Cote Ivoire
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Cote Ivoire
Consultants :
Octobre 2009
Note d’information de la FAO
Ce rapport de pays a été préparé par les autorités nationales dans le contexte du processus préparatoire du
deuxième Rapport sur l’Etat des ressources phytogénétiques dans le monde.
Ce rapport a été rendu disponible par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
(FAO) à la requête de la Commission des ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture et n’engage
que la responsabilité des autorités nationales. Les informations qui y sont contenues n’ont pas fait l’objet de
vérifications de la part de la FAO, et les opinions qui y sont exprimées ne représentent pas nécessairement les
vues et les politiques de la FAO.
Les appellations employées dans ce produit d’information et la présentation des données qui y figurent
n’impliquent de la part de la FAO aucune prise de position quant au statut juridique ou au stade de développement
des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. La
mention de sociétés déterminés ou de produits de fabricants, qu’ils soient ou non brevetés, n’entraîne, de la
part de la FAO, aucune approbation ou recommandation desdits produits de préférence à d’autres de nature
analogue qui ne sont pas cités. Les opinions exprimées dans la présente publication sont celles du/des auteur(s)
et ne reflètent pas nécessairement celles de la FAO.
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION 7
1. Aperçu général de la Côte d’Ivoire 7
2. Le secteur agricole en Côte d’Ivoire 10
CHAPITRE 1
L’ÉTAT DE LA DIVERSITÉ ET IMPORTANCE DE L’AGRO-BIODIVERSITÉ 15
1.1 État de la diversité et importance des cultures de base pour la sécurité alimentaire 15
1.1.1 Les céréales 15
1.1.2 Les plantes à racines et tubercules 16
1.1.3 Les fruits et légumes 17
1.1.4 Les cultures protéagineuses et maraîchères 17
1.2 État de la diversité des cultures secondaires et des espèces sous exploitées
importantes pour la sécurité alimentaire 19
1.2.1 Les plantes à racines et tubercules 19
1.2.2 Les cultures protéagineuses et maraîchères 19
1.2.3 Les légumes-feuilles 19
1.3 État de la diversité des ressources génétiques forestières utiles à l’alimentation
et l’agriculture 19
1.4 État de la diversité et importance des cultures industrielles 21
1.4.1 Les stimulantes 21
1.4.2 Les oléagineuses 22
1.4.3 Les plantes à latex: l’hévéa 22
1.4.4 Les fibres et textiles: le cotonnier 22
1.4.5 La canne à sucre 22
1.4.6 Les fruitiers: l’anacarde 23
1.5 État de la diversité des principales variétés en culture 23
1.5.1 Les variétés des principales cultures alimentaires 23
1.5.2 Les cultures industrielles 26
1.6 Principaux facteurs de changement 30
1.6.1 Les facteurs classiques de changement 30
1.6.2 Les facteurs de changement spécifiques à la période 1996- 2006 30
CHAPITRE 2
L’ÉTAT DE LA GESTION IN SITU 33
CHAPITRE 3
L’ÉTAT DE LA GESTION EX SITU 34
CHAPITRE 4
L’ÉTAT DE L’UTILISATION DES RPGAA 49
CHAPITRE 5
L’ÉTAT DES PROGRAMMES NATIONAUX, DE LA FORMATION ET DE LA LÉGISLATION 52
CHAPITRE 6
L’ÉTAT DE LA COLLABORATION RÉGIONALE ET INTERNATIONALE 56
CHAPITRE 7
L’ACCÈS AUX RPGAA, LE PARTAGE DES AVANTAGES DÉCOULANT
DE LEUR UTILISATION, ET LES DROITS DES AGRICULTEURS 57
CHAPITRE 9
CONDITIONS REQUISES POUR L’AMÉLIORATION DE LA GESTION
DES RPGAA EN CÔTE D’IVOIRE 61
ANNEXES 63
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
INTRODUCTION
Situation et géomorphologie
La Côte d’Ivoire est située entre 4°30 et 10°30 de latitude nord et 2°30 et 8°30 de longitude ouest, avec une superficie
de 322 462 km2. Elle est limitée à l’Ouest par le Libéria et la Guinée; au Nord par le Mali et le Burkina Faso; à l’Est par le
Ghana et au Sud par l’Océan Atlantique sur une distance de 550 km (Figure 1). Son relief s’abaisse selon une ligne Nord
Est-Sud Ouest. Le sud, qui est essentiellement constitué de plateaux, comporte quelques reliefs isolés répartis en cinq
grands groupes :
t la Dorsale guinéenne
t les Plateaux du nord
t la Zone de transition
t les Bas-pays intérieurs
t la Frange littorale
FIGURE 1
Carte administrative de la Côte d’Ivoire indiquant les différentewions et les zones d’étude de la mise
en œuvre du PAM
7
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
Climat
Il existe en Côte d’Ivoire deux régions climatiques superposables aux deux grands types de paysages rencontrés (Figure 2):
t La savane et la forêt claire du nord, dont le climat de type soudanais comporte une saison sèche et une saison des
pluies. Ces saisons sont déterminées par la rencontre des deux masses d’air, l’alizé continental, chaud et sec, appelé
«harmattan» et l’alizé austral ou mousson, froid et humide.
t La forêt dense et humide, avec un climat de type guinéen, comporte deux saisons des pluies et deux saisons
sèches.
Le pays jouit d’un climat favorable au développement de l’agriculture. Les précipitations sont abondantes dans la
zone forestière, variant entre 1 600 et 2 000 mm d’eau par an. Elles sont un peu moins importantes, dans la zone des
savanes, avec en moyenne, 800 à 1 400 mm d’eau par an. Dans l’ensemble, le territoire est relativement bien arrosé, avec
la présence de cinq fleuves principaux, que sont le Cavally, le Sassandra, le Bandama, le N’Zi et la Comoé. Malgré une
certaine stabilité du profil climatologique en Côte d’Ivoire, l’on constate, sur les trois dernières décennies (1970-2000),
une forte modification du régime des précipitations, dans les différentes régions du pays. Les années 1950 et 1960, bien
arrosées, ont fait place à des décennies sèches, avec des saisons culturales qui commencent tard et qui finissent plus
tôt.
FIGURE 2
Carte de la végétation et des principales zones écologiques de la Côte d’Ivoire
8
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
Végétation
La végétation du littoral
Il n’y a pas de climat dominant au niveau du littoral mais un ensemble de climats édaphiques qui sont néanmoins plus
secs qu’à l’intérieur du pays. On y observe, sur de petites surfaces, une grande complexité dans les regroupements
végétaux.
Données démographiques
L’accroissement de la population en valeur absolue ainsi que l’urbanisation accrue, continuent de caractériser l’évolution
démographique en Côte d’Ivoire.
L’accroissement de la population
La population ivoirienne, estimée en 2007, atteint 19 262 000 habitants (BAfD/ OCDE, 2008). Selon d’autres sources, elle
est de l’ordre de 20,8 millions d’habitants en 2008 dont 26% d’immigrés provenant principalement des pays de la sous
région contre 13 millions en 1993. Le pourcentage des enfants étrangers nés en Côte d’Ivoire est passé de 30% en 1975 à
47% en 1998, soit une augmentation de 17%. Mondialement, le rythme de croissance de la population ivoirienne figure
parmi les plus élevés. De 3,8% entre 1975 et 1988, le taux d’accroissement démographique annuel moyen est passé
à 3,3% entre 1988 et 1998 et à 2,85% entre 1998 et 2007. Au niveau sous-régional, c’est le seul pays où la population
a doublé en 20 ans et triplé en 30 ans surtout à cause non seulement de l’accroissement naturel mais également, de
l’immigration massive en provenance des pays limitrophes. Cette croissance démographique rapide, repose sur un croît
naturel de 2,6% et une immigration d’établissement très massive de 14%, qui s’est atténuée depuis la crise économique
des années 1980 (DRSP, 2009).
9
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
La question foncière
Les règles qui régissent l’accès au foncier exercent aussi une influence sur le type d’agriculture, et par conséquent, sur la
nature et le rythme des destructions des ressources naturelles. Le développement des cultures commerciales a bouleversé
les règles traditionnelles entraînant une course effrénée vers la forêt et créant une anarchie, dans l’occupation des terres
agricoles. Dans le sud du pays, l’hévéaculture tend à occuper l’essentiel des terres arables, après le café, le cacao et le
palmier à huile. Au nord, c’est la culture de l’anacardier qui s’étend. Le développement des grandes villes exerce une
pression supplémentaire sur le foncier non bâti.
La loi n°98-750 du 23 décembre 1998, relative au Domaine Foncier Rural et ses textes d’application, vise à résoudre
les nombreux problèmes fonciers. Cette loi constitue le cadre juridique permettant de transformer en droit de propriété
moderne les droits coutumiers non écrits et de sécuriser l’accès à la terre des propriétaires ivoiriens du Domaine Foncier
Rural Coutumier (DFRC) et celui des occupants ivoiriens non admis au Titre Foncier.
L’économie de la Côte d’Ivoire repose sur l’agriculture. Ses importantes potentialités naturelles : une grande disponibilité
en terres fertiles, cultivables, et en ressources hydrologique, en sus d’un climat favorable et une végétation luxuriante, lui
ont permis d’exploiter une gamme variée de productions végétales (bois, café, cacao, coton, hévéa, palmier à huile, noix
de cajou, ananas, mangue, papaye, banane douce, canne à sucre, coco, igname, manioc, taro, banane plantain, maïs, riz,
sorgho, fonio, arachide, haricot, soja, etc.) et de développer les productions animales et les pêcheries.
Les activités du secteur agriculture et agroalimentaire, productions végétales et animales, et industries agro-
alimentaires, représentent en moyenne 27% du produit national brut (PIB) et fournissent 40% des recettes d’exportation.
Elles sont la principale source d’emplois et de revenus de la majorité de la population, estimée à 66% en moyenne. La
production agricole, qui touche l’ensemble des régions administratives, a connu une progression annuelle de 4% en
moyenne. Cependant, ce résultat a été obtenu suite à un accroissement des surperficies cultivées au détriment de la
forêt, et non suite à une intensification de la production agricole.
L’agriculture repose sur deux grands domaines : le domaine de la production des ressources végétales et celui de la
production des ressources animales et halieutiques. Deux sous-secteurs composent le domaine des ressources végétales :
le sous-secteur des cultures de rente ou cultures industrielles et celui des cultures vivrières. Concernant les cultures de
rente, les principales sont le café, le cacao, le palmier à huile, l’hévéa. À côté de ces cultures industrielles, les principales
cultures vivrières sont le riz, l’igname, le manioc, la banane plantain, le maïs et les légumes.
10
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
Les cultures industrielles sont le moteur du développement économique et social de la Côte d’Ivoire. Ce faisant, le
café et le cacao occupent environ 60% des superficies. Ils fournissent 40% des recettes d’exportation, 70% des revenus
agricoles et environ 30% des recettes fiscales. L’hévéa, principal produit d’exportation en 2005, a généré 106 milliards de
francs CFA de profit d’exportation. L’anacarde en a procuré plus de 47 milliards francs CFA, en 2007.
Malgré sa très forte contribution à l’économie nationale, la population rurale est de plus en plus pauvre, avec un taux
de pauvreté de 62,5% en 2008, contre 49% en 2002 (DRSP, 2009). Selon la même source, depuis 1998, cette tendance à la
hausse de la pauvreté en milieu rural résulte des mutations importantes de l’agriculture ivoirienne, notamment avec la
libéralisation des filières agricoles, qui a mis fin à la solidarité entre les différentes filières.
Ressources végétales
L’exploitation forestière
L’exploitation de type minier de la forêt est principalement attribuée à l’agriculture et à l’exploitation industrielle du bois
d’œuvre et de service sur un très grand nombre d’espèces. Si en 1972, on exploitait seulement une trentaine d’essences;
aujourd’hui l’exploitation porte sur une cinquantaine d’essences. Avec l’agriculture, les ressources forestières constituent
les principales ressources financière de la Côte d’Ivoire. La forêt est un important facteur de l’aménagement de l’espace
rural à la fois par les ressources en terre qu’elle représente, par le rôle qu’elle joue du point de vue climatique et de
la résilience écologique, et par ses apports économiques tous aussi variés. L’exploitation forestière en Côte d’Ivoire se
caractérise par :
1. un recul important du capital forestier, qui passe de 15 millions à environ 3 millions d’hectares en moins de 30
ans, en liaison avec une exploitation abusive, dépassant la vitesse de régénération naturelle et la capacité de
reboisement,
2. une politique de reboisement orientée vers l’utilisation d’essences introduites et/ou peu nombreuses, ayant une
vitesse de croissance supérieure à celle des espèces locales, provoquant un changement dramatique dans la
composition floristique. 11
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
L’évaluation du patrimoine forestier montre que la superficie de la forêt dense, qui était de 12 millions d’hectares
en 1960, ne représente plus que 2,802 millions d’hectares en 2007, soit une perte de plus de 75% du patrimoine, en
moins d’un demi-siècle. Dans le domaine permanent de l’Etat, en 2007, on dénombre 0,672 millions d’hectares de forêts
classées, 1,728 millions d’hectares pour les parcs nationaux et réserves tandis que 0,400 millions d’hectares pour le
domaine rural estimé à 7,117 millions d’hectares à l’exception des forêts sacrées du domaine rural.
Selon la DRSP (2009), la Côte d’Ivoire dispose en 2007 de 382 périmètres d’exploitations forestières, d’une superficie de
14 096 471 ha, mises en valeur par plus d’une centaine d’industries du bois, représentées par 139 unités de transformation
agréées. La même source indique que la production de grumes est passée de 1 669 998 m3 en 2004, à 1 576 362 m3
en 2005 et celle du charbon de bois, de 35 100 tonnes à 29 780 tonnes, sur la même période. Le volume de grumes
transformées en 2007 est de 1 506 984 m3. Ce secteur d’activité emploie régulièrement près de 40 000 personnes et
assure près de 70% des besoins énergétiques des ménages. En 2008, 77,5% des ménages ont recours au charbon de bois
ou au bois de chauffe comme source d’énergie pour la cuisson.
Actuellement, la zone forestière est quasiment réduite à quelques lambeaux de forêts secondaires, qui alternent avec
des plantations villageoises ou industrielles et des jachères. Cette dégradation avancée du patrimoine forestier résulte
de la conjonction de plusieurs facteurs, notamment la dynamique de l’agriculture extensive basée sur la technique des
cultures itinérantes sur brûlis, portant sur environ 40 à 50% de la surface forestière, l’exploitation forestière industrielle
du bois pour l’acquisition de devises, les prélèvements de bois d’énergie, la pression démographique, les infiltrations
clandestines dans les forêts classées, les parcs nationaux et les réserves analogues, la chasse, l’élevage et les fréquents
de feux de brousse.
Pour circonscrire cette forte dégradation du patrimoine forestier, l’Etat a mis en place, sur le long terme, un Plan Directeur
forestier (PDF 1988-2015). Parmi les mesures d’ordre structurelles et intentionnelles du PDF visant un renforcement de la
conservation dynamique de la diversité et des massifs forestiers, on cite notamment, (i) la création de l’Office Ivoirien des
Parcs et Réserves (OIPR), (ii) la création d’une Fondation pour le financement des parcs et réserves et (iii) la mise en place
d’une Agence Nationale de Développement des Forêts du domaine rural (ANDEFOR).
Ressources animales
L’élevage est pratiqué sous deux formes principales : l’élevage semi-moderne, pratiqué en pâturage, pour lequel des
effets bénéfiques à l’agriculture sont notés à travers leur déjection, et l’élevage traditionnel transhumant. On note une
forte prédominance des ruminants au Nord et au Centre du pays, et la conduite d’élevages à cycle court au Sud du
pays.
Selon l’objectif commercial, on distingue différentes filières d’élevage constituées chacune des deux formes, semi-
moderne et traditionnelle : lait, viande de porcs, aviculture et élevages non conventionnels. La figure 3 présente, sur une
période récente (2002 à 2007), un aperçu de l’évolution du cheptel en Côte d’Ivoire.
La filière laitière
Très peu répandue, la filière laitière moderne contribue pour 15% environ à la production nationale. Les élevages
extensifs, sédentaires ou semi-transhumants, fournissent les 85% restants.
La filière viande
Le commerce du bétail et de la viande, bien que faiblement structuré, reste assez dynamique.
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R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
FIGURE 3
Dynamique d’évolution du cheptel entre 2002 et 2007
L’aviculture
L’élevage traditionnel (poules, poulets et pintades), pratiqué de façon extensive, est le fait des populations rurales. Bien
qu’il constitue une source importante de protéines et de revenus en milieu rural, il ne bénéficie d’aucun programme
d’appui spécifique. La Côte d’Ivoire importe annuellement environ 3 millions de volailles traditionnelles. Un élevage
moderne s’est développé autour des centres urbains. La filière moderne n’est pas à l’abri de nouvelles difficultés comme
celle, rencontrée à partir de mai 2006, à l’apparition de l’épizootie de grippe aviaire (Figure 4).
FIGURE 4
Évolution de l’aviculture en Côte d’Ivoire
cette filière. La crise politico-militaire, de 2002, n’a pas permis d’exploiter les résultats, en vue d’amorcer l’intensification
et la structuration de ces élevages.
Comme pour le secteur des ressources végétales, les revenus des éleveurs demeurent faibles. Les facteurs explicatifs
sont, la faible productivité en matière d’élevage, le coût élevé des intrants, la mévente des produits de l’élevage,
l’insuffisante valorisation des sous-produits de l’abattage, la faible transformation des productions de l’élevage,
l’inexistence de système de crédit pour l’élevage, l’enclavement de nombreuses zones d’élevage.
Ressources halieutiques
L’activité dans la filière des pêches reste concentrée autour d’une vaste hydrographie, riche en ressources halieutiques
et au potentiel exploitable. Cette activité couvre un vaste domaine naturel, comprenant une zone économique exclusive
de 200 miles nautiques, un littoral de 550 km, des plans d’eau lagunaire de 1200 km2, des retenues d’eau hydroélectrique
et hydro-agricoles de 1760 km2, un réseau hydrographique (fleuves et rivières) de 3 000 km.
La production nationale résulte de la pêche industrielle (thon, sardinelles, fritures, maquereaux, anchois, chinchards),
de la pêche artisanale (maritime, lagunaire et continentale), et de l’aquaculture, qui reste peu développée.
t On peut citer entre autres, un système extensif de production agricole paysanne et une utilisation de grands
périmètres agricoles, tous deux consommateurs de terre et qui ont fortement dégradé la base productive;
t une forte disparité régionale en matière de systèmes d’exploitation et de pratiques culturales, notamment entre
les zones de forêts et les zones de savanes;
t des techniques d’exploitation des ressources naturelles désastreuses, tels que la surexploitation, la culture sur
brûlis et les feux de brousse;
t l’accroissement des surfaces affectées aux cultures industrielles : café, cacao, palmier à huile, cocotier, hévéa, canne
à sucre.
t Le déséquilibre démographique en faveur des zones forestières à économie de rente basée sur l’exploitation des
ressources forestières.
14
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
CHAPITRE 1
En Côte d’Ivoire, les céréales, les plantes à racines et tubercules, les protéagineux, les espèces maraîchères et les fruitiers,
constituent les cultures de base, indispensables à la sécurité alimentaire. Leur importance relative peut être appréciée à
travers les statistiques du Ministère en charge de l’agriculture1.
1.1.1.1 Le riz
La riziculture est présente dans toutes les régions du pays et plus particulièrement la partie sud, sud-ouest pour la
riziculture irriguée. Une large gamme de variétés, modernes ou traditionnelles, sont utilisées pour satisfaire la variété de
milieux. La base de données en ligne, sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture, donne les
détails sur leur statut, leur origine génétique et leurs caractères essentiels selon le type de riziculture. Les statistiques de
2003 montrent une légère augmentation, de 585 977 tonnes en 1997 à 659 824 tonnes en 2003. Cependant, le riz pluvial
représente plus 80% de la production nationale.
Le niveau de couverture des variétés modernes, constituées pour l’essentiel, de variétés de type Oryza sativa, d’origine
asiatique, au détriment des variétés traditionnelles d’origine africaine (Oryza glaberrima, reste une préoccupation majeure.
Des introductions, récentes, de variétés d’hybrides interspécifiques entre les deux espèces, dénommés « Nouveau type
de riz pour l’Afrique (NERICA) » et développés par l’ADRAO (WARDA) pourraient constituer un remède, si le processus de
vulgarisation et de production de semences certifiées, dans le cadre des projets nationaux qu’accompagnent le Ministère
en charge de l’Agriculture et les Institutions de recherches agricoles, comme le CNRA, est bien mené.
1.1.1.2 Le maïs
Comme le riz, plusieurs variétés introduites ou traditionnelles locales de maïs sont cultivées sur tout le territoire ivoirien.
La production nationale, entièrement consommée, est d’environ 600 000 tonnes (2003). Près de 50% de la production
est assurée par la région des Savanes, 9,27% dans le Haut Sassandra, 8,79% dans le Denguélé et 5% dans le Worodougou.
Les autres régions se partagent le reste de la production.
De nombreux projets d’introduction de variétés améliorées (QPM, CEE, TZEE, etc.) ont été réalisés dans le pays ces
quinze dernières années. Mais aucune étude n’a montré l’impact de ce phénomène sur la diversité globale du maïs en
Côte d’Ivoire.
1.1.1.3 Le mil
Le mil est exclusivement cultivé dans l’extrême nord de la Côte d’Ivoire. La production plafonne à 40 000 tonnes par
an avec des variations très peu significatives d’une année à l’autre. On a tout de même assisté à une chute notable de
la production en 2003 où elle était estimée à 32 730 tonnes. Toute la production est consommée localement. La vaste
majorité des variétés cultivées sont traditionnelles mais aucune étude sérieuse n’a été faite pour en déterminer, ni la
diversité globale, ni l’évolution de cette diversité avec le temps et les nouvelles pratiques agricoles.
1 Recensement national de l’agriculture, Septembre 2004: Estimations provisoires des productions des principales cultures; Document de la Direction des
Statistiques, de la Documentation et de l’informatique du Ministère de l’Agriculture de la Côte d’Ivoire.
15
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
1.1.1.4 Le sorgho
Comme le mil, le sorgho est typique des zones de Savane, notamment la partie nord-est. Plusieurs variétés traditionnelles,
auxquelles se sont rajoutées récemment quelques variétés améliorées produites par la recherche, dont le CNRA en
particulier, sont cultivées essentiellement selon des pratiques traditionnelles. Malgré son importance dans l’alimentation
de base dans les régions où il est mis en culture, la production du sorgho ne dépasse pas 37 000 tonnes par an.
Les études de Beninga2, ont contribué à évaluer la diversité de l’espèce en Côte d’Ivoire, mais on ne sait pas actuellement
quelle a été l’impact de la crise sociopolitique sur sa richesse variétale.
1.1.1.5 Le fonio
Le Fonio est aussi une culture de Savane. C’est une céréale plus rare que le mil et le sorgho mais qui revêt une importance
culturelle élevée. Sa production annuelle, entièrement autoconsommée, se situe entre 12 000 et 15 000 tonnes par an.
Selon les ethnies, il est considéré comme une culture de disette ou comme une culture de luxe.
La diversité génétique de l’espèce dans le pays n’a pas été évaluée.
1.1.2.1 L’igname
L’igname est considérée comme la culture alimentaire de base la plus importante en Côte d’Ivoire avec un niveau global
de production estimé à 4 836 961 tonnes, en 2003, entièrement autoconsommées. Plusieurs espèces sont cultivées en
Côte d’Ivoire mais ce sont les espèces Dioscorea alata, D. Cayenensis et D. rotundata qui occupent l’essentiel des surfaces
cultivées en ignames. On les regroupe en deux grandes catégories, représentées par plusieurs variétés : les ignames
précoces dont la production annuelle oscille autour de 1 650 000 tonnes et les ignames tardives qui peuvent atteindre
3 000 000 tonnes. Elles sont produites sur tout le territoire, ce qui dénote une grande diversité d’adaptation. Les plus
grandes surfaces de culture en ignames tardives se retrouvent dans les régions de la Vallée du Bandama (23,49%), des
Lacs (12,9%), du Haut Sassandra (11,83%), du Worodougou (10,5%) et du Bas Sassandra (10,09%). Pour les ignames
précoces, les régions productrices sont celles des Lacs (27,90%), de l’Agnéby (15,81%), des Lagunes (13,44%) et Bandama
(11,28%).
De nombreuses études ont montré la structuration génétique et la diversité des ignames en Côte d’Ivoire.3
1.1.2.2 Le manioc
Plante rustique et très plastique, le manioc est également produit sur l’étendue du territoire. C’est la deuxième principale
culture vivrière de base du pays. On retrouve de nombreuses variétés traditionnelles et améliorées. Sa production
annuelle moyenne est évaluée à 2 100 000 tonnes. La Vallée du Bandama en est le premier producteur (23,93%), suivi
du Zanzan (10,26%), du Sud Comoé (10,07%) et du Bas Sassandra (11,05%). Les autres régions se partagent 44,69% de
la production nationale.
Le manioc a aussi été l’objet de plusieurs programmes de promotion de variétés améliorées produites localement
par les CNRA ou introduites à partir de l’IITA. Certaines variétés se sont imposées et ont même été rebaptisées, pour
recevoir des appellations locales. Leur adoption n’empêche pas le maintien en culture de variétés traditionnelles prisées
2 Beninga Marboua Bekoye, 2007 : Génétique, amélioration et vulgarisation du mil : Pennisetum glaucum (L) R. Br. (Poaceae), en Côte d’Ivoire. Thèse de Doctorat
d’Etat, UFR Biosciences, Université de Cocody, Spécialité Sciences Naturelles, 15 décembre 2007, 178 p.
Beninga M. B., 1997 : Diversité et conservation des mils des savanes nord guinéennes : cas de la Côte d’Ivoire. Actes de la rencontre internationale sur la
gestion des ressources génétiques des plantes en Afrique des savanes. Bamako, Mali ; 24-28 février 1997. B.R.G. Editions, p 129-132.
Beninga M. B., 1996 : Nouvelles stratégies impliquant des méthodes moléculaires pour optimiser les ressources génétiques (formes sauvages et cultivées) du
mil (Pennisetum typhoides). Rapport sceintifique d’avancement des travaux. Projet CEE-STD3 Mil/IDESSA ; novembre 1996
3 Kouakou Amani michel, 2010 : Diversité génétique des ignames Dioscorea alata L. (Dioscoreaceae) en Côte d’Ivoire. Thèse Doctorat Unique de l’Université de
Cocody, Spécialité Génétique, option Amélioration des Production Végétales ; UFR Biosciences, Université de Cocody, 120 p.
Kouakou A.M, Mignouna H.D, Ng N. Q., Asiedu R., Zoundjihékpon J., N’Goran A., Doumbia S. Et Zohouri G. P. 2003. Contribution à la characterisation agro-
morphologique des ignames Dioscorea alata L. en Côte d’Ivoire. Proceedings of the eighth Triennal Symposium of the International Society for Tropical Root
Crops. Ibadan, Nigeria 12-16 nov 2001. Eds Akoroda. 620-625.
Zoundjihékpon J., Dansi A.A., Mignouna H.D., Kouakou A.M., Zongo J.D., N’Kpenu E.K., Sunu D., Camara F., Kourouma S., Sanou J., Sanou H., Bélem J., Dossou
R.A., Vernier Ph., Dumont R., Hamon P., Tio-Touré B. 1999. Gestion des ressources génétiques des ignames africaines et conservation in situ. Aménagement et
16 nature. 135: 85-94.
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
et connues comme le Yacé ou le Bonoua Rouge. Des études de sélection et d’amélioration variétales ont été conduites4,
mais Il n’y a pas d’études précises sur l’évolution de la diversité génétique chez l’espèce depuis plus de 15 ans.
1.1.2.3 Le taro
Colocasia esculenta et Xanthosoma sp. sont les deux espèces de Taro cultivées en Côte d’Ivoire. C. esculenta occupe
l’essentiel des surfaces cultivées en Taro. La culture n’est pas très répandue et reste limitée au Sud du pays, régions à forte
pluviométrie. La production annuelle fluctue entre 51 000 et 63 000 tonnes, généralement consommées en zone rurale.
Les rares études faites sur l’espèce ne permettent pas d’apprécier l’évolution de la diversité chez l’espèce.
Les espèces protéagineuses et les maraîchères sont des cultures de première importance pour l’alimentation de base
en Côte d’Ivoire, car elles sont la principale source de vitamines et d’oligoéléments pour les populations. Il y existe
une gamme très variée d’espèces cultivées introduites ou traditionnelles. Seules quelques rares espèces font l’objet
de statistiques officielles. Mis à part l’arachide et les aubergines dont plusieurs variétés cultivées sont locales, la vaste
majorité des légumes est produite à partir de variétés introduites d’Europe, notamment d’Europe Centrale, des États-
Unis d’Amérique et d’Israël. Aucune des espèces n’a fait l’objet d’une véritable étude de diversité.
4 N’zué, B., Zohouri, G.P.; Sangaré, A. and Gnaoré-Yapi, V. 2008. New highly productive clones of cassava (Manihot esculenta Crantz) selected in Côte d’Ivoire. In
First Scientific Meeting Global Cassava Partnership GCP-I “Cassava: Meeting the Challenges of the New Millennium”. 21-25 juillet, Gent, Belgique
N’Zué, B., Zohouri, G.P., Kouadio, K. 2008. Etude du comportement de nouvelles variétés de manioc (Manihot esculenta Crantz) de l’IITA. Rapport technique n°
17/PRT/2008, 6 p.
N’Zué, B. 2007. Caractérisation morphologique, sélection variétale et amélioration du taux de multiplication végétative chez le manioc (Manihot esculenta
Crantz). Thèse de doctorat unique soutenue le 3 novembre 2007. UFR Biosciences, Université de Cocody, Abidjan. N°509/2007. 141 p.
N’Zué, B., P.G. Zohouri et A. Sangaré. 2004. Performances agronomiques de quelques variétés de manioc (Manihot esculenta Crantz) dans trois zones agro-
climatiques de la Côte d’Ivoire. Agron. Afr. XVI (2) : 1-7.
N’Zué, B. , Zohouri, G.P. et Kouadio, K. 2002. Tests variétaux de manioc en milieu paysan dans la région centre de la Côte d’Ivoire. Rapport technique n° 15/
PRT/2002. Projet WASDU. 17 p.
17
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
1.1.4.1 L’arachide
L’arachide est considérée comme une culture alimentaire de base à cause de son utilisation non seulement comme culture
oléagineuse importante, mais aussi pour la pâte produite à partir des graines grillées. La production annuelle, assurée par
les régions à faible pluviométrie du Nord, varie entre 61 000 et 75 000 tonnes. Elle est entièrement autoconsommée.
1.1.4.4 Le concombre
Produit essentiellement dans les grandes villes, le concombre (Cucumis sativus) est devenu essentiel dans l’alimentation
des citadins en Côte d’Ivoire et est presque incontournable dans les plats de salade. La production annuelle se situe aux
environs de 30 000 tonnes.
1.1.4.5 La courge
Légume très largement utilisé dans les sauces et parfois sous forme de pâte pour l’alimentation de base, la courge est
produite à la fois dans les villes et les villages, un peu partout en Côte d’Ivoire. La production annuelle est d’environ
110 000 tonnes.
1.1.4.6 Le gombo
Utilisé dans une très grande variété de plats, le gombo se mange frais, cuit ou séché. Il est produit et consommé partout,
mais plus particulièrement au centre et au nord du pays. La Côte d’Ivoire produit environ 90 000 tonnes par an pour sa
consommation locale. La production a connu des pics en 2001 (139 567 tonnes) et 2002 (142 498 tonnes).
1.1.4.7 La tomate
La tomate est le légume le plus consommé en Côte d’Ivoire car présent dans toutes les sauces et toutes les formes de
salade. La production annuelle fluctue entre 22 000 et 35 000 tonnes, doublée d’une très forte importation pour satisfaire
la demande. Les variétés cultivées sont pour la plupart introduites d’Europe ou d’Israël.
18
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
1.2 État de la diversité des cultures secondaires et des espèces sous exploitées
importantes pour la sécurité alimentaire
1.2.1.1 Le gingembre
Le gingembre est utilisé comme boisson et épice dans la cuisine des grandes villes. La production de gingembre en Côte
d’Ivoire, est limitée aux environnements de la ville de Tiassalé. Sa présence est très remarquable dans les marchés et les
rues d’Abidjan, vendu sous toutes les formes (frais, séché, transformé, etc.). Toutes les variétés utilisées sont introduites,
cependant la diversité n’a pas encore été évaluée.
Les principales cultures citées au paragraphe 1.1.4, cohabitent avec une diversité d’autres cultures protéagineuses
et maraîchères, exploitées sur des petites surfaces. Elles servent souvent comme épices mais sont aussi, des sources
considérables de vitamines et d’oligoéléments.
Parmi les protéagineux dont la valorisation devrait être promue, figurent en bonne place, le niébé (Vigna unguiculata)
et le pois bambara ou voandzou (Vigna subterranea), qui ne sont actuellement cultivés qu’au nord du pays et de manière
très localisée. De nombreuses initiatives de production de soja (Glycine max) ont vu le jour, mais la culture n’a pas dépassée
le cadre formel des projets et ne s’est encore imposée ni chez le paysan, ni dans l’alimentation locale.
En ce qui concerne les productions maraîchères, plusieurs espèces locales restent encore marginales bien qu’elles
soient prisées dans la cuisine locale. Les cucurbites par exemple, dans leur ensemble, sont négligées alors qu’elles jouent
un rôle non négligeable dans l’alimentation. Cucumis melo (localement appelé Lomi N’gatté), (Citrillus lanatus (pistache),
Cucumeropsis manii (nviellè), Lagenaria siceraria (gourde olégineuse), Cucurbita moschata (ngando) sont des exemples
de telles cucurbites.
Leur recensement a été fait par Koffi et ses collaborateurs5, en 2003 et N’zi en 20086. Une très grande diversité consommée
est signalée.
L’état des lieux des ressources forestières, dressé dans le cadre du premier rapport sur l’état des RPGAA de Côte d’Ivoire
(1996), reste d’actualité en ce qui concerne les ressources phytogénétiques sauvages utilisées pour l’alimentation,
l’agroforesterie, l’industrie du bois, la cosmétique, la médecine, etc. En réalité, aucune étude globale n’a été menée,
depuis cette période, pour évaluer le statut actuel de ces espèces. Ainsi, l’on doit donc considérer qu’il y a en Côte d’Ivoire,
367 espèces dont l’utilité pour les populations est avérée, parmi lesquelles, 139 entrent dans l’alimentation humaine et
animale (Annexe1). Neuf (9) d’entre elles sont menacées de disparition, du fait de leur surexploitation : Ancistrophyllum
secundiflorum, Brassica integrifolia, Dioscorea burkilliana, Diospyros tricolor, Ensete gilletii, Entada gigas, Entada pursaetha,
Irvingia grandifolia, Lannea nigritana var. pubescens. Trois (3) ont été classées comme étant en voie de disparition (Digitaria
exilis, Kerstingiellia geocarpa, Voandzeia subterranea). Aucune enquête n’a été conduite depuis 1996, pour évaluer le statut
de l’espèce Euleusine coracana (Poaceae) rencontré autrefois au nord du pays et que certains auteurs croient disparue.
Un recensement des ressources génétiques des zones de savane a été mené en 2001, par Ouattara.
5 Koffi Edmond, Gnahoua G. Modeste, Kouame Christophe, Sangare, Abdourahamane, Sangare Yaya, Beninga M. Békoye Et Keli Z. Jules, 2003- Planification des
activités de recherche de deuxième génération du CNRA. Commission «Plantes alimentaires»- Rapport de la sous-commission « Plantes alimentaires sauvages».
Document CNRA, août 2003, 16 p.
6 Nzi Jean Claude 2008 -Inventaire, caractérisation et sélection des légumes feuilles du maraichage urbain et périurbain d’Abidjan et de Yamoussoukro. Bilan
des activités du projet Fis/Coraf. Rapport CNRA, 13 p.
19
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
Parmi les ressources qui y ont été identifiées figurent trois catégories de plantes alimentaires :
1. Celles dont les fruits sont consommés à l’état frais (11 espèces)
2. Celles dont les fruits sont consommés après cuisson ou séchage (6 espèces) et,
3. Celles dont la pulpe ou la graine est utilisable dans l’industrie (3 espèces).
Sept (07) d’entre elles occupent une place prépondérante, au plan socio-économique, pour les populations du Nord
de la côte d’Ivoire. Il s’agit de Parkia biglobosa (néré), de Adansonia digitata (baobab), de Vitellaria paradoxa (karité), de
Pentadesma butyracea, de Carapa procera (kobi), de Tamarindus indica (tomi) et de Blighia sapida (finzä). La pulpe et la
graine ou l’amande de ces plantes, sont utilisées aussi bien dans l’alimentation (condiments ou boisson) que dans la
cosmétique et l’industrie pharmaceutique.
Peu d’études sur la diversité intra-spécifique ont été menées sur les espèces forestières alimentaires. Seul le karité
(Butyrospermum paradoxum susp. Parkii, appelé maintenant Vitellaria paradoxa) a fait l’objet d’études de diversité
génétique.
Un inventaire des plantes alimentaires vendues sur les marchés, réalisé sous l’égide du PNUD et de la FAO (Angaman et
al. 2001)7, a révélé que les plantes alimentaires sauvages (feuilles, fruits et graines) continuent de contribuer de manière
significative à l’alimentation des populations des grandes villes de la Côte d’Ivoire, notamment la ville d’Abidjan.
L’enquête diagnostique, réalisée en 2008, a montré que très peu de travaux scientifiques ont été menés sur les
légumes-feuilles en Côte d’Ivoire. La documentation existante porte généralement sur les cultures exotiques, car les
légumes-feuilles n’ont pas encore été pris en compte dans la collecte des données statistiques par l’Office pour la
commercialisation des produits vivriers (OCPV) et le Ministère de l’Agriculture. Plus de 26 espèces de légumes-feuilles
ont été inventoriées dans le maraîchage urbain et périurbain d’Abidjan et de Yamoussoukro. Ces espèces dénommées
sous 21 noms communs appartiennent à 16 familles botaniques (Tableau 1).
TABLEAU 1
Espèces de légumes feuilles produites dans les zones urbaines et périurbaines d’Abidjan et de Yamoussoukro
20
7 Angaman, D. M., Barima, Y. S. S., Seguena F., Kouassi, A. F., Soro, K 2001-Les plantes alimentaires vendues sur les marchés d’Abidjan. Exposé UV Bota 12.
Ethnobotanique et Pharmacopée Africaine. Université de Cocody, UFR Biosciences, Laboratoire de Botanique.
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
Le développement de la Côte d’Ivoire repose depuis longtemps sur plusieurs cultures industrielles et plus précisément
sur le cacaoyer, le caféier, le palmier à huile, l’hévéa, le cocotier, le cotonnier, le tabac et l’anacardier. Ces spéculations
rapportent plus de 40% des recettes d’exportation du pays et leur culture occupe plus de la moitié de la population
active. A ces cultures, il faut rajouter la cola, la canne à sucre, la banane douce, l’ananas et d’autres fruitiers tels que
la mangue, la papaye et le mangoustan dont l’importance grandit et rapportent de plus en plus de devises au pays.
Ces productions agricoles cohabitent avec un système de culture et d’exportation d’essences à bois tels que Terminalia
superba (fraké), Terminalia ivorensis (framiré) et Triplochiton scleroxylon (samba). D’autres essences importées sont aussi
mises en évaluation dans des parcelles appropriées (Tectona grandis, Gmelina arborea, Cedrela odorata, C. mexicana, C.
angustifolia, C. tubiflora, C. fissilis, etc.).
L’agriculture Ivoirienne est en réalité, dominée par le binôme café-cacao qui représente 40% des recettes d’exportation,
20% du PIB et fait vivre plus de six millions d’ivoiriens, avec 600 000 exploitations en activité.
1.4.1.1 Le cacaoyer
Avec 40% de la production mondiale, soit 1,404 million de tonnes, en 2004, la Côte d’Ivoire reste le premier producteur
et exportateur mondial de cacao. La production est assurée dans la « nouvelle boucle du cacao » qui couvre le Haut
(30,6%) et le Bas (13,8%) Sassandra et « l’ancienne boucle », constituée par le Moyen Comé (7,66%) et le Moyen Cavally
(7,15%). Huit autres régions du sud du pays dont les productions varient de 3 à 7% contribuent à combler le reste de la
production nationale. Le verger est constitué d’un mélange de clones améliorés et de matériel végétal « tout venant »
provenant du Ghana voisin ou des anciennes plantations et parfois même, des descendances non sélectionnés des
clones améliorés (Pokou et al.8). On peut considérer que la diversité des clones en exploitation a augmenté tandis que la
diversité génétique elle même a probablement peu évolué dans le pays car les génotypes cultivés « tout venant » sont
le fruit de la diversité préexistante.
En légère hausse depuis les années 1995, la proportion de cacao transformée par l’agro-industrie locale représente
actuellement près de 20% de la production totale de 2004.
1.4.1.2 Le caféier
Après avoir été classée troisième producteur mondial de café pendant près de trente ans, la Côte d’Ivoire a enregistré une
baisse de production de café, passant de 250 000 tonnes en 1990 à 145 000 tonnes en 1994. Même si la production du
pays remonte depuis peu, à un niveau proche de celle des trente premières années d’indépendance (186 720 t en 2003),
le pays est descendu à la quatorzième place des producteurs mondiaux, en 2007.
L’essentiel du matériel planté est constitué de Robusta et provient des programmes de sélection génétique. La
production est assurée en majorité par le Haut et le Bas Sassandra (19,8% et 15,1% respectivement), la région des
Montagnes (10,16%) et le Moyen Cavally (10%). D’autres régions du sud du pays assure l’essentiel du reste de la
production, avec des contributions variant de 3% (la Marahoué) à 8,7% (Agnéby). La proportion de café transformée par
l’agro-industrie locale est passée de 3,6% en 2001-2002 à 2% de la production totale en 2003-2004.
Il y a eu peu d’évènement affectant les populations de caféier en culture car même si certaines plantations ont été
abattues avec la chute des cours du café marchand, les plantations qui ont été quasiment abandonnées mais qui ont
repris du service récemment contiennent le même matériel végétal qui avait été vulgarisé dans les années 1960- 70.
1.4.1.3 Le colatier
La production annuelle de noix de kola est estimée à environ 65 000 tonnes en Côte d’Ivoire. Deuxième producteur
mondial de cola après le Nigeria, la production ivoirienne sert à la consommation locale et à l’exportation vers les
pays limitrophes, particulièrement au Mali et au Burkina Faso. Le colatier n’est pas une culture au vrai sens du terme
car la production est assurée par la cueillette dans des parcs naturels entretenus par l’homme. Quelques initiatives
de domestication existent mais restent limitées. Il n’y a pas de statistiques officielles sur la production des différentes
8 Pokou N. D., N’Goran J. A.K., Lachenaud Ph., Eskes A., J.C. Motamayor, R. Schnell, Kolesnikova-Allen M., D. Clément and Sangaré A. 2009. Recurrent selection of
Cocoa populations (Theobroma cacao L.) in Côte-d’Ivoire: comparative genetic diversity after the first cycle. Plant Breeding 128: 514-520.
Pokou N.D., N’goran J.A.K., Eskes A., Motamayor J.C., Schnell R., Kolesnikova-Allen, M. Sangare, A. 2008. Genetic diversity of cocoa (Theobroma cacao L.)
cultivated in farmers’ field in Côte-d’Ivoire. In : International Cocoa Research Conference, San-José, Costa-Rica, 15 (1): 591-598
21
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
régions, mais il est établi que l’essentiel des parcs naturels est situé dans le sud du pays en particulier en pays Attié
(autour d’Anyama).
Le matériel génétique exploité reste sauvage et quasiment inchangé depuis plus de 50 ans. Les arbres naturels ne sont
pas abattus même lorsque les surfaces qu’ils occupent sont affectées à l’agriculture du fait de leur valeur marchande. Il
est à rappeler que le colatier est endémique de l’Afrique de l’Ouest où se déploie toute sa diversité.
1.4.1.4 Le tabac
Malgré son niveau modeste, la Côte d’Ivoire produit environ 1 250 tonnes de tabac par an. Sa culture est localisée vers le
centre et le nord du pays et les variétés exploitées sont toutes introduites. L’essentiel de la production est consommée
par l’industrie locale. Il n’y a pas eu d’étude sur la diversité de l’espèce dans le pays mais on peut dire qu’elle se limite aux
variétés importées. On ne sait presque rien des variétés de tabac à chiquer.
1.4.2.2 Le cocotier
La Côte d’Ivoire est le troisième exportateur mondial de noix de Coco avec une production annuelle dépassant 250 000
tonnes. La production est faite dans les régions du littoral ivoirien, particulièrement autour d’Abidjan et de Grand Bassam.
Le matériel génétique exploité est composé de clones améliorés sélectionnés localement ou introduits et de matériel
tout venant, provenant des plantations de la période coloniale.
La production de caoutchouc a progressé ces dix dernières années pour atteindre environ 189 000 tonnes. Sa culture
est confinée au dessous de l’isohyète 2 000 mm. Une tendance à conquérir de nouveaux espaces pour l’hévéaculture,
existe. La majorité du matériel utilisé dans les plantations industrielles est améliorée, tandis que dans le monde paysan,
on trouve une variété de génotypes tout-venant, dont l’origine est difficile à déterminer. Une très faible portion de la
production est transformée sur place, dans l’industrie de fabrication des matelas. L’essentiel est exporté sous forme de
caoutchouc sec.
Le cotonnier représente la culture de rente la plus importante pour le nord du pays. Sa production est assurée par de
puissantes compagnies cotonnières et par des petits paysans. La majorité du matériel végétal utilisé en exploitation
provient de la recherche. La région des Savanes (64,24%), le Worodougou (19,13%), le Denguélé (7,46%) et la Vallée du
Bandama, étaient les principales régions productrices en 2003.
La guerre ayant sérieusement affecté la culture du cotonnier en Côte d’Ivoire, malgré l’absence d’études fiables, on peu
affirmer que la diversité a subi une forte érosion.
La canne à sucre est produite en majorité en Côte d’Ivoire, par des grandes sociétés industrielles. II existe cependant, une
production paysanne essentiellement groupée autour des grandes plantations. La production nationale s’est maintenue
depuis 1997 autour de 110 000 tonnes par an mais a commencé à chuter à partir de 2002 pour se situer autour de
880 000 tonnes. Une tendance à la reprise est constatée depuis lors. Les clones cultivés sont améliorés mais on trouve
9 ALLOU D., ADON B., SANGARE A. (2008). Molecular variability from two selection of BRT10 population in an inbreeding program of oil palm (Elaeis guineensis
22 Jacq.) in Côte d’Ivoire. African Journal of Biotechnology, 7 (20), pp. 3550-3553.
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
en milieu paysan, des souches dont l’origine reste à déterminer. La diversité n’a pas beaucoup évolué, les clones utilisés
depuis les années 1980, sont toujours exploités dans les grandes plantations.
Comme signalé au paragraphe 1.1.3, une grande diversité d’espèces fruitières est cultivée en Côte d’Ivoire. Ces espèces
sont considérées à la fois comme des cultures alimentaires et d’exportation. L’anacarde est celle dont la production est
presque exclusivement orientée vers l’exportation des graines. Cette production a connu une forte croissance depuis
1997 allant de 35 000 tonnes environ, à plus de 170 000 tonnes aujoud’hui. Le Zanzan (34,7%), la région des Savanes
(19,43%), le N’zi Comé (14%), la Vallée du Bandama (11,2%), le Denguélé (10,66%) et le Worodougou en sont les principaux
producteurs. Les variétés cultivées sont presque toutes importées, particulièrement du Brésil.
Ce paragraphe met en évidence les principales variétés cultivées pour les principales cultures alimentaires et agricoles
de la Côte d’Ivoire. Seuls les taxa, les noms de variétés, les origines (ou pedigree) et les éventuels lieux de conservation
sont précisées ici.
1.5.1.1.1 Le riz
Les variétés de riz retrouvées en culture sur le territoire ivoirien sont récapitulées dans les tableaux 2.a et 2.b. Ce sont des
variétés de provenances améliorées ou traditionnelles d’origine diverse.
TABLEAU 2.a
Variétés de riz traditionnelles ou importées cultivées en Côte d’Ivoire
23
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
TABLEAU 2.b
Variétés de riz améliorées vulgarisées en Côte d’Ivoire
24
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
TABLEAU 3
Variétés de mil, sorgho et maïs cultivées en Côte d’Ivoire
VPNE CNRA
VPNW CNRA Échantillons obtenus à Ferké
VPP CNRA
Sorgho Burkina I CNRA Variété traditionnelle en provenance du Nord de la Côte
(Sorghum bicolor) d’Ivoire et du Burkina Faso
SG3 CNRA
Sinématiali 1 CNRA Variété traditionnelle de Sinématiali
Sinématiali 2 CNRA Variété traditionnelle de Sinématiali
Maïs ACR 94 TZE comp 5-W CNRA
(Zea mays)
ACR 9928-DMR-SR IITA Pop 28- DMR-SR
Across 88 Pool 16 DR CNRA
DMR-ESR W-QPM CYMMIT
DMR-ESR Y CYMMIT
EV 8728-SR CNRA
EV 8730-SR CNRA
EV 8744-SR CNRA
EV 8766-SR-QPM CYMMIT Pop 66-SR-QPM
F 7928 CNRA Pop 28-SR
F 8323-SR CNRA
MTS CNRA Katiola
Obatampa CYMMIT Pop 63-SR
Pool 18 SR QPM CYMMIT Pop 18-SR
S 9243-SR CNRA
STR EV IWD CNRA
25
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
TABLEAU 4
Variétés d’igname et de manioc sélectionnées et diffusées en Côte d’Ivoire
C 18 CNRA
Florido CNRA
Ignames (Dioscorea rotundata) C 20 CNRA
1.5.1.4.1 L’arachide
Trois principales variétés sont vulgarisées : les variétés KH 144 A, KH 144 B et RMP 92 (Dolou Kouassi). Les autres variétés
rencontrées sont des variétés traditionnelles non caractérisées et d’origines inconnues.
1.5.1.4.2 Le piment
Deux variétés de Capsicum annuum (IDSA 97-209 et IDSA 97-213) et huit variétés de Capsicum chinense (IDSA 96-118,
IDSA 96-206, IDSA 96-208, IDSA 97-293, IDSA 97-297, IDSA 97-301, IDSA 97-303 et IDSA 97-402) sont vulgarisées par la
recherche et les agences de développement. On peut retrouver sur le marché d’autres variétés d’origines inconnues.
1.5.2.1 Le caféier
Seuls les hybrides de caféier robusta ont été vulgarisés en Côte d’Ivoire. Les quelques rares exploitation d’hybrides
interspécifiques Coffea canephora sbsp robusta x Coffea arabica sont développées par le CNRA. Le tableau 5 récapitule
les variétés Robusta cultivées en milieu paysan.
26
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
TABLEAU 5
Variétés de caféier robusta cultivées en Côte d’Ivoire
1.5.2.2 Le cacaoyer
Les hybrides de cacaoyers sélectionnés et vulgarisés sont récapitulés dans le tableau 6.
TABLEAU 6
Variétés de cacaoyers sélectionnées et vulgarisées en Côte d’Ivoire
27
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
TABLEAU 7
Populations d’hybrides de palmier à huile sélectionnées et diffusées en Côte d’Ivoire
1.5.2.4 Le cocotier
Seules les variétés PB 121 et PB 113 de Cocos nucifera obtenues par croisement entre les « Grands Ouest Africains » (GOA)
et les « Nains Jaunes de Malaisie » (NJM) sont vulgarisées en Côte d’Ivoire. Il s’agit de populations sélectionnées à partir
de matériel végétal introduit de Malaisie (Institut Prang Besar).
1.5.2.5 L’hévéa
Les clones d’hévéa (Hevea brasiliensis) vulgarisé sont indiqués dans le tableau 8 ci-dessous :
TABLEAU 8
Clones d’hévéa vulgarisés en Côte d’voire
1.5.2.6 Le cotonnier
Le tableau 9 ci-dessous montre les variétés de cotonniers (Gossypium hirsutum) vulgarisées en Côte d’Ivoire :
28
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
TABLEAU 9
Variétés de cotonnier vulgarisées en Côte d’Ivoire
TABLEAU 10
Variétés de fruitiers vulgarisées en Côte d’Ivoire
29
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
Les pressions anthropiques liées à l’accroissement de la population, aux pratiques agricoles extensives néfastes pour
l’environnement et pour les ressources génétiques en particulier (utilisation abusive des pesticides, feux de brousse,
culture itinérante sur brûlis, augmentation des surfaces allouées à l’agriculture industrielle, la déforestation, etc.) affectent
durablement les écosystèmes.
A cela, on peut ajouter les changements climatiques récents et les déficits hydriques subséquents en région de savane,
les fortes pressions parasitaires telles que les viroses, les végétaux aquatiques envahissants dans la région des lagunes,
etc., qui affectent fortement les écosystèmes en Côte d’Ivoire.
ne permet de savoir si ces phénomènes observés se limitent seulement aux grandes agglomérations ou si la tendance
est aussi forte en milieu rural.
32
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
CHAPITRE 2
La conservation in situ est assurée en Côte d’Ivoire, par un dispositif comprenant huit parcs nationaux (1 742 950 ha),
deux réserves de faunes et de flore (238 000 ha), deux réserves intégrales (7 500 ha) et 17 réserves botaniques (231 718
ha). Il constitue un réseau d’espaces protégés réparti sur l’ensemble du territoire national, de manière à représenter un
large échantillonnage des différents écosystèmes rencontrés dans le pays.
Hormis ces espaces protégés, un programme d’aménagement forestier permet de concilier la mise en valeur de la
production ligneuse et les préoccupations écologiques. Ce programme privilégie la protection des arbres forestiers des
75 principales essences d’importance économique et leur régénération naturelle. Les dispositifs d’aménagement sont
installés dans les zones forestières fermées, en zone de forêt sempervirente (forêts classées de Yapo et d’Irobo), en zone
de forêt dense semi-décidue (forêt classée de Téné) et en zone de transition entre les deux formations phytoécologiques
(forêt classée de Mopri). Des dispositifs similaires sont entrain d’être installés en zone de savane.
Il est à noter l’existence en Côte d’Ivoire, du seul échantillon préservé de la forêt dense d’Afrique Occidentale: le parc
national de Taï.
Pour ce qui concerne les ressources phytogénétiques spécifiques à l’agriculture et à l’alimentation, il n’y a pas de
démarche particulière pour leur conservation in situ. Seules certaines espèces sauvages d’ignames ont bénéficié
d’initiatives tendant à les conserver sur leurs sites naturels (cas du Foro-foro, aire naturelle située au nord de la ville de
Bouaké, où l’ex-IDESSA conservait des ignames sauvages). L’état de ce site naturel n’a pas été évalué après la guerre.
Aucune étude sérieuse n’a été menée en Côte d’Ivoire pour faire l’état de la conservation en milieu paysan des ressources
phytogénétiques utiles à l’alimentation et l’agriculture, ni n’a été conduite sur les ressources phytogénétiques sauvages
pour l’alimentation et l’agriculture conservées dans les aires protégées. S’il est certain que cette forme de conservation
a existé et a contribué à préserver l’essentiel de la diversité génétique jusqu’alors, son rôle actuel et sa contribution au
maintien ou à l’amélioration de l’agro-biodiversité sont inconnus.
On suppose que ce rôle continue d’être pertinent du fait que le paysan continue de fournir des ressources pour
combler les lacunes et reconstituer les collections officielles. Cependant, les collectes récentes effectuées pour l’igname,
le taro, le riz, etc. indiquent une raréfaction de ces ressources en milieu paysan, ce qui se traduit par la disparition de
certaines variétés.
L’absence de données fiables sur la conservation en champs des RPGAA est une faiblesse du dispositif de gestion de
ces ressources en Côte d’Ivoire qu’il convient de combler.
33
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
CHAPITRE 3
Le nombre d’accessions de riz (O. sativa subsp. indica et japonica) conservé dans les stations de recherche a significativement
baissé en Côte d’Ivoire depuis le dernier état des lieux. Il est passé de 9 675 (IDESSA, 1996) à 1 037 (CNRA, 2009), soit
une perte d’environ 90%. Ces chiffres ne prennent pas en compte la collection internationale conservée par l’ADRAO qui
comportait environ 20 000 accessions (O. sativa, O. glaberrima, O. longistaminata, O. barhtii, O. stafii) et qui a été transférée
à l’IITA, à la suite des évènements de 2002. En réalité, la collection actuelle conservée, à court terme, à la station de
recherche de Gagnoa du CNRA, est le fruit d’une opération de reconstitution du germplasm détruit au cours de la guerre.
Entamé depuis 2004, par le CNRA, le projet FISDES, initié en 2008, est devenu la cheville ouvrière de cette opération. De
gros efforts seront à déployer pour assurer la gestion de ces collections (duplication, régénération, maintien de la viabilité
des semences, contrôle de l’intégrité, etc.). Le projet FISDES investit dans la réhabilitation de certaines infrastructures de
conservation mais la priorité dans ce domaine devra concerner le déploiement de plus de personnel pour la gestion des
collections.
La diversité génétique contenue dans la collection de 1996 ainsi que celle de la nouvelle collection de 2008, n’a pas
été totalement évaluée, mais la perte quantitative des accessions de riz, entre 1996 et 2009, traduit aussi une forte perte
en diversité génétique.
En dehors des structures de recherche, le Programme National Riz (PNR), piloté par le Ministère de l’Agriculture, et
l’Association Nationale des Riziculteurs de Côte d’Ivoire (ANARIZ-CI), conservent des variétés vulgarisées et/ou introduites
de riz. Le PNR conserve à long terme, dans des chambres froides, 46 variétés dont 39 constituées de variétés sélectionnées
du CNRA ou de l’ADRAO ainsi que de variétés locales et 7 variétés importées directement par les filières privées (Egypte,
USA, Chine, Japon). Ces collections sont régulièrement entretenues. Pour sa part, l’ANARIZ-CI gère à court terme, 30
variétés améliorées d’origines ivoiriennes. L’entretien des installations de conservation y est passable.
3.1.2.1 Le manioc
Le nombre d’accessions de manioc (Manihot esculenta) dans les institutions de recherche a augmenté de 35% entre 1996
(IDESSA) et 2009 (CNRA). La collection actuelle, entretenue au champ, à Adiopodoumé (banlieue d’Abidjan), comporte
des cultivars traditionnels (192 accessions), des variétés développées en Côte d’Ivoire (67) et des variétés améliorées,
introduites de l’IITA (101), du Congo (5), Kenya (6), Madagascar (9), République Centrafricaine (19) et du Togo (8), soit un
total de 407 accessions. Cette collection est entretenue et régénérée régulièrement mais elle fait face à des pressions
biotiques (viroses, ravageurs et maladies fongiques) qui nécessitent qu’elle soit dupliquée entièrement in vitro.
La singularité des ressources génétiques de manioc tient au fait que la collection a pu être sauvée pendant la période
de guerre et dupliquée à Adiopodoumé. Elle a ensuite été enrichie par des introductions, en particulier en provenance
de l’IITA. Aucune autre collection n’est entretenue en Côte d’Ivoire en dehors de celle du CNRA.
On peut estimer que globalement la diversité génétique de la collection de manioc du CNRA s’est améliorée même si,
qualitativement, certaines variétés locales ont disparu à la fois de la collection et chez le paysan.
34
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
3.1.2.2 L’igname
La collection d’igname actuelle du CNRA, constituée des anciennes collections de l’IDESSA et de l’Université de Cocody,
est composée d’accessions de Dioscorea praehensilis (2), D. mangenotiana (11), D. munitiflora (1), D. alata (164), D.
cayenensis (45), D. rotundata (191), D. abyssinica (3), D.bulbifera (5), D. dumetorum (3), D. esculenta (3), D. shimperiana
(1), D. togoensis (7). Elle comporte en outre des hybrides interspécifiques D. rotundata var. krengle x D. praehensilis (99)
et intraspécifique D. alata (42), soit un total de 577 accessions. Le nombre d’accessions a presque doublé entre 1996 et
2009. Comme celle du manioc, la collection d’igname du CNRA, conservée au champ, a pu être sauvée en 2002. Elle avait
auparavant été enrichie par la création de nouveaux hybrides et l’introduction de nouvelles accessions. 500 accessions
au champ et 340 in vitro, sont régulièrement entretenues et régénérées à Adiopodoumé. On a assisté à la fois, à la perte
de certaines accessions et à l’enrichissement par de nouvelles, qualitativement différentes. Certaines variétés locales
n’ont pas survécu à la mise en collection in vitro. De nouvelles prospections, en milieu paysan, s’imposent, pour retrouver
les variétés disparues.
3.1.2.3 Le taro
La collection de taro est conservée par l’Université de Cocody-Abidjan, dans des parcelles, au Centre National de Floristique.
Son état de conservation n’est pas brillant et son duplicata, planté à Adiopodoumé, a été entièrement détruit.
Il y a une urgente nécessité de refaire les prospections, à l’intérieur du pays et dans la sous-région, pour reconstituer la
collection. En outre, Il y a lieu, de dupliquer la collection de l’Université au CNRA.
Les cultures maraîchères et protéagineuses font l’objet d’une gestion commune au CNRA et sont conservées par le
même programme de recherche. Pour l’essentiel, ces collections, qui étaient localisées au centre et au nord de la Côte
d’Ivoire, ont été durement touchées par le conflit armé de 2002. Certaines ont été dévastées mais d’autres n’ont pas été
totalement détruites bien qu’elles aient subi de fortes dégradations, sources de perte de diversité génétique.
Les collections reconstituées, maintenues au champ, sont composées d’accessions :
1. introduites récemment des institutions internationales de recherche (IITA, ICRISAT, AVRDC) et des institutions de
recherche des pays amis (Brésil, USA, France, Hongrie, Taiwan) ;
2. rescapées des collections pré existantes et
3. de nouvelles prospections à l’intérieur du pays.
35
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
TABLEAU 11.a
Collection d’espèces maraîchères et de protéagineux du CNRA
Nom du taxon Nom commun Origine des échantillons Statut des Nombre
variétés/ cultivars d’échantillons
Protéagineux
Vigna unguiculata Niébé IITA Améliorés 36
Côte d’Ivoire Traditionnels 132
Arachis hypogea Arachide ICRISAT Améliorés 37
Côte d’Ivoire Locales 82
Glycine max Soja Brésil, USA, IITA Améliorés 28
Phaseolus vulgaris Haricot vert France Améliorés 1
Maraîchères
Abelmochus sp. Gombo Côte d’Ivoire, Afrique Traditionnels 241
Cucumis melo Lomi Ngattè Côte d’Ivoire Traditionnels 23
Cucumis sativus Concombre Hongrie Amélioré 5
Citrillus lanatus Pistache Côte d’Ivoire Traditionnels 17
Cucumeropsis manii Nviellè Côte d’Ivoire Traditionnels 22
Solanum aethiopicum Aubergine Côte d’Ivoire Traditionnels 19
Daucus carota Carotte Hongrie Améliorés 2
Brassica napus Chou AVRDC, Taiwan Améliorés 5
Coccina grandis Ivy gourd AVRDC, Taiwan Amélioré 1
Lactuca sativa Laitue AVRDC, Hongrie Améliorés 3
Allium cepa Oignon AVRDC, Hongrie Améliorés 6
Capsicum sp. Piment AVRDC, Hongrie, Améliorés 54
Bénin Traditionnels 3
Allium porum Poireau Hongrie Amélioré 1
Raphanus sativus Radis Hongrie Améliorés 2
Solanum lycopersicum Tomate AVRDC, Hongrie Améliorés 43
L’université d’Abobo-Adjamé détient aussi des collections de cucurbites et de protéagineux, conservés au champ, à
court terme (Tableau 11.b).
TABLEAU 11.b
Collection de protéagineux et cucurbites de l’Université d’Abobo- Adjamé
Nom du taxon Nom commun Origine des Statut des Nombre d’échantillons
échantillons variétés
Protéagineux
Vigna subterraneaa Voandzou, Pois bambara Burkina Faso Traditionnelles 10
Côte d’Ivoire Traditionnelles 116
Cucurbites
Cucumis melo subsp agrestis Lomi Ngattè Côte d’Ivoire Traditionnelles 33
Citrillus lanatus Pistache Côte d’Ivoire Traditionnelles 122
Nigeria Traditionnelles 12
Bénin Traditionnelles 2
Cucumeropsis manii Nviellè Côte d’Ivoire Traditionnelles 86
Lagenaria siceraria Gourde olégineuse Côte d’Ivoire Traditionnelles 131
Cucurbita moschata Ngando Côte d’Ivoire Traditionnelles 11
36
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
L’état de la collection d’aubergines de l’Université de Cocody-Abidjan est mal connu, mais de nombreux indices
montrent qu’elle a presque entièrement disparue faute de régénération et de mesures de conservation adéquates.
De nombreuses variétés de protéagineux et d’espèces maraîchères sont rencontrées dans le commerce et dans les
parcelles d’agriculture urbaine et périurbaine en Côte d’Ivoire. Cependant, aucune étude sérieuse n’a été menée, pour
évaluer l’état de la diversité et des modes de conservation, de multiplication et de distribution des semences.
La collection d’espèces fourragères du CNRA et celle qui avait été transférée de l’ORSTOM (actuel IRD) ont été entièrement
détruites au cours de la guerre de 2002. Les efforts de reconstitution sont en cours, avec l’aide du projet d’appui à la gestion
des espèces fourragères (PAGEF), conduit par le Ministère de la Production Animale et des Ressources Halieutiques. Cette
reconstitution est faite à partir des parcelles d’introduction des espèces améliorées, dans les zones d’élevage des localités
de Toumodi et de Yamoussoukro.
3.2.1.1 Le caféier
Le CNRA détient une des meilleures collections de caféiers sauvages au monde, conservée au champ (Tableau 12). La
collection contient également, des variétés améliorées ou en voie de stabilisation, issues des programmes locaux de
sélection (Tableau 13). La collection, forte de 10 437 génotypes, est mise en conservation à long terme sur les sites de
Divo et de Man.
TABLEAU 12
Collection des ressources génétiques de caféiers sauvages du CNRA
37
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
TABLEAU 13
Collection de variétés et d’hybrides de caféier du CNRA
3.2.1.2 Le cacaoyer
La collection de cacaoyer a également un statut international. Elle comporte des accessions sauvages (Tableau 14) ainsi
que des variétés améliorées (Tableau 15), conservées pour le long terme au champ.
38
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
TABLEAU 14
Collection de cacaoyers sauvages du CNRA
TABLEAU 15
Collection de variétés sélectionnées de cacaoyers du CNRA
39
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
3.2.1.3 Le colatier
La collection de colatier est demeurée inchangée depuis les dernières évaluations car il n’y a pas eu d’introduction ni
d’abattage. Elle est constituée de 130 génotypes provenant de prospections à l’intérieur du pays et d’introductions
faites à partir de la Guinée et du Nigeria. Ces accessions sont conservées à Bingerville et Abengourou. Aucune étude
de caractérisation n’est effectuée sur cette collection. Il est à signaler que la collection de Bingerville a été entièrement
détruite.
TABLEAU 16
Collection de palmier à huile du CNRA
40
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
3.2.2.2 Le cocotier
La collection de cocotier du CNRA a un statut mondial et fait partie du réseau des collections du COGENT, abritant les
populations dupliquées pour la plupart, dans d’autres centres de recherche à travers le monde. Elle n’a pas cessé de
s’enrichir depuis 1996 et comporte aujourd’hui des populations améliorées en provenance de : Cambodge (10 accessions),
Nouvelle Guinée (5), Fidji (2), Polynésie Française (3), Inde (5), Indonésie (4), Panama (2), Comores (1), Mozambique (1),
Philippines (6), Sri lanka (2), Brésil (1), Thaïlande (4), Tonga (3), Vanuatu (1), Malaisie (4), Guinée équatoriale (1), Ghana
(1), Cameroun (2), Iles Salomon (1), Grand Rennell (1), Bénin (1), Côte d’Ivoire (3), Papouasie Nouvelle Guinée (4). Elle
renferme aussi 33 populations créées en Côte d’Ivoire, parmi lesquelles 2 hybrides très productifs. Ces dernières ne sont
pas encore dupliquées.
La collection a été bien caractérisée et les données concernant 88 accessions, dont 2 tolérantes au jaunissement mortel,
sont introduites dans les bases de données internationales (Coconut Genetic Resources Database : CGRD ; Coconut Data
Management : CDM).
Cette collection, en conservation à long terme, au champ, est très bien entretenue. Des efforts sont menés pour
améliorer la conservation in vitro à travers la culture d’embryons.
La collection d’hévéa du CNRA est forte de 3 953 génotypes, dont 522 clones sélectionnés et 3 431 génotypes sauvages,
tous conservés à long terme, au champ.
Les introductions de populations sauvages sont composées de :
1. Hevea pauciflora collecté au Pérou (1 accession)
2. Hevea benthamiana du Rio Negro (2)
3. Hevea spruceana du Costa Rica (1)
4. Hevea brasiliensis provenant du :
4.1 Pérou : région de Madre de Dios (18 génotypes)
4.2 Brésil : régions de l’Acre et Rondonia (première prospection de 39 génotypes), Amazonas (24), Acre, Rondonia,
Mato Grosso (deuxième prospection de 2 371)
4.3 Colombie : régions de Palmira et Calima (658 génotypes)
4.4 Guadeloupe (130 accessions)
4.5 Malaisie : collection du RRIM (187 accessions)
Les populations améliorées comportent des clones sélectionnés en Côte d’Ivoire (331 accessions) et des clones
introduits d’extrême Orient et d’autres pays Africains (191 accessions).
41
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
De nombreuses variétés crées par l’ex-IDESSA ont été complètement et définitivement détruites pendant la guerre.
Elles sont en cours de reconstitution par des prospections et des collectes sur les parcelles des paysans en partenariat
avec la filière.
La collection de canne à sucre (Saccharum officinarum) du CNRA est composée d’une population d’accessions collectées
en milieu paysan en Côte d’Ivoire (30 accessions) et de cultivars améliorées introduites à partir de la collection du CIRAD,
France (600 accessions). Elle est conservée au champ, pour la multiplication et la conservation à long terme. La plupart
de ces ressources génétiques sont détenues par les complexes agroindustriels de Ferké et de Borotou.
3.2.6.1 L’ananas
La collection d’ananas du CNRA contient 6 espèces sauvages : Ananas ananassoides (13 accessions) ; Ananas bracteatus
(11) ; Ananas lucidus (3) ; Ananas paraguazensis (9) ; Ananas nanus (1) et Ananas sp. (68).
Elle comporte en majorité des clones sélectionnés d’Ananas comosus de diverses provenances, récapitulés dans le
Tableau 17.
TABLEAU 17
Variétés améliorées d’Ananas comosus de la collection du CNRA
TABLEAU 18
Composition de la collection des Fruitiers du CNRA
3.3 État des collections des ressources génétiques forestières utiles à l’alimentation
et l’agriculture
Dans le cadre des programmes de première génération, le CNRA n’a pas retenu de programme formel concernant les
plantes alimentaires sauvages. Toutefois, des initiatives personnelles ont été entreprises. Elles ont permis de recueillir
et de mettre en collection les espèces prospectées. Ainsi, 22 espèces ont été prospectées dans le centre-ouest et
conservées au CNRA, à Oumé. Les principales espèces étant : Irvingia gabonensis (Kplé), Ricinodendron heudelotii (Akpi),
Tieghemella heckellii (Makoré), Tarrieta utilis (Niangon), Spondias monbin (Monbin), Detarium senegalense (Bodo), Parinari
exelsa (Sougué), Parkia bicolor (Loh), Dacryoides klaineana (Adjouaba), Landolphia hirsuta (Amanin), Donela pruniformis
(Boa), Gambeya dolovoyi (Akatio) et Ceiba pentandra (Fromager). De même, 20 espèces ont été collectées dans la région
de savane du nord et conservées au CNRA, à Lataha, sur le site de Diabaté Kamonon (N’klo, 200110) et 30 espèces
répertoriées dans les régions du Sud (Abidjan et Agboville), du Centre-Ouest (Divo, Oumé) et du Sud-est (Aboisso), et
mises en collection au CNRA, à Azaguié (Djaha et al., 199711).
Par ailleurs, un inventaire des plantes alimentaires vendues sur les marchés, réalisé sous l’égide du PNUD et de la FAO
(Angaman et al. 2001) a révélé que les plantes alimentaires sauvages (feuilles, fruits et graines), continuent de contribuer
de manière significative à l’alimentation des populations des grandes villes de la Côte d’Ivoire, comme Abidjan.
Une enquête diagnostique pluridisciplinaire a été effectuée dans les périmètres maraîchers d’Abidjan et de
Yamoussoukro dans le but de caractériser les systèmes de cultures et de production des légumes feuilles en Côte
d’ Ivoire, de janvier à août 200612. Plus de 26 espèces de légumes feuilles ont été inventoriées dans le maraîchage urbain et
périurbain d’Abidjan et de Yamoussoukro. Ces espèces dénommées sous 20 noms communs appartiennent à 16 familles
10 N’Klo, O. (2001): Situation des Ressources Génétiques Forestières de la Côte-d’Ivoire (Zone de savanes). Atelier sous-régional FAO/IPGRI/ICRAF sur la
conservation, la gestion, l’utilisation durable et la mise en valeur des ressources génétiques forestières de la zone sahélienne (Ouagadougou, 22-24 sept. 1998).
Note thématique sur les ressources génétiques forestières. Document FGR/5F. Département des Forêts, FAO, Rome, Italie.
11 Djaha, A., Oualou, K., Aman, K., Atindehou, K (1997): Contribution à l’inventaire, à l’étude et à la valorisation des espèces fruitières sauvages des forêts et des
savanes de Côte-d’Ivoire. AISA, Rapport d’activités, 51p.
12 NZI Jean Claude 2008 -Inventaire, caractérisation et sélection des légumes feuilles du maraichage urbain et périurbain d’Abidjan et de Yamoussoukro. Bilan
44 des activités du projet Fis/Coraf. Rapport CNRA, 13 p.
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
botaniques. Une caractérisation sommaire des accessions de ces espèces a été faite et a porté sur la différentiation des
organes végétatifs (couleur de la tige, taille, aspect des feuilles, etc.), la floraison, la fructification et le cycle de production
(Tableau 19).
TABLEAU 19
Accessions des différentes espèces caractérisées en station
L’état des lieux des ressources génétiques forestières dressé dans le cadre du premier rapport sur les RPGAA en Côte
d’Ivoire (1996), reste d’actualité en ce qui concerne les ressources phytogénétiques sauvages utilisées pour l’alimentation,
l’agroforesterie, l’industrie du bois, la cosmétique, la médecine, etc. En réalité, aucune étude globale n’a été menée,
depuis cette période, pour évaluer le statut actuel de ces espèces. Ainsi, l’on doit donc considérer qu’il y a toujours, en
Côte d’Ivoire, 367 espèces, dont l’utilité est avérée, parmi lesquelles, 139 interviennent dans l’alimentation humaine
et animale (Annexe 1). Parmi ces plantes forestières alimentaires, neuf (9) sont menacées de disparition du fait de la
forte pression anthropique qu’elles subissent : Ancistrophyllum secundiflorum, Brassica integrifolia, Dioscorea burkilliana,
Diospyros tricolor, Ensete gilletii, Entada gigas, Entada pursaetha, Irvingia grandifolia, Lannea nigritana var. Pubescens.
Trois (3) sont classés comme étant en voie de disparition (Digitaria exilis, Kerstingiellia geocarpa, Voandzeia subterranea).
Euleusine coracana (Poacea) mérite une attention particulière, autrefois rencontré au nord du pays, certains auteurs
pensent qu’elle y a disparu.
Lors du recensement des ressources génétiques conduite en 2001, dans les zones de savane, N’klo13 a identifié trois
catégories de plantes alimentaires : celles dont les fruits sont consommés à l’état frais (11 espèces), celles dont les fruits
sont consommés après cuisson ou séchage (6 espèces) et celles dont la pulpe ou la graine est utilisable dans l’industrie
(3 espèces). Sept (07) d’entre elles occupent une place prépondérante, au plan socio-économique, pour les populations
du Nord : Parkia biglobosa (Néré), Adansonia digitata (Baobab), Vitellaria paradoxa (Karité), Pentadesma butyracea, Carapa
procera, Tamarindus indica (Tomi) et Blighia sapida. La pulpe et la graine ou l’amande de ces plantes sont utilisées aussi
bien dans l’alimentation (condiments ou boisson) que dans la cosmétique et dans l’industrie pharmaceutique.
Peu d’études sur la diversité génétique intra-spécifique ont été menées sur les espèces forestières alimentaires. Seul le
karité (Butyrospermum paradoxum susp. Parkii, appelé maintenant Vitellaria paradoxa), a fait l’objet d’études.
13 N’Klo, O. (2001): Situation des Ressources Génétiques Forestières de la Côte-d’Ivoire (Zone de savanes). Atelier sous-régional FAO/IPGRI/ICRAF sur la
conservation, la gestion, l’utilisation durable et la mise en valeur des ressources génétiques forestières de la zone sahélienne (Ouagadougou, 22-24 sept. 1998).
Note thématique sur les ressources génétiques forestières. Doc FGR/5F. Dépt des Forêts, FAO, Rome, Italie.
45
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
3.4.1.1.1 Le riz
Les variétés de riz cultivées actuellement sur le territoire ivoirien sont récapitulées dans le tableau 20. Ce sont des variétés
traditionnelles ou améliorées de diverses provenances.
TABLEAU 20
Variétés de riz cultivées en Côte d’Ivoire
TABLEAU 21
Variétés de mil, sorgho et maïs cultivées en Côte d’Ivoire
46
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
47
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
TABLEAU 22
Principales variétés d’igname et de manioc cultivées en Côte d’Ivoire
Espèce Nom de la variété Origine Lieu de conservation
Igname C18 CNRA CNRA
C20 CNRA CNRA
NDRBD10 IITA CNRA
TDR205 IITA CNRA
TDR231 IITA CNRA
Manioc IM 84 CNRA CNRA
IM 89 CNRA CNRA
IM93 CNRA CNRA
TMS 4(2)1425 IITA CNRA
TMS 30 572 IITA CNRA
CM 52 CNRA CNRA
I88/00158 CNRA CNRA
96 20A CNRA CNRA
TMS 20 395 IITA CNRA
TMS 30 555 IITA CNRA
7901 CNRA CNRA
IM 88 CNRA CNRA
TMS 30 555 P3 IITA CNRA
TMS 60 142 IITA CNRA
Ka 13 CNRA CNRA
48
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
CHAPITRE 4
Les cultures pour lesquelles les collections de ressources génétiques ont été les plus sollicitées pour l’amélioration
variétale sont : l’hévéa, le palmier à huile, le cocotier, le cotonnier, le maïs, la canne à sucre, le caféier, le cacaoyer, le
plantain, le bananier et l’ananas. Le nombre de chercheurs impliqués dans l’amélioration variétale varie de 2 à 10
chercheurs, par espèce végétale considérée.
La production agricole du pays provenant encore, essentiellement d’exploitations familiales paysannes, on note une
forte utilisation, en l’état, des ressources phytogénétiques.
Les programmes nationaux de sélection sont axés sur l’amélioration génétique des variétés locales, d’une part et,
l’analyse des performances des variétés modernes introduites, d’autre part. Dans certains cas, les variétés introduites
ou provenances, sont utilisées pour transférer, aux variétés locales, des caractères économiques intéressants, telles que
la résistance aux pathogènes, l’amélioration des qualités organoleptiques et/ou technologiques, etc. Pour certaines
cultures, l’élargissement de la base génétique est recherché pour, à la fois, rehausser les niveaux de productivité et se
préserver du danger lié à la culture de génotypes identiques. C’est le cas de l’hévéa. Les programmes de sélection visent
à atteindre l’autosuffisance.
Les instituts de recherche qui élaborent et exécutent les projets d’amélioration des RPGAA, participent activement
à l’élaboration des programmes nationaux en partenariat avec des institutions sous régionale set internationales et
travaillent, en conséquence, à l’atteinte des objectifs desdits programmes.
Au cours de la période 1996-2006, des acquis importants ont été obtenus, tant dans l’enrichissement des collections
préexistantes, la caractérisation d’une partie du germplasm, que dans l’utilisation de certaines ressources dans les
schémas de création variétale. Cependant, seules certaines spéculations ont bénéficié d’activités soutenues. Pour les
raisons qui sont invoquées au chapitre 3.2, la gestion des ressources génétiques n’a pas été à la hauteur des prévisions.
Les acquis majeurs, publiés par le CNRA en 2004, sont résumés dans le tableau 23.
Pour ce qui concerne l’utilisation en l’état des ressources phytogénétiques par la paysannerie et la vulgarisation
des variétés améliorées, ces activités sont assurées par les sociétés d’état (ANADER), qui dépendent généralement
du Ministère de l’agriculture. L’essentiel de la production nationale ivoirienne provient de l’agriculture paysanne. Des
acteurs clés sont apparus ces dix dernières années et sont impliqués dans la conservation, la vulgarisation et l’utilisation
des variétés améliorées ou traditionnelles, avec pour objectif final, l’amélioration de l’utilisation des ressources en vue de
réduire la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Il s’agit en particulier des associations : l’ANARIZ- CI, le REPROVI-CI, l’OVDL,
la FENACOVI-CI et les initiatives-programmes comme le PNR, etc.
Les activités d’amélioration génétique des espèces forestières domiciliées au CNRA, n’ont pas continué durant la période
1996- 2006. Cependant, suite à de nombreuses requêtes de la part des utilisateurs, la recherche forestière a repris, dans
le cadre d’un programme spécifique du CNRA.
Un inventaire des espèces fruitières sauvages des départements d’Aboisso, d’Agboville, d’Abidjan, de Divo et d’Oumé,
a été réalisé par des chercheurs du CNRA (ex-IDEFOR) et de l’Université de Cocody, sous l’égide de l’AISA. Une trentaine
d’espèces a été collectée et mise en étude (Djaha et al., 1997). Les vingt deux espèces alimentaires spontanées introduites à
la Station de Recherche du CNRA de Oumé (cf. chapitre 5.3) sont à l’étude. Les principales espèces sont : Irvingia gabonensis
(Kplé), Ricinodendron heudelotii (Akpi), Tieghemella heckellii (Makoré), Tarrieta utilis (Niangon), Spondias monbin (Monbin),
Detarium senegalense (Bodo), Parinari exelsa (Sougué), Parkia bicolor (Loh), Dacryoides klaineana (Adjouaba), Landolphia
hirsuta (Amanin), Donela pruniformis (Boa), Gambeya dolovoyi (Akatio) et Ceiba pentandra (Fromager).
49
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
Un inventaire des espèces alimentaires spontanées du département d’Oumé a été effectué. Les principales espèces
rencontrées, leur écologie, les organes consommées ainsi que le mode de consommation (frais, cuits, etc.) ont été présentés.
Un inventaire similaire est en cours de réalisation dans la zone écologique de Gagnoa. Cet inventaire sera complété par
l’analyse biochimique des organes consommés et la domestication de quelques espèces prioritaires. La domestication
portera sur le mode de reproduction (semis/bouturage), les prétraitements à appliquer aux graines (trempage, durée
du trempage, etc.), la production de matériel végétal sur planche ou en sachets et le suivi du comportement des jeunes
plants, en association avec les principales cultures de la région (riz, cacao, maïs, etc.).
Des études conduites sur Thaumatococcus daniellii à la Station du CNRA de Bimbresso, ont montré que la pollinisation
est essentiellement assurée par des insectes (Mangara, 2001). Il s’agissait de comprendre le mode de reproduction chez
cette plante en vue d’envisager un schéma de sélection et d’amélioration. Dans le même sens, des études génétiques
entreprises sur une population de karité (CNRA/Korhogo) ont permis d’analyser et de valider la performance de certains
critères agromorphologiques de sélection (Nafan, 2001).
Les principaux obstacles à l’utilisation des ressources génétiques est le manque d’information et de sensibilisation
des acteurs du monde rural. A la différence des cultures pérennes, pour lesquelles existent de véritables coopératives,
des associations et des structures agroindustrielles consommatrices des produits de la recherche, les acteurs opérant
dans le secteur des cultures vivrières ne sont pas organisés et ne disposent pas de structures fiables, pouvant servir
d’interlocutrices auprès de la recherche. En somme, ces acteurs sont livrés à eux-mêmes, ce qui se caractérise par un
taux d’adoption très faible, de l’ordre de 10%, des nouvelles variétés très productives, dû à des considérations d’ordre
économique.
L’évaluation des besoins a fait ressortir un manque de structure de production de semences, notamment en ce qui
concerne les cultures vivrières, un manque d’organisation interprofessionnelle au niveau des filières agricoles pour une
prise en charge optimale.
TABLEAU 23
Situation sur l’état de l’utilisation des RPGAA dans la mise en œuvre des programmes de recherche du CNRA
Actions d’utilisation
Ressources Création Prospections, Mise en Développement Documentation Caractérisation ; Transfert de
variétale Introductions place de des capacités en évaluation technologies
descendants production de
semences
Cacaoyer 14 clones à haut 26 clones ICGT 15 hybrides Base de données 18 descendants
rendement précoces sur l’état du verger pour l’évaluation
et à haute ivoirien à la résistance
16 clones Prospection productivité aux Mirides et à
résistants à dans la dont 7 issus Phytophtora
Phytophtora cacaoyère de la SSR
ivoirienne et
12 clones adaptés introduction de
à la culture à forte descendants
densité d’arbres
12 clones à
bonne valeur
technologique
Caféier 7 nouveaux 8 combinaisons de Détermination
clones Canephora Canephora mis en des
à haut rendement place caractéristiques
technologiques
12 Arabusta à du café de l’Ouest
bon niveau de ivoirien
production
Canne à sucre 3 variétés 111 variétés
prometteuses introduites
50
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
Actions d’utilisation
Ressources Création Prospections, Mise en Développement Documentation Caractérisation ; Transfert de
variétale Introductions place de des capacités en évaluation technologies
descendants production de
semences
Cocotier 99 accessions Caractéristiques 88 accessions La culture
de toute de 88 accessions caractérisés in vitro de
la zone introduites l’embryon
intertropicale dans la base Identification et de
de données de 2 variétés l’inflorescence
2 hybrides internationale sur tolérantes au est maîtrisée
hauts le cocotier jaunissement
producteurs mortel
Cotonnier 1 nouvelle variété 3 variétés 10 variétés
de coton à fibre caractérisées en cours de
colorée a enrichi vulgarisation
le germplasm dont 2
« glandless »
Fruitiers divers Maîtrise de la
production de
plants et de
semences de
nombreuses
espèces
Hévéa Mise au point Fiche de 5 clones Les 5 clones
de méthodes de recommandation caractérisés dont caractérisés
contrôle de la clonale un introduit ont été
conformité clonale réactualisée vulgarisés
Palmier à huile 2 000 nouveaux 150 Maîtrise de la Hybrides E.
géniteurs descendants production oleifera x E.
provenant de du 3ème cycle de semences guineensis
la SSR de SSR mis en sélectionnées en cours
pépinière et certifiées d’évaluation pour
(civ compris) le « nanisme»
Riz Caractérisation
technologique et
nutritionnelle de
11 variétés
Maïs Mise au point de Production Identification de Vulgarisation
variétés de semences variétés précoces de plusieurs
communautaires dont certaines variétés
sont résistantes
au Striga
Sorgho Identification de Vulgarisation
variétés à cycles de plusieurs
courts et à cycles variétés
longs
Mil Vulgarisation
de plusieurs
variétés
Igname 6 variétés 16 clones de
améliorées D. alata en
évaluation pour
20 clones la résistance à
prometteurs l’anthracnose
sélectionnés
Manioc 5 variétés
améliorées
Spontanées Technique de
multiplication
de 4 spontanées
alimentaires
menacées de
disparition maîtrisée
Légumineuses Unité de production Caractérisation
d’inoculum pour les agro
légumineuses mis physiologique de
en place 6 légumineuses
tropicales
Amélioration des
méthodes de
conservation des
graines de soja
Fourragères Valeur alimentaire
des pâturages
de 2 espèces
déterminée
51
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
CHAPITRE 5
Les RPGAA sont, pour la plupart, gérées par le Centre National de Recherche Agronomique de Côte d’Ivoire (CNRA). Cette
institution émane de la fusion des deux institutions principales qui géraient les RPGAA en 1996 : l’Institut des Savanes
(IDESSA) et l’Institut des Forêts (IDEFOR).
D’autres institutions de recherche telles que le Centre Suisse de Recherche Scientifique (CSRS) et le Centre National
de Floristique (CNF), possèdent des collections de travail sur des ressources particulières. Le CSRS gère, par exemple, des
variétés améliorées d’igname et de manioc issues en général, des programmes de sélection variétale conduits dans les
centres internationaux de recherche (IITA). Le CSRS procède souvent à des tests multilocaux dont le but est de favoriser
l’adoption des variétés performantes. Les données sur le niveau d’adoption des différentes variétés ainsi que leur
répartition sur le territoire sont rares. Le CNF est spécialisé sur les espèces forestières et gère un jardin botanique constitué
d’espèces utiles ou devenues rares. Certaines ressources sylvicoles sont aussi gérées par la Société de Développement
des Forêts (SODEFOR).
La Côte d’Ivoire abrite également l’Association pour le Développement de la Riziculture en Afrique de l’Ouest (ADRAO,
en anglais WARDA, devenu le Centre Africain du Riz, CAR/ARC), qui détient une importante collection des riz africains
et d’hybrides interspécifiques, développés dans le cadre des programmes d’amélioration génétique conduits dans cet
institut. Suite au conflit armé que le pays a vécu, en 2002, la collection de riz de l’ADRAO a été intégralement transférée
au Bénin.
D’autres collections, de moindre envergure, sont détenues par les Universités de Cocody-Abidjan (Taro) et d’Abobo-
Adjamé (Cucurbites et autres cultures vivrières).
A côté de ces institutions principales, de nombreuses collections privées de travail existent, pour plusieurs espèces,
mais l’accès aux informations concernant ces collections est très difficile de par leur statut privé et de leur caractère
stratégique au plan commercial.
Les activités de recherche du CNRA sont structurées en 22 programmes, conduits dans 13 stations spécialisées de
recherche et 2 laboratoires centraux, repartis dans cinq Directions régionales. Dirigés par des Chefs de Programmes,
les programmes concernent les cultures pérennes (Café, Cacao, Cola, Palmier à huile, Cocotier, Hévéa, Fruitiers divers,
Bananes, ananas et ornementales), les cultures annuelles (Riz, Maïs, mil, sorgho, les plantes à racines et tubercules, le
cotonnier, la canne à sucre, les maraîchers et protéagineux), les productions animales (Ruminants, Élevages à cycles
courts, production fourragère, pêche continentale et aquaculture), les systèmes de production (forêt, savane, montagne
et bas fonds) ainsi que la recherche technologique et biotechnologique. Chaque programme gère et utilise ses collections
de RPGAA.
A ces groupes s’ajoutent les ONG s’occupant de développement rural et de protection de l’environnement qui
procèdent, dans le cadre de leurs activités, à des distributions et à la promotion de semences de variétés dont l’origine et
la nature sont, pour la plupart, peu connues.
53
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
Au niveau institutionnel, deux structures principales ont été mises en place pour assurer la gestion des espèces végétales
dans leur habitat naturel. Il s’agit de:
t la Société de Développement des Forêts (SODEFOR),
t l’Office Ivoirien des Parcs et Réserves (OIPR).
Les activités touchant aux RPGAA ne sont pas organisées en un «Programme National» unique. La majeure partie des
activités est conduite par les institutions de recherche scientifique et les sociétés de développement agricole (voir
chapitre 7.1.3). Lesdites institutions relèvent des Ministères en charge de
1. l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique,
2. l’environnement, des eaux et Forêts et,
3. l’Agriculture et du Développement Rural.
Pour combler ce vide, un Comité national de ressources phytogénétiques (CNRPG) a été constitué en mars 1994 et
placé sous la tutelle du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. La mission assignée au
CNRPG par le gouvernement, dans le cadre de la gestion des RPGAA se résume comme suit:
t Élaboration du statut d’un programme national sur les RPGAA
t Coordination des différents acteurs du secteur
t Inventaire des RPGAA disponibles
t Définition des priorités de base du programme national
t Mise en place d’une bonne documentation nécessaire à la définition des projets du Plan national des RPGAA.
Le CNRPG a cessé de fonctionner après la rédaction du premier rapport de 1996. Les fonctions et rôles qui lui ont été
assignées n’ont donc pas été réalisés. Il est indispensable de ressusciter cette institution, car les fonctions qui lui sont
dévolues sont capitales pour une bonne gestion des RPGAA en Côte d’Ivoire.
Les universités ivoiriennes qui ont des mandats de formation à caractère scientifique, dispensent des cours à tous
les niveaux académiques en relation avec les connaissances de base sur la biodiversité (botanique et systématique
animale), le fonctionnement des plantes et des animaux (biologie, génétique et physiologie). De même, certaines
formations spécialisées ont été récemment mises en place, particulièrement en matière de gestion de la biodiversité
(option ressources génétiques du diplôme d’études approfondies (DEA) de génétique à l’université d’Abidjan-Cocody,
DEA de gestion environnementale à Abobo-Adjamé, etc.). Les enseignements de ces universités comportent désormais
des curricula intégrant la gestion des ressources génétique par des stratégies complémentaires de conservation.
De nombreux mémoires de DEA et de thèses sont soutenus régulièrement dans ces universités en relation avec la
caractérisation des ressources génétiques. Aussi, les formations spécialisées sur l’utilisation durable des ressources
génétiques existent tant en matière d’amélioration génétique des espèces qu’en matière d’aménagement des espaces
naturels pour la sauvegarde des écosystèmes et des espèces. Cependant, il n’y a pas, dans ces universités, des filières
spécifiques sur les ressources génétiques dont la création pourrait concourir à développer au plan national, une masse
critique de conservateurs spécialisés particulièrement dans le domaine de l’agrobiodiversité.
L’Institut National Polytechnique Félix Houphouët Boigny (INP-FHB) forme, dans son École Supérieure d’Agronomie, de
nombreux ingénieurs et zootechniciens. De même, les Écoles d’Agricultures de Bingerville et de Bouaké contribuent à
54 la formation de techniciens agricoles dont l’utilité est avérée sur le terrain. Malgré l’impact positif de ces ingénieurs et
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
techniciens agricoles sur le processus global de conservation des ressources génétiques, leur rôle reste encore limité
à cause d’un manque évident de spécialistes en conservation et gestion durable de l’agrobiodiversité. L’introduction
et le développement de modules de formation sur les Ressources génétiques dans ces formations pourraient aider à
renforcer leur impact sur le terrain. Il serait particulièrement important de former les ingénieurs à la gestion intégrée des
ressources génétiques en milieu paysan.
La Côte d’Ivoire est signataire de la plupart des conventions relatives à la protection de l’environnement en général
et des espèces végétales constitutives de la biodiversité, en particulier. Deux principales conventions internationales
gouvernent la gestion des ressources génétiques végétales: La Convention sur la Diversité Biologique (CDB), le Traité
International sur les Ressources Phytogénétiques utiles à l’Alimentation et à l’Agriculture (TIRPGAA) et la Convention
Internationale sur la Protection des Végétaux (CIPV). A ces conventions, on peut rajouter celles relatives aux zones
humides (RAMSAR), au Commerce International des espèces de faune et de flore sauvages menacée d’extinction (CITES),
à la lutte contre la désertification, au Protocole de Cartagena sur la Biosécurité, à l’Accord créant l’Organisation Mondiale
du Commerce (OMC), à l’Accord de Bangui instituant une Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI).
En dehors des lois relatives à la protection phytosanitaire qui sont strictement observées lors des importations et
exportations de matériel végétal, il n’existe pas de lois précises au plan national, appliquées au transfert d’échantillons
de ressources phytogénétiques. Il n’existe actuellement aucune mesure de quarantaine imposée pour l’introduction de
matériel phytogénétique, sous quelques formes que ce soit (semences, vitroplants, embryons, cylindres, etc.). Il est à
préciser que le premier Forum national sur les ressources phytogénétiques a eu à déplorer cet état de choses et a exprimé,
pour le futur, l’impérieuse nécessité de prendre des mesures de protection sanitaires plus rigoureuses. En Côte d’Ivoire,
aucune loi ne limite la culture des ressources phytogénétiques introduites. La conservation des variétés traditionnelles
s’effectue librement, par les agriculteurs et aucune disposition gouvernementale incitative n’est mise en place pour
sa promotion. Les semences sont généralement produites par les centres de recherche ou les sociétés nationales de
développement agricole et librement vendues, sans législation particulière.
La Côte d’Ivoire, en ce qui concerne les ressources génétiques a adopté des lois sur les droits de propriété intellectuelles
(DPI), qui ont très peu d’incidence sur les mouvements de matériel génétique. La revue de ces lois, pour une application
efficiente et adaptée, sera prise en compte par le Programme national des ressources phytogénétiques pour lequel une
assistance juridique sera nécessaire.
5.4 L’évaluation des principaux besoins pour la mise au point des programmes
nationaux de la formation et de la législation
Les principaux besoins relatifs à la mise au point de programmes nationaux de formation résident dans le renforcement
des capacités des différents acteurs, surtout des chercheurs des universités et grandes écoles, impliqués dans la formation.
En effet, la gestion des ressources génétiques fait appel à des compétences, dans divers domaines, pour lesquels les
personnes ressources font souvent défaut. Il y a lieu de s’appuyer sur les institutions internationales spécialisées, dans le
cadre de collaborations bien établies pour aider à asseoir des programmes nationaux cohérents et adaptés.
55
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
CHAPITRE 6
L’ÉTAT DE LA COLLABORATION
RÉGIONALE ET INTERNATIONALE
Conscient de son rôle primordial dans le dispositif ivoirien de recherche et développement, le CNRA a pris des
initiatives en matière de collaboration internationale, lui permetant de mener à bien la gestion durable des ressources
génétiques. Ainsi, un protocole de coopération a été signé entre le CNRA et l’IPGRI (Institut International des Ressources
Phytogénétiques, actuel Bioversity international), qui définit quatre grands domaines de collaboration. Il s’agit,
1. de créer un environnement institutionnel approprié pour le développement du programme national sur la
conservation et l’utilisation durables des ressources génétiques végétales de Côte d’Ivoire, à travers la mise en
place d’organes de coordination et d’exécution de ses activités nationales ;
2. de participer au renforcement des capacités humaines et matérielles pour la prise en charge du programme
national, par les différentes catégories d’acteurs nationaux ;
3. de promouvoir, à travers des Programmes d’Intérêt Commun (PIC), la collaboration entre les structures de
formation et de recherche de Côte d’Ivoire et les organisations internationales chargées des questions relatives
aux ressources phytogénétiques ;
4. de renforcer la coopération sous-régionale, afin de soutenir les programmes nationaux sur les ressources
phytogénétiques, des pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Au plan sous-régional, diverses organisations existent, mais elles ne fonctionnent pas comme il se doit, à l’image
du réseau SAGORGEN. Il convient donc d’organiser le cadre institutionnel relatif aux ressources phytogénétiques, pour
espérer une meilleure collaboration sous-régionale et internationale.
Les principaux besoins visant à améliorer la collaboration internationale passent par une réorganisation au plan
institutionnel des structures impliquées dans la gestion des ressources génétiques. En effet, trop souvent les structures
nationales agissant sur le terrain, sont totalement ignorées dans la mise en œuvre des activités à caractère international
touchant aux ressources phytogénétiques. Les praticiens sont mis de côté dans l’évaluation de certains dossiers ou en
sont saisis à des étapes assez avancées de leur mise en œuvre, sans que leurs expertises ne soient valorisées. L’on assiste
à un découplage entre les instances administratives et les instances d’exécution des activités de gestion des ressources
phytogénétiques. Pour pallier de tels dysfonctionnements, il convient de renforcer les capacités des acteurs nationaux,
de permettre une plus grande implication des experts nationaux, une sensibilisation, aussi bien des responsables
administratifs que des utilisateurs, à une meilleure gestion des informations et des ressources génétiques.
56
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
CHAPITRE 7
L’état de l’accès aux ressources génétiques est caractérisé par le bio-piratage avec de nombreuses conséquences :
Au plan politique
Le bio-piratage met en exergue une absence d’autorité de l’Etat de Côte-d’Ivoire et une absence de réglementation pour
accéder aux ressources nationales. La convention de Rio ayant donné à chaque pays la souveraineté sur les ressources
génétiques qui sont présentes sur son territoire, il appartient à l’Etat de Côte-d’Ivoire, en échange, d’assumer ses
responsabilités de conserver et de contrôler l’utilisation rationnelle du patrimoine, pour le bien-être de l’humanité, à
travers des décisions politiques portant sur l’élaboration de lois et de décrets.
Au plan social
En général, les ressources génétiques piratées sont celles qui présentent un intérêt économique avéré. Les populations
ivoiriennes ne tirent profit ni de telles ressources, ni des produits issus de l’exploitation des ressources dont elles ont
été spoliées. Ce faisant, le savoir-faire traditionnel qui a permis la conservation et la gestion de ces ressources n’est ni
reconnu, ni rémunéré du fait du bio-piratage.
Au plan culturel
Le bio-piratage en permettant une érosion, voire une disparition des ressources génétiques, contribue à la raréfaction
des espèces locales utilisées dans la confection des instruments d’art et de musique traditionnels. Il va s’en dire que si
le bio-piratage continue, les instruments traditionnels servant à l’expression du folklore du riche patrimoine culturel
ivoirien disparaîtront, au profit des instruments modernes.
Au plan de l’environnement
L’environnement constitue le réservoir naturel des ressources génétiques. Le bio-piratage, en appauvrissant cet
environnement réduit sa valeur (pertes d’essences de valeur) et menace par la même occasion son équilibre.
En somme, aucun partage juste et équitable tiré des bénéfices issus de la commercialisation des ressources génétiques
ne peut être réalisé au profit des ivoiriens, si le bio-piratage n’est pas fortement réduit par la mise en œuvre d’un cadre
juridique et légal, soutenu par des actions politiques.
57
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
Parmi les ressources phytogénétiques conservées en Côte d’Ivoire, certaines servent à des utilisateurs étrangers. Il s’agit
principalement des génotypes améliorés de palmier à huile, de caféier, de cotonnier, de cocotier, de riz, de maïs, etc. Il
est cependant difficile d’établir précisément les avantages directs que la Côte d’Ivoire retire de ces ressources car, jusqu’à
une date récente, elle maîtrisait peu le système de commercialisation de ses semences agricoles. La Côte d’Ivoire retire
de ses ressources phytogénétiques indigènes des avantages directs à travers la production vivrière, qui se manifeste par
une bonne couverture des besoins alimentaires nationaux. De plus, les plantes typiques telles que le colatier et l’arbre à
karité, constituent des ressources qui produisent des devises à travers un système de commerce quasi informel.
La Côte d’Ivoire entretient un système d’échange avec différents pays qui lui permet de tirer indirectement profit
des ressources phytogénétiques dont elle assure soit la collecte, soit la conservation ou l’utilisation. C’est le cas par
exemple des cultures industrielles comme l’hévéa, le cocotier et le palmier à huile et des cultures vivrières comme le
riz, le maïs, l’igname, le manioc. En effet, la Côte d’Ivoire, à travers ses structures de recherche d’alors, a participé à la
collecte d’accessions de ressources génétiques et en assure la conservation et l’évaluation d’une partie du germplasm.
Les génotypes performants identifiés sont à la disposition de toutes les parties ayant participé aux opérations de collecte.
C’est le cas du cocotier à travers le COGENT, de l’hévéa avec l’IIRDB, du riz avec l’ADRAO et du manioc et de l’igname avec
l’IITA. L’économie Ivoirienne repose essentiellement sur l’exploitation agricole des variétés introduites et sélectionnées
par la recherche ivoirienne. Cette exploitation est dominée par le café, le cacao, l’hévéa, l’ananas, la banane, etc., en
somme par les cultures industrielles. En ce qui concerne les cultures vivrières, les semences de variétés issues d’échanges
sont mises à la disposition des paysans pour leurs besoins.
Le financement des activités relatives aux ressources phytogénétiques a porté essentiellement sur la caractérisation de
ces ressources. En effet, de nombreux projets ont vu le jour et ont permis de conduire des activités de recherche sur la
création et la sélection variétales, ainsi que l’évaluation de la performance agronomique des variétés. A titre d’exemple,
on peut citer les projets ROCARIZ (Riz), ROCAFREMI (Mil), WASDU (Igname et manioc), etc. pour les cultures vivrières, les
réseaux IIRDB (Hévéa), COGENT (Cocotier), etc. et les Institutions internationales comme le CIRAD, l’IPGRI, l’IITA, la FAO
etc. pour les cultures industrielles.
La mise en œuvre des droits des agriculteurs va de pair avec la restructuration du dispositif administratif et institutionnel
de gestion des ressources phytogénétiques. Cette restructuration prendra en compte les droits des agriculteurs, surtout
en ce qui concerne l’accès au partage juste et équitable des bénéfices tirés de l’exploitation de ces ressources.
58
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
CHAPITRE 8
Il est difficile d’établir avec certitude une hiérarchie en ce qui concerne la contribution des ressources génétiques issues
des collections nationales, mais on peut citer pêle-mêle les cultures qui ont le plus sollicité ces collections. Il s’agit de
l’hévéa, du palmier à huile, du cocotier, du cotonnier, du maïs, de la canne à sucre, du caféier, du cacaoyer, du plantain,
du bananier, de l’ananas.
La production agricole du pays étant essentiellement paysanne, il est observé un niveau satisfaisant de sécurité
alimentaire.
Les agriculteurs sont directement impliqués dans les programmes de sélection et d’amélioration. Généralement,
les variétés proposées par les instituts de recherche sont testées en milieu réel sur plusieurs années. Ces évaluations
permettent de repérer les variétés améliorées qui répondent aux besoins des utilisateurs. La vulgarisation des variétés
améliorées s’effectue à travers les sociétés de développement agricole ou directement par les instituts de recherche qui
les ont mises au point
L’impact des différents programmes d’amélioration sur l’économie ivoirienne est indéniable. Pour des cultures comme
le café, le cacao, l’ananas, l’hévéa, le palmier à huile, etc., l’amélioration de la production aux plans quantitatif et qualitatif,
constatée en moins de 30 ans est le fruit d’une politique rationnelle d’amélioration et d’utilisation de ces ressources. De
nombreux produits de la recherche ivoirienne en matière de création variétale sont actuellement exportables (hybrides
de caféier, clones de palmiers à huile, etc.). Cependant, cette réussite concerne peu les cultures vivrières, même s’il
faut souligner que le pays est un des grands fournisseurs de la sous-région, en igname, en manioc, en maïs, en banane
plantain, etc.
Les contraintes majeures concernent surtout la production en milieu paysan. Le sélectionneur arrive pour la plupart
du temps à mettre au point des variétés performantes dont les potentiels peuvent être optimisés en utilisant les
techniques culturales appropriées. Malheureusement, les contraintes (essentiellement d’ordre économique) amènent
les agriculteurs à ne pas observer les recommandations des sélectionneurs. Ceci entraîne un écart de production très
sensible pour la même variété vulgarisée, entre le paysan et le sélectionneur. La sélection orientée vers la création de
variétés rustiques et plastiques dont la culture implique l’utilisation de faibles quantités d’intrants (engrais, pesticides,
main d’œuvre, etc.) représente un objectif de sélection à considérer. Pour les cultures vivrières, la création de variétés
acceptables surtout au plan des propriétés culinaires, est la contrainte majeure.
En ce qui concerne les plantes industrielles, les systèmes de conservation, sélection, production semencière et
utilisation, même s’ils sont à améliorer, sont pour le moins fonctionnels. La même remarque est valable pour les plantes
alimentaires des grandes cultures. Un plus grand intérêt devrait être accordé dans un premier temps à la collecte, la
conservation, la caractérisation et l’évaluation des espèces locales à fort potentiel de couverture alimentaire.
Ces systèmes peuvent être améliorés par :
t le renforcement du cadre institutionnel, orienté vers la gestion rationnelle des ressources phytogénétiques. A cet
égard, plus de pouvoir de décision et d’orientation devraient être donnés à une structure inter-ministérielle et inter-
institutionnelle telle que le Comité national des ressources phytogénétiques (CNRPG), qui aurait pour objectif de
centraliser les informations, réfléchir et proposer des plans d’action concernant les politiques globales de gestion
des ressources phytogénétiques, et servir d’intermédiaire entre la Côte d’Ivoire et les partenaires internationaux.
Ces prérogatives doivent bien évidemment être accompagnées de moyens administratifs et matériels adéquats ;
t la création d’un Centre national de ressources phytogénétiques géré par le CNRPG et autres professionnels du
secteur de la “biodiversité”;
t l’instauration d’une politique de financement des programmes jugés prioritaires par le CNRPG, de concert avec
ses partenaires ;
t l’augmentation des aides aux structures de recherche impliquées dans la conservation, la caractérisation-évaluation 59
et l’utilisation des ressources phyto-génétiques en particulier les ressources indigènes.
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
La Côte d’Ivoire est un pays à vocation agricole et les ressources phytogénétiques constituent par conséquent son
plus grand capital. Ces ressources ont été le moteur du développement du pays et constitueront toujours une pièce
essentielle du dispositif économique du pays. Par conséquent, c’est un impératif pour la Côte d’Ivoire que de prendre
toutes les dispositions nécessaires à la sauvegarde, à l’amélioration et à l’utilisation de ces ressources. La création d’un
Centre national de ressources phytogénétique est justement un préalable à la réalisation de ces ambitions. La mise en
place de ce centre pourrait permettre :
t la centralisation et la gestion rationnelle des informations relatives à l’état des ressources phytogénétiques ;
t l’interconnexion de la banque de données ainsi constituée avec d’autres banques ;
t la coordination des activités de recherche et des plans d’actions, au moins à l’échelle sous-régionale ;
t la constitution d’une banque de gènes locale, contenant soit des collections de références (concernant les espèces
pour lesquelles des travaux de typologie génétiques ont été effectués), soit les collections dont l’utilisation à
moyen et court termes n’est pas envisagée.
Au delà de ces dispositions institutionnelles, la politique de formation de chercheurs et autres cadres, dans le domaine
des ressources phytogénétiques doit être renforcée. A travers des séminaires et des cours internationaux, où le Centre
national des ressources phytogénétiques, en collaboration avec des partenaires, remplirait un tel rôle.
60
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
CHAPITRE 9
L’analyse transversale des activités relatives aux RGAA en Côte d’Ivoire fait ressortir les faiblesses suivantes :
t Au plan institutionnel, un manque de coordination des activités relatives aux RGAA.
t En matière de conservation durable, une absence notable de véritables collections des plantes alimentaires et
agricoles locales, ainsi que de ressources micro-organismes (champignons comestibles, micro-organismes à intérêt
agricole, etc.) sur tout le territoire ivoirien. La notion de banques de gènes est quasi inexistante en Côte d’Ivoire.
On note aussi des faibles niveaux d’enrichissement et de sécurisation pour la majorité des collections, en sus des
mauvaises conditions de conservations ex situ, liées essentiellement à la vétusté des installations et aux moyens
insuffisants alloués aux activités de conservation des RGAA. Ces faiblesses sont aggravées par un manque évident
de personnel technique qualifié pour assurer la gestion quotidienne des ressources génétiques.
t Dans l’utilisation durable des RGAA, un niveau très insuffisant de caractérisation et d’évaluation des RGAA
sauvages et des accessions en collection, particulièrement dans l’objectif d’identifier les caractères d’intérêt pour
l’agriculture, la pisciculture et l’élevage.
Sur la base des contraintes identifiées dans les différentes structures de conservation et de gestion des RGAA en Côte
d’Ivoire, les besoins en renforcement de capacités suivants ont été identifiés :
Au plan institutionnel
t mettre en place au niveau national, un mécanisme ou une institution de coordination des activités portant sur les
ressources génétiques. Un tel mécanisme ou institution serait en liaison directe avec la Commission Nationale sur
la Biodiversité. Dans un tel cadre, la Commission Nationale des Ressources Phytogénétiques (CNRPG) pourrait être
redynamisée pour :
- Au niveau des capacités opérationnelles:
» favoriser l’harmonisation des politiques nationales en matière de gestion des RGAA
» assurer la coordination, le suivi et l’évaluation des activités de gestion des RGAA entre les programmes
concernés,
» garantir les échanges formels de matériel génétique, à travers les autorités compétentes en la matière,
à l’intérieur du pays et avec la communauté internationale,
» rendre effective la participation des chercheurs à l’élaboration et au suivi du cadre juridique national sur
les échanges de matériel génétique, la propriété intellectuelle et la biosécurité,
» assurer le suivi de la mise en œuvre des conventions nationales et internationales,
» sensibiliser les partenaires aux problèmes liés à la gestion des RGAA,
» rechercher les moyens pour soutenir toutes les activités sur les RGAA.
» renforcer les capacités humaines par la formation, l’information et la sensibilisation
» renforcer ou mettre en état de fonctionnement les infrastructures de gestion des RGAA existantes et
les ériger en Banques de Gènes ayant pour rôle d’assurer la sauvegarde des RGAA dans le cadre de
stratégies complémentaires de conservation adaptées aux différentes ressources.
» créer des structures fonctionnelles de quarantaine
61
RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE
Au plan de la recherche:
t Mettre en place des collections de RGAA pour soutenir les programmes de recherche qui n’en disposent pas
et enrichir les collections existantes particulièrement avec les accessions perdues, les génotypes menacés de
disparition et les variétés ayant des caractéristiques génétiques exceptionnelles
t Développer des collections de ressources alimentaires locales négligées et /ou sous exploitées ; améliorer et utiliser
des stratégies complémentaires pour leur conservation
t Renforcer les activités de caractérisation et d’évaluation des RGAA en collection et in situ ; mettre un accent
particulier sur la caractérisation moléculaire des RGAA pérennes conservées in situ pour permettre la définition de
stratégies de conservation optimales
t Promouvoir l’implication des paysans dans la gestion des RGAA
t Créer une base de données et un système de documentation des RGAA
t Promouvoir l’utilisation du germplasm des collections existantes par les programmes de sélection génétique et
dans les initiatives de vulgarisation ; développer une politique de production de semences de base pour soutenir
cette promotion.
62
R APPORT NATIONAL SUR L’ÉTAT DES RESOURCES PHY TOGÉNÉTIQUES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
ANNEXE 1
Légende :
64