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Les

cahiers
du CLIP
Club d’Ing énierie Prospective Energie et Environnement

MDE
L'éclairage
en France
Diffusion des technologies efficientes
de maîtrise de la demande d'électricité
dans le secteur de l'éclairage en France

N °
7 J a n v i e r 1 9 9 7
LES CAHIERS DU CLIP N°7 - Janvier 1997

CLIP
Club d’Ingénierie
Prospective Energie et
Environnement
1, rue du Cerf - 92195 Meudon
Sommaire
Sommaire
MDE, l'éclairage en France
Liste des membres Diffusion des technologies efficientes
ADEME : Agence de de maîtrise de la demande d'électricité
l'Environnement et de la Maîtrise de dans le secteur de l'éclairage en France
l'Energie
ARP (Renault) Synthèse 5
CEA : Commissariat à l'Energie Introduction 7
Atomique
CIRAD : Centre de Coopération Consommation d'électricité
International en Recherche La consommation d'électricité pour les besoins d'éclairage 9
Agronomique • Caractéristiques générales 9
CNRS/Programme ECOTECH • Le secteur industriel 11
(Centre National de la Recherche • Le secteur tertiaire 12
• Les autres secteurs 15
Scientifique/ Programme
• Dynamique des consommations et perspectives de maîtrise de l'énergie d'éclairage 17
Interdisciplinaire de Recherche sur
les Technologies pour Technologies et efficacité
l'Environnement et l'Energie) Les technologies d’éclairage et l’efficacité énergétique 21
CSTB : Centre Scientifique et • Les sources lumineuses 21
Technique du Bâtiment • La MDE dans l'éclairage : une approche globale 28
EDF : Electricité de France
GDF : Gaz de France Offre et comportements
IFP : Institut Français du Pétrole L'offre de produits d'éclairage et les comportements des acteurs 31
INERIS : Institut National de • Analyse de l'offre de LFC 31
l'Environnement Industriel et des • La distribution : un pouvoir croissant sur le marché des lampes 37
• Les comportements d'achat des consommateurs 40
Risques
• Conclusion partielle sur le comportement des acteurs 45
INRETS : Institut National de la
Recherche sur les Transports et leur Les programmes de diffusion
Sécurité Les programmes de promotion de l'éclairage efficient :
PSA : GIE PSA Peugeot Citroën Europe, Dom, métropole 47
STEG : Société Tunisienne de • La place de l'éclairage dans les programmes MDE 47
l'Electricité et du Gaz • Le secteur résidentiel 48
• Les programmes des Départements d'Outre Mer 50
Des responsables des ministères • Les actions en France métropolitaine 53
chargés de l'Environnement, de Bilan
l'Industrie, de la Recherche, de la Bilan de l'expérience française et internationale
Coopération et du Plan font partie du de promotion de la diffusion des LFC 59
Comité de Coordination et
• Impact des programmes 59
d'Orientation Scientifique. • Efficacité des instruments d'incitation utilisés 62
• Dynamisation du marché des LFC 66

Directeur de publication : Conclusion


Benjamin DESSUS Enseignements pour la diffusion des technologies efficientes
Rédaction : Philippe MENANTEAU dans le secteur de l'éclairage en France 69
Maquette : Ivan Pharabod
Bibliographie 77
Editorial
Editorial

L ’étude que nous présentons dans le présent numéro des cahiers du CLIP
est le résultat d'un travail collectif entrepris par six équipes de
recherche d'origines très diverses, le Centre d'Energétique de l'Ecole
des Mines, l'Institut d'Evaluation des Stratégies sur l'Energie et
l'Environnement en Europe (INESTENE), le laboratoire Société,
Environnement, Territoire (SET) de l'Université de Pau, le département
Stratégie et Politique d'Entreprise de l'Ecole des Hautes Etudes Commerciales
(HEC), l'Institut d'Economie et de Politique de l'Energie (IEPE), le Centre de
Recherches et d'Etudes Techniques-Organisations-Pouvoirs de l'Université de
Toulouse.

A l'initiative du Programme Ecotech et avec le soutien financier de deux


autres partenaires du CLIP, l'Ademe et le Ministère de l'Environnement, ces
équipes d'origine et de disciplines diverses (physiciens, ingénieurs, écono-
mistes, sociologues, spécialistes du commerce, du marketing et de l'analyse
industrielle,etc.), se sont regroupées dans une action de recherche coordon-
née (ARC) "ECODIFF" (Diffusion de la maîtrise de l'énergie). Cet ARC s'est
donnée pour but d'étudier les conditions institutionnelles, économiques, finan-
cières, fiscales, réglementaires, etc., de politiques de diffusion sélective du
progrès technique à des fins de préservation des ressources naturelles.

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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E D I T O R I A L

La première des études engagées par cet ARC concernait l'éclairage. Par
bien des aspects elle est exemplaire des problèmes que rencontrent les
différents acteurs pour diffuser auprès du grand public des innovations
technologiques susceptibles d'avoir un effet significatif à la fois sur la
consommation énergétique des ménages et sur la courbe de charge du
producteur d'électricité.

L'étude aborde la question sous différents angles, en utilisant les


méthodes des diverses disciplines qui y ont contribué. Elle les traite aussi
du point de vue de différents acteurs, producteurs, distributeurs, usagers,
pouvoirs publics.

C'est cette diversité d'approche et de points de vue qui fait la richesse et


l'originalité de son travail. On retrouve bien là l'esprit et les méthodes
utilisées au sein du CLIP, cette volonté de mettre à la disposition des
décideurs des éléments de choix pour l'action.

C'est pourquoi, bien que cette étude ait été formellement engagée en
dehors du club, nous avons décidé d'en publier la synthèse, après
concertation avec l'ensemble des partenaires du CLIP dans les cahiers
du CLIP. Nous sommes en effet convaincus que ses lecteurs y trouve-
raient des éléments de réflexion pour l'action.

Je voudrais enfin souligner, pour en féliciter les auteurs, la signature


collective de ce texte, preuve qu'un véritable travail en commun a été
effectué où chacun assume sa part de responsabilité collective.

Benjamin Dessus, Directeur du CLIP

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

4
MDE
MDE
L'ÉCLAIRAGE
L'ÉCLAIRAGE
EN
EN FRANCE
FRANCE
Diffusion des technologies efficientes de maîtrise
de la demande d'électricité dans le secteur de l'éclairage en France
Ce travail a été réalisé dans le cadre de l’ARC Ecodif (programme Ecotech du CNRS
et co-financement de l’Ademe) avec la participation de :
L. Cauret et J. Adnot (Centre d’Energétique - Ecole des Mines) ; R. Durand (HEC) ;
N. Houdant et P. Radanne (Inestene) J.P. Jambes et I. Zotow (SET - Université de Pau) ;
B. Lebot (Ademe) ; Ph. Menanteau et H. Lefebvre (IEPE) ;
M.C. Zelem, L. Camps, D. Luque et S. Merino (CERTOP-Université de Toulouse) ;
sous la direction de Ph. Menanteau (IEPE)

Synthèse
L’éclairage est un domaine mal connu, en plei- la demande d’éclairage se situent dans les
ne évolution technologique, qui représente une secteurs résidentiel et tertiaire.
part importante de la consommation électrique.
Notre analyse a porté sur les enjeux et sur la ◗ Alors que les autres secteurs utilisent déjà
nature des moyens à mettre en oeuvre pour accé- des sources lumineuses efficientes, l’incandes-
lérer cette évolution au service d’objectifs de cence standard reste très largement majoritaire
réduction des consommations. dans le résidentiel. La diffusion des lampes
fluorescentes compactes (LFC) présente de ce
◗ Ce travail a montré que les économies fait un enjeu important, tout particulièrement
d’électricité qui pourraient être réalisées dans dans le résidentiel, car elles présentent une
des conditions économiques sur les usages efficacité énergétique très supérieure.
d’éclairage, en France, sont de l’ordre de
20 TWh en 2005, soit près de 6% de la ◗ Mais l’adoption des LFC se heurte aux
demande annuelle totale d’électricité à cette contraintes que rencontrent les nouvelles tech-
date. Les principaux gisements de maîtrise de nologies au moment de leur introduction sur le

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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M D E - É C L A I R A G E

marché : faible notoriété, méfiance des de programmes de même ampleur. En France,


consommateurs, performances techniques le taux d’équipement des ménages reste très
et/ou économiques insuffisantes, etc.. Le prix faible mais l’état de la technique pourrait
élevé constitue en particulier une contrainte permettre un décollage plus net de la diffu-
majeure, et les perspectives d’économies sion.
d’électricité ne suffisent pas à le justifier aux
yeux des consommateurs, d’autant plus ◗ Des contraintes persistent, mais elles ont
qu’elles sont perçues comme produisant un évolué depuis l’apparition des LFC sur le
moindre confort visuel. marché au début des années 80. Les perfor-
mances techniques ont nettement progressé
◗ Le contournement de cet obstable nécessite grâce à l’expérience acquise par les produc-
une compréhension des motivations d’achat teurs sur les marchés du nord de l’Europe et la
en matière d’éclairage (fonctionnel, confort, contrainte de prix est aujourd’hui moins forte.
ambiance, accentuation, moindre coût,...) : les
LFC souffrent d’un déficit de positionnement ◗ Les barrières liées au défaut d’information
à cet égard, ce qui limite leur diffusion en et de sensibilisation des consommateurs n’ont
l’absence de programmes spécifiques d’inci- pas régressé au même rythme. On peut
tation. estimer que ces contraintes relèvent d’un
déficit de promotion de la part des industriels
◗ Dans plusieurs pays, des compagnies et d’un manque de communication institution-
d’électricité ou des agences gouvernemen- nelle : aucune campagne nationale n’a en effet
tales, ont mis en oeuvre des programmes indiqué clairement en France au consomma-
d’incitation destinés à stimuler la diffusion teur l’intérêt collectif que présente cette tech-
des LFC, qui reposent principalement sur des nologie.
subventions financières. Ces programmes ont
considérablement accru la diffusion initiale ◗ Une telle campagne serait aujourd’hui justi-
des LFC, aux Pays-Bas ou au Danemark mais fiée compte tenu des enjeux énergétiques et de
aussi dans les DOM. La réduction des prix de l’importance symbolique de la fonction éclai-
vente a fortement contribué à motiver les rage, pour combler le retard accumulé en
consommateurs, mais d’autres éléments ont France, en s’appuyant sur la diffusion des
eu aussi leur importance ; la coordination technologies d’éclairage efficientes. Les
réalisée entre les différents acteurs, le contenu modalités pratiques de sa mise en oeuvre
des messages et la nature des moyens d’inci- restent à définir, mais les programmes anté-
tation utilisés (le leasing en particulier) sont rieurs suggèrent qu’elle soit accompagnée
essentiels à la réussite de ces actions. d’incitations financières, même limitées, et
qu’elle associe l’ensemble des acteurs poten-
◗ En conséquence de ces programmes, une tiellement concernés, tout particulièrement les
dynamique de diffusion s’est instaurée dans producteurs et le secteur de la grande distri-
les pays du nord de l’Europe où les taux bution.
d’équipement atteignent ou dépassent 2
lampes par ménage alors qu’ils restent infé-
rieurs à 0,5 dans les pays n’ayant pas engagé

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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Introduction
Introduction

G râce au progrès technologique, de nouveaux équipements électroménagers (réfrigérateurs,


lave-linge, lave-vaisselle, etc.) apparaissent régulièrement sur le marché avec des perfor-
mances énergétiques supérieures à celles des équipements existants. En règle générale, leur coût
global est inférieur à celui des produits standards, même s’ils nécessitent un surcoût à l’achat.
De telle sorte que, si le consommateur était parfaitement rationnel, comme le considère la théorie
économique, il devrait s’orienter préférentiellement vers les technologies présentant les
meilleures performances énergétiques.
En pratique, il est clair que les comportements d’achat des consommateurs obéissent à de
multiples critères de choix parmi lesquels l’efficacité énergétique intervient peu, et parfois pas
du tout. Ainsi les exemples abondent de technologies nouvelles plus efficientes qui n’occupent
que des niches de marché très étroites ou dont la diffusion reste confidentielle.
Cette situation a conduit de nombreux pays depuis une dizaine d’années à essayer d’influer sur
le fonctionnement des marchés pour orienter le changement technique dans un sens plus favo-
rable à la maîtrise des consommations énergétiques. Quels sont les instruments dont dispose la
puissance publique pour cela ? Quelle est leur efficacité ? Comment influent-ils sur le fonction-
nement du marché ?
Ces différentes questions ont conduit à la mise sur pied d’une Action de Recherche Coordonnée
(ARC-Ecodif) dans le cadre du programme Ecotech du CNRS et financée conjointement par
l’Ademe, dont l’objectif est d’améliorer la compréhension des comportements des différents
acteurs impliqués dans les processus d’innovation, depuis les industriels qui conçoivent les tech-
nologies, jusqu’aux consommateurs qui décident de les adopter ou non.
Il s’agit notamment de compléter la notion classique de potentiels d’économie d’électricité
établis sur la base d’analyses technico-économique, par une appréciation plus fine des potentiels
réalisables, à partir d’une meilleure connaissance des motivations d’achat des consommateurs,
des stratégies d’innovation des firmes ou du rôle de la distribution dans la promotion des
produits considérés.
Ce programme nécessitait de faire appel à divers domaines disciplinaires et l’ARC a été volon-
tairement constituée en regroupant des ingénieurs, des économistes, des sociologues, des spécia-
listes du marketing et des stratégies d'entreprises.

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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I N T R O D U C T I O N

Le choix a été fait de centrer, dans un premier temps, le travail sur le secteur de l’éclairage. Ce
choix a été motivé par trois raisons :
◗ le fait qu’il fournit un parfait exemple des difficultés que peut rencontrer la diffusion d’une
technologie efficiente, en l’occurrence la “lampe fluo-compacte” (LFC). Malgré un rendement
énergétique et une durée de vie très supérieurs à ceux des ampoules standards, cette lampe,
apparue sur le marché en 1980, reste dans les faits très peu diffusée, ce qui illustre bien la
faiblesse de l’attrait de l’efficacité énergétique dans les choix des consommateurs.
◗ les enjeux énergétiques de la maîtrise des consommations d’éclairage puisque cet usage repré-
sente de l’ordre de 10% de la consommation totale d'électricité en France, et une proportion plus
importante encore de la puissance appelée en pointe.
◗ le caractère symbolique de l’usage de l’éclairage : de ce fait, une action publique centrée sur
l’éclairage constituerait un signal clair vers les consommateurs et les acteurs économiques, de
l’intérêt collectif que représente la maîtrise de la demande d’électricité.

Dans les deux premiers chapitres sont présentés les enjeux énergétiques de la maîtrise des
consommations dans le secteur de l'éclairage, et les perspectives technologiques offertes par les
stratégies d’innovation des firmes.
Le troisième chapitre identifie les principaux acteurs concernés par la diffusion des lampes fluo-
rescentes compactes et leurs comportements à cet égard. Ce chapitre analyse les motivations des
industriels à développer des produits plus performants en fonction du contexte de concurrence,
le rôle de la grande distribution dans la diffusion des produits d’éclairage et les contraintes et
atouts des LFC auprès des consommateurs.
Le quatrième et le cinquième analysent les programmes de promotion de la diffusion des tech-
nologies d’éclairage efficientes mis en oeuvre au plan international, dans les départements
d’outre-mer et en France métropolitaine. Sont détaillés les différents instruments utilisés pour
susciter l’adoption des LFC par les consommateurs : leurs impacts sur le marché des lampes sont
analysés et comparés.
Enfin, le sixième chapitre tire les enseignements de cette recherche et propose, des moyens d'ac-
tions pour favoriser la diffusion des LFC dans le contexte français et transformer de façon signi-
ficative et durable les comportements d'achat en faveur des technologies efficientes.

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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C h a p i t r e 1

Consommation
Consommation
d'électricité
d'électricité
La consommation d'électricité pour les besoins d'éclairage

Caractéristiques générales
1. La situation française L‘importance relative de l’éclairage par
rapport aux autres usages de l’électricité est,
La consommation d’électricité pour l’éclai- par ailleurs, variable selon le secteur consi-
rage représente une part significative de la déré ; très faible dans l’industrie (moins de
consommation d’électricité. En France, elle 3%), elle atteint 12% dans le résidentiel et
représentait, en 1995, environ 11% de la 27% dans le secteur tertiaire (chiffres 1995 -
consommation totale d’électricité. source Inestene, 1996).
L’essentiel de la consommation s’effectue En conséquence, l’efficacité énergétique de
dans le tertiaire (commerces, bureaux, tertiaire l’éclairage constitue un enjeu plus ou moins
public, etc.) qui représente plus de la moitié important selon les secteurs considérés. En
de la consommation d’électricité, suivi du comparaison d’autres usages, les enjeux
secteur résidentiel. Ces deux secteurs absor- peuvent sembler limités dans l’industrie, mais
bent les trois quarts de la consommation plus motivants dans les secteurs résidentiel et
d’électricité pour l’éclairage, soit environ tertiaire.
30 TWh (Tableau 1).
2. Comparaisons internationales
Tableau 1 : Consommation d'électricité
dans l'éclairage - France - 1990. La France se situe dans la moyenne des pays
Source : EDF, 1992. industrialisés pour ce qui concerne la part de
▼ l’électricité utilisée à des fins d’éclairage. Celle-
Secteur Consommation ci évolue entre 10 et 20% selon les pays consi-
d’électricité (TWh) % dérés (Tableau 2), en fonction du développe-
Tertiaire 20 52 ment des usages thermiques de l’électricité ou
Résidentiel 9 25 de l’importance relative du secteur tertiaire. En
Industriel 4 11
moyenne, pour les pays de l’AIE, la part de la
consommation totale d’électricité affectée aux
Eclairage public 5 12
usages d’éclairage est de 17%. L’éclairage arri-
Total 38 100
ve ainsi en seconde position derrière les moteurs

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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M D E - É C L A I R A G E

industriels (27%) mais nettement devant la cli- durées d’utilisation, rapportées au nombre
matisation des immeubles à usage commer- d’habitants. Il a augmenté de 5%/an en
cial/public (10%), le chauffage des locaux rési- moyenne sur la période 1980-87, et devrait
dentiels (5%) ou la production d’eau chaude continuer à croître à un rythme légèrement
sanitaire (5%) (AIE, 1990). inférieur à 5% sur la période 1987-2000 (CIE,
En France, la répartition des consommations pour 15 pays). L’hypothèse que cette crois-
d’électricité pour l’éclairage par grand secteur sance des besoins d’éclairage ne sera pas
est proche de celle des autres pays industriali- indéfinie peut sembler raisonnable. Pourtant,
sés (Tableau 3) : la majeure partie des si un niveau de saturation existe, aucun pays
consommations d’éclairage s’effectue dans les ne l’aurait encore atteint et il ne serait pas
bâtiments à usage tertiaire, qui représentent prévisible à moyen terme (Mc Gowan, 1990).
souvent plus de 50% de la consommation. Le Différents facteurs influent sur la demande
secteur résidentiel se situe en seconde position d’éclairage. Dans le résidentiel, l’augmenta-
avec 1/4 de la consommation, le reste étant tion du nombre de ménages et du nombre de
réparti entre éclairage public et éclairage points lumineux par foyer contribue à la crois-
industriel. sance du besoin d’éclairage. Dans le secteur
tertiaire, l’extension des surfaces de bureaux,
3. Dynamique de la demande le recours de plus en plus systématique à
l’éclairage artificiel, le développement de
On sait, d’après les travaux réalisés par la nouvelles fonctions de l’éclairage (accentua-
Commission Internationale de l’Eclairage tion, mise en valeur, décoration,...) contri-
(CIE), que les besoins d’éclairage continuent buent à générer une demande additionnelle.
de croître. L’indicateur retenu par la CIE est le Cette croissance de la demande d’éclairage
nombre de lumen.heures par habitant qui n’induit cependant pas un accroissement
mesure la quantité de lumière utilisée et les linéaire de la consommation d’électricité du

Tableau 2 : Demande d’électricité pour l’éclairage - pays Tableau 3 : Consommation d’électricité pour
de l’AIE l’éclairage par grands secteurs - pays de l’AIE -
Sources : (AIE, 1990) et (EDF, 1992) Sources : (AIE, 1990) et (EDF, 1992)
▼ ▼▼
D USA I J UK SW AIE FR
Consommation totale d’électricité (TWh) 354 2275 179 595 250 116 4781 300
Consommation pour l’éclairage (TWh) 35 421 23 nd 40 13 798 38
Conso pour l’éclairage (%) 9,9 18,5 12,8 nd 15,9 10,8 16,7 12,6

D USA I J UK SW FR Moy.
Résidentiel (%) 23 23 30 42 19 21 25 25
Tertiaire et éclairage public (%) 44 62 52 38 61 53 64 58
Industrie (%) 32 15 18 20 20 26 11 17
Total 100 100 100 100 100 100 100 100

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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C O N S O M M A T I O N

fait de l’amélioration des performances éner- ainsi que dans le tertiaire. Seul le secteur rési-
gétiques des sources lumineuses. De dentiel est pour l’instant resté à l’écart de ce
nouvelles sources plus efficientes se sont mouvement et est encore largement dominé
progressivement développées dans les par des sources à faible rendement lumineux.
secteurs de l’industrie et de l’éclairage public,

Le secteur résidentiel
1. Taux d’équipement des ménages quasi totalité de ces besoins d’éclairage, lais-
sant à la fluorescence un rôle marginal.
Les taux d’équipement des ménages, ainsi que Les estimations concernant l’état du parc de
leur répartition selon les pièces du logement, lampes résultent de données relatives au
ne sont pas connus avec précision. En France, marché des sources d’éclairage associées à
les estimations varient dans des proportions des durées de vie moyennes des équipements,
importantes du fait de l’absence d’études complétées par des enquêtes auprès des
portant sur des échantillons suffisants ménages. Elles font apparaître, en France, une
(Tableau 4). On estime qu’un ménage utilise très nette suprématie de l’éclairage incandes-
en moyenne 13 points lumineux (Inestene cent, standard et halogène, avec plus de 90%
1994), mais le nombre de points lumineux des lampes (Tableau 5).
installés et très faiblement utilisés peut être
plus important3. Tableau 5 : Parc de lampes
dans le secteur résidentiel - France - 1990
2. Les sources lumineuses utilisées Sources : (EDF, 1992)

En France, les ménages consacrent près du Lampes (million) %
quart de leur consommation d’électricité Incandescence 237 86
spécifique à l’éclairage. Les sources à incan-
Halogène 16 5
descence (standard ou halogène) assurent la
Tube fluorescent 21,5 7
Tableau 4 : Nombre de points lumineux par Fluocompacte 0,0 0
logement
Total 274 100
Source : (S. Bartlett, 1993) et (EDF, 1992)

DK I NL N SW FR
Maison indiv. 26 - 32* 33 30-50
Appartement 16 - - 23 15-25
Moyenne - 20 25 31 - 10-40**
* logements de 5 pièces et plus individuels ou collectifs ** voir note (3)

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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M D E - É C L A I R A G E

Cette situation n’est pas exceptionnelle ; les 3 - Les durées d’utilisation


rares données internationales disponibles
montrent la même domination des lampes à Seules des mesures directes sur les équipe-
incandescence dans ce secteur (Tableau 6). ments pourraient donner des indications
Mais la place de l’éclairage fluorescent reste, fiables sur les durées d’utilisation des équipe-
en France, très limitée à quelques usages bien ments d’éclairage. Des campagnes de mesures
spécifiques (cuisines, salles de bain, sont en cours, mais elles nécessitent de suivre
garages,...) alors qu’elle est beaucoup plus un grand nombre de ménages pendant une
étendue dans d’autres pays : elle assure ainsi période de relevés assez longue pour conduire
13% de la consommation de l’éclairage rési- à des estimations relativement fiables.
dentiel aux Etats Unis, 23% en Italie, 36% en Le Tableau 7 indique des nombres de points
Suède, contre 6% seulement en France. lumineux par pièce ainsi que les durées
On notera que le parc de lampes est une d’utilisation moyennes. On déduit de ce
donnée essentielle mais insuffisante pour tableau qu’en moyenne près de 8 points lumi-
reconstituer les consommations d’électricité neux par foyer sont utilisés plus d’une heure
de l’éclairage qui dépendent aussi et dans une par jour, sur lesquels 6 seraient utilisés plus de
très large mesure des durées d’utilisation, avec 2 heures/jour. Ces chiffres donnent une
des variations importantes selon les pièces du première indication des pièces dans lesquelles
logement et selon la nature des sources lumi- les durées d’utilisation sont les plus impor-
neuses. tantes et par là, des pièces dans lesquelles la
substitution de sources fluorescentes serait
économiquement envisageable.

Tableau 6: Consommation
Etats Unis Italie Suède France
d’électricité pour l’éclairage

Incandescence 85 75 64 95 dans le secteur résidentiel (%)


Source : (AIE, 1990)
Fluorescence 13 23 36 5 et (EDF, 1992)
Décharge 2 2 0 0
Total 100 100 100 100

Usage nombre durée


de lampes d’utilisation
/ 100 ménages par point
Cuisine / Salle à M. 200 3,0
Circulation 100 0,5
Salon/divers 365 2,5
Tableau 7 : Parc et durées Chambres 410 0,5
d’utilisation des lampes dans le Sanitaires 200 1,5

résidentiel - France 1990.


Total 1275
Sources : (EDF, 1992).

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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C O N S O M M A T I O N

4 - Les consommations d’éclairage Parc total de lampes (millions d’unités) 275


par ménage Taux d’équipement (lampes/ménage) 13
Durée totale d’éclairage (h/jour.ménage) 21
La consommation d’électricité pour l’éclai-
Puissance installée (W/ménage) 775
rage ne fait pas l’objet en France d’un suivi et
Consommation unitaire (kWh/an.ménage) 440
d’une comptabilité spécifiques. Elle doit donc
Consommation totale pour la France (TWh) 10
être estimée à partir de différentes données

dont certaines sont des constructions statis- Tableau 8 : Estimation des consommations
tiques (cf. supra) : nombre de lampes, durées de l’éclairage dans le résidentiel
d’utilisation et consommations énergétiques Source : (EDF, 1992)
unitaires. Les principales hypothèses retenues
sont présentées dans le tableau 8. Elles ménage est de 600 kWh/an dans les pays de
conduisent à une consommation moyenne par l'OCDE, de 400 kWh pour l’Europe, 500 kWh
ménage et par an de 440 kWh, et une consom- au Japon, 750 kWh en Scandinavie et
mation nationale de 10 TWh. 1000 kWh pour l’Amérique du Nord
A titre de comparaison, la consommation (L. Schipper et S. Meyers, 1992).
moyenne estimée pour l’éclairage d’un

Le secteur tertiaire
Comme précisé en début de ce chapitre, la rescentes. Le développement de la fluores-
part de l’éclairage dans le tertiaire représente cence n’est toutefois pas homogène pour tous
plus de 50% de la consommation totale les secteurs, les valeurs indiquées (Tableau 9)
d’éclairage. La part de cet usage sur la n’étant que des moyennes. On constate
consommation totale du secteur était de 31% notamment que les immeubles de bureaux ont
en 1995, dépassant l’usage chauffage élec- principalement recours à l’éclairage fluores-
trique (25 %). cent, mais que les commerces continuent à
utiliser ou reviennent à l’éclairage à incandes-
1. Les sources utilisées cence sous la forme de l’halogène très basse-
tension.
La diversité des sources lumineuses utilisées
dans le tertiaire est plus importante que dans le Tableau 9 : Consommation d’électricité pour l’éclairage
résidentiel. La place de l’incandescence stan- dans le secteur tertiaire (%)
dard, notamment, y est moins marquée, au pro- Sources : (AIE, 1990) et (EDF, 1992)
fit de l’éclairage fluorescent (tubes rectilignes) ▼
mais aussi de l’halogène qui a connu dans ce Etats Unis Italie Suède France
secteur un succès important ces dernières années, Incandescence 15 35 18 41
et pour certains usages, des lampes à décharge. Fluorescence 80 60 79 54
Les besoins d’éclairage du secteur tertiaire
Décharge 5 5 3 5
sont aujourd’hui, dans tous les pays, très
Total 100 100 100 100
majoritairement satisfaits par les sources fluo-

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

13
M D E - É C L A I R A G E

2 - Les caractéristiques générales Dans les usages professionnels, le choix des


de l’éclairage par branche solutions d’éclairage est conditionné par diffé-
rents critères parmi lesquels, des impératifs
Le secteur tertiaire est une agrégation de diffé- d’image de marque, de confort lumineux sur
rentes activités économiques qui présentent des les postes de travail, de mise en valeur des
comportements nettement différenciés en ce qui produits, de minimisation des coûts de fonc-
concerne l’éclairage. Le ratio de la consomma- tionnement, etc. Tous ces critères influent
tion d’électricité pour l’éclairage par unité de considérablement sur les choix d’équipement
surface donne un premier aperçu des écarts exis- et sont spécifiques à chaque activité du
tant entre les sous-secteurs, à la fois en termes secteur.
d’intensités lumineuses et de durées d’utilisa- On remarque que les ratios de consommation
tion (Tableau 10). par unité de surface présentent des variations

Tableau 10 : Consommations unitaires de l’éclairage dans le tertiaire en 1995


Sources : (EDF), traitement et interprétation Inestene.

Branche Remarques sur les conditions d’utilisation Consommation
totale unitaire
(GWh) (kWh/m2/an)
Bureaux Catégorie regroupant les administrations et les activité de 6500 34
bureaux. Les usages de l’éclairage y sont exclusivement diurnes
avec une légère saisonnalité due aux congés et une absence de
demande le week-end.

Commerces Petites et grandes surfaces, et activités artisanales alimentées en 5300 39


basse tension. Les usages y sont principalement diurnes, avec
une faible saisonnalité et une activité réduite de moitié pour le
week-end.

Enseignement Utilisation principalement diurne et en semaine. Une forte 1700 10


saisonnalité est due aux congés annuels.

Santé Activité de nuit. Peu de différences d’utilisation entre le week- 2500 25


end et la semaine (très légère saisonnalité due à
l’ensoleillement).

Cafés-hôtels et Pointe de consommation aux heures des repas et augmentation 1200 24


restaurants de la demande de fin de journée en week-end. Faible
saisonnalité

Autres secteurs Habitat communautaire, sports et loisirs, équipements publics, 3800 de 20 à 27


partie de l’artisanat, et bâtiments liés à l’activité transport.
Faible saisonnalité, peu de différence semaine/week-end, mais
de fortes variations journalières

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

14
C O N S O M M A T I O N

importantes entre les commerces et les bâti- 2 - Consommation globale


ments d’enseignement, écarts dûs à des durées du secteur tertiaire pour l’éclairage
d’utilisation très différentes des locaux, de
même qu’à un développement important de Un moyen d’estimer les consommations de
l’éclairage d’accentuation et de mise en valeur l’éclairage dans le tertiaire consiste à estimer
dans certains commerces. On notera par les surfaces chauffées par branche et à leur
ailleurs que des variations importantes exis- appliquer des ratios de consommation par
tent au sein d’un même sous-secteur ; ainsi, unité de surface (Tableau 10).
par exemple, les ratios de consommation A titre d’illustration la part relative des diffé-
observés dans les immeubles de bureaux aux rents sous-secteurs est indiquée au Tableau 11
Pays-Bas varient de 23 à 67 kWh/m2 selon pour l’année 1995. Il est important de remar-
l’âge des bâtiments alors que les durées quer que plus de 50% de ces consommations
d’utilisation sont très proches (CEC, 1994). sont à attribuer aux seules branches des
Il n’existe pas de données sur les durées bureaux et du commerce. La consommation
d’utilisation de l’éclairage dans le tertiaire, et totale du secteur tertiaire pour les usages
moins encore par branche. Les remarques d’éclairage est alors de 21 TWh4.
qualitatives sur la fréquentation des bâtiments
sont donc les principaux éléments d’informa-
tion utilisables, avec les ratios de consomma-
tion, pour estimer les consommations
d’éclairage par sous-secteurs.

Les autres secteurs


La décomposition des consommations d’élec- était estimée à 4 TWh en 1990. La consom-
tricité pour les usages d’éclairage comprend mation en 1995 devrait être très proche de
deux autres secteurs, l’industrie et l’éclairage cette valeur compte tenu de la faible dyna-
public. Ces deux secteurs sont d’importance mique de cet usage dans l’industrie.
relative équivalente et consomment ensemble Dans l’industrie, les coûts d’exploitation de
9 TWh, soit 23% de la consommation totale l’éclairage (énergie) restent faibles au regard
d’électricité pour l’éclairage. des autres consommations d’électricité du
De même que dans le secteur tertiaire, la secteur, pour l’alimentation des moteurs ou
variété des sources lumineuses utilisées dans pour les usages thermiques notamment.
l’industrie et pour l’éclairage public est L’utilisation des sources fluorescentes et à
importante, l’incandescence n’occupant décharge est principalement motivée par leurs
qu’une place relativement marginale. très longues durées de vie et la réduction
consécutive des coûts de maintenance
1. Le secteur de l’industrie (remplacement des lampes usagées). Par
ailleurs, le développement de la fluorescence
La consommation d’électricité pour les n’a pas rencontré, dans l’industrie, les mêmes
besoins d’éclairage du secteur de l’industrie difficultés que dans d’autres secteurs (le rési-

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

15
M D E - É C L A I R A G E

Etats Unis Italie Suède


2. L’éclairage public
Incandescence 20 15 16
L’éclairage public représente près de 12% de
Fluorescence 60 70 68 la consommation française, soit près de
Décharge 20 15 16 5 TWh en 1990. Les parcs installés par tech-
nologies restent mal connus mais on sait
Total 100 100 100
qu’ils font une large place aux sources à

Tableau 11: Consommation d’électricité pour l’éclairage décharge à haute efficacité lumineuse dans la
dans le secteur industriel (%) plupart des pays de l’OCDE (Tableau 12).
Source : (AIE, 1990) Le choix des sources pour l’éclairage public
est dicté à la fois par des considérations d’effi-
cacité lumineuse et de maîtrise des coûts de
dentiel en particulier) du fait de son rendu de maintenance, avec des contraintes variables en
couleur très spécifique5. Enfin, les exigences ce qui concerne la qualité de la lumière.
moins strictes en matière de qualité de Compte tenu de l’importance des dépenses
lumière, et la nécessité d’intensités lumi- énergétiques liées à l’éclairage public, la
neuses fortes pour certains usages ont permis, plupart des communes ont déjà engagé des
de même que dans l’éclairage public, l’utili- programmes de rénovation des parcs pour
sation des lampes à décharge (Tableau 11). substituer les ballons fluorescents par des
L’état du parc largement dominé par les sources à décharge plus efficientes.
sources à haute efficacité énergétique et la Différentes sources sont utilisées, depuis les
faible importance relative des consommations lampes au sodium (haute ou basse pression)
d’électricité pour les besoins d’éclairage font jusqu’aux nouvelles lampes à induction, qui
passer au second plan les préoccupations présentent toutes des rendements lumineux et
d’amélioration du rendement lumineux dans des durées de vie très élevés (Chap. 2). Les
ce secteur. Des améliorations restent cepen- autres améliorations apportées à l’efficacité
dant encore possibles, relativement limitées au énergétique concernent principalement les
niveau des sources, mais plus importantes en rendements des luminaires et les systèmes de
ce qui concerne les luminaires et la valorisa- mise en service automatique.
tion des apports de lumière naturelle. Du fait de cette attention des collectivités
locales, l’éclairage public est un secteur dans
lequel le rendement lumineux des sources est
Tableau 12: Consommation d’électricité pour l’éclairage déjà très élevé et qui présente des perspectives
public et autres applications dans le secteur public (%) relativement faibles de maîtrise additionnelle
Source : AIE, 1990 des consommations énergétiques.

Etats Unis Italie Suède
Incandescence 5 15 2
Fluorescence 50 15 8
Décharge 45 70 90
Total 100 100 100

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

16
C O N S O M M A T I O N

Dynamique des consommations


et perspectives de maîtrise
de l’énergie d’éclairage

L’examen des consommations d’éclairage par d’électricité et la demande de pointe qui pour-
grand secteur fait apparaître des parcs d’équi- raient être évitées, en ne considérant que les
pements très différenciés. Les exigences en seules technologies rentables.
termes de durée de vie, de puissance lumi-
neuse, de qualité de couleur ou d’efficacité 1. La situation de référence
énergétique, sont en effet très variables selon
qu’il s’agit d’immeubles résidentiels ou de La consommation d’électricité pour l’éclai-
bureaux, d’espaces industriels ou d’éclairage rage en 1995 a été recomposée sur 4 secteurs
public. Ces critères de choix spécifiques ont (le résidentiel, le tertiaire, l’industrie et
naturellement conduit au développement de l’éclairage public) et 12 usages différenciés.
sources lumineuses très efficientes dans La structure des parcs à été relativement
certains secteurs (industrie et éclairage public) simplifiée afin de ne pas trop compliquer
et au maintien de sources moins performantes l’exercice avec des technologies marginales.
ailleurs, dans le résidentiel notamment. Ainsi, les sources utilisées dans le résidentiel
Par ailleurs, au plan national, les secteurs rési- se limitent à l’incandescence (150 et 100 et 60
dentiel et tertiaire représentent 75% de la W), l’halogène standard et la fluorescence
consommation globale d’électricité pour l’usa- (tubes rectilignes et lampes compactes) répar-
ge d’éclairage. De plus, l’usage éclairage occu- tis selon la nature des pièces utilisées. De
pe dans ces deux secteurs une place importan- même, les technologies retenues dans le
te par rapport aux autres usages de l’électricité, tertiaire varient selon le sous-secteur consi-
alors qu’elle est faible dans l’industrie. C’est déré.
donc principalement dans le résidentiel, et dans Les consommations d’électricité pour l’éclai-
le tertiaire dans une moindre mesure, qu’exis- rage ainsi reconstituées sont présentées au
tent des enjeux de maîtrise des consommations Tableau 13.
d’éclairage et qu’il faut envisager la diffusion
de technologies efficientes. Tableau 13 : Consommation estimée
Un exercice de simulation réalisé à l’horizon par secteur - année 1995. Source : Inestene, 1996
2005 permet de juger de l’intérêt d’une accé- ▼
lération de la pénétration des technologies Consommation part
efficientes dans ces deux secteurs, dans une estimée en TWh en %
perspective de maîtrise des consommations Secteur résidentiel 15 33
d’électricité. Pour cela, un scénario de réfé- Secteur tertiaire/ E. public 26 58
rence a été construit qui correspond à l’évolu-
Secteur de l’industrie 4 9
tion tendancielle de la demande. Un scénario
Total 45 100
alternatif fournit une estimation des quantités

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

17
M D E - É C L A I R A G E

Le calage de ces consommations dans le • croissance globale des taux d’équipements


temps à ensuite été effectué sur l’ensemble de de 2% par an sur la période
la demande par rapport à la courbe de charge • stabilisation des durées d’utilisation.
nationale. Ce calage fait apparaître une très La structure des ventes utilisée pour recons-
forte participation de l’éclairage résidentiel truire la situation de référence est supposée ne
aux pointes du matin et du soir. La puissance pas évoluer sur la période. La croissance de la
appelée à 20h pour les seuls usages d’éclai- consommation résulte de la croissance des
rage représente ainsi 19,5% de la pointe natio- déterminants socio-économiques (les surfaces,
nale de 62 GW en 1995 (Graphique 1). les ménages) et de l’évolution du nombre de
points lumineux par unité de surface ou par
2. Les hypothèses de croissance logement. Ces hypothèses produisent un
scénario tendanciel de croissance de la
La demande d’éclairage en 2005 a été estimée demande d’éclairage.
à partir des hypothèses générales suivantes :
• poursuite de la croissance observée pour 3. Le potentiel économique
les déterminants tels que le nombre de de maîtrise de l’énergie
ménages, les surfaces de bureaux, le PIB
dans l’industrie, Le potentiel économique de maîtrise de l’éner-
gie est évalué à partir d’un
Tableau 14 : scénario alternatif (scéna-
Potentiels maximum de maitrise de la demande d’électricité pour l’éclairage. rio “Efficacité énergé-
Source : Inestene, 1996. tique”) au scénario ten-
▼ danciel dans lequel les
Consommation (TWh) Gains (TWh) technologies efficientes
Tendanciel Efficacité remplacent les sources
énergétique conventionnelles dès lors
Résidentiel que cet investissement est
1995 14,7 14,7 0 rentable. Dans le cas du
2000 15,2 9,2 5,9 secteur résidentiel, par
2005 15,6 4,9 10,6 exemple, les lampes fluo-
Tertiaire rescentes compactes rem-
1995 26,1 26,1 0 placent les lampes à incan-
2000 26,6 21,2 5,4 descence lorsque celles-ci
2005 26,9 15,6 11,6 sont utilisées plus de 2,5
Industrie heures par jour, corres-
1995 4,1 4,1 0 pondant à un temps de
2000 3,9 3,9 0 retour de l’ordre de 3 ans
2005 3,8 3,8 0 (cas d’une substitution
Total
d’une lampe incandescen-
1995 44,8 44,8 0
te de 100 W par une LFC
2000 45,8 34,4 11,4
de 20 W 6 à un prix de
2005 46,5 24,4 21,9
110F).

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

18
C O N S O M M A T I O N

On obtient ainsi un potentiel économique de 2005 sur la pointe journalière (ensemble des
maîtrise de la demande d’énergie pour l’éclai- usages) serait de 10% à 20 heures et de 6% à
rage de l’ordre de 22 TWh, soit près de 6% de 8 heures pour le mois de janvier (Graphique
la consommation annuelle totale d’électricité 2). Pour les seuls usages d’éclairage, ce scéna-
(sur une prévision de demande de 455 TWh). rio se traduirait par une réduction de plus de
Pour l’essentiel, ce potentiel tient à la substi- 50% de la puissance appelée sur la pointe de
tution de l’incandescence par la fluorescence 20 heures.
dans le secteur résidentiel, et à la généralisa- Bien entendu, nous verrons dans la suite du
tion des ballasts électroniques dans le tertiaire. document qu’un potentiel économique ne
Les proportions finales de parc seraient alors correspond pas nécessairement à un potentiel
de l’ordre de 30% de lampes fluocompactes d’économie d’énergie mobilisable, des préfé-
(essentiellement dans le résidentiel), et de rences individuelles pouvant conduire à
30% pour des tubes fluorescents équipés de adopter des sources moins efficientes même si
ballasts performants en majorité dans le ce choix apparaît non-économique. Cette
tertiaire. Les éclairages
spécifiques (ambiance, 70 GW
valorisation de produits)
60
restent présents dans la
50
branche du commerce
notamment, et le seuil de 40

rentabilité économique 30

limite la pénétration des 20


LFC à environ 3 lampes 10
Eclairage Autre
par ménage. Aucune
0
action n’a été menée 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 h

dans le secteur industriel.



Cet exercice révèle, par Graphique 1 : Place de l’éclairage sur la courbe de charge
ailleurs, un autre intérêt (janvier 1990)
majeur de la démarche
de MDE sur les consom- Graphique 2 : Impact d’une action de MDE Eclairage
mations d’éclairage : sur la courbe de charge en 2005 (janvier)
l’impact sur les appels de ▼
puissance. Le graphique 80 GW
1 permet de situer la 70
contribution de l’éclai- 60
rage à la demande de 50
pointe sur la journée- 40
type la plus chargée de 30
l’année 1995. Dans le 20

scénario “Efficacité éner- 10


gétique”, l’économie de 0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 h
puissance réalisée en

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

19
M D E - É C L A I R A G E

évaluation permet néanmoins de faire appa- tiel et le tertiaire. En comparaison, les autres
raître les enjeux de la MDE dans l’éclairage, usages électriques présentent des potentiels
en considérant principalement la diffusion de mobilisables plus limités (cf. Inestene, 1996).
technologies plus efficientes dans le résiden-

Notes
1 Les informations quantifiées relatives aux consommations énergétiques de l’éclairage, globales et par secteur, ne
sont pas publiées de façon régulière. D’autre part, des sources distinctes conduisent souvent à des estimations de
consommation assez différentes du fait des incertitudes portant sur les parcs d’équipement ou les durées d’utili-
sation (voir le rapport de l’Inestene pour l’Ademe “Analyse des potentiels d’économie d’électricité dans l’éclai-
rage” de juillet 95). Pour cette raison, nous avons choisi de retenir ici une source unique mais fiable, même si elle
est relativement ancienne.
2 L’éclairage public est ici intégré dans le secteur tertiaire.
3 Le parc réel de lampes est en France compris entre 10 et 40 points lumineux suivant le type de ménage considéré.
Les estimations de consommation dans le résidentiel sont réalisées en retenant une valeur moyenne de 13 lampes
ou équivalent lampes effectivement utilisées, les taux d’utilisation des autres points lumineux conduisant à des
consommations énergétiques relativement négligeables.
4 Elle était estimée à environ 24,5 TWh en 1991, l’éclairage public, consommant près de 4,5 TWh, inclus.
5 La dénomination “blanc industrie” s’appliquait ainsi à des tubes présentant une bonne efficacité énergétique mais
un piètre rendu de couleur.
6 L'équivalence utilisée ici (20W fluorescent = 100W incandescent) est relativement favorable à la fluorescence.
Certains auteurs recommandent de retenir une équivalence de 1 pour 4 qui permet de tenir compte des conditions
d'utilisation et du viellissement des lampes fluorescentes.

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

20
C h a p i t r e 2

Technologies
Technologies
et
et efficacité
efficacité
Les technologies d’éclairage et l’efficacité énergétique

Les sources lumineuses


Les sources lumineuses se répartissent en trois Le progrès technique dans l’éclairage a fait
grandes familles technologiques : les lampes à évoluer les caractéristiques techniques des
incandescence, les lampes fluorescentes et les sources lumineuses sur trois axes principaux :
lampes à décharge. accroissement régulier des performances éner-
Les premières émettent de l’énergie lumineuse gétiques (Graphique 1), amélioration de la
par le biais d’un filament métallique porté à qualité de la lumière émise, et extension des
incandescence par la traversée d’un courant possibilités d’utilisation (miniaturisation, élar-
électrique. Dans le second groupe intégrant les gissement des gammes de puissance, possibi-
lampes fluorescentes et les lampes à décharge, lités de faire varier la puissance d’une même
la lumière est produite par la décharge d’un gaz source, etc....). Cette dynamique caractérise
excité par un courant électrique émis entre deux l’évolution du secteur de l’éclairage depuis un
électrodes (phénomène que l’on peut comparer siècle et continuera certainement à orienter le
à celui de la foudre). Le rayonnement émis est
directement visible pour les lampes à déchar-
ge, alors qu’il résulte d’une transformation d’un Graphique 1 : Accroissement de l'efficacité
rayonnement ultraviolet par le biais de poudres lumineuse des sources Source : (Lux, 1992)
fluorescentes, pour les lampes fluorescentes. ▼
L’origine de l’éclairage à incandescence remon- Sodium Basse Pression
200 lm.w-1
te au 19ème siècle avec la mise au point par
Thomas Edison d’une lampe à filament de car-
bone en 1879. L’apparition de la lampe à déchar- 150
Sodium Haute Pression

ge peut être située à peu près à la même époque,


quant à la première lampe fluorescente, elle a 100

été réalisée par A. Claude en 1936. Pendant cet- Halogénures

te période, la technologie a considérablement Lampe fluorescente


Ballon fluorescent
50
évolué. L’efficacité lumineuse de la lampes de Tungstène halogène

la lampe d'Edison était de 1,5 lm/W, alors que Incandescence

certaines lampes dépassent aujourd'hui 0


1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990
150 lm/W.

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

21
M D E - É C L A I R A G E

changement technique dans les années à venir, quelques watts jusqu’à plusieurs centaines de
notamment en ce qui concerne l’amélioration watts), avec des culots standards à vis ou
des performances énergétiques. baïonnette, et dans de multiples formes et
apparences (claire, dépolie, opale, carrée,
1. Les lampes à incandescence globe, flamme, etc.). S’agissant d’un produit
banalisé, leur prix de vente est très peu élevé,
1.1 les lampes à incandescence standard de l’ordre de quelques francs pour les
ampoules standard à quelques dizaines de
La lampe à incandescence standard se compo- francs pour les ampoules décoratives.
se d’un filament de tungstène enfermé dans une De nombreuses améliorations ont été apportées
capsule de verre translucide vide ou remplie à la lampe à incandescence depuis la lampe
d'une combinaison de gaz neutres. Lorsqu’il est d’Edison (tungstène, double spiralage du fila-
traversé par un courant électrique, le filament ment, introduction de gaz inertes,...) qui ont
est porté à incandescence et émet un rayonne- amélioré sa durée de vie et fait passer son effi-
ment visible à dominante rouge (température cacité lumineuse de 1-2 lm/W à 10-15 lm/W.
de couleur : 2700 °K). La résistance du filament à l’évaporation ne per-
Ces lampes assurent aujourd’hui la quasi tota- mettait pas d’aller au delà de cette limite, une
lité des besoins d’éclairage dans le résidentiel, augmentation de la température étant nécessai-
et une partie importante des besoins dans le re pour atteindre une plus grande efficacité mais
tertiaire. Elles sont disponibles dans une elle se traduisait par une réduction simultannée
gamme de puissance très étendue (de de la durée de vie. L’introduction des cycles
halogènes a permis de contourner cette double
Encadré 1 : Lexique contrainte et d’accroître les performances lumi-
▼ neuses et la durée de vie des lampes.
◗ Efficacité lumineuse :
rapport entre le flux lumineux produit et la puissance élec- 1.2 Les lampes tungstène-halogènes
trique absorbée, exprimée en lumen par watt.
◗ Température de couleur :
caractérise la couleur apparente des sources de lumières.
Les lampes tungstène-halogènes sont des lampes
Exprimée en Kelvins, elle varie de 2500 °K à 7500 °K. Les à incandescence dont le filament fonctionne à
sources de lumière chaudes (tirant sur le jaune-rouge) ont plus haute température sans entraîner une accé-
une température de couleur basse, les couleurs de teinte
lération de l’évaporation grâce à l’introduction
froide (bleu-vert) ont une température de couleur élevée :
• teintes chaudes (lumière jaune/rouge) : < 3300 K de composés halogènes qui permettent la régé-
• teintes intermédiaires : 3300 < TC < 5300 K nération du filament en continu. Le cycle halo-
• teintes froides (lumière bleu/vert) : > 5300 K gène présente un double avantage :
Les sources à incandescence ont une température de
couleur située entre 2400 et 2700 °K
• un accroissement de la température de
◗ Indice de Rendu de Couleur (IRC) : fonctionnement du filament donc une
variant de 0 à 100, il indique l’aptitude d’une lampe à resti- amélioration du rendement lumineux (20 -
tuer l’aspect coloré habituel des objets éclairés par réfé- 25 lm/W),
rence à une lumière de même température de couleur.
IRC > 90 : excellent rendu de couleur
• une réduction de l’évaporation du filament
80<IRC<90 : bon rendu de couleur donc un accroissement de la durée de vie
60<IRC<80 : rendu de couleur modéré de la lampe avec maintien des
IRC<60 : faible ou très faible rendu de couleur
performances (2000 heures environ)

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

22
T E C H N O L O G I E S

L’augmentation de la Incand. stand. Halogène Halogène TBT


température de fonction-
100 W 100 W 50 W3
nement du filament se
traduit aussi par une Flux nominal (lm) 1350 1600
modification de la Efficacité lumineuse (lm/W) 13,5 16 20 - 22
température de couleur, Durée de vie (heures) 1000 2000 3000
et une lumière plus Température de couleur (°K) 2720 2830 3100
blanche que l’éclairage Indice de Rendu de Couleur 100 100 100
classique à incandes-

cence. Tableau 1 : Comparaison des lampes à incandescence standard et halogènes
A l’origine ces lampes Source : Lux N°154
n’étaient disponibles
qu’en deux standards : les halogènes de la décharge dans une vapeur de mercure
“crayons” (basse tension/forte puissance) qui traversée par un courant électrique, décharge
associés à des luminaires de forte puissance et produisant un rayonnement peu visible princi-
modulable, ont popularisé l’éclairage halo- palement situé dans l’ultraviolet. Une poudre
gène dans le secteur résidentiel, et les lampes luminescente située sur l’enveloppe trans-
halogènes très basse-tension (TBT) de petite forme ce rayonnement UV en lumière visible.
taille utilisées en éclairage d’accentuation. Pour fonctionner, les tubes fluorescents néces-
L’une et l’autre nécessitaient des luminaires sitent un appareillage complémentaire (starter,
spécifiques, pour des raisons de sécurité ou ballast) contenu dans le luminaire qui permet
pour l’intégration de l’alimentation. Depuis d’amorcer et d’entretenir la décharge.
peu, les lampes halogènes sont disponibles Les tubes fluorescents ont une efficacité lumi-
avec des culots standards (lampes halogènes à neuse très supérieure à celles des lampes à
double enveloppe) et peuvent se substituer incandescence (50 - 90 lm/W) et une durée de
aux ampoules à incandescence classiques. vie de l’ordre de 10 000 heures.
Enfin, pour être complet sur ce chapitre, il La qualité de la lumière produite dépend
convient de mentionner les recherches portant essentiellement des poudres fluorescentes
sur la mise au point d’une nouvelle lampe à déposées sur l’enveloppe. Les premières
incandescence (probablement de type halo- poudres permettaient d’atteindre une bonne
gène) dont les performances énergétiques efficacité énergétique mais au détriment de la
seraient au moins de 30% supérieures à celles qualité de la lumière produite, ce qui a orienté
de l’incandescence, la durée de vie de l’ordre l’éclairage fluorescent vers les usages ou seule
de 3000 heures, pour un prix qui resterait du l’intensité lumineuse importait (industrie
même ordre de grandeur que celui des lampes notamment). Des progrès sensibles ont été
halogènes (N. Borg, 1996). enregistrés dans ce domaine depuis la fin des
années 70, avec la mise au point de poudres à
2. Les lampes fluorescentes trois bandes et la diminution du diamètre des
tubes, qui permettent d’atteindre aujourd’hui
2.1 les tubes fluorescents 100 lm/W, sans que ces progrès se fassent au
détriment de la qualité de la lumière.
Le principe de l’éclairage fluorescent est celui Les tubes fluorescents sont disponibles dans

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

23
M D E - É C L A I R A G E

plusieurs qualités, principalement, les tubes - la compacité,


“de luxe” à rendu de couleur élevé (IRC supé- - l’intégration des starter et ballast dans le
rieur à 85) dont l’efficacité lumineuse est culot de la lampe.
proche de 60 lm/W et les tubes “écono-
miques” dont le rendement dépasse 80 lm/W Ces deux dernières caractéristiques permettent
mais pour un IRC situé entre 50 et 85. Ces de remplacer une lampe à incandescence par
nouvelles caractéristiques autorisent en une LFC sans modification du luminaire ou de
théorie un élargissement des utilisations de l’alimentation électrique, et ainsi améliorer
l’éclairage fluorescent vers les locaux sensiblement l’efficacité lumineuse : une LFC
tertiaires et même le résidentiel. Deux de 20 W produit un flux lumineux de 1200
contraintes peuvent cependant limiter la diffu- lumens comparable à celui d’une ampoule à
sion des tubes fluorescents dans ces deux incandescence de 80 - 100 W.
secteurs, l’héritage des premiers tubes à On distingue deux grandes familles de LFC, les
lumière “froide” (antérieurs aux progrès des lampes de substitution et les lampes d’intégra-
années 70) et les contraintes liées aux lumi- tion. Les lampes de substitution sont conçues
naires (encombrement des tubes et intégration pour remplacer des lampes à incandescence,
des starter et ballasts). principalement dans le secteur résidentiel. Elles
présentent un culot identique à celui des sources
2.2 Les lampes fluorescentes compactes à incandescence (vis ou douille) et intègrent les
systèmes d’allumage nécessaires à leur fonc-
La lampe fluorescente compacte (LFC) ou lam- tionnement. Les lampes d’intégration à ballast
pe basse-consommation fonctionne selon le séparé sont destinées prioritairement au secteur
même principe que les tubes fluorescents rec- tertiaire, et permettent de remplacer le seul tube
tilignes. Elle bénéficie de ce fait des caracté- en fin de vie. La lampe ne comprend qu’un tube
ristiques propres à l’éclairage fluorescent, effi- fluorescent qui s’adapte directement sur le lumi-
cacité lumineuse (40 - 60 lm/W) et longue durée naire par le biais d’un culot spécifique, le bal-
de vie (environ 8 000 heures), avec deux avan- last étant intégré dans le luminaire.
tages considérables sur les tubes fluorescents : Les premières LFC ont été commercialisées en
Europe par Philips en
Tableau 2 : Comparaison des caractéristiques des lampes à incandescence 1980. Depuis, elles ont
standard et LFC. Source : Lux et catalogue Philips beaucoup évolué ; les pre-
▼ mières lampes étaient
Incandescence Philips SL Philips PL élec. volumineuses et lourdes4,
standard LFC (1980) LFC(1995) et nécessitaient plusieurs
Puissance (W) 75 18 15 minutes pour atteindre leur
Eff. lumineuse (lm/W) 13 50 60 pleine puissance, avec par-
IRC 100 85 85 fois des phénomènes de
Temp. de couleur (°K) 2600 3000 2700 scintillement. L’encom-
brement des lampes
Longueur (mm) 105 175 160
actuelles a été sensible-
Diamètre (mm) 60 64 38
ment réduit de telle sorte
Poids (g) 420 87
qu’une partie des pro-

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

24
T E C H N O L O G I E S

blèmes de compatibilité avec les luminaires Encadré 2 : LFC et qualité de courant


existants devrait disparaître. De même l’intro- ▼
duction des ballasts électroniques en rempla- ◗ Certaines compagnies d’électricité se sont inquiétées des

cement des ballasts électromagnétiques a amé- conséquences sur les réseaux électriques d’un dévelop-

lioré les performances globales, réduit le poids, pement important des LFC. Le problème se pose pour les
lampes à ballast électronique qui peuvent présenter des
diminué le délai d’allumage et supprimé les phé-
facteurs de puissance de 0,5 à 0,6, et de forts courants
nomènes de scintillement (Tableau 2).
harmoniques.
Les ballasts électroniques ainsi que les progrès
◗ Courants harmoniques et mauvais facteurs de puissance
sur les poudres fluorescentes ou la miniaturi-
liés à la présence d’équipements électroniques ont notam-
sation des tubes sont des éléments décisifs des
ment pour conséquence d’imposer un surdimensionne-
progrès techniques enregistrés sur les LFC ment de certaines installations (lignes et transformateurs
depuis 15 ans, même si les premiers ont susci- par exemple). De ce fait, ils sont réglementés par des
té certaines inquiétudes auprès des compagnies normes mais celles-ci ne concernent que les équipements
d’électricité (cf. encadré 2). D’autres amélio- dont la puissance unitaire est supérieure à 25 W, donc pas
rations sont théoriquement encore possibles qui les LFC.
pourraient placer à terme les LFC dans une pla- ◗ Les problèmes de qualité de courant liés aux LFC sont
ge d’efficacité lumineuse de 70 à 90 lm/W déjà aujourd’hui considérés comme mineurs compte tenu de
atteinte pour les tubes rectilignes. leur faible diffusion, mais ils pourraient s’aggraver dans
Il convient enfin de signaler l’apparition il y a une hypothèse de généralisation des LFC pour les usages
quelques mois de la lampe à induction dont la domestique et tertiaire, surtout si celle-ci était accompa-
diffusion est encore confidentielle mais qui gnée d’une croissance explosive de l’électronique dans

pourrait constituer une voie de développement les usages grand public.


◗ Des techniques existent qui permettent de limiter l’émis-
prometteuse de la famille des lampes fluores-
sion d’harmoniques et augmenter le facteur de puis-
centes. Du fait de l’absence d’électrodes, la
sance ; certaines LFC présentent des taux d’émission
durée de vie de la lampe à induction peut être
d’harmoniques très réduits et des facteurs de puissance
sensiblement allongée (les constructeurs
supérieurs à 0,9, mais, les industriels qui redoutent que
annoncent 10 000 heures), et surtout, la
ces solutions ne se traduisent, au moins dans un premier
conception de l’ampoule ne nécessite plus temps, par une augmentation du prix des lampes et un
l’utilisation d’un tube plus ou moins miniatu- ralentissement de la diffusion, ne souhaitent pas pour
risé et peut donc se rapprocher de celle de l'instant les intégrer de façon systématique.
l’ampoule à incandescence5. ◗ Signalons qu’aux Etats Unis, des compagnies d’électricité
Seuls, General Electric et Philips sensibles à cette question n’ont pas souhaité s’engager
commercialisent pour l’instant les lampes à dans un programme de MDE visant à promouvoir la diffu-
induction, en très faibles quantités et pour des sion de LFC standard du fait des conséquences sur le
usages très ciblés 6 . Cette lampe pourrait réseau. Elles ont par contre organisé un programme de
bénéficier d’un avantage sur la LFC par la “procurement” pour accélérer la mise au point de LFC
possibilité de s’affranchir des contraintes possédant un meilleur facteur de puissance, qui ont été
d’encombrement, mais sa diffusion se ensuite diffusées dans le cadre d’un programme de MDE.

heurtera probablement aux mêmes difficultés ◗ Des normes à venir en 1997 pourraient réglementer les

(appréciations des consommateurs sur la facteurs de puissance et taux d’harmoniques des futures
LFC. La fixation des niveaux imposés fait l’objet de négo-
qualité de la lumière fluorescente) avec un
ciations avec les industriels.
handicap de prix encore très important.

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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M D E - É C L A I R A G E

Encadré 3 : éclairage fluorescent et contenu en mercure 3. Les lampes à décharge



Les lampes à décharge se répartissent en deux
La plupart des lampes à décharge contiennent du mercure,
notamment les lampes à vapeur de mercure, les lampes aux grandes familles, la décharge basse pression à
halogénures métalliques, les lampes au sodium et bien laquelle appartiennent les lampes fluorescentes,
entendu les tubes fluorescents rectilignes et les lampes
et la décharge haute pression qui sera décrite
fluorescentes compactes. Par contre, les lampes à incandes-
cence et halogènes ne contiennent pas de mercure. ici. La distinction entre les deux familles tient
au fait que dans la décharge haute pression, le
Compte tenu du développement actuel du marché des LFC,
rayonnement émis par le gaz contenu dans
les quantités de mercure concernées sont encore relative-
ment peu importantes. En Europe, le mercure contenu dans l’ampoule se situe pour l’essentiel dans le visible,
les LFC représente 5% des quantités présentes dans et qu’il ne nécessite donc pas de conversion par
l’ensemble des sources lumineuses (E. Mills & M.A. Piette,
le biais de poudres luminescentes8.
1993). Le risque pouvant devenir plus important dans une
hypothèse de généralisation de l'usage des LFC, différentes Les lampes à décharge à haute pression, que
solutions sont explorées par les industriels et les pouvoirs l’on appellera lampes à décharge (HID en
publics.
anglais), sont les sources qui présentent
La quantité de mercure contenue dans une LFC est de aujourd’hui les plus grandes efficacités lumi-
l’ordre de 5 mg et elle est limitée à 10 mg dans les tubes neuses (80 - 100 lm/W), exception faite des
rectilignes pour l’obtention du label écologique européen. La
lampes au sodium basse pression. Quoi que dis-
tendance est à une nette diminution (réduction par un
facteur deux à trois dans les dernières décennies pour les ponibles dans une gamme de puissance de plus
lampes fluorescentes - op. cité). Certains fabricants tels que en plus étendue, les lampes à décharge sont pour
Osram proposent d’ores et déjà des tubes rectilignes à
faible contenu en mercure ainsi que des lampes à décharge
l’instant encore destinées aux applications qui
sans mercure. requièrent de fortes (ou très fortes) puissances
et elles imposent certaines contraintes en matiè-
Dans l’immédiat, le contenu en mercure des lampes fluores-
centes est encore susceptible d’induire des impacts négatifs
re d’alimentation électrique, montée en puis-
sur l’environnement, notamment dans les pays où les sance, réallumage, sécurité, etc.
déchets sont incinérés7. Les lampes contenant du mercure Malgré ces caractéristiques qui en limitent l’usa-
sont ainsi considérées comme déchets à risques dans
certains pays européens (Suisse, Pays Bas, Autriche,
ge à des applications spécifiques9, les lampes à
Belgique) et nécessitent des filières de collecte et de traite- décharge sont évoquées ici car des progrès
ment spécifiques. La proportion des lampes ainsi récupé- récents rendent possible ou envisageable une
rées serait supérieure à 50% aux Pays Bas et proche de 70%
en Suisse (E. Mills, 1993).
extension progressive vers les applications de
plus faibles puissances, compatibles avec les
Les coûts de recyclage sont très variables selon le type de utilisations dans le résidentiel et le tertiaire.
lampe considéré (de l’ordre de 1,5 $ pour une LFC) mais
largement supérieurs à la valeur du mercure récupéré. Dans
plusieurs pays, des systèmes de taxes sont instaurés dont 3.1 Les lampes à vapeur de mercure
une partie est remboursable en fin de vie et l’autre est utili-
sée pour couvrir le coût du traitement.
Les lampes à vapeur de mercure (aussi appelés
De manière transitoire, il existe des solutions techniques ballons fluorescents) fonctionnent selon un prin-
permettant de gérer le problème de l’élimination du mercure cipe semblable à celui des tubes fluorescents,
contenu dans les lampes. La solution définitive ne peut
toutefois provenir que des industriels eux-mêmes, éventuel-
mais la vapeur de mercure est sous une pres-
lement avec l’appui des pouvoirs publics (programmes de sion élevée. Une partie du rayonnement est émis
R&D ou de “procurement”), avec la réduction progressive du directement par le gaz et une autre par l’inter-
contenu en mercure des lampes à décharge.
médiaire des poudres fluorescentes.

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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T E C H N O L O G I E S

Ces sources ont une durée de vie importante, détriment de l’efficacité lumineuse.
mais une efficacité lumineuse limitée (40 à A haute pression, le maximum d’efficacité
60 lm/W). Elles sont disponibles dans une (100 - 120 lm/W) est obtenu pour un IRC de
gamme de puissance de 50 à 1000 W, et prin- l’ordre de 20, les lampes à décharge couram-
cipalement destinées à l’éclairage public exté- ment utilisées en éclairage extérieur ont une
rieur. Du fait de la concurrence des autres efficacité de 90 lm/W pour un IRC de 60, et
sources à décharge (iodures métalliques et les nouvelles lampes “blanches”, un IRC
sodium) les lampes à vapeur de mercure supérieur à 70 mais au prix d’une efficacité
approchent aujourd’hui de l’obsolescence. lumineuse qui devient inférieure à 60 lm/W.
Elles sont en revanche disponibles dans de
3.2 Les lampes aux halogénures métalliques faibles puissances (moins de 100 W) et
peuvent constituer une source de substitution
Les lampes aux halogénures métalliques utili- pour l’incandescence ou l’halogène mais
sent la technologie des lampes à décharge au uniquement pour l’instant en usage profes-
mercure mais avec des performances amélio- sionnel.
rées provenant de l’addition de composés
halogènes (iodures). Ceux-ci entraînent un
cycle de régénération qui permet d’obtenir des
quantités et qualités de lumière supérieures à Tableau 3 : Caractéristiques techniques
ce que produirait le mercure seul. des sources lumineuses
L’efficacité lumineuse des lampes aux halogé- Source : notices techniques fabricants

nures métalliques est de l’ordre de 80 à
100 lm/W, pour des gammes de puissance Lampes IRC Efficacité Durée de vie
courantes situées entre 250 et 1000 W. De lumineuse économique
(lm/W) (heures)
nouvelles lampes de faible puissance sont
Incandescence
apparues récemment (moins de 100 W et Standard 100 10 - 15 1000
jusqu’à 35 W) principalement destinées à Tungstène halogène
l’éclairage d’accentuation (vitrines, magasins, BT 100 15 - 20 2000
salles d’exposition), qui peuvent laisser TBT 100 15 à 25 2000 - 4000
supposer une diffusion ultérieure en direction Fluorescence
Tube rectiligne
du tertiaire et résidentiel en complément des Standard 60 - 75 50 - 85 8000
sources incandescentes ou halogènes. IRC amélioré >90 50 - 65
Haut rendement 85 70 - 90 8000
3.3 Les lampes au sodium haute-pression LFC
Ballast magnétique 85 50 8000
Ballast électronique 85 45 - 65 8000
Les lampes à vapeur de sodium présentent une
A décharge
efficacité lumineuse extrêmement élevée, le Halogénures métal. 70 - 95 65 - 100 6000
maximum étant atteint avec le sodium basse- Vapeur de mercure HP 30 - 60 40 - 60 20000
pression (près de 200 lm/W) pour un rayonne- Sodium HP
ment monochromatique jaune. En accroissant Standard 20 80 - 130 20000
la pression de vapeur, on obtient une très nette IRC élevé 65 60 - 95 15-20000
Sodium BP monoch. 100 - 200 12000
amélioration du rendu de couleur, mais au

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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M D E - É C L A I R A G E

La MDE dans l'éclairage :


une approche globale

L’efficacité énergétique d’une installation 1. La gestion des apports de lumière


d’éclairage dépend de différents facteurs. Le ou l’éclairage intelligent
rendement des sources lumineuses qui la
composent en est un élément important, mais L’amélioration des performances énergétiques
la performance des autres composants tels de l’éclairage, particulièrement dans les
que les luminaires et les ballasts, ne doit pas secteurs industriel et tertiaire, est liée à l’intro-
non plus être négligée. De plus, les duction de nouvelles sources lumineuses plus
composantes d’une installation d’éclairage efficientes, mais aussi à une meilleure utilisa-
peuvent être individuellement performantes tion des sources existantes.
sans constituer pour autant une réponse Trois approches complémentaires permettent
efficace à un besoin d’éclairage. Il faut pour d’atteindre ce résultat :
cela que le système d’éclairage valorise au - optimiser les apports de lumière naturelle
mieux les apports de lumière naturelle pour retarder le recours aux sources artifi-
disponible, qu’il tienne compte de la nature et cielles, par la conception architecturale,
de la localisation des tâches à accomplir l’amélioration des systèmes d’occultation des
(intensité lumineuse, choix entre des sources ouvertures, la possibilité de moduler les
localisées ou générales), et qu’il s’adapte aux apports solaires, etc.
conditions d’occupation des locaux (horloges, - adapter les puissances lumineuses utilisées à
détecteurs de présence). la quantité de lumière réellement nécessaire,
Ainsi, la conception ou la rénovation d’une en introduisant des systèmes qui permettent
installation d’éclairage dans une perspective de réduire la puissance des sources lumi-
d’amélioration du confort visuel et de neuses, par exemple, ou en réduisant la puis-
maîtrise des dépenses énergétiques relève sance des sources centrales au profit de
d’une approche globale qui débute par sources localisées de moindre puissance.
l’analyse des besoins d’éclairage, maximise - réduire les apports de lumière artificielle
les apports de lumière naturelle, adapte le lorsque l’occupation des locaux ne le néces-
nombre et l’intensité des sources lumineuses site pas, en recourant notamment aux horloges
à la fonction, optimise l’efficacité des et systèmes de programmation par zones, aux
différents composants du système, et détecteurs automatiques de présence ou aux
éventuellement améliore la gestion des variateurs crépusculaires,...
apports de lumière artificielle par le biais de Dans les secteurs industriel et tertiaire, où une
systèmes de programmation ou de détection. partie de la fonction éclairage est déjà assurée
Nous présentons ci-après quelques uns des par des sources lumineuses efficientes (fluo-
moyens techniques permettant d'améliorer rescence ou décharge à haute intensité), les
l'efficacité énergétique d'une installation économies d’énergie à attendre de l’introduc-
d'éclairage. tion de nouvelles sources sont moins impor-
tantes que dans le résidentiel. Les gains

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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T E C H N O L O G I E S

enregistrés récemment sur les tubes fluores- Pour autant, les rendements des luminaires
cents rectilignes (diminution du diamètre) et sont peu pris en compte dans les secteurs
la généralisation des ballasts électroniques industriel et tertiaire, et ce critère est a peu
offrent néanmoins des perspectives impor- près totalement absent des cahiers des charges
tantes sur la fluorescence. La systématisation des luminaires à destination du résidentiel.
de démarches globales de la fonction éclairage Des recherches concernant les luminaires dans
intégrant apports de lumière naturelle, adapta- le résidentiel ou le tertiaire visent notamment
tion aux besoins des utilisateurs et à l’occupa- à adapter ceux-ci aux contraintes d’encombre-
tion des locaux, constitue l’autre voie ment posées par les LFC, ou à l’optimisation
prometteuse pour ces deux secteurs. des réflecteurs compte tenu de la répartition
spécifique de la lumière. L’industrie du lumi-
2. Les luminaires naire étant très atomisée et principalement
constituée de PME, la mobilisation des
Les luminaires jouent plusieurs rôles dans la acteurs dans ce secteur sur des questions
fonction éclairage : support pour l’alimenta- d’efficacité énergétique est difficile. On
tion électrique et pour la lampe, protection de observe néanmoins que des produits nouveaux
l’utilisateur contre le rayonnement direct, spécifiquement conçus pour les LFC appa-
orientation / concentration du flux lumineux raissent sur le marché du luminaire à destina-
produit par la source, et bien entendu, un rôle tion des entreprises et des collectivités.
esthétique.
Les performances de la source lumineuse ou 3. Les ballasts électroniques
du système d’alimentation ne déterminent pas
seules l’efficacité d’un système d’éclairage La fonction du ballast est d’initier la décharge
qui dépend de la quantité de lumière finale- dans un tube fluorescent puis de la stabiliser
ment disponible. Le luminaire dans lequel est en limitant le courant qui traverse la lampe.
installé la source lumineuse participe donc La plupart des ballasts en fonctionnement sont
directement à l’efficacité de l’ensemble et de type “électromagnétique”, mais l’appari-
notamment : tion de ballasts électroniques (à haute
- la forme de l’abat-jour qui oriente et réflé- fréquence) a permis d’améliorer encore les
chit la lumière émise par la source (souvent performances globales de l’éclairage fluores-
prévus à l’origine pour des ampoules à incan- cent.
descence mais non optimisés pour les LFC, Les ballasts électroniques fonctionnent à très
par exemple) haute fréquence et de ce fait suppriment
- la position de l’ampoule dans le système certains désagréments observés avec les
d’éclairage (l'orientation des ampoules dans ballasts électromagnétiques (délai d’allumage,
les lampes à poser est peu favorable aux LFC bourdonnement, papillotements) et réduisent
qui diffusent principalement vers le haut). considérablement le poids des LFC. Mais le
- la plus ou moins grande transparence des principal intérêt réside dans la diminution de
matériaux utilisés pour diffuser le flux lumi- la consommation spécifique du ballast. Un
neux (verres plus ou moins dépolis, plas- ballast électronique a une consommation
tiques) qui influe sur la quantité de lumière propre de 4 ou 5 W, contre 10 W pour un
transmise. ballast électromagnétique, il peut donc induire

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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M D E - É C L A I R A G E

une diminution de la consommation de la essentiellement sur des ballasts électromagné-


lampe de l’ordre de 20%. Par ailleurs, la durée tiques. Autre avantage des ballasts électro-
de vie des lampes est améliorée, de même que niques, ils permettent d’envisager la
la tenue du flux lumineux dans le temps. commercialisation de LFC (et plus générale-
L’intérêt des ballasts électroniques est mani- ment d’éclairage fluorescent) équipées de
feste pour les LFC qui en sont aujourd’hui variateurs de lumière.
majoritairement équipées, mais aussi pour les
tubes fluorescents rectilignes très largement
répandus dans les locaux de bureaux ou le
grand tertiaire et qui fonctionnent encore

Notes

1 A titre de comparaison, si le moteur à explosion avait progressé de la même manière, il serait aujourd’hui possible
de parcourir 500 km avec 1 litre d’essence (P. Lemaigre-Voreaux ,1979).
2 L’IRC des sources à incandescence est de 100 parce que le rayonnement émis par la source est continu sur
l’ensemble du spectre, ce qui permet une restitution de la totalité des couleurs, même si la lumière est très chaude.
En revanche, l’IRC des sources fluorescentes est en général faible, non pas parce que la lumière serait plus
“froide”, mais parce que le spectre est discontinu. Il est possible de créer une ambiance “chaude” avec des sources
fluorescentes, même si l’IRC reste faible.
3 Ces lampes sont alimentées en très basse tension (12 V) et nécessitent un transformateur.
4 Si la LFC est théoriquement concue pour remplacer instantanément une ampoule à incandescence, son volume
plus important peut entraîner des incompatibilités au niveau des luminaires (problèmes d’esthétique voir incom-
patibilité totale).
5 La lampe Genura commercialisée par General Electric en 23 W présente une efficacité lumineuse légèrement infé-
rieure à celle des LFC (50 lm/W) mais un encombrement comparable à celui d’une ampoule à incandescence stan-
dard (h = 127 mm contre 116 mm pour l’équivalent en incandescent).
6 Son prix élevé de l’ordre de 300 ou 400 FF réserve la lampe à induction pour l’instant aux applications où la très
longue durée de vie est considérée comme essentielle, par exemple, dans les endroits d’accès difficile imposant
des coûts de remplacement élevés.
7 Les sources d’énergie fossile contiennent aussi du mercure en plus ou moins grande quantité. En conséquence, la
consommation d’électricité des ampoules à incandescence peut, dans les pays où la production d'électricité est
majoritairement d'origine fossile (ce qui n'est pas le cas en France), produire des quantités de mercure comparables
à celles de la fluorescence (Mills, 1993).
8 Pour être complet, il faut ajouter à la famille des lampes à décharge basse pression, les lampes au sodium qui
produisent un rayonnement directement visible mais monochromatique et situé dans le jaune. Compte tenu de leur
mauvais rendu de couleurs, ces lampes sont uniquement utilisées en éclairage routier. Leur efficacité est passée
de 50 lm/W au début des années 1930 à près de 200 lm/W aujourd’hui.
9 Exemples d’utilisations courantes pour les sources à décharge : éclairage routier ou urbain, installations sportives,
halls industriels ou d’exposition, centres commerciaux, illumination extérieure de bâtiments, etc.

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C h a p i t r e 3

Offre
Offre
et
et comportement
comportement
L'offre de produits d'éclairage et les comportements des acteurs

L’analyse des comportements des acteurs des lampes étant regroupée à l’échelle régio-
autour de la LFC doit permettre de révéler les nale (Europe y compris Europe Centrale,
atouts et les contraintes d'une diffusion soute- Amérique du Nord, Amérique du Sud, Japon,
nue de ce type de lampes en France. Nous etc.), l’analyse des stratégies des producteurs
commencerons par décrire le contexte concur- intégrera une forte dimension internationale.
rentiel dans lequel évoluent les industriels de En revanche, les comportements des distribu-
l’éclairage et le rôle que peut jouer l’innova- teurs et des consommateurs peuvent être
tion technologique à cet égard. La production analysés à l’échelle nationale.

Analyse de l’offre de LFC


1. L’industrie mondiale des lampes : frange peuvent avoir une taille significative ou
un oligopole mondial adopter des stratégies offensives pour
accroître leur part de marché : Panasonic ou
L’industrie des lampes est une industrie très Sylvania Lighting International sont les firmes
fortement concentrée autour d’un nombre les plus représentatives de ce comportement.
limité d’acteurs (oligopole) dont les princi- Le chiffre d’affaires mondial de l’industrie
paux sont General Electric Lighting (GEL), des lampes est supérieur à 200 milliards de
Philips Lighting, et Osram (Cf. encadré 1). Ils francs par an, hors éclairage pour les véhi-
constituent le “cœur” de l’oligopole. La cules. Les luminaires et les lampes assurent
“frange” regroupe quant à elle de nombreuses 75% de ce chiffre d’affaires. Concernant le
entreprises nationales dont les capacités finan- segment des LFC, le volume mondial est de
cières, technologiques et innovatrices sont 240 millions d’unités pour 1995 (IAEEL,
moins importantes que celles des firmes qui 3/96), soit un chiffre d’affaires supérieur à 2
composent le coeur. Certaines firmes de la milliards de francs.

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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M D E - É C L A I R A G E

Encadré 1 : Les grandes entreprises de l'éclairage 2. Caractéristiques


▼ du marché des lampes

Philips Lighting Le marché des lampes connaît des


Philips Lighting est le leader mondial de l'éclairage. Il détient évolutions significatives et contras-
environ 50% des parts de marché en Europe, 36% sur le tées. Il se caractérise notamment par
continent nord américain, et 14% dans le reste du monde.
une double dynamique : d’une part,
Philips Lighting représente, en 1994, 12% des activités du la diminution régulière des ventes de
groupe Philips. Depuis le début des années quatre-vingt, lampes classiques (incandescence) et
Philips a participé à la concentration du secteur de l'éclai-
rage en procédant à de nombreuses acquisitions, depuis d’autre part l'apparition d'un nombre
l'achat de la Compagnie des lampes (1982), jusqu'au rachat croissant de nouveaux produits
récent de l'activité éclairage d'AEG en passant par celui de
l'entreprise polonaise Polam Pila. Philips a également déve- (halogènes et fluorescence).
loppé des joints venture avec Westinghouse Lamps, Kono Depuis le début des années quatre-
Sylvania et EBT China principalement.
vingt dix, on observe une érosion en
General Electric Lighting (GEL) volume des ventes de lampes, toutes
catégories confondues (Cf. le gra-
GEL détient plus de 50% des parts de marché aux Etats-
Unis. phique 1 pour la France). D’autre part,
la technologie de l’incandescence stan-
En Europe, GEL qui ne représentait que 2% du marché en
1988, développe une stratégie offensive pour atteindre 30% dard offre peu de possibilité d’inno-
des parts de marché européennes à l'horizon 2000. En 1989, vation si bien que l’essentiel de la
la décision a été prise de constituer un outil industriel en
Europe. Cette stratégie se traduit par le rachat du
concurrence porte sur les prix, entraî-
Tchécoslovaque Tungsram, du Britannique Thorn Emi, de nant une baisse des marges. En réac-
l'Italien Sivi, et de l'Allemand Linder Licht. Les investisse- tion à ce double phénomène, les pro-
ments de cette première phase se sont élevés à 750 millions
de dollars. ducteurs se sont efforcés de réorienter
le marché sur des produits innovants
La phase suivante consiste à regrouper la logistique au
niveau européen. L'année 1994 voit la construction d'un et à forte valeur ajoutée pour mainte-
centre logistique près de Metz pour approvisionner la nir ou accroître leurs marges. On
France, l'Allemagne, le Bénélux, la Suisse, l'Italie et
l'Autriche. La dernière phase du développement de GEL en
observe ainsi que le volume de lampes
Europe porte sur la baisse des prix dans la grande distribu- vendues en 1995 régresse à 84, pour
tion. Cette politique passe par l'établissement d'accords un indice 100 en 1990, alors que le
d'exclusivité de distribution avec les grandes centrales
d'achat. chiffre d’affaires passe lui à 116.
Pour maintenir le marché en valeur,
Osram
les producteurs repositionnent leurs
Filiale à 100% du géant allemand Siemens, Osram réalise gammes sur des produits à forte valeur
86% de son chiffre d'affaires à l'exportation (46% en
Amérique du Nord, 41% en Europe, 6% en Amérique du Sud,
ajoutée (Graphique 2). Les produits
6% en Asie et 1% dans le reste du monde). Pour l'année issus de la technologie incandescen-
1995, les bénéfices après impôts se sont élevés à 760 ce traditionnelle (lampes standard,
millions de francs.
flammes et sphériques) représentent
La stratégie annoncée vise un renforcement des ventes hors encore 65% des ventes en volume,
de l'Europe avec une attention portée sur les marchés asia-
tiques. L'objectif est de réaliser 90% du CA à l'exportation en mais ne participent plus qu’à 31% des
l'an 2000 et de faire passer le chiffre d'affaires Asie de 1,2 ventes en valeur. A l’inverse, les halo-
milliards de francs à 2,5.
gènes et les LFC, n’occupent respec-

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O F F R E

tivement que 5% et 2% du
marché en volume mais 190 1,8
15% et 14,5% en valeur. 182
Dans une certaine mesu-
180 177
re, les tubes fluorescents 173
1,7
et les lampes à réflecteurs

milliards de francs
participent également au 170
millions d'unités 163 1,6
maintien des marges, mais
la contribution essentielle 160
provient des nouvelles 154 152,5
1,5
technologies, halogène 150
(crayon et TBT) et LFC.
1,4
140

3. Un contexte
concurrentiel situé 130 1,3
dans un univers 1990 1991 1992 1993 1994 1995
de volume

Graphique 1 : Evolution des ventes de lampes
L’univers concurrentiel en volume et en CA du groupe Philips pour la France
dans lequel évolue une
industrie se caractérise par
la combinaison de deux
facteurs : la différencia- Graphique 2 : Représentation du marché français des lampes
tion et le coût. Si les pro- en pourcentage de la valeur et du volume
duits en concurrence sont ▼
relativement comparables,
la principale stratégie
Standard
consiste à adopter des
politiques tarifaires plus Flamme
agressives, donc à recher- Sphérique
cher une meilleure maîtri-
Fluorescente
se des coûts de production.
Par contre, si le produit s’y Halogène
prête, une autre stratégie
LFC
peut consister à essayer de
se différencier en déve- Réflecteur
loppant des caractéris- Autre
tiques spécifiques que
l’entreprise serait seule à 0 5 10 15 20 25 30 %
proposer. Valeur Volume
En ce qui concerne

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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M D E - É C L A I R A G E

l’industrie des lampes, la sensibilité au coût Dans cet univers de volume, l’enjeu principal
est forte alors que la sensibilité à la différen- pour les producteurs est de diminuer le plus
ciation est faible. On parle d’univers de rapidement possible les coûts de production.
volume. Dans ce contexte, la stratégie des La diminution des coûts de production peut
producteurs consiste principalement à essayer être obtenue de différentes manières, progrès
de bénéficier au maximum des effets d’échelle technique ou réduction des coûts des inputs,
pour réduire leurs coûts de production. Cette mais aussi par l’augmentation des volumes de
concentration est rendue possible par le fait production : effet d’échelle ou de série,
que les produits ne sont pas différenciés par apprentissage, amélioration de l’efficacité des
pays 1, ce qui permet une organisation de la processus de production, etc... Les produc-
production au niveau régional. Ainsi par teurs bénéficient alors de ce que l’on appelle
exemple, les LFC produites par GEL en “ effet d’expérience ” (Cf. encadré 2) ; à
Hongrie sont destinées à l’ensemble du mesure que leur volume de production
marché européen. augmente, on observe une diminution
En outre, les possibilités de différenciation tech- progressive des coûts de production.
nique entre les LFC sont relativement limitées, Pour bénéficier au maximum de cet effet
la technologie des composants (ballast électro- d’expérience, un producteur peut être conduit
nique, poudres, cf. chap. 2) étant maîtrisée par à essayer d’accroître sa production pour dimi-
les principaux producteurs. En conséquence, nuer plus rapidement ses coûts3 et améliorer le
dans l’état actuel du marché, aucune LFC ne se positionnement économique de son produit.
démarque nettement de ses concurrentes du Un programme de promotion des LFC peut
point de vue des performances techniques : effi- ainsi en augmentant de manière importante le
cacité lumineuse, qualité de lumière, temps de volume des ventes d’un producteur le faire
mise en service, etc. L’offre est relativement bénéficier de cet effet d’expérience, donc
comparable entre les grandes marques et l’esthé- réduire les coûts de production et à terme les
tique des lampes (forme, taille, couleur) est le prix de vente4.
principal facteur de différenciation. La concur- L’effet d’expérience est ainsi un élément
rence entre les producteurs se porte prioritaire- important de la stratégie des producteurs dans
ment sur la maîtrise des coûts de production et un univers de volume. On notera cependant
sur les stratégies commerciales. que du fait de l’internationalisation de la
Cette stratégie de concurrence sur les coûts fait production, l’effet d’expérience doit être
courir un risque aux principaux producteurs en apprécié au niveau régional (Europe) et non
laissant la porte ouverte à de nouveaux entrants. pas à l’échelle nationale. Le facteur important
On a ainsi pu observer l’introduction sur le mar- est la croissance du volume des ventes cumu-
ché européen de produits en provenance des lées en Europe, et non pas l’accroissement des
pays asiatiques bénéficiant de coûts de pro- ventes dans un pays donné, en particulier si
duction très bas du fait d’économies d’échelle celui-ci représente de faibles parts de marché
et probablement aussi d’une moindre qualité de en Europe. Ainsi, un doublement des ventes
fabrication non immédiatement perceptible au françaises n’aurait qu’une faible incidence sur
consommateur2. Ces produits représenteraient, le volume des ventes européennes, donc un
en France, entre 5 et 15% du volume des ventes très faible impact sur la baisse des coûts de
suivant les estimations. production (moins de 0,1 F/lampe).

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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O F F R E

4. La LFC : un produit de substitution Encadré 2 : L’effet d’expérience et les LFC


des lampes à incandescence ? ▼
L’effet d’expérience résulte de trois sources : les
A l’origine, la LFC est conçue par les construc- économies d’échelle, l’effet d’apprentissage et les
teurs comme une lampe destinée à remplacer innovations technologiques dans les procédés de
progressivement la lampe à incandescence. Cette production. Ces trois effets, dont l’importance relative
nouvelle technologie est motivée notamment peut varier selon les produits considérés, contribuent
par la crise pétrolière qui renchérit fortement le à la réduction des coûts de production.
prix de l’énergie, et par les perspectives appa-
L’analyse de la diminution des coûts de production
remment limitées de développement sur la tech-
dans différents secteurs a permis de mettre en
nologie de l’incandescence. Par ailleurs, depuis
évidence que cette évolution était étroitement liée au
son apparition sur le marché, les constructeurs
volume de production cumulée. Ainsi, on observe
se sont efforcés de rapprocher les caractéris-
pour un grand nombre de produits manufacturés que
tiques techniques de la LFC de celles de l’in-
lorsque le volume de production cumulée est multi-
candescence. Enfin, la croissance du marché de
plié par deux, les coûts de production diminuent de
la LFC au plan mondial suggère qu’il ne s’agit
manière relativement stable de l’ordre de 15 à 20%.
pas simplement d’un produit d’éclairage com-
plémentaire mais qu’il s’opère une substitution En appliquant cet effet d’apprentissage au secteur de
au moins partielle avec l’incandescence. l’éclairage, on peut mesurer l’impact de la croissance
du marché européen sur la diminution des coûts de
Les motivations des producteurs production des LFC et en déduire l’évolution possible
des coûts dans les prochaines années.
Jusqu’au début des années 70, l’industrie de
l’éclairage évolue dans un environnement de La production cumulée de LFC sur le marché euro-
sélection stable et relativement peu concur- péen est estimée en 1995 à près de 215 millions
rentiel. Cette relative stabilité est perturbée d’unités, la croissance annuelle du marché étant de
par les chocs pétroliers qui laissent penser que l’ordre de 16% par an. En faisant l’hypothèse que
les prix de l’énergie pourraient être définitive- l’effet d’expérience pour les LFC est du même ordre
ment orientés à la hausse. de grandeur que celui observé pour les produits
L’anticipation d’une hausse durable des prix manufacturés en général, soit 20% (correspondant à
de l’électricité, liée à l’évolution des prix du une diminution des coûts de production de 20% pour
pétrole, conduit les firmes de l’éclairage à un doublement de la production cumulée) et que le
orienter leur activité de R&D vers l’améliora- coût de production est de 80 F en 1995, la seule crois-
tion de l’efficacité énergétique des sources sance du marché devrait conduire à un coût de
lumineuses, notamment avec la technologie production de 74,8F en 1996 (une baisse de 6,5%).
de la fluorescence. Ce choix du développe-
ment de la fluorescence s’explique aussi par le En appliquant le même raisonnement jusqu’à l’année
fait que les industriels considèrent que la tech- 2000 avec une hypothèse de taux de croissance
nologie de l’incandescence a atteint ses annuel moyen de 10% pour l’Europe, le coût de
production des LFC pourrait se situer autour de 60F
limites en matière d’efficacité lumineuse.
en 2000, soit une baisse du coût de production de
L’introduction du cycle halogène constituera
5,5%/ an.
une innovation importante pour prolonger le

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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cycle de vie de l’incandescence mais elle ne à 240 millions en 1995, ce qui représente
permettra pas d’en accroître significativement quelques pourcents des ventes globales de
l’efficacité lumineuse. lampes à incandescence (2% pour l’année 92,
C’est dans ce contexte que les premières LFC près de 3% en 1994). Les estimations des
sont apparues sur le marché européen au industriels pour la période 95-98 tablent sur
début de l’année 80. Philips est le premier un taux de croissance mondial de l’ordre de
avec la lampe SL commercialisée en avril 80 15%/an qui pourraient conduire à un volume
à pénétrer le marché des lampes, rapidement de ventes global de 350 millions d’unités en
suivi par Osram avec la Circolux, puis Mazda 1998.
et Thorn quelques mois après. Cette croissance a été principalement alimen-
L’objectif annoncé par les producteurs est tée dans un premier temps par le développe-
alors de substituer les LFC aux lampes tradi- ment des lampes d’intégration destinées aux
tionnelles à incandescence. usages professionnels (tertiaire). Très minori-
taires jusqu’au début des années 90, les ventes
L’évolution des caractéristiques de lampes de substitution destinées au rési-
dentiel équilibrent aujourd’hui les ventes des
L’évolution des caractéristiques techniques lampes d’intégration. Elles ne se limitent plus
des LFC les rapproche progressivement des aux seuls pays industrialisés mais concernent
lampes à incandescence. Les recherches effec- de plus en plus certaines régions du monde en
tuées autour de la qualité de la lumière développement, notamment celles à crois-
produite et de l’encombrement notamment sance économique rapide : Chine, Asie,
sont destinées à combler l’écart existant entre Amérique Latine dans une moindre mesure.
les deux technologies et à rendre la LFC Faut-il pour autant considérer que les LFC
acceptable pour le consommateur habitué aux sont appelées à remplacer définitivement les
caractéristiques techniques de l’incandes- lampes à incandescence ? Probablement pas.
cence. Les développements récents concer- Si la LFC a bien été conçue à l’origine comme
nant la rapidité de mise en service des lampes un produit de substitution de l’incandescence5,
et l’absence de papillotement de la lumière on peut aujourd’hui penser que cette substitu-
vont dans le même sens. tion ne sera que partielle pour différentes
On notera par ailleurs que contrairement aux raisons ; les prix de l’énergie sont moins favo-
premières lampes halogènes, les LFC desti- rables à l’efficacité énergétique, mais surtout
nées au secteur résidentiel ont été conçues à les besoins d’éclairage et l’esthétique des
l’origine avec un culot standard de façon à sources évoluent (développement de l’éclai-
pouvoir se substituer sans difficulté aux rage d’accentuation par exemple), la miniatu-
lampes à incandescence. risation des sources est de plus en plus
appréciée des consommateurs (l’halogène
La dynamique de croissance TBT), etc...
La LFC participe à l’augmentation de la
La dynamique du marché des LFC suggère un diversité des sources dans le résidentiel mais
marché de substitution et non plus un marché elle n’occupera pas la place largement domi-
de niches. Les ventes mondiales de LFC sont nante qui est encore celle de l’incandescence.
ainsi passées de 45 millions d’unités en 1988 Par ailleurs, sa diffusion pourra être très

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variable, en rythme et en volume, selon les (en millions 1993 1995 1996
préférences et les caractéristiques des marchés de lampes) (estimation)
nationaux. Incandescence 260 250-260 250-259
Halogène 29 22-28 22-27
LFC 1,5 3,6-4 4,5-4,8
5. Spécificité du marché français

Le segment LFC en France est en forte Tableau 2 : Estimation des volumes de ventes des
progression même s’il reste encore limité en lampes en France. Sources : Producteurs.

volume (Tableau 2). Il convient cependant


d’opérer une distinction entre lampes d’inté- ménage. Il est intéressant de rapprocher cette
gration et de substitution6. situation de celle de l’halogène très largement
Le sous-segment intégration s’est beaucoup développé en France. Seules l’Allemagne et la
plus développé que le sous-segment substitu- Suisse ont adopté l’éclairage halogène dans
tion au cours des dernières années. En propor- des proportions comparables. Mais dans ces
tion, en 1995, en France, les lampes deux pays, la fluorescence est aussi très déve-
d’intégration représentaient toujours plus de la loppée sous la forme rectiligne aussi bien que
moitié des ventes (environ 55%). Les lampes compacte, traduisant une diversification des
de substitution sont en progression constante sources d’éclairage dans le résidentiel. En
et l’objectif est fixé par les différents produc- France, en revanche, les comportements
teurs à l’horizon 2000 d’inverser les propor- semblent favoriser l’halogène au détriment
tions : intégration 25%, substitution 75% du des sources efficientes dont la diffusion est
total des ventes. Au niveau mondial, la part du globalement inférieure à la moyenne euro-
sous-segment substitution est déjà majoritaire péenne7.
en volume. Ainsi, même si les taux de croissance obser-
En ce qui concerne les lampes de substitution, vés ces trois dernières années suggèrent une
la France se situe dans les dernières positions évolution récente, la LFC est encore en
en Europe, aussi bien pour le parc installé que France un produit de “niche” et non pas un
pour le nombre de lampes achetées par réel produit de substitution à l’incandescence.

La distribution : un pouvoir croissant


sur le marché des lampes
1. La place de distribution. En 1992, on comptait 1,6
de la grande distribution en France hypermarchés pour 100 000 habitants.
Aujourd’hui les hypermarchés représentent
La spécificité du marché des lampes en 46% du chiffre d’affaire du libre-service
France réside dans la puissance des hyper- (contre 34% en Grande-Bretagne, 27% aux
marchés et des supermarchés sur les circuits USA et 22% en Allemagne) et 83% des

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ventes sont réalisées par 10% des enseignes teurs domestiques : les grandes surfaces
les plus importantes8. alimentaires (GSA) et les grandes surfaces de
Deux grands systèmes de distribution propo- bricolage (GSB). Cette distinction est impor-
sent des LFC à la vente pour les consomma- tante car GSA et GSB adoptent des stratégies
différentes à l’égard de la LFC.
Encadré 3 : Essai de typologie des systèmes
de référencement des GMS
▼ 2. Typologie de la distribution
◗ Type centralisé.
Obligation pour les chefs de rayon de Les stratégies et les méthodes du secteur de la
travailler avec des fournisseurs référencés
distribution ne sont pas homogènes.
par la centrale d’achat. Cette dernière arrête
L’encadré 3 propose une typologie des
la gamme, négocie les prix et les services,
établit un plan de rayon type par type de systèmes de référencement des GSA et GSB
surface, promotion... autour de trois types : centralisé, indépendant,
Référence un seul producteur de lampe et intermédiaire.
pour tous les magasins : Carrefour, De cette typologie, il ressort quatre types
Auchan, Géant Casino, Continent. d’intérêts différents pour la promotion des
Référence plusieurs producteurs de LFC :
lampes : Castorama, Leroy Merlin,
• les GSB offensives (GSB indépendantes de
M.Bricolage, Mammouth.
type magasin test9), qui associent
◗ Type indépendant. prescription, conseil, promotion et
La centrale représente avant tout une force communication. Elles s’avèrent être des
de proposition, capable de négocier les soutiens efficaces et intéressants pour
produits à des prix avantageux. Les direc- promouvoir les LFC;
teurs et les responsables de rayon sont • les GSB qui fondent leurs stratégies sur le
libres de travailler avec les fournisseurs conseil et l’information mais qui
référencés ou non référencés. Leclerc, Bati.
concentrent leurs efforts pendant les
E. Leclerc, Intermarché
périodes de promotions des LFC (souvent
◗ Type intermédiaire. saisonnières) ; la tendance dans ce groupe
La centrale référence plusieurs fournis- est en outre à la diminution de la fonction
seurs d’ampoules et négocie les prix conseil;
d’achat, établit un calendrier de promotions • les GSA dont la politique commerciale est
nationales. Elle envoie, “le cadencier” fondée sur l’événementiel et dont l’intérêt
(catalogue de produits et de marques
pour la promotion des LFC est croissant.
référencés qui donne les prix d’achat et les
Elles sont aujourd’hui les principaux lieux
prix de vente conseillés) à chaque respon-
sable de magasin. d’achat des LFC pour les ménages;
Sur cette base, les responsables de rayon • les petites surfaces alimentaires et de
établissent leur gamme de produits. Les bricolage dont l’intérêt pour la promotion
responsables de rayon ont, en outre, la des LFC demeure modéré compte tenu de
possibilité de travailler parallèlement avec la structure actuelle du marché.
des fournisseurs non référencés.Bricorama, Les producteurs de lampes ont, dans un
Bricomarché.
premier temps, visé les GSB considérées

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O F F R E

comme des prescripteurs efficaces pour la Les marques de distributeurs ont été intro-
diffusion des LFC. Les GSB mettent en valeur duites en 1992, a un prix sensiblement infé-
le produit innovant et l’accompagnent par des rieur à celui des grandes marques. Ces
conseils. Cet effort s’est traduit par une série produits (MDD) représentaient 34,1% des
d’investissements importants notamment dans ventes en volume, pour un chiffre d’affaires
la formation de la force de vente. Toutefois, en croissance de 4% pour l’année 1994. Elles
compte tenu de l’évolution du cycle de vie du ont largement contribué à la réduction du prix
produit, l’enjeu consiste maintenant à déve- moyen de vente des LFC.
lopper des opérations de promotion dans les Quel est l’intérêt des producteurs à accepter le
GSA. développement des MDD sur les produits
Les relations entre producteurs et distributeurs d’éclairage ? Deux hypothèses peuvent être
demeurent caractérisées par la faiblesse des avancées ; la première tient au fait que nous
préoccupations techniques et énergétiques10. nous situons dans une stratégie de volume
Les négociations, par le biais des centrales dans lequel l’enjeu est de réduire les coûts de
d’achat, ont alors tendance à se limiter au seul production en descendant sur la courbe
facteur prix. On doit toutefois noter la volonté d’expérience. La production des MDD permet
des constructeurs de développer des relations alors d’accroître le volume cumulé de chaque
différentes avec les centrales d’achat et basées producteur donc d’accroître l’effet d’expé-
sur une offre de produits élargie et pérenne. rience. La seconde hypothèse relève des
A ce titre, la LFC est un produit porteur formes de concurrence par les pays asiatiques.
d’image et de marge, de nature à accrocher le En acceptant de répondre aux appels d’offre
client (produit d’appel) et à le fidéliser. Il des GSA, les producteurs se protègent de la
s’agit donc d’un produit intéressant pour les pénétration des produits de qualité médiocre
distributeurs, ce qui explique l’émergence des car les GSA sont tenues de ne proposer que
marques de distributeurs (MDD). les lampes du producteur.
Pour les producteurs, il est essentiel d’être rete-
nu par une centrale d’achat car cela leur garan-
3. L’enjeu des marques tit une très large distribution de leurs produits
de distributeurs (MDD) dans tous les magasins de l’enseigne, et ce sans
concurrence. Les centrales d’achat assurent alors
Les GSA ont obtenu de la part des producteurs aux producteurs des volumes de vente impor-
la réalisation de MDD à leur enseigne. On trou- tants sous leur marque ainsi que la production
ve ainsi dans les GSA, une référence de marque des MDD associées. Dans un univers de volu-
du producteur, avec parfois une sous marque du me, les accords de distribution avec les cen-
producteur positionnée dans les premiers prix trales d’achat sont des enjeux stratégiques qui
et une MDD. La procédure d’attribution est réa- donnent un avantage pour les producteurs rete-
lisée sur appel d’offre et conduit à l’éviction nus.
des marques concurrentes : pour l’enseigne Sur le terrain, cette stratégie se traduit par une
Carrefour, par exemple, Philips est la marque forte rivalité entre les producteurs afin que leurs
producteur, Krypton, une sous-marque 1er prix marques soient présentes sur les rayonnages des
du même producteur, et Carrefour, la marque grandes surfaces. Ainsi GEL, qui veut augmenter
du distributeur. sa présence sur le marché français, a évincé

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Enseigne Marques Prix moyens Marque


Philips en mars 1991 du groupe Paridoc
(enseigne Mammouth) et en avril 1995 du grou-
(F/ LFC*) 1er prix
pe Promodes. Philips réagira en reprenant en
Carrefour Philips 129,00 Krypton (Claude)
1995 l’exclusivité de la distribution pour la cen-
Carrefour 80,00
trale d’achat Paridoc et fera sortir des linéaires,
Géant Philips 145,00 Luxor (Philips)
Casino Pas de LFC du même coup, les lampes GEL et Osram
Leclerc Osram 85,00** Clartec (Tableau 3).
Clartec Pas de LFC Le distributeur est un acteur important dans la
Continent GE 139,00 Patria (GE) dynamique de diffusion des LFC. Son rôle ne
Continent Pas de LFC se limite pas à jouer l’intermédiaire entre le pro-
Intermarché Osram 146,50 Elipsia ducteur et le consommateur. Il est le premier
Néolux 69,50*** prescripteur de LFC (GSB), peut contribuer à
protéger le marché des importations de faible
qualité et permet de faire descendre les pro-
* les prix s’appliquent pour une LFC de 20 W. ducteurs sur la courbe d’expérience par les
volumes mis en jeu (GSA). Le fait que les GSA
** 85,00 francs est le prix promotion, le prix public hors soient aujourd’hui les principaux distributeurs
offre promotionnelle est de 118,70 francs. de LFC atteste d’une anticipation sur l’évolu-
tion des comportements d’achat et de la dyna-
*** seules des LFC de 12 W étaient sur les rayons pour
mique des marchés, même si les obstacles à une
la marque Néolux.
large adoption apparaissent encore nombreux.
(les données ci-dessus ont été relevées le 05/02/96 dans
cinq hypermarchés de la région grenobloise)

Tableau 3 : Marques et prix moyens des LFC référen-
cées dans les hypermarchés (région de Grenoble)

Les comportements d’achat


des consommateurs
Les usagers des LFC, des secteurs résidentiel 1. Les fonctions de l’éclairage
et tertiaire, montrent des comportements très
diversifiés du fait des représentations qu’ils Dans le secteur résidentiel
ont de la fonction éclairage et des usages qui
s’y rattachent. Certaines motivations existent La vocation initiale de l’éclairage artificiel fut
cependant de la part des usagers pour acquérir sans doute de prendre le relais de la lumière
des LFC même si les contraintes à l’achat ne du soleil dans l’obscurité. Il en reste le besoin
sont pas résolues. essentiel que chacun éprouve en entrant dans

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une pièce : “allumer pour y voir”. Mais il est longues, certaines activités ou pratiques
évident que la fonction de l’éclairage s’est conduisant même à une utilisation permanente
largement étendue depuis cette motivation de l’éclairage artificiel. De ce fait, la volonté
initiale, vers des notions de confort, de maîtriser les coûts de fonctionnement
d’ambiance, de décor, de mise en valeur, etc. conduit souvent les gestionnaires à s’intéres-
Les attentes en matière d’éclairage reposent ser à la réduction des coûts énergétiques et de
essentiellement sur l’opposition éclairage maintenance de l’éclairage, à la différence de
direct (fonctionnel)/éclairage indirect ce que l’on observe couramment dans le rési-
(d’ambiance). Le premier est associé à l’inten- dentiel.
sité et à la puissance de l’éclairage au niveau
du confort visuel; le second renvoie à un
éclairage décoratif traduit par une lumière 2. Les usages de l’éclairage
diffuse au niveau du confort esthétique, qui
n’agresse pas, et qui sert à mettre en valeur. Dans le secteur résidentiel
L’éclairage est également associé à la sécurité
dans la mesure où, a contrario du noir qui fait La nature et l’emplacement du système
peur, la lumière rassure et sécurise. d’éclairage dépendent de la finalité des pièces
à éclairer. Les pièces dites centrales, comme
la cuisine, la salle à manger et la salle de bains
Dans le secteur tertiaire sont éclairées à profusion, tandis que les
chambres et les lieux de circulation nécessi-
Les fonctions de l’éclairage dans le tertiaire tent des puissances lumineuses plus faibles.
sont extrêmement diversifiées selon la nature Dans la cuisine et la salle de bains où l’éclai-
de l’activité exercée par l’entreprise. La prin- rage participe à l’efficacité des travaux ména-
cipale fonction de l’éclairage dans le tertiaire gers ou de la toilette, les lumières fortes sont
est bien entendu de préserver l’activité quelles privilégiées. Inversement, dans le salon ou les
que soient les variations de la lumière natu- chambres, les lumières plus chaleureuses sont
relle (nébulosité, nuit/jour, etc.). Les préoccu- préférées pour créer des ambiances de convi-
pations de confort, confort visuel mais aussi vialité ou de repos.
confort lié à l’ambiance créée par l’éclairage, Les lampes sont essentiellement des produits
ne sont pas absentes dans le tertiaire comme de grande consommation, très souvent achetés
le montre le développement des lampes de en GSA. Pour les lampes à incandescence-
bureau à poser par exemple. Enfin, l’éclairage standard, les produits sans marque à bas prix
assure une fonction importante au plan de la se sont largement développés mais les
mise en valeur et de la décoration : dans les marques de producteurs conservent des
commerces, par exemple, l’ambiance du fidèles. La constitution de stocks est une habi-
magasin et l’accentuation des produits sont tude courante pour les ampoules à incandes-
souvent utilisés pour attirer le consommateur. cence qui peut être attribuée à la pratique de
Les sources lumineuses utilisées sont plus vente par lots de la grande distribution. Les
variées que dans le résidentiel et adaptées en principaux facteurs pris en compte pour
fonction de la finalité de l’éclairage. Les l’achat sont la puissance et le type de culot de
durées d’utilisation sont en général plus la lampe. Les achats effectués en grande

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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surface sont surtout des achats de remplace- 3. Les motivations d’achat des LFC
ment qui entraînent rarement un choix diffé-
rent de la part du consommateur. Sans Dans le secteur résidentiel
incitation supplémentaire, le contexte d’un
achat rapide, presque réflexe, est peu propice L’évolution des comportements d’achat des
à la réflexion que nécessiterait l’achat d’une consommateurs telle qu’elle ressort des enquêtes
LFC en remplacement d’une ampoule à incan- de consommation pourrait s’avérer favorable
descence classique. aux LFC. Les consommateurs seraient plus
attentifs aux prix d’achat ou à la qualité com-
Dans le secteur tertiaire parée des produits, et en conséquence, les achats
auraient tendance à être plus raisonnés et moins
Le mode d’éclairage du secteur tertiaire est spontanés, les produits plus systématiquement
généralement très contraint par l’installation mis en concurrence les uns par rapport aux
initiale dont la modification engendrerait des autres, etc.
coûts supplémentaires à la seule acquisition Pour les produits de l’éclairage, ceci nous
des sources lumineuses. conduit à distinguer au moins trois catégories
Les grandes entreprises sont principalement de produits dont les motivations d’achat sont
équipées de tubes fluorescents chargés différentes :
d’assurer un niveau d’éclairement satisfaisant ◗ Motivation d’achat des incandescentes : le
dans des conditions économiques. Mais cet 1er prix.
éclairage produit des ambiances parfois jugées L’achat d’une lampe à incandescence est typi-
peu agréables que les employés compensent quement un achat de produit de grande consom-
ou équilibrent avec des points lumineux addi- mation. Le critère essentiel de l’acheteur est la
tionnels11 : lampes de bureau, halogènes,... modicité du prix. Une promotion importante
Le renouvellement des lampes se réalise, dans peut ainsi être l’occasion de réaliser des stocks.
les grandes entreprises, de façon globale (toutes ◗ Motivation d’achat des halogènes : de
les lampes d’un même lieu sont renouvelées en l’achat coup de coeur à l’achat raisonné.
même temps, usagées ou non) pour diminuer Au moment de leur apparition, on a acheté des
les coûts de maintenance. Seules les lampes des halogènes pour leur esthétique particulière et la
lieux accessibles au public sont renouvelées sys- nouveauté qu’ils introduisaient (éclairage indi-
tématiquement quand elles sont défaillantes. rect). Pour cela, l’acquéreur était prêt à accep-
Dans les petites entreprises et les commerces, ter un coût bien supérieur à celui de la lampe à
les règles de maintenance sont plus floues et incandescence classique. Cependant, l’effet de
motivées par une défaillance. mode à l’origine de la forte croissance des pro-
Quant aux lieux d’achat, ils différent égale- duits halogènes s’estompe et l’achat d’un halo-
ment entre la grande et la petite entreprise. gène tend à être motivé, aujourd’hui, par la
Pour les plus grands établissements, c’est un recherche d’attributs particuliers (qualité de
achat réalisé par "vente à domicile" de la part lumière spécifique et durée de vie).
des commerciaux des grands producteurs. En ◗ Motivation d’achat des LFC : économie et
revanche, pour les établissements de petite durée de vie.
taille et les commerces, les achats sont spon- Les informations disponibles montrent que les
tanés et effectués dans les GSB ou les GSA. raisons qui poussent à l’achat des LFC sont les

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O F F R E

économies d’énergie et la
600 Francs
durée de vie. Parfois aus-
si la possibilité de passer 500
à une puissance d’éclaira- Incandescente 75W
ge supérieure sans risque 400

d’échauffement des lumi- 300


naires. LFC 18W
La tendance générale sur 200
la plupart des marchés de
100
grande consommation
serait à la diminution de 0
l’achat d’impulsion au 0 1000 3000 5000 7000 9000 heures
profit d’une logique
d’achat plus réfléchie qui ▲
met l’accent sur le rapport Graphique 3 : Analyse des coûts d'utilisation
qualité/prix. Ainsi, les des lampes à incandescence et d'une LFC
LFC pourraient bénéficier
de l’évolution générale des comportements notamment dans les commerces, les hôtels, les
d’achat si cette tendance était avérée. La LFC restaurants, pour des raisons esthétiques (les
permet en effet de diminuer de manière impor- tubes rectilignes) et d’encombrement. La
tante le coût global de la fonction éclairage : LFC, permet d’étendre l’utilisation de la fluo-
temps de retour sur investissement inférieur à rescence dans les usages professionnels qui ne
trois ans (moins de 2000 h) par rapport à une lui étaient jusque là pas accessibles ou pas
lampe à incandescence (Graphique 3). favorables. Le prix n’est pas ici une contrainte
Les autres motivations d’achat les plus insurmontable dans la mesure où il permet des
souvent évoquées sont la durée de vie des temps de retour qui restent attractifs.
lampes, les préoccupations environnementales
ou en faveur des économies d’énergie, l’esthé-
tique particulière de la lampe (qui peut aussi 4. Les contraintes à l’achat
être une contrainte à sa diffusion), ou la
simple curiosité par rapport à un nouveau Même si les producteurs ont considérablement
produit, une nouvelle technologie. amélioré les caractéristiques des LFC depuis
les premiers modèles du début des années 80,
Dans le secteur tertiaire de nombreuses contraintes subsistent qui frei-
nent la diffusion de ce type de lampe.
Les motivations à l’achat des LFC dans le
secteur tertiaire relèvent clairement d’un souci Dans le secteur résidentiel
de maîtrise des coûts de fonctionnement,
notamment des dépenses énergétiques. Le tableau 4 met en avant les principales bar-
Pour cette raison, l’éclairage fluorescent est rières à l’acquisition des LFC et l’évolution de
déjà largement répandu dans certaines ces contraintes dans le temps. On notera que
branches, mais sa diffusion reste contrainte, cette enquête a été réalisée au Danemark, où le

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M D E - É C L A I R A G E

taux d’équipement des ménages est aujourd’hui de simples critères économiques. Et cela d’autant
relativement élevé (DEFU, 1996). En France, plus que les LFC sont proposées à un prix qui
où la diffusion de la LFC est bien moindre, les peut être 20 fois supérieur à celui de la lampe
contraintes à l’adoption peuvent être différentes incandescente créant une sorte de “barrière psy-
mais on ne dispose malheureusement pas de tra- chologique”.
vaux similaires.
Il est possible de rassembler ces différentes L’inadaptation des luminaires
contraintes à la diffusion des LFC à travers deux L’inadaptation des luminaires est la seconde
sous-ensembles en fonction de leur nature. raison invoquée par le consommateur pour ne
pas acheter ce type de lampe. Les premières
Le prix LFC, très longues, dépassent en effet des abat-
Le prix reste un frein psychologique majeur jour de façon inesthétique. De même, les
pour l’achat d’une lampe perçue comme un ballasts ont posé des problèmes d’encombre-
produit de substitution. La comparaison avec ment interdisant la substitution de certaines
l’incandescence fait apparaître le prix extrê- lampes à incandescence à moins de modifier
mement élevé alors que les avantages compa- le luminaire. Cette contrainte tend à diminuer
ratifs ne semblent pas immédiats. avec la réduction de l’encombrement des
On peut toujours arguer du fait que le coût d’usa- LFC, mais il est clair que celles-ci sont encore
ge est inférieur à celui de l’incandescence, les loin de se comparer aux ampoules à incandes-
consommateurs n’effectuent pas, ou rarement, cence sur le plan du volume et du poids.
des choix basés sur ce principe d’optimisation,
moins encore lorsqu’il s’agit de consommations Le manque d’information
électriques relativement faibles. En conséquence, Le manque d’information sur les avantages liés
le prix de vente actuel des LFC, même s’il auto- aux LFC est un frein à sa diffusion. Le déficit
rise un temps de retour de 2 ou 3 ans sur les d’information peut porter sur le produit lui
points lumineux les plus utilisés, constitue une même, (on ne connaît pas les LFC), ou sur les
contrainte forte pour motiver une adoption sur caractéristiques techniques de la lampe. En
France, la fluorescence ne bénéficie pas d’une
Tableau 4 : Evolution des raisons avancées (en %) pour image très positive probablement du fait des
ne pas acheter de LFC (étude réalisée au Danemark). caractéristiques peu flatteuses des premiers tubes
Source : DEFU, 1996, p.60. rectilignes (appelés aussi néon). Dans ces condi-
▼ tions, les LFC souffrent encore d’une recon-
Déc 91 Avril 92 Mars 94 naissance en tant que produit innovant même
Prix 40 41 48 si l’information se diffuse progressivement
Faible durabilité 4 5 5 auprès des ménages (catalogues par correspon-
Design 7 7 8 dance, campagnes publicitaires dans la presse
Inadaptée pour les et la télévision, etc.).
équipements existants 12 10 17
Manque d’information 9 5 1
Le scepticisme sur les caractéristiques
Dissuadé 2 2 1
annoncées des LFC
Pas intéressé 21 21 5
Le consommateur n’accepte pas automatique-
Habitude de consommation 25 9 18
ment les performances annoncées par les
Autre 9 10 18

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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O F F R E

producteurs. Si les caractéristiques concernant L’ensemble de ces termes rend difficile la dési-
la faible puissance des LFC sont largement gnation du produit par le consommateur. De ce
acceptées, le consommateur reste sceptique fait, les ménages la surnomment : “le truc en
sur la qualité de la lumière et surtout sur les spirale”, “les ampoules design”, “les ampoules
durées de vie du produit. Le consommateur tournicoti”, “les ampoules en U”, “les ampoules
prend la durée de vie des LFC plus comme un en tubes biscornus”, “les lampes fluo-contact”,
argument de vente que comme une réalité du etc. Ces noms des LFC ralentissent les proces-
produit12. Ce comportement est renforcé dès sus d’insertion sociale de l’innovation.
lors que des produits de moindre qualité sont
présents sur le marché. Dans le secteur tertiaire

Les habitudes Il convient d’opérer une distinction dans le sec-


Les habitudes de consommation sont aussi de teur tertiaire entre les grands établissements et
puissants freins à l’acceptation d’une innova- les petits. Pour les petites entreprises et les com-
tion. Les résistances au changement deman- merces, les contraintes à l’achat des LFC sont
dent du temps pour être combattues. Les relativement comparables à celles du secteur
ménages doivent créer un imaginaire d’usage résidentiel (information, préférence pour le pré-
des LFC dans la quotidienneté. En idéalisant sent, faible motivation à l’égard des économies
les LFC comme produit de substitution à d’électricité, habitudes, etc). Dans le grand ter-
l’incandescence, les producteurs n’ont pas tiaire, les systèmes d’éclairage en place, sou-
laissé la création d’un imaginaire du consom- vent à prédominance fluorescence, déterminent
mateur conduisant ce dernier à privilégier ces fortement les possibilités ultérieures d’adapta-
nouvelles habitudes d’éclairage. tion. Le développement des LFC y concerne
essentiellement les quelques points lumineux
Autres encore occupés par l’incandescence, et notam-
Parmi les autres contraintes, l’absence d’une ment les lampes de bureau par exemple. L’autre
dénomination précise et généralement acceptée contrainte importante tient au partage des pou-
pour la LFC peut être un obstacle à la notorié- voirs de décision qui fait que les personnes les
té et à l’adoption. Les LFC sont indifféremment plus sensibilisées aux coûts énergétiques de
appelées lampe fluo-compacte, lampe à écono- l’éclairage sont généralement différentes des
mie d’énergie ou lampe basse consommation, gestionnaires qui ont des préoccupations éloi-
par les professionnels (Ecotone pour Philips). gnées de l’introduction des LFC.

Conclusion partielle
sur les comportements des acteurs
De ce qui précède, on retiendra la motivation d’éclairage et accélérer la diffusion de la LFC.
des industriels de l’éclairage, et en particulier Cette volonté tient au souci de conserver un
du coeur de l’oligopole, pour améliorer les certain “leadership” dans le domaine de
performances énergétiques des technologies l’innovation technologique, à la recherche de

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M D E - É C L A I R A G E

nouveaux produits à forte valeur ajoutée pour buteurs, dont il faudrait essayer de profiter
compenser la tendance à l’érosion des ventes pour accélérer la diffusion des LFC.
de lampes en volume et aux investissements Enfin, le consommateur reste en dernier
réalisés dans de nouvelles unités de produc- ressort l’acteur déterminant du succès d’un
tion destinées à la LFC. nouveau produit. Sur ce point les LFC ne
En ce qui concerne le secteur de la grande semblent pas encore mobiliser massivement
distribution, les GSA ont semblé jouer un rôle l’adhésion des consommateurs. Au delà des
de frein dans une phase initiale de constitution efforts entrepris par les industriels pour bana-
du marché (faible référencement) alors que les liser le produit LFC, pour améliorer ses
GSB au contraire assuraient un premier lance- performances et diminuer les prix, il demeure
ment du produit. Les choses sont manifeste- des contraintes à une large diffusion. Elles ont
ment en train de changer puisque l’essentiel conduit à la mise en place d’actions publiques
des ventes se déplace aujourd’hui vers les d’incitation dans de nombreux pays de façon
GSA. Il est clair que les GSA constituent une à essayer d’influer sur les comportements
puissance de vente considérable, en tenant d’achat des consommateurs, avec des résultats
compte de l’apparition des marques de distri- remarquables.

Notes
1 Contrairement au marché des réfrigérateurs par exemple où la production sur les chaînes de montage peut être
modifiée en fonction de la destination des produits.
2 Cf. tests réalisés par le Laboratoire Central des Industries Electriques (LCIE)- Chap. 4.
3 On parle alors de progression sur la courbe d’expérience.
4 Selon l’analyse stratégique, toutefois, les programmes de promotion (MDE) ne présentent un intérêt réel pour les
producteurs que dans la mesure où ils contribuent à remettre partiellement en cause les positions acquises, ou le
rythme de progression des positions sur la courbe d’expérience. On peut penser que l’intérêt est moindre si les
principaux producteurs voient leurs coûts de production diminuer au même rythme.
5 L’absence de développements complémentaires sur les luminaires qui va pourtant se révéler comme une des prin-
cipales contraintes initiales à la diffusion des LFC atteste de cette volonté de positionner la LFC en substitution.
6 Rappelons que la lampe de substitution est munie d’un culot standard alors que la lampe d’intégration s’utilise
avec des luminaires spécifiques et est prioritairement destinée aux usages dans le tertiaire.
7 Source : Données Syndicat de l’Eclairage
8 Ces données résultent de l’enquête réalisée par le magazine des Enjeux les Echos, n°110, janvier 1996, pp.46-55.
9 A titre d’exemple, le Bati-Leclerc d’Ambarès (Gironde) a mis en place , de façon permanente, un panneau infor-
matif et un compteur sur lequel sont branchées une lampe de 60W à incandescence et une LFC de 11W. A ce
dispositif, s’ajoute, tous les deux mois, des actions de promotion de type tête de gondole.
Les résultats sont satisfaisants, les ventes ont été multipliées par quatre. Le PDG du Leclerc explique que "norma-
lement, on vend 40 LFC en moyenne par mois. Quand on fait une action de promotion, j’en commande 250 que
je vends dans le mois. A chaque fois cela marche bien, même en dehors des pointes saisonnières. Les promotions
de LFC permettent de faire du CA et font réaliser des ventes complémentaires sur toute la panoplie de LFC ainsi
que sur les autres types d’ampoules. C’est le seul produit qui fait faire de la marge et qui attire du monde".
10 “Depuis 4 à 5 ans, les centrales d’achat ont pris le pouvoir” propos tenus par un responsable Philips.
11 Ce qui entraîne une consommation additive du poste éclairage des grandes entreprises.
12 Une des solutions pourrait consister à accompagner les ventes de LFC d’une garantie producteur de 3 ans afin
d’assurer, sous certaines conditions d’utilisation, le temps de retour sur investissement pour le consommateur.

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46
C h a p i t r e 4

Programmes
Programmes
de
de promotion
promotion
Les programmes de promotion de l’éclairage efficient :
Europe, DOM, métropole

La place de l’éclairage dans les


programmes de MDE
Les premières actions d’envergure pour favo- production ; améliorer leur image de marque
riser la diffusion de technologies d’éclairage à la fois auprès de la population en agissant en
performantes ont été lancées par les compa- faveur de l’environnement, et auprès des
gnies d’électricité américaines (publiques ou clients en réduisant leurs factures.
privées) dans la première moitié des années
80 dans le cadre des programmes de Demand- Parmi les nombreuses opportunités offertes
Side Management (Maîtrise de la Demande pour maîtriser la demande d’électricité, les
d’Electricité - MDE). Elles se sont progressi- actions des compagnies ont très souvent
vement étendues à l’Europe après 1985. concerné l’éclairage, notamment par la diffu-
Les programmes de MDE ont été à l’origine sion des lampes fluocompactes (LFC).
imposés au secteur électrique américain par Plusieurs raisons justifient ce choix :
les commissions de régulation. Il s’agissait ◗ technologiques : bien que peu diffusée, la
d’amener les compagnies à mieux tenir LFC est disponible, techniquement fiable,
compte, dans leurs choix d’investissement n’entraînant aucun coût d’installation et ne
jusque là trop favorables aux seules options nécessitant pas d’apprentissage particulier de
d’offre, des nouvelles opportunités offertes la part du consommateur, contrairement à
par les actions de maîtrise de la demande d’autres usages plus complexes.
d’électricité. ◗ énergétiques : la LFC présente un rendement
La MDE permettait, de plus, de répondre à lumineux beaucoup plus élevé que l’ampoule
des préoccupations croissantes des compa- à incandescence standard. Cela se traduit par
gnies électriques elles-mêmes : éviter ou retar- une puissance électrique quatre à cinq fois
der la construction d’unités de production plus faible pour une puissance lumineuse
supplémentaires de plus en plus difficiles à équivalente, autorisant ainsi d’importantes
implanter ; réduire les besoins d’investisse- économies d’énergie pour l’utilisateur.
ment et les risques liés aux investissements de D’autre part la LFC permet également une

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

47
M D E - É C L A I R A G E

réduction de la puissance appelée à la pointe, caractéristiques favorables à sa diffusion


à laquelle l’usage éclairage contribue dans une (économie, adaptabilité, durée de vie, forte
très large mesure. Enfin, la faible durée de vie réduction des coûts de fonctionnement),
des lampes à incandescence facilite une même si son coût unitaire reste élevé compa-
substitution rapide par des technologies effi- rativement à la technologie standard. Sur le
cientes. marché de l’éclairage résidentiel où les inno-
◗ symboliques : les compagnies d’électricité vations sont peu nombreuses, les consomma-
recherchent aussi à améliorer leur image par teurs peuvent être séduits par la nouveauté
le biais des programmes de MDE, et privilé- technologique.
gient les actions à forte visibilité. A ce titre, la
LFC est une technologie à part, emblématique Enfin, les actions dans le domaine de l’éclai-
des économies d’énergie : concernant un rage présentent un certain caractère d’univer-
usage source de confort, d’intimité et de salité alors que d’autres actions possibles dans
lumière, la LFC est plus qu’un produit fonc- les domaines de l’électroménager ou du
tionnel et véhicule de nombreuses images chauffage ne concernent qu’une proportion
symboliques ; de plus, le message publicitaire plus réduite des ménages. En conséquence,
(consommer cinq fois moins et huit fois plus une grande majorité de programmes de MDE,
longtemps) est simple, percutant et unique ; tant aux Etats Unis qu’en Europe, ont intégré
enfin, ces programmes permettent d’afficher une composante éclairage et des actions de
très vite des volumes de diffusion très élevés. promotion pour diffuser les LFC 1.
◗ marketing : la LFC présente a priori des

Le secteur résidentiel
1. La Suède : Stockholm Energi AB 2 l’idée a été abandonnée, car elle était juridi-
quement incompatible avec les règles de
Stockholm Energi a été une des premières concurrence suédoises, et aurait posé des
compagnies européennes à s’engager en problèmes d’équité puisque seule une partie
faveur de la MDE dès 1986. Elle est à ce titre du territoire était concernée. Il fut finalement
exemplaire. La diffusion des LFC dans le rési- décidé d’adresser à chacun des 390 000
dentiel a été prioritaire dès 1988, et a bénéfi- ménages un coupon offrant un rabais de 40 FF
cié jusqu’en 1992 des 3/4 du budget alloué. sur une LFC (budget total : 14 MF). Le prix
L’éclairage représentait alors un quart de d’une LFC à ballast intégré s’élevait alors à
l’électricité consommée à Stockholm. 80-120 FF, celui d’une LFC à ballast séparé à
Un groupe de travail comprenant Stockholm 40 FF, le prix d’une lampe à incandescence
Energi, l’Association Nationale de l’Eclairage étant inférieur à 4 FF.
Ljuskultur et les six fabricants présents en Au total, six campagnes distinctes ont été enga-
Suède a été constitué à l’origine. Le premier gées de 1988 à 1992. Durant la première cam-
projet envisagé était de distribuer une LFC par pagne, chacun des 3 000 employés de la com-
ménage (coût de l’opération 15 MF 3). Mais pagnie a reçu six LFC gratuites pour Noël 87

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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P R O G R A M M E S

(une lampe de chaque marque, financées par la triels et la distribution de coupons de réduc-
compagnie), afin qu’il devienne un “ambassa- tion. En parallèle d’une campagne de publicité
deur” convaincu de la technologie. Les deuxiè- lancée par les distributeurs et les fabricants,
me, troisième (financées par la compagnie) et EBA a organisé une campagne d’information
cinquième (financée par les fabricants) cam- et de promotion auprès de ses clients
pagnes ont utilisé les rabais. Ces trois campagnes (brochures d’information et coupons distri-
de rabais auraient permis de vendre 133 000 bués par courrier aux abonnés). La promotion
LFC (à noter un problème de pénurie lors de la offrait la possibilité à chaque ménage
dernière opération). A l’issue des deux premières d’obtenir deux LFC gratuites pour deux LFC
campagnes de rabais, une action d’information achetées au moyen d’un coupon utilisable
complémentaire a été lancée à la fois pour com- auprès des commerçants participant à l’opéra-
muniquer sur les résultats de l’opération, moti- tion (promotion complémentaire à la réduc-
ver les participants et relancer une dynamique tion sur les prix de détail). Le programme
favorable aux LFC. Au cours ou à la suite de dura six semaines et permi la diffusion de 150
cette campagne 17 000 lampes supplémentaires 000 LFC.
ont été achetées. Enfin, la sixième et dernière Plus globalement, les LFC ont bénéficié aux
campagne, sans rabais, a été créditée de 17 000 Pays-Bas à partir de 1987 d’une décision
LFC. Par ailleurs, la création d’un “Customer parlementaire incitant les compagnies élec-
Centre” a appuyé les actions engagées à partir triques à agir en faveur de l’éclairage effi-
de 1990. cient. Douze entreprises régionales ou
Au total, les six mesures auraient permis de municipales, concernant potentiellement trois
diffuser 185 000 LFC. De plus, entre 1988 et millions de ménages, ont alors participé à des
1994, d’autres compagnies suédoises ont suivi programmes de diffusion de LFC principale-
au moins une fois l’exemple de Stokholm ment. L’approche retenue a été variable selon
Energi dans leurs zones d’intervention respec- les programmes. En général, elle combinait
tives. Le tableau suivant montre l’évolution l’envoi aux consommateurs de bons de réduc-
significative du marché suédois de l’éclairage tion (coupons) leur offrant un prix promotion-
résidentiel qui en a résulté (Tableau 1). nel de 70 FF par lampe contre 95-125 FF sur
le marché, ainsi qu’une possibilité de paie-
ment différé sur la facture d’électricité
2. Les Pays Bas : La Compagnie (“leasing”). Dans ce dernier cas, le client
Energétique d’Amsterdam (EBA) 4 obtenait une LFC gratuitement auprès du

Le programme mis en Tableau 1 : Evolution du marché suédois de l’éclairage


oeuvre en 1988, par la Source : Ljuskultur 1994
Compagnie Energétique ▼
d’Amsterdam (EBA), les Lampes à Lampes LFC LFC
fabricants de LFC et les incandescence fluorescentes ballast intégré ballast séparé
distributeurs (grossistes 1987 66 000 000 13 000 000 200 000 500 000
et détaillants) associait
1992 62 000 000 12 000 000 1 200 000 1 800 000
un prix promotionnel
Evolution - 4 000 000 - 1 000 000 + 1 000 000 + 1 300 000
négocié avec les indus-

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M D E - É C L A I R A G E

détaillant sur présentation d’un coupon et à ce moment là. Six mois de délais ont été
remboursait la compagnie d’électricité via les nécessaires à Philips pour honorer la
factures d’électricité suivantes. Les coûts commande.
administratifs des programmes étaient parta-
gés entre les compagnies électriques et les NESA : La compagnie a lançé en 1990 un
fabricants. vaste programme de MDE dans l’éclairage
En conséquence de ces programmes, les portant également sur les secteurs tertiaire et
ventes de LFC ont été multipliées par 4 au industriel. Une négociation avec les fabri-
plan national ; 15% des ménages éligibles (3 cants, les distributeurs et les installateurs de
150 000 au total) ont participé aux matériel électrique a conduit à une baisse des
programmes et acheté en moyenne 2,5 LFC, prix de 40% durant six semaines (ramenant le
soit 1 170 000 lampes. En 1996, il n'y a pas eu prix de 190 FF à 120 FF). Parallèlement,
de programmes de rabais, mais les campagnes NESA a lançé une campagne d’information
d'information TV se poursuivent. largement au-delà de sa zone d’activité
(presse nationale, affichage sur les transports
3. Le Danemark : SEAS et NESA5 en commun, spots TV locales...). Chacun de
ses 400 000 clients éligibles a reçu une
SEAS : lancé début 1989, ce programme reste brochure de présentation des LFC et un bon
un des plus importants programmes européens de commande. Avec ce dernier, il était
de distribution gratuite de LFC. Chacun des possible d’acheter jusqu’à cinq LFC, tout en
120 000 abonnés de la compagnie SEAS a bénéficiant d’un remboursement différé et
reçu deux LFC gratuites. L’ampleur du étalé sur les factures d’électricité pendant neuf
programme a absorbé toute la capacité de mois. Chaque participant a acheté en moyenne
production excédentaire disponible en Europe 4,5 lampes, pour un total de 260 000 LFC.

Les programmes
des départements d’Outre Mer
L’action sur la demande d’électricité est insulaire aux problématiques très spécifiques
devenue au tournant des années 90 un objectif [Cauret et Adnot 1996].
prioritaire dans les DOM, notamment au vu
du déficit local croissant d’EDF DOM 1. Incitations financières
(2 Milliards de Francs). D’importants et modes opératoires
programmes de diffusion de LFC ont été
lancés à partir de 1989, financés principale- Dans la plupart des cas, la démarche retenue a
ment par l’ADEME, EDF, la Région et les consisté à proposer un prix promotionnel
fabricants retenus. Le prix d’appel de la LFC consenti par le fabricant retenu, complété
était clairement l’élément central des parfois par une réduction de marge des distri-
programmes. Rappelons toutefois que ces buteurs (la marge distributeur a ainsi été
actions concernent un contexte électrique ramenée à 5 FF par LFC en Guyane ; 1 FF par

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

50
P R O G R A M M E S

LFC à la Réunion [1989]). Les prix proposés 200 000 LFC ont été distribuées en moins
ont varié de 60 F à la Réunion (1989) à 89 F à d’une semaine. Seule la campagne guyanaise
la Réunion (1996), une réduction plus impor- avec 73 00 LFC n’a pas atteint ses objectifs
tante n’étant pas souhaitée afin de ne pas (80 000).
effacer totalement la réalité du marché. Les taux de participation6 ont été très élevés
EDF a souvent préfinancé les LFC en les (entre 39 et 50%) et très sensiblement supé-
achetant aux distributeurs. Des coupons rieurs à ceux que l’on peut observer sur les
étaient adressés aux clients qui pouvaient en autres programmes de promotion bénéficiant
échange auprès des distributeurs obtenir le d’incitations financières (à l’exception des
nombre de LFC de leur choix (dans les limites programmes de distribution gratuite).
imposées). Celles-ci étaient ensuite rembour- Les participants ont acheté un nombre de LFC
sées à la compagnie sur trois (Guyane) ou six souvent proche du maximum autorisé : huit
(Antilles) factures d’électricité. Le montant du sur dix possibles en Guadeloupe ; 5,8 en
remboursement par facture était calculé de Martinique et 5,6 en Guyane sur six. Ce résul-
façon à rester inférieur aux économies réali- tat vient paradoxalement nuancer le succès
sées sur la période : aux Antilles, le montant des actions puisqu’il n’est pas certain que
du remboursement par facture et par lampe toutes les LFC diffusées soient réellement
était de 14 F pour une économie estimée de installées sur des points lumineux à fort taux
18 F. Notons que les centres EDF DOM ayant d’utilisation.
changé de système comptable, ce mode de Les principaux problèmes rencontrés sont des
financement en “leasing” est dorénavant stocks insuffisants, une offre mal adaptée
impossible. A la Réunion [1988] par contre, (répartition baïonnette / vis inadéquate et
les distributeurs étaient chargés de la diffusion modèles disponibles uniquement en 15W) et
des LFC auprès des consommateurs qui reçu- l’existence de clients n’ayant pas reçu de bons
rent des bons de réduction de 21 FF par LFC. d’achat...
Les distributeurs étaient ensuite remboursés
en échange des bons présentés. 3. Satisfaction et utilisation

2. Réalisations effectives L’évaluation réalisée en Guadeloupe peut


servir de référence. Un mois après la première
La LFC a été présentée par les campagnes phase du programme 1992, 80% des LFC
publicitaires grand public comme “la nouvelle étaient installées (les autres en réserve) et
génération de lampes” et un produit de haute 84 % des participants satisfaits. Deux ans plus
technologie, assurant des économies d’électri- tard, une étude concluait que les lampes
cité importantes, et pouvant être adapté sur les avaient été le plus souvent installées aux
luminaires existants. Couplée au “leasing” et endroits recommandés, sans engendrer ni
aux prix promotionnels proposés par les fabri- surconsommation significative, ni nouveaux
cants, cette approche a été une réussite : points lumineux (sauf en éclairage extérieur).
150 000 LFC ont été diffusées à la Réunion Quant aux quelques LFC endommagées, elles
[1989] ; 350 000 LFC en Guadeloupe pour un ont été remplacées soit par les LFC en réserve
objectif initial de 100 000 LFC atteint en deux (34%), soit par des lampes normales (16%) ou
jours ; 346 000 LFC en Martinique où non remplacées (38%). Les nouveaux

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

51
M D E - É C L A I R A G E

comportements n’étaient donc pas forcément évaluer les résultats malgré ces difficultés :
pérennisés, même si plus de 80% des partici- • le calcul de la réduction de la pointe après
pants étaient satisfaits par les LFC (intentions détermination du taux de placement et du
de réachat de 75%). taux de foisonnement ;
Certains problèmes sont évoqués par les • la comparaison entre les évolutions
consommateurs, notamment le fait que les tendancielles antérieures de la pointe et la
économies d’électricité engendrées ne sont pointe mesurée après le programme : en
pas assez apparentes. A la Réunion en Guadeloupe, 125.4 MW pour la pointe du
revanche, après Lampéco [1989] et Ecowatt soir en 1992 au lieu des 133 MW prévus ;
[1993], le principal problème n’était pas lié à • la comparaison entre les taux de croissance
la perception des économies engendrées mais annuels moyens de la pointe avant et après
à la qualité des produits diffusés : la lumino- les programmes. En Guadeloupe, ces taux
sité était jugée trop faible et l’encombrement ont été de 19 % entre 88 et 90, de 8.5 % en
trop important. Pour palier à ces inconvé- 90/91 et de 3.2 % en 91/92.
nients, la campagne Décowatt [1996], qui vise Globalement, EDF a estimé l’impact des
la diffusion de 50 000 LFC par an, s’est programmes à 7 MW évités sur la pointe du
appuyée sur l’introduction de produits de soir pour la Guadeloupe et la Martinique, et à
meilleure qualité 7 pour toute la gamme de un infléchissement de la croissance de la
puissance et pour les trois grandes marques pointe en Guyane 8.
commercialisées, ainsi que sur la diffusion de
conseils d’installation. 5. Synthèse pour les DOM

4. Evaluation des impacts Les programmes LFC dans les DOM ont été
de véritables réussites en volume, qui
L’évaluation des impacts sur la courbe de devraient largement contribuer à la notoriété
charge reste difficile parce que les courbes de de la MDE “à la française”, en France comme
charge DOM ne sont pas parfaitement à l’étranger. Le “leasing” utilisé a été un
connues. De plus, les programmes LFC ne facteur-clef de cette réussite mais il n’est plus
sont pas les seules actions engagées sur la possible pour les raisons invoquées plus haut.
période. Ensuite, la demande d’électricité Les LFC ont été globalement bien installées et
étant en croissance rapide et donc non “stabi- jugées positivement à l’usage. Elles ont induit
lisée”, les comportements des consommateurs des impacts sensibles sur les pointes de charge
peuvent fluctuer indépendamment des actions du soir (difficiles néanmoins à quantifier).
de MDE. Enfin, l’impact en terme de pollu- Toutefois, le marché DOM des LFC est sensi-
tion électronique (phénomène d’harmoniques) blement retombé après les campagnes, même
n’a pas été pris en compte lors les s’il reste à un niveau supérieur à la situation
programmes. antérieure.
Différentes méthodes ont été utilisées pour

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

52
P R O G R A M M E S

Les actions en France métropolitaine


En métropole, des actions de promotion de la teurs publics. Ainsi, OSRAM préparait en cet
diffusion des LFC ont également été engagées été 93 une campagne institutionnelle pour la
dans le cadre de l’accord Ademe - EDF fin d’année (presse hebdomadaire) et propo-
(accord cadre Ademe/EDF/Ministère de sait une garantie de deux ans sur ses produits
l’Industrie signé en 1993) portant sur la mise (un système de garantie abandonné en 1994).
en oeuvre commune d’opérations de MDE. De même, Philips lançait une campagne
Mais, à la différence des programmes euro- publicitaire TV en octobre/novembre.
péens ou DOM qui ont concerné des volumes Toutefois, les prix publics du moment étaient
importants, les actions réalisées en France de 139 F pour Phillips (promotion à 89 F) et
métropolitaine sont essentiellement locales ou de 129 F pour OSRAM (promotion à 99 F).
régionales et de nature exploratoire. Afin d’en Or des prix de promotion différents ou trop
faciliter la réalisation, des actions d’encadre- attractifs auraient pu dénaturer les résultats de
ment ont été menées au niveau national. l’opération. Les deux fabricants ont donc dû
s’accorder sur une politique de prix commune
durant la campagne. De son côté, EDF a lançé
1. Les actions expérimentales de diffu- une campagne de presse dès septembre via les
sion locale associations de consommateurs et les médias
pour montrer son engagement dans la maîtrise
1.1 Campagne “EDF Habitat pour la de l’énergie et l’aide qu’elle apportait aux
maîtrise de l’énergie avec l’ADEME et la consommateurs sur ce thème.
Région Nord-Pas-de-Calais” Utilisant les supports de promotion habituels
(tête de gondole, stop-rayon, sticker, lettre T...),
Ce programme a été lancé le 15 octobre 1993 l’opération a concrètement été menée dans 45
en région Nord-Pas de Calais, pour une durée points de vente dont les grandes surfaces ali-
de trois mois. L’objectif de diffusion était de mentaires (GSA), ce qui était nouveau pour la
15 000 LFC, de façon à constituer un échan- diffusion des LFC. La logique commerciale des
tillon de réponses représentatif permettant chefs de rayon a parfois différé l’action de MDE
d’évaluer par enquêtes9 : au profit d’autres opérations commerciales.
• les comportements d’achat, la perception du Néanmoins, en trois mois, 19 000 LFC ont été
produit par le consommateur et son opinion achetées, dont 13 500 en grandes surfaces de
quant à l’engagement des deux organismes bricolage (GSB), dépassant ainsi largement à
publics (EDF et ADEME), la fois l’objectif de la campagne (15 000 uni-
• l’impact de la double signature tés) et les ventes 1992 sur la même période
EDF / ADEME sur les ventes, pour les fabri- (8 400).
cants (Philips et OSRAM). La première enquête sur les lieux de vente et
Les fabricants restaient libres de mener les ultérieurement par courrier n’a pas atteint la
campagnes publicitaires de leur choix, avec totalité de l’échantillon fixé. Néanmoins, il
l’obligation toutefois d’informer les opéra- apparait que les réponses ont été globalement

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

53
M D E - É C L A I R A G E

favorables à l’action engagée. La grande 1.2 Campagne “Ensemble, économisons


majorité des participants avait déjà entendu l’électricité en Savoie”
parler de la LFC avant l’opération (84%), la
moitié en avait déjà acheté (48%). L’opération savoyarde visait à sensibiliser la
La seconde enquête, par téléphone a été population et à diffuser 100 000 LFC, soit une
menée fin mai 1994 afin d’évaluer la satisfac- LFC par ménage savoyard. Les fabricants
tion des utilisateurs et les conditions d’utilisa- étaient chargés de mettre en oeuvre l’opéra-
tion. La LFC était connue avant l’action par tion dans la distribution (GSA, GSB, grands
54 % des participants ; 24% des participants magasins). Les signataires institutionnels de la
ont acheté deux LFC et 41% au moins trois. convention (EDF-GDF Savoie, ADEME
Ces lampes ont été substituées à des ampoules Lyon, Conseil Général, Région Rhône-Alpes)
classiques et installées dans le salon/salle-à- ont apporté leur image et financé la campagne
manger (43%), la cuisine (22%) ou la de communication.
chambre (10%). Une légère tendance à la Dès avril 1994, un mailing de sensibilisation
surpuissance installée est à noter 10, ainsi que a été lancé avec l’insertion d’un document
parfois une sur-utilisation des LFC par rapport d’information dans les factures d’électricité.
aux ampoules incandescentes (29%). La En septembre, la Foire de Savoie a lancé offi-
plupart des participants se sont déclaré très ou ciellement l’opération (présence de Mr
plutôt satisfaits (86%), négligeant des Barnier, Ministre de l’Environnement et
problèmes mineurs tels que le retard à l’allu- Président du Conseil Régional). La campagne
mage (70%), mais ont critiqué fortement publicitaire institutionnelle (dix jours en
l’esthétique des lampes (44% de non satis- septembre/octobre et sept jours en
faits). Finalement, une proportion très impor- octobre/novembre) a consisté en affichage,
tante de participants se déclarait prête à spots radio et inserts dans la presse locale.
racheter des LFC (89%) malgré des inconvé- Elle a été relayée par des évènements régio-
nients jugés peu importants, à l’exception du naux, la publication d’un numéro spécial du
prix (33%). A noter toutefois qu’à la question journal régional pour enfants Le Moutard
“quelles améliorations à apporter ?”, l’esthé- consacré aux “lampes à économie d’énergie”
tique passait très largement devant le prix. et l’organisation d’animations sur les points
Le budget de l’opération a atteint 270 kF, soit de vente par une association locale (ASDER).
14.2 F par LFC (55 % EDF ; 18% Philips ; Au total, 20 000 LFC ont été vendues entre
27% Osram). Les principaux postes ont été le septembre 1994 et mai 1995, ce qui reste loin
matériel de promotion (82 kF), les enquêtes des objectifs initiaux, même si les ventes ont
(91 kF et 40 kF) et l’animation sur les lieux de doublé par rapport à l’année précédente.
vente (24 kF). D’autant plus que l’arrivée des marques distri-
Cette première opération a été largement citée buteurs a coïncidé avec le programme.
comme référence pour les opérations ulté- L’impact direct du programme est estimé à
rieures. Notons toutefois un débat soutenu sur 10 500 LFC mais aucune évaluation officielle
l’opportunité de l’évaluation économique de des résultats n’a encore été établie à ce jour du
l’action, souhaitée par EDF, nuancée par fait d’un désaccord portant sur la méthodolo-
l’ADEME pour qui ce programme était avant- gie d’évaluation. L’ADEME Rhône-Alpes a
tout une référence et un apprentissage. cependant souhaité poursuivre l’opération en

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

54
P R O G R A M M E S

effectuant des achats groupés par le relai des 1.3 Campagne “100% de lumière, 80%
comités d’entreprise. d’économies” en Corse
Concernant les comportements, une première
évaluation (test IPSOS) a été effectuée trois L’action était en cours de préparation dès mai
jours après la seconde campagne d’affichage, 1994, en vue de diffuser 50 000 LFC de 15 et
afin de mesurer l’impact des messages et le 20 W sur 18 mois (contre 5000 ventes en
rôle ressenti des partenaires. La campagne a temps normal). Une étude de marché avait
été globalement vue, lue ou entendue par 77% permis de fixer l’objectif à 50 000 LFC pour
des interviewés, comprise et appréciée (58%), 180 000 abonnés BT locaux, à la condition
bien que les non-participants l’aient jugée que le prix des LFC soit inférieur à 80 francs.
parfois peu originale ou pas accrocheuse. 95% EDF Corse, l’ADEME Corse et l’Agence de
des sondés ont relevé la bonne initiative des Développement Economique de Corse
partenaires institutionnels, même si l’attribu- (collectivité territoriale) étaient chargés de la
tion revient spontanément à EDF/GDF. Il campagne de communication institutionnelle
existe toutefois une certaine confusion avec grand public (2 MF). Les fabricants (Philips,
une campagne publicitaire menée par Philips OSRAM, GE, Sylvania-Claude) ont été
à la même période. Il est apparu aussi que contactés dès mai 1994 et devaient s’accorder
l’appellation “lampe à économie d’énergie” sur un prix attractif commun autour de
était mieux ressentie que celle parlant de 70-80 F TTC, mais finalement seul General
“basse consommation” (qui laisse une idée de Electric a accepté de s’associer à l’opération
confort réduit). au prix imposé.
Une seconde évaluation portant sur 143 ache- La première campagne publicitaire “100% de
teurs a donné les résultats suivants : les trois lumière, 80% d’économies” a été lancée entre
quarts des achats ont eu lieu durant la période le 16 janvier 1995 et le 31 mars : 11 5000 pla-
promotionnelle, même si les prix d’achat sont quettes envoyées par mailing ; 105 spots en
le plus souvent annoncés comme supérieurs à radios locales ; affichages 4x3 informant sur le
100 F. En moyenne, un participant a acquis produit, sur le prix de 80 F et mentionnant les
3.9 LFC (21% une, 27% quatre ou plus). Les marques et les distributeurs engagés dans l’opé-
LFC, principalement des 15, 20 et 23 W, ont ration ; inserts dans la presse locale pendant
été installées dans les salons (28%), la cuisine trois semaines. Elle devait être suivie d’une éva-
(23%) et la chambre (17%). La quasi-totalité luation et d’une seconde campagne publicitai-
des participants (91%) sont satisfaits/très re tenant compte des résultats de la première.
satisfaits, notamment pour la qualité de En parallèle, un jeu-concours dans les classes
l’éclairage et la durée de vie. L’adaptabilité et de 6ème a été lancé (l’Inspecteur Kilowatt et les
le prix restent les points faibles. années-lumière) ainsi qu’un jeu radiophonique.
Le budget initial s’élevait à 1 MF TTC répar- En avril, après trois mois, 20 000 LFC (hors
tis entre EDF (500kF), ADEME (200kF), les Philips) avaient été vendues, principalement des
autorités locales (200kF) et les fabricants 20 W (46%), des 15 W (35%) et des 23 W
(100kF). 867 kF ont été finalement dépensés. (12%), dont 8200 par les distributeurs parte-
Cette opération est revenue, pour les 10 500 naires. Du fait de problèmes d’approvisionne-
LFC accordées au programme, à 82,5 F de ment en produits GE, les distributeurs parte-
communication par LFC. naires ont vendu presque autant de lampes

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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M D E - É C L A I R A G E

OSRAM (34% des ventes) que de lampes GE guide d’évaluation des programmes LFC
(38% des ventes). Le budget s’est élevé à 1.380 (décembre 1994) ou la rédaction commune
kF, dont 1.200 kF pour la seule campagne publi- EDF/ADEME d’un document d’information
citaire, 55 kF d’étude préalable (EDF) et 45 kF sur les LFC sont deux réalisations effectives
d’étude intermédiaire. du GTE, ainsi que la préparation de la table
Une seconde campagne ciblée sur les ronde “Eclairage” de la conférence MDE du
commerces et bars/restaurants (petit tertiaire) 18 janvier 1995.
ayant pour thème “une LFC gratuite pour trois ◗ Programme de tests des LFC au LCIE :
achetées” était prévue pour novembre et ces tests ont concerné les principales LFC
décembre 1995, avec un budget publicitaire disponibles sur le marché sur une durée de
de 600 kF et de 50 kF d’études, pour une 8000 heures de fonctionnement11 à partir d’un
diffusion potentielle de 20 000 LFC. cahier des charges établi par EDF et l'Ademe.
Ils ont été confiés au Laboratoire Central des
1.4 Opérations MDE-FACE pour les LFC Industries Electriques (LCIE), pour l’aptitude
en zones rurales à la fonction (sécurité, performances, durée de
vie, consommation), et à la Direction des
Enfin, on peut mentionner pour mémoire deux Etudes et Recherches (EDF - DER) pour la
projets de diffusion de LFC en zone rurale : dans compatibilité électro-magnétique et l’inci-
l’Aube, pour la diffusion de 20 000 LFC par le dence électronique sur les réseaux de distribu-
SDEA (1.4 MF) et dans le Calvados pour 5000 tion.
LFC par le SDEC (0.5 MF). La logique en est Les résultats des tests LCIE ont globalement
différente, puisque la distribution porte sur cer- montré une bonne qualité des LFC testées
tains départs et non sur l’ensemble d’une zone selon les critères retenus. Il apparaît que les
communale, seul moyen de rendre apparents risques de pollution électronique pour le
les impacts sur la courbe de charge. De plus, réseau de distribution sont faibles dans le rési-
des critères comme le taux de croissance de la dentiel (car LFC diffuses et encore peu utili-
demande deviennent ici prépondérants. sées 12), mais importants dans le tertiaire du
fait d’une plus grande diffusion. On notera
cependant que l’interprétation de certaines
2. Les actions nationales d’encadre- définitions du niveau de confort (schéma de
ment Kruitkof) et la problématique des interactions
éclairage/chauffage laissent envisager des
Par ailleurs plusieurs actions ont été menées problèmes de validation de l’impact des
au plan national dans la perspective d’éven- programmes. Cette question des interactions
tuelles actions de diffusion sur une large éclairage/chauffage, complexe et jamais
échelle, notamment : résolue (voir travaux du CSTB par exemple),
◗ Le Groupe de Travail Eclairage (GTE) : retarde aujourd’hui la validation économique
créé en avril 1994 afin d’impulser et de facili- des opérations Savoie et Corse, voire les
ter le lancement de programmes locaux, il est actions ultérieures.
composé de représentants permanents d’EDF ◗ L’action d’EDF auprès des fabricants :
et de l’ADEME, secondés par des représen- afin d’anticiper une diffusion soutenue des
tants régionaux impliqués. La définition du LFC, un comité technique EDF/fabricants de

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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P R O G R A M M E S

lampes/syndicat de l’éclairage travaille, de 3. Synthèse


son côté, sur la qualité des futures LFC, des programmes réalisés en métropole
notamment pour fixer des limites aux courants
harmoniques générés. Ce comité est un moyen Les programmes de diffusion en France
de faire converger les souhaits d’EDF métropolitaine ont globalement repris les
(volonté de communiquer sur la LFC résiden- démarches suivies par les programmes DOM :
tielle, de voir s’améliorer certaines caractéris- évaluation du marché, campagnes de commu-
tiques techniques des LFC...) et de ceux des nication par les institutionnels, négociation de
fabricants (soucieux de profiter d’une éven- prix de promotion avec les fabricants, évalua-
tuelle référence EDF sur leurs futurs tion des impacts. Selon les situations, les
produits). budgets de promotion ont été apportés par
◗ Le concours luminaire : annoncé au différents partenaires : EDF et fabricants en
colloque MDE de Paris en janvier 1995, ce NPC ; EDF ADEME et fabricants en Savoie ;
concours a été organisé par l’ADEME, EDF, EDF, ADEME, collectivités territoriales et
le Syndicat de l’Eclairage et le Groupement fabricants en Corse.
des Industries du Luminaire (GIL). Quinze Les actions réalisées en métropole se distin-
projets ont été reçus, à rapprocher du nombre guent des actions réalisées dans les DOM par
d’industriels français du luminaire (100). La leur logique d’expérimentation. Il s’agissait
diversité des formes des projets lauréats 13 a avant tout, dans les actions de métropole, de
confirmé les possibilités nouvelles de design mieux appréhender les comportements des
offertes par les LFC, du fait de leur faible consommateurs et de tester des actions de
température et de leur forme. promotion coordonnées impliquant fabricants
◗ Accord-cadre Ademe / EDF : signé en et distributeurs, à petite échelle. Face à la
septembre 1996, le nouvel accord-cadre sur la réussite des larges programmes de diffusion
MDE définit les objectifs de cette seconde dans les DOM, les faibles résultats continen-
tranche d’opérations concernant les LFC. Il taux ne doivent donc pas être interprêtés
s’agit désormais d’atteindre 4% du marché en comme autant d’échecs apparents, mais
1998 (8 millions de LFC) contre deux comme une première étape qualitative.
millions en 1994, et un ratio moyen d’une L’autre différence importante entre DOM et
LFC par ménage en 2000 (0.5 LFC en 1994). métropole tient à la forme des incitations
Trois à quatre millions de francs pourront être allouées : dans les deux cas des prix promo-
consacrés à cette action sur deux ans, une des tionnels présentant des écarts du même ordre
objectif visés étant d'atteindre un prix public avec les prix publics ont été négociés.
maximum de 80 F par ampoule. Tous les Toutefois, aucun système de leasing n’a été
acteurs du marché sont potentiellement expérimenté en métropole alors que ce mode
concernés : les fabricants pour améliorer les de paiement semble avoir eu une influence
caractéristiques des LFC ; les distributeurs importante sur les motivations des acheteurs
pour garantir la vente de produits de qualité à dans les DOM.
un prix attractif ; les créateurs pour multiplier En ce qui concerne les utilisateurs, les
les luminaires adaptés et aider à leur distribu- enquêtes montrent que 90% des acheteurs
tion ; les consommateurs pour promouvoir le sont satisfaits, les principales contraintes
produit. évoquées restant la compatibilité avec les

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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M D E - É C L A I R A G E

luminaires et les prix de


vente. L’autre difficulté
que suggèrent les
Guide
Création
évaluation LBC
Concours Objectifs enquêtes réalisées auprès
du GTE Luminaire LBC
des utilisateurs concerne
Opération Opération Opération
NPC Savoie Corse la transformation des
comportements d’achat ;
en dépit de l’intérêt
manifesté par les ache-
janvier octobre décembre 11 avril septembre décembre 18 janvier mars septembre septembre
1993 1993 1993 1994 1994 1994 1995 1995 1995 1996 teurs qui acquièrent
souvent plusieurs lampes
Accord Conférence 2d accord
national MDE national et des indices de satisfac-
MDE MDE
tion, rien ne garantit la
1993 1994 1995 1996
pérennité des comporte-
ments donc des impacts
énergétiques à l’issue des
programmes d’incitation.

Schéma chronologique des opérations LFC visant le secteur résidentiel

Notes

1 Près de 200 programmes d’éclairage efficient étaient en cours en 1993 aux USA dans le secteur résidentiel, à
l’initiative de 133 compagnies d’électricité (Lamare L., 1993) et autant dans le secteur commercial et tertiaire
(Nadel S.M. et alii, 1993). En Europe, E. Mills a dénombré près de 50 programmes de promotion de l’éclairage
efficient entre 1987 et 1992 dans 11 pays européens (Mills E., 1993).
2 Producteur et distributeur municipal ; 400 000 clients résidentiels ; 6 TWh en 1992.
3 1 SEK = 0.8 F.
4 Entreprise municipale ; distributeur ; 350 000 clients résidentiels.
5 SEAS : producteur et distributeur, 120 000 clients résidentiels ; producteur et distributeur ; NESA : 400 000 clients
résidentiels.
6 Nombre de foyers participants / nombre total de foyers.
7 Sur la publicité papier, on trouve : “nouvelle génération”, “maintenant, tout lui va”, “une nouvelle silhouette”,
“elle reste jeune beaucoup plus longtemps”, ainsi que des conseils sur le placement des lampes.
8 La pointe du matin, plus dépendante des activités économiques, a été moins réduite.
9 Enquête directe sur les lieux de ventes (1000 réponses) puis relance quatre mois après (500).
10 LFC achetées : 7% de moins de15 W ; 52% de 15 à 18 W ; 41% au-dessus de 18 W. Pour le remplacement, 35%
des LFC ont remplacé une 100 W, 25% une 75 W et 28% une 60 W. On profite de la substitution pour accroître
la puissance lumineuse. De plus, 27% des utilisateurs estiment que l’éclairage est moins fort avec une LFC, d’où
une surpuissance mais 73% pensent le contraire.
11 Philips-Mazda (FEE et Euréka), Osram (DULUX), GE (BIAX), Sylvania-Claude (MINIX), Ecolux (DEF 20),
Please (ballast séparé) et Ecolife (LUMIN). Des essais sur de nouvelles LFC sont venus compléter les LFC initia-
lement retenues (Ultralite, Ecolife, Slim Line Philips)
12 La conclusion de l’étude par EDF-DER montre que le seuil critique en résidentiel est de six LFC par foyer alors
que nous en sommes actuellement à 0.15 LFC par foyer et que les fabricants visent une diffusion portant à 0.6 le
ratio en 1998.
13 Premier prix décerné à Gourdon et Brux pour leur lampe à poser FOLIO.

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C h a p i t r e 5

Bilan
Bilan
Bilan de l’expérience française et internationale
de promotion de la diffusion des LFC

Impacts des programmes


Taux de participation ils ne sont pas forcément représentatifs des
résultats enregistrés par l’ensemble des
Le taux de participation est une des variables programmes américains. Pour l’Europe, il
clé permettant d’évaluer l’efficacité des s’agit des principaux programmes mis en
mesures d’incitation employées et la réussite oeuvre entre 1987 et 1992 (Mills E., 1993).
d’un programme de promotion. Il mesure le
nombre de ménages (dans le secteur résiden-
tiel) ayant bénéficié des incitations offertes Tableau 1 : Programmes de diffusion de LFC dans le
par rapport au nombre de ménages potentiel- secteur résidentiel en Europe / Taux de participation
lement concernés par le programme. Les Source : Mills E., 1993
tableaux 1 et 2 présen- ▼
tent, à titre d’exemple, Entreprises Nature Ménages Lampes Taux de
1
les résultats observés sur du programme elligibles diffusées participation
des programmes mis en Allemagne E.V. Schwaben Réductions 800000 61000 8%
oeuvre dans le secteur Danemark NESA A/S - 1990 Leasing 408000 259000 5%
ELSAM - 1990 Réductions 65000 9400 11%
résidentiel, aux Etats
SEAS A/S - 1989 Distribution 120000 216000 90%
Unis et en Europe.
KOGE - 1989 Distribution 6000 12000 100%
On notera que, en ce qui Finlande 1990 Distribution 17000 17000 100%
concerne les Etats Unis, France 2 Guadeloupe - 1992 Leasing 120000 300000 39%
les programmes présen- Irlande ESB - 1990 Leasing 25000 5000 5%
tés sont assez particuliers Pays Bas 1988 - 89 Leasing 3150000 1173000 15%
puisqu’il s’agit de Suède Stockholm E. 88-89 Réductions 390000 133000 5%
programmes avec des Malmo Energi - 1989 Réductions 136000 24000 8%
taux de participation très Stockholm E. - 1987 Distribution 2100 6400 50%
élevés (Pye M.E. et al. Helsingborgs E. 1988 Distribution 53000 35000 66%
Moyenne 15%
1994). En conséquence,

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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M D E - É C L A I R A G E

A partir de ces résultats, il est possible de faire • enfin, pour les programmes les plus
plusieurs observations : courants et de grande ampleur, de type
• les taux de participation varient incitations financières intégrant ou non un
considérablement d’un programme à un mécanisme de paiement différé, les taux de
autre ; on relève ainsi, en Europe, des taux participation restent assez faible,
de participation dans le résidentiel allant de typiquement entre 5 et 10%.
moins de 1% jusqu’à 100%, avec une En ce qui concerne le secteur commercial, les
moyenne de 15%. taux de participation constatés aux Etats- Unis
• les taux de participation les plus élevés sont généralement inférieurs à ceux des
sont observés sur des programmes de programmes dans le résidentiel, allant de
distribution (Traer, Iowa - KOGE, DK) 0,6% à 16%, pour une moyenne de 4%.
et/ou d’installation gratuite (NEES), ce qui (E. Vine, 1994).
n’est pas surprenant, cette procédure
minimisant les coûts à charge des
utilisateurs. On notera toutefois que même Nombre de lampes diffusées
ces programmes ne permettent pas
d’atteindre systématiquement des taux de Le nombre de lampes diffusées par ménage
participation de 100%. participant peut varier considérablement d’un
• les taux de participation les plus élevés programme à un autre. Il est en moyenne de
sont généralement obtenus pour des 2,5 lampes/ménage pour les programmes
programmes de taille réduite (quelques européens à destination du secteur résidentiel.
milliers de ménages potentiellement Mais il dépasse 5 lampes dans certains
concernés). Plus le nombre de ménages programmes : 6 lampes par ménage pour le
éligibles augmente, moins les taux de premier programme suédois portant sur 2000
participation sont importants. ménages et 8 pour le programme Guadeloupe
portant sur 300 000 ménages.
Globalement, le nombre de lampes diffusées
Tableau 2 : Programmes de diffusion de LFC dans le par les premiers programmes européens
secteur résidentiel aux Etats Unis / Taux de participation (période 1989-91 ; Tableau 1) varie de
Source : M.E. Pye, 1994 quelques milliers d’unités à plusieurs
▼ centaines de milliers. Les plus significatifs en
Entreprises Nature du Ménages Taux de volume sont les programmes Stockholm
programme participa
Energi (réduction - Suède), NESA (réduction
-tion %
Traer Municp. Utility Distribution 900 60 et paiement différé), SEAS (distribution
NEES Installation 74 000 50 gratuite - Danemark), EBA (rabais et paie-
Burlington ED Leasing 14 000 42 ment différé - Pays Bas), avec chacun plus de
Los Angeles DWP Installation 1169 000 35
200 000 unités distribuées, soit une économie
Wisconsin Public Serv Réductions 301 000 28
United Illuminating Installation 100 000 27
d’énergie estimée de l’ordre de 13 000 MWh3.
Boston Edison Réductions 550 000 23 Les programmes de distribution ou d’installa-
Madison G&E Réductions 100 000 12 tion gratuite ont un impact moindre en termes
CMP Réductions 450 000 10 de lampes diffusées parce qu’ils concernent
SCE Subv. fabric 3600 000 5
un nombre réduit de ménages et/ou compor-

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60
B I L A N

tent des limites au nombre de lampes acces- installées, conformément aux suggestions
sibles pour chaque ménage participant. de la compagnie, en substitution de lampes
Pour les programmes plus récents (Tableau 3), à forte utilisation et en concordance avec la
à l’exception de certaines actions d’impor- pointe journalière,
tance régionale (Brême 1993) ou à vocation • pendant la période de pointe du soir en
exploratoire (Italie, 1990), les réalisations hiver, 80% des LFC sont utilisées.
concernent des volumes de lampes systémati- Les évaluations réalisées dans les DOM ou en
quement supérieurs à 100 000 unités, et très métropole confirment ces résultats : les LFC
souvent proches de, ou supérieurs à 200 000 achetées sont installées sur les points lumi-
unités. Les incitations financières sous forme neux les plus sollicités qui sont aussi ceux qui
de subventions ou de prix promotionnels contribuent le plus à la demande de pointe.
négociés avec les industriels, sont les princi- Dans les DOM où les opérations de promotion
paux mécanismes de promotion utilisés en des LFC ont été significatives au regard du
association avec d’importantes campagnes de nombre total de ménages, l’impact sur la
communication (cf. infra). pointe est confirmé : la réduction de la pointe
du soir pour la Guadeloupe et la Martinique
est estimée à 7 MW, soit 6 - 7% de la pointe
Economies d’électricité journalière pour la Guadeloupe.
et impact sur les courbes de charge Sous réserve d’investigations plus systéma-
tiques, on peut conclure que les programmes
L’impact réel des actions de diffusion de tech- de diffusion des LFC ont un impact à la fois
nologies d’éclairage efficientes sur les courbes sur la consommation d’énergie (les lampes
de charge est difficile à
apprécier car la réduction Tableau 3 : programmes récents de diffusion de LFC
de la consommation dans le résidentiel en Europe
d’électricité obtenue Source : DEFU [1996] et L. Cauret [1996]
reste relativement faible ▼
en proportion de la Année / Cie Durée Ménages éligibles LBC
demande totale et il est vendues
délicat d’attribuer toutes Allemagne 1993 (Brême) 330 j 270 000 31 200
les variations de consom- Danemark 1992 ELSAM 30 j 1 200 000 408 000
mation observées au seul 1994 national 60 j 2 338 000 568 000
effet des LFC. France 1992 Guadeloupe 60 j 100 000 350 000
Des résultats partiels sur 1993 Martinique 120 000 350 000
un programme danois Irlande 1994 national 6j 1 140 000 1 000 000
(B. Nielsen, 1993) ont 1995 national 6j 100 000 150 000
montré que : Italie 1990 90 j 500 000 15 000
• 90 % des lampes
1995 national 60 j 12 000 000 750 000
distribuées ont
Pays Bas 1991 (PEN) 47 j 489 000 164 000
effectivement été
1994 (PEN) 120 j 238 500 198 000
installées,
Suède 1991/1993 (Uppsala) 60 000 70 000
• les LFC sont

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

61
M D E - É C L A I R A G E

substituées sont celles qui sont habituellement rapport coût / avantage favorable ; en d’autres
les plus utilisées) et sur la pointe journalière termes, le coût des actions de promotion des
(les LFC installées sont aussi les plus sollici- LFC est inférieur au coût qu’aurait entrainé la
tées pendant la pointe). Les évaluations production d’électricité permettant de satis-
économiques de ces programmes indiquent faire le même besoin d’éclairage (Encadré 1).
par ailleurs que, en règle générale, les écono-
mies d’électricité obtenues présentent un

Efficacité
des instruments d’incitation utilisés
Différents instruments d’incitation ont été dans ces campagnes leur confère un crédit
utilisés par différents acteurs, dont les entre- supplémentaire auprès des consommateurs en
prises électriques dans le cadre de leurs apportant une certaine crédibilité aux infor-
programmes de MDE, pour favoriser la diffu- mations mises en avant par les fabricants. De
sion des technologies d’éclairage efficientes et même, l’envoi de brochures d’information
singulièrement des LFC. Mais les deux caté- directement aux consommateurs, notamment
gories d’instruments les plus utilisées ont été lorsque le mailing est réalisé par une compa-
l’information des consommateurs et les inci- gnie d’électricité en accompagnement de la
tations financières, dont la contribution à facture d’électricité, influe plus nettement sur
l’introduction sur le marché et à la diffusion les décisisons d’achat que les campagnes clas-
des premières LFC est considérée comme siques d’affichage ou relayées par les médias.
essentielle4. Toutefois, les programmes comportant unique-
ment de l’information, sans aucune incitation
financière associée, sont restés relativement peu
Les actions d’information nombreux. Et, en ce qui concerne le secteur rési-
dentiel, ils ont eu de manière générale un suc-
L’intérêt principal des actions d’information cès limité que l’on peut attribuer à une straté-
est d’accroître la notoriété d’un nouveau gie de communication inadaptée5 et surtout, à
produit disponible sur le marché dont la la persistence de la contrainte de prix particu-
distribution et la diffusion sont encore margi- lièrement forte dans la période d’introduction
nales et dont les qualités spécifiques ne sont des LFC sur le marché.
pas immédiatement reconnues par les L’étiquetage des performances énergétiques des
consommateurs (cf. chapitre 3). Une action sources lumineuses constitue un autre instru-
concertée, fabricants, distributeurs, partenaires ment destiné à informer le consommateur sur
institutionnels, permet alors d’en accroître la les différences existant entre les produits d’éclai-
disponibilité et d’attirer l’attention des rage. Le manque de références internationales
consommateurs sur le produit tout en les dans ce domaine ne permet pas encore d’en esti-
mettant en confiance. mer l’efficacité. Il devrait être mis en oeuvre en
L’implication des partenaires “institutionnels” 1997 pour les pays européens (Encadré 2).

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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B I L A N

Encadré 1 : Analyse économique des programmes de diffusion des LFC



Les programmes de diffusion évité sur le coût de l’énergie opportunistes qui profitent des
des LFC, qu’ils soient initiés économisée est de 1,9 (J. Eto subventions alors qu’ils
par des compagnies d’électri- et alii, 1994). auraient acheté les lampes
cité ou par les pouvoirs On conservera toutefois une sans incitations.
publics, sont soumis à des certaine prudence vis-à-vis de Si les évaluations tenant
évaluations économiques. ces résultats et on évitera de compte de ces différents
Celles-ci permettent de vérifier comparer les résultats facteurs ne remettent pas en
si les bénéfices retirés collecti- produits par des sources diffé- cause la validité économique
vement des actions engagées rentes, les méthodologies des programmes, de façon
équilibrent les coûts qu’elles d’évaluation suivies pouvant globale, elles montrent que
ont entrainés. Pour effectuer ne pas être strictement compa- ceux-ci ne sont pas systémati-
des comparaisons entre diffé- rables. Ceci pourrait expliquer quement rentables quelles que
rents programmes, il est clas- le décalage constaté de soient les modalités d’incita-
sique de procéder au calcul du manière paradoxale entre des tion utilisées, les taux de diffu-
coût actualisé de l’énergie programmes européens stan- sion atteints ou les coûts
économisée (C), qui pourra dards (C = 0,021 $/kWh) et des administratifs des
éventuellement être comparé programmes américains à très programmes.
au coût de l’énergie qu’il aurait forts taux de participation
été nécessaire de produire (C = 0,033 $/kWh). Les perfor- Tableau 4 : Coût de l’énergie économisée
pour satisfaire le même mances économiques des dans les programmes de diffusion de LFC6
Sources : Mills, 1993, Eto 1994, Pye M.E., 1994
service. Les principales programmes peuvent, en effet, ▼
évaluations disponibles ont différer selon qu’il s’agit
été regroupées dans le d’évaluations ex-ante basées

Coûts indirects
/coûts directs
économisée7
Tableau 4. sur des hypothèses technico-

($90/kWh)
(MWh/an)
Le coût de l’energie économi- économiques (nombre de

Energie
Programmes Secteur

CEE8
sée pour les premiers lampes subsitutées, puissance
programmes européens dans évitée, durées d’utilisation,
NEES (USA) Com./Ind. 104 000 0,35 0,037
le résidentiel est de etc.) ou d’évaluations ex-post
Con Edison Com./Ind. 92 000 0,21 0,068
0,021 $/kWh en moyenne (E. bénéficiant de mesures réali-
Mills, 1993). Un échantillon de sées à l’issue des NMPC (USA) Com./Ind. 134 000 0,05 0,060
programmes américains programmes. De même, les NU-ESLR (USA) Com./Ind. 150 000 0,14 0,025
présentant des taux de partici- coûts des programmes PG&E (USA) Com./Ind. 130 000 0,04 0,050
pation élevés (donc favo- peuvent varier sensiblement SCE (USA) Com./Ind. 97 000 0,09 0,012
rables) conduit à une moyenne selon que l’on intègre ou non, Moyenne Com./Ind. 0,15 0,044
de 0,033 $/kWh pour le secteur à côté des coûts directs Boston Ed. (USA) Résid. 21 000 0,35 0,062
résidentiel (M.E.Pye, 1994). (acquisition et installation des CMP (USA) Résid. 11 000 0,18 0,026
Enfin, une autre évaluation équipements, campagnes de
Mad. G&E (USA) Résid. 6 000 0,22 0,013
plus systématique des communication et de marke-
NEES (USA) Résid. 14 000 - 0,075
programmes réalisés dans le ting, etc.), les coûts indirects
SCE (USA) Résid. 47 000 0,08 0,014
tertiaire aux Etats-Unis, (coûts administratifs) tels que
conduit à un coût moyen de les frais généraux, le coût des UI (USA) Résid. 15 000 0,09 0,032

l’énergie économisée de procédures d’évaluation, ou WPS (USA) Résid. 34 000 0,50 0,029
0,04 $/kWh (J. Eto et alii, 1994). d’encadrement pour la prépa- Moyenne Résid. 0,26 0,033
D’une manière générale, ces ration et le suivi des Stockholm 2 (S) Résid. 5 000 0,53 0,046
coûts se comparent favorable- programmes. Enfin, on peut ou Malmo Ener (S) Résid. 2 000 1,56 0,023
ment aux coûts de production non, tenir compte des modifi- KBV (DK) Résid. 7 000 0,17 0,027
évités ; pour les programmes cations de comportement des EBA (NL) Résid. 14 000 - 0,009
américains concernant le utilisateurs (durées d’utilisa- EVS (D) Résid. 4 000 0,31 0,017
tertiaire, par exemple, le ratio tion), des lampes achetées
KELAG (A) Résid. 10 000 0,07 0,030
moyen du coût de production mais non utilisées, ou des
EDF (F) Résid. 19 000 0,17 0,027
Moyenne Résid. 0,17 0,021

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M D E - É C L A I R A G E

Encadré 2 : L’étiquetage des performances énergétiques des sources lumineuses



Les seules informations dont consommateur qui pourrait en différents produits mais d’attri-
dispose le consommateur pour limiter l’impact (détermination buer à un produit une recon-
choisir une source lumineuse de la lampe en fonction du naissance de qualité sur un
sont relatives au prix et à la nombre de lumens souhaités, critère particulier (protection de
puissance électrique consom- puis choix de la lampe avec la l’environnement, efficacité éner-
mée. Il n’est donc pas en puissance électrique la plus gétique, par exemple). Le clas-
mesure de différencier les équi- faible) mais le recul est encore sement d’un produit d’éclairage
pements proposés à la vente insuffisant pour l’affirmer. En dans la catégorie A ou B de
sur la base du critère d’effica- revanche, le projet européen l’étiquette européenne, par
cité énergétique et, le souhaite- semble prometteur car il exemple, en lui conférant une
rait-il, de choisir la source la reprend les principaux éléments distinction du point de vue du
moins consommatrice pour un de l’étiquette déjà appliquée aux critère efficacité énergétique,
usage donné. équipements électroménagers, agirait comme un label de
dont le code de couleurs est qualité, sans que les consom-
L’étiquetage énergétique obliga- très facile à interpréter. mateurs aient à tenir compte
toire est précisément destiné à des autres informations
combler ce déficit d’information Il ne faut toutefois probable- présentes sur l’étiquette. Bien
en fournissant une information ment pas s’attendre à une entendu, cet effet de “label”
standardisée et fiable au évolution radicale des compor- dépendra dans une large
consommateur qui lui permettra tements. L’étiquetage des appa- mesure de la notoriété et de la
de connaître la consommation reils électroménagers n’a pas crédibilité de l’étiquette euro-
énergétique de chaque lampe produit des résultats totalement péenne elle-même, et de son
et/ou d’estimer leur efficacité convaincants, notamment aux succès dans le secteur de
relative. Etats Unis. Dans le cas de l’électroménager.
l’éclairage, une difficulté
◗ Expérience supplémentaire vient encore On notera que les lampes ne
L’affichage des performances limiter l’efficacité de l’étique- sont pas les seuls composants
des sources lumineuses est tage : l’impossibilité d’indiquer d’un système d’éclairage
obligatoire aux Etats Unis une durée d’utilisation pouvant faire l’objet d’une labé-
depuis mai 1995. L’étiquette moyenne, donc la consomma- lisation. Les luminaires, qu’il est
comprend des informations sur tion annuelle de l’équipement, difficile de différencier du point
la puissance lumineuse en kWh ou en francs. Dans ces de vue de leur efficacité lumi-
(lumens), la puissance élec- conditions, il est difficile pour le neuse, pourraient ainsi être
trique (Watts) et la durée de vie consommateur d’apprécier distingués par un label.
(heures) de chaque source. Un l’intérêt d’un achat nécessitant Toutefois, cette distinction
projet d’étiquetage identique est un surcoût important. De ce fait, devrait être liée à l’utilisation
à l’étude pour l’Union c’est plutôt la fonction “label” d’un type d’ampoule clairement
Européenne qui comporterait en de l’étiquette européenne qui identifié (la forme de l’ampoule
plus de ces informations, une pourrait avoir une influence sur influant sur le rendement lumi-
indication de l’efficacité relative les consommateurs. neux) pour un impact potentiel
de chaque source sur une incertain s’agissant d’un équi-
échelle graduée A à G (applica- ◗ la fonction “label” pement sur lequel les choix
tion probable en France début Le label est une forme intermé- esthétiques sont prépondé-
1998). diaire d’étiquetage. Sa fonction rants.
n’est pas de permettre au
Le programme américain néces- consommateur d’effectuer une
site a priori une démarche comparaison fine et éventuelle-
assez complexe de la part du ment un choix optimal entre

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

64
B I L A N

Les incitations financières : cial de l’industriel, qui peut éventuellement


rabais, leasing,... être associé à une réduction complémentaire
des marges des distributeurs.
Les premières LFC ont été mises sur le Les actions d’incitation financière ont connu
marché à un prix de vente 20 ou 30 fois supé- un développement essentiel avec l’instaura-
rieur à celui d’une ampoule à incandescence. tion du leasing qui offre aux acheteurs la
Cet écart de prix par rapport à la technologie possibilité d’un paiement différé des lampes.
standard a été clairement identifié comme une Plusieurs compagnies d’électricité ont ainsi
des principales contraintes à la diffusion. proposé à leurs abonnés d’acquérir des LFC
Ainsi, la plupart des programmes de promo- en combinant une réduction sur le prix de
tion ne se sont pas contentés d’informer les vente et un paiement différé intégré à la
consommateurs sur les caractéristiques spéci- facture d’électricité 10. Ces programmes de
fiques des LFC mais ont cherché à obtenir une leasing qui réduisent la contrainte du surcoût
diminution ponctuelle des prix afin de stimu- initial ont conduit à des taux de participation
ler la demande. significativement plus élevés que les
Cette réduction intervient sur une période programmes de rabais simples, ce qu’indi-
limitée dans le temps qui peut aller de quent clairement les programmes Guadeloupe
quelques semaines à quelques mois. L’objec- et Martinique. Résultat que l’on peut attribuer
tif est d’accroître la demande à court terme à la réduction de la contrainte de surcoût
par effet-prix, et à plus long terme, de dyna- initial que permet le leasing, mais aussi, à la
miser le marché, l’accroissement de la diminution du risque perçu par le consomma-
demande permettant par effet d’échelle et teur assuré de réaliser des économies sur sa
d’apprentissage, une réduction des coûts de facture d’électricité (cf. note 10).
production, donc des prix de vente, un nouvel
élargissement des marchés, etc.
La réduction proposée sur les prix de vente Portée et limite
peut avoir plusieurs origines. Dans les des actions d’incitation financière
programmes de rabais ou de coupons, une
compagnie d’électricité (par exemple) inter- Il n’est pas contestable que les programmes
vient en accordant à ses abonnés une subven- d’incitation financière, sous diverses formes et
tion sur l’achat d’une ou plusieurs lampes en association avec des actions d’information,
achetées 9 . Dans les programmes d’achats ont eu un impact très sensible sur la diffusion
groupés, en revanche, la réduction des prix de initiale des LFC. Leur influence est manifeste
vente publics provient de la négociation d’un au plan de la notoriété et de la distribution qui
tarif promotionnel avec un industriel, par un constituent des contraintes fortes lors de
grand acheteur (qui peut être aussi une l’introduction sur le marché d’un nouveau
compagnie d’électricité). Le résultat pour le produit. Ils ont surtout contribué à motiver les
consommateur est identique. Mais, dans le premiers adopteurs en créant un effet promo-
premier cas, la totalité de l’effort financier tionnel et en réduisant l’écart de prix avec les
incombe à l’institution qui est à l’origine de lampes à incandescence, et ainsi instauré une
l’opération, alors que dans le second cas, la première dynamique de diffusion des LFC
réduction des prix résulte d’un effort commer- dans le secteur domestique en Europe.

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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M D E - É C L A I R A G E

La réaction des consommateurs aux incitations (prévention à l’égard de l’éclairage fluores-


financières devient plus complexe lorsque le cent par exemple), les contraintes d’installa-
marché évolue et notamment lorsque les prix tion pressenties, les possibilités d’utilisation,
commencent à baisser. Les études menées dans etc. Autant que dans l’importance des moyens
divers pays européens suggèrent l’existence financiers engagés, la clé du succès des
d’un prix-seuil en deçà duquel la proportion de programmes de promotion réside alors dans
consommateurs disposés à acquérir des LFC les modalités d’incitation retenues (le leasing,
augmente très nettement. Selon les industriels, par exemple) et dans la définition et la mise
les seuils seraient très variables selon les pays en oeuvre des actions de marketing et de
considérés mais pourraient se situer par exemple communication.
à US 10 $, £ 10, DKR 100. Alors que la contrain- Pour conclure sur ce point, les programmes de
te de prix est très forte et souvent prépondérante promotion des LFC se sont dans un premier
au delà du seuil, elle perd de son importance temps essentiellement attachés à réduire la
relative en deçà. Et les incitations financières contrainte de prix en considérant les actions
n’ont plus le même impact sur les comporte- de communication comme un complément
ments d’achat (W. Wilms and E. Mills, 1991). nécessaire mais mineur. Avec la maturation du
Le recul relatif de la contrainte liée au prix marché et le recul relatif de la contrainte de
révèle les autres facteurs influant sur la déci- prix, le besoin se fait sentir en faveur de stra-
sion d’achat tels que la notoriété du produit, la tégies de marketing plus sophistiquées, sans
crédibilité de l’information sur les perfor- forcément négliger l’effet d’incitation complé-
mances produite par le fabricant, les préfé- mentaire pouvant être apporté par des prix
rences individuelles en matière d’éclairage promotionnels.

Dynamisation du marché des LFC


Une des questions centrales que posent les pro- seuls permettraient de répondre précisèment à
grammes de promotion des LFC utilisant des ces questions. Néanmoins, l’observation de la
incitations financières concerne leur impact à situation des pays du nord de l’Europe suggè-
moyen et long terme. Dans quelle mesure ces re que les programmes d’incitation ont eu un
programmes contribuent-ils, autrement que de effet d’entrainement sur le marché des LFC.
façon ponctuelle, à modifier les comportements Les écarts observés avec les pays ayant adopté
d’adoption et à instaurer une réelle dynamique des politiques moins volontaristes le montrent.
de diffusion ? Les consommateurs ne revien- Une dynamique de diffusion s’est instaurée qui
nent-ils pas à leurs choix antérieurs lorsque les est en grande partie autonome par rapport aux
incitations disparaissent ? Ne peut-on craindre actions d’incitation (Encadré 3).
un effet dépressif sur le marché si les acheteurs Pour E. Mills qui a analysé les programmes
habituels décident de différer leurs achats dans européens de promotion des LFC, il est clair
l’attente de nouveaux programmes d’incitation ? que ceux-ci ont largement contribué à accélé-
Nous ne disposons pas des éléments statistiques rer les ventes (E. Mills, 1993) ; aux Pays-Bas,
minimaux concernant le marché des LFC qui au Danemark et en Suède, par exemple, les

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B I L A N

Encadré 3 : Dynamique du marché des LFC



◗ Le marché mondial déjà importante au sont évaluées pour 1993 et
Danemark ou aux Pays Bas, 1994 à 3,9 millions et 5,5
Les ventes mondiales de où la proportion de lampes millions d’unités, respective-
LFC sont passées de 45 fluocompactes par ménage ment. Ceci conduit à un taux
millions d’unités en 1988 à est égale ou supérieure à 2 d’équipement estimé par
quelques 200 millions en (Tableau 2). On notera que OSRAM pour l’année 1993 de
1994, ce qui représente ces taux d’équipement sont 0,4 lampe/ménage, qui situe-
quelques pourcent des calculés à partir de rait la France sensiblement
ventes globales de lampes à l’ensemble des ménages, en deçà de la moyenne euro-
incandescence. qu’ils possèdent ou non des péenne.
Les taux de croissance LFC. Ainsi, au Danemark, En ce qui concerne les prix
supérieurs à 30% que l’on 46% des ménages sont de vente des LFC, aucune
peut observer en début de équipés d’au moins une LFC, source ne fournit, à notre
période (jusqu’au début des mais la moitié d’entre eux connaissance, une compa-
années 90) sont caractéris- possède plus de 3 lampes, et raison pour l’ensemble des
tiques d’un marché émer- un quart plus de 6. pays européens. A titre
gent. Ils tendent ensuite à se Au total, le parc de LFC d’information, les prix
stabiliser dans la phase de installées dans le résidentiel moyens retenus par l’étude
croissance, lorsque les en Europe est estimé à près DEFU pour le Danemark, les
ventes en volume devien- de 100 millions d’unités en Pays Bas et l’Allemagne sont
nent plus significatives. 1995. respectivement de 105 FF,
Pour la période 1994-98, les Nous ne disposons malheu- 85 FF et 95 FF (DEFU, 96). En
industriels tablent sur des reusement pas de données France, les prix observés
taux de croissance stabilisés comparables en ce qui dans la grande distribution
de l’ordre de 15%/an, qui concerne la France. Les pour les lampes de marques
pourraient conduire à un ventes globales de LFC se situent dans une four-
volume de ventes global de (substitution et intégration) y chette de 130 - 150 FF.
350 millions d’unités en
1998.
Les lampes d’intégration
destinées au secteur tertiaire Tableau 1 : Ventes mondiales de LFC et prévisions
qui représentaient la majo- Source : IAEEL Newsletter, 1994
rité des ventes jusqu’au

début des années 90 sont
progressivement rattrapées
par les lampes de substitu- 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995-98 1998
tion destinées au résidentiel, Substitution 23 32 46 61 74 90 187
ce qui traduit l’instauration
% croissance 22 39 32 32 20 22 20
d’une nouvelle dynamique.
Intégration 36 48 69 78 94 105 160
◗ Le parc résidentiel en % croissance 31 33 44 13 21 11 15
Europe et le marché français
TOTAL 59 80 115 139 168 195 347
Le parc de LFC installé dans
le secteur résidentiel en
Europe présente d’impor-
tantes disparités selon les Tableau 2 : Parc installé de LFC dans le résidentiel en Europe - 1995 -
pays considérés. La diffu- Source : DEFU, 1996
sion des LFC est encore très

limitée en Norvège, en
Espagne, ou en Italie, avec
respectivement 0,1, 0,2 et 0,2 Pays NL DK IRL D FL SW I SP N Moy.
lampes par ménage, mais LFC / foyer 2,3 2,0 1,5 1,3 1,0 0,3 0,2 0,2 0,1 1,0
% foyers équipés 56 46 35 50 - 20 20 11 10 -

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

67
M D E - É C L A I R A G E

programmes de promotion des LFC ont accru 4 lampes par ménage équipé, soit 14 millions
les ventes dans le secteur résidentiel dans des d’unités dont seule une partie a été acquise par
proportions de 1 à 4. un effet direct des programmes d’incitation.
Cet accroissement du volume des ventes On peut donc parler d’effet levier des pro-
résulte à la fois d’effets directs des incitations, grammes de promotion qui étend leur influen-
financières notamment, mais aussi d’effets ce au delà des seuls participants et d’effet dyna-
indirects sur la notoriété du produit, de mique introduisant une certaine pérennité des
l’amélioration de sa distribution, de l’effet de effets au delà des programmes eux-mêmes. En
démonstration des premières lampes instal- conséquence, on peut considérer que dans les
lées, de l’amélioration des performances du pays du nord de l’Europe, le marché des LFC
fait de l’apprentissage, de la baisse des coûts n’est plus dans la phase initiale d’émergence de
résultant des effets d’échelle, etc. Au la technologie. La notoriété a progressé, les per-
Danemark, l’augmentation des volumes de formances (rendement mais aussi encombre-
ventes a ainsi permis une diminution des prix ment, confort d’utilisation, etc.) se sont sensi-
publics de 50 $ en 1987 à 20 $ en 1991, en blement améliorées, les prix ont diminué,...,
valeur constante. Aux Pays-Bas, de même, la sous l’effet des programmes de promotion qui
diffusion des LFC atteint aujourd’hui 56% des ont permis d’élargir la demande à partir des
ménages, avec une moyenne supérieure à niches initiales.

Notes
1 Les mécanismes d’incitation sont très schématisés (cf. Mills et Pye pour détails) ; Distrib. = distribution gratuite
de lampes efficientes (pas uniquement des LFC dans le cas des programmes américains) ; Installation = installa-
tion gratuite de lampes efficientes (idem) ; Réduction = réductions sur les prix de vente des lampes, sur les points
de vente ou par le biais de coupons de réduction ; Leasing = paiement différé des lampes sur la facture électrique ;
Subv. fabric. = subvention accordée directement au fabricant pour faire baisser les prix de détail.
2 Les données de E. Mills ont été corrigées pour tenir compte des résultats définitifs du programme.
3 Hypothèses : LFC 15 W en substitution 60 W incandescence ; 4 h/j (Mills, 1993).
4 Information et incitations financières sont les instruments les plus utilisés dans le résidentiel et le petit tertiaire.
L’étiquetage des performances énergétiques des sources lumineuses est envisagée au plan européen pour l’année
97 et pourrait contribuer à accélérer la diffusion des LFC (cf. Encadré). Enfin, les normes de performances,
globales ou par composants, sont susceptibles d’influer sur l’efficacité énergétique des systèmes d’éclairage dans
le grand tertiaire notamment mais ne seront pas abordés ici du fait de leur impact limité sur le résidentiel ou le petit
tertiaire.
5 Communication inadaptée parce que trop souvent destinée à des consommateurs a priori dejà convaincus de
l’intérêt du produit.
6 Tous les programmes étudiés par Mills, Eto et Pye n’ont pas été repris dans ce tableau. A titre d’illustration, nous
ne présentons ici que les programmes les plus significatifs du point de vue des quantités d’énergie économisée. En
revanche, les moyennes indiquées sont les moyennes obtenues par Eto et Mills sur l’ensemble des programmes
étudiés.
7 Pour les programmes européens, les quantités d’énergie économisées ont été estimées sur la base des hypothèses
suivantes : 72 kWh/lampe.an (soit 4h/j et 9% de pertes en réseau)
8 Tous les chiffres sont indiqués en $1990 sauf pour les programmes résidentiels américains pour lesquels aucune
précision n'est donnée.
9 Les actions de promotion basées sur des incitations financières ont connu de multiples développements : subven-
tions allouées au consommateur sous forme de remboursement après achat, de coupons de réduction, d’une lampe
gratuite pour plusieurs lampes achetées, etc., ou versées au distributeur, voire directement au producteur. Dans
certains cas, les subventions ont même représenté la totalité du coût des lampes, plusieurs compagnies d’électri-
cité ayant procédé à des distributions gratuites auprès de leurs abonnés.
10 Les mensualités sont souvent calculées de façon à ce que le remboursement du crédit soit inférieur aux économies
d’électricité générées par l’utilisation des lampes.

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

68
Conclusion
Conclusion
Enseignements
pour la diffusion des technologies efficientes
dans le secteur de l'éclairage en France

Le progrès technique dans l’éclairage

L’accroissement des performances énergétiques des sources lumineuses est un des moteurs du
progrès technique dans le secteur de l’éclairage, de même que la miniaturisation, l’amélioration
de la qualité de la lumière et l’augmentation de la durée de vie des produits. Dans certains
secteurs, la diminution des consommations énergétiques résulte plus du progrès technologique
d’ensemble (sur les moteurs électriques, les isolants, les échangeurs, etc.) que d’une recherche
consciente de la performance énergétique. Dans le secteur de l’éclairage, les industriels se sont
attachés depuis l’invention des premières sources lumineuses à en améliorer l’efficacité éner-
gétique. L’apparition de la LFC au début des années 80 atteste de cet effort d’innovation visant
à réduire les consommations énergétiques, au même titre que les nouveaux tubes fluorescents
rectilignes, les ballasts électroniques, le perfectionnement des lampes à décharge, etc.
La LFC occupe toutefois une position particulière parmi les technologies d’éclairage et justifie
de ce fait un intérêt particulier ; il s’agit de la première technologie permettant d’envisager une
substitution progressive des sources très peu efficientes encore majoritairement utilisées dans le
secteur résidentiel. Il n’est évidemment pas question de considérer la LFC comme la lampe qui
pourrait remplacer toutes les autres dans les habitations, les commerces ou les immeubles de
bureaux. Mais il est tout aussi évident que cette nouvelle technologie en se banalisant peut
contribuer de manière très significative à réduire l’intensité énergétique de l’éclairage.

L’évolution de la demande d’éclairage

La fonction éclairage absorbe approximativement 10% de la consommation totale d’électricité


en France (13% de la consommation du secteur résidentiel et 27% de celle du tertiaire). Avec
une consommation annuelle moyenne de 500 kWh, un ménage français dépense près de 400 F
dans l’année pour s’éclairer.

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

69
M D E - É C L A I R A G E

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la consommation d’électricité pour l’éclairage n’est
pas stabilisée. La croissance continue des besoins d’éclairage s’explique notamment, dans le
tertiaire, par l’augmentation des surfaces éclairées, le recours plus systématique à l’éclairage
artificiel, l’amélioration des conditions de confort, etc., et, dans le résidentiel, par l’accroisse-
ment du nombre de ménages (certes plus petits), l’augmentation du nombre de points lumineux
par unité de surface, la diversification de la fonction éclairage (accentuation, esthétique, mise en
valeur). Cette croissance des besoins n’est que partiellement compensée par l’amélioration de
l’efficacité lumineuse des sources.
A conditions d’usage et structure des ventes inchangées, l’extension du secteur tertiaire et
l’augmentation du nombre de ménages conduisent à une croissance mécanique de la consom-
mation d’électricité pour l’éclairage. Celle-ci devrait atteindre 46,5 TWh au total en 2005, soit
une augmentation de 6% dans le résidentiel et 4% dans le tertiaire.
Une forte accélération de la diffusion des technologies d’éclairage efficientes permettrait
d’inverser cette tendance et de réduire la demande d’électricité à 24,5 TWh, soit un potentiel
d’économie de 22 TWh, en ne considérant que les technologies pouvant être remplacées dans
des conditions économiques acceptables pour les ménages et le tertiaire.

Le grand tertiaire : une approche globale de la fonction éclairage

La maîtrise de la demande d’électricité pour les besoins d’éclairage relève d’une approche
globale qui intègre de multiples paramètres tels que le niveau d’éclairement souhaité, les apports
de lumière naturelle, le choix des sources lumineuses et leur positionnement, la modulation de
la puissance en fonction des conditions d’utilisation, etc. Ce type d’approche est à privilégier
pour la construction neuve ou pour des campagnes étendues de rénovation des systèmes d’éclai-
rage, dans le tertiaire public ou le grand tertiaire privé.
Pour systématiser une démarche d’efficacité énergétique de l’éclairage dans cette catégorie de
bâtiments, l’instauration de normes ou de recommandations techniques est une approche qui a
déjà fait ses preuves dans d’autres secteurs (normes thermiques du bâtiment, par exemple). Il
s’agirait ici de définir des niveaux d’intensité lumineuse autorisés (recommandés) pour encou-
rager une approche globale de l’efficacité des systèmes d’éclairage, à compléter par des
systèmes visant à optimiser le recours à l’éclairage artificiel (programmation, détecteurs de
présence, etc.) et une meilleure valorisation des apports de lumière naturelle.
Sans nécessairement conduire à une stabilisation de la croissance des besoins d’éclairage, cette
démarche devrait lui imposer certaines limites tout en préservant des marges de développement
pour les améliorations nécessaires des conditions de confort.

Le petit tertiaire : la diffusion progressive de sources plus efficientes

Pour le petit tertiaire privé, les hôtels, les restaurants, les petits commerces ou immeubles de
bureaux, et les logements, cette approche globale semble peu réaliste. Les perspectives d’amélio-

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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C O N C L U S I O N

ration de l’efficacité énergétique se concentrent alors sur l’évolution des rendements des sources
lumineuses, voire des luminaires.
Dans ce secteur, la volonté de maîtriser les coûts de fonctionnement (consommation d’électri-
cité et maintenance des installations) a entraîné une adoption plus rapide des technologies
d’éclairage efficientes, notamment la fluorescence. Cette dynamique a profité aussi aux LFC qui
se sont diffusées d’abord dans le petit tertiaire, même si le taux d’équipement actuel est encore
très inférieur aux possibilités économiques de substitution. L’absence de motivation ou d’infor-
mation à l’égard des consommations d’éclairage, les problèmes de compatibilité avec les lumi-
naires existant ou la volonté de privilégier d’autres sources pour des raisons esthétiques, limitent
une plus large adoption.
Les stratégies à envisager dans ce secteur concernent la mise en place d’actions de sensibilisa-
tion sur les coûts de l’éclairage, d’information et de promotion en faveur des LFC, ciblées sur
certaines professions, l’extension des garanties des fabricants, voire des mécanismes de préfi-
nancement. Elles relèvent pour l’essentiel de stratégies de marketing classiques mais, au même
titre que dans le résidentiel, ces actions acquerraient un poids supplémentaire si elles étaient
associées à un engagement net des pouvoirs publics en leur faveur (cf. infra).

La LFC dans le résidentiel : une expérience internationale concluante

Dans le secteur résidentiel, la situation de l’éclairage efficient est très différente de celle qui
prévaut dans le tertiaire. L’éclairage incandescent y est encore très largement dominant, la
fluorescence ne jouant qu’un rôle marginal principalement sous forme de tubes rectilignes. Le
potentiel théorique de diffusion des LFC y est considérable.
Dans certains pays européens, la LFC n’est plus une technologie marginale et elle assure déjà
une proportion significative des besoins d’éclairage : au Danemark, en Allemagne ou aux Pays
Bas, 50% des ménages sont équipés de LFC, et le taux d’équipement des ménages se situe en
moyenne entre 1,5 et 2,0 lampes1. Ces résultats tiennent probablement à une sensibilité
particulière des consommateurs à l’environnement et à la maîtrise des consommations
énergétiques, mais surtout aux efforts continus déployés depuis la fin des années 80 pour
faciliter la diffusion et l’adoption des LFC dans ces pays.
Les campagnes de promotion ont combiné des actions d’information et de sensibilisation des
consommateurs et des actions d’incitation par les prix. Avec la caution apportée par les
partenaires institutionnels (compagnies d’électricité, agences de maîtrise de l’énergie,
collectivités locales,...), ces actions ont contribué à accroître la notoriété du produit, à réduire le
surcoût par rapport aux technologies standard, et à motiver les consommateurs, créant ainsi une
dynamique initiale. Le maintien des efforts publics a ensuite permis de conforter la demande,
d’élargir le marché, donc de réduire les coûts, et finalement d’atteindre des niveaux de diffusion
significatifs.
Quoique le nombre de lampes par ménage soit déjà significatif, de nouveaux programmes
d’incitation sont mis en oeuvre ou envisagés pour rapprocher le taux d’équipement moyen du
potentiel économique estimé voisin de 10 lampes par ménage.

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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M D E - É C L A I R A G E

Le contexte français :
une diffusion encore très faible

La situation française est très différente de celle des pays d’Europe du Nord. Les taux d’équi-
pement des ménages français sont très inférieurs à ceux de nos voisins, de l’ordre de 0,4 lampe
par ménage (chiffres 1993). Cet écart ne s’explique ni par le prix des lampes ni par le prix de
l’électricité. La maturité de la technologie devrait permettre aujourd’hui un décollage plus net
et une diffusion plus massive de la LFC.
Le marché a toutefois évolué depuis le début des années 90. Les taux de croissance dépassent
15%/an sur les dernières années, la disponibilité des lampes s’est améliorée et les grandes
surfaces généralistes proposent aujourd’hui des LFC à la vente. De plus, même si leur notoriété
reste encore insuffisante, elle s’est sensiblement améliorée depuis quelques années : en 1991,
49% des Français disaient ne pas avoir entendu parler des LFC, contre 31% en 1996
(CREDOC - 1996).
Enfin, signe de la plus grande maturité du marché, les prix ont baissé et il est aujourd’hui
souvent possible de trouver des LFC à un prix voisin de 80 F. Certes, il s’agit de marques de
distributeurs et non pas de lampes de “grandes” marques, mais néanmoins, la contrainte de prix
en est fortement réduite.

Résorption progressive
des contraintes techniques et économiques

Les principales contraintes que rencontre la diffusion des LFC ont donc changé. Si les prix sont
encore considérés comme trop élevés par une majorité de consommateurs, ils ne représentent
plus un obstacle incontournable. Autour de 80F, un premier achat de “curiosité” est envisageable
même si on peut penser qu’il est encore trop important pour permettre une large adoption (plus
de 2 ou 3 lampes par ménage).
Les autres contraintes se situent au plan technologique, pour l’essentiel. Elles concernent prin-
cipalement les problèmes d’encombrement et la commodité d’utilisation (délai d’allumage et de
montée en puissance, impossibilité de modulation de la puissance, etc.). L’évolution des tech-
nologies depuis 10 - 15 ans et certains développements récents montrent que ces problèmes sont
en voie de solution par les fabricants2, à un rythme qui s’accélère à mesure que le marché se
développe.
Enfin, il convient de mentionner, au plan des contraintes technologiques, un problème appa-
remment anodin mais qui peut avoir son importance : l’absence de standard commun aux diffé-
rents fabricants en ce qui concerne la forme des lampes. Cette contrainte qui peut sembler
mineure ne facilite pas une reconnaissance immédiate de la part du consommateur et empêche
la conception de luminaires spécifiques optimisés pour la LFC. L’absence de dénomination
commune aux différents fabricants pose le même problème de reconnaissance de la part des
consommateurs (cf. chap 3).

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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C O N C L U S I O N

Déficit de communication sur la LFC et nouvelles stratégies de marketing

Si l’on considère l’amélioration des caractéristiques techniques et la diminution des prix de


vente depuis quelques années, ce sont les contraintes liées à l’information et à la motivation des
consommateurs qui comparativement semblent ne pas avoir évolué. Certes la notoriété s’est
améliorée mais elle reste encore bien faible, et l’absence d’intérêt pour le produit, le faible crédit
accordé aux informations fournies par les fabricants, l’incertitude sur la réalité des économies
attendues, la prévention à l’égard de l’esthétique, etc., subsistent en défaveur des LFC.
La persistance de ces contraintes nous semble pour partie imputable à un déficit de communica-
tion sur les LFC. Rappelons qu’en France les principales campagnes de communication grand
public ont été lancées au milieu des années 90 alors que les LFC étaient commercialisées depuis
le début des années 80. Ces actions de communication ont été principalement ciblées sur les avan-
tages économiques des lampes ou sur leur impact positif pour l’environnement.
Or, l’analyse des comportements révèle une certaine difficulté pour les consommateurs à intégrer
les coûts de fonctionnement des lampes dans leurs décisions d’achat ou à faire le lien entre éclai-
rage, consommation d’électricité et impact environnemental. Les messages valorisant uniquement
ces deux critères n’ont ainsi réellement touché qu’une petite partie des consommateurs déjà sen-
sibles à ce type d’arguments. En pratique, il semble que les actions de communication engagées
aient plus cherché à informer qu’à convaincre les consommateurs, comme si les qualités spéci-
fiques de la LFC devaient conduire à une adoption immédiate et massive. Le lancement de la LFC
aurait justifié des stratégies de marketing plus élaborées, mieux ciblées, avec des messages plus
différenciés, des stratégies comparables à celles utilisées habituellement pour l’introduction d’un
nouveau produit sur le marché.
De même, la modification des habitudes de consommation en faveur de l’incandescence, tout par-
ticulièrement dans les grandes surfaces de vente alimentaires, aurait nécessité des stratégies de
marketing plus agressives. Les campagnes publicitaires sur les médias généralistes n’ont qu’une
influence limitée sur des achats de renouvellement quasi-automatiques. En revanche, les actions
de communication sur les lieux de vente qui sollicitent le consommateur au moment de l’acte
d’achat, les mises en situation qui permettent de voir la lampe fonctionner ou la comparaison entre
diverses sources, pourraient avoir un impact plus grand et motiver des choix différents. A cet
égard, les grandes surfaces représentent des forces de vente considérables qu’il faudrait essayer
de mobiliser en faveur de la diffusion des LFC.

Quel positionnement pour la LFC ?

Le positionnement exclusif de la LFC comme un produit de substitution aux ampoules à incan-


descence est-il judicieux alors que le consommateur est habitué depuis toujours aux caractéris-
tiques de cette source de lumière ?
Cette stratégie conduit à faire l’impasse sur les arguments de différenciation tels que l’esthétique
des LFC ou la qualité de la lumière produite , par exemple, pour se centrer sur des arguments
principalement économiques. Elle conduit aussi a considérer la substitution comme acquise

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

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M D E - É C L A I R A G E

auprès du consommateur alors qu’à l’évidence la LFC n’est pas encore équivalente à une
ampoule à incandescence à de nombreux égards (encombrement, poids, rapidité d’allumage,
rendu de couleurs, etc.).
L’halogène fournit l’exemple d’une technologie d’éclairage qui quoi que beaucoup plus coûteuse
que l’incandescence, s’est diffusée très rapidement dans le résidentiel parce qu’elle offre un
nouveau service d’éclairage (indirect, puissant, variable, etc.) associé à une nouvelle esthétique
des luminaires.
Dès lors, on peut suggérer, parallèlement à la diffusion de la LFC comme produit de substitu-
tion, de créer une niche pour un nouveau produit d’éclairage : la lampe à poser avec éclairage
fluorescent et luminaire spécifique, par exemple. Cette démarche permettrait de valoriser la LFC
comme nouvelle technologie d’éclairage, d’en populariser l’usage et d’habituer les consomma-
teurs au rendu de couleur spécifique, et de faciliter l’élargissement de son marché vers les
ampoules d’usage général.

Quelle implication des pouvoirs publics ?

Nous l’avons indiqué, le marché des LFC semble entrer progressivement, en France, dans une
phase de croissance après des années pendant lesquelles la diffusion est restée confidentielle. La
période la plus délicate pour une technologie nouvelle semble achevée. On peut alors se poser
la question de la pertinence d’une intervention des pouvoirs publics pour promouvoir la diffu-
sion de la LFC.
Il est clair qu’une partie importante de l’effort de promotion relève de la stratégie des acteurs
privés, notamment les industriels et les distributeurs. Néanmoins, en complément de cet effort,
il nous paraît essentiel que les pouvoirs publics participent à la promotion de cette technologie
de façon à signaler de façon claire au consommateur l’existence d’enjeux dépassant la seule
sphère commerciale. Compte tenu des contraintes à l’adoption, cette intervention est nécessaire
pour accélérer le rythme et l’ampleur de la diffusion des LFC et ainsi contribuer à la réalisation
des objectifs de maîtrise des consommations énergétiques.
Faut-il pour autant envisager un programme massif de subventions en faveur des LFC comme
pourrait le suggérer l’analyse de l’expérience internationale ?
L’internationalisation des marchés des produits d’éclairage a fait profiter indirectement les
consommateurs français des programmes engagés dans d’autres pays. En effet, l’élargissement
des marchés en Europe du nord et en Allemagne a permis aux producteurs européens d’augmen-
ter leur volume de ventes donc de progresser sur la courbe d’expérience et, en conséquence, de
diminuer leurs coûts de production. La baisse des prix moyens observée sur le marché français
est en partie la résultante de cet effet d’expérience5.
Compte tenu de la baisse déjà engagée sur les prix, on peut penser que l’impact d’un programme
public d’incitation financière sur le marché français serait bien inférieur à l’impact produit dans
les pays nord-européens : le prix des marques de distributeurs est, en France, inférieur au prix
moyen observé dans les pays où la diffusion des LFC est déjà massive. Ainsi, s’il constitue
encore une contrainte, le prix des LFC n’est à l’évidence plus la contrainte principale et les stra-

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C O N C L U S I O N

tégies d’incitation à mettre en oeuvre doivent en tenir compte.


Faible notoriété, faible crédit accordé aux informations des constructeurs, incertitude sur la
réalité des économies attendues, absence d’intérêt pour le produit,..., sont en revanche des
contraintes qu’une action publique peut contribuer à réduire. Pour l’instant, les consommateurs
n’ont pas de raison de considérer la LFC différemment des autres innovations dans le domaine
des produits de consommation. Mais, si elle présente un intérêt collectif du point de vue des
économies d’énergie et /ou de l’environnement, peut-être conviendrait-il que les pouvoirs
publics en informent le consommateur.
Ce déficit de communication institutionnelle (par “institution”, nous entendons un acteur public
ou parapublic dont la légitimité sur le sujet ne pourrait pas être contestée6) en faveur de la LFC,
et de la MDE de manière générale, est à notre avis ce qui distingue le plus nettement la situation
française de celle des pays nord-européens. Dans ces pays, la LFC a bénéficié de nombreuses
campagnes auxquelles participaient divers acteurs publics, attirant l’attention des consomma-
teurs sur l’intérêt collectif de cette technologie. Il nous semble qu’une implication claire à ce
niveau aurait, en France, un impact important sur la notoriété, sur la motivation des consom-
mateurs et sur la crédibilité qu’ils accordent aux informations émanant des industriels.
Dans cette hypothèse d’une campagne institutionnelle destinée à promouvoir la LFC, une incita-
tion financière limitée pourrait être envisagée, moins pour l’effet-prix que pour renforcer le mes-
sage de l’intérêt collectif que présente la technologie. La question des modalités de cette incita-
tion n’est pas simple, mais les expériences les plus récentes suggèrent que le “leasing” sur la facture
d’électricité constituerait à cet égard un des instruments d’incitation les plus efficaces 7.

Des actions complémentaires à la diffusion des LFC

Une action de communication institutionnelle de grande ampleur appuyée sur des prix promo-
tionnels négociés avec les constructeurs et les distributeurs, et éventuellement un mécanisme de
leasing sur la facture d’électricité, seraient au coeur de la stratégie à engager pour accélérer la
diffusion des LFC dans le contexte du marché français. Mais d’autres actions publiques pour-
raient utilement compléter celles-ci et accélérer la pénétration des technologies efficientes dans
le secteur de l’éclairage.
Les consommateurs semblent douter des informations émanant des constructeurs et relatives aux
performances techniques des LFC. La durée de vie des lampes par exemple est une caractéris-
tique difficilement appréciable par le consommateur. La crédibilité des informations avancées
par les constructeurs serait sur ce plan nettement améliorée par une procédure de garantie sur
plusieurs années. Un label pourrait aussi y contribuer ; la réglementation européenne sur
l’étiquetage des consommations énergétiques qui doit être étendue aux produits d’éclairage. Il
peut jouer à cet égard un rôle important.
Les problèmes de compatibilité entre LFC et luminaires existant et l’absence d’une offre de
nouveaux luminaires adaptés sont un exemple de contrainte qu’une intervention publique peut
aussi contribuer à réduire. Il s’agit à l’origine d’un problème d’anticipation de la part des fabri-
cants de luminaires peu soucieux de prendre des risques sur un produit dont la diffusion était

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M D E - É C L A I R A G E

incertaine, particulièrement dans le tertiaire8. A terme, ce problème trouvera une solution avec
la diminution progressive de l’encombrement des LFC et l’extension du marché qui peut susci-
ter une offre nouvelle de la part des fabricants de luminaires. Dans l’immédiat, des instruments
tels que le “procurement”9 peuvent constituer des solutions adaptées pour accélérer la commer-
cialisation de nouveaux luminaires tout en limitant la prise de risque pour les industriels.
Enfin, la contribution potentielle de la LFC à la maîtrise des consommations énergétiques de
l’éclairage ne doit pas conduire à envisager cette seule technologie. La diversification des
besoins d’éclairage, la miniaturisation des sources lumineuses, l’existence de points lumineux
très peu sollicités, sont quelques unes des raisons qui ne permettent pas d’envisager une géné-
ralisation de la LFC dans le résidentiel. Il est donc important d’orienter aussi le progrès techno-
logique sur l’amélioration des autres sources lumineuses, ce que des programmes de coopération
internationale, de type “procurement” peuvent contribuer à faire.

Notes

1 Chiffres 1995 concernant l’ensemble des ménages


2 L’encombrement a considérablement diminué, certaines nouvelles lampes adoptent une répartition du flux lumi-
neux qui se rapproche de celui des lampes à incandescence et un constructeur annonce la prochaine mise sur le
marché d’une LFC dont la puissance lumineuse sera modulable.
3 Très peu de campagnes de communication ont présenté la LFC en situation de fonctionnement pour essayer de
valoriser la qualité de l’éclairage produit comme si sur ce point l’éclairage fluorescent partait battu d’avance.
4 Cette valorisation de la LFC aurait pu tirer parti du mouvement recul de l’halogène (500 et 300 W) à partir des
années 93-94, au profit de sources plus nombreuses, de moindre puissance, plus douces, etc.
5 Elle résulte aussi de la mise en oeuvre de stratégies commerciales plus affirmées de la part des producteurs sur
un marché en croissance et de l’introduction des marques de distributeurs.
6 On pense en particulier à l’Ademe, au Ministère de l’Environnement, au Ministère de l’Industrie, à EDF.
7 En France, par exemple, les écarts observés entre les succès des DOM et le relatif échec de la Corse, alors que les
moyens d’information utilisés dans les deux cas sont comparables, pourraient s’expliquer par le fait que le leasing
n’a pas été utilisé en Corse.
8 L’offre de luminaires adaptés aux LFC pour le tertiaire est aujourd’hui établie.
9 Programme d’achat public portant sur des volumes importants et comportant des spécifications techniques parti-
culières, notamment sur le critère d’efficacité énergétique. Il permet à l’acheteur public de faire porter l’innova-
tion sur certains aspects spécifiques tout en réduisant le risque de marché pour l’industriel.

Les cahiers du CLIP - N°7 - Janvier 1997

76
Bibliographie
Bibliographie

Chap. 1 :

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P.. Paris 1992
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◗ Inestene (1996): “Potentiels de maîtrise de la demande d’électricité en France à l’horizon
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◗ Inestène (1995): “Analyse des potentiels d’économie d’électricité dans l’éclairage“. Rapport
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◗ Mc Gowan T. : “In Electricity : efficient end-uses and new generation technologies and their
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Chap. 2 :

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◗ Bouwknegt A. : “Lampes fluorescentes de dimensions réduites pour l’éclairage domestique”.
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◗ BRESCU - OPET : “Energy Efficient Lighting in Buildings”. Thermie Maxibrochure ; report
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◗ Koedam M. : “L’avenir de la famille lampe”. Revue Lux N° 107, avril 1980.
◗ Lemaigre-Voreaux P. : “La surprenante ascension des performances des lampes électriques”.
Revue Lux N°101, février 1979.
◗ Mills E : “Mercury : a broader perspective”. International Association for Energy-Efficient
Lighting Newsletter N°3/93. Stockholm, 1993.
◗ Mills E and Piette M-A. : “Advanced energy-efficient lighting systems : progress and
potential”. Energy The International Journal. Special issue on Energy Efficient Lighting. Vol
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◗ Sikkens M. : “Lampes des années 90”. Revue Lux 159, aout -sept. 1990.

Chap. 3 :

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◗ DEFU (Danemark) : “Market research on the use of energy saving lamps in the domestic
sector”- Rapport de contrat pour le programme SAVE (CCE) - juin 1996
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octobre 1996.
◗ Jambes J.-P. et I. Zotow : "Diffusion de la maîtrise de l'éclairage. Etude marketing du marché
de l'éclairage". Rapport contractuel pour l'ARC Ecodif, juillet 1996.

Chap. 4 :

◗ Ademe et EDF : "Evaluation d'un programme de lampes à économie d'énergie" - 16


décembre 1994
◗ Ademe et EDF Corse : "Bilan provisoire de l'opération MDE de promotion des LBC en

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B I B L I O G R A P H I E

Corse" - juin 1995


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◗ DEFU (Danemark) : “Market research on the use of energy saving lamps in the domestic
sector”- Rapport de contrat pour le programme SAVE (CCE) - Juin 1996
◗ EDF et Ademe Guadeloupe : "Etude LBC - dossier de synthèse"- décembre 1994
◗ EDF Martinique : “Mesure de l'action Maîtrise de l'Energie LBC” (note STE/PA/VL) - 22
avril 1993
◗ EDF/DDSC/SMS : “Bilan financier de l'opération test "lampes à économie d'énergie” en
région NPC" - 7 juin 1994
◗ EDF/DDSC/SMS : “Premier bilan de l'opération test "lampes à économie d'énergie” en
région NPC" - 16 mai 1994
◗ EDF/DDSC/SMS : “Résultats de la deuxième enquête de l'opération test "Lampes à
économie d'énergie" en région NPC” - 8 septembre 1994
◗ GTE : Compte-rendu de la réunion du GTE du 20 septembre 1994 - 3 octobre 1994
◗ IPSOS Régions : “Post-test communication campagne économie d'énergie avec les LEE
Savoie” - 1 Décembre 1994
◗ Olerup B. : “The Stockholm lighting programme” - Utility Policies Vol. 4 p. 273-284 - 1995.

Chap. 5 :

◗ DEFU : “Market research on the use of energy saving lamps in the domestic sector”.
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◗ Eto J., Vine E., Shown L., Sonnenblick R. and Payne C. : “The cost and performance of
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Div. - Lawrence Berkeley Laboratory. Berkeley, may 1994.
◗ Fernstorm G.B. : “Steps to sucessful lighting programs”. Home Energy, the Magazine of
Residential Energy Conservation. Special Issue : “Energy-Efficient Lighting : the Switch is
On”. Nov. - Dec. 1994
◗ Lamare L. : “Compact Fluorescent”. EPRI Journal, march 1993.
◗ Mills E. : "Efficient lighting programs in Europe : cost effectiveness, consumer response, and
market dynamics". Energy The International Journal. Vol 18 N°12 ; special issue : Energy
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◗ Mills E. and Piette M.A. : "Advanced energy-efficient lighting systems : progress and
potential". Energy The International Journal. Vol 18 N°12 ; special issue : Energy efficient
lighting. Feb. 1993.

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M D E - É C L A I R A G E

◗ Nielsen B. : “Load-shape data for residential lighting : survey results for incandescent and
compact fluorescent lamps”. Energy The International Journal. Vol 18 N°12 ; special issue :
Energy efficient lighting. Feb. 1993.
◗ Pye. M.E. and Nadel S.M. : “Compact fluorescent lighting : a review of DSM programs with
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Light”, 1st European Conference on Energy-Efficient Lighting.- Stockholm, Sweden, 1991.

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