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NHS 1995

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Le Manipulate

d'électroradiologie médicale et de radiothérapie

1895 -1995
le premier siècle
de la radiologie.

Revue officielle de l'Association Française


Octobre 1995 du Personnel Paramédical d'Electroradiologie
toi ■

Si SCHERING est la référence mondiale en Imagerie Médicale c'esB


Schering invente autant par la fiabilité de ses produits de contraste que par l'apporM
innovant de ses solutions.
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monde il y a toujours une raison de préférer SCHERING
SCHERING. _ 1
Etre premier n'est pas le fruit du hasard. • j

IMAGERIE
MEDICALE
1895 - 1995 : le premier siècle de la radiologie

A l'occasion du centenaire de la découverte des rayons X,


l'Association Française du Personnel Paramédical
d'Electroradiologie est heureuse de vous proposer un numéro
spécial de sa revue "LE MANIPULATEUR", sur le thème de l'his-
torique de notre profession.

Editorial par Monsieur le L'évolution des relations des


Professeur Maurice TUBIANA techniciens en radiologie au
page 2 plan international
page 59
Témoignage de Mme Hélène
LANGEVIN, Petite fille de L'association française des
Pierre et Marie Curie manipulateurs et ses relations
page 5 internationales de 1959 à 1989
page 66
Allocution de Monsieur
L'évolution du matériel
François MITTERAND lors du
radiologique de 1896 à nos
transfert des cendres de Marie jours
Curie au Panthéon page 72
page 6
Les temps de pose
Les dix dates qui ont marquées diminuent ou les progrès
l'imagerie médicale technologiques des
page 9 premières années de la
radiologie
Une histoire des Manipulateurs page 74
en électroradiologie médicale
Les musées de la radiologie :
page 10
▲ Le musée du Radium à
Georges MASSIOT : Paris
Ingénieur-constructeur et page 78
manipulateur .. malgré lui
page 32 A Le musée RÔNTGEN en
Allemagne
L'évolution de l'imagerie page 82
médicale vue à travers une vie ▲ Le musée Belge de la
professionnelle Radiologie
page 40 page 84
L'évolution de la profession de A Le futur musée de la
Manipulateur Radiologie dans la région
d'Electroradiologie Médicale Lyonnaise
dans les Hôpitaux Publics, à page 87
travers les textes officiels Conclusion
page 56 page 88

Le MANIPULATEUR d'électroradiologie médicale et de radiothérapie


Numéro spécial de l'Association Française du Personnel Paramédical d'Electroradiologie
Association Française du Personnel Paramédical d'Electroradiologie
A.F.P.P.E. - Boîte Postale n°09 - 75622 Paris cedex 13
Tél. & Fax : (1) 39.87.54.40
Directeur de la Publication : Jean-Marc DEBAETS
Conception & Réalisation : C.C.A.F. Communication - Tél. : (1) 45.09.60.20 - Fax : (1) 43.32.30.31
L'A.F.P.P.E. rappelle que les opinions exprimées dans les articles n'engagent que leurs auteurs Liste des annonceurs :
et n'assume aucune responsabilité quant aux erreurs ou omissions qui pourraient se produire.
AGFA : p III de couv. GUERBET : p IV de couv.
La reproduction totale ou partielle des articles et des informations' publiés dans la revue LE NYCOMED : dp centrale RX Service: p 18
MANIPULATEUR est strictement interdite, sauf autorisation préalable et écrite du Président STEPHAN'X : p 39 PHILIPS: p43
National de l'A.F.P.P.E. ou, par délégation, du Directeur de la Publication. SCHERING : p II de couv. 3M: p46

Dépôt Icgul 3ème trimcsirc 1994 - Commission paritaire 360 D 73


Editorial

Q uatre dates inaugurent l'ère de


la radiologie : en décembre
1895, Roentgen découvre les
rayons"-]X, la semaine même où les
frères Lumière découvrent à Lyon
(France) la cinématographie et pro-
duisent leur premier film. Le règne de
l'image commence. En mars 1896
Becquerel à Paris découvre la radio-
activité et en 1897, J.J. Thomson
découvre l'électron. Pierre et Marie
Curie en 1898 isolent le radium. Avec
Rutherford, Plank et Einstein en
moins d'une décennie seront bâties
les fondations sur lesquelles s'épa-
nouira la physique moderne et ses
applications.
Deux ou trois semaines après la
découverte des rayons X on prend

La découverte déjà des clichés radiologiques à


Vienne, Paris et Londres et immédia-
tement on les utilise pour examiner le
squelette. En examinant un de ces cli-
chés, en janvier 1896, Becquerel
de la décide de s'intéresser au mécanisme
par lequel des rayons X sont produits,
spécialiste de la fluorescence il s'inté-
resse aux liens entre fluorescence et

Radiologie rayons X. Deux mois plus tard, il


découvre qu'un élément naturel, l'ura-
nium, émet spontanément des rayon-
nements voisins des rayons X ; c'est
la découverte de la radioactivité natu-
relle d'où vont sortir tour à tour le
radium et des applications médicales,
la connaissance de la structure de
l'atome, la radiochimie, les isotopes
radioactifs artificiels découverts par
Irène et Frédéric Joliot-Curie en
1934, et enfin l'énergie atomique. La
découverte de l'électron par J.J.
Thomson sera, elle, à l'origine de
l'électronique moderne.
La radiologie a d'abord progressé len-
tement. Les premières images étaient
médiocres, la sensibilité et la résolu-
tion s'accroissent peu à peu. La radio-
scopie, d'abord très utilisée car elle
permet de suivre les mouvements des

2 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


organes, notamment les poumons et seulement le mouvement des organes ... en moins
le coeur, est remplacée par des tech- mais celui des fluides (le sang, la
niques donnant des images plus fines lymphe), les images fonctionnelles d'une
avec moins de rayonnements pour le qui intègrent les renseignements
malade et pour le médecin. Les pro- quantitatifs obtenus grâce à l'analyse
décennie
duits de contraste proposés dès la fin mathématique (l'analyse factorielle seront bâties
du XIXe siècle entrent réellement en de la séquence des images recueillies
clinique en 1911, la tomographie au cours d'un examen, l'imagerie bio-
les fondations
permet de se débarrasser des artéfacts chimique qui distingue les différents sur lesquelles
qu'entraîne la superposition des tissus en fonction de leur composi-
images des tissus traversés par le tion chimique. La scintigraphie par
s'épanouira la
faisceau de rayons X. Pendant le der- radio-isotopes émettant des positons physique
nier tiers du XXe siècle, l'essor de et l'I.R.M. fonctionnelle permettent
l'imagerie médicale est dû à l'alliance déjà de suivre l'activité intellectuelle moderne et
de la radiologie avec les calculateurs. des différentes régions du cerveau en ses
En 1972 Hounsfield construit le pre- se basant sur des critères très simples
mier scanner grâce aux possibilités tels que leur vascularisation, les applications.,.
de reconstruction des images offertes quantités d'oxygène ou de glucose
par le calculateur. Peu après la réson- qui y sont consommées : on peut
nance magnétique nucléaire qui vient ainsi distinguer quelles sont les diffé-
d'être découverte est utilisée pour rentes zones du cerveau qui tra- ... L imagerie
l'imagerie médicale grâce également vaillent, par exemple au moment où
un sujet écoute, parle ou réfléchit. médicale a
au calculateur.
Pour donner toute son importance à atteint aujour-
Les isotopes radioactifs artificiels
la découverte des rayons X, il fau- d'hui une pré-
sont découverts en 1934 (I. et F.
drait encore citer la radiothérapie qui
Joliot-Curie) et très vite on apprend à
grâce aux progrès qui ont été faits cision, une
fabriquer des isotopes radioactifs de
depuis cent ans est devenue aujour- perfection
la plupart des éléments naturels.
d'hui, à côté de la chirurgie, la princi-
Grâce aux grands précurseurs, G. von
pale arme pour les traitements des inconcevable il
Hevesy (1913, méthode des traceurs)
cancers et parler de la radiobiologie
et A. Lacassagne (1922, autoradio-
et de la radioprotection. En cent ans,
y a 25 ans.
graphie), les fondements de la méde-
cine nucléaire existent déjà et celle-ci
c'est tout un nouveau monde qui s'est Mais ce n'est
ouvert.
se développe rapidement. qu'un début,
L'utilisation chez l'homme des rayon-
nements émis par ces isotopes radio-
Professeur Maurice TUBIANA ♦ et des progrès
actifs permet de suivre la destinée de sont
la molécule dans laquelle cet isotope
a été introduit et d'effectuer une
prévisibles
exploration fonctionnelle de l'orga- pour les
nisme. Dès 1950, en suivant la fixa-
tion de l'iode dans la thyroïde, on
décennies à
associe mesure de l'activité fonction- venir...
nelle et l'étude morphologique.
L'imagerie médicale a atteint aujour-
d'hui une précision, une perfection
inconcevable il y a 25 ans. Mais ce
n'est qu'un début, et des progrès sont Professeur Maurice TUBIANA
prévisibles pour les décennies à Président du Centre Antoine Béclère
venir : L'image en trois dimensions, à Paris.
Membre de l'Académie des sciences
l'image dynamique où l'on suit non et de l'Académie de médecine.

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 3
rnkPitit: pas auiwamnwK» " "": sur ii un taw» voisine, selon* uooi«n,q.ui ment ewt. uomieur, nu: nés lyonnais, (orw*^ue.
- oui MlAvnOi signifia rièn;.]'»l tnnnn; au esquiva lo coup porte é» pleirio rlne. &Titnpr> de la rue BroCa.il crois», une bandé
_<? drajwéj mi liiimtos nu'on appelait «-.MiU'cliof • Louis,- emporté; par Holi clarJ, i%uli à que ['pies d'individus do dix-huit X Ymgt ans qui l'entou-
pas delli, '■.'■■. ri ï'i ' 1 i .' • riront i ~j ■ • -
■"et qui Ciiit d'Asnltrcî.
aon adversaire no loi laissa bis lo temps dé so " i-i l'aies-UI un vctTc.7 demanda cehil qui pa^
relever. Il lu réduisit « l'Impuissance et le rc illt ralssalt le chef. • ; . . .. .. ,
ontro les mains des ftardlcnsJo la paix. lllen t b'un peu parti, Margimod ne 'setalssa
UNE DECOUVERTE SENSATIONNELLE Conduit chez M. Cltadefaui. eoinmlssalrc do pa» intimider. ' '
police, Louis Martin «pondit avec uno' ti llo — Jo no vous connais,pas et jo no veux pas
On parle beaucoup en ce moment, à Vienne, d'une véhcmonoo.aux qucstlonr postcw; quo lo matlst boira a 'éo vous. LnlsSex-mni aller me couchor.
Irai l'a consigné il sa disposition, bien quoi la A peina avait-Il- prononcé ces sages paroles
découverte sensationnelle qui est appelée, croyons-
pauvre inéro ot M. Dubois su aolept' refusés 4 qu'il éttjit bousculé par. les Jeunes gens et tom-
nous, à un grand retentissement dans le monde porter plainte. ' | balt-,frappé, do trois coups de, couteau dons lo
1 savant. 1 .
dos. . ' . X" .
D'après les expériences que vient de faire le très Combustible à prix réduits (
A la yuo du sang. îles lâches meurtriers pri-
distingué professeur Routgen, de l'Université de Un' marchand de«liarbnns Un gros do l'avenue rent la fuite, poursuivis parles: agents qui ne
Wùrtzburg, il existerait un nouvel agent conducteur do l'Opéra',, M. M...1 ayant rciju de nombreuses purent th arriHer anepn. .
, de la lumière. Celle-ci se propagerait aussi bien à tra- plaintes dn .ses clients relativement A la quan- . On transporta lo blqssé & l'hépital do la Pitié
vers certains corps solides, - le bois, la chair, par tité des sac» portés Pi 1 domicile, résolut do fairo .où son état fut jugé assez grave-
■ exemple, - qu'à travers un corps translucide quel-
exercer unu surveillance actlvo sur ses gardons ■ M. Mnot, commissaire de polies, recueillit !»
livreurs, ! déposition do Margnkud et conlla aux inspec-
conque. Toutefois, d'autres substances, comme le
..Uno HsWtles commandes fut remise hicridi' teurs lSfgard ct'Dumont le soin do découvrir les
métal ou les os, ne se laisseraient pas pénétrer par la vers inspecteur* do lu Silrctjé. qui CQhstnturerit autenra de celte agresislon. . j ' :
(, lumière. que, purioiit où Ils su présentaient, les livreurs; Après !ile. longues et minutieuses' recherchos,
Pour arriver, à cette découverte absolument inat- sur quatre ou cinq -sacs, en conservaient-un tous ont été arrêtés, i
tendue, le savant physicien s'est servi de tubes de pour eux »; i . h a ! Lo principal, iuculpé est un repris do justice
verre où le vide aussi parfait que possible était fait au A la nu fie là jburdéfti toul fa commande.^ por- dàrigortuï, Auyusto iVerdier, dit le Nez-Cassé,
préalable. A l'intérieur de ces tubes passait un courant Uies, il restait sur leurs^ voit rcs uno dizaine do âgé do vingt ans ; c'est lui qui a porté les trois
d'induction, et c'est à la lumière de cette étincelle sacs que Us livreurs vinrent vendre ii boa prix coups rte couteau a Mi Margnaud.
électrique prolongée que le professeur Routgen a pu
dans ilifl&tiQles nMwnwjnj . rua Vavin, Ses complices so nomment : Carrier, dit Mi-
Lm agents ârrëliVrènt en laïrant d6lit Metix mille, titans ; Chartorf, ditTolo, ISaus; lj;chou.x,
photographier une série d'objets invisibles, tels que des charretiers que) l'on obndu «it o.he!! Ji.dc ISuss-
des poids de cuivre enfermés dans une caisse de bois
dit Ncrvsux, lt>'aiis.ij Mesnin, dit l'opo, 15 ans.
cli'uv, (ioiitnilssulro do polie . Après iùlQt-ojja- Tous attendent au Dépôt leur comparution (lo-
. parfaitement close, ou encore les os de la main d'une toire;, lo mùglélriit lon'aigaril :) tous deux |i\ sa vant la Cour d'assisesrpour une foule de méfaits
personne qui travaillait avec lui dans son laboratoire ! dispasillon. Ce sont lusinoini U'i E'.iimiio Hifl'aut, relevés au/cours de- l'instruction faite par M.
Dans les deux cas extrêmement curieux que nous à.<o «le- trf-ntc-clnq ans, et l.d uisj Taiifér.'Sgo de Lanet. '
citons, les épreuves photographiques, depuis VMiftt-netll ans. • [ ■
quelques jours exposées à Vienne même, montrent Alors qti'on lo rondtilsalt ui poste, Ulfr ut se tli| gardien dà la paix du Imiliéme arroit-
très distinctement les poids de cuivre ainsi que les jeta soi)S tilio voilure :(ui;p;i;j :Î:.Ù! a <^o ruo uent ; dissem uitla trouvé hier matin, vorssfcpt heures,
n'ayant pas M {SKftéii il 90 ril levael fuit si udain sous la.pi/rtn cochùrot do là;maison située' 41,
clous de la caisse qui les contenait. Quant au bois avenue*'dix Wagràm,|un enfant, du Sexe niascu-
■ constituant la caisse, il n'en reste pas trace ; on dirait
btifatka d.tns In'dlredtioh'itu iK ri:n duYnlI. Iranl,
où il fut aïrptd do nouveau (it envoyé au fiépOt lin.-ârfayuno quinzaine ée jours.
. que la lumiètre a passé au travers comme s'il eut été Lo bepê était envelippè d;uis .des langes très
translucide. La photographie de la main n'est pas Le C/ihn ile la èomtesss proprei; niais qui avalent été soigneusement dé-
[' moins saisissante : on compterait tous les os, pha- Depuis qttelquo' terripR (16.. i, }A: F..., bofiiçhcr, marqu '
' langes, articulations. Impossible de deviner même le ru.o.lléi'ila,.ci)iistnlalt" Wiiuliércmoùt la illspai-t Tran sporté iV l'hôpital Beàujon eiiiatlendaut
contour des doigts : c'est le membre d'un squelette et tlqu à son étal UutÂU:'<t'un[.glgqtj tantôt (l'un son ad mission aux Èiifaota-Assistiis-, le pauvre
non une main vivante, dirait-on. Et cependant il n'y a volumineux îosbeef. Hà vain lit surveilla son per- petit, ( éi paraît douti(l>mo bonne santé, a paru
N pas de doute possible... sonnel { les vols se succédaiiin( sans relâche; En rès sajtlsfait de boiré le lait chaud qu'on s'est
désespoir de cause, Mi' K... [alla trouver i M. de .omprer'"'fié lie lui donner.
Est-il besoin d'insister sur l'importance d'une
ïiusseh<'re. commissaire do rlblice, ou lo mit au ^f. t efôbure, romrhissaîro de policé du quar-
pareille découverte, dont les conséquences sont appe-
ootiranl <f» ces disparitions ; quotidiennes 'aulaut tier, procède il nno éuquCto pour rechercher la
; lées à révolutionner toutes les données de la science qu iiîô.xbljquéoa. • 1 Ri - ! mère. 1
.et de l'expérience relativement à la propagation de la A uii Uispcetour do lit' Surate fut dévolu lo soin
'lumière ? do Veiller sur l'étal.! Ceint ilu itablior1 blanc; le ï,a bonno'de M. Monis, sénateur do la Gi-
■"* i Dès à présent, cette première tentative du profes- • fii4ii > ballant a sou liane, M.'VnlIiêros rainait, ronde J Mlle NOémie Crouzaud, ay»n t trou vé, hier,
seur autrichien dans une voie toute nouvelle va être hier matin, les cent pasdeva it la binichsrjo lors- dans iMrue, uh billet de oent francs; est venue
qu'il vit arriver un superbo chien darjotà qui, lo déposer entré les i mains do M. do Busschéro,
-id'un grand secours à la chirurgie moderne, déjà si commissaire dû pollcf.
audacieuse pourtant. Elle sera particulèrement utile sans la moindre- hésitation happa au passage
pour reconnaître la nature, l'importance des fractures, un gigot pesant une dizajno llo livres, et cdntinua'
sa cuurse. ; .;'' (
et pour suivre, au fond de l'organisme humain, les
, ravages causés par les armes à feu. Dans l'extraction
- M. Vailléres se lança ija loursuitec du voleur
a qualrov pattes, qu'il iTïSjoiinit dans la [rue do
AhjTOURJ)E PARIS
'des balles surtout, le nouveau mode d'investigation Rennes..Il fallut iléd!pyei< lieaj ruacs "d'Apache Aubèrvllliers. «.jun employé do chomlrî de
jépargnera au blessé la méthode actuelle si pénible des pour1 faire restituer le co'rp'sjdu délit nu' jwu or-
.sondages opérés souvent au hasard. Et dans combien fer, M iPicrre Lo Breton, a été écrase, hieraprès-
dinairc»niou,'quo l'on Incarcéra nu pôsto |voisin, mldl, «jir la ligue de l'Ouest par le train 815.
:
. d'autres cas, si la découverte tient ce qu'elle promet, commn un vulgaire malfiçtebr, sans biicuno . Lo thalheureux lolsso une veuvo et doux, en-
tous les maux qui affligent notre misérable guenille considération pour lo titre trdbilialro ins rit sur
son collier. I i fants. S - ;. I ' ■
^humaine ne pourront-ils pas trouver un soulagement ?
Lo dartois appartenait MnhA'la comtpsso dn Salat-Dcitls, — Up laeeudios'est déclaré,liier
M..., qui,' obliKuo do .quittor] i'aris, avait oontlô api-ès-mldl; chez M. jMillon, fabricant dè ouirs
L'INCENDIE DE U RUE CURIAL son cnlert h urt do sç^ ^lo tnestiques, le( uel lui
faisait f.ilro chaque malin une promenade do;
sanlé. . i i : .
verulslj26, ruo Hourefau. <
Jjt feii .a été communiqué par uno chaudière
■ :'• • H' ■ ;!" ''" ' . on ébùîiltkx:. • | ' . , -1
: Un Incendia nul n ffrlB en quel es instants dra On a vil comment r,Wiï al abusait Indigne- Les uég^ts sont très Imporlants.
proportions rwloutablcis, ft éclat hUr eouvve:* ment do ta contlanco do son gardien, qui s'est vu
dix Hem 'O.S. 03, rua Ourlai. I I j Clatharl. — Le ncAnmé Pyseller, mari divorcé
dans la nécessité do solder au négoclant|lés4 lo d'une Ihpniiêto femme appartenant a une famillo
A ootlo «Mm, et faisant l^tiégd[dli passage montnntldc lafaotnrcJ
WaltWUx, s'élêvo un inmieubWae. trois éta^is doClamart'a été mis en arreôtalion, hier, pour
aménagé on H61SI garni, dont le propriétaire «st Un De pat tnttl ràmpu avoir tontô d'ox'torquèr de l'argent^ous menaces
M, Ilrahd-Vulllcmuv.cé dernier exploite) lu rcx- M. Jean Kaiser, (lemojurah 1.158, rue des Bou- do mort, à ccllo quiifut pondant quelquo temps
do-chausséb Un débit db Vins. ; \[ i '• . lets, reoûvalt tder solK vers hiut heures, I a vlslto Mmo.Kyacller. [. , i ' j I \
C'est dans lu caves du comaHKant (tua fe fou d'un.'du'scs cousins, l'It.teo Mdrel, igé do quaf M. Boullneau, commissaire de police, a envoyé,
.1 pris naissance; les .llainraw-lallmonliVs p\r rnnte-trols arts, obénislei; habitant 90, ruo! Saint- comlMnbb) an]0ép4U i.'if:;: -.- ;>{ '
une Rrande quantité d'alcool, ont aussilôl envahi Ulaise Suirosucs. — M. Dubois, chef de gare,-réunis-
;*■
iVfcallord» In maison,! i|ul,. très <jlroil, 'ai fait M. Kaiser,qui étaitft.lalili nvila son parent a sait atot-hlor a sa lablo tous ses employés,pour
i'iw'JKo d'une véritable chom.lnéejtfappel. partager,a)n repaa. Mbrol df,-cepta. , j fêter pa trentième année do présence! i la Con>
I.o.» locatairoSr surpris, dnnk leur sommeil, ont I-o dlntir.foucnalt i siit/lji,, quand tout S coup ignlp des Cheml
Chomlns do fer de l'Ouest, j
•'rrogvè uno panique d'autant pins-forte que Sa MoroL pris d'un accùsi Suif t do folio fprlcusc'v Un diplôme et iihé
i médaillé d'argent lui ont
seule issne pouvant servir h tour! fulto était en- s'emparait do son coutcaU cl son Dortaltqualone é accordés a. ceclteioccasioa par M. lo Ministre
vahie par la feu et uho'fuméo .1res Intense; les coùps dans la poilrind.J m ; !3>ï1ravaux publ
aux public» i . •
femmes et les enfants SU précimicrent aux fenê- En uu 'instant la piè'cé fut! complètement Inon- Ch,blsy-lç-Roi, -j Un accident s'est produit,
tres, demandant dit accours. |) dée do sang.
hier i(près-mldi, à lajgaro des njarçhandises do
' Cette anxiété terrible d ura dix minutes! au bout M.KaiSer se précipitai sur) son cousin et lui,ar- Chdisjy-le-flol.
. desquelles arrivèrent les poropiirs do la caserne racha son couteau des mains. On transporta en-
de la ruo de Cltiueau-Lanaon. ni!'"
1 suite lo blcaeC dans une bhlpm^çle. ' | Un Worfimé Pane), charretier, do la maison
Sprinfeer, d'Alfort, a été tué durant une ma-
i Le sauvetage des malheureux, locataire* s'o- Ses blessures ayant élé rfeonnues très gravés, nœuvre, I j
péra immédiatement il l'aide HcS appareils jéflte- Morcl a.- été ensulto'cond ■-'f'lt!ii fhapitul Saint-
mentairts ; douze pcrslmncs furent de la'sufrto Antoine Versailles. — Des vols! nombreux ont été
arrachées ou: foyer dc'l'inccndiel I Un Suit- «M commis, la nuit derrière, ruo Saint-Antoine, rue
i Anns s'étro assuré mi'auean'ifltm' do la [Chancellerie, s-vonue do Paris et aveiiuo de

Note : "Le Petit Parisien" est le premier journal qui ait annoncé dans son édition du 10 janvier 1896, à Paris, la
découverte des rayons X, par W.C. RÔNTGEN.
On peut noter, à la lecture de cet article, le manque de précision dans l'orthographe de Rôntgen, "Routgen " ; ainsi que
l'erreur de sa nationalité puisqu'il est écrit "professeur autrichien".

A.F.P.P.E. - Numéro spécial


Témoignage

C
e numéro du "Manipula- développement d'une
teur" est consacré à imagerie nucléaire.
l'Histoire, à l'occasion du Contrairement à une
centenaire de la découverte des idée assez répandue,
rayons X par W.C. Rontgen. Marie Curie n'était
Cette initiative est tout à fait pas médecin.
opportune, en venant rappeler
Cependant, au-delà de
que ce sont des recherches de
la découverte du
physique tout à fait fondamen-
Radium, elle a
tales qui sont à l'origine des deux
marqué l'histoire
disciplines soeurs : la radiologie
concrète de la radio-
et la radiothérapie. L'importance
logie et de la radio-
majeure de celles-ci pour la
thérapie, particulière-
médecine n'est plus à démontrer.
ment en France.
La découverte de la Radioactivité
Dès le début de la
par H. Becquerel et surtout celle
guerre en 1914, elle
du Radium par Pierre et Marie
mesure l'énorme
Curie ont ouvert des possibilités
retard de la France
nouvelles s'ajoutant à celles des
dans l'utilisation des
rayons X. On s'aperçut très vite
rayons X et agit inlas-
que le rayonnement du Radium
sablement pour en
avait des effets physiologiques
puissants. Des physiciens, dont convaincre les autorités mili- bilan de cette expérience dans la
Pierre Curie, associés à des taires. Mais surtout elle montre perspective d'une nécessaire
médecins commencèrent à les l'exemple en créant des postes généralisation de la radiologie.
étudier. Leur utilisation pour le mobiles de radiologie aux En 1921, est créée la fondation
traitement des tumeurs cancé- armées, en assurant elle-même le Curie, à laquelle Marie Curie
reuses est esquissée dès avant la réglage des appareils, en s'atta- consacrera beaucoup d'efforts.
guerre de 1914. Beaucoup plus chant à la formation de manipu- Entièrement tournée vers les
tard, les radioéléments artificiels latrices qualifiées. La paix applications médicales des radio-
relairont le Radium et ses dérivés revenue, son livre "La éléments, ce dispositif vient
et permettront, en parallèle, le Radiologie et la Guerre" tire le compléter l'Institut du Radium
consacré aux recherches de
Physique, Chimie, Biologie et
Médecine fondamentales. C'est
de cette association que naîtra
plus tard l'actuel Institut Curie.
L'imagerie médicale et la radio-
thérapie dépendent de manière
vitale de la qualité de tous les
intervenants. Les revues d'infor-
mation professionnelle et ce
numéro spécial du "Manipulateur"
y contribuent utilement.
Mme Hélène LANGEVIN
Directeur de Recherche au C.N.R.S.
Fille de Frédéric et Irène Joliot-Curie
Petite fille de Pierre et Marie Curie

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 5
Allocution prononcée par Monsieur François MITTERAND
Président de la République
A l'occasion de l'hommage solennel de la Nation rendu à Pierre et Marie CURIE au Panthéon.

Paris, jeudi 20 avril 1995 lités de la condition de la femme,


Madame, contre les dogmes de toutes sortes qui
prétendent l'enserrer. Elle veut gou-
Monsieur le Président de la verner sa vie et se faire un destin. Elle
République de Pologne, a pour cela les qualités qu'il faut.
Mesdames et Messieurs, C'était donc une jeune fille patriote
En transférant les cendres de Pierre et polonaise. Ainsi que cela vient d'être
Marie Curie dans le sanctuaire de dit par Monsieur le Président Lech
notre mémoire collective, la France Walesa, pour poursuivre ses études à
n'accomplit pas seulement une oeuvre cette époque et dans ces conditions, il
de reconnaissance, elle affirme sa foi fallait aller plus loin. La passion de
dans la science, dans la recherche et comprendre, la foi dans le progrès qui
son respect pour celles et ceux qui y possèdent Marie Curie ont dans sa
consacrent, comme naguère Pierre et famille un nom : la Sorbonne. Marie
Marie Curie, leurs forces et leurs ne conçoit pas que l'on puisse perfec-
vies. tionner ailleurs son savoir.
La cérémonie d'aujourd'hui prend un Pour l'atteindre, il lui faut d'abord
éclat particulier puisqu'entre au venir à bout de sa pauvreté. Durant
Panthéon la première femme de notre six ans de privations et de solitude,
histoire honorée pour ses propres elle est employée comme préceptrice
mérites. et rassemble patiemment les res-
Madame, à quelques pas d'ici, dans sources nécessaires à son séjour en
cette rue qui porte désormais le nom France. Elle arrive à Paris en 1891.
Elle a 24 ans.
de vos parents, s'élèvent les deux
pavillons de l'Institut du radium où L'ambition la soutient mais surtout
s'acheva le destin de votre mère. Dans l'amour de la science qu'elle découvre
le modeste jardin qui les sépare, elle y et qui ne cessera pas de la nourrir
planta un rosier qui continue de avant que de la tuer. Au terme de
porter ses fleurs. A une faible dis- deux années d'obstination et de sacri-
tance de là était l'humble hangar de la fices, l'étrangère qu'elle est obtient la
rue Vauquelin où fut isolé le radium. licence de l'Université de Paris, pre-
Entre ces deux lieux et le Panthéon, si mière nommée. "L'un des meilleurs
proches les uns des autres, que de souvenirs de ma vie", écrira-t-elle.
chemin parcouru, que d'épreuves et Un an plus tard, elle rencontre Pierre
que de gloire ! Curie.
Comme vous le savez, Monsieur le Un être d'exception. De huit ans plus
Président de la République de âgé qu'elle, il travaille à l'école de
Pologne, le combat de Marie Curie a physique et de chimie industrielle.
commencé dans votre pays. On ne Ainsi que vient de le rappeler Maître
comprendrait pas la volonté de toute Gilles de Gennes, à trente-cinq ans, il
une vie, tant d'obstacles surmontés, s'est déjà illustré par ses travaux sur
sans faire référence à cette terre si la piezo-électricité dont les applica-
proche de la nôtre par l'Histoire et par tions seront multiples. Il se consacre
le coeur, si déchirée de tout temps aussi au magnétisme et découvre que
entre des puissances qui voulaient l'aimantation varie en raison inverse
l'asservir, où le caractère se trempe de la température. C'est la "loi Curie".
dans la tradition millénaire d'une Une voie royale de la science fran-
inébranlable résistance. çaise est désormais ouverte, celle qui
Dès l'enfance, Marie Sklodovska aboutira notamment au prix Nobel
résiste : contre les humiliations du attribué en 1970 à Louis Néel.
pouvoir étranger, contre sa "nature Pour l'heure, bien des choses rappro-
difficile qu'il faut vaincre", comme chent les deux jeunes gens : une
elle le dit elle-même, contre les fata- même mystique de la science, un

6 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


commun souci de la justice sociale, échantillons de radium qu'obtient
un même goût littéraire, en particulier Marie dégagent spontanément une
celui des romans de Zola, premier chaleur considérable. L'origine de
cadeau de Pierre à Marie, l'amour de cette énergie est mystérieuse. En
la nature, le sens du désintéressement application du principe universel de
matériel et de la liberté. Ni l'un, ni Carnot, il envisage d'abord l'hypo-
l'autre n'accepteront de rechercher à thèse de la transformation dans l'ura-
compenser leurs efforts par l'obten- nium d'un rayonnement inconnu pro-
tion de brevets. venant de l'espace. L'ayant infirmée,
Ils se marient en 1895. Pierre et Marie lui substituent l'idée,
qui fut géniale, selon laquelle les
Alors, commence l'une des grandes atomes des éléments radioactifs se
aventures scientifiques du siècle. désintègrent spontanément, ce qu'ils
Marie Curie présente le concours appelleront : "le cataclysme de la
d'agrégation auquel, comme il se transformation atomique".
doit, elle est reçue première. Puis en
1897, elle décide ce qu'aucune Marie soutient sa thèse de doctorat en
femme avant elle n'avait osé : devenir 1903. La même année, elle partage
docteur es-sciences. Il lui faut un avec Pierre et Henri Becquerel le prix
sujet. Le physicien français Henri Nobel. Et puis soudain, trois ans plus
Becquerel venait d'observer que cer- tard, alors que toutes les joies de la
tains minerais contenant de l'uranium création et de l'affection partagées
émettaient un rayonnement doué de semblent promises pour longtemps,
caractères communs avec les Pierre Curie meurt dans un accident.
rayons X découverts par Roentgen. A Il allait avoir 47 ans ; Marie en a 38.
ce phénomène, Marie Curie donne un Elle affronte le sort avec sa dignité
nom : la radioactivité. Il sera l'objet coutumière et poursuit l'oeuvre com-
de sa thèse. Les travaux antérieurs de mune en dépit de tout. Le 5
Pierre ne sont pas étrangers à ce novembre 1906, quinze ans après que
choix. Il a mis au point le matériel la jeune étudiante de Varsovie ait
nécessaire à la mesure de très faibles pénétré pour la première fois dans
quantités d'électricité et pressenti que l'amphithéâtre de physique, elle
le rayonnement nouveau doit être reprend à la Sorbonne le cours de
analysé avec précision si l'on veut Pierre, là où la mort l'a interrompu.
identifier les causes qui le provo- Une autre vie commence pour elle.
quent. C'est donc armée de ce maté-
En 1907, l'Université décide que
riel remarquable, qui sera utilisé pen-
Marie Curie doit disposer d'un labo-
dant cinquante ans, que Marie Curie
ratoire digne de ses mérites. Elle s'as-
entreprend ses recherches. Grâce à
socie à l'Institut Pasteur qui pressent
lui, elle progresse vite. Il lui suffit
d'une année pour passer du phéno- les applications de la radioactivité
dans les champs de la biologie et de
mène brut - l'observation de rayons
la médecine. Le projet de l'Institut du
émis par l'uranium et par le thorium -
à la séparation du premier élément radium est né.
radioactif, le polonium, en juillet A quelque temps de là, décision
1898, suivie de celle du radium. unique dans son histoire, le Comité
Tout a été dit du misérable hangar, de Nobel de Stockholm décerne à Marie
la tâche harassante de manipulation en 1911 un second prix, celui de
et de traitement des résidus de pech- chimie, huit ans après le prix de phy-
blende, de la rigueur et de l'ingénio- sique, cinq ans après la mort de
sité des techniques de purification, de Pierre.
l'étroite conjonction des talents de Et puis, c'est la guerre.
physicien et de chimiste du couple, Elle révèle d'une autre manière le
Pierre et Marie, sur les cahiers d'ex- courage, la générosité, l'esprit de
périences où se mêlent les deux écri- solidarité de Marie Curie, car il lui
tures. Quelle histoire, quelle belle faut participer à la lutte de son pays
histoire ! d'adoption. Le service de santé des
Pierre Curie, dont les mérites ne doi- armées est alors dépourvu de tout
vent pas être obscurcis, oubliés parce équipement de radiodiagnostic.
qu'il est mort si jeune, observe que les Marie Curie obtient le matériel radio-
Ml,,, un.;, r
,,.„,.„,, , fWI ifiwiniir / i,»V"< Wl777-.iVVV/)

logique nécessaire, organise des vie dont l'exploration va bouleverser


équipes, forme des opératrices. En le monde.
quelques mois, ses efforts portent Le profane, souvent, ne retient des
leurs fruits. Une vingtaine de voitures grands savants que la plus populaire
- on les appelle "les petites Curie" - et de leurs découvertes. Ainsi de l'isole-
plus de 200 postes fixes sont
ment du radium. Mais l'oeuvre de
déployés dans la région des combats.
Pierre et Marie Curie est continue. Sa
Elle circule sans cesse, conduit sa
fécondité ne se dément pas. Elle
voiture au front, veille à la qualité des
édifie peu à peu le socle sur lequel la
installations, s'enquiert des besoins.
physique atomique et la biologie
Sa fille Irène est à ses côtés : toutes
moléculaire prendront leur essor.
deux subissent sans doute là, au cours
de ces heures de dévouement, les Nous admirons aussi les vertus com-
irradiations dont les effets devaient munes de ces deux êtres trop tôt
plus tard les emporter. séparés : l'ardeur et l'enthousiasme,
La paix revenue, l'oeuvre se poursuit l'obstination dans l'effort, la rigueur
au sein de l'institut du radium que et la mesure en toute chose, le goût
Marie Curie dirige pendant les quinze du recueillement et la force de la soli-
dernières années de sa vie. Elle en tude. Un trait les rapproche plus que
fait un des hauts lieux de la physique tout autre : le désintéressement qui
nucléaire. est, à leurs yeux, le fondement de
toute éthique scientifique.
Car les connaissances acquises dans
la recherche des éléments radioactifs Mais il est autre symbole qui retient
naturels commandent l'évolution de ce soir l'attention de la Nation que j'ai
la théorie atomique. Les progrès de l'honneur d'exprimer devant vous :
celle-ci sont liés, en effet, à l'observa- celui du combat exemplaire d'une
tion des désintégrations radioactives femme qui a décidé d'imposer ses
qui fournissent avant l'invention des capacités dans une société qui réserve
grands accélérateurs, les particules de aux hommes les fonctions intellec-
haute énergie capables de pénétrer les tuelles et les responsabilités
noyaux et de provoquer les transmu- publiques, enfin, qui les réserve trop
tations. Mais il est une autre voie où souvent.
les travaux de Pierre et Marie Curie Parmi les photographies qui
connaissent des développements de émaillent le chemin de Marie Curie,
grande ampleur : celle des applica- l'une marque le souvenir de son
tions thérapeutiques et de l'utilisation empreinte. Elle est prise à Bruxelles
des radio éléments en biologie. en 1911 lors du Congres Solvay. S'y
Dès 1910, le rayonnement Gamma trouvent rassemblées les plus grandes
du radium est utilisé dans ce qu'on figures de la physique : Max Plank,
appelle la curiethérapie. Celle-ci Rutherford, Einstein, de Broglie,
prend une telle importance qu'il faut Perrin, Langevin, bien d'autres
adjoindre à l'Institut du Radium un encore. Marie, seule femme, est au
département d'applications médi- milieu d'eux, reconnue comme leur
cales. Ainsi naît en 1920 la Fondation égale.
Curie. Marie voit dans les bienfaits Au moment où le pays s'incline
que les cancéreux tirent des irradia-
devant les cendres de celle qui fut, en
tions un couronnement de ses
tant que femme, la première docteur
recherches.
es-sciences, la première professeur
Tels furent les jalons de ces deux vies en Sorbonne, la première à recevoir
que rien dans le souvenir de la posté- le Prix Nobel, je forme le voeu, au
rité n'est jamais venu corrompre. nom de la France, que partout dans le
Nous admirons l'éclat de leurs créa- monde progresse l'égalité des droits
tions qui sont le symbole même d'un des femmes et des hommes tant
moment de l'Histoire de l'esprit l'exemple que nous venons de décrire
humain. En elles s'unissent les à l'instant démontre cette distinction
savoirs de la physique, de la chimie, et cette sorte de préférence accordée
de la biologie. En elles s'abordent les depuis trente siècles, indigne et
grands secrets de la matière et de la injuste d'une société civilisée. ♦

8
Les dix dates qui ont marquées l'imagerie médicale

1 - 28 décembre 1895 : pourvu d'une émulsion sur mettant de sortir du noir les salles
Le physicien allemand chaque face : duplitized X-ray de radiologie, de faciliter le
film. La sensibilité du film radio radio-cinéma et de concevoir une
ROENTGEN dépose son
s'accroit considérablement. nouvelle façon de radiographier
mémoire "Une nouvelle sorte de
rayons" à la Société de Physique 5 - 1921 : les patients : les tables télécom-
Médicale de Wurtzbourg, l'uni- mandées.
1°) Le Docteur André BOCAGE
versité où il enseigne. dépose à Paris le 3 juin un brevet 9 - 1972 :
(ROENTGEN Prix Nobel en du procédé de radiographies en
1901). Godfrey Newbold HOUNS-
coupes. Il faut attendre les
FIELD, ingénieur des labora-
La découverte des rayons X se années 1930 pour la réalisation
toires E.M.I. dans le Middlesex,
répand rapidement dans le pratique des premiers tomo-
dépose le brevet du
monde entier. A Paris, les méde- graphes.
cins OUDIN et BARTHELEMY "Computerized Transverse Axial
2°) Le Professeur SICARD et Scanning (tomography)" qu'il a
sont les premiers à réussir des son interne FORESTIER décou-
clichés de la main présentés à mis au point et qui fonctionne
vrent que l'on peut explorer l'es- depuis l'année précédente dans le
l'Académie des Sciences le 20 pace épidural et la cavité sous-
janvier 1896. service du Docteur AMBROSE
arachnoïdienne à l'aide d'un opa-
au Atkinson Morley Hospital de
2 -1911 : cifiant auparavant employé
Wimbledon. En 1973, ils
comme médicament : le Lipiodol
Le Docteur Paul KRAUSE de publient ensemble les premiers
des Laboratoires Guerbet. Le
Bonn préconise le sulfate de lipiodo-diagnostic est né. résultats : c'est une nouvelle
baryum comme opacifiant révolution dans la technologie
digestif toujours en usage de nos 6 - 1927 : radiologique qui va déferler sur
jours. Le Chirurgien portuguais Egas le monde entier sous le nom de
3 - 1913 : MONIZ publie dans la Revue de "scanner".
Neurologie de Paris (HOUNSFIELD Prix Nobel
1°) Gustave BUCKY, médecin "L'encéphalographie artérielle" à
de Berlin dépose le brevet d'un 1979 avec MAC CORMACK)
l'iodure de sodium. Après des
"diaphragme" à lamelles de tentatives infructueuses, com- 10 - 1973 :
plomb qui diminue le rayonne- mence la série des opacifications
ment diffusé ; perfectionné, il Premières images en résonance
vasculaires qui vont constituer magnétique.
deviendra grille antidiffusante. les techniques de pointe de toute
Un radiologiste de Chicago, une génération de radio-dia- Sur la découverte du "moment
Hollis Elmer POTTER, met au gnostic. magnétique" du proton de
point en 1916 un système destiné Edward PURCELL et Félix
à la déplacer pendant la prise de 7 - 1929 : BLOCH (Prix Nobel 1952) va
cliché : le potter-bucky est né, 1°) L'opacification des voies uri- naître la spectroscopie par réso-
souvent abrégé potter. naires voit le jour de façon utili- nance magnétique nucléaire
2°) Un ingénieur du laboratoire sable par l'urographie intra-vei- rendue possible par l'invention
de recherches General Electric, neuse avec l'urosélectan mis au des supra-conducteurs.
William David COOLIDGE, point par Schering (Berlin).
DAMADIAN décrit "l'index de
conçoit et réalise un nouveau 2°) Albert BOUWERS ingénieur malignité" en 1971.
tube à rayons X à cathode incan- de Philips présente l'anode tour-
descente, ancêtre de tous ceux nante qu'il a mise au point pour L'imagerie en résonance magné-
qui fonctionnent actuellement. l'ampoule "rotalix" ; il s'agit d'un tique (IRM) voit le jour en 1973
Dans ce même laboratoire Saul progrès important dans l'évacua- avec Paul LAUTERBUR et ses
DUSHMAN met au point en tion de la chaleur. images de tubes capillaires rem-
1914 le Kénotron, soupape à plis d'eau.
émission thermo-électrique. 8 - 1948 :
Les premières machines appa-
John Wesley COLTMAN décrit raissent en 1976 et 1977 pour le
4 -1916 : l'amplificateur de luminance
crâne, et celles du corps entier
Mise au point chez Eastman du dont le gain peut atteindre mille.
dans les années 1980.
film radiographique mince et Les versions commerciales ver-
souple (nitrate de cellulose) ront le jour à partir de 1953, per- M. le Professeur Guy PALLARDY ♦

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 9
Une histoire des Manipulateurs en électroradiologie
médicale

"... Avoir une date de


naissance prédispose
à une date de mort.
Ne pas avoir de date
de naissance,
prédispose à
l'éternité"

S
achant que notre profession
était très intéressée par
l'Histoire des manipulateurs,
Jean-Marc DEBAETS, Directeur de
la Publication de la revue "le
Manipulateur", m'a demandé d'écrire
avec Thierry MUNIER, un article sur
celle-ci.
Etant moi-même manipulateur en
électroradiologie depuis presque une
trentaine d'années, je me suis inter-
rogé sur "nos racines" et j'ai effectué
une recherche sur l'origine du terme
"Manipulateur" employé pour notre
profession.
Thierry lui, a centré ses investiga-
tions au niveau de l'armée qui a été,
dès la première guerre, formatrice et
recruteur de ce personnel nouveau.

" Manipulateur en Radiologie" ?


D'où vient ce terme ? Depuis quand
est-il utilisé ? Est-il bien connu ? Le
reconnaît-on ?
Avons-nous une existence profes-
sionnelle, quelques cent ans après la
découverte des rayons X dans ce
monde appelé désormais l'Imagerie
Médicale ?
"La Radiologie en tout cas, a une date
de naissance précise... Avoir une date
de naissance prédispose à une date de
mort. Ne pas avoir de date de nais-
sance, comme la Médecine en
général, prédispose à l'éternité" (1).

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 11
Une histoire des Manipulateurs

A partir de ce questionnement, nous nom d'un instrument lançant des


allons essayer de voir : signaux (1868) (2).
- Quelle est l'origine du terme de A partir de ces définitions, deux
Manipulateur ? hypothèses pouvaient axer ma
- A quel moment et par qui ce terme recherche.
a été employé ? D'une part : savoir quel était cet ins-
- Comment s'est fondé l'enseigne- trument lançant des signaux ?
ment ?
D'autre part : rechercher s'il était pos-
- Comment cette profession est sible de retrouver dans des écrits, le
devenue une spécialisation de celle terme de Manipulateur et à partir de
d'infirmière ? ceux-ci, savoir comment et par qui, il
- Quand est né officiellement le terme était utilisé ?
"Manipulateur-radiologiste" ?
1895, année de la découverte des
- Comment d'infirmière spécialisée, Rayons X par M. W.C. ROENTGEN
le manipulateur va devenir un était le point de départ, l'histoire de la
médico-technique ? radiologie commençait.
- Comment au bout d'un siècle, la
Profession va être reconnue ? PREMIERE HYPOTHESE
Le premier "Manipulateur" connu,
est un appareil télégraphique, inventé
par MORSE
L'armée en est le principal utilisateur.

LE MANIPULATEUR
TELEGRAPHIQUE :
C'est un instrument servant à trans-
mettre les signaux télégraphiques et
dont la construction varie suivant le
système de télégraphe auquel il s'ap-
plique.
En principe, le manipulateur est dis-
posé de manière à mettre la ligne en
communication avec la pile à la
volonté du transmetteur et à rétablir
Manipulateur ou clef MORSE la communication de la ligne avec le
I - QUELLE EST L'ORIGINE récepteur aussitôt la transmission
effectuée.
DE CE TERME ?
Instrument servant à transmettre les
Manipule, vient du latin : "mani-
signaux télégraphiques et dont la
pulus" dérivé de "manus" "mains".
construction varie suivant le système
Son dérivé Manipuler "Faire des de télégraphe auquel il s'applique (3).
manipulations en laboratoire" est un Passer de l'appareil le "manipulateur
terme formé à partir de l'ancien sens télégraphique", à celui qui le fait
de manipule en pharmacie, il a fonctionner le "manipulateur télégra-
donné : MANIPULATEUR, TRICE phiste" il n'y avait qu'un pas qui
(1738), apparu avec son sens figuré paraissait facile à franchir.
dans un contexte politique, puis enfin Or, à ma connaissance, rien ne
employé (1762) comme synonyme confirme cette hypothèse. Les per-
d'opérateur en laboratoire, et comme sonnes qui utilisent le manipulateur

12 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


télégraphique sont des "OPERA- installent une sorte de laboratoire
TEURS", seul terme utilisé et radiographique qui a connu une
confirmé par le service des transmis- grande activité dès les premiers jours.
sions de l'armée de terre. A Rennes, CASTEX, Professeur de
Cette première hypothèse s'annulant, Physique Médicale, à l'Ecole de
entraîne la recherche vers une Médecine, crée, lorsqu'il est nommé
deuxième hypothèse qui repose sur en 1898, un service d'électrothérapie
les écrits dans le domaine de la radio- à l'Hôtel-Dieu et lui adjoint ensuite
logie. un équipement radiologique.
A Paris, Albert LONDE choisi
DEUXIEME HYPOTHESE
comme assistant par LOREAU pour
Trouve-t-on le terme de manipulateur
de radiologie dans des écrits à partir
de 1895 ?
Parmi de nombreuses sources, livres
et documents, la consultation des
archives de l'Assistance Publique de
Paris, me paraissait très intéressante,
grâce aux comptes-rendus très
détaillés des Conseils de surveil-
lance.

UN PEU D'HISTOIRE
Novembre 1895, W.C. ROENTGEN
découvre les Rayons X .
Après que le quotidien "le Petit
Parisien", dans son édition du 10 jan-
vier 1896 (*), eut été le premier en
France à annoncer la découverte de Manipulateur BREGUET
ROENTGEN, le public scientifique la photographie à l'hôpital de la
Parisien fut, sans nul doute, fort sur- Salpétrière, apporte ses connais-
pris d'apprendre que l'ordre du jour sances révolutionnaires acquises
de la séance de l'Académie des comme amateur : il remplace le col-
Sciences prévue pour le 20 janvier lion humide par le gélatino-bromure
comportait la présentation d'une pho- d'argent et introduit la lumière du
tographie de l'os de la main réalisée ruban de magnésium pour les jours
selon la technique de ROENTGEN (4). sombres !
C'est Henri POINCARÉ qui fit l'ex- Lorsqu'apparaît le mémoire original
posé de cette réalisation, faite par de ROENTGEN, il acquiert à ses
deux médecins : Monsieur Paul frais le matériel nécessaire. Il met au
OUDIN et Monsieur Toussaint point des rupteurs pour bobine d'in-
BARTHÉLÉMY, dans leur modeste duction, "lit d'opération" pour la prise
cabinet de praticien. de cliché radiographique (5).
Très vite, nombre de personnes, A l'hôpital Necker en 1898, un autre
médecins, savants, physiciens vont laboratoire est confié à Gaston
mettre à profit cette technique et la CONTREMOULINS (5) physicien,
développer. préparateur au Laboratoire de micro-
"A Montpellier, début 1896, photographie de la Faculté de
(*) Voir en page 4 l'article annonçant la
IMBERT, Professeur de Physique et Médecine, qui va se passionner dans découverte des rayon X par
son chef de travaux, BERTIN-SANS, ce domaine. W.C. ROENTGEN.

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 13
Une histoire des Manipulateurs

Il sera reconnu pour sa haute compé- MAIS QUI EST LE PERSONNEL


tence et la réalisation de multiples TRAVAILLANT DANS CES
inventions, comme la méthode de LABORATOIRES
localisation spatiale, avec le compas Les rapports des conseils de sur-
d'opération, ou la table métroradio- veillance de l'Assistance Publique
graphique. nous apportent des réponses (6).
Sont nommément cités :
- l'opérateur,
- le physicien opérateur,
- le physicien doublé de géomètre,
- le chef de laboratoire,
- le préparateur expérimenté,
- le garçon de laboratoire,
- l'infirmière.
Pour le garçon de laboratoire sont
définies ses qualités :
"Comme garçon soigneux, exercé,
recruté avec un souci particulier".
"Le garçon de laboratoire tel que
PASTEUR le comprenait, compen-
sant et au delà, l'instruction générale
Gaston CONTREMOULINS dans son
qui lui manque par l'habileté de la
laboratoire. . , main dans le rôle qui lui est dévolu".
Comme on le voit, chacun s interesse
à ce nouveau moyen d'exploration. Le rôle lui aussi est défini dès cette
Faut-il le diffuser dans tous les hôpi- époque semblable à la forme qui sera
taux, le concentrer sur un site ? employée plus tard dans les textes
officiels. Il est même écrit ce qu'il
A Paris en 1900, après de vives dis- fait :
cussions et de nombreuses pressions,
"Ce garçon là que recherchent tous
la direction du Conseil Municipal
les médecins-chefs de service, qui
crée quatre laboratoires centraux.
répond à l'infirmière d'élite dont
Chacun d'eux sous la responsabilité Monsieur le Directeur aspire à doter
d'un chef de laboratoire : les hôpitaux sera chargé, jusqu'à
- à la Salpétrière : A. LONDE, midi, du maniement des accumula-
- à Necker : G. CONTREMOULINS, teurs, du réglage des courants, etc..
et aussi de tout ce qu'il faut préparer
- à Baudelocque : Ch. VAILLANT,
dans les cas où on fera appel au labo-
- à Saint-Antoine : Docteur LERAY. ratoire central pour les observations
Il faut remarquer que sur quatre labo- radioscopiques ; et l'après-midi, il
ratoires, un seul est dirigé par un devra s'occuper de l'entretien des
médecin. appareils, des nettoyages, des réap-
provisionnements en écrans ou en
Peut-on considérer ces personnes ampoules ou plaques d'accumula-
(qui ne sont pas médecins) comme teurs".
des manipulateurs ?
"Il devra coûter, non pas 1 300 Francs
Ils ont le titre officiel de "chefs de comme un garçon de service ordi-
laboratoire" et sont au départ, chi- naire, mais 1 500 à 1 800 Francs" dit
miste, physicien ou photographe. Mr HONORÉ, rapporteur.

14 A.F.P.P.E, - Numéro spécial


Pourtant le terme de manipulateur ou mobiles dont le nombre croissait
n'apparaît pas dans ces archives de sans cesse avec le temps.
l'A.P. du moins jusqu'en 1945 (date
de consultation actuelle de mes ORGANISATION DE LA RADIO-
recherches). LOGIE DE GUERRE
Les prémices de la radiologie aux
// - L'APPARITION DU armées sont posés en 1912 : la voi-
TERME DE MANIPULATEUR ture Lesage avait été mise en expéri-
EN RADIOLOGIE mentation. La campagne du Maroc
vit aussi les premières installations
La naissance de ce terme et son utili- radiologiques au poste d'Oudjda ;
sation dans le langage courant,
celles-ci se révélèrent délicates car
confirmée par des écrits, se situe à la
pour des soucis de fragilité liés au
période de la première guerre mon-
transport, la maison GAIFFE devait
diale, c'est-à-dire à partir de 1914.
envoyer un ouvrier électricien sur
Des formations de "Manipulateur" place pour procéder au montage des
seront même mises en place par installations.
l'armée française qui formera 800 à
1.000 recrues et par Marie CURIE
qui en formera environ 150.

LES MANIPULATEURS DURANT


LA PREMIERE GUERRE MON-
DIALE
Peu de temps après la découverte de
ROENTGEN, les Anglais ont réalisé
la première application radiologique
à la chirurgie de guerre : c'était en
1898, lors de la campagne du
Soudan, à bord d'un bateau ambu-
lance naviguant sur le Nil (18).
La radiologie allait modifier les stra-
tégies de prise en charge des blessés
de guerre. Son éclosion au sein des
Camion de radiologie, type 1917.
milieux médico-chirurgicaux néces-
sitait une réorganisation complète des La réorganisation des postes sani-
infrastructures de santé de l'avant. taires avancés devenait obligatoire.
Réorganisation technique mais aussi La chirurgie trouvait dans la radio-
intellectuelle puisque l'emploi de ce logie un allié pour le secours aux
matériel imposait de nouvelles com- blessés. La majorité des écrits ne font
pétences, de nouvelles fonctions. allusions qu'aux postes avancés et à
Le Service de Santé dut prendre en la nécessité de matériel mobile. Les
charge la formation des médecins et ambulances chirurgicales existent
manipulateurs dont le nombre en déjà, et beaucoup trouvent logique de
temps de paix devenait dérisoire face leur associer des installations radio-
à l'afflux massif des blessés. logiques mobiles.
La formation des manipulateurs avait Les maisons MASSIOT, GAIFFE,
pour but de former un grand nombre PEUGEOT, LORRAINE-DIETRICH...
de professionnels aptes à manipuler furent sollicitées par le Service de
les installations radiologiques fixes Santé des Armées pour la mise au

A.F.RRE. - Le Manipulateur 15
Une histoire des Manipulateurs

point d'installations radiologiques Un poste mobile de radiologie était


mobiles fiables. Il faut signaler ici la composé d'un médecin-chef, d'un
contribution des sociétés de secours manipulateur et d'un chauffeur (18)
ou bien d'un médecin radiologiste,
aux blessés (Comité Londonien de la
d'un manipulateur électricien et d'un
Croix-Rouge Française, les Secou- conducteur-mécanicien (20).
ristes Français et le Patronage
Ces formations mobiles était desti-
National des blessés) grâce à qui de nées pour fonctionner dans la zone
nombreuses installations ont pu être des armées, mais aussi dans les zones
financées. du territoire privées de rayons X
malgré la réquisition des hôpitaux,
En 1918, il existait 57 voitures radio-
cliniques et installations particu-
logiques type 1914, 24 autos chirur- lières. Leurs déplacements furent
gicales type 1915, 10 autos chirurgi- nombreux dans les premières années
cales type 1917, 182 camions radio- du conflit, puis avec l'équipement
logiques des groupes complémen- quasi complet de toutes les forma-
taires de chirurgie et 155 postes tions chirurgicales, les déplacements
devinrent moins fréquents. Pour
radiologiques semi-fixes (19).
exemple, l'équipage radiologique n°7
du Médecin-Major de lère classe
CHARLIER parcourut 25.000 kilo-
mètres en 439 déplacements du mois
LA PRATIQUE RADI0L0GIQUE AUX ARMÉES d'août 1914 au mois de décembre
1916 (18).

BRÉVIAIRE FORMATION DES


MANIPULATEURS
Dans la Revue du Service de Santé
Militaire, DIDIÉE (Médecin radio-
logue et Professeur agrégé du Val de
ii>U«R RADIOLOGISTE Grâce) écrivait ces lignes :
"Cependant, quelle que soit l'impor-
tance des questions de matériel dans
PAR
l'organisation générale de la radio-
L. MATHÉ et V. BAUDOT
logie militaire, le problème d'exécu-
Inspecteur des Ecoles de la ville de Paris, Ingénieur de l'École supérieure d'Électricité,
tion technique n'a pas moins d'in-
Méilecin-clicf de la voiture Radiologirjuo 90 Licencié es Science!1. térêt : le meilleur outil ne rend de
bons services qu'entre les mains d'un
bon ouvrier" (21).
Avec 85 Figures La compétence se justifie d'autant
plus que le matériel se perfectionne
rapidement. Les besoins en manipu-
lateurs deviennent très importants,
ceux formés en temps de paix sont
peu nombreux. Ce sont essentielle-
ment des ingénieurs et des employés
des constructeurs d'appareillages
PARIS radiologiques (18).
VIGOT FRÈRES, ÉDITEURS Il devient urgent de former du per-
23, RUE DE L'ÉCOE-DE-MÉDECINE
sonnel en nombre, et peu de temps
1917
après la mobilisation, le Sous-
Secrétariat d'Etat au Service de Santé
des Armées désigne un certain
nombre de mobilisés pour suivre des
cours de formation aux techniques

16 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


radiologiques. Ils sont choisis parmi de la haute technicité des manipula-
les ingénieurs, les électriciens, les teurs :
chimistes, etc.. (18) mais aussi parmi - "les avaries légères étaient réparées
les agrégés des facultés des
par les radiologues experts et les
sciences (19).
manipulateurs dont la compétence
Les cours ont été dispensés, aux en travaux électriques était
Ateliers Généraux du Service de garantie" (19).
Santé des Armées, par un ingénieur
- à propos de l'utilisation d'éther en
électricien, un professeur de sciences
remplacement du gaz d'éclairage
et un ingénieur automobiliste (18).
pour la turbine, l'éther provoquait
Les cours portaient sur la mécanique,
une émulsion qui obstruait les
l'électricité, la physique et le déve-
buses de la turbine, un nettoyage
loppement photographique. En
quotidien au mercure était néces-
novembre 1918, 800 manipulateurs
saire. Lorsqu'on en versait trop
avaient été formés. Malheureusement
les recherches actuelles ne permet-
tent pas une documentation suffisante
sur ces cours. Les Ateliers Généraux
ayant été dissous puis rattachés à une
autre formation, les archives étudiées
à ce jour n'apportent aucune docu-
mentation directe. Nous pouvons
néanmoins supposer que les cours se
rapprochaient du contenu des
ouvrages de MASSIOT et BIQUARD :
"La radiologie de guerre : guide pra-
tique du manipulateur radiologiste"
aux éditions Maloine et fils, Paris
1915 et de MATHÉ et BAUDOT :
"Bréviaire du manipulateur radiolo-
giste" (24).
Les infirmiers spécialisés - ou aides- Séance de radiographie dans un
manipulateurs - étaient chargés du peu, l'air n'était pas chassé et ce Hôpital des Opérations Extérieures,
(don de Mme l'Infirmier Principal LARUE.)
montage, démontage, réglage des mélange détonant produisait une
appareils de radiologie ainsi qu'à explosion. A ce sujet, le Médecin-
l'emploi des compas localisa- major CHARLIER écrit :"au début
teurs (19). de 1915, j'ai cherché, avec le mani-
pulateur PÈS, le moyen d'éviter ces
Il ne faut pas oublier les infirmières inconvénients. Nous y sommes
qui ont été formées à l'école Edith arrivés en remplaçant l'éther
CAVELL (cf § III). liquide par des vapeurs d'éther que
nous envoyons dans le pot de l'in-
RÔLE DES MANIPULATEURS
terrupteur au moyen de notre cha-
Les manipulateurs de l'époque avait lumeau à éther. Ce tour de main est
une formation de base axée sur les devenu classique" (18).
sciences électro-mécaniques. L'appa- Le manipulateur de l'époque est tout
reillage de l'époque était très rudi- à la fois, électricien, chimiste, méca-
mentaire et imposait de solides nicien et certainement humain dans
connaissances en électricité et méca- les contacts avec le blessé. Mais au
nique. De ce fait, le rôle du manipu- fur et à mesure de l'emploi et de la
lateur était très technique. La littéra- généralisation de la radiologie, son
ture nous donne plusieurs exemples rôle auprès du blessé diminue car on

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 17
Une histoire des Manipulateurs

assiste à une augmentation des radio-


scopies au profit de la radiographie.
Dans une conférence aux médecins
radiologistes, Antoine BECLERE
conseille de substituer la radioscopie
à la radiographie pour des raisons
économiques (plaques radiogra-
phiques et traitements coûteux) mais
aussi pour des soucis de rapidité. Ses
conseils seront écoutés et vérifiés
puisque l'on assiste à un effondre-
ment des examens radiographiques.
Pour exemple, voici les statistiques
de l'équipage radiologique n°7 du
Médecin-major CHARLIER, pour-
centage des blessés chez qui la radio-
scopie était suivie d'une radiogra-
phie : 62% en 1914, 20% en 1915,
21% en 1916, 6% en 1917(18).
Le conflit de 1914-1918 a bouleversé
la radiologie. Les indications ont été
de plus en plus nombreuses, les solu-
tions techniques pour lutter contre la
H.O.E. au front, une salle du service central de radiologie
pénurie de matériel et les dégâts liés

ETIQUETTES POUR CLICHÉS RADIOGRAPHIQUES ■ SUPPORT DE RANGEMENT (modèle déposé)


POCHETTES VELIN ■ POCHETTES KRAFT ■ POCHETTES PLASTIQUE

RXService DOSSIERS ÉCHOGRAPHIES - INTERCALAIRES


ÉTIQUETTES CODES-BARRES

55, AVENUE LOUIS-BREGUET - 31400 TOULOUSE - © 61.54.78.29 - Fax 61.54.61.06

Documentation complète sur simple demande

18 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


au transport furent nombreux. 3>

Nombre d'hommes et de femmes se


sont investis pour cette nouvelle tech-
nique au service du blessé.
Le manipulateur de radiologie n'a
Carnet de constantes de Marie CURIE
certes pas ses origines directes au (Bibliothèque Nationale - Fond
CURIE)
sein de ce conflit mais une partie de
son identité actuelle y est mêlée. Le
terme de "manipulateur" ne semble Eve dans son livre écrit "Marie
pas trouver ses origines durant cette CURIE, comme manipulatrice, pré-
époque. Elles semblent être anté- pare la radio" et elle la décrit dans
rieures. Nous retrouvons dans la litté- son rôle :
rature de 1916-1917 ce terme "Madame CURIE, si souvent froide
employé fréquemment comme s'il et lointaine, est avec les blessés
existait et était reconnu depuis des
exquise. Des paysans, des ouvriers se
années.
montrent effrayés par les appareils
Revenons à une vue plus générale du ROENTGEN et demandent si
manipulateur et surtout à une de ses l'examen va leur faire mal. Marie les
bienfaitrices : Marie CURIE. rassure : "Vous verrez c'est comme
Pourquoi MARIE CURIE ? une photographie".
Marie CURIE qui, chacun le sait, tra- Elle a ce qui peut leur être doux : un
vaillait dans le domaine des radia- joli timbre de voix, des mains
tions, Prix Nobel de Physique & de légères, beaucoup de patience et un
Chimie, comprend très rapidement la
nécessité de compléter et d'adapter
l'équipement radiologique pour se
rendre plus facilement sur les champs
de bataille. Moyens, bien sûr, qui
compléteront ceux du Service de
Santé de l'Armée.
"Dix jours après l'ouverture des hos-
tilités, Marie CURIE se trouvait en
possession d'un document officiel,
émanant du Ministre de la Guerre et
la chargeant de mettre en place des
équipes de manipulateurs pour les
services de radiologie" (7).
"Son premier travail (avec Irène, sa
fille aînée) fût de déménager le labo-
ratoire de la rue Cuvier, afin
d'équiper le laboratoire de la rue Marie CURIE dans son laboratoire
(Illustration du 1110211922)
Pierre CURIE". respect immense, religieux de la vie
humaine" (8).
Puis de créer, aux frais de l'Union des
Femmes de France, la première voi- Marie, elle-même va nous expliquer
ture radiologique ; voitures surnom- qui sont les manipulateurs et ce qu'ils
mées très vite dans la zone des font dans son livre sur "la Radiologie
armées "Les Petites Curies" (8). et la Guerre" (9) : "Le Manipulateur
De là à dire que Marie CURIE a été est l'aide qui fait fonctionner les
Manipulatrice ? Oui, certainement. appareils pour le médecin radiolo-

A.F.P.P.E, - Le Manipulateur 19
Une histoire des Manipulateurs

Nous sommes au début de la guerre


et Marie CURIE, nommée directrice
des services radiologiques, raconte :
"On cherche donc d'urgence les
manipulateurs indispensables et on
en trouve parmi les ingénieurs et les
professeurs mobilisés dont quelques-
uns étaient au courant de la tech-
nique, tandis que d'autres peuvent
l'assimiler rapidement, grâce à leur
instruction adéquate. C'est ainsi que
les meilleurs manipulateurs furent
désignés, pour la plupart, sur les indi-
cations fournies par le Patronage
National des blessés...".
Parmi ces hommes de haute culture,
animés d'un grand désir d'être utiles,
giste ; c'est lui qui entretient l'appa-
beaucoup devinrent des opérateurs de
reillage en bon état, développe les
premier ordre et s'appliquèrent à
plaques, manipule le porte-ampoule,
acquérir la technique de la radiologie
répare les défauts de l'installation
de guerre, tout en complétant leurs
électrique. Son rôle est en principe,
connaissances en anatomie" (9).
celui d'un ingénieur technicien ;
quand il a été affecté à un poste Ce sont aussi des femmes, entre
mobile, il doit comme le médecin, autre, sa fille Irène, qui plus tard avec
être particulièrement actif, habile et son mari Frédéric JOLIOT obtiendra
débrouillard" (9). le prix Nobel de Physique pour leur
découverte sur la radioactivité artifi-
C'est à ma connaissance le premier
cielle, elle sera aussi une brillante
écrit, ou un des premiers écrits, où le
manipulatrice.
terme de manipulateur est employé
couramment et où son rôle est décrit. "Irène, à dix sept ans, s'est initiée à la
Mais qui sont ces hommes ou radiologie. Elle a d'abord été manipu-
femmes ? Quelle formation ont-ils ? latrice de sa mère, puis elle a reçu des
Que font-ils ? missions" (7).
La lecture d'une des pages du carnet
de route d'Irène est éloquente et aussi
émouvante (10).
Ces missions ne sont pas faciles et
Marie raconte dans son livre, com-
ment une de ses assistantes radiolo-
gistes "... placée depuis peu de temps
dans un hôpital, avait localisé un
éclat d'obus qui avait traversé, en le
broyant, le fémur. Le chirurgien qui
avait eu à se plaindre de son radiolo-
giste précédent ne voulut pas cher-
cher l'éclat d'obus du côté où on le lui
avait indiqué comme accessible, mais
le chercha tout d'abord du côté de la
plaie. Ne le trouvant point, il se
décida à faire l'exploration de la

20 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


- (SU. aussi recrutées comme manipula-
r1../.,'n ri... teurs, entre autre Jean PERRIN.

;"?«r *^±/"- Cette guerre meurtrière allait


- *— '
demander tout au long de ces années
CL Uy.
de nouveaux moyens en matériels et
en hommes.
lkf£Ii..f r,a,a——— A«v. /ta En plus des vingt voitures radiolo-
giques, Marie installe 200 salles de
H ££3 radiologie et elle comprend très vite
la nécessité de former des manipula-
M 5X
»i-~lV teurs supplémentaires.
a
.')"

/// - ELLE PROPOSE DE


FONDER ET D'ASSURER UN
Carnet de route d'Irène CURIE, comme "manipulatrice"
(don Institut CURIE)
ENSEIGNEMENT DE
RADIOLOGIE.

région indiquée par l'examen radiolo- Elle dit parlant de la pénurie en per-
gique et retira aussitôt le projectile". sonnel formé : " j'offris au Service de
Santé de créer à l'Institut du Radium
Ce que ne disait pas Marie CURIE,
une école de manipulatrices choisies
c'était que cette assistante était sa parmi les jeunes filles ou jeunes
fille, ajoute F. REID. femmes reconnues aptes à assurer ce
D'autres célèbres personnalités, service après avoir reçu une instruc-
Irène CURIE , vers 1920, préparant
parmi ses plus proches amis, seront tion convenable" (9). une source radioactive.
© "Archives Curie et Joliot-Curie"

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 21
Une histoire des Manipulateurs ...

LE PROGRAMME
Il comprend :
"des leçons théoriques sur l'électricité
et les rayons X, des exercices pra-
tiques, de l'anatomie".
Les Professeurs en sont : Madame
CURIE, Irène CURIE et une femme
charmante et savante Melle KLEIN (8).
La durée des cours était d'environ
deux mois.
"La partie pratique de l'enseignement
consistait en manipulations qui fami-
liarisaient les élèves avec tous les
détails du service radiologique dont
le principe était exposé dans les cours
théoriques" (9).
L'école d'ailleurs disposait d'une salle
Hôpital Ecole de la Société de Secours
aux Blessés Militaires
équipée d'un appareil de radiodia-
LA FORMATION gnostic.
"Bientôt une vingtaine d'élèves se Souvent les élèves étaient des infir-
mières, soit de la Croix Rouge, soit
réunissent à l'Institut du Radium pour
militaires ; mais cet enseignement fût
le premier cours". Nous sommes en aussi ouvert à des jeunes femmes non
1917. infirmières.
"Cette école fut organisée en relation Marie décrit les aptitudes pour ce
métier : "le métier de manipulatrice
avec un enseignement pour les infir-
en radiologie, convient parfaitement
miers militaires qui fût établi en à des femmes d'instruction moyenne,
même temps à l'Hôpital Edith à condition qu'elles aient de l'intelli-
CAVELL, sous la direction de Mme gence, de l'activité et une certaine
capacité de dévouement indispen-
GIRARD-MANGIN" Docteur en
sable dans les relations avec les
médecine (9). malades" (9).
Cent cinquante manipulatrices seront
Le laboratoire de Mme CURIE à alors formées. Marie CURIE, enseignante et
l'hôpital Edith CAVELL Directrice d'Ecole
© "Archives Curie cl Joiiol-Curie"
Dans son cahier de cours personnel,
on retrouve Marie CURIE ensei-
gnante, qui prépare son cours, avec le
plan et les expériences pratiques cor-
respondantes.
Elle procède par séries de 2 mois et
en directrice d'école ordonnée, elle
note dans un livret les noms des
élèves, n'hésite pas à mettre des com-
mentaires plus ou moins élogieux et
les résultats de ces séries.
Celles-ci sont composées d'infir-
mières militaires ou bénévoles, de
différents niveaux. Chaque promo-
tion est d'environ 13 à 20 personnes
au grand maximum, la formation est
durement sanctionnée. A chaque fois,
il est noté que 4 ou 5 sont refusées,

22 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


certaines ont renoncé ou sont à sur- major, chef de service, le conduc-
seoir. teur et le manipulateur",
Marie est souvent acerbe dans ses - 1918 : Recettes et tours de mains
commentaires en termes de compor- pour les manipulateurs radio-
tement. graphes. G. Mazo éditeur,
D'une, elle dit : "Melle M..., n'est pas - 1924 : "Les Rayons X et le Radium"
venue passer l'examen, aurait proba- par le Dr G.H. NIEWEN-
blement été refusée. Prétentieuse,
GLOOWSKI (11),
désagréable et maladroite".
- librairie Hachette. Deux planches
D'une autre, la N° 13 : "Melle D...,
ont pour légende : "la manipula-
personne bizarre, hautement recom-
trice fait fonctionner le régulateur à
mandée, grâce à quoi on lui a donné
un diplôme, sans cela le N° 12 n'au- étincelles", "la manipulatrice est en
rait pas non plus été diplômé". train de prendre un calque d'un
Radiographie de la jambe d'un blessé
cliché radiographique".
Mais, elle sait aussi reconnaître les de guerre, la manipulatrice fait fonc-
tionner le régulateur à étincelles
qualités.
"Melle J... reçue 1ère. Très sérieuse
et consciencieuse, connaît assez bien
la partie théorique pour être capable
de servir de monitrice".
De Melle V..., "très bonne élève, note
très bien, anatomie très bien".
Ces formations dureront jusqu'en
1919.
Elle avait démontré d'une part l'utilité
d'une formation et d'autre part la
place que pouvaient prendre les
femmes dans cette profession.
La 1ère Guerre se termine, des Ce terme qui est sans doute utilisé
Manipulatrices et Manipulateurs ont
dans le langage commun, n'est cepen-
été formés et ont exercé leur métier
dant pas officialisé, du moins dans les
pendant ces années. On pourrait
hôpitaux.
croire que le nom de manipulateur
radiographe est passé dans les 1933 : lors de la première réunion
moeurs. annuelle des médecins électroradio-
Il est vrai que dans la littérature le logistes de langue française, il est
terme "MANIPULATEUR" est uti- spécifié que les Compagnies
lisé : d'Assurances parisiennes ont depuis la manipulatrice est en train de prendre
- aide mémoire du manipulateur quelques années pris l'habitude de un cakpie d'un cliché radiographique

radiographe aux armées, série faire faire leurs radiographies par des
de planches par le Sergent "Manipulateurs non médecins".
V. PERRIER (5),
- 1915 & 1917 : 2ème édition du
IV - LA SPECIALISATION
Manuel pratique du manipulateur
radiologiste par G. MASSIOT et Peu à peu les infirmières vont être
BIQUARD, édition A. Maloine et affectées vers les services de radio-
fils ; qui est un livre de techniques, logie et se spécialiser dans ce
où le terme de manipulateur est domaine.
très peu utilisé,
En 1919, à l'hôpital Hérold pour le
- "l'auto-laboratoire radiologique
MASSIOT, montée sur châssis laboratoire de radiologie un poste
LORRAINE-DIETRICH est munie d'infirmière est transformé en poste
d'une carrosserie fermée. A l'avant de suppléante (grade intermédiaire à
peuvent prendre place le médecin- celui de surveillante).

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 23
Une histoire des Manipulateurs

meilleures sorties dans les premières


de leur promotion d'infirmière.
Elles ont d'ailleurs le choix entre la
spécialisation en radiologie ou en
laboratoire.
Un examen de fin de scolarité avec
des épreuves écrites, orales et pra-
tiques sanctionne les études.
Ce recrutement de plus en plus
important lié à l'accroissement des
services de radiologie est bien un
recrutement d'infirmière "spécia-
lisée".
Ainsi à Lyon, à partir de 1922, le
Conseil d'Administration des
Hospices Civils décide la création
d'un cours supplémentaire sur les élé-
ments de radiologie. Ce cours est fait
Infirmières Manipulatrices en 1920 par l'ingénieur des Hospices et par
dans le service de Radiothérapie de
l'Hôtel-Dieu (Centre de l'Image Dès 1920, à l'Assistance Publique de l'un des chefs de laboratoire de radio-
A.P. H.P. Paris)
Paris des notions élémentaires sont logie. Il est exclusivement réservé
aux infirmiers déjà pourvues d'un
données aux infirmières diplômées
diplôme d'Etat (13).
d'Etat pendant leurs deux années
d'études, et un stage pratique est Le programme de cours comprend 89
leçons d'électricité à raison d'une par
organisé à l'Hôpital de la Pitié dans le
semaine et 8 leçons de radiologie
service du Docteur DELHERM (12). faites à leur début par le Docteur
C'est surtout à partir de 1925 que la JAPIOT.
formation va se structurer. Après avoir suivi ces cours, les
A partir de cette date, à l'école de élèves sont admis en stage pendant
trois mois. A l'issue de cette forma-
radiologie de la Salpétrière, com-
tion, ils subissent un examen. Celui-
mence un enseignement qui dure une ci est un certificat de validité d'aide
année et qui est réservé aux six ou de radiologie.
Séance de radioscopie, le médecin est
entouré de deux précieuses collabora-
huit élèves choisies parmi les En 1924, est créé dans chaque labora-
trices
toire de radiologie le titre "d'Infirmier
Chef de Radiologie" (13).
On retrouve bien à Lyon une
démarche similaire à celle de l'A.P.
de Paris.
Les hôpitaux recrutent des infir-
mières comme par exemple en :
- 1930 à Tenon : adjonction d'une
infirmière au laboratoire de radio-
logie (14).
- 1931 à l'hôpital Saint-Louis :
adjonction d'un emploi d'infirmière
et de trois emplois d'agents fémi-
nins des services hospitaliers
nécessités par l'ouverture d'un nou-
veau service de radiodiagnostic de
Monsieur le Docteur BELOT.

24 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


de gauche à droite :
Religieuse, infirmière et manipulatrice
en Bretagne
A Vichy, autre région, autre style...

Le journaliste Victor JOUGLA, dans Parmi les renseignements généraux


un article intitulé "Voila comment est fournis dans un livret distribué aux
équipé un service radiologique vrai- élèves, il est précisé que : "l'ensei-
ment moderne" fait un brillant repor- gnement des aides radiologistes,
tage dans le cabinet du Docteur donné par Madame CURIE, cesse
BELOT, dans lequel est cité : "les quelques années après la fin de la
opérateurs qui sont radiologues ou guerre, à l'occasion de la fermeture
infirmiers, surveillantes ou techni- de certains Hôpitaux Militaires ". Livret de formation de l'Ecole
d'Enseignement Technique Féminin
ciens" (15). (don de Mme PALLARDY)

Entre les deux guerres les hôpitaux SECTION D'AIDE-RADIOLOGISTES


ÉCOlaE
vont continuer à spécialiser "leurs
infirmières" et la profession va se D'ENSEIGNEMENT TECHNIQUE DIRECTION
FJÉîiMCiitfiisr
féminiser de plus en plus. Dtractr/co ; M** JUAN LAUIUMT, Licenciée es-Sciences.

Directeur technique : M. JBAB LAUMUT, Ingénieur en Chef


A Lyon, par exemple, les promotions SECTION O'A 10E-RADIOLOGISTES du Service d'Essais cl de Contrôle permanent de la
Société Hydruteclinlquc de France, Conseiller du Com-

sont en moyenne de trois élèves entre avec le concours


merce Extérieur de la France.
Secrétaire générale : M"> C. Reuab, ancienne élève diplô-

1922 et 1927, puis l'école sera fermée DE M. LE DoCTBUS PlBRRE HARET,


Rndiolaa:Ule Jeu H£»[>luiin,
mée de l'Ecole d'Enseignement Technique Féminin.

chat du Service Central île 11 ISpital Uribubtcrr,


de 1933 à 1938, pour rouvrir en 1938 ML'ITCL'I'I -t-'x r pic» Ira Trthll—«

avec dix-sept élèves, dont treize PERSON N EL ENSEIGNANT

DE M"" PIERRE CURIE,


seront affectés à l'hôpital Edouard Professeur à la Sorlitmiic, Electricité
Directeur tic l'Institut du Kadiimi
D' Pumas HU.BT, Radiologiste des Hôpitaux, Clief du
HERRIOT comme Infirmiers Aide Service Centra] de l'Hôpital Laribolsiûre, Médecin-
ExpcrL prés les Tribunaux.
de Radiologie. (13) M"* GiuiiHii. Licenciée és-ScIences, chargée du Service
des Mesures a l'Institut du Radium.

D'autres hôpitaux vont procéder de la PARIS Français


lie. AVICNUK irOltL.l0A.Nfc* («iv» A*') M" MAHUHAND, Licenciée ès-Lettres.
même façon pour recruter leur per-
Taiaphona : Vaufirard 17-38 Préparation d'Infirmière
sonnel : Strasbourg, Marseille, etc.. l'rix : I It. SO
M" X Infirmière de l'Union des Femmes du

Puisque ce sont des infirmières spé-


c la conduite des élèves en dehors de l'Ecole, moii
cialisées dans les hôpitaux on peut Ile se réserve néanmoins le droit de prévenir Je*
imilles ou les correspondants de tous lea fait» répré-
sensibles qui lui aéraient signalés, et s'il y a, ma,
s'interroger et se demander : où sont l« prendre telles sanctions qu'elle jugerait néceasai-
«S,
PROGRAMME de i'ENSEIGNEMENT
les MANIPULATEURS ? MATÉRIEL SCOLAIRE

Les élèves doivent Être munies d'un matériel iudis-

On va les retrouver aussi sous le nom «nsablc qui se compose des objets suivants :
a costumes complets d'infirmière de l'U. F, F.
blouse, tablier, voile);
COURS DE RADIOLOGIE
"d'Aide de Radiologistes" à l'école (I/Ml doit être acheté à la rentrée d'octobre, l'autre
ieut ne l'être qu'au I* janvier);
t tablier d'infirmière supplémentaire; Enseignement théorique
d'enseignement technique féminin de (Ce» costumes aont fournis obligatoirement
•Union dea Femmes) de France aux frais de l'élève);
par
Notions élémentaires d'Electricité :
x tablier de caoutchouc à la baryte;
l'avenue d'Orléans à Paris. des lunettes de verre au plomb;
i paire de gants en caoutchouc.
Production d'électricité par frottement, par contact,
par influence. — Corps bons et mauvais conducteurs.
(Ce tablier, ces lunettes et ce* gants sont fournis — Lois d'attraction et île répulsion. — Générateurs.
— Pôles dus généra leurs. — Notions de potentiel, tic
C'est une section créée avec le ■bligutoirenient par l'Ecole aux frais des élèves).
Les élevés doivent Cire munies île fournitures sro-
capacité. — Condensateurs. — Décharge électrique et
«es eflets.
InllH normales, et de livres dont la liste est donnée
concours du Docteur Pierre HARET m début de l'année scolaire; elle peuvent se procurer
es fourni titres à l'Ecole dans des conditions avanta-
Notioti de courant électrique. — Nies. — Force
électromotricc. — întctisité du courant. —- Résistance
du circuit. — Loi d'ohm. — Energie du courant. —
geuses.
sous le patronage de Madame Pierre Loi de Joule. — Unités : volt, ampère, ohm, joule,
watt, — Rhéostats et boites de résistances. — Action
chimique du courant. — Electrolyse. — Principe des

CURIE qui est dirigée par Madame La demande d'admission formulée par les parents
accumulateurs.
Magnétisme. — Aimants naturels. — Aimant" arti-
«l'une élève Implique, de la part de ceux>cl, la connais- ficiels. — l'Aies, lignes de force. — Attraction et ré-
LAURENT. tance des conditions figurant au présent programme, et
l'engagement de M cantonner ■Irlclernent aux diffé-
lulsiou. — Notion de champ et de flux. — Magné-
El
iimc temporuire et magnétisme rémanent. — Bous-
soles. — SoIéiToldcR, leurs pôles, forme du flux. —
rents articles du Règlement. Usage de noyaux de fer doux. — Electro-aimants. —
La création de cette section est bien Sonneries. — Action réciproque des courants et de»
aimants. — Galvanomètre, ampèremètre, voltmètre.
Phénomène d'induction. — Lois de l'induction. —
antérieure à 1932, date du décès du Induction par un courant ou par un aimant. — Force
éïectromotrice d'induction, sa relation avec la varia-
tion de flux. — Cournnta de Foucault. — Self-induc-
Docteur HARET. tion. — Arcs de rupture.

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 25
Une histoire des Manipulateurs

L'étudiante "Les résultats prouvèrent que le L'étudiante est vêtue d'un costume
métier de manipulatrice convient très complet d'infirmière de l'U.F.F
est vêtue d'un bien à des femmes intelligentes, (blouse, tablier, voile).
actives, adroites et dévouées, à la
costume condition de donner à cet enseigne-
Elle doit d'ailleurs posséder 2 cos-
tumes qu'elle achète à ses frais, mais
complet ment une forme très pratique telle
que les notions essentielles en aussi un tablier de caoutchouc à la
d'infirmière de deviennent facilement assimilables" baryte et des lunettes de verre au
et la raison de l'ouverture de cette plomb.
l'U.F.F. section est donnée. Dans le domaine radiologique, elle
(blouse, "Le service de radiologie en temps de étudiera entre autre, le rôle de l'infir-
paix est considérablement réduit par mière-manipulatrice pour la prépara-
tablier, voile). rapport au service de guerre ; il est tion des malades, en radiothérapie les
cependant beaucoup plus important précautions à prendre : pour le
Elle doit que celui d'avant guerre par suite des malade, pour l'infirmière-manipula-
progrès réalisés dans la connaissance trice.
d'ailleurs
générale du rôle de la radiologie et de Cette école fonctionnera jusqu'en
posséder 2 la nécessité de son emploi régulier. 1973 avec un programme et des
Actuellement, le manque de per-
costumes sonnel compétent se fait sentir ; c'est
modalités sensiblement identiques à
l'école de radiologie de l'A.P, recru-
qu'elle achète pourquoi une section d'aides-radiolo-
tement de bachelier et deux années
gistes a été créée à l'école
d'études.
à ses frais, d'Enseignement Technique Féminin"
En 1941, à Strasbourg une section
mais aussi un La durée de la formation est d'une
d'enseignement technique est créée
année scolaire. Les élèves passent
tablier de dans le cadre de l'école de laboran-
l'examen de l'Union des Femmes de
France, qui leur délivre le diplôme tines et délivre le diplôme
caoutchouc à d'infirmière et, à l'issue des examens, "d'ASSISTANTE TECHNIQUE
est délivré le diplôme d'aide radiolo- MEDICALE".
la baryte et
giste. Cette école devient école de laboran-
des lunettes La durée du stage de radiologie est de tines et manipulatrices de radiologie.
de verre au quatre mois à l'hôpital Lariboisière à Elle est administrée par les hospices
raison d'un mois par discipline, radio- civils et placée sous la direction de la
plomb. scopie, radiographie, radiothérapie, faculté.(lô)
électrothérapie et actinothérapie et de
quatre mois de stage d'infirmière à 1942 l'Institut d'Arsonval forme des
l'Hôpital de la Pitié. "Assistantes Techniques".
Parmi les notions élémentaires de Ce type de formation marque un tour-
radiologie étudiées, il faut noter : nant dans l'orientation du métier
"Secrétaire et Manipulatrice", double
- l'interrupteur à turbine,
fonction qui correspond sans doute à
- les régulateurs de degré de vide, une attente de la radiologie privée qui
- le Spintermètre, commence à se développer.
- l'étincelle équivalente, A l'ouverture en octobre, le Directeur
- etc.. Monsieur SOULEBEAU est entouré
mais aussi un enseignement pratique de médecins radiologues pour l'ensei-
à l'école, consistant en manipulations gnement. En radiothérapie le
qui familiarisent les élèves avec les Dr R. COLIEZ. En radiodiagnostic,
appareils de radiologie, les appareils le Dr A. DARIAUX. En électrologie
de mesure, leur montage, leur réglage le Dr L. DELHERM. Ceux-ci seront
et leur entretien. remplacés par le Dr FRAIN.
Ces élèves sont aussi habituées à Le diplôme délivré s'intitule :
prendre des radiographies, à les déve- "Ancienne Elève Brevetée de
lopper, à faire des calques et des l'Institut d'Arsonval (Section
tirages positifs. Radiologie)".

26 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


A partir de 1944, l'enseignement dis-
pensé à l'école de la Salpétrière, pour
les Hôpitaux de Paris, se structure.
Cette école est dirigée par le
Docteur GALLY, Chef du Service de
Radiologie Centrale de la Salpétrière
et c'est sa surveillante générale,
Mademoiselle LECROQ qui a la res-
ponsabilité de l'école.
Un examen d'entrée est institué pour
les infirmières D.E. qui doivent
d'abord et obligatoirement accomplir
deux ans au chevet des malades.
Les cours ont lieu dans des locaux
d'emprunt comme l'ancienne école
des préposés, qui deviendra l'actuelle
école de radiologie.
La manipulatrice installe le patient
En 1944-1945, 16 infirmières sont pour un examen. Hôpital LAENNEC 1930
formées. gistes les agents manipulant des (Centre de l'Image A.P. H.P. Paris)

appareils à rayons X. Doivent par


V - L'OFFICIALISATION DU contre être classés aides-radiologistes
TERME "MANIPULATEUR- les agents chargés du développement
RADIOLOGISTE" des clichés ou d'un service de physio-
C'est en 1949 qu'apparaît pour la pre- thérapie".
mière fois le terme de "Manipulateur- Dans les textes, il est dit que les
Radiologiste". manipulateurs sont assimilés comme
Pour les structures publiques dans la infirmiers spécialisés et doivent être
circulaire N° 33 du 5 Février 1949 soit :
portant sur le reclassement des fonc- - diplômés d'Etat,
tionnaires, le 4ème alinéa précise
sous le titre Infirmiers et Infirmières - autorisés à titre définitif,
spécialisés : "Il s'agit des laboran- - posséder un Brevet Professionnel
tines, chimistes, biologistes, mécani- délivré par une école spécialisée,
ciens-dentistes, prothésistes, manipu-
- avoir été nommé à la suite d'un Autre époque, manipulateurs et
lateurs-radiologistes employés à manipulatrices en action en 1953 à

temps complet dans les établisse- concours sur épreuves, l'Hôpital LARIBOISIÈRE.
(Centre de l'Image A.P. H.P. Paris)
ments".
Il existe six classes, le dernier indice
d'infirmier spécialisé de 1ère classe
est de 280, correspondant à un traite-
ment de base de 90 000 F, une
Infirmière 1ère classe est à l'indice
230, 72 000 F ; et dans les grilles
figurant en annexe, on trouve aussi
dans le personnel soignant les "aides
radiologistes" avec un indice 1ère
classe 180.
La circulaire N° 125 du 24 Mai 1949,
précise "la distinction qu'il y a lieu
d'opérer entre les manipulateurs-
radiologistes (infirmiers spécialisés,
indices 185-300) et les aides radiolo-
gistes, indice 140-180). Sont consi-
dérés comme manipulateurs-radiolo-

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 27
Une histoire des Manipulateurs

En 1964 les - justifier de trois années d'exercice


dans leur fonction et présenter un
manipulateurs certificat de service attestant que
l'intéressé est apte à remplir ses
de radiologie fonctions.
deviennent Ces différentes précisions, apportées
par le législateur, mettent en évidence
Manipulateurs que dans l'hexagone, ce sont bien des
d'Electroradiol personnes de statut et de formation
(quand elles en ont) de nature diffé-
ogie par rente qui exerçaient dans les services
de radiologie de 1895 à 1949.
décret du 17
C'était en 1949 ! l'histoire n'est-elle
juillet... pas un éternel recommencement ?
A cette époque dans les hôpitaux ont
sait que c'est un métier reconnu
comme une spécialisation d'infirmier
en radiologie et que celui-ci est classé
dans la catégorie des soignants. Séance de télécuriethérapie au C.A.C. de Rennes en 1956

Mais pourquoi a-t-on adopté le terme


de Manipulateur-Radiologiste ? Est- sont plus nombreux comme la cobal-
ce un mot générique utilisé dans le tothérapie et la curiethérapie à
langage courant qui a permis de Necker en 1958, le radiodiagnostic
regrouper toute une population qui enfants à Saint-Vincent-de-Paul &
manipulait, en une profession ? aux Enfants Malades.
La radiologie prend de l'ampleur et En 1958, une manipulatrice
pour répondre à une demande crois- Mademoiselle GAGNION est
sante les formations de manipula- affectée pour assurer la formation des
teurs se poursuivent. infirmières. Elle assure ce rôle jus-
A l'A.R les promotions d'environ 12 qu'en 1962 pour devenir Directrice
infirmières par an vont passer de 20 à de l'école à l'ouverture de "l'Ecole
25 à partir de 1950. Externe".
En mai 1955 paraît un décret, qui Il faut spécifier qu'à cette époque, le
détermine les conditions d'accès à besoin en personnel paramédical se
l'emploi de manipulateur de radio- multiplie en France et dans les hôpi-
logie. taux. L'ouverture des professions de
manipulateurs et de laborantins, à un
De Manipulateur-radiologiste celui- recrutement extérieur, devait donc
ci devient manipulateur de radio- permettre de colmater la fuite des
logie. infirmières des services de soins, vers
Certificats, brevets et diplômes sont des services spécialisés, aux
décernés par les Centres Hospitaliers contraintes moins importantes.
Régionaux, Ecoles d'enseignement,
service de Santé ; un examen proba-
toire permet de titulariser ces per-
sonnes.
Les médecins radiologues sont sou-
vent à la direction de ces écoles,
comme par exemple à la Salpétrière
en 1956 où le Docteur MAY succède
au Docteur GALLY.
L'enseignement se structure, évoluant
parallèlement aux techniques dites
"modernes". Les terrains de stage Radiographie de crâne au CA.C. de Rennes en 1956

28 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


L'école de l'Assistance Publique de
PARIS va pendant quelques années
continuer à former en un an des infir-
mières qui intégreront directement la
seconde année d'étude des recrutés
"externes".
Est-ce un tournant de la Profession de
soignant vers médico-technique ?

VI - DU SOIGNANT AU
MEDICO-TECHNIQUE
En effet, en 1962, une circulaire du 5
mars 1962 exclut du cadre d'infir-
miers spécialisés les manipulateurs
de radiologie, même s'ils sont
diplômés d'Etat et un arrêté en 1963
fixe le classement indiciaire des
Première promotion dite "externe"
manipulateurs, laborantins et autres 1965-1967
agents hors infirmier spécialisé. Electroradiologie Médicale" par le Ecole M.E.R. de la Salpétrière
Ministère de l'Education Nationale. Au centre le Professeur MAY, à sa
Un recrutement va donc être mis en droite Melle GAGNION (Directrice) et

place pour des personnes titulaires du Pourquoi un nouveau nom et une Mme DUCLOUX, et à sa gauche
Madame LAFOSSE (Monitrices)
Bac ou du certificat de fin d'études nouvelle formation ?
secondaires, ou examen d'entrée pour A l'Ecole Nationale Professionnelle
les autres. de jeune fille de Strasbourg après un
L'enseignement s'effectuera en deux recrutement au niveau baccalauréat,
années d'études : il est délivré un "Diplôme d'élève
breveté d'E.N.P, Mention RADIO-
- la première étant médico-chirurgi-
LOGIE".
cale avec les 3/4 des stages infirmiers
"En raison du peu de candidats
- la deuxième étant radiologique bacheliers s'intéressant à ces études,
Sept étudiants "externes" obtiendront le Ministère a mis en place une for-
le "BREVET de CAPACITE" créé à mation à partir de la classe de
cette occasion en même temps que 34 seconde d'une durée de trois ans"
infirmières qui n'ont effectué que la (16).
deuxième année d'étude après avoir D'autres lycées ouvriront alors des
été admises sur examen. sections.
La dernière promotion "mixte" sor-
En 1967 est créé le Diplôme d'Etat de
tira en 1966 avec 16 externes et 20
Manipulateur d'Electroradiologie.
infirmières.
Le recrutement se fait sur titre : Bac
En 1964, les manipulateurs de radio-
ou équivalent, ou encore D.E. d'infir-
logie deviennent Manipulateurs
mière, de sage-femme ou masseur
d'Electroradiologie par décret du 17 ADMINISTRATION GENERALE

kinésithérapeute. Les études durent DE L'ASSISTANCE PUBLIQUE A PARIS

juillet, relatif au recrutement et à


deux ans et s'effectuent dans des
l'avancement..., dans les établisse-
écoles agréées par le Ministère des
ment d'hospitalisation, de soins ou de
Affaires Sociales. Elles sont presque CARNET SCOLAIRE
cure publics.
toutes dans des Centres Hospitaliers d ELEVE AIDE-RADIOLOGISTE
Ce décret qui définit le rôle des mani- Régionaux.
pulateurs, fixe un concours sur
Un programme d'étude est défini,
épreuves pour le recrutement et
avec des cours et stages de soins et de
définit, les titres, qualifications ou
radiologie. Les moniteurs sont sou-
diplômes exigés.
vent infirmiers pour la première
Cette même année est institué le année, spécialisés manipulateurs Carnet de stage de lelève manipulateur
"Brevet de Technicien en pour la seconde année. en 1966

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 29
Une histoire des Manipulateurs

miser quelque peu cette profession en


la structurant :
- avec des écoles,
- des textes,
- une hiérarchie et l'accès à un
diplôme cadre,
- une augmentation de la durée de
formation en 1990,
- et son inscription au code de la
Santé Publique en 1995.
Le Brevet de Technicien s'est trans-
formé en Brevet de Technicien
Supérieur d'Electroradiologie Médi-
cale pour devenir un Diplôme de
Technicien Supérieur en Imagerie
Médicale et Radiologie Thérapeu-
tique ; alors que le Diplôme d'Etat de
Hier ou aujourd'hui, soignant ou
médico-technique, il y a toujours, un
Manipulateur en Electroradiologie
appareil, un malade et un manipulateur 1968 : ANNEE Médicale a su résister au charme du
pour s'en occuper. "REVOLUTIONNAIRE" temps.
Des arrêtés fixent les titres néces- On peut toutefois s'interroger, en
saires pour se présenter aux concours 1995, sur l'intérêt pour la profession
de recrutement des hôpitaux et attri- et pour les malades de voir exister
buent par équivalence le diplôme deux formations pour un même
d'Etat à certaines catégories de per- métier.
sonnels. 1995 ANNEE CENTENAIRE
L'histoire des Manipulateurs ne Il aura fallu cent ans pour voir enfin
s'achève pas là, mais celle plus la profession reconnue : inscrite au
récente a été largement écrite. Code de la Santé Publique, grâce à
Nous avons donc choisi d'arrêter là l'oeuvre de l'Association des
notre propos, à cette période. Manipulateurs d'Electroradiologie
Médicale et des personnes qui l'ani-
Le souci des professionnels et du ment.
législateur a été d'essayer d'unifor-
Nous voici devenus responsables de
nos actes aux yeux du législateur,
garant de la qualité de notre produc-
tion. Que de chemin a-t-il fallu par-
courir pour en arriver là.

EN CONCLUSION
Nous avons voulu retracer ici "une
histoire des Manipulateurs en
Electroradiologie Médicale". Nous
sommes partis d'une recherche basée
sur des faits. Où en sommes-nous ?
Nous ne savons pas exactement l'ori-
gine du terme de manipulateur.
Différentes appellations ont été
employées : de "Manipulateur-
Radiologiste" nous sommes devenus
"Manipulateur de radiologie" pour
être aujourd'hui "MANIPULA-
TEUR EN ELECTRORADIO-
Hier ou aujourd'hui, être manipulateur,
"c'est prendre soin". LOGIE MEDICALE".

30 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


Avec, contre ou à côté, des médecins,
des chefs de laboratoires, divers opé- BIBLIOGRAPHIE "L'Art de
rateurs, des personnalités de renom- soigner ou Art
mées ont constitué l'ossature de notre 1) WACKENHEIM A. "les Radiologistes
Profession. Puis très vite, les infir- Imagiers de la Médecine". Paris - Editions de prendre
mières présentes sur le terrain, ce Axone 1986.
sont spécialisées. 2) Le ROBERT : Dictionnaire historique de la soin est cette
Langue Française 1992.
Nés de cette spécialisation, nous en 3) Grande Encyclopédie Larousse. habileté jointe
avons été exclus "pour devenir une 4) PIZON P. : la radiologie en France 1896-1904
profession à part entière, perdant la - Editions L'expansion Scientifique. à la connais-
classification de "soignants" pour Française, 1970.
devenir des "médico-techniques". 5) PALLARDY Guy, PALLARDY M.J.,
sance et au
WACKENHEIM A. - Histoire illustrée de la
Issus de deux filières de formation radiologie - Paris, Editions DACOSTA 1989.
savoir être qui
pour exercer un même métier, on 6) Rapport du Conseil de Surveillance, les
peut s'interroger sur notre identité Hôpitaux de TAssistance Publique de PARIS, du
permet de
professionnelle. 26-12-1901.
donner une
7) REID Robert, Marie CURIE "Derrière la
Aujourd'hui, nous savons qui nous légende" Paris - Edition Points - Sciences 1983.
sommes. 8) CURIE Eve "Madame CURIE ..." Paris
dimension
Pour l'avenir, il nous reste à déter- Editions Gallimard, 1938.
9) CURIE Marie "La Radiologie & la Guerre" -
réellement
miner et à affirmer qui nous voulons
être et pour qui nous sommes là.
Paris Editions Félix ALCAN - 1921.
10) Carnet Personnel d'Irène Curie (Musée
aidante aux
Mais ceci est une autre histoire... CURIE). yeux même du
11) NIEWENGLOOWSKI G.H. - "les Rayons X
"L'Art de soigner ou Art de prendre
soin est cette habileté jointe à la
& le Radium" - Librairie Hachette 1924. patient,.."
12) GAGNION & DUCLOUX "Evolution de
connaissance et au savoir être qui l'Ecole de Radiologie de la Salpétrière" non
permet de donner une dimension publié.
réellement aidante aux yeux même 13) BRES Jean-Pierre - "Le radiodiagnostic en
du patient..." France et aux Hospices Civils de Lyon" 1986- REMERCIEMENTS
1958 - Mémoire école cadres de la Région Rhône
L'action de "prendre soin" concerne Alpes 1989.
tous les acteurs de l'équipe pluridisci- 14) Rapport du Conseil de Surveillance, les Nous remercions toutes les per-
sonnes qui nous ont aidés à éla-
plinaire. Chacun des membres de Hôpitaux de l'Assistance Publique de PARIS, du
borer ce texte ; et en particulier :
cette équipe y a pour mission de 19-06-1930.
P. DELANOË, J.J. LEVREL et
"porter une attention particulière" à la 15) JOUGLA V. "La Science et la Vie" N°179 - le Centre de l'Image de l'A.P.H.P.
Mai 1932. de Paris pour les photographies,
personne qu'il a, grâce à son métier
16) WACKENHEIM A. -"Histoire des écoles de J. VINOUSE pour la frappe,
spécifique, pour objectif d'aider à Manipulateurs et Manipulatrices de Radiologie" J.P. BRES, S. GAGNION,
progresser et à retrouver plus de bien- Journal des Hospices Civils de Strasbourg N° 15 M.M. LAFOSSE, Mr LERAT,
être. - Février 1982. Mr et Mme PALLARDY,
17) HESBEEN W. Le projet de "prendre soin" à O. MASSIE,
Tous les membres de cette équipe qui l'hôpital. In gestions hospitalières N° 342 janvier Les Conservateurs des archives
prodiguent des soins directs sont des 1995.
de l'A.P.H.P. de Paris, des Arts &
Métiers, de la Bibliothèque
"soignants" qu'ils soient médecins ou 18) Archives de Médecine et de Pharmacie Nationale, de l'Institut du
assistants sociaux, brancardiers, Militaire, tome LXVII, Imprimerie et Librairie Radium, du Musée CURIE et
manipulateurs-radio, kinésithéra- Militaire Universelle, Paris 1917. JOLIOT- CURIE.
peutes, ergothérapeutes, infirmiers, 19) Le Service de Santé pendant la guerre 1914- Monsieur le Médecin Général
1918, tome IV, Médecin Général Inspecteur Inspecteur DE SAINT JULIEN,
aides-soignants... Directeur de l'Ecole
MIGNON, Masson et Compagnie Editeurs, Paris
d'Application du Service de
"La .grandeur du métier de tous ces 1927.
Santé des Armées.
soignants, quelque soit le degré de 20) Sciences et Dévouements, La Radiologie, Monsieur le Médecin en Chef
sophistication de ce métier, c'est d'es- Dr HARET, Editions Quillet, Paris 1917. FERRANDIS, Conservateur du
sayer de faire prendre du sens aux 21) Revue du Service de Santé Militaire, musée du Service de Santé des
Médecin Commandant DIDIEE, Imprimerie Armées (Val de Grâce).
actes posés pour chacun des patients Nationale, Paris 1939. Monsieur GARGAR, archives
en particulier" (17). 22) Archives d'électricité médicale, J. HAMEL, historiques du musée du Service
de Santé des Armées (Val de
Bordeaux 1915.
Grâce)
Jean-Jacques FLAUX1 & 23) Appareils Techniques, Ministère de la Madame l'Infirmier Principal
Guerre, Service de Santé, Imprimerie Nationale, LARUE.
Thierry MUNIER" ♦ Paris 1922. Monsieur l'Adjudant-Chef
24) Bréviaire du Manipulateur Radiologiste, GEORGES, service de
I Directeur Technique, Ecole de Manipulateurs
d'électroradiologie, C.H.R. de Rennes. L. MATHÉ et V. BAUDOT, Vigot Frères édi- Radiologie de l'HIA du Val de
IIMEMCN, H.I.A. du Val de Grâce, Paris. teurs, Paris 1917. Grâce.

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 31
GEORGES MASSIOT : Ingénieur-constructeur et
orsque le premier conflit mon-
dial éclate, l'intérêt de
il ^l'examen radiologique n'est pas
encore admis par tout le corps
médical; et il n'existe que 175 méde-
cins radiologues.
Cependant le Service de Santé des
Armées figure en bonne place parmi
les utilisateurs puisqu'il dispose, au
1er août 1914, de vingt et un postes
en état de fonctionnement dont dix
fixes dans les grands hôpitaux mili-
taires de métropole et d'Afrique aux-
quels s'ajoutent onze postes transpor-
tables ; ces derniers, de type "Maroc"
puisque mis au point en 1912 pour le
corps expéditionnaire envoyé dans ce
Protectorat, équipent certains Corps
d'Armées et se déplacent avec eux ;
mais il s'agit de matériel de cam-
pagne léger et de faible volume, des-
tiné à être transporté à dos de mulet
dans des caisses maniables ne dépas-
sant pas 70 kg. Chaque ensemble
comporte un groupe électrogène de
900 w, une bobine type Ruhmkorff
avec son rupteur, des appareils de
réglage et d'utilisation réduits à l'in-
dispensable. Le groupe électrogène
Ballot robuste et fiable fournit le cou-
rant, mais sa mise en marche en tirant
sur une corde enroulée autour d'une
poulie a la réputation de donner du fil
à retordre !
Des véhicules automobiles équipés
de matériel radiologique ont été
conçus par les fabricants.
Par exemple cette voiture, présentée
par le constructeur GAIFFE aux
manoeuvres de l'Est près de Dijon en
septembre 1904, qui fut accueillie
avec intérêt. Montée sur un châssis
Panhard et Levassor de 10 CV, elle
comportait un appareil de télégraphie
sans fil (est-ce l'origine du mot
"manipulateur" ?) ainsi qu'un maté-
riel radiologique : transformateur
haute-tension (84 kV maximum et
60 KV efficace) et montage à deux
soupapes de VILLARD pour arrêter
l'onde inverse. Cet ensemble était
autonome puisqu'un alternateur bi-
polaire, entraîné par le mpteur de la

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 33
George MASSIOT: Ingénieur

mobiles, c'est qu'il règne une certaine


perplexité parmi les experts.
En effet, le matériel radiologique est
en pleine évolution : les bobines de
Ruhmkorff de plus en plus puissantes
sont très répandues comme généra-
teurs ; mais il est apparu depuis 1908
les premiers "contacts tournants"
prévus pour le courant alternatif dont
ils redressent l'onde inverse, ils
apportent une puissance accrue (cer-
tains donnent 40 voire 60 mA sous
100 kV). Ces premiers modèles sont
bruyants, volumineux et lourds ; ils
doivent demeurer à poste fixe dans
un camion. Ceci exige de transporter
la haute-tension par câbles spéciaux,
parfois sur une distance assez longue
lorsque le blessé est radiographié
dans un local improvisé en antenne
chirurgicale. Ils s'opposent donc aux
bobines type Ruhmkorff qui peuvent
être au chevet du blessé, alimentées
sans danger en basse-tension, par la
Poste transportable type "Maroc" 1912. dynamo de la voiture à l'aide d'un
voiture lorsque le système de propul- câble banal. A l'époque, ce matériel,
sion est débrayé, fournissait 24 A un peu moins performant, mais
sous 110 V. fiable, connu de tous les utilisateurs,
moins lourd, se contente de voitures
Elle participa également aux automobiles légères, donc plus
manoeuvres de 1905 ; mais faute de faciles à faire passer dans des che-
commande de lArmée française, elle mins défoncés.
fut vendue a une république améri-
caine. Quant au nouveau tube à cathode
thermo-ionique inventé en 1913 par
Le guerre des Balkans en 1912 fut COOLIDGE, ingénieur de General
l'occasion d'expérimenter divers Electric aux U.S.A., sa technique de
matériels radiologiques mobiles. La fabrication n'est pas totalement maî-
voiture du Docteur LESAGE, une De trisée ; même si PILON en a acheté le
Dion découverte, n'était prévue que brevet pour la France en 1914, il n'en
pour la radioscopie. Elle fit cam- circule que peu d'exemplaires et sa
pagne en Grèce et fut utilisée au commercialisation ne deviendra
début de la guerre de 14-18 dans la effective que dans les années 1920.
Haute-Saône.
A l'ouverture des hostilités, il n'existe
A propos de la traction automobile et en réalité que quelques voitures dis-
de ses performances, citons ces parates dues à l'initiative privée, plus
lignes du Docteur LOBLIGEOIS, ou moins bien équipées.
radiologue de Bretonneau : "n'avons-
Celle de la firme RADIGUET et
nous pas dû faire jusqu'à 170 km dans
MASSIOT avait été présentée à la
une même journée et, constamment Société de Radiologie en juillet 1913
des étapes de 40 à 50 km ?" l'auto- par le Docteur GUILLEMINOT, puis
mobiliste de 1995 peut mesurer le exposée à la revue de Longchamps
chemin parcouru. du 14 juillet 1913 ; enfin sa participa-
Si au 31 juillet aucune décision n'a tion était prévue aux manoeuvres de
été prise par le Service de Santé des 1914 qui n'ont pas eu lieu parce que
Armées concernant les équipages la guerre était déclarée.

34 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


Arthur RADIGUET (1850-1905), de RADIGUET en épousant sa fille Parmi les
descendant d'une famille d'opticiens aînée.
fabrique et vend du matériel d'op- Le décès prématuré de RADIGUET
nombreuses
tique et toutes sortes d'appareils en 1905 laisse MASSIOT seul à la réalisations, il
scientifiques destinés aux labora- tête de l'entreprise. Après des pre-
toires et aux écoles. Son magasin du miers temps difficiles - il rendra tou- conçoit, en
boulevard des Filles-du-Calvaire à jours hommage à son épouse pour
Paris offre à la convoitise des enfants Son aide efficace et son soutient
raison des
du Marais et des apprentis de
Belleville des machines à vapeur, des
constant - il va élever progressive- bruits de
ment sa firme au rang international
instruments électriques et divers qu'elle occupa pendant plus de cin- guerre qui
jouets scientifiques... quante ans.
RADIGUET, inventeur et fabricant
circulent, ce
Parmi les nombreuses réalisations, il
de tout ce qui touche à l'électricité ou conçoit, en raison des bruits de qu'il appelle
à la haute fréquence s'est, dès le guerre qui circulent, ce qu'il appelle
début de 1896, passionné pour les une "voiture laboratoire de radio- une "voiture
applications scientifiques et médi- logie" qui lui a été inspirée par son
cales des rayons X. Son catalogue
laboratoire de
expérience des radiographies à domi- ii
s'enrichit de tout ce qui est nécessaire cile : à savoir les difficultés à trouver radiologie'
à leur production ou à leur utilisation. un courant d'alimentation convenable
Il a ouvert, attenant à son magasin, un et un endroit propice pour déve-
cabinet radiologique où le public peut lopper.
se faire radiographier accompagné du Ainsi son véhicule Peugeot 10HP
médecin de son choix. Comme l'a porte une génératrice 10 à 12 A sous
écrit le Docteur GUILLEMINOT: 110 V entraînée par le moteur
"chercheur et artiste dans l'âme, il fut puisque à l'arrêt, un dispositif de
commerçant par nécessité". Il eut prise de force sur le boite à vitesse
l'idée de centraliser les travaux du permet d'embrayer ou de débrayer.
monde entier sur les radiations nou- voilure Gaiffe 1904 mixte : télégraphie
sans fil (à gauche) et radiologie.
velles en constituant une biblio-
thèque et un système de fiches à dis-
position de tous les scientifiques,
chercheurs et médecins ainsi qu'une
collection de radiographies normales
et pathologiques.
Comme les autres pionniers, il n'avait
aucune notion des effets biologiques
de ces rayons et s'exposait sans pré-
caution au cours de ses manipula-
tions. Victime d'une des premières
radiodermites connue en France, il
mourut en 1905 laissant un nom dans
l'industrie radiologique car il avait
fourni du matériel dans le monde
entier.
Georges MASSIOT (1875-1962),
ingénieur de formation, entre chez
RADIGUET en 1898, devient son
associé dans l'usine Radiguet et
Massiot qu'ils construisent cette
année-là à côté du magasin de vente :
elle est destinée à fabriquer du maté-
riel radiologique dont la demande est
en pleine croissance et les liens entre
les deux hommes se resserrent encore
puisque MASSIOT devient le gendre

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 35
George MASSIOT: Ingénieur

L'intérieur est un laboratoire compre- Valérien, d'où mon départ avait été
nant tout le nécessaire, réserves d'eau différé, je ne sais trop pour quelle
comprises. Des coffres aménagés cause. Après quelques explications,
reçoivent le matériel nécessaire pen- j'en fus extrait et je partis aussitôt
dant le transport. Restent installés à pour Lyon où je me trouvais en tête à
demeure dans la voiture, en plus de la tête avec ma voiture dans cette expo-
génératrice, l'interrupteur-turbine à sition déserte d'où j'aurais pu sortir
mercure et le condensateur. Un câble tout ce que j'aurais voulu.
basse-tension, de 25 m maximum, Au moment de notre départ aux
déroulé suivant les besoins, permet Armées, une revue fut passée au Val
d'apporter le courant interrompu au de Grâce. Ma voiture, qui portait le
primaire de la bobine d'induction qui n° 1, et pour cause, était la seule
est proche du blessé à examiner. construite spécialement pour cet
Celui-ci est étendu sur un "lit usage : radiographie aux Armées.
d'examen porte ampoule" à la fois Deux ou trois autres voitures équi-
pées en hâte n'étaient autres que des
camionnettes réquisitionnées dans
lesquelles on avait mis du matériel.
Ainsi, était constitué le service radio-
logique qui fut passé en revue par le
Docteur BÉCLERE secondé par
Madame CURIE..."
Il raconte ensuite leur départ de Paris
avec, sur la banquette, un Médecin
Colonel qui n'avait jamais fait de
radio et lui comme chauffeur, sans
oublier un aide qui, faute de place, fit
le voyage de Paris à Gray (Haute-
Saône) sur le marchepied "en lapin"
dit l'auteur, ce qui n'est guère confor-
table !
Puis le remplacement du Médecin
Colonel par le Docteur
DECHAMBRE, radiologue, avec
Voiture-laboratoire de radiologie
conçue par G. MASSIOT. La table lequel ils forment une équipe homo-
radiologique pliée est contenue dans la démontable et léger qui, une fois gène et soudée.
housse debout sur le coté du véhicule. replié, est transporté sur le côté de la
voiture dans une housse. Le dispositif Enfin sa rencontre avec BIQUARD,
peut être complété par une tente pour physicien du Laboratoire d'Essais des
abriter des intempéries si l'on ne dis- Arts et Métiers, qui devient son com-
pose pas de locaux à proximité. Ainsi pagnon de route et comment ils ont,
conçu, l'ensemble est parfaitement pendant les heures d'attente d'une
autonome. prochaine intervention, commencé la
rédaction du "Manuel pratique du
Dans "Quelques vieux souvenirs"
manipulateur radiologiste" que l'édi-
datés du 19 février 1953 et non
teur Maloine fit paraître en 1915.
publiés, Georges MASSIOT raconte
avec verve les péripéties de ses Comme l'indique la préface, il s'agit
débuts comme manipulateur et d'un ouvrage qui veut sortir des clas-
conducteur de sa propre voiture : siques en donnant "les tours de
"A la mobilisation, ma voiture était mains, les trucs, la cuisine oserai-je
exposée à l'Exposition de Lyon dans dire, qui font qu'un matériel fonc-
le stand de la Croix Rouge. Il fallut tionne ou ne fonctionne pas".
alors aller la chercher et tout d'abord, (G. Massiot.)
me trouver, car j'étais mobilisé le pre- En réalité, il s'agit d'un manuel com-
mier jour au 8e Génie, Mont- plet avec notions sur les rayons X et

36 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


l'électricité, détails des appareils des- révèle désastreuse en raison des ... "les tours
tinés à produire la haute-tension et infections qui ont le temps de se
des installations radiographiques développer en fonction de la durée du de mains, les
(principalement du matériel fabriqué transport et font beaucoup de morts. trucs, la
par sa maison et qu'il utilise), mais on Le Service de Santé est conduit à
y trouve effectivement les tours de concevoir des groupes mobiles de cuisine oserai-
mains nés de l'expérience surtout en chirurgie avec leur matériel (salles
matière de mise en place du sujet et je dire, qui
d'opérations mobiles, instruments,
de développement photographique. pansements et stérilisation) qui se font qu'un
Cependant, un chapitre spécifique est portent au plus près du front. Comme
consacré au repérage des corps étran- il s'agit fréquemment d'extractions de matériel
gers métalliques, préoccupation de corps étrangers métalliques, la radio-
cette époque.
fonctionne ou
logie s'avère indispensable pour en
Cet ouvrage d'un réel intérêt apparaît assurer le repérage avant (graphie) et ne fonctionne
sérieux, bien documenté et de bon pendant (scopie) l'intervention. D'où
niveau. De plus, il s'agit du premier la constitution d'équipes mobiles pas".
manuel de langue française s'adres- radio-chirurgicales capables de se
sant aux "manipulateurs radiolo- déplacer en fonctions des besoins.
gistes" et consacrant ce terme. Aux improvisations du tout début,
Georges MASSIOT savait de quoi il succède une organisation rationnelle :
parlait puisque les hasards de la le Médecin-Major LAMOUREUX
guerre lui avaient assigné cet emploi. charge les Médecins Majors
Le succès de son manuel nécessita BÉCLÈRE, HARET et AUBOURG
une deuxième édition en 1917: aug- de la formation d'équipages radiolo-
mentée de 128 pages et de 33 figures, giques pourvus de matériel démon-
elle était complétée par des chapitres table.
sur le tube Coolidge, sur les régions à
radiographier (orientation) - nous
dirions aujourd'hui incidences - et sur
les procédés de recherche des projec-
tiles autres que la radiographie et la
radioscopie dans lesquels on trouve
l'électrovibreur du Professeur
BERGONIÉ. Malgré une préface
supplémentaire signée R. BIQUARD
et G. MASSIOT, elle reproduit tou-
jours celle de l'édition 1915 dans
laquelle Georges MASSIOT s'inti-
tule : Manipulateur radiographe
Ne Armée, Nord 1915.
Au début de la guerre 1914-1918, les
idées en matière de soins aux blessés Le même matériel en fonctionnement :
la table porte-ampoule est montée sous
et d'interventions chirurgicales, chan- Dès le 27 août 1914, deux premières la tente-abri ; le courant provient de la
gent rapidement car dès les premières voitures équipées par Gaiffe partent dynamo entraînée par le moteur de la
voiture.
batailles, cette guerre se révèle au front. Le 1er janvier 1915, 20
effroyablement meurtrière en raison véhicules sont en service.
des bombardements massifs et de
l'emploi des armes automatiques : Pour répondre aux besoins on
nombreux sont les blessés par balles compte, en 1916, plusieurs catégo-
ou éclats d'obus inclus dans les par- ries : des "Equipages d'Armées", des
ties molles ou par fractures ouvertes. "Ambulances Chirurgicales Auto-
La conception qui avait prévalu mobiles" désignées par le terme
jusque-là, c'est-à-dire transporter les "Autochir" dans l'argot des poilus,
blessés vers l'arrière dans des struc- des "Groupes complémentaires de
tures hospitalières bien équipées, se chirurgie" sans compter les "postes

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 37
George MASSIOT: Ingénieur

L'effort de semi-fixes" et les équipements des


BIBLIOGRAPHIE
cinq navires-hôpitaux facilitant les
guerre fut évacuations.
L'effort de guerre fut considérable BELOT J. La radiologie pendant le
considérable guerre. Le Monde Illustré, n° 3071, 4
puisque, à l'armistice, il existe 850
puisque, à postes radiologiques et 810 médecins novembre 1916.
formés.
l'armistice, il GAIFFE G. Voiture automobile auto-
Surtout, l'esprit a changé : le chirur- nome pour radiographie, radioscopie et
existe 850 gien qui a fait la guerre ne conçoit télégraphie sans fil en campagne.
plus de se passer des examens radio- Archives d'Electricité Médicale n° 161,
postes logiques. Il faut donc prévoir des ser- 10 mars 1905, pp. 181-188.
radiologiques vices dans les hôpitaux, la formation
HARET G. Le rôle de la voiture radiolo-
de médecins et de manipulateurs...
et 810 En bref, la radiologie a conquis sa
gique du Service de Santé des Armées.
Journal de Radiologie et d'Electrologie,
médecins place en médecine tant diagnostique n° 9, mai 1915, pp. 497-499.
que thérapeutique.
formés. LOBLIGEOIS F. Quelques réflexions
sur les voitures radiologiques automo-
G.etM.-J. PALLARDY ♦
biles à propos du fonctionnement de l'une
Couverture de la première édition de
d'entre elles. Journal de Radiologie et
1915 du "Manuel Pratique du d'Electrologie, n° 10, août 1915, pp. 561-
Manipulateur Radiologiste"
564.

MASSIOT G. Comment réaliser prati-


quement la radiographie de guerre.
G. MASSIOT & B1QUARD Archives d'Electricité Médicale, n° 388,
février 1915 PP. 42-56.

MASSIOT G. et BIQUARD R. Manuel


LA RADIOLOGIE DE GUERRE Pratique du Manipulateur Radiologiste.
A. Maloine et fils édit. Paris, 1915.

PALLARDY G. Chronique historique :

Manuel Pratique MASSIOT. Journal de Radiologie, 1989,


t. 70, n° 6-7, pp. 435-438.

du PALLARDY G., PALLARDY M.-J. et


WACKENHEIM A. Histoire Illustrée de

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L'évolution de Vimagerie médicale vue à travers

tard d'une production en série. Ce

L
a rédaction du "Manipulateur"
Les m'ayant sollicité pour rédiger premier appareil a été livré dans le
dysfonctionne- un texte retraçant mon par- cabinet du Dr. Fischgold et moi avec.
cours professionnel, j'ai pensé qu'il Les dysfonctionnements de ce
ments de ce pouvait être d'un certain intérêt de monstre à lampes, qui chauffait
relater comment j'ai vécu l'évolution comme un radiateur, étaient encore
monstre à fréquents et ma connaissance de sa
de l'imagerie médicale pendant plus
lampes, qui de quarante années d'activité. genèse n'était donc pas inutile.
Pendant un certain temps j'ai ainsi
chauffait Mes études initiales ne m'orientaient exercé le métier d'électroencéphalo-
en rien vers une profession paramédi- graphiste-dépanneur. Cela m'a évi-
comme un cale, puisqu'en 1939-40 j'ai suivi une demment amené à m'intéresser aux
formation d'opérateur radio de la
radiateur, ... marine marchande. Dans l'impossibi-
problèmes médicaux, donc à tenter
d'acquérir les connaissances indis-
lité d'exercer ce métier pendant l'oc- pensables en anatomie et physio-
cupation, j'ai commencé par gagner logie, à travers les livres mis à ma
ma vie en construisant et réparant des disposition, par le Dr. Fischgold.
"postes de TSF". Tout en poursuivant
des études d'électricité industrielle au La fabrication industrielle des nou-
Conservatoire National des Arts et veaux appareils d'EEG, ayant consi-
Métiers, j'ai travaillé pour les maquis dérablement accru leur fiabilité, j'ai
à adapter des postes à lampes, afin commencé à être lassé de regarder
•i
qu'ils puissent fonctionner sur batte- défiler du papier. C'est alors que le
.. ; ai ainsi Dr. Fischgold me proposa de
ries. Les appareils à transistors
exercé le m'orienter vers la radiologie, dont le
n'existaient pas encore.
côté technique devrait sûrement m'in-
métier d'é/ec- Avant-guerre mon père avait été téresser. Ainsi, une année, je suis
soigné par le Docteur H. Fischgold, parti en vacances de Pâques avec
troencéphalo- électroradiologiste, et les deux comme livre de chevet le Manuel de
hommes avaient sympathisé. Après Techniques Radiographiques de Miss
graphiste- la libération j'ai pu rencontrer à nou- Clark, qui à l'époque était considéré
dépanneur. veau le Dr. Fischgold, qui s'intéres- comme la bible du manipulateur. Ma
sait également à la neurophysiologie. formation antérieure m'a évidemment
C'était l'époque des premiers balbu- facilité l'acquisition des connais-
tiements de l'électroencéphalogra- sances fondamentales de physique
phie (EEG). Des travaux étaient en des rayons X. La compréhension de
cours à la Faculté de Médecine dans la technologie des appareils, relative-
le laboratoire du Prof. Beaudoin et à ment simple à l'époque, ne m'a pas
l'Hôpital Saint-Anne auprès du Prof. non plus créé de difficultés particu-
Puech, neurochirurgien. Les appa- lières. Le fait d'avoir depuis des
reils étaient rudimentaires et plus années pratiqué la photographie y
souvent en panne qu'en état de compris développement et tirage s'est
marche. Le Dr. Fischgold m'a alors avéré utile. Il était surtout indispen-
proposé de prendre en charge la sable d'acquérir des connaissance en
maintenance de ce matériel, qui, à anatomie et d'apprendre les inci-
Saint-Anne, je me souviens, était ali- dences et techniques radiogra-
menté par une armoire entière de bat- phiques, ce qui eut lieu aux côtés du
teries d'accumulateurs, non étanches. Dr. Fischgold.
J'ai alors souvent abîmé mes vête- Il faut dire que le Dr. Fischgold avait
ments par des projections d'acide. repris, après la fin de la guerre, le
En 1946-47, à la demande du cabinet du Dr. Delherm, un des pion-
Dr. Fischgold, j'ai participé à la niers de la radiologie française. A
construction d'un prototype d'appa- l'époque, ce cabinet était un véritable
reil d'EEG, qui devait être suivi plus musée de la radiologie. Il y avait

40 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


une vie professionnelle

encore une installation de radiothé- tion de repères fiables, du centrage et


rapie fonctionnant avec un contacteur de l'orientation précis du faisceau, de
tournant à mercure et un tube dans la collimation. Ces éléments sont les
l'air; une grosse machine pour la garants d'une image de qualité, cor-
"douche" et les "lavements" électro- rectement interprétable. C'est égale-
statiques; un appareil de thérapie à ment dans ce contexte que je compris
haute fréquence enfermé dans une que seul un matériel en bon état
splendide armoire en acajou avec des mécanique et électrique pouvait
portes en verre biseauté; des généra- assurer une qualité constante et une
teurs de courants faradiques dont les reproductibilité des images.
impulsions étaient commandées par
de beaux métronomes de musiciens,
LA TOMOGRAPHIE
portant sur leur bras des pointes de
contact plongeant alternativement Le Dr. Fischgold fut convaincu très
dans de petits godets de mercure. tôt du potentiel diagnostique de la
tomographie, dont les précurseurs
Passionné par la recherche en radio- furent Bocage, Ziedses des Plantes,
logie, le Dr. Fischgold était toujours Vallebona, Herdner et Frain, entre
au courant des travaux les plus
récents en cours, que ce soit outre-
Atlantique ou en Europe. Sur notre
continent la Suède était considérée,
dans les années 50, comme
la Mecque de la radiologie générale
et plus particulièrement de la neuro-
radiologie. Le Dr. Fischgold avait un
sens aigu pour reconnaître les tech-
niques d'avenir. Grâce aux relations
qu'il entretenait avec de nombreux
médecins étrangers, j'ai noué des
liens qui m'ont permis de visiter des
services de radiologie ailleurs qu'en
France et de faire la connaissance de
médecins et techniciens dans diffé-
rents pays. J'ai pu ainsi y faire des
stages particulièrement enrichissants.
De tels échanges ne peuvent être
vraiment profitables que s'il n'y a pas
de barrière de langues. J'avais la Figure 1 - Salle de radiologie osseuse
chance de parler l'Anglais et autres. J'ai pu ainsi participer à la
et de tomographie (1963) : table bascu-
lante à sélecteur, colonne plancher-
l'Allemand. Dans le monde actuel la conception d'une adaptation tomogra- plafond solidarisable au sélecteur,
portique mural, tomographe pluridirec-
connaissance de l'anglais me paraît phique sur une table basculante tionnel.
être le minimum indispensable. Massiot. Ce premier contact avec le
L'intérêt porté par le Dr. Fischgold à monde de la construction radiolo-
l'exploration du système nerveux, et gique m'a immédiatement intéressé.
son important recrutement de J'ai pu comprendre qu'entre la
malades neurologiques, m'ont tout demande du radiologiste et les possi-
naturellement amené à m'intéresser à bilités et le coût de réalisation il
la radiographie de précision du crâne. existe des fossés qu'on ne peut pas
J'ai pris conscience de l'importance toujours franchir. Mais inversement
de la connaissance des rapports des les constructeurs ont besoin de l'ex-
structures anatomiques dans l'espace, périence des gens de terrain, de
du positionnement rigoureux du connaître leurs besoins, afin de
patient, de sa contention, de l'utilisa- réduire les risques de produire des

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 41
L'évolution de l'imagerie

je me souviens machines difficilement utilisables pas encore d'un tomographe multidi-


dans la pratique, voire des rectionnel.
qu'alors, au "monstres". Tester un appareil en Beaucoup d'utilisateurs avaient ten-
usine est une chose, son utilisation dance à n'appliquer que les trajec-
cours de avec des malades plus ou moins toires les plus complexes. Cependant
réunions entre impotents, entraînant des difficultés le fait de disposer de plusieurs possi-
impondérables, en est une autre. bilités d'effacement m'a conduit à
radiologistes, Initialement l'adaptation tomogra- effectuer une recherche systématique
du mouvement tomographique le
d'âpres phique à la table de radiodiagnostic
mieux adapté à chaque organe à
devait être mobilisée manuellement.
discussions Il fallait acquérir un bon "coup de explorer, compte tenu de sa patho-
main", pour déplacer le système avec logie.
eurent lieu une vitesse régulière, en un temps Par ailleurs l'extrême finesse des
pour trancher donné et se barder de tablier et de coupes imposait un positionnement
gants pour se protéger autant que et un centrage particulièrement
entre les possible des radiations. Ce système rigoureux des patients. Les petites
rudimentaire, à balayage linéaire, a structures, à faible contraste (osselets
qualités pourtant assez bien fonctionné, don- de l'oreille en particulier), devaient
respectives des nant des coupes évidemment assez être orientées parallèlement au plan
épaisses, mais pour l'époque tout à de coupe, afin de pouvoir être visua-
images fait honorables. Dans un deuxième lisées dans leur totalité. Une bonne
temps une motorisation a pu être connaissance de l'anatomie spatiale
obtenues par ajoutée, supprimant tout risque d'irra- était indispensable.
balayage diation.
C'est en 1950 que Sans et Porcher L'AGRANDISSEMENT
linéaire ou conçurent le Polytome, premier appa- DIRECT
complexe. En reil totalement dédié à la tomogra- En 1951 Philips produisait le premier
phie, permettant différentes trajec- tube à foyer de 0,3 mm. Van der
fait, à mon toires, plus ou moins complexes. Cet Plaats en disposa le premier et
avis, il appareil sophistiqué eut du mal à démontra l'intérêt de l'agrandisse-
s'imposer au début. Les coupes très ment direct, réalisable sans grille
s'agissait fines manquaient de contraste et grâce à la couche d'air interposée
avaient un aspect inhabituel pour le entre le sujet et le récepteur (air-gap).
d'une bataille radiologiste. L'absence de grille anti- Le Dr. Fischgold fit rapidement ins-
d'arrière diffusante réduisait encore la qualité taller un tel tube ce qui m'a permis de
des images. Il a fallu quelques années participer à la recherche systéma-
garde ... d'expérimentation et l'adjonction tique d'applications nouvelles de
d'une grille tournante, pour que le l'agrandissement : étude de la struc-
corps médical reconnaisse la valeur ture osseuse, détermination de la plus
diagnostique des images produites. Je petite structure représentable, appli-
n'ai personnellement pu disposer d'un cation à la radiographie crânienne, en
Polytome que 10 ans plus tard. Ce fut particulier à l'oreille.
l'époque de l'essor de l'imagerie en C'est au niveau du crâne que j'ai pris
coupe par balayage multidirec- conscience de l'importance de la
tionnel, appliquée à la tête (crâne, divergence du faisceau sur les rap-
sinus, oreille, encéphalographie et ports de projection entre les struc-
cisternographie en particulier) et au tures. En agrandissement, une même
rachis (vertèbres et moelle). Je me orientation et centrage du faisceau,
souviens qu'alors, au cours de produit des images très différentes en
réunions entre radiologistes, d'âpres AP et PA. Cette propriété de l'agran-
discussions eurent lieu pour trancher dissement a fait rechercher le sens
entre les qualités respectives des préférentiel à utiliser pour visualiser
images obtenues par balayage au mieux des structures spécifiques,
linéaire ou complexe. En fait, à mon soit pour agrandir une fenêtre radio-
avis, il s'agissait d'une bataille d'ar- graphique, soit pour mieux dissocier
rière garde de ceux qui ne disposaient les structures complexes.

42 A.F.P.P.E. - Numéro spét ial.


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sentable, nous avions fait des tenta- temps procéder à des essais de radio-
tives de réagrandissement photogra- cinématographie dans des conditions
phique de radiographies agrandies, assez "artisanales". En effet nous ne
partant de l'idée que "si on voit mieux disposions d'aucun système de déve-
on voit plus". Le Dr. Pizon a alors loppement adapté au cinéma. Je me
démontré que pour un agrandisse- souviens d'avoir développé manuel-
ment radiographique direct de fac- lement de courtes bandes de films en
teur 2, on ne peut représenter de les enroulant autour d'un banal cadre
structure plus petite que le foyer, de film radiographique et cela dans
l'obscurité totale, puisque les émul-
puisque la pénombre (flou géomé-
trique) prend alors les dimensions de
ce dernier. Preuve, s'il en était besoin,
qu'en imagerie les lois de la physique
et de l'optique radiologique doivent
toujours être présentes à l'esprit.
C'est également vers cette époque
que le Dr. Laval-Jeantet travaillait sur
l'évaluation de la qualité dés images
réalisées sur des films utilisés sans
écrans renforçateurs. Les radiogra-
phies des extrémités placées au
contact du film, même prises avec un
foyer de 1 mm, ne présentaient prati-
quement aucun flou géométrique et
pouvaient donc, elles, être agrandies
photographiquement. La radiogra-
phie avec films sans écran était alors
la seule utilisée en mammographie, Figure 2 - Salle de radiologie crâ-
nienne, neuroradiologie, angiographie
en raison de sa haute résolution et de sions étaient panchromatiques. Il a (1963) : crâniographe non isocentrique,
table de cathétérisme, suspension
la possibilité de visualiser les micro- néanmoins été possible de visualiser pïafonnière, amplificateur de lumi-
calcifications. L'irradiation avec cette dynamiquement la déglutition nance, changeurs de films, portique
mural, injecteur automatique.
technique, bien que très localisée, barytée et la morphologie et le péri-
était relativement importante. Bien staltisme digestifs.
qu'il ait été prouvé ultérieurement
(Aubin, Laval-Jeantet), que même en LA RADIOGRAPHIE
basse tension, le rayonnement diffusé CRANIENNE ISOCENTRIQUE
n'était pas négligeable, il n'était pas ET LA
question d'utiliser une grille antidif- STEREORADIOGRAPHIE
fusante, qui aurait entraîné une irra-
En 1953 Dulac conçoit son crânio-
diation sensiblement double. Ce n'est graphe "isocentrique". La possibilité
que beaucoup plus tard, dans les de faire coïncider le centre de rota-
années 80, que les écrans renforça- tion de l'appareil avec le centre de la
teurs au gadolinium à grain très fin structure à examiner, a révolutionné
supplantèrent le film sans écran en la radiographie de précision du crâne,
mammographie, permettant ainsi l'in- dont Lysholm et Chaussé avaient été
terposition de grilles. Curieusement les grands initiateurs. Cette technique
l'agrandissement direct a alors permet de réaliser les incidences à
retrouvé une nouvelle jeunesse. partir de la définition de plans de

A.F.RP.E. - Le Manipulateur 47
L'évolution de l'imagerie

références, de points de centrages étaient très amplifiées sur les tirages


intracrâniens et d'angles et de prati- logetroniques. Des artefacts, qu'il fal-
quer facilement des stéréoradiogra- lait savoir reconnaître, apparaissaient
phies (Figure 5). La fusion visuelle néanmoins au niveau des zones de
de deux images, accroît la netteté et transition entre faibles et fortes den-
le contraste apparents tout en rédui- sités optiques. Cet "effet de bord",
sant le bruit de fond. C'est, grâce à visible en particulier au niveau des
cela que Chaussé décelait des micro- corticales osseuses, est l'équivalent
fractures du rocher, malgré une qua- du phénomène de "volume partiel"
lité relativement médiocre des bien connu en TDM. La lisibilité
images individuelles obtenues avec accrue des images, a permis l'éduca-
un appareillage peu performant. Il tion de l'oeil du lecteur, qui recon-
faut une bonne vision stéréoscopique naissait ainsi de nouvelles structures.
pour fusionner les images et bien per- Il est intéressant de noter que grâce à
cevoir le relief. Je me souviens cette éducation, il était ensuite pos-
sible de retrouver ces éléments sur
l'image originale, éventuellement en
s'aidant d'une source lumineuse puis-
sante (spot). "L'oeil voit plus facile-
ment ce qu'il connaît déjà".
Les images tirées au Logetron permi-
rent également d'améliorer la qualité
des reproductions dans les publica-
tions. J'ai eu à cette époque le privi-
lège de cosigner pour la première
fois, avec le Dr. Fischgold et le
Dr. Metzger un article intitulé
"Technique d'examen des bosses et
lacunes crâniennes". Si je me permets
de signaler ce fait, c'est uniquement
parce que, en ce temps, il était encore
impensable de voir figurer dans la
presse spécialisée le nom d'un techni-
cien à côté de ceux d'auteurs méde-
cins. C'est le mérite du Dr. Fischgold
Figure 3 - Salle de radiologie générale, d'avoir rompu cette barrière et je tiens
radiocinématographie (1963) : table
basculante 90 190° télécommandée, d'avoir été obligé, pour y parvenir, pour cela, entre autre, à lui rendre
amplificateur de luminance, caméra 35 d'effectuer quelques séances d'or- hommage.
mm, magnétoscope.
thoptique. J'ai eu le plaisir de rencon-
trer Chaussé et de le voir travailler. Il
était capable, pour un cas difficile, de LA SOUSTRACTION
lui consacrer une demi-journée d'un En 1961, Ziedses des Plantes pré-
examen minutieux. sente l'application de la soustraction
photographique en neuroradiologie.
Il en avait prouvé la faisabilité dès
LE POST-TRAITEMENT ET 1935. Comme souvent l'idée précéda
LA REPRODUCTION DES largement l'application pratique. Le
IMAGES développement de l'angiographie
Le Logetron, apparu en radiologie en cérébrale permit d'en démontrer l'im-
1954, était un appareil qui permettait mense apport diagnostique. Je me
le post-traitement des images, en suis intéressé à la mise au point de
comprimant le contraste d'ensemble cette technique, qui, au début, était
tout en accroissant celui des détails. un procédé purement photogra-
C'était l'entrée de l'électronique dans phique : conditions de réalisation des
l'imagerie médicale. Cette technique images originales, choix et exposi-
facilitait la lecture des images des tion des films servant au masque et
parties molles, puisque les diffé- au tirage, développement adapté.
rences de contrastes entre les tissus L'optimisation de l'ensemble de ces

48 A.h'.P.P.E. - Numéro spécial


paramètres permettait de mettre les Le service a démarré en 1963 avec
images de soustraction à la disposi- trois salles (Figures 1,2,3):
tion du médecin, quelques minutes - une salle de tomographie
seulement après la réalisation de (Polytome) avec en plus une table
chaque série angiographique. Cette basculante de radiologie générale
technique est devenue totalement (Klinograph)
obsolète, une quinzaine d'années plus - une salle de neuroradiologie (crâ-
tard, avec l'apparition de l'angiogra- niographe Mimer, table de cathété-
phie numérisée et la soustraction risme et changeurs de films
électronique. A.O.T.)
- une salle avec table télécom-
CONCEPTION ET mandée (Magister), radiocinéma et
REALISATION D'UN magnétoscope (Ampex).
SERVICE DE RADIOLOGIE
En 1960 le Dr. Fischgold a été solli-
cité pour superviser la création du
service de radiologie de la Fondation
Ophtalmologique Rothschild (FOR).
A l'initiative de son président,
M. Edmond de Rothschild, ce service
devait disposer des installations les
plus modernes pour l'époque. Le
Dr. Jacqueline Vignaud, élève du
Dr. Fischgold, en devint le chef de
service. J'ai eu la chance d'être appelé
à suivre cette construction sur le plan
technique avant d'en devenir le res-
ponsable technique. Ce fut l'appren-
tissage des problèmes du bâtiment,
des relations avec l'architecte et les
constructeurs de matériels radiolo-
giques. Un voyage d'étude en Suède Figure 4 - Salle de radiologie vascu-
laire (1980) : table de cathétérisme,
me permit de visiter des services Nous disposions également d'une tube sur suspension plafonnière,
modernes et bien organisés, dont machine de développement tra- colonne plancher-plafond portant un
tube à double microfoyer pour sté-
nous avons pu nous inspirer. vaillant en 7 mn, ce qui à l'époque réoangiographie agrandie, changeur de
était le nec plus ultra. L'exposition films, système d'angiographie numé-
Avoir la possibilité de concevoir un automatique n'existant pas encore risée, injecteur automatique, chariot
d'anesthésie.
service dans sa totalité, présente évi- couramment, il a fallu assurer le pas-
demment de gros avantages. Dans le sage du développement manuel à
cadre du budget qui nous fut alloué, l'automatique, qui ne permettait pas
nous disposions de la liberté de choix de "correction" des erreurs d'exposi-
du matériel. Dans les limites de l'es- tion. J'avais beaucoup veillé, du
pace disponible, nous avons essayé temps du développement manuel, à
ce que les constantes d'exposition
d'assurer une circulation rationnelle
soient les plus précises possibles
et séparée des malades et du per- (mesures de l'épaisseur du sujet en
sonnel médical. D'avoir activement particulier), afin que l'on puisse tou-
collaboré avec l'architecte et les jours appliquer la règle d'or du déve-
constructeurs fit que si des erreurs loppement : 5 mn à 20°. Ainsi
ont été commises, elles le furent sous lorsque le traitement automatique fut
notre responsabilité et nous n'avions opérationnel, il n'y eut pas de diffi-
ainsi de reproches à faire à qui- cultés majeures.
conque. Ces conditions ne sont hélas Fait encore rare à l'époque, nous
pas toujours réalisées : il arrive trop avons pu bénéficier, dans le cadre du
souvent, qu'une administration service, d'un laboratoire photogra-
décide en dehors des utilisateurs. phique, qui assurait le développe-

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 49
L'évolution de l'imagerie ..

ment des films de radiocinéma, les le meilleur service après-vente". Cela


... "Messieurs, me parut frappé au coin du bon sens
tirages logetroniques , la confection
cela fait deux de diapositives, les tirages en vue de et m'a convaincu une fois de plus, s'il
publications etc. en était besoin encore, de l'impor-
jours que je tance du suivi du matériel. Je suis
donc très heureux de la création
vous écoute, LE CONTROLE DE QUALITE récente de l'association QUALIX,
mais je ne sais A partir de cette époque, disposant dont le but est de promouvoir une
d'outils de diagnostic modernes, je qualité optimale de l'imagerie sur
toujours pas commençais à m'intéresser à la qua- tout le territoire national, quel que
lité de l'image radiologique et ce qui soit le statut de l'organisme produc-
quel en est le corollaire, au contrôle de teur. S'il y a un domaine dans lequel
qualité de l'appareillage. Pour cela je le technicien peut particulièrement
équipement je faire valoir ses compétences, c'est
me procurais, ou confectionnais moi-
dois choisir même, un certain nombre d'instru- bien celui du contrôle de qualité.
ments de contrôle (pénétramètre,
pour mon densitomètre, sténopé, mire de
DIRECTION TECHNIQUE DU
Funk). Pour tout élément neuf de
service". Un l'équipement, je constituais, dès son
SERVICE DE RADIOLOGIE
DE LA F.O.R. (1962-1988)
ingénieur, installation, un document de réfé-
rence. Celui-ci permettait, par com- Compte tenu de l'équipement dont
après un temps paraison, de vérifier périodiquement nous disposions, le Dr. Vignaud, chef
l'évolution du matériel (tubes, foyers, de service, impulsa toute une série de
de réflexion, centreurs lumineux, centrages méca- recherches, auxquelles j'ai été
lui répondit niques, exactitude des niveaux de associé :
coupe en tomographie, cassettes, - radiographie et tomographie de pré-
alors : "Vous écrans, films etc.). Il est bien connu cision de l'oreille en collaboration
que la dégradation progressive de avec le service de chirurgie O.R.L.
devez acheter l'image n'est perçue que tardivement. du Dr. Danic; - étude des condi-
Seul un contrôle périodique permet tions de visibilité radiologique de
l'équipement de détecter un début de dérive. C'est solutions de continuité à propos
du vrai que cela implique un investisse- des fractures du rocher (Dr. Petit);
ment en temps non négligeable; per- - mise au point des techniques de
constructeur sonnellement j'y ai trouvé un grand phlébographie orbitaire et de repé-
intérêt sur le plan technique. Un tel rage et de localisation de corps
qui vous assure suivi est toujours apprécié par le étrangers intraoculaires, pour
le meilleur constructeur. répondre aux besoins des service
O.P.H.;
En 1964 eut lieu, en Allemagne, un
service après- premier colloque sur "La qualité de - amélioration de la reproduction des
images individuelles de radioci-
vente". l'image en radiologie", auquel j'ai pu
néma par réduction du bruit de
participer avec l'équipe de la F.O.R. fond aléatoire, par la superposition
Au cours de cette réunion, il a été d'images (Dr. Lichtenberg);
longuement question de la qualité des
- reconstruction par photogrammétrie
amplificateurs de luminance, qui
d'images d'angiographie, selon dif-
commençaient à être assez répandus.
férentes direction de l'espace, à
Je me souviens qu'après de longs partir de stéréoangiographies (Dr.
échanges d'arguments entre médecins Yver);
et ingénieurs, le Dr. Chérigié, un des
- étude comparative de la qualité des
radiologistes ayant à l'époque le plus
images tomographiques produites
d'expérience dans ce domaine en
par deux types d'appareils
France, se leva et dit : "Messieurs, (Polytome / Stratomatic).
cela fait deux jours que je vous
écoute, mais je ne sais toujours pas Cette dernière étude, qui mettait litté-
quel équipement je dois choisir pour ralement en compétition deux
mon service". Un ingénieur, après un constructeurs, se devait d'être aussi
temps de réflexion, lui répondit objective que possible. Elle nous a
alors : "Vous devez acheter l'équipe- alors fait conclure que, si avec un
ment du constructeur qui vous assure appareil les coupes étaient plus fines,

50 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


elles présentaient plus de contraste une réaction de rejet de la part du
avec l'autre. Mais à aucun moment il neurochirurgien. Il nous déclara que
n'a pu être prouvé qu'un diagnostic lorsqu'il opérait le cerveau celui-ci ne
effectué grâce au premier, n'a pu lui apparaissait pas à la taille de nos
l'être avec le second. Or le diagnostic images. Ultérieurement il y eut une
est bien le but de l'imagerie. Il reste réaction similaire quant à la taille
évidemment que les fonctionnalités trop petite des images scannogra-
de deux appareils diffèrent et peu- phiques. Ces faits illustrent le pro-
vent, les unes ou les autres, être blème de la communication des
mieux adaptées à certains examens. documents en imagerie. A l'ouverture
Un choix éventuel doit alors se faire du service nous avions mis en place
en tenant compte des spécificités un système de microfilmage systé-
éventuelles de l'activité du service. matique, de toutes les radiographies.
Disposant à partir d'un certain Si ce travail a pu être assuré pendant
moment de deux machines à déve- une certaine période, il est apparu
lopper, nous avons également pu éva- assez rapidement, lorsque l'activité
luer l'apport des films monochromes
bleus, comparativement aux films à
gamme de gris. L'idée de base du
concepteur étant que, dans les den-
sités maximales de bleu, l'oeil
continue à percevoir des détails, alors
qu'il ne peut plus les distinguer dans
les hautes densités de gris. Les essais
ne nous avaient pas faits conclure à
un progrès appréciable. De plus ces
films étaient, à l'époque, moins sen-
sibles et moins contrastés, que les
films classiques. Je me souviens que
la télévision avait un jour montré des
images bleues et que dès le lende-
main un patient a téléphoné à l'hô-
pital pour demander si nous faisions
des "radiographies en couleur".
Devant ma réponse négative il a
refusé de prendre rendez-vous... Figure 5 - Crâniographe isocentrique
avec amplificateur de luminance et
J'insiste sur le rôle important que les s'est accrue, que l'investissement adaptation de tomographie à efface-
techniciens ont à jouer au cours de nécessaire en temps dépassait nos ment linéaire: centrage intracrânien au
décours d'un examen du rocher (1975).
telles études et évaluations. possibilités. Ensuite la réutilisation
Le service a également servi de banc des documents imposait soit l'usage
d'essai de matériels innovants. Ainsi d'un lecteur de microfilms, soit un
nous avons, par exemple, participé à réagrandissement photographique,
la définition des caractéristiques d'un avec inévitablement une perte de
prototype de tube à double micro- qualité. De même il était quasi
foyer, destiné à la réalisation de sté- impossible de communiquer les
réoangiographies agrandies, qui séquences de radiocinéma en 35 mm,
équipa ensuite notre salle d'angiogra- qui devaient être visionnées avec un
phie (Figure 4). Cette technique fut projecteur adapté.
particulièrement appliquée à l'angio- Il est évident que la transmission des
graphie cérébrale et à la phlébogra- images au médecin corrrespondant
phie orbitaire. La lecture des images est le corollaire indispensable de la
permettait une analyse particulière- qualité des soins qui doit être assurée
ment fine de la vascularisation, grâce au patient. L'avenir nous dira si les
à l'association de l'agrandissement et techniques modernes d'imagerie,
de la vision dans l'espace. avec la numérisation et les possibi-
A titre anecdotique, les images lités de télétransmission sont des
agrandies déclenchèrent initialement solutions valables, tout au moins

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 51
L'évolution de l'imagerie

dans les pays qui, économiquement,


en ont les moyens. Mais tellement de
pays en sont encore loin ....
Le développement du service se tra-
duisant par l'augmentation en nombre
des salles et du personnel, les nou-
veaux appareils (mammographie,
échographie, angiographie numé-
risée), et les techniques qui en décou-
laient, comme la neuroradiologie
interventionnelle (Dr. Moret), entraî-
naient inévitablement pour moi une
charge accrue de travail de gestion. Je
me suis toujours efforcé de ne pas
devenir un administratif pur, conti-
nuant à travailler en salle si néces-
saire, seul moyen de ne pas être
coupé de la réalité quotidienne et de • I
voir également ce qui ne va pas dans Figure 7 - Encéphalographie gazeuse, tomographie frontale :
patient en décubitus dorsal, pour remplissage de la citerne
l'équipement. Dans quel service ne supra-sellaire. Cas d'une selle turcique "vide".
trouve-t-on pas des appareils com-
portant une "réparation provisoire"
au sparadrap et qui dure ? Je crois Un autre aspect de la fonction de res-
que c'est un des problèmes des grands ponsable, est le degré de confiance
services d'imagerie où le ou la sur- que lui accorde le chef de service et
Figure 6 - Crâniographe isocentrique : veillance) reste trop dans son bureau, partant de délégation de pouvoir dont
patient sanglé sur siège neuroradiolo- submergé(e) par les tâches adminis- il peut disposer. Tant le Dr. Fischgold
gique au décours d'une encéphalogra-
phie gazeuse. Position pour remplissage tratives. que le Dr. Vignaud m'ont donné une
des cornes occipitales. (Dr. Salvolini) grande liberté d'action. Dans un tel
contexte il faut être prudent et veiller
aux limites de ses initiatives. Il faut
également être en permanence un état
tampon entre le personnel, duquel il
faut savoir être solidaire et le corps
médical, qu'il faut savoir com-
prendre. De plus il est important de
parvenir à être un interlocuteur
reconnu de l'administration.

ENSEIGNEMENT ET
FORMATION PERMANENTE
Le Dr. Vignaud et ses adjoints, orga-
nisaient tous les ans des cours de for-
mation en radio-otologie, radio-oph-
talmologie, neuroradiologie. Lorsque
ces cours comportaient des travaux
pratiques en salle, les démonstrations
étaient effectuées par les techniciens
du service. Au début il me fut assez
difficile de les convaincre qu'ils
avaient une compétence à transmettre
aux médecins. Une fois leurs com-
plexes vaincus, ces cours se sont tou-
■ :
WÊÊ jours bien passés. Je pense que de
faire participer les techniciens à de
telles actions les valorise. De même,
f j'ai toujours considéré qu'il est un

52 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


devoir d'accueillir des stagiaires des
écoles de radiologie. Leur présence
constitue au début une charge de tra-
vail accrue. Ensuite, s'ils sont bien
intégrés, ils peuvent devenir "ren-
tables". Il a fallu quelque temps pour
en convaincre les techniciens du ser-
vice.
Nous avons également fait des
échanges de techniciens avec un
hôpital aux USA, (stages de 15
jours). De tels échanges devraient
être développés avec tous les pays. Si
on résout le problème du logement,
ils n'entraînent pas trop de frais et on
y apprend toujours beaucoup, à
condition de parler une langue de
communication.
Figure 8 - Myélographie gazeuse
(1963) : patient sous anesthésie, sanglé
LE SCANNER en position déclive, sur tomographe
PUBLICATIONS pluridirectionnel.

Les publications que j'ai pu faire pen- 1977 a vu l'installation d'un scanner à
dant ces années, en particulier le la F.O.R. Ce fut l'occasion d'une nou-
Manuel de Techniques Radiogra- velle remise en question. J'ai toujours
phiques du Crâne, traduit en plu- voulu savoir "comment ça marche".
sieurs langues, ma collaboration à Cette fois il fallait apprendre et
l'Encyclopédie Médico-Chiurgicale essayer de comprendre une techno-
et au Traité de Radiodiagnostic, logie tout à fait nouvelle, puisqu'elle
publié sous la direction du consacrait l'entrée en force de l'infor-
Dr. Fischgold, m'ont procuré le matique dans l'imagerie médicale. Je
plaisir de communiquer mes connais- testais mes connaissances toutes
sances et ont évidemment aidé à me fraîches, par des cours dispensés aux
faire connaître. J'ai ainsi été invité à techniciens du service. Rien de tel
participer à des conférences, faire des pour réaliser que seul ce que l'on
cours dans les écoles de radiologie ou conçoit bien s'énonce clairement.
des présentations en France et à Souvent ce que l'on croyait avoir
l'étranger et pu resserrer les liens compris, n'était en réalité pas vrai-
avec l'AFPPE et l'ISRRT. Une fois de ment assimilé et imposait une remise
plus j'insiste sur la nécessité, dans le en question. Je pense que c'est un des
monde actuel, de parler des langues
rôles du responsable du service de
étrangères, faute de quoi les contacts
dominer l'ensemble des problèmes
ne sont pas suffisamment fructueux.
techniques, pour pouvoir le cas
échéant, être un recours pour le per-
sonnel en difficultés.
Ceux qui, comme moi, ont vécu les
années "héroïques" de la neuroradio-
logie, ont sûrement apprécié, l'apport
considérable de la TDM et plus tard
de l'IRM pour le diagnostic, mais sur-
tout l'énorme gain de confort pour le
patient. Je pense en particulier aux
ventriculographies avec trou de

Figure 9 ■ Myélotomographie lombaire coupe médiane


(hernie L4-L5) : l'aiguille de ponction à robinet, placée en
L3-L4, maintenue en place pendant toute la durée de réalisa-
tion des coupes sagittales, n'était retirée qu'en fin d'examen,
pour permettre de pratiquer les coupes frontales.

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 53
L'évolution de l'imagerie

trépan, encéphalographies et myélo- susceptibles de faire progresser cette


On peut dire technique : écrans radioscopiques,
graphies gazeuses (Figures 6, 7, 8, 9).
que depuis la Pour ces dernières on retirait d'abord écrans renforçateurs, films. Moins de
une certaine quantité de LCS par voie 20 ans ont suffi pour voir proposer la
découverte lombaire ou sous-occipitale, que l'on quasi totalité des applications pos-
remplaçait par de l'air stérile. Pour sibles : stéréoradiographie et photo-
des rayons X, grammétrie, tomographie, microra-
l'encéphalographie, la tête était
il y a 100 ans, manoeuvrée judicieusement ou on diographie, radiocinéma Tout a bas-
faisait faire une culbute complète au culé avec la numérisation de l'infor-
jusque vers les patient sanglé sur son siège, pour mation dont les nouvelles applica-
années 70, il répartir l'air dans les cavités céré- tions se sont succédées très rapide-
brales. La myélographie impliquait la ment : radiographie et angiographie
n'y avait pas fixation du malade sur la table numériques, tomodensitométrie, ima-
d'examen (généralement le tomo- gerie par résonance magnétique,
eu de graphe) et son maintien prolongé par échographie, réseaux numériques,
un harnais en position déclive, tête en
changements bas. Au cours et à la suite de ces exa-
etc....
Dans le but d'exploiter au mieux la
fondamentaux mens, le patient souffrait de cépha-
masse de données recueillies grâce à
lées rebelles, de nausées et de vomis-
dans les la TDM, notre service a été, je crois,
sements. Souvent les examens étaient
le premier de l'hôpital, à être doté
réalisés sous anesthésie générale, ce
procédés de qui compliquait encore les possibi-
d'un micro-ordinateur. Le Dr. Bar et
moi-même avons rapidement été pris
réalisation des lités de positionnement des patients.
par le virus de l'informatique :
Les artériographies cérébrales étaient
images qui pratiquées par ponction directe "en
archives, programme de statistiques,
édition de compte rendus automa-
restèrent aveugle", des carotides primitive, tiques pour les examens normaux,
externe, interne ou vertébrale gestion des gardes et des congés,
analogiques. (Figure 10). A l'origine ce fut le suivi des consommables, comptabi-
monopole des neurochirurgiens d'ef- lité et bien sur traitement de textes.
fectuer cette ponction, laissant aux C'est à partir de ce moment que j'ai
radiologistes le soin de réaliser les commencé à m'intéresser sérieuse-
images. Ce n'est que plus tard que les ment aux problèmes de gestion : suivi
"neuroangiographistes" acquirent de l'activité du service en volume,
leur autonomie et purent conduire les relations avec les autres services,
examens dans leur totalité. Le chan- évaluation des coûts.
gement "rapide" de films se faisait à
la main, à partir d'un empilement de Jusque là il n'y avait pas eu de pro-
cassettes, avec les risques d'irradia- blèmes budgétaires majeurs, mais
tion pour l'opérateur, que l'on peut cette période d'abondance relative
imaginer. arrivait à son terme. L'ensemble des
membres du service se posait rare-
ment la question : "combien coûte ce
LA REVOLUTION que je suis en train de faire ? ". Je
INFORMATIQUE pense que ce sont des interrogations
Il est évident que l'introduction de qu'il faut faire périodiquement.
l'ordinateur a été un tournant et un
accélérateur du développement de
L'IMAGERIE PAR
l'imagerie médicale. On peut dire que
RESONANCE MAGNETIQUE
depuis la découverte des rayons X, il
y a 100 ans, jusque vers les années C'est en 1987, un an avant ma
70, il n'y avait pas eu de changements retraite, que le service fut doté d'un
fondamentaux dans les procédés de appareil d'IRM. Une fois de plus il a
réalisation des images qui restèrent fallu se préparer, suivre une forma-
analogiques. Les premiers utilisa- tion, essayer d'assimiler une techno-
teurs des rayons X, physiciens ou logie complètement nouvelle avec,
médecins, ont très rapidement décou- de plus, ses contraintes d'installation
vert les principales améliorations particulières et sensibiliser les techni-

54 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


ciens du service. Ainsi, jusqu'à la fin actuelles de l'exercice de la profes- Transmettre
de ma vie professionnelle, les progrès sion. Je pense que de solides études
de la radiologie n'ont cessé de solli- de base sont indispensables. aux plus
citer mon intérêt. Les connaissances fondamentales jeunes son
Depuis une quinzaine d'années, les acquises dans les écoles de radio-
techniques d'imagerie, TDM, IRM et logie, doivent permettre de suivre et expérience de
US en particulier, sans oublier les d'assimiler, tout au long de sa car-
investigations par fibroscopie, ont rière, les rapides progrès des tech-
longue date et
réduit sensiblement les indications de niques médicales. Les nombreux savoir
la radiographie conventionnelle. Je cours et conférences de formation
ne souhaite pas pour ma part qu'il en continue, qui existent maintenant à s'effacer
résulte une radiologie générale travers le pays, facilitent cette mise à
médiocre, sous prétexte que ce sera jour des connaissances. Il reste que
ensuite, est un
finalement la TDM ou l'IRM qui les jeunes techniciens frais émoulus devoir...
assurera le diagnostic. Déjà l'exposi- de l'école, doivent en sortir
tion automatique et la préprogram- convaincus qu'ils devront continuer à
mation anatomique conduisent à une étudier jusqu'à la retraite et même au-
qualité d'image constante mais delà s'ils veulent retarder le vieillisse-
moyenne. Je souhaite que le techni- ment...
cien continue de s'efforcer de pro-
duire les meilleures radiographies
possible, en exploitant en pleine M. Gabriel KORACH ♦
connaissance l'outil dont il a la
charge. N'oublions pas que les appa-
reils sophistiqués n'existent pas par-
tout et qu'il vaut donc mieux
conserver de bonnes habitudes.
J'ai consacré les deux ans qui ont
suivi mon départ, à la rédaction d'un
Manuel de Techniques d'IRM. Au
cours de ce travail j'ai pris conscience
qu'en quittant la vie hospitalière, les
connaissances deviennent rapide-
ment livresques et qu'il est difficile
de se maintenir au courant de la
rapide évolution technique dans ce
domaine. Grâce au soutien du
Pr. G. Cosnard, chef de service au Val
de Grâce, j'ai bénéficié de la collabo-
ration de T. Munier, technicien res-
ponsable de l'unité IRM. Sans lui, sa
compétence et son expérience pra-
tique quotidienne, l'ouvrage n'aurait
pu prendre la forme que je souhaitais.
Transmettre aux plus jeunes son
expérience de longue date et savoir
s'effacer ensuite, est un devoir et
donne de plus la satisfaction d'avoir
apporté une modeste contribution à la
valorisation de la profession de tech-
nicien.
Que dire pour conclure ? Je crois que
personnellement j'ai bénéficié de cir-
constances favorables. Cependant
Figure 10 - Artériographie cérébrale (1970), par ponction directe des carotides externe et interne (Dr.
mon parcours atypique, autodidacte, Metzger). Lorsqu'une première ponction avait par exemple cathétérisée la carotide interne, l'aiguille main-
ne correspond plus aux conditions tenue en place facilitait l'orientation en vue de la ponction de la carotide externe.

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 55
Vévolution de la profession de Manipulateur dElectroradiologie
Médicale dans les Hôpitaux Publics, à travers les textes officiels

DE LA PRATIQUE AU DROIT...
L'histoire de l'évolution de notre profession dans les hôpitaux publics à travers les textes officiels ne
manque pas de surprendre.
Pour qui s'attache à la présenter, même en se limitant à en retracer la chronologie, la caractéristique essen-
tielle réside dans le long cheminement qui a permis à notre profession d'acquérir ses lettres de noblesse au
travers de l'acte juridique fondamental qui a scellé son existence et protégé son exercice.
La présentation qui suit témoigne du chemin qu'il a fallu parcourir pour faire émerger notre profession, lui
reconnaître compétences et savoir-faire dans le cadre d'un exercice conforté par une formation de qualité,
jusqu'à l'obtention d'un statut administratif spécifique qui couronne un métier, une carrière, un titre.
Les variantes sémantiques, le choix des appellations témoignent d'une naissance turbulente qui préfigurait
déjà les obstacles à surmonter jusqu'à la protection de notre titre et de notre exercice professionnel en 1995.

UN LONG PARCOURS JUSQU'À L'AFFIRMATION DE NOTRE IDENTITÉ :


1937 : Circulaire du 17 juin 1937.
Elle précise les mesures de protection à appliquer contre les rayonnements nocifs pour les person-
nels appelés à manipuler les appareils de radiologie ainsi que les produits radioactifs.
1943 : Décret n° 891 du 17 avril 1943
"Manipulateurs radiographies".
1949 : Arrêté du 10 janvier 1949
"Manipulateurs radiologistes".
Arrêté du 2 février 1949 (Hôpitaux Psychiatriques)
"Manipulants radiologistes".
1955 : Circulaire n° 154 du 21 novembre 1955
"Manipulateurs de radiologie".
1964 : Décret 64-748 du 17 juillet 1964
"Manipulateurs d'électroradiologie".
1983 : Décret 83-770 du 24 août 1983
"Manipulateur dElectroradiologie Médicale".
1989 : Décret 89-613 du 1er septembre 1989
"Manipulateur dElectroradiologie Médicale" : de classe normale, de classe supérieure, Surveillant,
Surveillant-Chef.

DE LA RECONNAISSANCE DE NOS COMPÉTENCES À L'HABILITATION À


ACCOMPLIR CERTAINS ACTES D'ÉLECTRORADIOLOGIE MÉDICALE :
1949 : Circulaire n° 125 du 24 mai 1949
Manipulateurs radiologistes : les agents manipulant des appareils à rayons X.
1964 : Décret 64-748 du 17 juillet 1964
Les manipulateurs d'électroradiologie, sous le contrôle des chefs de service d'électroradiologie, sont
chargés de l'encadrement du personnel. Ils doivent faire preuve d'une compétence étendue dans la
mise au point et l'utilisation des appareils de leur spécialité. Ils sont chargés de l'entretien du maté-
riel. Ils participent à l'exécution de tous travaux et notamment au développement des clichés, à la
mise en place des malades et à la préparation des appareils. Ils peuvent être chargés de la manipula-
tion des substances radioactives.
1968 : Décret 68-97 du 10 janvier 1968
Les manipulateurs d'électroradiologie assurent sous les directives et le contrôle des chefs de service
et des assistants d'électroradiologie, des Surveillants-Chefs et Surveillants des services d'électrora-
diologie, l'entretien du matériel, l'exécution de tous les travaux et notamment le développement des
clichés, la mise en place des malades et la préparation des substances radioactives.

56 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


1973 : Décret 73-1095 du 29 novembre 1973 modifiant le Décret 68-97 du 10 janvier 1968
...de plus, les manipulateurs, sont habilités, sous les directives et le contrôle des chefs de service et
de leurs collaborateurs Médecins à manipuler les appareils d'électroradiologie, les générateurs élec-
triques de rayonnements ionisants... Ils sont en particulier autorisés à effectuer des clichés de pra-
tique courante.
1984 : Décret 84-710 du 17 juillet 1984
Les personnes remplissant les conditions d'exercice peuvent, sur prescription médicale contribuer :
- à la réalisation des examens nécessaires à l'établissement d'un diagnostic,
- aux traitements mettant en oeuvre des rayonnements ionisants ou non, ou d'autres agents physiques.
Sous la responsabilité et le contrôle d'un médecin, ces personnes peuvent :
- assurer le déclenchement et le réglage des appareils,
- faire des administrations orales et rectales, des injections intramusculaires, sous-cutanées, et dans
les veines superficielles,
- préparer du matériel d'exploration et médico chirurgical,
- manipuler des substances, y compris des composés radio-actifs.
Des compétences particulières leurs sont également reconnues en radiothérapie et en électrologie.
1995 : Loi 95-116 du 4 février 1995
La profession de manipulateur d'électroradiologie médicale est inscrite au code de la Santé Publique,
protégeant notre exercice professionnel.

UN MÉTIER, DEUX FORMATIONS, DEUX DIPLÔMES :


1964 : Décret 64-42 du 14 janvier 1964
Brevet de technicien en électroradiologie médicale : B.T. (3 ans d'études à partir de la seconde)
1967 : Décret 67-540 du 26 juin 1967
Diplôme d'Etat de manipulateur d'électroradiologie : D.E. (2 années d'études après le Bac)
1975: Arrêté du 22 juillet 1975
Brevet de technicien supérieur électroradiologie médicale : B.T.S. (2 années d'études après le Bac)
1976 : Décret 76-868 du 6 septembre 1976
Certificat de moniteur cadre manipulateur d'électroradiologie médicale
1983 : Décret 83-770 du 24 août 1983
Certificat cadre manipulateur d'électroradiologie médicale
1990 : Décret 90-705 du 1er août 1990
Diplôme d'Etat de manipulateur d'électroradiologie médicale : D.E. (3 ans d'études après le Bac)
1992 : Décret 92-176 du 25 février 1992
Diplôme de technicien supérieur en imagerie médicale et radiologie thérapeutique : D.T.S.
(3 ans d'études après le Bac)
1993 : Arrêté du 29 septembre 1993
Le D.E. et le D.T.S. permettent l'accès à des formations universitaires.

UNE CARRIÈRE ADMINISTRATIVE, 45 ANS D'HISTOIRE JUSQU'À LA


RECONNAISSANCE STATUTAIRE DE LA PROFESSION :
1943 : Décret 891 du 17 avril 1943
Les manipulateurs radiographes font partie du personnel secondaire spécialisé (les infirmières du
personnel hospitalier soignant).
1949 : Arrêté du 10 janvier 1949
Les manipulateurs radiologistes font maintenant partie de la catégorie des infirmiers spécialisés avec
une échelle indiciaire supérieure à celle des infirmiers diplômés d'Etat.
1962 : Décret 62-132 du 2 février 1962
Circulaire du 5 mars 1962
Les manipulateurs de radiologie ne font plus partie de la catégorie des infirmiers spécialisés qui est
réservée aux aides anesthésistes et aux aides dermatologistes.
1963 : Arrêté du 8 juillet 1963
Les manipulateurs sont classés dans un échelonnement indiciaire spécifique mais commun avec les
laborantins et les préparateurs en pharmacie.

A.F.RP.E. - Le Manipulateur 57
L'évolution de la profession de manipulateur

1964 : Décret 64-748 du 17 juillet 1964


Création de 3 grades, parmi les personnels d'encadrement et d'exécution des services d'électroradiologie :
manipulateur d'électroradiologie, aide technique d'électroradiologie, aide d'électroradiologie.
Les recrutements s'opèrent dorénavant par concours sur épreuves.
1968 : Décret 68-97 du 10 janvier 1968
- création des emplois de surveillants et surveillants-chefs des services d'électroradiologie
- les aides techniques sont placés en cadre d'extinction.
1970 : Décret 70-13 du 3 novembre 1970
Les personnes ayant obtenu le D.E. par la voie de la promotion professionnelle sont dispensées de
subir les épreuves du concours pour accéder aux emplois de manipulateur.
1973 : Décret 73-1095 du 29 novembre 1973
Les titulaires du D.E. peuvent maintenant accéder aux emplois de manipulateur par concours sur titres.
1977 : Décret 77-1038 du 12 septembre 1977
Les concours sur titres sont ouverts aux personnes titulaires du B.T.S.
1982 : Décret 82-1010 du 21 décembre 1982
Les titulaires du certificat cadre peuvent accéder aux fonctions de surveillant après 5 années de service.
1984 : Décret 84-710 du 17 juillet 1984
Les personnes effectuant à titre principal des fonctions de manipulateur sans en posséder les titres ou
diplômes, avant le 25 juillet 1984, doivent se soumettre aux épreuves de vérification des connais-
sances pour pouvoir continuer à exercer.
1989 : Décret 89-613 du 1er septembre 1989
Les manipulateurs d'électroradiologie médicale font partie des personnels médico-techniques de la
Fonction Publique Hospitalière et possèdent désormais un statut particulier.
Ils sont constitués en un corps, comprenant 4 grades : classe normale, classe supérieure, surveillant,
surveillant-chef.
1991 : Décret 91-1273 du 18 décembre 1991
Les manipulateurs d'électroradiologie médicale surveillants-chefs sont rangés dans un corps de la
catégorie A de la Fonction Publique. Ils sont reclassés dans le nouveau classement indicaire inter-
médiaire Cil à compter du 1er août 1991.
1993 : Décret 93-333 du 12 mars 1993
Reclassement des manipulateurs surveillants dans le Cil à compter du 1er août 1992.
1994 : Décret 94-77 du 25 janvier 1994
Du 1er Août 1993 au 1er Août 1994, tous les manipulateurs sont reclassés dans une nouvelle classe
normale (ou 1er grade nouveau).
A compter du 1er août 1994 Les manipulateurs de la nouvelle classe normale (ou 1er grade nouveau)
accèdent à la nouvelle classe supérieure (ou 2ème grade nouveau).
Ce changement de grade s'étale jusqu'au 1er Août 1996.
1995 : Loi 95-116 du 4 février 1995
La profession de manipulateur d'électroradiologie médicale est inscrite au code de la Santé Publique.
Chaque professionnel a l'obligation de se faire inscrire sur une liste départementale.
L'usurpation du titre et l'exercice illégal sont punis par la loi.

AUTRES DATES IMPORTANTES :


1941 : Première loi hospitalière
1955 : Création du statut général du personnel des hôpitaux publics
1973 : Création du Conseil Supérieur des professions paramédicales
1974 : Création de la Commission des Manipulateurs au sein du Conseil Supérieur des professions paramédicales
1993 : Reprise de l'ancienneté à 100 % pour les services antérieurement accomplis avant le recrutement dans la F P H
1995 : Lancement de l'expérimentation sur la Fonction Expert.
Guy SOURY ♦
Président National de l'A.F.P.P.E.
Responsable de la Commission des Statuts et de la Réglementation.

J'adresse mes très sincères remerciements pour leur précieux concours à : Marie-Claude MAREL : Administrateur Civil, Odile BRISQUET : Direction des
Hôpitaux (Bureau FH3), Madame BOURQUIN : Secrétariat du Cabinet de Madame le Ministre.

58 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


Evolution des relations des techniciens en radiologie
au plan international 1959 - 1995

LES PIONNIERS DU nisée par la Deutsche Gesellschaft La radiologie


MOUVEMENT INTERNATIONAL Medizinisch Technischer Assisten-
tinnen e.V.-3 alors présidée par Mlle présente en

E
n cette ère de coopération
internationale, tous les groupes Friedel WERNER, à laquelle partici- outre un
nationaux de personnes unies pèrent les techniciens de 24 pays.
par les mêmes intérêts culturels aspect,
éprouvent le besoin de savoir ce qui Le nom proposé pour cette société
se passe dans les groupes similaires est : "The International Secrétariat of particulier à
des autres pays. Ce n'est pas là une Radiographers4 and Radiological cette branche
simple question de curiosité. Selon le Technicians" (I.S.R.R.T5) conçue
niveau atteint, ce besoin provient du pour rassembler toutes les personnes de la science
désir d'apprendre ou d'instruire. travaillant comme assistants dans le médicale :
Cela est d'autant plus vrai, lorsqu'il domaine de la radiologie médicale et
s'agit d'associations professionnelles connus sous des appellations diffé-
l'utilisation
et d'associations scientifiques du des radiations.
rentes.
monde entier, telle la profession
médicale et ses auxilliaires de radio- Un comité provisoire pour mettre en Les risques
logie. La radiologie présente en outre place ce Secrétariat international est
un aspect, particulier à cette branche créé. Mlle Dine van DIJK, alors pré-
encourus
de la science médicale : l'utilisation sidente de la société néerlandaise, en peuvent être
des radiations. Les risques encourus
assume la présidence.
peuvent être grands si le travail des grands si le
assistants techniques1 est accompli
sans les connaissances fondamentales travail des
de cette science. assistants
Ce doit donc être un désir unanime
dans tous les pays que : techniques est
- de développer les connaissances accompli sans
professionnelles par l'évolution de
l'éducation, les
- d'unifier les pays pour homogé-
néiser leurs connaissances,
connaissances
- de stimuler l'accroissement et l'im- fondamentales
portance des associations natio-
nales. de cette
Ces objectifs ont été les principaux science.
arguments pour la fondation d'une
Société internationale.
Une première tentative pour coor-
donner ces principes a lieu à Munich Au cours de cette réunion, il est una-
à l'occasion du IXème Congrès nimement décidé que les objectifs du
International de Radiologie. Un secrétariat sont :
congrès qui, depuis 1925, rassemble - la collation des informations
régulièrement les radiologues du concernant les associations natio- 1 Manipulateur (trice ) en électroradio-
logie médicale.
monde entier pour des buts similaires. nales, les conditions de formation 2 II faut lire aussi techniciennes ou

C'est en 1959 que naît l'idée d'un théorique et pratique, ainsi que le manipulateurs(trices) en électroradio-
logie médicale.
Secrétariat International des Tech- niveau exigé dans chacun des pays. 3 Association des techniciens allemands

niciens2 en radiologie, suggérée au - l'aide dans les échanges d'informa- 4 Manipulateurs en électroradiologie
médicale.
cours d'une réunion parainnée par le tions par la diffusion de documents 5 Secrétariat international des manipu-
Professeur B. RAJEWSKY, et orga- dans le monde entier. lateurs en électroradiologie médicale.

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 59
Evolution des relations des techniciens

Le comité de travail comprend sept pour les Amériques, avec l'aide de la


Ainsi, le 25
membres : société canadienne.
Août 1962, est O Mlle K.C. CLARK, déléguée de Ainsi, le 25 août 1962, est fondée :
lAustralie et Asie, "The International Society of
fondée : "The O Mme M.F. CAMERON, déléguée Radiographers and Radiological
International du Canada, Technicians"6. Le terme Secrétariat
O M. K.C. DENLEY, délégué de est délaissé au profit de celui de
Society of lAngleterre, "Société". Les associations de 15
Radiographers O Mlle D. van DIJK, déléguée de la Pays constituèrent la Société initiale.
Hollande, Des observateurs de quatre autres
and O Mme L. FALK, déléguée de la pays sont nommés pour assister aux
Scandinavie, réunions.
Radiological
O M. K. SMITH, délégué du Ghana, Ainsi constituée, la Société adopta
Technicians"... O Mlle F. WERNER, déléguée de comme symbole un buste du
TAllemagne est chargée de la tâche Professeur W.C. RÔNTGEN.
la plus ardue : constituer une
Société internationale.
L'un des points les plus importants
est d'obtenir un soutien aussi large
que possible des associations natio-
nales. Toute Société nationale de
techniciens en radiologie peut poser
sa candidature comme membre. Mais
chaque pays doit être représenté par
une seule personne, dûment élue par
le pays en question qui siège au
conseil d'administration. Cette
Société internationale est donc basée
sur une représentation à l'échelon
national plutôt que sur une participa-
tion individuelle.
La période de 1959 à 1962 est consa-
crée à la fondation du Secrétariat
international.
L'enthousiasme de Mlle K.C. CLARK,
au début des années 1960, a permis
de former rapidement une commis-
sion de travail pour concentrer les Au nom de la Société AGFA-
actions sur l'enseignement et la pra- GEVAERT, Monsieur G.C. GROSSEL
tique des techniques, inaugurant ainsi offrit à 1' l.S.R.R.T une reproduction
les prémices d'un Comité pour de ce buste sculpté par le Professeur
l'Enseignement. Reinhold FELDERHOFF. Une
réplique en porcelaine Rosenthal est
LA CREATION DE LA SOCIETE toujours offerte à tout nouveau pays
INTERNATIONALE intégrant l'association.
Le résultat des premiers travaux du Les 15 pays décidèrent ensuite, de
comité provisoire apparait lors du créer un Comité d'Administration7
deuxième congrès Mondial des comprenant sept personnes : un prési-
Techniciens, qui a lieu en août 1962 à dent, trois vice-présidents et trois
Montréal organisé en collaboration secrétaires généraux, dont un est
avec le Xème Congrès International secrétaire général et trésorier. Les
de Radiologie. Il est parrainé par le vice-présidents sont nommés pour
6 l.S.R.R.T - Association internationale Professeur A.C. SINGLETON, et représenter trois entités géogra-
des Manipulateurs en électroradiologie
médicale.
organisé par Mme M.F. CAMERON phiques : Les Amériques, l'Asie et
7 On l'appelle le Board of Management. secrétaire adjointe de l'I.S.R.R.T l'Australie, l'Europe et l'Afrique.

60 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


Mlle Dine van DIJK est élue première nombreux. Lieux où ils peuvent Une
Présidente de 1T.S.R.R.T. échanger leurs expériences profes-
M. E.R. HUTCHINSON, du Royaume sionnelles et avoir une vue d'en- dynamique de
Uni, premier Secrétaire Général pour semble de l'évolution de leur profes-
une période de trois ans. sion.
rencontres est
Ces congrès seront organisés en : créée : congrès
1969 à Tokyo, Présidente : où les
Mme L. FALK du Danemark,
1973 à Madrid, Président : Techniciens du
M. M.F. ALLEN de Nouvelle
Zélande, monde entier
1977 à Rio de Janeiro, Président : viennent de
M. C. DENLEY du Royaume-
Uni, plus en plus
1981 à Bruxelles, Président : nombreux.
M. T.J.D. WEST Canada,
1985 à Honolulu, Président : Lieux où ils
M. K. VAITHILINGAN de
Singapour,
peuvent
1989 à Paris, Président : échanger leurs
M. G. RYAN d'Australie,
1992 à Singapour, Président : expériences
Les actions de l'I.S.R.R.T sont déve- M. P. AKPAN du Nigeria. professionnelles
loppées lors du congrès mondial qui Entre ces congrès mondiaux des
se déroule tous les quatre ans en col- conférences régionales sont organi- et avoir une
laboration avec le Congrès Inter- sées. Les premières ont lieu en 1962 vue d'ensemble
national de Radiologie (I.C.R.). à Cologne, 1963 à Londres, 1964 à
Grâce au Professeur L. TURANO, Maastricht, 1967 à Prague, 1971 à de l'évolution
Président du Xlème congrès de Amsterdam et Taipei, 1972 à
Toronto, 1975 à Sydney, 1976 de leur
l'LC.R. en septembre 1965 à Rome,
les Techniciens purent bénéficier des àVenise, 1979 à Singapour, 1982 à profession.
expositions techniques et scienti- Kingston en Jamaique, 1983 à
fiques ainsi qu'aux manifestations Yokahama, à 1984 Eastbourne qui
sociales. coïncida avec le jubilé d'argent de la
Société (25 ans d'existence). Lors de
Cette collaboration avec l'LC.R. se ces conférences, des discussions sous
perpétue de nos jours. forme de table ronde sur l'enseigne-
Les statuts et le comité d'administra- ment seront animées par le
tion définitifs de l'I.S.R.R.T sont éta- Professeur Van Der PLAATS. Ces
blis lors de ce congrès de Rome. rencontres intercontinentales permet-
Mme Lisa FALK, du Danemark, est tent aussi des contacts personnels très
élue Présidente pour quatre ans. utiles. Ce qui facilite une meilleure
compréhension pour traiter des pro-
Durant les années 1965 - 1969,
blèmes professionnels.
l'I.S.R.R.T fait évoluer ses struc-
tures. Seront alors créés à part entière
LE DEVELOPPEMENT DE LA
des postes de secrétaire général, de
SOCIETE INTERNATIONALE
trésorier et trois secrétaires régio-
naux, ainsi que des présidents de Dans ses statuts, l'I.S.R.R.T a précisé
comités : comité d'éducation, comité comme l'un de ses principaux objec-
des relations publiques, comité de la tifs : le perfectionnement de l'ensei-
santé et la sécurité, comité des gnement du radiodiagnostic, de la
finances. radiothérapie et des autres matières
Une dynamique de rencontres est apparentées.
créée : congrès où les Techniciens du La Société se trouve donc dans l'obli-
monde entier viennent de plus en plus gation d'aller au devant des

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 61
Evolution des relations des techniciens

Depuis le demandes concernant l'aide pour l'en-


seignement.
début, les Le conseil d'administration de
activités l'I.S.R.R.T a jugé utile de fonder, en
1965, le "World Radiography
majeures de la Educational Trust Fund"8. Pour les
trois années qui suivirent, la mise en
société route et l'administration de ce fonds
furent confiées à M. G.C. GRÔSSEL9
internationale et M. K.C. DENLEY10. Un compte
sont donc est ouvert à Genève et à Londres, et
le premier appel pour une aide finan-
centrées sur cière est fait en mémoire de Mlle
K.C. CLARK. Dans le cadre du Trust
l'enseignement, Fund, une bourse d'étude est aussi
dans l'espoir créée en reconnaissance de son tra-
vail.
d'élever le A partir de 1981 les souscriptions à usage dans les pays membres ser-
vent de base pour ce guide,
niveau ce fonds sont organisées par un
bureau administratif dépendant de - de collaborer à tout projet de
professionnel l'LS.R.R.T le "E.R HUTCHINSON l'O.M.S. concernant les pro-
BOOK FUND"11. Ce fonds finance grammes d'études et la protection
et atteindre différents projets d'enseignement et contre les radiations ionisantes,
ainsi un degré de publications. Il accorde des - de diffuser l'information en plu-
bourses d'étude. Il met à la disposi- sieurs langues,
d'instruction tion des pays qui en ont besoin les - d'organiser des séminaires pour les
documents établis par la Société
identique dans Internationale, ainsi que des livres.
enseignants. Le premier séminaire
des enseignants voit le jour en
tous les pays Ce fonds obtient le statut d'oeuvre de 1966 à Londres avec pour thème :
bienfaisance en 1977 par le les méthodes d'enseignement. Par
membres. Royaume-Uni. la suite ces séminaires regroupant à
Grâce à l'aide de la firme Eastman chaque session plus d'une cinquan-
Kodak, l'I.S.R.R.T va également taine d'enseignants se déroulent
créer une bourse internationale. Ce tous les trois ans (1969
prix est décerné pour encourager les Copenhague, 1972 Nairobi, 1975
Techniciens qui font des recherches Kuala Lumpur, 1978 Thunder Bay,
en radiologie. 1980 Lagos, 1983 Adélaide, le der-
Depuis le début, les activités nier eut lieu en 1994 à Athènes),
majeures de la société internationale - d'organiser des cours de bases et de
sont donc centrées sur l'enseigne- perfectionnement dans différents
ment, dans l'espoir d'élever le niveau pays : de telles initiatives furent
professionnel et atteindre ainsi un prises en Albanie, au Pérou et plus
degré d'instruction identique dans récemment en Roumanie (1992) et
tous les pays membres. en Tanzanie (1994).
En 1962 Mlle K.C. CLARK réunit Mlle M. FRANK avant de devenir
8 Fonds d'entaide international pour
autour d'elle un groupe de travail de Présidente Europe / Afrique en 1969
l'enseignement en radiologie aussi techniciens de toutes les parties du est Présidente de ce comité. Elle
appelé Trust fund.
monde ayant une expérience dans le contribue à le développer en réalisant
9 Ancien directeur de la société Agfa-
Gevaert. domaine de l'enseignement. un livre "QUALITY CONTROL
10 Secrétaire du Collège des
Radiographers (Royaume-Uni).
Les thèmes retenus pour les travaux HANDBOOK"12. Ce livre qui vient
11 Fonds d'entraide en mémoire de du Comité pour l'Enseignement sont d'être traduit récemment par la com-
Mr Hutchinson.
d'abord : mission des relations internationales
12 Livre sur les contrôles de qualité de
bases dans un service de radiodia- - d'établir un guide pour l'enseigne- de l'A.F.PP.E.13 est de plus en plus
gnostic.
ment : la collation des informations demandé par les pays qui souhaitent
13 Association Française du Personnel
Paramédical d'Electroradiologie. sur les programmes d'étude en améliorer leur service de radiologie

62 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


en mettant en place un contrôle de Les relations officielles avec l'O.M.S. Grâce à
qualité. permettent à la Société Internationale
Pour diffuser ses informations, ses d'être représenté aux séances de /'expérience
activités et ses objectifs, le Comité l'O.M.S. à Genève, Vienne, New
York, ainsi qu'aux commissions acquise par les
des Relations Publiques publie en
1966 le premier "NEWLETTER"14. régionales. Les représentants de techniciens en
Ce journal officiel de la Société est l'I.S.R.R.T participent à un grand
édité deux fois par an et parrainé par nombre de réunions sur le thème : radiologie, des
la Société Agfa-Gevaert. Le directeur "Techniques en irradiation médi-
cale". standards
de la publication est le Président du
Comité des Relations Publiques. Grâce à l'expérience acquise par les internationaux
Mlle D.Van DLTK est directrice de la techniciens en radiologie, des stan-
publication de 1966 à 1981. Ensuite dards internationaux sont établis dans sont établis
Mme V. CROWN occupa ce poste. les domaines du contrôle de qualité, dans les
Aujoud'hui, Mme G. CLARIJS-de- de la législation sur l'irradiation et la
VRIES dirige ce comité. radioprotection, ainsi que sur l'évolu- domaines du
Outre des informations sur les confé- tion des techniques de radiologie. Il
est à signaler que des membres indi- contrôle de
rences passées et futures, des nou-
viduels de l'I.S.R.R.T agissent qualité, de la
velles générales des différents pays,
comme consultant dans des pro-
ce journal publie en anglais des
articles d'intérêt professionnel et
grammes spécifiques de l'O.M.S. législation sur
pédagogique. Dans le cadre de l'ojectif de l'O.M.S. l'irradiation et
Chaque revue tirée à 2.000 exem- "la Santé pour tous en l'an 2000"
plaires est envoyée aux sociétés l'I.S.R.R.T fixe sa propre commis- la radioprotec-
membres et aux adhérents indivi- sion de travail afin d'atteindre ce but
dans sa spécialité : la Radiologie
tion, ainsi que
duels.
médicale. Pour atteindre cet objectif, sur l'évolution
En 1967 est franchie une autre étape elle développe ainsi contacts et
importante de l'I.S.R.R.T : sa recon- actions entre les différentes sociétés des techniques
naissance officielle en tant qu'organi- membres.
sation non gouvernementale des de radiologie.
Dans la région Asie/Australie, l'asso-
Nations Unies.
ciation Japonaise des Techniciens en
Reconnaissant le travail de l'associa- Radiologie est reconnue comme
tion et sa coopération avec centre actif de l'O.M.S. pour l'ensei-
l'Organisation Mondiale de la Santé15 gnement des techniques radiolo-
et avec l'office de Radioprotection de giques, du contrôle de qualité et de la
Genève, l'I.S.R.R.T est alors associée radioprotection.
au Conseil Economique et Social des
En 1971, l'I.S.R.R.T participe à
Nations Unies.
Téhéran à un séminaire organisé par
l'O.M.S. et l'I.A.E.A.16. Le but de ce
séminaire est de former des
Techniciens en radiologie à l'utilisa-
tion des radiations ionisantes et aux
radio-isotopes.
A partir de 1974, dans la région
Europe/Afrique, l'I.S.R.R.T déve-
loppe des réunions de travail pour
établir un document "LE RÔLE DU
MANIPULATEUR EN EUROPE".
Ce travail a pour but d'établir, pour
l'Europe, les compétences et les
14 Revue en anglais de la société inter-
tâches communes de bases des nationale.
Techniciens pour le radiodiagnostic, 15 O.M.S. Organisation Mondiale de la
Santé.
la radiothérapie et la médecine 16 Agence Internationale à l'Energie
nucléaire. Atomique.

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 63
Evolution des relations des techniciens

La première réunion a lieu à Londres le titre "INTERNATIONAL


La Société
en 1974. D'autres ont lieu tous les SOCIETY OF RADIOGRAPHERS
Internationale deux ans pour actualiser ce document AND RADIOLOGICAL TECHNO-
et pour y inclure les nouvelles tech- LOGISTS ". Le terme de Techniciens
compte niques : Ultra-sons, Tomodensi- a été délaissé en raison de sa conno-
aujoud'hui 56 tométrie, Imagerie par Résonance tation de maintenance des appa-
Magnétique. Citons pour mémoire : reillages. Monsieur le Dr M.NAKA-
Sociétés 1978 Eindhoven, 1982 Copenhague, MURA est élu Président de
membres dans 1983 Bâle, 1985 Mannheim, 1987 l'I.S.R.R.T .
Utrecht, 1990 Oslo,...
53 pays A chaque congrès mondial, le
Un autre objectif essentiel de Conseil de l'I.S.R.R.T, formé des
différents. Elle l'I.S.R.R.T est de collaborer avec la représentants des pays membres, élit
représente Commission des Communautés le bureau exécutif qui se compose
Européeennes sur les modalités d'ap- aujourd'hui : d'un président, de l'an-
plus de 80.000 plication à notre profession : cien président, de trois vice-prési-
Manipulateurs - "l'EURATOM17 DIRECTIVE du 3 dents de région, d'un secrétaire
septembre 1984"18 fixant les général, d'un trésorier, de trois secré-
mesures fondamentales relatives à taires régionaux, de trois présidents
la protection radiologique des per- de comités (comité pour l'enseigne-
sonnes soumises à des examens et ment, comité des relations publiques,
traitements médicaux, comité pour la santé et la radiopro-
- la proposition de Directive du tection).
conseil européen du 28 Juin 198819 Ce Conseil fait le bilan du précédent
concernant le système général de mandat, statue sur le plan stratégique
reconnaissance des diplômes de de l'association ainsi que sur la pro-
l'enseignement supérieur en trois position de budget. Par l'accroisse-
annnées d'études. ment du volume du travail des
A ce jour, deux réunions furent orga- comités, une extension des structures
nisées à Luxembourg en décembre est nécessaire. Sont alors élus par le
1988 et décembre 1990 par le Conseil, pour chacun des comités ci-
Docteur ERISKAT, chef de la dessus, des représentants par région.
Division Radioprotection et Santé
Publique de la CEE20. EN CONCLUSION

Ces travaux conduisent les 12 Pays Si les structures de l'I.S.R.R.T ont


de la CEE, au sein de l'I.S.R.R.T, à évoluées pour mieux s'adapter aux
une intense collaboration pour faire besoins des différentes régions du
évoluer l'ensemble des techniciens monde, ses objectifs restent à ce jour
européens vers un niveau satisfaisant inchangés :
de formation et une même reconnais- - d'encourager les échanges d'infor-
sance de leurs droits et devoirs. mations au niveau mondial,
- d'aider au développement des pro-
LA SOCIETE INTERNATIONALE jets éducatifs et de perfectionne-
AUJOUD'HUI ments,
La Société Internationale compte à ce - d'assister les pays à former leur
jour 56 Sociétés membres dans 53 propre Société professionnelle,
17 Ou CEEA. : Communauté euro-
pays différents. Elle représente plus - d'aider à l'amélioration des services
péenne de l'énergie atomique. de 80.000 Manipulateurs et environ de radiologie et au développement
18 Parue au J.O. des Communautés
Européennes le 511011984. 2.000 personnes sont membres de des programmes d'assurance de
19 Directive 89148 parue au J.O. Des l'association à titre individuel. qualité,
Communautés Européennes le 21
Décembre 1988.
Lors du dernier congrès mondial, à - de produire des publications spéci-
20 Communauté économique euro-
péenne. Singapour, est adopté par la Société fiques à la profession,

64 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


- de distribuer des livres aux pays L'I.S.R.R.T : COMPOSITION DU BUREAU En 1995, la
qui en ont besoin par l'intermé- INTERNATIONAL
diaire du "E.R. HUTCHINSON EN 1995 renommée
BOOK FUND",
- d'organiser des congrès et des
internationale
PRESIDENT :
séminaires, Dr M. Nakamura (lapon) de l'LS.R.R.T
- d'agir à la demande en tant que
conseil.
VICE-PRESIDENT : n'est plus à
Mr EP. Akpan (Nigéria)
Pour aider au développement de affirmer : elle
VICE- PRESIDENTS :
l'I.S.R.R.T on peut être membre à Les Amériques : Mme H. Clennon (Jamaïque) est reconnue
titre individuel. On peut également Asie et Australie : Mr Tyrone Goh (Singapour)
être membre associé, si l'on fait des Europe et Afrique : Mme G.van der Heide-Schoon
par les
dons à l'association. (Pays-Bas)
gouvernements
En 1995, la renommée internationale TRESORIER :
de l'I.S.R.R.T n'est plus à affirmer : Mr A. Yule (Royaume -Uni) nationaux et
elle est reconnue par les gouverne-
ments nationaux et les autres associa-
SECRETAIRE GENERAL : les autres
Mr T.J.D. West (Canada)
tions des professions de santé. associations
SECRETAIRES REGIONAUX
Elle a su s'adaptée aux défis techno-
logiques, ainsi qu'aux évolutions des
Les Amériques : des professions
Mr W. Keller (U.S.A.)
relations internationales pour le
Asie et Australie :
de santé.
maintien d'un haut niveau de compé-
Mr R. George (Australie)
tences des Techniciens en radiologie
Europe et Afrique :
au profit du patient.
Mme R.Eriksen van den Brand (Norvège)

PRESIDENTS DES COMITES :


Mme Dominique ZERROUG-LUCBERT ♦
Comité d'Education :
Membre du Conseil de l'I.S.R.R.T
Mme S. Hundvik (Canada)
pour la France
Comité des Relations Publiques :
Représentente Europe/Afrique au Comité
des Relations Publiques. Mme G. Clarijs-de Vries (Pays-Bas)
Comité Radioprotection et Santé Publique :
Mr Dr Fu-Du-Chen (Taïwan)
BIBLIOGRAPHIE REPRESENTANTS REGIONAUX AUX
COMITES :
Comité d'Education :
Revue de l'ANMTDERM
Les Amériques : Mr R. Griffits (U.S.A)
n° 22-Décembre 1970
Asie et Australie : Mme J. Develing (Nouvelle-
Revue du MANIPULATEUR Zélande)
n° 43- Décembre 1976 Europe et Afrique : Mme A. Finch (Royaume-
Uni)
Historique de l'I.S.R.R.T Publication de
1TS.R.R.T Comité des Relations Publiques :
Les Amériques : Mr R. Smith (Canada)
Plaquette sur l'historique de l'I.S.R.R.T réa- Asie et Australie : Mr P. Brough (Australie)
lisée pour le congrès mondial de Paris 1989
Europe et Afrique : Mme D.Zerroug (France)
Comité Radioprotection et Santé Publique :
Les Amériques : Mr R. Kay (U.S.A.)
Asie et Australie : Mr P. Mok Wah Chan (Hong
Kong)
REMERCIEMENTS
Europe et Afrique : Mr A.Widmark (Norvège)
Comité des Finances :
Mlle Marion FRANK Mr A.Yule, Dr N.Nakamura, Mr W.Keller, Mr
TJD West

A.F.RP.E. - Le Manipulateur 65
L'Association Française des Manipulateurs et ses

LES PREMIERS ECHANGES PFERZEL reçoit des mains de la


"Apprendre Présidente Internationale Mlle K.C.
AVEC L'I.S.R.R.T 1
sans penser CLARK le buste de Rôntgen.

A
près avoir retracé l'historique
de l'I.S.R.R.T, il me parait L'association française devra mainte-
est du travail opportun dans ce numéro spé- nant prouver, par la qualité de son
perdu, penser cial de rendre un hommage particu- activité, qu'elle est digne de figurer
lier à tous nos collègues français qui parmi les pays membres de
sans ont oeuvré au développement des l'I.S.R.R.T; et pourquoi pas y occuper
relations internationales . une place importante.
apprendre est "2 septembre 1967, 21h 30, dans le
En relisant les revues "LE MANI-
périlleux". PULATEUR" depuis le début de sa hall de départ de la gare de l'Est notre
parution, je me suis aperçue que mes petite troupe se rassemble : 7 partici-
prédécesseurs dans le domaine de la pants dont les bagages s'accumulent,
commission des relations internatio- tous dotés du macaron de l'associa-
nales ont agit en suivant la pensée du tion, le colis le moins encombrant
philosophe chinois Confucius : mais le plus pesant comprenant 28
"Apprendre sans penser est du travail kilos de revues que nous mettrons à la
perdu, penser sans apprendre est dispositions des congressistes étran-
périlleux". gers", ainsi relate Mme Marthe PHI-
LIPPONNET la participation de l'as-
Ils ont essayé de toujours apprendre sociation française au congrès
des autres, de penser, d'enseigner et Europe/Afrique de Prague.
d'aider les collègues Manipulateurs2
qui ont eu besoin d'eux. Ce premier groupe parisien est rejoint
à Prague par trois personnes dont
Les premiers contacts avec Mme Catherine BINZER-PFERZEL.
l'I.S.R.R.T ont lieu en 1963 grâce à Monsieur VIEILLARD BARON, de
Mme Catherine BINZER-PFERZEL3 la société GUERBET seule firme
qui participe au congrès Europe/ française présente à ce congrès, qui
Afrique de Londres. sait par sa gentillesse prodiguer au
Elle devient Présidente d'honneur groupe français l'optimisme néces-
déléguée aux affaires étrangères, saire pour gérer cet événement.
créant ainsi une dynamique interna- La participation de la France se
tionale au sein de l'ANTTDERM4. concrétise par l'intervention de Mme
Elle entraîne dans son sillage Mlles Catherine BINZER-PFERZEL sur le
Jacqueline AUBIN et Geneviève thème de la Thermographie qu'elle
BURGARD qui l'accompagnent à la présente lors de la session scienti-
conférence régionale de Maastricht5 fique consacrée à la Radiologie du
en 1964. Sein.
La Présidente de l'I.S.R.R.T, Mlle Ce congrès permet de constater que la
Dine van DIJK, réserve à cette pre- France avait encore beaucoup à faire
mière délégation française un accueil pour égaler, en densité, la présence de
très chaleureux et formule le voeu nos collègues des pays voisins, mais
d'une participation plus active de la il a permis d'établir des contacts plus
France au mouvement international. étroits entre les manipulateurs fran-
1 Société Internationale des
Parmi les six cents participants venus çais et étrangers.
Manipulateurs en électroradiologie
médicale. du monde entier au troisième congrès Peu à peu les relations avec l'étran-
2 II faut lire à chaque fois
Manipulaleur(trice) en électroradio-
mondial de Rome en 1965, on ne ger s'intensifient. Le 20 Avril 1968,
logie médicale. compte que huit représentants fran- Mlle Jacqueline AUBIN est nommée
3 Fondatrice strasbourgeoise de l'asso-
ciation ANTTDERM (association natio-
çaises dont Mme Catherine BINZER- suppléante de Mme Catherine
nale des techniciens et techniciennes PFERZEL et Mlle Elisabeth BINZER afin que la France puisse
diplômés en électroradiologie médi- BRUSKE. participer à deux réunions simulta-
cale).
4 Association nationale des techniciens Dans le but d'encourager notre nées.
et techniciennes diplômés en électro-
radiologie médicale.
Société à devenir membre de A cette époque des contacts sont pris,
5 Conférence de l'ISRRT Pays-Bas. l'I.S.R.R.T, Mme Catherine BINZER- par l'intermédiaire du Professeur

66 A.F.RP.E. - Numéro spécial


relations Internationales 1959 - 1989

VIALLET, avec les techniciens alle- quelques collègues français. Au Malgré


mands. cours de ce congrès, une table ronde
En 1970 Mme Yvonne BETERMIN est organisée par le Président interna- l'opposition
apporte sa contribution. Elle est élue tional, M. M.F. ALLEN, avec les délé- des deux
déléguée aux relations internatio- gations de l'ANMTDERM, et
nales de l'A.N.P.S.R..6 l'A.N.P.S.R. en vue de conclure un associations
accord pour la création d'une seule françaises :
LES PREMICES D'UNE COLLABO- association française.
RATION AVEC UI.S.R.R.T l'A.N.P.S.R. et
Malgré l'opposition des deux associa-
tions françaises : l'A.N.P.S.R. et l'ANMTDERM
l'ANMTDERM7 les échanges avec les échanges
l'I.S.R.R.T deviennent plus cons-
tructifs. avec l'I.S.R.R.T
A partir de 1970, ils seront même un deviennent
catalyseur essentiel au regroupement
des deux associations nationales. plus
Messieurs Gilbert AUMAITRE8 et constructifs.
Michel DURAND9 de l'ANMTDERM
sont reçus au Jubilé d'or de la Société
des Radiographers10 à Londres, en
Juin 1970.
L'accueil de Mlle Marion FRANK
alors directrice de l'école de radio-
logie de l'hôpital du Middlesex a
beaucoup marqué nos compatriotes.
Grâce à elle, les contacts entre la Au cours de ce congrès, M. Laurent
France et l'I.S.R.R.T deviennent per- PROVOST13 présente une communi-
manents. Cette rencontre marque le cation sur l'équipement d'un centre de
début d'une longue collaboration radiologie adapté à la traumatologie.
avec les Manipulateurs français. Elle Il oeuvre par la suite au développe-
noue des contacts amicaux avec ment des échanges internationaux et
M. Gabriel KORACH11 et Mme devient membre du conseil de
Suzanne CABIROL12. Cette dernière l'I.S.R.R.T pour la France en 1975.
reprend en 1971 les échanges interna- En collaboration avec Marion
tionaux au sein de l'A.N.P.S.R.. FRANK des stages sont organisés
Mme Suzanne CABIROL aime à pour les manipulateurs notamment
raconter que Marion FRANK qui dans le service de radiologie de l'hô-
passe souvent ses vacances en France pital du Middlesex dont elle est res-
se promenait au Touquet en mai ponsable.
1971. Elle voit l'affiche du congrès Mme Suzanne CABIROL ne ménage 6 Association nationale dit personnel
des Manipulateurs et fait une entrée pas ses efforts pour entreprendre des sanitaire de radiologie créée en 1948
par M. ANGLADA.
imprévue mais très remarquée. Elle démarches pour les Manipulateurs 7 Association nationale créé en 1965,
occupe à cette époque le poste de elle s'appelait autrefois ANTTDERM.
qui souhaitent travailler à l'étranger.
Présidente Europe / Afrique. Comme 8 Président de l'ANMTDERM.
Mais les problèmes d'équivalence de 9 Administrateur général de
elle maîtrise parfaitement notre l'ANMTDERM.
diplôme sont déjà à l'ordre du jour.
langue, elle participe à l'ensemble des 10 Manipulateurs (trices) du Royaume-
travaux du congrès. Cette même Des contacts s'établissent avec les Uni.
11 Directeur Technique du service de
année Mme Suzanne CABIROL se associations : australienne, belge, radiologie de la Fondation Rothschild,
rend à Londres pour organiser le canadienne mais aussi avec les pays Paris.
12 Surveillante du secteur privé, Paris.
congrès Europe/Afrique d'Amsterdam d'Afrique grâce à M. André 13 Surveillant Général, Bicêtre.
auquel elle participe en compagnie de ROCHETTE.14 14 Vice président de l'A.N.P.S.R..

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 67
L'Association Française des Manipulateurs

L'A.N.P.S.R. a L'ADHESION A L'I.S.R.R.T ET Elle note également les dossiers


LES RELATIONS AVEC UO.M.S. importants réalisés en anglais par
élaboré un l'A.N.P.S.R. sur l'organisation des
Pour preuve de l'intérêt que porte études en France. Ces travaux sont
projet de cer- l'I.S.R.R.T à la France, Messieurs remis par l'I.S.R.R.T à l'O.M.S18 qui
M. M.F. ALLEN et E.R. HUT- en tirera quelques suggestions pour la
tificat d'agré- CHINSON15 nous honorent de leur formation sur le plan mondial. Ils ser-
ment qui a été présence au congrès de Rennes en vent également de base de travail
avril 1972. pour la conférence des enseignants de
adopté à Nairobi en 1972 à laquelle la France
Ils appuient avec fermeté les revendi-
l'unanimité cations de l'association française du ne peut assister.
moment. Depuis la création du Dans cette même dynamique de
par le conseil diplôme d'Etat en 1968, les coopération pour le développement
national de Manipulateurs en exercice avant de l'enseignement, l'association fran-
cette date n'ont aucune reconnais- çaise organise la visite de Mlle
perfectionne- sance officielle. CLASSEN administrateur du bureau
de l'O.M.S. à Genève et chargée des
ment. Mais L'A.N.P.S.R. a élaboré un projet de problèmes de l'enseignement et de la
certificat d'agrément qui a été adopté radioprotection des Manipulateurs.
celui-ci dort à l'unanimité par le conseil national Elle visite les écoles de radiologie de
au Ministère de perfectionnement. Mais celui-ci l'Assistance Publique de la
dort au Ministère de la Santé... Salpétrière, de Rennes et de
de la Santé... Grenoble. Elle est consciente que
M. E.R. HUTCHINSON propose
l'aide de l'I.S.R.R.T en envoyant une l'éclairage sur la situation des
lettre du bureau international afin Manipulateurs français est pour elle
d'un grand profit dans l'immense
d'appuyer notre démarche auprès de
tâche qu'elle accomplit à l'échelle
nos instances nationales pour la créa-
mondiale, pour la normalisation des
tion de ce certificat d'agrément.
études et la radioprotection des tech-
Un protocole d'accord qui engage niciens.
l'I.S.R.R.T à nous aider et vice versa La reconnaissance de notre pays par
est signé par M. E.R. HUTCHINSON l'O.M.S. concernant l'enseignement
et M. Raymond CHALAYE16. Mme des Manipulateurs est reconnu
Catherine PONS17 souligne le pas lorsque M. SOLER19 est proposé
important franchi par l'association pour avoir une voie consultative au
avec notre adhésion officielle à titre de l'O.M.S. aux commissions
l'I.S.R.R.T en 1971, grâce au mondiales de l'enseignement.
parrainage de l'association cana- Ainsi le moment est venu non pas de
dienne. rester assis auprès de nos collègues
dans les réunions internationales,
mais de nous engager plus à fond
pour tenter de résoudre avec eux les
problèmes que nous avons en
commun.
Au congrès mondial de Madrid en
1973 notre pays est à l'honneur. Il
reçoit le parchemin attestant notre
appartenance officielle à l'I.S.R.R.T.
La présence de M. M.F. ALLEN au
congrès national de Toulouse en 1973
contribue à donner une dimension
toute particulière aux travaux du
congrès sur les problèmes de statut et
de qualification qui sont similaires
dans les autres pays.

68 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


TECHNICIANS Vingt Manipulateurs sont présents à A partir de
Bruxelles23 en 1981. M. Jean-
Maurice PUGIN24 fait une communi- 1975
cation sur "l'utilisation des filtres
compensateurs en radiologie" et
l'association
Messieurs Alain MAUROIS25 et française
THIS IS TO ŒRTIFY THAT Roger HUSSON26 sur "l'exploration
radiologique du nerf facial". Mme développe de
Aurore DAL BELLO27 et Robert
fias become a
Subscribing Member of the Society JAMMES28 siègent au conseil inter-
façon plus
and is participating in
its aims and undertakings
national en l'absence de Mme active ses
Suzanne CABIROL.
relations avec
Mme Dominique ZERROUG prend
en 1985 la responsabilité de la com- les pays
mission des relations internationales
de l'A.F.P.P.E..29
membres du
Mlle DITTMAR20 assiste au congrès Elle intervient à Helsinki30 en 1988 Marché
pour faire la promotion du futur
de Marseille en 1974. Elle remet à
congrès mondial qui se tiendra à
Commun en
M.Raymond CHALAYE, en sou-
venir de sa participation, une Paris. vue des
gouache représentant la maison
LE DEVELOPPEMENT négociations
natale de RÔNTGEN.
EUROPEEN DE U A.F.P.P.E. . concernant
A partir de 1975 l'association fran-
çaise développe de façon plus active
notre
ses relations avec les pays membres profession au
du Marché Commun, en vue des
négociations concernant notre pro- plan
fession au plan européen. Ses actions européen.
vont davantage se porter sur la
construction de dossiers européens.
M. Laurent PROVOST évoque les
travaux de Londres où il est question 20 Présidente Europe/Afrique de
de la législation des enseignants et VI.S.R.R.T
21 Congrès Europe/Afrique de
des tentatives d'harmonisation des IT.S.R.R.T Italie.
formations. Aux réunions de travail 22 Congrès mondial de l'l.S.R.R.T
Brésil.
organisées par l'I.S.R.R.T sur le
23 Congrès Europe/Afrique de
thème "LE RÔLE DU MANIPULA- IT.S.R.R.T Belgique.

TEUR EN EUROPE" notre partici- 24 Directeur Ecole de Manipulateurs


de Nancy.
pation ne fait pas défaut. Suzanne 25 Surveillant-Chef du service de
A compter de ce moment et jusqu'à CABIROL, Laurent PROVOST, José radiologie de Reims.
ce jour, l'I.S.R.R.T est présente à tous MUSNIER31 sont les précurseurs
26 Surveillant du service de radiologie
de Reims.
nos congrès nationaux. Malgré les dans ce domaine. 27 Manipulatrice de médecine
problèmes, financier, linguistique et nucléaire à Toulouse.

d'éloignement, on se mobilise pour Par la suite Mme Marie-Annick 28 Manipulateur et physicien.


29 Association française du personnel
participer aux manifestations interna- BOSC32, M. DEPENWEILLER33, paramédical d'électroradiologie.

tionales. M. René ABGRALL se rend Mme Roxane SACUTO34, Mme 30 Congrès Europe /Afrique de
IT.S.R.R.T Finlande.
à Venise21 en 1976 pour présenter son Dominique ZERROUG représentent 31 Surveillant du sen'ice de radiologie

film et son exposition sur "La nature l'association aux discussions de Bâle, à Reims, a été responsable de la com-
mission enseignement de TA.F.P.P.E.
vue aux rayons X" qui remporte un Copenhague, Mannheim, Utrecht et 32 Directrice de l'école de

grand succès. Mme Suzanne Oslo. Manipulateurs de St Germain en Laye.


33 A été enseignant à l'école de
CABIROL avec M. André ROCHETTE Parallèlement aux actions menées Manipulateurs de La Salpétière.

et douze Manipulateurs français se avec la société internationale, 34 A été Maniupulatrice hôpital Bichat.
Membre de la commission des relations
rendent à Rio de Janeiro22 en 1977. Dominique ZERROUG établit des internationales A.F.P.P.E.

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 69
L'Association Française des Manipulateurs

contacts avec les associations des Avec la création en Europe du Traité


... dans une de Rome du 25 mars 1957 qui a pour
pays de la Communauté Européenne.
situation En 1984 M. Jean-Maurice PUGIN
priorité la libre circulation des biens
et des personnes, puis ensuite l'ACTE
financière présente lors du congrès des techni- UNIQUE ratifié en février 1986 qui
ciens anglais à Easbourne une com- préconise à partir du 1er janvier 1993
difficile seule munication : "le contrôle des expo- un vaste marché intérieur sans fron-
une gestion seurs automatiques". Dans le compte tière, l'association internationale mais
rendu qu'il fait de sa visite en aussi les associations nationales des
rigoureuse Grande-Bretagne, il fait remarquer manipulateurs vont se poser la ques-
requérant que des mutations irréversibles sont tion de l'impact de ces traités sur
déjà intervenues dans certains pays notre profession.
l'adhésion de par l'application des contrôles de Sur la base d'une Europe géogra-
qualité réalisés par les Manipu- phique, l'I.S.R.R.T développe des
tous lateurs. réunions de travail pour établir un
permettra de En parlant des techniciens anglais il document de travail sur "Le rôle du
dit ceci : "la finalité de leur préoccu- Manipulateur en Europe". La France
faire profiter y participe et aura constamment un
pation qui s'exprime par une façon de
au maximum concevoir leur travail et dans l'in- rôle important dans l'évolution de ce
térêt qu'ils portent aux contrôles de document.
de patients qualité est sans nul doute le service A partir de 1985, poussées par les
des bienfaits rendu aux malades. En effet dans une douze pays de la communauté euro-
situation financière difficile seule une péenne et notamment par notre asso-
de la gestion rigoureuse requérant l'adhé- ciation, les discussions se portent au
radiologie sion de tous permettra de faire pro- sein de l'I.S.R.R.T sur la consé-
fiter au maximum de patients des quence pour notre profession des
moderne. bienfaits de la radiologie moderne. deux directives qui portent :
Ces changements gagneront la - d'une part sur l'EURATOM
France". Ses propos sont d'une DIRECTIVE du 3 septembre 1984
grande lucidité. fixant les mesures fondamentales
relatives à la protection radiolo-
Si les liens d'échange entre le Collège
gique des personnes soumises à
des Radiographers35 et l'A.F.P.P.E. se
des examens et traitements médi-
perpétuent chaque année, nos efforts
caux.
de collaboration se portent de plus en
plus vers nos collègues belges et - d'autre part à la proposition de
Directive du Conseil Européen du
espagnols. En effet ces pays ont des
28 Juin 1988 concernant le sys-
difficultés pour faire reconnaître leur
tème général de reconnaissance
qualification et leur statut. Ils nous
des diplômes de l'enseignement
demandent de les soutenir dans leurs
supérieur en trois ans d'études.
revendications auprès de leurs ins-
tances nationales. Les représentants des différents pays
européens essaient de déterminer
Comme exemple de coopération effi- quelles sont les équivalences de
cace entre ces pays, on peut noter la diplômes possibles permettant l'exer-
création par la région Nord-Pas-de- cice de la profession dans un autre
Calais de l'A.F.P.P.E. en 1986 avec la pays européen.
MRTB36 d'une journée annuelle de
formation qui devient par la suite C'est le cas de la Grande-Bretagne,
mais aussi de la France, qui lancent
Franco-Belgo-Luxembourgeoise. Et
un questionnaire d'enquête sur la pro-
la région Midi-Pyrénées a des
fession. En septembre 1987, au cours
contacts très fructueux avec les espa-
d'une réunion interprofessionnelle du
gnols lors du congrès de Toulouse en
Conseil Supérieur des Professions
1991. Paramédicales la Direction Générale
35 Association des Manipulateurs Nos relations sont également très de la Santé propose une réflexion sur
anglais.
étroites avec l'association portugaise les incidences de l'Acte Unique sur
36 Association des Manipulateurs
belges. et italienne. les professions paramédicales.

70 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


M. José MUSNIER, représentant les du Congrès Mondial des Manipu- Ce congrès
Manipulateurs à cette commission, lateurs. L'A.F.P.P.E., par la commis-
est chargé de constituer un groupe de sion des relations internationales et n'aurait pu
travail. Les intéressés seront choisis son Président Serge MOURGUES, se
pour refléter les différents mode
avoir lieu si les
dépense sans compter pour la réussite
d'exercice et les principaux courants
de cette manifestation qui accueille pionniers,
de la profession. Il se compose de
M. CAMALS37, M. ANDRIEUX38, plus de 1.500 Manipulateurs du malgré leurs
M. GUILLOIS39, Mme ZERROUG. monde entier.
divergences
Le travail consiste à rechercher de
l'information : deux questionnaires associatives,
Mm
ti
d'enquête sont réalisés par le
Ministère et validés par le groupe : V
Jf leurs
Jn *
l'un sur la formation et l'autre sur problèmes
l'exercice professionnel. Ils sont tra-
duits et envoyés aux pays membres
de la CEE40. Sept pays répondent à
cette enquête. Elle nous montre l'am-
f': mm ' »
>-* J linguistiques,
leurs
pleur des divergences existantes entre différences de
les formations européennes. ■i\
point de vue
En coordination avec la Direction
générale de l'environnement, sécurité
nucléaire et protection civile
Division Radioprotection de la CEE
II {
R

f. 1 avec nos
collègues
et H.S.R..R.T., la première réunion 1 i étrangers
concernant notre profession au plan M. MOURGUES, Mme CATALA (ancien ministre),

européen voit le jour à Luxembourg M. RYAN, à l'Hôtel de Ville de Paris.


Congrès Mondial 1989. n'avaient pas
les 5, 6 et 7 Décembre 1988.
Trois personnes de l'A.ERRE. :
eu confiance
Ce congrès n'aurait pu avoir lieu si
M. Jean-Maurice PUGIN, Mmes
les pionniers, malgré leurs diver-
en l'avenir des
Bernadette PINOT41 et Dominique
ZERROUG participent à cette gences associatives, leurs problèmes échanges
réunion. Les questions discutées sont linguistiques, leurs différences de
les directives évoquées ci-dessus. point de vue avec nos collègues internationaux.
étrangers, n'avaient pas eu confiance
On assiste là à l'engagement très actif en l'avenir des échanges internatio-
de l'association française pour le naux. Ils ont bien compris l'intérêt et
développement de notre profession l'enrichissement que peuvent nous
sur le plan européen. apporter, sur le plan professionnel et
En 1987, l'association soutient auprès associatif, de telles relations.
de l'I.S.R.R.T le projet du Professeur
Mme Dominique ZERROUG-LUCBERT ♦
DELORME42 sur l'adhésion des
sociétés européennes des techniciens Responsable de la Commission
au sein de l'A.E.R.43 Il souhaite éga- des Relations Internationales A.F.P.P.E.
lement organiser en collaboration
avec l'I.S.R.R.T une demi-journée de
37 Manipulateur du secteur privé
formation dans le cadre des Congrès BIBLIOGRAPHIE Nancy
Européens et mondiaux de Radio- 38 Manipulateur enseignant DTSERM
de Rouen
logie. La dernière proposition est Les revues : 39 Manipulateur enseignant Rennes
retenue et se perpétue de nos jours. Le MANIPULATEUR du n°l au n° 93 DEMER
40 Communauté Economique
Européenne
EN CONCLUSION 41 Enseignante responsable du
DTSERM de Lille
La concrétisation de tous les efforts REMERCIEMENTS
42 Chef du service de radiologie
réalisés par nos collègues sur le plan hôpital Pellegrin Bordeaux , Président
de TAE.R
européen et international est sans nul 43 Association Européenne des
Mme Suzanne CABIROL
doute la réalisation en 1989, à Paris, Radiologues

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 71
L'évolution du matériel radiologique des

V
1896 1928
Lorsqu'on fait passer les Le scopigraph, position de
décharges d'une bobine de basculage. Matériel
RUHMKORFF dans un réunissant en un même
tube à vide de HITTORF ou appareil un contact
par un tube suffisamment tournant et un statif
évacué de LENARD, de basculant universel.
CROOKES ou de tout autre
appareil de ce type et qu'on
recouvre ce tube d'un manteau assez adhérent d'un carton mince et noir, on aperçoit
alors de chaque décharge dans une pièce complètement obscurcie, la fluorescence d'un
écran de papier enduit de platino-cyanure de baryum et installé à proximité du tube,
quel que soit le côté de l'écran orienté vers le tube. Cette fluorescence est encore visible
lorsque l'écran se trouve à 2m. du tube. On se persuade facilement que la cause de cette
fluorescence se trouve dans l'appareil à décharges et dans aucune partie du circuit.

1899 1931
Tube à rayons x. Statif universel à moteur à
2 tubes Rx.

1913 1932
1ère table démontable. On Le Radiochir. Vue
reconnaît le statif démon- d'ensemble de l'appareil
table (au centre), la monté sous une table
bobine (a droite),le tube chirurgicale .
et son support (au centre)
et le vibreur (à gauche).

1925 1933
Table horizontale scopie Appareillage chirurgical
et graphie. des Dr GIRARD et
SENECHAL pour
réductions sous contrôle
scopique.

1928 1933
Table basculante de Radiostat repliable.
scopie et générateur. De gauche à droite et de
bas en haut :
vue d'ensemble,
bâti replié,
en cours de montage,
caisses de transport.

72 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


a nos jours

1933 1941
Remorque radiologique Statif basculant à moteur
du Médecin Cl. SIEUR. "Stator" des Docteurs
COTTENOT et
CHÉRIGIÉ.

1936 1951
Roloscope. Tomographe "Polytome".
Appareil spécial pour les
examens du tube digestif
en toutes positions.

1938 1985
Biotome du Docteur Scanner .
BOCAGE.
Appareil pour l'obtention
de coupes
radiographiques en posi-
tion verticale.

L'évolution de la Radiothérapie a également été pré-


sente durant ce dernier siècle

1937
Pied Radiothérapie
"Oleix 200kV". 1939
Radiothérapie
"Transfoleix 200kV".

1937
Générateur 200.000 volts
type "Duobloc" 25 mil-
liampères avec ampoule
"Oleix".
Documents et maquettes du centre Antoine Béclère
Paris.
Avec l'aimable autorisation du Professeur BONNIN
et l'assistance de Monsieur MAXIMOFF.

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur , 73
LES TEMPS DE POSE DIMINUENT
ou les progrès technologiques des premières années de la radiologie.

Ainsi dès juin 1896, Albert LONDE

L
Au laboratoire e XIXe siècle finissant apprend
la découverte des rayons X par et le Docteur BRISSAUD réussissent
de physique ROENTGEN et la nouvelle se un "skiagramme" du crâne de profil
répand dans le monde entier à la avec seulement 108 minutes de pose!
de la vitesse du télégraphe. Comme le Rappelons qu'auparavant des essais
Sorbonne, il matériel nécessaire existe un peu par- avaient été effectués en solidarisant
tout, on essaie de reproduire "l'expé- tube et cassette au crâne du patient à
faut poser 3 rience du Professeur ROENTGEN" l'aide d'un casque plâtré en raison des
poses de 3 à 4 heures.
heures pour et la médecine tente d'utiliser "ces
rayons invisibles" pour explorer l'in- L'ouvrage de A. LONDE, chef du
une épaule et térieur du corps humain. service de photographie et radiogra-
phie de la Salpétrière, reflète les pro-
5 heures ne Cependant le rendement des tubes de
grès réalisés entre 1896 et 1898 : la
CROOKES et des générateurs est
suffisent pas ridiculement faible : les "photogra-
radiographie du genou passe de 10 à
15 minutes à 5 ou 10 secondes. A
pour obtenir phies à travers les corps opâques"
l'hôpital Tarnier, le bassin qui exi-
exigent des temps de pose considé-
une image geait en octobre 1897 entre 30 et 40
rables. Ainsi OUDIN et BARTHÉ- minutes ne nécessite plus que 10 à 20
valable du LÉMY (*) pour leurs premiers essais secondes. Le fabricant de tubes
de radiographie de la main avaient CHABAUD avait présenté à la
bassin... posé entre 25 et 30 minutes ; pour un Société de Physique en novembre
coude, 60 minutes leur étaient néces- 1896, un nouveau tube qui permettait
saires. Au laboratoire de physique de d'obtenir en 30 minutes l'image du
la Sorbonne, il faut poser 3 heures thorax ; en 1898, le temps de pose est
pour une épaule et 5 heures ne suffi- ramené à 5 ou 10 secondes pour une
sent pas pour obtenir une image distance focus-peau de 60 à 80 centi-
valable du bassin... mètres.
Dans les deux années suivantes, Une telle évolution a été possible
grâce à une collaboration étroite entre grâce aux progrès technologiques
physiciens, médecins, ingénieurs et accomplis à la fois sur les tubes, les
techniciens, les progrès accomplis générateurs et les surfaces sensibles ;
(*) Le Manipulateur
n° 115 - Décembre 1994 sont considérables. elle est particulièrement rapide pen-

BOBINE RADIGUET
Modèle dit de Modèle dit de Modèle dit de
20 cm. d'étincelle. 30 cm. d'étincelle. 40 cm. d'étincelle.
Main 5' 3' 2' D'après (4 à 5")
Bras 10' 6' 4' M. Van Heure (15 à 20")
Avant-bras . . . . 8' 5' 3'
Thorax : homme 45' 30' 20'
enfant de 5 ans 30' 15' 10'
Ventre : maigre 50' 40' 30'
obèse 60' 50' 40'
Cou 30' 20' 10'
Tête 50' 45' 40'
Cuisse 20' 12' 8'
Genou 30' 15' 10' (45 à 60")
Jambe 25' 12' 8'
Pied 5' 3' 2'

Extrait du "Traité de Radiographie Médicale et Scientifique" publié en mai 1897 par le Docteur FOVEAU DE COURMELLES

74 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


dant les 25 années qui suivent la la surface d'émission des l'ampoule à rayons X et l'autre
découverte des rayons X. rayons X est réduite (diminution partie à l'extérieur : lorsque le
Pour les premières expérimenta- du foyer optique). tube "durcit" il suffit de chauffer
tions, qui reproduisent d'ailleurs Progressivement les fabricants à l'aide d'un chalumeau la partie
celles de ROENTGEN, on utilise travaillent à réaliser des tubes en extérieure du platine ; ceci
des tubes à vide que certains qua- verre sans plomb pour être plus explique sur les gravures de
lifient de tubes "à gaz" en raison transparents aux rayons X et aug- l'époque la présence d'un chalu-
du caractère imparfait de ce vide. menter encore leur rendement. meau dans les mains du médecin
Il s'agit d'une simple ampoule de L'imagination des physiciens et ou de l'infirmière, chargée de
verre contenant deux fils de pla- l'esprit d'entreprise des construc- réguler un tube de radiologie en
tine qui, respectivement reliés au teurs vont donner naissance à une diagnostic ou en thérapie (voir
pôle + et -, constituent les élec- variété considérable d'ampoules portrait du Dr CHICOTOT peint
trodes. à rayons X dont les catalogues de par lui-même en 1909 - musée de
C'est donc une large surface de la l'époque sont un reflet. Il serait l'Assistance Publique à Paris).
paroi de verre atteinte par le fais- fastidieux de les énumérer, mais En constatant les dégâts causés à
ceau cathodique qui produit les disons qu'elles varient par leurs l'anode par "l'onde inverse" des
rayons X. Ceci explique la gran- dimensions (les plus petites sont bobines d'induction, on imagine
deur du foyer et le faible rende- destinées à être introduites dans de recourir à des soupapes
ment du tube. La paroi s'échauffe les cavités naturelles du corps), redresseuses. Ainsi VILLARD
rapidement et risque de fondre si leurs formes, le nombre de conçoit un tube à vide dans
l'on n'arrête pas l'usage du tube cathodes pour augmenter la puis- lequel une longue électrode en
pour le laisser refroidir ; la pré- sance, les moyens ou accessoires tire-bouchon est placée au sein
sence de râteliers garnis' d'am- (ailettes, réservoirs d'eau, venti-
poules sur les représentations d'un grand espace alors que la
lateurs, etc.) capables d'évacuer
d'une salle de radiologie de petite électrode est enfermée
la chaleur qui constitue déjà un
l'époque témoigne de ces fré- dans un espace restreint. Le cou-
problème.
quents changements. rant passe facilement quand la
Signalons l'innovation en octobre grande électrode joue le rôle de
Sur une suggestion d'Henri 1899 du Professeur BUGUET de cathode, mais pas dans le sens
POINCARÉ, les constructeurs Rouen que le fabricant Victor opposé.
donnent à la cathode la forme CHABAUD a réalisée : un gros
d'un miroir sphérique concave tube de platine soudé directement Malgré tous ces perfectionne-
qui concentre le rayonnement au verre de l'ampoule et dont ments un tube, vers 1910,
cathodique. Les Professeurs l'extrémité, taillée en sifflet, n'admet guère plus de 10 mil-
IMBERT et BERTIN-SANS de devient l'anode ; cette solution liampères pendant une pose assez
la Faculté de Médecine de servira pendant longtemps. longue...
Montpellier améliorent la défini-
Par ailleurs, au fur et à mesure de Le tournant décisif est pris en
tion optique en interposant entre
son fonctionnement, le tube se 1913 lorsque l'ingénieur William
tube et objet un diaphragme
"durcit", c'est-à-dire qu'il pré- David COOLIDGE (1873-1975),
constitué d'une rondelle de verre
sente une résistance électrique ingénieur de la General Electric,
épais et opâque aux rayons X,
excessive et que, faute d'une dif- met au point dans son laboratoire
percé en son centre d'un trou de
férence de potentiel suffisante, la de recherches un tube d'un prin-
14 mm (9 mars 1896) ; puis en
concentrant le flux cathodique à décharge ne se produit plus. Ce cipe nouveau : la cathode est
phénomène provient de la raré- constituée d'un filament de tung-
l'aide d'un champ magnétique
faction des ions absorbés par la stène porté à l'incandescence par
(23 mars 1896).
paroi de verre. Divers procédés un transformateur séparé dit "de
Enfin, comme l'avait préconisé permettent de le "ramollir" (eau chauffage" et le flux d'électrons
ROENTGEN dans son mémoire chaude, étuve). devient ainsi réglable ; le vide est
de mars 1896, Silvanus P.
THOMPSON de Londres crée le Signalons que ces ampoules à très poussé de l'ordre du l/100e
tube "focus" dont l'anticathode rayons X ont une vie brève de de micron et la technique de sa
est une lame de platine, inclinée quelques heures en moyenne ! fabrication est délicate. Sa com-
de 30 à 40 degrés et située au L'apparition de l'osmo-régulateur mercialisation en Europe ne
foyer géométrique du courant de VILLARD en 1898, constitue commence que vers 1920.
cathodique. Le rendement se un progrès considérable. Il s'agit N'oublions pas que les tubes
trouve très amélioré grâce à la d'un mince tube de platine dont actuellement utilisés dérivent de
résistance thermique du platine et l'ouverture est à l'intérieur de celui de COOLIDGE.

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 75
Les temps de pose

Le tournant Parallèlement à l'évolution des non les contacts disposés sur la paroi
ampoules, les générateurs progres- de la cuve. Le mercure est surmonté
décisif est pris sent en puissance et en fiabilité. de pétrole qui empêche la formation
Au début les machines électrosta- d'étincelle ou bien l'ensemble fonc-
en 1913 tionne dans le gaz d'éclairage qui
tiques et les bobines à induction exis-
lorsque tent dans tous les laboratoires de phy- joue le rôle de diélectrique, ce qui
sique. La machine électrostatique est implique de bien purger et surveiller
l'ingénieur ancienne et facile à mettre en oeuvre; cette installation !
William David si elle peut produire des tensions éle- Ces bobines d'induction sont alimen-
vées (certaines atteignent 300.000 tées par des piles ou des batteries
COOLIDGE volts), l'intensité avec un seul plateau d'accumulateur qu'il faut recharger
ne dépasse guère quelques dixièmes régulièrement.
(1873-1975), de milliampères. Certes, quelques Au laboratoire de physique de
ingénieur de la monstres ont été fabriqués ; citons l'Université de Pennsylvanie, Orner
celle construite par WAITE et par Clyde SNOOK conçoit un appareil
General BARTLETT à New York en 1897 qui synchronisé qui permet de récupérer
comporte huit plateaux de 1 m 50 de l'onde inverse du courant alternatif
Electric, met diamètre entraînés par un moteur. appliqué à un transformateur à circuit
au point dans Progressivement, elles se voient rem- fermé. Après avoir fondé sa propre
placées par des bobines d'induction, firme, il présente au Congrès
son laboratoire véritable transformateur à "circuit International d'Amsterdam en 1908
de recherches magnétique ouvert", composé d'un son générateur "Interrupterless". Ce
primaire de spires de gros fils en redresseur, à "contact-tournant"
un tube d'un faible nombre et d'un secondaire comme le dénomment les européens,
comportant de très nombreuses spires inspire tous les constructeurs qui sor-
principe de fil fin. Elles portent souvent le tent leurs propres appareils au fur et à
nouveau : la nom de bobine de RUHMKORFF en mesure que le courant alternatif étend
hommage à ce fabricant qui mit sur le son réseau de distribution.
cathode est marché à Paris en 1851 le premier
Cette distribution dans les villes n'est
modèle s'inspirant des lois de
constituée d'un pas uniformisée et, dans ses souve-
FARADAY et de LENZ sur les cou-
nirs, Georges MASSIOT précise
filament de rants d'induction. Un éclateur en déri-
qu'à Paris la rive droite était dotée de
vation limite la tension et évite de
courant continu, la rive gauche et les
tungstène détériorer le tube. La longueur d'étin-
Champs Elysées étant alimentés en
celle constitue la seule mesure pos-
porté à alternatif. De plus, il existe une
sible de haute tension sous le terme
grande variété de tensions, de 100 à
l'incandescence d'étincelle "équivalente".
450 volts ; la périodicité varie, sui-
Le problème du rupteur, complexe, vant les quartiers, de 42 à 60
par un cause bien des soucis aux concep- périodes.
teurs comme aux utilisateurs par ses
transformateur réglages délicats. Les modèles forts
La puissance des contacts-tournant se
révèle supérieure à celle que peuvent
séparé dit "de nombreux vont du système purement
supporter les tubes dits "à gaz" et il
mécanique au rupteur électrolytique
chauffage" et faut attendre l'invention de
et la gamme d'interruptions s'étend de
COOLIDGE en 1913 pour qu'ils don-
le flux quelques unes à plusieurs centaines
nent leur pleine mesure.
par seconde ; elles conditionnent le
d'électrons rendement. En 1914, dans ces mêmes labora-
toires de General Electric, la soupape
Un modèle assez répandu naît en
devient ainsi 1898 : l'interrupteur à jets de mercure
à émission thermo-ionique est mise
au point par Saul DUSCHMAN sur
réglable... dans lequel un moteur synchrone
le principe du tube COOLIDGE ;
imprime un mouvement de rotation à
elle porte le nom de Kénotron.
une turbine percée de deux orifices
opposés ; le sommet plonge dans une Le tube COOLIDGE, alimenté en
cuve à mercure et la rotation forme haute-tension redressée par un ou
deux jets qui ferment le circuit ou le plusieurs Kénotrons, constitue l'inno-
coupent suivant qu'ils rencontrent ou vation des années 1920 et restera

76 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


pendant 30 ans le montage le plus plus une certaine rémanence aggra- Comme on
répandu des installations radiolo- vait encore le problème.
giques, autorisant les puissances éle- peut le
vées, permettant un réglage fin, Outre le platino-cyanure de baryum
reproductible en tension et en inten- ou de potassium, on avait essayé le constater les
sité. sulfure de calcium violet, le sulfure
de zinc et le tungstate de calcium.
25 premières
La durée rédhibitoire des premières
radiographies ne dépendait pas seule- On réservait de tels écrans à la années de la
ment de l'insuffisance de puissance recherche d'un projectile ou de cer- radiologie
des tubes et des générateurs mais taines fractures, mais non pas pour
souffrait également de l'inadaptation des images fines. Aussi longtemps médicale
des émulsions photographiques. que des progrès substantiels ne seront
pas accomplis dans ce domaine, les
comportent
Les expérimentateurs n'avaient à leur
disposition que les plaques de verre examens avec opacifiant bénéficie- une série de
photographiques, enduites d'une ront des écrans ; les os peu épais res-
seule couche de gélatino-bromure ou teront du domaine des films sans progrès par
d'iodo-bromure d'argent. Encore fal- écran. bonds
lait-il mettre l'émulsion face à la Le novateur en la matière est Cari
source de rayons X car en sens PATTERSON qui produit dès 1913 successifs
inverse le verre contenant du plomb des écrans de bonne qualité et concernant
risquait encore d'allonger le temps de rapides, mais avec un grain considé-
pose ... rable ; en revanche, ils sont lavables. tous les
L'idée d'augmenter l'épaisseur de la En 1916, après avoir fondé sa propre
domaines de
couche sensible et sa concentration compagnie, il conçoit un nouvel
en sels d'argent comme l'avait déjà écran à base de tungstate de calcium la technologie.
demandé ROENTGEN, les tentatives et ses écrans deviennent référence
de couler une émulsion sur chaque aux Etat-Unis. Pour accompagner le
face des plaques de verre se tradui- film "duplitized", il conçoit un
sent par des échecs en raison de l'aug- couple d'écrans l'un antérieur plus
mentation du flou. Il faut attendre mince, l'autre postérieur plus épais,
1918 pour voir apparaître le premier tous deux destinés à être logés à l'in-
film mince pourvu d'une émulsion térieur de la cassette. Ses secrets de
sur chaque face, le duplitized X Ray fabrication portent essentiellement
film de KODAK qui fut essayé dès sur la pureté chimique du sel, sur sa
1916 ; sa commercialisation ne finesse de pulvérisation et surtout sur
devient réelle qu'à partir de 1920 l'uniformité de répartition de cette
avec l'apparition des premiers cadres- couche.
supports pour cuves verticales.
Comme on peut le constater les 25
Comme nous le savons de nos jours, premières années de la radiologie
l'impression directe du film par les médicale comportent une série de
rayons X n'entraîne qu'un faible noir- progrès par bonds successifs concer-
cissement et la majeure partie pro- nant tous les domaines de la techno-
vient de l'effet des écrans renforça- logie.
teurs.
Nous les devons à tous les pionniers,
Or, dès le début, on a bien essayé de
à leur imagination, à leur esprit d'en-
renforcer l'impression photogra-
treprise et à leur ténacité dans les
phique grâce à une feuille de papier
efforts de perfectionnement qui
sur laquelle était collé un sel fluores-
cent. caractérisent cette époque. Il n'est pas
inutile de se retourner sur le passé
Certes les premières substances utili- pour mesurer le chemin parcouru
sées permirent de raccourcir un peu grâce aux bases qu'ils nous ont
les temps de pose ; mais au prix d'un léguées.
flou et d'une granulation tels que les
clichés étaient peu utilisables. De M. le Professeur Guy PALLARDY ♦
Un lieu de mémoire :
Le Musée de l'institut du radium à l'institut CURIE

décidé de présenter quelques-uns des

L
Une e 22 décembre 1895, Wilhelm
Rôntgen photographie, pour la appareillages utilisés dans les années
autoradiogra- première fois, les os d'une vingt et trente.
main. Cet événement scientifique va Le bureau directorial, qui est au
phie du docu- bouleverser les conceptions de la centre d'une grande aventure scienti-
ment, prise physique classique. Marie fique contemporaine, a été successi-
Sklodowska-Curie, très vite aidée par vement occupé par Marie Curie
par Frédéric son mari Pierre Curie, s'intéressera, (1914-1934), André Debierne (1934-
après Henri Becquerel qui découvrit 1946), Irène Joliot-Curie (1946-
Joliot, en les rayons d'urane, à ce rayonnement 1956), puis par Frédéric Joliot-Curie
1958, fait inconnu, appelé rayons X par le phy- (1956-1958). Le directeur suivant,
sicien de Wurzburg. C'est ainsi que Jean Teillac, a estimé que l'endroit
apparaître débute l'exposé introductif des devait être conservé intact et cesser
l'empreinte du guides-conférenciers du Musée de d'être occupé. Dans ce lieu de
l'Institut du Radium, couramment mémoire, où la simplicité de ces
pouce de appelé le Musée Curie. scientifiques est encore présente, on
Le Musée se trouve dans la partie his- peut voir le grand bureau en chêne
Pierre ou de sur lequel sont disposés divers objets
torique de l'Institut Curie, section de
Marie. physique et chimie de l'ancien Institut ayant appartenu à Marie Curie: un
du Radium, au rez-de-chaussée du encrier en argent donné par la ville de
bâtiment construit avec des fonds de Glasgow, un stylo, une règle à calcul,
l'Université de Paris et de l'Institut des lunettes, une petite horloge et un
appareil téléphonique ancien. Sur son
Pasteur, sis 11 rue Pierre et Marie
fauteuil, la dernière blouse de travail
Curie, à Paris. Dans ce laboratoire,
de celle que tous appelaient "la
travaillent encore quotidiennement
Patronne". La bibliothèque contient
des physiciens et des chimistes en
des ouvrages scientifiques, les thèses
relation étroite avec des biologistes.
et les publications des chercheurs du
Depuis le printemps 1964, à l'occa- laboratoire jusqu'en 1958 et une col-
sion du trentième anniversaire de la lection très rare des conférences
découverte de la radioactivité artifi- Nobel offertes aux lauréats depuis
cielle par Frédéric et Irène Joliot- l'année de leur nomination jusqu'à
L'Institut du Radium de Paris prêt à Curie dans ce laboratoire, il a été leur mort. (Cette collection débute en
fonctionner en juillet 1914
"Archives Curie et Joliot-Curie" 1903 et se termine en 1958). Dans les
placards, se trouvent treize énormes
volumes de coupures de presse rela-
tant le voyage de Marie Curie, en mai
1921, aux Etats-Unis, pour y recevoir
un gramme de radium acheté grâce à
une campagne de souscription auprès
des femmes américaines. Le
"container" en bois et en plomb est
également présenté dans cette pièce.
Face au bureau, on peut voir une
balance apériodique installée là par
Marie Curie en souvenir de Pierre
Curie, son inventeur. Sur la cheminée
de marbre noir, quatre photographies
représentent le hangar de la rue
Lhomond où furent menés les pre-
miers travaux de Pierre et Marie
Curie, à l'Ecole de Physique et

78 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


Bureau directorial du Laboratoire
Curie occupé successivement par
Chimie Industrielles de la Ville de 1958, fait apparaître l'empreinte du Marie Curie (1914-1934),
André Debierne (1934-1946),
Paris. pouce de Pierre ou de Marie. Irène Joliot-Curie (1946-156) et
Frédéric Joliot (1956-1958)
Sur le côté, une porte conduit au © "Archives Curie et Joliot-Curië"
La salle d'exposition d'appareils
laboratoire de chimie personnel de
Marie Curie, utilisé également par scientifiques utilisés jusqu'à la fin des
Irène, sa fille. Il est accessible main- années trente permet d'expliquer les
tenant au public grâce à l'aide de la travaux principaux effectués à
Ligue Française contre le Cancer qui l'Institut du Radium :
attribua, en 1981, une subvention
pour en permettre la décontamination
et la restauration. Les appareils de ff ******
I .
chimie datent de l'époque: bonbonne
à eau distillée, dissécateur, centrifu- M tt.J'
V » lc/^»,">9,ts
' '
geuse, éprouvettes... Une fiche de tra- tu» ,.< r S f f-, tj
vail, où apparaît l'écriture de Pierre et
de Marie Curie, prouvant, s'il était
T.JftJ'
nécessaire, qu'ils faisaient des T. iljiJ
s. à.iiiff-
Z. t'ffs
recherches communes, date de 1902; ■i.J'irz.
T. >/))]
les deux savants tentaient de trouver
le poids atomique du radium, l'élé-
ment radioactif naturel qu'ils décou-
M = nt.i
vrirent, en décembre 1898, après le
polonium, en juillet. Il est émouvant
de faire écouter, les tops d'un comp-
teur Geiger-Miiller, montrant que
cette fiche, encore active, contient du
radium dont la période est de 1600 }jfi&~. «-~- ,w_,*&>
'a. eaafi *.
ans. Une autoradiographie du docu- Fiche encore radioactive portant les
écriture de Pierre et Marie Curie (1902)
ment, prise par Frédéric Joliot, en © "Archives Curie et Joliot-Curie"

A.F.RP.E. - Le Manipulateur 79
Un lieu de mémoire :

La mesure de la radioactivité était de trajectoires de protons, d'élec-


... ainsi qu une effectuée avec une chambre d'ioni- trons ainsi qu'une photographie
photographie sation, un électromètre à quadrants historique de l'année 1939, mon-
et un quartz piézo-électrique. Une trant la fission d'un noyau d'ura-
historique de photo représente les Curie et leur nium.
aide Petit, au cours de l'année
l'année 1939, 1898, dans le hangar de la décou-
L'électromètre Hoffmann permet
d'évoquer les travaux de scienti-
montrant la verte. Une autre montre Irène fiques, comme James Chadwick, le
Curie, assistante de sa mère, tra-
découvreur du neutron qui a
fission d'un vaillant, en 1921, avec le même
effectué son expérience fameuse
appareillage, à l'Institut du
noyau Radium. On aurait pu également
au Cavendish Laboratory, après la
publication de Frédéric et Irène
d'uranium. ajouter une photographie d'étu-
Joliot-Curie utilisant cet appa-
diants préparant le certificat de
physique nucléaire, dans les reillage.
années 60; il était de tradition d'ef- Dans une autre vitrine, sont exposés
fectuer cette mesure, lors des tra- un appareil de Bragg utilisé par
vaux pratiques. Irène Curie, en 1925, pour sa thèse
Les travaux de Fernand Holweck, sur les rayons a du polonium, et la
chercheur connu également pour cellule d'électrolyse construite par
son action de résistant pendant la Frédéric Joliot, en 1930.
seconde guerre mondiale et son La découverte de la radioactivité
martyre, sont présentés dans une artificielle, faite dans ce même
vitrine qui rappelle qu'il fut le pre- laboratoire, par Frédéric et Irène
mier physicien à faire une expé- Joliot-Curie, en janvier 1934, est
rience de télévision, en 1926. Dans évoquée par la présentation des
cette vitrine, se trouve également deux petits appareils en verre qui
la pompe moléculaire qu'il inventa. ont été utilisés pour préparer les
Une chambre de Wilson à pression premiers éléments radioactifs arti-
variable, modifiée par Frédéric ficiels : le radio-azote et le radio-
Pierre et Marie Curie dans le hangard Joliot est accompagnée de clichés phosphore.
de la rue Lhomond
© "Archiva Curie et Joliot-Curie"

80 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


Frédéric et Irène Joliot-Curie à l'Institut du Radium
© "Archives Curie et Joliot-Curie"

CHRONOLOGIE Juillet 1914 : Institut du Radium prêt à fonc-


tionner
(1914- 1918) : Mission aux armées Formation
d'infirmières radiologistes Equipement de voi-
Quelques photographies complè- tures radiologiques (les petites Curie)
15 mai 1859 : Naissance à Paris de Pierre Curie
tent l'illustration de l'oeuvre de 7 novembre 1867 :Naissance à Varsovie de Marya 1919 : Installation de Marie Curie à l'Institut du
ces savants. Le Prix Nobel de Sklodowska Radium Irène devient l'assistante de sa mère
Juin 1883 : Diplôme de fin des études secondaires 1921 : Création de la Fondation Curie
physique de l'année 1903 fut en Pologne de Marya Sklodowska (médaille Mai - juin 1921 : Premier voyage de Marie Cunie
attribué à Pierre et Marie Curie d'or) aux Etats-Unis. 1 g de radium offert par les
Novembre 1891 : Marya vient à Paris Américaines
ainsi qu'à Henri Becquerel pour Juillet 1893 : 1ère à la licence ès-sciences phy- Décembre 1924 : Arrivée de Frédéric Joliot (né le
la découverte de la radioactivité siques à la Sorbonne 19 mars 1900) au laboratoire Curie, préparateur
Juillet 1894: 2ème à la licence ès-sciences mathé- particulier de Marie Curie
naturelle. Le Prix Nobel de 17 mars 1925 : Irène Curie, docteur ès-sciences
matiques
chimie fut décerné à Marie 6 mars 1895 : Pierre Curie, docteur ès-sciences Octobre 1926 : Mariage d'Irène et Frédéric Joliot
Curie, en 1911, pour la détermi- physiques (2 enfants : Hélène, 1927 et Pierre, 1932)
26 juillet 1895 : Mariage à Sceaux de Pierre Curie Octobre 1929 : 2ème voyage de Marie Curie aux
nation du poids atomique du et Marya Sklodowska Etats-Unis
radium. En 1935, Frédéric et 12 septembre 1897 : Naissance de la première fille 4 juillet 1934 : Mort de Marie Curie
Irène 1934 - 1946 : Direction André Debieme
Irène Joliot-Curie reçoivent le 18 juillet 1898 : Note aux Comptes rendus de Janvier 1934 : Découverte de la radioactivité
Prix Nobel de Physique. Les l'Académie des Sciences (découverte du polo- artificielle par Frédéric et Irène Joliot-Curie
nium)
photographies de ces diplômes Décembre 1903 : Deuxième note (découverte du
Décembre 1935 : Prix Nobel de Chimie à Frédéric
et Irène Joliot-Curie
rappellent les travaux de cette radium) 1936 : Irène, premier Sous-secrétaire d'Etat à la
famille exceptionnelle. 25 Juin 1903 : Marie Curie, docteur ès-sciences recherche scientifique
Décembre 1903 : Prix Nobel de physique à Pierre 1937 : Frédéric Joliot, professeur au Collège de
Comme on s'en souvient, le 20 et Marie Curie, et Henri Becquerel (pour la France (construit le cyclotron)
radioactivité naturelle) 1945 : Frédéric, Directeur du CNRS
avril 1995, les cendres de Pierre 1 octobre 1904 : Pierre Curie, Professeur de phy- 1945 -1950 : Frédéric, premier Haut Commissaire
et Marie Curie ont été transférées sique à la Sorbonne auCEA
6 décembre 1904 : Naissance d'Eve (2ème fille)
au Panthéon. Pour la première 1946 - 1956 : Irène, Directrice de l'Institut du
19 avril 1906 : Mort de Pierre Curie (accident) Radium
fois, une femme est honorée pour Novembre 1906 : 1er cours de Marie Curie à la 17 mars 1956 : Mort d'Irène
ses propres mérites. Sorbonne (première femme Professeur à 1956 -1958 : Frédéric Joliot, Directeur de l'Institut
l'Université) du Radium
Décembre 1909 : Décision de créer l'Institut du 14 août 1958 : Mort de Frédéric Joliot.
Monique BORDRY ♦ Radium
8 décembre 1911 : Prix Nobel de Chimie à Marie
Directeur du Musée et des Archives de Curie (pour la détermination du poids atomique
l'Institut du Radium, du radium)
Institut Curie

A.F.P.RE. - Le Manipulateur 81
Le musée RONTGEN en Allemagne

W
Pour cette ilhelm Conrad RONTGEN
(1845-1923) physicien qui
découverte découvrit les rayons X.
sensationnelle Wilhelm Conrad Rontgen (1845-
1923) naquit le 22 mars 1845 à
"un nouveau Lennep. Il avait tout juste 3 ans
genre de lorsque la famille RONTGEN
emmigra aux Pays-Bas. Après avoir
rayon" on lui passé son enfance à Apeldoorn où il
effectua aussi sa scolarité, Wilhelm
décerna le CONRAD fréquenta une école tech-
prix Nobel de nique à Utrecht. A l'âge de vingt ans
il commença des études à l'école
physique, polytechnique de la confédération
c'était Helvétique à Zurich, d'où il sorti
ingénieur diplômé. RONTGEN était
d'ailleurs la alors indéterminé sur la direction à
première fois faire prendre à ses études.
Le Prof. Dr. August KUNDT mis fin
qu'il était à son indécision en lui proposant :
attribué. "Essayez donc la physique!"
RONTGEN suivit ce conseil et un an rayons X découverts à Wùrtzburg le
plus tard, il obtenait le grade de doc- 8 novembre 1895.
teur à l'université de Zurich en ayant Pour cette découverte sensationnelle
fait un travail sur la physique, "un nouveau genre de rayon" on lui
matière à laquelle il resta fidèle toute décerna le prix Nobel de physique,
sa vie. En tant que chercheur physi- c'était d'ailleurs la première fois qu'il
cien, il enseignait et exerçait dans était attribué. RONTGEN mourût le
plusieurs universités allemandes. 10 février 1923 à Munich et fut
W.C. RONTGEN rendit publique les enterré dans le vieux cimetière de
résultats de ses recherches dans 60 Giepen.
publications dont 3 traitaient des
Le musée allemand RONTGEN
Le musée RONTGEN présente une
collection unique dans le monde
d'appareils produisant les rayons X
ainsi que leur application. Exposée
dans une belle maison bourgeoise de
style du pays de Berg, la partie histo-
rique en commémoration de
RONTGEN, montre beaucoup d'ob-
jets personnels qu'il nous a légués.
C'est ainsi que commence votre ren-
contre avec RONTGEN et ses tra-
vaux. Les autres sections vous amè-
nent logiquement vers l'importance
de la découverte de RONTGEN.
Grâce à la bonne préparation de la
représentation didactique le visiteur
comprend aisément les propriétés et
les effets des rayons X. Le musée

82 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


explique les multiples secteurs d'uti-
lisation de la technique radiogra-
phique : radiographie dans l'astro-
nomie, radiographie dans l'archéo-
logie, pour l'expertise d'objet d'art en
ce qui concerne leur âge et leur
authenticité. Technique qui essaie les
matériaux en ne les détruisant pas.
Quant au thème des radiations et de
la protection, un compteur GEIGER
attire à ce sujet votre attention par
son grésillement continu. En outre,
des travaux de recherche intéressants
de RONTGEN sur la physique et
même sur l'environnement font partis
des objets exposés.
Le musée RONTGEN est un musée
scientifique et technique très ins-
tructif, qui vous initie à une matière
unique en son genre. La diposition
des textes, les photographies, les
nombreux objets de démonstration,
intéressent non seulement les spécia-
listes mais aussi les simples visiteurs.
Ce musée dispose, de plus, d'un labo-
ratoire d'expérimentation de phy-
sique où les jeunes qui s'intéressent
aux sciences et techniques peuvent
manipuler les appareils. Pour les
écoles, il existe un programme spé-
cial d'expériences qui traite le thème
de la radioactivité et des rayons X. ♦

Le musée RONGTEN est ouvert

du mardi au vendredi

de 10 à 16 heures

le samedi et dimanche

de 11 à 17 heures.

Son adresse :

Schwelmer StraPe 41

42897 Remscheid-Lennep

(ce texte est issu de la plaquette éditée par le musée).

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 83
Le musée Belge de la Radiologie

L'esprit le plus réfractaire à la science

L
En parcourant e musée belge de la Radiologie
n'est vraiment pas un musée et aux tehcniques se laissera émou-
les couloirs du comme les autres... Créé le 9 voir par les beaux objets et les admi-
novembre 1990 par une équipe de rables reconstitutions, comme celle
musée, le visi- bénévoles, il propose aux visiteurs du cabinet du Médecin Général
ses posters didactiques, ses docu- HENRARD.
teur retrace le ments rares, ses reconstitutions En parcourant les couloirs du musée,
chemin fidèles d'anciens cabinets de radio- le visiteur retrace le chemin parcouru
graphie (photo 1), et ses pièces de col- depuis les pionniers des rayons X,
parcouru lection au coeur même du service de qui ont payé de leur personne et par-
radiologie de l'hôpital Militaire Reine fois même de leur vie, jusqu'aux plus
depuis les ASTRID à Bruxelles. Ainsi les récents développements technolo-
patients... patientent-ils en parcourant
pionniers des un siècle de découvertes, d'ingénio-
giques. De nombreux aspects moins
connus, ou plus originaux, retien-
rayons X, qui sité et d'efforts mis au service de leur dront l'attention : paléontologie,
santé... égyptologie, beaux-arts, philatélie,
ont payé de En plus, le musée belge de la radio- balistique et autres domaines où les
logie bénéficie de sa position cen- rayons X ont trouvé de remarquables
leur personne trale, de son bilinguisme et de son applications.
et parfois appartenance pluri-universitaire. Et
Le musée de la Radiologie, une visite
le souci didactique préside à sa
à faire, en famille et, pourquoi pas
même de leur conception : des photos, des schémas
entre collègues.
expliquent de façon attrayante et
vie... claire les mystères de cette spécialité.
C e musée focalise de nombreuses
activités complémentaires. En
voici quelques unes :
♦ Le comité d'organisation du cente-
naire belge de la radiologie qui avec
le soutien du Service Médical des
Forces Armées belges, associé aux
sociétés médicales et scientifiques
belges ainsi qu'aux firmes indus-
trielles et pharmaceutiques de
Belgique, a mis plus de deux ans
pour concrétiser un ambitieux pro-
gramme d'activités susceptible d'inté-
resser tous les publics : journées phi-
latéliques (à l'occasion d'un timbre
poste à l'effigie de RONTGEN),
soirée d'hommage, concert de gala,
exposition historique "RONTGEN"
du musée de Remscheid et pas moins
de 7 congrès ou symposiums des
sociétés médicales et scientifiques.
♦ De plus, le comité a conçu et édité
un important matériel didactique
(photo 2), disponible contre paiement,
dont voici la description :
"Monsieur Rôntgen"... en BD : La
vie du père de la radiologie est
racontée de manière plaisante et
dans un style qui accroche tous les
lecteurs de 7 à 77 ans, tout en
conservant une grande rigueur his-
torique.

84 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


La petite histoire de la radiologie
en Belgique est une plaquette de
32 pages, éditée en anglais et abon-
damment illustrée de documents
historiques.
Passer une radio... Cette plaquette
adaptée aux structures administra-
tives médicales s'adresse aux
patients, présents et futurs, afin de
leur donner une idée claire de ce
qu'est un examen radiologique.
Film vidéo. La cassette vidéo "De
Rontgen à l'Eurotunnel" est le fruit
de plus de 1 000 heures de travail
pour 45 minutes de projection ! Ce
film se veut le panorama, sinon
exhaustif du moins attractif, de
cette fantastique aventure scienti-
fique. sant de façon symbolique l'ensemble
des multiples développements de la Entre les deux
Diapositives. Un kit de 40 diaposi-
radiologie a été réalisé pour le cente-
tives avec texte d'introduction et
naire belge par l'artiste roumain personnages -
commentaires de 12 pages.
Dimitri GEORGESCU. et en les enro-
Cent ans de rayons X en Belgique.
Plus de 500 pages et 400 illustra- Le vitrail commémoratif du cente-
tions retracent les grands moments naire belge de la Radiologie (photo 4)
bant -, se
de la radiologie dans notre pays, A de nombreuses reprises, la commé- dresse un
des origines à nos jours. Cet moration du centenaire de la décou-
ouvrage commémoratif rend un verte des rayons X nous a offert l'oc- cristal clair
vibrant hommage à toutes les per- casion de synthétiser l'ensemble de
sonnes qui ont permis le dévelop- ses multiples développements. Le
rappelant la
pement des disciplines nées de vitrail que nous vous proposons d'ob-
cette intervention, et qui ont pureté des
server, doit être considéré comme un
apporté un mieux-être à l'ensemble
de la société.
hommage artistique et symbolique à intentions et
l'évolution de cette discipline.
♦ Enfin, le domaine artistique n'a pas Les couleurs du vitrail se basent sur
le désintéres-
été oublié. En complément de l'af-
le contraste blanc/noir, couleurs sym- sement du
fiche du "Belgian Rontgen
boliques de la Radiologie.
Centenary" (photo 3) aimablement
fourni par le 'Radiology Centennial Les deux personnages (l'homme, père de la
Inc" américain, un vitrail synthéti- caractérisé par son ossature solide, et
la femme, avec ses formes pleines et
radiologie :
généreuses) sont colorés par la tech- Wilhelm
nique obsolète de la thermographie.
Ils représentent l'humanité scrutée Conrad
par la Radiologie pour la rendre plus
saine. Cette humanité porte en son Rontgen.
sein le futur (symbolisé par le
foetus), porteur de vie, d'avenir et
d'espoir.
Entre les deux personnages - et en les
enrobant -, se dresse un cristal clair
rappelant la pureté des intentions et le
désintéressement du père de la radio-
logie : Wilhelm Conrad Rontgen.
De tous les côtés du vitrail partent
des faisceaux représentant à la fois
les différents examens radiologiques
et le rayonnement (X !) universel de
la découverte du Professeur Rontgen.
Ces rayons fusionnent de façon cen-

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 85
Le musée Belge de Radiologie.

tripète pour insister sur la diversité, la exemples de radiologie intervention-


Un symbole complémentarité et la convergence nelle (l'exemple choisi montre un
n'est riche que des différentes techniques utilisées en placement, par voie endo-vasculaire,
imagerie médicale. de cathéters au niveau des artères
par des Le faisceau partant du coin supérieur
rénales en vue de leur opacification).
droit éclaire une ancienne radiogra- Le rayon émanant du coin supérieur
potentialités de phique du crâne rappelant les débuts gauche met en évidence un crâne
de la Radiologie ; à l'opposé, dans le étudié à l'aide d'une autre technique,
ses non ionisante cette fois, de l'imagerie
coin inférieur gauche, il aboutit à une
interprétations; radiographie digitale actuelle du médicale de pointe : la résonance
pied, montrant ainsi le chemin magnétique. Ce "rayon" arrive sur le
ce vitrail a (pied !) parcouru par une même tech- foetus qui illustre l'apport inesti-
nique. mable de l'échographie, autre tech-
pour espoir que Le coin inférieur droit représente,
nique d'avenir également non ioni-
sante, dont l'application a débuté,
les vôtres suivant une autre technique dérivée
précisément, en médecine obstétri-
des rayons X, une coupe longitudi-
cale.
contribueront à nale (difficile à obtenir) de l'autre
pied, en tomographie computée L'ensemble de tous les faisceaux
l'enrichir. (Scanner) cette fois. converge vers le médaillon central
représentant, en radiographie clas-
Au-dessus des deux pieds illustrant sique, la poignée de mains de la fra-
deux techniques diagnostiques de ternité. Ce médaillon, focalisant tous
base de l'imagerie médicale actuelle, les regards, symbolise à la fois l'in-
nous avons, en médaillon, deux dispensable travail d'équipe en ima-
gerie médicale, la coopération de la
radiologie avec les autres sciences
médicales ainsi que les apports mul-
tiples de nos prédécesseurs et la
conjonction de leurs recherches. Sans
cette collaboration intrasectorielle,
intersectorielle et intertemporelle,
aucun progrès n'aurait été possible.
La couleur rouge a été choisie en se
basant sur le symbolisme hébraïque :
le rouge (couleur de la latérite dont
est construit le premier homme
biblique) se dit en effet...ADAM, en
hébreu !
Enfin, il faut souligner que le fais-
ceau partant du coin supérieur gauche
englobe le cerveau, le coeur, la poi-
gnée de mains et le foetus : la
recherche en radiologie (symbolisée
par le crâne en résonance magné-
tique) a pour volonté (le coeur) de
coopérer (la poignée de mains) au
futur de l'humanité (le foetus).
Un symbole n'est riche que par des
potentialités de ses interprétations ;
ce vitrail a pour espoir que les vôtres
contribueront à l'enrichir.
Le vitrail a été réalisé par l'artiste
roumain Dimitri GEORGESCU.
Dr R. VAN TIGGELEN &
M. P. DERLEYN ♦
Le musée est ouvert toute l'année
les jours ouvrables
(du lundi au vendredi), de 13h30 à 15h30.
Hôpital Militaire, 2 rue Bruyn
1120 BRUXELLES

86 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


Le futur musée de la Radiologie dans la région Lyonnaise

L 'année 1995 célèbre le cente- appareillages parfaitement conser- La collection


naire de la découverte des vés ou restaurés permettront aux his-
rayons X par le physicien toriens, comme à ceux qui sont épris ne se limite
Wilhelm ROENTGEN, professeur à de culture, de suivre l'évolution d'un
l'Université de Wiirtzbourg siècle de technologie depuis l'émou- pas à
(Allemagne). Celui-ci, après nombre vante simplicité du matériel des pion-
d'expérimentations, déposa son niers utilisant le tube de CROOKES.
l'utilisation
illustre mémoire "Une nouvelle sorte des rayons X :
de rayons" le 28 décembre 1895 et le Les radiologues et les techniciens des
rayons X pourront retrouver toutes
monde entier apprit bientôt l'exis-
sortes d'appareils dont ils se sont
elle se
tence de ce rayonnement invisible qui
allait révolutionner la physique de ce servis, qu'ils ont connus en fonction- complète par
siècle. La radiologie médicale nais- nement ou qu'ils ont aperçus dans les
sait, modifiant profondément dia- livres. le matériel
gnostic et thérapeutique. La collection ne se limite pas à l'utili- d'électrologie
Dans le but de commémorer ces évé- sation des rayons X : elle se complète
nements, la Société Française de par le matériel d'électrologie et et
Radiologie a chargé sa filiale Rhône- d'échographie des débuts.
Alpes d'organiser, dans la région d'échographie
Pour pouvoir mettre en valeur un
lyonnaise, une extension de ses
Journées Annuelles : le 28 octobre
patrimoine de cette importance, il fal- des débuts.
lait des locaux capables de l'abriter et
1995. Après une matinée de confé-
rences historiques et culturelles, un de le présenter au public. C'est l'op-
déplacement sera organisé à portunité offerte par l'hôpital de
l'Arbresle, commune où les partici- l'Arbresle, agréable commune de
pants pourront visiter une importante l'ouest lyonnais ; ce chef-lieu de
exposition de matériel destiné au canton du Rhône a par ailleurs donné
futur musée de radiologie. le jour à un inventeur célèbre :
Barthélémy THIMONNIER, qui
En effet, la France ne possède en ce
domaine aucun musée digne de ce inventa la machine à coudre.
nom et capable de rivaliser avec nos L'hôpital de cette commune qui
voisins européens. La naissance de nécessite de profondes transforma-
celui de l'Arbresle comblera une tions sera reconstruit à proximité des
lacune de notre patrimoine grâce à la anciens bâtiments. Ceux-ci devenant
collection exceptionnelle de plus de vacants, le conseil d'administration a
mille pièces, patiemment réunie dans décidé de les mettre à la disposition
cette perspective. du musée de la radiologie lorsqu'ils
Elle est l'oeuvre d'un ingénieur lyon- seront libérés fin 1997.
nais, Albert RENAUD, aujourd'hui Ces locaux (un hôpital de 80 lits)
disparu ; il a su réunir en 40 ans, avec faciles d'accès, sans problème de sta-
passion et ténacité, un ensemble tionnement, sont suffisamment vastes
unique d'appareillages et d'acces- pour installer, dans d'excellentes
soires. Une partie concerne les maté- conditions, le musée et ses annexes ;
riels du début de l'électricité depuis de plus, il est prévu plusieurs salles
l'oeuf électrique de l'Abbé Nollet jus- de cours et de réunions pour consti- A.M.A.R.A.N.T.H.I.N.E.
qu'aux divers condensateurs connus tuer un ensemble didactique et for- Association sans but lucratif
en passant par les célèbres généra- régie par la loi de 1901
mateur.
teurs électrostatiques de Wimshurst, Secrétaire :
de Holtz ou les bobines de En attendant son implantation défini-
Dr H. Brinnel
Ruhmkorff. tive, la collection est gérée par l'asso-
ciation A.M.A.R.A.N.T.H.I.N.E., Siège Social :
Cependant la majorité du matériel
rassemblé retrace l'histoire des appli- sigle qui définit ses buts : Association Hôpital - Maternité
du Musée Albert Renaud de Le Ravatel
cations des rayons X. Ainsi, il est B.P. 116
facile de reconstituer les salles de l'Arbresle des Nobles Techniques
F-69593 L'Arbresle cedex
radiologie de chaque époque depuis Historiques Internationales et
1895 jusqu'à nos jours. Les nombreux Nationales en Electroradiologie. ♦

A.F.P.P.E. - Le Manipulateur 87
Conclusion

...Telle nouvelle Cher(e) Collègue,


source de lumière, Pour commémorer le lOOème par une citation exemplaire, tirée
fruit des patients anniversaire de la découverte des du livre "LA RADIOLOGIE ET
rayons X par Wilhem Conrad LA GUERRE", de Madame
efforts du savant
ROENGTEN, l'A.F.P.P.E. est Pierre CURIE, publié en 1921 :
dans son heureuse de publier ce numéro "Que pouvons-nous conclure de
laboratoire, spécial. cette fortune inespérée échue en
En votre qualité de membre adhé- partage aux nouvelles radiations
répandra un jour
rent à l'A.F.P.P.E., vous avez reçu, que la science nous a révélées à
son éclat sur gracieusement, ce numéro excep- la fin du XIXe siècle ? Il semble
Vhumanité, lui tionnel, témoignage de la que nul spectacle n'est plus
confiance et de l'intérêt que vous propre à rendre plus vive notre
apportant la portez à l'Association. confiance dans la recherche
consolation et Au terme de ce travail, nous sou-
scientifique désintéressée et à
augmenter le culte et l'admira-
Vallègement des haitons que les articles proposés
tion qu'il convient de lui vouer.
vous aient surpris, intéréssés et
souffrances... Telle nouvelle source de lumière,
enrichis.
fruit des patients efforts du
En proposant ce numéro il y a un savant dans son laboratoire,
an, puis en coordonnant les répandra un jour son éclat sur
efforts nécessaires à sa concréti- l'humanité, lui apportant la
sation, je ne pouvais supposer consolation et l'allégement des
que le travail accompli pour sa souffrances, - telle autre contri-
réalisation me serait aussi béné- buera à faciliter la vie et l'effort
fique. Je souhaite qu'à sa lecture pacifique vers plus de bien-être
il en ait été de même pour vous. physique, morale et intellectuel.
Je tiens à remercier très sincère- Les répercussions de la pensée
ment les auteurs, les annonceurs féconde sont illimitées. Son
et toutes les personnes qui ont cru champ d'action dépasse tout
à ce numéro. Ils m'ont accordé horizon connu. Toute collectivité
leur temps, leur patience et leur civilisée a le devoir impérieux de
confiance pour faire de ce docu- veiller sur le domaine de la
ment un ouvrage de référence que science pure où s'élaborent les
la profession se devait de publier. idées et les découvertes, d'en pro-
Nous sommes particulièrement téger et encourager les ouvriers
fiers que ce soit l'A.F.P.P.E. qui et de leur apporter les concours
en ait été le maître d'oeuvre nécessaires. C'est à ce prix seule-
comme elle l'a été, en 1994, lors ment qu'une nation peut grandir
de la réalisation du premier et poursuivre une évolution har-
vidéogramme sur le métier de monieuse vers un idéal lointain."
manipulateur d'électroradiologie
médicale.
Jean-Marc DEBAETS ♦
En qualité de directeur de la Directeur de la Publication
publication, j'aimerais terminer "LE MANIPULATEUR"

88 A.F.P.P.E. - Numéro spécial


C'est parce que vos patients attendent
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