Chapitre Ii
Chapitre Ii
Chapitre Ii
INTRODUCTION
Dans le chapitre qui va suivre, nous allons traiter des exemples de réhabilitation de
fondouks dans le monde et surtout chez nos voisins au Maroc et en Tunisie. La
protection du patrimoine a toujours eu une grande importance au sein de ces deux
pays, qui en ont fait un enjeu économique et touristique important et un moyen de
développement au niveau national. La ville historique au Maghreb, constitue une
réalité extrêmement variée sinon composite, les « ksour » de l’Atlas ou du désert,
les anciennes « médinas » des villes grandes et petites des plaines agricoles ou de
la bande côtière, et encore, pourquoi pas ? , les « quartiers européens » ou les «
nouvelles médinas » de la « ville coloniale », sont le témoignage d’une civilisation
urbaine aux stratifications culturelles multiples. Ils représentent, dans la ville
contemporaine, une entité sociale, économique et fonctionnelle, dont le poids dans
les processus de développement urbain n’est certainement pas le même à Alger ou
à Marrakech, à Tunis ou à Fès.
Dans le cas d’anciens pays coloniaux tel qu’au Maghreb, le patrimoine y constitue
une catégorie importée et les idéologies nationalistes ont plutôt orienté leur choix
patrimoniaux en effaçant notamment la phase coloniale et en réduisant le réfèrent
pré colonial aux seules dimensions arabo-musulmane. L’idée de la protection du
patrimoine dans les sociétés non européennes s’est faite grâce aussi aux
organismes internationaux tels que l’UNESCO, qui contribuent à exporter la notion
européenne du patrimoine dans le monde, et qui imposent des modèles
internationaux dominants à la faveur et dans le cadre des processus de
mondialisation. 1 Par sa situation géographique, il appartient au continent africain, ce
qui lui a permis au cours de l’histoire, de servir de lien entre les pays africains,
l’Europe et le monde arabo-musulman, et d’être un centre de rayonnement de la
civilisation vers lequel les pays voisins ont été attirés. Cette influence se manifeste
encore aujourd’hui dans ces pays, où elle a laissé des traces bien visibles. 2
1
GRAVARI-BARBAS M. ET GUICHARD-ANGUIS S, Ibid, p2.
2
BEN BACHIR M ET MOULAY MOHAMMED N, La politique culturelle au Maroc, Imprimerie
des Presses Universitaires de France, Publié en 1981 par l’organisation des Nations Unies pour
l’éducation la science et la culture, 50p.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
- Assurer une large diffusion de la culture, afin que chacun puisse bénéficier de
ce droit, et faire prendre conscience aux habitants de l’existence de leur
patrimoine et de la nécessité de le préserver.
1. L’EXPERIENCE MAROCAINE :
INTRODUCTION :
3
TANOUTI B, La politique culturelle – Maroc, étude TRAINMONHER. Le projet
TRAINMONHER (TRAINing in MONumental HERitage) est un projet de recherche &
développement de l'UE, de coopération internationale et de développement durable.
4
TREILLARD F, Le tourisme culturel au Maroc et le cas de Rabat, master 1 géographie, université
de Limoges, 2006.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
Le tourisme culturel semble être l’une des formes en vogue de la pratique touristique
au pays. Ce dernier en effet s’appuierait sur le patrimoine qui fut laissé tour à tour
par des influences phéniciennes, romaines, arabes et européennes ; ce patrimoine
englobe outre les monuments historiques, les sites, le mobilier archéologique et les
collections muséographiques, un patrimoine oral, culinaire et ethnographique varié.
Le Maroc compte de nos jours pas moins de 40 médinas, de 150 sites
archéologiques majeurs découverts, 406 sites historiques et naturels classés, des
milliers de richesses patrimoniales inventoriées et huit sites classés sur la liste du
patrimoine mondial.5
5
GAULTIER - KURHAN C, Patrimoine culturel marocain, Publié par Maisonneuve & Larose, 2003,
429 p.
6
Voir la loi n° 22-80, relative à la conservation des monuments historiques et des sites, des
inscriptions, des objets d’art et d’antiquité, ministère de la culture, royaume du Maroc.
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En arabe, fas voulait dire « pioche » ; la légende veut que l’on ait offert à Idris 1er une
petite pioche avec laquelle il a tracé les limites de la ville. En réalité, dés la fin du
VIIIe siècle, une petite ville berbère s’élevait sur la rive droite de l’oued qui s’appelait
Madinat Fas. Doyenne des villes impériales, Fès fut fondée en 789 après JC par
Idris 1er, un descendant du prophète. Son fils, le sultan Idris II, décide en 809 d’y
établir le siège de la dynastie et elle servit de base militaire pour le fondateur de la
dynastie Idrisside en campagne contre Taza et Tlemcen. 7 Dés 818, le sultan
accueille dans sa cité 8000 familles de musulmans andalous, et sept ans plus tard
cette nouvelle population est renforcée par l’arrivée de juifs et kairaouanais. Riche
de ces multiples patrimoines religieux, culturels et architecturaux, Fès devient
rapidement le centre religieux et culturel du Maroc.
Dés lors, malgré les guerres dynastiques et les périodes où elle ne fut pas la capitale
officielle du pays, la cité impériale n’a jamais cessé de s’agrandir et d’embellir. De
nos jours, Fès est sans doute la ville la plus authentique d’Afrique du Nord, et la
seule unique au monde par sa beauté, la splendeur de ses palais, de ses medersas,
de ses minarets, de ses fontaines, de ses trésors de l’art arabo – andalous, sans
oublier sa médina médiévale de Fès el Bali et son rayonnement intellectuel due à
l’université Karaouiyne (photo 11) la plus ancienne au monde ; c’est ce qui fait de
cette ville aujourd’hui la gardienne des traditions de l’islam.8
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
Fès compte comme toutes les autres médinas du Maghreb un certain nombre de
fondouks qui remplissait autrefois leurs rôles initiaux. On les trouve en général
reparties le long des principales voies de circulation allant des portes Boudjloud, al
Guissa et Ftouh vers le centre, où se groupent les principaux dépôts de
marchandises ; les écuries et les hôtelleries quand à eux sont plutôt prés des portes.
Vu l’importance de ces édifices au sein de la médina, ils ont retenu très tôt l’attention
des spécialistes chargés d’étudier les problèmes de cette dernière, et c’est ainsi
qu’une liste recensant quelques 150 fondouks et notant leurs emplacements ainsi
que leur caractéristiques essentielles avait été dressée au cours des travaux menés
par « l’atelier du schéma directeur d’urbanisme de la ville de Fès » (ASDUF) dans les
années 75-78. Parmi ces fondouks on cite : fondouk Sagha, fondouk El Berka,
fondouk Kettanine, fondouk Nejjarine, fondouk Tettaouine…
De ce pré inventaire ils ont pu faire ressortir l’état des fondouks, ceux qui
fonctionnent toujours, et ceux qui sont partiellement ou totalement en ruine ; pour les
fondouks en activité ils ont remarqué qu’ils sont menacés par une sur occupation ou
par des usages qui surmènent leurs structures. Et à la fin de ce minutieux travail,
l’ASDUF a établi une liste d’interventions et chaque intervention concerné des
fondouks bien précis ; en effet, tout programme et tout projet de réhabilitation doivent
tenir compte à la fois des vocations anciennes de tel fondouk particulier, de ses
utilisations actuelles, des propositions de restructuration des activités économiques –
et tout particulièrement artisanales- qui se dégagent des études faites, et enfin des
conditions dans lesquelles un réaménagement physique des bâtiments répondrait le
mieux à ces propositions, 9 comme nous l’avons souligné dans le chapitre précèdent.
9
MICHON J L, Rapport sur la contribution à l'étude de la réhabilitation des Fondouks, Paris, Publié
par l’UNESCO en 1982.
10
SDUF, Ibid, p 37.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
Ces hôtelleries appartiennent à des particuliers et sont presque toujours loués à des
concessionnaires. En général, chaque fondouk avait à l’origine sa clientèle
particulière qui se recrutait parmi les compatriotes du concessionnaire : par exemple,
le fondouk de Derb El Lemti, sur la rive droite, était fréquenté de préférence par des
gens de Tafilalet, région d’origine du concessionnaire.
Ce sont des entrepôts comprenant aussi, dés l’origine, des logements, des boutiques
ouvrant sur l’extérieur. Ils sont destinés à entreposer des marchandises et à
différents usages industriels et commerciaux. La cour elle, peut servir à des ventes à
l’enchère, mais à l’origine elle servait d’entrepôt provisoire pour les marchandises
non encore déballées.
En général les pièces sont loués par des artisans ou des commerçants, ces derniers
y déposent leurs marchandises avant de les vendre en ville ou de les exporter, il est
rare toutefois que artisans et commerçants cohabitent dans un même fondouk, ainsi
fondouk el Nejjarine, sans doute l’édifice commercial le plus magnifique de la ville,
était tout entier loué à des commerçants.
Il s’agit d’un local commercial occupé par un seul commerçant et non par plusieurs,
un grossiste important qui a, dans le même local, son bureau et ses magasins. Un
Dar es Salaa est souvent une demeure ordinaire transformé en local commercial, le
plus souvent c’est un local sombre et sans intérêt architectural. Il n’est pas habité par
son utilisateur : la garde de nuit et l’entretien sont assurés à l’origine par un
« zerzay » (porteur). Ce sont aussi les portefaix qui garderaient les autres types de
fondouks et les ateliers « draz » ; dés qu’un locataire arrivait le matin, le gardien lui
remettait la clé du fondouk et s’en allait à son travail de portefaix. Presque toutes les
maisons de marchandises sont situées dans les quartiers d’affaires – Sagha, Derb
Touil et Kettanin, Ras – Cherratin.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
Toujours d’après le dossier technique sur l’inventaire des fondouks établi pas l’atelier
du schéma directeur d’urbanisme de la ville de Fès, la forme générale la plus
courante consiste en un bâtiment à une entrée principale qui s’organise autour d’une
cour entourée de portiques, ces galeries couvertes reposent sur des piliers
quadrangulaires en maçonnerie de briques, lambrissés de cèdre sur 1.50m de
hauteur ; quand aux galeries de l’étage, elles reposent sur de grands linteaux en bois
de cèdre, posés en porte - à - faux et découpés en baies à degrés par les piliers.
Les piliers supportant des linteaux en bois de cèdre peuvent être remplacés par des
arcades en maçonnerie de briques (fondouk el Labbata), comme on trouve aussi la
combinaison des deux systèmes (fondouk Sagha, photo 12).
L’architecture des fondouks entrepôts est la même que celle des fondouks
hôtelleries sauf que :
- Dans les fondouks entrepôts la cour est plus petite, vu qu’elle n’abritait pas de
bêtes en permanence.
11
SDUF. Ibid, p 37.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
1. Parce que, dans le tissu urbain de la médina, ils représentent des structures à
relativement grande consommation d’espace et dont on peut bénéficier.
3. Parce qu’ils sont menacés de multiples façons par la perte relative de leur
fonction traditionnelle, par la croissance démographique et la demande
d’espace croissante de la part de l’artisanat et du commerce.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
Et parmi les fondouks dont dispose la médina de Fès fondouk el Nejjarine, fait partie
de ses plus beaux monuments, il a subit une réhabilitation conformément avec le
programme de réhabilitation de la médina.
Le fondouk doit son nom au souk couvert qui ouvre d’un coté sur la place et où des
nejjara fabriquent aujourd’hui des auges en bois pour la lessive, ces armatures de
divans qu’on appelle « banquettes », des étagères peintes, des tables rondes et
basses, de petites armoires…
13
Agence Maghreb Arabe Presse (MAP), Le patrimoine culturel de Fès, titrait Le matin Maroc, article
publié le 29/11/2008.
14
SDUF, Ibid, p 37.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
L’architecture du fondouk est d’une remarquable sobriété. Le décor sur bois, zellige,
et plâtre dénote d’une grande finesse et d’un souci de précision et de détail. Le bois
totalement en cèdre, est utilisé abondamment dans le fondouk, on le trouve aussi
bien comme élément de structures -voliges, solives, poutres, poteaux, linteaux…- ou
comme matériaux de menuiseries –portes, fenêtres, et balustrades- ce sont en effet
les balustrades qui procurent aux façades intérieurs du fondouk toute leur beauté, et
leur charme. 16
15
GAULTIER-KURHAN C, Ibid, p 50.
16
GAULTIER-KURHAN C, Ibid p 50.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
Le fondouk fut classé monument historique en 1916, et restauré en 1996 ; mais les
travaux de restauration - réhabilitation comme nous le montre la photo 15, ont porté
sur le fondouk dans son ensemble, la place, la fontaine et le souk des menuisiers,
tout cela est devenu possible grâce à la générosité d’un homme qui a assuré le
financement. La structure générale du Fondouk Nejjarine a été substantiellement
modifiée pendant les soixante-dix dernières années. La restauration a restitué sa
forme originelle et remis en état l'ensemble des structures (canalisations, fondations,
toitures, sols, etc.) ainsi que l'appareil décoratif. Elle s'est étendue à la place
Nejjarine et au souk des menuisiers et a comporté comme interventions :
.Restauration de la menuiserie,
.Réfection de l'étanchéité,
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
Le fondouk est devenu aujourd’hui un musée du bois où sont exposés les bois
ouvragés de l'architecture traditionnelle et les outils de cet art, avec une galerie
d'exposition climatisée, une salle d'exposition permanente, une bibliothèque
spécialisée et un laboratoire de restauration du bois. Et après un minutieux travail de
prospection, de collecte d’objets, d’identification, d’élaboration de fiches techniques,
et à la suite de la définition des moyens et supports d’exposition, l’installation du
musée a commencé. Elle s’est articulée autour des thèmes suivants relatant les
principales utilisations du bois au Maroc :
- Les métiers.
- Le bois utilitaire.
- Le bois domestique.
- Le bois liturgique.
18
ADERFES Maroc, Agence pour la Dédensification et la Réhabilitation de la médina de
Fès, Le fondouk El Nejjarine.
19
GAULTIER-KURHAN C, Ibid, p 50.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
dont les nationaux représentent 8%, pourcentage encourageant et reflétant une sorte
de réconciliation du public marocain avec l’institution muséale, les groupes scolaires
et d’étudiants témoignent d’un intérêt croissant pour le musée, tout en sachant que
l’accès au musée leur est gratuit. 20 Aujourd’hui le fondouk bénéficie d’un grand
respect de la part de la population du quartier, vu qu’il constitue une source de
revenus permanents. Sur le plan touristique, le quartier est désormais devenu un
passage obligé pour les touristes en visite à Fès, le chiffre d’affaires des menuisiers
travaillant dans le souk Nejjarine ainsi que celui des artisans du quartier a augmenté
et leur production s’est diversifiée.
20
GAULTIER-KURHAN C, Ibid, p 50.
21
RHARIB S, Les fondouks, de l’age d’or à la décadence, In le magazine de l’art de vivre
marocain, Couleurs Marrakech, numero9.
22
Agence Maghreb Arabe Presse (MAP), Les Fondouks de Marrakech : un patrimoine en voie de
restauration après des décennies de négligence, titrait Le matin Maroc, article publié le 04/03/2009.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
Leurs fonctions étaient fort variées ; selon Deverdun, dés l’époque almoravide,
certains d’entre eux étaient spécialisés dans les produits de consommation courante
ou de luxe : fondouk el Melha, fondouk es Sukkar, fondouk Lhenna, fondouk al
Atriya, et d’autres abritaient des corporations : fondouk Ennaqqala (des coursiers),
fondouk Ellabbadin (des feutriers) ou encore à des confréries religieuses (fondouk
Derqaoua), à des saints (fondouk Sidi Yaacoub) ou à des communautés étrangères
à la ville, comme le fondouk Ouarzaza, certains faisaient même office de maison de
bienfaisances comme le fondouk el Khiriyya bâti pour héberger les étudiants
étrangers. 23
Jusqu’au protectorat, les fondouks ont maintenu leurs fonctions socio économiques
d’origine : hôtellerie, entrepôt, écurie mais avec la création de nouvelles structures
d’hébergement, l’exode rural, la densification de la médina et les changements
culturels induits par la modernité ils ont progressivement perdu de leur importance et
ont commencé a dépérir.
Situés pour la plupart près de la place Jamaa El Fna, les fondouks sont considérés
comme des centres commerciaux, ils accueillent plusieurs artisans et connaissent
une affluence massive des touristes. Marrakech dispose de 98 Fondouks qui
s’étendent sur une superficie globale de 42.000 m², dont 45 Fondouks destinés aux
activités artisanales. Les activités exercées dans ces centres commerciaux se
répartissent entre le commerce, le textile, les produits de maroquinerie, la dinanderie,
la menuiserie, l’alliage, la teinturerie et la restauration. 24
23
BELKYAL K, Réhabilitation et développement local Cas des fondouks (caravansérails), Poster
présenté à Barcelone en juillet 2007.
24
RHARIB S, Ibid, p 60.
25
INITIATIVE NATIONALE POUR LE DEVELOPPEMENT HUMAIN, Programme 2006-2010
Rappel des fondements et du financement de l’ INDH.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
SM le Roi a effectué lors de cette occasion une tournée dans les différentes
dépendances des Fondouk « Al Amri » et « Al Mizane », qui font l’objet de travaux de
restauration pour des coûts respectifs de l’ordre de 1,88 million DH et de 788.800
DH, financés dans le cadre d’un partenariat entre les bénéficiaires et l’Initiative
National pour le Développement Humain (INDH).
Les travaux dans ces deux fondouks, qui abritent plus de 200 artisans, portent sur la
réfection des murs, la reconstruction des toits menaçant ruine, le renforcement des
terrasses et la restauration de la façade, ainsi que le revêtement des sols. Ce
programme d’INDH est estimé à 249,7 millions DH, dont 5 millions DH consacrés à
la lutte contre la pauvreté en milieu rural (commune rurale Mnabha), 160 millions DH
au programme de lutte contre l’exclusion sociale en milieu urbain (20 quartiers de la
ville de Marrakech), 44,7 millions DH au programme de lutte contre la précarité
(10.375 personnes) et 40 millions DH au programme horizontal. Ce dernier bénéficie
à l’ensemble du territoire de la préfecture.26
26
INITIATIVE NATIONALE POUR LE DEVELOPPEMENT HUMAIN, Ibid, p 61.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
Patrimoine sauvegardé;
Fondouk el Amri :
Aujourd’hui, et en considération de leur importance historique et de leur valeur
architecturale, les fondouks qui menaçaient ruine, font l’objet d’une opération de
restauration. Le plus ancien est le célèbre fondouk "El Amri", occupé aujourd’hui
principalement par des ébénistes, avait en premier fait l’objet de travaux de
restauration (photo 18), lancés en 2007 par SM le Roi Mohammed VI en accord avec
le programme de l’Initiative National pour le Développement Humain (INDH).
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
Fondouk el Amri a été fondé dans une époque où Marrakech a connu une grande et
importante activité commerciale durant la dynastie des almoravides et des
Almohades vers la fin du 11e et début du 12e siècle, il se trouve au sein d’un quartier
très connu de la médina appelé Dar el Bacha vers la ruelle qui mène à l’un des sept
saints de la ville « Sidi Abdelaziz », on y trouve aussi dans le quartier une trentaine
d’autres fondouks (comme fondouk el Mizane, Tadlaoui, Kharbouch, Al khiriya…).
Au sein du fondouk les artisans travaillent soit sur commande pour des
commerçants, décorateurs, designer, soit en vendant leurs produits directement
pour les touristes puisque le fondouk se situe dans le circuit touristique de la médina,
et c’était la le but de la restauration de l’édifice, faire en sorte que les artisans ne se
sentent pas marginalisés et bénéficient ainsi d’une amélioration de leur niveaux de
vie et une augmentation de revenus.
Quand aux matériaux de construction de l’édifice, son infra structure est faite à base
de guéliz, une pierre très solide extraite des carrières situées sur les collines de la
banlieue nord-ouest de Marrakech, et le reste est fait avec de la brique en terre cuite.
Les murs extérieurs et intérieurs du fondouk sont couverts d’un enduit, il s’agit du
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
28
ASSOCIATION AL AMRI DES ARTISANS.
29
TERRASSE H, Marrakech, Encyclopaedia Universalis 2009
……………………………………………………………………………………………………….. 66
……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
1.3. CONCLUSION
2. L’EXPERIENCE TUNISIENNE :
INTRODUCTION :
……………………………………………………………………………………………………….. 67
……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
celui-ci, a manifesté son intérêt dans une série d’initiatives telles que : la création de
parcs archéologiques parmi lesquels le site de Carthage et celui d’Oudhna. 32
_ Public/ public,
_ Public / privé,
_ national/local
4. Insuffisance des programmes de valorisation dans les sites qu’ils soient déjà
ouverts au public ou non ouverts.
10. Médiatisation.
32
SOW D, Contribution à l’étude de la valorisation du patrimoine culturel tunisien : les parcs
archéologiques de Carthage et d’Oudhna, in la revue de l’Institut National de l’Histoire de l’Art à
Paris.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
Edifié sur le site de l’antique cité romaine de Taparura, Sfax (Sfaqus) et sa banlieue
représentent l’agglomération urbaine la plus dynamique de Tunisie. Riche de ses
industries et de son port, la ville joue un rôle économique de premier plan avec
l'exportation de l'huile d'olive et du poisson frais ou congelé. Le noyau central de
l'agglomération est formé d'une médina cernée de remparts (fig.10) et d'une ville
moderne, née sous le protectorat français en Tunisie, malheureusement la médina
est devenue aujourd’hui un espace où l'on habite de moins en moins et qui se
spécialise dans la production économique. Longue de 600 m et large de 400 m, la
médina est entourée de remparts édifiés au IXe siècle que rythment des tours
polygonales, on y accède par deux portes celle de Bab el Jebli au nord et Bab ed-
Diwan au Sud, en plus d’autres entrées bien plus récentes.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
développement durable de ce grand site qui n’a cessé de connaître une dynamique
culturelle, sociale et commerciale, et relatif à la sauvegarde des spécificités
architecturales et civilisationnelles de la médina, à la protection de l’environnement et
à l’animation culturelle et touristique. 33
De son coté fondouk el haddadine a rendu à une bonne partie de la médina son
prestige historique d’antan.
33
ZBARA S, Urbanisme, Grand travaux de réhabilitation de la « médina » de Sfax,
In LeRenouveau, janvier 2009.
34
ASSOCIATION INTERNATIONALE DES MAIRES FRANCOPHONES (AIMF), Création
d'un centre culturel - Culture et éducation à Sfax.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
La ville de Sousse a connu depuis la plus haute antiquité une grande prospérité, ville
punique puis romaine, capitale de Byzacium au III e siècle, elle est grande
exportatrice d’huile et de céréales. Port de Kairouan, devenue capitale de l’Ifriqyya
pendant trois siècles, Sousse connaît un nouvel essor sous le protectorat français. 35
La médina de Sousse a été classée patrimoine mondial par l’Unesco en 1988, elle a
été bâtie à flanc de colline et s’étage en un vaste amphithéâtre face à la mer, ses
souks et ses rues commerçantes, quotidiennement arpentés par une foule
cosmopolite, et où règne une animation fébrile du matin au soir, débordent d’odeurs
et de couleurs. La médina renferme une quarantaine de monuments historiques, et
est divisée en deux parties, la partie basse elle, abrite toutes les activités
commerciales et ceux de service, quand à la partie haute est depuis toujours
presque exclusivement résidentielle. 36
35
UNIVERSALIS, Ibid, p 29.
36
COQUE R, Sousse, Encyclopaedia Universalis 2009.
……………………………………………………………………………………………………….. 71
……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
Fondouk à Sousse :
Situé à 16 rue souk al kaid à Sousse, le fondouk se situe au sein de la médina,
l’édifice n’est pas classé comme monument historique, et se trouve au milieu d’un
environnement bâti d’une densité importante. Les objectifs de sa réhabilitation et
restauration sont sa transformation en un lieu où on exerce une activité commerciale
tout en conservant la typologie et les caractéristiques architecturales du monument.
C’est l’un des rares fondouks de la médina de Sousse, il est constitué d’un rez de
chaussée et d’un étage abritant de petites pièces couvertes de voûtes et recevant le
jour par des portes donnant sur quatre galeries (photo 22). Avant sa réhabilitation en
2004, l’état de conservation du bâtiment été moyen ; ses murs sont construits avec
des moellons, son plancher en solives de bois de cyprès avec voûtes en berceau et
voûtes d’arêtes, et ses revêtements extérieurs en enduit de chaux et de sable,
comme il comprend aussi des ouvertures simples aménagées dans les murs et
dépourvues de pavement.
Il s’agit d’un projet qui consiste à effectuer des travaux de restauration dans un
monument qui assumait une fonction de fondouk afin de le transformer en un lieu à
activité commerciale. L’intervention s’est limitée à la consolidation des structures
portantes et des couvertures ainsi que le renouvellement de l’enduit et du parement.
La conversion de ce monument en lieu commercial a nécessité de rendre certaines
pièces communicantes afin de créer un circuit commercial.
Travaux de réhabilitation :
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
- Pavage : Carrelage.
Houmt Souk, qui veut dire « quartiers du marché » est la capitale de l’île de Djerba
en Tunisie et compte 40 000 habitants. Cette ville tranquille et très différente des
villes tunisiennes, attire les touristes pour son style simple et authentique.
L’architecture de ces fondouks est facilement identifiable, tout d’abord ces bâtiments
sont toujours fortifiés, construit en pierre de schiste, et les murs sont massifs
d’environ 80 cm d’épaisseur. On accède au fondouk après avoir traversé la sqifa qui
donne accès à la cour centrale, de forme carré ou rectangulaire à ciel ouvert, et où
au centre se trouve un puit ou une citerne.
37
RAMMAH M, Réhabilitation d’un fondouk, Sousse, fiche sommaire de réhabilitation bâti : tnfb22,
RehabiMed.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
Autour de la cour centrale, s’agencent des pièces souvent avec des arcades
reposant sur des colonnes robustes. Le rez de chaussée été destiné à l’entrepôt des
marchandises et aux bêtes de sommes, et l’étage servait à l’hébergement des
commerçants ou des voyageurs de passage. Les chambres sont plus profondes que
larges, aérées et éclairées par des trous percés à la hauteur du plafond semi
cylindrique.
Aujourd’hui la plupart de ces édifices ont été restaurés et réhabilités, et se sont vus
attribués une nouvelle fonction. Certains ont été transformés en hôtels comme nous
allons le voir avec l’hôtel El Aricha, d’autres sont devenus des restaurants
typiquement tunisiens ou des galeries marchandes (photo 23). Ces fondouks sont
classés par métiers et portent parfois le nom d’une activité artisanale, comme le
fondouk de la laine ou le fondouk de nattage, ou bien ils portent le nom de leurs
propriétaires comme fondouk Barkallah ou Bouchdakh, ou encore d’autres noms
comme fondouk el knissa (de l’église), fondouk des maltais. 38
La photo 24 nous illustre une image d’une cour centrale et d’une chambre d’un
fondouk transformé en hôtel (hôtel Marhala).
38
KHANCHOUCH N, Les fondouks à Houmt Souk, L’association de sauvegarde de l’île de Djerba.
(ASSIDJE).
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
Hôtel El Aricha :
Cet ancien fondouk transformé en hôtel, se situe à la place Aricha en plein centre de
la ville de Houmt Souk. L’entrée est constituée d’une sqifa (photo 25), qui mène à la
cour centrale, où se trouve une piscine et autour de laquelle sont disposée au rez de
chaussée et à l’étage des chambres desservies par une galerie en arcades. On
trouve également au niveau d rez de chaussée un restaurant.
La photo 26 nous donne une vue sur la piscine avec les différents niveaux.
……………………………………………………………………………………………………….. 75
……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
La construction est bien entretenue par son jeune propriétaire, ainsi que les fleurs et
ses bougainvillées qui bordent la piscine et qui lui donne un charme unique. Le
nouvel hôtel est très prisé par les touristes à la recherche d’endroits authentiques,
calmes et chaleureux au sein de la ville.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
« lorsque vous passez le porche de cet hôtel, vous entrez dans un rêve, calme,
sérénité, beauté, ambiance louange et cosy, magnifique caravansérail , entièrement
rénové , patio avec restaurant où la cuisine est délicieuse ( le poisson et la cuisine
de tradition est à l'honneur), chambre typique, magique d'une rare beauté.
Le patron et le personnel vous accueil avec toute la gentillesse qu'ils ont dans leur
cœur.Vous y retrouvé le soir une ambiance hors du commun ou vous partagez leurs
traditions et les vôtres autour d'un bon repas. Vous vous sentez la- bas comme chez
vous, où vous y découvrez de nouveaux amis pour toujours, un seul mot : le vrai
bonheur. » 24 août 2009.
Les chambres quand à elles, ont gardé leurs formes initiales (photo 27) et les
nouvelles commodités ont pu s’adapter à l’édifice.
2.4 CONCLUSION:
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
Khan El-Tamathili :
Comme la plupart des khans des villes côtières du Liban, El-Tamathili comme illustré
dans la photo 28, se trouve à proximité des grands ports d’échanges que sont Tripoli,
Jbeil, Beyrouth et Saïda. Ce khan « portuaire » a donc été le centre d’une activité
commerciale et administrative intense et un lieu d’hébergement très fréquenté par les
marchands. Ce sont là des fonctions traditionnelles qu’il a assumées, sous les ères
Mamelouk et Ottomane puis sous mandat français au XXe siècle, il se compose d’un
rez de chaussée avec 30 chambres, et l’étage en compte 44. Le khan El-Tamathili
conserve de ce passé des éléments architecturaux, archéologiques et historiques
inestimables qui font de sa restauration une priorité. Au terme de cet effort, de
nouvelles utilisations peuvent être proposés pour ce khan.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
Restauration du khan :
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
4. LA REHABILITATION D’UN
FONDOUK A CHYPRE :
Büyük Han:
Büyük han qui signifie « la grande auberge » est un édifice architectural majeur de
Chypre. Il a été construit en 1572 par le premier gouverneur Muzzaffer Pacha, dans
le sud, un peu à l’ouest de Nicosie. 40
Ce khan était destiné à loger les voyageurs d’Anatolie et des autres contrées
chypriotes. Au XVIIe siècle, lorsque fut créé non loin le « Kumarcilar han », les
bâtisseurs s’inspirèrent fortement de « Büyük han » pour donner forme à ce nouveau
lieu d’hébergement.
Ces deux auberges sont donc tout à fait typiques du khan d’Anatolie ; ils offrent de
nombreux points communs et sont souvent comparés. Le plan carré du bâtiment se
décompose en 68 chambres qui entourent une cour intérieure et 10 magasins
donnant sur la rue Asmaatli.
Au milieu de cette cour, se tient une petite mosquée aux colonnes en marbre
contenant une fontaine pour les ablutions rituelles. « Büyük han » possède deux
ouvertures sur les cotés est et ouest, mais l’entrée principale est celle que l’on
aperçoit depuis la rue Asmaatli. Si les chambres du premier étage s’ouvrent sur une
galerie à voûtes croisées, celles du rez de chaussée ont des fenêtres tournées vers
l’extérieur du khan. Toutes en revanche possèdent un foyer qui diffuse la chaleur
vers les différentes niches (photo 29).
39
BARMAKI M, études préliminaires pour la réhabilitation du khan, UMAR.
40
Nicosie est la capitale de Chypre, c'est la seule au monde à être divisée en deux, chacune étant le
chef-lieu de deux entités politiques différentes : la partie nord, pour la République turque de
Chypre du Nord (état turcophone autoproclamé) et la partie sud, pour la République de
Chypre (majoritairement grecque).
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
La restauration du Büyük han a été interrompue lors des événements de 1963 qui
ont opposés les turcs aux grecs. Elle a ensuite repris en 1982 dans le cadre d’un
partenariat entre le conseil d’administration d’Evkaf et le département des antiquités
et musées.
Entre 1988 et 1990, les travaux continuent grâce à l’aide financière apportée par le
gouvernement allemand. Ils visent à restaurer la charpente en suivant le plan
directeur. Entre 1991 et 1995, les travaux sont interrompus à cause du manque de
financements mais en 1995, le gouvernement turc apporte son soutien et Büyük han
sera finalement totalement restauré en 2001.
Actuellement, le khan accueille plusieurs petits antiquaires, ainsi que des artisans et
des magasins qui font la joie des visiteurs en quête d’objets traditionnels chypriotes.
Un bar à vin et un restaurant proposant une cuisine locale y ont également élu
domicile. L’endroit est réputé pour ses soirées musicales et Büyük han est
aujourd’hui identifié comme un haut lieu de la vie culturelle et sociale dans le nord de
Chypre. 41
41
TURKER AKTAC, UMAR.
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……………………………………………………..…..Chapitre II :Les expériences internationales
CONCLUSION
Par la réhabilitation des fondouks, les marocains, et les tunisiens… ont implanté des
fonctions compatibles avec le caractère historique de la ville et ont réussis à
sensibiliser les habitants envers leur patrimoine, et ainsi ont réussis aussi à maintenir
la mémoire et la préservation de la société.
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