Les Déterminants Des Investissements Directs Etrangers Au Maroc: Une Analyse Par L'approche ARDL Pour La Période (1980-2017)
Les Déterminants Des Investissements Directs Etrangers Au Maroc: Une Analyse Par L'approche ARDL Pour La Période (1980-2017)
Les Déterminants Des Investissements Directs Etrangers Au Maroc: Une Analyse Par L'approche ARDL Pour La Période (1980-2017)
ISSN: 2550-469X
Numéro 7 : Décembre 2018
LAM’HAMMDI Hicham
Doctorant en Sciences Economiques et Gestion
FSJES Fès – Université Sidi Mohamed Ben Abdellah
Laboratoire de Recherche en Management Finance et Economie Sociale (LAREMFES)
MAKHTARI Mohammed
Professeur universitaire à la FSJES Fès – Université Sidi Mohamed Ben Abdellah
Laboratoire de Recherche en Management Finance et Economie Sociale (LAREMFES)
Résumé :
Cet article a pour objectif d’identifier les principaux déterminants des Investissements Directs
Etrangers au Maroc sur le long terme. En effet, pour atteindre cet objectif nous avons effectué une
étude économétrique en se basant sur le modèle ARDL (Autoregressive Distributed Lag Model)
pour la période 1980-2017. Les résultats empiriques montrent que les variables FBCF (relative au
investissement intérieur) et le capital humain ont un effet significatif sur l’attractivité des IDE au
Maroc à long terme. Cependant, les variables ouverture commerciale et infrastructures semblent
être non significatifs.
Mots clés : Investissement Direct Etranger (IDE), déterminants des IDE, Maroc, approche ARDL.
Abstract :
The purpose of this article is to identify the main determinants of foreign direct investment in
Morocco in the long term. Indeed, to achieve this objective, we carried out an econometric study
based on the ARDL (Autoregressive Distributed Lag Model) during the period 1980-2017.
Empirical results show that GFCF (domestic investment) variables and human capital are
determinants of the attractiveness of FDI in Morocco in the long term. However, trade openness
and infrastructure variables appear to be insignificant.
Keywords: Foreign Direct Investment (FDI), determinants of FDI, Morocco, ARDL approach.
Introduction :
A l’opposé des autres sources de financement extérieur (les investissements de portefeuille, l’aide
publique au développement, les prêts à long et à court terme (privés et publics), …),
l’Investissement Direct Etranger (IDE) constitue le mode de financement le plus demandé par les
pays en développement (PED) et y représente 39 % du montant total des financements entrants
jusqu’à 2017 (CNUCED, 2018). En fait, conscients de l'impact majeur des IDE sur les économies
nationales, les PED s'efforcent d'aménager une panoplie de mesures et réformes incitatives dans
le but d'améliorer l'attractivité de leurs territoires1. Dans ce contexte, et à l’instar des PED, le
Maroc à son tour, a pris conscience de l’importance que pourrait jouer ces IDE dans le
développement économique du pays il s’est donc attelé à élaborer une stratégie de promotion et
d’attraction des IDE. De ce fait, la question centrale qui nous interpelle et de savoir quels sont les
déterminants de l’attractivité des IDE dans les PED en général et au Maroc en particulier ?
Pour étudier et répondre à cette question, nous mettrons en avant en premier lieu, une présentation
du cadre conceptuel de l’IDE, ensuite, nous présenterons une revue de la littérature qui résume les
principaux déterminants de localisation des IDE. Puis, nous ferons une mise au point sur l’état des
lieux des IDE Maroc, et enfin, on va effectuer une étude économétrique en utilisant comme moyen
d’analyse le modèle ARDL, afin de connaître les principaux déterminants de l’attractivité des IDE
au Maroc durant la période 1980-2017.
Avant de définir qu’est-ce qu’un investissement direct étranger, MUCCHIELLI (1998) identifie
les spécificités de l’IDE par rapport aux autres modes d’investissement : d’abord, il y a le contrôle
(total ou partiel) ou le pouvoir d’influence sur la gestion d’une entreprise étrangère, ensuite il y a
la nécessité d’un transfert de compétences complexes c’est-à-dire le transfert des hommes
(ingénieurs, cadres...), des machines, du matériel et de la technologie (savoir-faire, licences, etc.)
et enfin il y a la logique de production.
La définition de l’investissement direct étranger fait l’objet d’une abondante littérature. Nous
allons nous contenter des définitions de l’OCDE et celle du FMI :
1
En 2017, selon la CNUCED (2018), ils ont réussi a attiré 671 milliards de dollars, une part qui reste inférieure à celle
des pays développés qui ont enregistré un montant total de 712 milliards de dollars.
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Selon l’OCDE (2008) : « l’investissement direct international (IDI) est une catégorie
d’investissement motivé par la volonté d’une entreprise résidente d’une économie (investisseur
direct) d’acquérir un intérêt durable dans une entreprise (entreprise d’investissement direct) qui est
résidente d’une autre économie. La notion d’intérêt durable implique l’existence d’une relation de
long terme entre l’investisseur direct et l’entreprise d’investissement direct et l’exercice d’une
influence significative sur la gestion de l’entreprise. L’existence de cette relation est établie dès
lors qu’un investisseur résident d’une économie possède, directement ou indirectement, au moins
10 % des droits de vote d’une entreprise résidente d’une autre économie ».
Selon le FMI, « l’investissement direct étranger est l'acquisition d'au moins dix pour cent des
actions ordinaires ou des droits de vote dans une entreprise publique ou privée par les investisseurs
non-résidents. Un Investissement direct implique un intérêt durable dans la gestion d'une
entreprise et comprend le réinvestissement des bénéfices ».
En étudiant ces deux définitions, nous constatons que l’IDE est une activité par laquelle un
investisseur résidant possède un intérêt durable et réalise une influence significative dans la
gestion des activités d’une ou de plusieurs entreprises dans un autre pays (autre que le pays de
l’investisseur) tout en gardant le seuil minimal de 10% des droits de vote.
Les investissements Greenfield sont des opérations de croissance interne au sein de la FMN. Il
s’agit des investissements qui se caractérisent par la création d'une filiale complètement nouvelle
(ex nihilo).
Le tableau (1) ci-dessous, présente le nombre et la valeur de projets de type IDE Greenfield
effectué par les FMN par secteur et quelques industries durant la période 2016-2017.
Nous constatons qu’en 2017 le secteur des services est le premier secteur qui a attiré le plus grand
nombre des projets de type Greenfield (8186 projets) avec une valeur de 362 milliards de dollars
(une baisse de 25% par rapport à 2016).
Tableau 1. La valeur et le nombre des projets de type « Greenfield » par secteur et par industries (2016-2017)
1.2.2. Joint-Venture :
présenter uniquement cette dernière théorie, vu l’importance qu’elle occupe par rapport aux autres
théories dans l’explication des déterminants des IDE.
La théorie éclectique du Dunning (le paradigme OLI) :
C’est l’une des théories les plus pertinentes dans le domaine de l’internationalisation des Firmes
Multinatinales (FMN), Dunnig s’intéresse tout particulièrement au choix de localisation des FMN
c’est-à-dire les déterminants propres à la firme elle-même, ainsi que ceux du pays d’accueil. C’est
la théorie de référence pour les chercheurs qui travaillent sur les déterminants des IDE.
Cette théorie préconise que la firme a intérêt à effectuer un investissement à l’étranger s’il y a une
combinaison de trois groupes d’avantages spécifiques, à savoir : les avantages de propriété
«Ownership », les avantages de localisation « Localisation » et les avantages d’internalisation
« Internalisation ».
Dunning montre que lorsque l’entreprise réunit simultanément ces trois avantages, elle peut opter
pour l’IDE. Le manque d’un avantage parmi ces trois, changera complétement la stratégie de la
firme.
Les différents avantages selon la théorie de Dunning sont résumés dans le tableau suivant :
Source : J.Dunning, Multinational Entreprises and the Global Economy, Reading, Mass., Addison- Wisley, 1993, In :
Jean Louis Mucchielli, Multinationales et mondialisation, éditions du Seuil, Mai 1998 , page : 226
les infrastructures et le rendement du capital n’ont aucun effet sur l’attractivité des IDE dans les
PED, et que même si l’ouverture commerciale est profitable pour les pays subsahariens et non
subsahariens, elle est avantageuse de plus pour les pays non subsahariens. Et enfin, il a conclu
qu’un pays de l’Afrique subsaharien est jugé moins attractif à cause de sa situation géographique
(pour les investisseurs, l’Afrique est perçue comme top risqué).
De plus (BOUOIYOUR, 2003), dans son étude sur les déterminants des IDE au Maroc durant la
période (1960-2001) en utilisant comme variables, la taille de marché, le coût de la main d’œuvre
(mesuré par le SMIG), les investissements publics, les politiques réglementaires qui affectent
l’entrée des IDE, le capital humain, l’inflation, l’ouverture du pays vers l’extérieur et le taux de
change réel. Il a trouvé que la taille de marché (c’est un résultat surprenant pour lui, vu que les
FMN qui investissent dans les PED, s’intéressent de plus au coût de la main d’œuvre qu’à la taille
de marché), le coût de la main-d’œuvre, le ratio de l’investissement public, le taux d’inflation, le
capital humain et l’ouverture commerciale sont les principaux déterminants des IDE au Maroc.
(BOURI & BENMASSOUD, 2014), posent la question des facteurs les plus déterminants des
investissements directs étrangers dans la région MENA (y compris le Maroc) pour la période
1980-2011. En utilisant l’analyse en données de Panel, ils ressortent que la taille de marché, le
degré d’ouverture économique, le niveau des infrastructures, la stabilité politique et le
développement financier (malgré la non significativité de ce facteur) influencent positivement et
d’une manière significative les flux des IDE dans cette zone géographique.
L’analyse de (AZEROUAL, 2015) se porte sur les principaux déterminants des IDE au Maroc sur
la période 1980-2012, il a trouvé qu’à long terme, les variables capital humain, le taux de change
réel, la FBCF, le SMIG et les infrastructures constituent les principaux déterminants de ces
investissements au Maroc.
Sur la base d’une analyse en données de panel pour 40 PED durant la période (2000-2015),
(TIRHBOULA et al., 2017) ont conclu que les variables capital humain, le degré d'ouverture de
l'économie, la taille du marché, La croissance économique et les infrastructures constituent les
facteurs les plus déterminants dans l’attractivité des IDE.
D’un autre côté, (Elhasbi et al., 2017) examinent les liens de causalité entre la variable endogène,
l’attractivité territoriale et les facteurs PESTELP2 dans l’objectif de savoir les facteurs de
l'attractivité territoriale qui influencent la localisation des entreprises manufacturières et
logistiques de la ville de Tanger au Maroc, les résultats obtenues montrent que les facteurs
2
Ce sont les facteurs PESTEL plus la variable Proximité (P)
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3500
En 2017 : [VALEUR
3000
Y] M$
2500
2000
1500
Montant en
1000 millions de
dollars
500
0
1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020
-500
Années
Source : établi par les Auteurs à partir des données de la CNUCED et du World Investment report 2018 (CNUCED)
Au début des années 1970 le Maroc a connu une crise à cause de la hausse artificielle du cours du
phosphate, ce qui explique la valeur très modeste d’entrée des IDE dans le pays, ainsi que durant cette
période le Maroc n’avait pas une politique libérale et ouverte sur l’extérieur qui va-lui permettre
d’attirer au plus les IDE.
Au début des années 1980, une crise monétaire sans précèdent est arrivée (cessation de paiement
de sa dette souverain), en conséquence, le Maroc a décidé de libéraliser son économie et de
s’ouvrir davantage sur l’extérieur afin d’attirer des IDE qui lui permette d’avoir des réserves de
devises pour faire face à des crises éventuelles et de développer son économie (EL MALKI,
2004). Ainsi, avec l’implication du Maroc dans les réformes structurelles mises en place par le
PAS (adopté en 1983) qui a engendré une faible volatilité des flux IDE, mais qui s’est retournée
3
Toutes les données qui seront présentées sont sur la base de la base de données de la CNUCED.
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vers un processus de croissance continue à partir de 1986. Ils ont progressé de 97% entre 1988 et
1989 soit 167 millions de dollars.
La progression des flux des capitaux étrangers dans les années 1990 a maintenu le même rythme
jusqu'à 1997 suite au lancement du Maroc dans un processus de privatisation qui a bien marqué le
niveau des transactions financières établies avec l'étranger. En effet, l’année 1997 a enregistré une
augmentation de 274 % de flux par rapport à l'année précédente (pour la première fois le montant
a dépassé 1 milliard de dollars (soit 1,205 milliard de dollars, presque 12 milliards de dirhams)).
Cette hausse s’explique principalement par la réalisation de plusieurs opérations de privatisation
dans différents secteurs. Néanmoins, un recul des flux d’IDE a été enregistré en 1998 suite à
l’absence des opérations de privatisation. Ce qui montre que durant cette période la rentrée
massive des capitaux étrangers a été significativement relative au processus de privatisation
adopté par le Maroc.
À partir des années 2000 et jusqu’à 2005, les IDE se caractérisent par une certaine volatilité qui
s'est traduite par une alternance annuelle entre des flux massifs des capitaux étrangers, dus
principalement à des offres de privatisation, et de faibles flux d’IDE. Cela est expliqué par la forte
dépendance des flux des capitaux étrangers vis-à-vis des mouvements de privatisations (à
l’époque, on ne pouvait pas dire que le climat des affaires est un déterminant de l’arrivé de ces
capitaux, par ce qu’ils était liés principalement à ces privatisations) (BOUABDI, 2014).
La tendance à la hausse des flux d'investissements étrangers s'est pourtant poursuivie en 2006 et
2007 avec une augmentation de 48,06 % (passant de 1,654 à 2,449 milliards de dollars) et 14,53%
(de 2,449 à 2,805 milliards de dollars) respectivement malgré la contribution peu importante des
opérations de privatisation. Ceci est un indice qui montre le changement structurel de l’économie
marocaine et les efforts fournies afin d’améliorer le climat des affaires et de promouvoir
l’attractivité du territoire, les investissements étrangers sont passés d’une prise de participation
relative dans le capital par le biais de privatisation à des délocalisations des FMN (BOUABDI,
2014).
À partir de 2008 et jusqu’à 2010 les flux d’IDE ont été interrompu par la crise financière
internationale, avec des chutes respectives de 12,78% en 2008, 27,40% en 2009 et 24% en 2010.
À partir de 2011 et jusqu’à 2014, les recettes des IDE se sont bien comportée, avec des hausses
annuelles de 63,15%, 6,23%, 21%, 8% respectivement et ce, en dépit d’une conjoncture régionale
difficile, marquée, particulièrement, par le « printemps arabe » et l’aggravation de la crise
économique, notamment au niveau des principaux pays émetteurs d’investissements directs
étrangers vers le Maroc.
En 2015 et 2016 le Maroc a enregistré une baisse respective de 12,61% par rapport à 2014 et de
26,5% par rapport à 2015.
En 2017, est pour la première fois depuis 2014, le Maroc a enregistré une progression de 14,16%
par rapport à 2016 en passant de 2,322 à 2,651 milliards de dollars. Le Maroc est, ainsi, le
cinquième pays africain récepteur d’investissements directs étrangers en 2017, après l’Égypte (7,4
milliards de dollars), l’Éthiopie (3,6 milliards de dollars), le Nigeria (3,5 milliards de dollars) et le
Ghana (3,3 milliards de dollars).
4. Etude économétrique :
4.1. Méthodologie de la recherche :
Afin de savoir les principaux déterminants des IDE au Maroc sur le long terme, nous allons tout
d’abord déterminer les variables de l’étude et le modèle convenable avec les caractéristiques des
données, ensuite, nous allons effectuer les estimations nécessaires pour le modèle, et enfin, nous
allons présenter les résultats de l’étude.
Le choix des variables est fait sur la base de la revue de littérature, en se référant aux principales
études empiriques qui traitent la question des déterminants des Investissement Directs étrangers
(IDE). Les variables choisies sont présentées comme suit :
L’introduction du Logarithme dans certaines variables retenues, comme le cas dans plusieurs
études économétriques, a pour objectif de stabiliser les variables c’est-à-dire supprimer les valeurs
exponentielles, il permet ainsi de rapprocher des valeurs extrêmes afin d'obtenir une distribution
des variables moins étendus.
L’écriture de cette équation selon le modèle ARDL est sous la forme suivante :
5. Résultats :
Avant d’estimer le modèle en utilisant l’approche ARDL, il est nécessaire d’effectuer le test de
racine unitaire afin de connaître la stationnarité des variables et leurs degrés d’intégration.
5.1. Test de racine unitaire (Stationnarité des variables) :
Pour tester la stationnarité d’une série chronologique, il existe plusieurs tests de racine unitaire
(DF, ADF, PP, KPSS...) parmi ces tests, celui d’ADF (Augmented Dickey and Fuller, 1979) et PP
(Phillips & Perron, 1988) qui sont les plus utilisés dans la littérature, en outre, le test de Phillips
perron (PP) présente plusieurs avantages par rapport au test de Dickey & Fuller et il est surtout
plus puissant dans le cas d’un nombre d’observations relativement faible (HALLAM D., ZANOLI
R., 1993). Nous avons choisi ce dernier test (PP) afin d’accepter l’hypothèse nulle H0 : Il existe
une racine unitaire et par conséquent non Stationnaire ou bien la rejeter (pas de racine unitaire et
donc stationnaire).
Nous constatons que la variable LFDI est stationnaire au niveau (I (0)) et les variables LFBCF,
LKH, OUV, INFRA sont stationnaires à l’ordre de première différence (I (1)). Ce résultat est
adéquat parfaitement avec les conditions d’application de l’approche ARDL tel que présenté par
Pesaran et al. (2001).
Afin de s’assurer de l’existence d’une relation de cointégration à long terme entre les variables de
notre modèle (ELALAOUI & HEFNAOUI, 2018), nous effectuons le Bound Test sous les
hypothèses suivantes :
Il ressort de ce tableau que la valeur calculée de F = 6.71 dépasse les bornes supérieures I(1) des
valeurs critiques (au seuil de 1%, 2,5%, 5% et 10%) et par conséquent, nous rejetons l’hypothèse
nulle et on accepte c’est-à-dire qu’il y a une relation de long terme entre les
variables.
D’après les résultats du tableau (6), nous constatons que le coefficient d’ajustement ou bien de
correction d’erreur (CointEq(-1)) est statistiquement significatif (Prob.=0.0000) avec un signe
négatif ( -0,924666) et compris entre zéro et un en valeur absolue (0,92), ce qui confirme
l'existence d'une relation de long terme (cointégration) entre les variables.
Concernant la relation à court entre les variables indépendantes et la variable dépendante (l’IDE),
nous constatons que malgré l’existence d’une relation positive entre l’IDE et la FBCF, l’IDE et le
capital humain (KH) celles-ci ne sont pas significatives, la seule variable où il y a l’existence
d’une relation positive et significative avec l’IDE et celle de l’ouverture commerciale (1ére
différence).
Le Tableau (7) ci-dessous, présente les estimations des variables à long terme :
Il ressort du tableau ci-dessus que toutes les variables sont significatives statistiquement au seuil
de 5% c’est-à-dire que ces variables sont des déterminants de l’IDE dans le long terme (à
l’exception du variable Infrastructure (INFRA) qui est non significative).
o D’après les résultats, nous avons constaté que la Variable LFBCF qui correspond aux
investissements domestiques, a une influence positive et significative sur les IDE, c.-à-d.
que c’est un facteur déterminant dans l’attractivité des IDE au Maroc. En effet, les
investisseurs étrangers privilégient les pays dans lesquels l’investissement intérieur (local)
est déjà élevé, car c’est un indice d’un climat favorable des affaires, dans ce sillage l’Etat
marocain s’engage chaque année dans des grands investissements (infrastructures, grands
projets…). Ce résultat est conforme à ce qui est attendu (LAUTIER M., MOREAU F.,
2010), (NDIKUMANA L., VERICK S., 2008).
o En ce qui concerne les infrastructures (INFRA), les résultats sont en contradiction avec la
littérature, nous avons remarqué qu’il y a une absence de significativité (0.1159>0.10)
avec un signe négatif du coefficient, cependant, les infrastructures ont un impact positif et
significatif et sont déterminants dans l’attractivité des IDE (Root et Ahmed, 1979),
4
Programme d’Ajustement Structurel (adopté en 1983)
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D’après les résultats du tableau (8) qui présente les résultats d’autocorrélation et d’autocorrélation
partielle des résidus jusqu’à 16 retards (nombre de retards par défaut), nous constatons l’absence
d’autocorrélation des résidus. En effet la probabilité de la Q-Stat est fortement supérieure au seuil
de 5% et par conséquent on accepte l’hypothèse nulle d’absence d’autocorrélation des résidus (les
termes d’autocorrélation ou d’autocorrélation partielle des résidus se trouvent à l’intérieur de
l’intervalle de confiance, raison de plus pour accepter le test).
D’après le Tableau (9), nous avons trouvé que (Prob= 0.1763) et donc supérieure à 0.05, et par
conséquent il y a l’absence d'hétéroscédasticité.
Selon les résultats du tableau (10), il y a (prob= 0.9218) et donc supérieure au seuil de
significativité (0.05), c’est-à-dire qu’il y a une absence d’autocorrélation.
Nous arrivons aux derniers deux tests du diagnostic de notre modèle et les plus importants, ces
deux tests sont : le test de stabilité CUSUM5 et CUSUMSQ6.
Les tests CUSUM & CUSUMSQ sont donc réalisés pour tester l’hypothèse de stabilité des
relations de long terme estimées entre l’investissement direct étranger (IDE) et ses déterminants.
Ces deux tests sont appliqués sur les résidus de l’équation de notre modèle.
Concernant le test CUSUM, il est représenté par une courbe de la somme cumulée des résidus
avec un seuil de significativité de 5% et sous l’hypothèse nulle : la stabilité des paramètres du
modèle si la courbe se situe dans la zone critique entre les deux droites représentant les bornes de
l’intervalle, et sont instables si la courbe se situe hors de la zone critique entre les deux droites
comme hypothèse alternative. Concernant le Test CUSUMQ qui est fondé sur la somme du carré
des résidus, la même procédure de CUSUM est appliquée pour le réaliser.
Les figures (2) et (3) dans l’annexe présentent graphiquement les résultats de ces deux tests, ces
derniers montrent clairement la stabilité de la relation de long terme au cours de la période de
l’estimation entre l’IDE et ses déterminants au Maroc.
5
Cumulative Sum of recursive residuals
6
Cumulative Sum of Squares Test
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Conclusion :
Le présent article a pour objet d’étudier les déterminants des IDE au Maroc. Dans ce cadre, nous
avons utilisé l’approche ARDL pour la période 1980-2017). D’après les résultats obtenus, nous
avons pu démontrer que le Capital humain et les investissements domestiques sont des
déterminants de l’attraction des IDE au Maroc. Par contre l’ouverture commerciale et les
infrastructures n’ont pas d’impact significatif. Nos résultats nous incitent à proposer les
recommandations suivantes : L’amélioration des infrastructures afin de lutter contre les inégalités
régionales, en ciblant les régions pauvres ; Effectuer une révision exhaustive des accords de libre-
échange (ALE) conclus par le Maroc, et réaliser une étude d’impact de ces derniers afin de
garantir l’intérêt général du royaume ; Rendre le marché intérieur plus attractif (la taille de
marché) par l’augmentation des revenus et l’encouragement de la consommation des ménages. En
effet, nous avons constaté que la plupart des IDE à destination du Maroc sont de type Vertical (les
FMN qui optent pour ce type d’investissement s’intéressent au coût de la main d’œuvre, la
proximité géographique… afin de réexporter par la suite leurs productions vers le pays d’origine),
par contre les investissements de type horizontal s’intéressent tout particulièrement à la taille de
marché du pays hôte, chose qui est absente dans le contexte marocain (d’ailleurs, c’est pour cela
nous avons négligé la variable taille de marché de notre équation), donc une amélioration de la
demande intérieure garantit pour le Maroc l’augmentation des flux d’IDE entrants.
Enfin, il est à noter que les pays africains, en général, attirent une part minoritaire des IDE par
rapport aux autres PED ((42 milliards de dollars en 2017 (CNUCED, 2018)). Et par conséquent,
une amélioration du climat des affaires dans sa globalité permet d’améliorer « la marque Afrique »
vis-à-vis des investisseurs.
Bibliographie :
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Evidence from Vietnam, Finance Research Letters.
Annexes :
Tableau 11 : Évolution des IDE au Maroc de 1970 jusqu’à 2017 (en millions de dollars)
Source : Etabli par les Auteurs sur la base du centre des données statistiques de la CNUCED :
http://unctadstat.unctad.org/, World Investment report 2018