Clip 7
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Clip 7
cahiers
du CLIP
Club d’Ing énierie Prospective Energie et Environnement
MDE
L'éclairage
en France
Diffusion des technologies efficientes
de maîtrise de la demande d'électricité
dans le secteur de l'éclairage en France
N °
7 J a n v i e r 1 9 9 7
LES CAHIERS DU CLIP N°7 - Janvier 1997
CLIP
Club d’Ingénierie
Prospective Energie et
Environnement
1, rue du Cerf - 92195 Meudon
Sommaire
Sommaire
MDE, l'éclairage en France
Liste des membres Diffusion des technologies efficientes
ADEME : Agence de de maîtrise de la demande d'électricité
l'Environnement et de la Maîtrise de dans le secteur de l'éclairage en France
l'Energie
ARP (Renault) Synthèse 5
CEA : Commissariat à l'Energie Introduction 7
Atomique
CIRAD : Centre de Coopération Consommation d'électricité
International en Recherche La consommation d'électricité pour les besoins d'éclairage 9
Agronomique • Caractéristiques générales 9
CNRS/Programme ECOTECH • Le secteur industriel 11
(Centre National de la Recherche • Le secteur tertiaire 12
• Les autres secteurs 15
Scientifique/ Programme
• Dynamique des consommations et perspectives de maîtrise de l'énergie d'éclairage 17
Interdisciplinaire de Recherche sur
les Technologies pour Technologies et efficacité
l'Environnement et l'Energie) Les technologies d’éclairage et l’efficacité énergétique 21
CSTB : Centre Scientifique et • Les sources lumineuses 21
Technique du Bâtiment • La MDE dans l'éclairage : une approche globale 28
EDF : Electricité de France
GDF : Gaz de France Offre et comportements
IFP : Institut Français du Pétrole L'offre de produits d'éclairage et les comportements des acteurs 31
INERIS : Institut National de • Analyse de l'offre de LFC 31
l'Environnement Industriel et des • La distribution : un pouvoir croissant sur le marché des lampes 37
• Les comportements d'achat des consommateurs 40
Risques
• Conclusion partielle sur le comportement des acteurs 45
INRETS : Institut National de la
Recherche sur les Transports et leur Les programmes de diffusion
Sécurité Les programmes de promotion de l'éclairage efficient :
PSA : GIE PSA Peugeot Citroën Europe, Dom, métropole 47
STEG : Société Tunisienne de • La place de l'éclairage dans les programmes MDE 47
l'Electricité et du Gaz • Le secteur résidentiel 48
• Les programmes des Départements d'Outre Mer 50
Des responsables des ministères • Les actions en France métropolitaine 53
chargés de l'Environnement, de Bilan
l'Industrie, de la Recherche, de la Bilan de l'expérience française et internationale
Coopération et du Plan font partie du de promotion de la diffusion des LFC 59
Comité de Coordination et
• Impact des programmes 59
d'Orientation Scientifique. • Efficacité des instruments d'incitation utilisés 62
• Dynamisation du marché des LFC 66
L ’étude que nous présentons dans le présent numéro des cahiers du CLIP
est le résultat d'un travail collectif entrepris par six équipes de
recherche d'origines très diverses, le Centre d'Energétique de l'Ecole
des Mines, l'Institut d'Evaluation des Stratégies sur l'Energie et
l'Environnement en Europe (INESTENE), le laboratoire Société,
Environnement, Territoire (SET) de l'Université de Pau, le département
Stratégie et Politique d'Entreprise de l'Ecole des Hautes Etudes Commerciales
(HEC), l'Institut d'Economie et de Politique de l'Energie (IEPE), le Centre de
Recherches et d'Etudes Techniques-Organisations-Pouvoirs de l'Université de
Toulouse.
3
E D I T O R I A L
La première des études engagées par cet ARC concernait l'éclairage. Par
bien des aspects elle est exemplaire des problèmes que rencontrent les
différents acteurs pour diffuser auprès du grand public des innovations
technologiques susceptibles d'avoir un effet significatif à la fois sur la
consommation énergétique des ménages et sur la courbe de charge du
producteur d'électricité.
C'est pourquoi, bien que cette étude ait été formellement engagée en
dehors du club, nous avons décidé d'en publier la synthèse, après
concertation avec l'ensemble des partenaires du CLIP dans les cahiers
du CLIP. Nous sommes en effet convaincus que ses lecteurs y trouve-
raient des éléments de réflexion pour l'action.
4
MDE
MDE
L'ÉCLAIRAGE
L'ÉCLAIRAGE
EN
EN FRANCE
FRANCE
Diffusion des technologies efficientes de maîtrise
de la demande d'électricité dans le secteur de l'éclairage en France
Ce travail a été réalisé dans le cadre de l’ARC Ecodif (programme Ecotech du CNRS
et co-financement de l’Ademe) avec la participation de :
L. Cauret et J. Adnot (Centre d’Energétique - Ecole des Mines) ; R. Durand (HEC) ;
N. Houdant et P. Radanne (Inestene) J.P. Jambes et I. Zotow (SET - Université de Pau) ;
B. Lebot (Ademe) ; Ph. Menanteau et H. Lefebvre (IEPE) ;
M.C. Zelem, L. Camps, D. Luque et S. Merino (CERTOP-Université de Toulouse) ;
sous la direction de Ph. Menanteau (IEPE)
Synthèse
L’éclairage est un domaine mal connu, en plei- la demande d’éclairage se situent dans les
ne évolution technologique, qui représente une secteurs résidentiel et tertiaire.
part importante de la consommation électrique.
Notre analyse a porté sur les enjeux et sur la ◗ Alors que les autres secteurs utilisent déjà
nature des moyens à mettre en oeuvre pour accé- des sources lumineuses efficientes, l’incandes-
lérer cette évolution au service d’objectifs de cence standard reste très largement majoritaire
réduction des consommations. dans le résidentiel. La diffusion des lampes
fluorescentes compactes (LFC) présente de ce
◗ Ce travail a montré que les économies fait un enjeu important, tout particulièrement
d’électricité qui pourraient être réalisées dans dans le résidentiel, car elles présentent une
des conditions économiques sur les usages efficacité énergétique très supérieure.
d’éclairage, en France, sont de l’ordre de
20 TWh en 2005, soit près de 6% de la ◗ Mais l’adoption des LFC se heurte aux
demande annuelle totale d’électricité à cette contraintes que rencontrent les nouvelles tech-
date. Les principaux gisements de maîtrise de nologies au moment de leur introduction sur le
5
M D E - É C L A I R A G E
6
Introduction
Introduction
7
I N T R O D U C T I O N
Le choix a été fait de centrer, dans un premier temps, le travail sur le secteur de l’éclairage. Ce
choix a été motivé par trois raisons :
◗ le fait qu’il fournit un parfait exemple des difficultés que peut rencontrer la diffusion d’une
technologie efficiente, en l’occurrence la “lampe fluo-compacte” (LFC). Malgré un rendement
énergétique et une durée de vie très supérieurs à ceux des ampoules standards, cette lampe,
apparue sur le marché en 1980, reste dans les faits très peu diffusée, ce qui illustre bien la
faiblesse de l’attrait de l’efficacité énergétique dans les choix des consommateurs.
◗ les enjeux énergétiques de la maîtrise des consommations d’éclairage puisque cet usage repré-
sente de l’ordre de 10% de la consommation totale d'électricité en France, et une proportion plus
importante encore de la puissance appelée en pointe.
◗ le caractère symbolique de l’usage de l’éclairage : de ce fait, une action publique centrée sur
l’éclairage constituerait un signal clair vers les consommateurs et les acteurs économiques, de
l’intérêt collectif que représente la maîtrise de la demande d’électricité.
Dans les deux premiers chapitres sont présentés les enjeux énergétiques de la maîtrise des
consommations dans le secteur de l'éclairage, et les perspectives technologiques offertes par les
stratégies d’innovation des firmes.
Le troisième chapitre identifie les principaux acteurs concernés par la diffusion des lampes fluo-
rescentes compactes et leurs comportements à cet égard. Ce chapitre analyse les motivations des
industriels à développer des produits plus performants en fonction du contexte de concurrence,
le rôle de la grande distribution dans la diffusion des produits d’éclairage et les contraintes et
atouts des LFC auprès des consommateurs.
Le quatrième et le cinquième analysent les programmes de promotion de la diffusion des tech-
nologies d’éclairage efficientes mis en oeuvre au plan international, dans les départements
d’outre-mer et en France métropolitaine. Sont détaillés les différents instruments utilisés pour
susciter l’adoption des LFC par les consommateurs : leurs impacts sur le marché des lampes sont
analysés et comparés.
Enfin, le sixième chapitre tire les enseignements de cette recherche et propose, des moyens d'ac-
tions pour favoriser la diffusion des LFC dans le contexte français et transformer de façon signi-
ficative et durable les comportements d'achat en faveur des technologies efficientes.
8
C h a p i t r e 1
Consommation
Consommation
d'électricité
d'électricité
La consommation d'électricité pour les besoins d'éclairage
Caractéristiques générales
1. La situation française L‘importance relative de l’éclairage par
rapport aux autres usages de l’électricité est,
La consommation d’électricité pour l’éclai- par ailleurs, variable selon le secteur consi-
rage représente une part significative de la déré ; très faible dans l’industrie (moins de
consommation d’électricité. En France, elle 3%), elle atteint 12% dans le résidentiel et
représentait, en 1995, environ 11% de la 27% dans le secteur tertiaire (chiffres 1995 -
consommation totale d’électricité. source Inestene, 1996).
L’essentiel de la consommation s’effectue En conséquence, l’efficacité énergétique de
dans le tertiaire (commerces, bureaux, tertiaire l’éclairage constitue un enjeu plus ou moins
public, etc.) qui représente plus de la moitié important selon les secteurs considérés. En
de la consommation d’électricité, suivi du comparaison d’autres usages, les enjeux
secteur résidentiel. Ces deux secteurs absor- peuvent sembler limités dans l’industrie, mais
bent les trois quarts de la consommation plus motivants dans les secteurs résidentiel et
d’électricité pour l’éclairage, soit environ tertiaire.
30 TWh (Tableau 1).
2. Comparaisons internationales
Tableau 1 : Consommation d'électricité
dans l'éclairage - France - 1990. La France se situe dans la moyenne des pays
Source : EDF, 1992. industrialisés pour ce qui concerne la part de
▼ l’électricité utilisée à des fins d’éclairage. Celle-
Secteur Consommation ci évolue entre 10 et 20% selon les pays consi-
d’électricité (TWh) % dérés (Tableau 2), en fonction du développe-
Tertiaire 20 52 ment des usages thermiques de l’électricité ou
Résidentiel 9 25 de l’importance relative du secteur tertiaire. En
Industriel 4 11
moyenne, pour les pays de l’AIE, la part de la
consommation totale d’électricité affectée aux
Eclairage public 5 12
usages d’éclairage est de 17%. L’éclairage arri-
Total 38 100
ve ainsi en seconde position derrière les moteurs
9
M D E - É C L A I R A G E
industriels (27%) mais nettement devant la cli- durées d’utilisation, rapportées au nombre
matisation des immeubles à usage commer- d’habitants. Il a augmenté de 5%/an en
cial/public (10%), le chauffage des locaux rési- moyenne sur la période 1980-87, et devrait
dentiels (5%) ou la production d’eau chaude continuer à croître à un rythme légèrement
sanitaire (5%) (AIE, 1990). inférieur à 5% sur la période 1987-2000 (CIE,
En France, la répartition des consommations pour 15 pays). L’hypothèse que cette crois-
d’électricité pour l’éclairage par grand secteur sance des besoins d’éclairage ne sera pas
est proche de celle des autres pays industriali- indéfinie peut sembler raisonnable. Pourtant,
sés (Tableau 3) : la majeure partie des si un niveau de saturation existe, aucun pays
consommations d’éclairage s’effectue dans les ne l’aurait encore atteint et il ne serait pas
bâtiments à usage tertiaire, qui représentent prévisible à moyen terme (Mc Gowan, 1990).
souvent plus de 50% de la consommation. Le Différents facteurs influent sur la demande
secteur résidentiel se situe en seconde position d’éclairage. Dans le résidentiel, l’augmenta-
avec 1/4 de la consommation, le reste étant tion du nombre de ménages et du nombre de
réparti entre éclairage public et éclairage points lumineux par foyer contribue à la crois-
industriel. sance du besoin d’éclairage. Dans le secteur
tertiaire, l’extension des surfaces de bureaux,
3. Dynamique de la demande le recours de plus en plus systématique à
l’éclairage artificiel, le développement de
On sait, d’après les travaux réalisés par la nouvelles fonctions de l’éclairage (accentua-
Commission Internationale de l’Eclairage tion, mise en valeur, décoration,...) contri-
(CIE), que les besoins d’éclairage continuent buent à générer une demande additionnelle.
de croître. L’indicateur retenu par la CIE est le Cette croissance de la demande d’éclairage
nombre de lumen.heures par habitant qui n’induit cependant pas un accroissement
mesure la quantité de lumière utilisée et les linéaire de la consommation d’électricité du
Tableau 2 : Demande d’électricité pour l’éclairage - pays Tableau 3 : Consommation d’électricité pour
de l’AIE l’éclairage par grands secteurs - pays de l’AIE -
Sources : (AIE, 1990) et (EDF, 1992) Sources : (AIE, 1990) et (EDF, 1992)
▼ ▼▼
D USA I J UK SW AIE FR
Consommation totale d’électricité (TWh) 354 2275 179 595 250 116 4781 300
Consommation pour l’éclairage (TWh) 35 421 23 nd 40 13 798 38
Conso pour l’éclairage (%) 9,9 18,5 12,8 nd 15,9 10,8 16,7 12,6
D USA I J UK SW FR Moy.
Résidentiel (%) 23 23 30 42 19 21 25 25
Tertiaire et éclairage public (%) 44 62 52 38 61 53 64 58
Industrie (%) 32 15 18 20 20 26 11 17
Total 100 100 100 100 100 100 100 100
10
C O N S O M M A T I O N
fait de l’amélioration des performances éner- ainsi que dans le tertiaire. Seul le secteur rési-
gétiques des sources lumineuses. De dentiel est pour l’instant resté à l’écart de ce
nouvelles sources plus efficientes se sont mouvement et est encore largement dominé
progressivement développées dans les par des sources à faible rendement lumineux.
secteurs de l’industrie et de l’éclairage public,
Le secteur résidentiel
1. Taux d’équipement des ménages quasi totalité de ces besoins d’éclairage, lais-
sant à la fluorescence un rôle marginal.
Les taux d’équipement des ménages, ainsi que Les estimations concernant l’état du parc de
leur répartition selon les pièces du logement, lampes résultent de données relatives au
ne sont pas connus avec précision. En France, marché des sources d’éclairage associées à
les estimations varient dans des proportions des durées de vie moyennes des équipements,
importantes du fait de l’absence d’études complétées par des enquêtes auprès des
portant sur des échantillons suffisants ménages. Elles font apparaître, en France, une
(Tableau 4). On estime qu’un ménage utilise très nette suprématie de l’éclairage incandes-
en moyenne 13 points lumineux (Inestene cent, standard et halogène, avec plus de 90%
1994), mais le nombre de points lumineux des lampes (Tableau 5).
installés et très faiblement utilisés peut être
plus important3. Tableau 5 : Parc de lampes
dans le secteur résidentiel - France - 1990
2. Les sources lumineuses utilisées Sources : (EDF, 1992)
▼
En France, les ménages consacrent près du Lampes (million) %
quart de leur consommation d’électricité Incandescence 237 86
spécifique à l’éclairage. Les sources à incan-
Halogène 16 5
descence (standard ou halogène) assurent la
Tube fluorescent 21,5 7
Tableau 4 : Nombre de points lumineux par Fluocompacte 0,0 0
logement
Total 274 100
Source : (S. Bartlett, 1993) et (EDF, 1992)
▼
DK I NL N SW FR
Maison indiv. 26 - 32* 33 30-50
Appartement 16 - - 23 15-25
Moyenne - 20 25 31 - 10-40**
* logements de 5 pièces et plus individuels ou collectifs ** voir note (3)
11
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Tableau 6: Consommation
Etats Unis Italie Suède France
d’électricité pour l’éclairage
▼
12
C O N S O M M A T I O N
Le secteur tertiaire
Comme précisé en début de ce chapitre, la rescentes. Le développement de la fluores-
part de l’éclairage dans le tertiaire représente cence n’est toutefois pas homogène pour tous
plus de 50% de la consommation totale les secteurs, les valeurs indiquées (Tableau 9)
d’éclairage. La part de cet usage sur la n’étant que des moyennes. On constate
consommation totale du secteur était de 31% notamment que les immeubles de bureaux ont
en 1995, dépassant l’usage chauffage élec- principalement recours à l’éclairage fluores-
trique (25 %). cent, mais que les commerces continuent à
utiliser ou reviennent à l’éclairage à incandes-
1. Les sources utilisées cence sous la forme de l’halogène très basse-
tension.
La diversité des sources lumineuses utilisées
dans le tertiaire est plus importante que dans le Tableau 9 : Consommation d’électricité pour l’éclairage
résidentiel. La place de l’incandescence stan- dans le secteur tertiaire (%)
dard, notamment, y est moins marquée, au pro- Sources : (AIE, 1990) et (EDF, 1992)
fit de l’éclairage fluorescent (tubes rectilignes) ▼
mais aussi de l’halogène qui a connu dans ce Etats Unis Italie Suède France
secteur un succès important ces dernières années, Incandescence 15 35 18 41
et pour certains usages, des lampes à décharge. Fluorescence 80 60 79 54
Les besoins d’éclairage du secteur tertiaire
Décharge 5 5 3 5
sont aujourd’hui, dans tous les pays, très
Total 100 100 100 100
majoritairement satisfaits par les sources fluo-
13
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L’examen des consommations d’éclairage par d’électricité et la demande de pointe qui pour-
grand secteur fait apparaître des parcs d’équi- raient être évitées, en ne considérant que les
pements très différenciés. Les exigences en seules technologies rentables.
termes de durée de vie, de puissance lumi-
neuse, de qualité de couleur ou d’efficacité 1. La situation de référence
énergétique, sont en effet très variables selon
qu’il s’agit d’immeubles résidentiels ou de La consommation d’électricité pour l’éclai-
bureaux, d’espaces industriels ou d’éclairage rage en 1995 a été recomposée sur 4 secteurs
public. Ces critères de choix spécifiques ont (le résidentiel, le tertiaire, l’industrie et
naturellement conduit au développement de l’éclairage public) et 12 usages différenciés.
sources lumineuses très efficientes dans La structure des parcs à été relativement
certains secteurs (industrie et éclairage public) simplifiée afin de ne pas trop compliquer
et au maintien de sources moins performantes l’exercice avec des technologies marginales.
ailleurs, dans le résidentiel notamment. Ainsi, les sources utilisées dans le résidentiel
Par ailleurs, au plan national, les secteurs rési- se limitent à l’incandescence (150 et 100 et 60
dentiel et tertiaire représentent 75% de la W), l’halogène standard et la fluorescence
consommation globale d’électricité pour l’usa- (tubes rectilignes et lampes compactes) répar-
ge d’éclairage. De plus, l’usage éclairage occu- tis selon la nature des pièces utilisées. De
pe dans ces deux secteurs une place importan- même, les technologies retenues dans le
te par rapport aux autres usages de l’électricité, tertiaire varient selon le sous-secteur consi-
alors qu’elle est faible dans l’industrie. C’est déré.
donc principalement dans le résidentiel, et dans Les consommations d’électricité pour l’éclai-
le tertiaire dans une moindre mesure, qu’exis- rage ainsi reconstituées sont présentées au
tent des enjeux de maîtrise des consommations Tableau 13.
d’éclairage et qu’il faut envisager la diffusion
de technologies efficientes. Tableau 13 : Consommation estimée
Un exercice de simulation réalisé à l’horizon par secteur - année 1995. Source : Inestene, 1996
2005 permet de juger de l’intérêt d’une accé- ▼
lération de la pénétration des technologies Consommation part
efficientes dans ces deux secteurs, dans une estimée en TWh en %
perspective de maîtrise des consommations Secteur résidentiel 15 33
d’électricité. Pour cela, un scénario de réfé- Secteur tertiaire/ E. public 26 58
rence a été construit qui correspond à l’évolu-
Secteur de l’industrie 4 9
tion tendancielle de la demande. Un scénario
Total 45 100
alternatif fournit une estimation des quantités
17
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18
C O N S O M M A T I O N
On obtient ainsi un potentiel économique de 2005 sur la pointe journalière (ensemble des
maîtrise de la demande d’énergie pour l’éclai- usages) serait de 10% à 20 heures et de 6% à
rage de l’ordre de 22 TWh, soit près de 6% de 8 heures pour le mois de janvier (Graphique
la consommation annuelle totale d’électricité 2). Pour les seuls usages d’éclairage, ce scéna-
(sur une prévision de demande de 455 TWh). rio se traduirait par une réduction de plus de
Pour l’essentiel, ce potentiel tient à la substi- 50% de la puissance appelée sur la pointe de
tution de l’incandescence par la fluorescence 20 heures.
dans le secteur résidentiel, et à la généralisa- Bien entendu, nous verrons dans la suite du
tion des ballasts électroniques dans le tertiaire. document qu’un potentiel économique ne
Les proportions finales de parc seraient alors correspond pas nécessairement à un potentiel
de l’ordre de 30% de lampes fluocompactes d’économie d’énergie mobilisable, des préfé-
(essentiellement dans le résidentiel), et de rences individuelles pouvant conduire à
30% pour des tubes fluorescents équipés de adopter des sources moins efficientes même si
ballasts performants en majorité dans le ce choix apparaît non-économique. Cette
tertiaire. Les éclairages
spécifiques (ambiance, 70 GW
valorisation de produits)
60
restent présents dans la
50
branche du commerce
notamment, et le seuil de 40
rentabilité économique 30
19
M D E - É C L A I R A G E
évaluation permet néanmoins de faire appa- tiel et le tertiaire. En comparaison, les autres
raître les enjeux de la MDE dans l’éclairage, usages électriques présentent des potentiels
en considérant principalement la diffusion de mobilisables plus limités (cf. Inestene, 1996).
technologies plus efficientes dans le résiden-
Notes
1 Les informations quantifiées relatives aux consommations énergétiques de l’éclairage, globales et par secteur, ne
sont pas publiées de façon régulière. D’autre part, des sources distinctes conduisent souvent à des estimations de
consommation assez différentes du fait des incertitudes portant sur les parcs d’équipement ou les durées d’utili-
sation (voir le rapport de l’Inestene pour l’Ademe “Analyse des potentiels d’économie d’électricité dans l’éclai-
rage” de juillet 95). Pour cette raison, nous avons choisi de retenir ici une source unique mais fiable, même si elle
est relativement ancienne.
2 L’éclairage public est ici intégré dans le secteur tertiaire.
3 Le parc réel de lampes est en France compris entre 10 et 40 points lumineux suivant le type de ménage considéré.
Les estimations de consommation dans le résidentiel sont réalisées en retenant une valeur moyenne de 13 lampes
ou équivalent lampes effectivement utilisées, les taux d’utilisation des autres points lumineux conduisant à des
consommations énergétiques relativement négligeables.
4 Elle était estimée à environ 24,5 TWh en 1991, l’éclairage public, consommant près de 4,5 TWh, inclus.
5 La dénomination “blanc industrie” s’appliquait ainsi à des tubes présentant une bonne efficacité énergétique mais
un piètre rendu de couleur.
6 L'équivalence utilisée ici (20W fluorescent = 100W incandescent) est relativement favorable à la fluorescence.
Certains auteurs recommandent de retenir une équivalence de 1 pour 4 qui permet de tenir compte des conditions
d'utilisation et du viellissement des lampes fluorescentes.
20
C h a p i t r e 2
Technologies
Technologies
et
et efficacité
efficacité
Les technologies d’éclairage et l’efficacité énergétique
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M D E - É C L A I R A G E
changement technique dans les années à venir, quelques watts jusqu’à plusieurs centaines de
notamment en ce qui concerne l’amélioration watts), avec des culots standards à vis ou
des performances énergétiques. baïonnette, et dans de multiples formes et
apparences (claire, dépolie, opale, carrée,
1. Les lampes à incandescence globe, flamme, etc.). S’agissant d’un produit
banalisé, leur prix de vente est très peu élevé,
1.1 les lampes à incandescence standard de l’ordre de quelques francs pour les
ampoules standard à quelques dizaines de
La lampe à incandescence standard se compo- francs pour les ampoules décoratives.
se d’un filament de tungstène enfermé dans une De nombreuses améliorations ont été apportées
capsule de verre translucide vide ou remplie à la lampe à incandescence depuis la lampe
d'une combinaison de gaz neutres. Lorsqu’il est d’Edison (tungstène, double spiralage du fila-
traversé par un courant électrique, le filament ment, introduction de gaz inertes,...) qui ont
est porté à incandescence et émet un rayonne- amélioré sa durée de vie et fait passer son effi-
ment visible à dominante rouge (température cacité lumineuse de 1-2 lm/W à 10-15 lm/W.
de couleur : 2700 °K). La résistance du filament à l’évaporation ne per-
Ces lampes assurent aujourd’hui la quasi tota- mettait pas d’aller au delà de cette limite, une
lité des besoins d’éclairage dans le résidentiel, augmentation de la température étant nécessai-
et une partie importante des besoins dans le re pour atteindre une plus grande efficacité mais
tertiaire. Elles sont disponibles dans une elle se traduisait par une réduction simultannée
gamme de puissance très étendue (de de la durée de vie. L’introduction des cycles
halogènes a permis de contourner cette double
Encadré 1 : Lexique contrainte et d’accroître les performances lumi-
▼ neuses et la durée de vie des lampes.
◗ Efficacité lumineuse :
rapport entre le flux lumineux produit et la puissance élec- 1.2 Les lampes tungstène-halogènes
trique absorbée, exprimée en lumen par watt.
◗ Température de couleur :
caractérise la couleur apparente des sources de lumières.
Les lampes tungstène-halogènes sont des lampes
Exprimée en Kelvins, elle varie de 2500 °K à 7500 °K. Les à incandescence dont le filament fonctionne à
sources de lumière chaudes (tirant sur le jaune-rouge) ont plus haute température sans entraîner une accé-
une température de couleur basse, les couleurs de teinte
lération de l’évaporation grâce à l’introduction
froide (bleu-vert) ont une température de couleur élevée :
• teintes chaudes (lumière jaune/rouge) : < 3300 K de composés halogènes qui permettent la régé-
• teintes intermédiaires : 3300 < TC < 5300 K nération du filament en continu. Le cycle halo-
• teintes froides (lumière bleu/vert) : > 5300 K gène présente un double avantage :
Les sources à incandescence ont une température de
couleur située entre 2400 et 2700 °K
• un accroissement de la température de
◗ Indice de Rendu de Couleur (IRC) : fonctionnement du filament donc une
variant de 0 à 100, il indique l’aptitude d’une lampe à resti- amélioration du rendement lumineux (20 -
tuer l’aspect coloré habituel des objets éclairés par réfé- 25 lm/W),
rence à une lumière de même température de couleur.
IRC > 90 : excellent rendu de couleur
• une réduction de l’évaporation du filament
80<IRC<90 : bon rendu de couleur donc un accroissement de la durée de vie
60<IRC<80 : rendu de couleur modéré de la lampe avec maintien des
IRC<60 : faible ou très faible rendu de couleur
performances (2000 heures environ)
22
T E C H N O L O G I E S
23
M D E - É C L A I R A G E
24
T E C H N O L O G I E S
cement des ballasts électromagnétiques a amé- conséquences sur les réseaux électriques d’un dévelop-
lioré les performances globales, réduit le poids, pement important des LFC. Le problème se pose pour les
lampes à ballast électronique qui peuvent présenter des
diminué le délai d’allumage et supprimé les phé-
facteurs de puissance de 0,5 à 0,6, et de forts courants
nomènes de scintillement (Tableau 2).
harmoniques.
Les ballasts électroniques ainsi que les progrès
◗ Courants harmoniques et mauvais facteurs de puissance
sur les poudres fluorescentes ou la miniaturi-
liés à la présence d’équipements électroniques ont notam-
sation des tubes sont des éléments décisifs des
ment pour conséquence d’imposer un surdimensionne-
progrès techniques enregistrés sur les LFC ment de certaines installations (lignes et transformateurs
depuis 15 ans, même si les premiers ont susci- par exemple). De ce fait, ils sont réglementés par des
té certaines inquiétudes auprès des compagnies normes mais celles-ci ne concernent que les équipements
d’électricité (cf. encadré 2). D’autres amélio- dont la puissance unitaire est supérieure à 25 W, donc pas
rations sont théoriquement encore possibles qui les LFC.
pourraient placer à terme les LFC dans une pla- ◗ Les problèmes de qualité de courant liés aux LFC sont
ge d’efficacité lumineuse de 70 à 90 lm/W déjà aujourd’hui considérés comme mineurs compte tenu de
atteinte pour les tubes rectilignes. leur faible diffusion, mais ils pourraient s’aggraver dans
Il convient enfin de signaler l’apparition il y a une hypothèse de généralisation des LFC pour les usages
quelques mois de la lampe à induction dont la domestique et tertiaire, surtout si celle-ci était accompa-
diffusion est encore confidentielle mais qui gnée d’une croissance explosive de l’électronique dans
heurtera probablement aux mêmes difficultés ◗ Des normes à venir en 1997 pourraient réglementer les
(appréciations des consommateurs sur la facteurs de puissance et taux d’harmoniques des futures
LFC. La fixation des niveaux imposés fait l’objet de négo-
qualité de la lumière fluorescente) avec un
ciations avec les industriels.
handicap de prix encore très important.
25
M D E - É C L A I R A G E
26
T E C H N O L O G I E S
Ces sources ont une durée de vie importante, détriment de l’efficacité lumineuse.
mais une efficacité lumineuse limitée (40 à A haute pression, le maximum d’efficacité
60 lm/W). Elles sont disponibles dans une (100 - 120 lm/W) est obtenu pour un IRC de
gamme de puissance de 50 à 1000 W, et prin- l’ordre de 20, les lampes à décharge couram-
cipalement destinées à l’éclairage public exté- ment utilisées en éclairage extérieur ont une
rieur. Du fait de la concurrence des autres efficacité de 90 lm/W pour un IRC de 60, et
sources à décharge (iodures métalliques et les nouvelles lampes “blanches”, un IRC
sodium) les lampes à vapeur de mercure supérieur à 70 mais au prix d’une efficacité
approchent aujourd’hui de l’obsolescence. lumineuse qui devient inférieure à 60 lm/W.
Elles sont en revanche disponibles dans de
3.2 Les lampes aux halogénures métalliques faibles puissances (moins de 100 W) et
peuvent constituer une source de substitution
Les lampes aux halogénures métalliques utili- pour l’incandescence ou l’halogène mais
sent la technologie des lampes à décharge au uniquement pour l’instant en usage profes-
mercure mais avec des performances amélio- sionnel.
rées provenant de l’addition de composés
halogènes (iodures). Ceux-ci entraînent un
cycle de régénération qui permet d’obtenir des
quantités et qualités de lumière supérieures à Tableau 3 : Caractéristiques techniques
ce que produirait le mercure seul. des sources lumineuses
L’efficacité lumineuse des lampes aux halogé- Source : notices techniques fabricants
▼
nures métalliques est de l’ordre de 80 à
100 lm/W, pour des gammes de puissance Lampes IRC Efficacité Durée de vie
courantes situées entre 250 et 1000 W. De lumineuse économique
(lm/W) (heures)
nouvelles lampes de faible puissance sont
Incandescence
apparues récemment (moins de 100 W et Standard 100 10 - 15 1000
jusqu’à 35 W) principalement destinées à Tungstène halogène
l’éclairage d’accentuation (vitrines, magasins, BT 100 15 - 20 2000
salles d’exposition), qui peuvent laisser TBT 100 15 à 25 2000 - 4000
supposer une diffusion ultérieure en direction Fluorescence
Tube rectiligne
du tertiaire et résidentiel en complément des Standard 60 - 75 50 - 85 8000
sources incandescentes ou halogènes. IRC amélioré >90 50 - 65
Haut rendement 85 70 - 90 8000
3.3 Les lampes au sodium haute-pression LFC
Ballast magnétique 85 50 8000
Ballast électronique 85 45 - 65 8000
Les lampes à vapeur de sodium présentent une
A décharge
efficacité lumineuse extrêmement élevée, le Halogénures métal. 70 - 95 65 - 100 6000
maximum étant atteint avec le sodium basse- Vapeur de mercure HP 30 - 60 40 - 60 20000
pression (près de 200 lm/W) pour un rayonne- Sodium HP
ment monochromatique jaune. En accroissant Standard 20 80 - 130 20000
la pression de vapeur, on obtient une très nette IRC élevé 65 60 - 95 15-20000
Sodium BP monoch. 100 - 200 12000
amélioration du rendu de couleur, mais au
27
M D E - É C L A I R A G E
28
T E C H N O L O G I E S
enregistrés récemment sur les tubes fluores- Pour autant, les rendements des luminaires
cents rectilignes (diminution du diamètre) et sont peu pris en compte dans les secteurs
la généralisation des ballasts électroniques industriel et tertiaire, et ce critère est a peu
offrent néanmoins des perspectives impor- près totalement absent des cahiers des charges
tantes sur la fluorescence. La systématisation des luminaires à destination du résidentiel.
de démarches globales de la fonction éclairage Des recherches concernant les luminaires dans
intégrant apports de lumière naturelle, adapta- le résidentiel ou le tertiaire visent notamment
tion aux besoins des utilisateurs et à l’occupa- à adapter ceux-ci aux contraintes d’encombre-
tion des locaux, constitue l’autre voie ment posées par les LFC, ou à l’optimisation
prometteuse pour ces deux secteurs. des réflecteurs compte tenu de la répartition
spécifique de la lumière. L’industrie du lumi-
2. Les luminaires naire étant très atomisée et principalement
constituée de PME, la mobilisation des
Les luminaires jouent plusieurs rôles dans la acteurs dans ce secteur sur des questions
fonction éclairage : support pour l’alimenta- d’efficacité énergétique est difficile. On
tion électrique et pour la lampe, protection de observe néanmoins que des produits nouveaux
l’utilisateur contre le rayonnement direct, spécifiquement conçus pour les LFC appa-
orientation / concentration du flux lumineux raissent sur le marché du luminaire à destina-
produit par la source, et bien entendu, un rôle tion des entreprises et des collectivités.
esthétique.
Les performances de la source lumineuse ou 3. Les ballasts électroniques
du système d’alimentation ne déterminent pas
seules l’efficacité d’un système d’éclairage La fonction du ballast est d’initier la décharge
qui dépend de la quantité de lumière finale- dans un tube fluorescent puis de la stabiliser
ment disponible. Le luminaire dans lequel est en limitant le courant qui traverse la lampe.
installé la source lumineuse participe donc La plupart des ballasts en fonctionnement sont
directement à l’efficacité de l’ensemble et de type “électromagnétique”, mais l’appari-
notamment : tion de ballasts électroniques (à haute
- la forme de l’abat-jour qui oriente et réflé- fréquence) a permis d’améliorer encore les
chit la lumière émise par la source (souvent performances globales de l’éclairage fluores-
prévus à l’origine pour des ampoules à incan- cent.
descence mais non optimisés pour les LFC, Les ballasts électroniques fonctionnent à très
par exemple) haute fréquence et de ce fait suppriment
- la position de l’ampoule dans le système certains désagréments observés avec les
d’éclairage (l'orientation des ampoules dans ballasts électromagnétiques (délai d’allumage,
les lampes à poser est peu favorable aux LFC bourdonnement, papillotements) et réduisent
qui diffusent principalement vers le haut). considérablement le poids des LFC. Mais le
- la plus ou moins grande transparence des principal intérêt réside dans la diminution de
matériaux utilisés pour diffuser le flux lumi- la consommation spécifique du ballast. Un
neux (verres plus ou moins dépolis, plas- ballast électronique a une consommation
tiques) qui influe sur la quantité de lumière propre de 4 ou 5 W, contre 10 W pour un
transmise. ballast électromagnétique, il peut donc induire
29
M D E - É C L A I R A G E
Notes
1 A titre de comparaison, si le moteur à explosion avait progressé de la même manière, il serait aujourd’hui possible
de parcourir 500 km avec 1 litre d’essence (P. Lemaigre-Voreaux ,1979).
2 L’IRC des sources à incandescence est de 100 parce que le rayonnement émis par la source est continu sur
l’ensemble du spectre, ce qui permet une restitution de la totalité des couleurs, même si la lumière est très chaude.
En revanche, l’IRC des sources fluorescentes est en général faible, non pas parce que la lumière serait plus
“froide”, mais parce que le spectre est discontinu. Il est possible de créer une ambiance “chaude” avec des sources
fluorescentes, même si l’IRC reste faible.
3 Ces lampes sont alimentées en très basse tension (12 V) et nécessitent un transformateur.
4 Si la LFC est théoriquement concue pour remplacer instantanément une ampoule à incandescence, son volume
plus important peut entraîner des incompatibilités au niveau des luminaires (problèmes d’esthétique voir incom-
patibilité totale).
5 La lampe Genura commercialisée par General Electric en 23 W présente une efficacité lumineuse légèrement infé-
rieure à celle des LFC (50 lm/W) mais un encombrement comparable à celui d’une ampoule à incandescence stan-
dard (h = 127 mm contre 116 mm pour l’équivalent en incandescent).
6 Son prix élevé de l’ordre de 300 ou 400 FF réserve la lampe à induction pour l’instant aux applications où la très
longue durée de vie est considérée comme essentielle, par exemple, dans les endroits d’accès difficile imposant
des coûts de remplacement élevés.
7 Les sources d’énergie fossile contiennent aussi du mercure en plus ou moins grande quantité. En conséquence, la
consommation d’électricité des ampoules à incandescence peut, dans les pays où la production d'électricité est
majoritairement d'origine fossile (ce qui n'est pas le cas en France), produire des quantités de mercure comparables
à celles de la fluorescence (Mills, 1993).
8 Pour être complet, il faut ajouter à la famille des lampes à décharge basse pression, les lampes au sodium qui
produisent un rayonnement directement visible mais monochromatique et situé dans le jaune. Compte tenu de leur
mauvais rendu de couleurs, ces lampes sont uniquement utilisées en éclairage routier. Leur efficacité est passée
de 50 lm/W au début des années 1930 à près de 200 lm/W aujourd’hui.
9 Exemples d’utilisations courantes pour les sources à décharge : éclairage routier ou urbain, installations sportives,
halls industriels ou d’exposition, centres commerciaux, illumination extérieure de bâtiments, etc.
30
C h a p i t r e 3
Offre
Offre
et
et comportement
comportement
L'offre de produits d'éclairage et les comportements des acteurs
L’analyse des comportements des acteurs des lampes étant regroupée à l’échelle régio-
autour de la LFC doit permettre de révéler les nale (Europe y compris Europe Centrale,
atouts et les contraintes d'une diffusion soute- Amérique du Nord, Amérique du Sud, Japon,
nue de ce type de lampes en France. Nous etc.), l’analyse des stratégies des producteurs
commencerons par décrire le contexte concur- intégrera une forte dimension internationale.
rentiel dans lequel évoluent les industriels de En revanche, les comportements des distribu-
l’éclairage et le rôle que peut jouer l’innova- teurs et des consommateurs peuvent être
tion technologique à cet égard. La production analysés à l’échelle nationale.
31
M D E - É C L A I R A G E
32
O F F R E
tivement que 5% et 2% du
marché en volume mais 190 1,8
15% et 14,5% en valeur. 182
Dans une certaine mesu-
180 177
re, les tubes fluorescents 173
1,7
et les lampes à réflecteurs
milliards de francs
participent également au 170
millions d'unités 163 1,6
maintien des marges, mais
la contribution essentielle 160
provient des nouvelles 154 152,5
1,5
technologies, halogène 150
(crayon et TBT) et LFC.
1,4
140
3. Un contexte
concurrentiel situé 130 1,3
dans un univers 1990 1991 1992 1993 1994 1995
de volume
▲
Graphique 1 : Evolution des ventes de lampes
L’univers concurrentiel en volume et en CA du groupe Philips pour la France
dans lequel évolue une
industrie se caractérise par
la combinaison de deux
facteurs : la différencia- Graphique 2 : Représentation du marché français des lampes
tion et le coût. Si les pro- en pourcentage de la valeur et du volume
duits en concurrence sont ▼
relativement comparables,
la principale stratégie
Standard
consiste à adopter des
politiques tarifaires plus Flamme
agressives, donc à recher- Sphérique
cher une meilleure maîtri-
Fluorescente
se des coûts de production.
Par contre, si le produit s’y Halogène
prête, une autre stratégie
LFC
peut consister à essayer de
se différencier en déve- Réflecteur
loppant des caractéris- Autre
tiques spécifiques que
l’entreprise serait seule à 0 5 10 15 20 25 30 %
proposer. Valeur Volume
En ce qui concerne
33
M D E - É C L A I R A G E
l’industrie des lampes, la sensibilité au coût Dans cet univers de volume, l’enjeu principal
est forte alors que la sensibilité à la différen- pour les producteurs est de diminuer le plus
ciation est faible. On parle d’univers de rapidement possible les coûts de production.
volume. Dans ce contexte, la stratégie des La diminution des coûts de production peut
producteurs consiste principalement à essayer être obtenue de différentes manières, progrès
de bénéficier au maximum des effets d’échelle technique ou réduction des coûts des inputs,
pour réduire leurs coûts de production. Cette mais aussi par l’augmentation des volumes de
concentration est rendue possible par le fait production : effet d’échelle ou de série,
que les produits ne sont pas différenciés par apprentissage, amélioration de l’efficacité des
pays 1, ce qui permet une organisation de la processus de production, etc... Les produc-
production au niveau régional. Ainsi par teurs bénéficient alors de ce que l’on appelle
exemple, les LFC produites par GEL en “ effet d’expérience ” (Cf. encadré 2) ; à
Hongrie sont destinées à l’ensemble du mesure que leur volume de production
marché européen. augmente, on observe une diminution
En outre, les possibilités de différenciation tech- progressive des coûts de production.
nique entre les LFC sont relativement limitées, Pour bénéficier au maximum de cet effet
la technologie des composants (ballast électro- d’expérience, un producteur peut être conduit
nique, poudres, cf. chap. 2) étant maîtrisée par à essayer d’accroître sa production pour dimi-
les principaux producteurs. En conséquence, nuer plus rapidement ses coûts3 et améliorer le
dans l’état actuel du marché, aucune LFC ne se positionnement économique de son produit.
démarque nettement de ses concurrentes du Un programme de promotion des LFC peut
point de vue des performances techniques : effi- ainsi en augmentant de manière importante le
cacité lumineuse, qualité de lumière, temps de volume des ventes d’un producteur le faire
mise en service, etc. L’offre est relativement bénéficier de cet effet d’expérience, donc
comparable entre les grandes marques et l’esthé- réduire les coûts de production et à terme les
tique des lampes (forme, taille, couleur) est le prix de vente4.
principal facteur de différenciation. La concur- L’effet d’expérience est ainsi un élément
rence entre les producteurs se porte prioritaire- important de la stratégie des producteurs dans
ment sur la maîtrise des coûts de production et un univers de volume. On notera cependant
sur les stratégies commerciales. que du fait de l’internationalisation de la
Cette stratégie de concurrence sur les coûts fait production, l’effet d’expérience doit être
courir un risque aux principaux producteurs en apprécié au niveau régional (Europe) et non
laissant la porte ouverte à de nouveaux entrants. pas à l’échelle nationale. Le facteur important
On a ainsi pu observer l’introduction sur le mar- est la croissance du volume des ventes cumu-
ché européen de produits en provenance des lées en Europe, et non pas l’accroissement des
pays asiatiques bénéficiant de coûts de pro- ventes dans un pays donné, en particulier si
duction très bas du fait d’économies d’échelle celui-ci représente de faibles parts de marché
et probablement aussi d’une moindre qualité de en Europe. Ainsi, un doublement des ventes
fabrication non immédiatement perceptible au françaises n’aurait qu’une faible incidence sur
consommateur2. Ces produits représenteraient, le volume des ventes européennes, donc un
en France, entre 5 et 15% du volume des ventes très faible impact sur la baisse des coûts de
suivant les estimations. production (moins de 0,1 F/lampe).
34
O F F R E
35
M D E - É C L A I R A G E
cycle de vie de l’incandescence mais elle ne à 240 millions en 1995, ce qui représente
permettra pas d’en accroître significativement quelques pourcents des ventes globales de
l’efficacité lumineuse. lampes à incandescence (2% pour l’année 92,
C’est dans ce contexte que les premières LFC près de 3% en 1994). Les estimations des
sont apparues sur le marché européen au industriels pour la période 95-98 tablent sur
début de l’année 80. Philips est le premier un taux de croissance mondial de l’ordre de
avec la lampe SL commercialisée en avril 80 15%/an qui pourraient conduire à un volume
à pénétrer le marché des lampes, rapidement de ventes global de 350 millions d’unités en
suivi par Osram avec la Circolux, puis Mazda 1998.
et Thorn quelques mois après. Cette croissance a été principalement alimen-
L’objectif annoncé par les producteurs est tée dans un premier temps par le développe-
alors de substituer les LFC aux lampes tradi- ment des lampes d’intégration destinées aux
tionnelles à incandescence. usages professionnels (tertiaire). Très minori-
taires jusqu’au début des années 90, les ventes
L’évolution des caractéristiques de lampes de substitution destinées au rési-
dentiel équilibrent aujourd’hui les ventes des
L’évolution des caractéristiques techniques lampes d’intégration. Elles ne se limitent plus
des LFC les rapproche progressivement des aux seuls pays industrialisés mais concernent
lampes à incandescence. Les recherches effec- de plus en plus certaines régions du monde en
tuées autour de la qualité de la lumière développement, notamment celles à crois-
produite et de l’encombrement notamment sance économique rapide : Chine, Asie,
sont destinées à combler l’écart existant entre Amérique Latine dans une moindre mesure.
les deux technologies et à rendre la LFC Faut-il pour autant considérer que les LFC
acceptable pour le consommateur habitué aux sont appelées à remplacer définitivement les
caractéristiques techniques de l’incandes- lampes à incandescence ? Probablement pas.
cence. Les développements récents concer- Si la LFC a bien été conçue à l’origine comme
nant la rapidité de mise en service des lampes un produit de substitution de l’incandescence5,
et l’absence de papillotement de la lumière on peut aujourd’hui penser que cette substitu-
vont dans le même sens. tion ne sera que partielle pour différentes
On notera par ailleurs que contrairement aux raisons ; les prix de l’énergie sont moins favo-
premières lampes halogènes, les LFC desti- rables à l’efficacité énergétique, mais surtout
nées au secteur résidentiel ont été conçues à les besoins d’éclairage et l’esthétique des
l’origine avec un culot standard de façon à sources évoluent (développement de l’éclai-
pouvoir se substituer sans difficulté aux rage d’accentuation par exemple), la miniatu-
lampes à incandescence. risation des sources est de plus en plus
appréciée des consommateurs (l’halogène
La dynamique de croissance TBT), etc...
La LFC participe à l’augmentation de la
La dynamique du marché des LFC suggère un diversité des sources dans le résidentiel mais
marché de substitution et non plus un marché elle n’occupera pas la place largement domi-
de niches. Les ventes mondiales de LFC sont nante qui est encore celle de l’incandescence.
ainsi passées de 45 millions d’unités en 1988 Par ailleurs, sa diffusion pourra être très
36
O F F R E
variable, en rythme et en volume, selon les (en millions 1993 1995 1996
préférences et les caractéristiques des marchés de lampes) (estimation)
nationaux. Incandescence 260 250-260 250-259
Halogène 29 22-28 22-27
LFC 1,5 3,6-4 4,5-4,8
5. Spécificité du marché français
▲
Le segment LFC en France est en forte Tableau 2 : Estimation des volumes de ventes des
progression même s’il reste encore limité en lampes en France. Sources : Producteurs.
37
M D E - É C L A I R A G E
ventes sont réalisées par 10% des enseignes teurs domestiques : les grandes surfaces
les plus importantes8. alimentaires (GSA) et les grandes surfaces de
Deux grands systèmes de distribution propo- bricolage (GSB). Cette distinction est impor-
sent des LFC à la vente pour les consomma- tante car GSA et GSB adoptent des stratégies
différentes à l’égard de la LFC.
Encadré 3 : Essai de typologie des systèmes
de référencement des GMS
▼ 2. Typologie de la distribution
◗ Type centralisé.
Obligation pour les chefs de rayon de Les stratégies et les méthodes du secteur de la
travailler avec des fournisseurs référencés
distribution ne sont pas homogènes.
par la centrale d’achat. Cette dernière arrête
L’encadré 3 propose une typologie des
la gamme, négocie les prix et les services,
établit un plan de rayon type par type de systèmes de référencement des GSA et GSB
surface, promotion... autour de trois types : centralisé, indépendant,
Référence un seul producteur de lampe et intermédiaire.
pour tous les magasins : Carrefour, De cette typologie, il ressort quatre types
Auchan, Géant Casino, Continent. d’intérêts différents pour la promotion des
Référence plusieurs producteurs de LFC :
lampes : Castorama, Leroy Merlin,
• les GSB offensives (GSB indépendantes de
M.Bricolage, Mammouth.
type magasin test9), qui associent
◗ Type indépendant. prescription, conseil, promotion et
La centrale représente avant tout une force communication. Elles s’avèrent être des
de proposition, capable de négocier les soutiens efficaces et intéressants pour
produits à des prix avantageux. Les direc- promouvoir les LFC;
teurs et les responsables de rayon sont • les GSB qui fondent leurs stratégies sur le
libres de travailler avec les fournisseurs conseil et l’information mais qui
référencés ou non référencés. Leclerc, Bati.
concentrent leurs efforts pendant les
E. Leclerc, Intermarché
périodes de promotions des LFC (souvent
◗ Type intermédiaire. saisonnières) ; la tendance dans ce groupe
La centrale référence plusieurs fournis- est en outre à la diminution de la fonction
seurs d’ampoules et négocie les prix conseil;
d’achat, établit un calendrier de promotions • les GSA dont la politique commerciale est
nationales. Elle envoie, “le cadencier” fondée sur l’événementiel et dont l’intérêt
(catalogue de produits et de marques
pour la promotion des LFC est croissant.
référencés qui donne les prix d’achat et les
Elles sont aujourd’hui les principaux lieux
prix de vente conseillés) à chaque respon-
sable de magasin. d’achat des LFC pour les ménages;
Sur cette base, les responsables de rayon • les petites surfaces alimentaires et de
établissent leur gamme de produits. Les bricolage dont l’intérêt pour la promotion
responsables de rayon ont, en outre, la des LFC demeure modéré compte tenu de
possibilité de travailler parallèlement avec la structure actuelle du marché.
des fournisseurs non référencés.Bricorama, Les producteurs de lampes ont, dans un
Bricomarché.
premier temps, visé les GSB considérées
38
O F F R E
comme des prescripteurs efficaces pour la Les marques de distributeurs ont été intro-
diffusion des LFC. Les GSB mettent en valeur duites en 1992, a un prix sensiblement infé-
le produit innovant et l’accompagnent par des rieur à celui des grandes marques. Ces
conseils. Cet effort s’est traduit par une série produits (MDD) représentaient 34,1% des
d’investissements importants notamment dans ventes en volume, pour un chiffre d’affaires
la formation de la force de vente. Toutefois, en croissance de 4% pour l’année 1994. Elles
compte tenu de l’évolution du cycle de vie du ont largement contribué à la réduction du prix
produit, l’enjeu consiste maintenant à déve- moyen de vente des LFC.
lopper des opérations de promotion dans les Quel est l’intérêt des producteurs à accepter le
GSA. développement des MDD sur les produits
Les relations entre producteurs et distributeurs d’éclairage ? Deux hypothèses peuvent être
demeurent caractérisées par la faiblesse des avancées ; la première tient au fait que nous
préoccupations techniques et énergétiques10. nous situons dans une stratégie de volume
Les négociations, par le biais des centrales dans lequel l’enjeu est de réduire les coûts de
d’achat, ont alors tendance à se limiter au seul production en descendant sur la courbe
facteur prix. On doit toutefois noter la volonté d’expérience. La production des MDD permet
des constructeurs de développer des relations alors d’accroître le volume cumulé de chaque
différentes avec les centrales d’achat et basées producteur donc d’accroître l’effet d’expé-
sur une offre de produits élargie et pérenne. rience. La seconde hypothèse relève des
A ce titre, la LFC est un produit porteur formes de concurrence par les pays asiatiques.
d’image et de marge, de nature à accrocher le En acceptant de répondre aux appels d’offre
client (produit d’appel) et à le fidéliser. Il des GSA, les producteurs se protègent de la
s’agit donc d’un produit intéressant pour les pénétration des produits de qualité médiocre
distributeurs, ce qui explique l’émergence des car les GSA sont tenues de ne proposer que
marques de distributeurs (MDD). les lampes du producteur.
Pour les producteurs, il est essentiel d’être rete-
nu par une centrale d’achat car cela leur garan-
3. L’enjeu des marques tit une très large distribution de leurs produits
de distributeurs (MDD) dans tous les magasins de l’enseigne, et ce sans
concurrence. Les centrales d’achat assurent alors
Les GSA ont obtenu de la part des producteurs aux producteurs des volumes de vente impor-
la réalisation de MDD à leur enseigne. On trou- tants sous leur marque ainsi que la production
ve ainsi dans les GSA, une référence de marque des MDD associées. Dans un univers de volu-
du producteur, avec parfois une sous marque du me, les accords de distribution avec les cen-
producteur positionnée dans les premiers prix trales d’achat sont des enjeux stratégiques qui
et une MDD. La procédure d’attribution est réa- donnent un avantage pour les producteurs rete-
lisée sur appel d’offre et conduit à l’éviction nus.
des marques concurrentes : pour l’enseigne Sur le terrain, cette stratégie se traduit par une
Carrefour, par exemple, Philips est la marque forte rivalité entre les producteurs afin que leurs
producteur, Krypton, une sous-marque 1er prix marques soient présentes sur les rayonnages des
du même producteur, et Carrefour, la marque grandes surfaces. Ainsi GEL, qui veut augmenter
du distributeur. sa présence sur le marché français, a évincé
39
M D E - É C L A I R A G E
40
O F F R E
une pièce : “allumer pour y voir”. Mais il est longues, certaines activités ou pratiques
évident que la fonction de l’éclairage s’est conduisant même à une utilisation permanente
largement étendue depuis cette motivation de l’éclairage artificiel. De ce fait, la volonté
initiale, vers des notions de confort, de maîtriser les coûts de fonctionnement
d’ambiance, de décor, de mise en valeur, etc. conduit souvent les gestionnaires à s’intéres-
Les attentes en matière d’éclairage reposent ser à la réduction des coûts énergétiques et de
essentiellement sur l’opposition éclairage maintenance de l’éclairage, à la différence de
direct (fonctionnel)/éclairage indirect ce que l’on observe couramment dans le rési-
(d’ambiance). Le premier est associé à l’inten- dentiel.
sité et à la puissance de l’éclairage au niveau
du confort visuel; le second renvoie à un
éclairage décoratif traduit par une lumière 2. Les usages de l’éclairage
diffuse au niveau du confort esthétique, qui
n’agresse pas, et qui sert à mettre en valeur. Dans le secteur résidentiel
L’éclairage est également associé à la sécurité
dans la mesure où, a contrario du noir qui fait La nature et l’emplacement du système
peur, la lumière rassure et sécurise. d’éclairage dépendent de la finalité des pièces
à éclairer. Les pièces dites centrales, comme
la cuisine, la salle à manger et la salle de bains
Dans le secteur tertiaire sont éclairées à profusion, tandis que les
chambres et les lieux de circulation nécessi-
Les fonctions de l’éclairage dans le tertiaire tent des puissances lumineuses plus faibles.
sont extrêmement diversifiées selon la nature Dans la cuisine et la salle de bains où l’éclai-
de l’activité exercée par l’entreprise. La prin- rage participe à l’efficacité des travaux ména-
cipale fonction de l’éclairage dans le tertiaire gers ou de la toilette, les lumières fortes sont
est bien entendu de préserver l’activité quelles privilégiées. Inversement, dans le salon ou les
que soient les variations de la lumière natu- chambres, les lumières plus chaleureuses sont
relle (nébulosité, nuit/jour, etc.). Les préoccu- préférées pour créer des ambiances de convi-
pations de confort, confort visuel mais aussi vialité ou de repos.
confort lié à l’ambiance créée par l’éclairage, Les lampes sont essentiellement des produits
ne sont pas absentes dans le tertiaire comme de grande consommation, très souvent achetés
le montre le développement des lampes de en GSA. Pour les lampes à incandescence-
bureau à poser par exemple. Enfin, l’éclairage standard, les produits sans marque à bas prix
assure une fonction importante au plan de la se sont largement développés mais les
mise en valeur et de la décoration : dans les marques de producteurs conservent des
commerces, par exemple, l’ambiance du fidèles. La constitution de stocks est une habi-
magasin et l’accentuation des produits sont tude courante pour les ampoules à incandes-
souvent utilisés pour attirer le consommateur. cence qui peut être attribuée à la pratique de
Les sources lumineuses utilisées sont plus vente par lots de la grande distribution. Les
variées que dans le résidentiel et adaptées en principaux facteurs pris en compte pour
fonction de la finalité de l’éclairage. Les l’achat sont la puissance et le type de culot de
durées d’utilisation sont en général plus la lampe. Les achats effectués en grande
41
M D E - É C L A I R A G E
surface sont surtout des achats de remplace- 3. Les motivations d’achat des LFC
ment qui entraînent rarement un choix diffé-
rent de la part du consommateur. Sans Dans le secteur résidentiel
incitation supplémentaire, le contexte d’un
achat rapide, presque réflexe, est peu propice L’évolution des comportements d’achat des
à la réflexion que nécessiterait l’achat d’une consommateurs telle qu’elle ressort des enquêtes
LFC en remplacement d’une ampoule à incan- de consommation pourrait s’avérer favorable
descence classique. aux LFC. Les consommateurs seraient plus
attentifs aux prix d’achat ou à la qualité com-
Dans le secteur tertiaire parée des produits, et en conséquence, les achats
auraient tendance à être plus raisonnés et moins
Le mode d’éclairage du secteur tertiaire est spontanés, les produits plus systématiquement
généralement très contraint par l’installation mis en concurrence les uns par rapport aux
initiale dont la modification engendrerait des autres, etc.
coûts supplémentaires à la seule acquisition Pour les produits de l’éclairage, ceci nous
des sources lumineuses. conduit à distinguer au moins trois catégories
Les grandes entreprises sont principalement de produits dont les motivations d’achat sont
équipées de tubes fluorescents chargés différentes :
d’assurer un niveau d’éclairement satisfaisant ◗ Motivation d’achat des incandescentes : le
dans des conditions économiques. Mais cet 1er prix.
éclairage produit des ambiances parfois jugées L’achat d’une lampe à incandescence est typi-
peu agréables que les employés compensent quement un achat de produit de grande consom-
ou équilibrent avec des points lumineux addi- mation. Le critère essentiel de l’acheteur est la
tionnels11 : lampes de bureau, halogènes,... modicité du prix. Une promotion importante
Le renouvellement des lampes se réalise, dans peut ainsi être l’occasion de réaliser des stocks.
les grandes entreprises, de façon globale (toutes ◗ Motivation d’achat des halogènes : de
les lampes d’un même lieu sont renouvelées en l’achat coup de coeur à l’achat raisonné.
même temps, usagées ou non) pour diminuer Au moment de leur apparition, on a acheté des
les coûts de maintenance. Seules les lampes des halogènes pour leur esthétique particulière et la
lieux accessibles au public sont renouvelées sys- nouveauté qu’ils introduisaient (éclairage indi-
tématiquement quand elles sont défaillantes. rect). Pour cela, l’acquéreur était prêt à accep-
Dans les petites entreprises et les commerces, ter un coût bien supérieur à celui de la lampe à
les règles de maintenance sont plus floues et incandescence classique. Cependant, l’effet de
motivées par une défaillance. mode à l’origine de la forte croissance des pro-
Quant aux lieux d’achat, ils différent égale- duits halogènes s’estompe et l’achat d’un halo-
ment entre la grande et la petite entreprise. gène tend à être motivé, aujourd’hui, par la
Pour les plus grands établissements, c’est un recherche d’attributs particuliers (qualité de
achat réalisé par "vente à domicile" de la part lumière spécifique et durée de vie).
des commerciaux des grands producteurs. En ◗ Motivation d’achat des LFC : économie et
revanche, pour les établissements de petite durée de vie.
taille et les commerces, les achats sont spon- Les informations disponibles montrent que les
tanés et effectués dans les GSB ou les GSA. raisons qui poussent à l’achat des LFC sont les
42
O F F R E
économies d’énergie et la
600 Francs
durée de vie. Parfois aus-
si la possibilité de passer 500
à une puissance d’éclaira- Incandescente 75W
ge supérieure sans risque 400
43
M D E - É C L A I R A G E
taux d’équipement des ménages est aujourd’hui de simples critères économiques. Et cela d’autant
relativement élevé (DEFU, 1996). En France, plus que les LFC sont proposées à un prix qui
où la diffusion de la LFC est bien moindre, les peut être 20 fois supérieur à celui de la lampe
contraintes à l’adoption peuvent être différentes incandescente créant une sorte de “barrière psy-
mais on ne dispose malheureusement pas de tra- chologique”.
vaux similaires.
Il est possible de rassembler ces différentes L’inadaptation des luminaires
contraintes à la diffusion des LFC à travers deux L’inadaptation des luminaires est la seconde
sous-ensembles en fonction de leur nature. raison invoquée par le consommateur pour ne
pas acheter ce type de lampe. Les premières
Le prix LFC, très longues, dépassent en effet des abat-
Le prix reste un frein psychologique majeur jour de façon inesthétique. De même, les
pour l’achat d’une lampe perçue comme un ballasts ont posé des problèmes d’encombre-
produit de substitution. La comparaison avec ment interdisant la substitution de certaines
l’incandescence fait apparaître le prix extrê- lampes à incandescence à moins de modifier
mement élevé alors que les avantages compa- le luminaire. Cette contrainte tend à diminuer
ratifs ne semblent pas immédiats. avec la réduction de l’encombrement des
On peut toujours arguer du fait que le coût d’usa- LFC, mais il est clair que celles-ci sont encore
ge est inférieur à celui de l’incandescence, les loin de se comparer aux ampoules à incandes-
consommateurs n’effectuent pas, ou rarement, cence sur le plan du volume et du poids.
des choix basés sur ce principe d’optimisation,
moins encore lorsqu’il s’agit de consommations Le manque d’information
électriques relativement faibles. En conséquence, Le manque d’information sur les avantages liés
le prix de vente actuel des LFC, même s’il auto- aux LFC est un frein à sa diffusion. Le déficit
rise un temps de retour de 2 ou 3 ans sur les d’information peut porter sur le produit lui
points lumineux les plus utilisés, constitue une même, (on ne connaît pas les LFC), ou sur les
contrainte forte pour motiver une adoption sur caractéristiques techniques de la lampe. En
France, la fluorescence ne bénéficie pas d’une
Tableau 4 : Evolution des raisons avancées (en %) pour image très positive probablement du fait des
ne pas acheter de LFC (étude réalisée au Danemark). caractéristiques peu flatteuses des premiers tubes
Source : DEFU, 1996, p.60. rectilignes (appelés aussi néon). Dans ces condi-
▼ tions, les LFC souffrent encore d’une recon-
Déc 91 Avril 92 Mars 94 naissance en tant que produit innovant même
Prix 40 41 48 si l’information se diffuse progressivement
Faible durabilité 4 5 5 auprès des ménages (catalogues par correspon-
Design 7 7 8 dance, campagnes publicitaires dans la presse
Inadaptée pour les et la télévision, etc.).
équipements existants 12 10 17
Manque d’information 9 5 1
Le scepticisme sur les caractéristiques
Dissuadé 2 2 1
annoncées des LFC
Pas intéressé 21 21 5
Le consommateur n’accepte pas automatique-
Habitude de consommation 25 9 18
ment les performances annoncées par les
Autre 9 10 18
44
O F F R E
producteurs. Si les caractéristiques concernant L’ensemble de ces termes rend difficile la dési-
la faible puissance des LFC sont largement gnation du produit par le consommateur. De ce
acceptées, le consommateur reste sceptique fait, les ménages la surnomment : “le truc en
sur la qualité de la lumière et surtout sur les spirale”, “les ampoules design”, “les ampoules
durées de vie du produit. Le consommateur tournicoti”, “les ampoules en U”, “les ampoules
prend la durée de vie des LFC plus comme un en tubes biscornus”, “les lampes fluo-contact”,
argument de vente que comme une réalité du etc. Ces noms des LFC ralentissent les proces-
produit12. Ce comportement est renforcé dès sus d’insertion sociale de l’innovation.
lors que des produits de moindre qualité sont
présents sur le marché. Dans le secteur tertiaire
Conclusion partielle
sur les comportements des acteurs
De ce qui précède, on retiendra la motivation d’éclairage et accélérer la diffusion de la LFC.
des industriels de l’éclairage, et en particulier Cette volonté tient au souci de conserver un
du coeur de l’oligopole, pour améliorer les certain “leadership” dans le domaine de
performances énergétiques des technologies l’innovation technologique, à la recherche de
45
M D E - É C L A I R A G E
nouveaux produits à forte valeur ajoutée pour buteurs, dont il faudrait essayer de profiter
compenser la tendance à l’érosion des ventes pour accélérer la diffusion des LFC.
de lampes en volume et aux investissements Enfin, le consommateur reste en dernier
réalisés dans de nouvelles unités de produc- ressort l’acteur déterminant du succès d’un
tion destinées à la LFC. nouveau produit. Sur ce point les LFC ne
En ce qui concerne le secteur de la grande semblent pas encore mobiliser massivement
distribution, les GSA ont semblé jouer un rôle l’adhésion des consommateurs. Au delà des
de frein dans une phase initiale de constitution efforts entrepris par les industriels pour bana-
du marché (faible référencement) alors que les liser le produit LFC, pour améliorer ses
GSB au contraire assuraient un premier lance- performances et diminuer les prix, il demeure
ment du produit. Les choses sont manifeste- des contraintes à une large diffusion. Elles ont
ment en train de changer puisque l’essentiel conduit à la mise en place d’actions publiques
des ventes se déplace aujourd’hui vers les d’incitation dans de nombreux pays de façon
GSA. Il est clair que les GSA constituent une à essayer d’influer sur les comportements
puissance de vente considérable, en tenant d’achat des consommateurs, avec des résultats
compte de l’apparition des marques de distri- remarquables.
Notes
1 Contrairement au marché des réfrigérateurs par exemple où la production sur les chaînes de montage peut être
modifiée en fonction de la destination des produits.
2 Cf. tests réalisés par le Laboratoire Central des Industries Electriques (LCIE)- Chap. 4.
3 On parle alors de progression sur la courbe d’expérience.
4 Selon l’analyse stratégique, toutefois, les programmes de promotion (MDE) ne présentent un intérêt réel pour les
producteurs que dans la mesure où ils contribuent à remettre partiellement en cause les positions acquises, ou le
rythme de progression des positions sur la courbe d’expérience. On peut penser que l’intérêt est moindre si les
principaux producteurs voient leurs coûts de production diminuer au même rythme.
5 L’absence de développements complémentaires sur les luminaires qui va pourtant se révéler comme une des prin-
cipales contraintes initiales à la diffusion des LFC atteste de cette volonté de positionner la LFC en substitution.
6 Rappelons que la lampe de substitution est munie d’un culot standard alors que la lampe d’intégration s’utilise
avec des luminaires spécifiques et est prioritairement destinée aux usages dans le tertiaire.
7 Source : Données Syndicat de l’Eclairage
8 Ces données résultent de l’enquête réalisée par le magazine des Enjeux les Echos, n°110, janvier 1996, pp.46-55.
9 A titre d’exemple, le Bati-Leclerc d’Ambarès (Gironde) a mis en place , de façon permanente, un panneau infor-
matif et un compteur sur lequel sont branchées une lampe de 60W à incandescence et une LFC de 11W. A ce
dispositif, s’ajoute, tous les deux mois, des actions de promotion de type tête de gondole.
Les résultats sont satisfaisants, les ventes ont été multipliées par quatre. Le PDG du Leclerc explique que "norma-
lement, on vend 40 LFC en moyenne par mois. Quand on fait une action de promotion, j’en commande 250 que
je vends dans le mois. A chaque fois cela marche bien, même en dehors des pointes saisonnières. Les promotions
de LFC permettent de faire du CA et font réaliser des ventes complémentaires sur toute la panoplie de LFC ainsi
que sur les autres types d’ampoules. C’est le seul produit qui fait faire de la marge et qui attire du monde".
10 “Depuis 4 à 5 ans, les centrales d’achat ont pris le pouvoir” propos tenus par un responsable Philips.
11 Ce qui entraîne une consommation additive du poste éclairage des grandes entreprises.
12 Une des solutions pourrait consister à accompagner les ventes de LFC d’une garantie producteur de 3 ans afin
d’assurer, sous certaines conditions d’utilisation, le temps de retour sur investissement pour le consommateur.
46
C h a p i t r e 4
Programmes
Programmes
de
de promotion
promotion
Les programmes de promotion de l’éclairage efficient :
Europe, DOM, métropole
47
M D E - É C L A I R A G E
Le secteur résidentiel
1. La Suède : Stockholm Energi AB 2 l’idée a été abandonnée, car elle était juridi-
quement incompatible avec les règles de
Stockholm Energi a été une des premières concurrence suédoises, et aurait posé des
compagnies européennes à s’engager en problèmes d’équité puisque seule une partie
faveur de la MDE dès 1986. Elle est à ce titre du territoire était concernée. Il fut finalement
exemplaire. La diffusion des LFC dans le rési- décidé d’adresser à chacun des 390 000
dentiel a été prioritaire dès 1988, et a bénéfi- ménages un coupon offrant un rabais de 40 FF
cié jusqu’en 1992 des 3/4 du budget alloué. sur une LFC (budget total : 14 MF). Le prix
L’éclairage représentait alors un quart de d’une LFC à ballast intégré s’élevait alors à
l’électricité consommée à Stockholm. 80-120 FF, celui d’une LFC à ballast séparé à
Un groupe de travail comprenant Stockholm 40 FF, le prix d’une lampe à incandescence
Energi, l’Association Nationale de l’Eclairage étant inférieur à 4 FF.
Ljuskultur et les six fabricants présents en Au total, six campagnes distinctes ont été enga-
Suède a été constitué à l’origine. Le premier gées de 1988 à 1992. Durant la première cam-
projet envisagé était de distribuer une LFC par pagne, chacun des 3 000 employés de la com-
ménage (coût de l’opération 15 MF 3). Mais pagnie a reçu six LFC gratuites pour Noël 87
48
P R O G R A M M E S
(une lampe de chaque marque, financées par la triels et la distribution de coupons de réduc-
compagnie), afin qu’il devienne un “ambassa- tion. En parallèle d’une campagne de publicité
deur” convaincu de la technologie. Les deuxiè- lancée par les distributeurs et les fabricants,
me, troisième (financées par la compagnie) et EBA a organisé une campagne d’information
cinquième (financée par les fabricants) cam- et de promotion auprès de ses clients
pagnes ont utilisé les rabais. Ces trois campagnes (brochures d’information et coupons distri-
de rabais auraient permis de vendre 133 000 bués par courrier aux abonnés). La promotion
LFC (à noter un problème de pénurie lors de la offrait la possibilité à chaque ménage
dernière opération). A l’issue des deux premières d’obtenir deux LFC gratuites pour deux LFC
campagnes de rabais, une action d’information achetées au moyen d’un coupon utilisable
complémentaire a été lancée à la fois pour com- auprès des commerçants participant à l’opéra-
muniquer sur les résultats de l’opération, moti- tion (promotion complémentaire à la réduc-
ver les participants et relancer une dynamique tion sur les prix de détail). Le programme
favorable aux LFC. Au cours ou à la suite de dura six semaines et permi la diffusion de 150
cette campagne 17 000 lampes supplémentaires 000 LFC.
ont été achetées. Enfin, la sixième et dernière Plus globalement, les LFC ont bénéficié aux
campagne, sans rabais, a été créditée de 17 000 Pays-Bas à partir de 1987 d’une décision
LFC. Par ailleurs, la création d’un “Customer parlementaire incitant les compagnies élec-
Centre” a appuyé les actions engagées à partir triques à agir en faveur de l’éclairage effi-
de 1990. cient. Douze entreprises régionales ou
Au total, les six mesures auraient permis de municipales, concernant potentiellement trois
diffuser 185 000 LFC. De plus, entre 1988 et millions de ménages, ont alors participé à des
1994, d’autres compagnies suédoises ont suivi programmes de diffusion de LFC principale-
au moins une fois l’exemple de Stokholm ment. L’approche retenue a été variable selon
Energi dans leurs zones d’intervention respec- les programmes. En général, elle combinait
tives. Le tableau suivant montre l’évolution l’envoi aux consommateurs de bons de réduc-
significative du marché suédois de l’éclairage tion (coupons) leur offrant un prix promotion-
résidentiel qui en a résulté (Tableau 1). nel de 70 FF par lampe contre 95-125 FF sur
le marché, ainsi qu’une possibilité de paie-
ment différé sur la facture d’électricité
2. Les Pays Bas : La Compagnie (“leasing”). Dans ce dernier cas, le client
Energétique d’Amsterdam (EBA) 4 obtenait une LFC gratuitement auprès du
49
M D E - É C L A I R A G E
détaillant sur présentation d’un coupon et à ce moment là. Six mois de délais ont été
remboursait la compagnie d’électricité via les nécessaires à Philips pour honorer la
factures d’électricité suivantes. Les coûts commande.
administratifs des programmes étaient parta-
gés entre les compagnies électriques et les NESA : La compagnie a lançé en 1990 un
fabricants. vaste programme de MDE dans l’éclairage
En conséquence de ces programmes, les portant également sur les secteurs tertiaire et
ventes de LFC ont été multipliées par 4 au industriel. Une négociation avec les fabri-
plan national ; 15% des ménages éligibles (3 cants, les distributeurs et les installateurs de
150 000 au total) ont participé aux matériel électrique a conduit à une baisse des
programmes et acheté en moyenne 2,5 LFC, prix de 40% durant six semaines (ramenant le
soit 1 170 000 lampes. En 1996, il n'y a pas eu prix de 190 FF à 120 FF). Parallèlement,
de programmes de rabais, mais les campagnes NESA a lançé une campagne d’information
d'information TV se poursuivent. largement au-delà de sa zone d’activité
(presse nationale, affichage sur les transports
3. Le Danemark : SEAS et NESA5 en commun, spots TV locales...). Chacun de
ses 400 000 clients éligibles a reçu une
SEAS : lancé début 1989, ce programme reste brochure de présentation des LFC et un bon
un des plus importants programmes européens de commande. Avec ce dernier, il était
de distribution gratuite de LFC. Chacun des possible d’acheter jusqu’à cinq LFC, tout en
120 000 abonnés de la compagnie SEAS a bénéficiant d’un remboursement différé et
reçu deux LFC gratuites. L’ampleur du étalé sur les factures d’électricité pendant neuf
programme a absorbé toute la capacité de mois. Chaque participant a acheté en moyenne
production excédentaire disponible en Europe 4,5 lampes, pour un total de 260 000 LFC.
Les programmes
des départements d’Outre Mer
L’action sur la demande d’électricité est insulaire aux problématiques très spécifiques
devenue au tournant des années 90 un objectif [Cauret et Adnot 1996].
prioritaire dans les DOM, notamment au vu
du déficit local croissant d’EDF DOM 1. Incitations financières
(2 Milliards de Francs). D’importants et modes opératoires
programmes de diffusion de LFC ont été
lancés à partir de 1989, financés principale- Dans la plupart des cas, la démarche retenue a
ment par l’ADEME, EDF, la Région et les consisté à proposer un prix promotionnel
fabricants retenus. Le prix d’appel de la LFC consenti par le fabricant retenu, complété
était clairement l’élément central des parfois par une réduction de marge des distri-
programmes. Rappelons toutefois que ces buteurs (la marge distributeur a ainsi été
actions concernent un contexte électrique ramenée à 5 FF par LFC en Guyane ; 1 FF par
50
P R O G R A M M E S
LFC à la Réunion [1989]). Les prix proposés 200 000 LFC ont été distribuées en moins
ont varié de 60 F à la Réunion (1989) à 89 F à d’une semaine. Seule la campagne guyanaise
la Réunion (1996), une réduction plus impor- avec 73 00 LFC n’a pas atteint ses objectifs
tante n’étant pas souhaitée afin de ne pas (80 000).
effacer totalement la réalité du marché. Les taux de participation6 ont été très élevés
EDF a souvent préfinancé les LFC en les (entre 39 et 50%) et très sensiblement supé-
achetant aux distributeurs. Des coupons rieurs à ceux que l’on peut observer sur les
étaient adressés aux clients qui pouvaient en autres programmes de promotion bénéficiant
échange auprès des distributeurs obtenir le d’incitations financières (à l’exception des
nombre de LFC de leur choix (dans les limites programmes de distribution gratuite).
imposées). Celles-ci étaient ensuite rembour- Les participants ont acheté un nombre de LFC
sées à la compagnie sur trois (Guyane) ou six souvent proche du maximum autorisé : huit
(Antilles) factures d’électricité. Le montant du sur dix possibles en Guadeloupe ; 5,8 en
remboursement par facture était calculé de Martinique et 5,6 en Guyane sur six. Ce résul-
façon à rester inférieur aux économies réali- tat vient paradoxalement nuancer le succès
sées sur la période : aux Antilles, le montant des actions puisqu’il n’est pas certain que
du remboursement par facture et par lampe toutes les LFC diffusées soient réellement
était de 14 F pour une économie estimée de installées sur des points lumineux à fort taux
18 F. Notons que les centres EDF DOM ayant d’utilisation.
changé de système comptable, ce mode de Les principaux problèmes rencontrés sont des
financement en “leasing” est dorénavant stocks insuffisants, une offre mal adaptée
impossible. A la Réunion [1988] par contre, (répartition baïonnette / vis inadéquate et
les distributeurs étaient chargés de la diffusion modèles disponibles uniquement en 15W) et
des LFC auprès des consommateurs qui reçu- l’existence de clients n’ayant pas reçu de bons
rent des bons de réduction de 21 FF par LFC. d’achat...
Les distributeurs étaient ensuite remboursés
en échange des bons présentés. 3. Satisfaction et utilisation
51
M D E - É C L A I R A G E
comportements n’étaient donc pas forcément évaluer les résultats malgré ces difficultés :
pérennisés, même si plus de 80% des partici- • le calcul de la réduction de la pointe après
pants étaient satisfaits par les LFC (intentions détermination du taux de placement et du
de réachat de 75%). taux de foisonnement ;
Certains problèmes sont évoqués par les • la comparaison entre les évolutions
consommateurs, notamment le fait que les tendancielles antérieures de la pointe et la
économies d’électricité engendrées ne sont pointe mesurée après le programme : en
pas assez apparentes. A la Réunion en Guadeloupe, 125.4 MW pour la pointe du
revanche, après Lampéco [1989] et Ecowatt soir en 1992 au lieu des 133 MW prévus ;
[1993], le principal problème n’était pas lié à • la comparaison entre les taux de croissance
la perception des économies engendrées mais annuels moyens de la pointe avant et après
à la qualité des produits diffusés : la lumino- les programmes. En Guadeloupe, ces taux
sité était jugée trop faible et l’encombrement ont été de 19 % entre 88 et 90, de 8.5 % en
trop important. Pour palier à ces inconvé- 90/91 et de 3.2 % en 91/92.
nients, la campagne Décowatt [1996], qui vise Globalement, EDF a estimé l’impact des
la diffusion de 50 000 LFC par an, s’est programmes à 7 MW évités sur la pointe du
appuyée sur l’introduction de produits de soir pour la Guadeloupe et la Martinique, et à
meilleure qualité 7 pour toute la gamme de un infléchissement de la croissance de la
puissance et pour les trois grandes marques pointe en Guyane 8.
commercialisées, ainsi que sur la diffusion de
conseils d’installation. 5. Synthèse pour les DOM
4. Evaluation des impacts Les programmes LFC dans les DOM ont été
de véritables réussites en volume, qui
L’évaluation des impacts sur la courbe de devraient largement contribuer à la notoriété
charge reste difficile parce que les courbes de de la MDE “à la française”, en France comme
charge DOM ne sont pas parfaitement à l’étranger. Le “leasing” utilisé a été un
connues. De plus, les programmes LFC ne facteur-clef de cette réussite mais il n’est plus
sont pas les seules actions engagées sur la possible pour les raisons invoquées plus haut.
période. Ensuite, la demande d’électricité Les LFC ont été globalement bien installées et
étant en croissance rapide et donc non “stabi- jugées positivement à l’usage. Elles ont induit
lisée”, les comportements des consommateurs des impacts sensibles sur les pointes de charge
peuvent fluctuer indépendamment des actions du soir (difficiles néanmoins à quantifier).
de MDE. Enfin, l’impact en terme de pollu- Toutefois, le marché DOM des LFC est sensi-
tion électronique (phénomène d’harmoniques) blement retombé après les campagnes, même
n’a pas été pris en compte lors les s’il reste à un niveau supérieur à la situation
programmes. antérieure.
Différentes méthodes ont été utilisées pour
52
P R O G R A M M E S
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54
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effectuant des achats groupés par le relai des 1.3 Campagne “100% de lumière, 80%
comités d’entreprise. d’économies” en Corse
Concernant les comportements, une première
évaluation (test IPSOS) a été effectuée trois L’action était en cours de préparation dès mai
jours après la seconde campagne d’affichage, 1994, en vue de diffuser 50 000 LFC de 15 et
afin de mesurer l’impact des messages et le 20 W sur 18 mois (contre 5000 ventes en
rôle ressenti des partenaires. La campagne a temps normal). Une étude de marché avait
été globalement vue, lue ou entendue par 77% permis de fixer l’objectif à 50 000 LFC pour
des interviewés, comprise et appréciée (58%), 180 000 abonnés BT locaux, à la condition
bien que les non-participants l’aient jugée que le prix des LFC soit inférieur à 80 francs.
parfois peu originale ou pas accrocheuse. 95% EDF Corse, l’ADEME Corse et l’Agence de
des sondés ont relevé la bonne initiative des Développement Economique de Corse
partenaires institutionnels, même si l’attribu- (collectivité territoriale) étaient chargés de la
tion revient spontanément à EDF/GDF. Il campagne de communication institutionnelle
existe toutefois une certaine confusion avec grand public (2 MF). Les fabricants (Philips,
une campagne publicitaire menée par Philips OSRAM, GE, Sylvania-Claude) ont été
à la même période. Il est apparu aussi que contactés dès mai 1994 et devaient s’accorder
l’appellation “lampe à économie d’énergie” sur un prix attractif commun autour de
était mieux ressentie que celle parlant de 70-80 F TTC, mais finalement seul General
“basse consommation” (qui laisse une idée de Electric a accepté de s’associer à l’opération
confort réduit). au prix imposé.
Une seconde évaluation portant sur 143 ache- La première campagne publicitaire “100% de
teurs a donné les résultats suivants : les trois lumière, 80% d’économies” a été lancée entre
quarts des achats ont eu lieu durant la période le 16 janvier 1995 et le 31 mars : 11 5000 pla-
promotionnelle, même si les prix d’achat sont quettes envoyées par mailing ; 105 spots en
le plus souvent annoncés comme supérieurs à radios locales ; affichages 4x3 informant sur le
100 F. En moyenne, un participant a acquis produit, sur le prix de 80 F et mentionnant les
3.9 LFC (21% une, 27% quatre ou plus). Les marques et les distributeurs engagés dans l’opé-
LFC, principalement des 15, 20 et 23 W, ont ration ; inserts dans la presse locale pendant
été installées dans les salons (28%), la cuisine trois semaines. Elle devait être suivie d’une éva-
(23%) et la chambre (17%). La quasi-totalité luation et d’une seconde campagne publicitai-
des participants (91%) sont satisfaits/très re tenant compte des résultats de la première.
satisfaits, notamment pour la qualité de En parallèle, un jeu-concours dans les classes
l’éclairage et la durée de vie. L’adaptabilité et de 6ème a été lancé (l’Inspecteur Kilowatt et les
le prix restent les points faibles. années-lumière) ainsi qu’un jeu radiophonique.
Le budget initial s’élevait à 1 MF TTC répar- En avril, après trois mois, 20 000 LFC (hors
tis entre EDF (500kF), ADEME (200kF), les Philips) avaient été vendues, principalement des
autorités locales (200kF) et les fabricants 20 W (46%), des 15 W (35%) et des 23 W
(100kF). 867 kF ont été finalement dépensés. (12%), dont 8200 par les distributeurs parte-
Cette opération est revenue, pour les 10 500 naires. Du fait de problèmes d’approvisionne-
LFC accordées au programme, à 82,5 F de ment en produits GE, les distributeurs parte-
communication par LFC. naires ont vendu presque autant de lampes
55
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OSRAM (34% des ventes) que de lampes GE guide d’évaluation des programmes LFC
(38% des ventes). Le budget s’est élevé à 1.380 (décembre 1994) ou la rédaction commune
kF, dont 1.200 kF pour la seule campagne publi- EDF/ADEME d’un document d’information
citaire, 55 kF d’étude préalable (EDF) et 45 kF sur les LFC sont deux réalisations effectives
d’étude intermédiaire. du GTE, ainsi que la préparation de la table
Une seconde campagne ciblée sur les ronde “Eclairage” de la conférence MDE du
commerces et bars/restaurants (petit tertiaire) 18 janvier 1995.
ayant pour thème “une LFC gratuite pour trois ◗ Programme de tests des LFC au LCIE :
achetées” était prévue pour novembre et ces tests ont concerné les principales LFC
décembre 1995, avec un budget publicitaire disponibles sur le marché sur une durée de
de 600 kF et de 50 kF d’études, pour une 8000 heures de fonctionnement11 à partir d’un
diffusion potentielle de 20 000 LFC. cahier des charges établi par EDF et l'Ademe.
Ils ont été confiés au Laboratoire Central des
1.4 Opérations MDE-FACE pour les LFC Industries Electriques (LCIE), pour l’aptitude
en zones rurales à la fonction (sécurité, performances, durée de
vie, consommation), et à la Direction des
Enfin, on peut mentionner pour mémoire deux Etudes et Recherches (EDF - DER) pour la
projets de diffusion de LFC en zone rurale : dans compatibilité électro-magnétique et l’inci-
l’Aube, pour la diffusion de 20 000 LFC par le dence électronique sur les réseaux de distribu-
SDEA (1.4 MF) et dans le Calvados pour 5000 tion.
LFC par le SDEC (0.5 MF). La logique en est Les résultats des tests LCIE ont globalement
différente, puisque la distribution porte sur cer- montré une bonne qualité des LFC testées
tains départs et non sur l’ensemble d’une zone selon les critères retenus. Il apparaît que les
communale, seul moyen de rendre apparents risques de pollution électronique pour le
les impacts sur la courbe de charge. De plus, réseau de distribution sont faibles dans le rési-
des critères comme le taux de croissance de la dentiel (car LFC diffuses et encore peu utili-
demande deviennent ici prépondérants. sées 12), mais importants dans le tertiaire du
fait d’une plus grande diffusion. On notera
cependant que l’interprétation de certaines
2. Les actions nationales d’encadre- définitions du niveau de confort (schéma de
ment Kruitkof) et la problématique des interactions
éclairage/chauffage laissent envisager des
Par ailleurs plusieurs actions ont été menées problèmes de validation de l’impact des
au plan national dans la perspective d’éven- programmes. Cette question des interactions
tuelles actions de diffusion sur une large éclairage/chauffage, complexe et jamais
échelle, notamment : résolue (voir travaux du CSTB par exemple),
◗ Le Groupe de Travail Eclairage (GTE) : retarde aujourd’hui la validation économique
créé en avril 1994 afin d’impulser et de facili- des opérations Savoie et Corse, voire les
ter le lancement de programmes locaux, il est actions ultérieures.
composé de représentants permanents d’EDF ◗ L’action d’EDF auprès des fabricants :
et de l’ADEME, secondés par des représen- afin d’anticiper une diffusion soutenue des
tants régionaux impliqués. La définition du LFC, un comité technique EDF/fabricants de
56
P R O G R A M M E S
57
M D E - É C L A I R A G E
Notes
1 Près de 200 programmes d’éclairage efficient étaient en cours en 1993 aux USA dans le secteur résidentiel, à
l’initiative de 133 compagnies d’électricité (Lamare L., 1993) et autant dans le secteur commercial et tertiaire
(Nadel S.M. et alii, 1993). En Europe, E. Mills a dénombré près de 50 programmes de promotion de l’éclairage
efficient entre 1987 et 1992 dans 11 pays européens (Mills E., 1993).
2 Producteur et distributeur municipal ; 400 000 clients résidentiels ; 6 TWh en 1992.
3 1 SEK = 0.8 F.
4 Entreprise municipale ; distributeur ; 350 000 clients résidentiels.
5 SEAS : producteur et distributeur, 120 000 clients résidentiels ; producteur et distributeur ; NESA : 400 000 clients
résidentiels.
6 Nombre de foyers participants / nombre total de foyers.
7 Sur la publicité papier, on trouve : “nouvelle génération”, “maintenant, tout lui va”, “une nouvelle silhouette”,
“elle reste jeune beaucoup plus longtemps”, ainsi que des conseils sur le placement des lampes.
8 La pointe du matin, plus dépendante des activités économiques, a été moins réduite.
9 Enquête directe sur les lieux de ventes (1000 réponses) puis relance quatre mois après (500).
10 LFC achetées : 7% de moins de15 W ; 52% de 15 à 18 W ; 41% au-dessus de 18 W. Pour le remplacement, 35%
des LFC ont remplacé une 100 W, 25% une 75 W et 28% une 60 W. On profite de la substitution pour accroître
la puissance lumineuse. De plus, 27% des utilisateurs estiment que l’éclairage est moins fort avec une LFC, d’où
une surpuissance mais 73% pensent le contraire.
11 Philips-Mazda (FEE et Euréka), Osram (DULUX), GE (BIAX), Sylvania-Claude (MINIX), Ecolux (DEF 20),
Please (ballast séparé) et Ecolife (LUMIN). Des essais sur de nouvelles LFC sont venus compléter les LFC initia-
lement retenues (Ultralite, Ecolife, Slim Line Philips)
12 La conclusion de l’étude par EDF-DER montre que le seuil critique en résidentiel est de six LFC par foyer alors
que nous en sommes actuellement à 0.15 LFC par foyer et que les fabricants visent une diffusion portant à 0.6 le
ratio en 1998.
13 Premier prix décerné à Gourdon et Brux pour leur lampe à poser FOLIO.
58
C h a p i t r e 5
Bilan
Bilan
Bilan de l’expérience française et internationale
de promotion de la diffusion des LFC
59
M D E - É C L A I R A G E
A partir de ces résultats, il est possible de faire • enfin, pour les programmes les plus
plusieurs observations : courants et de grande ampleur, de type
• les taux de participation varient incitations financières intégrant ou non un
considérablement d’un programme à un mécanisme de paiement différé, les taux de
autre ; on relève ainsi, en Europe, des taux participation restent assez faible,
de participation dans le résidentiel allant de typiquement entre 5 et 10%.
moins de 1% jusqu’à 100%, avec une En ce qui concerne le secteur commercial, les
moyenne de 15%. taux de participation constatés aux Etats- Unis
• les taux de participation les plus élevés sont généralement inférieurs à ceux des
sont observés sur des programmes de programmes dans le résidentiel, allant de
distribution (Traer, Iowa - KOGE, DK) 0,6% à 16%, pour une moyenne de 4%.
et/ou d’installation gratuite (NEES), ce qui (E. Vine, 1994).
n’est pas surprenant, cette procédure
minimisant les coûts à charge des
utilisateurs. On notera toutefois que même Nombre de lampes diffusées
ces programmes ne permettent pas
d’atteindre systématiquement des taux de Le nombre de lampes diffusées par ménage
participation de 100%. participant peut varier considérablement d’un
• les taux de participation les plus élevés programme à un autre. Il est en moyenne de
sont généralement obtenus pour des 2,5 lampes/ménage pour les programmes
programmes de taille réduite (quelques européens à destination du secteur résidentiel.
milliers de ménages potentiellement Mais il dépasse 5 lampes dans certains
concernés). Plus le nombre de ménages programmes : 6 lampes par ménage pour le
éligibles augmente, moins les taux de premier programme suédois portant sur 2000
participation sont importants. ménages et 8 pour le programme Guadeloupe
portant sur 300 000 ménages.
Globalement, le nombre de lampes diffusées
Tableau 2 : Programmes de diffusion de LFC dans le par les premiers programmes européens
secteur résidentiel aux Etats Unis / Taux de participation (période 1989-91 ; Tableau 1) varie de
Source : M.E. Pye, 1994 quelques milliers d’unités à plusieurs
▼ centaines de milliers. Les plus significatifs en
Entreprises Nature du Ménages Taux de volume sont les programmes Stockholm
programme participa
Energi (réduction - Suède), NESA (réduction
-tion %
Traer Municp. Utility Distribution 900 60 et paiement différé), SEAS (distribution
NEES Installation 74 000 50 gratuite - Danemark), EBA (rabais et paie-
Burlington ED Leasing 14 000 42 ment différé - Pays Bas), avec chacun plus de
Los Angeles DWP Installation 1169 000 35
200 000 unités distribuées, soit une économie
Wisconsin Public Serv Réductions 301 000 28
United Illuminating Installation 100 000 27
d’énergie estimée de l’ordre de 13 000 MWh3.
Boston Edison Réductions 550 000 23 Les programmes de distribution ou d’installa-
Madison G&E Réductions 100 000 12 tion gratuite ont un impact moindre en termes
CMP Réductions 450 000 10 de lampes diffusées parce qu’ils concernent
SCE Subv. fabric 3600 000 5
un nombre réduit de ménages et/ou compor-
60
B I L A N
tent des limites au nombre de lampes acces- installées, conformément aux suggestions
sibles pour chaque ménage participant. de la compagnie, en substitution de lampes
Pour les programmes plus récents (Tableau 3), à forte utilisation et en concordance avec la
à l’exception de certaines actions d’impor- pointe journalière,
tance régionale (Brême 1993) ou à vocation • pendant la période de pointe du soir en
exploratoire (Italie, 1990), les réalisations hiver, 80% des LFC sont utilisées.
concernent des volumes de lampes systémati- Les évaluations réalisées dans les DOM ou en
quement supérieurs à 100 000 unités, et très métropole confirment ces résultats : les LFC
souvent proches de, ou supérieurs à 200 000 achetées sont installées sur les points lumi-
unités. Les incitations financières sous forme neux les plus sollicités qui sont aussi ceux qui
de subventions ou de prix promotionnels contribuent le plus à la demande de pointe.
négociés avec les industriels, sont les princi- Dans les DOM où les opérations de promotion
paux mécanismes de promotion utilisés en des LFC ont été significatives au regard du
association avec d’importantes campagnes de nombre total de ménages, l’impact sur la
communication (cf. infra). pointe est confirmé : la réduction de la pointe
du soir pour la Guadeloupe et la Martinique
est estimée à 7 MW, soit 6 - 7% de la pointe
Economies d’électricité journalière pour la Guadeloupe.
et impact sur les courbes de charge Sous réserve d’investigations plus systéma-
tiques, on peut conclure que les programmes
L’impact réel des actions de diffusion de tech- de diffusion des LFC ont un impact à la fois
nologies d’éclairage efficientes sur les courbes sur la consommation d’énergie (les lampes
de charge est difficile à
apprécier car la réduction Tableau 3 : programmes récents de diffusion de LFC
de la consommation dans le résidentiel en Europe
d’électricité obtenue Source : DEFU [1996] et L. Cauret [1996]
reste relativement faible ▼
en proportion de la Année / Cie Durée Ménages éligibles LBC
demande totale et il est vendues
délicat d’attribuer toutes Allemagne 1993 (Brême) 330 j 270 000 31 200
les variations de consom- Danemark 1992 ELSAM 30 j 1 200 000 408 000
mation observées au seul 1994 national 60 j 2 338 000 568 000
effet des LFC. France 1992 Guadeloupe 60 j 100 000 350 000
Des résultats partiels sur 1993 Martinique 120 000 350 000
un programme danois Irlande 1994 national 6j 1 140 000 1 000 000
(B. Nielsen, 1993) ont 1995 national 6j 100 000 150 000
montré que : Italie 1990 90 j 500 000 15 000
• 90 % des lampes
1995 national 60 j 12 000 000 750 000
distribuées ont
Pays Bas 1991 (PEN) 47 j 489 000 164 000
effectivement été
1994 (PEN) 120 j 238 500 198 000
installées,
Suède 1991/1993 (Uppsala) 60 000 70 000
• les LFC sont
61
M D E - É C L A I R A G E
substituées sont celles qui sont habituellement rapport coût / avantage favorable ; en d’autres
les plus utilisées) et sur la pointe journalière termes, le coût des actions de promotion des
(les LFC installées sont aussi les plus sollici- LFC est inférieur au coût qu’aurait entrainé la
tées pendant la pointe). Les évaluations production d’électricité permettant de satis-
économiques de ces programmes indiquent faire le même besoin d’éclairage (Encadré 1).
par ailleurs que, en règle générale, les écono-
mies d’électricité obtenues présentent un
Efficacité
des instruments d’incitation utilisés
Différents instruments d’incitation ont été dans ces campagnes leur confère un crédit
utilisés par différents acteurs, dont les entre- supplémentaire auprès des consommateurs en
prises électriques dans le cadre de leurs apportant une certaine crédibilité aux infor-
programmes de MDE, pour favoriser la diffu- mations mises en avant par les fabricants. De
sion des technologies d’éclairage efficientes et même, l’envoi de brochures d’information
singulièrement des LFC. Mais les deux caté- directement aux consommateurs, notamment
gories d’instruments les plus utilisées ont été lorsque le mailing est réalisé par une compa-
l’information des consommateurs et les inci- gnie d’électricité en accompagnement de la
tations financières, dont la contribution à facture d’électricité, influe plus nettement sur
l’introduction sur le marché et à la diffusion les décisisons d’achat que les campagnes clas-
des premières LFC est considérée comme siques d’affichage ou relayées par les médias.
essentielle4. Toutefois, les programmes comportant unique-
ment de l’information, sans aucune incitation
financière associée, sont restés relativement peu
Les actions d’information nombreux. Et, en ce qui concerne le secteur rési-
dentiel, ils ont eu de manière générale un suc-
L’intérêt principal des actions d’information cès limité que l’on peut attribuer à une straté-
est d’accroître la notoriété d’un nouveau gie de communication inadaptée5 et surtout, à
produit disponible sur le marché dont la la persistence de la contrainte de prix particu-
distribution et la diffusion sont encore margi- lièrement forte dans la période d’introduction
nales et dont les qualités spécifiques ne sont des LFC sur le marché.
pas immédiatement reconnues par les L’étiquetage des performances énergétiques des
consommateurs (cf. chapitre 3). Une action sources lumineuses constitue un autre instru-
concertée, fabricants, distributeurs, partenaires ment destiné à informer le consommateur sur
institutionnels, permet alors d’en accroître la les différences existant entre les produits d’éclai-
disponibilité et d’attirer l’attention des rage. Le manque de références internationales
consommateurs sur le produit tout en les dans ce domaine ne permet pas encore d’en esti-
mettant en confiance. mer l’efficacité. Il devrait être mis en oeuvre en
L’implication des partenaires “institutionnels” 1997 pour les pays européens (Encadré 2).
62
B I L A N
Coûts indirects
/coûts directs
économisée7
Tableau 4. sur des hypothèses technico-
($90/kWh)
(MWh/an)
Le coût de l’energie économi- économiques (nombre de
Energie
Programmes Secteur
CEE8
sée pour les premiers lampes subsitutées, puissance
programmes européens dans évitée, durées d’utilisation,
NEES (USA) Com./Ind. 104 000 0,35 0,037
le résidentiel est de etc.) ou d’évaluations ex-post
Con Edison Com./Ind. 92 000 0,21 0,068
0,021 $/kWh en moyenne (E. bénéficiant de mesures réali-
Mills, 1993). Un échantillon de sées à l’issue des NMPC (USA) Com./Ind. 134 000 0,05 0,060
programmes américains programmes. De même, les NU-ESLR (USA) Com./Ind. 150 000 0,14 0,025
présentant des taux de partici- coûts des programmes PG&E (USA) Com./Ind. 130 000 0,04 0,050
pation élevés (donc favo- peuvent varier sensiblement SCE (USA) Com./Ind. 97 000 0,09 0,012
rables) conduit à une moyenne selon que l’on intègre ou non, Moyenne Com./Ind. 0,15 0,044
de 0,033 $/kWh pour le secteur à côté des coûts directs Boston Ed. (USA) Résid. 21 000 0,35 0,062
résidentiel (M.E.Pye, 1994). (acquisition et installation des CMP (USA) Résid. 11 000 0,18 0,026
Enfin, une autre évaluation équipements, campagnes de
Mad. G&E (USA) Résid. 6 000 0,22 0,013
plus systématique des communication et de marke-
NEES (USA) Résid. 14 000 - 0,075
programmes réalisés dans le ting, etc.), les coûts indirects
SCE (USA) Résid. 47 000 0,08 0,014
tertiaire aux Etats-Unis, (coûts administratifs) tels que
conduit à un coût moyen de les frais généraux, le coût des UI (USA) Résid. 15 000 0,09 0,032
l’énergie économisée de procédures d’évaluation, ou WPS (USA) Résid. 34 000 0,50 0,029
0,04 $/kWh (J. Eto et alii, 1994). d’encadrement pour la prépa- Moyenne Résid. 0,26 0,033
D’une manière générale, ces ration et le suivi des Stockholm 2 (S) Résid. 5 000 0,53 0,046
coûts se comparent favorable- programmes. Enfin, on peut ou Malmo Ener (S) Résid. 2 000 1,56 0,023
ment aux coûts de production non, tenir compte des modifi- KBV (DK) Résid. 7 000 0,17 0,027
évités ; pour les programmes cations de comportement des EBA (NL) Résid. 14 000 - 0,009
américains concernant le utilisateurs (durées d’utilisa- EVS (D) Résid. 4 000 0,31 0,017
tertiaire, par exemple, le ratio tion), des lampes achetées
KELAG (A) Résid. 10 000 0,07 0,030
moyen du coût de production mais non utilisées, ou des
EDF (F) Résid. 19 000 0,17 0,027
Moyenne Résid. 0,17 0,021
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M D E - É C L A I R A G E
programmes de promotion des LFC ont accru 4 lampes par ménage équipé, soit 14 millions
les ventes dans le secteur résidentiel dans des d’unités dont seule une partie a été acquise par
proportions de 1 à 4. un effet direct des programmes d’incitation.
Cet accroissement du volume des ventes On peut donc parler d’effet levier des pro-
résulte à la fois d’effets directs des incitations, grammes de promotion qui étend leur influen-
financières notamment, mais aussi d’effets ce au delà des seuls participants et d’effet dyna-
indirects sur la notoriété du produit, de mique introduisant une certaine pérennité des
l’amélioration de sa distribution, de l’effet de effets au delà des programmes eux-mêmes. En
démonstration des premières lampes instal- conséquence, on peut considérer que dans les
lées, de l’amélioration des performances du pays du nord de l’Europe, le marché des LFC
fait de l’apprentissage, de la baisse des coûts n’est plus dans la phase initiale d’émergence de
résultant des effets d’échelle, etc. Au la technologie. La notoriété a progressé, les per-
Danemark, l’augmentation des volumes de formances (rendement mais aussi encombre-
ventes a ainsi permis une diminution des prix ment, confort d’utilisation, etc.) se sont sensi-
publics de 50 $ en 1987 à 20 $ en 1991, en blement améliorées, les prix ont diminué,...,
valeur constante. Aux Pays-Bas, de même, la sous l’effet des programmes de promotion qui
diffusion des LFC atteint aujourd’hui 56% des ont permis d’élargir la demande à partir des
ménages, avec une moyenne supérieure à niches initiales.
Notes
1 Les mécanismes d’incitation sont très schématisés (cf. Mills et Pye pour détails) ; Distrib. = distribution gratuite
de lampes efficientes (pas uniquement des LFC dans le cas des programmes américains) ; Installation = installa-
tion gratuite de lampes efficientes (idem) ; Réduction = réductions sur les prix de vente des lampes, sur les points
de vente ou par le biais de coupons de réduction ; Leasing = paiement différé des lampes sur la facture électrique ;
Subv. fabric. = subvention accordée directement au fabricant pour faire baisser les prix de détail.
2 Les données de E. Mills ont été corrigées pour tenir compte des résultats définitifs du programme.
3 Hypothèses : LFC 15 W en substitution 60 W incandescence ; 4 h/j (Mills, 1993).
4 Information et incitations financières sont les instruments les plus utilisés dans le résidentiel et le petit tertiaire.
L’étiquetage des performances énergétiques des sources lumineuses est envisagée au plan européen pour l’année
97 et pourrait contribuer à accélérer la diffusion des LFC (cf. Encadré). Enfin, les normes de performances,
globales ou par composants, sont susceptibles d’influer sur l’efficacité énergétique des systèmes d’éclairage dans
le grand tertiaire notamment mais ne seront pas abordés ici du fait de leur impact limité sur le résidentiel ou le petit
tertiaire.
5 Communication inadaptée parce que trop souvent destinée à des consommateurs a priori dejà convaincus de
l’intérêt du produit.
6 Tous les programmes étudiés par Mills, Eto et Pye n’ont pas été repris dans ce tableau. A titre d’illustration, nous
ne présentons ici que les programmes les plus significatifs du point de vue des quantités d’énergie économisée. En
revanche, les moyennes indiquées sont les moyennes obtenues par Eto et Mills sur l’ensemble des programmes
étudiés.
7 Pour les programmes européens, les quantités d’énergie économisées ont été estimées sur la base des hypothèses
suivantes : 72 kWh/lampe.an (soit 4h/j et 9% de pertes en réseau)
8 Tous les chiffres sont indiqués en $1990 sauf pour les programmes résidentiels américains pour lesquels aucune
précision n'est donnée.
9 Les actions de promotion basées sur des incitations financières ont connu de multiples développements : subven-
tions allouées au consommateur sous forme de remboursement après achat, de coupons de réduction, d’une lampe
gratuite pour plusieurs lampes achetées, etc., ou versées au distributeur, voire directement au producteur. Dans
certains cas, les subventions ont même représenté la totalité du coût des lampes, plusieurs compagnies d’électri-
cité ayant procédé à des distributions gratuites auprès de leurs abonnés.
10 Les mensualités sont souvent calculées de façon à ce que le remboursement du crédit soit inférieur aux économies
d’électricité générées par l’utilisation des lampes.
68
Conclusion
Conclusion
Enseignements
pour la diffusion des technologies efficientes
dans le secteur de l'éclairage en France
L’accroissement des performances énergétiques des sources lumineuses est un des moteurs du
progrès technique dans le secteur de l’éclairage, de même que la miniaturisation, l’amélioration
de la qualité de la lumière et l’augmentation de la durée de vie des produits. Dans certains
secteurs, la diminution des consommations énergétiques résulte plus du progrès technologique
d’ensemble (sur les moteurs électriques, les isolants, les échangeurs, etc.) que d’une recherche
consciente de la performance énergétique. Dans le secteur de l’éclairage, les industriels se sont
attachés depuis l’invention des premières sources lumineuses à en améliorer l’efficacité éner-
gétique. L’apparition de la LFC au début des années 80 atteste de cet effort d’innovation visant
à réduire les consommations énergétiques, au même titre que les nouveaux tubes fluorescents
rectilignes, les ballasts électroniques, le perfectionnement des lampes à décharge, etc.
La LFC occupe toutefois une position particulière parmi les technologies d’éclairage et justifie
de ce fait un intérêt particulier ; il s’agit de la première technologie permettant d’envisager une
substitution progressive des sources très peu efficientes encore majoritairement utilisées dans le
secteur résidentiel. Il n’est évidemment pas question de considérer la LFC comme la lampe qui
pourrait remplacer toutes les autres dans les habitations, les commerces ou les immeubles de
bureaux. Mais il est tout aussi évident que cette nouvelle technologie en se banalisant peut
contribuer de manière très significative à réduire l’intensité énergétique de l’éclairage.
69
M D E - É C L A I R A G E
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la consommation d’électricité pour l’éclairage n’est
pas stabilisée. La croissance continue des besoins d’éclairage s’explique notamment, dans le
tertiaire, par l’augmentation des surfaces éclairées, le recours plus systématique à l’éclairage
artificiel, l’amélioration des conditions de confort, etc., et, dans le résidentiel, par l’accroisse-
ment du nombre de ménages (certes plus petits), l’augmentation du nombre de points lumineux
par unité de surface, la diversification de la fonction éclairage (accentuation, esthétique, mise en
valeur). Cette croissance des besoins n’est que partiellement compensée par l’amélioration de
l’efficacité lumineuse des sources.
A conditions d’usage et structure des ventes inchangées, l’extension du secteur tertiaire et
l’augmentation du nombre de ménages conduisent à une croissance mécanique de la consom-
mation d’électricité pour l’éclairage. Celle-ci devrait atteindre 46,5 TWh au total en 2005, soit
une augmentation de 6% dans le résidentiel et 4% dans le tertiaire.
Une forte accélération de la diffusion des technologies d’éclairage efficientes permettrait
d’inverser cette tendance et de réduire la demande d’électricité à 24,5 TWh, soit un potentiel
d’économie de 22 TWh, en ne considérant que les technologies pouvant être remplacées dans
des conditions économiques acceptables pour les ménages et le tertiaire.
La maîtrise de la demande d’électricité pour les besoins d’éclairage relève d’une approche
globale qui intègre de multiples paramètres tels que le niveau d’éclairement souhaité, les apports
de lumière naturelle, le choix des sources lumineuses et leur positionnement, la modulation de
la puissance en fonction des conditions d’utilisation, etc. Ce type d’approche est à privilégier
pour la construction neuve ou pour des campagnes étendues de rénovation des systèmes d’éclai-
rage, dans le tertiaire public ou le grand tertiaire privé.
Pour systématiser une démarche d’efficacité énergétique de l’éclairage dans cette catégorie de
bâtiments, l’instauration de normes ou de recommandations techniques est une approche qui a
déjà fait ses preuves dans d’autres secteurs (normes thermiques du bâtiment, par exemple). Il
s’agirait ici de définir des niveaux d’intensité lumineuse autorisés (recommandés) pour encou-
rager une approche globale de l’efficacité des systèmes d’éclairage, à compléter par des
systèmes visant à optimiser le recours à l’éclairage artificiel (programmation, détecteurs de
présence, etc.) et une meilleure valorisation des apports de lumière naturelle.
Sans nécessairement conduire à une stabilisation de la croissance des besoins d’éclairage, cette
démarche devrait lui imposer certaines limites tout en préservant des marges de développement
pour les améliorations nécessaires des conditions de confort.
Pour le petit tertiaire privé, les hôtels, les restaurants, les petits commerces ou immeubles de
bureaux, et les logements, cette approche globale semble peu réaliste. Les perspectives d’amélio-
70
C O N C L U S I O N
ration de l’efficacité énergétique se concentrent alors sur l’évolution des rendements des sources
lumineuses, voire des luminaires.
Dans ce secteur, la volonté de maîtriser les coûts de fonctionnement (consommation d’électri-
cité et maintenance des installations) a entraîné une adoption plus rapide des technologies
d’éclairage efficientes, notamment la fluorescence. Cette dynamique a profité aussi aux LFC qui
se sont diffusées d’abord dans le petit tertiaire, même si le taux d’équipement actuel est encore
très inférieur aux possibilités économiques de substitution. L’absence de motivation ou d’infor-
mation à l’égard des consommations d’éclairage, les problèmes de compatibilité avec les lumi-
naires existant ou la volonté de privilégier d’autres sources pour des raisons esthétiques, limitent
une plus large adoption.
Les stratégies à envisager dans ce secteur concernent la mise en place d’actions de sensibilisa-
tion sur les coûts de l’éclairage, d’information et de promotion en faveur des LFC, ciblées sur
certaines professions, l’extension des garanties des fabricants, voire des mécanismes de préfi-
nancement. Elles relèvent pour l’essentiel de stratégies de marketing classiques mais, au même
titre que dans le résidentiel, ces actions acquerraient un poids supplémentaire si elles étaient
associées à un engagement net des pouvoirs publics en leur faveur (cf. infra).
Dans le secteur résidentiel, la situation de l’éclairage efficient est très différente de celle qui
prévaut dans le tertiaire. L’éclairage incandescent y est encore très largement dominant, la
fluorescence ne jouant qu’un rôle marginal principalement sous forme de tubes rectilignes. Le
potentiel théorique de diffusion des LFC y est considérable.
Dans certains pays européens, la LFC n’est plus une technologie marginale et elle assure déjà
une proportion significative des besoins d’éclairage : au Danemark, en Allemagne ou aux Pays
Bas, 50% des ménages sont équipés de LFC, et le taux d’équipement des ménages se situe en
moyenne entre 1,5 et 2,0 lampes1. Ces résultats tiennent probablement à une sensibilité
particulière des consommateurs à l’environnement et à la maîtrise des consommations
énergétiques, mais surtout aux efforts continus déployés depuis la fin des années 80 pour
faciliter la diffusion et l’adoption des LFC dans ces pays.
Les campagnes de promotion ont combiné des actions d’information et de sensibilisation des
consommateurs et des actions d’incitation par les prix. Avec la caution apportée par les
partenaires institutionnels (compagnies d’électricité, agences de maîtrise de l’énergie,
collectivités locales,...), ces actions ont contribué à accroître la notoriété du produit, à réduire le
surcoût par rapport aux technologies standard, et à motiver les consommateurs, créant ainsi une
dynamique initiale. Le maintien des efforts publics a ensuite permis de conforter la demande,
d’élargir le marché, donc de réduire les coûts, et finalement d’atteindre des niveaux de diffusion
significatifs.
Quoique le nombre de lampes par ménage soit déjà significatif, de nouveaux programmes
d’incitation sont mis en oeuvre ou envisagés pour rapprocher le taux d’équipement moyen du
potentiel économique estimé voisin de 10 lampes par ménage.
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Le contexte français :
une diffusion encore très faible
La situation française est très différente de celle des pays d’Europe du Nord. Les taux d’équi-
pement des ménages français sont très inférieurs à ceux de nos voisins, de l’ordre de 0,4 lampe
par ménage (chiffres 1993). Cet écart ne s’explique ni par le prix des lampes ni par le prix de
l’électricité. La maturité de la technologie devrait permettre aujourd’hui un décollage plus net
et une diffusion plus massive de la LFC.
Le marché a toutefois évolué depuis le début des années 90. Les taux de croissance dépassent
15%/an sur les dernières années, la disponibilité des lampes s’est améliorée et les grandes
surfaces généralistes proposent aujourd’hui des LFC à la vente. De plus, même si leur notoriété
reste encore insuffisante, elle s’est sensiblement améliorée depuis quelques années : en 1991,
49% des Français disaient ne pas avoir entendu parler des LFC, contre 31% en 1996
(CREDOC - 1996).
Enfin, signe de la plus grande maturité du marché, les prix ont baissé et il est aujourd’hui
souvent possible de trouver des LFC à un prix voisin de 80 F. Certes, il s’agit de marques de
distributeurs et non pas de lampes de “grandes” marques, mais néanmoins, la contrainte de prix
en est fortement réduite.
Résorption progressive
des contraintes techniques et économiques
Les principales contraintes que rencontre la diffusion des LFC ont donc changé. Si les prix sont
encore considérés comme trop élevés par une majorité de consommateurs, ils ne représentent
plus un obstacle incontournable. Autour de 80F, un premier achat de “curiosité” est envisageable
même si on peut penser qu’il est encore trop important pour permettre une large adoption (plus
de 2 ou 3 lampes par ménage).
Les autres contraintes se situent au plan technologique, pour l’essentiel. Elles concernent prin-
cipalement les problèmes d’encombrement et la commodité d’utilisation (délai d’allumage et de
montée en puissance, impossibilité de modulation de la puissance, etc.). L’évolution des tech-
nologies depuis 10 - 15 ans et certains développements récents montrent que ces problèmes sont
en voie de solution par les fabricants2, à un rythme qui s’accélère à mesure que le marché se
développe.
Enfin, il convient de mentionner, au plan des contraintes technologiques, un problème appa-
remment anodin mais qui peut avoir son importance : l’absence de standard commun aux diffé-
rents fabricants en ce qui concerne la forme des lampes. Cette contrainte qui peut sembler
mineure ne facilite pas une reconnaissance immédiate de la part du consommateur et empêche
la conception de luminaires spécifiques optimisés pour la LFC. L’absence de dénomination
commune aux différents fabricants pose le même problème de reconnaissance de la part des
consommateurs (cf. chap 3).
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auprès du consommateur alors qu’à l’évidence la LFC n’est pas encore équivalente à une
ampoule à incandescence à de nombreux égards (encombrement, poids, rapidité d’allumage,
rendu de couleurs, etc.).
L’halogène fournit l’exemple d’une technologie d’éclairage qui quoi que beaucoup plus coûteuse
que l’incandescence, s’est diffusée très rapidement dans le résidentiel parce qu’elle offre un
nouveau service d’éclairage (indirect, puissant, variable, etc.) associé à une nouvelle esthétique
des luminaires.
Dès lors, on peut suggérer, parallèlement à la diffusion de la LFC comme produit de substitu-
tion, de créer une niche pour un nouveau produit d’éclairage : la lampe à poser avec éclairage
fluorescent et luminaire spécifique, par exemple. Cette démarche permettrait de valoriser la LFC
comme nouvelle technologie d’éclairage, d’en populariser l’usage et d’habituer les consomma-
teurs au rendu de couleur spécifique, et de faciliter l’élargissement de son marché vers les
ampoules d’usage général.
Nous l’avons indiqué, le marché des LFC semble entrer progressivement, en France, dans une
phase de croissance après des années pendant lesquelles la diffusion est restée confidentielle. La
période la plus délicate pour une technologie nouvelle semble achevée. On peut alors se poser
la question de la pertinence d’une intervention des pouvoirs publics pour promouvoir la diffu-
sion de la LFC.
Il est clair qu’une partie importante de l’effort de promotion relève de la stratégie des acteurs
privés, notamment les industriels et les distributeurs. Néanmoins, en complément de cet effort,
il nous paraît essentiel que les pouvoirs publics participent à la promotion de cette technologie
de façon à signaler de façon claire au consommateur l’existence d’enjeux dépassant la seule
sphère commerciale. Compte tenu des contraintes à l’adoption, cette intervention est nécessaire
pour accélérer le rythme et l’ampleur de la diffusion des LFC et ainsi contribuer à la réalisation
des objectifs de maîtrise des consommations énergétiques.
Faut-il pour autant envisager un programme massif de subventions en faveur des LFC comme
pourrait le suggérer l’analyse de l’expérience internationale ?
L’internationalisation des marchés des produits d’éclairage a fait profiter indirectement les
consommateurs français des programmes engagés dans d’autres pays. En effet, l’élargissement
des marchés en Europe du nord et en Allemagne a permis aux producteurs européens d’augmen-
ter leur volume de ventes donc de progresser sur la courbe d’expérience et, en conséquence, de
diminuer leurs coûts de production. La baisse des prix moyens observée sur le marché français
est en partie la résultante de cet effet d’expérience5.
Compte tenu de la baisse déjà engagée sur les prix, on peut penser que l’impact d’un programme
public d’incitation financière sur le marché français serait bien inférieur à l’impact produit dans
les pays nord-européens : le prix des marques de distributeurs est, en France, inférieur au prix
moyen observé dans les pays où la diffusion des LFC est déjà massive. Ainsi, s’il constitue
encore une contrainte, le prix des LFC n’est à l’évidence plus la contrainte principale et les stra-
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Une action de communication institutionnelle de grande ampleur appuyée sur des prix promo-
tionnels négociés avec les constructeurs et les distributeurs, et éventuellement un mécanisme de
leasing sur la facture d’électricité, seraient au coeur de la stratégie à engager pour accélérer la
diffusion des LFC dans le contexte du marché français. Mais d’autres actions publiques pour-
raient utilement compléter celles-ci et accélérer la pénétration des technologies efficientes dans
le secteur de l’éclairage.
Les consommateurs semblent douter des informations émanant des constructeurs et relatives aux
performances techniques des LFC. La durée de vie des lampes par exemple est une caractéris-
tique difficilement appréciable par le consommateur. La crédibilité des informations avancées
par les constructeurs serait sur ce plan nettement améliorée par une procédure de garantie sur
plusieurs années. Un label pourrait aussi y contribuer ; la réglementation européenne sur
l’étiquetage des consommations énergétiques qui doit être étendue aux produits d’éclairage. Il
peut jouer à cet égard un rôle important.
Les problèmes de compatibilité entre LFC et luminaires existant et l’absence d’une offre de
nouveaux luminaires adaptés sont un exemple de contrainte qu’une intervention publique peut
aussi contribuer à réduire. Il s’agit à l’origine d’un problème d’anticipation de la part des fabri-
cants de luminaires peu soucieux de prendre des risques sur un produit dont la diffusion était
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incertaine, particulièrement dans le tertiaire8. A terme, ce problème trouvera une solution avec
la diminution progressive de l’encombrement des LFC et l’extension du marché qui peut susci-
ter une offre nouvelle de la part des fabricants de luminaires. Dans l’immédiat, des instruments
tels que le “procurement”9 peuvent constituer des solutions adaptées pour accélérer la commer-
cialisation de nouveaux luminaires tout en limitant la prise de risque pour les industriels.
Enfin, la contribution potentielle de la LFC à la maîtrise des consommations énergétiques de
l’éclairage ne doit pas conduire à envisager cette seule technologie. La diversification des
besoins d’éclairage, la miniaturisation des sources lumineuses, l’existence de points lumineux
très peu sollicités, sont quelques unes des raisons qui ne permettent pas d’envisager une géné-
ralisation de la LFC dans le résidentiel. Il est donc important d’orienter aussi le progrès techno-
logique sur l’amélioration des autres sources lumineuses, ce que des programmes de coopération
internationale, de type “procurement” peuvent contribuer à faire.
Notes
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Bibliographie
Bibliographie
Chap. 1 :
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Chap. 2 :
Chap. 3 :
Chap. 4 :
78
B I B L I O G R A P H I E
Chap. 5 :
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◗ Mills E. and Piette M.A. : "Advanced energy-efficient lighting systems : progress and
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M D E - É C L A I R A G E
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