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Cour Hse - Installations Industrielles

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Support de cours destiné aux 2éme Année TCM

Cour HSE Installations industrielles (HSE)

Introduction générale

Dans le monde du travail de nos sociétés modernes la mise en œuvre d’une politique
« Hygiène, sécurité et environnement (HSE)» est devenue indispensable tant les
enjeux sont multiples. L’intérêt HSE s’est fortement accru au sein des entreprises. Il y
a d’abord l’application plus stricte de la réglementation (code du travail). La
préservation de l’intégrité physique des salariés, de leur sécurité et de la protection de
l’environnement relève de la responsabilité du chef d’entreprise. Les entreprises
reconnaissent l’importance d’une politique HSE car son efficacité permet de réduire
les risques d’accidents, les nuisances de l’environnement (la population, l’eau, le sol,
la faune et la flore). En outre elle procure des avantages :
- Economiques en minimisant les coûts liés aux AT/MP et les arrêts de travail;
- Sociaux comme l’amélioration du dialogue social, de la communication
interne, de l'image de l'entreprise et sa pérennité ;
- Travailler dans de bonnes conditions et dans un environnement sain.

Ainsi, la politique HSE, intégrée à l’ensemble des activités et ce, depuis la conception,
permet d’éviter les accidents ou situations catastrophiques, d’être socialement
responsable et économiquement compétitive.

La sécurité signifie l’absence des accidents ou du risque inacceptable. L’accident est


une manifestation du risque qui est susceptible d’engendrer des dommages sur des
personnes, des installations et/ou de l’environnement. C’est de cela que nous nous
intéressons dans ce chapitre pour développer une politique HSE au sein des activités
professionnelles. Cette politique HSE a pour objectif de mettre en œuvre des mesures
de prévention et de protection de la santé des salariés et des populations, de la
préservation des installations et de l’environnement.

1
Chapitre I : Introduction à l’évaluation et à la maîtrise des risques, Analyse
des Accidents.

Introduction

Les changements organisationnels et technologiques dans les entreprises, les nouvelles formes
d’organisation du travail ainsi que les changements démographiques ont créé de nouveaux
risques et ont amené un questionnement face aux modes d’organisation traditionnels de la
prévention. Dans ce contexte, les entreprises doivent s’attendre à une recrudescence des
accidents et des maladies professionnelles ainsi qu’à une détérioration de la qualité de vie au
travail, si l’ensemble des décisions de gestion n’est pas mis en œuvre en tenant compte des
conséquences sur la santé et la sécurité des travailleurs.

La sensibilité aux enjeux de santé et de sécurité au travail est croissante dans l’ensemble de la
société. Les entreprises ont progressivement été amenées à prendre en considération ces
préoccupations au sein même de leur organisation. En effet, au cours des dernières décennies,
la plupart des pays du monde ont adopté des législations visant à imposer aux employeurs « le
devoir d’assurer la sécurité et la santé des travailleurs dans tous les aspects reliés au travail ».
Les principes de prévention énoncés incluent « éviter le risque », « combattre les risques à la
source » et « adapter le travail à l’individu », selon « une politique de prévention globale et
cohérente ». Il est donc indispensable que les futurs salariés et managers maîtrisent ces
réglementations qui s’imposent pour favoriser le bien-être de tous.

I.1. Comprendre les notions de base (danger, risque) et identifier les acteurs de la
prévention

I.1.1. Définitions

À l’origine de tout accident, même mineur, il existe un risque ou danger, qui, sous certaines
conditions, conduit aux accidents.

Dans leur acception courante ou en fonction des domaines d’application, danger, risque et
aléa se confondent totalement ou partiellement.

L’accident est défini comme un événement imprévu et soudain, ayant entraîné des dégâts
corporels et matériels. Les dégâts provoqués peuvent être plus ou moins importants, à
caractère temporaire ou permanent.

Le danger ou phénomène dangereux, est la propriété ou capacité intrinsèque d’une


substance, d’une machine, d’un équipement de travail, d’un procédé ou d’une méthode de
travail de causer un dommage (une lésion ou une atteinte à la santé). Le danger est donc une
« cause capable de provoquer un dommage » (sur une cible ou un enjeu).

« Le danger est l’instrument du risque ».

Le risque est la probabilité que le dommage potentiel se réalise dans les conditions
d’utilisation et/ou d’exposition et l’ampleur éventuelle du dommage.

« Le danger est un état, le risque sa mesure ».

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Les facteurs de risques sont des éléments qui peuvent augmenter ou diminuer la probabilité de
survenance d’un accident ou la gravité d’un événement. Les facteurs de risques complètent
l’équation: Risque = Danger * Exposition

I.1.2. Prévention des risques professionnels

Par définition, la prévention se situe en amont de l’événement et se focalise sur le caractère


dangereux de l’activité. Elle vise à réduire la probabilité d’occurrence des événements non
souhaités en agissant sur leurs causes potentielles. Une démarche de prévention réussie peut
avoir une influence sur l'organisation du travail, la production et améliorer la productivité de
l'entreprise.

I.1.2.1. Principes généraux de prévention

La prévention des risques professionnels repose sur 9 principes généraux inscrits dans le Code
du travail (article L. 4121-2).

1. Éviter les risques

Supprimer le danger ou l'exposition à celui-ci.

2. Évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités

Apprécier leur nature et leur importance afin de déterminer les actions à mener pour assurer la
sécurité et garantir la santé des travailleurs.

3. Combattre les risques à la source

Intégrer la prévention le plus en amont possible, notamment dès la conception des lieux de
travail, des équipements ou des modes opératoires.

4. Adapter le travail à l'Homme

Concevoir les postes de travail et choisir les équipements, les méthodes de travail et de
production pour limiter notamment le travail monotone, cadencé ou pénible. Par exemple, la
phase d'évaluation des risques peut permettre de repérer des plans de travail d'une hauteur
inadaptée pour les salariés (entraînant des contraintes importantes et des efforts inutiles).Ce
plan peut être surélevé ou abaissé pour diminuer le risque d'atteintes ostéoarticulaires.

5. Tenir compte de l'évolution de la technique

Assurer une veille pour mettre en place des moyens de prévention en phase avec les
évolutions techniques et organisationnelles

6. Remplacer ce qui est dangereux par ce qui ne l'est pas ou par ce qui l'est moins

Éviter l'utilisation de procédés ou de produits dangereux lorsqu'un même résultat peut être
obtenu avec une méthode présentant des dangers moindres (le remplacement d'un produit

3
cancérogène par un produit moins nocif, ou l'utilisation de peintures sans solvant, par
exemple).

7. Planifier la prévention

Intégrer dans un ensemble cohérent la technique, l'organisation du travail, les conditions de


travail, les relations sociales et l'environnement. En cas d'intervention de plusieurs entreprises
sur un même lieu, organiser la prévention en commun.

8. Donner la priorité aux mesures de protection collective sur les mesures de


protection individuelle

L'employeur doit donner la priorité aux mesures de protection collective. L'utilisation des
équipements de protection individuelle intervient uniquement en complément des protections
collectives si elles se révèlent insuffisantes.

9. Donner les instructions appropriées aux travailleurs

Donner aux salariés les informations nécessaires à l'exécution de leurs tâches dans des
conditions de sécurité optimales. Il s'agit notamment de leur fournir les éléments nécessaires à
la bonne compréhension des risques encourus et ainsi de les associer à la démarche de
prévention. Ces principes doivent être mis en œuvre en respectant les valeurs essentielles et
les bonnes pratiques de prévention. Ces principes montrent le caractère plurifactoriel
(organisationnel, humain, technique...) des risques professionnels.

I.1.2.2. démarche de prévention des risques professionnels

Evaluer pour prévenir ; comprendre pour agir

S’engager dans une démarche de prévention des risques en entreprise

Evaluer pour prévenir ; Qu’est-ce que c’est ?

La prévention des risques professionnels consiste à prendre les mesures nécessaires pour
préserver la santé et la sécurité des travailleurs, dans le cadre du droit du travail et du dialogue
social.

Pour agir, il est indispensable de : réaliser une évaluation des risques professionnels c’est-
à-dire établir un diagnostic des risques en entreprise

Puis

Mettre en œuvre des mesures de prévention ; ces mesures résultent de choix et de priorités
inscrits dans un plan d’actions.

Ces deux phases sont indissociablement liées : l’évaluation n’a aucun intérêt si elle ne conduit
pas à la mise en œuvre de mesures de prévention.

4
Evaluer pour prévenir ; Pourquoi ?

5 raisons pour agir

1. Protéger la santé et la sécurité des travailleurs

Aujourd’hui, un grand nombre d’accidents de travail et de maladies professionnelles (AT/MP)


surviennent durant le travail. Chaque jour, un certain nombre d’accidents de travail entraînent
une incapacité permanente ou un décès, et un certains nombre de personnes sont reconnus
atteintes d’une maladie professionnelle.
La nécessité d’évaluer les risques ne résulte pas uniquement de ce constat. L’absence
d’accidents ou de maladies professionnelles ne signifie pas qu’il n’ya pas de risque : zéro
AT/MP n’équivaut pas au risque zéro.

En effet, l’évaluation des risques professionnels suppose qu’un travail d’anticipation soit
réalisé au sein de l’entreprise’ afin de comprendre et d’analyser tous les phénomènes
susceptibles de faire naître un risque pour la santé et la sécurité au travail.

Toute entreprise est concernée, quelle que soit sa taille et son secteur d’activité. L’évaluation
des risques vise à tenir compte aussi bien des aspects humains, techniques et organisationnels
du travail.

2. Répondre aux obligations de prévention

L’employeur doit respecter ses obligations en matière de santé et de sécurité au travail. Les
principes généraux de prévention, inscrits dans le code du travail (article L 230-2), prévoient
notamment que tout employeur est responsable de l’évaluation des risques et des actions de
prévention qui en découlent. Il revient à l’employeur de mettre en place les moyens les plus
adaptés pour répondre à son obligation de résultats dans ce domaine.

3. Favoriser le dialogue social

La prévention des risques professionnels et l’évaluation des risques s’appuient sur un dialogue
constant et constructif entre l’employeur, les représentants du personnel et les salariés. Ce
dialogue est la garantie d’une meilleure compréhension et d’un traitement efficace des risques
professionnels.

4. Créer un emploi de qualité

Dans l’entreprise, il s’agit d’assurer de bonnes conditions de travail par une démarche
ambitieuse. L’image de l’entreprise et de la profession en est valorisée, ce qui peut
notamment favoriser le recrutement.

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5. Améliorer les performances de l’entreprise

Chaque année, les accidents du travail, les accidents de trajet et les maladies professionnelles
se traduisent par la perte de journées de travail (absence de salariés). C’est un coût humain et
économique très important pour les entreprises :

➢ Temps de production perdus,


➢ Dégâts causés aux matériels, équipements et produits,
➢ Augmentation des primes d’assurance, frais de justice,
➢ Difficultés de remplacement,
➢ Baisse du moral et de la motivation des salariés,
➢ Dégradation du climat social……
L’évaluation des risques professionnels permet, à cet égard, d’identifier les
dysfonctionnements susceptibles d’affecter la santé et la sécurité des travailleurs et de nuire à
la compétitivité de l’entreprise. Ainsi, de bonnes conditions de travail contribuent à
l’amélioration de la situation économique des entreprises.

Evaluer pour prévenir ; comment ?

5 clés pour réussir

1. L’employeur est le garant de la sécurité et de la santé des travailleurs

Afin de favoriser la prévention des risques professionnels, l’employeur s’engage sur les
objectifs, les modalités et les moyens permettant de créer une démarche durable. Pour cela, il
associe l’ensemble des acteurs de l’entreprise (salariés, instances représentatives du
personnel, médecin du travail, ingénieurs et techniciens de la prévention) (acteurs internes).

L’employeur peut aussi s’adjoindre, si nécessaire, des appuis extérieurs tout en demeurant le
seul responsable de l’évaluation des risques et des mesures de prévention qui en découlent.

2. Une démarche globale

Un des objectifs d’une démarche globale d’évaluation des risques est de parvenir à une
analyse exhaustive des risques professionnels, passage obligé vers des actions concrètes de
prévention.

Comprendre pour agir, tel est l’esprit de l’évaluation des risques : analyser les situations de
travail en s’appuyant sur les conditions d’exposition des travailleurs aux risques ; afin de
mieux de les maîtriser. Pour cela, il convient de prendre en compte toutes les composantes du
travail :

➢ Personnel,
➢ Organisation et méthodes de travail ;
➢ Produits, matières et déchets,
➢ Equipements et matériels.

La prise en compte de l’ensemble de ces composantes nécessite une approche


pluridisciplinaire de la prévention des risques professionnels ; il s’agit donc d’associer des
compétences, notamment médicales, organisationnelles et techniques.

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3. Une démarche dynamique

L’évaluation des risques professionnels doit permettre la mise en œuvre d’une démarche
concertée qui s’enrichit progressivement, en s’inscrivant dans le temps. De cette façon, tous
les acteurs de l’entreprise acquièrent une plus grande maîtrise de la prévention en
s’appropriant la démarche.

4. La participation des salariés et de leurs représentants

Les salariés sont les premiers concernés par les risques professionnels auxquels ils sont
exposés.

A ce titre, leurs expériences, leurs savoir-faire et leurs connaissances individuelles et


collectives des situations de travail contribuent à l’évaluation des risques et à la recherche des
actions de prévention à engager.

Les instances représentatives du personnel participent non seulement à l’analyse des risques,
mais contribuent aussi à la préparation et au suivi des actions de prévention.

5. La prise en compte du travail réel

La pertinence de l’évaluation des risques repose, en grande partie, sur la prise en compte des
situations concrètes de travail, qui se différencient des procédures prescrites et des objectifs
assignés par l’entreprise. En effet, le salarié est amené à mettre en œuvre des modes
opératoires ou des stratégies pour faire face aux aléas ou dysfonctionnements qui surviennent
pendant le travail.

De ce fait, l’analyse des risques a pour objet d’étudier les contraintes subies par les salariés et
les marges de manœuvre dont ceux-ci disposent, dans l’exercice de leur activité. La prise en
compte de l’activité concrète des salariés permet ainsi une meilleure connaissance des risques
et un choix pertinent des actions de prévention.

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I.1.2.3.Les étapes de la démarche de prévention

1. Préparer la démarche

• Elaborer une stratégie


• Recenser les analyses
• Préciser les modalités
• Planifier la démarche

2. Evaluer les risques

• Définir les unités de travail


• Réaliser un inventaire des risques
• Estimer les risques
• Rédiger le document unique

3. Elaborer un programme d’actions

• Opérer des choix


• Mettre au point une stratégie

4. Mettre en œuvre les actions

• Désigner une personne chargée du suivi


• Disposer d’outils de pilotage

5. Evaluer la démarche de prévention

• Assurer le suivi : valider, corriger

8
• Dresser un bilan périodique.

1. Préparer la démarche

C’est l’étape fondamentale qui conditionne le succès de la démarche. Pour cela, il est
nécessaire de :

Elaborer une stratégie en santé et sécurité au travail intégrée à l’activité de l’entreprise en


fixant des objectifs et en définissant une organisation adaptée.

Recenser les analyses effectuées, les données produites et les mesures prises en matière de
prévention des risques professionnels.

Préciser les modalités de participation des acteurs internes à l’entreprise et de recours à des
compétences externes à l’entreprise.

Planifier la démarche (calendrier, ressources, modalités de définition des unités de travail,


méthodes d’analyse des risques,…..).

2. Evaluer les risques

Evaluer, c’est comprendre et estimer les risques pour la santé et la sécurité des travailleurs,
dans tous les aspects liés au travail. Cela implique que l’entreprise dresse, pour chaque unité
de travail, un inventaire des risques identifiés. Ensuite, les résultats de cette analyse,
conformément au code de travail, doivent être transcrits dans un document unique.

Cette étape se décompose en 4 phases :

Phase 1 : Définir les unités de travail

L’identification des unités de travail constitue la clef de voûte pour mener à bien l’analyse des
risques. Il convient donc nécessaire de procéder à un découpage de l’entreprise en unités selon
l’organisation, l’activité, les ressources et les moyens techniques de l’entreprise.

Pour ce faire, la méthode « Quoi ? Qui ? Où ? Quand ? Comment ? » Peut être utilisée afin de
recouvrir toutes les situations de travail :

• Quelle est l’activité réelle des travailleurs ?


• Qui l’exerce ?
• Où est-elle exercée (lieux fixes ou non, espace géographique) ?
• Quand est-elle exercée (durée, temps) ?
• Comment (avec quels moyens) ?

De ce questionnement, peuvent résulter des regroupements de situations de travail présentant


des caractéristiques voisines, sans pour autant occulter les particularités de certaines
expositions individuelles.

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Phase 2 : Réaliser un inventaire des risques

En identifiant les dangers ;

C’est repérer la propriété ou la capacité intrinsèque : d’un lieu, d’un équipement, d’une
substance, d’un procédé, d’une méthode ou d’une organisation du travail …..À causer un
dommage pour la santé des travailleurs ;

Puis

En analysant les risques ;

C’est étudier les conditions concrètes d’exposition des travailleurs à ces dangers ou à des
facteurs de risques comme cela peut être observé en matière d’organisation du travail.

La réalité du travail peut souvent faire apparaître des situations complexes.

Phase 3 : Estimer les risques

Cela conduit à définir des critères d’appréciation propres à l’entreprise, issu notamment de
l’analyse des conditions d’exposition aux risques. Il s’agit de :

• La fréquence d’exposition,
• La gravité envisageable des conséquences,
• La probabilité d’occurrence des risques,
• Le nombre de salariés concernés,
• La perception du risque par les salariés.

Phase 4 : Rédiger le Document Unique

C’est le support transcrivant les résultats de l’évaluation des risques. Une fois réalisé reste un
outil de :

• Dialogue social consulté par les acteurs internes et externes à l’entreprise,


• Pérennisation de la démarche de prévention par sa mise à jour régulière et son
exploitation dans un programme d’actions

3. Elaborer un programme d’actions

Les priorités d’actions de prévention sont déterminées sur la base de l’estimation des risques.
L’employeur va opérer des choix et rechercher des solutions permettant de mettre au point
une stratégie et un ou des programmes d’action :

• En respectant, dans l’ordre suivant, les principes généraux de prévention :


➢ Suppression des risques,
➢ Mise en œuvre des mesures de protection collective,
➢ Prise de mesures de protection individuelle ;
• En tenant compte à la fois des facteurs organisationnel, technique et humain ;

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• En définissant des moyens humains et financiers (coûts et opportunités
d’investissements);
• En fixant un calendrier précis, selon les priorités issues de l’évaluation des risques et
en respectant les obligations spécifiques du code du travail.

4. Mettre en œuvre les actions

Quelle que soit l’action envisagée, il est nécessaire de :

• Désigner une personne chargée du suivi ;


• Disposer d’outils de pilotage permettant d’ajuster les choix, de contrôler l’efficacité
des mesures et de respecter les délais (tableaux de bord, indicateurs de
performance,….).

5. Evaluer la démarche de prévention

Cette phase dynamique consiste à :

• Assurer le suivi : des mesures réalisées dans le cadre du plan d’action, des méthodes
utilisées ;
• Dresser un bilan périodique.

Ce bilan peut conduire à :

• Valider les actions et méthodes mises en œuvre ;


• Corriger les actions réalisées, lorsqu’elles conduisent à des changements techniques et
organisationnelles dans les situations de travail susceptibles de générer de nouveaux
risques ;
• Relancer la démarche de prévention, conformément aux obligations de l’employeur en
matière d’évaluation des risques (au moins une fois par an, lors d’aménagements
importants ayant un impact sur la santé et sécurité des travailleurs ou lorsque toute
nouvelle information nécessite une évaluation des risques);

I.1.2.4. Identifier les acteurs de la prévention

Tout le monde a un rôle à jouer dans la prévention des risques professionnels. L’Employeurs
n’est pas le seul responsable pour prévenir les risques professionnels.il doit s’appuyer sur des
experts en interne comme en externe sans oublier d'impliquer l'ensemble des salariés.
Tous les acteurs doivent travailler, communiquer et dialoguer entre eux : c’est un gage de
réussite et d’efficacité de la démarche de prévention.

a) Les acteurs de la prévention internes à l’entreprise

L’employeur

L’employeur doit prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer la sécurité et
protéger la santé des travailleurs de l’établissement y compris celle des travailleurs
temporaires, sur la base d’une évaluation des risques existants dans son entreprise. Il veille

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personnellement au respect des dispositions légales et réglementaires qui engagent sa
responsabilité.

Afin d’assurer ses obligations, il doit s’entourer de toutes les compétences techniques et
obtenir tous les conseils nécessaires.

Les travailleurs

Chaque travailleur doit prendre soin de sa santé et de sa sécurité ainsi que de celles des autres
personnes concernées par ses actes ou ses omissions au travail conformément aux instructions
de l'employeur en fonction de sa formation et selon ses possibilités.

Les services de santé au travail

Les services médicaux du travail emploient des médecins spécialisés avec une mission
exclusivement préventive qui a pour objet d’éviter toute altération de la santé physique et
mentale de tous les salariés du fait de leur travail, quelle que soit la taille de leur entreprise, en
surveillant :
• l’état de santé des salariés
• les conditions d’hygiène du travail et les risques de contagion en conseillant employeur et
salariés sur l’adaptation des postes de travail aux contraintes physiologiques et
psychologiques rencontrées
• mais aussi en contribuant à la connaissance et à l’évaluation des risques professionnels dans
le cadre d’une veille et d’une alerte permanente en milieu de travail.
Pour remplir cette mission, le médecin du travail conduit des actions sur le milieu de travail
pendant le tiers de son temps :
- Participation aux comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) ;
- Etude des postes de travail, des aménagements souhaitables en fonction des dangers et des
expositions des salariés ;
- Réalisation d’une fiche d’entreprise, remise à l’employeur ;
- Plan(s) d’activité et rapport annuels …

Les instances représentatives du personnel

Les instances représentatives du personnel concourent, par leurs propositions, à l’amélioration


de la santé, de la sécurité et des conditions de travail.

• Le Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT)

Cette instance représentative du personnel réunit l’employeur et des délégués représentant les
salariés. C’est une instance spécialisée en matière de prévention des risques professionnels.
Le CHSCT est non seulement associé à l’évaluation des risques, à la recherche de solutions
pour l’amélioration des conditions de travail mais il est également force de propositions
auprès de l’employeur. Le CHSCT devient obligatoire dans tous les établissements d’au
moins 50 salariés.

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• Les délégués du personnel

Dans les établissements dépourvus de Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de


travail (en principe, les établissements de 10 à 50 salariés), les délégués du personnel exercent
toutes les compétences de ce comité.

b) Les acteurs de la prévention externes à l’entreprise

Chaque entreprise agit dans un cadre fixé par les pouvoirs publics, et plus particulièrement par
le ministère chargé du travail qui élabore et met en œuvre la politique publique de prévention
de la santé et de la sécurité au travail.

Cependant, hors de l’entreprise, bien d’autres acteurs participent au système de prévention des
risques professionnels et à l’amélioration des conditions de travail. En Algérie, la prévention
des risques professionnels est placée sous la responsabilité du :

Ministère du Travail de l’Emploi et de la Sécurité Sociale


Prend en charge :
• L’élaboration de la politique nationale de prévention des risques professionnels.
• La préparation et l’initiation des textes législatifs et réglementaires
• L’évaluation et le contrôle de l’exécution des programmes de prévention des risques
professionnels.

Ce ministère est assisté par un organe consultatif qui est : le Conseil National d’Hygiène,
Sécurité et Médecine du Travail (CNHS/MT). C’est une composante tripartite (représentants
des employeurs, représentants des travailleurs, pouvoirs publics). Il participe par des
recommandations et des avis à la réalisation de programmes en matière de prévention des
risques professionnels.

Les Structures Centrales du Ministère du Travail de l’Emploi et de la Sécurité Sociale :

• DRT (Direction des Relations de Travail) est chargée de la coordination, du suivi et de


l’évaluation des programmes de P.R.P, l’animation des organismes de prévention et
l’élaboration de textes législatifs et réglementaires.

• CNAS (la Caisse Nationale des Assurances Sociales des travailleurs salariés) est
l’appui de La DGSS (Direction Générale de la Sécurité Sociale) qui règle les
tarifications et les Modalités de réparation des accidents du travail et des maladies
professionnelles. Elle Participe, à l’élaboration de la politique de prévention.

• IGT (l’Inspection Générale du Travail) : l’organe spécialisé du ministère du travail,


doit assurer la surveillance et le contrôle, ainsi que l’information et le conseil, pour
tout ce qui concerne l’application des dispositions législatives et réglementaires
relatives aux conditions de travail, à la santé et la sécurité en milieu de travail, sont
principalement assurées par l’inspection du travail.

• INPRP (Institut National de la Prévention des Risques Professionnels) : Il est sous


tutelle du Ministère du Travail de l’Emploi et de la Sécurité Sociale et exerce ses
activités au profit des salariés et des entreprises. Il apporte une aide technique aux
entreprises en général : études et recherches, formation en matière de prévention,
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assistance technique et documentaire, information (journaux, affiches, brochures,
audiovisuels, site web).
Les laboratoires qui aident l’INPRP pour accomplir ses missions sont : Laboratoire de
Métrologie et des Ambiances, Laboratoire d’Analyse des Polluants, Laboratoire
D’ergonomie, Laboratoire de biologie, et l’OPREBATPH (L’Organisme de prévention
des risques professionnels dans les activités du bâtiment, des travaux publics et de
L’hydraulique).

Ministère de la Santé de la Population et de la Réforme Hospitalière


Collabore par :

• La sous-direction de la santé au travail


A pour missions: normalisation des services et des activités de médecine du travail, évaluation
des programmes et contrôle des activités médicales de santé au travail par le biais des
médecins du travail inspecteurs répartis à travers toutes les directions de la santé et de la
population.

• INSP (Institut National de Santé Publique)


Il veille sur la réalisation des travaux d’études et de recherches en santé publique, permettant
de fournir au ministère de tutelle, les instruments scientifiques et techniques nécessaires au
développement des programmes d’action sanitaire.

• Médecin de travail
Accompagne et conseille l’employeur et les salariés pour la mise en œuvre des mesures de
Prévention des risques.

I.2. Les indicateurs relatifs aux accidents de travail et aux maladies professionnelles

La surveillance de la santé des salariés nécessite de connaître les risques liés aux professions,
les accidents de travail, les maladies professionnelles et leurs conditions d’apparition. Il
importe également de tenter de prévenir ces accidents et ces maladies et de favoriser leur
réparation et la prévention des risques.

La connaissance scientifique dans le domaine de la santé au travail n’est encore que


parcellaire et les données existantes sont trop peu exploitées.
Ainsi des indicateurs de santé et d’exposition sont utiles pour mieux connaître l’état de santé
des salariés et prévenir des effets délétères liés à certaines expositions.

I.2.1. Définitions

Accident du travail (AT) : le Code de la Sécurité Sociale, donne la définition suivante de


l’accident du travail : « est considéré comme accident du travail, quelle qu’en soit la cause,
l’accident survenu par le fait ou à l’occasion du travail à toute personne salariée ou travaillant,
à quelque titre ou en quelque lieu que ce soit, pour un ou plusieurs employeurs ou chefs
d’entreprise ». Ils incluent, par conséquent, les accidents de la circulation survenus lors de
déplacements dans le cadre du travail.
L’accident est caractérisé par l’action violente et soudaine d’une cause extérieure entraînant
au cours du travail une lésion corporelle, et ayant un lien avec le travail.

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Accident de trajet : est également reconnu comme AT, l’accident de trajet s’il survient entre
le lieu de travail et le lieu habituel des repas, la résidence principale ou secondaire stable ou
tout autre lieu habituel dicté par un motif familial, et si le parcours n’a pas été interrompu ou
détourné pour un motif personnel et étranger aux nécessités de la vie courante ou indépendant
de l’emploi.

La maladie Professionnelle (MP) : la maladie professionnelle est une atteinte à la santé qui
résulte d’une série d’événements à évolution lente auxquels on ne saurait assigner une origine
et une date certaine, contractée au cours du travail. «Une maladie est dite professionnelle si
elle est la conséquence directe de l'exposition d'un travailleur à un risque physique, chimique
ou biologique, ou si elle résulte des conditions dans lesquelles il exerce son activité
professionnelle et si elle figure dans un des tableaux annexés du Code de la Sécurité Sociale».
Pour être reconnue maladie professionnelle, le métier doit être dans la liste indicative ou la
liste limitative des tableaux des maladies professionnelles.

I.2.2. Indicateurs de Santé Sécurité au Travail (SST)

En plus d'être nécessaire à une mise en œuvre efficace des Systèmes de Management de la
Santé-Sécurité au Travail, l'usage des indicateurs SST est quasiment devenu une obligation
légale. En effet, depuis 1991 les employeurs ont une obligation de sécurité et de protection
envers leurs employés. Ainsi, le code du travail précise que « l'employeur prend les mesures
nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ».

Les mesures mises en œuvre sont ainsi regroupées et rédigées dans un "Document Unique".
Ce document regroupe les résultats des analyses des risques professionnels qui recensent et
évaluent les risques professionnels auxquels les salariés sont exposés. L'employeur a
l'obligation légale de supprimer, ou du moins de réduire dans la mesure du possible ces
risques d'exposition.

L'appréciation de l'effort mis en œuvre par la direction pour l'annulation ou la réduction de ces
risques est matérialisée grâce à l’utilisation d'indicateurs. Ces indicateurs permettent ainsi de
"mesurer" et traduire les progrès obtenus dans la réduction des risques professionnels. Les
indicateurs de la Santé-Sécurité sont des indicateurs de résultats Sécurité. Ces résultats
s’orientent généralement selon deux dimensions : la fréquence et la gravité des événements
indésirables. Ces indicateurs sont généralement construits sous forme d’indice ou bien de
taux.

I.2.2.1. Indicateurs de gravité

Les indicateurs mesurant la gravité se calculent en dénombrant le nombre d'heures de travail


« perdues » par rapport aux nombres d'heures de travail effectuées.

Indice de gravité
L'indice de gravité est calculé en divisant le nombre total d'Incapacité Partielle Permanente
(IPP) par le nombre total d'heures travaillées, le tout multiplié par une constante de 1 000 000.

Indice de gravité = (total des taux d’IPP / Nombre d’heures travaillées) X 1000000

Taux de gravité
Le taux de gravité est calculé en comptabilisant le nombre de journées perdues par Incapacité

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Temporaire (IT) divisé par le nombre total d'heures travaillées, le tout multiplié par une
constante de 1 000.

Taux de gravité = (nombre de journées perdues par IT / ombre total d’heures


travaillées) X 1000

I.2.2.2. Indicateurs de fréquence

La fréquence des événements indésirables s'expriment généralement en comptabilisant le


nombre d'accidents de travail, de maladies professionnelles ou bien encore de journées
perdues par incapacités temporaires (IT).

Taux de fréquence
Le taux de fréquence indique le nombre d'événements indésirables produits sur une base
temporelle de référence. Ce taux de fréquence est calculé à partir d’une base de 1 000 000
d'heures de travail, ce qui correspond au nombre moyen d’arrêts qu’ont connu un ensemble de
salariés ayant travaillé un million d’heures. Le taux de fréquence rapporte le nombre d’AT à
une durée d’exposition. C’est l’indicateur traditionnel le plus utilisé dans les entreprises pour
communiquer sur la santé au travail.

Taux de fréquence = (nombre d’accidents avec arrêt / Nombre d’heures travaillées) X


1000000
Indice de fréquence
L'indice de fréquence est calculé en prenant comme référence non plus une période de temps,
mais le nombre de salariés de l'organisation. Cet indice de fréquence est aussi appelé indice
d'incidence.

Indice de fréquence = (Nombre d’azccidents avec arrêt / Nombre de salariés) X 1000

Ces indicateurs de gravité et de fréquence ainsi calculés permettent de suivre l’évolution du


niveau du risque pour l’entreprise, l’activité ou le secteur. L'entreprise peut ainsi, par
comparaison, se situer dans sa branche d’activité ou son secteur.

Exemples :
1) La commune de C…compte 350 agents ce qui représente 495 300 heures travaillées dans
l’année. Elle a recensé 82 accidents de service avec arrêts.

Taux de fréquence des accidents de service de la collectivité = (82/495 300) x 106 = 165.5

2) La commune de C…compte 350 agents ce qui représente 495300 heures travaillées dans
l’année. Elle a recensé 1300 jours d’arrêts pour accident de service.

Taux de gravité des accidents de service dans la collectivité = (1 300/495 300) x 1 000
= 2.62 ‰

) La commune de C... compte 500 agents et 40 accidents de service avec arrêt de plus de
24h pour l’ensemble de ses agents.

Indice de fréquence des accidents de service = (40/500) x 1000 = 80‰

16
I.3. Démarche de maîtrise des risques : L’approche par les risques

Le risque est souvent associé à toute activité humaine et se situe donc à de nombreux niveaux
de l’entreprise. Les risques traduisent l’éventualité d’un événement dont la survenance
entraîne une perte pour l’entreprise. Cette définition correspond encore à une grande variété
de risques pour l’entreprise au sein de ses diverses activités. La maîtrise des risques est censée
répondre à cet ensemble de risques. La maîtrise des risques est souvent relative à la protection
des personnes, du milieu naturel et des biens. Nous nous situons donc dans une problématique
de maîtrise des risques pour les personnes et les biens au travail. La maîtrise du risque en
santé et sécurité au travail a un caractère essentiellement préventif (éviter le dommage) plutôt
que curatif (réparer les conséquences).

D’une manière globale, la maitrise des risques peut être définie comme l’ensemble des actions
mises en œuvre pour maintenir les risques à l’intérieur de limites considérées comme
acceptables. « Maitriser les risques » signifie ainsi à la fois « connaitre » ces risques et les «
maintenir sous son contrôle ». Le terme de « connaissance des risques » étant peu utilisé dans
le domaine des risques industriels, nous utiliserons comme synonyme la notion d’évaluation
des risques, c'est-à-dire l’estimation de l’ampleur du risque et de prise de décision concernant
l’acceptabilité du risque.

I.3.1. Analyse des risques liés à une situation de travail

L’analyse des risques professionnels est une méthode qui permet de maîtriser les risques
professionnels et de mettre en place des mesures de prévention adéquates. L'analyse des
risques consiste à les identifier et à comprendre les mécanismes conduisant à leur
concrétisation dans le but de réduire leur probabilité d'occurrence et / ou leur gravité. Cette
étude doit aboutir à la mise en place de mesures permettant de réduire leur apparition ou leurs
conséquences sur l'homme au travail.

➢ De la situation de travail à la situation dangereuse

Cette méthode a pour point de départ l’identification des dangers. La méthode commence par
le repérage des dangers, situations dangereuses, événements dangereux et dommages.
• Danger : Cause capable de provoquer une lésion,
• Situation dangereuse : Situation dans laquelle une personne est exposée à un ou plusieurs
dangers,
• Evénement dangereux : Événement susceptible de causer un dommage pour la santé,
• Dommage : Lésion et/ou atteinte à la santé. Cette étape permet d’élaborer le schéma
d’apparition d’un dommage.

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Figure : Représentation schématique du processus d'apparition d'un dommage

➢ Estimation des risques


La phase d’estimation des risques consiste à déterminer un niveau de risque à partir d’une
combinaison de facteurs. Les résultats d’une estimation des risques dépendent des personnes
la réalisant.
• Fréquence
L’appréciation de la fréquence tient compte :
- de la fréquence de l’exposition au danger et/ou du nombre d’accidents en tenant également
compte du nombre de personnes exposées et/ou concernées ;
- des mesures de prévention déjà existantes.
Le facteur fréquence est amélioré par des actions de prévention.

• Gravité du dommage
La gravité reflète l’importance des conséquences de l’accident si celui-ci se produit.
Le facteur gravité est amélioré par des actions de protection.

I.3.2. Évaluation des risques

L’établissement des priorités doit tenir compte de la gravité du risque, des conséquences
probables d’un incident, du nombre de victimes possibles et du délai nécessaire pour prendre
les mesures de prévention.

➢ Matrice de criticité
La matrice de criticité est un outil permettant de distinguer une zone critique d’une zone non
critique. La matrice de criticité met en relation la fréquence et la gravité. Elle peut prendre
différentes formes selon les échelles définies.

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Figure : Exemple d’évaluation des risques, Priorité 1 : réduction du risque nécessaire et
immédiate. Priorité 2 : réduction du risque nécessaire, mais non immédiate. Priorité 3 :
réduction du risque non nécessaire.

I.3.3. Proposer des solutions : mise en œuvre des principes généraux de prévention
Pour éviter ou supprimer les risques d’accidents du travail et de maladies professionnelles, il
existe des mesures de prévention que vous utilisez aux ateliers. Ces mesures sont classées
comme suit :
➢ La prévention intrinsèque
Elle correspond à la suppression et/ ou la réduction du danger.

Exemple : automatisation d’un système de production, remplacement d’un produit dangereux


par un produit moins dangereux, etc.)
➢ La protection collective
La protection collective consiste à protéger un ensemble d’opérateurs.
Exemples : sol antidérapant, hotte aspirante

➢ La protection individuelle
La protection individuelle consiste à demander aux salariés de porter un équipement
individuel de protection (EPI) car aucune autre mesure (intrinsèque ou collective) n’a pu être
mise en place. L’EPI favorise l’évitement du dommage et la réduction des dommages.
Exemples : port de chaussures de sécurité, de casque antibruit, de combinaison de travail
étanche.
➢ Instructions
La suppression/réduction des risques passe obligatoirement par des instructions. Elles se
présentent sous la forme d’affichage, de signalisation et de formation générale et/ou
spécifique.

I.4. La démarche de maîtrise des risques : L’approche par l’accident/incident (méthode


de l’arbre des causes)
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Pour mener à bien une politique de prévention des risques professionnels il existe deux
grandes démarches de prévention :
• Une démarche a priori : l'incident ou l'accident n'a pas encore eu lieu. On évalue le
rapport entre le travail prescrit et le travail réel afin d'en tirer les conséquences pour
améliorer la situation de travail.
• Une démarche a posteriori : l’une de ces démarche, celle de l’arbre des causes :
l'incident ou l'accident a eu lieu. On recherche les causes de cet événement afin que
cela ne puisse plus se reproduire.

L’arbre des causes est la représentation graphique de l’enchaînement logique des faits qui ont
provoqué un accident. Si on parle d’arbre des causes, c’est parce qu’il n’existe pas d’accident
à cause unique, les causes sont souvent multiples. Les accidents sont plus généralement la
conséquence d’une combinaison de facteurs. Il s’agit d’identifier et de remonter les causes de
l’accident du travail ou de l’incident jusqu’à trouver son origine, afin de mettre en place des
mesures permettant d’éviter que l’événement ne se reproduise.

I.4.1. Élaboration

L’analyse de l’incident/accident est un travail collectif : la victime si possible, les témoins, le


responsable du service, le service sécurité, le CHSCT, le médecin et éventuellement des
experts.
➢ Recueillir les faits
➢ Construire l’arbre des causes
➢ Proposer et choisir des mesures correctives et /ou préventives

I.4.1.1. Recueillir les faits

Le recueil des faits est le point de départ de l’analyse. Un fait peut être :

➢ Une action (Exemples : Abdel porte sa caisse à outils dans sa main gauche ; le salarié
a chuté au sol sur la tête ; le chariot s’est renversé parallèlement au camion).
➢ Un état (Exemples : Yanis travaille à mains nues ; Adam ne portait pas de chaussures
de sécurité).
Un fait est précis, concret et vérifiable. Il est sous forme affirmative (Exemple : le salarié, âgé
de 28 ans, est aide-monteur de grue).

Un fait n’est pas une opinion (« à mon avis... »), ni un jugement (« il travaille mal »), ni une
interprétation (« je pense qu’il était en retard »). Exemple : il était arrivé à 8 h 45 ne veut pas
dire la même chose que « je pense qu’il était en retard ».
Le recueil des faits doit être réalisé sur les lieux même de l’incident/accident, le plus
rapidement possible et avec l’ensemble des personnes concernées. Il met en évidence la multi
causalité de l’accident. Le recueil des faits est un questionnement sur les différents éléments
de la situation de travail :
- L’individu (la victime) : qui est-il ? Son âge, ses compétences, son ancienneté au poste de
travail, sa formation, etc. (Exemple : Salim est un électricien qualifié. Il travaille depuis 10
ans dans l’entreprise).
- La tâche qu’il effectue : que faisait-il exactement au moment de l’accident ? Comment s’y
prenait-il ? Pour quelles raisons faisait-il ce travail de cette façon ? Y a-t-il eu des
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modifications par rapport au mode opératoire habituel ? Y a-t-il eu quelque chose d’inhabituel
? Etc. (Exemple : l’opération consistait à charger un camion à l’aide d’un chariot automoteur).
- Le matériel utilisé (machine, outillage, produits, etc.) : pour quelles raisons utilisait- il ce
matériel ? Quelles machines, quels outils utilisait-il ? Quels sont les risques connus sur cet
outillage ? Dans quel état était ce matériel ? Etc. (Exemple : un chariot automoteur, des colis
de 15 kg).
- Le milieu dans lequel se déroule l’activité (environnement physique, relationnel,
organisationnel) : quelle était l’organisation du travail ? Quels sont les facteurs d’ambiance
tels que le bruit, le froid, etc. ? S’agit-il d’un travail isolé ou pas ? (Exemple : le terrain était
en pente d’environ 8 %, la commande devait être livrée le soir même).

I.4.1.2. Construire l’arbre des causes

La construction s’organise de la droite vers la gauche avec pour point de départ la lésion (fait
ultime ou de l’incident). Un code graphique permet de distinguer les deux types de faits
recueillis.

Code graphique :

Les faits correspondant à un caractère inhabituel par rapport au déroulement normal de


l’activité

Les faits correspondant à un caractère permanent.

Chaque fait est lié au fait suivant par une liaison de type cause à effet. Chaque fait recueilli
entraîne systématiquement les questions suivantes : qu’a-t-il fallu pour que cela arrive ? Est-
ce nécessaire ? Est-ce suffisant ? À chaque fois que l’on répond NON à la question : Est-ce
suffisant ? Une autre piste s’ouvre, à partir de laquelle l’ensemble des trois questions se
renouvelle, jusqu’à ne plus pouvoir trouver de nouvelles pistes.
Les faits trouvés sont ordonnés selon trois types de liaisons.

1. Une chaîne : un fait (Y) – un antécédent (X) ;

Exemple : le salarié a glissé (X), il s’est fracturé le poignet (Y).

2. Une conjonction : un fait (Y) – plusieurs antécédents (X1, X2) ;

Exemple : le sol est mouillé (X1) et le salarié est en chaussures


de ville (X2), le salarié a glissé (Y).
3. Une disjonction : plusieurs faits (Y1, Y2) – un antécédent (X).

Exemple : les plaques se sont rompues (X), le salarié chute


d’une hauteur de 6 m (Y1) sur un sol en béton (Y2)

I.4.2. Exploitation de l’arbre des causes

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L’arbre des causes fait apparaître un enchaînement de faits nécessaires à la survenue d’un
accident. L’arbre des causes permet de proposer des mesures de prévention en recherchant à
tous les niveaux les possibilités d’action capables d’empêcher la production de l’accident.
Pour cela, on examine systématiquement tous les faits de l’arbre et on recherche ainsi pour
chacun d’entre eux s’il existe un ou plusieurs moyens de le supprimer, d’en empêcher
l’apparition et d’en éviter les conséquences néfastes. Les mesures envisagées peuvent se situer
dans tous les domaines : technique, informationnel, pédagogique, organisationnel...

Conclusion

De tout temps, les êtres humains ont été en permanence confrontés à des accidents corporels
ou non, légers ou graves, à des événements et phénomènes de grande ampleur qui les ont
profondément marqués. Parmi ces accidents, ceux qui ont été causé en milieu de travail, qui
se traduisent par des accidents de faible importance, avec un nombre limité de victimes et des
dégâts ne dépassant pas le cadre de l’atelier ou de l’usine ; ce sont les accidents du travail et,
dans une certaine mesure, les maladies professionnelles ou à caractère professionnel. Ce
chapitre avait pour but d’éclairer le lecteur sur les impacts des transformations du monde du
travail sur la santé et la sécurité de la main-d’œuvre.
Le champ de la santé et la sécurité au travail est un domaine mouvant, évolutif, et en progrès
perpétuel. Ainsi, nous conseillons aux étudiants, en se référant à certains sites (tel que celui du
ministère du Travail de L'Emploi et de la Sécurité Sociale), de vérifier la pérennité de la
législation.

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