Révision Des Prix. Entreprise
Révision Des Prix. Entreprise
Révision Des Prix. Entreprise
De manière générale, en vertu du principe de convention-loi, la révision des prix n’est possible que si
une clause a été prévue à cet effet dans le contrat, sauf dans le cas de l’article 5.74 du Code civil 1 et
de la théorie de l’imprévision.
Loi Breyne
D’après l’article 1 de l’arrêté royal du 21 octobre 1971 portant exécution de la loi Breyne
1
« (…) le débiteur peut demander au créancier de renégocier le contrat en vue de l'adapter ou d'y mettre fin
lorsque les conditions suivantes sont réunies :
1°un changement de circonstances rend excessivement onéreuse l'exécution du contrat de sorte qu'on ne
puisse raisonnablement l’exiger ;
2°ce changement était imprévisible lors de la conclusion du contrat ;
3°ce changement n'est pas imputable au sens de l'article 5.225 au débiteur ;
4°le débiteur n'a pas assumé ce risque ; et
5°la loi ou le contrat n'exclut pas cette possibilité. »
2
M. HOUBBEN, « Les clauses abusives potestatives », in Les clauses abusives B2B après la loi du 4 avril 2019 :
Comparaison avec le B2C et implications pratiques, E. DE DUVE et R. JAFFERALI (dir.), Limal, Anthemis, 2020,
pp. 219 et 233.
Le prix dans le contrat d’entreprise :
« Alors que l’art. 1794 C. civ. octroie, au maître de l’ouvrage uniquement, la faculté de résiliation
unilatérale du contrat d’entreprise indépendamment de toute faute dans le chef de l’entrepreneur et
moyennant indemnisation, l’art. 1184 C. civ. permet à chacune des parties de demander, en justice ou
par la mise en œuvre d’une clause résolutoire expresse, la résolution du contrat avec dommages et
intérêts en cas de manquement de l’autre partie à ses obligations.
Fréquemment, le maître de l’ouvrage met fin au contrat d’entreprise sans préciser clairement la voie
qu’il emprunte. Lorsqu’il a mis un terme au contrat sans préciser les motifs de cette décision, la
tendance est de considérer qu’il a fondé sa notification sur l’art. 1794 C. civ., avec pour conséquence
la possibilité pour l’entrepreneur de réclamer l’indemnisation des frais qu’il a déjà exposés (damnum
emergens) ainsi que de son bénéfice manqué (lucrum cessans). Ce n’est généralement qu’au moment
où il est confronté à la demande d’indemnisation de l’entrepreneur que le maître de l’ouvrage
invoque divers manquements graves de celui-ci et prétend avoir mis ou avoir voulu mettre fin au
contrat sur la base de l’art. 1184 C. civ. La jurisprudence est habituellement assez sévère dans cette
situation et n’admet pas facilement la « requalification » de la résiliation en résolution : il ne serait
pas possible de résoudre un contrat que la résiliation notifiée au prestataire aurait préalablement fait
disparaître »
1794
L’article 1794 du Code civil n’étant ni d’ordre public ni impératif, il peut faire l’objet
d’adaptations contractuelles. Les parties peuvent donc y déroger pour supprimer ou limiter
l’exercice du droit de résiliation.
« Elles peuvent également préciser le montant, les modalités de calcul ou les composantes de
l’indemnité due à l’entrepreneur. Le montant de cette indemnité conventionnelle est parfois
fort élevé. Même si l’on peut être tenté d’y voir une clause pénale illicite, la Cour de cassation
rappelle la différence entre ces deux clauses et refuse d’étendre la qualification de clause
pénale à la clause qui se limite à préciser le montant de l’indemnité due en vertu de l’art.
1794 C. civ »
Sur la base d'une offre, un contrat d'entreprise à prix fixe est conclu pour la construction
d'une véranda. Par la suite, il s'avère que les mesures n'ont pas été prises correctement par le
représentant de l'entrepreneur. Suite à un deuxième mesurage, une nouvelle offre de prix
(majorée) est établie, mais n'est pas acceptée par les maîtres de l'ouvrage. Le refus de
l'entrepreneur d'exécuter le contrat d'entreprise au prix fixe établi initialement constitue un
manquement contractuel, sur base duquel les maîtres de l'ouvrage peuvent demander la
résolution en vertu de l'art. 1184 C.civ. (avec dommages-intérêts).
Incompatibilité
Le MO qui poursuit la résolution du contrat peut faire volte-face et préférer dissoudre le contrat sur
la base de l’article 1794 du Code civil, mais lorsqu’il a résilié le contrat sans invoquer de motifs
(1794), « le juge refusera en principe de requalifier après coup la dissolution du contrat en une
résolution ». « La volte-face est impossible quand bien même les fautes reprochées ont, en réalité,
fondé la résiliation du contrat »
3. Clause pénale
Comme vu ci-dessus, en cas d’application de résiliation unilatérale de l’art. 1794, la Cour de cassation
refuse d’étendre la qualification de clause pénale à la clause qui se limite à préciser le montant de
l’indemnité due :
Le juge ne pourra donc pas réduire le montant de l’indemnité de dédit librement fixée par les parties
dans ce cas-là.
3
Cass., 22 octobre 1999, J.L.M.B., 2000, p. 476