1 Consolidation Mondiale Des Bourses
1 Consolidation Mondiale Des Bourses
1 Consolidation Mondiale Des Bourses
des bourses
Rapport
Jacques Hamon, Bertrand Jacquillat
et Christian Saint-Étienne
Commentaire
Jacques Mistral
Compléments
Bruno Biais, Gunther Capelle-Blancard, Matthieu Crozet,
Thierry Foucault, Yves Simon, Benn Steil et Fabien Tripier
Introduction ............................................................................................ 5
Christian de Boissieu
RAPPORT
La place financière de Paris
et la consolidation des bourses mondiales .................................. 7
Jacques Hamon, Bertrand Jacquillat et Christian Saint-Étienne
Introduction .............................................................................................. 7
1. Les marchés et les entreprises de marché ......................................... 9
1.1. Les principaux marchés ................................................................ 9
1.2. Les métiers des entreprises de marché ...................................... 14
1.3. Le processus qui conduit les entreprises
de marché à la consolidation ...................................................... 22
1.4. Perspectives ................................................................................ 27
2. La régulation des entreprises de marché ....................................... 29
2.1. La loi Sarbanes-Oxley et son éventuelle extraterritorialité ......... 30
2.2. Réglementation des marchés d’actions aux États-Unis .............. 32
2.3. Europe et la DMIF ...................................................................... 35
2.4. L’Europe post DMIF .................................................................. 37
3. Les enjeux stratégiques du développement
de la place financière de Paris ............................................................ 40
3.1. Le rôle de la finance dans une économie moderne ..................... 40
3.2. L’importance d’une place financière ........................................... 42
3.3. Finance et développement ........................................................... 43
3.4. Efficacité et régulation ................................................................ 44
3.5. Poids actuel de l’industrie financière
et de la place financière de Paris ............................................... 45
3.6. Les places de Londres et de Paris .............................................. 49
4. Les scénarios de consolidation des bourses
et les stratégies des grands acteurs ..................................................... 50
4.1. Stratégies de fusion NYSE-Euronext-Deutsche Börse .............. 51
4.2. Stratégies pour les bourses de produits dérivés .......................... 51
4.3. Stratégie de Deutsche Börse en cas de fusion
NYSE-Euronext ......................................................................... 52
COMMENTAIRE
Jacques Mistral ..................................................................................... 85
COMPLÉMENTS
A. La consolidation des marchés financiers européens ........ 89
Bruno Biais
B. Consolidation et fragmentation des marchés
boursiers : coûts et bénéfices ..................................................... 103
Thierry Foucault
C. La localisation des activités financières
dans l’Union européenne .............................................................. 129
Gunther Capelle-Blancard, Matthieu Crozet et Fabien Tripier
D. Développement et fusion des bourses
de produits dérivés ......................................................................... 157
Yves Simon
E. L’impact sur Paris Europlace d’une fusion
d’Euronext avec le NYSE .............................................................. 189
Benn Steil
Christian de Boissieu
Président délégué du Conseil d’analyse économique
Introduction
La consolidation des bourses constitue un processus inéluctable dans un
monde globalisé où la circulation des capitaux se situe à l’avant-garde de la
mondialisation. Elle permet aux entreprises de marché de rentabiliser da-
vantage leurs infrastructures de négociation et de transaction et, ainsi, d’abais-
ser leurs coûts en en faisant profiter leurs clients. La consolidation est sou-
haitée par les clients des bourses, émetteurs comme investisseurs, les deux
souhaitant que la fonction d’intermédiation soit la moins coûteuse possible.
Pour les premiers, cela réduit leurs coûts de financement et, pour les se-
conds, cela grève moins leurs performances de gestion.
Le rapport est organisé en cinq parties.
La première partie traite du mouvement de consolidation des bourses
mondiales d’abord en présentant un état des forces et des acteurs en pré-
sence tant au niveau des principaux marchés – marchés-actions, marchés
de produits dérivés – que des entreprises de marché qui les gèrent. Il s’avère
que l’effervescence actuelle autour de la consolidation des bourses n’est
que la continuation d’un processus permanent et mondial qui touche à la fois
les marchés d’actions, mais aussi et surtout les marchés de produits dérivés.
(*) La rédaction de ce rapport a été achevée fin novembre 2006, au moment où la fusion
Euronext-NYSE n’était pas entièrement conclue, même si elle était vraisemblable.
En millions de dollars
Capitalisation
Nombre de sociétés cotées Capitaux échangés (2005) Levées
domestique
10
Classement des marchés d’actions
de capitaux
membres de WFE En millions % de Domes- Étran- Dont Valeurs Total, Total,
Étrangères en 2005
de dollars WFE tiques gères BRIC domestiques % WFE dont carnet
25/07/2007, 14:34
Note : BRIC : Brésil, Russie, Inde et Chine
Sources : Compilation de diverses statistiques publiées par le World Federation of Exchanges (WFE) et rapports annuels des entreprises de marché.
• suivant le critère de la somme des capitalisations boursières domesti-
ques, le NYSE est le marché le plus important. Deux marchés américains,
deux marchés japonais et le London Stock Exchange (LSE) devancent
Euronext selon ce critère. La capitalisation des titres admis sur le NYSE est
4,9 fois plus importante que celles des titres admis sur Euronext et 10,9 fois
plus importante que celle des titres cotés à Francfort sur Deutsche Börse,
ou encore 16,7 fois plus importante que celle des titres cotés à Milan sur la
Borsa Italiana. L’addition des principaux marchés d’actions européens en
2005, soit Londres, Euronext, Francfort, Madrid, OMX et le marché suisse
représente une capitalisation de 10 482 milliards d’euros, soit un chiffre
encore inférieur à celui du seul NYSE ;
• les capitaux échangés font la somme en valeur de toutes les transac-
tions enregistrées en 2005 selon plusieurs mesures. On distingue les valeurs
domestiques et les valeurs étrangères. La colonne « Total % WFE » donne
la part du total des capitaux échangés du marché par rapport au total publié
par l’ensemble des membres du WFE. La colonne « Total, dont carnet »
reporte les capitaux échangés sur le seul marché en cotation assistée par
ordinateur. Le carnet du NYSE en 2005 fonctionne avec des règles spécifi-
ques et très différentes des modèles de cotation assistée en continu. Les
carnets purement électroniques du NYSE étant de création très récente,
NYSE-Arca et NYSE-Hybrid entreront dans les statistiques pour l’année
2006. La bourse de Tokyo est celle pour laquelle la cotation électronique et
centralisée prend la place la plus importante : quasiment tous les échanges
se font en carnet. Euronext fait l’essentiel des échanges actions sur le car-
net (NSC – nouveau système de cotation) mais une partie passe « hors mar-
ché », par exemple sur le marché des blocs. Pour le LSE, on voit l’impor-
tance du « hors marché » sous forme de blocs mais plus généralement de
l’activité des teneurs de marché membres qui inscrivent leur activité propre
dans les statistiques générales du LSE. Suivant le critère des capitaux échan-
gés, en agrégeant les échanges sur valeurs domestiques ou étrangères, le
NYSE est à la première place. Les échanges sur le NYSE sont 4,8 fois plus
importants que sur Euronext ou 2,5 fois plus importants que sur le LSE ;
• l’activité à l’international (et donc le rayonnement du marché et sa
capacité d’attraction) peut être appréciée à la fois par le nombre de valeurs
étrangères cotées mais aussi par les capitaux échangés durant l’année. On
remarque la domination du LSE et du NYSE, et la situation très particulière
de la bourse suisse qui connaît une activité sur les valeurs étrangères plus
importante que sur les valeurs domestiques. Le rayonnement international
est également appréciable en rapport avec le nombre d’émetteurs cotés
issus des pays de l’ensemble BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine). Le NYSE
prend la première place (720 milliards de dollars de capitalisation pour les
64 entreprises), le LSE la deuxième (409 milliards dollars pour 35 sociétés),
le NASDAQ cote des sociétés plus petites (31 milliards pour les 31 sociétés) ;
• le montant des capitaux levés par les émetteurs (marché secondaire et
introductions) durant l’année 2005 constitue un critère important permettant
d’apprécier l’intérêt potentiel pour les émetteurs. Suivant le critère des ca-
pitaux levés, le NYSE occupe la première place (30 % environ de l’ensem-
ble des capitaux levés par les marchés). En 2005, Euronext occupe la
deuxième place et le LSE la troisième.
12
Sao Paulo SE Brésil 0 0,0 0,0 0,0 269 4,5 8,8 1,1
CBOT États-Unis 548 20,6 5,4 7,7 113 1,9 0,0 0,0
CME États-Unis 471 17,7 42,9 60,9 207 3,5 0,0 0,0
Note : WFE recense 42 marchés de produits dérivés sur l’année 2005, seuls ont été retenus ceux ayant au moins 2 % de parts de marché suivant l’un des quatre
25/07/2007, 14:34
critères figurant en colonnes. Certains marchés ont des plates-formes dans plusieurs pays, ainsi Euronext Liffe (aux Pays-Bas ou en France notamment),
OMX sur la Suède mais aussi plusieurs pays du nord de l’Europe (cf. annexe). Les volumes et positions ouvertes sont en millions de contrats. Les primes en
milliards de dollars.
Source : Compilation de diverses statistiques publiées par la World Federation of Exchange (WFE).
1.1.2. Les marchés de produits dérivés
L’appréciation de l’importance des marchés de produits dérivés se heurte
à deux difficultés : l’indisponibilité de certaines données et le choix d’un
critère pertinent.
Les données compilées par le WFE ne sont pas aussi complètes et re-
présentatives que dans le cas des marchés d’actions. En effet, si de nom-
breux marchés sont membres de cette association professionnelle, les mar-
chés importants non membres sont plus nombreux que dans le cas des mar-
chés d’actions. Par exemple, l’absence d’Intercontinental Exchange (ICE)
biaise les statistiques sur les dérivés de matières premières. Par ailleurs, les
marchés de gré à gré sont absents. Or, les dérivés sont largement négociés
sur ces derniers marchés (ou même exclusivement comme dans le cas des
dérivés de crédit). Les grandes banques jouent un rôle important, de même
que certains courtiers indépendants (ICAP, par exemple, qui revendique en
septembre 2006 plus de mille milliards de dollars de contrats échangés par
jour). Les dérivés ont échappé à l’obligation de concentration des ordres là
où elle est encore en vigueur.
Ainsi, les indicateurs disponibles permettant de mesurer l’importance
relative des différents marchés sont davantage contestables dans le cas des
marchés de produits dérivés. Par exemple, les statistiques les plus fréquem-
ment diffusées par les marchés sont en volume (nombre de contrats échan-
gés ou positions ouvertes), ce qui ne tient pas compte des différences de
valeur nominale d’un contrat à l’autre, et ce qui explique la position totale-
ment artificielle de leader de la Corée du Sude selon ce critère. Aussi, les
modalités d’intermédiation ou la pratique d’ « animation de marché » no-
tamment ont un impact sur la façon de comptabiliser l’activité sur un mar-
ché. Enfin, l’externalisation par certains marchés américains de la compen-
sation d’options (auprès de The Option Compensation Corporation) rend
peu lisible au niveau des marchés, la statistique de position ouverte, en par-
ticulier pour les options sur actions.
On distingue les contrats à terme de type futures et les contrats d’op-
tions. Pour les futures, sont présentés à la fois le nombre de contrats échan-
gés et les positions ouvertes et pour les options, le nombre de contrats échan-
gés et le montant des primes. La fréquence de données manquantes est
toutefois plus grande pour cette dernière variable. Le tableau 2 montre que
trois marchés se détachent en matière de négociation de contrats de type
futures : Eurex qui est un marché propriété conjointe de Deutsche Börse et
de la bourse Suisse, le Chicago Board of Trade (CBoT) et le Chicago
Mercantile Exchange (CME). Euronext-Liffe réalise 3 à 4 % suivant que
l’on considère la position ouverte ou le nombre de contrats échangés. Qua-
tre marchés se détachent en matière de négociations de contrats d’options
(tous types de supports confondus) : le Chicago Board Options Exchange
(CBOE), Eurex, Korea Stock Exchange et Euronext-Liffe. On doit ajouter
un cinquième (International Securities Exchange, ISE, qui est un marché
récent, américain et en cotation assistée) si l’on prend en compte le nombre
de contrats échangés (cf. tableau 2).
(2) Chaque entreprise de marché choisit, dans la présentation de ses comptes, un niveau de
décomposition de son chiffre d’affaires, ce qui rend les comparaisons quelquefois délicates.
Ainsi OMX ne présente pas de décomposition entre ses activités de négociation d’actions et
de produits dérivés. On a fait le choix d’une affectation de la totalité à la rubrique actions. Par
ailleurs, des choix comptables peuvent troubler les comparaisons : ainsi le NASDAQ qui
publie un chiffre d’affaires « brut » en négociation d’actions, c’est-à-dire avant les réductions
consenties à certains intermédiaires (liquidity rebate). On a fait le choix de soustraire ces
rabais qui se montent à 291 millions de dollars en 2005. Le chiffre d’affaires du NASDAQ
ressort ainsi après divers ajustements à 490,3 millions de dollars au lieu des 879,9 publiés.
Tous les chiffres du tableau sont indiqués en millions d’euros.
Règlement livraison
Banque, courtier
Banque, courtier
(passe un ordre)
Compensation
(compte titre)
Conservation
(front office)
(back office)
(Settlement)
transaction
Investisseur
Investisseur
(cleaning)
(custody)
Cotation
Membre
Deutsche Börse
NYSE ou LSE
Source : Auteurs.
(3) La présentation et le détail des comptes par activité n’étant pas homogènes ni normalisés
d’une société de marché à l’autre, un « redressement des comptes » a été nécessaire de
manière à les rendre dans la mesure du possible comparables. A titre d’exemple, sous la
rubrique « négociation d’actions » on regroupe pour le NYSE les postes « trading fees »,
« facility & equipment fees » et « membership fees » qui représentent trois recettes directe-
ment liées au négoce d’actions, mais aussi et probablement de façon marginale d’autres types
de titres. Toujours pour le NYSE, l’impôt de bourse (« section 31 fees ») n’est pas inclus car
il est directement reversé par le NYSE à l’État et à la Securities and Exchange Commission
(SEC). On a déjà signalé la déduction des « liquidity rebates » sur le poste de « trading fees »
du NASDAQ. Pour Deutsche Börse on reprend l’ensemble des ressources regroupées sous
la division « Xetra » sauf les « listing fees » et les « clearing fees » qui sont ventilés dans les
lignes pertinentes.
18
2005 2005 2005(*) 2005 2005 2005 2005
M€ % M€ % M€ % M€ % M€ % M€ % M€ %
25/07/2007, 14:34
sition d’Archipelago (un marché électronique américain) en 2005-2006 et
les divers développements de cotation assistée (Direct+ puis NYSE Hybrid)
qu’il a entrepris.
Deux sources importantes de revenus sont les prélèvements directs
auprès des émetteurs (listing fees) et les prélèvements sur les transactions
conclues (trading fees). Un choix de gestion important est la fixation de la
part relative des deux sources, comme le complément C de Thierry Foucault
le met en évidence. Un plus faible prélèvement sur les transactions favorise
la liquidité du marché, mais oblige l’entreprise de marché soit à réduire ses
coûts de fonctionnement soit, par exemple, à se retourner vers les émetteurs.
Les « listing fees » sont des frais facturés aux émetteurs à l’occasion de
leur introduction en bourse ou d’un événement affectant leur capital ou en-
core sur une base récurrente. Certains marchés font le choix d’une factura-
tion faible voire nulle, d’autres marchés tirent une part substantielle de leurs
revenus des « services rendus aux émetteurs » (issuer services). Les mar-
chés pour lesquels cette source est la plus conséquente en termes relatifs
sont le NASDAQ (46,1 %), le NYSE (31,2 %) et le LSE (19,6 %). En
revanche, on remarque que les marchés de l’Europe continentale prélèvent
(en termes relatifs) des montants beaucoup plus réduits. La part des res-
sources directement prélevées sur les émetteurs est un indicateur de l’inté-
rêt des émetteurs et de l’attractivité du marché. C’est une mesure de la
valeur de la marque. Les marchés (et les pays d’accueil) fixent des régle-
mentations contraignantes mais qui souvent constituent une garantie pour
les investisseurs. La bourse, via ses critères d’accès à la cotation, exerce
ainsi une fonction de certification appréciée des investisseurs et recherchée
par voie de conséquence par les émetteurs. Les marchés dont les recettes
en commission de négociations en actions domestiques sont faibles mais
relativement fortes en commissions de cotation (listing fee) sont aussi ceux
qui montrent un dynamisme exceptionnel tant du point de vue des capitaux
échangés que du pouvoir d’attraction des émetteurs étrangers.
Le contexte réglementaire peut avoir une incidence sur les revenus des
entreprises de marché. Le NYSE qui est une « self regulatory organization »
(SRO) supporte ainsi des coûts spécifiques et enregistre également des re-
cettes (taxe sur les transactions, regulatory fees) au titre de cette activité.
Cotation
Règlement- listing fee
livraison titres 7%
a. Euronext 2005 4% Dérivés
(940,2 millions d’euros) 35 %
Négociation
d'actions
Chambre
23 %
compensation
0%
Logiciels Données
21 % de marché
10 %
Règlement-
Cotation
livraison titres
listing fee
4%
1%
Négociation
d'actions b. Deutsche Börse 2005
10 % Dérivés
31 %
(1 631,5 millions d’euros)
Logiciels
7%
Données Chambre
de marché compensation
8% 39 %
Dérivés
Cotation
3%
listing fee
c. London Stock Exchange 20 % Données
(417,6 millions d’euros) de marché
33 %
Négociation
d'actions
44 %
Négociation
d'actions
33 %
Données
Regulatory fees
de marché
13 %
e. NYSE 17 %
(862,7 millions d’euros)
Cotation Logiciels
listing fee 18 %
33 %
Négociation
d'actions
19 %
Autres Cotation
Règlement- 3% listing fee
livraison titres 10 %
1% f. OMX
(313,6 millions d’euros)
Négociation
Logiciels
38 % d'actions
36 %
Données
de marché
12 %
Autres Cotation
4% listing fee
Règlement- 12 %
g. Borsa Italiana livraison
(228,3 millions d’euros) titres Négociation
25 % d'actions
21 %
Chambre
compensation Données
14 % de marché
Dérivés 16 %
8%
(4) Depuis début 2006, les annonces de création de plates-formes nouvelles d’échange, à
l’initiative de pools de grandes banques se multiplient : Bats Trading, BIDS (pour les blocs)
LeveL, par exemple. Il s’agit probablement d’une réaction aux consolidations récentes mais
aussi aux nouvelles réglementations américaines qui modifient les règles de concurrence
(cf. Regulation National Market System – Reg NMS).
1.4. Perspectives
Les marchés d’actions se sont énormément développés dans le monde
entier, depuis trente ans dans un environnement très concurrentiel, où les
parts de marché relatives des différentes entreprises de marché ont beau-
coup évolué. Ainsi, entre 1975 et 2005 les capitaux échangés sur le NYSE
ont été multipliés par 105. De 1990 à 2005, les capitaux échangés ont été
multipliés par 10,65 sur le NYSE et par 22,29 sur le NASDAQ. Toutefois,
l’environnement concurrentiel et les évolutions technologiques ont progres-
sivement grignoté la part de marché du NYSE qui a perdu la position de
(5) Dans le rapport annuel 2006 du London Stock Exchange à la page 12 on lit : « Technical
strategies, which are aimed at making relatively small profits many times over, are especially
sensitive to marginal costs. So new activity becomes viable where the costs are reduced. In the
nine years since its launch SETS (Stock Exchange Electronic Trade System) has narrowed
spreads on the Exchange’s markets by 70 per cent. As volumes continue to rise, so costs are
driven down again, creating a virtuous circle » (Les stratégies techniques destinées à réaliser
de petits profits étendus à un grand nombre d’opérations, sont très sensibles aux coûts
marginaux. Ainsi, une nouvelle activité est rentable lorsque le coût est réduit. Depuis son
lancement, il y a neuf ans, le SETS (carnet d’ordres électronique) a réduit les fourchettes de
70 %. Les volumes d’échange augmentant, les coûts sont encore abaissés créant ainsi un
cercle vertueux).
Electronic
Communication
Network (ECN) NYSE
3% 46%
Marchés régionaux
2%
NASDAQ
32%
(6) Elle était de 85,2 % en 1975 et de 87,3 % en 1935 (Tinic et West, 1980).
(7) Dans son rapport annuel 2005 (cf. p. 42) le NASDAQ indique qu’en 2003 le pourcentage
des transactions reportées au NASDAQ sur les titres listés au NASDAQ n’est que de 67 %.
Ce pourcentage baisse à 51,3 % en 2004 et remonte à 57 % en 2005 suite à l’intégration des
sociétés d’ECN Brut en 2004 et Inet en 2005.
(8) Dans sa description critique du système américain de régulation des marchés financiers, le
groupe de travail dirigé par Ferrel et al. (2006) résume la situation ainsi : « To the extent
possible, regulations should rely on principles-based rules and guidance, rather than the
current regime of detailed prescriptive rules » (Dans la mesure du possible, les réglementa-
tions doivent recourir à des règles basées sur des principes généraux, plutôt que sur des
prescriptions détaillées).
(9) Ainsi les transactions en rompu de quotité (odd-lot) du NYSE ont fait l’objet très tôt
d’UTP sur marchés régionaux (Brodie, 1940). Entre le 1er janvier 1937 et le 31 août 1939 des
UTP ont été accordées sur 99 titres du NYSE, le plus souvent en odd-lot trading. Ce qui
laissait un gain (fiscal) aux investisseurs installés dans un État où les taxes sur transactions
étaient moins élevées.
(10) La « rule 390 » interdisait aux membres du NYSE les transactions de gré à gré (pour
compte de tiers ou compte propre) sur les titres admis au NYSE. Amendée par exemple en
1980 avec la « rule 19-c-3 » qui précisait que les actions admises en bourse après le 26 avril 1979
peuvent faire l’objet de transactions « off board ». Et supprimée en 2001. Le « NASDAQ
third market » ou Intermarket, regroupe les cotations diffusées par le NASDAQ, de gré à gré,
d’actions admises au NYSE.
(11) À la suite d’une enquête de la SEC en 2000, un marché national (National Market System,
NMS) est décidé pour les options avec mise en place de l’interconnexion début 2002.
(12) Annoncée le 22 septembre 1999, et prévue pour 2000, l’alliance entre les bourses de
Londres, Francfort, Paris, Milan, Madrid, Amsterdam, Bruxelles et le marché suisse, visait à
mettre en place un marché des titres phares européens (European Blue-Chip Market). Le
modèle de marché prévu était le suivant : un marché gouverné par les ordres, avec cotation
assistée en continu et fixings d’ouverture et de clôture ; harmonisation des horaires, des
libellés d’ordres et des échelons de cotation. Sur le plan technique, ce marché paneuropéen
aurait été réalisé par l’interconnexion des systèmes électroniques existants, les valeurs étant
cotées sur une feuille de marché électronique unique par valeur (les valeurs aujourd’hui cotées
sur plusieurs bourses de l’Alliance ne l’auraient plus été que sur celle d’origine). Les opéra-
tions de règlement-livraison auraient fait l’objet d’une garantie centrale (ou de l’équivalent
pour celles des bourses ne disposant pas d’un tel mécanisme). L’Alliance fut très vite enter-
rée, à la suite des négociations exclusives de rapprochement (déjà) entamées par Deutsche
Börse avec le LSE.
(13) Un titre peut être listé et coté sur un marché donné (par exemple, tous les titres
actuellement proposés par Euronext). Il peut être coté sans être listé (aux États-Unis, sous
UTP, un marché régional ou national obtient le droit de coter un titre listé généralement sur un
marché national, le NYSE, par exemple). Il peut enfin être listé sans être coté. Cette dernière
possibilité est soulevée par la mise en place du carnet unique par Euronext (à horizon 2008),
certains émetteurs étant d’accord avec le regroupement des négociations mais souhaitant
conserver les possibilités de plurilistage (par exemple, à Paris et à Amsterdam).
(14) Citigroup, Goldman Sachs, Merrill Lynch, Deutsche Bank, Credit Suisse, ABN AMRO,
UBS, HSBC et Morgan Stanley.
Marge nette
(en euros)
(en euros)
Système de compensation,
(en %)
OPEX
règlement
et livraison
(20) Le taux d’intermédiation représente la part prise par les établissements de crédit rési-
dents dans l’encours global des financements accordés aux agents non financiers (ANF)
résidents. Il est dit au sens étroit si l’on ne retient que les crédits accordés et au sens large si
l’on prend en compte les placements réalisés par ces mêmes établissements en titres émis par
les ANF.
(21) Cf. Commission bancaire.
5.2.4.1. La réglementation
Dans son complément, Benn Steil souligne : « De manière justifiée, les
Européens ont témoigné de leurs inquiétudes à l’égard de la réglementation
américaine qui fonctionne mal et est parfois mal conçue à la base, et de
l’intervention politique américaine sur les marchés européens. La législation
américaine en matière de gouvernance des entreprises sous la loi Sarbanes-
Oxley (SOX) est maintes fois invoquée, mais les inquiétudes sont bien plus
anciennes et vont au-delà de SOX. Par exemple, les efforts répétés du
Congrès américain à la fin des années quatre-vingt-dix en vue d’imposer
des sanctions en matière boursière aux sociétés étrangères, notamment les
entreprises russes actives en Iran et les entreprises chinoises au Soudan,
ont découragé les sociétés non américaines à s’introduire en Bourse sur le
NYSE et le NASDAQ ».
Dans l’hypothèse d’une fusion du NYSE avec Euronext, le holding
Euronext-NYSE sera coté sur le NYSE et sur Euronext et devra bien sûr
suivre les règles américaines notamment en matière de gouvernance et de
publication de ses propres comptes. Toutefois les entreprises cotées sur
Euronext, en dehors du territoire américain, ne sont pas concernées. Encore
que certains risques d’extraterritorialité peuvent se matérialiser.
Ainsi, il y a toujours le risque qu’un petit juge de l’Arkansas prenne la
défense d’un investisseur américain qui a acheté une action qui est seule-
ment cotée dans le système Euronext et qui n’a pas respecté la loi améri-
caine. Mais ce type de risque existe avec ou sans fusion entre le NYSE et
Euronext.
L’extraterritorialité, c’est plus compliqué que cela en a l’air. Il se peut
très bien que les grands émetteurs ou intermédiaires européens essayent
d’utiliser la « jambe Euronext » pour s’infiltrer aux États-Unis en contournant la
loi américaine. Aussi, n’y a-t-il pas un risque d’extension de la loi Sarbanes-
Oxley même si celle-ci ne s’applique en principe qu’aux sociétés cotées aux
États-Unis ? Quid aussi de la loi sur les délits d’initié, ou du fonctionnement
des bourses ? Quid des sociétés cotées sur Euronext en Europe, mais né-
gociées via des écrans installés aux États-Unis ? La frontière devient de
plus en plus floue. Il y a un équilibre qui va être difficile à trouver.
Conclusion
L’Europe n’est plus un marché pertinent ni pour les grands émetteurs, ni
pour les grands investisseurs. Le marché pertinent est devenu le monde et
le paysage boursier verra probablement s’ériger des ensembles mondiaux
dans les dix prochaines années.
La fusion de l’ensemble des marchés-actions de l’Union européenne
dans le cadre fédéral d’Euronext s’étant avérée impossible, le seul choix
possible est entre favoriser une alliance équilibrée entre Euronext et le NYSE
ou tolérer l’isolement d’Euronext en cas d’échec de cette alliance. L’al-
liance entre le NYSE et Euronext donnerait naissance à la première entre-
prise de marché globale pour ce qui concerne le mix actions/produits déri-
vés. Ce projet ne vise pas pour autant la course à la taille pour la taille mais
résulte du fait que jouant un rôle décisif dans le mouvement de consolidation
des marchés, l’alliance se posera en véritable concurrent du LSE tout en
renforçant la position de l’Europe sur les marchés financiers en attirant les
flux de capitaux du monde entier.
Si l’alliance Euronext-NYSE est approuvée par les assemblées généra-
les des deux sociétés et si les actionnaires apportent effectivement leurs
titres pour la réaliser, deux questions demeureront :
• quelle est la probabilité que l’alliance en reste une sans que New York
cherche à écraser ses partenaires européens ? Comme il est apparu dans le
rapport, la volonté du NYSE et du NASDAQ de trouver des partenaires
européens obéit aux nécessités liées à la consolidation des bourses mondia-
les mais aussi au désir d’échapper aux griffes du Congrès américain et de la
SEC. De plus, les activités boursières étant fortement régulées, le nouvel
ensemble opérera dans le cadre d’un dialogue constant avec le collège euro-
péen de régulateurs des activités financières. L’alliance Euronext-NYSE
cherchera vraisemblablement à accélérer son développement sur les mar-
chés européens en gardant les meilleures relations possibles avec les régu-
lateurs européens qui se sont donnés, de par les conditions imposées dans le
cadre du traité de fusion, pour préserver l’intégralité des marchés, de nom-
breux droits de regard dans les décisions de l’alliance. Un écrasement de la
partie européenne de l’alliance n’est pas le scénario le plus probable, compte
tenu de l’obtention d’une gouvernance équilibrée ente Euronext et le NYSE
au sein du nouvel ensemble, et compte tenu du fait que les régulateurs pèse-
ront lourdement pour éviter que cela ne se produise si les circonstances
changeaient ;
Network
Dérivés en 1998
Exchange)
septembre 2006
BIDS block interest (Better
Exchange)
Climate
2006
Exchange
1974
Suisse)
permis d’émission
Exchange)
Climate
Exchange)
Exchange
d’OM Group
Stock
Exchange
d’OM Group
Stock
Jacques Mistral
Professeur des Universités
(*) Ces remarques expriment mes vues personnelles et n’engagent en rien les institutions
auxquelles je peux être affilié.
Introduction
Dans La théorie du développement économique, en 1911, Schumpe-
ter notait que le développement et l’efficacité du secteur financier jouaient
un rôle important pour la croissance économique. Des marchés et des inter-
médiaires financiers efficaces permettent de mobiliser l’épargne et de fi-
nancer les investissements, favorisant ainsi productivité et innovation. La
question de la consolidation des marchés financiers européens s’inscrit dans
cette perspective, et ce à deux égards.
D’une part, il convient de prendre en compte l’existence d’économies
d’échelle dans le fonctionnement des marchés financiers. La liquidité d’un
titre est a priori plus grande si toutes les transactions sont concentrées sur
un marché que si elles sont réparties sur plusieurs marchés. Il existe aussi
des économies d’échelle en ce qui concerne le coût de fonctionnement des
marchés, en particulier pour les opérations de règlement-livraison. Consoli-
der les marchés, c’est-à-dire réunir toutes les transactions et toutes les opé-
rations de règlement livraison sur des plates-formes européennes intégrées,
pourrait permettre d’exploiter ces économies d’échelles. Il pourrait en ré-
sulter une amélioration de la liquidité et une réduction des coûts de fonction-
nement. Cela se traduirait pour les investisseurs par des coûts de transac-
tions moins élevés. Cette réduction entraînerait une baisse de la rentabilité
exigée par les investisseurs, et donc du coût du capital pour les entreprises.
Conclusions
La consolidation des marchés financiers est un processus naturel et qui
va sans doute se poursuivre. Elle repose sur les économies d’échelles et les
externalités de réseau, caractéristiques des marchés boursiers. Pour les
systèmes de négociation, elle est déjà, pour une grande part, réalisée pour
les marchés d’actions européens, grâce à l’interconnexion de carnets d’or-
dres transparents.
Le domaine où les progrès sont les plus nécessaires est celui du règle-
ment-livraison. Une fois cette étape franchie, ce qui importe pour l’avenir
est de préserver les incitations des entreprises de marché à innover et amé-
liorer leur offre, ainsi que d’inscrire les places européennes dans les échan-
ges de capitaux internationaux.
En matière de politique publique, les arguments présentés dans cette
étude suggèrent les conclusions suivantes :
Ce qui importe avant tout c’est que l’offre de liquidité soit abondante,
que les offreurs de liquidité soient en concurrence, que les demandeurs de
liquidité disposent de l’information suffisante pour arbitrer entre ces offres,
et que les coûts associés au règlement et à la livraison des titres soient
limités.
Il n’est pas clair du tout que la constitution d’un quasi-monopole en Eu-
rope continentale soit la meilleure façon d’atteindre cet objectif. Le risque
serait que ce marché soit le passage obligé pour les transactions de nature
régionale. Nul besoin dès lors d’innover pour offrir des systèmes de tran-
saction plus performants, ou pour limiter les coûts de règlement-livraison.
Un tel marché ne bénéficierait plus alors de l’aiguillon de la concurrence, et
resterait en marge des grands marchés internationaux.
Mieux vaut mettre l’accent sur l’ouverture et la transparence du marché :
• réduire les barrières à l’entrée tant pour les offreurs de liquidité que
pour les organisations de marché, c’est favoriser la concurrence pour l’of-
fre de liquidité ;
Références bibliographiques
Consolidation et fragmentation
des marchés boursiers : coûts et bénéfices
Thierry Foucault
HEC School of Management, Paris et CEPR
Introduction
La nouvelle directive européenne sur les marchés financiers (DMIF) a
pour objectif d’accroître la concurrence entre les bourses et plus générale-
ment les plates-formes(1) permettant de réaliser des transactions financiè-
res(2). Comme l’ont remarqué plusieurs observateurs, la mise en œuvre de
cette directive (et notamment l’abolition de la règle dite de « concentra-
tion ») va modifier de manière radicale l’environnement boursier européen
en facilitant l’entrée de nouvelles plates-formes boursières, augmentant ainsi
les pressions concurrentielles sur les bourses existantes(3).
Dans le même temps, on assiste aux États-Unis à un mouvement de
consolidation des marchés financiers, à la fois dans les marchés cash et
(1) Dans le reste du texte, j’utilise le terme « bourse » pour désigner tous les systèmes
permettant de réaliser des transactions sur un actif financier.
(2) Par exemple, dans son document de consultation sur l’application des principes de
meilleure exécution contenus dans la directive Marchés d’instruments financiers (DMIF)
(juillet 2006) qui remplace la Directive sur les services d’investissement (DSI) de 1993,
l’Autorité des marchés financiers (AMF) note (p. 3) que : « Le principal objectif à l’origine
de la réforme de la DSI est la volonté d’accroître la concurrence entre les différents mécanis-
mes de négociation que sont les marchés réglementés, les systèmes multilatéraux de négocia-
tion […] et les intermédiaires […] ».
(3) La règle de concentration autorisait les États membres de l’Union à imposer la centralisa-
tion des transactions boursières sur un marché règlementé, limitant ainsi les possibilités de
concurrence entre plates-formes.
Compensation
et règlement-livraison Marchés comptant Marchés des dérivés
(4) Ainsi, le NYSE et le NASDAQ ont fusionné respectivement avec Arca, d’une part, et
Inet, d’autre part. Très récemment, le CBoT et le CME, deux marchés de produits dérivés,
ont annoncé leur intention de fusionner en 2007.
(5) Par exemple, Archipelago, Inet, Liquidnet, certaines bourses régionales américaines,
l’AMEX, POSIT, etc.
(6) Par exemple, la part de marché du NASDAQ sur le volume de transactions réalisées sur
les entreprises cotées sur ce marché était en forte diminution jusqu’à la fusion de ce marché
avec INET. Ainsi en octobre 2003, cette part de marché était seulement de 17 % contre 26
pour INET et 8 % pour BRUT. Depuis l’acquisition de ces marchés par le NASDAQ, sa part
de marché est désormais de 51 % (cf. Abrokwah et Sofianos, 2006).
(7) Cette situation est en train de changer. En août 2006, la part de marché du NYSE pour les
actions cotées sur le NASDAQ était de 22 %.
(8) Un grand nombre d’études ont montré que les coûts d’exécution étaient plus élevés sur le
NASDAQ que sur le NYSE, pour des actions par ailleurs comparables. Ces études attribuent
cette différence au fait que les échanges se déroulaient de manière très différente sur les deux
bourses jusqu’à une date récente. En revanche, les commissions d’admission à la cote étaient
beaucoup plus élevées sur le NYSE que sur le NASDAQ. Foucault et Parlour (2004) mon-
trent comment la différenciation des coûts d’exécution a pu permettre aux deux bourses de
coexister en dépit de commissions d’admission à la cote très différenciées.
(9) Le nombre d’entreprises étrangères inscrites à la cote du NYSE est en retrait depuis 2001
après avoir constamment et fortement augmenté depuis 1990. Voir, Karolyi (2006).
2. Exemple introductif
Source : Auteurs.
(14) C’est la raison pour laquelle ce modèle, dit en silo et utilisé par exemple par Deutsche
Börse, est perçue comme anticoncurrentiel.
(15) Les synergies de coûts sont plus faciles à quantifier par les opérateurs car elles consis-
tent essentiellement dans des économies d’infrastructure (informatique, par exemple) et de
main d’œuvre.
(16) Les deux bourses sont des marchés gouvernés par les ordres, utilisant des plates-formes
assez similaires.
(20) Les bourses régionales américaines sont Boston, Chicago, Philadelphie, Pacific et Cin-
cinnati.
(23) La presse s’est fait l’écho de cette situation. Sur ce point voir « Discontented Dutch
Brokers Prompt Foreign Intervention », Euromoney, décembre 2003 ou « Dutch Auction :
Can the LSE Snatch Dutch Equities Trading from Euronext? », The Economist, 6 mars, 2004.
(24) La taille optimale du tick a été une question très débattue aux États-Unis dans les années
quatre-vingt-dix. La solution à cette question n’est pas immédiate car le tick peut également
avoir des effets bénéfiques sur la liquidité. Sur ce point voir Harris (1990), Cordella et
Foucault (1999) ou Foucault, Kadan et Kandel (2005).
options n’est pas un substitut à une concurrence entre ces mêmes marchés proposant les
mêmes options. Alors qu’une transaction pour une option pouvait impliquer jusqu’à cin-
quante acteurs opérant en concurrence sur un même marché, la concurrence d’autres marchés
a permis de resserrer encore davantage les fourchettes de prix. Ces résultats suggèrent qu’une
structure de marché fragmentée au niveau des transactions implique une pression concurren-
tielle, qui ne serait pas spontanément présente dans une structure concentrée ».
4. Le rôle de la réglementation
Les externalités de réseau poussent à la consolidation des ordres sur un
seul marché. En revanche, les effets positifs de la concurrence entre mar-
chés suggèrent qu’il existe des bénéfices à maintenir un marché fragmenté.
La difficulté consiste donc à trouver un mode d’articulation des marchés en
concurrence qui permette de répliquer au mieux les effets de la consolida-
tion des ordres dans un seul marché. L’environnement réglementaire peut y
contribuer. Cette observation a joué un rôle central dans l’élaboration de la
nouvelle réglementation des marchés d’actions américains (Reg NMS). Ainsi,
dans le descriptif de cette réglementation, la SEC note que : « The NMS
thereby incorporates two distinct types of competition-competition
among individual markets and competition among individual orders-
that together contribute to efficient markets. Vigorous competition
among markets promotes more efficient and innovative trading servi-
ces, while integrated competition among orders promote more efficient
pricing of individual stocks for all types of orders, large and small […]
Accordingly the commission primary challenge in facilitating the esta-
blishment of an NMS has been to maintain an appropriate balance
between these two vital forms of competition »(26).
Dans un marché où les courtiers peuvent accéder sans coûts à l’ensem-
ble des marchés, le marché est de facto consolidé et on peut s’attendre à ce
que la fragmentation soit sans effet (c’est en partie la logique qui sous-tend
le résultat de neutralité de Glosten, 1994). Les coûts d’accès à plusieurs
marchés sont minimaux si les marchés sont suffisamment transparents pour
permettre aux courtiers d’identifier rapidement les meilleures offres et si les
marchés en concurrence utilisent une infrastructure de compensation et rè-
glement-livraison commune.
(26) « La réglementation NMS distingue deux types de concurrence – la concurrence entre les
marchés et la concurrence entre les ordres –, qui contribuent ensemble à l’efficacité du
système. Une concurrence vigoureuse entre marchés favorise le développement de services
de transaction innovants et efficaces, alors que la concurrence entre les ordres facilite la
réalisation de la transaction à un prix efficace pour tous types d’ordres, petit ou grand. (…).
En mettant en place la réglementation NMS, la commission a d’abord voulu maintenir un
équilibre pertinent entre ces deux formes cruciales de concurrence », US Securities and
Exchange Commission (2005), p. 12.
(28) Cette pratique est qualifié de « payment for order flow » ou « preferencing » selon les
cas.
(29) Cf. article 21 de la directive MiFID (Directive pour les marchés d’instruments finan-
ciers).
(31) Voir Foucault (2005) pour une discussion plus détaillée de cette question.
a. Effectifs salariés
5,4 3,4%
Nb. Salariés - activités financières (en millions, échelle de gauche)
% Salariés - activités financières (échelle de droite)
5,3
5,2 3,2%
5,1
5,0 3,0%
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
b. Masse salariale
270 5,5%
Rémunération Salariés - activités financières (en
milliards, échelle de gauche)
250 % Rémunération Salariés - activités financières 5,4%
(échelle de droite)
230 5,3%
210 5,2%
190 5,1%
170 5,0%
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
c. Valeur ajoutée
600 7,0%
Valeur ajoutée brute - activités financières (en
milliards, échelle de gauche)
% Valeur ajoutée brute - activités financières 6,7%
550 (échelle de droite)
6,4%
500
6,1%
450
5,8%
400 5,5%
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Sources : Eurostat (SEC 95). Calculs des auteurs.
aux activités
spécifiques
financières
1995 2003
(1) (2) (3) (4) (1) (2) (3) (4)
en % en % en % en %
Allemagne 1 140 22,1 3,4 1,00 1 158 22,2 3,3 1,07
Autriche 112 2,2 3,6 1,07 112 2,1 3,4 1,09
Belgique 124 2,4 3,9 1,17 130 2,5 3,8 1,20
Danemark 81 1,6 3,3 0,99 82 1,6 3,2 1,02
Espagne 341 6,6 3,1 0,92 344 6,6 2,3 0,73
Estonie 7 0,1 1,2 0,35 7 0,1 1,3 0,43
Finlande 48 0,9 2,7 0,81 39 0,8 1,9 0,60
France 660 12,8 3,3 0,98 699 13,4 3,1 0,98
Grèce 73 1,4 3,5 1,05 89 1,7 3,9 1,25
Hongrie 78 1,5 2,6 0,78 65 1,2 1,9 0,61
Irlande 47 0,9 4,6 1,37 73 1,4 4,9 1,56
Italie 570 11,1 3,5 1,06 593 11,4 3,3 1,04
Lettonie 13 0,3 1,5 0,46 16 0,3 1,8 0,57
Lituanie 16 0,3 1,4 0,40 17 0,3 1,5 0,47
Luxembourg 22 0,4 11,1 3,31 33 0,6 12,0 3,86
Pays-Bas 201 3,9 4,1 1,22 241 4,6 4,2 1,33
Pologne 295 5,7 2,8 0,82 236 4,5 2,7 0,87
Portugal 86 1,7 2,6 0,76 74 1,4 2,0 0,63
Rép. tchèque 76 1,5 1,7 0,51 66 1,3 1,7 0,54
Royaume-Uni 1 036 20,1 4,4 1,33 991 19,0 3,9 1,23
Slovaquie 29 0,6 1,5 0,44 34 0,7 1,8 0,59
Slovénie 17 0,3 2,3 0,68 20 0,4 2,7 0,86
Suède 85 1,6 2,2 0,65 90 1,7 2,2 0,70
Total Europe 5 157 100 3,4 1,00 5 209 100 3,1 1,00
Lecture : (1) Nombre de salariés dans le secteur financier (en milliers) dans le pays i : Efi,i ;
(2) Répartition des salariés européens du secteur financier parmi les pays (en %) : Efi,i / Efi,. ;
(3) Poids de l’emploi du secteur financier dans l’emploi total du pays i (en %) : Efi,i / E.,i ;
(4) Indice de spécialisation : (Efi,i / Efi,.) / (E.,i / E.,.).
Sources : Eurostat (Regio), SEC 95. Calculs des auteurs.
15,00
5,00
4,00
3,00
2,00
1,00
b. 2003
15,00
5,00
4,00
3,00
2,00
1,00
142
3 Nordrhein-Westfalen 240 4,6 Nordrhein-Westfalen 246 4,7
4 Bayern 200 3,9 Bayern 207 4,0
5 Baden-Württemberg 161 3,1 Baden-Württemberg 162 3,1
25/07/2007, 14:34
1995 2003
143
4 Hamburg 6,4 1,9 Eastern Scotland 7,0 2,2
5 Noord-Holland 6,0 1,8 Noord-Holland 6,7 2,1
6 Gloucestershire. 5,8 1,7 Utrecht 6,0 1,9
7 Utrecht 5,7 1,7 Hamburg 5,9 1,9
8 Île de France 5,7 1,7 Hessen 5,8 1,8
9 Eastern Scotland 5,6 1,7 Southern and Eastern 5,7 1,8
10 Wien 5,4 1,6 Attiki 5,5 1,7
11 Hessen 5,4 1,6 Île de France 5,5 1,7
12 Southern and Eastern 5,4 1,6 Wien 5,0 1,6
13 Surrey and Sussex 5,3 1,6 Praha 5,0 1,6
14 Essex 5,1 1,5 Surrey and Sussex 4,9 1,6
15 West Yorkshire 5,1 1,5 Stockholm 4,9 1,6
16 Attiki 5,0 1,5 Bratislavský kraj 4,8 1,5
17 Lazio 4,9 1,5 Friesland 4,8 1,5
18 Friesland 4,8 1,4 Bratislavský kraj 4,6 1,4
19 Comunidad de Madrid 4,7 1,4 Essex 4,5 1,4
20 Stockholm 4,5 1,3 Merseyside 4,4 1,4
25/07/2007, 14:34
Lecture : (1) Nombre de salariés dans le secteur financier (en milliers) dans la région j : Efi,j ; (2) Poids des salariés dans le secteur financier de la région j dans
l’emploi salarié du secteur financier en Europe : Efi,i / Efi,. ; (3) Poids de l’emploi salarié dans le secteur financier de la région j : Efi,j / E.,j ; (4) Indice de
spécialisation : (Efi,j / Efi,.) / (E.,j / E.,.).
Sources : Eurostat (Regio), SEC 95. Calculs des auteurs.
600
500
400
300
200
100
0
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Paris Île-de-France (sauf Paris) France (sauf Île-de-France)
a. 1995
Hauts-de-Seine
43 (17%)
Seine-Saint-Denis
10 (4 %)
Val-de-Marne
Paris 10 (4 %)
163 (65%)
Grande couronne
26 (10%)
b. 2003
Hauts-de-Seine
71 (28%)
Seine-Saint-Denis
18 (7 %)
Val-de-Marne
17 (7 %)
Paris
118 (46%) Grande couronne
30 (12%)
a. 1993
15,00
5,00
4,00
3,00
2,00
1,00
b. 2005
15,00
5,00
4,00
3,00
2,00
1,00
148
(1) (2) en % (3) en % (4) (1) (2) en % (3) en % (4)
e e
Paris IX 41 217 18,2 34,1 3,8 Paris IX 29 104 13,0 25,4 3,1
25/07/2007, 14:34
Rap. CAE 67 Bourses.pmd
1993 2005
(1) (2) en % (3) en % (4) (1) (2) en % (3) en % (4)
149
e
Paris XI 2 336 1,0 3,9 0,4 Fontenay-Sous-Bois 3 442 1,5 20,8 2,5
Neuilly-Sur-Seine 2 266 1,0 5,2 0,6 Paris XIVe 2 802 1,3 5,5 0,7
Paris XIIIe 2 193 1,0 4,2 0,5 Paris Xe 2 705 1,2 3,7 0,4
Noisy-Le-Grand 2 092 0,9 15,1 1,7 Paris XIe 2 656 1,2 5,1 0,6
Fontenay-Sous-Bois 2 032 0,9 13,1 1,5 Neuilly-Sur-Seine 2 634 1,2 5,9 0,7
Paris VIe 2 005 0,9 5,6 0,6 Montreuil 2 632 1,2 9,2 1,1
Rueil-Malmaison 1 901 0,8 4,9 0,5 Rueil-Malmaison 2 571 1,2 6,1 0,7
Créteil 1 716 0,8 7,9 0,9 Paris VIIe 2 329 1,0 6,7 0,8
Paris Ve 1 648 0,7 7,0 0,8 Noisy-Le-Grand 2 253 1,0 12,1 1,5
Saint-Denis 1 638 0,7 6,1 0,7 Issy-Les-Moulineaux 2 216 1,0 5,6 0,7
Boulogne-Billancourt 1 533 0,7 2,6 0,3 Bois-Colombes 2 087 0,9 44,5 5,4
Charenton-le-Pont 1 501 0,7 18,5 2,1 Paris XIXe 1 992 0,9 3,7 0,4
Paris IIIe 1 304 0,6 4,3 0,5 Créteil 1 919 0,9 7,3 0,9
Paris XIXe 1 262 0,6 2,9 0,3 Clichy 1 691 0,8 6,2 0,7
Paris XIVe 1 231 0,5 2,9 0,3 Boulogne-Billancourt 1 616 0,7 2,0 0,2
25/07/2007, 14:34
Lecture : (1) Nombre d’employés dans le secteur financier dans la commune j : Efi,j ; (2) Poids de la commune dans l’emploi financier de l’Île-de-France :
Efi,i / Efi,. ; (3) poids de la commune dans l’emploi salarié de l’Île-de-France j : Efi,j / E.,j ; (4) Indice de spécialisation : (Efi,j / Efi,.) / (E.,j / E.,.).
Sources : GARP. Calculs des auteurs.
150
• Caisses d'épargne 230 1 837 1 798 5 327 28 103 37 479
• Crédit-bail 2 037 353 2 942 2 076 4 413 3 855
25/07/2007, 14:34
Champ d’observation : Salariés des établissements du secteur privé industriel et commercial employant au moins une personne sous contrat de travail. Les
données pour 1993 ont été rétropolées pour tenir compte du passage à la NAF 2003. Les données 2005 sont provisoires.
Sources : GARP.
Notons, enfin, le cas de la commune de Saint-Denis dont les effectifs
dans les activités financières ont été multipliés par 4,5 entre 1993 et 2005
(contre un facteur de 1,6 toutes activités confondues). Cette croissance
s’explique essentiellement par l’implantation d’entreprises d’assurances qui
représentent, en 2005, 70 % de l’emploi dans le secteur des activités finan-
cières (et 12 % de l’emploi total de la commune).
Le déplacement des activités financières depuis le centre de Paris vers
les communes de l’ouest et de l’est de la capitale ne concerne pas, évidem-
ment, toutes les activités de manière uniforme. Ainsi, la plupart des établis-
sements conservent leur siège social dans les quartiers historiques (ce qui
explique la faible diminution du nombre d’établissements comparée à la forte
baisse du nombre de salariés). En outre, ce sont essentiellement les activités
informatiques ou les activités de back-office qui ont migré vers l’est. Les
données du GARP ne nous permettent pas de distinguer ces différents ty-
pes d’activités. Elles nous offrent toutefois une décomposition par sous-
secteurs (cf. tableau 6).
La décomposition par sous-secteurs permet d’identifier certaines activi-
tés où l’emploi est très nettement en hausse à Paris : c’est essentiellement
le cas des OPCVM et des auxiliaires financiers en gestion de portefeuille.
Mais l’essor de ces activités concerne également l’Île-de-France et la Mé-
tropole ; il se révèle même plus rapide en dehors de Paris.
Pour la plupart des activités la part de Paris a fortement diminué. Pre-
nons comme exemple le secteur de l’assurance-dommage : de taille relati-
vement importante, il s’est fortement développé en Île-de-France (+ 47 %)
et en Métropole (+ 37 %) tandis qu’il a régressé à Paris (– 29 %) sur la
période considérée.
Sur le graphique 4, nous distinguons trois types d’établissements : les
banques, les banques mutualistes et les OPCVM (auxquels nous rattachons
les auxiliaires financiers en gestion de portefeuille). Nous considérons par
ailleurs trois zones : Paris centre (IIe, VIIIe et IXe arrondissements), La
Défense (Courbevoie, Levallois-Perret, Nanterre et Puteaux) et l’Est pari-
sien (Charenton-le-Pont, Montreuil, Fontenay-sous-Bois, Maisons-Alfort et
Noisy-le-Grand). Alors qu’en 1993, le nombre de salariés dans les banques
était 6 fois plus élevé dans le centre de Paris qu’à La Défense, ces deux
zones font, en 2005, quasiment jeu égal. Les banques mutualistes ont aussi
massivement quitté le centre de Paris, mais cette fois au profit non pas de
La Défense, mais de l’Est parisien. Pour ce qui est de la gestion de porte-
feuille le quartier de la bourse à Paris conserve une position dominante,
même si La Défense est très dynamique dans ce sous-secteur.
40 000
30 000
20 000
10 000
0
Paris centre La Défense Est parisien
9 000
b. Banques mutualistes
8 000 1993 2005
7 000
6 000
5 000
4 000
3 000
2 000
1 000
0
Paris centre La Défense Est parisien
9 000
c. Gestion de portefeuille 1993 2005
8 000
7 000
6 000
5 000
4 000
3 000
2 000
1 000
0
Paris centre La Défense Est parisien
Source : GARP.
Références bibliographiques
Développement et fusion
des bourses de produits dérivés
Yves Simon
Université de Paris IX-Dauphine
Introduction
Pour l’observateur quelque peu éloigné des opérations en cours, l’effer-
vescence qui entoure la fusion des bourses de produits dérivés est surpre-
nante s’agissant d’un processus normal touchant un secteur dont la crois-
sance a été quasiment exponentielle depuis 1970. La concentration des
marchés et des bourses de produits dérivés est un processus en marche
depuis de longues années qui s’effectue avec une sérénité qui n’est pas de
mise pour les bourses de valeurs.
Il existe deux catégories de marchés dérivés. Les premiers sont dotés
d’une chambre de compensation ; ce sont des marchés boursiers organisés.
Les seconds en sont privés ; ce sont des marchés de gré à gré. En rester à
cette analyse serait simpliste et réducteur, car cette dichotomie ne permet
pas de prendre en compte l’Intercontinental Exchange, une « institution du
troisième type » apparue en 2000 qui emprunte ses caractéristiques essen-
tielles à la fois au marché de gré à gré et aux marchés boursiers et centra-
lise toutes les transactions, y compris celles effectuées en gré à gré, sur une
plate-forme électronique.
3. Pourquoi fusionner ?
Plusieurs raisons expliquent et justifient le processus de fusion des bour-
ses de produits dérivés :
• la concurrence du marché de gré à gré est la première raison (et l’une
des plus importantes) qui pousse au regroupement des bourses. Les pro-
duits dérivés sont négociés au sein des bourses ou sur le marché de gré à
gré. Ce n’est pas le lieu de l’expliquer ici, mais ces deux compartiments sont
indispensables l’un à l’autre et chacun tire profit du développement de l’autre.
Bien qu’étant complémentaires et non substituables, ces deux segments n’en
demeurent pas moins en situation très concurrentielle l’un par rapport à
l’autre. En 1985, le marché de gré à gré n’avait qu’un rôle marginal, tel
n’est plus le cas en 2006, et cette progression s’est faite au détriment (rela-
tif) des marchés dotés d’une chambre de compensation. Seules les bourses
de grande dimension en mesure de rendre des services comparables à ceux
du marché de gré à gré au niveau du volume des échanges et du coût de la
liquidité pourront maintenir leur part de marché. Ceci pousse en faveur d’une
concentration ;
• la réduction des coûts de transaction et l’amélioration de l’efficacité
opérationnelle sont des motivations importantes du processus de concentra-
tion boursière. Ces objectifs sont recherchés et poursuivis par :
– les membres compensateurs ;
– les membres des bourses et en particulier les courtiers internatio-
naux qui sont actifs sur plusieurs, voire toutes les grandes bourses
de produits dérivés ;
– les clients des bourses et les utilisateurs des produits dérivés (né-
gociants en matières premières, spécialistes en valeurs du Trésor,
Conclusion
Le processus de fusion des bourses de produits dérivés n’est pas arrivé
à son terme.
La capitalisation des bourses de produits dérivés est supérieure à celle
des bourses de valeurs (au 17 octobre 2006, la capitalisation du CME Group
atteignait 24,8 milliards de dollars, celle du NYSE et d’Euronext 19,9 mil-
liards de dollars). Les bourses de valeurs négociant des produits dérivés ou
détenant des filiales spécialisées dans la négociation de ces instruments ont
une capitalisation supérieure, toutes choses égales par ailleurs, à celles qui
en sont dépourvues (au 17 octobre 2006, la capitalisation de Deutsche Börse
était de 16 milliards de dollars, celle d’Euronext de 9 milliards de dollars et
celle du LSE de 5 milliards de dollars). Par ailleurs, le taux de croissance
des bourses de produits dérivés est supérieur à celui des bourses de valeurs
mobilières. Deux raisons expliquent cette différence : la demande d’instru-
ments dérivés est supérieure à celle de valeurs mobilières, d’une part ; la
valeur ajoutée qu’apportent les produits dérivés (la protection contre les
risques, la gestion des risques, la spéculation sur les risques associée au
développement des hedge funds et de la gestion alternative) est supérieure
à celle apportée par les produits échangés sur les bourses de valeurs (la
liquidité au profit des investisseurs), d’autre part. Ces observations ont con-
duit dans le passé plusieurs grandes bourses de valeurs (NYSE, LSE, Pacific
Stock Echange et Philadelphia Stock Exchange, pour donner quatre exem-
ples) à introduire en leur sein ou au travers de filiales des marchés dérivés.
Ce fut un échec (à l’exception des bourses de Philadelphie et de San Fran-
cisco, mais pour ces deux institutions les instruments dérivés sont de fait
limités aux options sur actions). Quand tel n’était pas le cas, le développe-
ment des marchés dérivés fut insuffisant et l’activité « dérivés » fut « re-
vendue » à d’autres bourses.
Les bourses d’instruments dérivés devraient continuer à se concentrer
aux États-Unis et en Europe. Le processus sera relativement facile et consen-
suel aux États-Unis (la fusion du CBoT et du CME a créé un groupe réali-
sant 87 % des transactions de contrats futures et 86 % des échanges d’op-
tions sur contrats futures pour le premier semestre 2006). Il sera plus diffi-
cile en Europe (la crispation entre Deutsche Börse et Euronext hypothèque
Introduction
Pour des raisons historiques, on est en droit de s’attendre à un certain
scepticisme en France concernant les véritables bénéfices que les utilisa-
teurs de Paris Europlace et des bourses européennes pourraient tirer de la
fusion entre Euronext et le New York Stock Exchange (NYSE). En particu-
lier, le fait que la structure juridique et boursière soit très différente aux
États-Unis peut amener à se poser des questions sur la concrétisation d’im-
portantes économies de coûts et donc leur transfert aux utilisateurs, alors
qu’une SEC et un Congrès américain, interventionnistes, pourraient être
tentés d’étendre leur champ d’intervention outre-Atlantique. Pourtant, les
bénéfices potentiels à long terme d’une fusion ont été, selon moi, largement
sous-estimés alors que les risques liés aux dangers de l’extraterritorialité
américaine ont été surestimés.
4. Problèmes de réglementation
De manière justifiée, les Européens ont témoigné de leurs inquiétudes à
l’égard de la réglementation américaine qui fonctionne mal et est parfois
mal conçue à la base, et de l’intervention politique américaine sur les mar-
chés européens. La législation américaine en matière de gouvernance des
Conclusions
Une fusion entre Euronext et le NYSE offre de grandes perspectives de
réduction de coûts de transactions, et donc de hausse des volumes de tran-
sactions transatlantiques et de baisse du coût du capital des sociétés dont les
titres seront négociés de chaque côté de l’Atlantique. Concernant les in-
quiétudes liées au fait que les grandes bourses internationales pourraient en
réalité augmenter les coûts de transactions en raison de l’existence d’un
Références bibliographiques
6. Commentaire
Jacques Mistral salue la qualité du rapport, dont il partage les principales
conclusions. S’il reconnaît que l’offre allemande n’était pas attractive, il
déplore l’absence de projet européen. Par ailleurs, l’alliance d’Euronext avec
le NYSE soulève deux questions essentielles, qui n’ont pas été totalement
résolues : celle de l’extraterritorialité de la réglementation américaine, et
celle de l’équilibre de la gouvernance du nouvel ensemble. Jacques Mistral
ne partage pas l’optimisme des auteurs sur ces deux points, et pense qu’une
réflexion plus approfondie aurait été souhaitable.
6. Comment
Jacques Mistral praises the quality of the report and shares the main
conclusions drawn. Whilst he admits that the German offer was not attrac-
tive, he deeply regrets that lack of a European project. Moreover, the al-
liance between Euronext and the NYSE raises two crucial questions that
have yet to be fully resolved:
• the risk that US regulations will be applied outside the USA;
• the even balance of governance of the new entity.
Jacques Mistral is less optimistic than the authors on these two issues
and feels that they required more in-depth analysis.
Cellule permanente
Christian de Boissieu
Président délégué du Conseil d’analyse économique
.......................
Secrétaire général
Gunther Capelle-Blancard
Conseiller scientifique
Microéconomie
Économie financière
Économie de l’environnement
Jérôme Glachant
Conseiller scientifique
Macroéconomie
Théorie de la croissance
Marie Salognon
Conseillère scientifique
Économie de l’emploi et du travail