Etude Chimie Du Bois Rapport 2015
Etude Chimie Du Bois Rapport 2015
Etude Chimie Du Bois Rapport 2015
RAPPORT FINAL
Septembre 2015
RAPPORT D'ETUDE
Septembre 2015
REMERCIEMENTS
Membres du comité de suivi de l’étude (par ordre alphabétique):
Rachid Belalia – pôle Xylofutur
Alice Fautrad - Service Bioressources – ADEME
Alice Gueudet – Service Bioressources – ADEME
Nicolas Langlet – pôle Xylofutur
Jean-Christophe Pouet – Service Bioressources – ADEME
CITATION DE CE RAPPORT
ADEME. Hugues de Cherisey. 2015. Etat de l’art sur la production de molécules chimiques issues du bois en France.
Rapport. 149 pages.
En français :
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En anglais :
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Résumé
Cette étude a pour objectif de dresser un état de l'art général de la chimie du bois en France, tant en ce qui concerne
les connaissances acquises que les développements industriels engagés.
Le bois est une matière végétale complexe qui rassemble principalement des polymères pariétaux, étroitement liés
entre eux (cellulose, lignines, hémicelluloses) et des extractibles (dérivés terpéniques, tanins et autres polyphénols),
molécules plus légères, issues généralement du métabolisme secondaire des arbres.
La recherche française est active sur les différents composés du bois, leur biosynthèse, leur valorisation mais aussi sur
les procédés de déconstruction de la lignocellulose.
La chimie du bois en France se positionne en aval des filières forêt-bois mais reste encore peu développée, sans
structuration nationale d'ensemble : les quelques modèles à succès n'ont que peu de liens et sont positionnés sur des
marchés très spécifiques. Le futur de la chimie du bois en France est à attendre avant tout comme une diversification
des chaines de valeur existantes. Le succès viendra de l'innovation chez un ensemble d'acteurs spécialisés, travaillant
en partenariats cohérents et traitant des niches bien identifiées. La France dispose de forces (recherche active ;
formation de qualité ; quelques acteurs industriels de référence à l'échelle mondiale dans les terpènes, les celluloses de
spécialités, les extraits ; un secteur aval bien développé) et de faiblesses (compétitivité et cohésion insuffisantes des
filières forêt-bois françaises ; ressource forestière difficile à mobiliser, en dépit de son abondance ; secteur papetier
fragilisé ; cohérence à améliorer entre les recherches engagées et les potentiels d'industrialisation).
Des efforts importants sont nécessaires pour développer le secteur à l'échelle nationale. Une vision collective doit être
élaborée, afin de permettre une mobilisation concertée des parties prenantes. Les biomolécules issues du bois seront,
dans bien des cas, analogues à celles pouvant provenir de l'agriculture et leur avenir dépendra de l'optimisation des
chaînes de valeur concernées (procédés, intégration et optimisation industrielles, etc.). Des objectifs stratégiques
nationaux devront être définis, en nombre restreint pour favoriser la concentration des efforts. Les projets à privilégier
seront ceux susceptibles d'un développement industriel en France (diversification des produits des unités papetières et
de la première transformation du bois, valorisations des ressources feuillues et du bois de rebut, filières d'extractibles à
forte valeur ajoutée).
ABSTRACT
This study intends to set up a general state of the art of the wood chemistry in France, both in terms of knowledge
gained as well as industrial developments incurred.
Wood is a complex raw material which is mainly made of parietal polymers bound between themselves (cellulose,
hemicelluloses and lignins) and of extractives (terpenes, tannins and other polyphenols) which are of lower molecular
weight and are generally products from the secondary metabolism of trees.
French research is active on the different compounds of the wood, their biosynthesis, their valuation but also on the
deconstruction processes of lignocellulose.
Wood chemistry in France is positioned downstream of the forestry and wood sector but is still little developed, with no
overall national structure: the few successful models have few links and are positioned on very specific markets. The
future of wood chemistry in France is expected primarily as a diversification of the existing value chains. Success will
come from innovation in a range of specialized actors, working in partnerships and consistent addressing clearly
identified niches. France has its strengths (active research; high quality training; some industrial players worldwide in
terpenes, specialty celluloses, wood extracts; well-developed downstream sectors) and its weaknesses (lack of
competitiveness and cohesion of the French forestry and wood-based industries; forest resources difficult to mobilize in
despite of its abundance; coherence to be improved between the engaged research and industrialization potentials).
Significant efforts are needed to develop the sector at the country level. A collective vision must be developed to allow
a concerted mobilization of stakeholders. In many cases, biomolecules from wood will be similar to those that may
come from agriculture and their future depends on the optimization of the value chains concerned (processes,
industrial integration and optimization, etc.). National strategic objectives should be defined and be limited in number to
encourage the concentration of efforts. The projects will be those likely to favor an industrial development in France
(diversification of the products of the pulp and wood processing sectors, specific uses of hardwood resources and of
waste wood, extractives with high added value).
1. Introduction
A l'échelle de la planète, les deux premières utilisations du bois sont la production d'énergie (dont une forte part pour la
cuisson des aliments dans les pays du Sud) et les matériaux (construction, meubles, papier, etc.). Les usages dédiés à
la chimie sont plus discrets et consomment des volumes de matière bien inférieurs mais peuvent répondre à des
besoins spécifiques et être créateurs de valeur. Certaines des industries concernées sont anciennes (fabrication de
papier, extraction de tanins, traitement de l'essence de gemme, etc.) alors que d'autres émergent ou sont en
développement. Le bois constitue une ressource considérable en France mais qui reste largement sous exploitée.
Le contexte actuel est mouvant, tant en ce qui concerne le coût et la disponibilité des ressources fossiles qu'en matière
de réglementations et de décisions politiques, issues de différents débats sociétaux (usages non alimentaires des
produits agricoles, concepts de changement d'affectation des sols, dette carbone, etc.). Les filières forêt-bois françaises
sont confrontées à de nombreuses difficultés qui limitent leurs capacités à valoriser une ressource abondante mais,
pour une grande part, complexe à mobiliser. La chimie du bois présente un ensemble de débouchés potentiels dont le
succès dépendra de progrès technologiques des procédés de production et de la maîtrise de leurs coûts autant que de
la mise en œuvre de réglementations et de politiques d'incitations publiques.
Ce rapport se divise en plusieurs parties. En premier lieu, seront passées en revues les molécules présentes dans le
bois et leurs propriétés générales. Leurs dérivés pour différentes applications seront alors examinés, avec une
description des procédés d'obtention et des marchés concernés. Les filières françaises, depuis la forêt jusqu'aux
molécules mais aussi depuis la recherche amont jusqu'aux industriels de la chimie seront décrites, en tentant de mettre
en valeur les dynamiques en cours, les obstacles à affronter et les défis à relever. Une analyse synthétique des forces
faiblesses et opportunités menaces sera complétée par des recommandations pour le développement du secteur.
Les tableaux permettant des comparaisons homogènes des teneurs en différents composés du bois sont rares dès que
la précision attendue dépasse celle de simples ordres de grandeur.
En effet, les données obtenues sur un échantillon de bois ou sur un ensemble d'échantillons correspondent
généralement à des résultats d'études analytiques spécifiques, focalisant soit sur les composés pariétaux soit sur une
catégorie particulière d'extractibles mais très rarement sur leur ensemble. L'analyse de nombreux composants est
délicate, y compris lorsqu'elle est normalisée. Les comparaisons d'échantillons les plus fiables restent celles obtenues
par le même technicien, avec les mêmes équipements, dans le même laboratoire.
Selon les chercheurs et enseignants qui les présentent, les tableaux comparatifs de composition du bois sont
finalement pertinents pour les ordres de grandeurs présentés plus que par les valeurs précises qui peuvent y figurer.
Le premier tableau ci-dessous compare la composition générale des bois de feuillus tempérés, de résineux et
d'essences feuillues tropicales. Il souligne l'étendue des plages des valeurs pour ce dernier groupe, en relation directe
avec sa diversité botanique, beaucoup plus élevée que chez les seuls conifères ou feuillus des régions tempérées. Le
deuxième tableau compare différentes matières lignocellulosiques d'origine nationale.
La teneur en cendres du bois (hors écorce) est généralement faible ou très faible pour les espèces tempérées
(0.3 à 1 %) alors qu'elle peut s'élever jusqu'à 8 % dans certains bois tropicaux denses.
Composition chimique simplifiée du bois, selon que les essences sont feuillues tempérées (1ère ligne),
ème
résineuses (2ème ligne) ou feuillues tropicales (3 ligne). Source : Ecofog1
Exemples de composition du bois pour différentes espèces d'arbres forestiers et produits agricoles (en % de la
matière sèche). Source : Stéphane Grelier, LCPO2.
On soulignera dès maintenant que certains tissus présentent des compositions particulières et des concentrations en
extractibles pouvant être particulièrement élevées. C'est le cas des écorces, riches en cendres et en tanins, tant pour
les essences feuillues que résineuses. Il sera question plus loin des nœuds de bois, à hautes teneurs en extractibles.
Le tableau ci-dessous donne des exemples sur le pin maritime et le peuplier.
1
Ecofog = Ecologie des Forêts de Guyane, UMR de l'Université des Antilles et de la Guyane.
2
LCPO = Laboratoire de Chimie des Polymères Organiques (unité mixte de recherche rattachée au CNRS, à l’Université de Bordeaux), Pessac,
Gironde.
Le tableau suivant fait référence aux essences québécoises mais pourrait s'appliquer à nos ressources forestières
françaises.
Composition du bois et des écorces des essences de la forêt québécoise4
2.1.1. La cellulose
Constituant généralement 40 à 50 % de la matière sèche du bois, la cellulose est un homopolymère linéaire d'unités D-
glucose (plus précisément de D-glucopyranose, sous forme cyclique), liées en β 1,4. Structuralement, l’unité
élémentaire qui se répète est en réalité le cellobiose, un dimère de glucose (cf. figure ci-dessous). L'extrémité
comportant la fonction aldhéhyde condensée en hémiacétal a des propriétés réductrices. Dans le bois, le degré de
polymérisation de la cellulose varie d'environ 8000 (pin, épicéa, …) à 10 000 (tremble), alors qu'il peut dépasser 15 000
dans la fibre de coton. Il n'est plus que de 500 à 1200 dans les pâtes de cellulose issues des procédés papetiers. La
cellulose est donc une chaîne moléculaire régulière, hérissée de nombreuses fonctions hydroxyles (OH) qui lui
confèrent plusieurs de ses propriétés. La première est la forte capacité des molécules de cellulose à former des liaisons
3
Thèse de doctorat – Université de Toulouse - "Fractionnement de coproduits de pin maritime (Pinus pinaster) et de peuplier
(Populus tremula) pour l'obtention d'extraits polyphénoliques à activité antioxydante : procédé d'extraction aqueuse en extracteur bi-
vis et étude des conditions subcritiques."
4
Source : Guide de développement - Le bioraffinage forestier : possibilité pour les entreprises québécoises de pâtes et papiers -
MRNF – FPInnovations-Paprican - 2009
hydrogènes intra ou intermoléculaires, l'ensemble pouvant adopter alors des conformations amorphes mais aussi
cristallines très stables. Lors de la biosynthèse, les chaines de cellulose s'assemblent ainsi de façon parallèle
(Cellulose I), alors que dans de la cellulose régénérée, (Cellulose II), elles se joignent soit de façon antiparallèle, soit
avec une autre organisation des liaisons hydrogènes, selon un état thermodynamiquement plus stable. Si l'on examine
la question plus en détail, la cellulose I se présente sous deux formes cristallines, le Iα et Iβ, la deuxième dominant dans
le bois. Des liaisons hydrogènes permettent aux chaînes de cellulose de s'assembler en faisceaux d'une quarantaine
de molécules, formant des fibrilles élémentaires. Ces dernières s'associent en microfibrilles de quelques 200 molécules,
directement ou par l'intermédiaire de ponts hydrogènes impliquant des molécules d'eau. La cellulose du bois comprend
donc différents niveaux d'arrangements successifs, l'ensemble comportant des régions cristallines, insolubles dans
l'eau et à forte résistance chimique, et d'autres amorphes, laissant pénétrer l'eau et plus accessibles aux attaques
enzymatiques ou chimiques. Nous examinerons plus bas comment la cellulose s'intègre aux parois cellulaires du bois,
sous forme de nappes de microfibrilles entrecroisées.
Le monomère de glucose, sous sa forme cyclique β-D glucopyrannose et son assemblage en cellobiose, l'unité
de base de la cellulose (l'extrémité réductrice apparaît à droite du polymère).
2.1.2.Les hémicelluloses
Les hémicelluloses constituent une famille hétérogène de polysaccharides, de poids moléculaires moins élevés que la
cellulose (dans le bois, leur degré de polymérisation varie de 70 à quelques centaines alors qu'il est de 8 à 10 000 pour
la cellulose), généralement ramifiés et à structure amorphe, solubles en milieux acides dilués et alcalins. Les
hémicelluloses constituent une matrice autour des micro- et macro-fibrilles de cellulose. Elles sont constituées de
plusieurs monomères, des oses en C6 ou en C5, leur composition variant fortement en fonction des essences de bois.
Signalons ici qu'au-delà de leur fonction dans les structures pariétales du bois, les hémicelluloses forment également
certaines gommes et mucilages (arabinogalactanes du mélèze).
Les principaux sucres constituant les hémicelluloses sont des pentoses (arabinose, xylose), des hexoses (glucose,
mannose, galactose), des désoxyaldoses (rhamnose, fucose) et des acides uroniques (acides glucuronique, méthyl-
glucuronique et galacturonique). La fréquence d'acétylation des groupements –OH réduit la possibilité de liaisons
hydrogènes et contribue au caractère amorphe de la structure. La nomenclature des hémicelluloses prend en compte
l'ose dominant leur composition en substituant le suffixe "-ose" par le suffixe "-ane" (xylanes, mannanes, galactanes,
glucanes…). Quand la chaîne est ramifiée, le (ou les) préfixe(s) indiquent l'ose (ou les oses) greffé(s) à la chaîne de
base (glucuronoxylane (GX), glucomannane, arabinoglucuronoxylane, etc.).
Les hémicelluloses des bois de feuillus tempérés sont principalement des xylanes et, dans des proportions 5 à 10
fois inférieures, des mannanes. L'hémicellulose dominante du bois de feuillus est l'O-acétylglucuronoxylane, un "GX"
constitué d'une chaîne principale de 100 à 200 xyloses - dont certains acétylés - liés en β-(1,4) et portant, toutes les dix
unités, un résidu d'acide glucuronique méthylé.
Le bois de feuillus contient également 2 à 5 % de glucomannanes, qui sont des hétéropolysaccharides de glucose et de
mannose, en proportions variables selon les essences, liés en β-(1,4) et non acétylés.
Les hémicelluloses des bois de résineux sont principalement constituées de mannanes et de xylanes. Les
galactoglucomannanes sont généralement la famille dominante. Leurs chaînes comportent des unités glucose (D-
glucopyrannose) et mannose (D-mannopyrannose, acétylée), liées en β-(1,4), ces derniers pouvant porter un
galactose selon une liaison α-(1,6). Ces molécules comportent 45 à 150 unités osidiques.
Les arabinoglucuronoxylanes ("AGX") sont des xylanes propres aux résineux : ils ne sont pas acétylés et
contiennent des résidus L-arabinofuranose, à la différence de ceux des feuillus. Des résidus d'acide 4-O-
méthylglucuronique et de L-arabinofuranose sont greffés sur la chaîne principale de xylose. La molécule comprend 70 à
130 unités.
On retiendra que les hémicelluloses de feuillus constituent une importante source de xylose, un sucre en C5,
alors que les hémicelluloses de résineux sont plus riches en hexoses.
β-D-Xylp = β-D-xylopyrannose (xylose) ; 4-O-Me-GlupU = acide 4-O-méthyl-α-D-glucuronique ; O-acétyl = groupement acétyle (CH3-
CO-) venant se greffer sur certains carbone du xylose ou d'autres sucres par une réaction d'estérification entre l'hydroxyle et de
l'acide acétique ; β-D-Manp = β-D-manopyrannose (mannose) ; β-D-Glup = acide β-D-Glucuronique ; α-L-Araf = α-L-
arabinofurranose ; α-D-Galp = α-D-galactopyrannose (galactose).
2.1.3.Les lignines
Alors que les composés précédents sont composés de sucres, les lignines sont des polymères phénoliques, amorphes
et ramifiés, formés à partir de trois précurseurs de base : les alcools coumarylique, coniférylique et sinapylique,
respectivement à l'origine des unités p-hydroxyphényle (H), guaïacyle (G) et syringyle (S). Ces unités sont en
proportions variables selon les essences de bois et assemblées entre elles par diverses liaisons, qualifiées de labiles
(liaisons éthers, -C-O-C-, faciles à hydrolyser) ou condensées (de type –C-C-) et plus résistantes à la dégradation. Les
lignines des bois de résineux comportent essentiellement des unités G alors que celles des bois feuillus sont
constituées presqu'exclusivement de G et de S (les unités H, pour leur part, sont abondantes dans les lignines de
graminées). Les lignines du bois constituent la ressource majeure en bio-molécules aromatiques.
Les lignines sont des molécules dont l'analyse est complexe à mettre en œuvre et dont la structure native fait encore
l'objet de débats entre chercheurs. Si l'on sait localiser les lignines in situ dans les parois et suivre leur accumulation par
des techniques de coloration ou de marquage radioactif, seule une petite fraction est soluble ou facilement solubilisable
et leur caractérisation chimique plus large implique la rupture de liaisons covalentes avec les polysaccharides pariétaux,
notamment les hémicelluloses ; les lignines obtenues sont alors partiellement dégradées et certaines de leurs
propriétés, comme particulièrement leur degré de polymérisation, ne sont plus celles des molécules natives telles
qu'elles sont présentes dans le bois.
Composition de différentes origines de lignine et fréquence des liaisons natives dans leur structure
(source : Florent Bouxin – Thèse de doctorat - Solvolyse des lignines : production de synthons aromatiques de faibles
masses – 2011).
Les lignines sont-elles finalement des polymères réguliers d'oligomères simples ou des macromolécules de masses
molaires beaucoup plus importantes et de structure irrégulière ? Sont-elles très ou peu ramifiées ? Tridimensionnelles
ou lamellaires ? Quelle est la fréquence des fonctions carboxyles (–COOH) mais aussi des groupes carbonyles (-CO-)
qu'elles portent à l'état natif ? Autant de questions qui restent en suspens, en dépit des très nombreux travaux de
recherche entrepris. Nous verrons plus loin que la valorisation des lignines dépend des caractéristiques qu'elles
présentent après le procédé d'extraction choisi.
2.1.4.Les pectines
Composants importants de certaines parois végétales, valorisées pour leurs propriétés texturantes et leur stabilité en
milieu acide, les pectines sont peu abondantes dans le bois (1 à 3 %) et se localisent principalement dans les parois
primaires des tissus jeunes. Les pectines sont pour la plupart des homopolysaccharides linéaires (polymère d'acide D-
galacturonique = polygalacturonanes ; …) mais il existe des formes ramifiées comme les rhamnogalacturonanes,
polymères plus complexes de rhamnose, d'acide galacturonique mais aussi de fucose, d'acide glucuronique et parfois
d'autres sucres plus rares.
2.1.5.Les cires et autres composés pouvant être présents dans les parois
Les cires sont des esters d'alcools autres que le glycérol et d'acides gras à longue chaîne. La subérine est une cire
abondamment présente dans les tissus subérisés de l'écorce comme le liège et c'est un élément clé de son
imperméabilité. C'est une molécule complexe, comportant des noyaux aromatiques (acide hydroxycinnamique et ses
dérivés) et des chaînes aliphatiques.
2.1.6.L'agencement des polymères structuraux dans les parois des cellules du bois
Les molécules que nous avons passées en revue sont intégrées de façon ordonnée aux parois des cellules du bois qui
s'assemblent en différents tissus.
Sous l'écorce, le liber comprend les tubes criblés du phloème, dans lesquels la sève élaborée, chargée des
produits de la photosynthèse descend des feuilles vers les racines. On retrouve également dans le liber des
cellules parenchymateuses et des fibres. Suivant les essences, le liber constitue un manchon continu ou
discontinu, formé de couches annuelles. Généralement les feuillets externes meurent et se désagrègent. Le
tissu dans laquelle circule effectivement la sève élaborée, si vitale pour l'arbre, ne montre une épaisseur que de
quelques dixièmes de millimètres.
Sous le liber, le cambium est l'assise extensible de cellules méristématiques qui assure la croissance du tronc
ou des branches en épaisseur, tant par la production du liber vers l'extérieur que par la formation du bois
proprement dit (xylème), vers l'intérieur.
Le bois n'est pas un tissu homogène : il comprend différentes ensembles cellulaires qui assurent les fonctions
de soutien, de conduction de la sève (brute) et de réserve. Situé juste sous le cambium, l'aubier comprend
encore des cellules vivantes (cellules parenchymateuses, chargée de substances de réserves comme l'amidon)
alors que les cellules conductrices et de soutien meurent quelques semaines après leur différenciation. Dans
nos régions tempérées, la croissance annuelle du bois apparait sous forme de cernes de deux teintes : le bois
produit au printemps (bois initial) est clair alors que celui formé pendant l'été et l'automne est plus sombre (bois
final).Sous l'aubier, le duramen ou bois de cœur se forme généralement après 5 à 30 ans de croissance de
l'arbre. C'est un tissu entièrement mort, plus sec et parfois plus sombre que l'aubier. La duraminisation
comprend la production active de polyphénols et le dépôt de substances comme les tanins qui ont une fonction
protectrice du bois. Des oléorésines s'accumulent chez les conifères. Les pores des vaisseaux sont
généralement obstrués par ce que l'on nomme des thylles.
• Chez les conifères, ce sont les mêmes cellules (les trachéides verticales), pouvant atteindre 1.5 à 5 mm
de long, qui assurent la conduction de la sève brute et le soutien. Le bois est dit "homoxylé". Des
ponctuations permettent de faire circuler la sève entre trachéides. Celles de bois de printemps (bois initial)
sont plus larges et avec des épaisseurs de parois plus fines que celles du bois d'été (bois final). Des files
de cellules parenchymateuses, d'orientation radiale, forment des rayons ligneux. Ces cellules
parenchymateuses participent au transport latéral des produits de la photosynthèse. A ces rayons ligneux,
peut être associé un réseau continu de canaux résinifères (des espaces intercellulaires tubulaires de
longueur variable, contenant de la résine).
• Chez les feuillus, le bois est hétéroxylé : il comprend des vaisseaux conducteurs (ou "pores") pouvant
avoir une lumière très large (bois de printemps de certaines espèces) ou plus étroite. Dans les bois "à
pores diffus", les vaisseaux ont tous des tailles sensiblement identiques (hêtre, peuplier). Dans les bois à
zone poreuse les vaisseaux du bois de printemps ont un diamètre beaucoup plus élevé que pour ceux du
bois de fin de saison (chêne, châtaignier). Des fibres de sclérenchyme assurent les fonctions de soutien
alors que des cellules à fonction de réserve, sont organisées en parenchymes axial et transversal (formant
des rayons). Des cellules parenchymateuses contenant de l'huile existent chez les Lauracées.
Signalons enfin que dans le jeune âge d'un arbre la partie la plus centrale des tiges est constituée de moelle
un tissu juvénile, qui est généralement résorbé ultérieurement.
Structure du bois des conifères
Bois de réaction
Ce qui a été décrit précédemment concerne le bois que l'on peut qualifier de "normal". Dès qu'une partie de l'arbre
s'écarte de quelques degrés – et donc très fréquemment - se forme du bois de réaction dont l'architecture est
modifiée. Il en est ainsi à chaque jonction entre les branches et le tronc. La manifestation la plus visible est que les
cernes de croissance deviennent elliptiques et excentrés mais l'anatomie des cellules, la composition chimique, la
densité du bois, ses propriétés mécaniques et parfois sa couleur, sont également modifiées. Il s'agit en réalité d'un
mécanisme d'adaptation de l'arbre aux contraintes qu'il subit.
Suivant les essences, ce bois de tension peut se former sur la face interne ou externe des branches. Chez les feuillus
(angiospermes), le bois de réaction est du bois de tension, produit à l'extérieur des courbures. A l'inverse, chez les
résineux (gymnospermes), le bois de réaction est généralement du bois de compression, qui se forme du côté
intérieur des courbures.
5
Bois de tension et de compression (source : Benoit Jourez , 1997)
5
Benoit Jourez. Le bois de tension 1. Définition et distribution dans l'arbre. Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 1997 1 (2), 100-112.
La diversité des extractibles présents dans une même essence d'arbre offre une richesse de composés à valoriser, soit
sans les séparer, sous formes d'extraits simples ou d'huiles essentielles pour des applications nutritionnelles,
cosmétiques, etc.., soit, au contraire, au prix d'une purification impliquant un raffinage poussé qui peut être basé sur
des procédés de distillation, très analogues à ceux des raffineries pétrolières. Les extractibles utilisés par l'homme
peuvent provenir également des feuilles, des aiguilles, des jeunes rameaux, des écorces, mais aussi des galles
parasitant les arbres. Le bois lui-même n'est pas une source homogène selon son âge, sa position dans le tronc ou à la
jonction des branches.
Les terpènes sont des molécules dont la structure chimique est un assemblage d'unités isoprène (C5H8). La
biosynthèse des terpènes ne fait en réalité pas appel à la molécule d'isoprène elle-même mais à l'Isopentényl-
pyrophosphate (IPP).
Les terpènes sont présents chez les résineux et dans certaines familles spécifiques de feuillus (notamment les
Eucalyptus et les lauracées, une famille rassemblant de nombreuses espèces tropicales mais aussi les lauriers). Ils
constituent un vaste ensemble de plusieurs milliers de molécules différentes. Si les terpènes sont des hydrocarbures,
les terpénoïdes intègrent des groupes fonctionnels oxygénés (hydroxyles, carboxyles, cétones). Les terpènes et les
terpénoïdes sont classés selon le nombre de molécules d'isoprène dont ils sont constitués. Certains produits végétaux
composés de molécules terpéniques nous sont bien connus. Citons ici le caoutchouc de l'hévéa et du guayule, la
colophane et la térébenthine, issues de la résine des pins, le camphre de l'arbre à camphre, le linalol du bois de
rose, l'ambre (résine de conifères fossilisée). Les huiles essentielles de nombreuses espèces végétales contiennent
6
Les éléments cités de définition proviennent de l'ouvrage "La chimie du bois" – T. Stevanovic et D. Perrin - 2009
7
La production de bio-isoprène, aujourd'hui à partir de la fermentation de sucres, fait l'objet de différents projets de recherche et
développement, l'enjeu majeur étant de disposer de nouvelles sources de matières premières pour la fabrication de pneumatiques.
MICHELIN et le brésilien BRASKEM sont partenaires de l'entreprise américaine de biotechnologies AMYRIS pour produire du bio-
isoprène. AJINOMOTO travaille le même sujet, en partenariat avec BRIDGESTONE qui initie par ailleurs la production de
caoutchouc à partir d'un arbuste le guayule, qui pourrait être cultivé en France. DUPONT GENENCOR et GOODYEAR sont
également engagés depuis de nombreuses années sur l'obtention industrielle d'isoprène de fermentation. L'entreprise française de
biotechnologies DEINOVE explore aussi la biosynthèse bactérienne de l'isoprène. A terme et selon leurs succès, les différentes
technologies développées pourraient valoriser des sucres issus de la lignocellulose. Elles pourraient aussi permettre de produire
d'autres molécules terpéniques, et venir ainsi en concurrence de certains produits d'extraction.
des monoterpènes et des sesquiterpènes et, notamment, ceux obtenus à partir de bois, de feuilles ou d'aiguilles
d'arbres.
Différentes catégories de terpènes
Les terpènes sont des molécules répandues dans notre environnement. Nous en inhalons en traversant une forêt de
résineux (monoterpènes, …) et nous en consommons dans nos aliments (caroténoïdes). Certains terpènes utilisés
dans la parfumerie ou dans les huiles essentielles peuvent avoir des vertus pharmacologiques à faibles doses et
devenir dangereuses lors d'expositions importantes. Hormis pour quelques molécules, la toxicité des terpènes reste
assez mal connue, particulièrement lorsqu'ils se retrouvent sous forme de mélanges de substances. Si l'on considère
les monoterpènes, les doses létales (DL 50) pour les rats du limonène, de l'α-pinène ou du δ-carène sont de 3.7 à 5
g/kg, comparables, par exemple, à celles de l'éthanol. Elles classent ces molécules comme "légèrement toxiques".
Les monoterpènes sont constitués de deux molécules d'isoprène. Ils peuvent être linéaires ou contenir des cycles. Ce
sont des molécules odorantes, présentes dans le bois et les aiguilles de conifères, mais aussi dans le bois et les feuilles
de plusieurs espèces de feuillus, notamment d'essences tropicales. Les monoterpènes sont de deux catégories :
lipophiles et volatils - pouvant être entrainés à la vapeur - ou hydrophiles (iridoïdes, souvent rencontrés sous forme de
dérivés glycosidés).
L'α-pinène, le β-pinène et le δ-3-carène sont des monoterpènes lipophiles, présents dans la résine de certains pins et
que l'on retrouve tant dans l'essence de térébenthine (de gemme ou de papeterie) que dans les huiles essentielles
obtenues à partir du bois. Le limonène est un autre monoterpène de la résine de pins.
Exemples de monoterpènes
lipophiles iridoïdes
Népétalactone
Valérosidate
Les sesquiterpènes forment la plus grande famille de terpènes. Ils sont présents chez les conifères et dans plusieurs
familles de feuillus et se retrouvent dans de nombreuses huiles essentielles. Ils peuvent être linéaires ou contenir des
cycles. Le juvabione des sapins et plus particulièrement du sapin baumier nord-américain est un analogue d'hormone
de coléoptères juvéniles dont il perturbe le développement. Le farnésol, utilisé en parfumerie, a des propriétés
insecticides.
Exemples de sesquiterpènes du bois
Humulène Juvabione Farnésol8
La famille des diterpènes comprend plus de 2200 molécules connues. Les acides résiniques sont des acides
carboxyliques dérivés de diterpènes à squelette tricyclique, présents à de fortes concentrations dans la résine des
conifères. Ils présentent un squelette de trois cycles et portent un groupe carboxyle. Leur formule générale est
C19H29COOH. L'acide abiétique est un composant majeur de la colophane de gemme de pin, également obtenue par
distillation du tall oil. Les acides lévopimarique et palustrique dominent, pour leur part, dans la résine d'épicéa.
Il existe également des diterpènes non cycliques : le phytol fait partie de la structure de la chlorophylle. Le phytane et le
géranylgeraniol se retrouvent dans certains bois. Les diterpènes bicycliques constituent le sous-groupe le plus
abondant en molécules mais ne sont pas forcément les plus représentés dans le bois.
8
Le farnésol est dérivé du farnésène, un terpène qui fait l'objet de production industrielle par fermentation à partir de sucres, par la
société nord-américaine AMYRIS pour la fabrication de biocarburants et de biomolécules. Le groupe TOTAL a une participation dans
le capital d'AMYRIS dont le site industriel est au Brésil. AMYRIS collabore avec le groupe MICHELIN pour la production d'isoprène
biosourcé, mais aussi avec différents industriels de la chimie pour l'obtention de différents dérivés terpéniques pour des applications
variées dans la chimie, y compris dans la cosmétique.
Le paclitaxel ou taxol, présent dans l'écorce de l'if, appartient au groupe des taxanes, des dérivés complexes de
diterpènes. Le taxol est connu pour ses propriétés anticancéreuses. Il est aujourd'hui produit sous forme de molécule
de synthèse, sa concentration dans l'écorce restant trop faible pour une exploitation des ressources naturelles.
phytol
paclitaxel = taxol (taxane)
géranylgéraniol
Les sesterpènes, cités ici pour mémoire, sont peu communs chez les plantes supérieures et restent sans applications.
Les triterpènes forment une autre famille de nombreuses molécules. Le squalène doit son nom à son abondance dans
l'huile de foie de requin et est réputé pour ses applications nutraceutiques, cosmétiques et pharmaceutiques. C'est un
triterpène, également présent dans les feuilles de bouleau. De nombreux triterpènes sont basés sur un système
tétracyclique ou pentacyclique. Les stérols sont des dérivés des triterpènes.
Exemples de triterpènes
Squalène Dammarane Bétulinol Lupénone
Les tétraterpènoïdes rassemblent les caroténoïdes, des pigments jaunes et rouges présents dans différents végétaux,
y compris les arbres, plus particulièrement dans leur feuillage. Parmi les caroténoïdes, les xanthophylles sont des
molécules oxygénées alors que les carotènes ne comportent pas d'atome d'oxygène.
Les polyterpènes et leurs dérivés terpénoïdes, les polyprénols, sont des polymères pouvant atteindre 1400 unités
d'isoprène, organisés selon des conformations variables. C'est parmi eux que l'on retrouve le caoutchouc de l'hévéa et
de l'arbuste guayule (cis-1.4 polyisoprène), la gutta percha de l'arbre indonésien Palaquium gutta (trans-1.4
polyisoprène), le chiclé du Sapotillier d'Amérique centrale et du Sud, historiquement utilisé pour la fabrication de
chewing-gum.
Les polyphénols regroupent un très vaste ensemble de substances chimiques comprenant au moins un noyau
aromatique, et un ou plusieurs groupes hydroxyles. Ce peuvent être des molécules simples ou complexes mais aussi
des polymères de haut poids moléculaire. Quelques 8000 molécules de polyphénols auraient été décrites chez les
végétaux. Les polyphénols ont des propriétés générales d'antioxydants, avec des applications en nutraceutique,
cosmétique et pharmacie. Ils peuvent en avoir aussi dans les matériaux (tanins). Présents dans les différents tissus des
arbres, les polyphénols ont notamment des fonctions de protection du bois par leurs propriétés anti oxydantes et de
capteurs de radicaux libres, fongicides, etc…
Les polyphénols sont regroupés en différentes familles, généralement définies en fonction de leur squelette chimique de
base mais aussi en relation avec la voie de biosynthèse dont ils proviennent. Le tableau ci-dessous donne une liste
assez complète de polyphénols végétaux dont seule une partie sera passée en revue ici. Il omet toutefois le groupe
assez particulier des diarylheptanoïdes, traité en fin de chapitre. On notera également que les lignines, examinées
précédemment, rentrent dans la classification des polyphénols, avec des voies de biosynthèse communes.
Une classification générale des polyphénols végétaux selon leur squelette (source : Zhang et al, 20159)
9
A Review of Polyphenolics in Oak Woods - Bo Zhang, Jian Cai, Chang-Qing Duan, Malcolm J. Reeves and Fei He- Int. J. Mol. Sci.
2015, 16, 6978-7014
Les flavonoïdes
Les flavonoïdes sont largement présents dans les différents tissus des arbres feuillus et résineux, depuis les feuilles et
les aiguilles, jusqu'au bois de cœur. Toutefois, de nombreuses molécules – y compris celles dont le nom commun
évoque une espèce d'arbre - se retrouvent dans une large palette d'espèces végétales et notamment dans les fruits, les
légumes et les céréales que nous consommons couramment. Ainsi, la quercétine n'est pas exclusive des chênes : on
en retrouve dans des concentrations bien plus élevées dans les câpres et les piments. La pinocembrine est pour sa
part, particulièrement abondante dans le miel et la propolis. Les arbres ne sont donc que rarement des sources
privilégiées de flavonoïdes alors qu'ils peuvent l'être pour d'autres catégories de polyphénols.
Les flavonoïdes présentent une diversité particulièrement importante. Leur squelette de base est fait de 15 atomes de
carbone, avec 2 cycles benzéniques C6, reliés par pont à 3 carbones qui forme généralement un troisième cycle
pyrone. La distinction des sous-classes se fait sur la conformation de cette structure centrale C.
De nombreux flavonoïdes se retrouvent chez les végétaux sous forme de dérivés méthoxylés ou de glycosides. Les
flavonoïdes ont des propriétés variées (antioxydantes, antifongiques, répulsifs pour les insectes, pigments).
Quelques exemples de flavanoïdes présents dans le bois ou d'autres tissus des arbres
Dihydrokaempferol =
Flavanonols
aromadédrine = aromadendrine
(bois de pin, nœuds du tremble)
Taxifoline (résineux)
Anthocyanidols
Cyanidine
Les stilbènes
Leur squelette est de type C6-C2-C6. Ce que l'on dénomme stilbènes sont en réalité des stilbénoïdes, dérivés du
1,2 diphényléthylène qui est le stilbène à proprement parler. Les hydroxystilbènes sont largement distribués chez les
arbres, feuillus ou conifères. On en retrouve dans le bois de cœur et, à de fortes concentrations, dans les nœuds de
résineux (cf. plus bas). Ces molécules ont des propriétés fongicides, notamment contre les champignons pourridiés
et améliorent la résistance aux insectes. Leur production par l'arbre pourrait augmenter lors d'une attaque
pathogène. Le resvératrol, présent tant dans la peau du grain de raisin et le vin que le bois de résineux, fait l'objet de
nombreuses études quant à ses effets sur la santé humaine. Cette molécule anti-oxydante aurait des propriétés anti-
inflammatoires, cardio-protectrices, anti-cancéreuses. Elle serait un des éléments d'explication du "French paradox"
qui fait que les français n'ont pas la fréquence d'accidents cardio-vasculaires que laisserait attendre la richesse de
leur alimentation en matières grasses.
Les lignanes
Ces molécules partagent la même voie de biosynthèse que les lignines. Les lignanes suscitent un grand intérêt ces
dernières années pour leurs propriétés bioactives, tant comme système de défense de l'arbre que pour leurs
applications en santé humaine. Elles sont présentes dans le bois de nombreuses essences résineuses et feuillues et
particulièrement abondantes dans les nœuds de résineux. La base de leur squelette est un motif dimère (C6-C3)2 à
partir duquel peuvent se former différentes molécules mais aussi des oligomères ou des dérivés tels que les
plicatines.
Exemples de lignanes du bois
On a vu plus haut que la jonction entre les branches et le tronc d'un arbre est formée de bois de réaction, dont la
composition chimique en composés pariétaux est particulière. C'est également le cas, en ce qui concerne les
extractibles.
Des polyphénols comme les lignanes, les stilbènes ou les flavonoïdes, mais aussi des composés terpéniques
comme les juvabiones, se retrouvent ainsi dans les nœuds de bois, à des concentrations pouvant être 2 à 500 fois plus
élevées que celle du tronc.
En 1998, une équipe suédoise a analysé des nœuds d'épicéa qui contenaient 10 % de lignanes. D'autres investigations
auraient montré par la suite que les teneurs en ces précieux composés variaient entre 6 et 29 % alors qu'elles sont
proches de 0.1 % dans le bois de cœur du tronc et des branches. La molécule dominante était l'hydroxymatairesinol,
déjà identifiée dans le bois d'épicéa dès 1957 et mieux étudiée dans les années 1970 et 80. Ses propriétés
antioxydantes et anticancéreuses ont été décrites dans les années 1990.
D'autres études sur diverses espèces de mélèzes, de pins mais aussi de feuillus ont montré que les nœuds de bois
présentaient des concentrations élevées en différents extractibles.
Le phénomène se décline par espèce et ce sont donc certaines familles de molécules qu'il faut rechercher dans les
nœuds de l'une ou l'autre essence de résineux ou de feuillus. Suivant leur position plus ou moins haute dans l'arbre, les
nœuds ne montrent pas les mêmes concentrations en ces extractibles….
Plusieurs hypothèses d'explications à ces teneurs élevées sont avancées. Ces zones de tension du bois sont fragiles et
exposées à des agressions plus importantes de pathogènes. La concentration de molécules bioactives concernées
aurait un caractère adaptatif. Ces molécules peuvent être aussi des précurseurs ou des produits de dégradation de
macromolécules comme les lignines, directement impliquées dans les propriétés mécaniques du bois.
Les nœuds de bois, pour peu que l'on puisse les isoler lors d'un procédé industriel sont donc un gisement particulier de
molécules dont certaines présentent des applications nutritionnelles ou pharmaceutiques, à forte valeur ajoutée.
Les diarylheptanoïdes sont des molécules phénoliques composés de deux noyaux aromatiques, reliés entre eux par
une chaîne de 7 carbones. L'ensemble peut être linéaire ou cyclique. Rarement cités parmi les polyphénols, les
diarylheptanoïdes sont présent dans le bois et notamment dans celui des bétulacées (bouleaux, aulnes, etc.).
Les tanins
Les tanins (ou tannins) sont des molécules phénoliques à propriétés tannantes, autrement dit montrant des capacités
de précipitation des protéines en solution aqueuse. Les tanins forment une famille hétérogène de molécules, de poids
moléculaire moyens à élevés, dérivant de certaines des substances décrites précédemment.
On ordonne couramment les tanins en tanins "hydrolysables" et "non hydrolysables" mais cette séparation manque de
cohérence par l'importance des exceptions à ces propriétés dans les familles constituées. On classe désormais, de
préférence, les tanins en gallotanins, élagitanins, tanins condensés et tanins complexes.
Les gallotanins ou tanins galliques sont constitués d'un sucre (glucose ou polyol dérivé) portant des liaisons
esters avec plusieurs molécules d'acides galliques (unités "galloyles") ou leurs dérivés. Ils sont hydrolysables.
Les ellagitanins ou tanins ellagiques constituent le groupe le plus important de tanins, avec plus de 500
composés décrits. Ils sont formés d'au moins deux unités galloyles couplées entre elles et sans liaison
glycosidique avec des unités flavanols (catéchines). Une molécule comme la castalagine répond à cette
définition mais n'est pas hydrolysable, ce qui exclut donc le rattachement des ellagitanins à l'ancienne
classification des tanins "non hydrolysables". Les bois des chênes européens ou américains utilisés en
tonnellerie contiennent des ellagitanins que l'on retrouve dans le vin. Les ellagitanins sont antioxydants et
auraient des propriétés anti-athérogéniques, anti-thrombiques, anti-inflammatoires et anti-angiogéniques.
Les tanins condensés ou proanthocyanidines ou proanthocyanidols sont structurellement rattachés aux
flavonoïdes. Ce sont des oligomères ou polymères de 2 à 50 unités de flavanols (catéchines) ou flavanediols,
assemblés selon différents types de liaisons. Un tanin condensé est non hydrolysable mais il peut être dégradé
par l'acide chlorhydrique, à chaud, en un anthocyanidol qui lui confère son nom. C'est le cas notamment des
procyanidines, dégradées en cyanidine. Les oligo-procyanidines, ou oligo-proanthocyanidines, ou encore OPC,
des écorces de pin maritime et des pépins de raisin en sont des formes polymérisées. Leurs effets sur la santé
humaine sont largement documentés (cardioprotecteur, amélioration de la circulation sanguine, anti-
inflammatoire, etc…). Abondants dans le bois de cœur de certains feuillus (Quebracho, certains Eucalyptus et
Acacia, etc..), ils le sont également dans les écorces de résineux ou de certains feuillus (chêne. Les tanins
condensés se retrouvent aussi dans la lumière des vaisseaux [l'espace intracellulaire libre des cellules
conductrices] du bois de cœur des espèces de Quebracho où ils se déposent à la mort des cellules. Les tanins
condensés sont toxiques pour les bactéries et fongicides. Ils protègent également les plantes des insectes. Les
tanins condensés font l'objet d'utilisations industrielles anciennes pour leurs propriétés tannantes et plus
récemment pour leur bioactivité.
Les tanins complexes sont formés par une unité gallotanin ou ellagitanin liée à un flavanol (catéchine). Ces
"flavono-ellagitanins" sont partiellement hydrolysables.
.
Exemples de gallotanins et d'ellagitanins
Gallotanins Ellagitanins
acide
hexahidroxy
diphénique
Acide 1,6 digalloyl glucose Castalagine (R1 = α-OH) et Roburine (R1 = α-OH ou β-
gallique (bois de chêne) Acide ellagique Vescalagine (R1 = β-OH) OH) – chênes
chênes et châtaigniers)
Rendements à l'extraction suivant le solvant utilisé (% masse du tissu anhydre) – (Source : cf. note bas de page)
Le premier tableau ci-dessus permet de rappeler que les résultats de tout résultat d'analyse d'extractibles dépendent
étroitement du protocole utilisé. Les suivants montrent que le tissu de l'érable rouge le plus concentré en phénols
totaux, et parmi ceux-ci en tanins et plus spécifiquement en proanthocyanidines est l'écorce.
10
Mariana Royer, Robert Houde, Tatjana Stevanovic, 2010. Potentiel de développement des extractibles forestiers : Etat des
connaissances et revue des marchés. Volet 1 : les extractibles forestiers québécois. Quebec Wood Export bureau - Université de
Laval. Etude non publiée citée : Diouf et Stevanovic 2009 : Polyphenol contents and radical scavenging capacities of red Maple (Acer
rubrum) extracts.
Cette même synthèse québécoise cite une étude scandinave sur les extractibles de l'écorce d'épicéa. Elle montre
que l'écorce interne est beaucoup plus riche en stilbènes et tanins que l'écorce externe, ce qui n'est pas sans
conséquence pour des exploitations industrielles de ces molécules.
Rendements en extractibles, en % de matière sèche d'écorce d'épicéa, dans une étude scandinave11
11
Final Report-Wood Material Science and Engineering Research Programme (2007). Value-added products from barks of Nordic
wood species using bioconversion and chemical technology (WoodBiocon), Stockholm.
Les procédés papetiers font l'objet de documents de référence européens sur les meilleures techniques disponibles
(= MTD = en anglais "BAT" = Best Available Techniques), décrites dans les BREF (= "Best Available Techniques
Reference Document")12. Seuls seront résumés ici les procédés mis en œuvre dans les usines françaises.
Les procédés chimiques ont pour but de séparer les fibres de cellulose de la lignine et des hémicelluloses, au cours
d'une cuisson dans des autoclaves (lessiveurs) qui reçoivent des réactifs et de la vapeur. Les procédés mécaniques
et thermomécaniques ne font pas intervenir de réactifs chimiques et n'isolent donc pas la cellulose. Suivant les
technologies employées, la pureté de la pâte de cellulose obtenue, la nature et les quantités de coproduits générés, les
substances retrouvées dans les effluents liquides ou gazeux, sont différentes, avec autant de conséquences pour les
valorisations actuelles ou potentielles de molécules pour différents secteurs de la chimie. Avant tout traitement de
blanchiment les pâtes de cellulose sont dites écrues. On parlera par la suite de pâtes blanchies. Les usines de pâtes
sont souvent intégrées et fabriquent sur le même site du papier ou du carton.
Les deux procédés de préparation des pâtes chimiques représentés en France sont le procédé kraft à base alcaline
au sulfate et le procédé au bisulfite.
Le procédé kraft
Ce procédé chimique est, de loin, de plus répandu dans le monde. Il permet l'obtention de pâtes kraft, à très bonne
résistance mécanique pour des usages dans l'emballage ou le papier d'impression. En France, il est mis en œuvre dans
cinq usines : FIBRE EXCELLENCE SAS, à Saint-Gaudens (Haute-Garonne) et à Tarascon (Bouches-du-Rhône) ;
GASCOGNE PAPIER à Mimizan (Landes) ; INTERNATIONAL PAPER à Saillat (Haute Vienne) ; SMURFIT KAPPA à
Facture (Gironde). Il consiste à mener une hydrolyse alcaline à chaud de la matière lignocellulosique. La lignine et une
partie des hémicelluloses sont dissoutes dans la solution chimique de cuisson (liqueur blanche, devenant liqueur
noire lors de la cuisson), qui contient de la soude (NaOH) et du sulfure de sodium (Na2S). La soude a une fonction
hydrolytique. Le sulfure de sodium protège la cellulose de l'oxydation par ses propriétés réductrices et a une action
propre de délignification en formant avec la lignine des thiolignines. Ce procédé s'applique à toutes les essences de
bois mais les pâtes avant blanchiment sont plus sombres que le bois initial, la lignine formant au contact des réactifs
des groupements chromophores dont une fraction résiduelle demeure avec la pâte.
De façon simplifiée, le procédé kraft comprend les grandes étapes suivantes :
La préparation du bois. Celle-ci inclut la réception et le stockage de rondins et de produits connexes de
scieries. Les rondins sont écorcés et broyés sous forme de plaquettes de bois.
La délignification par cuisson dans un lessiveur, à 155-175°C, pendant quelques heures, selon un procédé le
plus souvent continu, après un pré-étuvage des copeaux à la vapeur. L'indice kappa (mesure de l'oxydation de
la pâte par une solution de permanganate de potassium) permet d'évaluer la teneur résiduelle en lignine de la
pâte (≈ indice kappa x 0.165). On sépare une fraction solide, la pâte de cellulose, d'un liquide : la liqueur noire,
chargée en lignines, sous forme de sulfures.
Le blanchiment de la pâte, réalisé lui-même en plusieurs étapes dans des réacteurs dédiés. Il vise à éliminer
la lignine résiduelle. La pâte est mise en présence d'un réactif qui peut être du bioxyde de chlore, de l'oxygène,
de l'ozone, ou du peroxyde d'oxygène. Le blanchiment proprement dit peut être précédé par une délignification
à l'oxygène. Les doubles liaisons –C=C- des noyaux aromatiques de la lignine sont les premières cibles des
oxydants utilisés. Le blanchiment génère des effluents et l'évolution des procédés est largement corrélée au
durcissement des contraintes environnementales imposées aux usines.
12
Téléchargeables sur le site concerné de la Commission européenne (dernières versions en anglais) et sur le site de
l'INERIS pour les versions françaises (plus anciennes).
Aperçu d'ensemble des processus d'une fabrique de pâte kraft (source : draft document BAT, 2013)
Le procédé kraft permet un recyclage très efficace des réactifs de cuisson, tout en assurant une production nette
d'énergie, par la combustion de la lignine. La liqueur noire contient de 14 à 18 % de matière sèche. Elle est concentrée
par des évaporations successives jusqu'à une teneur de de 65 à 75 % de matière sèche et devient ainsi très visqueuse
et difficile à pomper. Elle est alors brûlée dans une chaudière dont la capacité est généralement un des goulots
d'étranglement de la production de l'usine. Après une combustion des matières organiques à 1200°C, on obtient un
salin, remis en solution sous forme de liqueur verte, constituée principalement de Na2CO3 et de Na2S. Après
clarification, cette solution est traitée à la chaux, ce qui permet de reconstituer la soude qui reste en solution avec le
sulfure de sodium, alors que du carbonate de calcium précipite (Na2CO3 + CaO + H2O → 2 NaOH + CaCO3). Ce dernier
est traité dans un four pour régénérer la chaux alors que la liqueur blanche régénérée peut être réutilisée. Les résidus,
cendres et autres impuretés (les "dregs") sont éliminés du cycle.
Le procédé kraft est désormais ancien mais des optimisations technologiques restent possibles. La technologie
LignoBoost a été développée pour offrir de nouvelles valorisations à une partie de la lignine contenue dans la liqueur
noire. Elle permet d'obtenir une lignine kraft solide qui peut être granulée et utilisée comme un combustible à fort
pouvoir calorifique et faible taux de cendres (avec un premier usage possible dans le four à chaux de l'usine) ou être
valorisée par la chimie, notamment pour la production de fibres de carbone. De plus, comme les capacités de la
chaudière de combustion de la liqueur noire limitent généralement la production d'une usine kraft, le "détournement"
d'une partie de la lignine permet d'augmenter la production de pâte.
Le procédé consiste à injecter du CO2 dans la liqueur noire, afin de l'acidifier et de provoquer la précipitation de la
lignine. Celle-ci est récupérée par filtration puis pressée avant une deuxième étape de traitement acide, cette fois à
l'acide sulfurique. Les développements ont été menés par la société suédoise INNVENTIA et l'Université CHALMERS
de Göteborg. Le brevet suédois a été déposé en 2006 et il est exploité par la société d'ingénierie VALMET. INNVENTIA
poursuit les travaux sur l'amélioration du procédé et la valorisation des lignines kraft obtenues. A ce jour, LignoBoost est
valorisé par deux usines. La première est l'unité de Plymouth, en Caroline du Nord (USA) du groupe canadien
DOMTAR, qui commercialise la lignine BioChoice™. Depuis début 2015, STORA ENSO Sunila (Finlande) a produit ses
premiers lots de lignine. Dans cette usine qui fabrique annuellement 370 000 t de pâte, un investissement de 32 millions
d'euros a été réalisé, positionnant désormais cette unité comme une bioraffinerie. Elle devrait pouvoir produire 50 000 t
de lignine kraft sèche par an. Une partie sera utilisée comme combustible dans le four à chaux, en substitution de gaz
naturel, avec pour objectif de réduire les émissions de CO2 de l'usine. Une autre partie sera destinée à des marchés de
bioproduits à développer (fibres de carbone, résines, etc.).
Au procédé kraft appliqué à du bois résineux, sont associés des coproduits qui ont des valorisations importantes pour
la chimie et qui seront examinés en détail plus loin (cf. 3.4).
L'essence de papeterie (sulfate turpentine) est la version "papetière" de l'essence de térébenthine, issue de la
gemme de pin. Elle est obtenue par condensation des composés volatils des vapeurs émises lors du pré-
étuvage des copeaux de bois et de la concentration de la liqueur noire. L'essence de papeterie est composée
de terpénes.
Les savons de tall oil sont obtenus par écumage de la liqueur noire. Ils sont traités à chaud par de l'acide
sulfurique pour obtenir du tall oil brut qui contient des acides gras, des acides résiniques (colophane), des
stérols et divers autres composés.
Le procédé au bisulfite
Ce procédé permet l'obtention de cellulose plus pure. En 2010, il n'y avait que 18 unités au bisulfite en Europe, dont
13 pour la production de pâtes à papier, trois pour des valorisations dans l'industrie textile (comme la production de
viscose par l'usine autrichienne de LENZING) et deux pour la production de celluloses de spécialités : celles de
TEMBEC France, à Tartas (Landes) et celle de BORREGAARD en Norvège. On notera dès maintenant que ces deux
unités sont largement décrites comme des modèles de bioraffinerie du bois. Dans le procédé bisulfite, le traitement
chimique du bois est cette fois-ci acide, à chaud. L'agent de cuisson peut être du bisulfite de magnésium Mg(HSO3)2 (le
plus fréquemment), de sodium (NaHSO3), de calcium, Ca(HSO3)2, ou d'ammonium NH4HSO3. L'usine TEMBEC de
Tartas utilise le bisulfite d'ammonium alors que BORREGAARD a recours au bisulfite de calcium et que celle de
LENZING Autriche emploie du bisulfite de magnésium. Les deux premières usines traitent du bois de résineux (pin
maritime pour TEMBEC France, épicéa pour BORREGAARD) alors que LENZING Autriche valorise du bois de hêtre.
Comme dans les unités kraft, le procédé comprend schématiquement la préparation du bois, la cuisson, le lavage,
l’épuration, les différentes étapes de blanchiment, auxquels s'ajoutent le traitement des eaux de process et la
chaudière de récupération.
La cuisson au bisulfite d'ammonium permet de solubiliser la lignine. Sa durée est beaucoup plus longue (12 h) que
dans le procédé kraft (2 h). Les hémicelluloses sont (partiellement) dissoutes avant la lignine, en premier lieu celles de
type xylanes puis celles à base d'hexoses comme les manannes. Les lignines subissent une sulfonation qui permet leur
dissolution partielle et que l'on retrouve dans les liqueurs noires. Celles-ci peuvent être utilisées comme source
d'énergie (comme dans le procédé kraft), avec recyclage du dioxyde de soufre, mais aussi pour la production de
lignosulfonates dont les valorisations sont détaillées au § 3.3.
Quelques détails sur l'unité de TEMBEC France, à Tartas, producteur de celluloses de spécialités
Dans l'unité de TEMBEC France qui produit des celluloses de spécialité, à la cuisson acide qui permet l'obtention de
pâte écrue succède une étape de purification alcaline à haute température qui permet l'élimination d'une autre partie
des lignines qui se retrouvent cette fois dans une liqueur alcaline : elles sont concentrées à 50-60 % de matière sèche
et valorisée à part (à ce jour dans des usines kraft). Elle contient des savons de tall oil qui sont récupérés par écumage
et envoyés à un raffineur.
24 heures s'écoulent entre l'entrée du bois dans l'unité de production et la sortie de la pâte de cellulose. L'usine
fabrique une dizaine de grades différents de celluloses de spécialités, caractérisées par leur degré de polymérisation.
Celui-ci est ajusté par le contrôle des paramètres des différentes étapes, depuis le prétraitement du bois jusqu'à la
purification. Plus le procédé est brutal plus le degré de polymérisation sera bas et inversement. Une campagne de
fabrication d'un grade dure 1 à 5 jours ou plus. Le cycle complet de production permettant de fabriquer les différents
grades s'étale généralement sur 4 à 5 semaines
Le procédé de TEMBEC France est décrit de façon simplifié dans le schéma ci-dessous alors que celui de
BORREGAARD qui suit est extrait des BREF européens.
Sulfonation des lignines dans le procédé bisulfite (source : Thèse Jérôme Leroux13, 2003)
13
Jérôme Le Roux. Modification des fibres cellulosiques - Amélioration des propriétés hydrophiles des pates bisulfites. Thèse
présentée à l'Université de Bordeaux I, le 14 mars 2003.
Une cellulose de spécialité reste livrée sous forme de grosses bobines d'un produit qui a l'aspect d'un papier blanc
épais. Ses caractéristiques visuelles ne permettent guère au non-spécialiste d'apprécier la pureté ou le degré de
polymérisation. Ce produit sera broyé et remis en suspension puis transformé en différents dérivés décrits plus bas par
les clients industriels de la chimie.
Le procédé thermomécanique
Ce procédé intègre dans la pâte l'ensemble de la lignocellulose et offre donc un très bon rendement matière (> 95 %).
L'objectif n'est pas la séparation des molécules de la lignocellulose mais la valorisation directe des fibres du bois. Il est
appliqué en France par l'entreprise NORSKE SKOG sur son site de Golbey (Vosges) pour la production de papier
journal. Les matières premières sont du bois en rondins, des plaquettes de scieries mais aussi du papier recyclé. On
s'intéressera spécifiquement ici à l'usage de bois. Les rondins sont écorcés dans un tambour puis découpés en
plaquettes. Celles-ci sont lavées, étuvées à la vapeur, à 110-130°C, avant d'être injectées dans des raffineurs
pressurisés à disques dont les lames métalliques râpent le bois et séparent les fibres. Deux raffinages permettent de
réduire les éléments grossiers qui demeurent dans la pâte. Celle-ci est par la suite filtrée, épaissie et blanchie. L'action
de la température et de la pression facilitent la séparation des fibres et permettent ainsi de préserver leur longueur.
L'échauffement important de la matière dans les raffineurs entraine la production de grandes quantités de vapeur d'eau,
entrainant les molécules volatiles du bois.
Schéma du procédé de l'unité de NORSKE SKOG GOLBEY (source : thèse C. Michon, 2011)
Dans ces pâtes, la lignine n'est donc pas éliminée (ce qui explique le jaunissement à la lumière des papiers concernés).
Les coproduits associés à la production de pâte thermomécanique se retrouvent en amont (écorces, sciures) et,
potentiellement, dans les effluents aqueux et gazeux, dans lesquels on retrouve les extractibles.
3.1.2.Dérivés de la cellulose
Les volumes des marchés mondiaux de la cellulose sont décrits dans le tableau ci-dessous, élaboré par TEMBEC
France. Si le papier reste le premier usage parmi les commodités, on peut noter aussi l'importance de la viscose dont
les applications textiles connaissent un regain d'importance et de développement en Asie. Les dérivés des celluloses de
spécialités comportent principalement :
des éthers (méthyl-, hydroxyméthyl- et carboxyméthyl-cellulose) ;
des esters (acétate de cellulose et nitrocellulose) ;
de la cellulose microcristalline.
On notera que TEMBEC France (Tartas) est le leader mondial des celluloses pour la production d'éthers et de
nitrocellulose alors que le groupe TEMBEC, dans son ensemble, occupe la première place pour la cellulose
microcristalline.
La carte du monde qui suit a été produite par l'entreprise BORREGAARD : elle positionne les 13 producteurs de
celluloses de spécialités dans le monde. L'Amérique du Nord domine par le nombre de sites. BORREGAARD présente
le groupe TEMBEC comme n°2 du marché, après l'américain RAYONIER, leader marqué des acétates de cellulose.
Suivent l'américain GP BUCKEYE, le brésilien BRACELL (ex. SATERI BAHIA) et BORREGAARD, un des premiers
producteurs d'éthers.
Répartition des marchés mondiaux des celluloses de commodités et de spécialités (source : TEMBEC France)
Avant de passer en revue les celluloses de spécialités plus particulièrement produites en France, citons ici, pour
mémoire, quelques autres applications de la cellulose en dehors du papier.
La Viscose.
Traitée par une solution alcaline puis par du disulfure de carbone, la pâte dite "à dissoudre" de cellulose pour viscose
("dissolving pulp") peut être transformée en xanthate de cellulose hydrosoluble, selon le schéma de réactions suivant :
(C6H10O5)n + n NaOH → [C6H9O4-ONa]n ("cellulose alcaline")+ n CS2 → [C6H9O4-OCS2Na]n (xanthate de sodium de cellulose)
En conditions alcalines, le xanthate de cellulose peut être dépolymérisé à différents degrés, en fonction de la
température et d'autres paramètres. La cellulose est par la suite régénérée sous différentes formes, par traitement avec
un acide minéral :
Xanthate = [C6H9O4-OCS2Na]2n + n H2SO4 → cellulose = [C6H9O4-OH]2n +2n CS2 + n Na2SO4
Régénérée sous forme de fils, la fibre dite de rayonne (ou "soie artificielle") est une viscose aux applications textiles
très appréciées en Asie (Chine, Inde). La Chine en est le premier producteur. La fibranne est, pour sa part, composée
de fibres courtes de viscose, associées par torsion. Des fibres de viscose sont également utilisées dans les toiles de
renfort, tapissant l'intérieur des pneumatiques.
La cellulose Lyocell, produite par l'autrichien LENZING (à partir de bois de hêtre), est une forme particulière de
rayonne, fabriquée selon un procédé différent : la pâte de cellulose est dissoute directement par un solvant, le N-
methylmorpholine-N-oxide (NMMO). Après évaporation de l'excès d'eau, la solution visqueuse est filtrée puis forcée à
travers une filière pour produire des fibres de haute qualité pour le textile ou les non-tissés. Le solvant est par suite
®
récupéré et réutilisé. LENZING poursuit le développement de sa gamme avec d'autres produits comme le Tencel .
Moyennant d'autres conditions de régénération de la viscose, on peut produire des matériaux poreux et souples (usage
pour la fabrication d'éponges végétales, comme celles de l'entreprise française SPONTEX, ou de garnitures
périodiques) mais aussi des films de Cellophane, utilisés dans certains emballages alimentaires ou dans des
membranes de dialyse (en France, VISKASE fabrique des boyaux pour saucisses et des membranes cellulosiques).
Les cinq à sept millions de tonnes de cellulose fabriquées annuellement pour la production de viscose restent classées
dans les commodités. Après une régression, le marché de la viscose est à nouveau en croissance depuis 2010. Le
Brésil, le Canada et les USA sont de gros fournisseurs de la Chine en pâte à dissoudre mais cette dernière a imposé
récemment des mesures antidumping pour limiter ses importations.14 Les prix de pâte à dissoudre et de la viscose ont
été particulièrement volatils ces dernières années. Selon les douanes françaises, les volumes de fibre de viscose
importée sont de 25 Kt/an (code douanier : 55041000), avec un prix de 1700 à 2000 €/t, de 2013 à début 2015.
Demande mondiale de pâte pour viscose, en millions de tonnes (source : RISI, Pulp monitor, janvier 2014)
Evolution récente des prix : viscose et pâte, livrés en Chine (USD) (source : RISI, Pulp monitor, janvier 2014)
14
Pour plus de détails sur la production et les marchés globaux des pâtes à dissoudre, on consultera le rapport "Forest Products -
Annual Market Review 2013-2014" des Nations Unies. Il traite plus généralement de tous les produits issus du bois.
Les carbones cibles de la cellulose pour la production de molécules de spécialités (source : TEMBEC France)
Structure moléculaire des éthers et des esters de cellulose (source : TEMBEC France)
• Les acétates ou butyrates de cellulose. Ils sont solubles dans les solvants organiques comme l'acétone. Ils
peuvent être régénérés sous forme de fils (applications en fibres textiles haut de gamme et en filtres à cigarettes)
ou de films (comme les filtres optiques polarisants d'écrans LCD). Les acétates de cellulose sont également utilisés
dans la production de thermoplastiques pour des applications variées. Les filtres à cigarettes représentent environ
80 % des applications des acétates de cellulose. Environ 30 Kt d'acétates de cellulose seraient produits en France,
dont la majorité à partir de pâtes d'importation (TEMBEC France fabrique depuis peu des grades de cellulose pour
acétates mais avec des volumes encore restreints).
TEMBEC France a une capacité de production de 150 Kt de celluloses de spécialités par an, soit un dixième de celles
installées dans le monde. Ses productions dominantes sont les celluloses pour éthers et pour nitrocelluloses,
auxquelles s'ajoutent des quantités plus réduites de pâtes pour la fabrication de cellulose microcristalline - TEMBEC
France se décrit comme un leader mondial pour ces trois classes de produits - et, depuis récemment, d'acétates.
L'entreprise poursuit sa politique d'innovation et développe des produits de viscosité et de pureté encore plus élevées.
En Europe, la seule autre usine dédiée à ces celluloses de spécialités est celle de Sarspborg du norvégien
BORREGAARD, aux capacités de production de 160 Kt.
La France consommerait au total 40-50 Kt de pâtes de cellulose de spécialités dont la moitié d'origine française et
l'autre d'importation. Les tonnages de dérivés fabriqués représenteraient un volume de 60-70 Kt. Une part importante
de ceux-ci est exportée.
La France est finalement un important exportateur net de pâtes de celluloses de spécialités, et, dans une moindre
mesure, de leurs dérivés.
A l'échelle globale, les marchés et la production des celluloses de spécialités sont en croissance significative sur ces
dix dernières années. Le nord-américain GP BUCKEYE'S a augmenté, il y a peu, ses capacités de production de
42 Kt/an, alors que son compatriote RAYONIER annonçait en août 2015 l'annulation d'une augmentation prévue de
capacités de 190 Kt/an. Des éléments conjoncturels récents semblent expliquer cette dernière décision, parmi lesquels
une concurrence internationale accrue.
Les "niches dans la niche" des celluloses de spécialités commercialisées par BORREGAARD
(source : BORREGAARD)
Les données des douanes françaises comportent des chiffres sur les pâtes à dissoudre d'une part, sur certains de leurs
dérivés d'autre part. Ces derniers sont classés dans les matières plastiques, dans la rubrique 3912. Les tableaux ci-
dessous recensent les principales informations disponibles.
Les pâtes à dissoudre rassemblent les pâtes pour la production de dérivés de celluloses de spécialités mais aussi
celles pour les productions de viscose. Les données d'exports sur les dérivés sont confidentielles, en relation probable
avec le faible nombre d'acteurs industriels concernés.
Statistiques douanières pour les pâtes chimiques de bois à dissoudre (source : Douanes)
Libellé Code Kt M€ €/kg [calculés]
[= tarif] 2013 2014 2013 2014 2013 2014
Pâtes chimiques de 47020000 Importations 24,9 22,4 35,4 32,5 1,4 1,4
bois, à dissoudre
Exportations 111,5 110,6 140,2 127,1 1,26 1,15
Statistiques douanières pour quelques dérivés des celluloses de spécialités (source : Douanes)
Libellé Code t M€ €/kg [calculés]
[= tarif] 2013 2014 2013 2014 2013 2014
Carboxyméthylcellulose et 39123100 Importations 3 396 3 079 10,3 9,6 3 3,1
ses sels, sous formes
primaires Exportations Données confidentielles
Nitrates de cellulose, non- 39122019 Importations 7 518 7 645 21,6 21,1 2,9 2,8
plastifiés, sous formes
primaires (à l'exclusion des Exportations Données confidentielles
collodions et de la celloïdine)
Acétates de cellulose, non- 39121100 Importations 149 232 0.8 1.2 5,2 5,1
plastifiés, sous formes
primaires Exportations Données confidentielles
Conclusions en ce qui concerne les pâtes de cellulose et les celluloses de spécialités en France
La France conserve une industrie significative des pâtes de cellulose dont les actionnaires sont des acteurs
mondiaux de premier plan (cf. 4.3.2).
La plupart des unités en place demeurent actives sur leurs marchés traditionnels et les innovations en
développement concernent plutôt la création de valeur complémentaire, au travers de coproduits (cf. 5.2.2).
TEMBEC Tartas fait exception. En témoigne l’exemple de la reconversion réussie d’une unité industrielle
produisant des pâtes de cellulose de commodités vers la fabrication de celluloses de spécialités. Cette seule
usine permet à la France d'occuper une position importante à l'échelle mondiale sur ce dernier marché. La
transformation de l'usine de Tartas sera commentée dans ce document (cf. 5.2.1) : elle a impliqué une vision
stratégique à long terme de l'actionnaire canadien, une mise en œuvre tenace de celle-ci, avec des
investissements réguliers et l'activité permanente d'une équipe de recherche et développement.
Les nanomatériaux ont pour caractéristiques la très petite taille de leurs unités élémentaires, entre 1 et 100 nanomètres
(10-9 m), selon des définitions désormais normalisées. Rappelons ici que l'unité de base de la cellulose, la cellobiose
formée de deux glucoses mesure 1,025 nanomètre de long. Comme on l'a vu plus haut, la cellulose native des parois
végétales comprend des parties amorphes et cristallines, dont l'ensemble s'organise selon une hiérarchie de structures
bien définie. La part cristalline de la cellulose du bois varie entre 30 et 50 %. Des procédés spécifiques permettent de
préparer des suspensions aqueuses de nanocellulose, soit sous forme de nanofribrilles (des fibres de cellulose, à
l'échelle nanométrique, comportant les parties amorphes et cristallines), soit sous forme de nanocristaux (uniquement
composé de la fraction cristalline). Dans les deux cas, les propriétés fondamentales de la cellulose comme ses
capacités d'auto assemblage par ses groupements OH, sa légèreté et sa résistance mécanique peuvent être
valorisées, sans oublier son caractère de ressource renouvelable. A l'échelle nanométrique, la surface réactive de la
cellulose est particulièrement importante, ce qui permet à une très petite quantité de nanocellulose de modifier
profondément les propriétés d'un matériau composite. Toutes les irrégularités et les imperfections des fibres
considérées à une échelle macroscopique, voire microscopique, sont considérablement réduites en isolant des unités
plus petites, à l'échelle nanométrique. La difficulté majeure de mise en œuvre des nanoparticules de cellulose consiste
à éviter leur agrégation spontanée.
Les travaux de recherche sur les nanocelluloses se multiplient de façon exponentielle ces dernières années bien que
les productions et les usages industriels tardent à se mettre en place. Depuis 2007, une conférence annuelle sur les
nanocelluloses (Tappi International conference on nanotechnology for renewable material15) réunit les chercheurs
concernés et les industriels intéressés. L'édition 2016 se tiendra en juin, à Grenoble. Signalons également ici qu'un
réseau canadien spécialisé sur le développement des nanocelluloses, Arboranano, créé en 2009, a été très actif
jusqu'à l'échéance prévue de la fin de ses actions, en mars 2014. ,
Deux ouvrages universitaires, dont un français, constituent des références incontournables sur les nanocelluloses :
16 17
celui d'Alain Dufresne , professeur à Grenoble à l'INP-Pagora, et le livre collectif nord-américain de M. Posteck et al .
15
TAPPI est l'association nord-américaine des industries du papier (Technical Association of the Pulp and Paper Industry)
16
Nanocellulose - From Nature to High Performance Tailored Materials. Alain Dufresne, Novembre 2012. DE GRUYTER. ISBN :
978-3-11-025456-3
17
Production and Applications of Cellulose Nanomaterials. Michael T. Postek, Robert J. Moon, Alan W. Rudie, Michael A. Bilodeau,
June 2013. TAPPI PRESS. ISBN: 978-1-59510-224-9
La production de brevets déposés s'accélère également ces dernières années mais reste très concentrée autour de
quelques acteurs, parmi lesquels on notera la présence française significative du CNRS et d'ARKEMA. Les canadiens
dominent le secteur. FPInnovations est un organisme de recherche et de transfert de technologie canadien sans but
lucratif, spécialisé dans les produits de la forêt. Actif sur la nanocellulose depuis 2005, Il a pour membres les acteurs
économiques des secteurs forêt-bois-papier, ainsi que les gouvernements des provinces et de l'Etat fédéral canadien.
FPInnovations et le groupe papetier DOMTAR (dont le siège est à Montréal) sont les actionnaires de l'entreprise
CELLUFORCE, qui dispose d'une unité de production de nanocristaux de cellulose d'une capacité de 1t/jour.
Nombre de brevets déposés sur les nanocristaux de cellulose, par année de publication
(Source : Charreau et al, 201318)
18
Nanocellulose Patents Trends: A Comprehensive Review on Patents on Cellulose Nanocrystals, Microfibrillated and Bacterial
Cellulose. Hernán Charreau, María L. Foresti, Analía Vázquez, Recent Patents on Nanotechnology, 2013, 7, 56-80
Principaux dépositaires ou cessionnaires de brevets récents (1995-2011) sur les nanocristaux de cellulose
(Source : Charreau et al, 2013)
Nombre de brevets récents sur les microfibrilles de cellulose par dépositaire ou cessionnaire
(Source : Charreau et al, 2013)
Il convient à ce stade de préciser quelles sont les différentes catégories de nanocelluloses. Historiquement, un très
grand nombre de dénominations différentes ont été utilisées pour des produits similaires. La nomenclature est
désormais standardisée. On remarquera que les microfibrilles de cellulose font partie des nanocelluloses alors que ce
n'est pas le cas des celluloses microcristallines. Le préfixe "nano" étant désormais susceptible par lui-même d'effrayer
les consommateurs de certains pays, cette nomenclature n'est pas toujours respectée…
Les microfibrilles de cellulose (= MFC = cellulose microfibrils = CMF) et les nanofribrilles (cellulose nanofibrils
= CNF = NFC) sont obtenues par défibrillation mécanique, fortement consommatrice d'énergie qui peut être réalisée
dans différents types d'appareillages. Les fibres en suspension aqueuse sont réduites en particules ultra-fines, en les
soumettant à des forces élevées de friction, de cisaillement et de compression, pouvant être issues du forçage dans
des orifices très étroits. Des prétraitements enzymatiques ou chimiques (carboxyméthylation, oxydation au 2,2,6,6-
tetraméthylpipéridine-1-oxyl = TEMPO) permettent de réduire considérablement l'énergie nécessaire au procédé (d'un
facteur 100 à 1000). Ils agissent pour les premiers en réduisant la longueur des régions amorphes et, pour les suivants,
en fragilisant les liaisons hydrogènes entre fibrilles ou en ajoutant des charges répulsives à leur surface. Les
nanofibrilles ont des diamètres de 5 à 30 nm et des longueurs dépassant les 500 nm. Elles peuvent être linéaires ou
ramifiées. Les microfibrilles sont de plus grande taille (10-100 nm de diamètre, pour des longueurs pouvant atteindre 10
µm). Une certaine ambiguïté de dénomination demeure entre les deux catégories de produits, qui se caractérisent en
réalité par une distribution de fréquence plus ou moins étalée de leurs tailles de fibrilles. Micro et nanofibrilles de
cellulose doivent de préférence être valorisées sur site, dans des unités intégrées, leur transport devant être réalisé
sous forme de suspensions peu concentrées. Le contrôle de leur qualité reste indirect, principalement par la mesure de
la viscosité de leurs suspensions et l'examen des fibrilles en microscopie électronique. D'importants travaux de R&D
restent nécessaires pour mieux caractériser les produits.
La préparation de nanocristaux de cellulose (cellulose nanocristals = CNC = NCC = whiskers = trichites) se fait
par hydrolyse contrôlée de pâte de cellulose, blanchie et mise en suspension. Les parties amorphes sont dissoutes et
éliminées par un acide fort (acide sulfurique). De grandes quantités d'acide sont nécessaires et un important traitement
des effluents est associé à la production industrielle.
Les nanocristaux de cellulose ont des formes de bâtonnets d'une longueur variable (de l'ordre de 50-500 nm) et d'un
diamètre de 3 à 10 nm (une plage de diamètres plus élevée, de 5 à 70 nm, est évoquée dans des présentations
INTECHFIBRES CTP/FCBA). Un intérêt majeur des nanocristaux de cellulose est leur capacité à former des réseaux
entre eux, à de très faibles concentrations (dès 1 %), notamment quand ils sont intégrés à des composites. Ils peuvent
ainsi intervenir comme agent de renfort de matériaux à matrice polymère. Les nanocristaux de cellulose peuvent être
commercialisés sous forme de suspensions aqueuses diluées, avec les mêmes inconvénients que pour les
microfibrilles. Des procédés de séchage permettant une re-dispersion ultérieure dans l'eau ont toutefois été
19
développés, avec l'addition de sel aux suspensions (brevets canadiens de FPInnovations , valorisés par l'entreprise
CELLUFORCE).
L'intérêt des nanocelluloses est déterminé par les propriétés suivantes qui ne sont pas similaires chez les nanocristaux
et les micro- ou nanofibrilles :
Mécaniques, des fortes résistances et stabilité dimensionnelle, pour un produit "léger", de faible densité. Le
module de Young de la nanocellulose (130-150 GPa) est le double de celui de la fibre de verre et le module
spécifique (tenant compte de la densité) est analogue à celui du Kevlar.
Rhéologiques (des suspensions). Des gels se forment à très faible concentration (2 %), en raison de la surface
spécifique de la cellulose à l'échelle nanométrique et de la densité de ses groupements hydroxyles. Les
nanofibrilles peuvent être ainsi utilisées pour former des hydrogels et des aérogels très stables. Ce sont
également des stabilisateurs d'émulsions par leurs capacités à s’auto-assembler aux interfaces entre liquides,.
Barrières aux gaz (air, oxygène, …) et à l'eau dans les films ou les nanocomposites les intégrant. La faible
perméabilité naturelle de la cellulose est renforcée à l'échelle nanométrique par la capacité des chaînes à
former un réseau dense.
Optiques. Des films purs issus de suspension de micro et de nanofibrilles peuvent être très transparents (ou
plus opaques) selon les conditions de préparation. Des nanocomposites transparents peuvent être obtenus
avec différentes résines. Les nanocristaux, pour leur part, présentent des comportements de cristaux liquides.
Ils forment des suspensions biréfringentes et des films iridescents (la longueur d’onde de la lumière réfléchie
change avec l’angle d’observation).
Piézoélectriques, des nanocristaux de cellulose.
Issues de matières premières disponibles en abondance, résistantes aux UV, biocompatibles, très peu
20
toxiques, non allergéniques .
Les nanocelluloses ne sont en revanche, stables à la chaleur qu'en dessous de de 200°C.
Les deux cartes qui suivent recensent la majorité des pilotes de production de nanocelluloses dans le monde. Les
unités concernées peuvent être de très petites capacités, ce qui n'exclut pas une activité commerciale pour servir des
laboratoires ou des expérimentations d'industriels. On constate que les pays scandinaves et le Japon sont plutôt
concentrés sur les microfibrilles de cellulose (avec plusieurs unités précommerciales), alors que l'Amérique du Nord
s'intéresse en priorité (mais non exclusivement) aux nanocristaux. Seule l'entreprise canadienne CELLUFORCE a
atteint l'échelle du démonstrateur industriel (1t/j) des nanocristaux de cellulose.
19
Brevets CA2745479, US8758496, EP2370618, etc…
20
Selon des travaux canadiens, les NCC auraient une toxicité aiguë très faible sur la faune aquatique, du même ordre de grandeur
que celle du sel de cuisine. Aucune toxicité à court terme (inhalation, ingestion, cutanée) n'a été mise en évidence sur les
mammifères mais les effets à long terme restent en cours d'étude (source : FPInnovations/IRDA, 2013). Une analyse hollandaise de
2013 rappelle qu'en Europe, le projet NANoREG est en cours (2013-2017) pour définir des méthodes spécifiques d'évaluation des
effets à long terme des nanoparticules – y compris les nanocelluloses - pouvant être utilisées dans le cadre du règlement REACH.
Parmi les différents acteurs cités sur ces cartes et dans différentes présentations à des colloques, seuls certains
affichent explicitement leurs activités de production de nanocelluloses. Plusieurs projets de pilotes, annoncés
formellement dans des communiqués de presse, ne sont par la suite plus évoqués par les organisations concernées et
la réalité de leur fonctionnement est sujette à caution. La liste présentée ci-dessous ne prétend donc pas être
exhaustive.
démarrer ses fabrications fin 2016. Booregaard a engagé des travaux de recherche sur les MFC depuis 2005 puis
développé des travaux à l'échelle pilote. Le produit commercial sera vendu sous la marque EXILVA.
DAICEL, Japon. Nanocelish®
ENGINEERED FIBERS TECHNOLOGY, LLC (USA) produit une gamme de microfibrilles, de 50 à 500 nm de
diamètre (on remarquera que cette dernière valeur s'écarte largement de la limite définie par la nomenclature
standardisée).
KRUGER (Canada) dispose depuis juin 2014 d'un pilote d'une capacité de 5 t/j de "filaments de cellulose", dont les
dimensions sont supérieures à celles des microfibrilles. Il valorise actuellement ses fabrications dans ses propres
produits.
OJI PAPER, Japon.
NIPPON PAPER (Japon), a lancé une unité pré-commerciale en octobre 2013, sur son site d'Iwakuni. Elle a une
capacité annuelle de plus de 30 tonnes. Le produit sera vendu sous la marque Cellenpia™.
UPM (Finlande) commercialise sous la marque Biofibrils™ des microfibrilles de cellulose ainsi qu'un hydrogel
GrowDex® à base de nanofibrilles de cellulose pour des usages biopharmaceutiques (culture de cellules).
L'UNIVERSITE DU MAINE (USA) fournit, à partir de son pilote, des échantillons de nanofibrilles de cellulose, en
suspension aqueuse à 2.8 %. Elle commercialise en outre les nanocristaux du FOREST PRODUCT
LABORATORY.
RETTENMAIER JRS (Allemagne), commercialise des celluloses microcristallines. Il est cité comme travaillant sur
les nanofibrilles.
STORA ENSO (Finlande) produit des microfibrilles de cellulose, depuis fin 2011, à une échelle pilote dans son
unité d'Imatra Bruk. Il en décrit les avantages pour améliorer les performances des emballages comme les briques
de lait.
Il convient de souligner ici l'activité importante de recherche et développement du "FINNISH CENTRE FOR
NANOCELLULOSIC TECHNOLOGIES", créé en 2008. Il associe, à parts égales, le VTT (Centre national de recherche
technique de Finlande), le groupe industriel papetier UPM et l'Université d'Aalto. Ses financements sont publics et
privés. Son ambition est de développer des procédés industriels de production de nanocelluloses et d'en explorer les
applications. Une équipe de 40 personnes est mobilisée.
En France, INTECHFIBRES (plateforme technologique commune du CENTRE TECHNIQUE DU PAPIER et du FCBA),
dispose, à Grenoble, de deux pilotes de production de microfibrilles de cellulose qui peuvent fabriquer des lots de 30 à
70 kg. Le Laboratoire Génie des Procédés Papetiers (LGP2, à Grenoble) dispose, pour sa part, d'un petit pilote de
production de MFC.
Achevé en 2012, le projet européen SUNPAP (Scale-Up Nano Particles in Modern Papermaking), coordonnée par le
VTT finlandais avait investigué le potentiel pour l'Europe des micro et nanofibrilles de cellulose. Les consultants de
l'entreprise PÖYRY y avaient mené l'analyse des besoins du marché et examiné les étapes que doivent franchir les
développements à venir. Les nanocelluloses s'inscrivent dans l'ensemble des nanoproduits issus des nanotechnologies
qui ont fait l'objet d'investissements publics considérables et de beaucoup d'annonces, parfois trop précoces.
Une vision du développement des nanocelluloses par étapes successives des recherches sur la cellulose
(source : PÖYRY, 2012)
PÖYRY rappelle le concept bien connu de "vallée de la mort", dans le cycle de vie d'un produit que doivent franchir les
nanocellulose. Prenant l'analogie avec les concepts d'intelligence artificielle, promus dès les années 1980 mais
valorisés bien plus tard, sans qu'il en soit fait état dans les produits concernés. PÖYRY s'interroge si le réel essor des
nanocelluloses ne se fera pas dans la discrétion, leur intégration à de nombreux produits pouvant être très progressive.
Un rappel par PÖYRY du concept de vallée de la mort dans le cycle de vie d'un produit. Où en sont aujourd'hui
les nanocelluloses ? (Source : PÖYRY / SUNPAP, 2012)
Une analyse prospective scandinave de 2014 fait un point précis sur les efforts menés et le potentiel des
nanocelluloses en Finlande, Suède et Norvège.
La diversité décrite des applications potentielles, explorées par les chercheurs, est particulièrement importante. Nous
en présentons ici un résumé simplifié :
Applications potentielles des nanocelluloses
Secteur Propriétés valorisées Applications Cibles particulières
Matériaux Mécaniques (rapport Agent de renfort dans des matériaux Automobile, aérospatiale.
composites résistance /poids). Stabilité. rigides. Mousses d'aérogels. Additif du
Isolation dans la construction
Résistance à l'eau. Capacité à ciment.
(mousse d'aérogels).
former des aérogels.
Protection balistique (gilets
Transparence (iridescence des
pare-balles).
nanocristaux).
Films composites. Matériaux intelligents.
Emballages Effet barrière au gaz et à l'eau, Matière première de films ayant une
aux corps gras. fonction de barrière dans des
emballages composites.
Propriétés piézoélectriques
des nanocristaux. Emballage intelligents à surfaces
actives (capteurs).
Papier - carton Mécaniques. Barrière. Additif de renforcement mécanique Papier pour des usages de
(réduction possible du grammage). spécialités (sécurité).
Amélioration de la résistance à
l'abrasion. Amélioration de la rugosité
de la surface, de la rétention des
charges et des pigments. Produits
Irridescence des nanocristaux. d'hygiène super-absorbants.
Peintures et vernis Mécaniques, résistance aux Produits plus durables, résistants aux
UV, rhéologiques. rayures et aux UV.
Encres et pigments Biréfringence des NCC. Encres biréfringentes pour
impressions spéciales (de
sécurité) NCC
Filtration Filtres et membranes pour la Désalinisation de l’eau de mer.
purification de l'air et de l'eau.
Filtration des cellules sanguines
lors des transfusions. Piégeage
de substances dangereuses
dans les cigarettes
Cosmétique Rhéologiques Stabilisateur d'émulsions.
Alimentaire Rhéologiques (+ basse Texturant (épaississant), stabilisateur Aliments basse calorie.
calorie) de suspensions, support d'arômes.
Biomédical Squelette de bio-tissus en culture
cellulaire, composant d'implants, de
substituts de vaisseaux sanguins et de
tissus souples, réparation et
cicatrisation des tissus de la peau, du
cartilage et des os, matériaux
antimicrobiens
Pharmaceutique Rhéologiques Modification des cinétiques de
relargage de molécules actives.
Exploitation pétrolière Additifs de fluides et de boues de
forage
Electronique grand Résistance. Densité. Films d'écrans souples. Circuits
public transparence flexibles. Membranes acoustiques haut
de gamme.
Energie Films séparateurs de composants de
batteries, Panneaux solaires flexibles.
D'importants travaux de recherche sont encore nécessaires pour développer plusieurs de ces applications. Ainsi,
l'intégration de nanocristaux à des polymères extrudés de type polyéthylène est complexe. Le mélange d'une matrice
non polaire avec un produit qui l'est fortement est difficile. La résistance à la chaleur de la nanocellulose doit être
améliorée. Des traitements chimiques peuvent permettre de corriger ces inconvénients mais parfois aux dépens de
l'amélioration attendue des propriétés mécaniques.
21
Un rapport d'août 2014, du ministère de l'agriculture des USA (USDA), est venu conclure un atelier spécifique sur les
perspectives des nanomatériaux cellulosiques. Il s'inquiète du risque que les Etats-Unis ne puissent saisir l'opportunité
de se positionner comme le futur leader mondial des nanomatériaux cellulosiques. Il constate que la recherche et le
développement dans ce secteur reçoivent moins de soutiens publics (20 M$ US, de 2009 à 2014) que dans d'autres
pays (660 M$ US au total) qui débouchent sur des partenariats publics-privés actifs [le Canada, les pays scandinaves
et le Japon sont évoqués implicitement]. Des barrières à la commercialisation ont été identifiées : elles incluent
l'insuffisance de collaboration entre producteurs et utilisateurs potentiels mais aussi de coordination des efforts entre
pouvoirs publics, industrie et chercheurs, le manque de standardisation, le besoin d'informations plus complètes sur la
sécurité des produits, les obstacles techniques à la maîtrise de la dispersion et du séchage des matériaux
nanocellulosiques. Selon le rapport, ces derniers pourraient créer des centaines de milliers d'emplois aux USA…. Si la
diversité des usages potentiels est grande, aucune application particulière n'ouvre la voie au développement
industriel des nanocelluloses et la demande reste inexistante. La structure des coûts de production est encore
mal définie et les performances des produits sont encore insuffisamment connues dans des conditions
"réelles" d'usages à grande échelle.
Les prix recensés lors de cet atelier, étaient de 4-40 $ US/kg pour des nanofibrilles de cellulose (capacité de production
mondiale estimée alors à 7.5 t/an) et de 2 à 15 $US/kg pour les nanocristaux (capacité de production mondiale de 30
t/an). Des prix plus récents de nanocristaux canadiens de 25 €/kg (équivalent sec) ont été recensés mais restent peu
cohérents avec ceux de 1000 $/kg du site de Blue Goose Biorefinery. Une analyse hollandaise de 201322 concluait à
des prix s'étalant entre 50 et 1000 €/kg mais appelés à descendre à 3-5 €/kg quand la production industrielle sera en
place.
21
The cellulose Nanomaterials— A Path Towards Commercialization - Workshop Report – 2014
22
Bulota et al, 2013. Breakthrough technologies - More with less. Kenniscentrum Papier en Karton.
Forces Faiblesses
- Equipes universitaires de haut niveau et fortes - La France n'affiche pas d'ambition ni de stratégie pour
compétences technologiques reconnues (Grenoble, devenir un acteur majeur de la production industrielle des
Nantes, Bordeaux, etc.). nanocelluloses.
- Des travaux de recherche actifs sur la production - La connexion recherche-industrie reste insuffisante.
(laboratoire et pilote) et la valorisation des nanocelluloses. - Les travaux de R&D des papetiers présents en France
- Présence de plusieurs grands groupes papetiers en sont majoritairement menés dans les pays des maisons-
France. mères (Scandinavie, Amérique du Nord…).
- Certains des secteurs clients potentiels ont des leaders
mondiaux français, avec une R&D active (matériaux,
cosmétique, pharmacie, alimentaire…).
Opportunités Menaces
- Vaste ensemble d'applications potentielles. - Encore beaucoup d'incertitudes sur le délai de
- Le développement industriel est encore ouvert. développement des marchés sur les applications les plus
prometteuses.
- Leadership industriel canadien sur les nanocristaux et
scandinave + japonais sur les microfibrilles.
- Volonté des USA de ne pas se laisser distancer.
- Des clusters recherche-industrie déjà établis hors de
France.
- Un consommateur français désormais craintif vis-à-vis
de tous les nanoproduits.
Rappelons que ces molécules sont facilement solubles dans l'eau (en conditions légèrement acides ou alcalines) et
qu'elles ont des compositions en sucres différentes, selon qu'elles proviennent des feuillus (abondance des C5) ou des
résineux (dominance des C6) mais qu'elles renferment très généralement plusieurs espèces d'oses. Les hémicelluloses
de feuillus sont plus largement acétylées que celles des résineux.
Les hémicelluloses sont des sources potentielles privilégiées de sucres particuliers, comme le xylose (à partir de bois
de feuillus), le mannose (résineux), le galactose (résineux), etc…
Les hémicelluloses sont également présentes en quantités importantes dans différents produits et résidus agricoles
(pailles, enveloppes des grains de céréales et grains eux-mêmes, autres coproduits fibreux, bagasse de canne à sucre,
etc.). Les sons de blés renferment ainsi 20 à 45 % d'hémicelluloses [en % de matière sèche] et plus de 60 % quand ils
sont désamidonnés ; ces hémicelluloses sont principalement des arabinoxylanes et des β-glucanes qui ont des
propriétés épaississantes et gélifiantes. Les pailles de blé contiennent 28 à 35 % d'hémicelluloses, riches en glucose et
en xylose.
Dans une usine papetière mettant en œuvre le procédé kraft, les hémicelluloses peuvent potentiellement être extraites
à différentes étapes :
En prétraitement des plaquettes de bois, avant la cuisson ("Value prior to pulping" = VPP), par traitement
alcalin, extraction à l'eau chaude sous pression ou/et préhydrolyse à l'acide dilué.
Par extraction alcaline de la pâte blanchie,
Par traitement enzymatique de la pâte blanchie (avec des hémicellulases, largement disponibles dans les
gammes d'enzymes industrielles),
Le choix de la technologie dépend du degré de pureté des hémicelluloses que l'on veut obtenir. L'extraction de ces
dernières, même partielle, modifie les flux de matières dans l'usine, l'efficacité des procédés ultérieurs (délignifcation,
blanchiment) et la qualité des fibres obtenues (la présence des hémicelluloses contribue à certaines qualités des pâtes
et des papiers qui en sont issus). L'extraction des hémicelluloses ne se résume donc pas à l'ajout d'une étape et à
l'obtention d'un produit supplémentaire dans une usine de pâte mais bien à une modification d'ensemble d'un procédé
industriel dont il faut ajuster une grande part des optimisations.
DUPONT DANISCO met en œuvre un procédé de valorisation des sucres des hémicelluloses des liqueurs du procédé
bisulfite de son partenaire autrichien LENZING, fabricant de viscose. On notera que l'usine produit également de l'acide
acétique et du furfural, à partir des condensats des vapeurs émises lors de la concentration de la liqueur.
BORREGAARD, pour sa part, valorise les sucres de ses liqueurs noires pour la production de bioéthanol (cf. § 3.1 .1).
Cela est également le cas (ou l'a été) dans d'autres pays, pour plusieurs usines mettant en œuvre le procédé bisulfite
sur du bois de résineux. L'usine de Tartas n'a, en revanche, jamais produit de bioéthanol.
Seront décrits aux § 5.1.2 et 5.3 les projets de pilotes ou de démonstrateurs français visant à l'extraction
d'hémicelluloses ou de leurs sucres (BIOMETHODES, CIMV, FIBRE EXCELLENCE).
Parmi les composants des hémicelluloses, le xylose retient particulièrement l'attention car son marché est aujourd'hui
largement déficitaire, avec, en conséquence, des prix élevés, de l'ordre de 1800 à 2300 €/tonne pour un produit
cristallisé (qualité alimentaire ou pharmaceutique), en dépit d'une très large disponibilité de cette molécule dans la
biomasse végétale. Un sirop de xylose à 70 % se valoriserait environ 150-200 €/t, une information qui doit être précisée
(qualité ? autres composants du sirop ? procédés de purification nécessaires ?).
Une production massive de xylose pourrait faire baisser de tels prix mais l'évolution des futurs équilibres offre-demande
reste difficile à appréhender. A titre de comparaison, le prix du glucose technique en France (d'origine agricole, en
sirop, à 75 % de matière sèche et avec peu d'impuretés) a évolué récemment dans la plage de 330 à 380 €/t.
A ce jour, les hémicelluloses valorisées à grande échelle pour la production de xylose et de ses dérivés sont
principalement les rafles de maïs et la bagasse de canne à sucre, la Chine étant le principal acteur. Les différents
23
projets visant à valoriser dans d'autres pays et à grande échelle les hémicelluloses de bagasse de canne à sucre sont
à suivre avec attention, ainsi que tous ceux ayant pour matière première le bois. En 2014, le groupe papetier finlandais
STORA ENSO a acheté l'entreprise de biotechnologie nord-américaine VIRDIA, spécialiste de la production d'oses à
partir de biomasse lignocellulosique. Un démonstrateur est en cours de construction en Louisiane pour produire des
sucres, et plus particulièrement du xylose, à partir de bagasse. STORA ENSO souhaite dans l'avenir pouvoir valoriser
de telles technologies dans ses unités de production de pâtes cellulosiques.
Le xylose a des propriétés de polyol qui sont valorisée dans des applications cosmétiques comme celle des hydratants.
SEPPIC utilise du xylose issu de bois dans son produit AQUAXYL, pouvant ainsi mettre en valeur l'origine biosourcé
mais non agricole du produit ("sans concurrence avec l'alimentaire").
Par hydrogénation catalytique, le xylose peut être transformé en xylitol, utilisé comme additif alimentaire (E967) pour
ses propriétés d'édulcorant générant une sensation de fraicheur, comme humectant, stabilisant, émulsifiant et
épaississant. Le xylitol est également valorisé par les industries pharmaceutiques et dans les dentifrices (édulcorant
non cariogène) ainsi que par le secteur de la cosmétique (humectant).
Le xylitol est produit à ce jour principalement à partir de xylose d'hémicelluloses de rafles de maïs mais aussi d'écorces
de bouleau et de liqueur noire. Le marché mondial 2013 était estimé à 670 millions US$ et à 161.5 Kt (étude 2014,
Industry Experts) dont 80 % destinés à l'industrie du chewing-gum et des confiseries. Le xylitol serait ainsi valorisé à
4150 $/t. Une croissance du marché de 6 % par an est attendue d'ici à 2020, les deux tiers des volumes restant
absorbés pour la production de chewing-gum. Le xylitol peut être concurrencé dans ses applications d'édulcorant par
différentes molécules et par les extraits de Stevia (stevioside) dont la culture se développe fortement, en réponse à une
demande mondiale croissante.
A l'échelle globale, les grands acteurs de production du xylitol sont chinois ou nord-américains. DUPONT DANISCO
produit du xylose puis du xylitol (Xyvia™) à partir des liqueurs noires de l'usine autrichienne de LENZING et de son
unité finlandaise de Kotka. En France, l'amidonnier ROQUETTE commercialise du xylitol issu d'écorce de bouleau.
Le xylose peut être également déshydraté en furfural. La production mondiale de cette molécule serait de l'ordre de
300 Kt (2013), pour les trois quarts localisée en Chine, et serait concentrée par quelques fabricants. La matière
première dominante reste la rafle de maïs. Une étude récente de Grand View Research prévoit une croissance
régulière du marché qui devrait atteindre 650 Kt en 2020 et une valeur de 1.2 milliards US$. Le furfural a de nombreux
dérivés (alcool furfurylique, tétrahydrofurane, etc.), ce qui en fait une molécule plateforme biosourcée attractive pour la
production de solvants ou de résines. Son prix a varié entre 600 et 1800 US$/t ces vingt dernières années. L'entreprise
belge TRANSFURAN CHEMICALS est un producteur européen de furfural, à partir de résidus agricoles.
Xylitol Furfural
Présents en proportions pouvant être importantes dans les hémicelluloses de résineux, le galactose et le mannose
sont deux autres sucres dits "rares", dans la mesure où ils ne font pas l'objet de production de masse. Ils sont valorisés
23
La matière sèche de la bagasse comporte 25 à 35 % d'hémicelluloses, composées elles-mêmes de 50 à 90 % de xylose sous
forme d'hétéroxylanes.
en nutraceutique et en pharmacie, le mannose ayant également des applications cosmétiques. L'origine végétale du
galactose d'hémicelluloses peut être mise en avant. Des acteurs comme DUPONT DANISCO les proposent au marché.
Les oligomères issus des hémicelluloses sont des oligosaccharides et peuvent avoir des propriétés prébiotiques
valorisables par le secteur pharmaceutique. Les applications sont le plus souvent encore au stade de la recherche pour
ceux issus du bois. De tels oligomères peuvent être également utilisés comme composant hydrophile de tensio-actifs.
Signalons que le groupe suisse LONZA fabrique des extraits de mélèze nord-américain riches en arabinogalactanes
(LAG = larch arabinogalactan) pour des applications diverses (fibre prébiotique, stimulant du système immunitaire,
ingrédient d'aliments pour animaux, texturant de préparation cosmétique).
Comme cela a été signalé plus haut, les lignines à l'état natif restent inaccessibles aux procédés de valorisation mais
aussi, aux techniques analytiques. Une lignine purifiée est toujours modifiée par le traitement qu'a subi la lignocellulose
lors de son fractionnement. Celui-ci entraine systématiquement une dépolymérisation plus ou moins avancée (mais
parfois aussi certaines condensations) ou ne donne accès qu'à la fraction la plus soluble.
Le plus souvent, la lignine reste valorisée comme source d'énergie et est brulée, tant dans les unités de production de
pâte de cellulose que dans certains des procédés en développement de fabrication de biocarburants lignocellulosiques.
C'est la fraction pariétale du bois la moins oxygénée et qui présente le meilleur pouvoir calorifique, ce qui contribue à
justifier de telles pratiques. Le choix pour un industriel de l'usage à privilégier de la lignine dépend étroitement des prix
de références de l'énergie qu'il considère. Une valorisation pour la chimie doit être plus attractive que comme
combustible.
Si de nombreux projets de recherche s'intéressent aux valorisations des lignines comme molécules, les versions
suffisamment purifiées de celles-ci ne sont encore disponibles qu'en quantités très limitées (quelques milliers de
tonnes), ce qui interdit le développement d'applications de masse, hormis en ce qui concerne les lignosulfonates, issus
du procédé bisulfite. A l'échelle mondiale, on peut estimer que moins de 2 % de la lignine générée dans les procédés
papetiers (50 millions de tonnes, associés aux 130 Mt de pâtes chimiques) connait une valorisation autre
qu'énergétique et ceci presqu'exclusivement sous forme de lignosulfonates. On s'intéressera donc en premier à ceux-ci.
Les lignosulfonates issus du procédé bisulfite (comme celui de TEMBEC France) sont solubles dans l'eau et
présentent généralement des masses moléculaires de 5 à 20 000. Ils contiennent 3 à 8 % de soufre, sous forme de
groupements sulfonates (-SO3). Ils forment des sels avec différents cations (NH4+ pour TEMBEC France, mais aussi
Ca++, K+, Na+ dans d'autres usines). Leurs propriétés sont celles de dispersants, de fluidifiants, de liants et de chélatants
d'ions métalliques. Les applications sont nombreuses et concernent des secteurs d'activité très variés. On retrouve des
lignosulfonates aussi bien comme retardateurs de prise des ciments que comme liants dans des aliments du bétail ou
dans les engrais, etc. Ils sont commercialisés sous forme liquide, à 50 % de matière sèche, ou en poudre. A ce jour et à
l'échelle globale, les lignosulfonates constituent de très loin le premier marché des lignines commerciales. Le marché
mondial serait d'environ 1.1 millions de tonnes en équivalent poudre, selon BORREGAARD qui commercialise ses
propres produits mais aussi ceux d'autres producteurs. Le prix international de marché des lignosulfonates se situerait
entre 200 et 100 USD/t si l'on prend en compte aussi bien les produits liquides que les poudres. TEMBEC produit
50 000 t de lignosulfonates sur son site de Tartas.
BORREGAARD communique largement sur les lignosulfonates qui représentent une de ses importantes activités
commerciales. En outre, le norvégien produit de la vanilline à partir de lignosulfonates. Il a signé, en juin 2015, avec
l'américain RAYONIER un accord pour développer en commun sur 5 ans, à partir de 2017, une production de
lignosulfonates, pouvant atteindre 150 Kt (en base sèche), à destination des marchés nord et sud-américains. Ce sera
24
Le procédé Organosolv, dont il sera question au § 5.2.1, est un procédé papetier mettant en œuvre des solvants organiques pour
solubiliser les lignines et les hémicelluloses. Il n'est pas mis en œuvre à l'échelle industrielle en France.
une augmentation significative de la production mondiale. La fabrication sera réalisée en Floride, sur le site de
Fernandina Beach de Rayonier Advanced Materials qui valorise du bois de résineux. Un investissement de 110 M $ US
est prévu.
La vision de BORREGAARD du marché global des lignosulfonates en 2013 "un marché limité par l'offre" – La
part de marché évoquée correspond aux produits commercialisés par l'entreprise, bien au-delà de ceux qu'il produit sur
son site (source : BORREGAARD)
Les applications et les substituts des lignosulfonates selon BOOREGAARD (source : BOOREGAARD)
Lignines kraft
Les lignines kraft sont composées de thiolignines (aux groupements thiol C-S-H) et sont donc riches en soufre. Elles
sont hydrophobes et ne peuvent être solubilisées qu'en conditions alcalines ou dans des solvants organiques fortement
polaires. Leur poids moléculaire est généralement de 1000 à 3000 (bien inférieur à celui des lignosulfonates du procédé
bisulfite). Elles ne sont pas identiques selon qu'elles proviennent de bois de résineux ou de feuillus, ce qui peut
compliquer le développement d'applications de masse mais pourrait constituer un critère de différenciation de la
production d'une unité industrielle donnée.
Depuis la fin des années 1940, un papetier nord-américain, MEADWESTVACO (devenu depuis peu WESTROCK, par
fusion avec un confrère), extrait une part des lignines de ses liqueurs noires (40 Kt) et les valorise sur des marchés
spécifiques, à forte valeur ajoutée (dispersants de pigments pour l'industrie textile, de molécules phytosanitaires ou de
fertilisants). Plusieurs de ses produits ont subi une sulfonation mais le contrôle précis du degré de celle-ci les distingue
des lignosulfonates des procédés bisulfite.
Le procédé Lignoboost, déjà évoqué, permet de récupérer, en élevant le pH, une part de la lignine des liqueurs noires
d'usines Kraft (par exemple 10 %). Il n'est pas mis en œuvre en France car il implique des investissements industriels,
face à des marchés encore incertains, qui ne peuvent être justifiés que dans les usines où la chaudière de combustion
de la liqueur noire est limitante. La lignine Lignoboost reste à ce jour majoritairement granulée pour être brulée dans le
four à chaux du même site industriel (avec une valeur de marché qui ne dépasse pas 250-300 €/t). A ce jour, seuls
deux sites industriels dans le monde mettent en œuvre le procédé Lignoboost (DOMTAR dans son usine de Plymouth
de Caroline du Nord, aux USA, avec la lignine BioChoice™ et une capacité de 20 Kt, et, plus récemment, STORA
ENSO dans son usine finlandaise de Sunila, avec un potentiel de 50 Kt). Le marché de ces lignines pour la chimie reste
tout à fait embryonnaire.
pendant 1 à 20 minutes, à 180-230°C et à des pressions élevées (200-500 psi = 13-35 bars), avant une détente brutale.
Un lavage alcalin ou avec des solvants organiques permet de récupérer la majorité des lignines (90 %), en particulier
pour le bois de feuillus. La fraction obtenue a un poids moléculaire plus faible que la lignine kraft et une meilleure
solubilité dans les solvants organiques.
Seront décrits au 5.3, les procédés de CIMV et de BIOMETHODES ayant fait l'objet de pilotes et pour lesquels des
démonstrateurs sont prévus en France. A noter que TEMBEC France explore les possibilités de valorisation autres
qu'énergétiques pour ses lignines alcalines.
Les applications potentielles des lignines valorisent ses propriétés polyélectrolytes et sa structure polyaromatique. Dans
plusieurs cas, la maîtrise de la masse moléculaire est essentielle. Des oxydations et des fonctionnalisations spécifiques
peuvent être nécessaires, ce qui implique d'importants travaux de chimie catalytique. Deux stratégies de base de
valorisation sont à considérer :
La fonctionnalisation sélective du polymère pour améliorer sa compatibilité et ses performances dans des
composites et des copolymères.
La production de monomères polyfonctionnels pouvant être utilisés comme des molécules plateformes.
Dans les valorisations de la lignine comme composant de résines phénoliques et de précurseur de molécules
aromatiques, le prix de référence à considérer est celui du phénol. Le prix spot européen de ce dernier a évolué depuis
2008 dans la plage 550 €/t (début 2009) à 1500 €/t (mi 2008), avec des valeurs plus récentes de 800 à 1300 €/t (2014
et début 2015). Pour des applications de totale substitution, une lignine suffisamment purifiée et "prête à l'emploi" peut
être attractive à un prix proche de celui du phénol, dans la mesure où son usage n'implique pas d'investissements plus
coûteux. Pour des substitutions partielles comme dans des résines, elle doit être à un prix inférieur à celui du phénol, de
façon à pouvoir justifier les installations de stockage et de mélanges supplémentaires nécessaires. A ce prix d'intérêt
peut s'ajouter un bonus que paieraient certaines applications pouvant valoriser l'origine biosourcée.
Historiquement, la colophane et l'essence de térébenthine était récoltée uniquement sous forme de résine, par
gemmage des pins. En France l'activité s'est poursuivie dans les Landes de Gascogne jusque dans les années 1970
puis a disparu, en raison de ses coûts de main d'œuvre et de la dureté du travail du gemmeur. Le gemmage est une
activité très importante en Chine quoiqu'en régression mais aussi en Indonésie. Seule la production brésilienne poursuit
son essor. En Europe, des activités de gemmage se maintiennent en Espagne et au Portugal mais sont menacées.
Les dérivés terpéniques produits en France proviennent des industries papetières. Nous examinerons donc ici
également la valorisation d'autres molécules très différentes présentes dans le tall oil. Des dérivés terpéniques issus
d'importation sont également raffinés en France. Ils comprennent des produits issus du gemmage de pins dans les
pays évoqués en début de paragraphe.
L'essence de papeterie (= sulfate de térébenthine = crude sulfate turpentine = CST) est obtenue par condensation des
composés volatils des vapeurs émises lors du pré-étuvage des copeaux de bois. Elle est à distinguer de celle de
térébenthine (essence de gemme = gum turpentine = GT), issue du gemmage.
On obtient 4 à 7 kg de sulfate de térébenthine par tonne de pâte kraft produite. La production des usines françaises de
pâte peut être estimée autour de 4.5 Kt.
Le français DRT est, de loin, le leader mondial de la transformation de l'essence de papeterie et traite 47 Kt par an,
avec un projet d'usine de fractionnement aux USA qui libèrera des capacités pour traiter plus d'essence d'Europe de
l'Est et de Russie en France. Le deuxième acteur est américain : RENESSENZ et fournit essentiellement le secteur de
la parfumerie. IFF (International Flavours and Fragrances) et ARIZONA CHEMICALS sont les deux autres industriels
fractionnant l'essence de papeterie.
L'Europe du Sud ne produit que 4 à 7 Kt et DRT s'approvisionne aussi en Scandinavie, en Europe de l'Est mais aussi
aux USA. DRT ne traite presque plus d'essence de gemmage et on observe plus que sept entreprises sur cette activité
à l'échelle mondiale.
Le prix de l'essence de papeterie évolue entre 400 à 1000 €/t (un produit qu'il faut désulfuriser) alors que celle de
gemme est plus élevé, de 1500 à 2500 €/t. La distillation de l'essence de papeterie produit 4 coupes principales :
L'α-pinène
Le β-pinène,
Le δ3-carène,
Le dipentène.
Les essences de pins d'Europe du Sud, d'Amérique du Nord et du Brésil sont surtout riches en α-pinène, avec un peu
de β-pinène. Les essences scandinaves contiennent de l'α-pinène et du δ3-carène mais très peu de β-pinène. Les
essences de gemmage de Chine sont particulièrement concentrées en α-pinène, avec un peu d'β-pinène. Celles
25
Trois communes du cœur des Landes de Gascogne sur lesquelles la forêt de pin maritime domine très largement.
26
M. Blanchy, J. Alcorta. La filière de la résine de pin en 2013 – Etude du secteur industriel de la résine de pin – SUST FOREST
(Multifonctionnalité, conservation et emploi rural dans le territoire du Sud de l'Europe au moyen de l'extraction de la résine).
d'Indonésie, d'Inde contiennent des proportions importantes de δ3-carène. Une entreprise comme DRT équilibre la
fabrication de ses gammes de produits en fonction de ces origines et de leur qualité.
Le traitement des essences de papeterie comprend la désulfurisation du produit puis des distillations qui sont des
opérations délicates, les écarts de températures d'ébullition des différentes molécules à séparer étant très faibles.
L'ensemble de la technologie à mettre en œuvre, l'importance des savoir-faire et des investissements nécessaires
constituent autant de barrières à l'entrée et limitent très fortement le nombre d'acteurs industriels actifs dans ce secteur.
L'examen des statistiques douanières montre que notre pays importe donc de grandes quantités d'essence de
papeterie qui proviennent principalement des USA, de la Suède et de la Finlande. Précédemment, l'essence de gemme
provenait surtout d'Asie mais ces dernières années, elle est importée principalement de l'Argentine et du Brésil dont les
prix sont attractifs en relation avec des monnaies faibles.
Historiquement, l'essence de térébenthine a été largement utilisée comme solvant pour les peintures. Ses propriétés de
composant organique volatil l'ont fait éliminer de telles applications, plus particulièrement avec la mise en place du
règlement européen REACH. Les dérivés sont obtenus par isomérisation, estérification, alcoolisation par hydratation
catalytique, polymérisation, polyaddition, etc. Les principaux marchés de ces dérivés sont aujourd'hui (en Europe27) :
La parfumerie et le marché des senteurs (détergents, etc.) – environ 50 % du marché ;
Les adhésifs (résines tackifiantes, hot melt, enduits elastomériques) et les chewing-gums – 20 % du
marché ;
Les désinfectants – 15 % du marché ;
Les insecticides (valorisant et l'α-pinène et son alcool, l'α-terpinéol, dénommé huile de pin, un des
dérivés les plus anciens de la filière).
27
Source : "La filière de résine de pin en 2013", M.Blanchy et J.Alcorta – Projet SustForest
Une vision chinoise récente de la chaîne de valeur de l'essence de térébenthine - Source : Enping Zheng -
overview of the Chinese gum turpentine and turpentine derivatives industry, 2012.
La valeur ajoutée des dérivés de la térébenthine est hétérogène. Certaines molécules présentent des marchés
mondiaux de plusieurs milliers de tonnes (plus de 15 Kt pour le géraniol qui reste en concurrence avec le géraniol de
synthèse, obtenu à partir d'isobutène et d'acétone). D'autres molécules sont des spécialités, avec parfois des prix de
marchés très élevés mais des marchés de petits volumes.
Le tall oil, collecté sous formes de savons, après écumage de la liqueur noire. La masse récupérée est traitée à l'acide
sulfurique et permet d'obtenir le tall oil brut (crude tall oil, CTA), semi-fluide et de couleur brun foncé dont 30 à 50 kg
peuvent être obtenus par tonne de pâte kraft. Le tall oil comporte un mélange d'acide gras, de colophane et de poix,
riche en stérols. Leur séparation s'effectue par distillation à haute température. La composition précise du tall oil
dépend de l'essence de résineux. On peut considérer en moyenne que le tall oil d'Europe du Sud est composé d'1/3 de
colophane, 1/3 de poix (qui comprend les insaponifiables et les résidus de distillation) et 1/3 d'acides gras. L'objectif
d'une bonne distillation est de réduire la part de la poix à 25 % ou moins. Les tall oil scandinaves sont peu riches en
colophane. Les mélanges sont évités par les transformateurs pour assurer une bonne traçabilité.
Composition d'un tall oil d'origine USA - Source : Encyclopedia of Chemical Technology
Composés % en poids
Acides gras 48
Acides résiniques 42
Insaponifiables 8.5
Eau 0.8
Insolubles dans le toluène 0.1
Le prix du tall oil est lié à celui de l'énergie car un papetier a toujours l'alternative de le brûler ou de le vendre. Sa valeur
marchande monte et baisse donc avec le prix du pétrole, en montrant toutefois des décalages liés aux contrats en place
entre acteurs. Ces dernières années, le tall oil s'est ainsi vendu entre 300 et 600 €/t. Il n'y a pas de cotation de ce
produit, chaque papeterie négociant son prix de cession de gré à gré. Les grandes usines nord-américaines peuvent
ponctuellement réaliser des ventes aux enchères de lots importants (10 000 t, l'équivalent de toute la production
annuelle d'une usine de pâte française) mais aussi des ventes de lots de 3 000 t, chargées sur un bateau. La
production cumulée des usines françaises de pâte kraft concernées (+ celle de TEMBEC) serait d'environ 40 Kt par an.
Les statistiques douanières françaises distinguent le tall oil brut et le tall oil raffiné qui doit être en réalité du tall oil
distillé, la coupe intermédiaire entre celle des acides gras et celle de la collophane, qui conserve ses applications
propres.
Statistiques douanières françaises pour le tall oil (source : Douanes)
Kt M€ €/kg [calculés]
2013 2014 2013 2014 2013 2014
Importations tall oil brut (code : 38030010) 12,8 16 7,4 11,1 0,6 0,7
Importations tall oil raffiné (code : 38030090) 0,8 0,8 1 1 1,3 1,2
Tall oil distillé ? = DTO = disitilled tall oil
Total importations 13,6 16,8 8,4 12 - -
Exportations Données confidentielles
Les quatre principaux acteurs de la valorisation du tall oil en Europe sont, par ordre d'importance :
Le nord-américain ARIZONA CHEMICALS, actif en Suède et en Finlande (300-350 Kt de capacité de traitement
de tall oil en Europe et 5-600 Kt dans le monde).
Le finlandais FORCHEM.
Le français DRT, valorisant 45 Kt de tall oil, issu de France et de la péninsule ibérique, avec le projet de doubler
sa capacité à 100 Kt.
L'autrichien KEMIRA qui traite du tall oil de l'Est de l'Europe.
Aux USA, on retrouve comme acteurs dominants du tall oil, ARIZONA CHEMICALS, suivi par les papetiers
MEADWESTVACO (MWV) [devenu depuis très récemment WESTROCK, par fusion avec l'autre papetier ROCKTENN]
et GEORGIA PACIFIC.
Ces différents distillateurs de tall oil valorisent l'ensemble ou seulement une part des trois fractions obtenues. En
France, DRT revend les acides gras à son partenaire MEADWESTVACO et traite principalement la fraction colophane.
On notera que deux productions de biodiesel à partir de tall oil ont été développées en Scandinavie par le suédois
SUNPINE (production de 100 millions de litres/an de biodiesel, depuis 2013) et, plus récemment, par le finlandais UPM
(usine de Lappeenrata, avec une capacité de 120 millions de litres = 100 Kt/an). Certains acteurs de la filière
considèrent le développement de tels débouchés comme perturbateurs car ils absorbent de grandes quantités de
produit sans forcément remettre sur le marché la part de colophane du tall oil (SUNPINE annonce un projet de
valorisation de celle-ci dans la chimie).
La poix de tall oil représente 20-30 % du tall oil et contient 8 à 15 % de stérols. Elle est considérée par DRT comme
un produit fatal. L'entreprise en a extrait le sistostérol dès les années 1960 mais considère peu rentable d'isoler des
faibles volumes, de 50 à 100 t de stérols. DRT a donc arrêté la fabrication et brûle la poix dans sa chaudière, tout en
commercialisant encore des phytostérols.
Le marché des stérols s'est développé des années 1990 à 2000, avec des applications nutraceutiques. ARBORIS est
un fabricant nord-américain important (5000 tonnes). COGNIS/BASF a développé pour sa part une filière
d'approvisionnement interne au Japon, avec des volumes de 1000 à 2000 t. Il Les stérols se vendent à moins de
20 €/kg. Les principales applications des dérivés du tall oil sont résumées dans le tableau ci-dessous.
Tall oil distillé Coupe intermédiaire = mélange Valorisations spécifiques de Huiles industrielles, savons,
d'acides gras et d'acides la composition mixte émulsifiants industriels, encres,
résiniques bitumes
Poix de tall oil Poix de tall oil Additif (dope d'adhésivité Bitumes, revêtements routiers
pour bitumes)
β Sitostérol Inhibiteurs de cholestérol, Pharmacie
Anti-inflammatoire pour la Diététique - Nutraceutique
peau
Colophanes acides Pigments
Savons de colophane Caoutchoucs
Esters de colophanes Encres, colles et adhésifs,
cosmétique, marquage routier
Colophane de Résines phénoliques modifiées Vernis, encres, peintures.
tall oil Résinates de colophane Encres
Résines polyesters hydroxylées Résines tackifiantes Polyuréthanes
La colophane (sulfate rosin, en anglais) est composée d'acides résiniques et offre différents dérivés pour la chimie.
Elle reste en concurrence avec la colophane de gemme d'Indonésie, de Chine et du Brésil28. DRT produit 15 Kt de
colophane et achète de la colophane de gemme et de la colophane scandinave pour compléter ses
approvisionnements. La colophane de gemme chinoise a des prix erratiques (variation du simple au double en 6 mois,
en raison d'une moindre production alors que la consommation chinoise croissait). La production de colophane de
gemme du Brésil se développe légèrement. La colophane de gemme a l'avantage de contenir très peu de soufre. Elle
reste utilisée dans les chewing-gums, les encres, le marquage routier.
La production mondiale de colophane a été de 1.27 Mt en 2011 dont 31 % issue de tall oil (390-400 Kt) et 68 %
provenant de colophane de gemme (860-870 Kt, dont 660 Kt chinoise, 70 Kt brésilienne, 61 Kt indonésienne). La
colophane a un prix qui varie entre 1500 et 3000 $/t. Le chinois ROSINNET cote la colophane. Le marché libre est très
limité car les détenteurs de colophane cherchent en général à la transformer eux-mêmes. Les incertitudes du marché et
de l'offre chinoise favorisent les tensions. En 2011, la demande européenne en colophane a été de 308 Kt et, en 2012,
de 325 Kt (190 Kt de colophane de gemme et 135 Kt de colophane de tall oil). L'Europe produisait alors 125 Kt de
colophane de tall oil et 22.5 Kt de colophane de gemme. Selon les statistiques douanières récentes, les colophanes
importées en France proviennent principalement de Chine, de l'Union européenne et du Brésil.
Evolution du prix de la colophane de gemme en USD de 2009. Plusieurs courbes sont assemblées pour assurer
la continuité d'une série longue.
(Source : Areldorado.com.ar dans Actas del II Simposio Internacional de Resinas Naturales, 2013)
Les principales familles de produits obtenues à partir de la colophane sont les suivantes :
1) Esters de colophane de pentaérythrétol ou de glycérol, valorisés sur le marché des adhésifs.
2) Résinates de colophane (sels métalliques) pour le marché des encres.
3) Résines formo-phénoliques (abiéto-formo-phénolique) pour le marché des encres offset (produites par les
entreprises FORCHEM, ARIZONA CHEMICALS, MEADWESTVACO mais pas par le français DRT).
4) Colophanes dismutées au palladium. Savon émulsifiants pour l'ABS et le SBR.
5) Colophanes hydrogénées. Estérifiées ou non par la suite. Des applications importantes dans le chewing-gum
(servies notamment par le français DRT).
Principales applications des dérivés de la colophane [de gemme et de tall oil], répartition des volumes à
l'échelle mondiale et voies d'obtention et (source : Caractéristiques différentielles de la résine, M. Blanchy
Département R&D, RESCOLL. Actas del II Simposio Internacional de Resinas Naturales, 2013)
3.5. Polyphénols
Les marchés des polyphénols sont extrêmement hétérogènes : ils rassemblent des produits techniques, de faible valeur
principalement dédiés au traitement du cuir mais aussi des produits de spécialités dont les volumes sont faibles et les
prix beaucoup plus élevés, pour l'œnologie, la nutraceutique, la cosmétique et la pharmacie. Les polyphénols sont
commercialisés sous forme d'extraits plus ou moins purifiés.
Tanins techniques
La France a été dans le passé un producteur significatif de tanins de châtaignier et de chênes pour la tannerie.
L'industrie s'est développée fortement à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème, quelques entreprises familiales
concentrant largement les activités du secteur (Société Anonyme des Tanins Rey (SATR), Progil (Produits Gillet),
Société Anonyme des Matières Tannantes et Colorantes (SAMTC), …
A la veille de la seconde guerre mondiale et à ses lendemains, notre pays fabriquait quelques 20 000 tonnes de tanins
purs et en consommait un peu moins du double, les importations de tanins de Quebracho, Mimosa, Vallonnée venant
compléter l'offre nationale. Le déclin de cette industrie est lié au développement du tannage avec des sels de chrome et
au remplacement du cuir par des matériaux synthétiques dans plusieurs de ses usages.
A l'échelle mondiale, les producteurs significatifs de tanins de bois techniques sont aujourd'hui très peu nombreux. On
peut citer, en Europe, le groupe italien SILVATEAM (producteur en Italie de tanins de châtaignier mais aussi de tanins
de Quebracho en Argentine et de tanins de tara au Pérou) et la filiale belge du japonais AJINOMOTO, NATURAL
SPECIALITIES OMNICHEM. L'entreprise française SCRD importe et transforme différents tanins de bois.
Le traitement des peaux reste de loin le premier usage des tanins techniques mais ils sont utilisés également dans les
industries de la bière, l'alimentation animale (tannage des protéines végétales pour les ruminants), le textile, la flottation
des minéraux. SILVATEAM a développé une résine à base de tanins de Quebracho pour la production de panneaux de
process de bois faiblement émetteurs de formaldéhyde.
Tanins œnologiques
Plusieurs entreprises françaises produisent ou sélectionnent et commercialisent des tanins œnologiques. On peut citer
ici parmi d'autres LAFFORT, LAMOTHE-ABBIET, MARTIN VIALATTE, OENOFRANCE, etc. Sans en extraire les
tanins, des sociétés proposent des copeaux de bois de chêne de calibres variés et ayant subi une chauffe particulière
pour l'élevage des vins (ex. : ARÔBOIS).
des Landes de Gascogne, cette entreprise a développé une importante gamme d'extraits et d'huiles
essentielles d'un très grand nombre de plantes, souvent d'origines lointaines dont peu sont des arbres français.
On notera que BIOLANDES produit également pour HORPHAG RESEARCH un extrait de bois de chêne
pédonculé français, riche en polyphénols et plus particulièrement en roburine29 (élagitanin). Il a été lancé
récemment sous la marque Robuvit® et plusieurs publications scientifiques basées sur 5 essais cliniques
viennent étayer les propriétés revendiquées de réduction des symptômes de fatigue chronique.
®
BERKEM Extraits Végétaux propose lui-aussi un extrait d'écorce de pin maritime, le Pineol qui est un des
deux produits phares de son activité, avec un extrait de pépins de raisin.
DRT, entreprise déjà largement évoquée pour ses produits terpéniques, fabrique également des extraits
d'écorce de pin maritime qu'elle commercialise par sa filiale PUREXTRACT sous la marque Oligopin®. D'autres
extraits végétaux sont présents dans la gamme de PUREXTRACT. Une autre filiale de DRT, IXXI, spécialiste
du soin anti-âge, valorise également les OPC du pin maritime.
De tels marchés sont en croissance régulière mais restent étroits. La spécificité de chaque extracteur est liée à ses
procédés, à la qualité des matières premières utilisées, au choix des supports, etc. La matière première n'est pas le
facteur limitant en France : elle est disponible en grandes quantités. A l'inverse, il n'est pas envisageable de valoriser
toute la ressource en écorce sous forme d'extraits riches en OPC car le marché est beaucoup trop petit.
Données de marchés
Les informations disponibles sont très limitées et les secteurs concernés restent particulièrement discrets. Les
statistiques douanières ne sont précises que pour les extraits d'une seule espèce botanique (Quebracho, Mimosa). Les
autres codes mêlent des ensembles hétérogènes de produits. C'est notamment le cas du code 32019090 qui
rassemble des produits aussi sophistiqués que des extraits végétaux riches en OPC avec des matières de qualité
technique. On notera également que les différents extraits commerciaux d'écorce de pin maritime cités plus haut n'ont
pas tous le même tarif douanier (32019090 = extraits tannants d'origine végétale ou 13021970 = sucs et extraits
végétaux ; pour ce dernier les données d'exportations sont présentées comme confidentielles).
Extraits tannants d'origine 32019090 Importations 496 366 2,8 2,3 5,6 6,4
végétale (à l'excl. des extraits
de quebracho, de mimosa, de Exportations 622 153 6 7,8 9,7 51
chêne, de châtaignier, de sumac
et de vallonées); tanins
29
Le produit contient au moins 20 % de roburines A, B,C, D, E, y compris la grandinine.
30
Le marché mondial des extraits de quebracho dépasse les 80 Kt qui proviennent en grande majorité d'Argentine.
D'autres extraits végétaux peuvent être obtenus avec des solvants variés (hexane, …) ou, depuis plus récemment,
avec du CO2 hypercritique. Leur nom fait généralement références aux procédés mis en œuvre (concrètes, absolues,
résinoïdes, oléorésines). Les produits d'extraction sans distillation par de l'alcool, de l'eau ou un mélange eau-alcool,
portent les noms correspondants : tisane, macération, décoction, extrait hydro-alcoolique, teinture, etc.
Extraits végétaux et huiles essentielles sont regroupés dans les "extraits naturels complexes" (natural complex
31
substances). D'un point de vue réglementaire ces substances sont soumises au règlement européen REACH , dès la
production ou la commercialisation de plus d'une tonne par an, des exemptions étant prévues quand leur usage est
déjà couvert par une autre réglementation spécifique (substances utilisées dans des médicaments à usage humain ou
vétérinaire, dans des denrées alimentaires ou des aliments pour animaux, dans des produits phytopharmaceutiques ou
biocides). Les substances ayant d'autres applications dans la chimie ou la cosmétique doivent donc être évaluées et
enregistrées. Elles peuvent être considérées comme mono-constituant si une molécule domine à plus de 80 % ou multi-
constituants dans les autres cas. La liste des substances exemptées explicitement de REACH pour leur seule origine
32
naturelle est courte et n'inclut pas de molécules issues du métabolisme secondaire. Les autres substances "présentes
dans la nature" doivent être non chimiquement modifiées et non dangereuses pour bénéficier d'exemption. Dans la
pratique les huiles essentielles et de nombreux extraits végétaux sont soumis à REACH, soit parce que certaines des
molécules qu'ils renferment sont classées dangereuses33, soit parce que la substance naturelle initiale est considérée
comme modifiée chimiquement par le procédé d'extraction et de purification.
31
Enregistrement, évaluation, autorisation et restriction des produits chimiques.
32
Elle inclut le glucose et quelques autres sucres simples, le saccharose, la pâte de cellulose, les huiles végétales, la majorité des
acides gras présents dans les matières premières végétales, etc…
33
Ce qui peut être effectivement le cas pour de nombreuses molécules végétales comme telles, sans tenir compte de leurs
concentrations effectives dans les préparations valorisant les extraits végétaux considérés.
Les opérateurs amont du marché des extraits végétaux exercent des métiers différents : certains sont des façonniers
(= des prestataires de service) pour des entreprises commerciales, d'autres extraient et distribuent des ingrédients à
des industriels qui les intègrent dans des préparations, d'autres enfin extraient et formulent, livrant au marché des
préparations élaborées. Les différentes activités ne sont pas exclusives. Parmi les entreprises citées au paragraphe
précédent, BERKEM se positionne sur les deux premières activités alors que BIOLANDES et DRT sont actifs sur la
deuxième, comme producteurs d'ingrédients.
Principales étapes d'un procédé d'extraction végétal traditionnel (source : P. Brenac, 2014)
Le produit historique de la gamme de BIOLANDES n'est pas l'extrait d'écorce de pin décrit plus haut mais l'huile
essentielle d'aiguilles et de jeunes rameaux de pin maritime dont 20 à 30 tonnes sont fabriquées par an.
L'entreprise produit une gamme importante d'extraits végétaux sous forme d'absolues, de résinoïdes ou d'oléorésines. ,
en mettant en œuvre son procédé breveté d’extraction en continu. D'autres espèces botaniques d'arbres sont
valorisées, certains originaires de France (extraits d'écorce et des huiles essentielles d'aiguilles de pin sylvestre,
extraits de bois et d'écorce de peuplier ou d'autres régions du monde (extraits de rameaux du sapin baumier nord-
américain Abies balsmaea, huiles essentielles du bois de cèdre du Maroc Cedrus atlantica, du Bois d'Aigle (Agarwood,
Aquilaria agallocha) du Laos, des rameaux et feuilles de plantations espagnoles d'Eucalyptus, huile essentielle des
gommes de l'Elémi (Canarium luzonicum) des Philippines et de l'arbre à encens (Boswellia carterii) du Somaliland, …
BIOLANDES avait porté le projet collaboratif BIOEXTRA (2010-2012) qui avait pour objectif de valoriser les produits
connexes d'usines de pâte à papier (écorces, nœuds, souches, …) pour la production d'extraits naturels pour la
parfumerie, la cosmétique, l'alimentaire mais aussi comme actifs antioxydants, biocides naturels, et composants de
matériaux fonctionnalisés. A ce jour, ce projet n'a pas eu de suites industrielles.
®
DRT commercialise, pour sa part, le Phytopin , à base de stérols de bois de pin. D'autres entreprises françaises
proposent des gammes importantes d'extraits végétaux, parmi lesquels certains issus d'arbres, rarement d'origine
française. On peut citer NATUREX et ROBERTET parmi les principaux acteurs.
Les prix des extraits et huiles essentielles ne font très généralement pas l'objet de cotations et sont négociés de gré à
gré. Aucune donnée statistique n'est produite sur les extraits et huiles essentielles issus du bois et des arbres. Les
tendances des marchés, les innovations lancées, ne peuvent être suivies qu'en s'intéressant à l'aval du secteur
(parfumerie, ingrédients alimentaires, cosmétique, phytopharmacie, …).
On peut citer des prix récents de quelques huiles essentielles les plus courantes, considérées comme des
commodités : huile essentielle d’eucalyptus : 13.25 USD/kg ; huile essentielle de menthe poivrée : 16 $/kg ; huile
essentielle de patchouli : 80 USD/kg, etc. D’autres extraits et huiles essentielles présentent des prix beaucoup plus
élevés : c'est le cas de l’essence de rose qui se négocie autour de 7000 €/kg.
On notera que la Guyane française a été un important territoire de production d'huile essentielle de bois de rose
(Aniba rosaeodora), riche en linalol. A la fin du 19ème siècle, l'espèce était exploitée en Guyane et l'huile était distillée à
Paris. La distillation a débuté en Guyane en 1900, à Cayenne puis à l'intérieur du pays. 20 unités fonctionnaient en
1935, la production de ce territoire dominant le marché mondial (107 t exportées en 1926) mais étant concurrencée par
le développement de la production brésilienne. En Guyane (mais aussi au Brésil), l'espèce a été récoltée dans de telles
proportions que ses populations naturelles se sont épuisées. La dernière distillerie guyanaise a fermé en 1970.
Pendant de longues années, le Brésil a dominé la production mondiale (qui a atteint 500 t dans les années 1960) mais
le développement du linalol de synthèse, meilleur marché, l'épuisement des stocks sur pied de matière première, puis,
dans les années 1980, le développement des productions d'huile de bois de Ho et de feuille de Ho (Cinnamomum
camphora), également riches en linalol ont fait régresser la fabrication d'huile de bois de rose.
Une tonne de bille est nécessaire pour produire 10 kg d'huile essentielle de bois de rose.
Le projet Anib@rosa porté par le CIRAD vise le renouveau de la filière de distillation du bois de rose en Guyane,
associé à un développement de plantations de cette espèce pour garantir la durabilité de la ressource.
De nombreux rapports constatent depuis des décennies l'abondance de la ressource forestière française, sa sous-
exploitation et le déficit commercial considérables des produits issus du bois.
Le rapport PIPAME 2012 "Marché actuel des nouveaux produits issus du bois et évolutions à échéance 2020"
évoquait "la complexité de la filière marquée par une multiplicité d’acteurs hétérogènes et par un ensemble
d’interactions industrielles manquant de synergies". Le même rapport souligne "La multiplicité des applications et des
secteurs d’utilisation. Touchant des secteurs très divers (…), le bois nécessite de nombreux arbitrages pour garantir un
développement cohérent de la filière et limiter les tensions, des conflits d’usage entre les différentes formes d’utilisation
du bois découlant souvent de la difficulté à mobiliser et à accéder à la ressource en amont. La filière bois en France
apparaît donc multiple, dispersée et peu adaptée pour faire face aux mutations économiques mondiales et à la
concurrence étrangère, et il est probablement plus juste de considérer aujourd’hui, dans une vision optimiste au regard
du manque de synergies entre les acteurs, plusieurs filières constitutives utilisant la même ressource et se développant
en parallèle."
La Cour des comptes a publié, en novembre 2014, un rapport sur les soutiens à la filière bois. Elle y constate que
"L'aval industriel de la filière est hétérogène, mais globalement vulnérable et en perte de vitesse. Il présente un déficit
commercial structurel. La filière bois-énergie connaît à l’inverse un fort développement. La filière est traversée par des
intérêts divergents et des conflits d’usage entre secteurs. (…) Les indispensables gains de compétitivité sont à trouver
dans une maîtrise de la disponibilité, de la régularité et des coûts des approvisionnements en bois et dans une stratégie
industrielle créatrice de valeur ajoutée. Les nombreux soutiens publics à la filière, d’origine et de nature très différentes,
s’élèvent à environ 910 M€ annuels. On observe un empilement de ces soutiens d’origine et de nature très diverses,
sans lien entre eux et sans hiérarchisation des priorités de financement. (…) La gouvernance actuelle de la filière ne
permet pas d’apporter une cohérence à ces soutiens dispersés."
Le court paragraphe sur la chimie du bois se limite à énoncer que cette industrie "ouvre de multiples opportunités dans
de nombreux secteurs et peut connaître, au-delà de 2020, un développement comme alternative à l’industrie chimique
à base de ressources fossiles et pour répondre à la demande en augmentation de matériaux ou produits « verts »".
Plus récemment, le CGAAER a publié une synthèse de rapports34 dont quelques conclusions peuvent être citées ici :
"Les constats sont généralement faits depuis longtemps. Les recommandations sont souvent assez proches d’un
rapport à l’autre. Certaines de ces recommandations ont été mises en œuvre plus ou moins rapidement. Mais le
renouvellement si fréquent des rapports l’atteste, la situation a peu évolué jusqu’à maintenant et, pour l’essentiel, les
grandes questions restent pendantes." Les auteurs voient comme explications "le manque de maturité d’une filière
encore balbutiante au long de ces années et qui n’a pas su, jusqu’à tout récemment, être porteuse d’une volonté
collective capable de s’exprimer à travers un projet partagé (…) ; l’absence de moyens financiers à la hauteur des
besoins depuis la disparition du Fonds forestier national (…) ; une politique publique basée non pas sur l’obligation mais
sur l’incitation sans être dotée de moyens suffisants pour susciter une forte adhésion aux mesures proposées." Plus
optimiste quant à l'avenir, le CGAAER souligne la "mobilisation historique" récente de la filière et des pouvoirs publics.
L'élaboration conjointe, en 2012, du "Projet forêt bois pour la France", par les organisations interprofessionnelles
France Bois Forêt et France Bois Industries Entreprises, est salué comme l'initiative d'une volonté collective tant
nécessaire. Par la suite, "La loi d’avenir, la création du comité stratégique de filière, le contrat de filière, l’intégration de
la filière bois parmi les 34 projets de la Nouvelle France Industrielle, le plan « Immeuble bois grande hauteur », les
nouvelles dispositions financières et fiscales (…), sont des éléments nouveaux et forts."
Un rapport d'information très récent du Sénat35 "Faire de la filière Forêt-Bois un atout pour la France" est volontiers
critique sur la politique forestière publique et la multiplicité des instances représentant de la filière. Plus en relation
directe avec cette étude, on notera le paragraphe sur le "bois-chimie" : "Encore émergente, cette industrie (produits
34
La filière forêt-bois – Synthèse de rapports – CGAAER – Janvier 2015.
35
Rapport d´information fait au nom de la commission des finances sur l’enquête de la cour des comptes relative aux soutiens à la
filière foret-bois, déposé le 1er avril 2015.
chimiques « verts », alcools, résines et plastiques biosourcés, plates-formes de produits chimiques, composites à base
de bois…) ouvre de multiples opportunités dans de nombreux secteurs et peut connaître, au-delà de 2020, un
développement comme alternative à l’industrie chimique à base de ressources fossiles et pour répondre à la demande
en augmentation de matériaux ou produits « verts ». Elle offre deux voies de valorisation : la chimie des matières
extractibles du bois (cellulose, sucres et polymères) et la gazéification. Par ailleurs, la chimie est utilisée pour renforcer
le matériau bois, notamment dans la construction (colles et résines, traitement de préservation et de durabilité, aspect
et finition)." En revanche, aucune recommandation précise n'est formulée pour stimuler l'émergence de ces industries.
Les développements en cours et futurs de la chimie du bois s'inscriront dans des filières complexes et dont la
démonstration de volonté collective reste à confirmer et à pérenniser. Si la chimie est désormais régulièrement
annoncée comme une filière du futur pour le bois, aucune ambition partagée n'a été formulée et aucune politique
spécifique n'a été mise en place. La lecture des rapports récents (hormis le PIPAME 2012) montre que la chimie du
bois reste largement méconnue et, qu'en conséquence, les recommandations formulées sont peu précises. Elaborer
une information économique étoffée sur le potentiel industriel de la chimie du bois en France, avec ses forces et ses
atouts, tout comme ses faiblesses, ses limites et les freins qu'elle rencontre, reste un enjeu de la filière.
Selon le dernier mémento du FCBA, les superficies boisées couvrent 17 millions d'hectares en France métropolitaine
qui se répartissent en 14.9 Mha de bois et forêts de plus de 0.5 ha, 1.9 Mha de surfaces boisées hors forêt et 190 000
ha de peupleraies. Le volume sur pied est de 2.5 milliards de m3 de bois fort tige sur écorce, avec une production
biologique annuelle de 89 millions de m3. 2.2 milliards de tonnes de carbone sont stockées par les forêts, pour moitié
dans la biomasse des arbres et pour moitié dans les sols.
La forêt française est avant tout constituée d'essences feuillues (71 % des surfaces et 65 % des volumes sur
pied). Les chênes sont les espèces dominantes sur 24 % des surfaces, le hêtre sur 9 % et le châtaignier sur 5 %. Les
peupleraies ne couvrent que 190 000 ha mais avec une forte productivité. Les essences résineuses les plus
importantes en France sont le pin maritime, le sapin, l'épicéa et le Douglas.
Les grands massifs forestiers de France métropolitaine (source : IGN – Mémento Inventaire forestier national 2014)
Dans les départements d'outre-mer, la forêt équatoriale guyanaise couvre 8 Mha, soit 97 % des surfaces de ce
département, la gestion forestière y ayant un but prioritaire de protection ; les forêts tropicales couvrent 88 000 ha à la
Réunion, 64 000 ha à la Guadeloupe, 49 000 ha à la Martinique, 14 000 ha à Mayotte et y sont faiblement exploitables
et exploitées. On compte également près de 840 000 ha de forêts en Nouvelle Calédonie mais dont une très faible part
à fonction de production, environ 200 000 ha de surfaces boisées en Polynésie et 3000 ha de forêt boréale à Saint
Pierre et Miquelon.
La diversité botanique des arbres autochtones est modeste en métropole, les forêts conservant la marque des ultimes
glaciations et n'ayant recolonisé le territoire depuis les refuges du Sud de l'Europe que lentement, se heurtant aux
obstacles topographiques des chaînes montagneuses alpines et pyrénéennes. La diversité taxonomique des forêts
tropicales (y compris dans les territoires français) est beaucoup plus élevée. Dans l'ensemble, que l'on considère les
régions tempérées ou tropicales, la multiplicité des espèces se retrouve surtout parmi les essences feuillues, alors que
les conifères sont beaucoup moins nombreux, en dépit de leur importance économique et des surfaces de plantations
qu'ils occupent.
La forêt française de métropole est détenue à 76 % (des surfaces) par des propriétaires privés, à 9 % par l'Etat (forêts
domaniales) et à 15 % par des communes, d'autres collectivités territoriales ou des établissements publics. Le nombre
des propriétaires privés diminue depuis 1999 mais reste très élevé (3.5 millions unités de gestion d'une surface
moyenne de 3.4 ha).
Les coopératives forestières jouent un rôle structurant majeur pour la forêt privée alors que l'Office National des Forêts
reste incontournable pour les différentes composantes de la forêt publique. La coopération forestière rassemble 17
coopératives regroupant 112 000 adhérents. Elle gère 2 millions d'hectares et commercialise annuellement 7 millions
de m3 de bois. Les concentrations de coopératives permettent de faire émerger des acteurs de première importance
(ALLIANCE FORET BOIS, UNISYLVA, FORET & BOIS DE L'EST, etc.).
3 3
traditionnellement exprimés en m mais, en tout première approximation, on peut considérer qu'1 m = 1 t de bois brut,
à environ 50 % d'humidité.
Le bois récolté se classe selon son usage en :
bois d'œuvre (BO), pour la production de sciages, de placages mais aussi de merrains ;
bois d'industrie (BI), pour la trituration (production de pâtes de cellulose et de panneaux de process), la
fabrication de piquets et de poteaux,
bois énergie (BE).
Evolution des récoltes commercialisées des différentes catégories de bois en France (source : Agreste)
Depuis le début des années 2000, les récoltes de bois d'œuvre sont en décroissance alors que le bois énergie
commercialisé se développe sous l'impulsion d'incitations publiques.
La répartition des récoltes contraste avec celle du bois sur pied et illustre une des difficultés fondamentale des filières
françaises forêt-bois. Ce sont les bois de conifères qui sont les plus récoltés alors que les feuillus dominent nos forêts.
Structure simplifiée et flux de la filière forêt-bois en France métropolitaine (source : Agreste Primeur n°320 –
décembre 2014)
4.3.1.Les scieries
Le maillon de première transformation du bois qui rassemble principalement les scieries est essentiel à la dynamique
des filières forêt-bois car il achète le bois d'œuvre, la production la plus créatrice de valeur pour l'amont forestier. Il
génère par la suite non seulement des sciages mais des volumes sensiblement équivalents de coproduits (= PCS =
produits connexes de scieries) qui ont pris une importance particulière dans les filières bois-papier. Les PCS
rassemblent :
les sciures qui sont valorisées particulièrement dans la fabrication de panneaux de particules et – depuis plus
récemment - dans la fabrication de granulés de bois ;
les dosses, délignures et autres chutes, souvent broyées sous forme de "plaquettes de scieries" et
valorisées par l'industrie papetière mais aussi par celles du panneau, du granulé de bois et par certaines
chaufferies collectives ;
les écorces qui sont principalement utilisées comme combustible dans des installations de séchage, des
chaufferies ou des centrales de cogénération. Les écorces de pin maritime présentent en outre des débouchés
de bonne valorisation dans les jardineries (paillage). De petites quantités constituent la matière première
d'extraits riches en polyphénols évoqués plus haut (cf. 3.5).
3 3 3
La France a produit, en 2014, 8.3 Mm de sciages dont 6.9 Mm de sciages de résineux et 1.4 Mm de sciages de
feuillus. Le secteur se concentre peu à peu mais reste encore très atomisé. Par comparaison, l'Allemagne produit
3 3 36
22 Mm de sciages dont 21 Mm de sciages de résineux .
Les courbes suivantes montrent la relative dynamique des productions de sciages de conifères et la décroissance
encore ininterrompue des sciages de feuillus.
Evolution des volumes de sciages de 1980 à 2012 en Mm3 de sciages (source : Agreste)
Les diversifications récentes des grosses scieries concernent l'énergie : des cogénérations sont mises en place,
la chaleur produite permettant de sécher les sciages ou les connexes, dans le cas du développement concomitant
d'une unité de production de granulés de bois combustibles (pellets). Ces évolutions modifient la répartition des usages
des PCS. En 2014, plus de 1.4 Mt (brutes) de sciures et de plaquettes de scieries ont été consommées pour la
fabrication de granulé de bois.
36
Un rapport récent du CGAAER compare les filières forêt-bois françaises et allemandes.
Répartition des entreprises en %, selon leur part des volumes sciés en 2012 (source : Agreste)
L'inventaire des volumes de PCS produits et de leurs usages actuels est important dans le cadre de prospectives
du développement de la chimie du bois car de nombreux projets les considèrent comme des matières premières
attractives. Les PCS ne sont plus aujourd'hui les "déchets de scieries" qu'ils étaient il y a encore quelques dizaines
d'années et il n'existe pas de gisement non utilisé. Si de meilleures valorisations de PCS peuvent être envisagées, elles
viendront en concurrence avec les utilisations existantes, hormis dans les cas ou des usages en cascades viables,
industriellement et économiquement, pourraient être mis en place (pour, par exemple, l'extraction de substances de
valeurs avant une utilisation matériau ou énergétique). Il convient de considérer également que les volumes de PCS
produits chaque année dépendent de l'activité des scieries qui ne sont pas en progression compte tenu des difficultés
de celles traitant les feuillus. Les courbes ci-dessous témoignent des évolutions dans les destinations des connexes de
scieries en France et de leurs prix. Les usages énergétiques sont venus se substituer à des utilisations comme
matériaux, alors que l'offre ne s'accroissait pas. Les tensions sur les prix se renforcent depuis six ans.
Evolution des usages des connexes de scieries français (Mt) - Source : Agreste
10
3 Total
2
Destinés à la trituration
1
Non destinés à la trituration
0
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
35
30
25
20
15
10
0
janv 07
janv 08
janv 09
janv 10
janv 11
oct 06
avril 07
jlt 07
oct 07
avril 08
jlt 08
oct 08
avril 09
jlt 09
oct 09
avril 10
jlt 10
oct 10
avril 11
jlt 11
oct 11
jan 12
avril 12
jlt 12
oct 12
jan 13
avr-13
jlt 13
oct-13
jan 14
avr-14
jlt 14
oct-14
janv-15
avr-15
jlt-15
Les tableaux suivants fournissent des ordres de grandeur des proportions de sciages et de connexes obtenus dans les
scieries et des celles de bois et d'écorce pour les rondins de diamètres plus fins, exploités comme bois d'industrie.
Dans la réalité, toutes ces grandeurs varient, suivant le diamètre exact des bois, les types de sciages que produisent
les scieries mais aussi, pour le second tableau, la teneur en humidité des bois entrant en usine.
Production moyenne de sciages et de connexes (en % de volume), à partir d'un m3 de bois sur écorce
(Source : Mémento FCBA, 2014)
Pin maritime Sapin, Epicéa Chêne Hêtre
Sciages 42 à 48 % 52 à 58 % 36 à 40 % 43 à 50 %
Ecorces 20 % 10 % 14 % 8%
Sciures 10 à 13 % 11 à 13 % 11 à 12 % 13 %
Autres connexes 18 à 24 % 20 à 23 % 35 à 38 % 29 à 36 %
Si l'on applique de tels ratios, on peut ainsi calculer, par exemple, que les 3.65 millions de m3 de bois d'œuvre de pin
maritime commercialisés en 2013 ont permis de produire environ 730 000 m3 ou 220 000 t d'écorces humides, la masse
volumique des écorces de pin maritime en vrac étant de 250 à 350 kg. L'équivalent en tonnes d'écorce sèches serait
d'environ 70 à 90 Kt.
37
Une étude menée en 2005, dans la région Lorraine, par l'interprofession Gipeblor et le CRITT bois pour l'ADEME ,
avait permis la collecte directe de données chez des scieurs. Les essences dominantes dans la région sont le sapin et
l'épicéa pour les résineux et le hêtre pour les feuillus.
Quantités de PCS (tonnes sèches) associées aux volumes de sciages en Lorraine, en 2005
Autres Total connexes
3
Sciages m Ecorces Sciures Plaquettes connexes hors écorces Total connexes
Feuillus 260 000 12 041 24 145 29 417 35 364 88 926 100 967
Résineux 620 000 25 146 62 648 78 664 23 685 164 997 190 143
Total 880 000 37 187 86 793 108 081 59 049 253 923 291 110
37
Approche de la valorisation actuelle des produits connexes de la filière bois forêt en Lorraine. Situation actuelle et perspectives.
Une étude "Equilibre offre/demande en bois en Aquitaine de 2012 à 2025", publiée en 2013, a appréhendé l'évolution
de la production et des besoins en bois de cette région. Un scénario standard prévoit une disponibilité en bois rond de
4.7 Mm3 de pin maritime (à partir de 2016, hors effets tempêtes). Lui sont associés 0.9 Mm3 d'écorces et 1.14 Mm3
d'autres PCS. 0.37 Mm3 d'écorces (plus de 40 % de leurs volumes) sont utilisés en paillage, comme support de culture
ou pour la décoration. La demande régionale des autres PCS excède largement la production : 1.35 Mm3 pour la
3 3
trituration ; de 0.6 Mm (2012-2015) à 1 Mm (2021-2025) pour l'énergie. Une telle analyse laisse anticiper des tensions
croissantes sur le marché des PCS, dans une région à forte dynamique forestière mais dans laquelle les industries de
transformation du bois sont très importantes et où les projets de développement du bois énergie sont nombreux. Seul,
le développement d'utilisations "en cascades" des PCS pourra permettre d'ajouter des usages pour la chimie sans
accroître encore les tensions actuelles.
1800
Pâtes chimiques
1300
800
Pâtes mécaniques
300
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
Carte de France des producteurs de pâtes de cellulose (source : mémento FCBA, 2014)
Depuis la publication de cette carte, le site de Corbehem a arrêté ses activités.
La carte de 2008
Les usines de pâte sont d'importants mobilisateurs de biomasse forestière. L'ordre de grandeur de la consommation de
bois d'une usine est le million de tonnes. La plus grande part est du bois rond de faible diamètre (bois d'industrie) qui
sera écorcé avant utilisation, laissant un coproduit utilisé comme source d'énergie. Les produits connexes de scieries
(plaquettes) viennent compléter l'approvisionnement.
Consommation de bois français par l'industrie française des pâtes de cellulose (Mt) (Source : données
COPACEL) La baisse de consommation de bois de feuillus en 2009 est liée à l'arrêt de l'usine de M-REAL
9
Le tableau ci-dessous donne des ratios moyens utilisables pour le bois d'industrie et permet d'évaluer les quantités
d'écorces associés à un volume de bois donné. A un million de m3 de bois de pin maritime sont ainsi associées 45 000 t
d'écorces en équivalent sec et à un million de tonnes humide de bois de cette même essence sont associées 51 000 t
d'écorces sèches.
Coefficients de conversion pour le bois d'industrie (source : à partir du Mémento FCBA 2014)
Pin Pin Epicéa-
maritime sylvestre Douglas Sapin Chêne Hêtre Châtaignier Peuplier
Masse volumique brute kg/m3 880 855 710 790 950 1025 850 790
Taux de siccité % 46 51 58 47 61 60 58 50
3
Masse volumique sèche kg/m 405 436 412 371 580 615 493 395
Taux d'écorces massique (sec) 11 7 13 7 10 7 7 13
3
kg écorces sèches / m brut 45 31 54 26 58 43 35 51
3
kg bois sec/ m brut 360 406 358 345 522 572 458 344
Comme les papetiers, les fabricants de panneaux utilisent le bois, tant sous forme de rondins que de produits connexes
de scieries (ce sont cette fois les sciures qui sont valorisées). Ces industriels ont également développé de fortes
capacités de mobilisation, sur des périmètres géographiques pouvant être très importants. Si les fabricants de
panneaux ne sont pas aujourd'hui directement des acteurs de la chimie du bois, leur rôle dans la filière est à souligner
ici pour deux raisons :
Ce sont de gros consommateurs de matières premières et ils constituent une partie prenante importante des
filières bois. La France est le deuxième exportateur d'Europe de panneaux.
Pour l'agglomération des produits, de grandes quantités de colles sont utilisées dont la composition devra
évoluer pour respecter les réglementations.
En 2013, le secteur français des panneaux de process a utilisé 3.9 Mt de bois se répartissant en 1.6 Mt de bois rond de
résineux, 0.7 Mt de bois rond de feuillus, 1.4 Mt de PCS de résineux et 0.16 Mt de PCS de feuillus. Cette même année,
Il a produit 4.2 Mm3 de panneaux de particules et OSB et 0.9 Mm3 de MDF.
Les contraintes sur la ressource en matière première incitent le secteur à utiliser de plus en plus de bois recyclé mais
les exigences du marché français de garanties sur la nature et l'origine du bois restreignent cette évolution. En 2011, le
panneau français utilisait 28 % de bois recyclé alors que ce pourcentage était de 89 % en Italie, 55 % en Grande
Bretagne, 38 % en Autriche, 33 % en Allemagne mais seulement 10 % en Pologne (source : Demowood conference,
2014).
Les fabricants de panneaux de process sont regroupés dans l'Union des Industries de Panneaux de Process (UIPP).
Le secteur français des panneaux utilise près de 500 000 tonnes de résines aminoplastes, principalement urée-formol
(UF) mais aussi mélamine-urée-formol (MUF) qui ont comme avantages leurs performances et leur prix mais comme
inconvénient majeur les émissions de formaldéhyde lors de leurs mises en œuvre et par le produit fini qu'est le
panneau. Le formaldéhyde est classé cancérigène et mutagène. Son danger pour l'homme est lié à sa volatilité et à son
potentiel de bioaccumulation.
La recherche de solutions de substitutions aux colles aminoplastes est active car l'enjeu est stratégique pour le secteur.
De telles solutions devront permettre l’utilisation de l’outil industriel actuel, mettre en œuvre des matières premières
disponibles en grandes quantités, ne pas générer de surcoûts inacceptables, tout en respectant les caractéristiques
attendues des panneaux.
Plusieurs voies sont explorées. La voie "chimique" comporte de multiples options (modification des résines UF,
additions de capteurs de formaldéhyde, intégration d'autres liants, utilisation de résines Phénol-Formol moins émissives
mais colorées, etc…).
Les pistes "végétales" incluent l'utilisation de lignines, de tanins, de protéines, d'huiles végétales insaturées, de
polysaccharides, d'extraits d'aiguilles de conifères. A ce jour, aucune solution satisfaisante n'est encore disponible et il
est probable que des combinaisons d'approches seront nécessaires, un effort de R&D soutenu restant nécessaire. Un
succès – même partiel – de valorisation de la lignine dans de telles applications pourrait offrir un débouché de masse à
ce composant du bois mais sous réserve que la qualité requise puisse être produite à bas coût.
Une synthèse38 a été présentée par la société RESCOLL sur la recherche de substituants. L'institut technologique
FCBA a, par ailleurs, finalisée récemment pour le CODIFAB (Comité Professionnel de Développement des Industries
Françaises de l'Ameublement et du Bois) une analyse de l'"Etat de l'art sur les colles vertes et liants biosourcés"39.
38
Présentation par la société RESCOLL, le 23 mars 2014 : "Recherche de solutions alternatives permettant de limiter le dégagement
de formaldéhyde dans les panneaux (fabrication & utilisation)".
39
Etat de l'art sur les colles vertes et les liants biosourcés – Veille internationale sur les recherches et innovations pour élaborer des
colles vertes – Etude FCBA pour le CODIFAB - Décembre 2014
Carte de France des fabricants de usines de panneaux de fibres et de particules (source : mémento FCBA 214)
Les entreprises de l'extraction végétale ont le plus souvent initié leur activité sur un territoire, avec une ou quelques
matières premières, avant de se diversifier en termes d'espèces botaniques traitées et de l'origine géographique de
celles-ci.
Celles les plus actives sur le bois français ont été citées plus haut : BERKEM, BIOLANDES, DRT, LAFFITE (cette
dernière pour les tanins œnologiques), etc. Plusieurs autres sont des acteurs internationaux des extraits végétaux mais
sans historique marqué autour de la forêt ou du bois français.
Il convient de souligner ici que la France a un savoir-faire et une expérience reconnus internationalement, dans ce
secteur de l'extraction végétale. Si de telles activités consomment peu de matière première forestière et ne lui offrent
donc guère de débouchés en termes de volumes, elles sont fortement créatrices de valeur et largement tournées vers
l'export, au bénéfice de notre commerce extérieur. Leur développement implique cependant la diversification des
espèces végétales traitées, avec la création d'unités de pré-extraction ou d'extraction dans les pays où celles-ci sont
cultivées ou récoltées.
De nombreuses entreprises de la chimie, un secteur considéré ici au sens large, valorisent des produits issus du bois,
principalement en utilisant des celluloses de spécialités, des dérivés terpéniques, des extraits végétaux ou des huiles
essentielles. Un potentiel beaucoup plus large existe si l'on considère les composés phénoliques que sont les lignines
et les polyphénols mais aussi les dérivés des hémicelluloses.
Les secteurs concernés s'étendent de la chimie de spécialités à la pharmacie, la cosmétique, la parfumerie et la
nutraceutique. Ils sont le plus souvent acheteurs d'une molécule et de sa fonction au meilleur prix, valorisant
éventuellement la caractéristique "biosourcée" et, plus rarement, le caractère "biosourcé non agricole". De tels
industriels peuvent être actifs en R&D sur certaines molécules dont l'origine est le bois mais ne s'impliquent que
rarement dans l'amont de la filière et n'ont donc guère d'autre fonction structurante que la visibilité commerciale qu'ils
peuvent offrir à leurs fournisseurs. Des exceptions à ce modèle concernent les derniers secteurs cités pour lesquels
l'origine géographique du produit et une traçabilité précise peuvent être essentiels dans certaines niches de marché.
On retrouve des acteurs français majeurs comme ARKEMA (dont la filiale CECA produit des charbons actifs, à partir de
pin maritime, à Parentis, dans les Landes), L'OREAL, MICHELIN, SEPPIC (AIR LIQUIDE), TOTAL, dont le cadre de
référence est mondial, mais aussi le belge SOLVAY et des groupes fortement implantés en France (BASF, etc.) ainsi
que de nombreuses PME dont certaines se positionnent particulièrement sur le potentiel du biosourcé issu du bois.
Plusieurs laboratoires universitaires français explorent les thèmes de la chimie du bois mais seuls quelques-uns
concentrent un grand nombre de projets ayant pour thème central les molécules du bois et disposent d'un volume
important de compétences dans ce domaine à la fois spécifique et transversal. En France, comme dans de nombreux
pays, le chercheur universitaire est noté sur ses publications internationales mais doit faire financer ses recherches par
des projets collaboratifs (européens ou nationaux), menés avec d'autres laboratoires et des industriels. Il en résulte un
exercice de grand écart pour réaliser de front des travaux à forte valeur scientifique tout en conduisant les recherches
plus appliquées ciblées par les différents modes de financements.
Ce qui précède a montré la complexité de la matière qu'est le bois, la diversité des molécules qu'elle renferme comme
celle des applications que la chimie peut ou pourrait en obtenir. La liste des compétences dont doit disposer un
laboratoire actif dans la chimie du bois est importante :
Connaissance de la matière vivante qu'est le bois et de la diversité de sa composition (selon les tissus, leur
âge, les essences, les territoires d'origine, les saisons…).
Maîtrise des techniques analytiques pour identifier des molécules organiques complexes et quantifier leur
concentration.
Maîtrise, à l'échelle du laboratoire, de procédés de prétraitement, d'extraction, de transformation.
Connaissance des fonctionnalités de molécules pouvant être valorisées.
Connaissance des secteurs industriels concernés, de leurs attentes, de leurs procédés et de leurs contraintes.
Réseau établi de partenaires académiques et industriels.
Renommée suffisante pour attirer des étudiants de bon niveau qui seront largement impliqués dans les travaux
exploratoires qui constituent souvent autant de sujets de thèses.
Les centres technologiques spécialisés constituent une spécificité française. Leur vocation est d'assurer le lien entre la
recherche amont et l'industrie mais la réduction de leur dotation publique a pu les inciter à élargir leurs activités pour
générer des ressources.
Seules quelques régions françaises sont particulièrement actives dans la recherche universitaire et technologique sur la
chimie du bois. Les raisons sont historiques, par proximité de la ressource et d'industries transformatrices. Il s'est ainsi
formé des pôles de compétences pouvant rassembler des universités ou des écoles d'ingénieurs, des laboratoires
académiques et des centres technologiques. La région Aquitaine est ainsi particulièrement active autour de la chimie du
pin maritime (des Landes de Gascogne). La Lorraine est une autre grande région forestière et le pôle de Nancy est de
ème
première importance. Les alentours de Grenoble ont présenté une forte activité papetière, du milieu du 19 siècle
jusqu'à récemment et on retrouve sur place des compétences particulières dans le domaine des pâtes de cellulose et
du papier.
Nous ne décrirons ici les principales institutions impliquées dans la chimie du bois et associées à ces trois régions,
avant de compléter la liste avec des organisations nationales ou implantées dans d'autres territoires. Plusieurs des
laboratoires cités sont rattachés au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), sous forme d'unité propre ou
mixte, en partenariat avec d'autres institutions.
AQUITAINE
La recherche sur la chimie du bois a une forte tradition en Aquitaine. Son histoire a été marquée par celle de l'Institut du
Pin, fondé en 1937, à partir du "Laboratoire de Chimie appliquée à l’Industrie de la résine" de l'Université de Bordeaux,
créé lui-même dès 1900. A forte fonction d'interface entre universités et industrie, l'Institut du Pin a cependant fermé
ses portes en 2011, à la suite de difficultés de financement.
Le Laboratoire de Chimie des Polymères Organiques (LCPO) a été créé en 1985. Il dispose d'une équipe d'une
quarantaine de permanents, auxquels s'ajoutent plusieurs dizaines de non permanents. C'est une unité mixte de
recherche, rattachée au CNRS, à l’Université et à l’Institut Polytechnique de Bordeaux. Le LCPO poursuit différentes
activités de l'Institut du Pin mais travaille avec un spectre plus large d'industriels de la chimie. Il dispose d'importantes
capacités analytiques.
Ses recherches intègrent tant la caractérisation et l'étude des propriétés des polymères que le développement de
nouveaux polymères fonctionnels et de leurs applications. Le laboratoire a quatre axes de recherches : (1) catalyses,
ingénierie et procèdes de polymérisation ; (2) polymères pour l’électronique, l’énergie et l’information ; (3) auto-
assemblages de polymères et sciences du vivant ; (4) bio-polymères et polymères biosourcés. Les thèmes de la chimie
du bois trouvent leur place dans ce dernier axe qui se décline en :
Dépolymérisation des biopolymères : polysaccharides, lignine.
Elaboration de synthons et de polymères bio-sourcés : oligosaccharides, dérivés d’acides gras, terpènes, etc.
Modification chimique de nanocelluloses et de chitosane pour l’élaboration de matériaux fonctionnels.
Autre laboratoire aquitain, l’IPREM (Institut des sciences analytiques et de physico-chimie pour l’environnement et les
matériaux) de Pau, est notamment actif en chimie analytique, chimie physique, physique et chimie des polymères.
LORRAINE
Le LERMAB (Laboratoire d'étude et de recherche sur le matériau bois) est un laboratoire pluridisciplinaire de
l'Université de Lorraine. Il est lié à l'INRA de Nancy (unité sous contrat). Le LERMAB est membre de l'Institut Carnot. Il
est engagé dans Laboratoire d'excellence LABEX ARBRE, Recherches Avancées sur la Biologie de l’Arbre et les
Ecosystèmes Forestiers. Le LERMAB est impliqué dans de nombreux projets d'investissements d'avenir. Il rassemble
une équipe de plus de 80 personnes dont 47 permanents. Le laboratoire mène des recherches sur le bois (et sur
d'autres ressources lignocellulosiques), aussi bien pour ses qualités de matériau que pour la production d'énergie ou
comme source de molécules pour la chimie. Les compétences internes sont très diversifiées, depuis la biologie, la
microbiologie, la chimie et la physique jusqu'au génie des procédés, la mécanique et le génie civil. Le LERMAB joue un
rôle privilégié d’interface entre la recherche et les industries de la filière bois. Il collabore avec différents centres de
transfert technologique tels que le CRITT BOIS ou le CETELOR. Les thématiques concernant la valorisation chimique
de la biomasse sont :
La caractérisation de la biomasse et de ses biopolymères en vue de l'optimisation des procédés.
Le développement de voies de valorisation de la lignocellulose (bois, sous-produits, déchets, cultures dédiées).
L'optimisation de procédés innovants de prétraitement chimiques ou physico-chimiques de la biomasse.
La valorisation des extractibles, avec de nombreux travaux sur les tanins et leur usage dans des colles, des
mousses et des résines thermodurcissables. Des recherches sont menées avec l'INRA sur les lignanes et les
autres métabolites secondaires présents dans les nœuds de bois.
Le développement de nouveaux synthons pour la chimie et de molécules amphiphiles originales (tensio-actifs,
solvants).
Le laboratoire travaille par ailleurs sur la production d’énergie par voies sèches (combustion, la gazéification et
pyrolyse) et par voies humides (liquéfaction, hydrolyse, …).
Le LRGP (Laboratoire Réactions et Génie des Procédés, de Nancy et Vandoeuvre), unité Mixte de Recherche du
CNRS (UMR 7274), mène des recherches sur l’étude, la conduite et l’optimisation des procédés complexes de
transformation physico-chimiques et biologiques de la matière et de l’énergie. Les travaux se déploient selon cinq axes :
Génie des Procédés pour l’Environnement, la Sécurité et la Valorisation des Ressources, + Intensification et
architecture des procédés, Bioprocédés-Biomolécules, Réactions et Réacteurs, Génie des produits - Propriétés
d’usages.
Basé à Epinal (Vosges), le pôle de compétitivité FIBRES, intégré désormais à FIBRES-ENERGIVIE est un fédérateur
actif des recherches et développements en chimie du bois (cf. § 4.3.7).
GRENOBLE
Le LGP2 est le Laboratoire de Génie des Procédés Papetiers. Il est membre du LabEx Tec 21 et des Instituts Carnot
PolyNat. C'est une unité mixte de recherche CNRS associé à l'école d'ingénieurs Grenoble INP Pagora40. Le laboratoire
contre 35 permanents et se répartit en trois équipes dont les deux premières sont directement actives dans la chimie
des dérivés du bois :
Bioraffinerie : chimie et éco-procédés. L'équipes est active sur (1) la caractérisation des constituants de la
lignocellulose (distribution des masses moléculaires, groupements fonctionnels, liaisons lignine-hydrates de
carbone), (2) les procédés d’hydrolyse, de délignification et de blanchiment de la biomasse lignocellulosique
par des agents oxydants et de séparation (membranaires, flottation), (3) la valorisation pour la chimie et les
matériaux de la cellulose pure, des hémicelluloses (biocarburants, tensioactifs, applications médicales) et de la
lignine (matériaux, source d'aromatiques).
MatBio "Matériaux Biosourcés Multi-échelles", active depuis la caractérisation de synthons et de polymères
biosourcés, la modification chimique de ces derniers jusqu'aux procédés de production (extrusion,
compression, filtration, imprégnation) et à l'analyse des propriétés de matériaux biosourcés et de composites.
Cette équipe dispose d'une compétence élevée sur les nanocelluloses (nanocristaux et nanofibrilles).
40
Au sein de l'Institut National Polytechnique de Grenoble qui comprend six écoles d'ingénieurs, Pagora est dédiée aux sciences du
papier, de la communication imprimée et des biomatériaux.
Funprint "Fonctionnalisation de surface par procédés d’impression" menant des recherches depuis la
formulation des encres jusqu'aux matériaux imprimés.
Le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) intervient dans quatre domaines dans
lesquels il mène des recherches fondamentales et des travaux de soutien à l'industrie : (1) les Energies à bas carbone ;
(2) les Technologies pour l’Information ou pour la Santé ; (3) les "Très grandes infrastructures de recherche" ; (4) la
Défense et la sécurité globale. Le CEA dispose de dix centres de recherche, répartis dans différentes régions de
France. Celui de Grenoble est actif sur la valorisation de la biomasse – et notamment du bois - pour la production
d'énergie et d'intermédiaires chimiques. Le CEA est impliqué dans les projets de biocarburant lignocellulosique
BIOTFUEL, de production de biométhane de seconde génération GAYA et porte le projet INVERTO, de valorisation
pour la chimie des coproduits de la torréfaction.
Le CERMAV est le Centre de recherches sur les macromolécules végétales, une unité propre de recherche du CNRS.
C'est un laboratoire de recherche fondamentale sur les glycosciences. Ses quatre thématiques sont "Oligosaccharides
et santé", "Glyco-nano-objets et auto-assemblage", " Parois végétales et organisations complexes" (structure,
l'organisation et la biosyntèse des principaux biopolymères au sein des parois végétales natives ou reconstruites),
"Biomasse à vocation technologique".
Le Centre Technique du Papier (CTP) est un Centre Technique Industriel, établissement d’utilité publique qui a pour
mission de (1) promouvoir le développement technologique de l’Industrie des pâtes, papiers, cartons et des Industries
associées (imprimerie ; emballages-transformation ; fournisseurs ; constructeurs, etc.) et (2) de faire progresser les
connaissances scientifiques et technologiques. Le CTP est actif en Recherche et Développement, Formation,
Prestations de services d'essais et d'études. Situé sur le Campus Universitaire de Grenoble (France) il possède deux
antennes à Douai et à Épinal. Il rassemble plus de 100 scientifiques. Il dispose de laboratoires et de pilotes semi-
industriels (notamment pour la production de nanofibrilles de cellulose). Le CTP a développé de nombreux partenariats
en Europe mais aussi en Inde, Corée, aux USA, et au Brésil.
Le CTP est actif dans de nombreux projets relatifs à la chimie du bois et à ses différents constituants : il sera largement
cité plus loin. Il est membre Fondateur de l'Institut Carnot PolyNat aux côtés du CERMAV-CNRS et des laboratoires
LGP2 de Grenoble INP-Pagora, 3SR et Rhéologie. Le partenariat InTechFibres associe le CTP, le FCBA, Grenoble
INP-Pagora et le CERMAV alors que la plateforme technologique TekLiCell regroupe Grenoble INP-Pagora et le CTP.
Le FCBA est l'Institut Technologique Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement, issu de la fusion de l'Association
France-Cellulose (AFOCEL) et du CTBA (Centre technique du bois et de l'Ameublement). Son siège est en Seine et
Marne mais il dispose d'implantations régionales, notamment à Bordeaux (avec un laboratoire de chimie) et à Grenoble,
où il collabore avec le CTP sous le label IntechFibres. C'est au travers de ce partenariat que sont développées les
activités du FCBA en chimie du bois. Le FCBA dispose en outre d'une forte expertise de la ressource forestière et en
bois, y compris des déchets de bois.
L'IFP Energies nouvelles (IFPEN) est un établissement public national à caractère industriel et commercial, à
vocation de recherche appliquée. Il est issu historiquement de l'Institut Français du Pétrole. Ses travaux s'organisent en
cinq axes : (1) Production à partir de sources renouvelables des carburants, d'intermédiaires chimiques et d'énergie ;
(2) Production éco-responsable d'énergie en réduisant l'impact sur l'environnement (y compris par le captage et le
stockage géologique du CO2) ; (3) Transports innovants, économes et à faible impact environnemental, (4) Procédés
éco-efficients de production à partir de ressources fossiles des carburants et intermédiaires chimiques à faible impact
environnemental ; (5) Développement de technologies respectueuses de l'environnement pour repousser les limites
actuelles de l'exploration et de la production des hydrocarbures.
Dans le cadre de son premier axe, IFPEN travaille sur le développement de procédés de production de biocarburants et
d'intermédiaires chimiques à partir de la transformation de la biomasse. Son objectif est de finaliser des technologies
commercialisables à l'échelle globale. IFPEN est impliqué dans des projets de production de biocarburants et de
biomolécules à partir de lignocellulose (incluant le bois) comme FUTUROL ou BIOTFUEL.
Le programme "BIoraffinerie des LIgnocelluloses" (BILI) rassemble 9 unités localisées sur la carte ci-dessous. Son
champ d'action est "la connaissance et l’amélioration de la qualité de la biomasse, l’exploration d’outils de
bioconversion performants et l’obtention de biomolécules fonctionnelles". Il comprend quatre ensembles d'activités : (1)
caractériser la biomasse lignocellulosique ; (2) concevoir des procédés de déconstruction ; (3) développer des
technologies de transformation ou de fonctionnalisation ; (4) caractériser et évaluer des molécules et assemblages
fonctionnels.
Parmi les entités apparaissant sur cette carte, on peut citer, entre autres :
L’UMR BBF (Biodiversité et Biotechnologie Fongiques) étudie les champignons filamenteux comme source
d'innovations pour la valorisation de la biomasse, notamment dans leur la dégradation de la lignocellulose, en
s'inspirant des modèles biologiques pour développer ou affiner des procédés industrialisables.
L'unité "Biopolymères Interactions Assemblages" (BIA) de Nantes est active sur différents thèmes. Elle
dispose notamment d'une expertise sur les nanocristaux de cellulose dans son équipe "Assemblages
nanostructurés" et sur les polyphénols de fruits.
L'unité mixte INRA-URCA "Fractionnement des Agro-Ressources et Environnement" (FARE) de Reims
travaille selon deux axes : (1) "Hiérarchie des structures lignocellulosiques et leur déconstruction" (étude des
facteurs intrinsèques aux lignocelluloses influant leur aptitude à leur déconstruction) et (2) "Dynamiques
microbienne et enzymatique en milieux complexes" dédiés à l'étude des processus microbiens et enzymatiques
de biodégradation/transformation des lignocelluloses. L'unité FARE participe à de nombreux projets parmi
lesquels FUTUROL et a été impliquée dans BIOCORE.
L'Institut Jean-Pierre Bourgin (IJPB, Versailles), unité mixte INRA-AgroParisTech (UMR1318). Dans son pôle
thématique "Paroi végétale fonction et usage", l'équipe "Biopolymères lignocellulosiques : des assemblages
pariétaux aux synthons pour la chimie verte" mène des travaux" sur la biosynthèse des lignines [chez les
graminées], la modélisation de la lignification et des interactions lignines-polysaccharides, la valorisation des
lignines comme sources de synthons pour la chimie ou comme matière première pour la conception de
nouveaux biomatériaux et sur la réactivité chimique des polyphénols des végétaux (tanins, …). Elle dispose
d'une expertise sur la formation, la structure et les propriétés des lignines et la synthèse de composés
phénoliques modèles et de polymères biosourcés.
Le Laboratoire d’Ingénierie des Systèmes Biologiques et des Procédés (LISBP) de Toulouse est une très
importante unité mixte associant notamment l’INRA et le CNRS. Onze équipes de recherche se répartissent
en 5 axes scientifiques très orientés, comme le nom du laboratoire le laisse entendre, vers les biotechnologies
blanches et les procédés : Biocatalyse ; Physiologie et Métabolisme Microbien ; Systèmes Microbiens et
Bioprocédés ; Transfert, Interfaces, Mélanges ; Séparation, Oxydation et Procédés Hybrides.
L'unité mixte de recherches Sciences Pour l'Œnologie (UMR SPO) INRA, Montpellier SupAgro et Université
Montpellier 1, mène des travaux de recherche pour la filière œnologique et dispose, à ce titre, d'une forte
expertise des polyphénols.
Le Laboratoire de Chimie des Substances Naturelles (LCSN) est une Unité Propre de Recherche et
d’Enseignement Supérieur (UPRES EA 1069) de l’Université de Limoges. Il mène des recherches sur la synthèse et/ou
l’extraction de molécules bioactives, l’analyse de leurs structures, la caractérisation de leurs activités biologiques et
l’étude de leurs mécanismes d’action, avec deux axes majeurs de recherche : (1) la synthèse et évaluation
thérapeutique d'analogues de nucléosides et de porphyrines ; (2) les modifications chimiques, les propriétés
biologiques et la valorisation de la biomasse. La chimie du bois trouve sa place dans ce deuxième axe (polysaccharides
et composés phénoliques) avec, entre autres, des travaux sur les xylanes de feuillus.
VALAGRO CARBONE RENOUVELABLE est une plateforme de R&D et technologique, à statut de société d'économie
mixte, localisée à Poitiers. VALAGRO dispose de quatre champs de compétence majeurs : l'oléochimie, la chimie de la
lignocellulose, la chimie des polymères, les bioplastiques et biomatériaux. VALAGRO intervient en prestation de
services ou participe à des projets collaboratifs. Sa filiale ECOETHANOL valorise son procédé de fabrication d'éthanol
lignocellulosique. VALAGRO participe au projet VADEBIO de valorisation pour la chimie des déchets de bois
d'ameublement.
D'autres laboratoires de recherche, généralement rattachés au CNRS, peuvent valoriser leur expertise spécifique
de la catalyse, des matériaux, du génie des procédés, etc., dans des projets de chimie du bois. La liste qui suit n'est
pas exhaustive :
Le C2P2 (Chimie, Catalyse, Polymères et Process), CNRS UMR 5265, de Villeurbanne, actif sur la catalyse, les
phénomènes de surface, les nanomatériaux, les polymères avec pour finalité la production de matériaux
composites et la définition de leurs procédés de fabrication.
L'IRCELYON (Institut de Recherche sur la Catalyse et l’Environnement) est une Unité Mixte de Recherche
5256 CNRS-Université de Lyon spécialiste de la catalyse, ayant pour mission de développer des
connaissances sur la catalyse et des procédés pour sa mise en œuvre pour une chimie plus sûre et plus
respectueuse de l’environnement.
L'ICBMS (Institut de Chimie et Biochimie Moléculaires et Supramoléculaires) de Villeurbanne, une unité de
recherche rattachée à l'Université Lyon 1, le CNRS (Institut de Chimie et Institut des Sciences Biologiques),
l'INSA de Lyon et CPE Lyon. Il mène des recherches sur des thèmes de chimie organique, glycochimie,
catalyse, synthèse, chimie supramoléculaire, membranes biologiques, …
L'ICGM (Institut Charles Gerhardt), de Montpellier, travaille sur trois grandes thématiques "De la molécule au
matériau" : chimie moléculaire, macromoléculaire et supramoléculaire, auto-organisation, nanostructuration,
hybrides, nano matériaux,… ; "les Matériaux Avancés" : applications à l’énergie, l’environnement, le
développement durable, la santé ; "la Modélisation" : structures, propriétés et réactivité des molécules et des
matériaux.
L'IS2M (Institut de Science des Matériaux), de Mulhouse, est un laboratoire du CNRS et de l'université de
Haute-Alsace (LRC 7228) qui traite un large ensemble de thèmes de recherche sur les matériaux et
nanomatériaux, depuis leur conception jusqu’à leur valorisation industrielle, en passant par des caractérisations
très fines et des études de propriétés dans des conditions d’applications. Les activités de recherche de l’IS2M
s’articulent autour de cinq ensembles : Matériaux à porosité contrôlée ; Interactions surface - environnement
(gaz, liquide, solide, objet biologique, y compris propriétés de surfaces et mécanismes d'adhésions de
polymères ou de bactéries, …) ; Chimie et Physique des systèmes auto-assemblés ; Physique des surfaces et
des matériaux nanostructurés ; biomatériaux et interactions matériaux-objets biologiques.
L'I2M (Institut de Mécanique et d’Ingénierie) de Bordeaux (UMR 5295) est une unité mixte CNRS (Institut
INSIS), l’Université Bordeaux 1, l’Institut Polytechnique de Bordeaux IPB, et l’Ecole Nationale Supérieure des
Arts et Métiers ParisTech, avec, de plus un statut d’unité sous contrat avec l'INRA. Ses thèmes de recherche
s'étendent de la mécanique des solides, des systèmes et des fluides au génie civil, mécanique et des
procédés.
L'IPCM (Institut Parisien de Chimie Moléculaire) est une unité mixte UPMC (Université Pierre et Marie Curie)-
CNRS. Il comprend quatre pôles : (1) Intermédiaires Réactifs, Catalyse Organométallique (2) Edifices
Moléculaires Fonctionnels et Nanostructures, (3) Chimie Bio-organique, Structurale et Supramoléculaire et (4)
Chimie des Polymères. Son dernier pôle mène des travaux sur les biopolymères et notamment sur la lignine et
son intégration aux polyesters.
Le LGC, Laboratoire de Génie Chimique, de Toulouse, est une unité mixte de recherche entre le CNRS,
l’Institut National Polytechnique de Toulouse et l’Université Paul Sabatier. Ses recherches ont pour objectif de
concevoir, conduire, optimiser et extrapoler de nouveaux procédés de transformation de produits, de matériaux
ou d’objets. Les recherches sont particulièrement actives dans le domaine de la conception de procédés
hybrides, des microprocédés, des procédés pour la production de matériaux avancés incluant les micro- ou
nano-particules ou les objets nanostructurés, de la production d’énergie non carbonée, du traitement de l’eau et
des effluents, de l’ingénierie pour la santé.
Le Laboratoire des Sciences des Procédés et des Matériaux (LSPM) est une unité propre de recherche
(UPR3407) du CNRS-INSIS, située sur le site de l’Université Paris 13, active dans les domaines de la Science
des Matériaux et du Génie des Procédés, avec trois axes de recherche : (1) Développement, étude et mise au
point de procédés d’élaboration et de transformation de matériaux ; (2) Etude et compréhension de l’évolution
des caractéristiques structurales et des propriétés des matériaux et de leurs couplages ; (3) Intégration de
matériaux dans des systèmes, dispositifs et procédés.
Les principaux pôles de compétitivité impliqués dans la chimie du bois sont, par ordre alphabétique :
AXELERA, pôle de Chimie-Environnement Lyon et Rhône-Alpes qui rassemble 266 adhérents (188
entreprises, 61 ETI et groupes, 69 centres de R&D et/ou formation, 9 institutionnels) et a labellisé 180 projets
de R&D. Un de ses axes stratégiques est "Matières premières renouvelables" qui focalise sur la transformation
de ressources renouvelables, notamment les bio-ressources pour l’accès à des matières ou à de l’énergie. La
valorisation du bois, de la lignine et de la cellulose pour la chimie et l’énergie est une "rupture prioritaire" pour le
pôle qui labellise de nombreux projets de chimie du bois.
FIBRES-ENERGIVIE, a réuni, début 2015, le pôle lorrain FIBRES, basé à Epinal et le pôle alsacien
ENERGIVIE de Strasbourg. Il rassemble 270 adhérents dont 218 entreprises dont 181 TPE et PME, 21
organismes de recherche, 12 organismes de formation et 19 organismes professionnels. Ses domaines
d'activités stratégiques sont : "Chimie de la biomasse lignocellulosique", "Fibres et matériaux durables",
"Processus et systèmes constructifs", "Energie, réseaux et flux", "Economie circulaire et performance filières",
Le pôle organise tous les deux ans l'évènement international WOODCHEM dédié à la valorisation du bois pour
la chimie. Le pôle FIBRES avait initié en 2009 un programme d'action Ecolicel® qui vise à soutenir l’émergence
d’une nouvelle filière de chimie issue du bois, en mobilisant les acteurs de la filière forêt/bois/papier.
XYLOFUTUR, pôle de compétitivité dédié aux produits et matériaux des forêts cultivées. Fondé en 2005, il
rassemble 194 adhérents. Un de ses trois axes stratégiques est "le développement du bois source de fibres
comme matière première de l’industrie papetière, des panneaux de process, de la chimie bio-sourcée et de
l’énergie". XYLOFUTUR a labellisé 181 projets. Parmi les 52 aboutis, 8 ont porté sur la chimie du bois.
XYLOFUTUR organise en Aquitaine les conférences XYLODATING (la 9ème édition s'est tenue en juin 2015)
qui comportent des sujets sur la valorisation chimique de la biomasse bois. Avec le réseau Aquitaine Chimie
Durable, le pôle a mis en œuvre, en 2012, l'action collective LignoCellMarket "Valorisation de la biomasse bois
à travers la chimie", avec le soutien financier de la région Aquitaine et de la Direccte Aquitaine. Cette action
avait pour objet de détecter les besoins des marchés, faciliter la prise de décision des acteurs et susciter les
projets de R&D correspondants. 9 projets ont été élaborés, impliquant des acteurs industriels amont et aval et
des partenaires académiques. 5 projets ont été financés (un par le Conseil Régional d'Aquitaine, un par l’ANR
et trois sur des fonds propres). Un projet est en cours d’évaluation pour des financements inter-régionaux. En
2015, le pôle de compétitivité a reçu le soutien des mêmes financeurs régionaux pour la poursuite de l'action
pendant deux ans : LignoCellMarket 2.0 qui intègre un volet de caractérisation des gisements de biomasse bois
et d'évaluation de leur potentiel pour l'obtention de molécules bioactives.
D'autres pôles peuvent labelliser, stimuler ou être impliqués plus ponctuellement dans des projets incluant des travaux
sur la chimie du bois. C'est le cas notamment d'AGRI SUD-OUEST INNOVATION (pôle dédié à l'agriculture,
l'agroalimentaire et aux agro-ressources, en Aquitaine et Midi-Pyrénées), d'ELASTOPOLE (pôle Caoutchouc et
Polymères, basé à Orléans) et de TRIMATEC (pôle Procédés industriels propres et sobres, basé à Pont-Saint-Esprit,
Gard).
Balance commerciale récente des filières forêt-bois françaises (source : Agreste conjoncture – Avril 2015)
On retiendra toutefois la rareté des postes positifs d'un tel tableau (feuillus vendus sous forme de grumes non
transformées…) mais il reste incomplet : les merrains, barriques et tonneaux qui génèrent un excédent de 330 à 340
millions d'euros ne sont pas mentionnés.
En ce qui concerne les produits de la chimie du bois, ces chiffres ne mettent pas en valeur les celluloses de spécialités
(au solde largement excédentaire) et ne prennent pas en compte leurs dérivés. Comme on l'a vu, les extraits du bois
peuvent apparaître sous différents codes douaniers et ne sont pas tous présents dans ce tableau.
Les produits élaborés rattachés à d'autres secteurs de la chimie, de la cosmétique ou la parfumerie n'entrent pas dans
de telles statistiques alors que certains peuvent valoriser des dérivés du bois produits en France (terpènes, …).
Les matières premières de la chimie du bois sont des coproduits de l'exploitation forestière, de la transformation du bois
ou de l'industrie des pâtes. Le développement de cette chimie peut créer de la valeur exportable mais elle ne saura à
elle-seule redresser les comptes d'une filière dont les premiers produits sont des matériaux qui ont d'autant plus de
valeur qu'ils sont transformés. La chimie du bois peut s'inscrire dans une démarche d'ensemble des filières forêt-bois-
papier françaises pour qu'elles gagnent en compétitivité et améliorent leur balance extérieure mais elle ne peut en être
qu'un élément.
La construction de l'usine papetière de Tartas (Landes) a commencé en 1941 et les premiers lots de pâte ont été
produits en 1945. Dédiée initialement à la production de viscose, l'usine a fabriqué des pâtes papetières puis, à partir
du début des années 70, des pâtes dites "fluff", pour produits d'hygiène absorbants. En 1961, l'usine avait intégré, le
groupe CELLULOSE DU PIN, filiale de SAINT-GOBAIN rassemblant plusieurs unités françaises de pâte. Le site est en
grave difficultés au début des années 1990 et Saint-Gobain prévoit de le fermer. Il est finalement repris par les groupes
canadiens CASCADES et TEMBEC en 1994. Fin 1999, TEMBEC devient le seul actionnaire. Dès la reprise du site, est
amorcée sa reconversion vers la production de celluloses de spécialités, à plus forte valeur ajoutée que la pâte fluff.
L'évolution implique non seulement des investissements considérables (100 millions d'euros, entre 2000 et 2011) mais
aussi un bouleversement très profond des pratiques industrielles. L'usine produisait précédemment une seule
commodité, la pâte fluff. Elle fabrique désormais une gamme importante de spécialités, de qualités différentes (degré
de polymérisation), avec deux grades uniques au monde. La culture interne et les méthodes de travail ont dû être
adaptées. Une équipe active de recherche et développement a été en charge d'accompagner ces changements et de
poursuivre la mission d'innovation. En parallèle, l'unité, précédemment polluante, s'est donnée comme ambition de
devenir progressivement exemplaire en matière d'environnement (réduction des effluents, développement de l'énergie
biomasse). Toute cette évolution a été pilotée pour que l'usine maîtrise ses coûts et préserve sa rentabilité financière
tout au long de ces années de transition.
Les grands investissements ont permis au site de moderniser sa production, maîtriser ses effluents et assurer
l'essentiel de son autonomie énergétique. On peut citer plus particulièrement :
2003 – Réacteur d’enrichissement en alphacellulose
2005 – Presses laveuses.
2006 - Evaporation des effluents d’enrichissement en alphacellulose
2008 – chaudière biomasse
2012 – Turbine vapeur à condensation de 18 MWe, générant 16 t/h de vapeur, mise en place dans le cadre de
l'appel d'offre CRE2. 60 Kt de biomasse forestière assurent son approvisionnement. 90 % de la consommation
électrique est assurée.
2013 – Modernisation des unités de blanchiment et réduction d'impacts environnementaux.
Le tableau ci-dessous présente le bilan des changements engagés. TEMBEC Tartas est désormais une bioraffinerie à
part entière, fonctionnant en majorité avec de l'énergie biomasse et dont les clients sont des chimistes. L'entreprise se
positionne parmi les leaders mondiaux sur ses marchés alors qu'elle était précédemment un acteur mineur des pâtes
de cellulose de commodités. Si le tableau met en évidence le point de départ et celui d'arrivé, il ne décrit pas le détail
des étapes franchies et les difficultés propres aux périodes où produits antérieurs et nouveaux cohabitaient.
Différentes unités françaises de production de pâte de cellulose ont engagé, ces dernières années, des initiatives
destinées à améliorer leur compétitivité en offrant de nouvelles valorisation à leurs coproduits.
molécules présentes dans ses coproduits amont (analogues à des connexes de scieries) et dans certains de ses
effluents.
NSG participe ainsi au projet "Le Bois Santé", porté par HEMIPHARMA qui vise la valorisation des substances
extractibles du bois pour les marchés pharmaceutiques et nutritionnels en santé humaine et vétérinaire. Il porte le projet
REVA COPA "REcupération et Valorisation de COmposés Phénoliques d’effluents de PApeterie" qui a pour objectif
d'optimiser la récupération de composés phénoliques issus de la fabrication mécanique de pâte à papier à l’aide de
procédés membranaires pour leur transformation en molécules à valeur ajoutée.
SMURFIT KAPPA
ROL PIN, filiale de SMURFIT KAPPA avant sa cession en 2010, avait porté le projet "BEMA" (Bois Eco Matériaux
Aquitaine) dont l'objectif était de développer de nouvelles générations de mélanges collants et de matériaux
composites à partir de matières premières renouvelables produites en Aquitaine (notamment de tanins d'écorce de pin
maritime). SMURFIT KAPPA CELLULOSE DU PIN avait participé, avec TEMBEC France, au projet "BIOEXTRA"
d'exploitation des extractibles des résidus des usines de pâtes, porté par BIOLANDES.
BIOMETHODES
Créée en 1997, BIOMETHODES est une entreprise de biotechnologies, spécialiste de l'ingénierie enzymatique. Depuis
2007, BIOMETHODES développe une technologie propriétaire de déconstruction de la lignocellulose, valorisant en
exclusivité, pour l'étape de prétraitement, des brevets de VIRGINIATECH, issus de travaux de l'Université de Virginie
(USA). BIOMETHODES utilise son savoir-faire pour développer ses propres enzymes hydrolytiques. Les objectifs sont
les suivants :
1) Valoriser à l'optimum la fraction lignocellulosique pour la chimie en séparant les trois fractions : cellulose,
hémicelluloses et lignines.
2) Adapter le procédé à une large gamme de biomasse,
3) Réduire significativement les besoins en enzymes nécessaires à l'obtention des sucres de la lignocellulose (et
par suite les coûts).
Le prétraitement est à base d'acide phosphorique et de solvants organiques, à une température de 60°C, suffisamment
basse pour bien préserver les différentes fractions et éviter la formation d'inhibiteurs de fermentation de type furfural ou
autre. Il est peu énergivore, maintient l'intégrité des hémicelluloses et de la lignine et permet un recyclage de l'acide
phosphorique. L'usage de ce dernier est adapté à l'industrialisation du procédé : c'est un acide faible, utilisé à très
grande échelle dans des industries comme celle des engrais, recyclable à 99.5 % avec des coûts réduits et compatibles
avec les fermentations ultérieures des produits obtenus, les traces de phosphates jouant même le rôle de "booster"
pour les microorganismes.
La cellulose obtenue est amorphe et facile à hydrolyser. La lignine est d'une grande pureté. Les hémicelluloses restent
partiellement polymérisées. BIOMETHODES a développé des cocktails enzymatiques qui permettent une hydrolyse
très performante de la cellulose et des hémicelluloses en monomères (Optazyme). Les eaux de lavage contiennent des
tanins et d'autres molécules aromatiques, avec les résidus d'acide phosphorique et de solvants. Leur destination
actuelle est comme engrais mais d'autres valorisations pourraient être explorées.
BIOMETHODES mènent des travaux en France et aux Etats-Unis. En Virginie, un pilote traitant 200 kg de biomasse
par jour est en fonctionnemment depuis 2014. Des résidus de bois d'essences comme le chêne, le hêtre, l'érable, le
peuplier ont été utilisés comme matière première. L'entreprise a donc acquis une expérience significative sur le
traitement du bois de feuillus. BIOMETHODES vise la réalisation d'unités de taille réduite, compatibles avec les
disponibilités en ressources de partenaires des filières bois. Des discussions sont en phase avancée pour développer
un pilote en France, avec un partenaire industriel important.
Schéma de principe du procédé de BIOMETHODES
CIMV
La Compagnie Industrielle de la Matière Végétale (CIMV) a été fondée en 1998, avec l'objectif de développer une
technologie de valorisation des matières premières lignocellulosiques en séparant ses trois composants majeurs tout en
préservant leurs propriétés. Après des travaux de recherche avec l'INP-ENSIACET de Toulouse (Laboratoire de Génie
Chimique, en particulier), un pilote a été construit en Champagne-Ardennes, sur le site de Pomacle et a démarré ses
activités en 2007, en focalisant initialement sur les pailles de céréales.
Le prétraitement de CIMV dérive du procédé papetier Organosolv qui utilise différents solvants organiques pour
dissocier la lignocellulose. CIMV emploie un mélange d'acides formique et acétique qui sont entièrement recyclés. Le
procédé permet d'obtenir (1) de la cellulose, (2) une lignine de haute qualité, linéaire et de faible poids moléculaire
(Biolignine™) et (3) un sirop de monomères et d'oligomères issus des hémicelluloses. Le procédé actuel est adapté à la
paille et aux bois de peuplier ou de châtaignier. Le bois de chêne peut être traité moyennant des adaptations de
process pour une meilleure diffusion des acides et un ajustement du ratio formique/acétique. Un traitement par des
enzymes hydrolytiques a été développé pour dégrader la cellulose en glucose très pur et une fermentation commune de
celui-ci avec la fraction issue des hemicelluloses peut être assurée par des souches de levures spécifiques. La
technologie CIMV est protégée par une dizaine de brevets.
Dans ses expérimentations pilotes, la technologie CIMV a permis d'obtenir à partir d'une tonne de biomasse
lignocellulosique 270 kg de Biolignine™ (à 90 % de lignine), 490 kg de pâte de cellulose (à 89 % de sucres en C6 et
9 % de sucres en C5) et 220 kg de sirop à 48 % de sucres en C5.
Avec différentes entreprises et laboratoires universitaires de plusieurs pays, CIMV avait participé au programme
Européen BIOCORE, coordonné par l'INRA. Il a donné lieu à de nombreuses publications détaillées qui valident le
potentiel de sa technologie. CIMV a noué des partenariats avec TECHNIP pour développer l'ingénierie de son procédé,
avec l'entreprise américaine de biotechnologie DYADIC dont il produira et valorisera les enzymes C1 sous licence, et
avec le suédois TAURUS ENERGY dont il utilisera la souche de levures modifiée Xyloferm™ pour la production
d'éthanol à partir de sucres cellulosiques. CIMV rassemble à son capital des investisseurs spécialisés comme
PIERSON CAPITAL. En mars 2015, CIMV a annoncé la construction d'un démonstrateur de sa technologie à Portes
du Tarn, à proximité de Toulouse. Elle traitera 30 t de matière équivalent-sèche par jour, soit 1 à 1.2 t/heure. Ses
matières premières seront de la paille de céréales, des bois de châtaignier et de peuplier. L'unité produira de l'éthanol
par hydrolyse de la cellulose suivie d'une fermentation des sucres C5 et C6.
Description du procédé de CIMV dans le cadre du programme européen Biocore
ECOETHANOL
ECOETHANOL est une filiale à 100 % de la plateforme de recherche technologique VALAGRO et c'est également le
nom du procédé développé depuis 2006, protégé par différents brevets et validé à l'échelle d'un pilote qui peut traiter
70 kg équivalents secs de matière première à l'heure. Un prétraitement thermomécanique continu de la biomasse
lignocellulosique (à température modérée) précède une hydrolyse enzymatique qui permet la production d'un jus sucré
de glucose et de sucres en C5 purifiables d'une part, de la lignine d'autre part. Le procédé a été initialement développé
sur de la paille de blé mais les travaux actuels portent sur le bois de feuillus (hêtre, chêne, peuplier, châtaignier). Une
caractérisation plus précise des lignines obtenues est en cours ainsi que des travaux sur l'extraction des tanins, en
début de process.
Le procédé est conçu pour s'intégrer aisément aux bioraffineries de première génération existantes, avec des
consommations d'énergie et d'eau faibles. Il leur offrira la possibilité de valoriser différentes ressources
lignocellulosiques dont le bois. Les travaux de VALAGRO sur le bois usagé (cf. § 5.7) permettent d'élargir encore le
spectre de ressources à traiter.
FUTUROL
Le projet FUTUROL, porté par la société dédiée PROCETHOL 2G, rassemble de nombreux partenaires industriels et
financiers : ARD (Agro-Industries Recherches et Développement), CGB (Confédération Générale des planteurs de
Betteraves), CREDIT AGRICOLE NORD EST, IFPEN, INRA, LESAFFRE, ONF, TEREOS, TOTAL, UNIGRAINS et
VIVESCIA. Son objectif est le développement d'une technologie de production de bioéthanol de seconde génération à
partir d'un grand nombre de matières premières lignocellulosiques (cultures dédiées, coproduits agricoles et forestiers,
résidus verts etc). L'éthanol peut être destiné aux biocarburants ou à la production de molécules pour la chimie.
3
Le pilote produisant 180 m d'éthanol par an avait été mis en place en 2011 sur agro-industriel site de Pomacle-
Bazancourt (environs de Reims). En juin 2015 a été annoncée la construction d'une unité industrielle sur le site de
TEREOS (sucrerie et distillerie) de Bucy-Le-Long (Aisne), qui validera à grande échelle sur une première durée de
quatre mois la partie du procédé concernant la conversion de la matière première en sucres fermentescibles. L'unité
pourra traiter 70 tonnes de paille, de bois et de Miscanthus par jour et produire entre 6 000 et 10 000 m3
de bioéthanol par an. La technologie, incluant la production intégrée d'enzymes et de levures, sera commercialisée à
l'échelle globale sous forme de licence à des unités industrielles de bioéthanol par AXENS, filiale de l'IFPEN.
Le procédé dans son ensemble comprend trois innovations de rupture : le prétraitement, les enzymes et les levures. Le
prétraitement retenu est thermomécanique. Le procédé intègre la production d'enzymes fongiques cellulolytiques de
Trichoderma reesei sur site, avec un ratio performance/prix de revient particulièrement élevé. Les levures mises en
œuvre peuvent métaboliser le glucose et les pentoses. Les essais sur le bois ont porté sur le peuplier et le saule. Le
chêne s'est révélé mal adapté car ses tanins agissent comme des inhibiteurs. Des tests sont en cours sur les résineux
mais avec des difficultés liées à la présence de résines et leurs effets néfastes sur les fermentations.
La lignine obtenue reste traitée comme un résidu, utilisé comme source d'énergie de combustion.
Les procédés thermochimiques se différencient par la température de réaction, la durée du traitement, la présence ou
l'absence d'oxygène, la pression lors de la réaction et les catalyseurs mis en œuvre. Les premiers décrits ci-dessous
(BioTfuel, Syndièse) mettent en œuvre une dégradation complète de la lignocellulose en méthane, CO2, CO, avant la
production de chaînes hydrocarbonées par synthèse de Fischer-Tropsch. Gaya cible spécifiquement la production de
méthane alors que Catapult et Inverto recherchent la valorisation de coproduits de pyrolyse flash ou de torréfaction.
BIOTFUEL
Porté par la société BIONEXT qui rassemble IFPEN et sa filiale AXENS, TOTAL, THYSSENKRUPP INDUSTRIAL
SOLUTIONS, AVRIL (ex SOFIPROTEOL) et le CEA, le projet BioTfuel a été lancé en 2010. Il est soutenu par l'ADEME
et le Conseil Régional de Picardie. Il consiste à développer un procédé thermochimique (gazéification) de conversion
de diverses biomasses lignocellulosiques, additionnées éventuellement de résidus pétroliers (cotraitement), en
biodiesel et biokérosène, directement incorporables aux carburants conventionnels. Ce projet a franchi ses premières
étapes et va faire l'objet de la construction de deux démonstrateurs, à Dunkerque (TOTAL, exploitation prévue en 2017)
et à Venette (AVRIL).
Le procédé comprend plusieurs étapes : prétraitement de la biomasse par torréfaction, gazéification en flux entraîné
sous pression (opérationnelle pour des produits fossiles mais devant être adaptée à la biomasse), conditionnement du
gaz de synthèse, synthèse de Fischer-Tropsch en présence de catalyseurs optimisés. La capacité à traiter une grande
diversité de matières premières est mise en avant car les futures unités industrielles devront être de grande taille pour
optimiser leur rentabilité. Elles devront donc être en mesure de valoriser la diversité des ressources disponibles dans
leur périmètre.
Production de biocarburants de 2e génération par la voie thermochimique (Source : IFP Energies nouvelles)
SYNDIESE
Syndièse est un projet de démonstrateur de production de biocarburants lignocellulosiques (Biomass to liquid = BtL),
par voie thermochimique, du CEA et d'AIR LIQUIDE. Il ambitionne la production de de 23 000 t par an de biodiesel, bio-
kérosène et bio-naphta pour la chimie du végétal, sur le site de Bure-Saudron (Meuse et Haute-Marne). Le projet n'en
est qu'à ses débuts de mise en œuvre : une plateforme de prétraitement mécanique de biomasse a été mise en place
sur le site.
GAYA
Ce projet porté par ENGIE (ex GDF SUEZ) et soutenu par l'ADEME rassemble de nombreux partenaires (CEA, CIRAD,
CTP/FCBA, LGC Toulouse, LRGP, RAPSODEE de l’Ecole des Mines d’Albi-Carmaux, REPOTEC (Renewable Power
Technologies Umwelttechnik GmBH, Union de la coopération forestière française, Unité de Catalyse et de Chimie du
Solide de Lille). Il a pour objectif la production de bio-méthane de "seconde génération", à partir de biomasse
lignocellulosique et reste positionné dans une valorisation énergétique (combustible et carburant). Nous le citons ici
pour mémoire. Le procédé comporte une étape de gazéification de la biomasse lignocellulosique puis de conversion du
gaz de synthèse en biométhane par méthanation. Initié en 2010, il vise la production industrielle en 2017. La plateforme
Gaya est en cours de mise en place en 2015-2016, à St-Fons, à proximité de Lyon. Elle comportera des
démonstrateurs sur l’ensemble de la filière (approvisionnement, gazéification, méthanation, traitement du gaz de
synthèse et valorisation carburant du biométhane).
CATAPULT
"CATAlyse en Pyrolyse pour une co-valorisation de bio-hUiLes en chimie et carburanTs", porté par le CIRAD et soutenu
par l'ANR vise à évaluer la pertinence technique, économique et environnementale d’une filière de production de bio-
huiles par pyrolyse flash, en vue d’une valorisation matière (molécules plateforme ou à haute valeur ajoutée pour la
chimie verte) et énergétique (co-traitement des bio-huiles ou de leurs fractions résiduelles avec des reformats pétroliers
pour la production de carburants hybrides bio-fossiles). La pyrolyse flash est une technologie dans laquelle la biomasse
est soumise à une élévation de température très rapide jusqu'à 500°C, à pression atmosphérique, suivie par un
refroidissement brutal. Les espèces moléculaires obtenues sont très diverses (acides organiques, cétones,
lévoglucosan dérivé de la cellulose, gaïacol, syringol dérivés de la lignine, etc…) et leur nature exacte dépend des
catalyseurs mis en œuvre. Les matières testées sont le bois de hêtre et la paille de tournesol. Initié début 2014, le
projet s'achèvera mi 2017.
INVERTO
Le projet Inverto (INnovation en chimie VERTe par la TOrréfaction), coordonné par le CEA et soutenu par l'ANR
implique le CIRAD, le Laboratoire de Génie Chimique (LGC) et l'entreprise PCAS (Produits Chimiques Auxiliaires et de
Synthèse) vise de la valorisation par la chimie des coproduits condensables issus de la torréfaction de biomasse
lignocellulosique. Il prévoit le développement et la mise en œuvre de techniques d'analyse de la composition des
condensables, la sélection des molécules les plus attractives, l'optimisation des paramètres de torréfaction pour
favoriser leur production, le développement de techniques d'extraction de ces molécules avec des tests pilotes. Une
évaluation technico-économique et une analyse de son cycle de vie seront réalisées.
On peut rappeler ici que la torréfaction consiste à soumettre la biomasse à une température de 250 à 350°C pendant
10 à 30 minutes, à pression atmosphérique ou peu élevée, en l'absence ou à de très faibles concentrations d'oxygène.
Les hémicelluloses sont largement dégradées alors que la cellulose et les lignines sont inégalement dépolymérisées et
altérées. L'objectif d'une telle technologie est la concentration énergétique, la stabilisation et l'homogénéisation de la
biomasse qui devient en outre hydrophobe et friable, ce qui facilite son transport, son stockage et sa co-combustion
avec le charbon. Les teneurs en oxygène et en hydrogène sont diminuées et la concentration en carbone augmentée.
Lors de la torréfaction, des gaz sont émis qui renferment des molécules organiques légères. Ils sont généralement
brulés pour fournir une part de l'énergie du procédé. L'originalité d'Inverto est d'explorer la valorisation pour la chimie
des condensables obtenus. Ce projet de trois ans s'achève en 2015.
TEMBEC France poursuit les développements dans sa gamme de celluloses de spécialités, avec des produits de
pureté et de viscosité (= degré de polymérisation) spécifiques ainsi que l'accompagnement de ses clients dans
l'optimisation de leurs applications.
Le projet CELLULOCAT, porté par le Laboratoire de Catalyse en Chimie Organique (Poitiers), avait eu pour objectif la
synthèse de tensioactifs biocompatibles et biodégradables, à propriétés émollientes ou épaississantes, à partir de
cellulose partiellement hydrolysée en oligosaccharides, suivie d'une amination réductrice. Soutenu par l'ANR et achevé
en 2012, il avait associé le groupe L'OREAL et le Laboratoire de Chimie des Substances Naturelles de Limoges.
Si les projets industriels de fabrication de nanocelluloses restent encore inexistants, plusieurs travaux de recherche
sont, en revanche, menés par différentes équipes, tant sur l'optimisation des paramètres de production (à l'échelle
pilote) que sur la valorisation de ces composés. La diversité des applications étudiées en France est à l'image de ce
qu'est celle-ci à l'échelle globale : il est difficile de saisir quel fil conducteur fort pourrait générer de premiers débouchés
importants en termes de volumes et susceptibles d'amorcer le développement de la filière dans son ensemble.
Les expertises grenobloises du CTP, du LGP2 et du CERMAV sont, à nouveau, à mettre en avant mais aussi celles du
LCPO et de l'INRA de Nantes.
Le LGP2 a ainsi développé récemment, avec la start-up POLY-INK, des applications des nanocelluloses pour
l'électronique organique imprimée (encre conductrice intégrant des nanocristaux de cellulose qui permettant d'obtenir
une suspension et un réseau d’argent stable). Un autre projet récent (PANAGRO) a porté sur l'inclusion de
nanocristaux de cellulose fonctionnalisée dans du polylactide (PLA), avec comme objectif le développement de
nanocomposites pour les emballages alimentaires. "L'Utilisation des nanocelluloses dans les papiers spéciaux" a été
l'objet d'une thèse comprenant des recherches sur deux thèmes : (1) l'utilisation de microfibrilles de cellulose (MFC)
dans le couchage pour réduire la quantité de pigments opacifiants pour les papiers minces et (2) la fabrication de
pigments iridescents à base de nanocristaux de cellulose pour obtenir des propriétés d’anti-contrefaçon. La start-up
INOFIB, issue du LGP2, a pour objectif de valoriser des microfibrilles de cellulose fonctionnalisées et séchées sous
forme de poudre, selon un procédé spécifique. INOFIB travaille sur la production et l'extrusion de compounds chargés
en MFC mais aussi sur la fabrication de films biosourcés pour des emballages multicouches, dans lesquels les MFC
apportent des propriétés de barrière, un renfort mécanique et de l'élasticité. Des essais sont en cours sur la formulation
d'émulsifiants pour la cosmétique. INOFIB a ajourné un projet de production des MFC mais l'évolution de cette start-up
est à suivre de près.
Fin 2014, ont été primés au salon POLLUTEC les résultats de travaux du LCPO et du Laboratoire fédéral d'essai des
matériaux et de recherche de Zürich (EMPA) sur l'utilisation de nanofribrilles de cellulose (de pailles de céréales…)
pour la fabrication d'éponges pouvant absorber et retenir de grandes quantités de molécules organiques polluantes. La
cellulose est traitée au méthyltriméthoxysilane pour devenir hydrophobe.
NAWHICEL-2 est un projet collaboratif, réunissant huit entreprises et plateformes technologiques, en majorité aquitains,
autour de la société EMAC (Mauléon, Pyrénées Atlantiques), spécialisée dans la conception de formulations et de la
production de mélanges élastomères techniques. NAWHICELL-2 a pour objectif de développer de nouvelles
générations de colles et de composites élastomères intégrant des nanocelluloses pour le marché du transport
(automobile, aéronautique) et des énergies renouvelables (photovoltaïque, éolien…). Il s'achèvera en 2015.
Le projet européen SUNPAP (Scaling Up Nanoparticles in Modern Paper Making) avait pour thème d'ensemble les
applications papetières à l'échelle pilote des nanofibrilles de cellulose (NFC). Il a été conduit entre 2009 et 2012, avec
le CTP et le LGP2 comme partenaires français. Le projet incluait des évaluations économiques et environnementales.
Un travail spécifique a été mené sur une production économe en énergie de NFC (avec des tests de prétraitements
enzymatiques et chimiques). Différents traitements de surfaces et fonctionnalisations des nanocelluloses ont été testés,
afin de faciliter leur mise en œuvre dans plusieurs applications dans les papiers, les cartons et les emballages.
Le LERMAB a mené différents travaux sur les lignines de bois (hêtre) ou d'autres plantes (Miscanthus, palmier à huile)
et a étudié le potentiel de combinaisons de lignines-tanins et de lignines-gluten dans les adhésifs.
Parmi les projets de nouveaux procédés de déconstruction de la lignocellulose, celui de CIMV est le plus avancé dans
la caractérisation des lignines obtenues et d'essais de valorisation dans différentes applications. C'est le fruit d'une
longue collaboration avec le Laboratoire de Génie Chimique de Toulouse mais aussi de la participation de CIMV dans
41
le projet européen BIOCORE , coordonnée par l'INRA. La Biolignine™ CIMV s'est révélée composée de molécules de
bonne pureté, stables, quasi-linéaires et analogues à des oligo-phénols. Le produit a été testé avec succès dans la
substitution partielle au phénol dans des résines phénol-formaldéhyde pour panneaux de bois (jusqu'à 60 % de
substitution et même 70 % avec des lignines chimiquement modifiées). La Biolignine™ a été également testée avec
succès comme polyol dans des polyuréthanes (élastomères à base d'huile de ricin mais aussi mousses rigides).
Les acteurs positionnés en aval sont dans l'attente des produits des procédés de BIOMETHODES ou ECOETHANOL
pour en comparer les propriétés. Il restera à valider, pour ces trois technologies, que les changements d'échelle en
production n'affectent pas les propriétés des produits obtenus à l'étape pilote et qu'elles sont constantes dans le temps.
En Aquitaine, la plateforme technologique CANOE anime un groupe de travail spécifique "lignine" qui regroupe
aujourd’hui TEMBEC, ROLKEM, POLYREY et XYLOFUTUR, avec la participation du Conseil Régional d’Aquitaine.
Il avait été signalé plus haut que TEMBEC France explore les possibilités de nouvelles valorisations des lignines issues
de l'étape de purification alcaline de son procédé.
Le producteur de résines phénoliques basiques ROLKEM, basé à Mourenx (Pyrénées atlantiques), travaille activement
sur les possibilités de remplacement du phénol de ses produits par de la lignine. Des substitutions de 35 à 50 % ont
été obtenues mais la matière première manque et les différentes lignines purifiées testées ne présentent pas la même
réactivité. La mise en œuvre conjointe de phénol et de lignines génère inévitablement des surcoûts industriels et des
lignines à prix compétitif en comparaison de celui du phénol sont attendues.
Plusieurs projets collaboratifs ont eu ou ont pour thème la valorisation des lignines :
Le projet CHEMLIVAL, porté par l'Institut de Recherches sur la Catalyse et l'Environnement de Lyon. Il vise à
développer de nouvelles voies de production de molécules aromatiques à partir de lignines, par catalyse
hétérogène sélective. Financé par l'ANR, il rassemble le CTP/FCBA, l'Institut de Chimie et Biochimie
Moléculaires et Supramoléculaires et le C2P2 de Villeurbanne, avec comme partenaire industriel l'entreprise
NOVASEP, spécialiste de la purification et des procédés.
NEOLIGNOCOL (Nouvelles colles à base de lignine pour les panneaux de particules à base de bois), un projet
aquitain, porté par l'entreprise de recherche RESCOLL, en collaboration avec le CTP/FCBA et le LCPO ainsi
que les industriels producteurs de panneaux KRONOFRANCE, de contreplaqués ROLPIN et sa maison sœur
ROLKEM, fabricant de résines phénoliques. L'association professionnelle des producteurs de panneaux, l'UIPP
est également partie prenante. Ce projet s'inscrit dans la recherche de substituants biosourcés aux colles à
base de formaldéhyde. Il comprend la caractérisation de lignines fournies par le CTP/FCBA, la
modification/activation de la lignine (glyoxalisation) et des tests de remplacement du formaldéhyde par la lignine
activée. Des avancées ont été obtenues mais révèlent que le développement des solutions alternatives aux
résines UF et MUF est complexe et que l'incorporation de lignines n'est qu'un des éléments à mettre en œuvre.
RVSD "résine verte pour stratifié décoratif", porté par ROLPIN, associe également le producteur de panneaux
stratifiés POLYREY et l'IPREM (Institut pluridisciplinaire de recherche sur l’environnement et les matériaux). Il a
pour objectif le développement des résines phénoliques à base de lignine pour les panneaux stratifiés.
RVLO "résine verte lignine organosolvée", porté par ROLKEM, vise le développement des résines
phénoliques à base de lignine pour les applications d’imprégnation, de collage, voire de fonderie. Les lignines
produites par CIMV sont utilisées. RVLO associe également POLYREY, ROLPIN, SERIPANNEAUX et l'IPREM.
41
Le projet européen BIOCORE avait impliqué l'INRA comme coordinateur (Michael O’Donohue, du département
CEPIA, basé à l'INSA de Toulouse) avec ARKEMA, CIMV, SOLAGRO et des partenaires universitaires et industriels de
dix autres pays. Ce sont les entreprises CHIMAR HELLAS (grecque) et SONPO (tchèque) qui ont réalisé les tests
industriels des lignines.
Le projet européen CARBOPREC "Renewable source nanostructured precursors for carbon fibers" a pour objectif de
développer des fibres de carbone à partir de précurseurs biosourcés comme la lignine (mais aussi la cellulose). Porté
par ARKEMA, il associe de nombreux partenaires parmi lesquels les industriels français PLASTINOV, RENAULT et la
plateforme technologique CANOE. Initié en 2014, il prendra fin 2017.
Un autre projet européen PROLIGNIN doit être mentionné ici, bien qu'aucun partenaire français n'y ait participé.
S'inscrivant dans le cadre de WOODWISDOM-NET 2, il a été mené en 2011-2014 et était coordonné par le VTT
finlandais. Il a rassemblé de nombreux industriels et universitaires de Finlande (VTT, STORA ENSO, UH, VALMET,
MOMENTIVE), d'Allemagne (FHG-ICT Université de Hambourg UniHH, RAMPF E&G), d'Espagne (CSIC-IRNAS),
d'Italie (UNIMIB, BIOCHEMTEX), de Lettonie (LSIWC) mais aussi du Brésil (groupe papetier SUZANO) et des USA
(AKZO NOBEL). Il avait pour objectifs de :
développer des substitutions à des produits d'origine fossile (résines PF, PU, époxy ; thermoplastiques ;
dispersants) ;
évaluer l'impact de la matière première lignocellulosique d'origine (bois de résineux, bois d'Eucalyptus,
bagasse, paille de blé) et de la technologie utilisées.
Des lignines kraft de résineux (STORA ENSO) et d'Eucalyptus (SUZANO) ont été utilisées comme matières premières
ainsi que de la lignine d'Eucalyptus obtenu par procédé Organosolv. Le projet a comporté la caractérisation des
lignines, leur hydrolyse catalytique en oligomères et monomères, des tests de production de résines et de dispersants.
Parmi les résultats mis en avant, on peut noter que des substitutions dans des résines PF ont pu être obtenues en
maintenant des bonnes propriétés, jusqu'à 20-30 % avec des lignines non modifiées et 50 %, avec des fractions de
poids moléculaire réduit. Des tests d'explosion à la vapeur des fibres brutes ont, en outre, permis l'obtention de
panneaux de particules sans résines, par les seules modifications des lignines présentes dans le bois que génère le
procédé. Des mousses de polyuréthanes, de propriétés similaires à leurs homologues d'origine fossile, ont été
obtenues en incorporant, suivant les applications, jusqu'à 10 à 40 % de lignines purifiées (40 % pour des mousses
rigides). L'addition de lignines dans des résines de revêtements d'emballages avec contact alimentaire a été testée
avec succès. Des résines époxy à base de lignine ont pu être obtenues. Des composites renforcés PE-lignines ont été
produits, en utilisant des lignines estérifiés. Des dispersants performants pour béton à base de lignine ont été produits
qui présentent des meilleures performances que les lignosulfonates et les polycarboxylates.
Plusieurs projets collaboratifs ont été menés ou sont en cours sur la valorisation des hémicelluloses du bois ou des
sucres C5 et C6 qui les composent. Certains ont déjà été cités au § 5.1.2 mais seront brièvement rappelés ici :
SUCROL, porté par le LGP2 et soutenu par l'ANR s'est achevé en 2013. Il avait pour objectif la mise au point
d''un procédé d’extraction des hémicelluloses des bois de feuillus, sous forme d’un flux de pentoses, en amont
du procédé de cuisson kraft, sans compromettre la qualité de la cellulose produite. Le potentiel de fabrication
de tensio-actifs de type alkylpolyglycosides, à partir de xylose, a été examiné. Le projet associait les industriels
FIBRE EXCELLENCE et le chimiste de spécialités SEPPIC. Il est suivi pour les quatre années à venir par
BIO3, financé par le FUI et porté par FIBRE EXCELLENCE. Il inclut la mise en place d'un pilote d'extraction
d'hémicelluloses sur le site de Saint-Gaudens de l'industriel papetier. Les objectifs de valorisation sont élargis
aux secteurs de l'alimentaire et de la chimie. Le LGP2 et l'ENSIACET sont les deux partenaires académiques
alors que trois nouveaux industriels sont parties prenantes, au côté de SEPPIC : le spécialiste des procédés de
purification NOVASEP, le nord-américain PENNAKEM, spécialiste de la chimie des furanes, et l'agroindustriel
amidonnier ROQUETTE, très engagé dans la chimie du végétal et qui propose à ses marchés une gamme
complète de polyols, parmi lesquels du xylitol d'écorce de bouleau.
Un autre projet établit un lien entre l'agroindustrie et le secteur des pâtes : PENTOVAL dont les travaux
s'achèvent en 2015. Il est porté par le groupe coopératif sucrier TEREOS, également très engagé dans la
chimie du végétal et qui va accueillir la première unité de démonstration du procédé FUTUROL (cf. § 5.2.1). Il a
pour objectifs de développer un procédé industriel de : (1) fractionnement et raffinage des sucres en C5,
présents dans les coproduits hémicellulosiques d'amidonneries, sucreries, éthanoleries et usines de pâtes ; (2)
production de molécules d'intérêt, à partir ces sucres, pour les industries agroalimentaire et cosmétique (xylitol)
ou la chimie (dérivés du furfural). Le CTP/FCBA est le partenaire représentant le bois-papier. PENTOVAL
associe également les industriels chimistes ARKEMA et MINAKEM, l'Institut de Recherche sur la Catalyse et
l’Environnement, le CTP/FCBA, le Centre de Valorisation des Glucides (CVG), le Laboratoire de Chimie
Industrielle de l'INRA de Toulouse mais aussi le centre de recherche de valorisation de la canne à sucre de l'Ile
de la Réunion ERCANE.
Terminé en 2014, SYNCOBIO, soutenu par la Région Aquitaine et objet de la thèse de Maud Chemin, a eu
pour objectif de valoriser des oligomères de xylanes de hêtre. Obtenus après une hydrolyse modérée et une
purification sélective, ils ont été fonctionnalisés, formant des molécules hydrophiles pouvant être couplés à des
dérivés d'acides gras (hydrophobes). Les molécules obtenues ont été étudiées pour leurs propriétés
tensioactives et d’auto-assemblage en micelles. Les applications potentielles sont l’encapsulation et la
vectorisation de principes actifs. Les partenaires étaient le LCPO, le FCBA/CTP et l'ITERG (Institut des Corps
Gras). Une deuxième phase du projet a été engagée en 2015, par les mêmes partenaires, sous le nom de
SYNCOBIO2.
Le projet POLYWOOD est porté par SOLVAY et financé par le FUI. Il a pour objet le développement de
polyamides biosourcés, à partir de sucres en C6 (glucose, mannose) des hémicelluloses du bois entrant dans
les unités de pâtes à papier. Le projet prévoit l'extraction des sucres C6 à partir des hémicelluloses, la synthèse
de monomères diacides et diamines à partir de ces sucres, la mise au point d’une voie de synthèse industrielle
des polyamides à partir de ces monomères. Il rassemble de nombreux industriels (SCHNEIDER ELECTRIC,
FIBRE EXCELLENCE, NOVASEP, PETZL, CLEXTRAL, AD MAJORIS, MECAFONCTION, TSL OUTDOOR)
ainsi que le CTP/FCBA, l'INSA de Lyon et le LGP2. POLYWOOD s'achèvera en 2016.
On a vu précédemment que les projets de déconstruction de la lignocellulose par voie biochimique annoncent
dépolymériser partiellement (BIOMETHODES, CIMV) ou totalement les hémicelluloses (ECOETHANOL, FUTUROL).
Les valorisations sous forme de bioéthanol font appel à des souches de microorganismes pouvant utiliser
simultanément comme substrats les sucres C6 et C5. L'alternative est une purification des différents oses présents
dans les jus sucrés, avant des valorisations selon des voies séparées.
Le Laboratoire de Chimie des Substances Naturelles de Limoges a mené des travaux sur les xylanes de feuillus,
particulièrement sur les glucuronoxylanes de châtaignier, incluant la mise au point de méthodes d'extraction, l'analyse
de leur structure et l'évaluation de leurs propriétés pharmacobiologiques.
Les recherches et développements sur les hémicelluloses sont donc actifs en France. Ils concernent moins d'acteurs
que les lignines mais avec plusieurs projets menés par des industriels et explorant des valorisations concrètes. La
ressource française concernée est abondante. Les modèles investigués traitent ces hémicelluloses comme des
coproduits, générateurs de valeur supplémentaire dans des procédés établis. C'est la piste la plus solide dans le
positionnement auquel peut prétendre la chimie du bois à ce jour.
polymérisations dans les applications cibles sont rapides. Les résines de tanins peuvent être également utilisées
comme matrices de matériaux composites.
Le LERMAB mène de nombreuses recherches sur les tanins et leur utilisation dans les adhésifs, les résines et les
mousses. Les ressources testées sont toutefois souvent issues de Quebracho ou de Mimosa, les travaux sur les tanins
de châtaignier ou de pin maritime étant moins fréquents. Plusieurs thèses sur ces thèmes ont été finalisées et sont
d'accès public en ligne. Des essais de combinaisons tanins-lignines ont été testés dans des adhésifs. Les projets
restent positionnés très en amont de l'industrialisation mais un savoir-faire important a été développé. Le projet
“PANNEAU NEUTRE” cherche à améliorer le profil environnemental des panneaux de particules avec l’ajout de tanins
et PMDI (diisocyanate sous forme polymérique). Il est mené avec le FCBA/CTP.
Le projet collaboratif GREEN EPOXY, porté par l'entreprise de biotechnologie PROTEUS, soutenu par le FUI et initié
en 2014, a pour objectif le développement de résines époxy biosourcées et non toxiques, pouvant se substituer au
bisphénol A. Les applications cibles sont les revêtements des sols, les emballages alimentaires et les peintures
industrielles. Le projet rassemble des industriels des secteurs concernés (DIAM BOUCHAGE, LEFRANT-RUBCO,
RESIPOLY CHRYSOR et PROSPA), le chimiste de spécialités PCAS (Produits Chimiques et Auxiliaires de Synthèse,
maison mère de PROTEUS), mais aussi – c'est à souligner – la coopérative forestière ALLIANCE FORET BOIS,
chargée de la fourniture de biomasse forestière pour l'extraction de tanins. Trois laboratoires universitaires de
Montpellier sont partenaires : l'UMR IATE (Ingénierie des Agro-polymères et Technologies Émergentes), le SPO
(Sciences pour l’œnologie, INRA) et l'Institut Charles Gerhardt.
Plus ancien, le projet BEMA (Bois Eco-Matériaux Aquitaine), déjà cité et porté par ROLPIN (filiale, à l'époque, de
SMURFIT KAPPA), avait examiné les pistes de développement d'adhésifs et de matériaux composites à partir de tanins
d'écorces de pin maritime. A l'issue de ce projet, une thèse42, à l’IPREM de Pau (Institut des Sciences Analytiques et de
Physico-chimie pour l'Environnement et les Matériaux), a exploré le potentiel de développement de résines
thermodurcissables pour la fabrication de panneaux de particules à partir de tanins d'écorces de pin maritime. A
l'échéance de celle-ci, fin 2013, en dépit d'un important travail et de plusieurs avancées, les possibilités
d'industrialisation restaient encore éloignées.
Le LCPO et l'INRA de Versailles (Institut Jean Bourgin) sont également actifs sur la biosynthèse des tanins et sa
modélisation, ainsi que sur les valorisations de ces molécules.
En conclusion, si des pistes "tanins" sont activement explorées, elles doivent démontrer leur faisabilité, tant technique
et industrielle qu'économique. A ce jour, les expérimentations sont nombreuses mais les usages de tanins dans des
biomatériaux restent insignifiantes, y compris dans les pays producteurs de tanins techniques. La ressource "écorce"
existe en France mais n'est pas un déchet : elle a des usages énergétiques bien établis. Celle plus spécifique de pin
maritime connait également des valorisations attractives en jardinerie qui ne peuvent être ignorées.
Les travaux sur les lignanes et les autres substances présentes dans les nœuds de bois
Les lignanes ont été décrites à la fin du § 2.2.2 et les autres substances présentes à forte concentration dans les
nœuds de bois ont été citées : d'autres polyphénols comme les stilbènes et certains flavonoïdes, mais aussi des
composés terpéniques comme les juvabiones.
La valorisation de telles molécules, selon des modèles similaires à ceux développés par les scandinaves, implique une
connaissance fine du gisement et de ses caractéristiques, la capacité industrielle à isoler et à traiter les nœuds de bois
et à se positionner sur les marchés d'extraits correspondants qui restent étroits.
Les nœuds de bois ne sont pas une ressource toujours aisée à mobiliser : certains processus papetier permettent de
les séparer avant cuisson du bois de trituration, d'autres non. Les ateliers d'aboutage de bois offrent d'intéressants
gisements de nœuds. Lors de l'exploitation forestière, les houppiers sont particulièrement riches en nœuds mais
l'isolement de ces derniers doit pouvoir être mécanisé.
Le projet collaboratif BIOEXTRA, déjà cité, s'est achevé en 2013. Il avait rassemblé les industriels BIOLANDES,
SMURFIT KAPPA et TEMBEC sur la recherche de substances extractibles d'intérêt dans les résidus d'usines de pâtes
sous forme de nœuds, écorces et souches. Il associait également le CTP/FCBA et le Laboratoire de Chimie Agro-
Industriel de l'INRA de Toulouse.
42
Coralie Motillon, 2013. Formulation et caractérisation de résines thermodurcissables bio-sourcées pour l’industrie du bois.
L'INRA et le LERMAB explorent conjointement la diversité des sources de lignanes et mettent en évidence l'importance
des différences entre feuillus et résineux. Au-delà de l'essence, les teneurs en métabolites secondaires varient suivant
que le nœud est mort ou vivant, son diamètre, sa position dans le houppier, etc. Une thèse est en cours sur le sujet :
"Métabolites secondaires présents dans les nœuds de différentes essences forestières : caractérisation,
43
quantification, fonctions dans l'arbre et influence sur les qualités du bois." Un rapport de master soutenu en 2014
donne un premier descriptif de cette diversité (cf. graphique ci-dessous).
NM : Nœuds mort ; NVB : Nœuds vivants du bas ; NVM : Nœuds vivants du milieu ; NVJ : Nœuds
vivants jeunes ; Dur : Duramen ; Aub : Aubier.
Le bois de rebut forme un vaste ensemble de bois en fin de vie qui inclut des emballages (palettes, cagettes,
caisses...), le bois de démolition, celui issu des meubles, etc. Il provient des industries, des centres de tri de déchets
industriels banals (DIB) ou des déchèteries. Il rassemble des bois qui peuvent être non traités, vernis ou peints, traités
superficiellement mais aussi adjuvantés à cœur et souillés. Les deux dernières catégories sont des déchets dangereux
alors que les précédentes sont considérées comme des déchets non dangereux.
43
Nassim Touahri, 2014. Extractibles nodaux des essences forestières tempérées.
La classification établie par les professionnels français n'a pas de caractère réglementaire et n'est utilisée qu'en France.
Elle comprend les bois de classe A (verte) pour les bois non-traités, ceux de classe B (orange) pour les bois avec
vernis, peintures, traitements de surface et ceux de classe C (rouge) pour les bois traités à cœur ou créosotés. Seuls
les bois non traités peuvent être utilisés en combustion ordinaire dans des chaufferies, sous réserve de tri et du respect
des procédures de sortie du statut de déchet.
Un projet européen récent (2011-2014) DEMOWOOD, coordonné par le FCBA et développé dans le cadre du
WoodWisdom-Net Research Programme, a exploré les différentes chaines de valeur pouvant permettre une
optimisation de la valorisation du bois de rebut (produits papetiers, panneaux de particules, grandes installations de
combustion, biocarburants liquides). L'inventaire des volumes a conclu pour la France à un gisement de 4.7 Mt dont
1.8 Mt de bois de démolition, 1.7 Mt issues de l'industrie, 0.8 Mt collectées par les municipalités et 0.2 Mt issues de la
distribution.
La tache 5.3 du projet a consisté à examiner la possibilité de production d'éthanol à partir de bois usagé, selon un
procédé biochimique (prétraitement, hydrolyse enzymatique, fermentation). Les travaux menés par le VTT finlandais ont
gardé un caractère préliminaire, avec peu de succès sur l'hydrolyse de résidus de production de panneaux comportant
des colles.
Le projet VADEBIO, porté par SECHE ENVIRONNEMENT a pour objectif la valorisation pour la chimie des déchets
d'éléments d'ameublement (DEA). Il est financé par l'ADEME et deux éco-organismes, ECO-MOBILIER et VALDELIA
VALAGRO et l'entreprise de biotechnologie PROTEUS sont les deux partenaires technologiques.
Le gisement de DEA est important en France (2.7 Mt/an) : il comprend des matériaux variés, avec une proportion de
bois de 50 à 60 %. Il s'agit principalement de bois sous forme de panneaux (panneaux MDF et panneaux de particules,
mélaminés ou non) qui renferment des résines (Urée-formol ou Mélamine-Urée-Formol). La valorisation de ces déchets
peut être le recyclage dans la fabrication de nouveaux panneaux de bois mais avec des contraintes qui limitent les
quantités utilisables. VADEBIO explore spécifiquement les usages dans la chimie qui impliquent une déconstruction de
la lignocellulose en présence des substances que sont les colles, les vernis et peintures. Celles-ci sont souvent
inhibitrices des enzymes lignocellulosiques classiquement mises en œuvre. Deux approches peuvent être envisagées :
éliminer de telles molécules par un prétraitement spécifique ou développer des enzymes capables de "fonctionner" en
leur présence.
Les trois partenaires se complètent étroitement dans leurs compétences et leurs activités :
SECHE ENVIRONNEMENT est en charge de l'étape de tri des matières premières.
VALAGRO élabore les prétraitements physiques et chimiques pour éliminer les molécules inhibitrices. La
plateforme technologique valorise une expérience de plusieurs années sur de telles problématiques, à l'échelle
du laboratoire.
PROTEUS développe des enzymes résistantes aux inhibiteurs mais aussi des enzymes pouvant dégrader les
colles.
Initié en 2015, VADEBIO aura une durée de trois ans. Le projet comprendra une analyse économique des solutions
élaborées.
6. Eléments de synthèse
La vision "glucocentrique".
Selon ce regard, le bois et la lignocellulose sont avant tout considérés comme des sources de sucres simples qui
peuvent être fermentés en éthanol ou – éventuellement - en d'autres molécules. Seules la cellulose et les
hémicelluloses contribuent ainsi au produit principal. La lignine et les extractibles sont des coproduits, valorisés au
moins sous forme d'énergie. Une telle approche est cohérente avec la production de biocarburants comme objectif
principal d'une bioraffinerie, d'autant plus que des dispositifs d'incitation publique soutiennent fortement le modèle.
L'efficacité des procédés mis en œuvre peut être optimisée pour réduire les coûts mais la fraction lignine n'a pas
d'usage matière et l'originalité des composants du bois n'est pas valorisée.
Le bois, source de ses trois grands composés pariétaux dans de nouveaux modèles industriels ?
Une autre vision, encore peu aboutie à l'échelle industrielle, consiste à vouloir isoler chacun des trois grands
composants du bois et à leur offrir des débouchés spécifiques. Elle reste exploratoire car les marchés des lignines et
des hémicelluloses sont encore balbutiants (à quelques exceptions notables près comme celles des lignosulfonates et
du xylose). Le défi est élevé car il faut mettre au point des procédés de déconstruction-séparation-purification
performants, tout en développant des applications pour les produits qui en seront issus. Les pilotes et les
démonstrateurs en construction bénéficient de soutiens publics pour le développement de leurs procédés mais qu'en
sera-t-il pour la création des marchés correspondants ? Les différents changements d'échelle à venir ne sont pas
qu'industriels. S'il semble relativement aisé de commercialiser de petites quantités de lignine auprès d'acteurs pionniers
ou de xylose sur un marché insuffisamment pourvu, qu'en sera-t-il lors de la suite des développements ? Les
démonstrateurs prévus en France resteront-ils des micro-unités locales ? Seront-ils les précurseurs d'usines
importantes ? Dans quel pays et avec quelle ressource ? Qui, aujourd'hui, est prêt, en France, à investir dans une usine
de l'échelle d'une papeterie ? D'où proviendra la matière première ?
Evolution potentielle des industries papetières vers des bioraffineries. Chaque entreprise doit faire ses "bons
choix" Source : Esa Saukkonen – Thèse présentée à l'université de technologie de Lappeenranta, Finlande, 2014 -
Effects of the partial removal of wood hemicelluloses on the properties of kraft pulp
contexte des prix des énergies fossiles n'est pas profondément modifié. La justification d'un soutien pérenne peut être
liée à des objectifs de réduction des émissions des gaz à effet de serre mais aussi d'autonomie stratégique. Les
modèles développées optimisent les obtentions de subventions. C'est le cas de Beta-Renewables en Italie, qui produit
de l'électricité par cogénération avec un tarif de rachat élevé, en complément des biocarburants, bénéficiant
d'incitations. De telles entreprises se positionnent entièrement au service d'une économie administrée, tout en
cherchant à optimiser leur technologie et leur rentabilité.
Inventaire à la fin 2014 des unités commerciales de biocarburants lignocellulosique d'une capacité de plus de
10 000 t/an, en production ou en construction
(source : IFPEN, Biocarburants de deuxième génération : une nouvelle étape est franchie)
concurrents internationaux, leur diversification prendra d'autant plus de signification qu'elles serviront en spécialités des
marchés de niches, afin de valoriser au mieux leurs spécificités en termes de matières premières utilisées et de
procédé. L'évolution de la demande et la concurrence doivent être appréhendées avec un grand soin, afin de vérifier
que les niches resteront des niches et que les valorisations seront suffisantes et pérennes. Un des facteurs clés de
succès sera l'intégration à une chaîne de valeur et donc la qualité des partenariats noués avec les clients chimistes.
L'évolution des marchés des principaux dérivés de cellulose selon le groupe finlandais Metsä
(source : Metsä group).
beaucoup moins cher que la pâte de cellulose qui demeurant un polymère non hydrolysé. On remarquera également,
dans le graphique ci-dessous44, les cycles historiques de prix de la pâte à papier, les cours bas entrainant des baisses
d'investissements jusqu'à ce que la demande excède à nouveau l'offre et entraine une remontée des prix. Le sucre est
toujours moins cher mais avec un prix beaucoup plus volatil que celui de la pâte (des ratios maximum/minimum de 6.6
pour le sucre et de 2.5 pour la pâte sont observés ces 15 dernières années). Si l'on ne considère que les points de
janvier 1990 et de mai 2015, les cours des deux produits ont peu varié en dollars courants et ont donc sensiblement
baissé en dollars constants. La comparaison a des limites importantes : (1) l'objectif du procédé kraft n'est pas de
produire des sucres simples mais, bien au contraire, de préserver un polymère cellulosique intact, isolé des autres
composés pariétaux du bois ; (2) les coproduits, importants dans l'équilibre économique des deux industries
considérées, sont ignorés. L'intérêt majeur de ce graphique reste de donner un objectif aux industries qui transforme la
lignocellulose en substrats de fermentation : elles doivent pouvoir offrir des produits compétitifs avec ceux de
l'agriculture et – si possible – avec des prix moins volatils.
Evolution des cours du sucre et la pâte de celullose Northern Bleached Softwood Kraft, en USD
(source des données : INSEE)
1 200
NSBK Chicago
Sucre ctrat 11 New York
1 000
800
600
400
200
0
janv.-90
juin-91
nov.-92
juil.-98
août-05
juin-08
avr.-94
sept.-95
nov.-09
juil.-15
avr.-11
sept.-12
févr.-97
déc.-99
mai-01
oct.-02
mars-04
janv.-07
févr.-14
La France s'interdit à ce jour les biotechnologies vertes et donc la production de plantes agricoles ou d'arbres
(peupliers, Eucalyptus, …) génétiquement modifiés, parmi lesquels des variétés qui pourraient être éventuellement
spécialisées dans la production intensive de certaines molécules. Elle s'autorise en revanche les biotechnologies
blanches, ouvrant ainsi le potentiel de celles-ci pour transformer des molécules de base comme les sucres en un grand
nombre de molécules organiques. Ainsi, les terpènes, qui ont pu apparaître dans cette étude comme une famille de
molécules propres aux résineux (et à l'hévéa), pourront, dans un avenir proche, être produits en fermenteurs à partir
des sucres disponibles aux meilleurs prix. L'entreprise de biotechnologies nord-américaine AMYRIS fabrique dès
maintenant, au Brésil, du farnesène, un terpène en C15, à partir de sucre de canne. La société peut développer de
nombreuses molécules de cette famille, analogues à celles présentes dans le pin maritime. AMYRIS est dès
maintenant partenaire de groupes majeurs de la parfumerie et des arômes comme FIRMENICH, GIVAUDAN,
INTERNATIONAL FLAVORS & FRAGRANCES (IFF) et le japonais TAKASAGO. En France l'entreprise DEINOVE,
44
Le concept de la comparaison de ces courbes, actualisées dans ce rapport, est issu de la présentation "Refinery of the future:
feedstock, processes, products", de Jean-Luc Dubois (groupe ARKEMA), dans le cadre du projet EuroBioRef (2011).
spécialiste des bactéries Deinococcus développe également des projets de production de terpènes par fermentation et
cible explicitement la fabrication de molécules comme le linalol, le géraniol, le myrcène, le limonène et le licopène. Le
projet RESET, ("Mini voie de biosynthèse des terpènes"), soutenu par l'ANR, et coordonné par l'Institut des Sciences
Moléculaires de Marseille vise la bio-production de terpènes complexes à parti de terpènols industriels en C5 ou de
farsénol. La justification du projet est que la faible concentration de certains terpènes dans les plantes ne permet pas
leur exploitation en quantités suffisantes et de manière durable par extraction. Les exemples du taxol et de l'artémisine
sont mis en avant. Si ce projet atteint ses objectifs, on peut s'interroger sur les bioressources auxquelles il pourra ouvrir
de nouveaux débouchés. Les plus compétitives seraient, à ce jour, sans conteste d'origine agricole.
Les regards sur la concurrence à venir entre l'agriculture et la chimie du bois doivent donc intégrer la palette des
transformations possibles des agromolécules par les nouvelles technologies qui gagnent rapidement en efficacité et en
compétitivité.
La vision de l'entreprise de biotechnologies DEINOVE du potentiel des Deinococcus pour produire des
molécules terpéniques par fermentation de sucres (source : Deinove)
Le besoin fondamental des filières forêt-bois françaises, dans leur ensemble, de créer plus de valeur, à
partir d'une même ressource, à la fois abondante et sous-exploitée mais coûteuse à mobiliser. Nos
filières de bois de feuillus sont particulièrement en difficulté. Les premières implications de coopératives
forestières dans des projets de chimie du bois sont des signaux forts et positifs mais la première transformation
du bois reste absente.
La demande de produits biosourcés non issus de l'agriculture et considérés comme "n'entrant pas en
concurrence avec l'alimentaire". Ces attentes sociétales nouvelles sont nées après les émeutes de la faim de
2008 et les débats concernant l'impact du développement des biocarburants agricoles sur le prix des denrées
alimentaires. Seront-elles pérennes alors que l'exploitation de la forêt inquiète également les consommateurs et
que l'agriculture mondiale démontre, depuis 2008, ses capacités d'augmentation des récoltes ? Si la réponse à
de telles demandes permet de développer des niches de marché attractives, elle pourrait avoir à se confronter
à terme avec les besoins de diversification des débouchés de l'agriculture française, vers des produits à plus
forte valeur ajoutée.
L'univers des contraintes spécifiques à prendre en compte, agissant comme autant de freins ou d'obstacles,
comprend :
La santé économique fragile de plusieurs maillons et acteurs des filières forêts-bois qui ne favorise pas
le développement d'une vision à long terme ni d'investissements en dehors du strict cœur de métier.
Une méconnaissance des potentiels de la chimie du bois par la majorité des acteurs de la forêt et de la
première transformation du bois mais aussi des décideurs politiques concernés. La disponibilité d'informations
générales, économiques et technologiques suffisamment élaborées, est limitante.
La faiblesse de la tradition de coopération entre acteurs. Chaque maillon des filières forêt-bois-papier
montre de l'intérêt pour créer plus de valeur mais beaucoup moins pour la partager. L'identification à un métier
est très forte : un scieur est un scieur, un producteur de panneaux est un producteur de panneaux, etc. Rares
sont les entreprises à se considérer comme des raffineurs de bois et devant adapter continuellement et en
profondeur leurs gammes et leur outil industriel. Si les industriels de la pâte mais aussi ceux des panneaux ont
une culture mixte chimie-bois qui facilite leur dialogue avec des acteurs des secteurs aval de la chimie, il n'en
est pas de même des autres maillons des filières forêt-bois.
La croissance des consommations énergétiques de bois, dans des schémas d'incitations publiques au
service des objectifs "climat" de la France mais aussi par l'attractivité de certaines solutions de chauffage au
bois dans leurs solutions modernes et performantes (bûches et granulés). La chimie ne bénéficie pas de
dispositifs de soutien qui assurent de visibilité aux investissements. La concurrence pour la ressource est déjà
largement ressentie par les industriels de la trituration du bois.
L'éloignement des centres de décision et d'innovation pour les groupes internationaux actifs en France
dans le papier ou le panneau. Les exemples décrits ont montré que de tels contextes ne sont pas toujours des
contraintes et peuvent être des atouts forts dans quelques cas spécifiques.
extractibles, …) ou de la catalyse et des procédés. Les compétences peuvent être concentrées dans des pôles
de recherche régionaux (Aquitaine, Grenoble, Nancy). L'importance des capacités disponibles permet à des
collaborations pertinentes de se développer mais aussi une certaine concurrence entre institutions qui peut être
considérée dans certains cas comme de l'émulation et dans d'autres comme une déperdition de l'effort public.
Les parcours de formation disponibles pour les étudiants sont d'un niveau élevé. La France forme beaucoup
d'étudiants étrangers à la chimie du bois.
Il n'y a pas à ce jour de filière "chimie du bois" s'identifiant comme telle ni d'association professionnelle qui la
représente. Le secteur est fragmenté et il est difficile d'en tracer les contours exacts. Peu d'acteurs et encore
moins de décideurs politiques ont une vision précise de ses potentiels comme de ses limites.
La chimie du bois en France ne fait pas l'objet d'une politique nationale. Ses principaux développements restent
le fruit d'initiatives individuelles d'industriels. Les activités des pôles de compétitivité en matière de structuration
du secteur restent principalement régionales.
Le développement de la chimie du bois ne peut être considéré de façon isolé de celui des filières forêt-bois-
papier. Il peut contribuer à améliorer leur compétitivité de façon significative, mais sans pouvoir à lui-seul
déplacer des équilibres qui imposent une bonne valorisation du bois d'œuvre dans l'amont de la chaîne de
transformation.
Si l'approche par molécule et ses dérivés fait l'objet de nombreux travaux et de soutiens publics, la modélisation
industrielle et économique d'une intégration d'ensemble, cohérente avec les chaînes de valeur en place sur
notre territoire, est plus discrète ou insuffisante et n'est, en tout état de cause, pas publique. Les études de
marché menées par les entreprises ou les pôles de compétitivité restent confidentielles et leurs éléments ne
peuvent être utilisés pour la définition de politiques nationales.
Dans d'autres secteurs, y compris celui, très proche, de la chimie des agro-ressources, la France sait
développer des recherches performantes, soutenir les étapes pilotes et de démonstration puis voit la plupart ou
la totalité des réalisations industrielles d'envergure se mettre en place dans d'autres pays. La probabilité qu'un
tel modèle se réplique sur les projets avancés français de déconstruction de la lignocellulose est élevée car de
nombreux paramètres de compétitivité sont en jeu. La vente de licences ou d'expertise est bien une activité
économique mais elle crée peu de valeur et d'emplois en France, n'offrent pas de débouchés aux ressources
forestières nationales et ne renforcent pas les chaines de valeur en place. Ce point doit faire l'objet d'une
vigilance particulière. Les politiques industrielles et forestières sont des clés du développement de la chimie du
bois, bien au-delà des programmes de soutiens à la R&D.
Les différents maillons des filières forêt-bois se positionnent plus volontiers en rivaux que dans des logiques de
coopération. La concurrence pour la ressource est très forte dans des secteurs où le concept de "conflits
d'usage" fait partie du langage courant. Le développement de la chimie du bois reste une aspiration collective
tant qu'elle ne génère aucune nouvelle compétition pour les matières premières.
Dans le monde français de la forêt et du bois, les projets innovants les plus structurants sont par suite ceux qui
associent l'ensemble des maillons de la filière. La première transformation du bois reste encore absente de la
chimie car non convaincue de la valorisation qu'elle pourrait y trouver pour ses intérêts propres.
La concurrence tout comme les synergies potentielles entre la chimie des agroressources et celle du bois
restent peu analysées. A ce jour, l'agriculture et les agro-industries françaises sont beaucoup plus proactives
en matière de diversification vers la chimie que leurs homologues de la forêt et du bois. Les molécules pouvant
être produites sont dans bien des cas identiques. Il est réducteur de limiter l'horizon de la chimie du bois à des
molécules exclusives et aux marchés du biosourcé non agricole. Les filières agro-industrielles ne resteront pas
passives si des molécules biosourcées originales sont produites à partir de bois alors qu'elles peuvent l'être
aussi, directement ou indirectement, à partir des plantes cultivées. Terrain potentiel de concurrence, la chimie
de la biomasse pourrait être aussi un thème de rencontres et de synergies à développer entre les filières forêt-
bois-papier et celles de l'agriculture-agroindustrie. Les premières collaborations sont encore trop peu
nombreuses mais constituent un signal encourageant. On peut noter également la faible présence en direct des
industriels de la forêt-bois-papier dans l'association professionnelle "Association de la Chimie du Végétal"
(ACDV)45 qui a développé des capacités d'influence et de lobbying, tout en s'affirmant comme un lieu privilégié
de dialogue entre agro-industries, industries chimiques et entreprises de biotechnologies blanches.
45
Seule l'entreprise DRT est adhérente en direct. COPACEL ainsi que les pôles FIBRES et XYLOFUTUR sont également membres.
Le développement de modèles industriels viables en France reste encore très limité. Les "success stories" de
TEMBEC ou de DRT sont des initiatives remarquables d'acteurs privés et non le fruit d'une politique collective
cohérente, industrielle et forestière. Lorsque l'on visite des usines actives dans la chimie du bois mais aussi des
usines de pâtes ou encore des grandes scieries, on est frappé d'y découvrir le plus souvent une unité de
production de chaleur à la biomasse récente, témoignant de l'efficacité des dispositifs de soutiens publics
correspondants. La France a mis en place avec succès une politique de développement massif des usages du
bois énergie en stimulant sa demande (Fonds chaleur, appels d'offres CRE-biomasse). La démarche est
complétée depuis peu par des actions sur la mobilisation de la ressource nécessaire. Plus anciens, les soutiens
aux filières biocarburants agricoles ont permis à des filières de fortement se développer avec, dans ce cas, des
avantages connexes considérables sur la réduction de notre dépendance protéique. La chimie de la biomasse
ne dispose pas de dispositifs équivalents.
Capacités industrielles
- Quelques acteurs de premier plan mondial sur leurs - Pas de politique industrielle dédiée.
marchés. - Centres de décisions et de recherche des papetiers
- Plusieurs unités industrielles de pâte de cellulose explorant et des fabricants de panneaux souvent hors de France.
une diversification vers la chimie.
OPPORTUNITES MENACES
Demande
- Demandes de produits biosourcés "non concurrents - Ambiguïté des attentes du consommateur et des faiseurs
de l'alimentaire" par certains marchés de niches. d'opinions sur les bio-produits et les produits de la forêt.
- Demande pressante de solutions alternatives aux - Etroitesse de plusieurs des marchés des bioproduits à forte
résines UF et MUF pour la fabrication de panneaux de valeur ajoutée.
bois.
Concurrence
- Abondance de la ressource disponible et sans - Faible compétitivité de la filière forêt-bois française dans
usage. son ensemble.
- Concurrence des produits fossiles dont les prix sont volatils
mais dont la disponibilité restera forte à moyen terme.
- Concurrence des bioproduits de filières agricoles
dynamiques, souvent associés à des coproduits dont
l'Europe est fortement déficitaire (protéines végétales).
- Développement des biotechnologies blanches permettant la
production de certaines molécules spécifiques du bois à partir
de sucres agricoles.
Environnement (technologique, réglementaire, sociétal)
- Progrès des biotechnologies blanches permettant la - Concurrence de l'énergie, bénéficiant de soutiens publics
déconstruction facilitée de la lignocellulose et la importants, dans la valorisation du bois.
transformation des produits obtenus. - Absence de politique d'incitations au développement du
- Prise de conscience croissante par les décideurs secteur, au-delà des démonstrateurs.
politiques des enjeux et du potentiel des filières bois. - Attentes sociétales de populations toujours plus urbaines
- Enjeu climatique de la forêt et du bois comme puits restrictives vis-à-vis de l'exploitation de la forêt.
de carbone.
7. Conclusions générales
En résumé de ce qui précède, on retiendra que :
Le bois est un matériau complexe dont les propriétés mécaniques remarquables sont liées à l'ultrastructure des
parois végétales qui le constituent et à l'assemblage des macromolécules pariétales qui les composent
(cellulose, hémicelluloses, lignines).
Le bois contient également des molécules extractibles qui sont des produits du métabolisme secondaire des
arbres. Les principales substances exploitables sont des terpènes et des polyphénols. Ces deux familles de
molécules sont très diversifiées et se prêtent à des applications variées en chimie parmi lesquelles plusieurs à
forte valeur ajoutée pour la cosmétique, la nutraceutique et la santé.
Les industriels du secteur papetier sont des acteurs traditionnels de la chimie du bois, dans la mesure où ils en
séparent différents constituants moléculaires. Les différents procédés chimiques permettent d'obtenir de la
cellulose plus ou moins purifiée, d'isoler certains groupes d'extractibles, et, dans certains cas, de valoriser la
lignine autrement que pour la production d'énergie (lignosulfonates, …).
Les biomolécules du bois sont renouvelables mais fréquemment en concurrence avec celles des produits
agricoles, directement ou indirectement. C'est particulièrement le cas pour les biomolécules plateformes
comme le glucose ou l'éthanol et plusieurs de leurs dérivés. Comme les autres ressources lignocellulosiques, le
bois est une matière complexe et donc coûteuse à déstructurer. Hors des modèles économiques dépendants
d'incitations publiques, comme ceux des bioénergies, le potentiel de développement de la chimie du bois est
fortement lié à sa capacité d'intégration à des chaines de transformation existantes et à augmenter la valeur
qu'elles créent. A court et moyen terme, la chimie du bois est à considérer comme une diversification
permettant d'améliorer la compétitivité des filières françaises du bois et du papier, dans des proportions qui
peuvent être parfois vitales.
La France dispose de quelques acteurs industriels de référence de la chimie du bois, positionnés parmi les
leaders mondiaux dans les celluloses de spécialités, les dérivés terpéniques et les extraits riches en
polyphénols. L'Aquitaine est une région phare.
La ressource forestière n'est pas le facteur limitant du développement du secteur en France. En revanche, la
capacité à mobiliser celle-ci pour de nouveaux usages, la fragilité de certains maillons de la filière et les rivalités
entre ceux-ci constituent autant de freins.
L'information économique, spécifique à la chimie du bois, et la visibilité pour les parties prenantes et les
décideurs politiques restent insuffisantes. Si l'enjeu majeur que constitue la chimie du bois est bien perçu par le
secteur des pâtes de cellulose en France, il ne l'est pas encore par l'ensemble des acteurs des filières forêt-
bois. Le secteur de la chimie du bois n'a pas encore de cohérence d'ensemble ni d'organisation le représentant.
Les recherches menées en France sur la chimie du bois sont nombreuses, couvrant la diversité des
thématiques, avec un niveau de qualité élevé. Le risque est cependant important que bon nombre des
industrialisations qui en seront issues soient menées dans d'autres pays.
Il n'y a pas de modèle unique à succès de bioraffinerie du bois. La plupart des marchés attractifs pour les
filières françaises sont des niches. Un tel horizon justifie la diversité des recherches nécessaires mais créée le
risque d'accentuer la tendance française à disperser ses efforts de soutien public sur un trop grand nombre de
pistes.
Plusieurs défis sont donc à relever pour éclairer l'horizon, concentrer les efforts sur un nombre adéquat de
projets et assurer la cohérence d'ensemble d'un secteur en construction.
8. Recommandations
Développer une information économique publique, assurant une visibilité collective.
Un effort particulier d'analyse économique pouvant être rendu publique doit être réalisé.
Les enjeux doivent être chiffrés mais en intégrant suffisamment que :
Les marchés cibles sont souvent des niches, difficiles à quantifier (les données trop globales, présentées de
façon récurrente, n'ont que peu de pertinence).
La chimie du bois restera, à court et moyen terme, une diversification d'activités plutôt que la création
d'industries ex nihilo. Les analyses économiques doivent en tenir compte et s'appuyer sur une description fine
des chaînes de valeur existantes. L'objectif est de faire évoluer des équilibres industriels, logistiques, d'usages
de matières premières, etc. et de quantifier le bilan de leurs retombées économiques.
La concurrence, nationale et internationale, doit être analysée de façon suffisamment complète et transverse
(produits fossiles, bioproduits agricoles) en intégrant les dynamiques en cours et avec une vision prospective
(regard actualisé sur la pétrochimie mondiale ; développement de la chimie du gaz, des biotechnologies
blanches ; évolution des rendements agricoles et de la productivité des forêts plantées ; etc.). Une veille
sectorielle est nécessaire dans les pays scandinaves, l'Allemagne, les USA, le Canada, le Brésil et la Chine.
Susciter le dialogue, les rapprochements et les projets communs entre les acteurs de la chimie du bois et ceux
de la chimie des agro-ressources.
Dans un environnement mouvant, face à une concurrence internationale active, les développements de la Chimie du
Végétal en France doivent trouver une cohérence d'ensemble. Les premiers partenariats agro-industrie / forêt-bois,
relevés dans certains projets de recherche collaboratifs, doivent être encouragés. Si les producteurs de pâtes de
cellulose garderont un rôle majeur dans la chimie du bois, il est essentiel qu'ils ne soient pas les seuls acteurs de la
forêt-bois à se mobiliser et à se rapprocher des filières agricoles et agroindustrielles. Cette rencontre plus large entre
acteurs de valorisation de la biomasse végétale doit être considérée également comme un moyen de dépasser les
divisions internes aux filières forêt-bois. L'engagement direct des industriels sur des projets concrets est essentiel, au-
delà de leurs interprofessions.
Ces interactions peuvent être stimulées d'une part, en encourageant spécifiquement les projets transversaux aux
filières bois et agricoles, et, d'autre part, en réunissant les acteurs sur l'élaboration de programmes collectifs de
développement.
publics veulent stimuler leur atteinte, ils doivent leur associer des dispositifs assurant de la visibilité aux secteurs
industriels concernés et les incitants à investir.
L'objectif général est ici la création de valeur ajoutée supplémentaire pour les filières forêt-bois françaises, par le
développement de nouveaux débouchés pour la chimie. L'ambition doit se traduire en millions d'euros, à une échéance
donnée. Des définitions précises de ce que sont la valeur ajoutée "supplémentaire" et les "nouveaux" débouchés pour
la chimie seront nécessaires, avec des références initiales à établir. La valeur ajoutée créée devra bénéficier à
plusieurs maillons des filières forêt-bois françaises. D'autres indicateurs pourront être les volumes de bois français
valorisés et ceux des produits fabriqués.
L'articulation entre le soutien à l'énergie biomasse et celui à la chimie renouvelable est un thème récurrent dans l'Union
européenne mais qui n'a pas encore trouvé son issue. Les politiques d'ENR ont pour force d'avoir fixé des objectifs
chiffrés et pour faiblesses de ne se focaliser que sur les seuls impacts "climat", sans intégrer d'objectifs économiques et
d'autonomie stratégique. Les analyses complexes et controversées des effets indirects de l'exploitation de la biomasse
à des fins énergétiques sont une illustration d'un tel travers. Un retour d'expérience important est toutefois disponible
sur le coût des dispositifs d'incitation et l'impact général sur les filières concernées du développement des biocarburants
liquides et de la biomasse combustible.
En France, l'expérience du Fonds Chaleur est à prendre en compte, tant dans son succès d'ensemble que dans ses
retombées indirectes et ses besoins d'ajustement. Le soutien à la tep renouvelable a entrainé une consommation
supplémentaire de bois mais a également accentué, dans certains cas, la compétition pour la ressource avec les
industries en place. La stimulation de la demande a également montré ses limites, quant à ses capacités de
structuration des filières et de mobilisation du bois. L'introduction récente d'une composante focalisant sur la
mobilisation de la ressource (AMI Dynamic bois), est une nouvelle étape qui s'engage. De tels dispositifs peuvent-ils
inspirer un soutien au développement de la chimie durable du bois ? L'impact climat de celle-ci est-il valorisable quand
les analyses de cycle de vie sont disponibles ? Peut-on articuler un soutien à l'énergie et à la chimie de façon intégrée
pour des mêmes gisements de bois ?
A des objectifs nationaux généraux devront s'adosser des priorités de développement. Il reste encore difficile de les
figer, alors que plusieurs pistes sont explorées depuis peu. Devront vraisemblablement en faire partie : la valorisation
en chimie du bois de feuillus et notamment de ses composants spécifiques (hémicelluloses), celle des lignines, celle du
bois de rebut et le développement des filières d'extractibles à forte valeur ajoutée. Plusieurs débats de fond entre
parties prenantes sont nécessaires pour faire émerger les axes susceptibles de mobiliser les acteurs, des objectifs
nationaux, les plans d'actions nécessaires et les modes d'accompagnement publics appropriés :
Les développements des marchés et des productions industrielles des nanocelluloses présentent de forts
potentiels, en dépit d'incertitudes sur leurs échéances. La France dispose d'un savoir-faire important et ne peut
être absente d'un tel secteur. Un débat doit être organisé entre les parties prenantes (universitaires, centres
technologiques, industriels de la pâte à papier, start-ups, industriels potentiellement clients), afin de développer
une vision commune, des objectifs, un plan d'action et les bases des politiques publiques nécessaires.
Le concept du groupe de travail "lignines", développé en Aquitaine, mérite d'être repris et aménagé, pour le
mettre en œuvre à l'échelle nationale. Comme pour les nanocelluloses, les recherches sont actives en France
mais les productions ne sont pas encore en place (hors lignosulfonates) et les marchés restent balbutiants.
C'est pourtant bien maintenant, dans cette phase d'émergence, qu'une feuille de route doit être définie, basée
sur une analyse collective des acteurs du secteur.
Une réflexion collective pourrait être également engagée, entre parties prenantes sur les hémicelluloses et les
sucres en C5, issus du bois.
Pour ces trois sujets, il conviendra de préciser si seuls les acteurs des filières bois sont à impliquer ou si certaines
réflexions nationales doivent être transverses à la forêt-bois et à l'agriculture-agroindustrie.
Concentrer les soutiens publics sur des projets pouvant faire l'objet de développements industriels en France
Conditionner les soutiens à la recherche appliquée et aux développements à l'existence de
perspectives industrielles crédibles sur le territoire (au-delà des seuls démonstrateurs). Si ce n'est pas aux
chercheurs académiques de tracer de telles perspectives, il est essentiel qu'ils s'entourent des partenaires en
mesure de le faire et s'inscrivent dans le défi collectif de développement de la chimie du bois sur notre territoire.
Accompagner les unités de pâtes de cellulose dans leurs diversifications, tant dans les investigations
techniques que celles relatives aux marchés cibles et à la modélisation industrielle et économique de l'évolution
de leur activité.
Explorer de façon approfondie la valorisation de la ressource en feuillus dans des modèles intégrés pâte-
chimie, chimie-énergie, bois d'œuvre-chimie, etc., prenant en compte les questions de gisements,
d'industrialisation et de marchés. Des projets de pilote ou de démonstrateur sont déjà engagés (BIO3, intégré à
une usine de pâte, démonstrateur CIMV, etc…) mais leurs résultats ne seront acquis que dans plusieurs
années. Compte tenu de l'enjeu majeur que constitue la valorisation des feuillus français, il est essentiel
d'avancer entretemps, tant en diversifiant les recherches qu'en développant des modélisations économiques
des chaines de valeur à construire ou à étendre. Une vision d'ensemble devient nécessaire : quelle place pour
plusieurs producteurs d'hémicelluloses de feuillus et leurs dérivés en France ? Où sont les gisements
mobilisables de feuillus ? Des extractions spécifiques, sur sites, de substances des connexes pourraient-ils
conforter des activités de sciages ? Des modèles originaux valorisant du bois inutilisé (taillis à reconvertir, etc.),
en partie pour la chimie (hémicelluloses, tanins, …) et en partie pour la chaleur (après granulation ?) ont-ils une
faisabilité technique et économique ? Dans quelles régions et selon quelle cohérence avec les usages
purement énergétiques ? Une approche par territoire et par bassins d'approvisionnement sera nécessaire si la
chimie consomme demain des quantités significatives de bois.
Renforcer et développer les filières d'extractibles de bois français pour la nutraceutique, la cosmétique
et la santé. Notre pays dispose d'acteurs de référence, en amont et en aval de ces filières. Si les marchés
demeurent étroits, ils sont en croissance et les nouveaux projets doivent être encouragés.
Poursuivre les travaux ayant pour objectif la substitution des colles UF et MUF dans les panneaux de
particules par des molécules, issues du bois, sans émissions toxiques. L'enjeu est majeur et collectif à la
filière si les lignines (voire les tanins) de bois peuvent faire partie des options à succès. Les travaux déjà
réalisés ont montré la complexité du défi technique et l'absence de solution simple. A l'issue des recherches qui
s'achèvent, il sera nécessaire d'en établir le bilan avec les parties prenantes. Le sujet est stratégique : il justifie
des investissements importants et pérennes mais sous réserve que des pistes soient ouvertes.
Développer les projets de chimie valorisant le bois de rebut. Le gisement disponible est important mais sa
valorisation en chimie reste complexe. Un seul projet l'aborde à ce jour (VADEBIO). L'effort doit être renforcé.
46
Potentiel de développement lié aux extractibles : état des connaissances et revue des marchés. Quebec Wood Export Bureau,
2010.
BIOTFUEL
Objectif : Démonstration de la faisabilité d’une chaîne de procédés de production de carburants BTL
Porteur du projet : BIONEXT (société dédiée).
Partenaires industriels : AVRIL (SOFIPROTEOL), AXENS, TOTAL, UHDE.
Partenaires universitaires et technologiques : CEA, IFPEN.
Calendrier d'exécution : 2010-2017 (7 ans).
Budget total et financeur(s) public(s) : 112.7 M€, ADEME (Fonds démonstrateur de recherche).
BRIIO
Objectif : développer des produits bio-sourcés performants et respectueux de la santé et de l’environnement pour
l’isolation thermique des bâtiments (mousses d'isolation).
Porteur du projet : CONDAT
Partenaires industriels : EUROPISO
Partenaires universitaires et technologiques : Université de Lorraine, CNRS.
Calendrier d'exécution : 2015-2017 (36 mois)
Labellisé : AXELERA, FIBRES-ENERGIVIE.
Budget total et financeur(s) public(s) : 1.9 M€, FUI.
CHEMLIVAL
Objectif : développer de nouvelles voies de production de molécules aromatiques par catalyse hétérogène sélective, à
partir de lignines, avec comme applications à long terme la synthèse de molécules bioactives et de polymères
aromatiques techniques.
Porteur du projet : Institut de Recherches sur la Catalyse et l'Environnement de Lyon (IRCELYON).
Partenaires industriels : NOVASEP.
Partenaires universitaires et technologiques : FCBA, Institut de Chimie et Biochimie Moléculaires et
Supramoléculaires (ICBMS, Villeurbanne), C2P2 (Chimie, Catalyse, Polymères et Process, CNRS UMR 5265,
Villeurbanne).
Calendrier d'exécution : 2012-2016 (42 mois).
Labellisé : AXELERA.
Budget total et financeur(s) public(s) : 3 M€, ANR.
FUTUROL
Objectif : développer un procédé de fabrication d’éthanol cellulosique.
Porteur du projet : PROCETHOL 2G (société dédiée)
Partenaires industriels :, LESAFFRE, ONF, TEREOS, TOTAL, VIVESCIA
Partenaires universitaires et technologiques : ARD, IFPEN, INRA (FARE).
Autres partenaires : CGB (Confédération Générale des planteurs de Betteraves), CREDIT AGRICOLE NORD EST,
UNIGRAINS.
Calendrier d'exécution : 2008-2017 (8 ans).
Budget total et financeur(s) public(s) : 74 M€, BPI France (Oséo).
FUNTUNE
Objectif : Développement de cocktails enzymatiques inspirés de modèles fongiques pour la déconstruction contrôlée
de la biomasse végétale lignocellulosique.
Porteur du projet : INRA Biotechnologie des Champignons Filamenteux - UMR BBF (Biodiversité et Biotechnologie
Fongiques), Luminy.
Partenaires industriels :
Partenaires universitaires et technologiques : UMR1136 INRA-Université de Lorraine "Interactions Arbres Micro-
organismes", UR1290 INRA-AgroParisTech "Biologie et Gestion des Risques en Agriculture", UMR 7257 CNRS-
Université Aix Marseille "Architecture et Fonction des Macromolecules Biologiques"
Calendrier d'exécution : 2015-2019 (60 mois).
Labellisé : FIBRES-ENERGIVIE.
Budget total et financeur(s) public(s) : 2.3 M€, ANR.
GAYA
Objectif : production de bio-méthane de seconde génération.
Porteur du projet : ENGIE (GDF SUEZ).
Partenaires industriels : REPOTEC (Renewable Power Technologies Umwelttechnik GmBH), Union de la coopération
forestière française (UCFF).
Partenaires universitaires et technologiques : CEA, CIRAD, CTP/FCBA, LGC Toulouse, LRGP, RAPSODEE de
l’Ecole des Mines d’Albi-Carmaux, UCCS Lille (Unité de Catalyse et de Chimie du Solide).
Calendrier d'exécution : 2010-2017 (8 ans).
Labellisé : TENERRDIS.
Budget total et financeur(s) public(s) : 57 M€, ADEME (Fonds démonstrateur de Recherche).
GREENWAX
Objectif : Développement d'une paraffine végétale pour des applications industrielles.
Porteur du projet : Denis & fils (fabricant de bougies, Gétigné, 44)
Partenaires industriels : PCAS, NEXANS, ALPEM.
Partenaires universitaires et technologiques : CVG (Centre de Valorisation des Glucides), Université technologique
de Compiègne, ITERG, TIMR ESCOM (Compiègne),
Calendrier d'exécution : 36 mois (2013-2016).
Labellisé : AGRI SUD OUEST INNOVATION, IAR, VEGEPOLYS, XYLOFUTUR.
Budget total et financeur(s) public(s) : 2.9 M€, FUI 16, CR Pays de la Loire, CR Picardie et CR Champagne
Ardenne.
NAWHICEL 2
Objectif : développer une nouvelle génération de colles et de composites élastomères chargés en nanocellulose pour
le marché du transport (automobile, aéronautique) et des énergies renouvelables (photovoltaïque, éolien…).
Le projet prévoit des travaux sur la fonctionnalisation et la récupération de nanocelluloses, la production de composites
élastomères, de colles et de composites avec renfort tricoté chargés en nanocellulose. Il est attendu des améliorations
de performances (agent de rhéologie, renfort mécanique, stabilité dimensionnelle, étanchéité, effet barrière…) par
l’ajout de nanocellulose, en substitution de charges d’origine fossile. Des ACV comparatives seront réalisés.
Porteur du projet : EMAC (PME active dans la formulation et la production de mélanges élastomères techniques –
siège à Mauléon, 64).
Partenaires industriels : EMAC, COOPER STANDARD, JTT COMPOSITE, AEC POLYMERS, APESA.
Partenaires universitaires et technologiques : CANOE, IPREM, LCPO, RESCOLL.
Calendrier d'exécution : 36 mois (2013-2015).
Labellisé : ELASTOPOLE, XYLOFUTUR.
Budget total et financeur(s) public(s) : 2.1 M€ ; FUI (16ème appel à projets), BPIFRANCE, Conseil Régional
d’Aquitaine, Conseil General des Pyrénées Atlantiques.
NEOLIGNOCOL (Nouvelles colles à base de lignine pour les panneaux de particules à base de bois)
Objectif : Le projet s'inscrit dans la recherche de substitutions de colles à base de formaldéhyde par des résines à
base de lignines modifiées, issues des matières extractibles de la biomasse (bois, pailles,…) et des sous-produits de
l’industrie papetière, tout en maintenant les propriétés requises pour les panneaux de particules.
Porteur du projet : RESCOLL.
Partenaires industriels : KRONOFRANCE, ROLKEM, ROLPIN, UIPP.
Partenaires universitaires et technologiques : CTP/FCBA, LCPO.
Calendrier d'exécution : 2012-2015.
Financeur(s) public(s) : DGCIS, dans le cadre de l’Appel à Projets "Eco-Industries".
PENTOVAL :
Objectif : Développer un procédé industriel de fractionnement et raffinage des sucres en C5, présents dans les
coproduits hémicellulosiques des amidonneries, sucreries, éthanoleries et papèteries et valoriser les jus de sucres en
C5 pour la production de synthons pour l'industrie agroalimentaire et cosmétique (xylitol) mais aussi pour la chimie
(dérivés du furfural, avec le développement d'une voie catalytique de production d'acide 2,5 furane dicarboxylique).
Porteur du projet : TEREOS SYRAL
Partenaires industriels : ARKEMA, MINAKEM, ERCANE (La Réunion).
Partenaires universitaires et technologiques : IRCELYON (Institut de Recherche sur la Catalyse et
l’Environnement), FCBA, CVG, Laboratoire de Chimie Industrielle (INRA Toulouse).
Calendrier d'exécution : 2012-2015.
Labellisé : IAR, QUALITROPIC.
ème
Budget total et financeur(s) public(s) : 4.8 M€, FUI (11 appel à projets).
POLYWOOD
Objectif : Développement de polyamides biosourcés à partir de sucres en C6 (glucose, mannose) des hémicelluloses
du bois entrant dans les unités de pâtes à papier. Le projet prévoit la synthèse de monomères diacides et diamines à
partir des sucres C6 des hémicelluloses extraits et la mise au point d’une voie de synthèse industrielle des polyamides
à partir de ces monomères.
Porteur du projet : SOLVAY (ex RHODIA).
Partenaires industriels : SCHNEIDER ELECTRIC, FIBRE EXCELLENCE, NOVASEP, PETZL, CLEXTRAL, AD
MAJORIS, MECAFONCTION, TSL OUTDOOR.
Partenaires universitaires et technologiques : CTP, INSA Lyon, LGP2.
Calendrier d'exécution : 2012-2016.
Labellisé : AXELERA, FIBRES ENERGIVIE.
Budget total et financeur(s) public(s) : 5.8 M€, FUI (13ème appel à projets).
VADEBIO " Valorisation des déchets d’éléments d’ameublement en molécules d’intérêt par traitement biologique"
Objectif : Développer des techniques de valorisation des Déchets d’Eléments d’Ameublement (DEA) sous forme de
molécules d’intérêt mobilisables par voie fermentaire. Ceci implique de développer de nouvelles techniques de gestion
des indésirables contenus dans les bois
Porteur du projet : SECHE ENVIRONNEMENT
Partenaires industriels : PROTEUS (PCAS), ECO-ETHANOL (VALAGRO).
Partenaires universitaires et technologiques : VALAGRO.
Calendrier d'exécution : 2015-2017 (36 mois).
Budget total et financeur(s) public(s) : 0.5 M€, ADEME.
XYLOPHENOL
Objectif : valorisation de la lignine alcaline – Dépolymérisation de la lignine comme précurseur de synthons
aromatiques.
Coordinateur du projet : LCPO.
Partenaires industriels : TEMBEC.
Calendrier d'exécution : 2012-2015.
Budget total et financeur(s) public(s) : 0.12 M€, Conseil régional d'Aquitaine / CCRRDT Aquitaine (Comité
Consultatif Régional pour la Recherche et le Développement Technologique).
PROJETS TERMINES
BIOCHEM
Objectif : développer une méthode de pré-traitement biochimique des copeaux de pin maritime afin d’améliorer la
performance environnementale et le rendement industriel des pâtes Kraft et bisulfite.
En mettant au point une technique originale d’inoculation et de biopulping au laboratoire, le projet a permis de
sélectionner les souches de champignons les plus prometteuses (Trametes suaveolens, Phlebia radiata) et d’en
mesurer les effets pour d’éventuelles applications industrielles.
Porteur du projet : AFOCEL (devenu FCBA par la suite).
Partenaires industriels : TEMBEC, SMURFIT KAPPA.
Partenaires universitaires et technologiques : CTP, Institut du Pin.
Calendrier d'exécution : 2007-2009 (36 mois).
Labellisé : XYLOFUTUR
Budget total et financeur(s) public(s) : Région Aquitaine.
BIOCORE
Objectif : Bioraffinerie pour la transformation de biomasse en biocarburants de 2nde génération et en polymères
Coordinateur du projet : INRA
Partenaires industriels : ARKEMA, CIMV, CHIMAR HELLAS (Grèce), DSM, SYRAL (TEREOS), SYNPO (Tchéquie),
TARKETT.
Partenaires universitaires et technologiques : Chalmer’s University of Technology (Suède) DLO Wageningen (Pays
Bas), Energy research Centre of the Netherlands (Pays Bas), Imperial College London (Royaume Uni), Institute For
Energy and environmental Research Heidelberg, Institut für Umweltstudien, Institute of Wood Chemistry, Katholieke
Universiteit Leuven National, Technical University of Athens, NOVA (RFA), Szent Istvan University , The Energy and
Resources Institute, VTT (Finlande).
Autres partenaires : CAPAX (Belgique), INRA Transfert, SOLAGRO
Calendrier d'exécution : 2011-2014.
Budget total et financeur(s) public(s) : 20.3 M€, Commission européenne.
BIOETHANOL
Objectif : Production de sucres et d'éthanol à partir de biomasse cellulosique.
Porteur du projet : INSTITUT DU PIN.
Partenaires industriels : DANISCO/GENENCOR, TEMBEC R&D.
Partenaires universitaires et technologiques : LABORATOIRE DE BIOTECHNOLOGIE ET BIOPROCEDES
CNRS/INRA, INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES (Toulouse), ORGANIBIO.
Calendrier d'exécution : 2007-2010.
Labellisé : XYLOFUTUR.
Budget total et financeur(s) public(s) : 1.15 M€, ANR.
BIOEXTRA
Objectif : Exploitation des substances bio-actives et extractibles des résidus/co-produits industriels du bois issus des
usines de pâtes (nœuds, écorces, souches) pour la production d'extraits naturels pour la parfumerie, la cosmétique,
l'alimentaire mais aussi comme actifs antioxydants, biocides naturels, et pour les matériaux fonctionnalisés.
Porteur du projet : BIOLANDES.
Partenaires industriels : SMURFIT KAPPA CELLULOSE DU PIN, TEMBEC.
Partenaires universitaires et technologiques : CTP/FCBA, Laboratoire de Chimie Agro-Industriel (LCA, INRA
Toulouse).
Calendrier d'exécution : 2010-2013.
Labellisé : XYLOFUTUR, FIBRENERGIE VIE (FIBRES GRAND’EST), AXELERA, AGRIMIP INNOVATION.
ème
Budget total et financeur(s) public(s) : 1.9 M€, FUI, 7 appel à projets.
BIOPOLYSURF
Objectif : Synthèse de nouveaux surfactants polymères à partir de molécules hydrophobes de la résine de Pin
maritime pour des applications cosmétiques et la stabilisation de latex.
Porteur du projet : IPREM Université de Pau.
Partenaires industriels : DRT, ARKEMA, LVMH.
Partenaires universitaires et technologiques : ICGM.
Calendrier d'exécution : 2011-2014.
Labellisé : XYLOFUTUR.
Budget total et financeur(s) public(s) : 0.31 M€, Conseil Régional Aquitaine
CAPROCELL
Objectif : Production de celluloses pures à partir de bois par un procédé propre au peroxyde d’hydrogène catalysé.
Résultats : Identification des complexes cuivre-phénanthroline comme les plus efficaces pour catalyser la
délignification. Mécanisme d'explication de la dépolymérisation de la lignine en présence du catalyseur cuivre-
phénanthroline. Développement d'une séquence de blanchiment pour la production de celluloses pures à partir de pâte
kraft avec délignification au peroxyde d‘hydrogène catalysée (ou non) et des pré- et post-traitements sans chlore.
Porteur du projet : LGP2.
Partenaires industriels : ARKEMA, FIBRE EXCELLENCE.
Partenaires universitaires et technologiques : LGP2, Université de Grenoble
Calendrier d'exécution : 2008-2011 (36 mois).
Labellisé : AXELERA.
Budget total et financeur(s) public(s) : 1.2 M€, ANR.
DELTA 3
Objectif : développer des solvants à bonne empreinte environnementale pour des applications dans les secteurs du décapage, du
dégraissage, du nettoyage et de la formulation de revêtements.
Porteur du projet : RHODIA (devenu SOLVAY)
Partenaires industriels : NOVANCE (groupe SOFIPROTEOL, devenu AVRIL), DRT, CREE, SASA.
Partenaires universitaires et technologiques : ENSCL-Chimie Lille,
Calendrier d'exécution : 2010-2013 (36 mois).
Labellisé : IAR, AXELERA, XYLOFUTUR.
Budget total et financeur(s) public(s) : 4.9 M€, Ministère de l'Industrie.
FILTEXCOL
Objectif : Procédé membranaire de traitement d'effluents de latex et propriétés adhésives du polymère naturel
reconcentré en substitution de produits de synthèse
Porteur du projet : Techniques Industrielles Appliquées,
Partenaires industriels : RESCOLL
Partenaires universitaires et technologiques : CIRAD, CNRS, CTTM
Calendrier d'exécution : 2011-2014 (36 mois).
Budget total et financeur(s) public(s) : 0.6 M€, ADEME BIP.
POLYTERP
Objectif : Obtention de polyterpènes par conversion enzymatique de l’isoprène.
Résultats : s'il n’a pas été possible de transformer in-vitro l’isoprène en IPP (isopentényl pyrophosphate, précurseur de
nombreux polyterpènes et du caoutchouc naturel), des études non prévues initialement ont conduit à des
développements intéressants, notamment sur la compréhension des interactions entre protéines et lipides dans le
caoutchouc naturel).
Coordinateur du projet : LCPO (US2B) CNRS.
Partenaires industriels : MICHELIN, DRT.
Partenaires universitaires et technologiques : CNRS US2B, LCPO, INRA.
Calendrier : 2011-2013.
Labellisé : XYLOFUTUR.
Budget total et financeur(s) public(s) : 1.7 M€, ANR.
PREPILPAT
Objectif : Etude de la faisabilité et du dimensionnement d'un pilote pré-industriel d'hydrolyse de pâtes à papier
cellulosiques en sucres fermentescibles et de fermentation de ces sucres pour la production d'éthanol
Porteur du projet : TEMBEC R&D Kraft (devenu FIBRE EXCELLENCE SAS pour la thématique concernée).
Partenaires industriels : MAGUIN, EDF
Partenaires universitaires et technologiques : INSA Toulouse, Université de Bordeaux 1.
Calendrier d'exécution : 2009-2011 (14 mois).
Budget total et financeur(s) public(s) : 0.7 M€, ADEME (BIP).
SUCROL
Objectif : Bioraffinerie lignocellulosique pour la production simultanée de cellulose et de pentoses pour la
fabrication de tensio-actifs verts.
Résultats : ce projet a visé la mise au point un procédé d’extraction des hémicelluloses des bois feuillus en amont du
procédé de cuisson kraft, sous la forme d’un flux de pentoses valorisables chimiquement, sans compromettre la qualité
de la cellulose produite. Le potentiel de fabrication de tensio-actifs de type alkylpolyglycosides à partir de xylose a été
examiné.
Porteur du projet : LGP2 Grenoble.
Partenaires industriels : FIBRE EXCELLENCE, SEPPIC.
Partenaires universitaires et technologiques :
Calendrier d'exécution : 2010-2013 (36 mois).
Labellisé : AXELERA.
Budget total et financeur(s) public(s) : 0.8 M€, ANR.
TERPEX
Objectif : récupération des produits résiniques et terpéniques avant utilisation papetière des copeaux de bois et de
souches : développement d'un procédé.
Porteur du projet : TEMBEC.
Partenaires industriels : CAFSA, SMURFIT KAPPA, CELLULOSE DU PIN, DRT
Partenaires universitaires et technologiques : LCPO (USBB).
Calendrier d'exécution : 2007-2010.
Labellisé : XYLOFUTUR.
Budget total et financeur public : 0.6 M€, Conseil Régional d'Aquitaine.
Sigles et acronymes