indice n1, qui
maximise la résolution spatiale en profondeur. Ceci est calculé pour deux valeurs de
longueurs d’ondes λ, à une profondeur constante z = 4 µm.
6
L’ = 2×z01, et z01 étant exprimé par l’Eqn. 10.
7
Pour le cas du LN, on a gardé une valeur moyenne de l’indice ≅ 2.2 afin d’aboutir au graphes de la Fig. B1.10.
Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale_______________________________________________________Chapitre B1
fonction de NA tel qu’il est montré en Fig. B1.10. Cependant, on peut voir que cette profondeur
relative de focalisation DR croît très rapidement quand NA dépasse 0.9, ceci nous impose des
valeurs de NA plus faibles. Néanmoins, lorsque des objectifs possédant des NA plus faibles sont
utilisés, l’effet de la diffraction devient dominant, entraînant une résolution axiale plus faible
(l’Eqn. 4 L ∝ 1 / NA2). Le résultat principal donné par l’analyse de la Fig. B1.10 est qu’il
n’est pas possible d’améliorer, d’une manière monotone, la résolution en profondeur en utilisant
des valeurs de NA plus faibles, car, en certains points l’effet de la diffraction va dominer et la
profondeur de focalisation s’accroîtra de nouveau. On notera aussi que la réponse Raman est
augmentée par l’augmentation de NA, grâce à une concentration plus importante de la puissance
laser excitatrice. Ces points dépendent de la valeur de zn, dès lors que l’effet de la réfraction
devient dominant pour les zn grands (se reporter à la Fig. B1.7.b). En prenant en compte toutes
ces considérations, le choix de NA = 0.9 serait le plus judicieux et, de ce fait, représente
l’optimum en accord avec le résultat reporté en Fig. B1.10. Par ailleurs, Baldwin et Batchelder
[25] ont apporté des améliorations au modèle d’Everall, mais dans le but de rester dans la
cohérence prévue pour ce chapitre, nous limitons la discussion à cette approche géométrique de
faisceaux lumineux.
On venait de voir que pour obtenir la meilleure résolution possible dans divers systèmes
optiques, il est nécessaire d’utiliser des objectifs avec de hautes ouvertures numériques. Ainsi,
dans le cas du stockage optique de données, où l’on doit focaliser le rayon laser avec un spot
extrêmement étroit pour la lecture et l’écriture de données, plusieurs études ont été faites pour
caractériser le comportement de ces lentilles, et incluant l’utilisation de caméras CCD ainsi la
diffusion à partir de petites particules [26]. La précision des cartographies de champs en micro-
spectroscopie Raman est d’une grande importance [27]. La résolution associée dépend de la
longueur d’onde et de l’ouverture numérique utilisées [28]. La présence du dioptre air/échantillon
[29,30], affecte malheureusement les propriétés des faisceaux incident et diffusé.
Notre étude a pour objectif de réaliser des mesures Raman en surface et en volume d’une
microstructure PPLN avec une résolution optimale < 1 µm. L’analyse d’échantillons transparents,
avec la spectroscopie Raman, requiert, en première étape, l’estimation du cylindre de focalisation
responsable de la réponse diffusée Raman. La théorie de notre étude est inspirée des travaux de
Wolf et al. [31] et de divers groupes de recherche qui ont étudié beaucoup de problématiques
liées à une grande NA [28,32] en utilisant la théorie vectorielle de Debye. Des figures de mérite
Chapitre B1_________________________________________Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale
pourront être réalisées via quelques étapes de calcul. Après une brève introduction à cette théorie
nous tenterons, à travers quelques résultats de calculs et de simulation sous MATLAB, de
démontrer les limitations d’une analyse confocale en profondeur (volume transparent).
Pour obtenir une image la plus complète possible de notre structure, visualisée par un
microscope, il est important d’étudier la distribution de la lumière focalisée au niveau de
l’échantillon, non seulement dans le plan focal géométrique mais aussi dans le voisinage de ce
plan (dans l’air et le volume aussi). La théorie de Debye permet de rendre compte des
distributions de cette lumière focalisée les plus proches de la réalité [33]. On supposera au
préalable la présence d’un dioptre plan [34] entre l’air et LN qui sont deux milieux d’indices de
réfractions différents, et dont le deuxième présente une biréfringence (deux valeurs de l’indice de
réfraction – se reporter au Chap. A1).
θ ϕ r
o
y
z
n2
n1
f
Fig. B1.11 – Focalisation d’un champ électrique incident polarisé selon x, et franchissant un dioptre
d’indices n2(air) et n1(LN) [34].
La lentille de l’objectif est l’élément critique dans tout microscope [14]. Cette même lentille
détermine le grandissement, le champ de vue et la résolution. Sa qualité détermine la transmission
de la lumière, le contraste et les aberrations de l’image [14]. Ces paramètres et la qualité des
optiques sont critiques en microscopie confocale, ainsi, un bon choix de la qualité de l’objectif est
toujours nécessaire. Lorsque l’ouverture numérique devient grande, un rayon incident donne lieu
en région focale, après la réfraction par la lentille, à un champ diffracté incluant des lobes dans le
Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale_______________________________________________________Chapitre B1
(a) (b)
(c) (d)
Fig. B1.12 – Simulations sous MATLAB des distribution des intensités de lumière focalisée : (a)
composante |Ex|2, (b) composante |Ey|2, (c) composante |Ez|2, et (d) |E|2 la composante totale.
Position de l’interface à zn = 0 µm et la section effectuée dans le plan z = 0.5 µm dans le
volume de LN.
Dans notre cas d’étude, on considère un front d’onde d’une onde plane monochromatique
polarisée selon x qui est affectée par une grande ouverture numérique d’une lentille sphérique,
avec le choix de NA = 0.9 (correspondant à un angle d’incidence maximal sur le dioptre ∼64°)
pour un objectif de grandissement ×100, et considérant un laser He-Ne à ~ 633 nm. Dans un
Chapitre B1_________________________________________Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale
repère cartésien (pour simplification), on trouve que pour une ouverture numérique NA ≥ 0.9, la
composante longitudinale du champ devient relativement d’autant plus importante que le faisceau
circulaire remplit davantage la lentille, ce qui se traduit en une dissociation vers deux pics
d’intensités égales pour la composante Ez, résultat de dépolarisation après passage de la lentille
objectif (Fig. B1.12) [33]. Le champ électrique dans la région focale de l’objectif peut être
exprimé comme suit [33]:
πi
E (r ,ϕ , z ) =
λ
{ [I 0 + cos(2ϕ )I 2 ]i + sin(2ϕ )I 2 j + 2i cos(ϕ )I1k } (15)
où i , j , et k sont les vecteurs unitaires dans les directions définissant les coordonnées
cartésiennes x, y et z, respectivement, i est le nombre complexe dont le carré vaut –1, et r, ϕ et z
sont les coordonnées cylindriques. Il est clair que E est dépolarisé et possède trois composantes
Ex, Ey et Ez. Ici, la définition des trois variables I0, I1 et I2 est donnée par [33]:
β
I0 = cos θ sin θ (1 + cosθ )J 0 (kr sin θ ) × exp(− ikz cos θ )dθ (16.a)
α
β
I1 = cos θ sin 2 θ J 1 (kr sin θ ) × exp(− ikz cos θ )dθ (16.b)
α
β
I3 = cos θ sin θ (1 − cosθ )J 2 (kr sin θ ) × exp(− ikz cos θ )dθ (16.c)
α
z = 0 µm
z = 1 µm
z = 2 µm
Fig. B1.13 – Distribution des intensités laser, après focalisation d’un champ électrique incident
polarisé linéairement selon x, en espace libre, pour trois positions z.
Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale_______________________________________________________Chapitre B1
Après analyse de la Fig. B1.12 nous pouvons nous attendre à une contribution et
l’apparition de nouvelles polarisations, donc d’autres configurations géométriques non attendues
par la théorie des groupes sont possibles en diffusion Raman, en particulier, les configurations
géométriques (se reporter au Chap. A2, § II.3) suivantes sont possibles : X(zz)X, Y(xx)Y, Z(zz)Z,
et Z(yy)Z. On rappellera que Ganic et al. [39] ont calculé le rapport d’intensité de |Ez|2 / |Ex|2 qui
croît rapidement avec NA, et la composante longitudinale |Ez|2 atteint approximativement la
moitié de la force de |Ex|2 même pour NA = 0.9, supposant un faisceau incident en forme d’un
beignet creux.
Török et al. [40] ont résolu le problème de la diffraction pour le cas d’un dioptre plan entre
deux matériaux d’indices de réfraction différents (voir Fig. B1.11). Cependant, si on considère le
cas d’un dioptre plan air/LN, la Fig. B1.14 illustre le résultats d’une simulation sous MATLAB
de la distribution des intensités focalisées pour différentes valeurs de zn (position du dioptre), et
les composantes cartésiennes du champ E peuvent s’exprimer comme suit [40]:
E x = −iK [I 0′ + I 2 cos (2θ p )]
k12 fl0 πn12 fl0
E y = −iKI 2′ sin(2θ p ) , tel que : K = = (17)
2k2 λn2
E z = −2 KI1′ cos θ p
Chapitre B1_________________________________________Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale
l’expression des intégrales I’0, I’1 et I’2 qui diffèrent de celle introduites précédemment (Eqns. 17)
sont détaillées en Réf. [40].
zn = 0 µm zn = –2 µm
+z
Air Interface
LN
Air Interface
LN
zn = –4 µm zn = –6 µm
LN LN
zn = –8 µm zn = –10 µm
LN LN
Fig. B1.14 – Simulations sous MATLAB de la distribution de l’intensité totale |E|2 du champ de
polarisation pour différentes positions du dioptre plan air/LN zn = 0, -2, -4, -6, -8, et -10 µm
pour illustration.
Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale_______________________________________________________Chapitre B1
zn = 0 µm zn = -10 µm
Fig. B1.15 – Simulation sous MATLAB du profile de distribution de l’intensité totale du champs de
polarisation |E|2, pour deux positions de l’interface zn = 0 et -10 µm, pour illustration.
Partant des résultats issus de la littérature, nous avons montré qu’il est très important de
bien contrôler la microsonde Raman confocale. La théorie de Debye est la plus adaptée pour
imager les profils d’intensité d’un faisceau focalisé à travers une lentille à grande ouverture
numérique, et elle est plus proche de la réalité physique des ondes lumineuses. Par ailleurs, la
méthode géométrique est principalement utile pour son aide à la compréhension et permet de
rendre compte des caractéristiques essentielles d’une lumière focalisée à travers un dioptre. A
présent, nous pouvons aller plus loin pour exploiter cette synthèse relative au bon choix de
Chapitre B1_________________________________________Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale
l’objectif. L’objectif ×100, avec NA = 0.9, semble être un bon optimum entre la résolution
spatiale et la limitation des effets de réfraction.
Notre étude a fait l’objet d’un exposé lors de la conférence GFSV 2007 à Lyon. Un certain
nombre de spécialistes du domaine ont pu commenté ce travail pour confirmer l’utilité et la
demande incontournable de bien connaître les états de polarisation et la résolution qui
l’accompagne. Cette étude préliminaire doit être améliorée en vue de vérifier expérimentalement
ces conclusions, et optimiser le signal Raman issu de la zone observée.
Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale_______________________________________________________Chapitre B1
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Chapitre B1_________________________________________Aspects instrumentaux en spectroscopie confocale
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RESULTATS SUR
MONOCRISTAUX DE LN
I – Introduction……………………………………………………………………………………….……….……………………91
II – Spectres Raman de LN…..…………………………………………………………………………...……….…………91
II.1 – Généralités théoriques et dynamique cristalline
II.2 – Attribution des phonons de vibration dans LN
II.2.1 – Analyse des modes A1(TO)
II.2.2 – Analyse des modes E(TO)
III – Raman comme spectroscopie de site des ions Hafnium dans LN…………………..……………98
IV – Conclusion Partielle…………………………………………….………………………………………………..……101
Références bibliographiques………………………………………………………………………………………..….…102
Résultats sur monocristaux de LN_____________________________________________________________________Chapitre B2
Pour pouvoir analyser les modifications éventuelles pouvant apparaître dans des
microstructures de type PPLN, il est important de connaître et de savoir analyser la structure
globale d’un spectre Raman enregistré à partir d’un cristal LN de référence (LN pur congruent).
Nous pourrons ainsi par comparaison mettre en valeur ce qui est spécifiquement dû à la structure
en domaines. De la même manière, nous étudions l’effet propre d’un dopage par des ions Hf sur
les spectres Raman. Ceci nous permettra dans le futur d’étudier des microstructures PPLN dopés
par des ions Hf.
Les modes A1 et E sont des phonons polaires et donc actifs en Raman et IR en même temps,
tandis que les modes A2 sont des phonons non polaires inactifs en Raman et en infrarouge (IR).
Le tenseur Raman pour chaque mode dans le groupe ponctuel C3v s’écrit comme suit :
a 0 0 0 c d c 0 0
A1 (Z ) = 0 a 0 ; E ( X ) = c 0 0 ; E (Y ) = 0 − c d (1)
0 0 b d 0 0 0 d 0
où X, Y, et Z dans les parenthèses indiquent la direction de polarisation des phonons par rapport
aux axes cristallographiques hexagonaux (Fig. B2.1). On rappelle que l’axe optique unique z (ou
Z) et l’un des deux autres axes cristallographiques sont parallèles aux axes respectifs du système
cartésien, lorsque le troisième axe cristallographique est à un angle de 30° par rapport à l’axe
correspondant dans le plan xy [4].
Pour les phonons polaires dans les cristaux ioniques qui sont donc actifs en IR, le champ
électrique à longue portée lève la dégénérescence et on distingue les fréquences des phonons
longitudinaux (LO) et des phonons transverses (TO). Par conséquent, on peut distinguer 26
Chapitre B2_____________________________________________________________________Résultats sur monocristaux de LN
phonons de symétrie E ou A1, avec des caractères TO ou LO. Les diverses configurations
géométriques (rétro-diffusion ou diffusion à 90°) permettent de distinguer ces raies (Tab. 2).
+y
Plan miroir
a3 z (001)
Axe de révolution Li+
+z = +c
m Nb5+
m
m
O2-
+x = a2
a2
+y +y
60° Plan miroir Plan miroir (m)
y2
60°
+x = a1
a1, x1
Fig. B2.1 – Orientation des plans miroir pour une cellule élémentaire hexagonale, et définition des
axes cristallographiques associés dans LN.
Résultats sur monocristaux de LN_____________________________________________________________________Chapitre B2
Tab. 2 – Modes de phonons Raman attendus dans LN, pour les géométries en rétro-diffusion et en
diffusion à 90°. Le terme « oblique » signifie que le phonon a une fréquence intermédiaire
entre celles correspondant aux phonons purement TO et LO. Le mot « quasimode » est
utilisé dans le cas où le phonon n’a pas purement la symétrie A1 ou E.
On reporte en Fig. B2.1 les différents spectres possibles du LN, correspondant aux
différentes configurations géométriques citées dans le Tab. 1. Les spectres obtenus sont
normalisés, partant des géométries permettant l’accès au même nombre de phonons, pour chaque
figure.
A1(TO4)
X(yy)X, (a)
6000
LN Cong.,
5000 λ = 633 nm
Obj. x 50
A1(TO1)
Intensité (u.a.)
E(TO4)
A1(TO3)
4000
3000
A1(TO2)
Bande b
E(TO1)
E(TO3)
Bande b
E(TO5)
E(TO8)
E(TO7)
Bande a
E(TO6)
2000
1000
0
100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
-1
Nombre d'onde (cm )
Chapitre B2_____________________________________________________________________Résultats sur monocristaux de LN
(b)
7000 X(yz)X, X(zy)X,
E(TO1)
E(TO3)
Y(xz)Y, Y(zx)Y,
Z(xy)Z, ou Z(yx)Z
6000
LN Cong.,
λ = 633 nm
5000
Intensité (u.a.)
Obj. x 50
4000
E(TO8)
E(TO5)
3000
E(TO4)
E(TO2)
E(TO9)
E(TO6)
Bande a
E(TO7)
2000
Bande b
1000
0
100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
-1
Nombre d'onde (cm )
8000 (c)
Y(xx)Y,
E(LO5)
A (TO )
Intensité (u.a.)
E(TO1) interdite
5000
1
E(LO8)
E(LO1) + E(LO2)
E(TO6) interdite
4000
A1(TO2)
E(LO6)
Bande b
Bande b
E(LO4)
E(LO7)
3000
E(LO3)
Bande a
E(LO9)
2000
1000
0
100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
-1
Nombre d'onde (cm )
Résultats sur monocristaux de LN_____________________________________________________________________Chapitre B2
48000 (d)
A1(TO1)
X(zz)X,ou
Y(zz)Y
A1(TO4)
42000
A1(TO2)
LN Cong.,
36000 λ = 633 nm
Obj. x 50
Intensité (u.a.)
30000
24000
Bande b
Bande a
A1(TO3)
18000
12000
6000
0
100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
-1
Nombre d'onde (cm )
Z(yy)Z A1(LO4)
2000 relative au défauts
E(TO5)
Bande interdite
LN Cong.,
1750 λ = 633 nm
E(TO4)
Obj. x 50
A1(LO2)
Intensité (u.a.)
1500
E(TO1)
A1(LO1)
1250
E(TO8)
E(TO6)
E(TO3)
Bande a
1000
Bande b
E(TO2)
Bande b
E(TO9)
750
500
250
0
100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
-1
Nombre d'onde (cm )
Chapitre B2_____________________________________________________________________Résultats sur monocristaux de LN
On peut observer à travers ces différents spectres que les deux modes E(TO2) et E(TO9)
sont peu détectables et n’apparaissent qu’à partir des ajustements ou pour certaines
configurations. Ceci est en partie dû à la congruence du composé LN utilisé dans ces mesures
[1].Par ailleurs, la composition congruente altère la régularité du réseau cristallin et favorise
l’apparition de phonons du second ordre (bandes a à 110, bande b vers 660, 680 et 740),
provenant de densités d’états de phonons induits par le désordre de la structure cristalline [24,25].
Les pics Raman situés aux fréquences 740 et 900 cm-1 ont été interprétés par De Bernabé et al.
[25] pour attribuer leur apparition à des irrégularités dans la structure cristalline. Lorsque l’ion
Nb en site Li (Nb antisite, NbLi) existe, ses premiers voisins d’oxygène augmentent leurs charges
de liaison par rapport à la situation parfaite d’un cristal, en raisons d’interactions électrostatiques
plus importantes. Par comparaison des spectres reportés en Fig. B2.1, qui sont enregistrés dans
les mêmes conditions, on peut déduire que les différentes polarisabilités sont liées entre elles par :
b > a > c > d.
273.0 275.8 253.4 254.7 152.8 153.6 186.5 182 a : 100 a : 125
331.0 334.8 276.7 277 177.3 –1 194.9 195 b : 700 b : 660,
428.0 429.4 333.6 333.9 238.3 238.2 240.4 239.8 680, 740
874.0 872.6 633.3 633.6 264.2 264.5 299.0 298.4 Autre : Autre :
321.9 322.8 345.0 343 –– 832, 896
369.5 368.5 424.2 426
432.4 432.4 456.0 –
580.0 578 625.0 630
609.8 – 878.0 880
Tab. 3 – Fréquences en cm-1 des raies Raman du premier et du second ordre, retrouvées à travers les
ajustements de nos spectres sur un cristal LN de composition congruente. La longueur
d’onde utilisée est 633 nm. Ridah et al. [1] ont utilisé la longueur d’onde à 514 nm.
1
Bande retrouvée dans les ajustements, aux positions spécifiées en littérature mais mal définie ou même négligeable.
Résultats sur monocristaux de LN_____________________________________________________________________Chapitre B2
Nb(z) ↔ O(z ) O(xy)
A1(TO4)
z
y
x x
1)
A1(TO
Li+
y
Nb5+
O2-
Li(z) ↔ O(z) O(xy)
A1(TO3)
z
y
x
x
A1(TO2)
y
Les fréquences des modes A1(TO) ont été calculées par Caciuc et al. [22], et si on les
compare aux résultats de Ridah et al. [1] on remarque une différence qui peut être expliquée par
le fait que ces calculs ont été faits pour le cas d’un cristal parfait. La théorie a permis de préciser
les vecteurs propres des modes en question, et la figure suivante résume les mouvements des ions
attribués à ces modes.
Les fréquences expérimentales des modes E(TO) sont présentées dans le Tab. 3. Le
mouvement des ions Li et Nb dans les modes E(TO) s’effectue dans le plan xy [22]. Les modes
E(TO1), E(TO5) et E(TO9) sont les seuls modes pour lesquels les ions Li sont immobiles, et
E(TO8) est la signature spécifique des vibrations des octaèdres d’oxygènes. E(TO1) correspond à
un déplacement des ions Nb dans le plan xy associé à une déformation des octaèdres d’oxygènes,
Chapitre B2_____________________________________________________________________Résultats sur monocristaux de LN
signature la plus évidente de la vibration des ions de Nb. A l’exception du mode E(TO1), les huit
autres modes impliquent les vibrations de tous les ions constitutifs de LN. Les calculs effectués
montrent toutefois que le mode E(TO6) implique surtout le mouvement des ions Li dans le plan
xy, alors que le mode E(TO8) implique d’avantage les ions d’oxygène que les cations.
Le dopage de LN par des terres rares ou d’autres ions a depuis quelques années un intérêt
particulier. La connaissance de la position des impuretés dans le réseau, aussi bien que sa
symétrie et son environnement local, sont importants pour par exemple la compréhension de
processus microscopiques induits par le dopage. Il est connu que certaines propriétés de LN
dépendent de la matrice et de la concentration des défauts non stoechiométriques. Le dopage avec
Mg2+ est largement utilisé pour réduire le dommage optique induit par la lumière laser. Mouras et
al. [26,27] ont utilisé des mesures de la diffusion Raman pour étudier le LN dopé avec des ions
tels que Nd3+, Dy3+, Er3+, Gd3+, Y3+, Ta5+, et Mg, …etc., par contre aucune étude des sites pour le
dopage par Hf4+ n’a été abordée, notamment, à l’aide de la spectroscopie Raman. Li et al. [28]
ont montré que le dopage avec des ions trivalents conduit à une absorption dans l’UV plus faible
que celui par des ions bivalents tel que Mg2+. Un cristal de meilleure qualité (moins de défauts de
structure) a sa limite d’absorption qui approche 303 nm, alors que le cristal congruent a une
limite d’absorption décalée vers 320 nm [28].
1,8 A1(TO2)
1,6
Intensité (u.a.)
1,4
A1(TO3) 8 mol. %
1,2
5 mol. %
1,0
4 mol. %
0,8
3 mol. %
0,6
2 mol. %
0,4
Congruent
0,2
Stoechiométrie
0,0
Fig. B2.3 – Spectres Raman des monocristaux LN congruents non dopés et dopés Hf dans la gamme
des modes fondamentaux A1(TO) de fréquences 254 et 277 cm-1.
Résultats sur monocristaux de LN_____________________________________________________________________Chapitre B2
Dans le cadre de notre étude, il s’agit de distinguer clairement ce qui est attribué au dopant
Hf de ce qui est relié à la structure en domaine FE alternés. Les résultats de l’étude optique de LN
congruent purs et dopés, avec des taux de dopage en oxyde d’Hafnium différents, sont présentés.
Les dépendances de la forme des spectres enregistrés pour l’obtention des modes E et A1 sont
alors analysées.
1,5 Bande a
Intensité (u.a.)
8 mol. %
1,2
5 mol. %
0,9 4 mol. %
3 mol. %
0,6
2 mol. %
0,3 Congruent
Stoechiométrie
0,0
Fig. B2.4 – Spectres Raman des monocristaux LN congruents non dopés et dopés Hf dans la gamme
des modes fondamentaux E(TO) de fréquences 152, 177 et 238 cm-1. La configuration
géométrique retenue est la X(zy)X.
14 28
26
13
24
12
22
Γ de A1(TO1) (cm )
Γ de A1(TO2) (cm )
-1
11 20
10 18
A1(TO1)
16
A1(TO2)
9
-1
14
8
12
7 10
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Concentration en Hf (% mol.)
Fig. B2.5 – Dépendance des largeurs à mi-hauteur des modes A1(TO1) et A1(TO2) en fonction de la
concentration du dopant Hf.
Les Figs. B2.3 et B2.4 montrent les spectres Raman de cristaux LN purs et dopés Hf par
rapport aux configurations géométriques respectives : X(zz)X et X(zy)X. Nous nous sommes
Chapitre B2_____________________________________________________________________Résultats sur monocristaux de LN
concentré sur l’étude des modes à basses fréquences donnant les modes fondamentaux A1(TO) de
fréquences 254 et 277 cm-1 (vibrations fondamentales de Nb-O et Li-O le long de l’axe c) et celle
des modes E(TO) de fréquences 152, 177 et 238 cm-1 semblent montrer des évolutions presque
négligeables. L’ajustement de nos spectres par une fonction d’oscillateur amorti montre (Fig.
B2.5) que les largeurs à mi-hauteur des modes A1(TO1) et A1(TO2) de fréquences 254 et 274 cm-
1
, respectivement, ne changent pas linéairement.
275,0 253,0
252,5
274,5
A1(TO1)
252,0
A1(TO2)
274,0
251,5
ω de A1(TO2) (cm )
ω de A1(TO1) (cm )
-1
273,5
251,0
273,0 250,5
250,0
272,5
249,5
-1
272,0
249,0
271,5
248,5
271,0 248,0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Concentration en Hf (% mol.)
Fig. B2.6 – Dépendance des fréquences des modes A1(TO1) et A1(TO2) avec la concentration en Hf.
Résultats sur monocristaux de LN_____________________________________________________________________Chapitre B2
Pour des concentrations entre 2 et 4 % la largeur du mode A1(TO1) augmente, tandis que sa
fréquence est quasi constante traduisant une augmentation du désordre sur ce site Nb et une
diminution sur le site Li (mode A1(TO2) lié à la vibration Li-O) . Les ions Hf continuent à
remplacer les antisites Nb sur le site Li mais la compensation de charges se fait essentiellement à
présent par une augmentation des vacances sur le site Nb.
Pour les concentrations supérieures à 4 % de Hf, les antisites de Nb ont été consommés et
les ions Hf occupent maintenant à la fois les sites Li et Nb entraînant une augmentation des
largeurs des deux modes liés à ces deux sites. Ceci entraîne cette fois-ci des compensations de
charges par la création de lacunes aussi biens sur le sites Li que Nb.
Comme matrice de divers dopants, la structure de défauts des cristaux LN est influencée par
l’incorporation des ions résistants au dommage optique (cas du Hf) [31]. En particulier, la
connaissance de la répartition des ions Hf sur les différents sites et le mécanisme de substitution
permet de comprendre le mécanisme et le taux de dopage optimal des ions résistants au dommage
optique (RDO, exemple de Hf).
Les ions RDO introduits remplacent préferentiellement les anti-sites NbLi dans LN. En
conséquence, la concentration de compensateurs de charges demandée (VNb) est baissée. De cette
manière, l’effet du dommage optique est fortement réduit dû à l’élimination effective des porteur
de charges (issu de NbLi). De plus, la taille importante de l’ion Hf introduit une distorsion
structurale dans la maille (perturbation de charge), mais moins importante que celle des ions
NbLi. Ainsi, la structure du LN est moins perturbée par la présence de ce dopant (Hf) que celle du
cristal non dopé [31]. Cette conclusion est confirmée expérimentalement par notre étude Raman
sur des cristaux LN faiblement dopés, où les raies Raman sont plus fines que celle d’un
monocristal nominalement pur congruent. Enfin, cela indiquerait une structure plus ordonnée
dans les cristaux dopés en Hf.
Chapitre B2_____________________________________________________________________Résultats sur monocristaux de LN
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ANALYSE DE PPLN PAR
MICRO-SONDE RAMAN
Analyse de PPLN par micro-sonde Raman______________________________________________________________Chapitre B3
Nous avons vu la possibilité de produire les PPLN par diverses techniques (Chap. A3) [1-
4]. Celle qui consiste à utiliser un champ électrique spatialement inhomogène, avec des
électrodes préparées par photolithographie, est la technique de fabrication la plus populaire et
celle employée pour nos échantillons [5,6].
En outre, les méthodes optiques non-destructives permettent le contrôle et l’optimisation du
processus de polarisation [7]. Récemment, la spectroscopie Raman a été utilisée pour étudier le
renversement de polarisation dans le niobate de lithium [8-11]. Le déplacement en fréquence de
plusieurs dixièmes de nombres d’onde a ainsi été observé après renversement de polarisation par
champ électrique [8]. De plus, Scott et al. [9] ont observé la lente relaxation des processus après
repolarisation1. Tous les pics du spectre Raman analysés, même celui du mode A1(LO4)2,
montrent des petits décalages en fréquence par rapport à leurs positions avant application d’un
champ électrique [12]. Les positions centrales des pics Raman montrent, en configuration
géométrique Z(yy)Z, des décalages en fréquence évalués autour de 0.5 cm-1.
Dierolf et Sandmann [10,11] ont reporté, à basse température, un très petit changement
dans l’intensité pour deux pics Raman, près du mur de domaine. Ce changement d’intensité a été
attribué à une variation locale par photo ionisation et/ou par effet pyroélectrique. La technique
1
Petits déplacements des fréquences de modes Raman, généralement, réversible avec le temps.
2
Ce mode est bien connu pour son caractère de prédominance des effets coulombiens : forces d’interaction de longue
portée [12,13].
Chapitre B3______________________________________________________________Analyse de PPLN par micro-sonde Raman
Raman [10] a été abandonnée par ces auteurs au profit de la luminescence de l’Erbium (Er) qu’ils
considèrent plus efficace pour caractériser leurs échantillons [14,15]. Par ailleurs, Kong et al.
[16] ont observé une dépendance de la fréquence du mode E(TO8) à 580 cm-1 d’environ 1.5 cm-1
sur la distance de scan, et ce avec une période de la structure de domaine. Le décalage reporté
près des parois de domaines, pour le mode E(TO1) à 152 cm-1 et la raie interdite3 à 873 cm-1 [17],
était de 0.5 cm-1. Ces premiers résultats apparaissent contradictoires et incomplets, ainsi, une
étude plus approfondie et une analyse plus détaillée des structures PPLN par la méthode micro-
sonde Raman nous ont semblé nécessaires.
Pour l’analyse de la structure PPLN, nous avons choisis de scanner ces microstructures de
façon normale aux parois de domaines (se reporter à la Fig. B3.2.b). On accède, ainsi, à la
structure de domaines avec des distances caractéristiques de ceux-ci. Connaître les largeurs
d’interaction, ainsi que les réponses enregistrées, aux frontières de domaines est la partie la plus
importante de notre étude. Notre objectif est, bien évidemment, d’arriver à analyser au mieux la
réponse Raman près des parois de domaines antiparallèles, qu’on sait régir les phénomènes
physiques des ferroélectriques. Nous avons réalisé des expériences d’analyse en surface avec des
lignes de scans sur les faces polaires +z et –z, et ensuite nous avons fait des investigations en
volume (focalisation dans le volume de l’échantillon) dans le souhait d’acquérir une visualisation
en 3D de nos microstructures.
Les échantillons périodiquement polarisés de LN (PPLN) étudiés ont été préparés en
renversant la polarisation spontanée par champ électrique partant d’un échantillon monocristallin
de composition congruente (ou dopé MgO) de LN de la société « Crystal Technologies Inc. »,
CA [18]. Les électrodes utilisées ont un réseau d’épaisseur 1.5-2 µm et sont en résine
photosensible. Une période de 6.95 µm a été produit uniquement sur la surface z+ de la lame
échantillon. Les domaines du réseau étaient strictement orientés selon la direction y. Les
impulsions de haute tension ont été appliquées à la lame LN à travers un montage contenant un
électrolyte liquide (une solution d’eau saturée à base de LiCl) [18]. Le schéma d’ouverture dans
la résine photosensible définit le masque utilisé. Le contact est un liquide électrolytique qui
représente les électrodes de polarisation [6]. La structure de domaines produite est visualisée par
3
Elle n’était pas attendue dans la configuration utilisée par Kong et al. [16] (Z(xy)Z ne donne que des modes
E(TO)). Cette raie vers 874 cm-1 est, quelques fois, attribuée à la composition non-stoechiométrique [17].
Analyse de PPLN par micro-sonde Raman______________________________________________________________Chapitre B3
un microscope optique sous une lumière polarisée4 avant et après révélation à l’acide HF5 pur,
pendant 20 minutes, à température ambiante.
Les mesures Raman sont faites en utilisant le spectromètre LabRam Dilor 010 avec un
microscope d’objectif ×100 (se reporter aux Chaps. A2 et B1). La lumière excitatrice d’un laser
He-Ne à 633 nm avec une puissance maximale de 9 mW a été utilisée. La largeur (2×waist) du
faisceau laser au niveau de la surface de l’échantillon (plan de focalisation), pour cet objectif (NA
= 0.9) et cette longueur d’onde λ, était d’environ 860 nm (se reporter au Chap. B1). Les
échantillons ont été montés sur un support motorisé x-y du microscope possédant un pas de
déplacement de 100 nm. Les mesures effectuées à température ambiante sont faites en rétro-
diffusion. L’image optique de la structure de domaines est visualisée par une caméra CCD qui
permet de choisir la région du domaine à scanner. Les spectres Raman ont été enregistrés avec un
pas de ∼100 nm.
Chaque configuration géométrique [19-21] permet l’accès à un seul type ou une
combinaison de deux types de modes bien définis. L’analyse des comportements de chacun
d’entre eux relève d’une étude précise et d’un souhait d’aboutir à des résultats les plus riches
possible en information. Par exemple pour la configuration Z(xx)Z, 9 modes E(TO) et 4 modes
de phonons A1(LO) sont attendus par la théorie des groupes (se reporter au Chap. B2). Le spectre
Raman, enregistré en surface d’un domaine vierge (polarisation spontanée non renversée) avec un
échantillon PPLN de composition congruente, est donné en Fig. B3.1. Tous les modes attendus
E(TO) et A1(LO) ont été observés. Les positions des pics sont déduites par ajustement des
différents spectres à l’aide d’une fonction d’oscillateur amorti. Les pics A1(LO) sont situés à 273,
330, 427, et 870 cm-1, tandis que les phonons E(TO) sont localisés vers 152, 169, 234, 261, 318,
364, 430, 580, et 610 cm-1. Les fréquences de phonons obtenues dans cet échantillon PPLN sont
très proches des valeurs retrouvées dans un monocristal congruent (voir Chap. B2).
Des bandes supplémentaires sont couramment observées pour les cristaux de composition
congruente. Elles se présentent sous la forme d’épaulements ou de bandes larges [22], et
proviennent essentiellement des processus de diffusions à deux phonons. Dans l’exemple cité
précédemment, les bandes retrouvées vers 120 (notée a), 680 (notée b), 740, et 893 cm-1, peuvent
être utilisées pour mesurer le « taux » de désordre dans la structure [22,24,25]. Ces larges bandes
sont connues pour être plus intenses dans LN congruent que dans LN stoechiométrique
[22,24,25].
4
Le microscope polarisant est un microscope optique muni de deux filtres polarisants dont le principe de
fonctionnement repose sur l'utilisation d'un faisceau de lumière polarisée (par le polariseur).
5
Du fait de sa capacité à dissoudre les oxydes, l'acide fluorhydrique est un réactif important dans la révélation de
domaines ferroélectriques, où l’attaque de domaines vierges et renversés se fait avec des vitesses différentes.
Chapitre B3______________________________________________________________Analyse de PPLN par micro-sonde Raman
1000
-1
A1(LO4)
Bande à 900 cm
900
Intensité (u.a.)
permettant la détection de 9 modes E(TO) et 600
E(TO6)
4 modes A1(LO), en totale cohérence avec la 500 Bande b
théorie des groupes reportée antérieurement
400
dans du monocristal. Le spectre montre Bande à
aussi les bandes “a” et “b” attribuées à des 300 740 cm
-1
Bande a
densités d’états autour de 120 et 680 cm-1.
200
100
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
-1
Nombre d'onde (cm )
Le spectre dans la plage 500-800 cm-1, enregistré en quatre points différents du scan, est
reporté sur la Fig. B3.3. Ces spectres présentent de grandes différences : l’intensité diffusée varie
considérablement tandis qu’un décalage significatif en fréquence de la position centrale du
phonon E(TO8) est clairement observé.
6
L’intensité de diffusion Raman I( ω) est proportionnelle à la partie imaginaire de la constante diélectrique ε2(ω)/ ω.
Ainsi, supposant qu’un seul mode ωTO domine ε(0), l’intensité d’émission Raman est donnée par [27]:
2
KTε1 (0 )γωTO Ps2
J (ω ) =∝ (A)
(ωTO2 − ω 2 ) + γ 2ω 2
où Ps est la polarisation spontanée, ε1(ω) est la partie réelle de la constante diélectrique, et le facteur Bose-Einstein de
haute température a été utilisé (se reporter au § II.1 du Chap. A2) [28-30].
Analyse de PPLN par micro-sonde Raman______________________________________________________________Chapitre B3
3.2
2.4
2.0
E(TO8)
1.6
Domaine vièrge Renversé
E(TO1) z
1.2
0.8
x
E(TO6)
0.4
y
12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
Position relative x (µm)
Fig. B3.2 – Changements dans l’intensité intégrée J de trois raies Raman E(TO1) à 152.8 cm-1,
E(TO6) à 364 cm-1, et E(TO8) à 152.8 cm-1, en configuration Z(xx)Z, le long de la direction
de scan x. En insert, l’image de la structure des domaines comme révélée par le contraste de
lumière diffusée par les parois est montrée, et (b) montre un schéma global de la zone
d’analyse
Configuration Z(xx)Z
1000 E(TO8)
800
Fig. B3.3 – Spectre micro-Raman dans la région 500-
4 800 cm-1 enregistré durant le scannage (balayage) le
long de l’axe x pour différentes régions : (1) domaine
Intensité (u.a.)
2
200
1
0
500 550 600 650 700 750 800
-1
Nombre d'onde (cm )
Comme la raie E(TO8) que l’on vient de voir, les autres pics E(TO) montrent des variations
significatives en fréquence et en largeur à mi-hauteur. Au voisinage des parois de domaines, ces
Chapitre B3______________________________________________________________Analyse de PPLN par micro-sonde Raman
variations s’étendent (environ 500 nm) de part et d’autre de la paroi dont la largeur n’est que de
quelques cellules élémentaires [24].
45
40
E(TO1)
E(TO8)
Largeur Γ (cm )
35
-1
E(TO6)
Fig. B3.4 – Largeurs à mi-hauteur des modes 30
E(TO1), E(TO8), et E(TO6), obtenus en
configuration géométrique Z(xx)Z, déduites des 25
ajustements en considérant un seul pic pour
chacun d’entre eux. 20
R
15 V
10
11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
Position relative x (µm)
La Fig. B3.4 montre que le suivi de largeur de la raie E(TO6) à ∼369 cm-1, celle-ci en
fonction de la microstructure, est constante en opposition aux raies E(TO1) et E(TO8) qui varient
fortement. Il faut noter que le mode A1(LO4) enregistré dans la même configuration ne subit
aucun changement dans sa fréquence et largeur.
Ces variations observées pour les largeurs et fréquences sont très importantes et assez
inattendues. Ce constat ajouté à la dissymétrie des pics E(TO8) (Fig. B3.3), nous conduit à
émettre l’hypothèse d’un dédoublement des raies. Ce dédoublement est clairement détecté pour
les raies E(TO1) et E(TO8) près d’une paroi de domaines (Fig. B3.5). Par conséquent, nous
ajustons ces dernières raies avec deux pics. Pour le mode E(TO1) dont la fréquence est 152.8 cm-1
(voir Fig. B3.5), un épaulement apparaît vers 164 cm-1 autour d’une paroi de domaines . Il en est
de même pour la raie E(TO8) avec un épaulement à 590 cm-1. Les résultats d’ajustement à deux
pics sont montrés en Figs. B3.5.b et B3.5.c : raie E(TO1), en configuration Z(xx)Z, enregistré à x
= 12.85 µm au milieu de la paroi, et pour x allant de 11.85-13.01 µm autour d’une paroi. La Fig.
B3.6 montre en fonction de x l’évolution des intensités intégrées des raies E(TO1) et E(TO8)
initiales, ainsi que des raies additionnelles (E(TO1)Add et E(TO8)Add) déduites des ajustements.
L’intensité intégrée de chacun des pics E(TO1) et E(TO8), s’ajuste facilement avec l’allure d’une
fonction gaussienne7 autour d’une paroi de domaines : gaussienne renversée pour les modes
initiaux E(TO1) et E(TO8), et gaussienne normale pour les raies additionnelles. Pour mieux
observer toutes les évolutions relatives que subissent les spectres dans la configuration
géométrique Z(xx)Z à travers une paroi, nous considérons comme référence le spectre enregistré
7
Elle a une forme caractéristique de courbe en cloche.
Analyse de PPLN par micro-sonde Raman______________________________________________________________Chapitre B3
à x = 11.85 µm, c’est-à-dire loin des parois et nous le soustrayons à chacun des autres spectres
(Fig. B3.7).
1050
Z(xx)Z E(TO8)Add (a) 300 x = 12,85 µm (b)
Obj x100
900
λ=633 nm
250
750
x = 11.85 µm
Intensité (u.a.)
Intensité (u.a.)
(a) 200
600
150
x = 12.18 (b)
450
100
300 x = 12.35 (c)
50
150
x = 12.51 (d)
0 0
100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 100 150 200 250 300
640
900 (a) x = 1 3 .0 1 µ m (c )
x = 1 2 ,8 5
560
750
x = 12.68 µm 480
(e)
Intensité (u.a.)
600
Intensité (u.a.)
400
x = 12.85 µm (f)
450 320
240
300
x = 13.01 µm (g)
160
150
x = 13.18 µm 80
(h)
0 x = 1 1 .8 5 µ m
0
100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 100 150 200 250 300
-1 -1
Nombre d'onde (cm ) N o m b re d 'o n d e (c m )
Fig. B3.5 – Evolution du spectre Raman en configuration géométrique Z(xx)Z, en traversant une
paroi de domaines (∼1 µm) : (a) aperçu de l’ensemble des raies autour d’une paroi, (b)
exemple d’ajustement des données expérimentales en milieu de la paroi, et (c) évolution
spectrale montrant l’apparition d’une raie supplémentaire attribuée à l’effet de cette paroi.
Chapitre B3______________________________________________________________Analyse de PPLN par micro-sonde Raman
5100
(a)
4250 E(TO1)
3400
2550
Intensité intégrée (u.a.)
1700
Fig. B3.6 – Evolution des intensités
850 E(TO1)Add. des raies (a) E(TO1) et (b) E(TO8),
0
superposées à celle émergeantes
(indexées Add.) au passage dans une
(b)
8400 E(TO8) paroi de domaines.
7000
2800
E(TO8)Add.
1400
720
600
480
Intensité (u.a.)
Référence
360 (a)
0 (d) - (a)
(e) - (a)
paroi. 280
140
(g) - (a)
70
(h) - (a)
0
100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
-1
Nombre d'onde (cm )
Le Tableau 1 reporte les largeurs des raies observées dans la configuration Z(xx)Z :
Tab. 1 – Largeurs à mi-hauteur (en cm-1) des modes observés et leurs variations, en configuration
Z(xx)Z, en traversant une paroi de domaines.
Analyse de PPLN par micro-sonde Raman______________________________________________________________Chapitre B3
1,0 1,0
Signal de sortie - E(TO1))
0,8 Réponse impulsionnelle - laser
0,8 Signal déconvolué - effet de la paroi)
0,6
0,6 0,4
Paroi
0,2
0,4
0,0
0,2 -0,2
-0,4
0,0 1,0
-1,0 0,5 -0,6
-0,5
0,0
Ax 0,0 ) -0,8
ex -0,5 ( µm
(µm
) 0,5 ey
Ax -1,0
1,0 -1,0
-1 0 1 2 3 4 5 6
Position relative x (µm)
Fig. B3.8 – Déconvolution en vue d’améliorer la résolution d’analyse à travers une paroi de
domaine, pour l’affaiblissement d’un mode préexistant E(TO1), considérant une seule
dimension x.
Tab. 2 – Intervalles de variation des fréquences (en cm-1) des modes observés et décalages en
fréquence en traversant une paroi de domaines, en configuration Z(xx)Z. Les modes non
mentionnés ici sont ajustés avec une faible statistique.
Le Tab. 2 donne les positions et décalages en fréquences des raies les plus résolues, déduits
de nos ajustements incluant les pics additionnels, toujours dans la configuration géométrique
Z(xx)Z. La raie E(TO5) montre un grand décalage négatif de sa fréquence (environ 5 cm-1), mais
est influencée par sa raie voisine A1(LO2). Le mode E(TO6) montre aussi un décalage en
fréquence de ∼3 cm-1 mais correspond à une bande large non résolue. Le mode A1(LO3) est
déplacé positivement de ∼4 cm-1 au milieu de la paroi de domaines : c’est le décalage maximal
Chapitre B3______________________________________________________________Analyse de PPLN par micro-sonde Raman
enregistré vers la position relative x = 12.85 µm. De plus, on observe une différence de l’ordre de
10 cm-1 entre les positions en fréquence pour chacun des modes E(TO1) et E(TO8) et celles des
raies E(TO1)Add et E(TO)Add, respectivement.
Tab. 3 – Pressions isostatiques calculées à partir des séparations observées des fréquences des
modes E(TO) connaissant le coefficient de Grüneisen γi et BT relatifs à chaque mode.
Analyse de PPLN par micro-sonde Raman______________________________________________________________Chapitre B3
Nous essayons de relier ces variations de la fréquence aux déformations mécaniques qui
s’exercent aux parois de domaines. Ainsi, après quelques rappels de littérature pour les ordres de
grandeurs concernant les déformations subies par une paroi de domaines, nous tenterons de
traduire celles-ci en contraintes pour comparaison avec les résultats du Tab. 3. La loi de Hooke8
s’écrit pour des petites déformations selon [36-38]:
σ ij = cijkl skl (2)
k ,l
où σij sont les composantes du tenseur des contraintes, sij sont les composantes du tenseur des
déformations, avec : (1) les termes diagonaux sii sont les allongements relatifs9 dans la direction i
(selon l'axe xi), et (2) les autres termes sij (i j) sont les composantes exprimant les cisaillements
subis dans le plan xj, et appliquées le long de l’axe xi [37],
1 ∂u ∂u
sij = i + j (3)
2 ∂x j ∂xi
cijkl sont les éléments du tenseur des rigidités élastiques (module de Young) de rang quatre et est
symétrique par rapport aux deux premiers indices (σij = σji) [39,40] et aux deux derniers (car skl =
slk). Il possède 36 composantes repérables par deux indices α = ij et β = kl variant avec la
correspondance suivante (notation de Voïgt) :
(11) → 1 ; (22) → 2 ; (33) → 3 ; (23) = (32) → 4 ; (31) = (13) → 5 ; (12) = (21) → 6.
L’Eqn. 2 donne :
σ 1 c11 c12 c13 c14 0 0 s1
σ 2 c12 c11 c13 − c14 0 0 s2
σ c c13 c33 0 0 0 s3
σ ij = 3 = 13 (4)
σ 4 c14 − c14 0 c44 0 0 s4
σ 0 0 0 0 c44 c14 s5
5
σ 6 0 0 0 0 c14 c66 s6
8
Pour simplifier l'écriture, on adopte souvent une notation de 1 à 6, avec les axes de compression/traction notés de 1
à 3 et les axes de cisaillement notés de 4 à 6.
9
ε1 est l’élasticité à traction et ε2 est compressive, et vice versa
10
Dans cette symétrie, c66 = 1 (c11 − c12 )
2
Chapitre B3______________________________________________________________Analyse de PPLN par micro-sonde Raman
La déformation peut s’écrire en fonction du champ électrique local via les coefficients
piézoélectriques [39-42], si on néglige l’effet électrostrictif [43]:
sj = dmjEm (5)
On exprime les déformations :
s1 = dm1Em = –d22E2 + d31E3 (6.a)
s2 = dm2Em = d22E2 + d31E3 (6.b)
s3 = dm3Em = d33E3 (6.c)
s4 = dm4Em = d15E2 (6.d)
s5 = dm5Em = d15E1 (6.e)
s6 = dm6Em = –2d22E1 (6.f)
Le champ interne, en retour, induit par effet piézoélectrique des différences dans les signes
des déformations s1 et s2 [36] (confirmé par rayons X [44], Δs2 = – 4×10-5). Ceci signifie que le
paramètre du réseau dans les plans (1,0,0) est plus grand dans le domaine renversé que celui du
domaine vierge [44]. La déformation11 (loin d’une paroi de domaines : s2 = djiEj = 6×10-6 pour un
champ interne selon z de 2×Eint = 6 kV/mm) est bien inférieure à celle mesurée par rayons X (s2 =
4×10-5) au milieu d’une paroi de domaines [44]. La variation de l’indice de réfraction provient de
l’effet secondaire élasto-optique (valeur mesurée de ~10-5 beaucoup plus petite que celle induite
par effet électro-optique 10-3) [44]. La présence de tensions entre deux domaines a été aussi
confirmée par la mesure de la biréfringence nx – ny pour une propagation de la lumière le long de
l’axe optique d’un monocristal LN [45]:
1
nx − n y = − no3 [( p11 − p12 )( s1 − s2 ) + 2 p14 s4 ] (7)
2
où pij sont les éléments du tenseur élasto-optique. Cette biréfringence prouve l’existence d’un
champ non négligeable selon y. Les déformations mécaniques sij (exprimées, par fois, en %
→100×s) sont les allongements relatifs aux axes considérés. Par définition, il s’agit du rapport
d’un certain allongement, noté Δl, sur une longueur fixe, l0, de départ :
Δl l − l0
s= = (sans dimension) (8)
l0 l0
11
Relativement à un champ interne total de 2Eint = 6 kV/mm, et si = djiEj avec d31 = –0.1×10-11 CN-1
Analyse de PPLN par micro-sonde Raman______________________________________________________________Chapitre B3
Nous reportons dans le Tab. 6 les valeurs des déformations au voisinage d’une paroi entre
deux domaines.
Tab. 6 – Déformations élastiques, rapportée par plusieurs groupes, autour d’une paroi de domaines dans LN.
Les champs électriques aux parois de domaines ont été rapportés, récemment, dans un
article revue de Gopalan et al. [46]: (1) E2 = Ey > 20 kVmm-1, (2) E3 = Ez = 2×Eint > 16 kVmm-1,
et (3) E1 = Exloc = s5/d15 = 0.72 kVmm-1 (champ local12, vaut 31.7 kVmm-1 en champ externe)
pour s5 ~ 5×10-5, et ce en utilisant l’Eqn. 6. Enfin, on déduit, à partir de l’Eqn. 4, les contraintes
correspondantes aux déformations, en présence d’une paroi. Elles sont reportées au Tab. 7.
σ1 σ2 σ3 σ4 σ5 σ6
[×106 N/m2]13
7.68 –0.24 21.48 0.48 –2.73 1.8
ou ×10 bars
Tab. 7 – Contraintes calculées, utilisant l’Eqn. 4, sur la base des données rapportées par Gopalan et
al. [46] avec présence de paroi (Tab. 6). Les indices des contraintes sont contractés par la
notation de Voigt.
12
Le champ externe est à un coefficient près de l’approximation de Lorentz :
ε (0 ) + 2
γ0 = r , avec ε est la constante diélectrique effective, et : E externe = γ 0 E local (0 )
3
13
Pour rappel : 1 bar = 105 Pa et 1 MPa = 1 N/mm2 = 106 N/m2 10 bar = 106 N/m2
Chapitre B3______________________________________________________________Analyse de PPLN par micro-sonde Raman
attendues d’après nos calculs. D’après les tableaux 6 et 7, les contraintes déduites des résultats de
littérature peuvent atteindre au maximum 215 bar. Il y a donc deux ordres de grandeur de
différence. Un décalage en fréquence aussi important que 10 cm-1 ne peut donc s’expliquer ainsi.
L’éventualité d’une nouvelle phase en cette zone de paroi de domaines, qui serait provoquée par
des contraintes importantes, est bien évidemment écartée. On pourrait supposer aussi qu’à travers
les parois de domaines, des espèces de type Nb2O5 (ou autre) d’une autre phase seraient formées,
mais dans ce cas le spectre serrait complètement modifié. On est donc amené à émettre d’autres
hypothèses telle que la possibilité d’apparition de quasimodes (les phonons n’ont pas purement la
symétrie A1 ou E, et ont des fréquences intermédiaires) près d’une paroi de domaines.
36000
32000
28000
Configuration Z(xx)Z
Intensité intégrée (u.a.)
24000 E(TO8)
Fig. B3.9 – Changement dans les intensités
intégrées de la bande b et du pic E(TO8) suivant 20000 Bande b
un balayage perpendiculaire à la structure de
16000
domaines le long de la direction x. En insert,
l’image optique correspondante de la structure de 12000 V
domaine dans le PPLN étudié est révélée par R
l’attaque à l’acide fluorhydrique. 8000
4000
0
12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
Position relative x (µm)
Analyse de PPLN par micro-sonde Raman______________________________________________________________Chapitre B3
Les deux intensités montrent un comportement remarquable le long de l’axe x, avec une
période proche de celle attendue de la structure de domaines périodique (environ 7 µm), observé
sur les échantillons révélés par l’attaque à l’acide. On peut noter que l’évolution du mode E(TO8)
est déterminée avec une plus grande précision que celle de la bande b, car ce mode est plus
intense et mieux résolu. C’est, probablement, la raison pour laquelle les pics de la bande b
apparaissent légèrement plus larges que ceux du phonon E(TO8). L’intensité de la « bande b »
croît avec un facteur de trois ou quatre dans le voisinage des parois de domaines V/R et R/V. Un
tel comportement révèle un grand désordre dans le voisinage de la paroi de domaines observable
sur une région de largeur ~1 µm.
L’intensité intégrée (J(x)) du phonon E(TO8) montre une dépendance spatiale similaire à la
bande b lors du balayage de la structure de domaines en surface. L’intensité du phonon E(TO8)
est légèrement plus grande dans les domaines vierges que dans les domaines renversés. Elle
montre une grande variation à travers les domaines, et plus particulièrement, au voisinage des
frontières de domaines V/R et R/V. Quatre changements distincts de la variation de J(x) peuvent
donc ainsi être observés dans chaque période : deux parties planes avec des hauteurs différentes
et deux pics élevés avec des intensités différentes. La partie plane la plus intense (avec une
largeur d’environ 2.5 µm) correspond à l’état de domaine vierge non renversé (V). La partie la
plus faible en intensité (~1 µm de largeur) correspond au domaine renversé (R). Cette différence
peut être expliquée par une différence de polarisation spontanée moyenne entre les deux
domaines dû à des différences de position des ions Nb ou Li dans la maille du LN : cette
différence s’estompe si on chauffe le matériau à plus de 150 °C pendant quelques heures [53,54].
Nous expliquerons ci-après les variations de J(x) près des parois de domaines.
20000
18000
Intensité intégrée de A1(LO4) (u.a.)
16000
14000
12000
10000
8000
6000
4000
12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
Position relative x (µm)
Fig. B3.10 – Intensité Raman intégrée du mode A1(LO4) bien résolu à travers la structure de domaine.
Chapitre B3______________________________________________________________Analyse de PPLN par micro-sonde Raman
Nous reportons en Fig. B3.10 l’intensité intégrée de la raie Raman associée au mode
A1(LO4) qui est très intense et bien résolue. La variation J(x) des modes A1(LO), obtenue au
voisinage des parois de domaines, est différente comparée à celle des modes E(TO). Ainsi, les
augmentations de J(x) pour les modes E(TO) correspondent à des diminutions pour les modes
A1(LO). Nous remarquons aussi que l’intensité intégrée d’un mode A1(LO) enregistrée dans un
domaine V est plus importante que celle du domaine R. Il s’agit d’un comportement semblable à
celui observé de J(x) pour les modes E(TO) mais de manière plus prononcée pour la raie A1(LO4)
(Fig. B3.11). Il est connu que les phonons A1 correspondent à des mouvements ioniques le long
de l’axe z, et les phonons E sont associés aux mouvements se produisant dans le plan xy [22,55].
35000
30000
E(TO8)
Intensité intégrée (u.a.)
25000
A1(LO4)
20000
Domaine V.
15000 Domaine R.
10000
5000
12 14 16 18 20
Position relative (µm)
Fig. B3.11 – Corrélation entre les positions des maximas des intensités intégrées des modes E(TO8)
et A1(LO4).
180
+Z face
150
Intensité intégrée de E(TO8) (u.a.)
120
90
450
-Z face
360
270
180
7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Position relative (µm)
Fig. B3.12 – Dépendances dans l’intensité Raman intégrée du phonon E(TO8) enregistré sur les
faces polaires opposées (z+ et z–).
Analyse de PPLN par micro-sonde Raman______________________________________________________________Chapitre B3
500
(a)
450
(a)
300
250
V
R
200
E(TO7)
A1(LO2)
A1(LO3)
E(TO9)
A1(LO1)
2700
E(TO3)
E(TO1)
E(TO8)
A1(LO4)
E(TO6)
2400
2100
(a)
Intensité (u.a.)
1800
1500
1200
(b)
900
600
300
(c)
0
100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
-1
Nombre d'onde (cm )
Par ailleurs, nous avons effectué des mesures de la dépendance de J(x) pour E(TO1)
enregistrée sur la même zone de l’échantillon considérant les faces opposées z+ et z–. On observe
sur la Fig. B3.12 que la séquence des pics grands et petits au passage d’un domaine R vers V est
inversée si on passe d’un domaine V vers R. Nous avons aussi enregistré le spectre dans la
configuration géométrique Z(xy)Z, pour les mêmes conditions expérimentales (même ligne de
scan) que Z(xx)Z. On constate que la forme des évolutions est différente et que les pics
d’intensité sont inversés lors du passage d’une paroi de domaines à l’autre.
La théorie des groupes prédit seulement les 9 modes E(TO), pour Z(xy)Z, polarisés14 le
long de l’axe x. On reporte sur la Fig. B3.13.a le spectre détecté en différents points. On remarque
la présence de raies inattendues, en fait, correspondant aux phonons A1(LO). Plusieurs
hypothèses peuvent être avancées. Ainsi, une fuite des modes A1(LO) de la configuration (xx)
14
Pour rappel : les modes E(TO) polarisés le long de l’axe y ont été observés dans la configuration Z(xy)Z
Chapitre B3______________________________________________________________Analyse de PPLN par micro-sonde Raman
peut provenir d’un défaut de polarisation autour de la région focale, lié à l’importante ouverture
numérique (0.9 pour un objectif de grandissement ×100) utilisé dans cette analyse (se reporter au
Chap. B1) [56], mais ce fait que seule la raie A1(LO4) est intense et pas les raies A1(TO1) ou
A1(TO2), plus intenses dans le spectre initial, nous mène à rejeter cette hypothèse. On observe,
sur la Fig. B3.14, des comportements différents des réponses Raman au passage des parois pour
les deux raies et leurs allures diffèrent radicalement dans les deux configurations Z(xx)Z et
Z(xy)Z.
35000
28000
mode E(TO 8) Configuration Z(xx)Z
21000 mode A1(LO 4)
14000
Intensité intégrée (u.a.)
7000
12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
300
R V
250
R V
200
150
100
12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
Position relative x (µm)
Fig. B3.14 – Comparaison des réponses Raman relatives aux modes E(TO8) et A1(LO4) en
configurations géométriques Z(xx)Z et Z(xy)Z
Analyse de PPLN par micro-sonde Raman______________________________________________________________Chapitre B3
proche d’une face polaire z. Ces changements sont approximativement similaires à ceux observés
pour les modes E(TO) enregistrés en configuration Z(xy)Z.
3500
3000
2500
Intensité (u.a.)
Fig. B3.15 – Spectres Raman obtenus en
configuration géométrique Y(zz)Y à quatre 2000
(1)
positions différentes du scan : (1) domaine
1500
renversé R, (2) paroi de domaines R vers V, (2)
(3) domaine vierge V, et (4) paroi de domaines 1000
V vers R.
(3)
500
(4)
0
(a)
z
y
~ 50 µm
~ 500 µm
x
~ 4 × 3.5 = 14-15 µm
(b) (c)
Intensité intégrée
(u.a.)
550
500 10
450
20
z
400
30
x
350
300 40
0 10 20 30 40 50
250
Fig. B3.16 – Analyse des modes A1(TO) : (a) Schéma de la mesure, (b) intensité intégrée des modes
A1(TO), et (c) image au microscope de la face y révélée à l’acide HF : les lignes de
balayages y sont représentées,
Chapitre B3______________________________________________________________Analyse de PPLN par micro-sonde Raman
Nous allons tenter dans ce chapitre d’interpréter la différence des intensités intégrées entre
les domaines V et R par un écrantage du champ interne résiduel affectant la polarisabilité du LN,
qui persiste après renversement de polarisation [57,58]. Il a été montré que les intensités intégrées
pour deux domaines adjacents sont plus prononcées pour les modes A1(LO) par rapport aux
modes E(TO). Ceci est, probablement, dû au fait que les modes A1 sont polarisés (avec un
élément de polarisabilité plus important) selon l’axe optique z et, par conséquent, sont plus
sensibles au champ interne de dépolarisation s’exerçant principalement le long de la direction
polaire z [59-64]. Dans ce qui suit, on porte notre attention sur les changements dans le signal
Raman, dans la région proche des parois de domaines. Généralement, on s’attend, d’après la
littérature, à des déformations mécaniques locales ou à des champs locaux [46], s’exerçant à
travers ces frontières entre deux domaines [57].
Une grande tension au voisinage d’une paroi résulte des positions différentes des ions
(cations) Nb5+ et Li+ dans deux domaines antiparallèles voisins successifs [65]. Scrymgeour et
Gopalan [57] ont reporté aussi, à température ambiante, une dissymétrie inattendue dans la
réponse électromécanique locale en traversant une paroi de domaines dans LN congruent. Ils
avaient montré que cela était dû à la présence de défauts non stoechiométriques dans le cristal qui
interagissent avec la paroi de domaines. Dans ce qui va suivre, nous allons montrer en quoi ces
tensions et champs influencent le signal Raman, afin d’expliquer la dépendance de la réponse
Raman à travers les domaines.
15
C’est l’une des premières méthodes pour visualiser la structure des domaines ferroélectriques :elle basée sur la
polarisation spontanée dans le cristal et les charges non compensées à la surface
Analyse de PPLN par micro-sonde Raman______________________________________________________________Chapitre B3
dessous du micromètre. Les charges sont présentes en surface sur près de ∼5 µm, chose qu’on
retrouve bien évidemment avec la cartographie de la réponse Raman enregistrée (Fig. B3.16) des
modes A1(TO) en face y de notre PPLN. Néanmoins, l’étude en volume resterait exploitable en
dessous des 5 µm moyennant des déconvolutions et autres traitements des données enregistrées
[67-69].
Peng et al. [63,64] ont noté également que des singularités dans le champ appliqué sont
attribuées aux contraintes dans la nucléation de domaines. Rosenman et al. [62] ont montré que,
selon la même méthode de fabrication que celle de nos échantillons, le schéma des électrodes est
responsable de la présence d’un fort champ tangentiel au électrodes, causant une inversion de
polarisation derrière une couche isolée de ce schéma de polarisation. L’histoire du processus
d’élaboration d’un PPLN doit influencer, d’une manière considérable, la distribution des densités
de charges en surface : la densité de charge d’espace ρ est directement donnée par la relation
constitutive du milieu étudié ρ = div(εE) [70], où ε est la constante diélectrique et E un champ
électrique local. Shur [59-61] a confirmé la nature chargée des parois de domaines et, donc de
contraintes, qui vont induire la distorsion du réseau cristallin et affecteront l’effet de la diffusion
Raman.
Près des parois, les intensités des raies considérées augmentent subitement. Cela montre
qu’il y a au moins une contribution évolutive et/ou supplémentaire liée directement à l’intensité
diffusée Raman. Si on considère le schéma de la Fig. B3.18, on peut, via les charges de surface et
la dissymétrie de répartition des charges entre deux domaines inversés, qu’il doit exister un
champ de charges d’espace accompagnant ce phénomène [59-64], et donc qu’il existe un champ
local Exsc [71,72], près des parois de domaines. Ce champ montre l’importance des effets de
charges près d’une paroi de domaines, et en particulier, l’orientation de la composante (Exsc)16
entre deux parois de domaines successives, ou même sur deux faces polaires opposées (Fig.
B3.18.a). Les différentes composantes Eksc induisent des polarisations NL qui peuvent s’exprimer
en terme de la susceptibilité du second ordre χ(2) comme suit [71,72]:
Pi NL (ω ) = 2ε 0 χ ijk( 2 ) (ω ,ω ,0 )E j (ω )Ek (0 ) , (10)
16
L’indice « sc » signifie charges d’espace (pour space charge).
Chapitre B3______________________________________________________________Analyse de PPLN par micro-sonde Raman
où ε0 est la permittivité diélectrique du vide, n est l’indice effectif du matériau LN, rijk est le
coefficient EO, Eksc est la composante k du champ électrique basse fréquence, et Ej(ω) est le
champ laser.
x
Ps –Ps Ps
(V) (R) (V)
PNLtot
PNLx
PNLy
Fig. B3.18 – Vue d’ensemble sur les états de polarisation NL : (a) répartition des charges et champs
de charges d’espace, et (b) différentes contribution à la polarisation globale P.
Dans le cas particulier d’une polarisation incidente suivant « x » (Z(xx)Z, Z(xy)Z ou Y(xx)Y), on
considère la contribution de chacun des champs Exsc, Eysc, et Ezsc. Ici, on impose j = 1 :
PxNL (ω ) = −ε 0 n112 n112 (r112 E ysc + r113 E zsc )E x (ω ) PxNL (ω ) = ε 0 n12 n12 (− r13 E zsc + r22 E ysc )E x (ω )
NL
Py (ω ) = −ε 0 n11n22 (r211 E x )E x (ω ) PyNL (ω ) = ε 0 n12 n22 (r22 E xsc )E x (ω )
2 2 sc
(12)
NL NL
Pz (ω ) = −ε 0 n11n33 (r311 E x )E x (ω ) Pz (ω ) = −ε 0 n1 n3 (r42 E x )E x (ω )
2 2 sc 2 2 sc
Analyse de PPLN par micro-sonde Raman______________________________________________________________Chapitre B3
d’une pompe pour les modes E(TOi), ce qui pourrait être à l’origine de l’augmentation subite de
l’intensité de ces modes. Ainsi, le fait de superposer un champ de charges d’espace orienté
suivant « x », dans un sens ou dans l’autre, jouerait un rôle important pour expliquer la différence
des pics aux parois de différentes transitions (V→R ou R→V).
++++++++++++ - - - - - - - - - - - - ++++++++++++ - - - - - - - - - - - -
Ps –Ps Ps –Ps
- - - - - - - - - - - - ++++++++++++ - - - - - - - - - - - - ++++++++++++
ne – Δn ne + Δn
Proche de
la face z
Fig. B3.19 – Allure de la réponse Raman (intensité intégrée) des modes A1(TO) polarisés suivant z,
proche et loin d’une face polaire c. D’après les résultats montrés en Fig. B3.16.
Considérons, à présent, les modes A1(TO) analysés en face y, en supposant une polarisation
incidente Ej(ω) = Ez(ω), et de la même manière que précédemment en prenant en compte les trois
composantes k, on a les équivalences suivantes :
PxNL (ω ) = −ε 0 n12 n32 (r131 E xsc )E z (ω ) PxNL (ω ) = −ε 0 n12 n32 (r51 E xsc )E z (ω )
NL NL
Py (ω ) = −ε 0 n2 n3 (r232 E y )E z (ω ) Py (ω ) = −ε 0 n2 n3 (r42 E y )E z (ω )
2 2 sc 2 2 sc
(15)
NL NL
Pz (ω ) = −ε 0 n3 (r333 E z )E z (ω ) Pz (ω ) = −ε 0 n3 (r33 E z )E z (ω )
4 sc 4 sc
Chapitre B3______________________________________________________________Analyse de PPLN par micro-sonde Raman
configuration, où un très faible mode interdit E*(TO1) apparaît. L’Eqn. 12 peut être encore
considérée (Tab. 8).
Tab. 8 – Contributions des champs de charges d’espace près d’une paroi de domaines considérant
différentes possibilités.
900
Configuration géométrique Y(xx)Y
A1(TO4) + E(LO8)
750
E(LO6)
300 Bande b
E(LO9)
150
100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
-1
Nombre d'onde (cm )
De manière générale, l’intensité de diffusion Raman peut être exprimée pour le j-ème
phonon comme suit :
Analyse de PPLN par micro-sonde Raman______________________________________________________________Chapitre B3
2
∂α
I (ω ) ∝ Im[χ (ω j )] , (17)
∂Q
où χ est la susceptibilité associée avec le j-ème phonon:
ωγ j
Im[χ (ω j )] ∝ , (18)
(ω 2 − ω 2j )2 + ω 2γ 2j
où γ j est le facteur d’amortissement du j-ème mode de phonon, et ω j sa fréquence.
Le pic Raman correspondant à chaque mode de phonon est caractérisé par une position (liée
à la fréquence phonon ω j ), une largeur Γ (liée à l’amortissement γ j ), et l’intensité I dépendant
Chapitre B3______________________________________________________________Analyse de PPLN par micro-sonde Raman
(b)
Champ local Ezsc
(a)
Domaine R
sous électrodes Domaine V
Fig. B3.21 – Aperçu des champs locaux à proximité d’une paroi de domaines et proche de la surface
z : (a) calcul théorique de composante polaire Ezsc [61], et (b) champ tengentiel Exsc
calculé à différentes profondeurs en dessous de la couche isolante de commutation [62].
D’après les résultats expérimentaux et les simulations, il existe un champ local élevé, en
surface, au voisinage des parois, à la fois selon x et selon z. L’efficacité Raman (voir Eqn. 20)
dépends directement de l’amplitude du coefficient élasto-optique et le couplage entre la
déformation et/ou champ électrique et le déplacement ionique associé avec un phonon particulier.
Dans ce qui suit, on se place dans l’approximation locale et on essaie d’interpréter les
variations relatives de J(x). On utilise l’analogie p = αElocal avec P = εχEappliqué pour réécrire les
équations précédentes [73-75]. L’Eqn. 20 peut être récrite sous sa forme tensorielle comme suit :
dαij dα~ij ∂αij ∂α 1
n
= n
+ dslm + ij dE k n
, (21)
dQ dQ ∂slm ∂Ek dQ
ou en fonction des coefficients électro-optiques et élasto-optiques :
dα ij dα~ij 1
n
≡ n
+ ( pijlm dslm + rijk dE k )ni2 n 2j . (22)
dQ dQ dQ n
On rappellera que les tenseurs des coefficients électro-optiques (EO) et élasto-optiques sont
donnés par [39,76]:
0 r112 r113 0 − r22 r13
0 r222 r223 0 r22 r13
ε 11 0 0
0 0 r333 0 0 r33 2
rij ,k = ; nij = ε ij = 0 ε11 0 (23)
0 0
=
0 r232 r42 0
0 0 ε 33
r131 0 0 r42 0 0
r121 0 0 − r22 0 0
Analyse de PPLN par micro-sonde Raman______________________________________________________________Chapitre B3
Polarisabilité Coefficients mis en jeu considérant les slm Coefficients pijlm Coefficients
Eksc
activée αij sxx=s1 syy=s2 szz=s3 szx=s5 syx=s6 mis en jeu rijk
x – – – d15, 0 d16, 0 –
α11 = αxx y d21, p11 d22, p12 – – – p11, p12, p13 r112
z d31, p11 d32, p12 d33, p13 – – r113
x – – – d15, p65 d16, p66 r211 = r121
α21 = αyx y d21, 0 d22, 0 – – – p65, p66 –
z d31, 0 d32, 0 d33, 0 – – –
x – – – d15, p55 d16, p56 r311 = r131
α31 = αzx y d21, 0 d22, 0 – – – p55, p56 –
z d31, 0 d32, 0 d33, 0 – – –
x – – – d15, p65 d16, p66 r121
α12 = αxy y d21, 0 d22, 0 – – – p65, p66 –
z d31, 0 d32, 0 d33, 0 – – –
x – – – d15, 0 d16, 0 –
α22 = αyy y d21, p21 d22, p22 – – – p21, p22, p23 r222
z d31, p21 d32, p22 d33, p23 – – r223
x – – – d15, 0 d16, 0 –
α32 = αzy y d21, p41 d22, p42 – – – p41, p42 r322
z d31, p41 d32, p42 d33, 0 – – –
x – – – d15, 0 d16, 0 –
α33 = αzz y d21, p31 d22, p32 – – – p31, p32, p33 –
z d31, p31 d32, p32 d33, p33 – – r333
x – – – d15, 0 d16, 0 –
α23 = αyz y d21, p41 d22, p42 – – – p41, p42 r232
z d31, p41 d32, p42 d33, 0 – – –
x – – – d15, p55 d16, p56 r131
α13 = αxz y d21, 0 d22, 0 – – – p55, p56 –
z d31, 0 d32, 0 d33, 0 – – –
Chapitre B3______________________________________________________________Analyse de PPLN par micro-sonde Raman
L’efficacité Raman (voir Eqn. 22) dépend directement de cette polarisabilité et l’amplitude
des coefficients élasto- et électro-optique activés (voir Tab. 9) dont la plupart sont connus pour
être grands [42]. Ces contributions sont déduites par rapport aux composantes des déformations
existantes autour d’une paroi de domaines et prenant en compte les contributions x, y et z du
champ électrique local.
A présent, si on prend en compte la contribution des champs locaux aux différents éléments
de polarisabilité, αij, on constate que pour le cas de la configuration Z(xx)Z (αij = αxx), il
existerait un effet additif provenant des composantes αyx et αzx (se reporter au Tab. 8) dont les
polarisations NL d’entrée selon y et z, s’exprimant en fonction d’un seul champ local Exsc,
donnent lieu à l’apparition de modes EX(TO) polarisés suivant la direction x avec des fréquences
semblables aux modes attendus en cette configuration, polarisés selon y. Utilisant l’Eqn. 22, et les
résultats reportés au Tab. 9, on peut voir que les coefficients EO mis en jeu par la présence de la
composante Exsc sont r211 et r311, dont le dernier est prépondérant et est trois fois supérieur à la
valeur de r112 mis en jeu par la présence de Eysc. La composante Ezsc contribue aussi au tenseur de
polarisabilité à travers le coefficient EO le plus important des trois cités ensembles. Concernant
les contributions des coefficients de rigidités élastiques, pijlm, on constate que le coefficient le plus
faible est p11, et que p12, p33, et p14 sont du même ordre de grandeur, tandis que tous les autres
sont à au moins 30 % plus grands que ces derniers. Les déformations clairement induites par la
seule présence d’une paroi de domaines sont les composantes de s5 et s6 (Tab. 6) en dépit des
variations importantes sur s1, s2 et s3 [46], d’où l’on déduit la mise en jeu des éléments pij,5 et pij,6
et dont les premiers sont prépondérants devant ces derniers.
Analyse de PPLN par micro-sonde Raman______________________________________________________________Chapitre B3
Dans le cas de cette configuration, aucune raie interdite n’est détectée mais par des
processus NL, dus au champ tangentiel surfacique, de nouvelles contributions apparaissent pour
amplifier les modes E(TO).
35000
30000
E(TO8)
10000
5000
12 14 16 18 20
Position relative (µm)
180
+Z face
150
Intensité intégrée de E(TO8) (u.a.)
120
90
Fig. B3.12 – Dépendances dans l’intensité
450
Raman intégrée du phonon E(TO8)
-Z face enregistré sur les faces polaires opposées (z+
360 et z–).
270
180
7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Position relative (µm)
Chapitre B3______________________________________________________________Analyse de PPLN par micro-sonde Raman
dαij ∂αij
n
= n
, (27.a)
dQTO ∂QTO
définissant l’intensité Raman des modes TO, et celle des modes LO est donnée par [23,77]:
sc
dα ij ∂α ij ∂α ij ∂E LO
n
= n
+ sc n
, (27.b)
dQ LO ∂QLO ∂E LO ∂Q LO
A
Dans ce cas, la raie interdite A1(LO) est affectée par les effets NL à une paroi de domaines,
tandis que les raies E(TO) autorisées voient apparaître de nouvelles contributions.
∂α ∂α
α = α~0 + ds + dE .
∂s ∂E
35000
28000
mode E(TO 8) Configuration Z(xx)Z
21000 mode A1(LO 4)
14000
Intensité intégrée (u.a.)
7000
Fig. B3.14 – Comparaison des réponses
Raman relatives aux modes E(TO8) et 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
A1(LO4) en configurations géométrique 400 mode E(TO 8) Configuration Z(xy)Z
Z(xx)Z et Z(xy)Z *
mode interdit A 1 (LO 4)
350
300
R V
250
R V
200
150
100
12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
Position relative x (µm)
On a les changements suivants :
dα yy = n12 n22 r61 E xsc = dα ′ , (28.a)
Analyse de PPLN par micro-sonde Raman______________________________________________________________Chapitre B3
Ici, dα’ et dα’’ ont le même signe. Au voisinage de la paroi V/R, on a le maximum de
polarisabilité et donc d’intensité. Près de la paroi R/V, ces deux contributions, dα’ et dα’’,
deviennent négatives et s’opposent donc à l’effet de la contrainte mécanique, et à la polarisabilité
hors domaines α~ , Ceci explique les puits des intensités E(TO) autorisées au voisinage de R/V
0
sachant que |αzy| = d < |αyy| = |–c| (se reporter au Chap. B2).
Suivant la même interprétation des dα, l’intensité des modes A1(TO) suit le schéma que
dessine l’intensité du champ Exsc local présent uniquement en surface polaire z. Ce même champ
local laisse une trace de l’histoire de fabrication de notre échantillon lors de la polarisation par
champ électrique [59-64]. Les champs présents en surface, près d’une paroi, contribuent aux
déformations mécaniques (effet piézoélectrique inverse) du réseau, tandis que lorsqu’on se place
près d’une paroi de domaines voisine, l’effet est inversé, et cet effet affectera d’une manière
directe le paramètre du réseau. Les pics Raman polarisés selon l’axe z sont ainsi soit réduits ou
amplifiées en intensité selon qu’on a des vibration plus ou moins amorties dues à des contraintes
différentes suivant la direction polaire z pour deux paroi successives, où le coefficient
piézoélectrique d33 est très important aussi. Cependant, le coefficient élasto-optique le plus
important, p31, est mis en jeu dans cette configuration pour contribuer à la polarisabilité à travers
les déformations s1, s2 et s3 induites après renversement de domaines. En particulier, la
composante s2 dépendant de p31 est sans doute liée à la distribution de Exsc lors du processus de
fabrication, donc rentre comme facteur direct permettant de moduler l’expression du gradient de
la polarisabilité (se reporter à l’Eqn. 22).
L’hypothèse d’un coefficient EO modulé n’est pas négligeable aussi, car le coefficient r333,
dépendant du coefficient NL, renverserait son signe au passage près d’une paroi domaine, et
serait proportionnel à la distribution du champ local polaire Ezsc (voir Fig. B3.21.a) qui augmente
ou diminue l’intensité du champ de polarisation de départ.
Nous venons de démontrer, que pour le PPLN obtenu par commutation de champs
électriques, la technique de la microsonde Raman permet d’extraire les informations utiles et très
originales sur la structure en domaines. La méthode proposée permet de distinguer entre les
parois de domaines R/V et V/R. Cette caractéristique est attribuée à la présence en surface de
Chapitre B3______________________________________________________________Analyse de PPLN par micro-sonde Raman
fortes tensions et champ électriques transverses. De plus, la méthode différencie entre les états
vierges et renversés de domaines et permet le contrôle des processus d’écrantage en volume.
Ainsi, la microsonde Raman peut être utilisée pour extraire les informations uniques concernant
la distribution spatiale des champs de tension de champ électrique au voisinage de ces parois.
Cette technique (micro-spectroscopie Raman) peut être utilisée pour la caractérisation de la
structure de domaines ferroélectriques dans des cristaux congruents ou même dopés MgO
(proches de la stoechiométrie). En particulier, le choix de certains pics est pertinent quant à
l’estimation des comportements locaux de certains types de vibrations au sein du réseau cristallin
de LN. Il est aussi utile de s’y référer pour pouvoir séparer (visualiser) les différents domaines
obtenus après renversement de la polarisation spontanée.
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CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
La plus grande partie de mon travail a porté sur l’analyse et la caractérisation de domaines
ferroélectriques. Ces domaines peuvent être visualisés en micro-spectroscopie Raman, selon
qu’on est en présence d’un domaine vierge ou d’un domaine renversé. Les frontières (parois) de
domaines présentent aussi des réponses singulières pour trois domaines successifs, et la méthode
choisie permet de distinguer entre les parois de domaines R/V et V/R. La technique Raman
permet ainsi d’extraire des informations utiles et très originales sur la structure en domaines de
PPLN obtenus par commutation de champs électriques. En particulier, le choix de certains pics
est pertinent quant à l’étude des comportements locaux de vibrations cristallines bien connues de
LN.
Des cartographies de la face y ou de la face z permettent de distinguer aisément un domaine
vierge d’un domaine renversé qui présentent des intensités différentes. Ceci est attribué à l’effet
du champ interne de dépolarisation qui tend à s’opposer à la nouvelle polarisation dans un
domaine renversé. En d’autres termes, les vibrations du réseau accompagnant le processus de
diffusion Raman sont assujetties à des frustrations non négligeables après renversement de la
polarisation spontanée. Cette caractéristique nous permet de distinguer, aussi bien entre un
domaine vierge et un domaine renversé mais aussi de pouvoir observer les parois de domaines,
entre deux faces polaires opposées –z et +z.
Les caractéristiques des réponses Raman observées des parois de domaines R/V et V/R sont
attribuées aux présences en surface de fortes contraintes, de charges d’espace, et de champs
électriques transverses. La paroi de domaines montre un désordre structural plus prononcé
comparé au centre du domaine, observé par exemple par l’évolution singulière d’une bande de
densités d’états connue pour être caractéristique du désordre dans le réseau cristallin. Notre choix
des configurations géométriques Raman utilisées permet l’étude de composantes de champs
électriques locaux, de déformations, ou de composantes bien particulières des tenseurs physiques
Conclusions et Perspectives___________________________________________________________________________________
qui caractérisent LN, permettant ainsi une analyse complète de nos échantillons. A partir de ces
mesures, nous proposons une interprétation de ces réponses Raman enregistrées, notamment près
des parois de domaines.
La microsonde Raman peut être ainsi utilisée pour extraire des informations uniques
concernant la distribution spatiale des champs de contraintes et de champs électriques au
voisinage des parois de domaines. Ces résultats permettent de mieux comprendre la création de
ces structures de domaines et ainsi de les optimiser. Ils confortent et complètent de façon
originale les différentes études sur la physique de créations des microstructures de PPLN.
J’ai également initié dans ma thèse une étude sur des cristaux LN dopés Hf. Nous avons,
dans ce travail, étudié, par spectroscopie Raman, le processus d’incorporation d’ions hafnium
dans la structure de LN. La répartition des anti-sites NbLi et le mécanisme de substitution
permettent de comprendre le processus de dopage dans LN de cet ion Hf, connu pour sa
résistance au dommage optique. Ceci correspond à une première étape nécessaire à l’étude des
structures de PPLN dopés hafnium.
___________________________________________________________________________________Conclusions et Perspectives
Notch (après filtrage de la lumière diffusée Raman) laissera passer vers le spectromètre une partie
de ce signal tout en tenant compte de la distribution en intensité lumineuse diffusée par la zone
analysée. Cette proposition présente l’avantage d’avoir des dimensions de faisceaux diffusés
Raman bien loin des limites de diffraction. Cette caractéristique nous permettra de tronquer, dans
la mesure du possible et selon le masque à utiliser, et calculer une partie de cette lumière afin
d’exploiter au mieux les informations issues de l’échantillon PPLN, en particulier sur une paroi
de domaines. Des premières tentatives ont été faites (objet d’une conférence orale IEEE – Japan
2007), mais elles suggèrent une meilleure maîtrise de nos simulations et nos alignements relatifs
du masque à concevoir.
Mon travail sur la spectroscopie de site pour le dopage hafnium a permis de distinguer
l’effet propre du dopant. A partir de ce travail préliminaire, on peut commencer à étudier des
structures PPLN : Hf de différentes compositions, avec différents traitements thermiques et
chimiques, et différents modes de fabrications. Ceci devrait nous permettre une meilleure
compréhension de la physique des parois de domaines ferroélectriques selon les dopants et
paramètres de croissance.
PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES
(under preparation)
[8] “Mapping domain walls of PPLN dark field polarized Raman spectroscopy”
S. Margueron, R. Hammoum, P. Bourson, M.D. Fontana, and V.Ya. Shur(1)
LMOPS, UMR CNRS 7132,Univ. de Metz et Supélec, 2, rue E. Belin– 57070 Metz (France)
(1)
Ferroelectric Laboratory – Ural State Univ. – 51, Lenin Ave. – 620083 Ekaterinburg (Russia)
ISAF 2007, Proceeding of the 2007 16th IEEE International Symposium on Applications of
Ferroelectrics, Nara city, Japan, p. 350
Première année :
• Séminaire de l’école doctorale EMMA – “Géophysique du globe” – Metz, France (14 avril
2005) – Présentation : poster
• Workshop International – “Lithium niobate: From material to device, from device to
material” – Metz, France (23-25 mai 2005) – Présentation : poster
Deuxième année :
• Journées nationales des cristaux pour l’optique – “Cristaux massifs et dispositifs pour
l’optique” – Lyon, France (12-14 décembre 2005) – Présentation : poster
• Séminaire de l’école doctorale EMMA – “Les nouveaux défis de la mécanique et des
matériaux” – Nancy, France (11 mai 2006) – Présentation : poster
• Workshop of the North East South West INTEREG IIIC “Nanosciences et Nanotechnologies”
– Nancy, France (08-09 juin 2006) – Présentation : poster
Troisième année :
• Groupe Français de Spectroscopie Vibrationnelles 2007 – Lyon, France (25-27 juin 2007) –
Présentation : oral
• Second International Symposium “Micro- and nano-scale domain structuring in ferroelectrics”
– Ekaterinbourg, Russie (22-26 août 2007) – Présentation : oral
• Eighth European Conference on Applications of Polar Dielectrics (ECAPD VIII) – Metz,
France (05-08 septembre 2006) – Présentation : poster
• 25èmes Journées Nationales d’Optique Guidée – Metz, France (07-09 novembre 2006) –
Présentation : poster
• Ferroelectric Thin Film Days, 4th French and Ukrainian Meeting on Ferroelectricity – Amiens,
France (21-24 novembre 2006) – Présentation : poster
• Journées Nationales des Cristaux pour l’Optique, Optique Grenoble 2007 – Grenoble, France
– (02-05 juillet 2007) – Présentation : poster
• 12th International Conference on Phonon Scattering in Condensed Matter, Phonons 2007 –
Paris, France – (15-20 juillet 2007) – Présentation : 2 posters
• The 3rd French-Russian seminar “New Achievements in Materials and Environmental
Sciences” – Metz, France (07-09 novembre 2007) – Presentation : 3 posters