Régime de Change
Régime de Change
Régime de Change
Youness ZEROUALI
Introduction .................................................................................................................. 3
CONCLUSION ........................................................................................................... 23
BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................... 24
Sommaire>
2
Introduction
Le choix d'un régime de change revêt une grande importance. Il met en cause la
politique économique d'un pays, ses marges de manœuvre et son mode d'ajustement
macro-économique. Il implique également les partenaires du pays considéré, qui sont
sensibles aux conséquences d'un régime de change sur leur compétitivité relative, ou
qui peuvent être amenés à soutenir une monnaie liée à la leur par un système de parité
fixe. Les régimes de change déterminent ainsi les conditions de l'insertion
internationale des économies.
Un régime de change est l'ensemble des règles qui déterminent l'intervention des
autorités monétaires sur le marché des changes, et donc le comportement du taux de
change. Il existe une très grande variété de régimes de change, qui se distribuent entre
deux extrêmes : changes fixes et changes flexibles.
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Dans un régime de change flexible, à l'inverse, aucun engagement n'est pris au
sujet du taux de change, qui flotte librement (flottement pur), en fonction de l'offre et
de la demande sur le marché des changes. La politique monétaire retrouve alors son
autonomie, mais la banque centrale abandonne le contrôle du taux de change nominal,
qui est déterminé sur le marché des changes. Le flottement s'applique donc, en
principe, à un marché des changes libéralisé, même si l'on peut imaginer un régime de
flottement impur encadré par un contrôle des changes.
Entre ces deux extrêmes, on trouve des régimes intermédiaires, qui se distinguent
selon les fluctuations que la banque centrale autorise autour de la parité de référence,
et selon la fréquence des réalignements de cette parité. Ainsi, le currency board, qui ne
prévoit aucun réalignement, s'oppose au régime de parité glissante, qui prévoit un
calendrier de réalignements. L'ancien SME et le SME bis actuel se situent entre ces
deux extrêmes : des réalignements sont possibles, négociés sur la base des différentiels
cumulés d'inflation entre les pays concernés. Tous ces régimes excluent en principe les
réalignements discrétionnaires, ce qui les distingue du flottement administré.
Introduction
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I. Les principaux régimes de change
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comportements d'ancrage par rapport à des paniers, et non uniquement des monnaies,
de référence.
L'union monétaire : c'est la forme la plus stricte. Les taux de change des
participants sont fixés de manière irrévocable, les monnaies locales pouvant être
remplacées par une monnaie commune.
Les régimes de change fixe plus traditionnels définissent une parité fixe, qui
peut toutefois être modifiée de manière exceptionnelle pour restaurer l'équilibre du
solde courant. Des bandes de fluctuation peuvent être définies, étroites (régime de
Bretton Woods, SME avant 1993) ou plus larges (SME après 1993 ou SME bis).
b. Régimes intermédiaires
Parité glissante (ou crawling peg) : le taux de change est en principe fixe, mais
la parité de référence est modifiée régulièrement selon des paramètres prédéterminés
Les principaux régimes de change
(crawling peg au sens propre) ou de manière plus discrétionnaire (adjustable peg) afin
de compenser partiellement au moins les écarts d'inflation avec le pays d'ancrage.
Flottement administré : les taux de change sont flottants, mais des interventions
ponctuelles et/ou coordonnées des banques centrales informent les marchés sur la
parité considérée comme souhaitable. Il s'agit d'un flottement impur.
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c. Flottement pur
Lorsqu'ils sont prévisibles, les taux de change limitent l'incertitude dont souffrent
les agents dans leurs relations internationales, et sont donc, en principe, favorables
aussi bien à l'investissement national qu'à l'investissement direct et au commerce. C'est
en principe un régime de taux de change fixe qui permet d'atteindre le mieux cet
objectif de stabilité. Mais celui-ci a deux inconvénients.
En premier lieu, l'avantage de la stabilité ne vaut que tant que l'économie n'est
pas affectée par un choc asymétrique, puisque la fixité du change empêche, par
définition, d'amortir ce choc par l'ajustement du taux de change nominal.
Dans ces conditions, un régime de change fixe ne serait désirable que si les pays
Les principaux régimes de change
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politique de désinflation compétitive menée par les pays membres du SME repose en
partie sur ce type de mécanisme, qui justifie également la politique de change de
certains pays émergents. Ainsi, en Argentine, l'adoption d'un currency board est
apparue comme le dernier moyen de préserver la monnaie, profondément ébranlée par
les hyperinflations qui ont affecté le pays dans les années quatre-vingt.
Cette stratégie d'ancrage peut être d'autant plus justifiée que les régimes de
change orientés exclusivement sur le maintien de la compétitivité (donc du niveau du
taux de change réel) peuvent accélérer l'inflation : lorsque le taux de change est
dévalué régulièrement pour compenser les écarts d'inflation, cela peut conduire à un
processus d'inflation importée, qui impose une nouvelle dépréciation, etc. Un cercle
vicieux inflation-dépréciation se met alors en place, qui peut déboucher, dans des cas
extrêmes, sur l'hyperinflation, et qui ne peut souvent être brisé que par l'instauration
d'un régime de change fixe.
Ainsi, en change fixe, une relance produit un excès d'offre de monnaie ou une
baisse du taux d'intérêt, qui tend à déprécier la monnaie. Cette tendance ne peut être
Les principaux régimes de change
combattue que par le rachat de la monnaie, ce qui annule la stimulation monétaire. S'il
est possible d'échapper temporairement à cette contrainte en stérilisant la variation des
réserves de change (par exemple, la banque centrale achète des titres sur le marché
financier national, ce qui injecte de la liquidité dans l'économie), une telle politique
n'est pas tenable à long terme.
En change fixe, les autorités monétaires doivent également montrer aux marchés
qu'elles accepteront la contrainte d'un régime de change fixe à l'avenir, faute de quoi la
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monnaie est exposée à des attaques spéculatives qui sont d'autant plus puissantes que
les marchés de capitaux et les marchés monétaires sont libéralisés. Le contrôle des
changes est alors le seul moyen de préserver le régime de change, car il limite les
mouvements d'achat et de vente de la devise concernée. Il s'agit d'une restriction sur la
convertibilité de la monnaie, qui apparaît ainsi comme un substitut à une restriction de
l'offre de monnaie (Kurt Schuler, 1999).
Les régimes de change vraiment flexibles sont sans doute ceux qui ont le moins
bien fonctionné, avec une inflation plus forte, et des résultats médiocres en termes de
croissance. Quant aux régimes intermédiaires (parités glissantes par exemple), ce sont
ceux qui semblent avoir garanti les meilleures performances de croissance, même si,
par nature, ils ont autorisé davantage d'inflation.
Ainsi, le choix semblait surtout ouvert entre parité fixe et taux de change géré par
rapport à une devise de référence, les régimes de change véritablement flexibles ne
Les principaux régimes de change
donnant que des résultats mitigés. Cette conclusion coïncide d'ailleurs avec les
stratégies de change d'un très grand nombre de pays, en particulier de pays en
développement, telles qu'on a pu les observer depuis la fin des années quatre-vingt.
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les pays du Sud doivent adopter des politiques monétaires relativement strictes, pour
éviter les dérives inflationnistes. Ceci impose des taux d'intérêt nominaux relativement
élevés qui, en Asie, ont alimenté les entrées spéculatives de capitaux volatils, et ont
ouvert la voie aux crises de change. Le mauvais fonctionnement de l'ancrage au dollar
en Asie pousse aujourd'hui certains auteurs à préconiser l'abandon des régimes de
change intermédiaires, au profit soit de régimes de change strictement fixes (comme le
currency board argentin), soit de régimes de change flexibles (Barry Eichengreen,
1999). Cependant, les mêmes reconnaissent qu'une quasi-union monétaire est difficile
à réaliser, en particulier dans un pays émergent, et que le flottement libre produit une
volatilité qui peut perturber la croissance.
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stabilisation de la charge de la dette), il apparaît également que l'euro devrait être la
monnaie d'ancrage réel à privilégier, et ce dans des proportions qui sont importantes,
puisque l'euro représenterait dans la majorité des cas plus de 70 % du panier d'ancrage.
Par ailleurs, cette évolution rend à la fois plus nécessaire mais également plus
complexe la gestion du taux de change par les pays en développement. La création de
grandes zones monétaires rendra les stratégies autonomes de plus en plus difficiles : de
même que la plupart des pays émergents tentent de s'ancrer à l'une des grandes zones
commerciales de la triade, de même il est probable qu'ils tenteront d'ancrer leurs Régimes de change et contraintes extérieures
monnaies, ne serait-ce que parce que le choix de la monnaie de référence est lié à la
zone géographique avec laquelle les échanges commerciaux ont lieu.
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alors que l’évolution de la valeur externe de la monnaie (le taux de change bilatéral ou
multilatéral) est un objectif de l’équilibre externe. L’évolution de la valeur interne est
fondamentalement liée à la question de maîtrise de l’inflation, tandis que celle de la
valeur externe est essentiellement liée à la question de compétitivité.
Lors que l’inflation progresse dans un pays, cela se traduit par une réduction de
l’encaisse réelle, laquelle est donnée par le rapport entre l’offre nominale de la
monnaie, notée, et le niveau général des prix, noté. Lorsque l’encaisse réelle,
représentée par ( ⁄ ), baisse, cela signifie que pour le même niveau de l’offre nominale
de monnaie les agents doivent accepter une diminution de la quantité de biens et de
services qu’ils peuvent s’offrir. Donc, une hausse de l’inflation se traduit par une
baisse du pouvoir d’achat des agents, autrement dit l’inflation affecte négativement la
valeur interne de la monnaie. Or, lorsque le taux de change s’apprécie pour une raison
quelconque, par exemple suite à une politique de change visant à rendre la monnaie
nationale plus forte, les biens nationaux achetés par les étrangers deviennent plus chers
sans que leurs prix augmentent. En effet, les non-résidents doivent désormais
débourser plus de devises pour acheter les mêmes quantités de monnaie nationales
dans le but d’acheter les biens et services qu’ils importent en provenance du pays de
référence. Donc, les mêmes biens et services coûtent plus chers qu’avant pour les non-
résidents. Cela pose alors un problème de compétitivité-prix entre le pays de référence
et les autres qui proposent les mêmes biens et services. Ainsi, la compétitivité se
trouve au cœur de l’économie internationale, ce qui implique la prise en compte de la
Régimes de change et contraintes extérieures
politique de la contrainte extérieure dans la gestion de la politique de change.
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affectent les politiques économiques nationales des États. En effet, les performances
économiques des pays ne sont que le reflet ou le résultat des politiques économiques
menées, mais qui, par ailleurs, sont conditionnées par les contraintes extérieures dans
le contexte des économies nationales devenant de plus en plus intégrées et formant
ainsi une économie mondiale globalisée. Ce passage va nous permettre de mieux
comprendre les idées qui se cachent derrière chaque théorie économique dans le
domaine de la finance internationale ou du commerce internationale. Et, une fois
compris ce passage, nous serons à même capable de comprendre et de décortiquer les
modèles et les théories du taux de change dans le chapitre suivant.
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différents régimes de change sous-jacents permet de mieux cerner le fonctionnement
de l'économie internationale et la place d'une économie donnée au sein de l'économie
mondiale. Pour identifier un SMI et les régimes qui lui sont associés, trois critères sont
nécessaires, à savoir :
Ces trois critères sont interdépendants et leur combinaison est le plus souvent
représentée par un triangle équilatéral connu sous l’expression de «triangle
d’incompatibilité de Mundell». En effet, les travaux de Mundell (1960) et Mundell
(1963)6 montrent qu'il est impossible de combiner les changes fixes et la mobilité
parfaite des capitaux avec une politique monétaire indépendante ou autonome.
Depuis, cette théorie demeure une des bases les plus importantes de la théorie
monétaire internationale.
Au départ, le triangle d’incompatibilité avait pour but de montrer que les pays
industrialisés ne pouvaient pas avoir, à la fois, des régimes de change fixe couplés
avec l'autonomie de la politique monétaire. L'unique choix possible pour ces
économies est de faire un choix discriminant entre les changes fixe et l'autonomie
de leurs politiques monétaires. Si ces économies tiennent à maintenir les trois Régimes de change et contraintes extérieures
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monétaires sont obligées de satisfaire la demande de devises induite pour défendre
la parité, et cette situation est soutenable tant que le niveau des réserves le permet.
Cependant, une fois les réserves épuisées, les autorités sont contraintes à revenir sur
leur politique ou elles doivent renoncer à défendre la parité, c’est à dire accepter une
dévaluation de la monnaie nationale.
Par ailleurs, les économistes monétaristes recommandent les changes flottants
avec l'argument principal qu’ils sont dépourvus d'exigences ou de contraintes à
respecter, alors que les changes fixes le sont excessivement. En effet, Friedman
(1953) explique que les changes fixe incitent à la spéculation sur les monnaie et
créent des crises de change en conséquence, alors que Mundell (1960), lui, est allé
au-delà de la conclusion de Friedman en soulignant le caractère important de la
mobilité des capitaux. Ces auteurs ont souligné que l'adoption des changes flottants
permet de mener des politiques monétaires autonomes. Comme nous verrons plus
tard dans la présentation des théories monétaires du taux de change, l’idée des
monétaristes est qu’il est possible de déconnecter le taux d’intérêt domestique du
taux d’intérêt étranger. En effet, dans le modèle Mundell-Fleming le taux d’intérêt
domestique ne peut pas être déconnecté du taux d’intérêt étranger, car c’est le
différentiel des taux d’intérêt qui détermine les mouvements des capitaux. Comme
Friedman et Mundell, les monétaristes évoquent quatre « vertus » principales des
changes flottants.
Le rééquilibrage automatique de la balance des paiements. Un déficit
extérieur entraine une demande excédentaire de devises étrangères, et, Régimes de change et contraintes extérieures
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la monnaie nationale. Ainsi, la politique monétaire retrouve toute son
efficacité pour agir sur la conjoncture économique.
Enfin, les Banques Centrales n'ont plus besoin de détenir des réserves de
changes pour défendre les parités.
Toutefois, malgré la cohérence des argumentaires susmentionnés, les faits
économiques stylisés nous ont enseigné des réalités généralement différentes de ce
qu'on espérait obtenir des apports des monétaristes. En effet, malgré l’adoption des
changes flexible, les déficits de la balance des paiements n’ont pas cessé de croître,
d’une part, et, d’autre part, les taux de change se sont durablement écartés de leur
niveau d'équilibre (i.e. désalignements des taux de change). De plus, la spéculation
sur les cours des monnaies s'est considérablement développée, donnant lieu à des
bulles spéculatives. Et, les politiques économiques sont devenues plus exposées à la
hausse des taux d'intérêt à cause du degré de l’intégration financière. Par exemple,
la politique monétaire restrictive menée par la Fed dans les années 80, laquelle
s’était traduite par une hausse des taux d’intérêt américains, avait provoqué une
forte instabilité des taux de change dans le monde. En effet, la Fed ayant relevé son
taux directeur pour endiguer la stagflation dont les USA souffraient au début des
années 80, cela a eu pour conséquence une ruée des capitaux vers les USA à cause
de différentiels des taux d’intérêt plus attractifs qu’ailleurs. Cette situation a fini par
provoquer la dépréciation successive des monnaies des pays où les taux d’intérêt
étaient relativement plus faibles.
Ces faits ont montré que le flottement des taux de change n'est pas une Régimes de change et contraintes extérieures
solution « miracle » même si, dans une certaine mesure, il exerce moins de pression
sur les autorités monétaires. Les variations trop importantes des taux de change
semblent indésirables, comme le montrent les tentatives de recours aux changes fixe
par nombre de pays. Bien que les nouvelles caractéristiques de la finance
internationale7 montrent que les changes fixe sont difficilement soutenables, il n'en
demeure pas moins que de nombreux pays y ont souvent recours soit de façons
radicale (cas des pays qui choisissent le régime de caisse d'émission), soit de façons
moins radicale (cas des pays avec des régimes d'ancrage du taux de change), soit de
façons concertée (cas des unions monétaires ou des coopérations monétaires, par
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exemple). La fixité des taux de change peut s'avérer très coûteuse, car elle peut
causer une dégradation continue de la compétitivité si le taux d'inflation dans le
pays demeure supérieur à ceux des partenaires commerciaux et financiers.
Les détails qui sont évoqués dans ce paragraphe renvoient directement aux
questions de la stabilité macroéconomique que nous allons aborder subséquemment.
En effet, quelle que soit la solution choisie, nous nous apercevons qu’il existe des
fondements théoriques relatifs à l’efficacité économique, celle-ci conduisant à des à
de meilleurs résultats économiques. Ainsi, nous nous retrouvons au cœur de notre
thème qui cherche à faire une étude comparative sur les performances économiques
des pays d’ASS selon les régimes de change. Les analyses de ce paragraphe nous
montrent qu’on a besoin d’un contexte économique favorable, lequel n’est rien
d’autre qu’une stabilité macroéconomique.
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théorique dans lequel on se situe. En effet, le terme de « stabilité
macroéconomique» s’interprète différemment selon les écoles de pensées
économiques. Pour les économistes monétaristes, la stabilité macroéconomique est
synonyme de la stabilité des prix moyen et à long termes. Or, pour les économistes
du courant keynésien, la stabilité macroéconomique est synonyme d’absence
notable de sous-emploi. Prenant en compte les points de vue des uns et des autres,
nous pouvons dire que la stabilité macroéconomique signifie à la fois : des
anticipations inflationnistes faibles à moyen et à long termes ; des écarts de
production (output-gap) de faibles amplitudes. L’hypothèse des anticipations
inflationnistes faibles à moyen et à long termes nous conduit à admettre que
l’inflation doit être faible, stable et prévisible à moyen et à long terme, d’une part.
Et l’hypothèse des écarts de production nous conduit à admettre que les écarts entre
le produit réalisé et le produit potentiel doivent être le plus faible possible. Le
produit potentiel se définit comme la production qu’une économie est susceptible de
réaliser sans provoquer ou sans attiser les pressions inflationnistes. Les deux points
de vue susmentionnés nous amènent à comprendre que la stabilité
macroéconomique est conditionnée, à la fois, par les variables monétaires et réelles.
Donc, ce sont des objectifs à moyen et à long termes, mais aussi à court terme car le
niveau de l’activité économique doit être pris en compte. La prise en compte de ces
trois horizons temporels implique que, dans le processus de stabilisation
macroéconomique, il peut y avoir des déséquilibres de sous-emploi plus ou moins
durables. En effet, une décision prise pour réaliser un objectif de court terme, par Régimes de change et contraintes extérieures
exemple, pour accroître la liquidé dans l’économie pour une courte période afin de
dévisser temporairement les conditions monétaires et de crédits, peut créer des
effets qui pourront persister dans le temps et provoquer des effets inverses sur les
objectifs de moyen et long termes. Et rien ne garantit qu’une décision prise pour
atteindre un objectif de moyen et long termes, par exemple, réduire l’inflation pour
la ramener à sa cible, aboutira au résultat recherché. En revanche, l’effet de la
décision prise pourrait même avoir un impact négatif sur l’objectif visé. Par
exemple, une politique monétaire expansionniste pour desserrer temporairement les
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conditions de crédit et donc soutenir l’activité économique, pourrait ne pas avoir
d’effets sur le niveau de la production et attiser l’inflation à moyen et long termes.
Un régime de change doit faciliter la stabilisation macroéconomique en
prenant en compte les conditions monétaires et réelles. Quel que soit le régime
choisi, la dynamique du taux de change influe directement sur le rythme de
l’inflation ou inversement, ou bien la dynamique est bidirectionnelle. Si le taux de
change s’apprécie, cela peut se traduire par une désinflation importée. Autrement
dit, lorsque la monnaie nationale se renchéri le prix des biens importés baisse, et par
le biais de la boucle pris-salaire, on assiste à une baisse de l’inflation dans
l’économie. Cet effet est d’autant plus marqué que la part des importations dans le
PIB est élevée.
Dans le cadre de lutte contre l’inflation, il semble que l’efficacité des
politiques de change a été plus importante dans les pays qui ont adopté des
stratégies d’ancrage de leur monnaie. En effet, les pays qui ont procédé à l’ancrage
de leurs monnaies sur celle d’un pays ou celles des pays de référence ont été
contraintes d’obéir à une discipline monétaire à l’instar des pays dont la monnaie ou
les monnaies sert ou servent de référence. Si tel n’est pas le cas, alors la décision
sera vouée à l’échec. L’exemple le plus connu est celui du SME qui avait permis
aux autres pays européens de s’aligner sur le modèle allemand, qui donne la priorité
à la stabilité monétaire. Cependant, deux visions se heurtent à ce sujet, à savoir celle
du cercle vertueux de la monnaie forte et celle de la dévaluation compétitive.
Le régime de change affecte directement la compétitivité et la stabilité des prix Régimes de change et contraintes extérieures
par l’intermédiaire des dynamiques du taux de change. Donc, le choix d’un régime
de change est conditionné par les objectifs économiques du pays et les contraintes
qui s’y rapportent. Nous avons déjà vu que les objectifs sont soit internes, soit
externes. Les objectifs internes peuvent être définis par rapport au déficit public, à
l’inflation, au taux de croissance, au taux de chômage…Quant aux objectifs
externes, ils peuvent être définis par rapport à l’équilibre de la balance des
paiements et à l’évolution de la compétitivité. L’objectif économique ultime des
pays étant de parvenir à une croissance régulière et soutenue, il existe des
contraintes (budgétaire, monétaire et financière, internationale, …) pour y parvenir.
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Un régime de change qui rend le taux de change plus prévisible est plus compatible
et plus favorable l’investissement national, aux investissements directs étrangers
(IDE) et au commerce extérieur, car il réduit le risque de change auquel les
investisseurs sont averses. Comme un régime de change fixe suppose la rigidité du
taux de change et la maîtrise de l’inflation, il permet en principe d’attirer les IDE et
de contribuer au développement du commerce international. En revanche, lorsqu’on
adopte un régime de change fixe, cela suppose que l’économie n’est pas exposée
aux chocs externes ou du moins elle dispose suffisamment de moyens pour
s’ajuster. Supposons que l’économie bénéficie d’une amélioration de ses termes de
l’échange causée par la hausse de la demande mondiale. Dans ce cas les prix
doivent être parfaitement flexibles pour pouvoir absorber les recettes excédentaires
de devises (par la hausse des salaires, par exemple) afin d’éviter la réévaluation de
la monnaie nationale.
Si les prix ne sont pas parfaitement flexibles, le choc ne pourra pas être amorti
par le taux de change car la fixité du taux ne le permettra pas. En conséquence, bien
que la stabilité soit assurée dans l’économie, le régime de change fixe devient alors
« non viable » puisque le choc externe ou exogène crée un déséquilibre qui n’est pas
résorbé par le TCN. Ainsi, les chocs qui ont pour conséquence l’accumulation
massive des devises, auront tendance à causer une réévaluation de la monnaie
nationale si les prix nationaux n’augmentent pas proportionnellement. Cependant, si
le pays est dans une union monétaire, la mobilité des facteurs entre les pays de
l’union peut assurer le rééquilibrage de l’économie. Mais, si le pays n’est pas dans Régimes de change et contraintes extérieures
20
Pour éviter une poussée trop inflationniste causée par des politique monétaires
laxistes ou trop accommodantes dans une économie, on peut chercher à adopter le
régime de change fixe, dans la mesure où la fixité du taux impose la contrainte
relative à la défense de la parité. Par conséquent, les autorités monétaires peuvent
adopter plus de rigueur et de discipline dans la conduite de la politique monétaire,
sans lesquelles l’inflation peut vite devenir galopante. Cela réduit considérablement
le risque de politique monétaire restrictive pour combattre l’inflation dans le pays.
Mais, si le pays abandonne le régime de change fixe au profit du régime de change
flexible, il ne peut pas mener des politiques monétaires trop laxistes, sinon il risque
de provoquer la spirale inflationniste. L’apport principal des monétaristes est
d’avoir montré que les variables monétaires affectent l’économie réelle court terme,
mais à long terme elles n’agissent que sur l’inflation. En effet, une politique
monétaire expansionniste entraine une hausse de la demande à travers l’effet revenu
distribué (i.e. les salaires distribués), ce qui entraine à la fois une hausse de la
production et de l’inflation à court terme. Mais à long terme, la production converge
vers la production maximale, l’effet de revenu provoqué n’agira alors que sur les
prix.
Un régime de change flexible cherchant exclusivement à agir sur la
compétitivité-prix peut aboutir à une situation d’inflation incontrôlée dans le pays.
En fait, si le taux de change se déprécie (ou s’il est dévalué dans le cas d’un régime
de change fixe), cela aggrave l’inflation importée. Et, comme l’inflation devient de
plus en plus élevée, cela peut provoquer une fois de plus la dépréciation Régimes de change et contraintes extérieures
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change fixe avec une rigidité sans faille. Or, toutes les deux solutions ont des coûts,
puisqu’une politique monétaire très restrictive peut rendre les conditions de crédit
plus difficiles, et l’adoption d’un régime très rigide peut rendre la masse monétaire
très endogène et empêcher les autorités d’avoir une politique monétaire autonome
ou quasi-autonome.
22
CONCLUSION
23
BIBLIOGRAPHIE
Rapports du CAE : (n° 50, Les crises financières 2004; n° 14, Instabilité du
système financier international 1998; n° 18, Architecture financière
internationale 1999)
BIBLIOGRAPHIE
24