L'insertion Professionnelle Des Diplômés de L'enseignement Supérieur Au Mali
L'insertion Professionnelle Des Diplômés de L'enseignement Supérieur Au Mali
L'insertion Professionnelle Des Diplômés de L'enseignement Supérieur Au Mali
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Un Peuple – Un but - Une foi Un Peuple – Un but - Une foi
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Ministère de l’Enseignement Consortium de recherche
Supérieur MARIKANI
et de la Recherche Scientifique
*********
Projet d’Appui au Développement de
l’Enseignement Supérieur (PADES)
L’insertion professionnelle
des diplômés de
l’enseignement supérieur au
Mali
Enquête auprès des employeurs, des enseignants et du
personnel administratif des Instituts d’Enseignement
Supérieur
Par
Mamadou Kani Konaté
Par
Mamadou Kani Konaté
L’insertion professionnelle des diplômés de
l’enseignement supérieur au Mali
Volet qualitatif
1
Bamako, Juillet 2017
Abréviations
ANPE Agence Nationale Pour l’Emploi
APEJ Agence pour la Promotion de l'Emploi des Jeunes
CDI Contrat à Durée Indéterminée (CDI)
CDD Contrat à Durée Déterminée
CENOU Centre National des Œuvres Universitaires
ENETP École normale d’enseignement technique et professionnel
ENI-ABT École nationale d’ingénieurs Abdrahamane Baba Touré
ENSup École normale supérieure
FAMA Faculté d’agronomie et d’agronomie et de médecine animale
FAPH Faculté de pharmacie
FASSO Faculté des sciences sociales
FDPRI Faculté de droit privé
FDPU Faculté de droit public
FHG Faculté d’histoire et géographie
FLSL Faculté des lettres et des sciences du langage
FMOS Faculté de médecine et d’odonto-stomatologie
FSEG Faculté des sciences économiques et de gestion
FSHSE Faculté des lettres et des sciences humaines et des sciences de l’éducation
FAST Faculté des sciences techniques
ISA Institut des sciences appliquées
IES Institutions d’Enseignement Supérieur
PADES Projet d’Appui au Développement de l’Enseignement Supérieur
IUFP Institut universitaire de formation professionnelle
IUG Institut universitaire de gestion
IUT Institut universitaire de technologies
ULSHB Université des lettres des langues et des sciences humaines de Bamako
US Université de Ségou
USJPB Université des lettres des langues et des sciences juridiques et politiques de Bamako
USSGB Université des sciences sociales et de gestion de Bamako
USTTB Université des sciences des techniques et de technologie de Bamako
2
Sommaire
Abréviations _________________________________________________________________ 2
Sommaire ___________________________________________________________________ 3
I. Introduction ________________________________________________________________ 6
3.5 - Correspondance entre les emplois ou la profession exercée et les diplômes des recrues des
employeurs ______________________________________________________________________ 16
3.5.1.- Les échos sur les types d’emplois occupés par les sortants __________________________________ 16
3.5.2.- Adéquation des compétences _____________________________________________________ 17
3.9 - Satisfaction globale avec les recrues issues des IES ___________________________________ 19
3.10 - Commentaires sur la qualité de la formation donnée par les IES _______________________ 19
3.12 - Types d’emplois à pourvoir à moyen terme par des sortants des IES _________________ 21
3.13 - Filières dans lesquelles des profils seront recherchés d’ici 5 ans __________________ 22
3.14 - Recrutement des produits de l’enseignement supérieur dans les cinq années à venir __ 22
3.14. 1 - Facteurs qui peuvent faciliter le travail de recrutement ___________________________________ 23
3.14.2 - Difficultés envisagées pour pourvoir les postes identifiés à l’horizon 5 ans ____________________ 23
4.1.- Échos sur les emplois qu’occupent les sortants des IES________________________________ 25
4.2 - Suggestions ou observations sur les facteurs qui favorisent la chance d’obtenir un emploi 25
4.3 - Les facteurs pouvant améliorer les chances d’obtention d’un emploi _________________ 27
4.4 - Avis sur les entraves actuelles à l’obtention d’un emploi ______________________________ 28
4.5 - Difficultés et contraintes rapportées quant à l’employabilité des sortants des IES _______ 30
4.6 - Appréciation du niveau et de la qualité des sortants des départements ou filières au cours
des trois dernières années __________________________________________________________ 31
4.8 - Amélioration à envisager dans les filières pour que les sortants satisfont les besoins du
marché de l’emploi ________________________________________________________________ 33
4.9 - Comment élargir les secteurs cibles pour les sortants à l’horizon trois ans _____________ 33
4.10 - Adéquation des profils avec les secteurs additionnels ciblés pour les sortants : Quelles
stratégies 34
4.11 - Difficultés attendues pour le bond qualitatif à l’horizon trois ans __________________ 34
4.14 - Réflexions menées actuellement en vue d’améliorer les programmes des filières__________ 36
4.15 - Consultations auprès de quels employeurs pour prendre en compte leurs préoccupations
dans les programmes de formation des filières _________________________________________ 37
5
I. Introduction
I.1- Contexte et justification du PADES1
La crise politique et sécuritaire a eu un fort impact sur l’économie avec pour conséquence, une
détérioration importante des services sociaux de base, augmentant ainsi la vulnérabilité du pays à
divers chocs (crise sécuritaire, chocs climatiques, fluctuations non maîtrisées des prix des
produits de base, etc.).
La crise actuelle a affecté de manière significative le système éducatif déjà faible -- à un moment
où il est absolument crucial d’offrir des possibilités économiques aux jeunes afin de consolider la
stabilité politique en évitant d’exacerber le non-emploi des jeunes qui pourraient être victimes
des extrémismes. Tout d’abord, dans le court terme, il est urgent de s’attaquer au chômage par le
développement de compétences pertinentes chez les jeunes. En second lieu, l’investissement
dans l’éducation permettra de renforcer la confiance dans le système éducatif et l’espoir pour
l’avenir.
Plusieurs instances, programmes et politiques sont conçus, mis en œuvre, actualisés, révisés,
réorientés par le gouvernement du Mali en collaboration avec ses partenaires à la fois locaux et
internationaux dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement supérieur en particulier.
1
Cette section est un extrait du document de projet du PADES
6
de l’enseignement supérieur au Mali sous la rubrique « Les efforts du gouvernement pour
réformer l’enseignement supérieur »
Il en ressort que Le Gouvernement du Mali (GdM) avait élaboré et mis en œuvre un vaste
programme de dix ans (2002-2013 ; Programme Décennal de Développement de l’Éducation -
PRODEC) qui avait ciblé les goulots d’étranglement du secteur de l’éducation et, jeté les
fondements de l’amélioration de la qualité dudit secteur. À la fin du programme décennal en
décembre 2013, un programme intérimaire pour la période 2014-2016 a été élaboré. Il prenait en
compte les enseignements tirés de la mise en œuvre du précédent programme. Une revue
sectorielle complète fut entreprise pour développer un nouveau programme.
Le Forum de 2014 sur l’avenir de l’enseignement supérieur (pris en charge par la Communauté
Économique des États de l'Afrique de l’Ouest CEDEAO) a discuté de l’état du système éducatif.
Il s’était entre autres donné comme objectif de forger un consensus sur les réformes nécessaires.
Les participants à l’ensemble de ces rencontres auxquelles il faut ajouter le Forum national sur
l’éducation (FNE) en 2008 parvenaient au même constat. Celui de l’impact négatif que les
grèves institutionnalisées, récurrentes et de facto prévisibles et la mauvaise gouvernance ont sur
la qualité de l’éducation. Les recommandations allaient par conséquent dans le sens de
changements de systèmes. Suite aux recommandations du Forum national sur l’éducation (FNE),
le gouvernement élabora une Politique Nationale sur l’Enseignement Supérieur et la Recherche
Scientifique. Celle-ci fut approuvée en 2010. Elle fait siens les principes édictés par les
différentes instances qui se sont tenues. Cependant, force est de constater que cette politique
n’est toujours pas traduite en plan d’action pour sa mise en œuvre.
(i) le Projet d’urgence de l’éducation pour tous (EPT) financé par le Partenariat Mondial pour
l’Éducation (GPE) qui vise à accroître l’accès et améliorer l’environnement d’apprentissage des
élèves touchés en raison de la crise récente du pays et;
(ii) le Projet développement des Compétences et Emplois des Jeunes. Ce dernier vise à soutenir
des programmes d’éducation et de formation pour l’employabilité des jeunes. Il soutient
7
également les possibilités d’emploi créées par le secteur privé au Mali qui ciblent les
compétences de base et celles intermédiaires dans des secteurs économiques tels que les fruits et
légumes, les produits d’origine animale (produits de la viande, du lait et de la peau), la
construction, l’exploitation minière et les services auxiliaires, les programmes artisanaux et les
TIC.
Dans le cadre des appuis du PADES et en vue de préparer les conditions de la définition d’un
plan sectoriel stratégique, il est envisagé entre autres, de conduire des études et enquêtes, parmi
lesquelles celles qui devront permettre de fournir une base solide pour la révision/définition des
filières et programmes de formation qui répondent aux besoins des employeurs et de l’économie
et favoriser ainsi une plus grande employabilité des jeunes diplômés.
I.2- Objectif
L’objectif de la présente étude est de documenter l’insertion professionnelle des sortants des 3-5
dernières années des différentes institutions de formation du supérieur, afin de fournir une base
solide pour la révision/définition des filières et programmes de formation qui répondent aux
besoins des employeurs et de l’économie, et permettre ainsi une plus grande employabilité des
jeunes diplômés.
Cette étude n’est par conséquent que la toute première d’une série de trois envisagées sur la
durée du projet, afin d’évaluer l’insertion et l’employabilité des sortants et, de ce fait, la
performance des institutions de formation.
De façon spécifique, et telle que définis dans le document de projet du PADES, les résultats de
l’ensemble des trois études serviront à :
- Informer les acteurs, les partenaires et surtout les décideurs des enjeux de la formation
dans les IES du Mali ;
8
- Identifier des axes de partenariat (PPP) afin de favoriser une meilleure collaboration
(synergie) entre les différents acteurs des politiques économiques et d’emploi.
- Susciter des réflexions sur des aspects cruciaux à l’effet de faire des propositions de
solutions sous forme de recommandations, de stratégies ou de plans d’action pour
traduire les besoins en offres de formation, les adapter aux besoins du marché et aux
politiques gouvernementales
- Favoriser des prises de décisions par les décideurs qui permettront à l’Université de jouer
pleinement le rôle de formation de compétences.
9
II. Cadre méthodologie
10
2.1. Étude sur l’insertion professionnelle des sortants
Il s’agit d’une étude en deux volets (quantitatif et qualitatif) sur l’insertion professionnelle des
sortants des 3-5 dernières années des différentes institutions de formation du supérieur. Afin de
mieux comprendre le phénomène, l’étude quantitative s’est intéressée aux sortants des IES. Celle
qui est qualitative ciblera les employeurs, les enseignants et le personnel administratif.
1. L’enquête sur l’insertion professionnelle des sortants des 3-5 dernières années des
différentes institutions de formation du supérieur permet de retracer le parcours des
sortants. Elle vise à relever les contraintes à l’insertion professionnelle du point de vue
des jeunes, leur profil socio-économique, les domaines d’activités ainsi que les conditions
de mobilité des jeunes dans l’emploi.
2. L’étude sur la satisfaction des employeurs de la performance des sortants recrutés prend
quant à elle en compte tous les secteurs (public parapublic et privé). Initialement, elle devait
mettre l’accent sur les secteurs prioritaires (l’agriculture, l’élevage, BTP, et les mines). Elle a
cherché à le faire autant qu’il a été possible. Cependant, l’échantillon extrait sur la base des
entreprises qui emploient les sortants n’a pas permis de donner tout le poids attendu à ces
secteurs prioritaires. La faible représentativité desdits secteurs est justement un des résultats
importants des études de base. Le clivage constaté en faveur de secteurs relativement moins
prioritaires pour le projet PADES n’affecte pas outre mesure les opinions des employeurs.
Les résultats obtenus sont tout aussi utiles à l’orientation et à l’affinement des interventions
des IES. L’échantillon d’entreprises, qui a permis de conduire l’étude sur la satisfaction des
employeurs quant à la performance des sortants recrutés, est composé de 100 structures. Sa
répartition est faite en fonction des indications et caractéristiques fournies par les sortants qui
travaillent en leur sein. Sur les 100 entreprises, il avait été prévu d’enquêter 73 entreprises
dans le secteur privé, 23 entreprises dans le secteur public et 4 entreprises dans le secteur
parapublic.
3. Lors de la conception des études de base, il a été jugé pertinent de connaître les avis du
personnel enseignant et administratif sur l’employabilité des sortants. Un échantillon a été
sélectionné pour couvrir ces deux catégories. Sa taille a été arbitrairement fixée à 50
11
personnes pour chacune d’elle. De ce fait dans chaque établissement, au moins une personne
de l’administration et un représentant du corps professoral seront enquêté.
Le but de ces études est d’analyser les contraintes à l’insertion professionnelle des sortants,
de mettre en place des réponses au sein du système éducatif et de proposer des stratégies en
vue d’améliorer les politiques publiques de l’emploi et de la formation.
Les sortants des IES retenus dans le cadre de l’enquête quantitative du PADES qui avaient été les
meilleurs enquêteurs ont été retenus pour l’enquête qualitative pour laquelle ils avaient démontré
un potentiel. Ils ont par conséquent été formés aux techniques qualitatives d’interview, à
l’utilisation des enregistreurs numériques, et à l’administration des guides d’entretien.
Étant donné que les guides d’entretien avaient été conçus pour que l’enquêteur qui servait de
secrétaire de séance lors des interviews puisse résumer l’essentiel des propos des interviewés ; le
choix a été fait de saisir en priorité ces données dans Excel de Microsoft Office, pour ensuite les
exploiter et les compléter par l’exploitation des enregistrements audio.
L’analyse des données a procédé par classement et catégorisation des réponses pour dégager les
thèmes dominants. Ceux-ci ont été interprétés compte tenu du contexte et des sous-groupes
échantillon. Le rapport a été rédigé sur la base des résultats ainsi obtenus. Le rapport a bénéficié
de l’apport de l’équipe technique du PADES et du chef de mission pour l’améliorer et l’enrichir.
12
III. Présentation des résultats
13
3. CHAPITRE EMPLOYEURS
3.1. Types d’activités des employeurs
Les employeurs qui se sont prêtés aux interviews sont en majorité dans le secteur de l’éducation.
L’enseignement apparaît comme le secteur idéal d’accueil pour le premier emploi des sortants
des IES. L’impact du croît démographique est tel au Mali, que la demande d’enseignant dans les
collectivités est très forte, et la disponibilité rarissime. Il y a plus d’une décennie, la forte
demande scolaire a été à l’origine des écoles communautaires (gérées par les collectivités). De
nos jours, elle est la cause de l’émergence et de la prolifération de celles privées, et ce, aussi bien
en milieu rural qu’urbain. Par conséquent, l’enseignement devient un secteur refuge pour les
sortants des IES qui sont en attente de trouver un emploi qui correspond à leur profil de
formation.
Le secteur des services est le second qui est le plus représenté dans l’échantillon. Au Mali, ce
secteur est la plupart du temps à mi-chemin entre le formel et l’informel. C’est également là où
une certaine flexibilité et une moins grande rigueur permettent d’embaucher ceux qui sont en
besoin pressant de trouver un emploi. En outre, la plupart des profils des sortants des IES
peuvent s’ajuster aux types de prestations de services qui prévalent sur le marché malien; ce qui
en fait un secteur de prédilection.
La santé est aussi un secteur important d’absorption compte tenu des sortants de la faculté de
médecine et de la faible capacité actuelle des structures médicales publiques à embaucher. Les
structures privées y suppléent. Les employeurs de la communication et de la presse puisent
également dans le vivier de sortants des IES. L’absence de formation spécialisée favorisait cette
absorption. La création d’écoles privées et publiques pour offrir ces spécialités va probablement
restreindre de plus en plus l’accès de ce secteur aux sortants des IES. Les employeurs du secteur
de l’agro-industrie et de l’industrie ont été peu représentés dans l’échantillon du fait qu’ils ne
sont pas non plus très nombreux à employer les sortants des IES. Ce constat a déjà été fait par les
résultats de l’enquête de l’employabilité des sortants des IES. Enfin, l’État malien n’avait pas été
beaucoup cité en tant qu’employeur.
14
3.2 - Les besoins en personnel des employeurs
Dans un peu plus du tiers des structures d’employeurs enquêté, il a été affirmé qu’il n’y avait pas
de besoins en personnel. Néanmoins, l’agro-industrie, les services, l’éducation et l’ingénierie
sont les secteurs dans lesquels sont exprimés les plus grands besoins en personnel.
Les besoins en personnel sont liés à quatre (4) causes dont la première est relative au
vieillissement et au départ à la retraite, alors qu’il n’y a pas eu d’anticipation pour la relève. Le
manque de profil approprié et de personnel de qualité est également source de besoins.
L’expansion de l’entreprise ou de ses activités avec l’obtention de nouveaux contrats et le début
de nouvelles activités sont des facteurs qui sont à l’origine des besoins exprimés lors de l’étude.
Enfin, les ponctions opérées par les départs pour la fonction publique des collectivités sont
devenues une source très importante de création de besoins pour les autres structures utilisatrices
de sortants des IES. L’émergence de la fonction publique des collectivités a été perçue comme
une bouée de sauvetage par les sortants des IES en manque d’emploi. Outre le fait qu’elle
apparaît comme un champ d’acquisition d’expérience, elle est utilisée après quelques années de
services comme un faire-valoir pour l’intégration dans la fonction publique centrale avec tous les
avantages, y compris un reclassement approprié dans la catégorie de fonctionnaire de l’État.
Elles vont du recours à des ressources non membres du personnel au recrutement, en passant par
la redistribution des tâches et des horaires à l’interne. "On sollicite l'aide d'autres structures et
d'autres personnes", "Nous puisons à l'interne parmi les compétences des agents", "Grâce au
personnel existant, par l'augmentation des volumes horaires". L’utilisation de ressources
temporaires du genre bénévole ou stagiaire a été souvent évoquée, "...par les stagiaires et les
volontaires bénévoles". Des allusions ont été faites à d’autres arrangements avec les collègues
d’autres secteurs voire de l’administration publique. La prise en charge temporaire des besoins
par l’employeur lui-même a aussi été rapportée, "Nous sommes obligés de jouer le rôle
15
manquant", "Je les fais moi-même". Quant au recrutement, il peut être temporaire comme
l’illustrent les propos d’un employeur "Un comptable est utile à temps partiel". Généralement, il
porte sur "…du personnel dont on a besoin".
Les représentants de la plupart des structures enquêtées indiquent qu’au cours des trois années
qui ont précédé l’étude ils ont recruté des personnes dont les profils correspondent aux emplois
qu’ils proposaient. Quelques-unes ont fait part de leurs pratiques de former spécifiquement les
personnes recrutées aux tâches à exécuter dans le cadre de leurs activités. Il y a dans ces résultats
probablement une confusion entre les prédispositions que peuvent avoir les recrues de par leur
formation et l’adéquation stricto sensu de leur profil avec l’emploi occupé. La non-perception
d’une telle nuance est certainement à l’origine de la majorité des affirmations relatives à
l’adéquation entre la formation et l’emploi. Autrement, ce résultat serait en porte en faux avec les
insuffisances et les observations faites quant au niveau, aux formations et à la raréfaction de
certains profils.
3.5.1.- Les échos sur les types d’emplois occupés par les sortants
Les enseignants et le personnel administratif ont cité presque tous les corps professionnels dans
lesquels les sortants des IES sont employés aussi bien dans le public que dans le privé en
témoignage des échos qu’ils ont reçus sur les types d’emplois occupés au cours des 3 années qui
ont précédé l’étude. Ils ont par ailleurs exprimé leurs préoccupations par rapport aux feedback
qui leur parviennent. Selon certains d’entre eux, " Les échos que nous recevrons sont
défavorables, car les produits que nous formons ont des difficultés à faire le travail" pour lequel
ils sont embauchés. " La majorité est au chômage, quelques-uns travaillent dans les
organisations non gouvernementales (ONG), mais d'autres font autre chose". De manière
générale, les échos reçus au cours des trois années qui ont précédé l’étude font état d’un plus
grand recours au secteur privé. "Le secteur privé est plus sollicité, car le secteur public n'arrive
pas à répondre à nos besoins". De ce fait, de nombreux sortants des IES "…sont dans
16
l’enseignement…" ou encore dans la "Fonction publique des collectivités" devenue un refuge de
prédilection ou un tremplin vers la fonction publique générale. Un enquêté affirme qu’"Il y en a
qui sont des pompistes" comme pour accentuer le drame de trouver une formation correspondant
à son profil de formation.
Sur la base de leurs témoignages, on peut faire un constat presque généralisé de l’inadéquation
entre les formations reçues par les sortants des IES et les emplois qu’ils occupent. Selon certains
enseignants, " En fait l'université donne une formation favorable", "Le département fournit une
base, mais pas toujours les outils nécessaires" ensuite, selon un autre "…chacun fait ce qu'il
trouve comme emploi". Comme l’affirme un autre "Dans la majorité des cas, ils sont dans
d’autres activités".
Par conséquent, en termes d’adéquation des compétences, ce qui est généralement admis par les
enseignants et le personnel administratif des IES, est qu’"Il y a une différence, il n’y a pas une
totale adéquation", selon un enquêté "Dans la majorité des cas, pas du tout". Un autre met
l’accent sur le cas particulier qu'est "La filière Analyse Quantitative et Politique Économique
(AQPE) qui n'a pas de débouché direct", pour faire comprendre que là, l’adéquation est un
concept non opératoire.
17
3.6 -Proportion d’hommes et de femmes parmi les employés recrutés
Sur une période de 3 ans, les résultats de l’enquête ont mis en évidence que 4 entreprises ont
recruté plus de personnel féminin, dont une avec 80% et les trois autres avec 60%. Dans 7
entreprises il a été indiqué sans plus de précision qu’"il y a plus d’hommes que de femmes", alors
que dix autres fournissaient des rapports de personnel allant du tiers, au cinquième, et de 80-85%
à 90-95%.
Une quinzaine de structures ont fourni des rapports défavorables aux femmes parmi leur
personnel sur des échelles qui vont de 2 à 29 fois moins nombreuses que les hommes. Au sein de
3 entreprises, il a été pudiquement affirmé que le "Genre féminin est très faible par rapport aux
hommes", tandis que 4 ont fait état de parité. Les hommes constituent le seul personnel de plus
de 24 entreprises couvertes par l’étude.
Outre les préjugés, et les propos déjà entendus sur " la pénibilité…un métier qui demande la
force physique", ou encore sur "…leur indisponibilité : Baptême, funérailles, et autres", "les
femmes ont trop de besoins", "les femmes ont toujours des problèmes", "les dames sont
réticentes"; qui n’ont pas de fondement solide; des raisons plus factuelles ont été avancées par
quelques structures. Elles font référence essentiellement à ce que "les hommes postulent plus que
les femmes", et qu’il y a un "très faible taux de demande des femmes" par rapport aux emplois
offerts.
Dans la diversité des contraintes qui ont été les leurs pour pourvoir les postes au sein de leurs
structures au cours des trois années qui ont précédé l’étude, les représentants des entreprises ont
surtout mis en exergue la qualification, la compétence, et la qualité des ressources recherchées.
La recherche de ces profils idéaux, ajoutée à la rareté de l’offre par rapport à la demande,
notamment dans certains secteurs tels que le génie civil, la topographie, le génie rural; et pour
des profils tels que les ingénieurs et les techniciens ont été les principales difficultés que les
18
structures ont eues à surmonter. Des contraintes additionnelles d’insuffisance de niveau,
d’adaptation des personnes recrutées au cadre de travail ou encore leur motivation ont été
rapportées.
La satisfaction des employeurs par rapport aux recrues des 3 dernières années issues des
Institutions d’enseignement supérieur du Mali se résume à 3 niveaux. La très grande satisfaction
est exprimée par le sixième de l’échantillon. Si le responsable d’un bureau de placement se fonde
sur la proportion de satisfaction obtenue quant aux sortants des IES placés, "Nous sommes un
bureau de placement. Les personnes que nous avons eu à placer sont à 95% satisfaisantes"; il en
va différemment dans d’autres secteurs. Plus du tiers des responsables interrogés font état d’une
satisfaction modérée à l’image d’un promoteur d’établissement scolaire "Je suis satisfait à
moitié. Ça ne va pas trop la méthodologie. La pédagogie fait défaut". Des niveaux
d’insatisfaction sont également enregistrés "Pas de satisfaction, faute de niveau", avec cependant
quelquefois l’opinion qu’il faut améliorer "La formation est passable c'est à améliorer",
puisqu’il est possible de mieux faire "Peut mieux faire…".
L’analyse des résultats sur la qualité de la formation a mis en exergue le fait que les réponses des
répondants sont influencées par leur propre niveau d’éducation ou leur capacité d’appréciation.
Par conséquent, le fait qu’une majorité ait répondu que la formation reçue par leur employé est
bonne est soit relatif au travail confié et le niveau correspondant qu’il exige; soit au biais
inhérent à la capacité d’appréciation de l’employeur.
Néanmoins, certains employeurs évoquent comme motifs d’insatisfaction que " La formation
initiale est insuffisante"; que "… la qualité de formation est rudimentaire, et qu’il faut toujours
une formation complémentaire"; qu’il faut "Accompagner les jeunes diplômés après leurs études
pour une bonne insertion"; qu’" au niveau de la filière il n’y ait pas une formation spécifique",
étant donné que "le problème de tronc commun joue un rôle". Autrement dit, que l’accès aux
19
filières soit direct pour une formation spécialisée et qu’il soit fait l’économie du tronc commun
estimé être une perte de temps.
Les commentaires et les reproches se confondent à un moment donné. À cette différence près
que la salve de reproches aux formations s’est plus focalisée sur les aspects structurels,
notamment ceux qui mettent indirectement en cause les instituts d’enseignement. Les
appréciations qui suivent ont été les plus couramment entendues. Si certains pointent du doigt le
"Manque de sérieux dans les instituts de formation…", d’autres épinglent la qualité en termes de
"manque de formation qualifié" dans laquelle "La formation n'est pas de qualité". Selon eux,
"Une formation incomplète ne permettant pas une certaine autonomie de l'intéressé". Le
caractère non pratique de la formation n’a pas été occulté, il a été souvent jugé que "Les
formations sont plus théoriques que pratique ce qui nécessite beaucoup d’effort au début" ou que
"La qualité et les modules… ne correspondent pas aux réalités professionnelles du pays".
D’aucuns ont juste affirmé que "La formation est bancale et au rabais dans telle ou telle
discipline".
Spécifiquement par rapport au niveau, il a été jugé que " Le niveau est un peu bas [et qu’il] faut
souvent une spécialisation pour mieux s'intégrer". Ces jugements concernent à la fois le " Niveau
d'étude et de culture bas"; et l’idée a été émise de "Renforcer la capacité des formations pour
relever le niveau".
Un reproche et non des moindres suite au constat de ce "Manque de culture générale, et de
niveau faible" est " Le manque d'outil pédagogique et de stage". Ces aspects ont été mesurés
auprès des sortants des IES. Il en est ressorti que "Ce sont majoritairement les diplômés de
l’administration / management (76%), des sciences humaines et sociales (58%), des sciences
juridiques (58%) et des sciences et techniques (53%) qui se plaignent en ce qui concerne la
documentation". En ce qui concerne les stages, les résultats avaient mis en évidence que 11,5%
20
des diplômés de l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur du Mali n’ont effectué
de stage ni durant leur cursus universitaire, ni après l’obtention de leur diplôme2.
Contrairement aux reproches des employeurs quant à la pédagogie, 74,2% des diplômés des IES
estimaient que le matériel pédagogique a contribué positivement à leur apprentissage et à leur
cheminement d’études.
3.12 - Types d’emplois à pourvoir à moyen terme par des sortants des
IES
Selon la spécificité de chaque structure enquêtée, quelques besoins ont été exprimés sur le
moyen terme en ce qui concerne les types d’emplois pouvant être occupé par des sortants de
l’enseignement supérieur. Il n’est pas dans les habitudes de la plupart des employeurs de se
projeter en avant et de s’inscrire dans une dynamique de prospective. Les résultats obtenus
permettent de faire ce constat. Dans aucune entreprise, il n’a été explicitement fait référence à
une planification permettant d’envisager un ou des recrutements. De façon très générale, allusion
a été faite à la possibilité de "développer les moyens qui peuvent supporter les charges"; à une
potentielle "… création d'activités"; l’évolution de l’établissement d’enseignement privé "Nous
sommes un lycée privé appelé à évoluer donc c'est dû au personnel enseignant", ou encore à la
révision du cadre organique "Au cas où le cadre organique est révisé, sinon pas de changement".
2
L’insertion professionnelle des diplômés de l’enseignement supérieur au Mali - Promotion 2011-2015 - Mamadou Kani Konaté; Ibrahima
Gacko - Bamako, Mars 2017 – Programme d’Appui au Développement de l’Enseignement Supérieur (PADES). Pp 28 et 54
21
3.13 - Filières dans lesquelles des profils seront recherchés d’ici
5 ans
Graphique 1 : Profils envisagés d'être recherchés d'ici 5 ans à compter de 2017 et leur importance
relative
50 44
40
32
28
30
20 13
10
0
1
Les stratégies de recrutement envisagées pour les 5 années à venir ne sortent pas des sentiers
battus. Majoritairement, il est fait allusion aux tests, aux recrutements suite à l’étude des
dossiers, au concours de la fonction publique, au recours aux bureaux de placement, au vivier
que constituent les stagiaires de l’APEJ, et au réseau des connaissances. Il était ressorti de
l’étude auprès des sortants des IES que "Les mécanismes par lesquels les diplômés déclarent
avoir trouvé un emploi…mettent en évidence l’importance des réseaux sociaux. L’obtention d’un
emploi par le canal de proches ou d’amis est évoquée par 46,7% des enquêtés qui [avaient] un
emploi"3.
3
L’insertion professionnelle des diplômés de l’enseignement supérieur au Mali - Promotion 2011-2015 - Mamadou Kani Konaté; Ibrahima
Gacko - Bamako, Mars 2017 – Programme d’Appui au Développement de l’Enseignement Supérieur (PADES). Page 34
22
3.14. 1 - Facteurs qui peuvent faciliter le travail de recrutement
Par conséquent, le recrutement est déclaré pouvoir être facilité par quasiment ces mêmes
éléments; notamment les tests et le recours aux cabinets-conseils. À cela s’ajoute "la mise en
place de commissions à l’interne" et "le respect des mesures de recrutement". Cependant, la
collaboration avec les universités et les écoles intéressées pour qu’il y ait des candidatures aux
appels d’offres a été envisagée comme pouvant faciliter le processus. La publication des appels
d’offres sur les sites ayant des espaces dédiés à l’image de celui de l’Agence Nationale Pour
l’Emploi (ANPE) ou de Malipages est avancée comme un mécanisme qui facilitera les
recrutements dans les cinq années à venir.
3.14.2 - Difficultés envisagées pour pourvoir les postes identifiés à l’horizon 5 ans
Les difficultés potentielles évoquées pour pourvoir les postes envisagés dans les cinq années à
venir par les structures ayant pris part à l’enquête peuvent être classées en 4 groupes. La
première difficulté a trait à "la mauvaise formation des sortants" présentée comme étant en partie
la conséquence des "grèves intempestives". La difficulté additionnelle dans une telle situation est
qu’il n’y a pas beaucoup d’opportunités pour "Renforcer les capacités par des formations
continues". Le pendant de cette première difficulté est exprimé par un autre enquêté qui affirme
que "Si les produits ne sont pas à la hauteur ça va être très compliqué", autrement dit que les
employeurs auront à gérer du personnel qui ne satisfait pas leurs besoins. Par conséquent, "C’est
surtout le problème de qualité" des ressources humaines issues des IES qui semble être très
préoccupant.
Un troisième type de difficulté est celui de trouver "des personnes aptes et motivée" en qui il
peut être fait confiance, étant entendu que dans le contexte actuel "La confiance est un
problème". Ces préoccupations mettent en évidence l’effritement de la culture du travail bien fait
et de l’effort. Toutes valeurs qui ont disparu de l’univers du travail au Mali, et sur lesquelles
l’absence de rigueur, d’effort systématique et valorisant ainsi que la facilité ont pris le pas. La
conséquence du <déficit de confiance> se matérialise en ce que les entreprises ou les structures
n’investissent pas sur des ressources humaines dont elles auraient pu parfaire la formation en leur
23
sein. L’investissement étant jugé comme ne valant pas la peine, compte tenu des résultats
antérieurs expérimentés.
La dernière difficulté évoquée est l’épine dorsale de toute entreprise, à savoir les finances. Outre
le fait que les enquêtés avancent que ce sont les "Difficultés financières qui bloquent [leurs]
besoins de recruter" en termes de "disponibilité des ressources financières et leurs régularités";
"les conditions de travail" et le niveau de rémunération semblent être peu incitatifs du côté des
sortants des IES "C’est surtout les difficultés par rapport à la rémunération – C’est surtout le
salaire, il est très bas…"
L’examen des conditions d’emploi des sortants des IES lors de l’enquête auprès d’eux avait dans
ses aspects salariaux mis en évidence les niveaux pratiqués sur le marché de l’emploi. Il en est
ressorti que " … le salaire mensuel moyen net que perçoit un sortant des IES au Mali est de 76
238 FCFA (soit 116,224 euros) auquel s’ajoute éventuellement une prime moyenne de 20 422
FCFA (soit 31,13 euros). Dans le cas où une prime est perçue, le revenu mensuel moyen net d’un
sortant des IES serait de 96 660 FCFA (soit 147,35 euros)".5
Enfin, il est à noter que de nombreuses structures n’ont pas mené de réflexion sur le recrutement
à l’horizon 5 ans. La planification stratégique et la prospective n’étant pas des pratiques établies
dans des structures dont l’organisation, le fonctionnement et la gestion sont pour le moment à la
frontière du formel et de l’informel. Par conséquent, certaines n’ont pas hésité à déclarer "Pas de
réflexion là-dessus pour le moment".
4
Le taux fixe entre l’Euro et le Francs CFA (XOF) de l’Afrique de l’Ouest est 1€ = 655,957 CFA
5
L’insertion professionnelle des diplômés de l’enseignement supérieur au Mali - Promotion 2011-2015 - Mamadou Kani Konaté; Ibrahima
Gacko - Bamako, Mars 2017 – Programme d’Appui au Développement de l’Enseignement Supérieur (PADES). Page 35
24
4. CHAPITRE ENSEIGNANTS ET PERSONNEL
ADMINISTRATIF
4.1.- Échos sur les emplois qu’occupent les sortants des IES
Les enseignants et le personnel administratif des IES ont eu des échos sur les sortants de leurs
départements respectifs à travers diverses sources au cours des 3 dernières années. Le feedback
des étudiants est très important, notamment lorsqu’ils se présentent aux concours ou aux
entretiens pour un recrutement. Cependant, les enquêtés mentionnent beaucoup les moyens de
communication (journaux, télévision, émissions radiophoniques). Les employeurs sont très peu
cités. Des sources additionnelles telles que les "causeries en ville" ou les "Mauvais échos en
famille" sont également évoquées. Lors des ateliers en général ou "au cours des ateliers avec les
professionnels" des propos sont tenus sur les emplois qu’occupent les étudiants qui sortent de
leurs départements ou filières, selon les enseignants et le personnel administratif des IES.
Il ressort par conséquent, deux types d’informations qui parviennent aux enseignants et au
personnel administratif des IES. Une information plus ou moins formelle qui est véhiculée par le
canal des médias, lors des fora ou rarement par les employeurs. Une autre informelle alimentée
par la communication sociale dans les familles et à travers les causeries en ville. À ces deux
sources d’information s’ajoute le feedback des étudiants.
Trouver un emploi est au cœur des préoccupations de ceux qui sortent des IES. La recherche de
dispositions, d’idées ou de stratégies qui vont dans le sens de faciliter ou d’améliorer les chances
de trouver un emploi pour les étudiants qui finissent devrait intéresser le personnel des IES
(enseignants et administratifs). Sur la base de ce présupposé, la question leur a été posée pour
documenter leur exposition à de pareilles suggestions ou propositions au cours de la période de
référence des trois années qui ont précédé l’étude.
25
Les résultats indiquent une forte affirmation de leur part quant au fait d’avoir reçu des
suggestions ou observations. Ils indiquent que non seulement "Les gens en général" leur en ont
fait; mais qu’entre eux enseignants ils ont fait des suggestions aussi "…entre collègues
enseignants". Dans certains cas, ils indiquent que, "Le comité pédagogique a fait des
observations…", ainsi que le "Conseil de perfectionnement des enseignants eux-mêmes". Selon
eux, les étudiants y sont allés également de leurs suggestions et propositions "…des suggestions
sont faites par les étudiants eux-mêmes". Un moment propice pour les suggestions et
propositions a été "le démarrage du programme LMD".
En dehors du cadre formel des IES "Les partenaires qui appuient l'université", les partenaires
"…de l'école et les entreprises privées", "Les industriels et les employeurs" ainsi que "…les
employeurs qui ont reçu certains des sortants" ont eu à diverses occasions à faire part de leurs
remarques quant à ce qui peut donner plus de chance d’emplois aux étudiants qui sortent des
départements ou filières des IES.
Malgré l’avis d’un des enquêtés qui affirme que "Des observations ont été faites, mais [qu’il] n’y
a pas eu de propositions", en réponse à la question spécifique posée à ce propos de nombreux
témoignages sont fournis par les enquêtés.
La toute première suggestion porte sur le partenariat. Les idées sont déclinées suivant divers
registres. L’idée de "Plus de lien, plus de contact avec le secteur professionnel" est renforcée
par celle de la "Création des filières avec le partenariat avec les employeurs". Suivent les
propositions relatives aux débouchés en préconisant "Un partenariat avec l’agence nationale
pour l’emploi (ANPE)", la nécessité "… d'adapter la formation aux besoins des entreprises", ou
encore la recommandation selon laquelle "Il faut que les filières soient adaptées ce qui facilite
l'insertion des sortants".
En termes de contenus des formations, un principe de base est avancé "Moins de théorie et plus
de pratique [pour la] réorganisation du système". Dans ce contexte, il est souhaité dans un
premier temps selon les enquêtés, de "Revoir les modules et programmes" afin "de rendre
26
professionnel la formation, [et] d’adapter la formation à l'emploi". En outre, l’" intégration des
TIC [et la] transversalité de l'anglais" doivent être assurée.
Pour assurer l’efficacité de ces mesures, certaines dispositions sont avancées. Il s’agit, en ce qui
concerne les études et pour les disciplines qui l’exigent la "Multiplication des TP et
l’introduction de certains modules inexistants…", la réflexion sur "Comment refaire les matières
[et] quelles matières ajouter?". Pour ce qui est des stages, "rendre obligatoires les stages
professionnels", favoriser "Plus de temps de stage et de contact avec le milieu professionnel", et
" Faire des stages dès la troisième année".
Les enquêtés ont mis en avant quelques facteurs qui contribueraient à l’amélioration des chances
pour que les sortants des IES obtiennent un emploi. Ils ont essentiellement trait à la qualité de
l’enseignement. On y distingue des facteurs d’ordre matériel "Il faut qu'on ait une bibliothèque et
la connexion à haut débit…", " …mettre les conditions adéquates". Ces conditions de base sont
celles de l’acquisition du savoir au 21e siècle dans un monde très compétitif. L’acquisition du
savoir qui est un processus à la fois cumulatif et itératif se fonde sur la culture de la lecture qui
conduit à celle de la recherche de l’information. Il s’agit là de la porte d’entrée à toute formation
scientifique et universitaire, et par conséquent à la base d’une formation de qualité. Déjà,
l’enquête auprès des sortants des IES dont les résultats dénotaient d’une prise de conscience des
étudiants par rapport à cette lacune avait mis en évidence que " … 57% des diplômés trouvent
que les ressources documentaires liées à leur domaine de formation n’étaient pas appropriées.
Ce sont majoritairement les diplômés de l’administration/management (76%), des sciences
humaines et sociales (58%), des sciences juridiques (58%) et des sciences et techniques (53%)
qui se plaignent en ce qui concerne la documentation6."
6
L’insertion professionnelle des diplômés de l’enseignement supérieur au Mali - Promotion 2011-2015 - Mamadou Kani Konaté; Ibrahima
Gacko - Bamako, Mars 2017 – Programme d’Appui au Développement de l’Enseignement Supérieur (PADES). Page 54
27
Les facteurs d’ordre pédagogique s’appuient et tirent avantage des conditions matérielles ci-
dessus mentionnées. Les enquêtés ont marqué leurs caractères exigeant en ces termes : "Il faut
que l'État fasse des efforts pour qu'on puisse enseigner d'autres matières", "Rehausser le
niveau", "Améliorer le niveau d'enseignement et le suivie des enseignants", "Revoir le
programme et aller vers la spécialisation", "Créer plus d’écoles supérieures professionnelles…"
et "Valoriser nos diplômes". Aussi bien les exigences pédagogiques, que ce dernier aspect de
valorisation des diplômes, passent par une conformation aux standards internationaux en termes
de contenu des programmes pour chaque discipline et de processus de titularisation des
enseignants. La satisfaction de ces exigences est la clef de voûte de la valorisation des produits
des IES au Mali.
Le besoin d’"autonomiser les universités" est une étape institutionnelle de gestion qui a été
évoquée. La définition de ses contours inclura nécessairement les facteurs d’amélioration
évoqués tout au long de l’étude par les enquêtés.
Le premier point des entraves actuelles est démographique "Démographie le grand nombre
d'étudiants sortant". En effet, la résultante de l’augmentation de la population est le nombre
croissant d’étudiants qui est enregistré d’année en année. Même si l’indice synthétique de
fécondité (ISF) a légèrement baissé au cours des 15 dernières années au Mali passant de 6,8
enfants par femme en 2001 à 6,1 enfants en 2012-2013; le temps que l’incidence en soit visible
dans les statistiques scolaires, ce sera approximativement sur la même durée si toute chose reste
égale par ailleurs. Ce simple fait laisse présager d’un besoin continuel d’infrastructures
universitaires pour le quart de siècle à venir.
28
Parmi les entraves actuelles qui ne permettent pas aux sortants des IES d’obtenir des emplois
figurent en bonne place le "Manque d'information à l'endroit des étudiants", le "déficit
d'accompagnement" et "l’importance de la demande par rapport à l'offre". Au-delà de cet aspect
le "Manque de confiance des employeurs aux sortants des facultés" et de façon générale le fait
que "Les gens n'ont plus confiance aux sortants des facultés maliennes" est une préoccupation
exprimée par les enquêtés et constitue une entrave sérieuse à surmonter. Liée à cette situation, la
"Non-maîtrise du français" qui est à la fois la langue d’enseignement et la langue de travail en
tant que langue officielle est un handicap qui compromet la plupart du temps les chances
d’obtention d’un emploi.
29
4.5 - Difficultés et contraintes rapportées quant à l’employabilité des
sortants des IES
À moins de répéter les difficultés déjà évoquées sous d’autres rubriques du présent rapport quant
à l’employabilité des sortants des IES, il n’y a pas grand-chose de nouveau. Il est cependant
important d’insister sur une difficulté de taille qui a été souvent évoquée, celle de l’expression en
français "La baisse générale du niveau des étudiants surtout en français". Comme l’a mentionné
un interviewé qui ne peut témoigner que de ce cas, "Pas de difficulté rapportée à part un rejet
fait par une entreprise pour manque de niveau en français". À l’analyse, plusieurs facteurs
concourent à cet état de fait. Il peut être considéré comme point de départ à ces difficultés
d’apprentissage de la langue d’enseignement qu’est le français, les effets des politiques et des
réformes qui les ont sous-tendues dans l’enseignement primaire depuis 1962, aussi bien que les
changements et orientations pédagogiques dans les formations des maîtres. Un facteur
additionnel est le fait que les supports et soutiens pédagogiques à ces réformes (en termes de
manuels scolaires, de livre du maître, de recyclage des maîtres, de suivi et d’inspections
permanentes rigoureuses pour la certification du niveau des maîtres, etc.) n’ont ni été suffisants,
ni accessibles à tous les maîtres et apprenants, notamment dans les localités régionales et dans les
milieux ruraux éloignés. La résultante de ces facteurs conjugués est l’effritement des normes et
standards pédagogiques, la déliquescence du niveau des maîtres et des apprenants qui s’achèvent
aujourd’hui dans la dégradation de l’école et l’incapacité d’atteinte d’un niveau satisfaisant de
compétence dans l’acquisition de la langue d’enseignement. Plus qu’une simple difficulté
relative à l’enseignement supérieur, il s’agit d’un problème systémique qui, tant qu’il ne sera pas
résolu, affectera durablement des générations d’apprenants et impactera négativement sur
l’acquisition du savoir au Mali, qui stagnera dans la médiocrité.
30
4.6 - Appréciation du niveau et de la qualité des sortants des
départements ou filières au cours des trois dernières années
Totalement insatisfait
Plutôt insatisfait
Plutôt satisfait
Totalement satisfait
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
31
4.7 - Commentaires sur la pertinence scientifique et pédagogique de
la formation dispensée à vos sortants des trois dernières années
Dans quelques filières, les enseignants jugent que la formation est pertinente comme les verbatim
qui suivent en témoignent, "La formation est pertinente surtout dans ma filière (énergie
renouvelable, biomasse)"; "La formation est pertinente, ici c'est la didactique des langues…" Un
des enseignants de l’ISA fait le lien entre la satisfaction des conditions pédagogiques et de la
pertinence de leur formation dans les termes qui suivent "À l’ISA les conditions sont réunies. La
pertinence scientifique et pédagogique est là. Le secteur est connu ainsi que le programme. Si
vous voyez que les employeurs ne se plaignent pas, c’est parce qu’on connaît leur besoin".
Des réservent sont émises par quelques-uns même s’ils sont du même avis sur la pertinence. "La
formation est pertinente, mais manque de formation des formateurs"; " La pertinence
scientifique laisse à désirer"; "
Dans cette évaluation de la pertinence de la formation, d’autres aspects ont émergé. Une
autocritique sur les programmes et même sur la qualité et la compétence des enseignants. "Nous
ferons dire que les modules enseignés ne correspondent pas à la réalité…". D’autres
contributions stipulent que "Les enseignants n'ont pas forcément les compétences, il faut
repenser le système" ou encore que "Le niveau des formations est bas, les enseignants ne
bénéficient pas de formation continue, il y a un manque de méthodologie de la part des
enseignants". Certains jugent que "Les moyens n'ont pas suivi le système, pas assez
d'enseignants, de classes, et bibliothèques pas assez fournies". Un des enseignants juge que "La
formation n'est pas scientifiquement pertinente…" à son avis "…on fait la formation en fonction
des moyens". Les moyens dont il est question sont à la fois matériels et humains. Le faible niveau
des étudiants en est un aspect qui n’est pas passé sous silence, "Les profs font le maximum, les
étudiants viennent suivre avec un niveau très bas ce qui pose un grand problème". Ce
témoignage va un peu dans le sens de justifier les lacunes et situer quelque peu les
responsabilités pour ce qui affecte la pertinence scientifique et pédagogique. La faiblesse de ces
critères rabaisse la qualité de la formation dispensée et consécutivement celle des produits qui en
sont issus.
32
4.8 - Amélioration à envisager dans les filières pour que les sortants
satisfont les besoins du marché de l’emploi
À moyen terme, les types d’amélioration envisagés dans les filières pour que les sortants des IES
satisfassent aux besoins du marché de l’emploi passent par la réalisation des conditions ci-après
énumérées. "L’utilisation de beaucoup d’enseignants pour que le taux d’encadrement soit
meilleur". "La diminution du ratio étudiant-professeur", ce qui fait que "La réduction du nombre
permettra aux étudiants d’avoir un enseignement de qualité". L’amélioration du personnel
enseignant en nombre (comme indiqué précédemment), en qualité, et l’instauration de
mécanismes de recyclage et de remise à niveau pour eux. La création de filières professionnelles
et courtes. La maximisation des conditions d’études des étudiants par la mise à dispositions
d’infrastructures (salles de cours, bibliothèques modernes, équipement de leurs environnements
en technologies de l’information et de la communication de grandes capacités), la
décentralisation des formations dans d’autres régions du pays, l’obligation de stage en année
finale d’étude ; enfin l’introduction de la recherche dans les départements.
En analysant les conditions mentionnées, même si leur mise en œuvre demande du temps et des
ordres de priorité, leurs effets devraient être visibles au fur et à mesure de leur satisfaction.
Cependant, ces améliorations demandent un changement radical de culture de gestion et
d’administration des institutions de formation supérieure. Un pas que devraient choisir de
franchir les responsables de l’enseignement supérieur.
Les enseignants et le personnel administratif des IES ont une vision claire de ce qu’il faut faire
pour élargir la palette de secteurs potentiels d’emplois pour les sortants de leurs départements
respectifs à l’horizon triennal.
En prime de ces recettes vient " … la révision/relecture du programme universitaire", processus
au cours duquel il faudra "créer plus de partenariat avec le secteur privé" pour "L’adaptation
des filières au marché de l’emploi". La révision/relecture est envisagée "En intégrant de
33
nouveaux modules dans les cursus de formation". Suggestion est également faite de "la création
d’un conseil d’orientation" dans le cadre des partenariats.
Selon les enquêtés, l’adéquation des profils avec les secteurs additionnels ciblés pour les sortants
passe par "l’enseignement de modules qui sont en rapport avec lesdits secteurs", "la concertation
avec les professionnels… et la collaboration entre employeurs et formateurs". "Le renforcement
du niveau de Français" est indiqué comme un des gages de réussite dans la recherche de
l’adéquation. Il en est de même de "la création de licences et masters professionnels".
Pour opérer le bond qualitatif sur une durée de trois ans, la stratégie principale selon les
enseignants et le personnel administratif des IES est de "Faire en sorte que le bac soit
crédible…", "Il faut que les étudiants aient le niveau requis au bac". Étant donné que
l’enseignement secondaire est un niveau sur lequel ils n’ont pas de prise, cette stratégie revient
en quelque sorte à dire qu’il faut que chaque niveau prenne ses responsabilités. Pour ce faire, un
34
interviewé propose de "Faire des recours ou demander des reformes au niveau des autorités
publiques". Ces stratégies malgré leur pertinence ont des accents de déjà entendus. Elles
resteront des vœux pieux tant qu’une politique ne les intégrera pas, et tant qu’elles ne seront pas
mises en œuvre.
L’étude auprès des sortants des IES a révélé que 3,3% des enquêtés avaient été orientés après le
bac vers des filières qui ne figuraient pas parmi leurs 3 choix initiaux 7. Ce résultat, considéré
sous un angle approprié avec un investissement conséquent dans les méthodes d’orientation,
contribuera probablement à atténuer dans ce domaine les difficultés vers le bond qualitatif à
opérer.
7
L’insertion professionnelle des diplômés de l’enseignement supérieur au Mali - Promotion 2011-2015 - Mamadou Kani Konaté; Ibrahima
Gacko - Bamako, Mars 2017 – Programme d’Appui au Développement de l’Enseignement Supérieur (PADES). Tableau N°5 - Page 24
35
4.13 - Réflexions menées pour assurer une meilleure employabilité
des sortants de vos filières
Il n’y a pas de réflexion organisée à proprement parler dans les départements sur l’employabilité
des sortants. Les concertations informelles ou formelles, les réunions pédagogiques ou les
échanges entre professeurs qui ont d’autres buts ne peuvent en tenir lieu. Les réponses fournies
par les enseignants et le personnel administratif font référence à "…des réunions de l’équipe
pédagogique", "des réflexions pédagogiques pour améliorer les filières", "Des échanges entre
professeurs" ou encore "la réflexion permanente avec le comité pédagogique" et "la réflexion
avec les programmes". Un enquêté affirme "Je n’ai jamais participé à une réunion ou un
séminaire sur l'employabilité des sortants". Un autre dit avoir déjà eu à "Évaluer les sortants
employés dans leur service, écouter et définir les besoins des employeurs"; mais il convient lui-
même qu’il s’agit là d’une action et non d’une réflexion. En définitive, un participant par ses
propos prétend que cette tâche ne leur incombe pas, "Ça ne relève pas de nous c'est le rectorat
avec un conseil des enseignants". Il n’y a par conséquent pas de réflexions en amont sur le
devenir des produits issus des IES. Cet exercice reste à être instauré, puisque partie intégrante
des stratégies pour améliorer l’obtention d’emploi par les diplômés. Les plans stratégiques des
départements devraient en tenir compte.
S’il n’y a pas de réflexion organisée sur l’employabilité des sortants, il y a en revanche des
mécanismes de concertation pour l’amélioration des programmes comme l’indiquent les
interviewés "On a des séminaires de formation avec les équipes pédagogiques pour améliorer le
programme". Dans un des départements enquêté une "Concertation élargie pour la relecture des
curricula" est en cours; dans un autre, il a été procédé à la "Mise en place d'un comité
scientifique qui aura la tâche d'évaluer l'existant et définir le futur". Ailleurs, on déclare qu’"Au
cours d'une réunion a été discuté le fait d'améliorer le programme et la suppression d'autres
filières", et "Avec le comité nous menons des réflexions pour revoir le programme". Aussi, des
"Propositions sont faites au niveau de l'administration pédagogique". Ces informations
témoignent d’une dynamique pédagogique au sein des structures et départements, qui contrastent
36
fortement avec la réflexion sur l’employabilité. Autant le personnel enseignant et administratif a
le souci d’améliorer les programmes; autant ces préoccupations les maintiennent, d’une certaine
façon, éloignées du souci du devenir des produits qu’ils forment.
À en croire les enquêtés, des échanges ont eu lieu. Mention a été faite notamment d’une "…table
ronde avec le secteur privé". Il y aurait également eu un "Atelier de concertation avec les
miniers, les industriels, pour parler de leur implication dans la formation". Il semble qu’au cours
d’un séminaire, " il y ait eu échange entre l'université et les partenaires". Des contacts sont en
cours avec "La chambre de commerce…où nous cherchons des partenaires". Aussi, les enquêtés
ont indiqué qu’"Avec le conseil scientifique [les structures] se déplacent vers les employeurs
pour échanger avec eux".
Quelle suite est donnée à ces échanges et contacts? Les enquêtés n’ont pas rapporté d’ententes ou
de partenariats formels établis, encore moins d’implication concrète dans la révision des
programmes ou l’accueil de stagiaires voire le recrutement de sortants. Les témoignages ne font
mention que de concertation. Le passage à l'action est le pas qui n’est pas encore franchi.
Comment le faire? Qui doit le faire? Les questions demeurent. Les réponses se font désirer.
Les enseignants et le personnel administratif ont fait part de leurs idées sur la manière
d’améliorer les programmes, mais aussi l’employabilité des sortants. Leurs recommandations
couvrent plusieurs dimensions, dont une qui conseille de "…tenir compte des formations dans la
sous-région", et qui de ce fait introduit la comparaison et l’aspect compétitif qui y est lié dans un
environnement d’intégration régionale. À la suite de cette idée, ils recommandent d’"Être
rigoureux dans la formation", d’"Évaluer régulièrement les activités d’enseignement, de les
adapter constamment", de "Faciliter l'habilitation des programmes, et d’adapter les programmes
37
aux réalités locales", de procéder à "…la mise en place d'équipes pédagogiques très impliquées
dans le fonctionnement du département". Ils suggèrent de "Renforcer les capacités en insérant et
en tenant compte des nouvelles technologies TIC", mais également de "Mettre l'accent sur la
recherche [et de] créer les moyens permettant les recherches". Les enseignants et le personnel
administratif proposent de "Renforcer les capacités avec des formations continues". En référence
à l’environnement qui offre de bonnes conditions de formation, ils indiquent qu’"Il faut qu'il y ait
moins de grèves et que les programmes soient épuisés". L’ensemble de ces suggestions et
recommandations fait le tour de ce qui leur semble être les lacunes de l’enseignement supérieur
au Mali, qui, une fois corrigées amélioreront probablement la qualité des produits et leurs
chances d’employabilité.
38
5.- Conclusion
L’étude réalisée s’était donné comme objectif de faire l’état des lieux de l’insertion
professionnelle des diplômés de l’enseignement supérieur du Mali. Pour ce faire, une enquête
qualitative a été réalisée. Elle visait au départ d’inclure 100 employeurs, 50 enseignants et 50
personnes qui travaillent dans les administrations des Institutions d’Enseignement Supérieur.
Compte tenu des contraintes de terrain liées au non-respect des rendez-vous par les éligibles aux
entretiens, aux refus, à la non-disponibilité consécutive aux grèves et au délai imparti, cet
échantillon initial n’a pu être couvert. Il n’en demeure pas moins que les informations collectées
atteignent un niveau de saturation de contenu propice à l’émergence de catégories significatives
et aux analyses.
Les résultats de l’étude auprès de ces trois cibles mettent en lumière les préoccupations des
principaux acteurs de l’enseignement supérieur au Mali quant à l’amélioration des
enseignements pour satisfaire les normes et la qualité requises et admises qui offrent les
meilleures chances d’emplois aux sortants.
Au regard des résultats, les recommandations qui suivent, formulé par les enseignants et le
personnel administratif font le tour de la question. Elles résument les mesures qui peuvent
favoriser l’atteinte d’une meilleure formation et employabilité des sortants des IES au Mali :
- tenir compte des formations dans la sous-région.
- Être rigoureux dans la formation
- Évaluer régulièrement les activités d’enseignement, de les adapter constamment
- Faciliter l'habilitation des programmes et adapter les programmes aux réalités locales
- Mettre en place des équipes pédagogiques très impliquées dans le fonctionnement du
département
- Renforcer les capacités en mettant l’accent sur les nouvelles technologies de
l’information et de la communication (TIC)
- Mettre l'accent sur la recherche et créer les moyens et conditions permettant de conduire
les recherches
- Renforcer les capacités des enseignants et du personnel administratif avec des formations
continues
39