Coursde Semiotique 2
Coursde Semiotique 2
Coursde Semiotique 2
la sémiotique
Ferdinand de Saussure avait pointé la différence simple entre le « signifiant » et le « signifié », « aussi
inséparables l'un de l'autre que le recto et le verso d'une même feuille de papier. Sur cette base
théorique, divers courants vont prendre racine.
La sémiologie de la communication étudie uniquement le monde des signes, par exemple l'étude des
systèmes de vêtements de deuil. Représentants éminents : Georges Mounin, Éric Buyssens, Louis
Prieto. La sémiologie de la communication a étudié le code de la route, les signaux ferroviaires,
maritimes et aériens, le morse, les insignes, la notation musicale, le langage des ordinateurs, les
langues parlées, sifflées, les codes d'architecture,… Ces objets d'études sont des systèmes de signes
conventionnels et précis.
La sémiologie de la signification n'a pas d'a priori : elle va s'intéresser à tout objet en tant que
signifiant en puissance. Elle peut donc interpréter des phénomènes de société, des systèmes de
signes et la valeur symbolique de certains faits sociaux. Pour le sémiologue, la tâche est d'élever le
« mythos », discours muet et confus, au niveau de l'explicitation logique du « logos ».
Peuvent être ainsi analysés les objets les plus divers comme le sport, par exemple, en tant que
combat moral, ou encore les mythologies véhiculées par les publicités commerciales. La sémiologie
de la signification se rapporte donc à l'univers de l'interprétation et du sens (sensible et
sensoriel Jean-Jacques Boutaud), et non du code et de la communication.
2.La sémiologie, domaine de la « tiercéité » selon Charles Peirce Charles Sanders Peirce réalise un
apport :
-un schéma d'analyse triangulaire : « Le rapport de sémiose désigne une action ou une influence qui
est ou qui suppose la coopération de trois sujets, tels que le signe, son objet et son interprétant. »
Cette position fait la différence entre le monde naturel qui raisonne par paires (relation cause–effet
ou stimulus–réponse) et le monde des signes où l'interprétant intervient. Il ne s'agit plus seulement
d'analyser l'échange de messages mais d'intégrer « l'interprétant ».
-la distinction entre indices, icônes et symboles : l'indice est ce qui se montre, s'exprime ou agit sur le
mode de la présence réelle. L'icône rompt le contact avec la chose en faisant émerger une image
d'elle par ressemblance ou par analogie. Le symbole qui s'extrait de la ressemblance ou de l'analogie
pour produire un signe symbolique qui prend signification en excluant tous les autres. Le symbole
objectivement lisible a pris la place du visible. Ainsi, lorsque l'on passe de l'indice au symbole, l'effort
d'abstraction s'accroît : c'est la pointe de la connaissance, le chemin ascendant de l'apprentissage et
de la culture. Le chemin inverse est celui de la « régression » (au sens psychanalytique), du sommeil,
des processus primaires, des impressions figuratives
Le terme est donc utilisé dans plusieurs disciplines : dans la linguistique, les sciences de la
communication et les sciences humaines (la sociologie, l’économie, la psychologie…).
Sémiologie en linguistique
On assiste alors à un regain d'intérêt pour l'étude des signes, et la sémiologie devient une nouvelle
discipline dans les sciences sociales avec des auteurs comme Greimas,Barthes, Jean
Baudrillard, Mounin et Umberto Eco.
Cette définition sera progressivement étendue à d'autres champs que la philologie pour devenir une
science générale de la communication. Ainsi, Éric Buyssens s’est proposé de définir la sémiologie
comme « la science qui étudie les procédés auxquels nous recourons en vue de communiquer nos
états de conscience et ceux par lesquels nous interprétons la communication qui nous est faite »
(Buyssens, 1943, p. 5). Cette définition sera vite dépassée par la conception de Greimas qui envisage
la sémiologie dans toute sa dimension culturelle et comme un fait social total.
Aujourd'hui, de ces deux termes sémiologie et sémiotique, le second prédomine. Il fallait donc que le
premier se cantonne à un sens plus spécialisé ; ce fut celui de la description spécifique de systèmes
de signes particuliers.
Ainsi pour Hjelmslev, la sémiologie est une sémiotique dont le plan du contenu est lui-même une
sémiotique. Cette distinction est d'une certaine manière reflétée ici. D'une démarche plus
consciente, nous avons voulu, dans l'expression « système sémiologique » par exemple, introduire
entre sémiotique et sémiologique la même nuance que celle qui existe
entre phonétique et phonologique : une nuance entre la science de la substance et celle de la forme.
Sémiologie médicale
C'est pour la médecine que ce terme a été inventé par Hippocrate. La sémiologie médicale est la
partie de la médecine qui étudie les symptômes et signes et la façon de les relever et de les
présenter afin de poser un diagnostic.
Sémiologie en géographie
Sémiologie visuelle
La sémiologie visuelle ou sémiotique visuelle a été particulièrement développée dans les travaux
du Groupe µ, et spécialement dans l'ouvrage fondamental qu'est Traité du signe visuel (1992). Cet
ouvrage part des fondements physiologiques de la vision, pour observer comment le sens investit
peu à peu les objets visuels. Il distingue d'une part les signes iconiques (ou icônes), qui renvoient aux
objets du monde, et les signes plastiques, qui produisent des significations dans ses trois types de
manifestation que sont la couleur, la texture et la forme. Il montre comment le langage visuel
organise ses unités en une véritable grammaire. Une telle grammaire permet de voir comment
fonctionne une rhétorique visuelle, au sein d'une rhétorique générale.
-Luis Porcher définit la sémiologie de l’image en s’inspirant de Roland Barthes qui était le premier à
mettre le point sur celle-ci, dans son article, comme suit « Rhétorique de l'image » (1964). Barthes :
« La sémiologie de l’image (parfois encore nommée iconologie : de Eikonos = image) est cette science
récente qui se donne pour objectif d’étudier ce que disent les signes (s'ils disent quelque chose) et
comment (selon quelles lois) ils le disent ».
Dans les années 1970 Jean-Jacques Nattiez et Jean Molino publient les textes de base de la
sémiologie de la musique Fondements d'une sémiologie de la musique et Fait musical et sémiologie
de la musique. La sémiologie de Molino et Nattiez se base sur deux triades :
La tripartition de Molino et Nattiez soutient que toute œuvre musicale peut être abordée de trois
points de vue :
le niveau immanent de l'œuvre (niveau neutre, l'ensemble des configurations du texte musical).
Sémiologie de la publicité Initiée par Roland Barthes, la sémiologie de la publicité a ensuite été
développée par Jean-Marie Floch.
II.La sémiotique est l'étude des signes et de leur signification. En français, ce terme est
souvent synonyme avec sémiologie.
Toute pensée s'effectue à l'aide de signes. Un signe est une triade : un représentamen (signe
matériel) dénote un objet (un objet de pensée) grâce à un interprétant (une représentation mentale
de la relation entre le représentamen et l'objet). Le représentamen est premier (une pure possibilité
de signifier), l'objet est second (ce qui existe et dont on parle), mais ce processus s'effectue en vertu
d'un interprétant (un troisième qui dynamise la relation de signification). L'interprétant est aussi un
signe susceptible d'être à nouveau interprété, ainsi indéfiniment. Je vous parle d'un chien. Le mot
« chien » est le représentamen, l'objet est ce qui est désigné par ce mot, et le premier interprétant
est la définition que nous partageons de ce mot: le concept de chien. Ce premier rapport, Peirce le
nomme le fondement (ground) du signe. Mais le processus sémiotique continue, car à partir de ce
signe il est possible que je me représente mentalement un certain chien, dont je vous parle ensuite,
faisant naître en votre esprit d'autres interprétants et ce jusqu’à l'épuisement réel du processus
d'échange (ou de la pensée, qui est un dialogue avec soi-même). Penser et signifier sont donc le
même processus vu sous deux angles différents. Ce processus se nomme la sémiosis.
Les signes se distinguent d'abord en qualisigne (la pure possibilité du signe), sinsigne (ce signe-là) et
légisigne (la loi qui régit la grammaire du signe). Puis, sur le plan de la signification on aura l'icône (un
signe par ressemblance avec l'objet), l'indice (un signe relié comme un symptôme à son objet) et le
symbole (un signe doté d'une signification abstraite). Enfin, sur le plan pratique, on aura le rhème (un
nom, un verbe, un adjectif), le dicisigne (une proposition verbale ou visuelle, par exemple) et
l'argument (une règle d'inférence). Toute pensée ou signification aboutit donc à une inférence, à un
raisonnement élémentaire.
Après avoir présenté les trois catégories philosophiques de Charles Sanders Peirce, nous expliquons
comment ces catégories interviennent à différents niveaux dans le fonctionnement des signes ou
processus sémiotique. Le processus sémiotique est un rapport triadique entre un signe ou
representamen (premier), un objet (second) et un interprétant (troisième). Chacun de ces trois
termes se subdivise à son tour selon les trois catégories. A partir de là, et en tenant compte de la
hiérarchie des catégories, on peut répertorier dix modes de fonctionnement de la signification.
Une théorie générale : qui envisage à la fois la vie émotionnelle, pratique et intellectuelle ;
qui envisage toutes les composantes de la sémiotique ; qui généralise le concept de signe.
Une théorie triadique :qui repose sur trois catégories philosophiques : la priméité, la secondéité et
la tiercéité ;qui met en relation trois termes : le signe ou representamen, l'objet et l'interprétant. Une
théorie pragmatique, c’est-à-dire : qui prend en considération le contexte de production et de
réception des signes ; qui définit le signe par son action sur l'interprète.
Selon Peirce, trois catégories sont nécessaires et suffisantes pour rendre compte de toute
l'expérience humaine. Ces catégories correspondent aux nombres premier, second, troisième. Elles
sont désignées comme « priméité », « secondéité », « tiercéité
.2.1 LA PRIMÉITÉ La priméité est une conception de l'être indépendamment de toute autre chose.
Ce serait, par exemple, le mode d'être d’une « rougéité » avant que quelque chose dans l'univers fût
rouge ; ou une impression générale de peine, avant qu'on ne se demande si cette impression
provient d'un mal à la tête, d'une brûlure ou d'une douleur morale. Il faut bien comprendre que,
dans la priméité, il n'y a que du UN. Il s'agit donc d'une conception de l'être dans sa globalité, sa
totalité, sans limites ni parties, sans cause ni effet. Une qualité est une pure potentialité abstraite. La
priméité est de l'ordre du possible ; elle est vécue dans une sorte d'instant intemporel. Elle
correspond à la vie émotionnelle.
.2.2 LA SECONDÉITÉ La secondéité est la conception de l'être relatif à quelque chose d'autre. C'est
la catégorie de l'individuel, de l'expérience, du fait, de l'existence, de l'action-réaction. Par exemple,
la pierre qu’on lâche tombe sur le sol ; la girouette s'oriente en fonction de la direction du vent ; vous
éprouvez une douleur, maintenant, à cause d'un mal de dents. La secondéité s'inscrit dans un temps
discontinu, où s'impose la dimension du passé : tel fait a lieu à tel moment, avant tel autre, qui en est
la conséquence. La secondéité correspond à la vie pratique.
.2.3 LA TIERCÉITÉ La tiercéité est la médiation par laquelle un premier et un second sont mis en
relation. La tiercéité est le régime de la règle, de la loi ; mais une loi ne se manifeste qu'à travers des
faits qui l'appliquent, donc dans la secondéité ; et ces faits eux-mêmes actualisent des qualités, donc
de la priméité. Tandis que la secondéité est une catégorie de l'individuel, la tiercéité et la priméité
sont des catégories du général ; mais la généralité de la priméité est de l'ordre du possible, et celle
de la tiercéité est de l'ordre du nécessaire et, par conséquent, de la prédiction. La loi de la pesanteur,
par exemple, nous permet de prédire que chaque fois que nous lâcherons une pierre, elle tombera
sur le sol. La tiercéité est la catégorie de la pensée, du langage, de la représentation, du processus
sémiotique ; elle permet la communication sociale ; elle correspond à la vie intellectuelle.
Un signe, selon Peirce, peut être simple ou complexe. Contrairement à Saussure, Peirce ne définit
pas du tout le signe comme la plus petite unité significative. Toute chose, tout phénomène, aussi
complexe soit-il, peut être considéré comme signe dès qu’il entre dans un processus sémiotique.
Le processus sémiotique est un rapport triadique entre un signe ou representamen (premier),
un objet (second) et un interprétant (troisième).
Le representamen est une chose qui représente une autre chose : son objet. Avant d’être
interprété, le representamen est une pure potentialité : un premier.
L'objet est ce que le signe représente. Le signe ne peut que représenter l'objet, il ne peut pas le
faire connaître ; il peut exprimer quelque chose à propos de l'objet, à condition que cet objet soit
déjà connu de l'interprète, par expérience collatérale (expérience formée par d'autres signes,
toujours antécédents). Par exemple, un morceau de papier rouge, considéré comme échantillon (=
representamen) d'un pot de peinture (= objet), n'indique que la couleur rouge de cet objet, l'objet
étant supposé connu sous tous ses autres aspects (conditionnement, matière, usage, etc.). Le
morceau de papier exprime que le pot de peinture est de couleur rouge, mais il ne dit rien des autres
aspects de l'objet. Si l'interprète sait, par ailleurs, qu'il s'agit d'un pot de peinture, alors - alors
seulement - l'échantillon lui donne l'information que le pot de peinture en question doit être de
couleur rouge. Plus précisément, Peirce distingue l'objet dynamique : l'objet tel qu'il est dans la
réalité, et l'objet immédiat : l'objet tel que le signe le représente. Dans notre exemple, le pot de
peinture est l'objet dynamique, et la couleur rouge (du pot de peinture) est l'objet immédiat.
Chacun des trois termes du processus sémiotique se subdivise à son tour selon les trois catégories :
on distinguera donc la priméité, la secondéité et la tiercéité dans le representamen, dans le mode de
renvoi du representamen à l'objet, et dans la façon dont l'interprétant opère la relation entre le
representamen et l'objet.
Le representamen peut être (1) un qualisigne (priméité), c'est-à-dire une qualité qui fonctionne
comme signe. Il peut être (2) un sinsigne(secondéité), c'est-à-dire une chose ou un événement
spatio-temporellement déterminé qui fonctionne comme signe. Il peut être (3)
unlégisigne (tiercéité), c'est-à-dire un signe conventionnel.
Par exemple, les mots de passe, les insignes, les billets d'entrée à un spectacle, les signaux du code
de la route, les mots de la langue sont des légisignes. Cependant, les légisignes ne peuvent agir qu'en
se matérialisant dans des sinsignes qui constituent des « répliques ». Ainsi, l'article « le» est un
légisigne, dans le système de la langue française. Mais il ne peut être employé que par l'intermédiaire
de la voix ou de l'écriture qui le matérialise. Matérialisé dans des sinsignes (des occurrences, qui
occupent des positions spatio-temporelles différentes), il comprend également des qualisignes,
comme l'intonation dans la réplique orale ou la forme des lettres dans la réplique écrite.
Un representamen peut renvoyer à son objet selon la priméité, la secondéité ou la tiercéité, c'est-à-
dire par un rapport de similarité, de contiguïté contextuelle ou de loi. Suivant cette trichotomie, le
signe est appelé respectivement (1) une icône, (2) un indice ou (3) unsymbole.
Un signe renvoie à son objet de façon iconique lorsqu'il ressemble à son objet. Le representamen
d'une icône peut être un qualisigne, un sinsigne ou un légisigne. Par exemple, le sentiment
(qualisigne) produit par l'exécution d'un morceau de musique est l'icône de ce morceau de musique.
Le portrait d'une personne (sinsigne) est l'icône de cette personne, et une maquette (sinsigne) est
l'icône d'un bâtiment construit ou à construire. Le dessin d'un verre (sinsigne) est l'icône d'un verre,
mais placé sur une caisse, il entre dans le code des pictogrammes et devient une réplique du
légisigne qui signifie «fragile», en représentant iconiquement une espèce (un verre) du genre (les
objets fragiles).
Un signe renvoie à son objet de manière indicielle lorsqu'il est réellement affecté par cet objet. Ainsi,
la position d'une girouette est causée par la direction du vent : elle en est l'indice ; un coup frappé à
la porte est l'indice d'une visite ; le symptôme d'une maladie est l'indice de cette maladie. Le
representamen d'un indice ne peut pas être un qualisigne, car il n'y a dans la priméité que du
«même», pas de contiguïté contextuelle ; un qualisigne est donc toujours iconique (voir plus loin : la
hiérarchie des catégories). Le representamen d'un indice peut être un sinsigne, comme dans les
exemples ci-dessus, ou un légisigne, comme certains mots de la langue appelés «embrayeurs» (« ceci
», « je », « ici »).
Un signe est un symbole lorsqu'il renvoie à son objet en vertu d'une loi. Un mot de passe, un ticket
d'entrée à un spectacle, un billet de banque, les mots de la langue sont des symboles. La règle
symbolique peut avoir été formulée a priori, par convention, ou s'être constituéea posteriori, par
habitude culturelle. Le representamen d'un symbole est nécessairement un légisigne, mais celui-ci ne
peut réellement agir qu'en se matérialisant dans une réplique, et le symbole implique dès lors un
indice. Ainsi, dans le code de la route, le feu rouge en général est un légisigne symbolique, mais
chacune de ses répliques en contexte constitue un sinsigne indiciel.
Suivant la trichotomie de l'interprétant, le signe est appelé respectivement (1) un rhème (priméité),
(2) un dicisigne ou signe dicent (secondéité) et (3) un argument ou raisonnement (tiercéité).
L'interprétant rhématique a une structure de priméité : il ne fait donc appel à rien d'«autre», pour
opérer la relation du representamen à l'objet, qu'aux qualités du representamen, qui sont aussi les
qualités de toute une classe d'objets possibles. Le rhème n'est ni vrai ni faux, il équivaut à une
variable dans une fonction propositionnelle ; il fonctionne comme un blanc dans une formule, un
vide à remplir pour répondre à un questionnaire : «... est rouge». Par exemple, le portrait d'une
personne, sans autre indication, représente toute une classe d'objets possibles : les personnes
ressemblant à ce portrait ; il s'agit d'un sinsigne iconique rhématique. Mais si le portrait est considéré
dans un contexte, accompagné de l'indication du nom de la personne, par exemple sur un passeport,
le niveau d'interprétation change : nous passons à la secondéité (sinsigne indiciel dicent). Le principe
de la hiérarchie des catégories détermine six classes de processus sémiotiques rhématiques (voir plus
loin).
Le dicisigne est un signe interprété au niveau de la secondéité ; il fonctionne comme une proposition
logique, qui met en relation des constantes (un sujet, c’est-à-dire ce dont on parle, et un prédicat,
c’est-à-dire ce qu’on en dit), et peut être vraie ou fausse. Par exemple, le portrait d'une personne
avec l'indication du nom de cette personne est un sinsigne indiciel dicent. L'interprétant de ce signe
correspond, en effet, à la proposition : «Cette personne représentée est Monsieur un Tel». Nous
verrons plus loin que, en vertu de la hiérarchie des catégories, il existe trois classes de signes dicent.
Un dicisigne, avons-nous dit, est vrai ou faux, à la différence d'un rhème qui n'est que possible et n'a
pas de valeur de vérité. Mais un dicisigne ne fournit pas de raison de sa vérité ou de sa fausseté, à la
différence d'un argument qui aboutit à une conclusion en suivant un processus rationnel.
La sémiotique concerne tous les types de signes ou de symboles, et pas seulement les mots, domaine
de la sémantique. Même un geste ou un son sont considérés comme des signes. Même des images,
des concepts, des idées ou des pensées peuvent être des symboles. La sémiotique fournit les outils
nécessaires à l'examen critique des symboles et des informations, dans des domaines divers.
La faculté de manipuler des symboles est une caractéristique de l'être humain et permet à celui-ci
d'utiliser bien mieux les relations entre idées, choses, concepts et qualités que les autres espèces
vivantes.
4.Les trois dimensions de la sémiotique Actuellement, depuis Charles W. Morris on distingue trois
"dimensions" de la sémiotique :
la sémantique : la relation entre les signes et ce qu'ils signifient (relations internes entre signifiant et
signifié ou relation externe entre le signe global et le référent). Travaux de Roland Barthes.
la syntaxe : les relations entre signes. Travaux des philosophes Gottlob Frege, Bertrand
Russell, Rudolf Carnap,
la pragmatique : la relation entre les signes et leurs utilisateurs. Travaux de Charles Peirce, , Charles
W. Morris.
La sémiotique, qui plonge ses racines dans l'épistémologie, la philosophie des sciences,
la logique formelle, et, pour Saussure, dans la linguistique, prend de plus en plus d'importance au
regard des sciences et de la technologie.
Cette tripartition a été remise en cause par des linguistes et sémanticiens tels que Oswald
Ducrot ou François Rastier.
La sémiotique a acquis un renom certain avec Roland Barthes, qui fut en quête du langage des signes
dans la publicité, la mode, et l'écriture romanesque et poétique. Toutefois, peut-être faut-il
considérer que tout ne soit pas nécessairement signe. Si tel élément architectural peut être
indubitablement considéré comme un signe, on pourrait cependant être tenté de penser avec le
linguiste Frédéric François que « la construction des maisons n'est pas d'abord une pratique
signifiante ». Si cela peut paraître à l'homme d'aujourd'hui incontestable, néanmoins, chaque pas
franchi depuis les cavernes a certainement participé en son temps d'une pratique signifiante
essentielle.
Branches , La sémiotique est divisée en plusieurs branches, étudiant chacune un aspect ou domaine
particulier des signes, parmi lesquels on peut citer :
la biosémiotique, aussi appelé la sémiotique du vivant, qui étudie tous les aspects des signes
biologiques, dont il existe deux branches dédiées à l'étude des animaux : la zoosémiotique, qui
étudie les signes des animaux (à l'exception de l'Homme) et notamment la communication animale
l'anthroposémiotique est quant à elle la branche qui étudie la communication humaine la sémiotique
visuelle l'ethno-sémiotique
Louis Trolle Hjelmslev (1899 - 1965). Charles W. Morris (1901–1979) Umberto Eco
5.Carré sémiotique
Le carré sémiotique, proposé par le linguiste et sémioticien lituanien Algirdas Julien Greimas,
est un outil servant à formaliser les relations entre des signes sémiotiques et à représenter
l'émergence de la signification à l'intérieur d'une structure. Il serait dérivé dans une certaine mesure
du carré logique d'Aristote.
Description
Le carré sémiotique consiste à représenter les concepts qui sont à la base d'une structure, tel un récit
ou un message publicitaire, en binômes de termes opposés et contradictoires du type vrai/faux, non-
vrai/non-faux. Cela en fait apparaître les relations de conjonction et de disjonction, placées
respectivement au sommet et à la base du carré, tandis que les côtés font apparaître les rapports de
complémentarité et correspondent à la « deixis », celle de gauche étant positive et celle de droite
négative.
À partir d'une opposition donnée de deux concepts S1 et S2, placés au sommet du carré, sur l'axe des
contraires, le carré sémiotique met ces concepts en relation avec leurs contradictoires ~S2 et ~S1,
placés à la base du carré, sur l'axe des subcontraires. Les relations entre les quatre concepts sont les
suivantes:
Le carré sémiotique
Greimas prend soin de préciser que le carré sémiotique présente un « noyau taxinomique non
narrativisé », c'est-à-dire une structure logico-sémantique antérieure à toute inscription dans une
temporalité. L'intérêt de cette structure à quatre termes est d'offrir un dispositif permettant à la fois
de « saisir les objets sémiotiques en tant que signification et en même temps de se représenter
comment la signification est produite par une série d'opérations créatrices de positions
différenciées1 ».
Si l'on considère un mot, mot écrit ou imprimé avec les lettres d'un alphabet ou un idéogramme, ou
dit, prononcé avec des sons que l'on peut transcrire en alphabet phonétique, Il faut distinguer, en
reprenant l'analyse d'Odgen et Richard et leur triangle sémiotique :
Le mot (Symbol) lui-même, le signifiant de Saussure que nous mettrons en italique pour respecter ses
conventions
L'emploi de ce mot par ceux qui parlent cette langue, l'écrivent ou l'impriment
Le triangle sémiotique d'Odgen & Richard dans sa version originale : le mot (Symbol), la chose
(Referent), le concept (Though).
III .Morphologie du conte est un essai de narratologie de Vladimir Propp paru en 1928 à Leningrad.
Le livre fut à peu près ignoré en Occident jusqu'à ses premières traductions en 1958 (anglaise) et
1965 (française). Ses premières recherches purement linguistiques s'étant révélées peu fructueuses,
Propp eut l'idée d'étendre l'approche du formalisme russe à l'étude de la structure narrative
des contes merveilleux.
Surtout intéressé par les problèmes de description et de classification des contes, Propp s'attache à
en dresser la morphologie, c'est-à-dire « l'étude des formes et l'établissement des lois qui (en)
régissent la structure » (1970: 6). À cette fin, il examine les régularités qui apparaissent dans une
centaine de contes russes et entreprend de dégager les éléments de contenu abstrait qui leur sont
communs. Reprenant un projet déjà ébauché par Joseph Bédier (1911), il développe une
méthodologie plus adéquate que ce dernier. Il est guidé dans son entreprise par un double modèle,
qu'il revendique par des citations placées en épigraphe des principaux chapitres : Goethe et Linné. Le
premier lui inspire l'idée d'une structure, conçue comme un ensemble organique, ainsi que celle de
prototype qui l'amène à rechercher le conte premier qui serait à l'origine de tous les autres (1970:
112). Le second fonde sa méthode taxinomique et l'exigence d'un classement rigoureux, évitant tout
chevauchement. Paul Ricœur, qui souligne cette double filiation, présente ces deux démarches
comme irréductibles à un modèle commun, la première étant d'inspiration téléologique et la
seconde de type mécanique.
1. STRUCTURE
Afin de déterminer une typologie des structures narratives, Propp étudie plus d'un millier de contes
russes traditionnels, en en retranchant tout ce qu'il juge secondaire : le ton, l'ambiance, les détails
décoratifs, les récits parasites, pour n'en garder que les unités narratives de base qu'il appelle
« fonctions ». Les fonctions des personnages sont peu nombreuses alors que les personnages eux-
mêmes sont extrêmement variés.
Définition: « Par fonction, nous entendons l’action d’un personnage, définie du point de vue de sa
signification dans le déroulement de l’intrigue » (1970, p. 31). Ainsi, la fonction du Don (fonction 14)
peut se manifester quand le Roi donne au héros un aigle qui l'emporte dans un autre lieu, ou quand
le grand-père donne un cheval à un jeune homme et que celui-ci s'en va au loin. Dans les deux cas,
on trouve une même action, le don d'un objet, qui a pour effet d'entraîner un déplacement du héros
dans un autre lieu.
À la suite d'une rigoureuse analyse, Propp arrive à la conclusion qu'il n'y a que 31 fonctions dans le
conte traditionnel russe et que celles-ci couvrent tout l'éventail des actions significatives à l'intérieur
des contes. Bien qu'elles ne soient pas toutes présentes dans tous les récits, tous les contes analysés
présentent ces fonctions selon une séquence invariante:
Don: le héros est en possession d'un pouvoir magique ,Arrivée du héros à l'endroit de sa mission ,
Combat du héros et du vilain ;Le héros reçoit une marque (blessure, anneau, foulard) ;
Défaite du vilain ;Résolution du forfait initial ;Retour du héros ;Le héros est poursuivi ;
Le héros échappe aux obstacles ;Arrivée incognito du héros ;Un faux héros/vilain réclame la
récompense ;Épreuve de reconnaissance du héros ;Réussite du héros ;Le héros est reconnu grâce à
sa marque ;Le faux héros/vilain est découvert ;Le héros est transfiguré ;Le vilain est puni ;Le héros
épouse la princesse / monte sur le trône
-Les séquences
Ces fonctions sont généralement organisées en séquences. Une séquence en narratologie est une
combinaison de plusieurs fonctions ou ce que Propp qualifie, dans Morphologie du conte, d'« atomes
narratifs ».
-Les personnages
Enfin, Propp montre que certaines fonctions peuvent être accomplies seulement par une certaine
catégorie de personnage et jamais par une autre, chacun ayant une sphère d'action spécifique. Au
total, il détermine que l'ensemble des fonctions se répartissent entre sept catégories de personnages
abstraits :
l’Auxiliaire : qui peut être universel et accomplit toutes les fonctions (cheval) ; partiel, qui accomplit
plusieurs fonctions (la fée, le génie du conte oriental, l'anneau magique) ; spécifique, qui accomplit
une seule fonction (l'épée, le violon qui joue tout seul, etc.)
le Faux Héros : quelqu'un qui fait valoir des prétentions mensongères à la victoire (il essaie de se faire
passer pour le héros, alors que celui-ci n'est pas encore revenu de sa quête)
Il délimite ensuite la sphère d’action de chacun d'eux, c’est-à-dire l’ensemble des fonctions qui s'y
rapporte :
la sphère d’action de l'agresseur ;la sphère d’action du donateur ;la sphère d’action de l’auxiliaire ;
la sphère d’action de la princesse ;la sphère d’action du mandateur ;la sphère d’action du héros ;
Propp peut dès lors donner du conte merveilleux la définition suivante: « ... du point de vue
morphologique, tout développement partant d’un méfait ou d’un manque, et passant par toutes les
fonctions intermédiaires pour aboutir au mariage ou à d’autres fonctions utilisées comme
dénouement. »
2.transformation du modèle
Découvert par le structuralisme au début des années 1960, le modèle de Propp aura une énorme
influence sur les recherches en narratologie. Propp a ouvert la voie à l'analyse structurale du conte
Algirdas Julien Greimas et J. Courtés reprennent les conclusions de la narratologie de Propp dans le
cadre de leur sémantique structurale et ramènent les fonctions de 7 à 6, distribuées en 3 paires
d'actants :
première paire : le sujet et l'objet (le héros ou l'héroïne et l'objet de sa quête, dit objet de valeur)
Sur cette base, Greimas et Courtés construisent une théorie originale dite de l'« École sémiotique de
Paris », dans la lignée de la sémiologie de Saussure et de Hjelmslev. Pour cette école, tout ce qui fait
sens dans l'existence humaine dépend d'un schéma narratif génératif du sens.
Certains critiques, toutefois, tels Claude Bremond et Thomas Pavel, remettent en cause la méthode
d'analyse utilisée, et donc le résultat obtenu, qui ne s'appliquerait guère qu'à un seul type de conte.
Il n'en reste pas moins que « l'entreprise proppienne demeurera fondatrice en narratologie par le
questionnement nouveau auquel elle a soumis le récit. C'est elle qui a mis au jour les deux plans
constitutifs du récit: celui des structures de surface et celui des structures profondes. Désormais, on
ne lira plus les récits de la même façon. Loin de voir dans le conte une distraction tout juste bonne
pour des enfants, le lecteur se met maintenant à y chercher des "étages" (Barthes, 1966)
susceptibles de faire apercevoir des rapports et des effets de sens nouveaux »
En fait, le travail de Propp sur la structure du conte ne représentait qu'une étape de sa réflexion, et
pas la plus essentielle à ses yeux : ce qui l'intéressait était de montrer ensuite que les contes
merveilleux sont une survivance de rites archaïques (voir Les Racines historiques du conte
merveilleux, son deuxième ouvrage).
3.Narratologie
La narratologie (science de la narration) est la discipline qui étudie les techniques et les
structures narratives mises en œuvre dans les textes littéraires (ou d'autres formes derécit).
Les premiers travaux en narratologie des études littéraires modernes proviennent du formalisme
russe et tout particulièrement des travaux de Victor Chklovski et de Boris Eichenbaum.
L'étude systématique de la morphologie des contes russes par Vladimir Propp connait une
bonne diffusion en France, parallèlement aux travaux (en particulier le schéma actantiel)
d'Algirdas Julien Greimas.
Comme la sémiologie, la narratologie s'est développée en France à la fin des années 1960, grâce
aux acquis du structuralisme. En 1969, Tzvetan Todorov, forgeait le terme dans Grammaire du
Décaméron, et en 1972, Gérard Genette définissait certains de ses concepts fondamentaux
dans Figures III. On constate toutefois, à l'origine, quelques hésitations quant à l'objet de la
narratologie : certains travaux mettent l'accent sur la « syntaxe » des histoires, tandis que d'autres
privilégient la forme (les « figures » du discours). À ceci s'ajoute la question des récits non verbaux
(par ex. le cinéma).
Le personnage
Un récit est composé de plusieurs éléments essentiels, notamment un personnage, c’est-à-dire celui
qui participe à l’histoire, le narrateur, celui qui raconte l’histoire et, enfin, un auteur, celui qui l’écrit.
Il ne faut donc pas confondre le narrateur et l’auteur, puisque le narrateur n’est, en fait, qu’un rôle
joué et inventé par l’auteur. Donc, le narrateur narre l’histoire et l’écrivain l’écrit.
De même, tout comme une œuvre contient un auteur implicite, il existe aussi un lecteur et une
personne construite à qui on destine le récit, c’est-à-dire le destinataire : « Le texte, objet de
communication, ne se conçoit pas sans destinataire implicite l’analyse du destinataire on peut
théoriquement mettre au jour les réactions du « lecteur réel », c’est-à-dire le sujet bio-psychologique
qui tient le livre entre ses mains, lors de sa lecture du texte.
En narratologie, on nomme le destinateur « narrateur », par définition celui qui émet le message, et
le destinataire « narrataire », celui à qui s’adresse le discours énoncé. Le narrataire n’a pas plus une
existence réelle que le narrateur : ils n’existent que sous la forme textuelle. Le narrataire existe sous
trois formes : narrataire intradiégétique (qui a toutes les caractéristiques d'un personnage),
narrionnelle (que l'apostrophe du narrataire intradiégétique), narrataire extradiégétique (qui
correspond à une figure de lecteur postulée par le texte lui-même et à laquelle tout lecteur s'identifie
en lisant l'histoire).
Le modèle sémiotique
De prime abord, la sémiotique est la science dont l'objet est l'ensemble des processus de
signification. Comme la sociologie ou la psychologie, la sémiotique n'a pas d'objet propre, mais
elle constitue une grille d'analyse des phénomènes affectant le vivant et donc, elle représente un lieu
où peuvent converger de nombreuses sciences comme lalinguistique, l'anthropologie,
la sociologie, la philosophie, l'épistémologie, etc. Peu importe son objet d'étude, elle approche
les différents phénomènes qui le constituent en se demandant quel en est leur sens.
Cependant, au moins dès Sémiotique. Dictionnaire raisonné de la théorie du langage (Hachette 1979,
avec Joseph Courtés), il apparaît que l'opposant et l'adjuvant ne sont pas des actants, mais des
acteurs (voir ci-dessous), que Greimas nomme des "auxiliants", renvoyant au pouvoir-faire (adjuvant)
ou au non-pouvoir-faire (opposant) du Sujet. À partir de là, la théorie actantielle de Greimas va
fonctionner avec seulement trois actants : le Sujet, "bloqué" avec le destinataire, qui disparaît en
pratique de ce schéma-là, l'Objet et le Destinateur : on ne saurait donc affirmer que la réorganisation
actantielle de Jean-Claude Coquet (Le discours et son sujet, Klincksieck 1984), en prime actant,
second actant et tiers actant, réduit le nombre des actants ; c'est dans la modification de leurs
relations et de leur contenu modal (pouvoir, savoir, vouloir) que se trouve l'apport spécifique, ici, de
sa sémiotique.
Finalement, le rôle thématique désigne l'acteur qui est porteur de sens, notamment au niveau
figuratif. Il renvoie donc à des catégories (psychologiques, sociales) permettant d'identifier le
personnage sur le plan du contenu. Selon Vincent Jouve, « si le rôle actantiel assure le
fonctionnement du récit, le rôle thématique lui permet de véhiculer du sens et des valeurs. De fait, la
signification d'un texte tient en grande partie aux combinaisons entre rôles actantiels et rôles
thématiques ».
Le modèle sémiologique
Une approche est qualifiée de sémiologique lorsqu'elle choisit d'étudier un aspect (par exemple le
personnage) sur le modèle du signe linguistique. Ainsi, le personnage devient le « signe » du récit
et se prête à la même qualification que les signes de la langue. De ce fait, on peut classer les
personnages d'un récit en trois catégories :
les personnages embrayeurs : ils dessinent la place de l'auteur ou du lecteur dans la fiction
(narrateur-témoin, observateur);
les personnages anaphores : ils rappellent des données importantes ou préparent la suite du récit
(historien, enquêteur, biographe, devin, prophète).
Dans la lignée des travaux effectués par Umberto Eco dans Lector in fabula (1985), une
approche sémio-pragmatique étudie le personnage comme « effet de lecture ». En d'autres
termes, la narration (la manière dont le narrateur effectue sa présentation, sa mise en scène)
influence l'image que retient le lecteur d'un personnage et les sentiments qu'il lui inspire.
Selon Vincent Jouve les personnages peuvent induire trois types différents de lecture :
"Un personnage peut se présenter comme un instrument textuel (au service du projet que s’est fixé
l’auteur dans un roman particulier), une illusion de personne (suscitant, chez le lecteur, des réactions
affectives), ou un prétexte à l’apparition de telle ou telle scène (qui, sollicitant l’inconscient, autorise
un investissement fantasmatique). On nomme respectivement ces trois lectures : l’effet-personnel,
l’effet-personne et l’effet-prétexte."
L'analyse de Genette
Le temps narratif
Il est important de toujours bien distinguer ce qui relève ou non de la narratologie, c'est-à-dire ici, le
temps de l'univers représenté et les temps du discours.
La narratologie peut analyser le temps du récit. Il en existe plusieurs : l'ordre, la durée, la fréquence,
etc. L'ordre du récit est l'ordre des faits. Il peut y avoir rétrospection ou anticipation, l'ordre peut
aussi être linéaire mais aussi anachronique. La durée quant à elle est le temps que durent les faits, le
rythme de la narration. Aussi, la fréquence est le nombre de fois qu'un événement s'est passé.
On peut distinguer :
l'ellipse : Certains événements dans la narration sont passés sous silence et à ce moment on utilise
une ellipse temporelle pour que le lecteur puisse se situer dans le texte. Exemple : « Le jour J (ellipse
temporelle) arriva ». On peut supposer que les jours précédents n'ont pas été narrés.
le sommaire : on résume en quelques lignes des événements de longue durée, le récit va plus vite
que l'histoire.
la scène : le temps de narration est égal au temps du récit. On raconte les événements tels qu'ils se
sont passés. Exemple : dans un dialogue.
la pause : le récit avance, mais l'histoire est suspendue, on omet une période de l'histoire. Exemple :
lors d'une description.
Cette conception, bien que largement controversée, distingue trois types de points de vue :
*Focalisation externe : L’histoire est racontée à travers le regard d’un narrateur extérieur à l’histoire
qui n’y participe pas.
*Focalisation interne : L’histoire est racontée à travers le regard d’un personnage (ou de plusieurs10).
*Focalisation zéro (point de vue omniscient) : Le narrateur sait tout et en sait même plus que les
personnages (surtout dans le roman, permet de donner des informations en très peu de lignes)
Dans la majorité des romans, les trois points de vue coexistent en alternance et s’inscrivent donc
dans la focalisation variable (zéro) : la focalisation se déplace d’un personnage à un autre ou est
indéterminable.
Lorsque le narrateur se confond avec l'un des personnages qui raconte l'histoire de son point de vue,
il s'agit d'un récit à la première personne. Cette technique est différente de la focalisation
interne. En effet, le narrateur peut prendre une distance avec le regard du personnage tout en
utilisant la focalisation interne. Il peut pour cela utiliser l'ironie, à la manière de Flaubert.
Il existe plusieurs types de narrateurs (voir Figure III) :
le narrateur intradiégétique :Le narrateur est un des personnages de la diégèse (cas notamment des
récits enchâssés : un personnage raconte une histoire et se fait narrateur)
le narrateur hétérodiégétique :Le narrateur n'intervient pas directement dans son récit (pas de prise
de parole du narrateur)
le narrateur homodiégétique :Le narrateur intervient directement dans son récit, à la première
personne (sans pour autant être nécessairement un personnage de la diégèse)
Ces modes de narration ne sont pas exclusifs : outre qu'il est évidemment possible de trouver
successivement plusieurs types de narrateur dans un même récit, un narrateur peut être à la
fois extradiégétique et homodiégétique (sans être un personnage de la diégèse, le narrateur peut
apostropher le lecteur ou livrer un jugement sur ses personnages, par exemple).
Le schéma narratif d'un récit est un concept issu de la linguistique structurale, née dans les années
1960. Selon cette théorie, il constitue le déroulement d'un récit (conte). Dans le cas d'un récit
d'aventure, il est constitué de 5 éléments :
Situation initiale ou incipit, qui présente les éléments nécessaires à la mise en route du récit et à la
compréhension de celui-ci ; dans un récit au passé, les verbes y sont souvent à l'imparfait, la situation
du héros n'évolue pas, elle reste stable ;
Déroulement ou péripéties ou nœud (toutes les actions), qui sont les événements provoqués par
l’élément modificateur et qui entraînent la ou les actions entreprises par les héros pour atteindre
leur but ; dans un récit au passé, les verbes y sont souvent au passé simple. Cet élément est
généralement conclu par un point culminant, ou climax : c'est le plus haut point de l'histoire, c'est là
où toute la tension des péripéties va finalement exploser. Il se situe, la plupart du temps, vers la fin
(avant le dénouement) ;
La solution (dénouement), qui met un terme aux actions et conduit à la situation finale ;
Situation finale, ou explicit qui est le résultat, la fin du récit qui redevient stable. Pour les contes, la
situation du "héros" s'améliore, mais, dans d'autres types d'histoires, elle peut se dégrader.
Dans certains cas, nous pouvons avoir affaire à des retours en arrière (analepse), c'est-à-dire que
l'auteur raconte des événements passés et comment ceux-ci ont changé sa vie. Il peut donc avoir une
situation initiale dans ce passage, dans cette analepse, comme une histoire dans l'histoire.
Dans un récit policier, le schéma narratif est généralement constitué des éléments suivants :
crime enquête indices suspects coupable traque du coupable arrestation peine justice forces de l'ordre
Le destinateur : c'est lui qui va pousser le héros (ou destinataire) à entreprendre les péripéties du
récit, souvent en introduisant l'élément déclencheur ;
L'objet, ou but : c'est l'objectif final à atteindre, marquant le passage des péripéties à la situation
finale. Il peut également être ce qui permet de passer de la première situation sus-citée à la seconde.
Il est donc soit de nature matérielle (objet par exemple permettant de vaincre un ennemi) ou de
nature narrative (par exemple, victoire sur l'ennemi) ;
Les adjuvants : c'est ce qui aide le destinataire à atteindre l'objet, par de grandes ou petites actions. Il
peut s'agir de personnages, d'animaux ou d'objets ;
Les opposants : à l'inverse des adjuvants, ils s'opposent à la quête du héros ; mais comme eux, ils
peuvent être animés ou non.
Ce type de schéma peut se représenter plusieurs fois dans un même récit. Alors que le premier
schéma narratif proposé est un plan général d'un récit, le second schéma est plus détaillé, et souvent
passager. Ainsi peut-on trouver une succession de schémas de type II dans les péripéties, ou même
dans les éléments déclencheurs ou de résolution. De même, le schéma narratif n'est pas soumis à la
chronologie du récit qui peut commencer, dans le cas d'un roman policier, par l'arrestation, suivie du
crime et se terminer par l'enquête.
Le schéma actantiel (ou modèle actantiel) rassemble l'ensemble des rôles (les actants) et des
relations qui ont pour fonction la narration d'un récit, par acte. Il a été créé par A. J. Greimas en
1966.
Les personnages, événements, ou objets positifs qui l'aident dans sa quête sont
nommés adjuvants. Les personnages, événements ou objets négatifs qui cherchent à empêcher sa
quête sont nommés opposants.
La quête est commanditée par un émetteur (ou destinateur, ou énonciateur — voir
l'article énonciation), au bénéfice d'un destinataire. D'une façon générale, tous les personnages
qui tirent profit de la quête sont les bénéficiaires.
Dans le schéma actantiel de Greimas, les rôles actantiels, c'est-à-dire, à proprement parler, les
« actants », ne doivent en aucun cas être confondus avec des « acteurs ». Les actants sont des
positions au sein d'une structure ; ils se définissent par leurs relations. Les acteurs d'une histoire,
d'un conte, d'un roman… se déplacent d'une position à l'autre et voyagent au sein de cette structure.
De plus, les actants sont situés par Greimas sur 3 axes qui les relient de manière significative :
les adjuvants et les opposants sont situés sur l'axe du pouvoir (pouvoir positif dans le cas des
adjuvants, négatif dans le cas des opposants).
Le schéma actantiel doit être complété par la théorie des trois épreuves, ou étapes formelles, de tout
récit (sur un axe temporel) :
Le destinateur est le plus souvent l'actant qui constitue la ou les valeurs au nom desquelles agit le
sujet ; en effet, le sujet fait ou agit, tandis que le destinateur fait faire ou fait agir le sujet. En fin de
récit, c'est aussi le destinateur qui « sanctionne » la réussite ou l'échec de la quête du sujet, c'est-à-
dire l'obtention ou non de l'objet convoité.
Plusieurs rôles peuvent être cumulés par un personnage, un objet ou un événement ; ou ils peuvent
être répartis entre plusieurs personnages, objets ou événements.
Il peut y avoir plusieurs schémas actantiels dans un même récit, pour son ensemble — deux quêtes
ou plus sont menées conjointement par un ou plusieurs héros — ou au cours du récit, le héros
devant réaliser plusieurs quêtes successives (récits où le héros subit plusieurs épreuves) ou une
quête incidente prenant place dans l'histoire (récits enchâssés).
Par exemple :
Un roi (émetteur) demande à un chevalier (héros) d'aller chercher une fleur magique (objets), et la
lui remettre (l'émetteur est ici le destinataire). Sur son chemin, le chevalier devra se protéger d'un
orage (opposant) dans une grotte (adjuvant), puis combattre un dragon (opposant) qu'il tuera grâce
à une épée magique (adjuvant) donnée par un lutin (adjuvant).
Un vieil homme (émetteur et récepteur) demande à son petit-fils (héros) de lui voler un lama (objet)
du cirque. Le petit garçon, dans son épopée, devra vaincre le terrible lion du cirque (opposant), mais
sera aidé par son père (adjuvant).
Plus moderne : Le commissaire Dupont (émetteur) charge de l'enquête notre héroïne Martine
(héros), afin de découvrir le meurtrier de Hans (objet). Des indicateurs (adjuvants) fourniront des
indices, des preuves seront trouvées, un suspect (opposant) se croyant inculpé tentera de tuer
Martine. Le coupable (opposant) sera confondu, s'ensuivra une course-poursuite et des échanges de
coups de feu avant l'arrestation et la remise du coupable au juge d'instruction (destinataire).
.BIBLIOGRAPHIE
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Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Rabat, série « Essais et études », n°10.
- Coquet J. Cl., 1982, Sémiotique, L’école de Paris, Hachette
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Hachette.
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- Greimas A.J., 1966, Sémantique structurale, Larousse.
1970, Du Sens, Paris, le seuil.
1976, Maupassant, la sémiotique du texte, Paris, le seuil.
- Propp V., 1970, Morphologie du conte, le Seuil.
-Anne Hénault, Narratologie, sémiotique générale. Les enjeux de la sémiotique 2, Paris, PUF, 1983
-https://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Accueil