PPN 2012
PPN 2012
PPN 2012
POLITIQUE
PHARMACEUTIQUE
NATIONALE
1. PREAMBULE...................................................................................................6
2. CONTEXTE GENERAL ET SANITAIRE.........................................................8
2.1. CONTEXTE GENERAL DU TOGO.........................................................................8
2.2. CONTEXTE SANITAIRE............................................................................10
2.2.1. Etat de santé de la population..............................................................10
2.2.2. Organisation sanitaire..........................................................................13
3. ANALYSE DE SITUATION DU SECTEUR PHARMACEUTIQUE..................15
3.1. CADRE INSTITUTIONNEL ET JURIDIQUE DE LA REGULATION PHARMACEUTIQUE ...15
3.2. SECURISATION DE LA QUALITE DES PRODUITS DE SANTE..................................17
3.3. DISPONIBILITE ET ACCESSIBILITE GEOGRAPHIQUE DES PRODUITS
PHARMACEUTIQUES................................................................................................18
3.3.1. Approvisionnement et distribution des produits pharmaceutiques......18
3.3.2. Gestion des produits pharmaceutiques dans les FS...........................20
3.3.3. Disponibilité des MEG dans les formations sanitaires.........................21
3.4. ACCESSIBILITE FINANCIERE DES PRODUITS PHARMACEUTIQUES........................21
3.4.1. Financement.........................................................................................21
3.4.2. Politique nationale des prix des produits pharmaceutiques.................22
3.5. USAGE RATIONNEL DES PRODUITS DE SANTE...................................................22
3.5.1. Liste nationale des médicaments essentiels, formulaire thérapeutique
et droit de substitution.....................................................................................22
3.5.2. Information médico-pharmaceutique....................................................23
3.5.3. Pharmacovigilance et autres vigilances...............................................23
3.6. RESSOURCES HUMAINES......................................................................24
3.7. RECHERCHE DANS LE DOMAINE PHARMACEUTIQUE.......................25
3.8. COOPERATION INTERNATIONALE ET PARTENARIAT INTERSECTORIEL.................25
4. LISTE DES PROBLEMES PRIORITAIRES...................................................27
5. FONDEMENTS, VISION, VALEURS ET PRINCIPES...................................29
5.1. FONDEMENTS...............................................................................................29
5.2. VISION..........................................................................................................29
5.3. VALEURS ET PRINCIPES.........................................................................29
6. ORIENTATION GLOBALE ET OBJECTIFS.................................................30
6.1. ORIENTATION GLOBALE.........................................................................30
6.2. OBJECTIF GENERAL.......................................................................................30
6.3. OBJECTIFS SPECIFIQUES...............................................................................30
7. ORIENTATIONS STRATEGIQUES...............................................................31
8. MISE EN OEUVRE.........................................................................................35
8.1. PARTIES PRENANTES IMPLIQUEES DANS LA MISE EN ŒUVRE.............................35
8.2. PROCESSUS DE MISE EN OEUVRE...................................................................36
8.3. SUIVI/EVALUATION.........................................................................................37
SIGLES ET ABBREVIATIONS
__________________________________________________________________________________________
3
EDST : Enquête de Démographie et de Santé du Togo
ENAM : Ecole Nationale des Auxiliaires Médicaux
FMMP : Faculté Mixte de Médecine et de Pharmacie
FM-STP : Fonds Mondial de lutte contre le SIDA, la Tuberculose et
le Paludisme
FS : Formation Sanitaire
HD : Hôpital de District
HTA : Hypertension artérielle
IEC : Information, Education, Communication
INH : Institut National d’Hygiène
IRA : Infection Respiratoire Aigue
ISF : Indice Synthétique de Fécondité
IST : Infection sexuellement transmissible
LNCQ : Laboratoire National de Contrôle de Qualité
LNME : Liste Nationale des Médicaments Essentiels
MEG : Médicament Essentiel et Générique
MICS : Multiple Indicator Cluster Surveys
MNT : Maladies Non Transmissibles
MS : Ministère de la Santé
OICS : Organisation Internationale de Contrôle des Stupéfiants
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONPT : Ordre National des Pharmaciens du Togo
OOAS : Organisation Ouest Africaine de la Santé
OSC : Organisation de la Société Civile
PAGRHSM : Projet d’Appui à la Gestion des Ressources Humaines et du
Médicament
PCA : Paquet Complémentaire d’Activités
PEV : Programme Elargi de vaccination
PIB : Produit Intérieur Brut
PF : Planification Familiale
PMA : Paquet Minimum d'Activités
PMI : Protection Maternelle et Infantile
PNDS : Plan National de Développement Sanitaire
PNLS : Programme National de Lutte contre le SIDA
PNLT : Programme National de Lutte contre la Tuberculose
PPN : Politique Pharmaceutique Nationale
PRA : Pharmacie Régionale d’Approvisionnement
PSP : Plan Stratégique Pharmaceutique
PTME : Prévention de la Transmission de la Mère à l’Enfant
RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitat
PVVIH : Personnes Vivant avec le VIH/SIDA
SIDA : Syndrome d’Immuno Déficience Acquis.
SNIS : Système National d’Information Sanitaire
SONU : Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence
SR : Santé de la Reproduction
TB/VIH : Tuberculose et VIH
UEMOA : Union Economique et Monétaire Afrique de l’Ouest,
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l’Enfance
USD : United States Dollar (Dollar américain)
USP : Unité de Soins Périphérique
VIH : Virus de l’Immunodéficience Humaine
1. PREAMBULE
1
Résultats définitifs du 4ème RGPH de 2010
2
Division de la population des Nations Unies (voir http://www.un.org/esa/population/unpop.htm)
La situation générale du pays au plan économique reste encore fragile, par
exemple le revenu par tête d’habitant était de 440 USD en 2009 contre 1135 USD
3
en moyenne pour les pays de l’Afrique sub-saharienne .
Le contexte social est marqué par une progression de la pauvreté de la population
togolaise avec un taux de pauvreté passant de 32% à la fin des années 1980 à
61,7% en 2006. Une pauvreté essentiellement rurale (79,7% de la population
rurale vivant en dessous du seuil de pauvreté) ainsi qu’une extrême vulnérabilité
des individus à la pauvreté (taux de vulnérabilité estimé à 81,2% en 2006). Cette
situation difficile fait que la réalisation des OMD liés à la santé reste incertaine à
l’horizon 2015.
Toutefois, des signes encourageants apparaissent, résultats des efforts que
réalise le gouvernement. Le taux de croissance de 3,5% atteint en 2010
(supérieur au taux de croissance de la population de 2,8% la même année) est un
signe encourageant de la reprise économique. Mais des efforts importants doivent
encore être réalisés pour atteindre une moyenne de 6-7% de croissance annuelle
afin d’avoir des retombées sur la réduction de la pauvreté et sur le bien-être des
populations.
Au plan de la gouvernance administrative, le découpage administratif est le
suivant (Cf. Figure n°1) :
niveau national : cinq (05) régions administratives à savoir du nord au sud
(Savanes, Kara, Centrale, Plateaux, Maritime) ;
niveau régional : 35 préfectures et 5 Arrondissements (de Lomé) ;
niveau local : 35 communes dont 30 communes de plein exercice et 5
communes de moyen exercice.
Le processus de décentralisation est en cours au Togo mais au stade actuel, les
régions administratives n’ont pas encore acquis une autonomie administrative et
économique. Les collectivités décentralisées (surtout des communes) ne
disposent pas des maires élus mais sont dirigées par des administrateurs
nommés par le niveau central. Toutefois, l’administration publique est aujourd’hui
en pleine réforme et modernisation. Le Gouvernement a réaffirmé son
engagement de faire aboutir dans les meilleurs délais le processus de
décentralisation pour lequel le Togo a pris un certain retard par rapport à d’autres
pays de la sous-région.
3
Atlas banque Mondiale – Mise à jour octobre 2011 (voir http://go.worldbank.org/E8N6PWDVL0)
Figure 1 : Carte administrative du Togo
4
Division de la population des Nations Unies (voir http://www.un.org/esa/population/unpop.htm)
10
5
Le taux de mortalité générale estimé à 8,1 pour mille, s'explique
essentiellement par les taux élevés des mortalités infantile (78 ‰), infanto-juvénile
6
(123 ‰) et maternelle (350 pour 100.000 naissances vivantes) ces cibles des
OMD constituent plus de 65 % de la mortalité de la population togolaise.
Le taux de mortalité infanto-juvénile reste à un niveau élevé en raison de quatre
facteurs : le paludisme, les causes néonatales, la pneumonie et la diarrhée. Les
autres causes sont liées à la rougeole et au sida. La malnutrition est une cause
sous-jacente de plus de 50% de ces décès.
Les décès dans la période néonatale (de la naissance à 28 jours) représentent
plus du tiers des décès des enfants de moins de 5 ans. Les décès néonataux sont
dominés par les infections sévères, la prématurité et l’asphyxie.
Le paludisme constitue le plus lourd fardeau sur le système de santé du pays. Il
totalise en moyenne 40% de toutes les consultations externes avec une grande
vulnérabilité des enfants de moins de cinq ans. En effet, le paludisme représente
la première cause de morbidité et de mortalité des enfants de moins de 5 ans
enregistrées dans les formations sanitaires. Les résultats d’enquête MICS réalisée
en 2010 indiquent une prévalence nationale de paludisme de 33,1 % chez les
enfants de moins de cinq ans.
La malnutrition infantile reste préoccupante. La malnutrition chronique est
élevée et touche en moyenne près de 30% des enfants du Togo avec une
variabilité importante d’une région à l’autre (43% dans les savanes et 16% dans la
commune de Lomé) et également une variabilité suivant les quintiles de richesse
(40% chez les enfants du quintile le plus pauvre contre 13 % chez les enfants du
quintile le mieux nanti). La malnutrition aigüe varie avec les conditions de sécurité
7
alimentaire et s’élevait à 4,8 % en moyenne sur l’ensemble du territoire en 2010 .
Les maladies diarrhéiques dont la prévalence s’est accrue de 15% en 2006 à
20,6% en 2010, représentent presque 14% des causes de mortalité infantiles. Les
causes de la diarrhée sont multiples : infection, malnutrition, faible accès à l’eau
potable, mauvaises pratiques d’hygiène et d’élimination des déchets.
La mortalité maternelle est également une question préoccupante au Togo. Le
8
ratio de décès maternel estimé à 350 pour 100.000 naissances vivantes en 2008
demeure largement supérieur à la cible attendue de 160 pour 100.000 naissances
en 2015. Les causes directes des décès maternels sont les hémorragies, les
éclampsies, les complications d'avortement provoqué, les infections et les
dystocies.
5
Division de la population des Nations Unies (voir http://www.un.org/esa/population/unpop.htm)
6
Enquête MICS4 de 2010
7
Enquête MICS4 de 2010
8
Estimation par modèle en 2008 (http://données.banquemondiale.org/indicateur)
11
En ce qui concerne l’épidémie du VIH, la prévalence au sein de la population
9
générale est l’une des plus élevées de l’Afrique de l’Ouest (3,2% en 2010 ). Bien
qu’étant de type généralisée (3,5% chez les femmes enceintes en consultations
10
prénatales en 2010 ), elle présente des disparités régionales et entre les
différents groupes socio-culturels : la prévalence du VIH diminue de Lomé
Commune (6,8%) vers la région des Savanes (1,6%) ; elle est plus élevée en
11
milieu urbain (4,4%) qu’en milieu rural (2,5%) . En outre, l’épidémie est
concentrée chez les professionnelles du sexe et leurs clients (29,5% et 13%), les
hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (23%), les
consommateurs de drogues injectables et les détenus (7,6% dans la maison
d’arrêt de Lomé).
Le nombre de cas de tuberculose augmente d’année en année en raison de la
co-infection TB/VIH et de l’amélioration de la notification des cas. Le nombre de
cas de tuberculose dépistés est passé de 1.452 à 2.097 entre 2001 et 2010.
Environ 30% des malades souffrant de la forme pulmonaire de tuberculose
12
présentent une co-infection TB/VIH .
En dehors de ces principaux problèmes de santé, le Togo supporte un autre
fardeau de la maladie lié aux handicaps, catastrophes, épidémies et surtout à
l’émergence de Maladies Non Transmissibles (MNT). Les résultats de la
13
première enquête STEPS réalisée en 2010 sur les facteurs de risque des MNT
ont révélé que la prévalence de l’hypertension artérielle, principal facteur de risque
des accidents vasculaires cérébraux et des crises cardiaques, était de 19% et
celle du diabète évalué à 2,6%, au sein de la population des 15-64 ans. Les
maladies cardiovasculaires représentaient 6% des décès enregistrés dans les
établissements de soins du pays.
Dans l’ensemble, les indicateurs sanitaires clés (tableau 2) indiquent, nonobstant
quelques progrès significatifs obtenus ces dernières années, que les efforts
consentis à ce jour n’ont pas permis d’atteindre les objectifs poursuivis (OMD).
Les indicateurs de santé liés aux problèmes de santé ciblés par les OMD n’ont
connu que peu d’évolution ou sont en quasi-stagnation entre 2006 et 2010.
9
Rapport ONUSIDA 2010
10
Rapport d’activités du PNLS 2010
11
Rapport sur la surveillance sentinelle du VIH chez les femmes enceintes, PNLS 2010
12
Rapport d’activités 2010, PNLT
13
Rapport final de l’enquête STEPS Togo 2010. Agoudavi k. et all. Ministère de la Santé, Togo 2012.
Tableau 2 : Evolution des indicateurs clés de santé au Togo
Indicateurs clés 1988 1998 2006 2010
59,8
Espérance de vie à la naissance (années) 55,0 49,0 63,3
(2000)
Taux brut de mortalité (pour 1.000 9,6
15,0 13,0 8,1
habitants) (2000)
Mortalité néonatale (pour 1.000 naissances
50,4 42 ND ND
vivantes)
Mortalité infantile (pour 1.000 naissances
80,5 79,7 77 78
vivantes)
Mortalité infanto-juvénile (pour 1.000
158 146 123 123
naissances vivantes)
Mortalité maternelle (pour 100.000 510 350
640 478
naissances vivantes) (2005) (2008)
Indice synthétique de fécondité 6,6 5,4 5,1 (2000) 4,1
Prévalence de retards de croissance (%) 37,0 30,0 23,7 29,5
Prévalence de l'Insuffisance pondérale 27,0 25,0 26,0 16,6
Prévalence de la malnutrition aigue ND ND 14,3 4,8
Prévalence de diarrhée chez les enfants de
29,0 31,0 15,0 20,6
moins de 5 ans
Prévalence des IRA chez les enfants de
ND ND 6,0% 5,0%
moins de 5 ans
Prévalence du VIH (% population de 15-49) 1,0 (1987) 5,9 3,3 (2005) 3,2
Prévalence de l’HTA ND ND ND 19 %
Prévalence du diabète ND ND ND 2,6 %
Prévalence du tabagisme ND ND ND 6,8 %
Sources : MICS 3 et 4, http://donnees.banquemondiale.org/indicateur; rapport ONUSIDA,
2010. SMART, 2010 ; Enquête STEPS 2010
14
Principaux indicateurs de santé, année 2010 – Ministère de la santé (Janvier 2012).
15
Données Direction des Pharmacies, Laboratoires et Equipements Techniques (DPLET) – Ministère de la
santé (Mai 2012).
3. ANALYSE DE SITUATION DU SECTEUR
PHARMACEUTIQUE
16
Rapport d’audit – évaluation du secteur pharmaceutique au Togo, juillet 2009 – FINORG.
17
Rapport de l’analyse de situation du secteur de la santé au Togo, aout 2011 – Ministère de la santé /
IHP+.
18
Rapport de mission « Revue du système de réglementation pharmaceutique » ; novembre 2011 –
OMS/HQ Genève.
19
Décret n°2012-‐006/PR du 07 mars 2012 portant organisation des départements ministériels.
20
selon l’organigramme défini par un arrêté datant de 1991, et qui n’est plus
adapté pour remplir toutes les fonctions réglementaires citées précédemment. Il
s’agira donc d’élaborer un nouvel arrêté d’application qui définira les missions,
attributions et l’organisation de la nouvelle DPML, en prenant en compte les
fonctions réglementaires essentielles. De plus, il faut souligner que d’un point de
vue opérationnel, cette direction centrale souffre d’un déficit chronique en
ressources humaines et d’une insuffisance de moyens logistiques et financiers qui
ne lui permettent pas d’assurer efficacement sa mission de structure de régulation
pharmaceutique. Sa décentralisation au niveau régional est également déficitaire
car toutes les DRS ne sont pas pourvues en pharmaciens et, de plus leurs
missions ne sont pas formellement définies. Malgré ces difficultés récurrentes au
Ministère de la santé, les fonctions d’homologation des médicaments, d’octroi de
licences d’exercice aux établissements pharmaceutiques, de pharmacovigilance et
d’inspection pharmaceutique sont mises en œuvre avec toutefois des
insuffisances. Les fonctions de contrôle qualité, de contrôle de l’importation et de
l’exportation des produits de santé, de gestion des essais cliniques, de contrôle de
la promotion médicale et d’information médico-pharmaceutique restent à être
opérationnalisées. La mise en place d’un système de gestion de la qualité et d’une
planification annuelle des activités liée à un budget investissement/fonctionnement
a pu démarrer avec l’appui du Projet d’Appui à la Gestion des Ressources
Humaines et du Médicament (PAGRHSM), ce qui devrait contribuer à rendre plus
efficientes les activités menées par l’équipe restreinte de l’ANRP.
Autre acteur institutionnel du système national de réglementation pharmaceutique,
l’Ordre National des Pharmaciens du Togo (ONPT) a été crée en 2004 par une
21
loi qui lui a assigné les missions essentielles de contrôle de l’accès à la
profession et de l’exercice des pharmaciens, selon les règles édictées par le Code
de déontologie des pharmaciens. Cependant la contribution de cette institution
n’est pas encore suffisamment visible du fait de la faiblesse de ses capacités
opérationnelles et des difficultés de mise en fonction de sa chambre de discipline,
liées à certains obstacles juridiques. De plus, son implication dans certaines
fonctions réglementaires pharmaceutiques est insuffisante du fait de la non
fonctionnalité des Comités consultatifs prévus à cet effet par le Code de la santé
publique.
Concernant le cadre juridique, le livre IV du Code de la Santé Publique (CSP)
adopté en 200922 consacré au médicament, dispositifs médicaux et à la
pharmacie comporte l’essentiel des bases législatives permettant de réguler le
20
Arrêté n°11/91/MSP du 27 mars 1991 portant organisation des services des directions centrales,
régionales et préfectorales de la santé.
21
Loi n°2004-‐017 du 30 septembre 2004 portant création de l’Ordre national des pharmaciens du Togo
22
Loi n°2009-‐007 du 15 mai 2009 portant Code de la santé publique de la République togolaise.
secteur pharmaceutique. Cependant, un bon nombre de dispositions de ce CSP
ne seront applicables qu’une fois les textes d’application réglementaires (décret et
arrêtés) adoptés. Il faudra aussi intégrer dans ces textes l’ensemble des
règlements et décisions adoptés au niveau de l’UEMOA. Tout ceci devrait
concourir à ce que l’ANRP puisse assurer une veille réglementaire opposable
juridiquement.
23
Décret n°2011-‐176/PR du 30 novembre 2011 portant attributions, composition et fonctionnement de la
Commission nationale d’enregistrement des médicaments et autres produits pharmaceutiques.
Enfin, pour veiller au respect de la réglementation pharmaceutique en vigueur et
donc sécuriser le médicament mis à la disposition des populations, la fonction
d’inspection pharmaceutique doit être forte et à la hauteur du fléau que constitue
aujourd’hui le marché illicite et le trafic des médicaments falsifiés. Or, force est de
constater que l’inspection pharmaceutique dont dispose l’ANRP est trop faible en
quantité et en qualité (assermentation). En effet, les pharmaciens inspecteurs sont
en nombre insuffisant pour couvrir l’ensemble du territoire (nécessité de couvrir
tout le territoire, les principales portes douanières). Ceux qui sont formés ne sont
pas assermentés, ce qui les limite à un pouvoir uniquement « technique » et non
de police judiciaire. De plus ils manquent de moyens logistiques et financiers.
Cette inspection manque aussi de référentiels de Bonnes Pratiques
Pharmaceutiques (BPP) opposables juridiquement.
Dans un contexte international où les produits médicaux de qualité inférieure,
falsifiés et/ou contrefaits envahissent le marché, il est donc prioritaire de pouvoir
assurer efficacement ces différentes fonctions réglementaires afin de sécuriser le
marché pharmaceutique national.
24
La CAMEG-‐Togo est liée à l’Etat par la Convention du 30 septembre 2010
sont pas autorisés à la vente au détail (directement aux officines, dépôts ou
pharmacies hospitalières).
La CAMEG-Togo et ses dépôts régionaux constituent le pilier du système
d’approvisionnement en médicaments des structures publiques de santé et de
mise en œuvre de la stratégie nationale de promotion des médicaments essentiels
et génériques. Son statut a été révisé en 2007 afin de la doter d’organes
décisionnels et consultatifs en accord avec sa mission de service public qui est
d’assurer la disponibilité constante de médicaments essentiels de qualité à
moindres coûts. Le ministère de la santé et ses partenaires s’accordent à penser
que la CAMEG-Togo doit être confortée dans sa mission et jouer un rôle central
tant pour l’approvisionnement en MEG des formations sanitaires que pour, à
moyen terme, assurer les fonctions d’approvisionnement dans les programmes
verticaux (vaccination, Santé de la Reproduction (SR) et lutte contre le VIH/SIDA,
le Paludisme et la Tuberculose notamment). A cette fin, l’audit du secteur
pharmaceutique de 2009 a identifié les actions prioritaires qui doivent être menées
pour lever les contraintes internes et externes qui fragilisent actuellement la
CAMEG-Togo et qui menacent à terme son fonctionnement. Des interventions
programmées des partenaires visent à renforcer le rôle de la CAMEG. Cependant,
l’application effective de la convention signée entre l’Etat et la CAMEG-Togo
constitue l’un des préalables à ces interventions programmées par les différentes
parties concernées. A cela s’ajoute la nécessité d’améliorer les pratiques de
stockage, condition figurant parmi les exigences du Fonds Mondial de lutte contre
le sida, la tuberculose et le paludisme (FM-STP).
Le circuit de distribution public est relativement décentralisé avec deux (02)
pharmacies régionales d’approvisionnement (PRA) rattachées à la CAMEG-Togo
et trois (03) dépôts pharmaceutiques régionaux rattachés à des DRS. Le niveau
périphérique du circuit pharmaceutique public (niveau district) n’est pas encore
structuré et son organisation est également très inégale selon les régions
sanitaires. De plus, les formations sanitaires ne se conforment pas à l’obligation
qui leur est faite de prioriser leurs achats à la CAMEG (article 9 de la Convention
Etat – CAMEG-Togo) et sollicitent fréquemment les grossistes privés, d’où la
présence importante de spécialités dans certains dépôts régionaux et FS
publiques. Ceci est certainement dû au fait que cette dernière disposition n’est pas
formalisée par des textes réglementaires (encadrant la pharmacie hospitalière
notamment). Les ruptures de stock à la CAMEG-Togo constituent également un
argument pour les FS publiques qui s’approvisionnent dans le secteur privé. En
effet, les grossistes privés garantissent un coût de revient du médicament égal à
Lomé et dans les autres villes du pays.
Il faut également relever que les médicaments des programmes nationaux (le
PNLS, le PNLP, le PNLT, SR, PEV, …) sont achetés, gérés et distribués en partie
par la CAMEG-Togo, et en partie par certains partenaires qui acquièrent eux-
mêmes les médicaments et les mettent à la disposition des programmes.
Egalement, le secteur confessionnel prend de plus en plus d’importance dans la
distribution des médicaments à travers un réseau de FS réparties sur l’ensemble
du territoire et grâce à un approvisionnement de diverses sources (OCDI, CAMEG
et certains grossistes privés). De ce fait, il se crée des sous-systèmes
d’approvisionnement et de distribution qui échappent au contrôle de l’ANRP.
L’approvisionnement en médicaments des formations sanitaires s’est nettement
amélioré ces dernières années suite aux efforts conjugués du gouvernement et de
la communauté internationale dans le cadre de la mise en œuvre de la dernière
PPN. Mais, il est déterminant de pouvoir définir et organiser formellement un
schéma directeur national de l’approvisionnement et de la distribution au sein du
secteur public. Actuellement, les circuits d’approvisionnement sont nombreux,
fragmentés et se superposent ce qui ne favorise pas une bonne disponibilité, ni
une accessibilité du MEG à l’ensemble des FS publiques du territoire.
20
3.3.3. Disponibilité des MEG dans les formations sanitaires
Au moment de l’audit-évaluation du secteur pharmaceutique réalisé fin 2008, la
disponibilité des MEG sur les 55 produits traceurs était en moyenne de 80% sur le
territoire. Malgré les limites de cette étude, d’autres enquêtes similaires nous
permettent d’affirmer que le Togo est sorti de la situation de pénurie de
médicaments qu’il connaissait au moment de l’adoption de la dernière PPN.
3.4.1. Financement
Selon les comptes nationaux de la santé de 2008, le financement privé représente
60,3% dont 50,5% sont assurés par les ménages. L’Etat finance lui près de 22,4%
des dépenses, le reste étant couvert par les partenaires techniques financiers
internationaux (17,3%). Malgré une augmentation du budget du Ministère de la
Santé de 3% par an en moyenne depuis 1998, sa part dans le budget général de
l’Etat a fortement baissé, passant de 10% à 6% sur la même période. Les
médicaments sont donc essentiellement financés par le recouvrement des coûts
(par la population) sous forme de paiement direct.
Les partenaires financent également une bonne partie des médicaments pour la
prise en charge du VIH/SIDA, de la tuberculose et du paludisme. Cette trop
grande dépendance du financement des produits essentiels (Antirétroviraux
(ARV), antituberculeux, antipaludiques, vaccins, réactifs de laboratoires, etc.) à
l’égard de l’aide extérieure (près de 70% du financement du PEV et plus de 80%
du financement des ARV proviennent actuellement de l’aide extérieure) constitue
un risque en cas de retrait d’un ou des partenaires.
L’instauration de l’assurance maladie obligatoire des fonctionnaires de l’Etat en
2011 est une opportunité pour alléger les ménages bénéficiaires du poids lié aux
dépenses de santé. Il parait indispensable de garantir la pérennité de ce système
21
par l’adhésion et l’implication de toutes les parties prenantes, puis de l’étendre à
toute la population.
25
Arrêté interministériel n° 162/27/MS/MIC/MEF du 31 octobre 1997
relève aussi l’absence d’un formulaire thérapeutique sur lequel les personnels
prescripteurs pourraient s’appuyer. L’article 411 du code de la santé publique
donne le droit de substitution aux pharmaciens (d’une spécialité par un générique
équivalent moins cher) mais ce droit n’est pas toujours appliqué du fait de la
réticence des prescripteurs (souvent sous l’influence des délégués médicaux)
mais aussi du manque de collaboration entre les prescripteurs et les
dispensateurs. La plupart des prescripteurs et des dispensateurs n’a jamais été
formé ou sensibilisé au concept de l’usage rationnel du médicament. Il est à
déplorer également le non usage de l’ordonnancier dans les officines privées du
Togo, gage de confiance avec les prescripteurs et d’un exercice responsable. On
note enfin de nombreux cas d’inobservance des traitements liée à la pauvreté des
populations.
26
Arrêté n°0046/2008/MS/CAB/DGS/DPLET du 19 mars 2008 portant organisation du système national de
pharmacovigilance.
notification des effets indésirables par les médecins et pharmaciens du secteur
privé, elle reste trop faible pour conduire à des décisions au niveau national.
En dehors de l’hémovigilance, les autres vigilances (réactovigilance,
matériovigilance, cosmétovigilance) concernant les effets indésirables liés à
d’autres produits de santé ne sont pas encore organisées. Elles pourraient se
développer sur la base d’un système national de pharmacovigilance déjà bien mis
en place et fonctionnel.
En matière de lutte contre le trafic illicite des produits médicaux falsifiés, une
collaboration intersectorielle a été initiée avec INTERPOL lors d’une opération
coup de poing destinée à saisir des quantités de ces produits falsifiés et/ou
contrefaits sur le marché illicite. Outre ces actions de coopération internationale
ponctuelles, compte tenu de l’enjeu majeur de la lutte contre ce fléau, il paraît
essentiel de développer un cadre de partenariat intersectoriel (santé, justice,
douane, police, commerce, environnement,…). La formalisation de ce cadre
permettra de mieux planifier et mettre en œuvre des actions coordonnées qui
soient plus efficaces pour endiguer le développement de ce trafic dont les
conséquences en matière de santé publique, mais aussi socio-économiques sont
catastrophiques.
4. LISTE DES PROBLEMES PRIORITAIRES
6. Ressources humaines
-‐ Le secteur public n’est pas suffisamment attractif pour les pharmaciens.
-‐ Les ressources humaines qualifiées sont insuffisantes dans le domaine
pharmaceutique.
-‐ La répartition géographique et sectorielle publique-privé des pharmaciens
est trop déséquilibrée.
7. Recherche
-‐ La recherche fondamentale et opérationnelle est peu développée dans le
domaine pharmaceutique.
-‐ La valorisation des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle est
insuffisante.
5.1. Fondements
Les fondements qui orientent la Politique nationale de santé en général et la
Politique pharmaceutique nationale en particulier sont ceux de la Constitution de
la IVème République Togolaise du 14 octobre 1992 qui reconnaît le droit à la
santé. En effet, son article 34 précise que « l'Etat reconnaît aux citoyens le droit à
la santé. Il œuvre à le promouvoir ». Ceci implique l’obligation pour l’Etat de
définir une Politique Nationale de Santé et des politiques sous-sectorielles à
même de promouvoir, de protéger et de restaurer la santé de la population et d’en
assurer la mise en œuvre effective.
5.2. Vision
La vision de la PPN se base sur celle de la politique nationale de santé qui est
d’assurer à toute la population le niveau de santé le plus élevé possible en
mettant tout en œuvre pour développer un système de santé performant capable
de satisfaire le droit à la santé de tous, en particulier les plus vulnérables.
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7. ORIENTATIONS STRATEGIQUES
31
27
publiques et privées . Les stratégies à mettre en œuvre pour l’atteinte de cet
objectif 3 sont les suivantes :
Développement d’un système national d’approvisionnement et de distribution
des produits de santé essentiels.
Renforcement des capacités techniques et financières de la CAMEG-
Togo, des structures décentralisées de distribution et des FS en vue
d’assurer une meilleure gestion des médicaments essentiels génériques et
dispositifs médicaux essentiels.
Renforcement de la participation des communautés à la gouvernance
des services liés aux produits de santé essentiels.
Développement d’un cadre d’exercice de la pharmacie hospitalière.
Promotion de l’installation du secteur pharmaceutique privé dans les
zones non couvertes.
Promotion de la production locale, y compris des médicaments
traditionnels améliorés, dans le respect du cadre réglementaire national.
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Les FS regroupe les USP, hôpitaux, structures privées de soins, officines de pharmacie et dépôts
pharmaceutiques.
Développement de programmes de formation et de sensibilisation au
concept d’usage rationnel des produits de santé.
Développement institutionnel et opérationnel du système national de
pharmacovigilance.
Développement d’un système d’information médico-pharmaceutique
indépendant.
Encadrement de la publicité et des pratiques de promotion des produits
de santé.