Esteren Livre 3 Dearg Ep2
Esteren Livre 3 Dearg Ep2
Esteren Livre 3 Dearg Ep2
3
titre credit prologue dearg epis2_Mise en page 1 06/11/2013 13:30 Page 3
Illustrations intérieures
Coordination éditoriale Nicolas Jamme, Yvan "Gawain" Villeneuve, Jaoul, Lorenzo
et conception du Livre 3 Mastroianni, Olivier "Akae" Sanfilippo et Fred Pinson.
Dearg : Épisode 2
Nelyhann
Logo
Rémi "Remton" Le Capon
Développements additionnels
Joëlle "Iris" Deschamp
Cartographie
Olivier " Akae " Sanfilippo et Fred Pinson
Archives et recherches documentaires
Joëlle "Iris" Deschamp
Playtest
Les playtests de cette campagne ont commencé en même
Rédaction temps que la conception du Livre 1 Univers. Au fil des
Nelyhann et Joëlle "Iris" Deschamp années, les retours de chaque jouer et chaque meneur ont été
très précieux pour améliorer les scénarios de cette cam-
pagne et le système d’arc narratif. Merci à tous pour avoir
Relecture mis votre pierre à l’édifice ! Et bien sûr, merci à mes chers
Ludovic "Elenyl" Monnier-Ragaigne, Joëlle "Iris" joueurs : Garrick Tempel, Snathaïd, Aoden Gen, Tuirenn,
Deschamp, Guillaume "Ikaar" Vasseur, Laurent "Nico du Crowl Ballane et Yrdán… puissent les C’maoghs vous
4 dème de Naxos" Duquesne, Pascal B., Aldo "Pénombre" protéger jusqu’à l’épilogue de cette grande fresque !
Pappacoda, Arthus, Kiriane, Pitche, Thalgrim
et Valentin.
Remerciements
Merci à notre communauté pour son soutien et
Direction artistique sa patience, tout au long de cette grande aventure.
Nelyhann
Maquette
Asami
Crédits 4 Baldh-Ruoch 27
Table des matières 5
Acte 3 : Les insoumis
de Boischandelles 30
Règles optionnelles 7
Défauts et échec automatique 7 Chapitre III
Évolution des Traits de caractère 7 Mac Thogail :
Accentuation des Mises à l’épreuve 8
L’Héritage de la Rose
Maitriser
- les excès Prologue 45
Des conséquences nécessaires 9
Seconds rôles 47
5
Principaux excès
Chronologie 49
et conséquences probables 10
Acte I : Le monastère
La face sombre d’Alestor 52
des arcs narratifs 11
Acte 2 : La Voie
Le gouffre de la folie 16
du pèlerin 61
Acte 3 : Ard-Amrach 70
Épilogue 77
Chapitre II
Modhannan :
Un Monde meilleur
Prologue 19
Seconds rôles 21
Chronologie 24
Acte 1 : Un bouleversement
idéologique 25
Acte 2 : L’université de
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« «
Esteren est un univers à l’ambiance horrifique et gothique, des genres qui se nourrissent des tourments de
l’âme des protagonistes confrontés à des événements qui peuvent être terribles et les changer à tout jamais.
Vivre de telles histoires implique d’oser explorer les profondeurs de l’esprit de son Personnage, y compris
les régions de sa psyché sur lesquelles il n’a aucun contrôle, des émotions primitives et des désirs abrupts,
des impressions qui nourrissent des doutes insondables qui peuvent parfois donner l’impression de devenir
fou… Il peut en être irrémédiablement brisé, détruit, ou bien en ressortir grandi, plus lucide, plus conscient
de qui il est et de ce qu’il veut. Cette grandeur, tant dans la destruction que dans la transfiguration, néces-
6 site de plonger dans la nuit de la raison.
Ce chapitre propose des aides de jeu et des règles additionnelles pour explorer ces thématiques.
Les faiblesses d’un héros, le côté obscur de chaque arc narratif ou la folie qui menace d’éclore sont autant
de possibilités pour renforcer l’ambiance d’une partie, créer des enjeux dramatiques inédits ou confronter
les joueurs à de nouveaux dangers.
La faiblesse du héros
B
eaucoup d’univers proposent d’incarner un le questionnant, le forçant à faire des choix, bref à
héros, sous la forme d’un personnage se révéler à lui-même. En abordant la faiblesse du
exemplaire qui a vaincu de nombreux héros, qu’elle soit une fêlure dramatique ou une
périls et qui désormais affronte facilement les dif- fracture tragique, le propos est d’offrir aux joueurs
ficultés du scénario, stylé dans tout ce qu’il entre- des moyens d’améliorer la conception de leur
prend, dépourvu de vices et de faiblesses… Ici, le Personnage pour le rendre plus profond.
propos est tout différent. Le véritable héros est un Cette option donne aux meneurs des éléments
individu qui réussit à surmonter ses faiblesses et pour repérer plus facilement les passages
une adversité qui le pousse dans ses derniers sur lesquels insister dans le scénario pour
retranchements, mettant ainsi à l’épreuve la lui insuffler une plus grande intensité
justesse de ses valeurs, l’interrogeant, émotionnelle.
la part des ombres_Mise en page 1 06/11/2013 13:29 Page 2
P our motiver un personnage à partir à l’aventure, et pour nourrir l’intensité dramatique des événements à venir, plu-
sieurs outils sont proposés dans la création de personnage du Livre 1 et la création avancée du Livre 3. D’après John
Truby, une histoire réussie comporte un certain nombre de composantes : la faiblesse du héros en fait partie.
Les défauts (Cf. Livre 1 - Univers, Traits de caractère, p.210), désavantages (Cf. Livre 1 – Univers, p.214) et la règle de Mise
à l’épreuve des Travers (Cf. Livre 1 – Univers, p.235) sont autant de manières de traduire la faiblesse du héros, de l’amener
à se faire face à lui-même et à se transformer. En poussant plus loin les failles, le Personnage peut devenir un antihéros,
fragile, incertain, doutant de ses valeurs, ayant une démarche qui le mène presque assurément vers son autodestruction…
Pour le meneur, tous ces aspects sont autant de ressorts puissants pour donner de la force à son histoire.
Règles optionnelles
U
ne figure sombre ne désigne pas un individu « mauvais » dans l’absolu mais
plutôt quelqu’un qui fera passer ses objectifs personnels avant le bien commun,
quitte à commettre des actes irréparables. À un autre niveau, cela peut concer-
ner les idéologies du PJ : aucune des trois grandes idéologies n’a totalement raison,
chacune a sa vision de ce qui est mauvais. Du point de vue d’un ardent croyant de
l’Unique, les païens qui vénèrent des esprits des limbes sont damnés, de même que les
matérialistes magientistes, lesquels sont considérés comme agissant de manière abomi-
nable pour les demorthèn….
L’Ardeur douloureuse.
Faire passer ses propres intérêts avant ceux du groupe est le meilleur moyen de glisser
vers le côté obscur. Les arcs narratifs incarnent une telle potentialité : quand un indi-
vidu agit de manière intense, émotionnelle, sans concession, sensible d’abord à ses
souffrances, à son vécu intérieur et à ses objectifs, il n’est pas étonnant qu’il puisse
commettre ou laisser se produire des événements graves, qu’il n’a peut-être même pas
vraiment souhaités. Cette situation se traduit en mécanique de jeu par les Mises à
l’épreuve des Travers (Cf. Livre 1 – Univers p. 235) et le score d’Ardeur (Cf. Dearg
épisode 1, p.50). En somme, tout personnage passionné et extrêmement déterminé, a
les caractéristiques d’un héros sombre et tourmenté, partagé entre ses objectifs et les
conséquences des actes commis pour les atteindre.
Pour se venger, Sìd va-t-il outrepasser les lois, voire même commettre des crimes ?
Pour assouvir ses ambitions, Arven osera-t-elle tricher, voire trahir ses compagnons ?
Etc.
Crimes et valeurs.
Pour jouer la campagne, chaque personnage doit être lié à au moins un arc
narratif dont le thème constitue quelque chose de très important pour lui,
à quoi s’ajoute la nécessité d’être attaché au val de Dearg. Un héros som-
bre, voire criminel, n’est pas pour autant dépourvu de buts et de valeurs.
Ainsi Eoghan peut-il être jaloux, user de violence, devenir enragé…
et n’en être pas moins capable de beaucoup pour sauver Céliane !
Question de survie.
Dans un monde aussi dangereux que l’est Esteren, il est très imprudent de ne compter
que sur soi. L’attachement à la communauté de Dearg en général, ou à certains de ses
membres en particulier est non seulement un prérequis de la campagne, mais égale-
ment une attitude raisonnable, même dans une simple perspective égoïste. Il est utile
de s’inscrire dans un réseau d’échange, de connaissances et d’entraide, que la récipro-
cité soit purement utilitaire ou réellement empreinte de générosité. Dans cette perspec-
tive, il est possible d’imaginer un PJ cynique ayant un lien intéressé avec la commu-
nauté qui l’accueille, n’hésitant pas à l’utiliser dans le but de servir ses propres inté-
rêts ou tout simplement pour assurer sa propre survie.
Maitriser
- les excès
L
e principal problème pour le meneur quand il admet des personnages tour-
mentés voire « mauvais » dans le groupe tient au comportement amoral et
provocateur de ceux-ci. Tel PJ médecin prétend que la torture est sa spécia- 9
lité et le joueur considère normal d’obtenir des informations de cette manière, qui
est d’après lui cohérente avec la personnalité de son personnage. Tel autre PJ
barde rebelle assure pour sa part qu’il n’a aucun scrupule à dire de manière insul-
tante ses quatre vérités à un noble, tandis qu’un PJ d’origine noble estime qu’il est
en droit de pratiquer les pires abus de pouvoir… Comment faire pour qu’une telle
Adéliane
attitude ne détruise pas l’ambiance du jeu ? Comment utiliser ces comportements pour
enrichir l’histoire ?
Les remises en question ne peuvent avoir lieu que si le personnage est confronté aux conséquences de ses actes.
Il ne s’agit pas de « punir » les joueurs, mais de se servir des excès de leurs Personnages pour amener en jeu des
situations plus riches.
En pratique cela signifie que le meneur a tout intérêt à mettre en scène ce qui découle des décisions d’un PJ, à court terme
(immédiatement ou presque) ou à moyen terme (à la fin du scénario par exemple). Plus l’acte commis est outrancier, et plus
il est nécessaire d’en faire sentir les implications. En mettant en scène les conséquences des actions des Personnages sans pour
autant réprimander ses joueurs, le meneur contribue positivement à l’histoire, en premier lieu en rendant le monde plus vivant
et vaste ; en second lieu en faisant sentir aux joueurs l’importance des choix qu’ils font, ce qui favorise une plus grande
implication et une plus grande réflexion quant aux décisions à prendre. Il devient moins évident d’opter pour la solution
la plus simple et la plus facile, les problèmes deviennent ainsi plus complexes : le jeu gagne en subtilité et en maturité.
Obsession, désir de savoir absolu, soif de pouvoir. nouveau désavantage se traduisant par un malus social
Le personnage commet des actes douteux voire criminels général de –1 (voire –2) auprès de ceux qui sont au cou-
en vue d’acquérir du pouvoir ou des connaissances nou- rant de sa réputation. En période de guerre, la lâcheté, et
velles. Il semble prêt à tout pour atteindre le but qu’il s’est donc la fuite ou le refus de combattre, peuvent être
donné et pour lui, la fin justifie les moyens. Ces compor- assimilés à la trahison et sont punis de la peine de mort.
tements sont craints par les populations de Tri-Kazel et Un PJ avec une faible Combativité et un défaut lié pour-
sont, assimilés à ceux des morcaìls, des sorciers ou des rait ainsi avoir été contraint de fuir sa communauté pour
pires magientistes. Un PJ soupçonné de suivre une telle ne pas être exécuté pour cause de couardise…
voie se met en danger. En Taol-Kaer et en Reizh, certains Cette possibilité offre d’ailleurs une variante à
chercheront à l’assassiner pour le punir de ses actes pro- l’historique classique du criminel en fuite.
fanateurs ; en Gwidre, les sigires chercheront à en savoir
plus, et pourront traduire le suspect devant la justice reli- Violence, cruauté, sadisme.
gieuse. En plus de ceux qui voudront empêcher le PJ d’al- Le personnage est facilement porté à frapper, violenter,
ler plus loin, d’autres voudront s’approprier ses travaux torturer. Tout d’abord, une telle disposition d’esprit est
ou pouvoirs… Il devient nécessaire d’être très discret et généralement liée à un passif traumatique lourd, mais
prudent pour continuer à mener ses recherches et ne pas s’inscrit également dans un cercle vicieux, car commettre
connaître une fin prématurée. ces actes pèse également sur la psyché. Pour traduire cet
aspect en jeu, le meneur peut imposer des jets de
Rigidité, austérité, élitisme moral. Résistance Mentale en lien avec ces situations, par exem-
Les excès de rigueur peuvent avoir des conséquences ple : tuer un humain pour la première fois (jet de
assez inattendues. Sur le plan de la vie personnelle, le Résistance mentale difficile (17)) ; commettre un viol (jet
sujet a peu d’amis et sa propre famille a des difficultés à difficile (17)) ; infliger la torture (jet très difficile (20))…
le supporter, le considérant comme un tyran moralisateur. Les séquelles (Cf. Livre 1 – Univers, p.271) en résultant
S’il dispose d’un pouvoir social (héritier noble, ansai- seront des cauchemars, des angoisses ou une obsession.
léir…), il imposera ses normes aux autres « pour leur bien Le meneur peut s’inspirer du focus « Coir, L’Enfant de la
10 », mais en devant faire face à des explosions de révolte, rivière » consacré à l’arc de la Culpabilité pour dévelop-
des trahisons et des complots. Les courants religieux s’ac- per les éléments narratifs autour de la notion de faute et
commodent souvent bien de ces excès, les considérant de prix à payer. Selon les options offertes dans le Livre 1
volontiers comme des preuves de la pureté de la foi du – Univers aux joueurs, seuls les PJ ayant développé un
sujet. Certains saints, dont les récits posthumes content syndrome de Forteresse vide ou ayant choisi le désordre
l’ascèse et le martyre héroïque, ne furent rien d’autre que Frénésie pourront échapper à terme à ce poids sur leur
des individus incapables de la moindre souplesse par rap- conscience. Tout autre Personnage ressentira de la culpa-
port à leur dogme. Mais il suffit parfois d’un rien pour bilité, qu’il le veuille ou non. Outre l’épreuve intérieure,
qu’un saint devienne un hérétique à éliminer. Quiconque les violences nourrissent la haine et le ressentiment. Les
fait sans cesse preuve de rigueur et d’intransigeance se victimes avaient sans doute de la famille ou des proches
fait nécessairement des ennemis à la mesure de son qui voudront se venger ou réclameront justice, ce qui
influence. Le risque en ce cas est de devoir affronter un d’un point de vue technique signifie acquérir une ou plu-
complot ou un coup monté et de n’avoir personne de réel- sieurs fois le désavantage Ennemi (Cf. Livre 1 – Univers,
lement fiable de son côté… La solitude dans l’épreuve ne p.214). En éliminant les témoins, le criminel peut sévir un
fait alors que confirmer. certain temps dans une impunité apparente, à moins qu’il
ne compte sur une réputation effrayante (+1 sur les
actions visant à intimider) à terrifiante (+2)… Mais tôt ou
Sensiblerie, inconséquence, lâcheté.
Tri-Kazel est une société largement guerrière, dans tard, il trouvera sur son chemin des chevaliers ronces, des
laquelle l’entrée dans l’âge adulte prend la forme du ser- lames ou des hilderins chargés de rétablir l’ordre.
vice d’ost. Dans ce contexte, la lâcheté, le refus de com- À moins que la famille de la victime ne fasse justice elle-
battre, la mollesse et le manque de loyauté sont hautement même, et ce de manière expéditive. Les brigands, même
méprisables. Ces attitudes sont même parfois punies de les plus puissants, meurent rarement dans leur lit.
mort dans les communautés les plus attachées aux tradi-
tions. Avoir peur ou être pacifiste n’est en aucun cas une Instabilité sociale, amoralité, vol.
excuse acceptable et un PJ qui adopte ce comportement et Dans une économie de subsistance, organisée en une
ces justifications sera traité comme un misérable. société féodale, la confiance et l’honneur sont des valeurs
Lui-même estimera peut-être avoir agi de manière juste, essentielles. Au village ou dans un quartier en ville, tout
mais il n’en essuiera pas moins des quolibets, des agres- le monde se connaît depuis des générations. Il en résulte
sions verbales et physiques, et supportera globalement un qu’il est difficile d’avoir une vie privée, mais corrélative-
refus de traiter avec lui. Selon la gravité des circonstances ment, grâce aux informations sur ses voisins, on sait qui
dans lesquelles il a manifesté de la lâcheté, il subira un est fiable, avec qui traiter, qui éviter, qui est une brebis
galeuse, qui est prêt à faire des efforts pour aider Hypocrisie, fausseté, trahison.
quelqu’un qui a été victime d’un coup du sort… En matière de double-langage, les réactions de la société sont
Les étrangers en revanche, même s’ils ne sont pas variables. Dans le peuple, si cela se sait, une telle attitude est
accueillis avec hostilité, n’amènent pas leur passé avec très mal vue ; en revanche, dans les hautes sphères de la poli-
eux. On ignore donc ce qu’ils ont fait, s’il est possible de tique, la diplomatie, la courtoisie de façade et la fausseté sont
leur faire confiance, et de ce fait, on juge d’autant plus souvent la norme. À partir du moment où chacun s’attend
durement leurs écarts. Tout événement qui indique qu’ils à ce que l’autre ait ses propres espions ou bien cherche à
n’ont pas de parole ou qu’ils ne sont pas honnêtes aura calculer son avantage, il n’y a plus vraiment de tromperie…
des conséquences très sérieuses. La réputation de men- Cependant, les apparences d’honneur doivent être conser-
teur, d’escroc et d’égoïste se répand rapidement et handi- vées : si un noble prête serment d’allégeance, de loyauté, de
cape rapidement les relations sociales (-1 à -2). Bien peu soutien en cas d’invasion ou de menace féonde, il est néces-
seront disposés à prendre des risques pour aider un tel saire de tenir l’engagement. Dans le cas contraire, celui qui
individu même s’il est en danger de mort… Être identifié ne respecte pas ses engagements sera considéré comme
comme voleur est plus grave, le pire étant d’avoir dérobé commettant une trahison, un des crimes les plus abomina-
un bien appartenant à son hôte. Les peines encourues sont bles, pouvant aller jusqu’à causer une guerre. La seule peine
variables selon la communauté et le constat de récidive : pour ce crime est la mort, et dans le cas d’un noble, elle s’ac-
fouet en place publique, marque au fer rouge, confisca- compagne de confiscations au profit de la couronne. C’est la
tions, bannissement, mutilation d’une oreille, pendaison. raison pour laquelle certains soupçonnent que les grands sei-
La peine est indépendante de la valeur de l’objet dérobé, gneurs ont parfois intérêt à forcer un vassal trop puissant à
c’est un symbole de trahison et d’absence de sens de commettre une trahison en l’obligeant à prêter un serment
l’honneur. La punition est dure car le voleur est considéré intenable, qui constitue donc un piège. Même hors des
comme pire que la brute qui se contente de battre femme intrigues politiques, la trahison reste très grave et les PJ s’ex-
et enfant : il est un péril pour l’ensemble de la société et posent à un sort funeste s’ils ne tiennent pas des engagements
pas seulement pour ceux sur lesquels il passe ses nerfs publics jurés devant un ansailéir, un demorthèn, un noble ou
dans un monde globalement violent. un membre du clergé de l’Unique. Même s’ils parviennent à
fuir la justice, ils auront désormais de nouveaux ennemis.
L
es arcs narratifs offrent une grande liberté quant à leur résolution. En effet, rien ne dit comment l’histoire d’amour
entre Eoghan et Céliane va finir ou la manière dont Finn va évoluer quant aux questions éthiques. Cette partie donne
des pistes pour incarner les arcs narratifs sur un versant plus sombre. Les doutes et les tourments de l’âme des diffé-
rents protagonistes peuvent avoir une influence puissante sur l’histoire, lui donner un tout autre tour, à la fois plus tragique et
plus complexe. Le meneur pourra s’appuyer sur les tendances décrites ci-après pour compliquer les choix moraux, ajouter des
notes de doute, et peut-être tenter un PJ vers le côté obscur.
Plusieurs pistes sont données sur la manière dont les arcs narratifs peuvent évoluer vers la déchéance du PJ. Parfois, elles
permettent de mettre en scène un changement de faction ou de métier pour un PJ : ce sont autant d’évolutions qui pourront
rendre une histoire inoubliable.
L’Amour
F orce positive qui amène joie et énergie, l’amour peut également dériver vers la jalousie, les doutes, la haine
et la mort. Cet arc narratif peut évoluer de plusieurs manières vers ces issues funestes :
Passion tumultueuse.
Des événements peuvent déstabiliser ou amener à s’interroger de manière excessive, voire à être progressivement rongé
par la jalousie ou le besoin de sécurisation et de contrôle. Pour faciliter l’émergence de cet aspect, le focus Gaol offre
plusieurs accroches : l’éducation guerrière par un père qui remet sans cesse en question la valeur de son fils ;
des séquelles de la jalousie ressentie du temps où Céliane était fiancée à Maël ; ou des doutes quant à la constance
de Céliane. Après tout, si elle a pu oublier Maël, pourquoi n’en ferait-elle pas autant avec son actuel fiancé au pro-
fit de Sìd par exemple ? Le PJ pourrait devenir un ansailéir plein de fureur, respecté pour sa force et son ardeur,
mais également craint, un tyran qui apporte aux siens autant de bien que de mal, entretenant avec Céliane
une relation passionnelle et tumultueuse. L’opéra Carmen sera une excellente inspiration pour creuser
une telle évolution de l’arc narratif.
-La Part des Ombres-
la part des ombres_Mise en page 1 06/11/2013 13:29 Page 7
Romantisme noir.
L’amour peut pousser à accomplir des actes dangereux, voire insensés. Captivé par l’obsession de retrouver Céliane, le PJ
pourrait prendre des décisions aux conséquences funestes. Cette facette explore un romantisme noir, absolu, pouvant
mener à la déchéance et à la mort. Par exemple, dans le scénario « Les Réfugiés », le PJ aura la tentation de mener une
expédition vers Fearìl, à la recherche de Céliane, alors même que son père le lui interdit et que plusieurs indices laissent
à penser qu’une telle entreprise est très dangereuse. Que va-t-il faire ? En développant cette piste, le PJ pourrait affronter
tous ceux qui semblent se mettre sur son chemin, quitte à utiliser la violence. Animé par le désespoir ou une fureur dévo-
rante, il pourrait se détourner de sa famille, mettre en danger ses amis, aller jusqu’à commettre l’irréparable, dans sa quête
absolue d’un amour surpassant tout le reste, y compris sa propre vie.
L’Éthique
Q u’est-ce qui est juste ? Quelles sont les limites qu’il est légitime et bon
de se donner ? L’éthique intervient quand personne n’est là pour
vérifier et contrôler ce que fait un individu, elle est une senti-
nelle intérieure qui cherche à trouver un équilibre entre la tentation d’al-
ler plus loin et la considération pour le bien commun. Mais il y a de
nombreuses questions qui peuvent saper cette fragile barrière morale :
Amoralité.
La fin ne justifie-t-elle pas les moyens ? Ce qui est craint aujourd’hui,
ne sera-t-ce pas la norme demain ? Pourquoi se limiter au nom de
quelques superstitions rétrogrades ? La science n’est-elle pas
amorale, au-delà de toute distinction entre le bien et le mal ? Sans
compter qu’on ne peut rien faire d’efficace sans moyens financiers
et sans statut social, et qu’il est difficile d’acquérir l’un et l’autre
sans se salir un peu les mains… Un tel raisonnement pourrait
12 pousser le PJ à accomplir des actes répréhensibles, tout cela
dans l’idée du progrès scientifique, pour le « bien de
l’humanité ». Par son entremise, le val de Dearg ne
risque-t-il pas de changer totalement de visage ?
Le demorthèn Loeg le craint et il est difficile
d’imaginer qu’il n’y ait pas, tôt ou tard, un
conflit violent entre eux…
Immoralité.
La science magientiste est en progrès
constant et offre des perspectives saisis-
santes. Le PJ pourrait être fasciné par ce
progrès et imaginer en tirer une source de
pouvoir. Dans le cas de Finn, est-ce pour
briller aux yeux de son ancien mentor ou
de son amie Adeliane ? Est-ce pour soula-
ger une quelconque culpabilité vis-à-vis
de la mort de sa sœur ? Est-ce simple-
ment l’éblouissement provoqué par
cette puissance qui, telle une lanterne
dans l’obscurité, l’attire comme un
papillon de nuit ? Le PJ pourrait
devenir opportuniste et cynique,
faisant fi de l’éthique et de
la morale, jugeant même qu’elles
entravent le progrès et que
l’homme doit s’en défaire.
Quitte à outrepasser les
limites jusqu’à tester sur son
propre corps différentes
expériences…
Finn
la part des ombres_Mise en page 1 06/11/2013 13:29 Page 8
La Culpabilité
C omprendre ce qui s’est passé le long de la rivière pourrait libérer le PJ de sa culpabilité et de ses cauchemars.
Mais ces émotions néfastes pourraient bien nourrir une autre évolution :
Ressentiment.
Une faute grave a été commise et tout le monde sait qui en est l’auteur. Le PJ doit désormais porter ce fardeau
pour lequel nul pardon n’est à espérer. Vivre parmi les autres membres de la communauté est difficile. Ils sont
partagés entre colère, haine et mépris, éprouvant parfois aussi de la pitié. Tout ce qui peut être espéré, c’est de
la tolérance, et peut-être un peu d’acceptation, au terme de nombreuses années. Au final, tout cela ne change rien
car la culpabilité persiste à l’intérieur de soi, avec des pensées qui empoisonnent l’esprit, réveillée à la moindre
occasion. Face à cette situation, le PJ pourrait fort bien finir par développer de l’amertume.
À son tour de ressentir de la colère, de la haine et du mépris, au mieux du dédain. Ces villageois ignorants qui
le craignent, alors que lui est en passe de devenir demorthèn, viennent pourtant vers lui pour lui demander de l’aide.
Le vieux Loeg n’en a plus pour très longtemps, les autres demorthèn des environs aussi sont assez âgés… Assez de cette culpa-
bilité ! Assez de ces geignards qui demandent conseil pour un rien, il y a plus important. Quitte à être marginalisé, autant vivre
sa vie comme on l’entend… Un raisonnement qui pour un demorthèn pourrait directement mener le PJ à devenir morcaìl…
Revanche.
Jusque là victime de visions et d’émotions qui s’imposent à lui, le PJ pourrait changer radicalement d’approche et tenter
de rejeter en bloc ce qui lui arrive. Pour cela, il pourrait faire appel à la science magientiste et consommer des produits
le coupant de ses cauchemars ou trouver dans la foi en l’Unique un refuge et une explication à tout ce qui lui arrive.
Peu à peu, il pourrait devenir l’ennemi mortel de ceux qui encouragent les croyances païennes, qu’elles soient occultes
ou demorthèn. À moins que le PJ ne développe de la haine pour cet enfant qui hante ses nuits et décide de se battre.
Il pourrait se lancer dans une quête vengeresse éperdue, cherchant le moindre indice qui pourrait lui permettre de se
débarrasser de lui et de ses semblables. Le PJ pourrait ainsi devenir un chasseur de fantômes impitoyable.
La Vengeance
T ri-Kazel est doté d’un système judiciaire limité, surtout pour ce qui concerne les crimes qui ont lieu
dans des régions isolées. Il est difficile de retrouver les brigands et les maraudeurs, souvent ils ont eu
le temps de sévir des mois durant avant d’être finalement arrêtés et pendus. Leurs dépouilles pourris-
santes, bien mises en évidence aux carrefours, peinent à faire oublier tous les meurtriers qui ont pu fuir à temps et continuent
de vivre dans l’impunité. Dans ces conditions, la vengeance peut être simplement perçue comme le seul moyen de rendre jus-
tice quand l’autorité royale faillit à son devoir. Cependant, avec le temps, des sentiments plus sombres peuvent émerger :
Cynisme. Talion.
Pour le PJ, il peut y avoir de la jalousie à l’égard de ceux Le PJ pourrait être de plus en plus obsédé par sa quête de
qui n’ont rien perdu, peut-être même une forme de joie vengeance, et l’élargir à tous ceux qui s’apparentent de près
cruelle quand le malheur frappe ceux qui avaient jusque ou de loin aux criminels qui ont tué sa femme. Ainsi, il
là été épargnés, un peu comme si le fait que le destin pourrait devenir un justicier impitoyable, traquant et abat-
puisse être funeste pour beaucoup d’autres donnait du tant froidement tous les brigands qu’il croise, non pas pour
sens au coup du sort dont on a été soi-même frappé. Se sauver la veuve et l’orphelin, mais pour apaiser le feu de la
rapprocher des carnages, les constater de ses propres yeux vengeance qui brûle en lui.
nourrit un cynisme qui se convainc que désormais, il n’est
pas amer, mais simplement lucide sur ce monde abject. Le Et finir un jour par retrouver la trace de ceux qui ont tué
salut ne peut être que temporaire, le pire est toujours à celle qu’il aimait, dut-il aller dans les Limbes s’il le faut.
venir. Mais comme la souffrance est en passe de devenir Mais c’est un feu qui le consume et réclame toujours plus
un nectar, que l’on savoure et que l’on inflige avec délec- de sang, quitte à ce qu’il y perde son humanité. À certains
tation à ses ennemis, le désastre finit par être agréable en égards, le personnage de Guts du manga Berserk
un sens… C’est un nouveau mode de vie, en attendant de de Kentaro Miura peut donner une source
pouvoir consommer sa vengeance. Avec un seigneur tour- d’inspiration intéressante pour cette
menté comme Argan pour régner sur le val d’un côté, et évolution de l’arc narratif de la Vengeance.
le retour du ionnthén devenu magientiste et dès lors
ennemi de Loeg de l’autre, le PJ a tout lieu de penser que
le malheur va frapper prochainement le val. Ce n’est
qu’une question de temps, et il sera aux premières loges. -La Part des Ombres-
la part des ombres_Mise en page 1 06/11/2013 13:29 Page 9
Les Origines
L
e peuple tarish a quelque chose de tragique et mélancolique dans son allure, et de funeste dans son errance sans fin.
Pour des peuples attachés à la terre, au fief, aux champs et aux pierres dressées, une telle attitude est incompréhensi-
ble. Pourquoi ce déracinement convaincu et forcené ? Tous les Tarishs ne vivent pas coupés de la société tri-kazélienne,
mais tous portent sur leur visage, dans leur allure, quelque chose de leur origine qui amène les gens à les considérer avec une
certaine méfiance.
Avec le temps, la confiance se gagne, mais est-ce au prix du reniement d’une part de son identité ? Comment se définir quand
on est toujours un étranger ? Quels que soient les efforts que fera un tarish pour être accepté, ne sera-t-il pas toujours consi-
déré comme extérieur à la communauté ? Parfois, ces questions peuvent demeurer longtemps sans réponse avant de trouver
des expressions démesurées.
Exclusion.
À force de se sentir à l’écart à cause de ses origines, le PJ pourrait finir par idéaliser la culture tarish et développer l’idée qu’elle
vaut bien mieux que les autres. L’exacerbation de la recherche d’appartenance peut alors le pousser à exclure les autres.
Dès lors, les seuls liens qui comptent sont ceux du cœur. Tous les autres peuvent mourir, il n’y a aucune pitié à avoir ! Le monde
devient noir et blanc, il se sépare entre ceux qui sont proches, amis et Tarishs, et puis les autres, qui ne
méritent au mieux que dédain et indifférence. La rencontre avec la communauté tarish pourrait être une source de grande
déception et plonger plus encore le PJ dans le cynisme, voire la misanthropie.
L’Ambition
D ans une société féodale, pour s’élever à partir de rien, il n’y a pas beaucoup d’options. De manière générale,
la plupart des individus se contentent de suivre le même mode de vie que leurs parents et leurs proches,
l’horizon se limitant aux frontières du village, à suivre le cycle des saisons, à essayer de survivre. L’ambition,
c’est vouloir s’arracher au rôle que d’autres nous ont donné, qu’ils ont choisi pour nous, c’est oser vouloir voir plus grand,
14 défier les habitudes et les certitudes aberrantes enracinées. Il faut du courage et une certaine dose d’égoïsme et d’obsti-
nation pour agir d’une manière qui peut heurter nos proches. Le travail acharné et les exploits peuvent porter leurs fruits
mais restent souvent vains. Un tel constat pourrait entamer les idéaux du PJ et lui faire envisager d’autres solutions…
Duplicité.
L’individualisme, à un certain degré, est essentiel pour parvenir à s’extraire de la routine et des chemins tout tracés…
Mais à forte dose, faire primer l’intérêt personnel peut mener à prendre des décisions ambiguës, à essayer de jouer sur deux
tableaux, pour voir lequel sera le plus efficace pour aider sa carrière à plus long terme. Il faut parfois accepter de s’allier à
des individus douteux, et peut-être faire sien l’adage selon lequel la fin justifie les moyens… Le PJ pourrait faire un pacte
avec le Chevalier Argan et jouer les agents doubles : d’un côté, il pourrait accepter de lui transmettre des informations, et en
retour, l’homme le récompenserait en monnaie et lettres de recommandation qui pourraient être produites dans les capitales
des duchés de Dùlan et de Tulg. D’un autre côté, il pourrait apprendre des choses sur lui et ainsi aider ses compagnons. Mais
c’est un jeu dangereux, qui le mènerait à user de mensonges, voire à trahir ses amis pour arriver à ses fins.
Arrivisme.
Parfois, les ambitions sont telles que le PJ n’hésitera pas à outrepasser les lois et la morale, allant bien au-delà de la
duplicité dans ses relations avec les autres. Quels que soient les moyens, les grands projets et les rêves d’ascension sociale
seront prioritaires et le PJ fera tout pour arriver à ses fins, quitte à mettre en danger ou trahir ses propres compagnons.
Le Regret
L
a mort est omniprésente dans la péninsule de Tri-Kazel, et bien peu de gens n’ont pas été frappés par un décès, parmi
leurs voisins, leur famille élargie, ou pire dans leur famille proche. Le thème du regret explore les différentes facettes
de ce drame à la fois banal et bouleversant. Connaît-on jamais vraiment quelqu’un ? Quelle est donc cette cruelle fata-
lité qui met inéluctablement un terme à l’existence ? Pourquoi toutes ces souffrances ? Peut-être que le fait de comprendre
la vie et le passé d’un individu - par exemple, pour le frère de Liam, ce qui l’a poussé à assumer une réputation détestable de
brigand - peut aider à donner un sens à sa mort ? Parfois, ces questions restent sans réponse et le deuil peut se muer en
des représentations étranges.
Fascination morbide.
Le passé et le monde des morts finissent par envahir le présent. À force de s’interroger, les doutes et la confusion érodent
la conscience de l’immédiateté, tout devient terne et déroutant. La fascination pour la mort peut devenir une constante…
Poisons, venins, bêtes dangereuses, feondas et phénomènes de hantise effrayants semblent désormais receler une vérité
suprême qu’il convient de maîtriser et de dévoiler. Face à un absolu transcendant, les normes morales ou sociales perdent
leur substance et l’être est tenté de n’agir que sous l’impulsion d’une inspiration poétique et morbide, ou scientifique et
malsaine.
L’Adoption
L a quête du PJ pourrait lui faire découvrir son histoire et le guider sur les traces d’une communauté
dans laquelle il pourrait se retrouver. Mais les choses peuvent évoluer bien différemment :
Dogmatisme.
Celui qui ignore d’où il vient est confronté à une incertitude permanente.
Qui est-il ? Quelle est la part du vrai et du faux dans l’être qu’il est ? S’il doute de lui, qu’en est-il de ses valeurs ?
Comment savoir ce qui est juste si on ne sait pas qui on est ? Peut-être qu’en se réfugiant dans les certitudes
d’un dogme il est possible d’acquérir enfin une identité ? Et dans ce cas, il y a matière à être prêt à tout pour
défendre et affirmer cette appartenance, y compris de manière rigide… le PJ pourrait considérer désor-
mais que le Temple est sa nouvelle, véritable et seule famille, que les gens de Dearg sont
majoritairement des païens promis à la damnation et donc que la prio-
rité est de sauver leurs âmes. Les enfants du val, dont
l’esprit est encore malléable, sont peut-être ceux
vers lesquels concentrer ses efforts ?
Joris
15
la part des ombres_Mise en page 1 06/11/2013 13:29 Page 11
Le gouffre de la folie
L
a folie est une composante très importante du système des Ombres d’Esteren. Même lorsqu’il a atteint le stade de la
folie, un Personnage reste jouable. Dans la perspective où le meneur et ses joueurs souhaitent explorer la face obscure
de leur PJ, la folie pourra devenir un ressort dramatique puissant et un élément de jeu qui peut accentuer le vécu des
arcs narratifs.
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Se perdre dans son univers intérieur.
Noyée, dissoute, dispersée, érodée, ternie, confuse, la conscience perd de sa netteté. Les limites
sont effacées, ou deviennent au contraire des murs infranchissables. Les désordres mentaux de
ce type sont la Mélancolie, l’Hallucination, la Confusion mentale, le Mysticisme et l’Obsession.
Le Personnage est solitaire dans son vécu, il y a une grande dose d’introspection tandis que le
meneur devient parfois une voix de l’intérieur de l’esprit, pour préciser les perceptions distordues,
la pesanteur ou la crispation ressentie.
Certains arcs sont plus propices que d’autres pour accentuer l’intériorité : Culpabilité, Regret,
Adoption et Éthique. Choisir un arc narratif qui pose des questions sur la sensibilité, son exacerba-
tion ou son érosion, et un désordre latent qui va dans la même direction tendra à rendre le person-
nage plus solitaire.
Quatre arcs narratifs sont en revanche davantage orientés vers les interactions : l’Amour, l’Ambition,
l’Origine et la Vengeance. L’adjonction de ces arcs à des dérangements plutôt portés vers l’introspection
freinera l’action, ils tendront à la rendre plus contemplative. Il est également possible que la confronta-
tion entre la tendance à l’introspection et la nécessaire confrontation aux autres pour réaliser son objectif
à composante sociale, soit l’occasion d’une révélation. Le PJ commence à se rendre compte de sa
différence, de sa souffrance, il peut se comparer aux autres et comprendre que quelque chose
cloche : il a mal, mais ce n’est pas une fatalité ni le seul destin de l’humanité…
Il peut parvenir à la prise de conscience de son trouble, ce qui peut l’amener à prendre
la décision de se soigner. Comprendre que l’on souffre et que c’est anormal est
nécessaire pour entreprendre un traitement (Cf. Livre 1 – Univers, p.280). Cette
situation peut être un coup de pouce du meneur au joueur pour aider un PJ
tourmenté et dépourvu de lucidité à prendre conscience de sa douleur et de
la nécessité d’agir, de se soigner.
D’une manière ou d’une autre, le sujet a besoin de la société, d’un groupe qu’il cherche à rejoindre ou dont il veut se défen-
dre. Attraction ou répulsion, fascination ou désir de destruction, dans tous les cas, il n’existe que par son reflet sur le visage
de son vis-à-vis. Les dérangements sociaux sont : la Frénésie, l’Hystérie, l’Exaltation, la Paranoïa et le Mimétisme.
Associés à un arc narratif porté sur des questionnements intérieurs (Culpabilité, Regret, Adoption et Éthique), les désordres
orientés vers la société facilitent les interactions, ils interdisent le complet isolement. Il y a un besoin des autres qui tient
de la pulsion impérative.
À l’inverse, les désordres à composante sociale paraissent plus aisément associés à des arcs qui sont tournés vers les autres :
l’Amour, l’Ambition, l’Origine et la Vengeance. La relation à autrui est cristallisée, sous forme de relation parasite ou
destructrice. La construction de l’identité est si fortement associée à la présence d’un public, adoré ou détesté, ou les deux
à la fois, que l’on peut se demander si ce personnage ne finit pas par être d’autant plus fragile quand il est seul…
La vacuité ressentie sans les autres peut être destructrice, effrayante, source de malaises très douloureux, avec peut-être même
la sensation de devenir fou… Le meneur pourrait utiliser une telle situation pour justement faire sentir au PJ sa fragilité.
17
Un scénario de Nelyhann
monde meilleur_Mise en page 1 06/11/2013 13:33 Page 2
Aspects horrifiques - Les souvenirs douloureux de la perte d’un être cher pour le PJ ;
L’
- La guerre et le travail quotidien des médecins ;
horrifique occupe une part importante de ce focus : - Les abus de la magience.
monde meilleur_Mise en page 1 06/11/2013 13:33 Page 3
Reizh et la magience
C e focus met en scène le royaume de Reizh et l’ordre magientiste. Pour les PJ, ce sera peut-être la première incursion dans
ce territoire. Afin de préparer son scénario, le meneur pourra relire les chapitres Reizh et Magience du Livre 1 – Univers
(p. 79 et 156). L’un et l’autre donnent de nombreuses informations qui pourront aider le meneur dans ses descriptions :
la situation politique reizhite difficile (cf. p. 80 Livre 1), des informations sur la cité de Baldh-Ruoch (cf. p.84 Livre 1),
l’organisation de l’ordre magientiste (cf. p. 159 Livre 1) ou encore la description d’une auberge reizhite (cf. p. 81 Livre 1)…
À l’instar des personnages évoqués dans le Livre 1 - Univers, les PJ pourront obtenir ces informations de la part d’habitants ou
de voyageurs. L’un des Seconds rôles de ce focus est Mordàn, le narrateur du chapitre dédié à la magience (cf. p. 156 Livre 1).
Comme avec son élève Khalmen, il pourra transmettre ce qu’il sait de Reizh et des magientistes au PJ qu’il escortera jusqu’à
Baldh-Ruoch. Ce scénario sera également l’occasion de découvrir de nouveaux aspects du royaume de Reizh, comme
l’Assemblée des représentants, qui est décrite dans l’Acte 4 : L’échiquier politique de Baldh-Ruoch.
L
es joueurs devraient garder à l’esprit que dans un monde comme Esteren, le système féodal est la norme et que l’organisa-
tion de la société est basée sur l’inégalité entre les hommes. Si un courant progressiste existe en Reizh et qu’il est toléré par
le pouvoir, seule une minorité prône la fin de la féodalité et l’avènement d’un véritable Parlement. Ces radicaux sont mena-
cés par la répression violente organisée par le pouvoir royal, qui punit de mort ceux qui expriment des projets de révolution ou de
régicide.
Dans le focus « Modhannan », le primus Yasen et l’inceptus Tòmas incarnent deux visions différentes de la magience, l’une féo-
dale et conservatrice, l’autre humaniste et progressiste, voire révolutionnaire. Cela se traduit sur plusieurs plans :
L a pratique de la magience en Reizh est strictement réglementée, peut-être même plus que partout
ailleurs dans Tri-Kazel, si on excepte les régions de Gwidre où les sigires du Temple veillent. Cela
s’explique par plusieurs raisons. Tout d’abord, la magience, très présente dans les grandes villes reiz-
hites, jouit d’une réputation contrastée auprès de la population. Ceci est entretenu par les scandales, le plus
souvent exagérés, voire inventés de toutes pièces, qui alimentent les rumeurs et tapissent les articles des jour-
naux. Cette situation est en partie la conséquence d’une certaine proximité entre magience et pouvoir poli-
tique. Les magientistes haut placés, et en premier lieu les membres du Concile, sont des personnalités
influentes dont le pouvoir politique est réel. De ce fait, les magientistes sont également attaqués par leurs
adversaires qui tentent de saper leur image auprès du peuple, mais aussi des autres dirigeants, et ceci par
tous les moyens. Les pressions vis-à-vis du roi Bronchaerd pour encadrer la magience, soi-disant pour
« rassurer le bon peuple de Reizh », sont nombreuses et celui-ci a cédé plusieurs fois aux revendications
des adversaires de cette science pour mieux encadrer sa pratique.
Ce contexte a abouti à l’adoption d’un Code de déontologie magientiste, que l’on dit inspiré du code magien-
tiste continental. Ce code prévoit notamment que l’exercice de la magience ne puisse se faire sans l’obtention
d’un diplôme délivré dans l’une des universités ou écoles reconnues par le pouvoir royal. Le titre de magientiste
est protégé et toute usurpation est sévèrement punie. Le Code prévoit également que « la science magientiste doit
servir tous les habitants de Reizh et ne pas être réservée à une seule catégorie de personnes ». Cet article du Code
est à la source d’un nombre important de polémiques idéologiques, qui secouent encore aujourd’hui l’Assemblée
des représentants de Baldh-Ruoch. Initialement, il a été ajouté au Code pour éviter que les magientistes ne
gardent pour eux seuls leurs secrets, à une époque où la crainte que cette corporation devienne incontrôlable était
à son comble. En théorie, cet article donne aux représentants de la couronne un accès complet à toutes les ins-
tallations magientistes. Sur un autre registre, cet article est utilisé par les progressistes pour défendre l’idée
que la magience ne devrait pas bénéficier seulement aux populations aisées et nobles, mais à tous.
Un autre article important, ajouté suite à de nombreux scandales, déclare que « le magientiste exerce
sa mission dans le respect de la vie humaine et de sa dignité, respect qui ne cesse pas de s'imposer après la
mort. Le Flux ne peut être extrait sur un être humain qu’avec son accord plein et entier ». Cet article est une
véritable victoire pour les opposants à la magience qui ont longtemps dénoncé les abus supposés de certains vita-
listes, qui n’hésiteraient pas à ponctionner des cadavres et même des êtres humains vivants, pour extraire du Flux
21
organique. Dans les faits, les choses sont complexes car la loi féodale implique une hiérarchie entre les hommes
et plusieurs éléments laissent à penser que de telles extractions seraient encouragées et financées par quelques
lignées de familles nobles influentes, qui occultent ces agissements à grand renfort de corruption et d’accords
politiques. Cet article revient souvent dans les débats au sein même de l’ordre magientiste, où les conservateurs et les
progressistes s’affrontent âprement sur ces questions.
Avant de commencer la partie, le joueur incarnant Les scènes clés sont des moments particuliers où
le Premier rôle (PJ ayant choisi l’arc narratif de l’Éthique) le Second rôle va intervenir dans le focus et appor-
va sortir de la pièce et le meneur va présenter aux autres ter des éléments que le joueur devra restituer
joueurs les différents Seconds rôles disponibles pour ce le plus fidèlement possible. C’est la raison pour
scénario. Si le meneur de jeu et les joueurs ne se sentent pas laquelle le joueur devrait prendre des notes sur le Second
encore à l’aise avec les principes particuliers des focus, rôle qu’il va interpréter.
ils devraient relire le chapitre Focus et en particulier le pas-
sage « Principes et règles des focus », p. 63. L’âge des Seconds rôles n’est pas précisé car les focus se
déroulent dans le passé, à une période indéfinie, et qui peut
Chaque Second rôle possède des informations sur varier selon l’histoire du Premier rôle. Des indications tem-
son histoire, sa personnalité et des scènes clés, que porelles générales sont données, mais demeurent ajustables
le meneur va expliquer au joueur qui l’incarne. selon les besoins.
Les fiches de Seconds rôles fournies contiennent l’ensem-
ble de ces informations et sont destinées à être
données aux joueurs. Les informations reproduites
ci-dessous sont des résumés dont le meneur pourra se servir
pendant le jeu.
-Modhannan : Un Monde meilleur-
monde meilleur_Mise en page 1 06/11/2013 13:33 Page 5
Mordàn est un varigal expérimenté. Il est de passage à Dearg après une mission
l’ayant mené jusqu’à Tulg-Naomh et se dirige vers Baldh-Ruoch. C’est lui qui
va donner envie au Premier rôle de s’intéresser à la magience. Il acceptera d’em-
mener le PJ avec lui jusqu’à la capitale reizhite.
Au début du focus, Alana Naïghan est une jeune primus d’une trentaine
d’années, très impliquée dans la vie politique de Reizh. Le scénario va
être l’occasion de suivre son exceptionnelle ascension à la tête de l’école
vitaliste, son obtention du statut de magister et son accès au Concile de
Baldh-Ruoch, ce qui est hors norme pour son âge.
Alana Naïghan défend l’idée d’une magience qui devrait être accessible
22 à tous et milite pour sa propagation. Au niveau politique, elle se réclame du
courant humaniste et progressiste qui est favorable à l’augmentation des préro-
gatives de l’Assemblée des représentants de Baldh-Ruoch, sur le modèle du
Parlement continental. Elle reste modérée sur son positionnement et rappelle à
qui veut bien l’entendre sa loyauté envers le roi. Dame Alana – comme elle est
surnommée – possède une réputation sulfureuse et certains n’hésitent pas à dire
que son engagement humaniste n’est qu’une façade, un arrivisme sans limite.
D’autres racontent qu’elle serait proche des mouvements révolutionnaires et
que ses ambitions dépasseraient largement le poste de magister au Concile…
Kaereg est un homme politique influent, l’un des chefs de file du courant progres-
siste, qui obtiendra finalement une place comme conseiller royal en 906. Homme
que l’on dit maître dans l’art du compromis, modéré dans ses aspirations, il joue le
rôle de médiateur entre les autorités royales et les revendications de l’Assemblée des
représentants. Kaereg aspire à une monarchie parlementaire où le roi conserverait
sa place mais reste très prudent dans sa manière de défendre ses idées. Il se mon-
tre beaucoup plus incisif et combatif à l’égard des magientistes qui s’immiscent
chaque jour un peu plus dans les cercles du pouvoir. De son point de vue, ces
derniers n’ont rien à faire dans la vie politique et leur omniprésence à
l’Assemblée révèle leurs véritables ambitions. Même s’il reconnaît les bien-
faits de cette science, Kaereg n’hésite pas à jouer sur la peur que les magien-
tistes inspirent et les fustige à la moindre occasion. Il est convaincu que les loges
magientistes pourraient déstabiliser le pays, en encourageant les mouvements
révolutionnaires, avant d’en prendre le contrôle.
monde meilleur_Mise en page 1 06/11/2013 13:33 Page 6
Tòmas est un personnage important de ce focus, qui prendra part à une majorité
des scènes. Jeune inceptus, issu d’une famille noble mais aux idées progressistes
et révolutionnaires, il va se lier d’amitié avec le Premier rôle. Le PJ incarne pour
lui l’exemple vivant de ses principes : une chance égale devrait être offerte à tous,
quelles que soient leurs origines sociales.
Tòmas est un jeune homme idéaliste, franc et enjoué, fasciné par le Continent et les
idées d’un régime politique où les hommes seraient égaux et où le peuple aurait le
pouvoir. Il est conscient que de telles idées extrémistes lui vaudraient la peine de
mort, alors il les garde pour lui. Passionné par la politique, il admet publiquement
partager et soutenir les idées de Ronan Kaereg, ce qui lui vaut l’inimitié d’une bonne
partie de sa famille. Secrètement, il adhère à un petit groupuscule révolutionnaire qui
rêve dans l’ombre à la chute de la monarchie en Reizh.
Yasen est un homme froid, rationnel. Il estime que seule l’élite mérite 23
d’accéder aux mystères de la magience et voit d’un très mauvais œil les
élèves étrangers et ceux issus de milieux défavorisés. Il n’aime pas le
Premier rôle pour cette raison et ne comprend pas comment il a pu obte-
nir le soutien d’Alana Naïghan. Au fil des années, Yasen ressentira un
certain respect pour le PJ, lui reconnaissant des qualités de travail et
d’abnégation dont certains devraient s’inspirer.
Chronologie
Les actes et les scènes de ce focus sont présentés dans l’ordre chronologique de leur déroulement. Elles soulignent les
moments clés du passé du Premier rôle. Cependant, le déroulement reste ouvert et de nombreuses autres scènes peuvent
s’intercaler, d’autant que ce focus retrace les sept années de formation d’un inceptus. Ainsi, entre la scène 2 « Intégration à
l’université » et la scène 3 « La bagarre », selon les initiatives des joueurs, le meneur pourra improviser de nouvelles scènes
ou décrire la vie quotidienne de l’université, les cours, les examens pour atteindre l’année suivante, etc. Au moment
opportun, il pourra faire intervenir une nouvelle scène marquante afin de relancer le rythme et faire avancer le scénario.
Durée de la partie
En se concentrant uniquement sur les scènes décrites dans ce scénario et en maintenant un rythme de narration
soutenu, il est possible de jouer ce focus en une seule séance de jeu. Si le meneur décide de passer plus de temps sur
chaque scène, voire de détailler des scènes intermédiaires (en jouant les voyages par exemple), le focus pourra
occuper plusieurs séances de jeu, voire devenir une petite campagne à part entière. Si tel est le choix du MJ, il devrait pren-
dre garde à ne pas créer de trop grands déséquilibres avec le traitement des focus consacrés aux autres arcs narratifs.
Pour préparer sa partie, le meneur pourra se référer à l’aide de jeu incluant un résumé de chaque scène, donnant une
vue d’ensemble sur le déroulement du focus. Il est possible de télécharger les versions numériques de ces aides de
jeu sur le portail des Ombres d’Esteren : www.esteren.org
Un exemple de chronologie
V oici un exemple de chronologie, retraçant les différents événements marquants de ce focus. Ce sont des points de
repère, que le meneur peut bien sûr adapter selon la manière dont il aurait adapté le scénario :
Le focus « Modhannan : Un Monde meilleur » prévoit par défaut que le PJ devienne magientiste mais ce n’est pas une obli-
gation. Si le joueur a choisi un autre métier pour son Personnage, le meneur pourra adapter son scénario en fonction :
Un autre diplôme
Il est possible que le joueur choisisse un métier connexe à celui de magientiste comme médecin ou occultiste. L’adaptation
sera minime ; il suffira d’imaginer une réorientation pendant sa scolarité. À moins que le PJ ne change d’établissement ?
Un autre métier.
Le joueur pourrait tout aussi bien choisir un autre métier, n’ayant rien à voir avec magientiste. Le focus pourra se finir
par une fuite éperdue de la capitale reizhite. Il est également possible que le PJ ait tout simplement arrêté ses études avant leur
terme. Le meneur pourra jouer le focus tel qu’il est présenté, en ajoutant les scènes complémentaires montrant comment le PJ
a évolué vers son métier final, tout en restant lié à son arc narratif de l’Éthique. Les études menées par le PJ pourront justifier
que le Domaine Magience devienne son Domaine Secondaire (son Domaine Primaire étant en fonction du métier choisi).
Cet acte se déroule dans le passé, dans le village de Dearg. Le Premier rôle est encore jeune, il a une douzaine
d’années (environ huit ans de moins que son âge actuel). L’enjeu de ce premier acte est de jouer l’événement qui a
convaincu le PJ de se tourner vers la magience ainsi que son voyage vers Reizh en compagnie du varigal Mordàn.
Scène 1 : L’enterrement
Seconds rôles : Le varigal Mordàn.
Figurants : Les habitants de Dearg (pré-tirés du Livre 1 – Univers, la brocanteuse Zaïg, le forgeron maître Fanch,
la dàmàthair Glenn, l’apprentie barde Aïnlis.)
L’action débute aux tumulus de Dearg, à l’extérieur du village, à l’occasion de l’enterrement de Ionna, la petite sœur du
Premier rôle. La fillette (ou toute autre personne proche du Premier rôle, selon son historique) a été emportée par une
mauvaise grippe et ni le demorthèn local, ni le PJ n’ont pu faire quelque chose pour la sauver. Des habitants de Dearg sont
présents pour se recueillir sur la tombe de la disparue dont le visage a été recouvert d’un masque de cordes tressées. Comme
le veut la coutume, elle a été allongée dans une fosse au sol tapissé de sable et de roche pilée. Après que le demorthèn a pro-
féré quelques paroles mystiques traitant des lois naturelles, une lourde dalle de granit est déplacée pour couvrir la sépulture.
Enfin, on remet au Premier rôle le bracelet de cuivre forgé par les Repousseurs qui avait été donné à sa sœur à sa naissance.
C ette première scène, inaugurale, est très importante. Le meneur devrait soigner sa description des lieux : les tumulus
de Dearg (cf. Chapitre 1, Tumulus de Dearg), la brume, une fine pluie glaciale, les visages sombres des habitants de
Dearg, la dépouille dont le visage est couvert par le masque de cordes… Surtout, le meneur devrait se focaliser
sur les émotions ressenties par le Premier rôle et décrire au joueur ce qu’il ressent. En effet, il tenait énormément à sa petite sœur
(dans le cas du pré-tiré Finn, il s’agissait de la dernière personne de sa famille en vie) et la douleur provoquée par cette brutale
disparition est terrible. Un élément décisif est l’impuissance du demorthèn Loeg à pouvoir soigner la fillette. Ce constat laisse le
Premier rôle dans la stupeur et il aura du mal à supporter les phrases de son mentor, faisant référence aux lois de la nature.
Dans les croyances traditionnelles, les capacités de l’homme sont limitées et il doit accepter la mort comme faisant partie de la vie.
Cette épreuve doit lui enseigner l’humilité en le confrontant à la puissance des lois naturelles. Pour le Premier rôle, ce n’est pas si
simple. Après tout, à quoi cela sert-il qu’il passe des années à apprendre ces savoirs traditionnels, voire qu’il devienne demorthèn,
s’il ne peut même pas soigner une grippe ? Le meneur pourra poser directement cette question au joueur.
U n peu plus tard, le Premier rôle va faire la connaissance du varigal Mordàn. La scène a lieu dans l’auberge du Chien
rouge. Le brasseur Tadh est affairé à alimenter un feu de cheminée. Le PJ est livide, encore sous le choc de la
disparition de sa sœur. Mordàn a entendu parler de l’histoire du PJ, de la disparition de sa sœur à la suite d’une
mauvaise grippe. Il va lui parler et lui expliquer l’existence de la magience ainsi que les possibilités offertes par cette science.
Le départ vers Reizh avec le varigal sera précipité et aura lieu le lendemain matin. Tout abandonner si brutalement n’est
pas si simple. Le meneur pourra interroger le joueur sur les sentiments qui traversent son PJ. Pendant la nuit, le PJ
ressasse ses souvenirs et une discussion, pendant laquelle le demorthèn Loeg lui enseignait les cycles naturels, ressurgit.
Dans la conception traditionnelle, l’énergie essentielle qui constitue l’unité d’un être, le Rindath, se disperse lorsque la mort
survient pour rejoindre les cycles de l’existence. Les demorthèn ne sont pas là pour entraver cet ordre des choses et doivent accep-
ter la brièveté de l’existence. Jusque-là, le PJ adhérait sans doute à cette vision mais la mort soudaine de sa sœur a remis en cause cette
conception du monde, d’autant qu’il existerait d’autres façons d’appréhender le monde, comme c’est le cas pour les
magientistes, qui luttent pour améliorer les conditions de vie de l’humanité…
monde meilleur_Mise en page 1 06/11/2013 13:34 Page 10
L
e meneur pourra prendre un peu de temps pour décrire au joueur son voyage avec le varigal en direction de Reizh.
Comme suggéré en introduction de ce focus, ces scènes seront l’occasion pour Mordàn de transmettre au Premier rôle
(mais aussi à l’ensemble des joueurs autour de la table) des informations de base sur les magientistes et le royaume
de Reizh. Si le joueur incarnant Mordàn est peu inspiré ou ne connaît pas bien cette faction et ce royaume, le meneur ne devrait
pas hésiter à reprendre à son compte la narration : « Pendant le voyage, le varigal te raconte des anecdotes sur Reizh et les magien-
tistes. Ainsi, on raconte que… ». Si le Premier rôle pose des questions au varigal et que le joueur l’incarnant se trouve en difficulté
pour répondre, le meneur peut également reprendre la main et apporter les réponses. En cas de difficulté, il ne faut pas hésiter à se
retrancher derrière le personnage et répondre simplement au PJ quelque chose comme « Je n’en sais rien mon p’tit gars… tu poses
beaucoup de questions mais ne t’inquiète pas, elles trouveront bientôt leurs réponses… ».
Si le meneur désire prolonger la mise en scène, il serait bien avisé de faire intervenir des Figurants afin que les autres joueurs s’amu-
sent : quelques voyageurs qui se joindront au varigal et au PJ ; un marchand et ses gardes du corps ; un escadron de chevaliers ou
de soldats ; etc.
Le PJ vient d’arriver dans la capitale reizhite, accompagné du varigal Mordàn. Cet acte met en lumière le moment
décisif où il a obtenu la lettre de recommandation lui permettant d’intégrer l’université. Il revient sur son entrée dans
le fameux établissement, sa rencontre avec Tòmas et ses rapports compliqués avec le primus Yasen.
L’arrivée à Baldh-Ruoch
D
écouvrir la capitale de Reizh devrait être un moment marquant : les lumières qui scintillent dans la nuit, la cité qui
s’élève sur les deux pics rocheux à des hauteurs improbables, le vacarme de la rivière Oëss qui jaillit de la mon-
tagne et alimente continuellement un grand bassin artificiel aux pieds de la cité, etc. Pour le Premier rôle, d’autant
plus s’il est originaire d’une région rurale, c’est un choc de découvrir une telle œuvre de l’homme, accentuée ici par la technolo-
gie magientiste. La page 162 du Livre 1 – Univers donne une représentation saisissante de l’université magientiste de la capitale
reizhite.
E
n arrivant à Baldh-Ruoch, Mordàn propose au varigal le gîte et le couvert en échange de quelques récits
au PJ de le suivre jusqu’à l’Horloge, une de ses derniers voyages.
auberge huppée dont il connaît le patron… Dans l’une des alcôves, les deux voyageurs entendent des rires
L’entrée de l’Horloge est gardée par deux mercenaires en et des éclats de voix. Rapidement, ils distinguent un groupe de
armes qui laisseront entrer Mordàn lorsqu’il déclinera son personnes que Mordàn reconnaît tout de suite comme étant
identité. À l’intérieur, les vêtements boueux des voyageurs des magientistes. Surtout, il identifie la jeune et séduisante
détonnent avec le style raffiné des lieux. Une grande salle est primus Alana Naïghan, aussi connue dans la capitale pour sa
surplombée par un balcon, les poutres et rambardes des esca- beauté que pour ses talents exceptionnels en chirurgie.
liers sont élégamment ciselées. Quatre alcôves d’où émanent Mordàn pousse le PJ à aller se présenter à la magientiste :
des volutes de tabac sont éclairées par des petits nébulaires c’est une occasion à ne pas louper pour espérer obtenir
diffusant des couleurs pâles – ce qui coûte chaque jour son les faveurs d’une personnalité que l’on dit promise à un grand
pesant de daols d’azur pour les alimenter ! Mais rien n’est trop avenir. Alana sera touchée par l’histoire du jeune garçon et
beau pour les riches marchands de passage pour quelques nuits s’engagera à soutenir sa candidature en lui rédigeant une lettre
à Baldh-Ruoch. Le propriétaire de l’établissement, Premel, de recommandation pour entrer à l’université magientiste de
vient saluer son vieil ami et lui propose, ainsi qu’au PJ Baldh-Ruoch.
qui l’accompagne, de s’asseoir. Comme de coutume, il offre
D ans cette scène, trois joueurs devraient être occupés à incarner le Premier rôle et les Seconds rôles Mordàn et Alana.
Les autres joueurs ainsi que le meneur pourront incarner comme Figurants quelques-uns des disciples d’Alana
Naïghan. Le meneur pourra donner le ton en utilisant un langage et une gestuelle maniérés, qui devrait trancher avec
le style plus austère de Mordàn et son jeune compagnon de route. La page 67 donne quelques conseils pour interpréter cette scène.
28
Scène 2 : L’entrée à l’université
Seconds rôles : Le primus Yasen, l’inceptus Tòmas Mac Tehen. Figurants :Les inceptus de l’université.
.
Quelques jours plus tard, alors qu’il est à présent logé dans une auberge populaire avec Mordàn, le PJ recevra une lettre lui appre-
nant qu’il a obtenu une place à l’université. La nouvelle tombe bien, d’autant que le varigal n’allait pas tarder à reprendre la route
et il serait très rapidement devenu difficile pour le PJ d’assurer sa subsistance dans une cité immense dont il ignore tout. Il est temps
de rassembler ses quelques affaires, de faire ses adieux à Mordàn et de franchir le portail de la grande université de Baldh-Ruoch.
Le meneur pourra en trouver une représentation à la page 162 du Livre 1 – Univers.
Arrivée à l’université
(cf. Fiche de Yasen).
‘
La rencontre avec Tomas
(cf. Fiche de Tòmas).
D L
ès ses premiers jours à l’université, le PJ sera orsque le Premier rôle arrive à l’université, il est isolé
convoqué par le primus Yasen, afin de faire sa et l’inceptus Tòmas Mac Tehen sera le premier à aller
connaissance et lui présenter les règles de vie vers lui, lui demandant d’où il vient. Tòmas se mon-
importantes dans l’université. Ce sera un moment assez trera sympathique, accueillant, proposant à son nouvel ami de
éprouvant car Yasen exprimera, de manière à peine voilée, lui faire découvrir la ville pendant leurs jours de congé.
toute sa défiance à l’égard du PJ.
Un sentiment de solitude.
L
e meneur pourra décrire au joueur incarnant le Premier rôle le sentiment de solitude qui pèse sur lui, en particulier à
partir du moment où il fera ses adieux à Mordàn. Le varigal incarnait son dernier lien avec sa communauté d’origine.
Se retrouver face à l’immense université à l’architecture gothique et aux lumières étranges devrait être une expérience
marquante. Une foule d’élèves et de professeurs aux costumes inhabituels pour le PJ se pressent, entrent et sortent de l’édifice…
Le PJ est arrêté par les milices magientistes qui contrôlent son précieux courrier d’admission, il doit supporter les regards pesants
des autres élèves qui le dévisagent, etc. Cette scène d’intégration à l’université pourra durer autant de temps que le meneur le juge
nécessaire. Au moment qui lui semblera opportun, il pourra faire intervenir le Second rôle Tòmas Mac Tehen dont la sollicitude
sera un soulagement pour le PJ.
-Modhannan : Un Monde meilleur-
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Quel que soit le rythme de jeu choisi, le meneur pourra ponctuer ses scènes d’ellipses temporelles pendant les-
quelles il pourra raconter aux joueurs quelques moments importants de l’enseignement magientiste. Ce sera
l’occasion de décrire la fin d’année et l’examen menant à l’année suivante, les différents cours dispensés par
les professeurs qui seront autant d’occasions de présenter ou de rappeler aux joueurs les grands principes de
la magience (les différents Flux, les principes éthiques, les différentes écoles, la hiérarchie, les principes
d’extraction et de raffinage…), etc. La fin du focus (dernières scènes de l’Acte 4) devrait coïncider
avec la fin des études des inceptus.
Peu après un cours, à l’extérieur d’un amphithéâtre ou dans la cour intérieure de l’université, le Premier rôle est pris à partie
par quelques élèves. Ces derniers n’aiment pas le PJ pour plusieurs raisons : son origine étrangère, sa réussite dans ses études
et le fait qu’il ait été « pistonné » par la prestigieuse Alana Naïghan. En effet, à chaque fin d’année, le concours aboutit à
l’éviction des élèves les moins performants et les Figurants qui interpellent le PJ se sentent menacés. Cette échéance exacerbe
les jalousies et la compétition entre les inceptus. Le petit groupe a dérobé au PJ un objet précieux pour lui : le bracelet de cui-
vre ayant appartenu à sa sœur morte. Ils vont narguer le Premier rôle, lui demandant s’il a l’habitude de porter des bijoux de
femmes, etc. Rapidement, la situation va dégénérer en une bagarre…
30
P eu après cet incident, le Premier rôle est convoqué par le primus qui va le réprimander et lui rappeler les principes
qui doivent présider au comportement d’un magientiste digne de ce nom. Ce sera aussi l’occasion de lui présenter
son affectation pour son année de formation sur le terrain : un poste médical avancé dans la région de
Boischandelles, connue pour être le théâtre d’escarmouches sanglantes entre les chercheurs de Flux et les autochtones.
Peu après l’entrevue, Tòmas apprendra à son tour qu’il est affecté au même poste médical avancé que le Premier rôle. Une telle
affectation sera raillée par les adversaires du PJ et de son camarade, qui y verront une sanction. En effet, l’endroit est réputé
dangereux et les mois passés là-bas s’annoncent difficiles alors que d’autres élèvent resteront au cœur de la capitale, au service
d’établissements privés, sécurisés et confortables.
Ce troisième acte détaille l’année de formation sur le terrain dont bénéficie chaque inceptus pendant son cursus uni-
versitaire. Pour le PJ et Tòmas Mac Tehen, il aura lieu dans un petit hôpital de campagne, installé dans une région
troublée : Boischandelles. Cette formation sera l’occasion d’un premier dilemme éthique pour le Premier rôle.
L e meneur pourra prendre le temps de décrire le voyage depuis la capitale jusqu’à la région frontalière de
Boischandelles. Tòmas et le Premier rôle prennent place dans un convoi transportant de jeunes soldats envoyés dans
cette zone troublée pour leur service d’ost, des ouvriers qui vont prendre le relais de ceux travaillant sur place depuis
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plusieurs semaines et de grandes quantités de provisions alimentaires. Le voyage sera l’occasion de faire connaissance ; les soldats
et les ouvriers formeront autant de Figurants. Le soudain retour au cœur d’une nature sauvage provoquera sans doute chez le
Premier rôle des sentiments partagés : le plaisir de retrouver les grands espaces tout en étant désorienté de quitter si soudainement
l’animation de la capitale. La route menant à Boischandelles devient rapidement une piste cahoteuse et, après plusieurs jours d’un
périple les menant jusqu’aux contreforts des Mòr Roimh, le convoi arrivera en vue du fortin abritant l’hôpital de campagne où le
PJ et Tòmas doivent se rendre. Voici les informations significatives concernant cette région :
Boischandelles. Cette grande forêt, s’étendant à Les insoumis.. Il est de notoriété publique que les
l’Ouest du royaume de Reizh, est considérée comme sacrée montagnes des Mòr Roimh abritent des clans traditionnels
par les demorthèn (cf. Livre 1 p. 24 et Livre 2 p. 12). Depuis qui refusent l’autorité du roi Bronchaerd. Ils seraient menés
quelques années, des rumeurs de prolifération de feondas par trois demorthèn aux convictions radicales (cf. Livre 1 p. 87).
sont colportées par les locaux et les varigaux, mais cela Certains nomment cette région « la petite Dèas », en
n’empêche pas les magientistes d’exploiter son bois riche en référence aux terres osags du Sud de Taol-Kaer.
Flux végétal. L’installation d’une infrastructure magientiste, certes de
taille réduite, a exacerbé les conflits et la région est devenue
le théâtre d’affrontements violents.
Promesse. Les magientistes ont installé une usine
d’extraction, de taille assez modeste, afin de produire du
Flux brut qui est ensuite acheminé jusqu’à la capitale où il Les mines et les gisements de Flux fossile.
est raffiné. L’usine est bâtie sur les pentes des contreforts Initialement, les mines étaient gérées par des locaux, pour
des Mòr Roimh, face à la forêt de Boischandelles, que l’on extraire des minerais de fer. Un jour, ils ont découvert du
voit à perte de vue les jours de beau temps. Les ressources Flux fossile cristallisé… plusieurs morceaux. Les magien-
principales exploitées par l’usine sont les arbres de cette tistes de l’usine d’extraction l’ont appris et ont prévenu le
forêt, riches en énergie végétale, et, depuis peu, un gisement Concile. L’école minéraliste a proposé aux locaux de rache-
de Flux fossile découvert dans une vallée voisine. Si l’en- ter les mines contre une somme conséquente de daols…
semble des infrastructures reste sous l’influence directe de Cet accord a été très mal vécu par beaucoup de clans de la
l’école botaniste (dirigée par Vardeheim, magister et mem- région et l’incursion des magientistes à l’intérieur des
bre du Concile magientiste de Baldh-Ruoch), il est de noto- montagnes a été un nouvel affront insupportable pour ces
riété publique que l’école minéraliste s’intéresse à cette peuples indépendantistes. C’est aux abords de ces mines
usine et a financé en bonne partie les nouvelles installations qu’ont lieu les raids les plus violents. La situation s’est
visant à extraire le Flux fossile. Avec l’augmentation de son envenimée et les clans mènent une véritable guérilla contre
activité liée à la découverte de nouveaux gisements, l’usine les magientistes et leurs ouvriers. Les derniers ont obtenu le
s’est entourée de plusieurs bâtisses, qui ressemblent de plus soutien armé des soldats du roi, mais aussi des renforts 31
en plus à un petit village, baptisé « Promesse » par ses provenant de milices privées de l’ordre magientiste.
pensionnaires. Depuis la recrudescence des attaques menées Ces troupes escortent les ouvriers et viennent grossir les
par les clans, les habitations ont été renforcées, une palis- habitants de la ville nouvelle Promesse.
sade a été élevée et l’usine a des allures d’angarde. Le poste
médical avancé est situé à l’intérieur de cette enceinte.
Au total, plus de cent personnes sont stationnées ici en per-
manence. Une trentaine d’ouvriers travaillent et vivent ici,
avant d’être relayés au bout de quelques semaines par de
nouveaux travailleurs. On compte autant de techniciens
magientistes (une quinzaine d’assistants, une dizaine
de scientörs et trois primus dont le magientiste Eliaz) et
autant de soldats en armes. Une dizaine de personnes
assurent des métiers d’intendance et entretiennent
un grand potager.
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C ette scène est l’occasion pour le meneur de planter le décor et d’introduire de nouveaux personnages, comme le Second
rôle Eliaz, qui expliquera au Premier rôle et à Tòmas leur mission : ils vont aider aux soins des blessés victimes de la
guérilla. Le meneur pourra faire sentir aux PJ qu’ils ont la chance d’être à l’abri derrière les palissades protégeant
Promesse. Il pourra décrire la peur dans les yeux des ouvriers et soldats partant vers les mines où est exploité le filon de Flux fos-
sile. Il pourra également mettre en scène l’arrivée de blessés qu’il faudra soigner. Ce sera l’occasion de tester les capacités des
inceptus. Le meneur devrait insister sur la dureté de ces scènes où les PJ seront confrontés à la souffrance et à la mort.
Ces premières scènes pourront également permettre d’aborder les enjeux éthiques et politiques de l’extraction du Flux : la capitale
Baldh-Ruoch a toujours besoin de plus d’énergie pour alimenter ses infrastructures. L’eau courante, les nébulaires, les établisse-
ments de soin, les artefacts améliorant le quotidien… toutes ces avancées technologiques ont besoin de carburant.
Urgence médicale
L
e primus décide d’envoyer le Premier rôle et Tòmas sur le front, accompagnés de quelques assistants et escortés
par une dizaine de soldats. Eliaz a confié aux deux inceptus plusieurs doses de Tonifiants, à même de sauver des
blessés graves (cf. Livre 1, p.268). Le voyage vers les mines sera éprouvant pour les nerfs, le moindre bruit fai-
sant craindre une embuscade.
32 L’entrée des mines menant au gisement de Flux fossile est protégée par
une palissade qui a enduré plusieurs attaques. Les survivants se sont
retranchés derrière cette protection. Lorsque le groupe arrive sur
place, c’est une scène de désolation : les blessés sont nombreux
et plusieurs sont déjà morts, les installations sont en piteux
état et ne résisteront pas à un nouvel assaut. Tòmas et
le PJ vont devoir prendre des décisions difficiles :
rester sur place pour soigner un maximum de
blessés ? Se replier tout de suite vers
Promesse avec les survivants ?
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Selon le déroulement des opérations et les initiatives des PJ, le meneur pourra demander des jets de Résistance mentale, des jets de
Mise à l’épreuve et bien sûr des jets de Magience pour les soins. Au total, les PJ doivent prendre en charge une vingtaine de blessés.
De retour à Promesse, ce nouvel afflux de blessés va mettre le poste médical avancé dans une situation délicate. Plusieurs blessés
demandent des soins intensifs et les doses de Tonifiants vont rapidement s’épuiser. Pendant cette longue nuit, les PJ vont
découvrir que les cadavres sont emportés dans une partie reculée de l’usine d’extraction pour être traités et transformés en Flux
organique brut. La découverte pourra choquer les inceptus mais tout scandale sera neutralisé par le primus Eliaz, qui convoquera
les PJ et leur mettra sous les yeux des lettres signées par la majorité des soldats et des ouvriers travaillant à Promesse.
Elles indiquent clairement qu’ils donnent leur corps à la magience en cas de décès, en échange d’une prime de deux daols d’azur,
ceci dans le but de produire des Tonifiants à même de sauver des vies.
Le poste médical avancé se retrouve submergé par l’afflux de combattants blessés. Surtout, il manque des médicaments.
La seule solution pour sauver des vies serait de récupérer en urgence du Flux organique sur des êtres vivants, de loin le plus
concentré, de meilleure qualité et facilitant le processus de raffinage (cf. « Matière première », p. 262 du Livre 1 – Univers).
Un seul litre de sang ponctionné sur un être vivant équivaut à cinquante kilos de matière organique morte.
En désespoir de cause, le primus Eliaz convoque le Premier rôle et lui demande de participer avec d’autres magientistes à une
ponction de sang massive sur des prisonniers vivants pour produire du Flux organique, ceci afin de confectionner des doses 33
de Tonifiants en urgence (cf. p. 268, Livre 1 – Univers). Pendant ce temps, le reste de l’équipe s’occupera des blessés. Le PJ
comprend rapidement que l’opération va tuer les prisonniers. La demande en Tonifiants est importante et sans cela, bon nom-
bre de blessés mourront. Si le PJ refuse d’obtempérer, Eliaz le met en garde contre une désobéissance envers un supérieur hié-
rarchique et argumente sur le fait que le Code de déontologie magientiste ne peut s’appliquer en période de guerre. S’il n’en
laissera rien paraître, il est très contrarié d’en arriver à de telles extrémités.
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Le Premier rôle obéira-t-il à cet ordre ? Si le PJ se livre des montagnes, comme lui, même si reizhites…
aux extractions de Flux organique avec les autres Si le Premier rôle refuse d’obtempérer, il devra s’en remettre
magientistes, il pourra certes avoir la satisfaction à ses compétences en médecine. Le temps presse, et sur les
d’avoir participé à sauver un bon nombre de patients autre- dizaines de blessés, une vingtaine requièrent des soins d’ur-
ment condamnés. Mais une telle opération confrontera le PJ à gence et sont entre la vie et la mort : sans un jet de Magience
une situation terrible qui durera toute la nuit : il devra faire difficile (17) réussi, ils périront. Si Tòmas est présent, il pourra
face à des prisonniers qui le supplient et qui crient. Les instru- également tenter de s’occuper de patients, avec le même score
ments magientistes d’extraction, quoique optimisés pour de compétences que le Premier rôle en Magience. Un succès
réduire les souffrances autant que faire se peut, ressemblent signifie que le patient est sauvé ; un échec qu’il décède des
fortement à des outils industriels ou à la panoplie d’un tortion- suites de ses blessures dans les heures ou les jours qui suivent.
naire. Le meneur pourra insister sur ces descriptions et deman- Suite à ces événements, le primus Eliaz ne rédigera pas de
der au Premier rôle des jets de Résistance mentale et des jets rapport relatant son insubordination et lui fera comprendre en
de Mise à l’épreuve basés sur la Culpabilité. Au-delà de la privé qu’il salue la force de ses convictions et son respect de
question éthique, le Premier rôle sera confronté à la compas- l’éthique magientiste.
sion qu’il peut ressentir face à des captifs… qui sont des gens
Un choix éthique.
C ette scène confronte le PJ à un choix difficile : outrepasser l’éthique magientiste pour sauver des blessés ou
refuser de se livrer à de tels actes et assumer la mort de plusieurs d’entre eux. Le meneur devrait faire en
sorte de laisser le joueur libre de se positionner sur cette question, en renforçant l’aspect dramatique par le
rappel des arguments qui pourraient justifier telle ou telle décision.
La mise en scène pourra être renforcée en insistant sur le sentiment d’urgence à soigner tous ces blessés, la tension nerveuse
et émotionnelle alors que ces patients sont sauvés ou meurent. Par exemple, pour chaque jet de Médecine lancé, un patient
pourra survivre ou mourir. Selon les choix des joueurs, la suite de cette scène conduisant à la fin de leur formation sur le
terrain à Boischandelles pourra être très différente. Si le meneur désire conserver un rythme soutenu, il pourra clore cette étape
de la formation après cette scène du raid et passer à l’acte suivant.
Après une année éprouvante passée dans la région de Boischandelles, le Premier rôle est de retour dans la capitale
reizhite. Ce dernier acte lui révélera les jeux de pouvoir qui animent la scène politique de ce pays tout en le confrontant
à des choix éthiques et idéologiques épineux.
Sa formation implique d’assister à une séance de l’Assemblée des représentants. L’encart « Reizh,
un royaume en pleine effervescence » permet de préparer cette scène en apportant plusieurs
informations sur la vie du royaume que le meneur pourra transmettre aux joueurs.
L a présence des PJ à l’Assemblée de Baldh-Ruoch permettra au meneur de donner aux joueurs plusieurs
informations sur la vie du royaume et les remous qui l’agitent. Reizh est un royaume en proie à de nom-
breuses difficultés : le roi Bronchaerd, affaibli en province par des conflits avec des seigneurs vindicatifs,
dirige la capitale d’une main de fer. Certains le décrivent comme un homme plutôt indolent, influencé par un
groupe de conseillers prompts à user d’une répression violente pour mater les idéologies dissidentes. La page 80
du Livre 1 – Univers donne de nombreux éléments sur la situation politique du pays et offre un aperçu de la
manière dont les provinciaux jugent l’action du roi.
L‘ hémicycle qui accueille l’Assemblée peut contenir plusieurs centaines de personnes. En contrebas, une
tribune permet à un orateur de s’exprimer alors que le Grand Intendant est installé sur le côté et qu’une impor-
tante cohorte de soldats en armure lourde d’apparat s’assure de la sécurité. Derrière la tribune, une immense
représentation des armoiries royales domine l’hémicycle et symbolise la présence du roi. Dans la capitale, nul n’ignore
l’existence de cette institution et elle cristallise des débats passionnés. Son rôle officiel est de recueillir chaque semaine
les doléances du peuple qui sont compilées dans un grand ouvrage que le roi consulterait régulièrement. L’Assemblée
est aussi le moment pour les notables et les personnes d’influence de proposer leurs projets et ainsi obtenir « l’oreille
attentive du roi », comme le veut la formule consacrée. Les séances peuvent durer toute une matinée mais elles sont
souvent interrompues par le Grand Intendant, dès que les esprits s’échauffent. En théorie, ce livre de doléances est censé
inspirer les décisions royales mais d’aucuns diront qu’il s’agit d’une mascarade singeant les Parlements continentaux.
Cette Assemblée reste très critiquée par les royalistes qui estiment que son autorisation est une faiblesse du roi qui lui
coûtera cher. Si bon nombre de progressistes regrettent son impact anecdotique sur les décisions, ils défendent son
existence. Les magientistes, dont l’importance sur la scène politique ne cesse de croître, ne sont pas étrangers à
l’avènement de cette Assemblée inspirée par ce qui se ferait dans leur lointain pays d’origine.
Les royalistes. Fidèles à la couronne, ils forment la garde rapprochée du roi Bronchaerd. La plu-
part sont originaires de la capitale. Ils luttent contre toute dissidence et œuvrent pour que le pouvoir royal
retrouve son influence partout dans Reizh.
Les progressistes. Ce courant rassemble des intellectuels, bourgeois et riches marchands, qui désirent
que les attributions de l’Assemblée des représentants soient accrues et que le roi accepte de lui donner un pou-
voir législatif réel. Leurs revendications d’une monarchie parlementaire restent prudentes et modérées, afin de ne pas
s’attirer l’inimitié du roi. Ils ne contestent pas le régime – tout du moins en public – et glorifient le roi, estimant que
le royaume doit garder un tel représentant à sa tête.
Les magientistes. Au fil des années, les magientistes sont devenus une caste politique à part entière.
Plutôt d’orientation progressiste, ils luttent pour faire valoir leur science et faciliter son développement. Une part
importante de leur influence est due à leur puissance économique : l’ordre possède d’innombrables mines et adminis-
tre un commerce colossal de cartouches de Flux partout dans le royaume.
C e jour-là, il est question que la magister Alana Naïghan présente son projet d’hospice public. C’est probablement
la première fois que le Premier rôle revoit la magientiste depuis leur rencontre à l’Horloge (cf. Scène 2 de l’Acte 2).
Depuis, son ascension a été spectaculaire et elle se présente ce jour-là comme directrice de l’école des vitalistes et membre du
Concile magientiste de Baldh-Ruoch. Le Premier rôle ainsi que Tòmas se retrouvent assis juste à côté du politicien Ronan Kaereg,
connu pour sa verve et son opposition farouche aux projets magientistes. C’est l’occasion de faire sa connaissance. Il sera plutôt
bienveillant et encouragera les inceptus, louant ce parcours d’un jeune talkéride venu de loin pour se cultiver. Il sait que le PJ a eu
sa place grâce à Alana Naïghan et il le mettra en garde contre l’esprit manipulateur de la magister. À entendre Kaereg, elle ne fait
rien sans une idée derrière la tête…
A
lana Naïghan va présenter pour la première fois son projet d’hospice à l’assistance tout en demandant
le financement pour bâtir une nouvelle raffinerie de Flux. Le meneur peut retrouver son argumentation page
43 du Livre 1 – Univers, dans une scène ultérieure où Alana défend une nouvelle fois son projet, cette fois
devant le Conseil royal. Elle se retrouve à nouveau face à Kaereg, qui a entre-temps été nommé conseiller royal. Même si le
contexte est différent, l’argumentation pourra être réutilisée pour alimenter cette scène clé.
K aereg est présent lorsque Alana Naïghan présente son projet d’hospice public à l’Assemblée et il va s’opposer
farouchement à celle-ci. Là aussi, l’argumentation de la page 43 du Livre 1 illustre le point de vue du politicien.
C
ette scène est l’occasion de faire intervenir le Premier rôle et trois Seconds rôles : l’ambiance devrait être
survoltée ! S’il reste des joueurs, ils pourront interpréter des membres de l’Assemblée qui prendront parti
pour l’un ou l’autre des orateurs. À défaut, c’est le meneur qui assumera ces rôles. L’issue du débat devrait
dépendre de la prestation des joueurs incarnant les Seconds rôles Kaereg et Alana
Naïghan. Après tout, c’est le plus convaincant qui emportera les faveurs de l’hé-
micycle… même si la décision ultérieure du roi sera la seule à statuer sur l’ave-
nir du projet présenté.
Si le Premier rôle ou Tòmas ont sauvé Kaereg, ils auront bientôt des
nouvelles de lui, accompagnées d’une récompense d’une dizaine de daols de
givre et l’assurance que le politicien est à leur disposition s’ils ont besoin de
quoi que ce soit. C’est le moment idéal pour accorder au Premier rôle son
allié pour ce focus, comme expliqué page 49.
P eu à peu, alors que la relation d’amitié entre Tòmas et le Premier rôle s’étoffe, le jeune aristocrate lui fera part de ses idées
révolutionnaires et de l’existence d’un groupuscule auquel il participe. Le joueur incarnant Tòmas pourra dire, au fil du
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focus, des choses comme « Il faudra que je te parle de quelque chose un jour », ou bien « Notre action pourrait aller plus loin », etc.
Puis, lors de cette scène clé, il invite le PJ à assister à l’une de ces réunions, qui a lieu dans l’arrière-salle d’un entrepôt. Assister à une
telle réunion implique que le Premier rôle intégrera les rangs du groupe…
Un engagement risqué.
L
a mise en scène sera d’autant plus percutante si le joueur incarnant le Premier rôle a conscience qu’il peut déci-
der librement. Alors que le joueur incarnant Tòmas fera valoir ses arguments, le meneur pourra enrichir le
dilemme en évoquant au Premier rôle les risques d’un tel engagement : ne jamais obtenir son diplôme si un tel
engagement politique venait à être découvert, risquer la prison, voire la mort comme avait pu le suggérer le primus Yasen, etc.
Les révolutionnaires. Ce groupuscule d’une petite dizaine de personnes est constitué de jeunes gens cultivés,
tous issus des classes aisées, qui désirent voir le monde changer radicalement. Le groupuscule bénéficie du soutien de quelques
personnalités puissantes mais dont personne ne connaît l’identité. Les spéculations vont bon train à ce sujet mais une chose est sûre :
ils ne sont pas les seuls à souhaiter ce changement de régime et à penser que le roi Bronchaerd ne cédera rien de son pouvoir pacifi-
quement, comme l’espèrent les progressistes. Un nouveau régime, basé sur l’existence d’un Parlement, sur le modèle
continental, devra passer par une révolution armée et les différents groupuscules attendent le signal pour passer à l’action.
Le Premier rôle sera libre d’accepter ou pas l’invitation de Tòmas. S’il accepte, il rencontrera le petit groupe de
révolutionnaires qui détailleront leurs idéaux. La réunion secrète va dégénérer quand une troupe de l’armée royale
va enfoncer les portes de l’entrepôt et dévaler les marches menant à la salle de réunion. Il existe une sortie
dérobée mais la majorité des jeunes gens se feront prendre… la tension sera terrible alors que le Premier rôle, Tòmas et
une autre inceptus nommée Privela, parviendront à s’échapper et courront à
perdre haleine dans les ruelles de Baldh-Ruoch…
U n soir, une jeune fille malade est amenée en urgence par ses parents, sans le sou. Yasen demande que le Premier rôle
s’en occupe et indique qu’il ne sera pas demandé à la famille de payer. Il dévoile ici un aspect de sa personnalité plus
humaniste qu’à l’accoutumée…
Une rapide auscultation permet de constater que la jeune fille est fiévreuse, très pâle. Si le Premier rôle penche d’abord pour
une simple grippe, il se rend rapidement compte (jet de Magience compliqué (14)) que le mal est plus grave. Si Tòmas est
là, il peut aider au diagnostic. En fait, l’enfant souffre d’une sorte d’appendicite dans un état avancé et son état est beau-
coup plus sérieux que prévu : sans opération d’urgence, elle risque de mourir. Se retrouver dans une telle situation, avec la respon-
sabilité de sauver une petite fille, plongera le Premier rôle dans un état d’angoisse. En effet, cette scène n’est pas sans lui rappeler
la disparition de sa sœur, il y a bien des années, à une époque où il s’était retrouvé impuissant. Aujourd’hui, il détient des outils et
des connaissances qui lui permettront peut-être de sauver cette petite. Cependant, les paroles du demorthèn résonnent dans sa tête…
« c’est le cycle de la vie et de la mort, nul ne peut s’y opposer, certains meurent, d’autres vivent et c’est ainsi ». Un jet de Mise à
l’épreuve basé sur l’Influence sera nécessaire pour surmonter les souvenirs qui l’assaillent et éviter un malus d’un point sur ses jets
ultérieurs pendant cette scène. Pour renforcer cette scène, le meneur pourra décrire au joueur ses états d’âme, ce qu’il ressent.
39
Cependant, alors que le Premier rôle s’apprête à opérer l’enfant, Yasen ordonne à l’un de ses assistants d’aller le chercher en
urgence (si le PJ, face à la petite fille malade, a décidé d’aller chercher des renforts, il tombe nez à nez avec l’assistant en ques-
tion) : un notable de la cité, mécène de la clinique, vient d’arriver dans un état critique et réclame toute l’attention de l’équipe
soignante. S’il venait à mourir, il se pourrait que le soutien financier à la clinique soit revu à la baisse, ce qui serait très domma-
geable. Si le PJ refuse de venir, Yasen n’insistera pas car la situation est urgente et le notable Mac Utar doit être opéré sur-le-champ.
Cependant, Yasen rédigera un courrier à la Chambre disciplinaire afin de relater les faits.
Si le Premier rôle décide de tenter de sauver la jeune fille, il devra réaliser une opération qui nécessite la réussite de trois jets de
Magience compliqué (14) ; deux réussites sont nécessaires pour sauver l’enfant. Le jet est basé sur le score de Magience de son PJ
adulte, minoré d’un point. Tòmas peut aider à l’opération et donne droit à un jet de Magience supplémentaire qu’il tirera lui-même.
Quelle que soit la décision du PJ, et même s’il décide d’aider Yasen, rien ne pourra être fait pour le notable qui est condamné.
Si le Premier rôle a désobéi, le primus lui fera porter la responsabilité de la situation et lui annoncera qu’il devra s’en expliquer
devant la Chambre disciplinaire. Une telle désobéissance à un supérieur hiérarchique, provoquant la mort d’un patient, est passi-
ble de lourdes sanctions.
Scène optionnelle :
La Chambre disciplinaire
Seconds rôles : L’inceptus Tòmas Mac Tehen.
Figurants : Les membres du Conseil.
Cette scène optionnelle n’aura lieu que si, dans la scène précédente, le Premier rôle a
décidé de soigner la jeune fille plutôt que le notable.
Quelques jours après la mort du notable Mac Utar, le Premier rôle ainsi que Tòmas
(s’il était présent pendant la scène 2 : L’enfant malade) reçoivent une convoca-
tion pour la Chambre disciplinaire. Ils ont quelques jours pour préparer leur
défense.
Tomàs et le PJ sont reçus dans une grande salle où siègent une dizaine
d’éminents magientistes, la plupart d’un âge avancé. Cette Chambre dis-
ciplinaire fonctionne comme une sorte de tribunal : les accusés
s’avancent à la barre, écoutent le réquisitoire et la proposition du Conseil.
Dans un second temps, ils peuvent se défendre et justifier leurs actes.
Enfin, le magistrat, après avoir pris l’avis des autres membres du
Conseil, énonce sa décision.
Le seul moyen pour les inceptus d’éviter une telle sanction est
d’évoquer le fait qu’ils ont sauvé la jeune patiente amenée le même
soir à la clinique. Les accusés devront se montrer convain-
cants. Le Conseil prendra en compte ce nouvel élé-
ment, jusque-là absent du dossier, et renonceront
au renvoi de l’université. Cependant, les inceptus
écoperont d’un blâme pour leur désobéissance et
le magistrat les sermonnera pour qu’ils respec-
tent à l’avenir les principes de l’école magien-
tiste. En revanche, si le Premier
rôle et son camarade ont décidé
de désobéir et n’ont pas réussi à
sauver la jeune fille, ils devront
assumer leurs actes… l’ultime
solution pour eux serait de prouver
que Mac Utar était condamné et
qu’aucun soin n’aurait pu le sauver
ce soir-là, mais cela s’annonce
comme une enquête complexe.
monde meilleur_Mise en page 1 06/11/2013 13:34 Page 24
Seconds rôles : L’inceptus Tòmas Mac Tehen. Figurants : Les amis de Privela.
Ce soir-là, le Premier rôle et Tòmas sont invités dans la riche demeure familiale d’une inceptus nommée Privela. Issue d’une
famille bourgeoise, la jeune femme est une élève douée que le PJ et Tòmas connaissent bien. Privela faisait partie du
groupuscule révolutionnaire qui a été décimé (cf. Acte 4, Scène optionnelle : La réunion secrète des révolutionnaires).
Ce sont les dernières semaines de cours, l’été arrivera bientôt, le ciel est clair et l’air agréable. La grande cité de Baldh-Ruoch
offre un spectacle étonnant de couleurs et de lumières.
La soirée se passe bien mais le Premier rôle et Tòmas remarquent la mine soucieuse de Privela. N’y tenant plus, elle emmène
les deux inceptus à part et leur expose ce qui la tracasse : il y a quelques jours, d’anciens amis issus des milieux révolution-
naires sont venus lui demander de l’aide. Blessés, ils étaient en possession d’une cargaison de Flux d’origine douteuse.
Privela, malgré le fait qu’elle ait rompu tous ses liens avec les milieux dissidents de la capitale, n’a pu se résoudre à laisser
ses anciens compagnons à la merci de la garde royale. Elle a donc accepté de cacher dans la cave de sa demeure la cargaison
en question. Les dissidents devaient revenir la chercher mais elle a appris récemment la capture de certains d’entre eux.
Les autres doivent se cacher et ne sont pas près de réapparaître…
Dans cette scène, c’est le meneur qui va incarner Privela et livrer aux joueurs les différentes informations qu’elle
possède. Pour faire participer l’ensemble des joueurs autour de la table, en plus du Premier rôle et de Tòmas, le
meneur pourra proposer comme Figurants des amis de Privela, qui sont eux aussi au courant de la situation, et
participent au débat sur la marche à suivre. Voici les informations que Privela pourra donner au PJ et à Tòmas :
Le Flux organique est ponctionné sur des bandits et des rôdeurs qui traînent dans les ruelles des bas-fonds de Baldh-Ruoch.
Cette pratique est contraire au Code de déontologie magientiste.
Les installations magientistes seraient en pénurie de Flux organique, en particulier les hospices et établissements de soin
de la capitale. Cette pénurie serait peut-être liée à quelques faits divers que les gazettes baldhiennes relatent de temps à
autre : les morgues de la cité seraient anormalement vides et les profanations de tombes se seraient multipliées. Or, de 41
nombreux habitants acceptent de donner leur corps à la science en échange de quelques daols ce qui constitue déjà un
apport non négligeable de matière première.
L’un des abattoirs en bordure de la ville abriterait un laboratoire de raffinage de Flux organique où auraient lieu
les extractions sur des êtres humains. Privela indique où se trouve l’abattoir.
Un des soldats gardant ce lieu serait à l’origine de la fuite de l’information, qui serait arrivée aux oreilles d’un groupe
de révolutionnaires que Privela, mais aussi Tòmas, ont connu par le passé.
La dernière information est capitale : le primus Yasen trempe dans cette affaire. Il serait même le responsable de
ce laboratoire d’extraction clandestin.
Privela peut montrer la cargaison de Flux. Dans une caisse renforcée sont rangées douze bonbonnes, soit 360 doses de Flux
organique, pour une valeur de plus de 300 daols d’azur.
L‘ intérêt de cette dernière scène est de laisser le Premier rôle libre de choisir la marche
à suivre : Privela est prompte à suivre ses recommandations. Pour optimiser cette
scène, le meneur pourra prendre le temps de présenter la complexité de la situation :
Que faire de ce Flux ? Son origine est douteuse et une telle quantité attirerait l’attention. Le
revendre au marché noir ne serait pas éthique. Le livrer aux autorités
pourrait apporter des ennuis…
Apparemment, le problème est complexe car ce Flux alimenterait des établissements sani-
taires de la ville. Le Flux organique est à la base de la conception d’un grand nombre de
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Voici quelques possibilités pour la fin du scénario, selon les Révéler le scandale au politicien
initiatives des joueurs. Dans ces scènes finales, le meneur Kaereg.
devra donner des éléments d’interprétation des Seconds Cette solution est sans doute la seule permettant
rôles aux joueurs à la volée, sur le mode de la « voix off » de révéler le scandale au grand jour car Kaereg,
comme expliqué page 67. Ces éléments n’ont pas été indi- maintenant qu’il fait partie du Conseil royal, a les moyens
qués sur les fiches des Seconds rôles afin de préserver le de faire remonter le scandale au plus haut niveau, avant que
suspense de la fin du focus et laisser le plaisir aux joueurs les magientistes n’aient le temps de faire disparaître les
de découvrir le dénouement pendant la partie. preuves. Les pages 18 et 19 illustrent cette rencontre
décisive entre le Premier rôle, Tòmas et Kaereg. Le politi-
cien recevra les inceptus dans sa villa et les écoutera avec
attention, ravi de revoir le jeune homme qui lui a sauvé la
En parler avec le primus Yasen. vie (cf. Acte 4, Scène 1 : Tragédie à l’Assemblée).
Évoquer la situation directement avec le primus Les révélations fascineront Kaereg qui saisira le PJ par le
pourrait s’avérer explosif. Yasen niera tout en bras, lui disant qu’il tient enfin le moyen de faire tomber les
bloc, fera sortir le PJ avant de donner l’alerte et d’effacer magientistes. Le lendemain matin à la première heure,
toutes les preuves sur les lieux de l’abattoir. Selon l’inspira- Kaereg sera reçu par le roi en personne afin d’apporter les
tion du meneur, il est même possible que le PJ subisse une preuves sur les agissements des magientistes. Le primus
tentative d’assassinat, à peine quelques jours plus tard… Yasen sera jugé par la Chambre disciplinaire et radié de l’or-
42
dre magientiste. Par ailleurs, il écopera de vingt années de
prison pour les crimes commis. La magister Alana Naïghan
échappera de peu à la même condamnation, réussissant à
Prévenir Alana Naighan. prouver qu’elle ignorait ce trafic qui avait été mis en place
Alana tombera des nues et semblera choquée par par le magister précédent, décédé aujourd’hui. La Chambre
la révélation, d’autant que cette affaire n’est pas disciplinaire lui infligera tout de même un blâme car,
bonne pour la magience et risquerait d’apporter le discrédit sur comme directrice de l’école des vitalistes, elle est aussi
l’ensemble des projets de l’ordre. Un doute pourra planer sur responsable des agissements de ses primus. L’ensemble de
la sincérité de la magister mais il sera impossible d’en avoir le cette affaire, titrée dans les gazettes « Le scandale des
cœur net. Elle remerciera le PJ de l’avoir prévenue et lui abattoirs », sera un coup dur pour les magientistes, en parti-
demandera de garder le secret sur tout cela. Pendant ce temps- culiers les vitalistes, qui en ressortiront affaiblis.
là, elle compte régler cette affaire en interne, et projette de net-
toyer les preuves à l’abattoir dont il est question. Elle assure au
PJ que les coupables seront punis. En effet, quelques jours plus
tard, le PJ et Tòmas apprennent la suspension de Yasen pour
des motifs administratifs et la fermeture de l’abattoir pour
« travaux ».
Afin de terminer cet acte de manière dynamique, le meneur pourra décrire les dernières scènes sur un mode cinéma-
tographique, soutenu par une musique puissante. Par exemple, au moment même où le Premier rôle révélera à Kaereg
les informations sur le trafic de Flux et les noms des personnes impliquées, le meneur pourra reprendre la main sur
la narration, annoncer un fondu au noir puis décrire les halls somptueux de la demeure royale de Baldh-Ruoch,
la rencontre entre Kaereg et le roi. Puis, des images rapides du jugement de Yasen et d’Alana Naïghan à la Chambre disciplinaire,
l’emprisonnement de Yasen, les titres des journaux…
Le meneur pourra prendre soin de décrire la transition brutale entre l’atmosphère agitée et grouillante de la
capitale reizhite et celle de la nature sauvage. Après toutes ces années et son enseignement, le Premier rôle
ne pourra revenir dans ses terres natales qu’avec un regard très différent sur le monde qui l’entoure…
C e focus permet au Premier rôle de gagner 15 points d’Expérience, ainsi qu’entre 1 et 5 points de
Détermination. Leur acquisition devrait se faire selon la manière dont le PJ s’est positionné par rapport
aux questions éthiques et sa volonté à défendre son point de vue. Le meneur peut retrouver plus
d’informations sur l’attribution des points de Détermination et d’Expérience pour les focus aux pages 61 et 62.
Les autres joueurs pourront recevoir des points d’Expérience pour leur PJ, absent pendant ce scénario.
Le barème d’attribution reprend celui qui est décrit page 228 du Livre 1 – Univers mais le total est divisé
par deux, arrondi au supérieur.
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joris mac thogail_Mise en page 1 06/11/2013 13:30 Page 1
Un scénario de Nelyhann
joris mac thogail_Mise en page 1 06/11/2013 13:30 Page 2
Aspects horrifiques
C e focus explore le passé du Premier rôle : au-delà des épreuves qui ont marqué sa vie, il sera
confronté à des émotions incontrôlables qui pourront le faire glisser vers un amour incestueux. L’arc
narratif de l’Adoption étant lié à la faction du Temple, la thématique de la lutte contre la corruption
et l’interdit est au centre de ce scénario.
joris mac thogail_Mise en page 1 06/11/2013 13:30 Page 3
Récompenser
l’interprétation du joueur
L
e Livre 1 – Univers explique, page 229, que le
meneur peut décider d’augmenter les barèmes
d’attribution de points d’Expérience.
La Rose Blanche
Dans les textes actuels, l’Unique est aussi nommé le Créateur, ce qui sous-entend que c’est une divinité masculine.
En fait, selon le Livre de Rosàg, l’Unique a révélé son nom et son visage à Soustraine : elle se nomme Innis Tile et c’est
une entité féminine.
Il existerait une première version du livre de Soustraine ; la version actuelle serait donc la seconde version des Écrits.
Le Livre de Rosàg fait référence aux Premiers Écrits, version originelle des textes fondateurs du Temple attestant de
la véracité de ce que Rosàg affirme.
Pour les théologiens du Temple, les Premiers Écrits ne sont qu’une chimère et Rosàg un hérétique, comme beaucoup d’autres.
La scène 3 de l’Acte 2 permettra au Premier rôle de découvrir ces informations.
On sait peu de choses sur le fondateur de la Rose Blanche. Cette religion est proscrite par les autorités de Gwidre mais
tolérée par celles des autres royaumes. Il existe une petite chapelle dédiée au culte de la Rose Blanche à Osta-Baille. On la dit
sous la protection du roi après que ses membres ont aidé Taol-Kaer pendant la guerre du Temple.
Le culte d’Osta-Baille, s’il s’appuie sur les Six Ordonnances, propose une version moins stricte de la religion du Temple et
a su séduire une communauté grandissante de fidèles.
Avant de commencer la partie, le joueur incarnant le Premier rôle (PJ ayant choisi l’arc narratif de l’Adoption) va sortir de la
pièce et le meneur va présenter aux autres joueurs les différents Seconds rôles disponibles pour ce scénario. Si le meneur de
jeu et les joueurs ne se sentent pas encore à l’aise avec les principes particuliers des focus, ils devraient relire le chapitre Focus
et en particulier le passage « Principes et règles des focus », p. 63.
Chaque fiche de Second rôle contient des informa- Une autre aide de jeu précieuse pour le meneur est 47
tions sur l'histoire et la personnalité de celui-ci, le schéma des relations. Cette fiche présente
ainsi que des scènes clés, que le meneur va expli- les liens qui existent entre les PnJ impliqués dans
quer au joueur qui l’incarne. Les fiches de chaque Second le scénario et permettent d’avoir une vue d’ensemble sur
rôle contiennent l’ensemble de ces informations et sont des- les différents protagonistes. Le meneur peut télécharger
tinées à être données aux joueurs. une version numérique de ce schéma de relation sur
Le meneur peut télécharger une version numérique des fiches le portail des Ombres d’Esteren : www.esteren.org
de Seconds rôles sur le portail des Ombres d’Esteren :
www.esteren.org. Les informations reproduites ci-après sont Les scènes clés sont des moments particuliers où le
des résumés dont le meneur pourra se servir pendant le jeu. Second rôle va intervenir dans le focus et apporter des
éléments que le joueur devra restituer le plus fidèle-
ment possible. C’est la raison pour laquelle le joueur devrait
prendre des notes sur le Second rôle qu’il va interpréter.
L’âge des Seconds rôles n’est pas précisé car les focus se
déroulent dans le passé, à une période indéfinie, et qui peut
varier selon l’histoire du Premier rôle. Des indications tem-
porelles générales sont données, mais demeurent ajustables
selon les besoins.
Le petit-fils de Zaïg et le PJ se sont liés d’amitié assez tôt. Encore très jeune, il reçut
un enseignement religieux de la part de sa grand-mère. En grandissant, Ronan se pas-
sionna de plus en plus pour la magience tout en conservant sa foi pour l’Unique. En cela,
il est un individu assez rare, à l’image de son aïeule, une femme excentrique, ouverte
d’esprit et curieuse. Ronan est amoureux de Maëlys et porte en lui un rêve naïf et roman-
tique : il espère se marier avec elle dans la chapelle du monastère d’Alestor avant de
partir en direction de Reizh, ignorant la réalité des conflits entre la magience et la
religion, et portant un rêve utopique de tolérance entre les factions.
48
Plus connu sous le surnom de Frère Charogne (cf. Livre 2 – Voyage), il est l’une
des figures les plus effrayantes des montagnes du sud-est de Gwidre. Il semble
avoir survécu à tous les combats, contre sorciers, bêtes ou feondas, poursuivant
inlassablement sa lutte contre l’hérésie. Glacial, il s’exprime d’un ton
monocorde, son expression mettant mal à l’aise même ceux qui n’ont que
des peccadilles à se reprocher. Il a sauvé la vie de Lusia qui lui voue un
véritable culte, considérant que puisqu’il est un Élu, tout ce qui en lui peut
effrayer n’est que le reflet de la part sombre de l’âme humaine.
Par défaut, c’est le meneur qui interprétera Lusia, le sixième Second rôle.
Ce faisant, il préservera la surprise de la découverte de la parenté entre
le Premier rôle et Lusia pour l’ensemble des joueurs. Un autre aspect à
prendre en compte est la difficulté qu’il peut y avoir à incarner un personnage tel
que Lusia. Si un joueur souhaite incarner Lusia, le meneur devrait lui révéler
le secret de sa filiation avec Joris en secret, dans une pièce à part.
Lusia est la sœur cachée du Premier rôle, de deux ans son aînée.
À l’occasion de ce focus, le PJ aura l’occasion de découvrir ce secret. Lusia
est une jeune femme mal dans sa peau, torturée. Tout comme le Premier
rôle, elle a été sauvée de justesse mais n’a pas eu la chance de son frère
: ses parents adoptifs sont morts quelques années après qu’elle fut
recueillie. Lusia a été capturée et vendue à un seigneur gwidrite tyran-
nique. Réduite à l’esclavage, elle ne dut son salut qu’à l’intervention
des sigires dirigés par Frère Daernic qui sont venus déloger ce noble dépravé, connu
pour ses excès. Alors âgée de douze ans, Lusia a été adoptée par l’église du Temple.
Elle a depuis suivi son noviciat, et a récemment été ordonnée sigire.
C
e focus propose un grand nombre de figurants. Comme expliqué dans le chapitre « Arc narratif », les informations
peuvent être données à la volée par le meneur aux joueurs. Cependant, pour certaines scènes, le meneur ne devrait pas
hésiter à prendre les joueurs à part pour leur expliquer la situation.
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Chronologie
Les actes et les scènes de ce focus sont présentés dans l’ordre chronologique de leur déroulement. Ils soulignent les moments
clés du passé du Premier rôle. Toutefois, cette succession reste modulable et de nombreuses autres scènes peuvent s’interca-
ler, d’autant que ce focus retrace plusieurs années de la vie du PJ.
Pour préparer sa partie, le meneur pourra se référer à l’aide de jeu incluant un résumé de chaque scène ainsi qu’une
frise chronologique donnant une vue d’ensemble sur le déroulement du focus. Il est possible de télécharger
les versions numériques de ces aides de jeu sur le portail des Ombres d’Esteren : www.esteren.org
Le cadre de l’intrigue
L
a première partie du focus se déroule dans le val de Dearg. Le meneur devrait prendre connaissance de l’aide de jeu
consacrée à ce val avant de commencer la partie. Celle-ci contient également la description de nombreuses personna-
lités qui interviendront pendant le scénario. Pour les deux actes suivants, des informations sont données dans le corps
du scénario.
Durée de la partie
« L’Héritage de la Rose » est un scénario dense qui peut se jouer en une ou plusieurs séances, selon le rythme voulu
par le meneur. Il est possible de le jouer en une seule séance, mais il sera alors nécessaire pour le meneur d'instau-
rer des ellipses temporelles entre les différentes scènes. S’il souhaite laisser les PJ développer des relations avec les
autres protagonistes de l’histoire, jouer les voyages (en particulier celui menant jusqu’en Gwidre), rebondir et improviser
à partir des idées de ses joueurs, le meneur pourra consacrer une séance de jeu à chaque acte, voire davantage.
Un exemple de chronologie
- 885 : Naissance de Lusia, sœur aînée du Premier rôle.
- 887 : Naissance du Premier rôle, frère de Lusia. Les parents de Lusia et de son frère sont attaqués par de mystérieux
assaillants. Teorg, le père du Premier rôle emporte l’enfant pour le sauver, et rejoint le monastère de Firmin où il
meurt. Firmin comprend que c’est un fidèle de la Rose Blanche, il cache son armure et conserve son épée ainsi qu’un médaillon.
- 891 : Lusia perd sa famille adoptive ; elle est capturée et réduite en esclavage par un seigneur gwidrite.
- 892 : Le Premier rôle se voit offrir une épée par Firmin (Acte I, Scène 6) sans que ce dernier ne lui en explique l’origine.
- 897 : Lusia débute son noviciat après avoir été sauvée par Frère Daernic.
- 902 : Adeliane tombe gravement malade avant d’être mystérieusement guérie et d’entamer dès lors son apprentissage
de ionnthèn auprès du demorthèn Loeg ; départ de Finn pour devenir magientiste en Reizh.
- Printemps, Earrach Feis 903 : Fête de la majorité pour le Premier rôle. Daernic est envoyé par ses
supérieurs dans les montages pour y accomplir « une mission d’importance » (cf. Livre 2 – Voyages).
- Année 903 et 904 : Service d’Ost du Premier rôle, accompli dans la ville de Terkhên. Lusia termine son novi-
ciat et entre dans l’ordre des sigires.
- Été 904 : Mort du duc de Tulg.
- Automne 904 : Arrivée des sigires dans le monastère habité par Firmin (Acte I, Scènes 1 et 2), rencontre de Lusia.
50 - Printemps, Earrach Feis 905 : Fête de la majorité pour Mael, Céliane et Eoghan (cf. Dearg épisode 1, « Gaol »).
- Printemps, Céitean 905 : Le cas de conscience de deux parents, Padraig et Ebliu (Acte I, Scènes 3 et 4).
- Été, Og-mhios 905 : Voyage vers Ard-Amrach (Actes II et III).
- Automne, Sulthainn 906 : Les récoltes sont mauvaises dans le val de Dearg. Malgré cela, le chevalier
hilderin Argan réclame un impôt conséquent.
- Automne, Damhar 906 : Mort et funérailles de Mael MacGovrian et de sa sœur Aline, derniers héritiers
de la forteresse de Smiorail, qui passe désormais officiellement entre les mains du chevalier hilderin Argan.
- Été, Og-mhios 907 : Retour à Dearg du Premier rôle après quelques mois d’études dans la capitale et
peut-être un pèlerinage jusqu’à Fionnfuar.
- Hiver 907 : Temps présent, début de la campagne de Dearg.
Jouer au présent
C
e focus part du principe que le PJ a été adopté par Firmin, dans le val de Dearg. Cependant, selon son historique,
il a peut-être été recueilli par quelqu’un vivant dans un autre royaume. Selon les besoins du meneur et les choix du
joueur, ces données biographiques peuvent être adaptées. Le chapitre « Gérer et adapter sa campagne » donne plu-
sieurs outils pour réaliser ces adaptations.
Voici quelques exemples sur la manière dont le scénario peut être adapté :
Le PJ vient de loin :
Ceux qui ont élevé le Premier rôle dans la foi lui ont appris qu’il leur fut autrefois confié par Firmin. Venir le retrouver
est donc une première étape sur la quête de ses origines. C’est lors du séjour du Premier rôle que se déroulent les événements
de l’Acte I.
Il est tout à fait possible que le joueur ayant choisi l’arc de l’Adoption ne soit pas un prêtre et fasse partie d’une autre faction.
Dans ce cas, il s’agit de revenir sur son éducation religieuse et de voir comment les choses ont évolué pour lui. L’histoire du
Premier rôle, même s’il devait s’orienter vers un autre métier, implique qu’il possède au moins un point en Prière, reflétant 51
cette formation initiale.
Voici quelques pistes pour envisager l’évolution d’un PJ ayant choisi une autre faction par rapport à la religion :
Rejet : Maturité :
au contact de son père adoptif, Firmin, le Premier le Premier rôle a fait la part des choses. Durant sa
rôle a bénéficié d’une attention et d’une bienveillance jeunesse naïve et idéaliste, il avait pensé que la religion
certaine. Cependant, les événements de l’Acte I, suivis pourrait être sa vocation. Il avait devant lui l’exemple
des révélations de l’Acte III, l’ont définitivement admirable de Firmin qui l’avait adopté. Pour l’enfant,
convaincu de l’hypocrisie et de la tromperie de la reli- être adopté, c’était être aimé et consolé du mystère de sa
gion. Aujourd’hui, s’il apprécie Firmin, c’est avant tout naissance. Pour une identité encore en construction,
comme quelqu’un d’humain, généreux, simple et aimer en retour son mentor, c’était chercher à lui
constant ; mais ces qualités sont propres à l’individu, et ressembler, une démarche qui tenait de l’évidence.
ne sont certainement pas le résultat de l’observance du Après toutes les aventures de ce focus, le Premier rôle a
dogme. Une option plus tranchée peut mettre en scène un peu mieux compris qui il était, ce qu’il voulait. Il est
un rejet plus massif du Temple et de ses principes, qui devenu moins dépendant des modèles qui s’imposaient
peut également viser Firmin. C’est au joueur, en concer- à lui et a décidé de chercher sa propre voie.
tation avec le meneur, de décider du positionnement de
son PJ par rapport au Temple et à l’éducation religieuse L’éducation religieuse est un repère moral dans son
qu’il a reçue. esprit, mais il tient à agir sans se laisser influencer par
le dogme, ou des modèles, même bienveillants.
Durant cet acte, le Premier rôle découvre des informations troublantes sur son passé et fait la rencontre boulever-
sante de Lusia, qu’il ignore être sa sœur.
L
a situation du Temple dans la région de Dearg est délicate. Pour beaucoup, le souvenir de la guerre du
Temple est encore bien présent, d’autant que cette région frontalière a beaucoup souffert pendant cette
période troublée.
Les représentants du Temple sont accueillis avec suspicion, voire défiance. Proclamer sa foi pour l’Unique n’est pas
apprécié, mais ce sont surtout les convertis qui attirent sur eux l’agressivité et les reproches : ils incarnent la crainte de
voir la religion du Temple se propager partout dans la région et remplacer les cultes traditionnels. Bien sûr, certains habi-
tants sont plus tolérants que d’autres, mais il reste que la condition des fidèles du Temple est compliquée dans le val de Dearg
et ses alentours. À ce titre, la situation du moine Firmin est assez inhabituelle car il a su se faire accepter par la majorité de la
communauté de Dearg. Son caractère discret et serviable a participé à son intégration, même si certains habitants continuent
à être méfiants à son égard, voyant d’un très mauvais œil l’intérêt de certains jeunes du village pour la religion du Temple.
L
orsque le scénario commence, le PJ a déjà accompli son service d’ost et n’est plus un enfant ; mais que s’est-il
passé depuis sa naissance ? Quelques scènes de ce focus reviennent sur des événements importants de l’enfance.
Pour le reste, à l’instar de Joris dont l’histoire est racontée p. 188 du Livre 1 – Univers, le PJ a grandi dans
le monastère d’Alestor, éduqué par son père adoptif dans le respect des préceptes du Temple. Même s’il a
souvent partagé des moments avec les autres enfants de Dearg, accompagnant son père lorsque celui-ci se rendait au
52 village, le PJ a souvent été seul. A-t-il souffert de cette solitude, ou correspond-t-elle à son caractère ? Le joueur pourra
préciser ce genre d’éléments de son histoire.
V oici quelques indications sur les liens que peut entretenir le PJ avec certains habitants de Dearg :
.
La brocanteuse Zaig Herven
Lorsque Firmin devait s’absenter, parfois de nom- Le jeune frère de Ronan, lui aussi éduqué par
breuses semaines, c’est Zaïg qui assurait la garde du PJ. sa grand-mère. Son éducation lui a inculqué la foi
La vieille a contribué à éveiller la passion du garçon pour les en l’Unique, mais en grandissant, il se passion-
livres et les parchemins antiques. Elle continue à lui faire nera pour l’occultisme, ce qui aboutira hélas
partager ses dernières découvertes et à lui montrer les objets à une issue fatale. Si Herven a aussi beaucoup
théologiques qui arrivent dans sa boutique. Le meneur côtoyé le PJ alors qu’ils étaient enfants, les deux
retrouvera d’autres informations à propos de Zaïg et de sa garçons ont développé moins d’affinités. Herven
boutique dans le chapitre dédié au val de Dearg. aura plutôt tendance à se rapprocher d’Alban
Elarig, l’héritier des mines de Dearg à la réputation
Ronan équivoque, ainsi que de Maella, une jeune bergère de
Le petit-fils de Zaïg, un garçon à la personnalité origi- Dearg. La destinée tragique d’Herven est développée
nale, qui a partagé de nombreux moments avec le PJ pen- dans le scénario « Automne rouge » du Livre 0 –
dant leur enfance et qui est devenu son ami. Ronan est l’un Prologue. Si le meneur projette de jouer cette histoire,
des Seconds rôles de ce focus et le meneur trouvera plus ce focus sera l’occasion idéale pour commencer
d’informations à son propos dans l’introduction de ce focus. à introduire les personnages principaux.
Ce premier acte se déroulant aux abords de Dearg, il est possible que les autres joueurs fassent également inter-
venir leurs PJ : tout comme Joris pourrait rencontrer Eoghan, Adeliane ou les sœurs tarishs, le Premier rôle
pourra être amené à rencontrer les Personnages des autres joueurs.
C ette scène a lieu juste après la première. Alors que la nuit commence à tomber et que le varigal s’est retiré dans sa
chambre, la petite cloche à l’entrée du monastère résonne et Firmin se rend à l’entrée pour voir qui est là.
Les visiteurs sont une dizaine, certains de noir vêtus, d’autres portant des armures lourdes et des habits blancs
brodés de liserés rouges. Aucun doute, il s’agit d’un groupe de sigires et de chevaliers lames du Temple ! Le Premier rôle voit
Firmin arriver en courant pour lui demander d’aller prévenir le varigal de l’arrivée de la délégation.
Lorsque le Premier rôle annonce au varigal la présence des sigires, celui-ci se décompose, rassemble ses affaires en quelques
instants et s’échappe par la petite fenêtre, demandant au PJ de ne rien dire de sa fuite.
Des éclats de voix proviennent du réfectoire : en arrivant, le PJ constate la présence de sigires, au nombre de quatre, et autant de
chevaliers lames. Le sigire menant l’opération demande à Firmin s’il a accueilli un varigal dernièrement : la description corres-
pond à celle de Melaìr. Le sigire évoque des témoignages provenant du village de Dearg indiquant que le varigal serait déjà venu
par le passé ; il explique également à Firmin que le varigal est un hérétique affilié à la secte de la Rose Blanche.
Une rencontre troublante. Au moment le plus opportun, de préférence dans un moment intense et chaotique
(par exemple si le Premier rôle se débat et tente d’aller porter secours à son père adoptif),
le Premier rôle sera confronté à l’une des sigires, une fille de son âge dont
54
joris mac thogail_Mise en page 1 06/11/2013 13:30 Page 12
il a entendu prononcer le nom précédemment : Lusia. Croiser son regard aura l’effet d’un coup de tonnerre : il sera subjugué,
attiré par elle d’une manière qu’il n’avait encore jamais ressentie jusque-là. Apparemment, ce qui semble être un coup de fou-
dre est réciproque puisque la fille apparaîtra elle aussi très troublée.
Au final, les sigires constateront les traces de pas à l’extérieur du monastère, sous la fenêtre de la chambre du varigal, et se
mettront immédiatement sur la piste du fugitif. Quant à Dand, il indiquera d’un ton menaçant à Firmin que cette affaire ne
s’arrêtera pas là. Le calme revient dans le monastère, contrastant avec le tumulte et les cris qui viennent de le secouer…
Le meneur pourra confier le rôle d’Ebliu à un joueur autour de la table tandis qu’il interprétera le meunier Padraig, qui expliquera
la situation.
F
irmin accueille le couple et installe Ebliu dans une meilleure solution et Firmin paraît plutôt réceptif à leurs argu-
petite pièce, normalement dévolue à l’herboristerie ments. L’accouchement est imminent et le Premier rôle va
et à la préparation de breuvages médicinaux, mais assister Firmin et Padraig. Cette scène va provoquer chez le
qui a déjà servi pour soigner des patients. PJ de fortes émotions en le renvoyant à sa propre condition
Rapidement, Padraig et sa femme expliquent la raison de leur d’enfant adopté. Que s’est-il passé au juste avec ses véritables
présence : leurs moyens sont très modestes, ils sont déjà obli- parents ? De nombreuses questions se bousculent dans la tête
gés de se priver de nourriture pour faire subsister leurs cinq du PJ, qui devra réussir un jet de Mise à l’épreuve de
enfants et ils ne peuvent pas décemment assumer ce sixième l’Influence avec une pénalité de 2 points au risque de perdre
rejeton. Padraig explique qu'il vit sous la menace des Plumes ses moyens. Si c’est une réussite, le Premier rôle garde son
noires depuis l’année dernière, des bandits à qui il a payé un sang-froid ; il reste concentré sur sa tâche consistant à assis-
lourd tribut sur ses récoltes sans que les hilderins ou les habi- ter Firmin dans l’accouchement d’Ebliu et l’enfant naît dans
tants du val ne soient encore intervenus. Les meuniers deman- de bonnes conditions. En cas d’échec, il est submergé par les
dent de l’aide au moine, d’autant qu’Ebliu est affaiblie par émotions et les questions autour de son adoption : l’accouche-
cette nouvelle grossesse et qu’on prête à Firmin des talents de ment s’avère beaucoup plus délicat que prévu et la distraction
guérisseur. Ils souhaitent lui confier leur nouveau-né et lui du PJ provoque des complications. Au final, l’enfant naît mais
demandent de s’en occuper ou bien de le présenter aux dàmà- un jet de Science compliqué est nécessaire pour éviter la mort
thairs de Dearg comme un enfant abandonné. Les parents sont de la mère. Le nouveau-né est un petit garçon, auquel on
sincères et désespérés : ils pensent vraiment que c’est la donne le nom de Keran.
L e lendemain matin, il est temps de discuter de l’avenir du nourrisson. Firmin semble prêt à soutenir les parents
dans leur démarche et à respecter leur choix : s’ils préfèrent que Keran soit confié aux dàmàthairs, il s’engage à
garder leur identité secrète. Il ne s’agit pas de mentir mais de respecter un secret qui aurait été confié. Cette dis-
cussion ne manquera pas de troubler une nouvelle fois le Premier rôle : après tout, le chevalier lame qui a amené le PJ aux
portes du monastère, était-il vraiment son père ? Firmin lui a-t-il raconté toute la vérité sur cette histoire ou, à l’instar de
Padraig et Ebliu, a-t-il suivi les recommandations qu’on aurait pu lui donner sur la version de l’histoire à raconter ?
Ces questions pourront induire un nouveau jet d’Influence. Comment le Premier rôle va-t-il réagir ?
Cependant, ce matin, les parents semblent moins sûrs
d’eux : souhaitent-ils vraiment abandonner leur enfant ?
Firmin leur propose de prendre le temps de la réflexion
et confie au Premier rôle la tâche de s’occuper d’eux
pendant la journée. Au final, plusieurs possibilités peu-
vent être envisagées : Traquer les Plumes noires ?
T
Les parents repartent avec leur enfant. ouché par l’histoire de Padraig et Ebliu, le
L’inquiétude pour les parents est de pouvoir assumer la Premier rôle pourra chercher à neutraliser la
subsistance de ce nouvel enfant. En fait, il faudrait menace de la bande des Plumes noires, par un
convaincre les chevaliers hilderins ou les habitants de moyen ou un autre. Il n’est pas prévu que les PJ affron-
Dearg d’intervenir (cf. l’encart « Traquer les Plumes tent cette menace si tôt dans la campagne ; la scène de ce
noires ? »). Il faudra réussir deux jets de Relation com- focus a plutôt pour but de préparer les PJ à leur rencontre
pliqués (14) pour convaincre les parents de garder leur ultérieure avec les bandits, afin de la rendre plus intense.
enfant. Si le joueur se montre particulièrement éloquent
dans son argumentation, le meneur pourra se passer des La réponse des hilderins. Le Premier rôle pourra
jets de compétence. tenter de rencontrer les hilderins pour leur faire part des
problèmes de la famille de Padraig. Argan lui fera savoir
qu’il n’a eu aucune autre plainte à propos de ces bandits
et qu’ils ont sans doute quitté le val. Des recherches pren-
Firmin devient le père adoptif. dront du temps, sans oublier que les chevaliers hilderins
Firmin est plutôt récalcitrant à cette idée. Il n’est plus tout
sont là pour défendre le col de Lantrech menant en
jeune, et qui assumera l’éducation de l’enfant s’il venait à
56 disparaître ? Le PJ pourra se proposer comme garant, en
Gwidre et doivent rester concentrés sur cette tâche.
promettant d’assurer la suite de Firmin si celui-ci venait à
La réponse du conseil de Dearg. Maorn rece-
disparaître. Ce sera un argument qui pourra convaincre
vra les doléances du Premier rôle : à l’instar d’Argan, il
le moine (jet de Relation standard (11)).
dira ne pas avoir reçu d’autres plaintes et que les bandits
ont toutes les chances d’être repartis. Quelques questions
auprès des habitants de Dearg permettront de comprendre
Confier l’enfant aux dàmàthairs. que les villageois n’aiment pas trop cette famille qui ne
Une autre solution consiste à confier Keran aux dàmà- participe pas à la vie communautaire de Dearg et s’est
thairs de Dearg, en gardant secrète l’identité des parents. toujours montrée distante quand il s’agissait d’aider à
Padraig et Ebliu se méfient de la réaction des habitants telle ou telle tâche.
de Dearg avec qui les relations sont plutôt tendues. Au final, le PJ pourra au mieux obtenir quelques
promesses que « le nécessaire sera fait » mais en fait, nul
ne cherchera à s’occuper du problème des Plumes noires.
Le rêve interdit
(cf. Fiches de Firmin et de Dand).
L
es fiches de Firmin et Dand donnent aux joueurs des informations pour qu’ils puissent intervenir dans cette scène.
Une interprétation énergique du moment où leur personnage surgit renforcera la dynamique de la scène.
Lorsque le PJ se réveille, il est visiblement troublé. Il était endormi sur l’un des livres, traitant justement de l’amour…
Firmin est sur le pas de la porte, le visage souriant : « mon garçon, je suis rentré, il est tard, tu devrais aller te coucher… ».
Le début de cette scène est un rêve mais le meneur devrait le jouer comme s’il s’agissait d’un moment réel.
Le joueur ne se rendra compte qu’il dormait qu’en se réveillant. C’est le début de soirée et la nuit est tombée. Le moine
Firmin s’est absenté ; devant se rendre à Fearìl pour la journée, Le début de cette scène est un rêve mais le meneur devrait
le jouer comme s’il s’agissait d’un moment réel. Le joueur ne se rendra compte qu’il dormait qu’en se réveillant.
C’est le début de soirée et la nuit est tombée. Le moine Firmin s’est absenté ; devant se rendre à Fearìl pour la journée,
il devrait revenir d’un moment à l’autre. Le Premier rôle est dans une petite pièce du monastère, un scriptorium réaménagé par
Firmin où le moine a entreposé ses trésors : quelques parchemins et deux livres de prières, dont un exemplaire des Écrits de
Soustraine. Le Premier rôle est concentré lorsque qu’il entend des pas puis aperçoit une silhouette dans l’embrasure de la porte :
il n’est pas surpris car il a rendez-vous et il attendait sa venue. Le meneur explique au Premier rôle qu’il est très content de la voir,
après une longue attente. En fait, il a du mal à se concentrer sur ses lectures car il ne pense qu’à elle.
En enlevant son capuchon, la jeune femme révèle son visage : il s’agit de Lusia, la jeune femme qu’il a rencontrée la première fois
lorsque les sigires sont venus au monastère. Le Premier rôle est comme hypnotisé par le regard de la jeune femme, fasciné par la
beauté de son visage. Lusia s’avance près du PJ et lui dit : « Tu m’as tellement manqué, je ne cesse de penser à toi, nuit et jour… ».
Lusia va ensuite embrasser le Premier rôle, le caresser et lui chuchoter à l’oreille : « Soustraine nous permet de nous aimer,
je ne veux plus jamais être séparée de toi… ».
Le poids de la vertu. Il est possible que le joueur décrive
Selon la réaction du joueur, il y a deux possibilités : un mouvement de recul pour son Personnage, qu’il repousse
Lusia d’une manière ou d’une autre. Le meneur pourra
Un rêve sensuel. Le joueur pourra décider que son per-
sonnage se laisse aller, emporté par la sensualité et l’excitation acquiescer et souligner que ce n’est pas évident pour le PJ de
du moment : ce sont les premiers baisers échangés avec Lusia se laisser aller, en s’appuyant par exemple sur ce qui est expli-
et ils enfièvrent son corps. C’est à ce moment que Firmin qué ci-après dans l’encart « L’amour et la sexualité dans le
surgit dans la pièce, son visage déformé par la colère ; il invec- Temple ». Le meneur pourra également décrire ce que ressent
tive le Premier rôle, lui reprochant de trahir les préceptes. le PJ et qu’il ne contrôle pas : il se sent très attiré par Lusia,
Des pas lourds se font entendre et, dans un fracas, c’est au il pense à elle nuit et jour, de plus en plus. Que va décider
tour du sigire Dand d’entrer dans la pièce et le Premier rôle ? Une partie de lui meurt d’envie de s’aban-
hurler : « Hérétique ! Ton heure est venue ! ». Le Premier donner dans les bras de Lusia mais s’il souhaite se laisser aller,
rôle se réveille en sursaut à ce moment du rêve, tout autant il devra surpasser ses interdits moraux et réussir un jet de Mise
enivré par son étreinte avec Lusia que terrorisé par à l’épreuve de Culpabilité. Si le jet est réussi, le meneur pourra
l’intervention de Firmin et de Dand. enchaîner en décrivant le paragraphe précédent, « Un rêve
sensuel ». En cas d’échec, le malaise est trop grand et le
Premier rôle finit par se réveiller brusquement, angoissé et
fasciné par le rêve qu’il vient de vivre. 57
Lorsque le PJ se réveille, il est visiblement troublé. Il était endormi sur l’un des livres, traitant justement de l’amour…
Firmin est sur le pas de la porte, le visage souriant : « mon garçon, je suis rentré, il est tard, tu devrais aller te coucher… ».
femme, se sentant envoûté par elle. Parfois, il s’imagine partir à sa recherche et traverser toute la Péninsule, dans une quête
romantique et épique. Le meneur pourra expliquer cet état de fait au joueur concerné et lui demander ce qu’il en pense.
Le Premier rôle va-t-il se confier à quelqu’un ou garder ses sentiments pour lui ? Cette scène propose plusieurs rencontres au
PJ qui lui permettront d’explorer ce qu’il ressent :
La balade avec Masha Masha est une jeune de plus en plus régulières de la jeune Tarish et se doute des
métisse tarish, originaire de Dearg. C’est une jolie jeune sentiments de celle-ci à l’égard du PJ. À la faveur de travaux
fille, au caractère réservé et plutôt encline à la contempla- dans le monastère (les réparations, la confection d’onguents,
tion (cf. Livre 1 – Univers, p.193). On dit Masha très cour- l’entretien du jardin), Firmin aborde avec le PJ la question
tisée à Dearg mais ce n’est qu’avec le Premier rôle qu’elle de la sexualité et la manière dont elle est perçue par le
se sent bien. Une amitié s’est développée entre les deux Temple (cf. l’encart ci-après : « L’amour et la sexualité dans
jeunes gens mais le Premier rôle se demande parfois si leurs le Temple »). Il met en garde son fils contre des passions qui
sentiments n’iraient pas plus loin à présent, surtout en ce qui peuvent s’avérer destructrices, le détourner des
concerne Masha. Pour lui, c’est comme une évidence : Ordonnances et même le livrer aux démons. Firmin, ayant
ce qu’il ressent pour Masha et pour Lusia est très différent. noté la distraction de son fils, lui demande s’il désire soula-
La simple évocation de Lusia le trouble, le souvenir de son ger son cœur. Qu’il réponde ou pas, son père lui conseille de
regard l’obsède. Pour Masha, il ne ressent pas quelque trouver dans la prière un moyen d’apaiser son tourment. De
chose d’aussi déstabilisant. Bien sûr, il éprouve beaucoup manière bienveillante, il rassure son fils en lui expliquant
d’affection pour elle et n’est pas insensible à sa beauté natu- qu’avec le temps, ces émotions qui le tenaillent s’apaise-
relle… mais cela n’a rien à voir avec sa passion pour Lusia ront. Mais si un jour il rencontrait le véritable amour, alors
qui asservit son âme et traverse ses rêves. Masha vient régu- il devrait s’engager avec force dans cette relation qui est un
lièrement rendre visite au jeune adepte et tous deux font des cadeau de l’Unique.
balades aux abords du monastère, le plus souvent dans le
silence et le recueillement. Masha remarquera le trouble du
Premier rôle et s’il décide de lui révéler ce qu’il ressent pour Un coeur troublé
Lusia, elle apparaîtra visiblement peinée et ne souhaitera (cf. Fiches de Firmin, Masha et Ronan).
pas aborder plus avant le sujet.
L
es fiches de Firmin, Masha et Ronan donnent
aux joueurs les informations nécessaires pour qu’ils
Ronan et Maëlys. Ces deux jeunes gens croient en puissent intervenir dans cette scène.
l’Unique et viennent se recueillir régulièrement au monas-
tère (cf. Monastère d’Alestor, Livre – 3, ép1, p.20). Ronan
58 et le Premier rôle sont peu à peu devenus amis. Alors que
Maëlys va aider Firmin au jardin, Ronan et le PJ se retrou-
vent seuls. Ronan remarque le trouble de son ami et le L’amour et la sexualité
presse de lui révéler son secret, d’autant qu’il se doute que
cela pourrait avoir un lien avec une fille. Même si le PJ reste
dans le Temple
silencieux, Ronan exalte la force et la beauté de l’amour,
prenant en exemple ce qu’il vit avec Maëlys. Certes, il y a
des difficultés et Ronan relate ses craintes et les pressions
qu’il subit de la part des autres habitants de Dearg. Mais
pour lui, rien ne peut arrêter un amour véritable et il dévoile
L e clergé de l'Unique autorise ses membres qui
n'ont pas fait vœu d'abstinence à se marier
devant le Créateur, mais voit d'un très mau-
vais oeil les relations sexuelles en dehors d'une union
au Premier rôle son projet de quitter Dearg si nécessaire, approuvée. Cela est perçu comme une infraction au
afin de vivre en paix son amour avec Maëlys. Ronan encou- principe de modération énoncé dans les
rage le Premier rôle à écouter son cœur… Pour ce dernier, Ordonnances. Dans les faits, la plupart des mariages
ce n’est pas chose aisée car ce qu’il ressent est aussi ont lieu entre membres du clergé, voire du même
puissant que confus. ordre. Et la grande majorité résultent de considéra-
tions politiques ou pratiques dans lesquelles les sen-
Le sermon de Firmin. Le père adoptif du Premier timents personnels ont peu d'importance. La sexua-
rôle a noté que son fils est devenu plus distrait au fil des lité n'est pas à proprement parler interdite à ceux qui
mois. Cela n’étonne guère Firmin : il connaît les passions n'ont pas prêté vœu d'abstinence, mais elle est tacite-
auxquelles les jeunes hommes sont soumis, en particulier ment découragée au nom du principe de modération.
lorsque l’heure de leur entrée définitive dans le clergé du
Temple approche. Le moine a bien sûr remarqué les visites Extrait du Monastère de Tuath, page 13.
C omme évoqué dans le prologue du scénario, si la caractéristique des émotions est de s’imposer à soi sans que
l’on puisse les contrôler, il est intéressant de prendre en compte les initiatives des joueurs et leur permettre
d’influer sur le cours de l’histoire.
La scène 5 insiste sur ce que le PJ ressent pour Lusia, sur cette obsession qui s’impose à lui et se manifeste dans ses rêves.
Firmin et Ronan apportent des conseils très différents au PJ. Que va-t-il décider ? Il est possible que le discours de Ronan
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fasse grande impression sur le Premier rôle au point qu’il décide de tout quitter, brutalement, pour se mettre sur les traces
de Lusia. Le PJ pourra vouloir fuguer du monastère (les joueurs adorent les évasions !) ou bien préparer un voyage secret
avec Ronan et Maëlys. Tout est possible et le meneur ne devrait pas empêcher un tel déroulement. Certes, ce n’est pas
ce qui est prévu initialement dans le scénario mais il ne faut pas en avoir peur. En s’appuyant sur les initiatives de ses
joueurs, le meneur va favoriser leur implication dans une histoire où ils seront véritablement les premiers rôles : l’aven-
ture deviendra palpitante !
Si le meneur ne se sent pas à l’aise pour improviser ces modifications à la volée, il peut
proposer à ses joueurs d’arrêter la partie afin qu’il ait du temps pour préparer la suite.
Le meneur ne devrait pas craindre de prendre une telle décision car, le plus souvent, arrêter
la partie sur une décision importante d’un joueur aura l’effet d’un cliffhanger accentuant
le suspense et l’intérêt des joueurs pour l’histoire.
joris mac thogail_Mise en page 1 06/11/2013 13:30 Page 17
L
e Premier rôle a cinq ans, il est dans cette même petite pièce du monas-
tère d’Alestor où il dort encore aujourd’hui, plus de dix ans après. Il fait
nuit et il devrait déjà dormir mais ce n’est pas le cas (si comme Joris, le
Premier rôle a choisi le désavantage Mauvaise santé, c’est le moment de met-
tre en scène la maladie qui l’a affaibli lorsqu’il était enfant). Son attention est
attirée par les renâclements distinctifs d’un caernide. En regardant par la
petite fenêtre de sa chambre, le Premier rôle aperçoit une silhouette revê-
tue d’une grande cape et d’un capuchon. Une lanterne est posée au sol et
éclaire l’individu qui essaye tant bien que mal de harnacher l’animal avec
de gros sacs. Même si le Premier rôle l’ignore à ce moment-là, il s’agit de
Firmin, qui essaye de se débarrasser d’une armure qui pourrait lui causer
de gros problèmes (cf. l’encart ci-dessus « Un secret dangereux »).
Que va faire le PJ ? Va-t-il aller voir ce qu’il se passe ? Ou va-t-il
rester dans sa chambre ? Le meneur devrait clairement proposer
au joueur ce choix, lui expliquer sa curiosité mais aussi la peur
ressentie par ce petit garçon de cinq ans, qui est sur le point de
s’engager seul dans un grand monastère plongé dans l’obscu-
rité. Plusieurs choses peuvent arriver ou être découvertes :
Découverte des sous-sols. Le PJ se rend compte que la
trappe menant aux sous-sols du monastère est ouverte. Il fait som-
bre, la lumière de la bougie vacille et menace de s’éteindre tandis
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que les ombres dansent. Dans un coin, des sacs ont été poussés et renversés. Quelqu’un a tiré quelque chose… Et bientôt ce
quelqu’un va revenir prendre le reste… Des bouts métalliques ? … des pièces d’armures… Si le Premier rôle se cache, il verra
une silhouette inquiétante venir prendre les derniers éléments pour les charger avant de partir pour les faire disparaître.
La chambre de Firmin. Elle est vide. Cellule confortable quoiqu’austère, elle est bien rangée et le lit n’a pas été défait,
comme si Firmin ne s’était pas couché ce soir.
Aller à la rencontre de l’inconnu. Le Premier rôle se rend compte que c’est Firmin. Celui-ci lui montre l’armure et
lui explique les risques sans pour autant révéler que l’armure appartenait à Teorg, le père du Premier rôle. Personne ne doit
jamais savoir, sinon Firmin comme le Premier rôle risquent de mourir. La Rose Blanche est un tabou, il ne faut jamais, jamais
en parler à quiconque. Firmin lui fait jurer le secret. Le lendemain, Firmin revient voir le PJ et lui donne une épée, sans lui en
dire plus. Ce n’est que bien plus tard que Firmin révélera la vérité sur ce qu’il s’est passé ce soir-là et ses intentions
(cf. Les jardins d’Ard-Amrach, Acte 3, Scène 1).
Rester caché dans la chambre. Il est également possible que le Premier rôle ait décidé de rester dans sa chambre,
apeuré. Si tel est le cas, le lendemain, Firmin lui offrira l’épée, sans vraiment lui expliquer d’où elle vient. Comme pour la
scène précédente, ce n’est que bien plus tard dans l’histoire que Firmin révélera ce qu’il sait.
Cet acte retrace le voyage du Premier rôle, accompagné de Firmin et Masha, vers la capitale gwidrite Ard-Amrach,
en vue de participer à la cérémonie de l’Acceptation. Une des difficultés pour le meneur dans le cas où le Premier
rôle s’engage à devenir membre du Temple est de parvenir à présenter à la fois les doutes du jeune croyant qui va
peut-être abandonner sa vocation avant d’arriver au bout du chemin, mais également de souligner les attraits de cette faction.
Pourquoi tant de gens se convertissent-ils ? Le Temple est une communauté, une nouvelle famille qui est prête à adopter des
croyants de tous horizons et qui vise un idéal de paix et d’harmonie tout en offrant l’espoir d’une éternité heureuse.
La célébration de la beauté et de la pureté peut se retrouver dans toutes les étapes du voyage, dans les sommets montagneux
d’une blancheur immaculée, dans les floraisons délicates et colorées sur le bord du chemin, dans les prodiges d’architecture
des monastères et des cathédrales, émulation artistique satisfaisant le sens esthétique et élevant l’âme.
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Le chemin à parcourir
La Voie des pèlerins est une route célèbre qui va d’Expiation à Ard-Amrach, ponctuée de nombreux sanctuaires, monastères
et chapelles, à la fois bien défendus et superbes, riches des dons des fidèles. Le groupe de voyageurs, dont la Tarish Masha
fait partie, aura une longue route ponctuée éventuellement de plusieurs étapes. Une chronologie relative est proposée, tenant
compte des temps de repos et de prière ainsi que du rythme lent de Firmin, qui est un vieil homme désormais :
Les chasseurs
Attaque : 10 Ce voyage est aussi l’occasion pour le Premier rôle de se rendre compte que
Défense : 10 Lusia n’a pas quitté ses esprits. Bien sûr, plusieurs mois après sa rencontre
Rapidité : 5 dans le monastère d’Alestor, il n’y pense plus autant. Mais lorsque son âme
Potentiel : 2 se met à vagabonder, alors le souvenir hypnotique de Lusia lui revient, et avec lui l’es-
Dégâts : 2 poir fou de la retrouver un jour.
Points de santé : 19
Un voyage initiatique
L
e chemin vers Ard-Amrach peut être vécu comme un véritable voyage initiatique par le Premier rôle. Ce type de voyage
peut devenir une métaphore de la vie elle-même, les épreuves et les situations rencontrées deviennent un condensé de
plusieurs années d'une existence, la distance remplissant la même fonction symbolique que la durée.
En l’état, l’Acte II explore quelques-unes des facettes du voyage initiatique mais pas toutes. Le meneur peut facilement allon-
ger le temps de jeu de cet acte (notamment avec des canevas, cf. Livre 2 – Voyages, p.26), d’autant qu’un voyage traversant
les territoires sauvages de Tri-Kazel n’est pas anodin. Plus le voyage sera long et intense, plus l’arrivée à Ard-Amrach sera
vécue comme un soulagement.
Voici les thématiques qui peuvent être développées tout au long du voyage initiatique :
Amours et amitiés. La rencontre de l’autre, la décou- Les figures de la tentation. Le voyage initiatique
verte de l’amour, de la sexualité ou bien le développement peut être l’occasion de rencontrer des personnages qui vont
d’une relation d’amitié forte sont autant d’éléments qui tenter d’influencer le Premier rôle, de lui faire emprunter une
peuvent marquer un voyage initiatique. Pour chaque théma- voie l’éloignant des préceptes de la religion. Si le PJ est voué
tique, il existe une facette plus sombre, propice à des enjeux à ne pas devenir un membre du clergé (cf. Prologue du focus
narratifs intéressants, d’autant qu’ils seront mis en tension « Et si le Premier rôle n’est pas un membre du clergé ? »),
avec les principes éducatifs religieux du Premier rôle : le meneur pourra insister sur ces moments particuliers afin de
passion, jalousie, luxure, trahison, etc. mettre en scène le détournement progressif du PJ de l’église
du Temple.
Confrontation à ses peurs. Le voyage initiatique
peut être le moment de vérité face à une peur intime et redou- Les figures exemplaires. Un tel voyage peut aussi 63
tée. Pour renforcer sa mise en scène, le meneur pourra deman- être l’occasion de rencontrer des figures exemplaires, qui vont
der au joueur d’exprimer quelles sont les peurs de son donner une illustration éclatante de ce que peut être le respect
Personnage, au travers d’une discussion avec un compagnon des préceptes du Temple. Ces figures pourront inspirer le
de route, par exemple, durant l’Acte II, Scène 1. Le meneur Premier rôle par l'admiration morale qu'elles suscitent. Elles
pourra ensuite se servir de ces éléments pour créer une situa- pourront incarner le courage et la force de la foi (comme dans
tion qui explorera ces craintes, de manière directe ou méta- le cas de la scène 2 impliquant Frère Charogne), ou alors une
phorique. destinée tragique au service d’une cause qui les dépasse
(cf. Livre 2 – Voyages, l’histoire de saint Albérich, p.9).
Le chemin des Ordonnances En plus des scènes décrites dans cet Acte II, le
meneur peut puiser dans les Saintes
L
e pèlerinage du Premier rôle est un cheminement qui Ordonnances pour concevoir des épreuves
doit lui permettre de prendre conscience de qui il est morales, mais également pour choisir un Miracle qu’il est
vraiment, au fond de lui, et ce qu’il veut véritablement. susceptible de donner au Premier rôle, selon la manière
Sorti de son environnement familier, il est confronté à sa foi et à dont il se comporte, selon les Ordonnances qu’il suit avec
ses désirs pour Lusia qu’il retrouve en mission à Expiation, cité le plus d’intensité. Certains vœux (cf. Monastère de Tuath,
dirigée par les sigires. Ces scènes optionnelles explorent les Six p.12) sont particulièrement appropriés selon la force de
Ordonnances et les relations entre les personnages. En plus des l’engagement dans l’accomplissement d’une ou plusieurs
fiches de Seconds rôles, le meneur pourra donner au joueur une Ordonnances en particulier. La tonalité du voyage sera très
fiche résumant les informations à propos des Ordonnances, différente selon que le Premier rôle est porté vers la médi-
ce qui leur donnera de la matière pour alimenter leur dialogue tation ou la défense rigide du dogme. Même si Firmin, qui
avec le joueur incarnant le Premier rôle. l’a élevé, est moine, le Premier rôle peut choisir d’entrer
dans un autre ordre lors de son Acceptation.
cette voie hérétique qui devrait mener droit vers les limbes… Dans tous les cas, la fermeté inflexible de l’engagement du
Premier rôle peut lui permettre d’acquérir les Miracles Châtiment ou Courroux divin, les manifestant peut-être pour
la première fois à l’Acte II, Scène 4. Il peut en découler le choix du voeu d’Abstention d’endosser une quelconque charge,
rétribution ou récompense ne provenant pas du Temple. Les lames, sigires et vecteurs suivent volontiers cette voie.
L
es délits les plus fréquemment constatés sont : le mensonge ; le parjure (manquer à une promesse ou à un
serment) ; l’ivrognerie ; la colère avec insultes, menaces ou violences ; la luxure (adultère, orgie, non-res-
pect du vœu d'abstinence) ; la crânerie (port de bijoux ou vêtements ostentatoires et précieux) ;
le blasphème (dire du mal de Soustraine ou de l’Unique) ; l’illusionnisme (chercher à convaincre un croyant de
la vérité des C’maogh, du bienfait de la magience ou de l’occultisme) ; la fausse vénération (être surpris à prier
les C’maogh ou les esprits) ; la surdité (couper une explication d’un adepte, ne pas écouter son prêche jusqu’au
bout) ; l’impiété (ne pas respecter les six prières quotidiennes).
Scène 2 : Expiation
Seconds rôles : Firmin, Masha Figurants : Pèlerins, Sigires
Arrivés avec d’autres pèlerins à Expiation, les voyageurs sont ébahis par la beauté des lieux et se mêlent progressivement à
la foule (cf. « Une ville sainte » dans l’encart qui suit). L’animation de cette grande ville tranche avec les étapes précédentes
du voyage, propices à la contemplation. C’est une belle et lumineuse journée de printemps, assez chaude pour la saison,
ce qui rajoute au sentiment de bien-être.
Le soir, le groupe des voyageurs se retrouve à l’au- Cette première scène dans la cité d’Expiation est
berge de la Fleur de sureau pour un repos bien assez libre et dépendra des initiatives des joueurs.
mérité. Firmin propose de prendre quelques jours Le meneur peut puiser dans l’encart suivant pour
de repos avant le départ vers la capitale Ard-Amrach. alimenter ses descriptions et pourra demander aux joueurs
Le lendemain, il invite le Premier rôle à venir visiter avec de décrire ce que leurs Personnages font.
lui l’une des bibliothèques d’Expiation, située dans le
prieuré de Saint Alar.
E xpiation est une ville à double visage, perçue de manière ambivalente par
les peuples : pleine de vie et en expansion, elle est aussi, pour certains, le
symbole des sigires et de l’intransigeance du Temple. Une route, la Voie
des pèlerins, la relie à Ard-Amrach, la capitale, mais des travaux importants sont
engagés pour en créer d’autres vers Caiginn la talkéride et Leacach en Reizh.
D eux grandes routes permettent de sillonner Gwidre, et toutes deux ont également une fonction religieuse : la Voie
des pèlerins, entre Expiation et Ard-Amrach, et la Voie sainte, entre la capitale et Fionnfuar. On vient de loin à
Expiation pour se laver de ses péchés, avant de se rendre à Ard-Amrach pour y recevoir une bénédiction,
prononcer un serment ou entrer solennellement dans les ordres.
La coutume veut que chaque pèlerin achète à Expiation un manteau et une écharpe de toile blanche, qu’il va ensuite conser-
ver et décorer tout au long de son voyage – et même de sa vie –, ajoutant une broderie à chaque lieu qu’il traverse.
Ces vêtements peuvent représenter beaucoup de choses pour le Premier rôle, à la fois le chemin parcouru, son avancée dans
la foi, et les événements qu’il aura vécus sur la route, avec Masha, Firmin et Lusia.
Les pèlerinages se déroulent au printemps et en été, lorsque les conditions climatiques sont les plus favorables.
Traditionnellement, le pèlerinage partant d’Expiation vers la capitale commence à la source de Rocheclaire, un peu à
l’extérieur de la cité. L’eau qui s’en écoule est remarquablement claire, symbolisant la pureté de l’âme. Il est de coutume de
s’asperger de cette eau bénie de l’Unique, mais certains fidèles, dont la foi est intense, n’hésitent pas à plonger dans le
torrent glacé.
Après Rocheclaire, le pèlerin fait six fois le tour de la voie sacrée située dans Expiation, visitant six grands monuments
de la ville. D’autres, voulant démontrer leur ferveur, prolongent ces rituels, parfois pendant six jours.
Les pèlerins commencent ensuite leur grand voyage vers la capitale, s’abritant autant que possible à la nuit
tombée dans un lieu de culte. Les pèlerins sont accueillis et nourris gracieusement mais il est d’usage
de faire un don, selon ses moyens.
F
irmin profite de la balade autour du cloître pour évoquer avec le Premier rôle les Miracles que les Élus peuvent
accomplir. Ces pouvoirs expriment la magnificence du Créateur et impliquent une grande responsabilité pour
ceux qui en usent. Ils impliquent une grande foi et un respect strict des Ordonnances. Si le Premier rôle, du fait
du choix du joueur, se destine à ne pas devenir membre du clergé, Firmin lui en parlera, ayant remarqué son
manque d’implication ou de ferveur. Il ne se montrera pas intransigeant avec le Premier rôle mais lui demandera de bien
prendre le temps d’examiner sa foi avant de prendre toute décision…
cloître, baigné d’une lumière éblouissante. Dans sa description, le meneur devrait dire clairement au joueur que son Personnage
rêve. Bientôt, il est réveillé par des bruits de pas : quelqu’un est entré dans la pièce et le Premier rôle croit apercevoir une ombre
se faufiler entre les rayonnages. Dehors, le ciel s’est chargé de nuages orageux et l’air est devenu lourd. Le Premier rôle va alors
se rendre compte que c’est Lusia qui est là : la coïncidence est incroyable mais c’est bien elle et il ne rêve pas. La jeune femme
sera dans un premier temps interdite, aussi surprise que le Premier rôle. Elle aussi n’a cessé de penser à lui tout ce temps. Un jet
de Perception compliqué (14) permet au PJ de remarquer des détails du langage corporel de Lusia, ses pupilles dilatées,
la manière dont elle penche la tête ou se touche les cheveux… Pour le Premier rôle, l’émotion et le désir sont également palpables
: son cœur bat la chamade, il ressent des picotements au bout des doigts. En cas de réussite du jet de Perception, il comprend que
Lusia éprouve la même passion que lui. Que vont-ils se dire ? Que vont-ils faire ? Lusia, visiblement troublée, ne tentera rien
et si le Premier rôle s’approche d’elle, elle restera immobile, le dévorant du regard. Le meneur pourra intervenir dans cette scène
clé pour soutenir le dialogue par la description de cette tension passionnée et romantique. Mais cet instant hors du temps
s’achèvera brusquement lorsque le Premier rôle apercevra par la petite fenêtre le sigire Dand dans le jardin du cloître en
contrebas, discutant avec Firmin.
L usia et le Premier rôle retrouvent Firmin et Dand au rez-de-chaussée. Le moine est mal à l’aise, gardant un mau-
vais souvenir de sa rencontre avec Dand. Le sigire apparaît plutôt courtois ; il regrette d’avoir eu recours à la vio-
lence lors de sa rencontre avec le moine de Dearg. Il explique son geste par sa crainte de voir la corruption et
l’hérésie se renforcer aux frontières et gangréner Gwidre. Cependant, il rappelle le principe de tempérance enseigné par
Soustraine et demande à Firmin son pardon pour ce qui est arrivé. Cette scène clé vise à montrer les sigires sous un autre jour,
loin de la caricature d’inquisiteurs sadiques et sans pitié. Dand annonce que lui et une dizaine de ses frères d’armes vont
bientôt partir en direction de la capitale avec la sainte mission d’apporter de l’eau bénite d’Expiation au hiérophante qui est
au plus mal. Purifier son corps lui permettra de chasser la maladie et de regagner des forces.
Puisque Firmin et le PJ vont eux aussi à la capitale, Dand leur propose de
les accompagner :
il leur donne rendez-vous devant la citadelle
des sigires dans trois jours,
à l’aube.
joris mac thogail_Mise en page 1 06/11/2013 13:31 Page 25
P endant trois jours, le séjour à Expiation est consacré au recueillement et à la méditation. La rencontre avec Lusia laisse
le Premier rôle troublé. Même s’il tente de retrouver sa trace, elle demeurera introuvable. Cet interlude est le bon moment
pour mettre en scène quelques problématiques autour des Ordonnances (cf. « Le chemin des Ordonnances », en
introduction de l’Acte 2), d’explorer la relation entre le Premier rôle et Masha, de laisser les joueurs improviser des scènes, etc.
Lorsque le meneur jugera le moment opportun, il annoncera que le moment du rendez-vous avec les sigires est arrivé.
Même si le Premier rôle n’a pas d’aspirations religieuses, il est patent que s’il souhaite être avec Lusia, il n’a pas le
choix : il doit la suivre pour ce voyage.
Le meneur pourra insidieusement signaler qu’une femme aussi croyante tiendra certainement à n’avoir de relations
intimes que dans le cadre d’un mariage religieux. Le Premier rôle est-il prêt à s’engager de la sorte, poussé par un désir tenant de
l’obsession ? Sitôt qu’il ne se surveille pas étroitement, il a le regard qui se porte vers elle, tout son corps crie et supplie pour
simplement lui frôler les doigts, sentir sa peau…
68
L’idole et l’eau bénite.
L
usia est de bonne humeur : elle est fière d’être missionnée avec Dand pour se rendre à Ard-Amrach afin
d’apporter l’eau bénite au hiérophante. La présence du Premier rôle la trouble mais elle fait mine de se
comporter normalement (un jet de Perception compliqué (14) permettra de le remarquer).
Un autre homme accompagne le groupe : Lusia présente aux voyageurs son idole, Frère Daernic, plus connu sous le nom de
Frère Charogne (cf. Livre 2 – Voyage, p.48). Le Premier rôle connaît des rumeurs effrayantes à son sujet, sur sa nature impi-
toyable et peut-être même ce qui ressemble à une folie sanguinaire. C’est néanmoins grâce à lui qu’elle est libre et en vie.
Plus remarquable encore, c’est un Élu. Son admiration pour cet homme est grande et elle souhaite ardemment pouvoir
ressembler à cette image vivante du message du Créateur. Il était venu à Expiation pour se ravitailler avant de repartir pour sa
mission. Il fera route quelques jours avec les porteurs de l’eau bénite, ce qui bien sûr est un grand honneur d’après Lusia.
A
ustère, s’exprimant avec un minimum de mots et d’un ton monocorde, le sigire est particulièrement effrayant
pour tous ceux qui ont quelque chose à se reprocher. Son simple contact impose une Mise à l’épreuve de la
Culpabilité qui s’avive à chaque fois que le Premier rôle a le regard qui s’égare sur l’anatomie de Lusia priant
à côté de Frère Daernic ou revenant d’une douche sous une cascade à l’eau glaciale. Frère Daernic pourrait cependant éton-
ner les voyageurs en révélant qu’il pense que le Premier rôle a quelque chose de particulier, comme si le regard de l’Unique
était posé sur lui… Chaque nuit, des rêves, tantôt érotique, tantôt atroces, tantôt radieux assaillent le Premier rôle, comme pour
U
n soir, après les prières d’Estellines, le sigire prend son paquetage, inexpressif. Si on le questionne, il explique
brièvement qu’il doit accomplir sa mission, ce pour quoi il a été choisi par l’Unique. Lusia se porte volontaire
pour l’accompagner et le Premier rôle sera tenté de faire la même chose, afin de suivre la jeune femme. Si le
joueur ne l’exprime pas spontanément, le meneur pourra lui expliquer qu’il souffre de la savoir éloignée de lui : après tout,
qui sait ce qui pourrait lui arriver ? Le sigire Dand se joindra au groupe, ainsi qu’un nombre suffisant d’autres personnages (à
l’exception de Firmin et Masha qui restent au camp) pour que chaque joueur puisse incarner un Second rôle ou un Figurant.
Daernic explique la mission à ceux qui ont décidé de le suivre : une maison abandonnée de bûcheron, à deux heures de marche
au cœur de la forêt, abrite une secte de sorciers vénérant les démons et s’adonnant à des cérémonies impies. La mission
consiste à mettre fin aux agissements des sorciers.
Les sorciers sont au nombre de six. Si le meneur souhaite apporter une ambiance surnaturelle, il pourra doter l’un d’eux
de pouvoirs occultes (cf. Livre 2 – Voyages, « De mystérieux pouvoirs », p.71).
69
Delphine Bois – D’Hommes
et d’Obscurités – 7 –
Différents chemins.
Ce morceau aidera le meneur à poser une
ambiance lourde alors que les PJ, accompagnés
de Daernic, s’approcheront du repaire des
sorciers…
‘
A
la discrétion du meneur, il est possible d’utiliser ce focus pour mettre en scène l’éveil du Premier rôle à un
Miracle. En fait, tout dépend de la tonalité que le meneur souhaite donner à ses parties (cf. « L’utilisation
de magie à la création du PJ », Livre 1 – Univers, p.246). Si le meneur prévoit de mettre en scène un
Miracle, il pourra demander au joueur de le choisir (cf. « Fonctionnement de la magie cléricale », Livre 1
– Univers, p.256). Charge ensuite au meneur d’incorporer au focus une scène intense et dramatique permettant à ce Miracle
d’avoir lieu. Il existe douze Miracles qui peuvent être compris comme les expressions des Six Ordonnances (cf. Encart « Le che-
min des Ordonnances »). Certains ont une tonalité martiale évidente, tandis que d’autres ont des applications plus sociales.
Le choix dépendant de la personnalité du Premier rôle et du contexte, il n’est pas possible de proposer une seule scène type.
Cet acte est l’occasion de découvrir la capitale gwidrite et de conclure le voyage. Désormais le Premier rôle doit être
en mesure de savoir comment il se place par rapport à sa foi et à ses sentiments envers Lusia. C’est l’occasion pour
le meneur de rappeler au joueur qu’il est totalement libre de se positionner sur ces deux sujets.
il été reconnus à la fois déments et coupables de fomenter un complot visant à déstabiliser le royaume tout entier. Les chefs d’ac-
cusation autant que les rares éléments que les voyageurs sont susceptibles d’apprendre sont tous plus extravagants les uns que les
autres. Au moins est-ce la fin d’un mystère, et plus personne ne songera à l’avenir à croire que le Premier rôle est le fils de la plus
haute figure du Temple. Comment le Premier rôle se sent-il face à cette annonce ? Le doute subsiste-t-il dans son esprit ?
L’arrivée aux abords de la capitale est un choc. Ard-Amrach est une cité massive, majestueuse, dont les murailles blanches se
perdent dans les nuages. Le meneur pourra montrer l’illustration des pages 44 et 45 aux joueurs et s’aider de la page 75 du Livre 1 –
Univers pour leur faire une description de la cité. Le groupe doit désormais se séparer, les membres du clergé seuls ayant l'au-
torisation de se rendre dans le quartier de la Sainte Marche où aura lieu l’Acceptation.
Masha se sépare du groupe avec une expression d’insondable mélancolie lorsqu’elle regarde Lusia et le Premier
rôle s’éloigner. Cette situation est assez emblématique d’une élite qui choisit ses membres, les « adopte », mais
rejette également les autres, les simples croyants, et plus encore les marginaux ou les païens.
D’ailleurs, le Premier rôle est confronté à des questions pénibles : Si les non-croyants sont voués aux limbes quelles que soient
leurs qualités, l’Unique est-il vraiment miséricordieux ? Suffit-il de mener une vie honnête, même dans l’ignorance
des Saintes Ordonnances pour être sauvé ? L’ignorance du PJ concernant sa propre histoire le voue-t-elle à la damnation ?
Le meneur pourra renforcer ses descriptions et sa mise en scène en posant ces questions au Premier rôle, comme écho de
ses propres réflexions intérieures alors que l’heure d’entrer dans les ordres approche.
72
Scène 2 : Révélations
Seconds rôles : Lusia. Figurants : /
Firmin et le Premier rôle ont été installés dans un petit monastère d’une élégance sobre du quartier de la Sainte Marche.
Ils peuvent faire la connaissance d’autres adeptes : Neilina, Vaodez, Bedwyr, Aloys, Wenefred, Diboana (cf. Acte 3, Scène 3 :
L’Acceptation). Lusia a été occupée par l’escorte de l’eau bénite en provenance d’Expiation jusqu’au cœur du quartier de la
Sainte Marche. Une rumeur s’est répandue dans la ville : sitôt que le hiérophante a bu le précieux liquide, son visage se serait
détendu, ses douleurs apaisées, et il aurait prononcé une bénédiction.
On estime désormais qu’il est hors de danger et on loue de toutes parts les sigires d’Expiation, gardiens d’une source sacrée,
cadeau de l’Unique. Ce contexte d’agitation et de liesse précède une grande cérémonie de l’Acceptation à laquelle participera
le Premier rôle prochainement, pour être intronisé dans l’ordre de son choix. Si le hiérophante est rétabli, peut-être même
dirigera-t-il en personne ces célébrations, offrant sa bénédiction aux nouveaux ordonnés.
Fascination et répulsion
(cf. Fiche de Lusia).
1.Elle revient sur leur voyage avec Frère Daernic pendant lequel elle a bien remarqué le malaise du Premier rôle et de son
père adoptif, Firmin. C’est le moment pour elle d’expliquer son histoire : sa capture quand elle était enfant, la longue période
d’esclavage, puis Daernic, arrivant comme un unique espoir dans cette nuit éternelle. Enfin, son entrée dans le clergé du
Temple, sa nouvelle famille.
2. Son autre sujet de discussion concerne la cérémonie de l’Acceptation qui aura lieu demain : elle questionne le Premier
rôle sur son choix. En fait, Lusia veut savoir si leur histoire a une chance d’exister ; pour cela, l’unique solution est que le
Premier rôle entre lui aussi dans les ordres. En tant que sigire, elle ne pourrait partager sa vie avec un homme laïc.
3. Lusia finit par révéler ce qu’elle ressent : son attirance pour le Premier rôle, son obsession depuis le premier jour de
leur rencontre, mais aussi un sentiment d’inquiétude qui ne cesse de gagner du terrain. Quelle est sa signification ?
Le Premier rôle est ému, et aura bien du mal à rester de marbre alors que son cœur palpite. Associée à cette
excitation, à l’instar de Lusia, il ressent une angoisse diffuse : est-ce la proximité de la veille de l’Acceptation ?
En fait, il s’agit du médaillon donné par Firmin, qui le trouble sans qu’il puisse encore expliquer pourquoi,
le renvoyant inconsciemment à ce lien secret qui l’unit à Lusia.
Le meneur devrait expliquer au joueur ce qu’il ressent. Ces émotions surviennent sans que le Premier rôle ne puisse avoir
d’emprise sur elles et incarnent ici une véritable adversité. Comment le Premier rôle va-t-il réagir ? Le meneur devrait laisser
le joueur libre d’agir, quitte à lui expliquer les enjeux de cette lutte intérieure.
La suite des événements dépendra beaucoup de la réaction du Premier rôle : qu’il embrasse Lusia ou qu’il la repousse, une
révélation surgira de manière brutale. Lusia porte un pendentif du Temple, mais cette étoile est particulière et le Premier rôle
en prend conscience brutalement : elle est la copie parfaite de son médaillon à lui. L’étoile et le médaillon creux du PJ
s’encastrent parfaitement. Derrière l’étoile est gravé « Ma sœur éternelle ».
Si le Premier rôle a consommé d’une manière ou d’une autre cette relation incestueuse, il encaisse un jet de Résistance
Mentale très difficile (20). S’il a su se tenir à distance, écoutant une partie de lui qui lui criait de ne rien faire, le jet sera
seulement compliqué (14).
Lusia apparaît horrifiée, d’autant plus que son statut de sigire aggrave la situation dans laquelle elle se trouve.
73
Après être restée un long moment pétrifiée, Lusia s’effondre en larmes et raconte au Premier rôle quelque chose qu’elle
avait caché, par honte, mais qui vient aujourd’hui de faire sens : elle garde quelques souvenirs de sa
mère qui était une magientiste.
Elle se rappelle également d’un petit bébé, un petit garçon, que son père a un jour
emmené en catastrophe alors que sa mère partait avec elle dans une autre direc-
tion, affolée... Ses parents ont disparu,
elle a été recueillie par sa seconde famille, qui a elle-même été décimée
avant qu’elle ne se retrouve entre les griffes de ce seigneur corrompu.
Au-delà du choc de cette révélation, le Premier rôle pourra se dire
qu’il a eu de la chance d’être confié à Firmin et que sa vie, aussi
dure soit-elle à Dearg, a été bien heureuse en comparaison de
celle de sa sœur présumée…
L’Affranchissement
L
e Premier rôle avait peut-être déjà des doutes sur sa vocation, il ressentait le besoin de dés-
obéir, de s’affranchir des contraintes intellectuelles que lui imposait le dogme… Arrivé à
Ard-Amrach, le jeune adepte est face à un des choix les plus importants de sa vie.
Pour un Personnage ayant choisi l’arc de l’Adoption mais ne souhaitant pas intégrer le Temple,
c’est l’occasion de détailler la manière dont il s’est détourné d’une vocation religieuse :
La fuite :
Ne supportant plus la pression, mais n’arrivant pas non plus à faire face à Firmin ou à d’au-
tres, il fait ses bagages, de nuit. Son plan peut être confus, hasardeux, partant dans l’espoir de
trouver sa voie, celle qu’il choisirait seul. Il se pourrait aussi qu’il suive un rêve d’enfance qu’il
n’assumait pas jusqu’ici. La chronologie indicative dans le Prologue propose par défaut un délai
de deux ans entre les événements de Mac Thogail et le présent, de quoi permettre d’insérer la for-
mation à un métier différent. Le meneur pourra compléter ce focus en détaillant de nouvelles
scènes narrant l’apprentissage du nouveau métier du Premier rôle.
Le renoncement : L’apostasie :
Le Premier rôle a pris le temps de réflé- Suivant le mouvement, souhaitant bien
chir sur la Voie des pèlerins, et à défaut de faire, le Premier rôle a participé à
trouver l’Unique, il a compris ce qu’il sou- l’Acceptation, mais peu après, il a abandonné
haitait. Il sait que ceux qui l’aiment et qui ses insignes religieux et a quitté les ordres.
l’ont accompagné sur la route, Masha et S’il est identifié en Gwidre comme un
Firmin notamment, respecteront son choix. ordonné défroqué, il risque d’être condamné
Il leur fait sans doute part de sa décision lors comme blasphémateur et apostat, quelqu’un
74 d’un ultime dîner dans la capitale ou à proxi- qui aurait eu connaissance de la vérité
mité, quand Firmin ou Masha lui demande de l’Unique avant de se tourner vers
« Alors, toujours sûr de ton choix ? ». l’ennemi, le démon…
Une variante plus osée consisterait à refuser
de prononcer ses vœux durant la cérémonie
même de l’Acceptation, à la manière d’une
mariée qui dirait « Non » devant l’autel, cau-
sant par là même un scandale. Cette situation
sèmerait la confusion et attirerait l’opprobre
sur lui, mais n’est pas illégale, contrairement
à l’apostasie des ordonnés.
Scène 3 : L’Acceptation
Seconds rôles : Hiérophante Anthénor, Firmin.
Figurants : Autres adeptes (Neilina, Vaodez, Bedwyr, Aloys, Wenefred, Diboana), autres ordonnés,
membres du Temple.
La cérémonie de l’Acceptation est prévue pour se dérouler dans la Grande Cathèdre, qui fut la première église de Tri-Kazel,
bâtie en 747 (cf. Livre 1 – Univers, p.32), avant de devenir une immense cathédrale, après plus d’un siècle de travaux.
L’Acceptation peut être comparée à un mariage mystique ou à une adoption sacrée, liant l’ordonné simultanément à l’Unique,
à la communauté des croyants et aux religieux du Temple. Elle se déroule normalement après un noviciat de six années,
le jeune adepte étant présenté par un responsable religieux, ici Firmin pour le Premier rôle.
Durant les jours précédents, les futurs ordonnés se préparent, ils s’entraînent à réciter des cantiques et des hymnes en chœur,
ils répètent la cérémonie pour que tout soit parfait. L’ambiance est à l’effervescence, la joie, la nervosité…
C’est l’occasion pour un Premier rôle assez sociable de faire des connaissances. S’il s’investit dans cette démarche et que, par
la suite, il prend sur lui d’entretenir une correspondance, il pourra bénéficier de contacts, voire d’amis qui pourront le rensei-
gner, mais attendront peut-être aussi de lui des contreparties :
Neilina, future clerc, se destinant à travailler à Farl, très Wenefred, future prêtresse qui rit et glousse sans cesse au
sérieuse, assez maladroite. point qu’on peine à l’imaginer mener une vie réellement
tempérée ; elle n’a pas bien réfléchi à son affectation et
Vaodez, futur moine qui aspire à fonder des établisse- compte sur le hasard.
ments sur le modèle de l’abbaye de Corvus.
Diboana, issue d’une famille de petite noblesse dont
Bedwyr, futur sigire, avec un profil d’intellectuel, le domaine est vassal du seigneur Mac Snòr (cf.
toujours un petit sourire en coin. Monastère de Tuath) et qui se destine à devenir chevalier
lame.
Aloys, futur vecteur ayant sympathisé avec Neilina,
il compte se rendre du côté de Baldh Ruoch, convaincu
qu’étant lui-même un homme de science, il saura conver-
tir ces matérialistes de magientistes.
L’investissement du Premier rôle dans l’entretien de son réseau de connaissances utile, mais c’est également
une manière de comprendre la force du Temple, les six ordres s’unissant pour une même cause, avec des spécialités
différentes.
F irmin explique au Premier rôle la manière dont va se dérouler la cérémonie de l’Acceptation afin que celui-ci
sache comment se comporter et quoi dire, notamment lors du Serment.
La cérémonie
Arcana – Inner Pale Sun - 2 – Lovelorn
75
La cérémonie de Sixtine a lieu dans le chœur de la Grande Cathèdre, où ont été suspendues de longues étoffes blanches qui
forment autant d'arches dans une démultiplication du chiffre six. La cérémonie se décline en trois moments importants :
1. L’Introduction.
La cérémonie débute par un discours rituel, prononcé par Anthénor. Le hiérophante se tient dans le chœur alors que l’ensem-
ble des adeptes sont encore dans la nef. La voix du chef spirituel du Temple résonne alors dans la Grande Cathèdre :
« Qu'aujourd'hui vos cœurs s'emplissent de joie, car vous accepterez et serez acceptés. Les uns accueilleront, les autres seront
accueillis. Dans le sillage de Soustraine, tous inscriront leurs pas et deviendront les héritiers de sa sainte parole. Car c'est de
sa révélation dont nous héritons tous, car c'est de sa vérité dont nous sommes tous les messagers. C'est aujourd'hui, parmi
nous, devant nos yeux et dans nos cœurs, que se tient l'Acceptation ». « Adeptes, vous voici désormais, devant nous, au seuil
de votre maturité religieuse. Soustraine fut le premier à percevoir la vérité de ce monde et c'est à vous désormais qu'il revien-
dra de répandre l'éclatante justesse de sa vision. Chacun d'entre vous, aujourd'hui, se voit rejoindre l'un des six ordres de notre
saint Temple.
N'oubliez jamais que les six branches de l'ordre se trouvent jointes en leur cœur. Chacun d'entre vous sera confié à un ordre
qui pourvoira à ses missions et chacun accomplira différemment son sacerdoce. Mais vous avez tous reçu l'Acceptation et
servez tous la même mission divine. »
2. Le Serment.
Chaque adepte s’avance à tour de rôle devant un petit autel où a été installée une tablette de marbre gravée des Six
Ordonnances. Le hiérophante s'adresse alors au novice par une formule consacrée, véritable litanie répétée à chacun
des adeptes tout au long de la cérémonie :
« Toi, jeune adepte, ta formation est désormais achevée. Sur cette pierre consacrée par les Ordonnances de Soustraine, consens-tu à
consacrer ton existence à la gloire de l’Unique ? »
L’adepte répond alors : « Oui, j'accepte comme je suis accepté ». Anthénor demande ensuite : « Tu vas quitter le cœur du
Temple pour rejoindre l’une de ses branches. Quel ordre souhaites-tu intégrer ? ». Suite à la réponse de l’adepte, le hiérophante
conclut : « Qu'il en soit ainsi ! ».
3. Les voeux.
Une fois le Serment prononcé, l’ordonné se relève et prononce les vœux qu’il a décidé de faire siens. S’il décide de ne pas
prononcer de vœu, il rejoint simplement l’assemblée. Il pourra faire ce choix plus tard dans son existence, mais la plupart pré-
fèrent montrer la pureté et la force de leur engagement à ce moment. D’un strict point de vue technique, un vœu donne +2 en
Exaltation, mais pose également des contraintes supplémentaires à respecter (cf. Monastère de Tuath, p.12). Dans le cas où le
Premier rôle ferait vœu d’Anonymat, son nom pourrait être Gwenneira ou Geal, référence à la couleur blanche de la neige et
à son adoption. Lorsque tous les adeptes sont passés devant Anthénor, l’assemblée récite alors les Six Ordonnances et la céré-
monie de l’Acceptation se termine alors que les cloches de la cathédrale résonnent.
L’Élu. Si le Premier rôle a accompli un Miracle pendant le focus, il est le seul nouvel ordonné qui soit également
un Élu. Alors que la cérémonie de l’Acceptation s’achève, le Premier rôle est rejoint par le maître de l’ordre dans
lequel il a décidé de s’engager (le meneur retrouvera son nom à la page 154 du
Livre 1 – Univers, paragraphe « Les hiérophantes »). Ce dernier félicite le jeune ordonné : « Les Élus sont les yeux, la voix
et les mains de l’Unique. Il place sa confiance en toi et la communauté des croyants a besoin de toi pour la guider et
la protéger. Je suivrai ton parcours avec attention, bienvenue parmi nous ! ».
joris mac thogail_Mise en page 1 06/11/2013 13:31 Page 34
C’est l’automne, le Premier rôle est revenu au monastère de son père adoptif Firmin, après un long voyage de la capitale
gwidrite jusqu’à Dearg. Le val est magnifique, les arbres couverts de feuillages d’or et de sang. Un vent froid et un ciel d’un
bleu glacé laissent présager un hiver rigoureux, mettant à l’épreuve l’âme et le corps. Constance et modération sont attendus
de l’Unique et ses Élus se doivent de montrer la voie aux autres dans ces temps difficiles.
Tout autour les travaux ont bien avancé, le val est animé et beaucoup profitent des derniers beaux jours pour sortir, s’émer-
veillant des splendeurs de la nature. Si ce monde n’est peut-être pas parfait et cause bien des douleurs, sa beauté est un mes-
sage d’espoir qui élève l’âme, la console et la raffermit.
Le Premier rôle retrouve les habitants de Dearg. Comment va-t-il être accueilli ? Comment sera jugé son choix, qu’il se soit
engagé dans les ordres ou qu’il se soit détourné du Temple ?
En plus de statuer sur son engagement religieux, son grand voyage en Gwidre lui a permis de retrouver Lusia et de mieux
comprendre les raisons de son obsession à son égard. Cependant, bien des mystères demeurent, en particulier à propos de
l’identité de ses parents, dont l’un aurait été chevalier de la Rose Blanche et l’autre magientiste…
C e focus permet au Premier rôle de gagner 15 points d’Expérience ainsi qu’entre 1 et 5 points
de Détermination. Leur acquisition devrait se faire selon la manière dont le PJ s’est impliqué
dans sa relation vis-à-vis de Lusia, Firmin et Masha.
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L’encart de la page 61 donne plus de détails sur la manière d’attribuer ces points.
Les effets de ces points sont décrits à la fin du chapitre détaillant la Création de
Personnage avancée, page 51.
Les autres joueurs pourront recevoir des points d’Expérience pour leur PJ,
absent pendant ce scénario. Le barème d’attribution est le même que
celui qui est décrit page 228 du Livre 1 – Univers.
joris mac thogail_Mise en page 1 06/11/2013 13:31 Page 35