Des Contrats D'assurances de Groupe
Des Contrats D'assurances de Groupe
Des Contrats D'assurances de Groupe
THEME
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MEMOIRE
DIRECTEUR DE MEMOIRE
Août 2001
LISTE DES
PRINCIPALES
ABREVIATIONS
Al. Alinéa
Art. Article
Art. cit. Articulo citato (article déjà cité)
Ass. Fr. Revue Assurance française
C. civ. Code civil
CA Cour d’appel
Cass. civ. Arrêt de la chambre civile de la Cour de cassation française
Cass. soc. Arrêt de la chambre sociale de la Cour de cassation française
Cf. Confère
Chron. Chronique
CIMA Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurance
Coll. Collection
Comm. Commentaire
D. Revue Dalloz
D.S. Revue Droit Social
éd. Edition
esp. Espèce
Fasc. Fascicule
Gaz. Pal. Revue la Gazette du Palais
I. R. Information Rapide
Ibid. Ibidem
JCP Jurisclasseur Périodique
LGDJ Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence
Obs. Observation
Op. cit. Opere citato (ouvrage déjà cité)
p. page
Parag. Paragraphe
RCA Responsabilité Civile et Assurance
Rec. D. Recueil Dalloz
RGAT Revue Générale des Assurances Terrestres
RGDA Revue Générale du Droit des Assurances
RTD civ. Revue Trimestrielle de Droit civil
s. suivant
ss. suivants
Somm. Sommaire
T. Tome
TGI Tribunal de Grande Instance
v°. voir
Vol. Volume
INTRODUCTION
GENERALE
Dire « que l’homme est né libre, mais partout il est dans les fers »1, c’est
affirmer que l’homme a de tout temps été menacé dans ses biens et dans sa
personne. En effet, chaque individu est à la merci d’événements imprévus :
maladies, accidents corporels entraînant de manières inopinées des invalidités,
des incapacités de travail, des décès prématurés et les préjudices matériels et
moraux qui en résultent pour la victime et ses proches. Pour se prémunir de ces
évènements, l’homme s’est tourné vers l’assurance, spécialement l’assurance sur
la vie. Malheureusement, ni le Code civil, ni le Code CIMA2 ne définissent
l’assurance sur la vie. Ce dernier se contente de reconnaître que « la vie d’une
personne peut être assurée par elle-même ou par un tiers »3. Nous retiendrons la
définition du professeur J. L. Aubert qui considère l’assurance sur la vie
« comme le contrat en vertu duquel un assureur s’engage, en contrepartie de
primes, à verser soit au souscripteur lui-même, soit à un tiers bénéficiaire choisi
par celui-ci, une somme déterminée en cas de mort de l’assuré ou en cas de
survie à une époque définie par le contrat »4.
Les contrats d’assurance sur la vie peuvent être souscrits de diverses
manières. Généralement, ils sont souscrits selon la formule de la « grande
branche », laquelle regroupe tous les contrats conclus individuellement par les
particuliers avec les compagnies d’assurance. Cette « grande branche »
représente en quelque sorte le droit commun de l’assurance sur la vie et
correspond à la recherche d’une sécurité personnelle. À côté de celle-ci, il faut
tenir compte de la diversité qui s’est réalisée dans les techniques d’assurance et
1
J.J Rousseau., « Du contrat social », livre 1er, chap 1er, p 20
2
Code des assurances des Etats membres de la Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances. La
CIMA est une organisation intergouvernementale instituée à Yaoundé le 10 juillet 1992. Elle consacre
une longue coopération des Etats francophones d’Afrique noire dans le domaine des assurances. Le Code
est entré en vigueur au Burkina Faso le 15 février 1995.
3
Art. 58 du code CIMA
4
J.L. Aubert, « L’assurance vie et les assurances de personnes », Paris, PUF, 1983, coll. “que sais-je ?”, p.
13.
qui a débouché d’une part sur l’assurance de groupe, d’autre part sur les
assurances populaires destinées aux milieux plus modestes.
L’assurance de groupe, qui fera l’objet de notre étude est régie par le titre
IV du livre 1er du Code CIMA. Les dispositions contenues dans ce titre sont
identiques à celles du Code des assurances français tel que modifié en 19895. Au
sens large, l’assurance de groupe encore appelée assurance collective peut être
définie comme une technique de souscription par laquelle une personne morale
contracte une assurance pour le compte de personnes appartenant à un groupe
quelconque. Au sens strict, l’assurance de groupe est « un contrat souscrit par
une personne morale ou un chef d’entreprise en vue de l’adhésion d’un ensemble
de personnes répondant à des conditions définies au contrat, pour la couverture
des risques dépendant de la durée de la vie humaine, des risques portant atteinte à
l’intégrité physique de la personne ou liés à la maternité, des risques d’incapacité
de travail ou d’invalidité ou du risque de chômage. Les adhérents doivent avoir
un lien de même nature avec le souscripteur »6.
Sur le plan pratique, il résulte de cette définition que l’assurance du
groupe est réalisée à l’intérieur d’un groupe déterminé, composé de personnes
présentant des caractéristiques communes. Elle permet d’établir une sorte de
contrat cadre sous forme de police d’assurance entre l’assureur et le souscripteur.
Toutes les personnes ayant intérêt à bénéficier de ce contrat et ayant un même
lien avec le souscripteur, sont invitées parfois même contraintes à y adhérer.
Elles y trouvent l’avantage de primes moins élevées que dans une assurance
individuelle, parce que les frais sont moindres pour l’assureur. Elles profitent
également de formalités simplifiées, car portant sur un grand nombre de
personnes, la compensation des bons et mauvais risques s’opèrent plus
facilement. L’assureur a moins à redouter que, comme dans l’assurance
individuelle seules les personnes en mauvaise santé pensent à s’assurer, ce qui
l’oblige à les soumettre à une visite médicale. Celle-ci est remplacée dans
l’assurance groupe par un simple questionnaire de santé que l’adhérent remplit
5
Loi n° 1009 du 31 déc. 1989 renforçant les garanties offertes aux personnes assurées comme certaines
risques, JCP 1990 III, 63450. Cette loi est aussi appelée « loi Evin » ou « loi prévoyance ».
6
Art. 95 du Code CIMA.
lui-même. L’âge du souscripteur ayant une importance essentielle, l’assureur
peut même prévoir une simple déclaration de bonne santé sous forme de
questionnaire détaillé pour les adhérents n’ayant pas dépasser un certain âge.
Ainsi conçue, l’assurance de groupe se pratique essentiellement dans deux
hypothèses. Historiquement, la première application de l’assurance de groupe est
la souscription d’un contrat par un employeur au profit des membres de son
personnel. Concrètement, un chef d’entreprise désirant assurer aux membres de
son personnel une protection sociale, leur propose d’adhérer au contrat qu’il a
conclu avec une compagnie d’assurance, pour couvrir notamment les risques de
décès et d’invalidité. Cette formule de souscription était particulièrement utile
avant l’instauration de la sécurité sociale. Mais la création de celle-ci en France,
en 1945, n’a pas ralenti l’élan de l’assurance de groupe. Aujourd’hui, elle permet
de donner à l’adhérent un complément de garantie, d’autant que les risques
couverts sont de plus en plus variés. Dans le même esprit, des associations ou
autres mouvements peuvent proposer à leurs membres d’adhérer à une assurance
de groupe qu’ils ont souscrite à leur intention. Il peut s’agir par exemple d’une
fédération sportive7, d’un regroupement d’architectes, de notaires ou d’avocats.
La deuxième hypothèse est constituée par l’essor particulier qu’elle a pris
ses dernières années dans le domaine du crédit. Par exemple une banque ou un
autre établissement de crédit propose à ses clients d’adhérer à un contrat
d’assurance de groupe destiné à rembourser le découvert éventuel de leur compte
en cas de décès ou d’invalidité, ces évènements risquant de les empêcher ou
d’empêcher leurs ayants droit de faire face à leurs engagements. Apparemment,
l’assurance est souscrite au profit du client, mais en réalité, la banque a songé à
son propre intérêt. Elle veut en effet s’éviter les difficultés de recouvrement
contre le titulaire du compte ayant perdu ses ressources professionnelles. La
preuve est que très souvent, la souscription d’une telle assurance est exigée par la
banque pour accorder une ouverture de crédit d’une certaine importance. Ce qui
montre encore que le souscripteur pense d’abord à ses propres intérêts, c’est qu’il
7
cf. O. A. Kam, « Les fédérations sportives nationales : approche juridique d’une institution », mémoire
FDSP 1999, n°159 et les notes.
stipule le plus souvent qu’en cas de sinistre, les sommes dues par l’assureur lui
seront directement versées.
Du point de vue juridique, l’assurance de groupe a pour but de garantir
certaines personnes au moyen d’un contrat unique auquel elles adhèrent
individuellement. Ce contrat présente la caractéristique d’être un contrat global
qui, souscrit par une personne pour le compte et au profit d’autres, contient
diverses assurances auxquelles il sert de cadre. Il y a d’abord, notamment dans
l’assurance de groupe souscrite par l’employeur, un contrat conclu par
l’employeur, lequel stipule au profit de son personnel. L’assureur s’engage à
couvrir ces derniers dans des conditions particulières. Toutefois, l’assurance ne
devient effective que par l’adhésion individuelle des personnes sur la tête de qui
elle repose. Chacune d’elle doit remplir un bulletin d’adhésion.
Cette formule particulière de souscription se révèle fort complexe et ne
laisse pas le juriste indifférent. Il se pose, avant toute entreprise, la question de la
qualification de contrat. En effet, il faut d’une part situer le contrat d’assurance
de groupe par rapport à la théorie générale des contrats. Cela n’est chose aisée,
même si doctrine et jurisprudence conviennent dans leur grande majorité d’y voir
une stipulation pour autrui. Les problèmes soulevés par cette qualification sont
légions et se ressentent sur toute la vie du contrat. D’autre part, il faut déterminer
la place qu’occupe l’assurance collective dans la classification traditionnelle des
assurances. C’est un épineux problème dans la mesure ou il ressort de la
définition de l’art. 95 qu’elle garantit aussi bien les risques qui ressortissent des
assurances dommages que ceux qui touchent aux assurances de personnes. Les
unes sont gérées selon le système de la répartition, tandis que les autres
présentent un caractère forfaitaire.
A la suite du problème de la qualification, les mécanismes de
fonctionnement de l’assurance de groupe posent la question de la protection de
l’assuré. En effet, tout se passe entre l’assureur et son cocontractant, le
souscripteur. C’est de leur accord de volonté que la garantie prend naissance,
garantie à laquelle l’assuré est le plus souvent contraint d’adhérer, d’où son nom
d’adhérent. La question se pose avec beaucoup plus d’acuité quand l’on sait que
l’assureur et le souscripteur ont une telle maîtrise du contrat qu’ils peuvent le
modifier ou y mettre fin à leur gré.
Trouver une réponse aux interrogations qui précèdent, de même qu’à
celles qui leur sont subsidiaires, impose d’envisager l’étude de la nature juridique
et de la formation du contrat d’assurance de groupe (Titre 1) ainsi que celle de
son exécution (Titre 2).
TITRE 1
LA NATURE JURIDIQUE ET LA FORMATION DU
CONTRAT D’ASSURANCE DE GROUPE
L’augmentation du contentieux en matière d’assurance de groupe est liée à
l’extension particulière qu’elle connaît depuis quelques années, de même qu’à la
complexité de ses mécanismes.
En effet, nous avons constaté que cette assurance s’applique à des
domaines très différents, tels la garantie des prêts bancaires ou la couverture d’un
régime de prévoyance complémentaire. De plus, la souscription du contrat met en
face du souscripteur et de l’assureur, les assurés qui sont en nombre plus ou
moins important. Ajoutons à cela que les termes utilisés, tels que les notions
d’adhérents, de bénéficiaires et de contrat mixte, sont facilement source de
confusion. Le risque de confusion est d’autant plus important que cette assurance
fait appel à des systèmes juridiques très différents, qui s’imbriquent les uns dans
les autres : droits des obligations, droit des assurances en général, règles
spécifiques à l’assurance vie, droit social, droit bancaire…
Fort de ces constatations, il s’avère nécessaire, afin de bien appréhender le
contrat d’assurance de groupe, de déterminer sa nature juridique (chapitre I)
avant d’évoquer la question de sa formation proprement dite (chapitre II).
CHAPITRE I : NATURE JURIDIQUE DU
CONTRAT D’ASSURANCE DE GROUPE
Quels que soient les motifs8 qui ont inspiré le souscripteur, la technique
de la stipulation pour autrui, sur laquelle se fonde l’assurance de groupe a des
caractères constants (section 1). En revanche, situer la place de ce contrat dans la
classification traditionnelle des assurances n’est pas chose aisée (section 2).
8
Voir développement sur la validité du recours à la stipulation pour autrui, infra p.6.
9
F. Berdot, L’assurance de groupe après les réformes législatives du 31 décembre 1989, RGAT 1990,
p.775 et ss.
A - La justesse du recours à la stipulation pour autrui.
10
Angers, 05 déc.78, RGAT 1979, p.359
11
Cass.1ère civ., 13 avril 1973, RGAT 1974, p.44
que, ce faisant, la banque avait agi en dehors de tout mandat caractérisant
l’activité d’un agent d’assurance.12 Elle avait plutôt agi dans le cadre d’une
stipulation pour autrui.
Le recours à la stipulation pour autrui paraît donc inévitable. Le
mécanisme peut être ainsi exposé : l’assureur s’engage envers son contractant, à
diverses obligations au profit de tiers. Il joue le rôle de promettant en s’engageant
à verser des indemnités en cas de sinistre. Mais ces indemnités, en principe, ne
sont pas dues au souscripteur qui a traité avec lui et qui joue le rôle de stipulant.
Elles sont dues à l’adhérent qui est resté étranger à la conclusion du contrat de
base tout comme le tiers bénéficiaire d’une stipulation pour autrui.
De l’existence de celle-ci, on peut déduire les conséquences suivantes.
D’abord, les relations entre le souscripteur et les adhérents ne sont pas, en
principe, régies par le Code des assurances, mais par le contrat spécifique qui les
lie. Ainsi, la lettre recommandée adressée au souscripteur par l’adhérent n’a pas
pour effet d’interrompre la prescription biennale de l’art. 28 du Code CIMA13.
Ensuite, le bénéficiaire de la stipulation pour autrui dispose d’une action directe
contre l’assureur pour le payement de la prestation prévue au contrat14. Selon un
arrêt, « l’adhésion au contrat de groupe, bien que conséquence d’une stipulation
pour autrui, n’en crée pas moins un contractuel direct entre l’adhérent et
l’assureur »15. Enfin, l’assureur peut lui opposer les exceptions opposables au
souscripteur16.
En ce qui concerne la notion de bénéficiaire, il importe de préciser que
dans certaines circonstances, le souscripteur peut décider qu’il a la qualité de
bénéficiaire. C’est le cas lorsque l’organisme préteur se désigne comme tel pour
obtenir le remboursement du prêt en cas de réalisation du risque. L’emprunteur
perd cette qualité et ne pourrait plus bénéficier d’une action directe contre
l’assureur relevant du droit de l’assurance. il a été jugé par exemple que
l’organisme préteur qui s’était vu refuser la garantie en raison de la prescription
12
Cass. 1ère civ., 10 juin 1981, Bull I, n°199
13
Cass. 1ère civ. 11 déc. 1990, RGAT 1991, p. 134.
14
Cass. 1ère civ. 20 janv. 1982, Gaz. Pal. 1982, panor. , p. 205.
15
Cass. 1ère civ. 7 juin 1989, RGAT 1989, p. 623.
16
Pour le cas de la prescription biennale, cf. Cass. 1ère civ. 10 juin 1992, RCA 1992, n° 337.
biennale pouvait néanmoins agir contre l’emprunteur sans que celui-ci puisse
opposer cette même prescription17. Toutefois, la cour de cassation est revenue sur
sa position, estimant que l’action du souscripteur contre l’adhérent dérivait du
contrat d’assurance. Cette solution doit être approuvée, car le fait pour le
souscripteur de se désigner comme bénéficiaire ne fait pas perdre à l’adhérent
cette qualité18. Comme le souligne M. Landel, « …a la qualité de bénéficiaire
celui qui peut se prévaloir d’un intérêt à l’assurance : en cas de réalisation du
risque, l’emprunteur n’aura plus à rembourser les échéances du prêt puisque
l’assureur se substituera à lui. Cet intérêt, indissociablement lié à celui du
souscripteur, lui permet de revendiquer l’application du contrat d’assurance et
d’invoquer les dispositions du (Code CIMA), relatives notamment à l’action
directe et à la prescription biennale19
La stipulation pour autrui ainsi admise n’est, de façon générale, valide que
lorsque le stipulant trouve un intérêt personnel à l’opération20. Il en va de même
en assurance collective.
17
Cass. 1ère civ. 24 janv. 1978, RGAT 1979, p. 76.
18
Cass. 1ère civ. 10 juin 1992, arrêt précité, note n° 9.
19
J. Landel, « L’assurance de groupe à la lumière de la jurisprudence récente », RGAT 1993, p. 13.
20
P. Malaurie et L. Aynès, « Droit civil : Les obligations », 2ème éd., Paris, Cujas, 1990, n° 445.
21
S. Dembélé, « L’autonomie de la stipulation pour autrui », RBD n°38, 2ème trimestre 2000, p. 76 à 87.
autrui est valable dans tous les cas où le stipulant a un intérêt juridique à
l’exécution du (contrat) ». c’est ce qui ressort de l’art. 1121 du Code civil.
En assurance également, la recherche de l’intérêt en tant que conditions de
validité d’une convention peut s’avérer essentielle au point que l’art. 36 du code
CIMA énonce que « toute personne ayant un intérêt à la conservation de la chose
peut la faire assurer ». Qu’en est-il exactement en assurance de groupe ?
Dans le cas de la couverture des prêts bancaires, le profit du souscripteur
apparaît clairement. L’organisme de crédit qui fait adhérer à un contrat groupe
ses emprunteurs, est l’auteur d’une stipulation pour autrui à leur profit. Mais
ceux-ci en retour le désignent comme le bénéficiaire de l’indemnité. Le
souscripteur ici, n’envisage que son propre intérêt, celui de se prémunir contre
l’insolvabilité de ses débiteurs. On peut se demander alors s’il a entendu stipuler
pour autrui.
En réalité, les emprunteurs trouvent également intérêt à l’assurance
puisque la stipulation dont ils bénéficient a pour but d’éteindre totalement ou
partiellement leur dette. L’assurance serait de ce fait souscrite tant pour leur
compte que pour celui de l’organisme prêteur.
Dans les régimes de prévoyance complémentaire, l’intérêt du groupement
est moins évident, car la souscription du contrat ne lui procure aucune
satisfaction d’ordre financier. La jurisprudence admet toutefois qu’un simple
intérêt moral suffit à valider la stipulation pour autrui. Cette solution a été
admise dès 1888 dans le cas de l’assurance vie22.
Un notaire qui avait adhéré au contrat groupe souscrit par son conseil
régional et refusé par la suite de payer ses cotisations, a pu soutenir que celui-ci
n’avait aucune action en recouvrement contre lui. Il avançait pour soutenir sa
prétention que le contrat s’analysait comme une stipulation pour autrui, « nulle
pour défaut d’intérêt de la part du demandeur ». La cour d’appel a répondu que
« le conseil régional représentant l’ensemble des notaires du ressort, a au moins
22
Civ. 16 janvier 1888, D.P. 1, 77 ; S.88, 1, 121.
un intérêt moral à ce que chacun d’eux bénéficie d’une retraite aussi importante
que possible, au meilleur coût »23.
Comme on le voit, il est nécessaire de regarder l’assurance de groupe
comme une stipulation pour autrui. L’analyse appelle cependant certains
correctifs et même certaines exceptions. C’est ce qui traduit les inflexions du
recours à la stipulation pour autrui.
Selon l’art. 1121 du Code civil, la stipulation pour autrui est irrévocable
une fois qu’elle a été acceptée par le tiers. La modification du contrat n’intervenir
qu’avec son accord. Ce principe dit de l’irrévocabilité de la stipulation pour
autrui, jusque là applicable en assurance de groupe, a été remis en cause depuis
l’adoption du Code CIMA24.
À côté de cette exception, une triple inflexion a été constatée. Elle va de la
coexistence de la stipulation pour autrui avec le mandat (A) à sa condamnation
pure et simple en passant par son effacement dans les contrats groupe
emprunteurs (B).
25
Cass. 1ère, 29 oct. 1990 RGAT 1991. 128
26
C’est ce qui ressort de l’art.501 du code CIMA qui cite les personnes habilitées à présenter une
opération d’assurance. Ce sont les agents généraux, les courtiers et autres intermédiaires ; voir cass. 1ère,
22 février 1980, RGAT 1985. 278, note J. L. Aubert.
27
Loi n°1009 du 31 déc. 1989, précitée, v° n° 5.
28
H.Groutel, « Les assureurs et le titre premier de la loi du 31 décembre 1989 sur la prévoyance
complémentaire », RCA, mars 1990, chron. n°4
29
F. Berdot, cité par J. Landel, « L’assurance de groupe à la lumière de la jurisprudence récente », art. cit.
p. 14.
sommes dues par celui-ci ne tomberont pas dans la succession ou le patrimoine
dudit client, ce qui obligerait le souscripteur à entrer en concours avec d’autres
créanciers. Il en est de même lorsque l’assurance garantit le remboursement des
sommes restant dues sur un emprunteur. Ici, le souscripteur stipule le plus
souvent, dans la police d’assurance, qu’en cas de sinistre, les sommes dues par
l’assureur lui seront directement versées30.
La stipulation pour autrui s’efface, bien que l’emprunteur ou ses héritiers
profitent indirectement de la garantie de l’assureur. Elle fait plutôt place à une
assurance contractée par le souscripteur à son profit sur la tête d’autrui.
Cependant, certains arrêts restent fondés sur la stipulation pour autrui quand bien
même il s’agit d’une assurance de groupe garantissant le remboursement d’un
prêt31. D’autres au contraire, risquent fort bien de consacrer une condamnation
pure et simple.
Plus grave que les deux premières, cette dernière inflexion est consacrée
par l’art. L.140-6 du code des assurances français32. Cet article décide que le
souscripteur est, tant pour les adhésions au contrat que pour l’exécution de celui-
ci, réputé agir en tant que mandataire de l’entreprise d’assurance auprès de
laquelle le contrat a été souscrit. En revanche, il restreint le domaine
d’application de cette représentation de l’assureur par le souscripteur. Il exclut en
effet non seulement les assurances de groupe ayant un caractère obligatoire pour
le salarié, mais aussi celles qui restent facultatives33, de même que celles
garantissant le remboursement d’un emprunt.
Pour les autres assurances, la stipulation pour autrui ne peut plus
constituer un fondement. Il s’agit des contrats collectifs de capitaux et des
contrats autres que ceux précités. Le souscripteur n’est plus considéré comme un
stipulant mais comme mandataire de l’assureur dont les actes engagent celui-ci.
On passe de ce fait de la technique de la stipulation à celle de la représentation.
30
Comme dans le cas de la victime au regard de l’assurance de responsabilité.
31
CA Paris, 14 janv. 1988, juris-Data n°020103
32
Cet article a été introduit dans le Code des assurances français par la loi n°94-679 du 8 août 1994
portant diverses dispositions d’ordre économique et financier, J.O. 10 août 1994 ; JC P 1994, éd. G., III,
66972.
33
Sur les assurances groupe obligatoires et facultatives, voir art. 2 et 3 de la loi Evin précitée,n°5.
Autrement dit, chaque nouvelle adhésion à l’assurance de groupe correspond à
un nouveau contrat entre l’adhérent et l’assureur, représenté par le souscripteur.
L’adhérent n’est plus le tiers bénéficiaire d’une stipulation pour autrui, mais un
cocontractant de l’assureur.
Tout compte fait, il ne faut pas confondre la stipulation pour autrui sur
laquelle repose certaines assurances de groupe, avec celle bien connue en matière
d’assurance vie. Cette dernière permet à l’assuré dans une assurance en cas de
décès, de désigner un tiers bénéficiaire qui recueillera le bénéfice de l’assurance
en cas de réalisation du risque.
Nonobstant ces inflexions, la stipulation pour autrui garde sa place comme
fondement de l’assurance groupe. Cette dernière mérite d’être située dans la
classification des assurances.
34
J. Landel, « Les mécanismes juridiques de l’assurance de groupe »,Ass. Fr., 1-15 et 16-28 février 1983,
p. 78.
assurance collective, dans la mesure où par un seul contrat, une pluralité de
personnes dispose de garanties d’assurances identiques. En l’occurrence, la
stipulation pour autrui a pour objet direct l’octroi d’une garantie d’assurance.
Contrairement à ce mécanisme, dans le droit commun de l’assurance de
groupe, le contrat conclu entre l’assureur et son cocontractant n’est pas un contrat
d’assurance. En effet, la conclusion du contrat d’assurance collective ne fait
naître aucune obligation de garantie d’un risque par l’assureur. Le contrat
collectif n’a pour but que de parvenir à l’établissement d’une garantie
d’assurance. Il peut être comparé à un contrat cadre dont la mise en œuvre donne
lieu à autant de contrats d’assurance individuels qu’il y a de demandes
d’adhésion acceptées par l’assureur.
De plus, en assurance de groupe, la stipulation pour autrui ne se limite pas
à certaines clauses du contrat. Elle concerne l’économie du contrat dans son
ensemble. Elle ne constitue pas une technique de souscription, mais se caractérise
par l’existence de relations triangulaires35.
En clair, l’assurance de groupe telle que définie par l’art. 95 du code
CIMA36, se distingue nettement de l’assurance pour compte.
Pour être complet et pour clore l’étude sur la place qu’il convient
d’accorder à l’assurance groupe, il importe d’aborder la question de sa
qualification.
35
Entre l’assureur, le souscripteur et l’adhérent.
36
La définition paraît satisfaisante en ce qu’elle établit clairement les relations triangulaires existantes.
PARAGRAPHE II : La qualification de l’assurance de groupe
37
Cass. 1ère civ., 7 juill. 1987, Bull. civ., I, n° 217 ; D. 1988, somm., p. 157, obs. J.C. Beer.
38
J. Bigot, obs. sous CA Orléans, 5 juin 1985 et CA Paris, 17 juin 1985, RGAT 1985, p. 398
indépendamment du préjudice subi »39. Ce critère aboutit à ce que, dans un même
contrat dit mixte, l’on applique les règles de type forfaitaire aux prestations
répondant à cette qualification.
Force est de reconnaître que dans certains cas, on se heurte à une
indivisibilité du contrat de sorte qu’il faut choisir d’appliquer exclusivement soit
les règles indemnitaires, soit les règles forfaitaires à l’ensemble de la police. On
peut s’en rendre compte en évoquant les problèmes de la qualification.
39
Cass. 1ère civ., 2 octobre 1993, Bull. civ., I, n°289 ; Cass. 1ère civ. , 17 mars 1993, 2 arrêts, Bull. civ.,
I,n°113 ; RGAT 1993, p.630, obs. A. Favre-Rochex ; RGAT 1993, p. 863, obs. J. Kullmann
40
On sait que l’assurance vie est de type forfaitaire, tandis que l’assurance dommages est de type
indemnitaire.
41
Sur le caractère facultatif du paiement des primes, v° M. Picard et A. Besson, « Le contrat d’assurance »
T1, 5ème éd., Paris, LGDJ, 1982, n° 97.
couvert par plusieurs polices souscrites auprès de différentes compagnies. Cette
hypothèse est strictement réglementée dans les assurances de choses, parce qu’on
craint qu’en cumulant plusieurs polices, l’assuré fasse réparer plusieurs fois le
même dommage. D’où l’obligation imposée à l’assuré par l’art. 34, al. 1er du
code CIMA en ces termes : « Celui qui est assuré auprès de plusieurs assureurs
par plusieurs polices, pour un même intérêt, contre un même risque, doit donner
immédiatement à chaque assureur connaissance des autres assureurs ».
En revanche, dans les assurances de type forfaitaire, rien interdit au
souscripteur de conclure plusieurs polices auprès de différentes compagnies, pour
permettre au tiers bénéficiaire qu’il aura désigné, de recevoir plusieurs sommes
lors de son décès. Car il aurait pu, aussi bien ne souscrire qu’une seule police
auprès d’une seule compagnie, mais pour un montant plus élevé.
La solution est admise en assurance individuelle,42 malgré certaines
réserves pour le cas de fraude43. C’est pourquoi la cour de cassation décide qu’en
matière d’assurance groupe aussi, l’adhérent peut cumuler le bénéfice de
plusieurs polices pour les prestations forfaitaires. De ce fait, l’assureur ne peut
pas lui imposer, même par une clause formelle, l’obligation de déclarer d’autres
polices qu’il aurait souscrites auprès d’autres compagnies. Une telle clause serait
réputée non écrite, du moins pour les prestations forfaitaires, telles que les
indemnités journalières au cas d’hospitalisation.44
Cette jurisprudence n’est pas à l’abri de la critique45. L’assuré qui conclut
parfois le même jour deux polices pour un même risque a une attitude suspecte,
qu’il s’agisse d’assurance individuelle ou d’assurance de groupe. On peut
craindre qu’au cas de sinistre, il cherche à obtenir le cumul, non seulement des
prestations forfaitaires, mais aussi de celles indemnitaires. On peut craindre aussi
qu’en s’adressant à des compagnies différentes, il ait l’intention de provoquer un
42
Cass. 1ère civ., 10 janv. 1995, Bull. civ., I, n°21 ; RCA 1995, comm. n°112, 1ère esp.
43
H. Groutel, « Le cumul d’assurances de personnes : précision sur deux arrêts du 10 janvier 1995 », RCA
1995, chron, n°12.
44
Cass. 1ère civ., 2 juillet 1991, Bull. civ., I, n°223 ; RGAT 1991, p. 625, 2ère esp, obs. J. Kullmann
45
Cass. 1ère civ. , 10 janvier 1995, Bull. civ., I, n°21 ; RCA. 1995, comm. n°112, RGAT 1995, p.152,
obs. J. Kullmann.
sinistre volontaire46 en brouillant les pistes qui permettraient de démasquer la
fraude.
Malgré tout, la Cour de cassation française reste attachée à ses positions.
Elle a même jugé qu’en matière d’assurance de personnes, la fausse déclaration
de l’assuré, affirmant mensongèrement qu’il n’avait pas souscrit une autre police
couvrant le même risque, ne pouvait pas être sanctionné. La mention du
questionnaire était frappée de nullité47.
Aujourd’hui encore, sa jurisprudence est formelle, bien qu’elle ait statué
autrefois en sens contraire.48
Le problème de la nature juridique du contrat ainsi traité laisse place à une
autre interrogation non moins importante ; il s’agit de la question de la formation
du contrat d’assurance de groupe.
46
Suicide conscient ou mutilation volontaire.
47
Arrêt du 10 janvier 95 précité, note n°30.
48
Cass. 1ère civ., 9 nov. 1941 et 9 juin 1942, D.C. 1942, P.165.
CHAPITRE II : FORMATION DU CONTRAT
D’ASSURANCE DE GROUPE
Du point de vue de son contenu, la notice définit les garanties offertes par
la police et leurs modalités d’entrée en vigueur ainsi que les formalités à
49
Nous proposons de retenir l’appellation française qui a l’avantage d’éviter la confusion avec tout autre
document émanant de l’assureur. Pour l’appellation « fiche d’information », v° en annexe, certificat
d’assurance vie
accomplir en cas de sinistre. Elle doit répondre à des caractères précis, au risque
d’être jugée insuffisante (A).
En ce qui concerne le débiteur de la notice, la législation actuelle retient
que « le souscripteur est tenu de remettre à l’adhérent un document établi par
l’assureur »50(B ).
A - Le caractère de la notice
Il est exigé que la notice soit non seulement conforme à la police, mais
aussi qu’elle soit suffisamment claire pour ne pas engendrer de confusion.
Puisqu’elle doit résumer de manière précise les droits et obligations de
l’adhérent, ses mentions doivent correspondre en tout point de vue au contenu de
la police. Il faut reconnaître que les contradictions entre les deux documents sont
rares. Plus fréquemment cependant, on constate qu’une clause de la police
restreignant des garanties ou concernant les formalités à accomplir en cas de
sinistre, n’a pas été reproduite dans la notice. Elle est alors inopposable à
l’adhérent.51 Parfois, la divergence entre la police et la notice n’est que minime.
Mais la Cour de cassation reste tout de même intransigeante. Ainsi, une police
d’assurance de groupe, souscrite par la fédération française de ski à l’intention de
ses membres prévoyait que la garantie cesserait de plein droit si un sportif sortait
de l’équipe. La police remise à l’adhérant ne prévoyait la fin de la garantie qu’à
une date déterminée, sauf abandon volontaire du sportif. Un adhérent exclu de
l’équipe et victime d’un accident, a pu bénéficier de la garantie. La cour de
cassation a décidé que celle-ci était due en vertu de la notice.52
En plus d’être conformes à celles de la police, les stipulations de la notice
doivent satisfaire à l’exigence de clarté. A cet égard, la cour de cassation
française s’en remet au pouvoir d’appréciation des juges du fond. C’est ce qui
50
Art.98, al.1 du code CIMA
51
Sur la question, voir l’abondante jurisprudence cité par D. VAUX, Fasc. 518, n°34 et J. Landel, article.
précité, RGAT 1993.15.
52
Cass. 1ère civ. , 20 octobre 1987, Bull. civ. I, n°267 ; RGAT 1988.536, obs. J.L. Aubert.
explique la présence de décisions apparemment contradictoires, d’autant plus
qu’il faut tenir compte de la qualification professionnelle de l’adhérent.53
Les contradictions naissent également du fait du caractère insidieux de
certaines clauses. Un exemple assez caractéristique est fourni par une clause
assez courante, d’après laquelle la garantie d’invalidité totale est limitée au cas
prévu au 3ème groupe de l’art. L-310 du code de sécurité sociale français.
L’adhérent ignore également la portée de cette clause qui signifie que l’invalidité
est si grave qu’elle nécessite l’intervention d’une tierce personne dans les actes
de la vie courante. Certains juges du fond la considèrent néanmoins comme
explicite alors que d’autres la considèrent comme inopposable à l’adhérent en
raison de son caractère ésotérique.54
En tout état de cause, lorsqu’une clause est parfaitement claire, elle est
opposable à l’adhérent, même s’il n’en a pas saisi la portée. Les adhérents
peuvent seulement engager la responsabilité du souscripteur pour manquement à
son devoir d’information et de conseil.55
Par contre, cette responsabilité ne peut pas être engagée en ce qui
concerne les contradictions entre la notice et la police, le débiteur de
l’établissement de la notice étant désormais l’assureur.
B - Le débiteur de la notice
53
Cas d’un adhérent lui-même agent d’assurance, CA Paris, 8° ch., sect. B, 23 février 1995, Juris-Data
n°020170 ; cas d’un professionnel de l’immobilier au sujet d’une assurance groupe garantissant un
emprunt servant à financer une opération immobilière, cass. 1ère civ. , 2 mars 1994, p. 584, obs. J.
Kullmann.
54
Pour l’opposabilité de la clause : CA Agen, 1ère ch. 6 janvier 1987, Juris-Data n°041114 ; pour
l’inopposabilité : CA Montpellier, 1ère ch., mars 1993, Juris-Data n°034795 ; CA Douai, 24 juin 1993,
Gaz. Pal. 1994, somm. p. 427
55
Voir infra p.42 ss
une notice conforme au contrat. Si la notice n’était pas suffisamment précise, il
manquait à son devoir d’information envers l’adhérent. De son côté, l’assureur
était en droit d’opposer à l’adhérent toutes les exceptions de garanties.
Par la suite, la jurisprudence a évolué. Elle décide que les stipulations du
contrat non reprises dans la notice sont inopposables à l’adhérent, quelle que soit
la personne qui l’avait remise.56 Cette solution constitue une innovation
importante. Toutefois, selon Monsieur J.Landel, « elle n’est pas contraire à
(l’art.10 du code CIMA ) si l’on admet au préalable que la notice fait partie
intégrante du contrat ».57 Du reste, les nouvelles législations tant française que
CIMA confirment la jurisprudence antérieure, puisqu’elles précisent toutes que la
notice est établie par l’assureur. C’est donc désormais à l’assureur de veiller à ce
que le document comporte une information suffisante sur l’étendue et les
conditions de la garantie. Il paraît logique de lui faire supporter cette
responsabilité puisqu’il est un professionnel qualifié en assurance, à la différence
du souscripteur. De plus, par cette exigence, le législateur vise à empêcher
l’assureur de prétendre qu’il n’est pas responsable des divergences pouvant
exister entre ces deux documents et qu’il n’est tenu que par les stipulations de la
police.58 En définitive, le rôle du souscripteur se résume à la remise de la notice à
l’adhérent. La preuve de cette remise lui importe.59 Elle est notamment rapportée
lorsque la notice figure au recto du bulletin d’adhésion.
60
V° déclaration d’adhésion à l’assurance groupe en annexe.
Il en négocie les termes avec le souscripteur qui cherche le plus souvent à
limiter les formalités au strict minimum afin de faciliter la conclusion du contrat
de prêt.
De plus, l’assureur n’est généralement pas en position d’imposer une
rédaction qui donne totale satisfaction du fait qu’il est lui-même soumis à une
concurrence vive.
Pour prévenir ces difficultés, il faudrait que la loi ou la jurisprudence
précise que le bulletin d’adhésion constitue un document d’assurance qui relève
de la seule responsabilité de l’assureur. Il échappera alors au contrôle du
souscripteur.
Il serait surtout souhaitable que banquier et assureur se concertent afin de
définir d’un commun accord les normes minimales par rapport au contenu du
bulletin d’adhésion.
Sur ce document, l’assureur et l’adhérent donneront leur consentement
pour que prenne naissance la garantie. A cet égard, il importe aussi d’examiner
les conditions de fond du contrat d’assurance de groupe.
A - Le caractère indispensable
63
CA Nîmes, 2 juin 1982, RGAT 1983, p. 221 ; sur le principe posé en assurance vie, voir art .59, al .1
Code CIMA.
64
Cass. 1ere civ , 23 mars 1982, Bull. civ., I, n°118 ; RGAT 1982, p. 497. Cette exigence obéit par ailleurs
à la règle de l’art. 7 du Code CIMA qui impose que le contrat soit toujours écrit.
65
Cass.1 ere ch. , 29 nov. 1977, RGAT 1978, p.378; Cass 1 ere, 29 nov. 1981, RGAT 1981, p.522.
66
Cass.1 ere 30 Jan. 1985, RGAT 1985, p.401
S’il n’a pas à accepter le bénéfice de l’assurance, l’adhérent peut-il refuser
d’adhérer au contrat ? la réponse est positive en principe, étant donné le caractère
facultatif du consentement. En effet, l’assureur ne peut pas imposer la police à
l’adhèrent, pas plus que celui-ci ne peut exiger l’acceptation de sa demande par
l’assureur. Mais cette règle appelle d’importantes réserves, car très souvent, le
lien qui unit l’adhérent au souscripteur rend, directement ou indirectement,
l’adhésion obligatoire.
C’est le cas des assurances de groupe souscrites au profit du personnel
d’une entreprise. Si l’adhésion à l’assurance est prévue par une convention
collective de travail ou par un accord d’entreprise, le salarié doit évidemment s’y
soumettre67.
Il en est de même, au cas d’assurance de groupe souscrite par décision
unilatérale de l’employeur, si celui-ci en fait une condition pour les salariés qu’il
recrute après la mise en vigueur du contrat. Cette obligation est la même que
celle qui leur impose de se soumettre aux règlements intérieurs de l’entreprise68.
La situation est analogue pour les assurances souscrites par des
associations à l’intention de leurs membres. Du fait qu’il rentre dans
l’association, le nouveau membre est tenu de se plier aux règlements intérieurs de
celle-ci et donc d’adhérer à l’assurance de groupe que peut prévoir ce règlement.
En définitive, on constate que les caractères indispensable et facultatif du
consentement de l’assuré connaissent des réserves plus ou moins grandes. Il n’en
va pas de même pour le caractère libre de son consentement.
Pour que le consentement soit valable, il doit être libre. Cela est si vrai
que l’adhérent victime d’un vice de son consentement, pourrait demander la
nullité de son engagement fondé sur le principe de l’autonomie de la volonté.
67
Cass. soc. 5 juin 1986, juris- Data n° 001030 ; Cass. soc. 14 janv. 1976, Bull. civ., V, n°22 p. 18.
68
La solution est conforme à l’art. 11 de la loi Evin précitée, n° 5
En pratique, la question se pose très peu sous cet angle. D’une part,
l’adhérent est généralement suffisamment informé par la notice qu’il reçoit du
souscripteur69. D’autre part, en cas de déloyauté du souscripteur, l’adhérent a
intérêt, s’il y a un sinistre, à mettre en œuvre sa responsabilité au titre de son
devoir d’information et de conseil70.
En effet, la nullité pour erreur ne peut avoir pour effet que d’obliger à
restituer les primes perçues71. La responsabilité du souscripteur au contraire,
obligerait ce dernier à prendre en charge le règlement du sinistre survenu et,
éventuellement à verser des indemnités.
Le problème des vices de consentement a cependant été soulevé en
matière d’assurance groupe par un adhérent qui prétendait n’avoir donné son
accord qu’en raison d’avantages fiscaux qui devaient s’attacher à l’opération et
qui lui avaient été finalement refusés. Mais sa demande n’a pas été satisfaite.
Le juge n’a, en effet, pas prononcé la nullité du fait que l’adhérent avait
été prévenu du caractère aléatoire des avantages fiscaux qu’il escomptait.72
Le consentement de l’adhérent marque la dernière étape de la mise en
place de la garantie. Toutefois, il ne suffit pas à lui donner la qualité d’assuré;
encore faut-il que l’assureur accepte de le faire bénéficier des garanties
contractuelles. A cet égard, l’étude du consentement de ce dernier s’avère
nécessaire.
69
v° supra. P.21 et s.
70
V° infra p. 42.
71
Sauf si l’adhérent prouve que son erreur provenait d’un véritable dol.
72
CA Paris., 26 nov. 1986, juris-Data n°027295.
A - L’intérêt du consentement de l’assureur
73
Civ. 1ère ch. 3 fév. 1981, RGAT 1982, p. 64
74
« Lorsque l’assureur a subordonné sa garantie à l’agrément de la personne assurable et que cet agrément
n’est pas donné, le prêt est résolu de plein droit… »
peut cependant pas accepter n’importe quelle adhésion. Il faut au moins une
déclaration de l’adhérent, affirmant qu’il est en bonne santé.
Plus souvent, c’est un questionnaire médical précis qui est remis à
l’adhérent. Ce questionnaire est greffé au bulletin d’adhésion sur lequel
l’assureur exprime son consentement.
75
Cass. 1ere iv., 3 fév. 1981, Bull. civ. I, n°37; RGAT 1982, p.64; D.1982, I. R. , P.29, obs. J. Beer et H.
Groutel.
76
CA Paris, 26 nov. 1987, Juris-Data n° 027708.
77
CA Rennes, 9 janv. 1985, RGAT 1985, p. 95.
78
Cass. 1ere, 30 juin 1987, D. 1988,somm. 156, obs. H. Groutel.
renonciation à se prévaloir des formalités exigées pour que la demande soit
acceptée »79.
Au demeurant, l’on peut retenir qu’il importe que la notice gagne en clarté
et en exactitude, car c’est par ce document que l’adhérent prend connaissance de
l’objet du contrat, de la date d’effet, de la durée bref, des conditions de mise en
œuvre de la garantie. Dès lors, l’on peut affirmer sans se méprendre que la notice
est un élément déterminant dans l’exécution du contrat d’assurance de groupe.
Cette dernière question reste complexe et appelle, chaque fois qu’elle est
abordée, des développements tout aussi complexes.
79
Cass.1ere, 13 nov. 1990, RGAT 1991, p.136.
Titre 2
L’EXECUTION DU CONTRAT D’ASSURANCE
DE GROUPE
Lorsque le contrat d’assurance de groupe est régulièrement formé, il entre
dans sa phase d’exécution. Pour ce faire et de façon classique, il produit des
effets à l’égard des parties. Plus précisément, il crée à leur égard des obligations
(chapitre1).
Cette phase d’exécution peut connaître des difficultés dans son
déroulement. Si tel est le cas, les parties peuvent convenir d’opérer des
modifications. C’est le meilleur des cas, car autrement, l’on assiste à la cessation
du contrat (chapitre2).
CHAPITRE I : DE L’OBLIGATION DES
PARTIES AU CONTRAT
80
C’est une des obligations caractéristiques du contrat d’assurance, mais en raison du fait qu’elle ne
présente pas de particularités notables en assurance de groupe, elle ne sera pas évoquée.
l’assureur. S’il ne remplit pas son obligation, le groupement dispose contre lui
d’un droit d’agir pour le contraindre à exécution. Dans la pratique, l’assuré, qui
seul subit les conséquences de cette inexécution s’en charge pour lui81.
Par contre, des litiges peuvent naître d’une part à propos du recouvrement
des primes par l’assureur. A ce niveau, on se demande si l’assureur dispose ou
non d’une action en payement des primes(A). D’autre part, la question se pose de
savoir si l’assureur peut invoquer la compensation entre les indemnités qu’il doit
payer et les primes qui lui sont dues(B).
85 ème
7 ch., 16 fév. 1962, RGAT 1965, p.218 et 7ème ch., 5 juin 1980, RGAT 1982 p.215.
86
23 juin 1964, RGAT 1965, p.216; 1er déc. 1981, Bull. civ. I n°357, p.303.
87
Cass. civ. 1ère, 11déc. 1961, RGAT 1962, p.521.
88
Cass. 1ère civ. , 1er déc. 1981, arrêt précité note n°75 ; Cass. 1ère civ. 11oct. 1988, RGAT 1989, p.102,
obs. J. L. Aubert.
toute action en payement des primes89. Selon D. Vaux, « …il serait souhaitable
de rendre le payement de la prime obligatoire, même quand, exceptionnellement,
la police ne couvre que le risque de décès90. » Et Monsieur J. L. Aubert de
renchérir en affirmant que « … l’action en payement de la prime se justifie (…)
par le caractère particulier de ce contrat, et cela même lorsque la convention ne
comporte que des garanties vie … »91.
Dans le second cas, il en va autrement. Lorsqu’il s’agit de faire
application de la garantie elle-même, il est nécessaire de retenir les règles
applicables à la garantie en question. Ainsi, la détermination du bénéficiaire de la
garantie décès accordée par un contrat d’assurance groupe doit s’effectuer selon
les règles applicables en assurance vie92.
On sait par ailleurs, qu’en assurance groupe, la notion de bénéficiaire peut
être source de confusion. L’assuré, bénéficiaire de la stipulation faite à son profit
par le souscripteur, ne doit pas être confondu avec le bénéficiaire de le garantie
décès au profit duquel l’assuré a stipulé.
Ce problème résolu, il importe de se demander si l’assureur peut invoquer
ou non la compensation.
B - La compensation
89
PAUFFIN DE SAINT-MOREL M., « L’assurance de groupe »,D. 1977, chron. 67, n°33.
90
D. Vaux, « L’assurance de groupe », Art. cit., note n°75
91
Cass. 1ère civ. 11 oct. 1988, RGAT 1989, p.104, note J. L. Aubert.
92
V° en ce sens, TGI Lille, 8fév. 1961, RGAT 1963, p. 482.
93
A. Benabent, Droit Civil, « Les obligations », 5ème éd., Montchrestien, n°816.
contrat, un règlement par compensation entre l’indemnité due par lui et la prime
que lui doit le souscripteur.
Il n’y a pas de raison que l’assurance de groupe échappe à cette règle.
C’est pourquoi tout assureur de groupe, qui estime n’avoir pas reçu la totalité des
primes qui lui ait dû, faute pour divers adhérents d’avoir acquitté leurs cotisations
entre les mains du souscripteur, peut prétendre compenser cette créance avec les
dettes dont il est lui-même tenu. Un tel droit ne saurait lui être nié, car l’assureur
de groupe procède de la stipulation pour autrui. En conséquence, l’assureur-
promettant peut opposer à l’assuré bénéficiaire de la stipulation, les exceptions
opposables au stipulant-souscripteur. De fait, la cour de cassation française
reconnaît le droit qu’a le promettant d’opposer au bénéficiaire de la stipulation
pour autrui, les exceptions opposables au stipulant94.
Toutefois, elle condamne toute prétention à une compensation générale95.
Selon la cour, en effet, l’adhésion au contrat groupe crée un lien direct entre
l’adhérent et l’assureur, en vertu duquel l’adhérent qui a payé sa cotisation a droit
aux prestations prévues au contrat. Ce droit ne saurait être remis en cause par le
non-payement des primes imputables à un autre adhérent. Très précisément, elle
observera que, « s’il est possible à l’assureur d’opposer individuellement à un
adhérent son absence de payement, il ne saurait compenser indistinctement sa
dette envers certains, par sa créance envers d’autres ». En d’autres termes, la
compensation ne doit être opérée qu’entre l’assureur et l’adhérent qui n’a pas
payé sa cotisation. Cette règle joue bien qu’il n’y ait pas de droit contractuel de
l’assureur contre l’adhérent, le souscripteur peut d’une action en payement
contre ce dernier. C’est le principe de l’opposabilité au bénéficiaire des
exceptions opposables au stipulant qui le veut. La solution est juste, car selon
l’art. 1289 du Code civil96, la compensation ne peut s’opérer qu’entre dettes
réciproques. A l’inverse, en aucun cas l’assureur ne pourrait utiliser le procédé de
la compensation pour prélever sur le montant d’une indemnité qu’il doit à un
94
Droit qui est généralement admis, v° J. L. Aubert et J. Flour, Les obligations, T1 :, L’acte juridique, 8ème
éd., Paris, Dalloz, n°477.
95
Cass. 1ère civ., 7 juin 1989, RCA, août 1989, n°324, note H. Groutel, RGAT 1989, p.623, note J. L.
Aubert.
96
Art. 1289 c. civ. : « lorsque deux personnes sont débitrices l’une envers l’autre… »
adhérent, les sommes correspondant aux primes qu’un autre adhérent n’aurait pas
payé97.
Cette solution s’inspire des mêmes considérations que la jurisprudence de
la cour de cassation française en matière d’assurance de responsabilité98. Cette
jurisprudence refuse à l’assureur de responsabilité le droit de déduire, par
compensation, de l’indemnité due au tiers victime les primes dues par l’assuré et
non acquitté. Selon D. Vaux, cette solution s’imposait, « car dans l’assurance de
groupe, comme dans l’assurance de responsabilité, il est contraire aux principes
juridiques les plus élémentaires de vouloir compenser la dette d’un assuré
(primes non payées) avec la créance d’un tiers (droit direct de la victime contre
l’assureur) dans l’assurance de responsabilité, au droit de l’adhérent, qui a payé
ses primes dans l’assurance de groupe »99. Autrement dit, l’assureur ne peut
opposer un règlement par compensation qu’aux adhérents qui n’ont pas acquitté
leurs primes100.
En règle générale, le payement tel qu’il est effectué par le souscripteur, est
répercuté sur l’adhérent en partie ou en totalité. C’est ce qui rend nécessaire
l’étude du payement de la prime par l’adhérent.
97
Cass. 1ère civ. 7 juin 1989, RCA 1989, n°324, note H. Groutel, RGAT 1989, p. 623, note J. L. Aubert.
98
Cass. 1ère, 31 mars 1993, RCA 1993, Comm. n°210 ; D. 1993, p. 519, note Larroumet ; voir également
Groutel, « la victime et la compensation, le revirement que l’on n’attendait plus », RCA 1993,chron.
n°18.
99
D. Vaux, « l’assurance de groupe », Art. cit., n°76
100
Cass. 1ère civ. 7 juin 1989, RGAT 1989, p. 623; RCA 1989, n°324.
A - Le prélèvement de la prime par le souscripteur
101
Cass. 1ère civ., 14 déc. 1976, Bull. civ., I. , n°40; Gaz. Pal. 1976, 2, p. 595, note H. Margeat.
102
Les éléments de tarification cités concernent en grande partie l’assurance de groupe liée à un prêt
bancaire qui couvre le risque de décès, V° Y. D. SOME, « L’assurance groupe décès banque :l’expérience
burkinabè », mémoire DESA, IIA Yaoundé 1990.
bancaire, elle signifie que le prêteur doit distinguer nettement les sommes
correspondant à l’annuité du prêt de celle relative à la prime d’assurance. Dans le
cadre de l’assurance souscrite par un chef d’entreprise au profit de son personnel,
la disposition lui impose dans le bulletin de paie le montant de la prime
d’assurance ce, de façon distincte des autres prélèvements103.
En somme, on constate que l’article vise à créer une certaine transparence
entre les relations nées de l’assurance et celles qui préexistaient entre le
souscripteur et l’adhérent.
La protection des intérêts des assurés apparaît aussi à travers la procédure
d’exclusion de l’adhérent.
103
Cotisation de sécurité sociale par exemple.
104
CA Paris, oct. 1987,Juris-Data n°025967 ; CA Paris, 16 nov. 1988,Juris-Data n°025974.
Le même article ajoute que « cette adhésion ne peut faire obstacle, le cas
échéant, au versement des prestations acquises en contrepartie des primes ou
cotisations versées antérieurement par l’assuré ». Cette disposition qui va de soi
signifie que l’exclusion n’a pas d’effet rétroactif.
Cette procédure est différente de celle de l’art. 13. En effet, la période de
suspension de dix (10) jours, qui intervenait trente (30) jours après la mise en
demeure de l’assuré, a été supprimée. Ainsi, s’écoule désormais une période de
quarante (40) jours avant que le souscripteur ne puisse envisager une quelconque
exclusion de l’adhérent.
Un tel aménagement est intéressant dans la mesure où il s’inscrit dans la
droite ligne des objectifs poursuivis par le traité CIMA. Il vient ainsi confirmer la
nécessité de renforcer la protection des assurés, proclamée par le Traité dans son
préambule. Ces différentes protections seraient restées lettre morte si le
souscripteur n’était pas tenu d’une obligation d’information et de conseil à
l’égard de l’assuré.
105
« L’information est un renseignement ou un évènement porté à la connaissance d’un ou plusieurs
personnes. Le conseil est une opinion donnée à quelqu’un sur ce qu’il convient qu’il fasse ou ne fasse
pas ». H. Groutel, « l’information et le conseil », in colloques sur les assurances collectives, RGAT 1998,
p. 83.
106
Il importe de préciser aussi que la jurisprudence parle indistinctement de devoir ou d’obligation
d’information et de conseil.
Après cette précision terminologique, il faut faire remarquer que le
souscripteur d’une assurance de groupe, qu’il soit banquier, employeur ou
association, est tenu d’une obligation d’information et de conseil mise à sa
charge par la jurisprudence. Afin d’appréhender cette obligation, nous
l’envisagerons d’abord par rapport à son étendue (parage. 1). Par la suite, nous
nous appesantirons sur les sanctions qu’encourent le souscripteur qui y
manquerait (para. 2).
107
Voir art. 501 du Code CIMA.
108
Art.98, al. 1;v° également développement sur la notice, infra p. 22 et 23.
banque souscriptrice a rempli son devoir de conseil par la remise de documents
clairs et intelligibles109.Toutefois, cette obligation du souscripteur ne peut
s’entendre de la seule remise de la notice. Elle va bien au- delà, pour concerner
les opérations d’adhésion dans leur ensemble. En clair, ce n’est pas seulement la
notice qui est en cause, mais aussi les informations données par le souscripteur
au moment de la demande d’adhésion. Il s’agit du sérieux et de la rigueur avec
lesquels il fait remplir le questionnaire de santé. De même, la cour de cassation
française a conclu à la responsabilité d’un souscripteur pour n’avoir pas fait
savoir à un adhérent qu’il lui est impossible en raison de son âge, de bénéficier
de l’assurance110. Il en va de même s’il n’a pas, s’agissant d’une assurance
garantissant le remboursement d’un emprunt, attiré l’attention des deux
emprunteurs sur le fait que l’assurance ne couvrait que le décès de l’époux111.
Dans une autre espèce, la Cour de Cassation a retenu la responsabilité d’un
établissement de crédit qui avait mal conseillé deux concubins emprunteurs sur
l’adaptation nécessaire de l’assurance suivant que l’immeuble financé par le prêt
était acheté au nom de l’un d’entre eux ou en indivision112
Les illustrations ci-dessus permettent de comprendre que l’assureur ne
répond pas des fautes commises par le souscripteur à l’occasion des opérations
d’adhésion, car il n’agit pas comme son mandataire. Il agit plutôt en tant que
débiteur d’un devoir d’information et de conseil envers son cocontractant113.
Selon J. Landel114, cette solution doit être approuvée « …parce que s’il en
était autrement, cela voudrait dire qu’il existe un contrat direct entre chaque
adhérent et l’assureur, représenté par le souscripteur, alors que l’assurance de
groupe se caractérise par la souscription d’un contrat unique proposé à de
nombreux bénéficiaires ».
109
CA, 13 mars 2001, www.larqusdelassurance.com, « L’essentiel des décisions ».
110
Cass.1ère civ. ,20 juin 1979, RGAT 1980, p.222 ; D.1980, IR, p.514, obs. C. J. Beer et H. Groupeur.
111
Cass.1ère civ.28 janv.1992, RGAT 1992, p.341, note J. Kullmann.
112
Cass.1ère civ.11 juill. 1988, RGAT 1998,p.837, obs. J. L. Aubert.
113
Cass.1ère civ.22 fév. 1984, RGAT 1985, p. 278, note J. L. Aubert : cet arrêt refuse à un organisme
prêteur, la qualité de mandataire de l’assureur.
114
J. Landel, « L’assurance de groupe à la lumière de la jurisprudence récente », RGAT 1993, p.17.
De plus, comme souligné plus haut, le souscripteur n’est pas un
intermédiaire habilité à présenter des opérations d’assurances dont l’assureur
puisse être déclaré responsable.
Une fois la phase d’adhésion achevée, l’obligation d’information, au lieu
de s’estomper, se poursuit bien après cette phase.
115
Cass ; 1ère civ. , 18 déc. 1985, Bull. civ. I, n°357 ; Cass.1ère civ. , 27 nov. 1990, RGAT 1991, p.139,
note J. Bigot; Cass. 1ère civ.,17 nov.1998, RGDA 1999, p.158.
116
CA Paris, 12 juill.1988, Juris-Data n°024839
117
Cass.1ère civ.20 déc.1994, RCA 1995, comm.75 ; RGAT 1995, p.136, obs. J. Maury.
118
Cass.1ère cv. 7 janv. 1997, RGDA 1997, notre Eymard- Gauclin.
119
Cass. 1ère civ.17 nov.1998, RGDA 1999, p.158, note Fonlladosa : les faits de l’espèce indiquent qu’il
s’agit d’un employeur qui souscrit au profit de ses cadres deux polices garantissant les risques
d’incapacité décès et le risque d’accident corporel.
Plus récemment, la cour de cassation française a statué à propos d’une
demande de modification de la désignation des bénéficiaires de la garantie
présentée par un adhérent. Elle a affirmé que l’employeur aurait dû attirer
l’attention de l’adhérent sur le caractère non exploitable du document non daté,
non signé et au surplus n’indiquant pas pour laquelle des deux polices la
modification du bénéficiaire était souhaitée. En ne le faisant pas, l’employeur a
manqué à son devoir de conseil envers son salarié.
En pareille circonstance, la « sanction naturelle »120qu’encourt le
souscripteur est la mise en jeu de sa responsabilité.
120
L’expression est du professeur H. Groupeur qui présente l responsabilité comme la sanction naturelle
du manquement. Il en est une autre qui consiste à l’inopposabilité de la clause désavantageuse,
« L’information et le conseil », art.cit., p.587.
121
J. L. Aubert et J. Flour, Les obligations, T2 : Le fait juridique, n°84 ss.
122
Supra, p. 42 ss.
demandeur de conserver une situation bénéfique ou de la voir réaliser »123. Très
précisément, il s’agit de la chance de réaliser un gain ou d’éviter une perte. Le
fait d’en être privé constitue un préjudice réparable. La jurisprudence est
nombreuse en ce sens124.
Une question se pose cependant : la notion de perte d’une chance peut-elle
être utiliser en matière d’obligation d’information ? Cette question qui s’est
posée tant en doctrine qu’en jurisprudence125 doit recevoir une réponse positive.
De la sorte, lorsqu’une personne n’a pas été correctement informée par son
cocontractant, la réparation du dommage qu’elle subit peut être pondéré par la
probabilité qu’elle avait d’agir correctement si elle avait connu l’information.
Ainsi, un patient qui s’est soumis à une opération sans avoir été informé des
risques de celle-ci peut, si ces risques se réalisent. Être indemnisé de son entier
dommage ; mais pour tenir compte du fait que la connaissance des risques ne
l’aurait peut-être pas fait renoncer à l’opération, il convient de diminuer la
réparation dudit dommage. De même, si un acheteur n’a pas été informé de
certaines utilisations de la chose achetée, il peut être indemnisé de son préjudice,
car, s’il avait été averti, il n’aurait peut-être pas pris toutes les précautions
suffisantes.
En assurance groupe, la perte de chance est utilisée pour sanctionner le
souscripteur qui aurait manqué à son obligation d’information de conseil. Dans
une assurance de groupe garantissant le remboursement d’un emprunt
immobilier, la banque avait omis d’indiquer à l’adhérent que la prise en charge
des remboursements ne devait avoir lieu que s’il s’agissait d’une incapacité
absolue exigeant l’assistance d’une tierce personne. A la suite d’une intervention
chirurgicale, l’emprunteuse est victime d’une incapacité totale, mais qui n’est pas
de nature à exiger l’assistance d’un tiers. Dans ces conditions, l’assureur refuse
sa garantie. La faute de la banque était incontestable. Elle avait été négligente
dans l’information de son client qui avait pu, à bon droit, se croire couvert quoi
123
H. L. et J. Mazeaud et F. Charles, Leçons de droit civil, T2, 1er vol. Les obligations : Théorie générale,
Montchrétien, 8ème éd., 1991, p.42.
124
Civ. 1ère, 1987, Bull. civ., I., n°291; civ. 1ère, 20 juill. 1988, Bull. civ.. J. n° 260.
125
M. Fabre Magnan, « De l’obligation d’information dans les contrats, essai d’une théorie », Paris,
LGDJ, 1992, n°601 ss., et la jurisprudence citée.
qu’il arrive. Elle a entretenu l’illusion d’une garantie accordée sans restriction et
dissuadé l’assuré de contracter une assurance complémentaire.
Mais quel était le dommage ? La Cour de Cassation126 a jugé qu’en
l’espèce, le préjudice dû au manquement à son devoir d’information n’était pas
l’absence de garantie, mais seulement la perte pour l’emprunteuse d’une chance
de bien s’assurer. Complètement informée, l’intéressée serait restée libre de
compléter le contrat principal par la souscription d’une police supplémentaire,
couvrant l’hypothèse d’incapacité n’exigeant pas l’assistance d’un tiers. Dès lors,
le préjudice n’équivaut pas au montant des échéances du prêt restant à acquitter.
Le souscripteur doit seulement verser à la victime des dommages intérêts
correspondant à la chance perdue par son fait.
La perte d’une chance ainsi évoquée constitue un préjudice non pas
éventuel, mais certain. Elle suppose l’existence d’un aléa, d’une probabilité de
non-réalisation du dommage en l’absence du fait générateur de responsabilité.
Aussi, est-ce à juste titre que la Cour de cassation française a jugé dans une
espèce que, ne peut être retenue la responsabilité de l’assureur qui avait laissé
croire à l’adhérent qu’il était garanti contre le risque d’invalidité. Par cette fausse
apparence, elle l’a privé de la faculté de rechercher une garantie du risque
d’invalidité. La raison est que le risque étant déjà réalisé, l’adhérent n’aurait pu le
faire assurer. Par analogie, la responsabilité du souscripteur ne saurait être
retenue pour manquement à son obligation d’information et de conseil si le
risque est déjà réalisé.
Le préjudice ne se réduit pas à une perte de chance, il est aussi perçu
comme un préjudice pur et simple, c’est-à-dire, une exposition à risque.
B - L’exposition à un risque
126
Cass., 1ère civ. 13 nov. 1996, RGDA 1997, p. 215, note J. Maury.
d’exposition à un risque, notion qui doit être distinguée de la perte d’une chance,
même si les deux correspondent à des préjudices réparables. La première entraîne
une réparation partielle, tandis que pour la seconde, la réparation du dommage
est intégrale. C’est ce que soutient Monsieur Mayaux, lorsque, commentant un
arrêt127, il affirme que le défaut d’information sur les garanties était clairement un
cas d’exposition au risque. Selon les faits de l’espèce, le jeune Japhal Aghfa a été
blessé lors d’une compétition organisée par le club de judo dont il est membre.
Son père assigne le club assuré auprès de la Mutuelle National des Sports, en
réparation du préjudice né de l’accident. Il arguait pour soutenir sa prétention, du
défaut d’information sur les limites de la garantie stipulée au profit de son fils par
le club. Par la faute du club, la future victime était exposée au risque de ne pas
être entièrement indemnisée en cas de sinistre. « Dans cette hypothèse, dit le
commentateur, la victime est entièrement indemnisée en cas de réalisation du
risque s’il s’avère que correctement informée, elle aurait pris toutes les
précautions pour éviter que le risque ne se réalise ». Elle serait par exemple
assurer correctement ou ne se serait pas livrée à une activité dangereuse.
Dans le même sens, un organisateur de voyage a été condamné à réparer
l’entier dommage subit par ses clients du fait de l’incendie de l’hôtel où ils
étaient hébergés. Le motif invoqué est qu’il n’avait été informé par l’agence du
fait que l’hôtel n’était pas assuré. Ainsi, ne les a-t-elle mis en mesure de se
prémunir en souscrivant eux-mêmes une assurance contre la réalisation du risque
susvisé128. Cette décision doit être approuvée, car lorsqu’une personne n’a pas
reçu une information et n’a donc pas adopté un comportement conforme à ses
intérêts, elle n’a pas réellement été privée de la possibilité de création d’une
chance. Elle a plutôt été privée, selon Madame M. Fabre Magnan, de la « perte
d’une chance de création d’une chance »129.
Pour conclure, il importe de constater qu’en réalité, la distinction entre les
deux notions de perte d’une chance et d’exposition à un risque peut être quelque
127
Cass. 1ère civ. RGDA1998, p. 825, note
128
Cass. 1ère civ. 3 nov. 1983, Bull. civ. I. , n° 253.
129
M. FABRE MAGNAN, « De l’obligation d’information dans les contrats :Essai d’une théorie », op.
cit.,note n° 123.
fois malaisée. Pour nous fonder sur le cas d’espèce, il n’est pas sûr que,
correctement informée, la victime aurait pu personnellement souscrire une
assurance complémentaire permettant son indemnisation intégrale en cas de
sinistre. A supposer qu’elle aurait cherché à souscrire pareille assurance, il n’est
pas certain qu’elle aurait pu bénéficier d’une garantie complète de la part des
assureurs qu’elle aurait contactés. Autrement dit, son préjudice pourrait bien être
considéré comme la perte d’une chance.
Inversement, on pourra se demander si, dans certaines hypothèses,
notamment en assurance décès invalidité, la perte d’une chance ne s’apparente
pas à l’exposition à un risque. En effet, en référence à l’arrêt du 13 novembre
précité, il est vraisemblable que si l’intéressé avait été prévenu des failles qui
existaient dans la garantie dont elle bénéficiait, elle n’aurait pas manqué de les
combler. Cela semble si vrai qu’en souscrivant une assurance décès invalidité,
l’emprunteur a cru que l’assureur prendra la relève, chaque fois qu’une maladie
ou un accident l’empêcherait de pouvoir continuer à faire face à ses échéances.
En pareille circonstance, l’analyse tendrait à retenir l’exposition à un risque.
Ainsi, l’indemnisation serait intégrale et viserait à prendre en charge le payement
du capital emprunté qui reste à rembourser.
CHAPITRE II : DE LA MODIFICATION A LA
CESSATION DU CONTRAT
130
Cass. 1ère civ. 25 janv. 1989, RGAT 1989, note J. L. Aubert.
131
J. Ghestin, « La distinction entre les parties et les tiers au contrat », JCP 1992, I, 3628, n° 15.
132
Cass.1ère civ, 11 juin 1985, RGAT 1985, p.537.
- Si la garantie est diminuée, le paiement de la prime n’est pas significatif. En
effet, il n’éclaire pas le silence de l’adhérant qui, dans ces conditions, ne peut
valoir acceptation. Cette solution a été confirmée par la cour de cassation
française133 .
133
Cass 1ère civ.,10 déc. 1996, RGDA 1997, p 211, note N. Eymard-Gauclin.
134
Cass 1ère civ , 10 juin 1992, RGAT 1992, p.588, note J. Kullmann.
135
Code de la consommation français, art. L. 132 – 1.
136
Pour le caractère abusif de la clause, cf. TGI Paris, 1er mars 1995, Juris-Data n°040543 ; contra,TGI
Strasbourg, 19 juill. 1994, RGAT 1994, p.838, note J. Bigot.
concreto. Il déclare que « l’indétermination du prix n’est plus, en effet, cause de
nullité. Le contrôle de l’illicite est remplacé par celui de l’abusif. La clause ne
sera jugée abusive que si la variation tarifaire n’est pas fonction d’éléments
objectifs et qu’elle déséquilibre les rapports contractuels au profit de l’assureur…
Et cet abus éventuel s’apprécie au regard des circonstances propres à chaques
espèces »137. L’acceptation anticipée est valable. Pour qu’elle soit privée d’effets,
l’adhérent devra prouver un abus commis par l’assureur quand il a modifié la
prime.
Au contraire, l’acceptation rétroactive de la modification est en principe
proscrite. L’obstacle ne tient pas à la théorie générale des modifications
contractuelles138. Il réside plutôt dans l’impossibilité d’assurer un risque déjà
survenu. Autrement dit, la prestation promise sera celle acceptée par l’adhérent
au jour où le risque s’est réalisé. C’est de cette manière que se règlent les conflits
temporels entre l’ancien et le nouvel état du contrat. Dans la pratique, la
détermination du jour de réalisation du risque n’est pas toujours évidente. Tel est
notamment le cas du risque « invalidité ». L’on peut retenir le jour où
l’invalidité a privé l’adhérent de ses ressources professionnelles. L’on peut aussi
retenir la date d’arrêt de travail.
L’étude de la modification volontaire appelle celle de la modification
imposée.
137
L.Mayaux, « Les modifications du contrat », RGDA 1998, p. 595 et 596.
138
Celles-ci peuvent être rétroactives sous la réserve des droits des tiers, V° . A. Ghozi, « La
modification de
l’obligation par la volonté des parties », Paris, LGDJ, 1980, n° 451 et s.
A - Le domaine de la modification imposée
139
Comme celle souscrite par un ordre professionnel.
140
Cass. 1ère civ. , 20 juin 2000, Argus n° 6731 du 30 mars 2001.
emprunteurs en arrêt de travail, modifie la définition des risques garantis. De ce
fait, il est inopposable à l’emprunteur, dès lors qu’il ne l’a pas accepté.
Le domaine de la modification imposée est bien défini. Son régime l’est
moins.
141
Art. 98, al. 2 : « L’adhérent peut dénoncer son adhésion en raison de ces modifications ».
142
L. Mayaux, « Les modifications du contrat », op. cit. , note n° 130, p. 599.
143
Cass. 1ère civ. , 10 juin 1992, arrêt précité, note n° 127.
peut se faire par tout autre moyen : Lettre recommandée, lettre simple ; ceci ne
souffre d’aucune ambiguïté.
Il n’en va pas de même en ce qui concerne la date de l’information.
L’adhérent doit-il être informé d’avance ou au contraire au jour de la
modification ? A priori, la seconde solution paraît la plus protectrice de ses
intérêts. Elle lui permet de prendre la décision de rester ou de sortir du groupe.
Toutefois, comme nous l’avons constatée, il ne s’agit pas véritablement d’un
choix. Dès lors, la meilleure interprétation de l’art. 98,al.1er est de s’en tenir à la
lettre du texte. L’information doit être donnée d’avance, au moment de
l’adhésion. Elle porte non sur les modifications entreprises, mais sur celles
susceptibles d’être opérées. De cette manière, l’adhérent connaît à l’avance les
stipulations du contrat qui sont intangibles et celles qui pourront être opérées. Les
premières ne lui seront opposables qu’avec son accord. Pour les secondes, cet
accord est donnée d’avance.
Plus radicale que la modification, il est des cas où c’est à la cessation du
contrat que l’on assiste.
144
Nous avons déjà traité de la question de l’exclusion de l’adhérent pour non payement des primes. Nous
n’y reviendrons pas. V° supra, p. 41.
problèmes soulevés dans ce dernier cas ont trouvé des solutions différentes
suivant que l’on se situe avant le code CIMA (A) ou après (B).
145
Cass. 1ère civ., 29 nov. 1988, RGAT 1989 p.40, obs. J.L. Aubert.
146
C A Besançon, 17 février 1989, RCA 1989, comm. 321 ; C A Paris, 22 mars 1989, Juris-Data
n°021522.
147
Ce sont par exemple les risques maladie, accident et maternité.
l’assurance ou du travail. Ainsi avait-elle décidé que si l’adhérent est sur le point
de quitter l’entreprise, et que le sinistre se produit dans la période de préavis, la
garantie est due. Pendant cette période en effet, l’adhérent fait toujours partie du
personnel de l’entreprise148. Elle a tranché dans le même sens en ce qui concerne
le cas d’une interruption temporaire de travail149et dans le cas d’une radiation par
erreur150.
Ces palliatifs ne pouvaient suffire à garantir une protection efficace et générale
des adhérents.
148
Cass. 1ère civ., 17 nov. 1987, RGAT 1988, obs. J.L. Aubert.
149
Cass. soc. 2 juill. 1984, RGAT 1985, p.400, obs. J. Bigot.
150
Cass. soc. 31 mars 1981, RGAT 1982, p.62.
151
Art.97, al.5.
modalités et les conditions tarifaires de cette assurance subséquente. En cas de
refus de l’adhérent de continuer le contrat, la provision mathématique doit lui
être reversée. Celle-ci se définit comme la différence entre les engagements
respectivement pris par l’assureur et les assurés. Elle existe dans toutes les
assurances, mais dans les assurances vie, elle prend une importance toute
particulière. D’une part, elle est calculée mathématiquement, d’autre part, elle
constitue une masse d’argent sur laquelle les assurés ont des droits. Elle
représente la prime capitalisée par l’assureur afin de constituer la somme qu’il
devra payer à l’assuré à l’échéance du contrat. Elle n’existe que si l’assuré a payé
les primes pendant deux ans au moins ou si les primes payées par lui représentent
au moins 15% de prime globale.
Tout compte fait, la nouvelle législation entend par l’institution d’un tel
mécanisme assurer la protection de l’adhérent lorsque celui-ci est frappé d’une
exclusion pour rupture de lien entre lui et le souscripteur. Il faut néanmoins
remarquer que l’adhérent, même lorsqu’il a conservé un tel lien, peut quand
même être priver de garantie si la police entre le souscripteur et l’assureur est
résiliée.
152
La résiliation à l’initiative de l’adhérent équivaut plutôt à un retrait individuel.
L’analyse que donne la Cour de cassation en qualifiant l’assurance de
groupe d’assurance mixte153, lui rend applicable les dispositions de l’art. 21 du
code CIMA. Il ressort de cet article que les conditions de résiliation du contrat
sont fixées par la police. Toutefois, le souscripteur comme l’assureur ont le droit
de résilier le contrat à chaque échéance annuelle. Ceci dit, une précision
s’impose. La lettre de l’art. 21 vise l’assuré, ce qui est bien normal pour une
disposition qui intéresse les contrats d’assurance souscrits individuellement.
Cependant, l’on comprend qu’il s’agit du cocontractant de l’assureur. Or, il est
clair qu’en assurance de groupe, c’est le souscripteur qui contracte avec
l’assureur. C’est lui qui met en place la garantie et qui peut y mettre fin. Pour que
la résiliation joue, obligation lui est faite d’envoyer une lettre recommandée à
l’assureur au moins deux mois avant la date d’échéance.
En ce qui concerne la forme de la résiliation, l’art. 22 propose un choix au
souscripteur. Il peut faire sa demande « soit par une déclaration faite contre
récépissé au siège social ou chez le représentant de l’assureur dans la localité,
soit par lettre recommandée, soit par tout autre moyen indiqué dans la police ».
Le droit de résilier le contrat à l’expiration d’un délai d’un an « appartient dans
les mêmes conditions à l’assureur »154.
Ce dernier dispose également de la faculté de résilier le contrat après
sinistre dans le cas où la police le prévoirait. Elle « ne peut être faite que dans le
délai de trois mois après qu’il en a eu connaissance et moyennant un préavis d’un
mois à dater de la notification (au souscripteur) par lettre recommandée, par acte
extrajudiciaire ou par tout autre moyen. L’assureur qui, passé le délai d’un mois
après qu’il a eu connaissance du sinistre, a accepté le paiement d’une prime (…)
correspondant à une période d’assurance ayant débuté postérieurement au sinistre
ne peut plus se prévaloir de ce sinistre pour résilier le contrat »155. En
contrepartie d’une telle faculté, le souscripteur acquiert le droit de mettre fin à
toutes les autres polices qu’il a pu souscrire auprès de l’assureur. Il a l’obligation
de le faire dans le délai d’un mois à compter de la notification faite par
153
Sur la question, v° développements ,p. 21.
154
Art. 21, al.2 du code CIMA.
155
Art. 23, al.1.
l’assureur. Dans un cas comme dans l’autre, si la résiliation intervient, l’assureur
s’engage à restituer les primes correspondant à la partie non courue des risques.
Appliquée à l’assurance de groupe, la faculté de résiliation après sinistre
soulève des difficultés qu’il n’est pas inintéressant d’évoquer.
156
Cass. 1ère civ., 20 janv. 1993, RGAT 1993, p.336, obs. J. Kullmann.
157
Il s’agit de la Cour d’appel de Pau dont l’arrêt a été cassé par celui de la Cour de cassation du 20
janvier 1993, cf. note n°146.
158
Sur les conditions de l’exclusion, v° supra, p.41.
159
L’assureur ne peut compenser indistinctement sa dette envers certains adhérents par sa créance envers
d’autres.
bien attendre le premier sinistre et le faire sur le fondement de l’art.23, al.1 du
code CIMA.
Pour remédier à ces situations, l’art.5 de la loi Evin160a pris deux mesures
concernant les polices couvrant les salariés d’une entreprise de façon quasi
obligatoire161. D’une part, la police doit prévoir le délai de préavis applicable à la
résiliation de la police ou à son non-renouvellement. D’autre part, l’assurance de
groupe doit prévoir les modalités selon lesquelles l’assureur peut maintenir sa
couverture au profit des salariés qui en font la demande avant la fin du délai de
préavis. Pour prévenir toute mesure dissuasive, la loi dispose également que cette
couverture doit être proposée sans condition de période probatoire, ni d’examen
ou de questionnaire médical. Cette situation est identique à celle où l’adhérent
perd le bénéfice de la garantie parce qu’il ne fait plus partie du personnel de
l’entreprise.
On retiendra de tout ce qui précède que la bonne exécution du contrat va
se trouver paralysée par les éventuelles modifications et la cessation qu’il peut
connaître. Toutefois, pour ne pas que l’adhérent se retrouve sans garantie, le
Code prévoit que l’assureur maintiendra à son profit le contrat, mais sous forme
individuelle. Le souscripteur pour sa part, reste tenu à une obligation
d’information et de conseil que la jurisprudence n’hésite pas à retenir contre lui,
même dans des circonstances négligeables
160
Loi précitée, v° supra, note n° 5.
161
Il s’agit des assurances de groupe auxquelles sont obligées les salariés d’une entreprise parce que la
police a été souscrite, soit à la suite d’une convention collective ou d’un accord d’entreprise, soit par le
chef d’entreprise qui l’impose à son personnel nouveau.
CONCLUSION
ANNEXE I
CONDITIONS GENERALES :
ASSURANCE GROUPE DECES PERSONNEL
D’ENTREPRISES
70
DES CONTRATS D’ASSURANCE DE GROUPE
ANNEXE II
71
DES CONTRATS D’ASSURANCE DE GROUPE
ANNEXE III
72
DES CONTRATS D’ASSURANCE DE GROUPE
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES GENERAUX
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Théorie, Paris, LGDJ, 1992, 573 p.
*FLOUR J. et AUBERT J. L., Les obligations, T1 : L’acte juridique, 8 éd., Paris,
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*VINEY G., Traité de droit civil; introduction à la responsabilité (sous la direction de
J. Ghestin), Paris LGDJ 2ème éd. 1995, 471 p.
73
DES CONTRATS D’ASSURANCE DE GROUPE
OUVRAGES SPECIAUX
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•BEER C. J. et GROUTEL H., Les grands arrêts du droit de l’assurance, Paris éd.
Sirey, 1978, 261 p.
•BEER C. J., Droit des assurances, 7ème éd., Paris, Dalloz, 1995, 126 p.
•BEER C. J., Les assurés face aux assureurs dans le monde contemporain, Paris, éd.
Sirey, 1983, 311 p.
•BESSON A. et PICARD M., Les Assurances Terrestres, T1 : Le contrat d’assurance,
5ème éd., Paris, LGDJ, 1982, 870 p.
•FONTAINE M., Droit des assurances, Bruxelles, Maison Ferdinand Larcin, 1975,
302 p.
•LAMBERT-FAIVRE Y., Assurance des entreprises, 2ème éd., Paris, Dalloz, 1986, 772
p.
•LAMBERT-FAIVRE Y., Droit des assurances, 10ème éd. Paris Dalloz, 1998, 837 p.
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ARTICLES ET CHRONIQUES
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MEMOIRES
LEGISLATIONS
Code des assurances des Etats membres de la CIMA, l’Argus 1996, 220p.
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TABLE DES
MATIERES
AVERTISSEMENT………………………………………………………...……………I
DEDICACE…………………………………………………..…………………………II
REMERCIEMENTS………………………………………………..……………….…III
INTRODUCTION……………………………………………………………………....1
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