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Maladies Infection Des Rongeurs

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Maladies, parasites et agents infectieux

des rongeurs
Delphine Grézel

Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon

Les symptômes d’une maladie sont plus difficiles à nutritionnelle (aliment inadapté) : le traitement consiste à
étudier chez les rongeurs que dans de grandes espèces, niveler les dents atteintes.
bien qu’on trouve des signes similaires. Une étude des
Les défauts de l’environnement (chaleur, NH3,
lésions (nécropsie) et/ou des examens in vitro (sérologie,
humidité..), provoquent des troubles divers, à la fois parce
bactériologie, hématologie) doit le plus souvent confirmer qu’ils peuvent affecter directement les tissus et la
l’hypothèse établie selon la clinique. physiologie et parce qu’ils sont facteurs de stress. On note
L’aspect général et la posture (poils hérissés, léthargie, ainsi des troubles de la fécondité et des altérations
douleur, ataxie, boiteries, voussements et contractions…) rétiniennes liées à un éclairement trop fort, surtout chez les
doivent être soigneusement examinés. Il faut rechercher individus albinos (attention à l’intensité lumineuse dans les
pièces d’hébergement et à l’utilisation des lampes de
tout écoulement ou hypersécrétion muqueuse anormale
paillasse).
(diarrhée, sécrétions nasales ou lacrymales…), observer et
palper l’animal pour rechercher des anomalies (tumeur, On décrit chez les rongeurs des tumeurs (tumeurs
lésion ou plaie, ascite…) et examiner les fécès. On peut mammaires, leucémies…), des lésions dégénératives
également analyser la respiration (dyspnée, éternuements, (glomérulonéphrites, hépatites…), des maladies auto-
reniflements…), et surveiller le poids et la consommation immunes (diabète…) et des anomalies de la reproduction :
d’aliments et d’eau. leur fréquence peut être très élevée dans certaines lignées
murines, et doit être prise en compte par les
expérimentateurs, surtout chez des animaux âgés1. De
Maladies non infectieuses nombreuses lignées murines sont atteintes de maladies
génétiques (animaux diabétiques, myopathes…), utiles
Etant donné qu’il existe maintenant des aliments comme modèles expérimentaux, mais qui peuvent poser
adaptés aux rongeurs de laboratoire et que l’aliment est des problèmes spécifiques d’hébergement et d’élevage.
distribué ad libidum, les problèmes nutritionnels sont liés
La plupart des rongeurs étant nocturnes, ils recherchent
le plus souvent à des altérations des aliments (mauvaise
le calme durant la journée et peuvent souffrir d’être
conservation, autoclavage réitéré…) : avitaminoses,
souvent dérangés. Les souris présentent souvent des
mycotoxicoses. Le problème principal avec l’alimentation
problèmes comportementaux et sociaux : bagarres (plaies
est de standardiser la composition, pour éviter des biais et mutilations), stress et hyperactivité (usure des pattes et
expérimentaux. Il est nécessaire d’effectuer une transition museaux contre les grilles, « barbering »…), anomalies des
progressive en cas de changement alimentaire, sous peine soins aux jeunes (cannibalisme ou abandon…). Bien que
d’observer des troubles digestifs, généralement ces problèmes soient plus fréquents dans certaines
passagers. Les rongeurs ont des incisives à croissance lignées, on constate une grande influence du bruit et des
continue, et l’aliment doit assurer également un rôle pratiques zootechniques (effectif trop élevé par cage,
d’usure. Les malocclusions dentaires, responsables de fréquence inadaptée de nettoyages de cages,
dénutrition, de déshydratation et de lésions buccales, regroupement d’individus à l’âge adulte, stress des
peuvent avoir une origine génétique, traumatique ou mères..).

1
cf bases de données du Jackson Institute (http://www.jax.org/resources/mouse_resources.html )

Sci Tech Anim Lab (2006) 1er trimestre N° 1 19


Figure 1 - Principales lésions d’origine comportementale (plaies de combat chez une souris mâle,
« barbering » = épilation des vibrisses et des poils de la tête, le plus souvent par une femelle
dominante ; images : RADIL, Université du Missouri)2

Figure 2 - Lymphome chez une souris (photo : Dr Ronald Charbonneau, Université de Laval)

Parasitoses Il faut noter que les rongeurs sauvages sont


très souvent multiparasités, ce qui nécessite une
décontamination et un confinement important
La grande résistance des œufs et oocystes émis durant la quarantaine quand ces rongeurs sont
par les parasites, et le fait que de nombreux utilisés au laboratoire.
parasites des rongeurs ont un cycle direct,
expliquent la difficulté de l’éradication complète
Le traitement anti-parasitaire des helminthoses
des parasitoses, en particulier des oxyures, dans
fait appel à de nombreuses molécules, qui seront
les animaleries expérimentales. Il faut remarquer
plus ou moins efficaces selon le stade parasitaire
que les ectoparasites des rongeurs peuvent
(larve, adulte ou œuf), obligeant souvent à des
infester l’homme, mais sans s’y multiplier (cause
prises médicamenteuses associées, répétées et
d’irritations cutanées en cas d’infestations
modulées en fonction de la durée du cycle
massives des rongeurs…).
parasitaire, pour traiter une collectivité avec
La plupart des parasitoses sont succès (Syphacia : 11-15 j, Aspicularis : 23-25 j).
asymptomatiques chez des adultes normaux, Ceci d’autant plus que les formes libres des
mais elles peuvent être source de modifications parasites sont résistantes et échappent à l’action
comportementales (stress lié au prurit…), et elles de l’antiparasitaire (œufs collés sur les parois des
interférent largement avec les travaux locaux pendant plusieurs semaines).
expérimentaux, en particulier avec les études
immunologiques au sens large (réactions Le traitement anti-parasitaire des ectoparasites
croisées, orientation Th2 de la réponse ne peut se faire de façon fiable qu’en
immune…) ; par ailleurs, la présence de parasites complément d’une profonde modification des
est incompatible avec les Bonnes Pratiques de procédures d’hébergement (réduction des
Laboratoire. Les techniques de prélèvements à effectifs, décontamination des matériels..). Les
visée parasitologique sont classiquement chances de succès augmentent quand on
décrites3. procède à un traitement individuel contrôlé.
2
hthttp://www.radil.missouri.edu/info/dora/mousepag/mis.htm
3
http://www.vet-lyon.fr/ens/para/en_index.htm

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Tableau 1 - Parasites et fungi des rongeurs 4, 5,6

Acariens et arthropodes Le plus souvent asymptomatiques ; Microscopie des Ivermectine 0,4mg/kg sc


ectoparasites (Myobia, mauvais aspect général, prurit, phanères, raclages (toxicité élevée)
Radfordia, Trixacarus, alopécies ; Complications par cutanés (Demodex) Selamectine spot
Demodex…) hypersensibilité ou par infection des (6mg/kg)5, fipronyl
plaies de grattage (Myobia musculi
étant le plus pathogène chez
la souris et Trixacarus caviae chez
le cobaye)

Oxyures (Syphacia, Le plus souvent asymptomatiques Observation in situ, Piperazine + ivermectine :


Aspicularis…) Troubles de croissance, mauvais coproscopie et traitement combiné :
aspect général (si fortes charges « scotch-test » périneal oral, 6 semaines7
parasitaires) pour les oxyures

Echinococcoses et Exceptionnels chez les rongeurs de laboratoire, pathogènes (cestodes dixènes


cysticercoses nécessitant un hôte définitif carnivores) ; risque 3

Autres helminthes Asymptomatiques Observation in situ, Praziquantel 0,05% po,


(Hymenolepis, Rodentolepis, coproscopie : recherche 5 j
Trichosomoides…) d’œufs

Coccidioses intestinales Le plus souvent asymptomatiques ou Histologie, coproscopie :


(Eimeria8, Cryptosporidum…) subcliniques (rare chez les rongeurs recherche d’oocystes
de laboratoire)

Amibes (Entamoeba) et Nombreuses espèces non Histologie, coproscopie : Giardia et Spironucleus :


flagellés intestinaux ou pathogènes ; le plus souvent recherche d’oocystes dimetridazole 0,1% po,
génitaux (Giardia, Trichomonas, asymptomatiques (sauf cobaye) ; 14 j
Hexamita, Spironucleus…) évocateurs d’une contamination par
l’environnement.
G.muris & S.muris : entérites des
jeunes au sevrage

Toxoplasmatidae… Exceptionnels chez les animaux de laboratoire, souvent pathogènes (protozoaires


dixènes nécessitant un hôte carnivore) ; Toxoplasma = zoonose

Autres protozoaires tissulaires Asymptomatiques (sauf immuno- Histologie, sérologie et


(Encephalitozoon, Klossiella…) déprimés) hématologie
(Encephalitozoon :
recherche d’oocystes
dans les urines)

Dermatophytes Le plus souvent asymptomatiques Microscopie des phanères/


(Microsporum, (sauf immunodéprimés) ; lésions culture fongique
Trichophyton…) cutanées inflammatoires
caractéristiques

Autres fungi (Pneumocystis Asymptomatiques (sauf immuno- Sérologie/ Dérivés de l’azole


carinii…) déprimés : infections systémiques) culture fongique (imidazole..)

4
« Parasites of Laboratory Animals » D.Owen Laboratory Animals HandBook 12. 1992, 170p, ISBN1-85315-159-9
5
« Le traitement des ectoparasitoses des rongeurs et des lagomorphes par les avermectines » L. Houdre Thèse vétérinaire de
Nantes 2003 http://wwwbibli.vet-nantes.fr/theses/2003/houdre3-20/frame.htm
6
“Detection and clearance of Syphacia obvelata infection in Swiss Webster and athymic nude mice” C.L. Clarke et al,
Contemp Top Lab Anim Sci. 2004, 43(3):9-13.
7
«Effective eradication of pinworms (Syphacia muris, Syphacia obvelata and Aspiculuris tetraptera) from a rodent breeding
colony by oral anthelmintic therapy. » L. Zenner, Lab Anim. 1998, 32(3):337-42.
8
« Early events in the life cycle of the mouse coccidium Eimeria falciformis (Eimer, 1870, Schneider, 1875) in naive and immu-
ne hosts » G. Korenkova G and M. Pakandl Parasite. 2004,11(3):333-9

Sci Tech Anim Lab (2006) 1er trimestre N° 1 21


Figure 3 - Parasites communs des rongeurs (a- œufs de Mycoptes musculinus collés sur les poils,
b- œufs de Syphacia obvelata c- Myobia musculi ; photos a et b : Dr Isabelle Bolon – Centre Médical
Universitaire de Genève, photo c : RADIL, Université du Missouri)

(a) (b)

(c)

Maladies infectieuses d’interférence expérimentale


expérimentateurs, en raison des lésions trouvées
aux

et infections lors de l’autopsie ou lors de prélèvements


tissulaires (inclusions protéiques et/ou syncitia
Diagnostic clinique, lésionnel et expérimental d’origine virale, kystes parasitaires…). C’est le cas
des principales maladies infectieuses en particulier des infections à coronavirus (MHV,
SDAV) des rongeurs, fréquentes, dont le pouvoir
De nombreuses infections sont identifiées
maintenant chez les rongeurs9, trop pour que la pathogène très polymorphe ne s’exprime que dans
simple analyse des symptômes conduise au certaines souches et/ou chez les nouveaux-nés,
diagnostic, d’autant plus que certains germes ne mais qui modifient de nombreux paramètres
donneront des signes cliniques qu’au cours de co- physiologiques. Le fait que les infections restent
infections. Toutes les plaies, infections virales et subcliniques s’explique essentiellement par le très
parasitoses peuvent se compliquer de surinfections bon état d’entretien des animaux, et par les faibles
par des bactéries opportunistes, souvent charges infectieuses auxquels ils sont exposés
pyogènes, qui compliquent le diagnostic initial.
grâce aux conditions d’hygiène actuelles (les doses
Les infections asymptomatiques ou subcliniques, d’exposition étant souvent inférieures aux minima
les plus fréquentes, posent des problèmes déterminés lors des infections expérimentales).

Figure 4 - Infections des rongeurs : a) conjonctivite, b) torticolis, signe fréquent d’une infection de l’oreille
interne (photos de la collection Yves Richard & Henri Maurin-Blanchet)

(a) (b)

9
« Natural pathogens of laboratory mice, rats, and rabbits and their effects on research » Baker DG Clin Microbiol Rev. 1998
Apr;11(2):231-66 (http://cmr.asm.org/cgi/content/full/11/2/231?view=full&pmid=9564563 ) et « Infectious Diseases of Mice
and Rats » 1991, Committee on Infectious Diseases of Mice and Rats, Institute of Laboratory Animal Resources, Commission
on Life Sciences, National Research Council, 415 pages, National Academic Press ISBN 0-309-06332-9
(http://www.nap.edu/books/0309063329/html/index.html)

22 Sci Tech Anim Lab (2006) 1er trimestre N° 1


Tableau 2 - Principales maladies infectieuses des rongeurs adultes par appareil

Sphère ORL, Pasteurella multocida (pneumonie), Bordetella bronchiseptica,


Abcès et poumons Streptococcus sp (otite, rhinite, pneumonie fibrineuse)
infections
Staphylococcus sp (dermatites et/ou abcès cutanés ; lésions du
Autres tableaux
suppurées
cliniques pénis)
(germes
Corynebacterium kutscherii (poumons, reins, articulations…)
pyogènes)
Streptobacillus/souris (adénites, abcès, polyarthrites…)
Infections ORL Sendai virus (pneumonie : atelectasie, hyperplasie epitheliale…)
et pulmonaires Mycoplasma pulmonis (rhinite, otite et pneumonie : hyperplasie lymphoïde…)
(souvent CAR Bacillus(a) (rhinite, otite et pneumonie : hyperplasie lymphoïde et exsudat
subcliniques) mucopurulent…)
SDAV(b)/rat : atteinte de l’œil, des glandes lacrymales et salivaires, des organes
lymphoïdes de la sphère ORL, du thymus et/ou de l’appareil respiratoire
MHV(c) (rhinite et pneumonie interstitielle)
Infections EDIM/IDIR (entérites néonatales) ; Lawsonia intracellularis(d) (entérite du hamster) ;
digestives Clostridium piliforme (entérite murine : maladie de Tyzzer)
(souvent juvéniles) MHV(c) (typhlo-colite et/ou hépatite et encéphalite)
Citrobacter rodentium (typhlo-colite, prolapsus rectal)
Autres tableaux Mycoplasma sp (arthrites, infections génitales dans certaines souches de rats)
cliniques LDV(e) (anomalies biochimiques ; rares paralysies dans souches murines sensibles)
MMTV et MuLV (tumeurs dans les souches murines porteuses)
Ectromélie/souris (épidémie foudroyante ; lésions cutanées et oedémateuses)
LCMV(f) (mortalité en cas d’infection d’adultes)
TMEV(g) (rares cas de paralysies)
Streptobacillus moniliformis /souris : infection multisystémique sévère (diarrhée,
arthrite..)
Infections virales Infections résolutives : parvovirus10 (rat parvovirus, mouse parvovirus, mouse
asymptomatiques minute virus, H1 virus, Kilham’s rat virus), Pneumonia virus of mice, coronavirus,
chez les adultes réovirus
Infections persistantes : cytomegalovirus,parvovirus (cas des infections
congénitales ou néonatales à partir de femelles infectées), hantavirus, LCMV
(transmission verticale)
Infections Infections chroniques : Streptobacillus moniliformis (rat), Leptospira interrogans
bactériennes (nombreux sérovars), Salmonella sp., Pasteurella sp
asymptomatiques En raison de la complexité de la flore commensale et des contaminations
chez les adultes possibles à partir de l’homme et de l’environnement, il est strictement
impossible de lister l’ensemble des bactéries et protozoaires opportunistes ou
commensaux susceptibles de coloniser la peau et les muqueuses des rongeurs.
(a) CAR= Cilia Associated Respiratory (b) SDAV = syalodacryoadenitis virus (c) MHV= mouse hepatitis
virus (d) pas de portage sain connu, (e) LDV= lactate deshydrogenase elevating virus (f) LCMV=
lymphochoriomeningitis virus (g) TMEV=Theiler’s meningoencephalitis virus
Les agents rarement rencontrés sont grisés.

Les inoculations expérimentales ont permis de d’infections naturelles (ils sont cependant
caractériser le pouvoir pathogène et de responsables de nombreux biais expérimentaux,
développer les outils nécessaires à leur en particulier en cancérologie). De même en ce
dépistage. Certains de ces agents pathogènes qui concerne les adénovirus11 et les
des rongeurs, quasi absents des animaleries
cytomegalovirus (sauf chez les cobayes qui y sont
actuelles, ont été utilisés comme modèles
plus sensibles), et le calicivirus récemment
d’infections apparentées de l’homme (TMEV, K
découvert chez la souris : murine norovirus 112.
virus, réovirus…), en cancérologie (MMTV, MuLV)
et en immunologie (mouse thymic virus). Bien Des infections bactériennes classiquement
que de nombreux parvovirus aient été décrits décrites sont devenues maintenant très rares
chez les rongeurs, ils ne sont pas responsables chez les animaux de laboratoire (mais on trouve
de signes cliniques chez les adultes lors encore des cas chez les rongeurs sauvages).

10
« Parvovirus infections of mice and rats » R O. Jacoby and L J. Ball-Goodrich Seminars in Virology, 1995, 6(5):329-337 et
« Rodent parvovirus infections » RO. Jacoby et al, Lab Anim Sci. 1996, 46(4):370-80
11
« Acute respiratory infection with mouse adenovirus type 1 » JB. Weinber et al, Virology, 2005, 340(2) : 245-254
12
« STAT1-dependent innate immunity to a Norwalk-like virus » Karst SM et al, Science. 2003 Mar 7;299(5612):1575-8.

Sci Tech Anim Lab (2006) 1er trimestre N° 1 23


Le diagnostic expérimental repose sur les nombreuses données bibliographiques aident
principes généraux suivants : l’expérimentateur à déterminer la sensibilité
propre aux lignées qu’il utilise.
• La plupart des diagnostics viraux
s’effectuent par sérologie (sérum : recherche • Influence des modes particuliers
d’anticorps) ou par immunohistochimie (biopsie : d’hébergement sur la transmission (isolateurs,
recherche d’antigènes viraux). Il faut noter que couvercles filtrants, cages individuellement
les individus infectés récemment peuvent être ventilées…)15.
séronégatifs (la sérologie est plus fiable sur des
individus convalescents ou porteurs • Fréquence des contaminations indirectes par
asymptomatiques). Comme la plupart des tests inoculation accidentelle à partir de produits
font l’objet de compromis entre sensibilité et biologiques issus d’animaux infectés (cultures
spécificité, il est possible d’observer des cellulaires, sérums, tumeurs…) : parvovirus,
discordances entre des analyses effectuées par mycoplasmes… La plupart des agents infectieux
différents techniques (ELISA versus IFA…)13 : ceci associés aux cellules, ou libres, résistent
explique l’emploi de 2 techniques successives parfaitement aux processus de culture in vitro et
pour assurer le diagnostic. La plupart des tests à la congélation. Il est très important dans la
gestion sanitaire d’une animalerie « rongeurs »
sérologiques restent positifs chez des rongeurs
de vérifier l’absence de contamination des
toute leur vie, même après avoir éliminé
produits biologiques prélevés, cultivés in vitro, et
l’infection (d’où la difficulté à établir si un micro-
ré-implantés. Il existe des tests de recherche des
organisme a complètement disparu de
contaminants microbiens des cultures, tels que le
l’animalerie). Le virus LDHV est détecté par
« MAP test »…
mesure de la lactate deshydrogenase
plasmatique ou par PCR. • Possibilité de dérivation par adoption de
nouveaux nés ou transfert d’embryons. Certaines
• La plupart des diagnostics
infections ont quasi disparu des animaleries
bactériologiques s’effectuent par observation
après la mise en place des techniques
microscopique/coloration sur une partie du
d’hystérectomie aseptique et des confinements
prélèvement et isolement du germe, suivi d’une
« sous barrière » (TMEV, mouse thymic virus,
culture bactérienne ; l’identification
adenovirus…). Toutefois, il faut bien noter que
bactériologique doit reposer sur une hypothèse ces protocoles sont lourds, et ne sont pas fiables
clinique, car cela conditionne le choix de à 100%.
techniques et milieux de culture appropriés. En
raison de la difficulté de culture, certaines La prévalence des infections des rongeurs,
infections sont identifiées par PCR aussi bien chez les animaux de laboratoire que
(Helicobacter…) ou par sérologie (Leptospira, dans le milieu extérieur, est un élément important
Mycoplasma). Quelques bactéries restent malgré pour décider des mesures de prévention à
tout difficilement cultivables ou identifiables, en prendre : quelques exemples de prévalence dans
particulier la famille des Pasteurellaceae l’environnement en Europe sont illustrés dans le
(Pasteurella, Haemophilus…). tableau 3.

Epidémiologie des principales infections Des publications récentes ont montré que les
infections décelables par sérologie, ainsi que les
des rongeurs parasitoses, restent fréquentes dans les
L’épidémiologie des infections des rongeurs animaleries : elles atteignent près de la moitié
présente quelques particularités : des animaleries conventionnelles16, 17, (en
particulier MHV, MVM et TEMV..). Enfin, il faut
• Diversité de la sensibilité aux infections selon noter que les rongeurs domestiques (hamsters,
les lignées murines syngéniques (inbred). La base rats…) représentent une source non négligeable
de données du Jackson Laboratory14 et de très d’infections.

13
« Comparison of enzyme-linked immunosorbent and virus neutralization assays for the serology of reovirus infections in
laboratory animals. » H. Spijkers et al, Lab Anim Sci. 1990 (40/2):150-4 et « RT-PCR detection and nucleic acid sequence
confirmation of reovirus infection in laboratory mice with discordant serologic indirect IF assay and ELISA results » M.H.
Wright et al Comp Med. 2004 (54/4):410-7.
14
http://jaxmice.jax.org/info/index.html
15
« Transmission of murine viruses and mycoplasma in laboratory mouse colonies with respect to housing conditions. » FR.
Homberger et PE. Thomann, Lab Anim. 1994, 28(2):113-20.
16
« 10 year long monitoring of laboratory mouse and rat colonies in French facilities: a retrospective study » L. Zenner et J.P.
Regnault Lab Anim. 2000 Jan;34(1):76-83
17
« Risks of infection among laboratory rats and mice at major biomedical research institutions. » R.O. Jacoby and J.R.
Lindsey. 1998. ILAR J 39(4):266-71 (http://dels.nas.edu/ilar/jour_online/39_4/39_4Risks.asp)

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Tableau 3 - Prévalence actuelle de quelques infections et parasitoses des rongeurs sauvages18 en
Europe d’après les données de piégage de rats sauvages a) par Webster et MacDonald19 en
Angleterre, b) par Stojcevic et al20 en Croatie (et par d’autres auteurs pour des recherches ponctuelles)

Agents régulièrement Pas de données Pasteurella (6%(a)) Puces (100%(a), 12%(b))


trouvés dans publiées : Pseudomonas (4% ) Acariens (67%(a))
(a)

les animaleries coronavirus, Helicobacter (23%21) Syphacia (67% a, 3%(b))


conventionnelles Sendai virus Pneumocystis carinii (92%22)
Agents rarement trouvés Hantavirus (5%(a)) Yersinia enterocolitica Poux (38%(a), 32%(b))
dans les animaleries LCMV (9%23) (11%(a)) Hymenolepis (22%(a), 37%(b))
conventionnelles, Coxiella (34%(a)) Cryptosporidium (63%(a))
mais présents chez Leptospira (14%(a)) Toxoplasma (35%(a))
les rongeurs sauvages Streptobacillus (45%) Eimeria (8%(a))
Nippostrongylus (23%(a))
{Capillaria, Toxocara,
Heterakis : 11-23%(a), 2-25%(b)}
Taenia (11%(a), 10%(b))

de l’état général, un amaigrissement et une


Maladies des souris immunodéprimées, réduction musculaire marquée (cachexiewasting disease),
des souris en reproduction et une atteinte sévère de l’organe atteint
et des nouveaux-nés (dyspnée, lésions nécrotiques et/ou
hémorragiques..). Les animaux immunodéprimés
De très nombreuses infections guettent les ne sont pas capables de se débarrasser des
rongeurs immunodéprimés, ce qui contraint infections et parasitoses qu’ils contractent. Dans
l’expérimentateur à réaliser un bioconfinement certains cas les signes cliniques restent modérés,
préventif en limitant le contact des animaux avec mais les charges microbiennes ou parasitaires
l’environnement (cages à couvercle filtrant ou sont persistantes et plus élevées que la normale
isolateurs, apports stérilisés..) et avec l’homme (d’où augmentation de la transmission).
(tenues de protection..), et à prendre des
précautions lors de la manipulation des animaux Les maladies des animaux immunodéprimés
(manipulation sous flux laminaire, stérilisation du ont plusieurs sources :
matériel…). Toutes les causes d’immuno-
dépression doivent être considérées, bien que le • Des infections par des agents pathogènes
degré d’immunodépression influence la ou opportunistes des rongeurs. Les infections
sensibilité au microbisme ambiant : subcliniques chez des individus normaux
• Immunodépression innée ou congénitale entretiennent la contamination de l’animalerie, et
(souris nude, scid, beige, knockout/immunité..) sont la source d’infections sévères chez les
individus immunodéprimés. Les germes
• Immunodépression expérimentale opportunistes par définition ne causent aucune
(irradiation, administration de glucocorticoïdes à maladie chez l’adulte normal, mais sont graves
forte dose, administration d’immuno- pour les individus immunodéprimés ou
suppresseurs, thymectomie..). dépourvus de barrières naturelles. Chez les
animaux immunodéprimés de façon pérenne
• Immunodépression secondaire (infection,
(nude, scid, knockout/éléments de
brûlure, vieillissement…).
l’immunité24…) l’infection est persistante et
Etant données les anomalies de l’immunité évolue vers la mort en l’absence de traitement.
plus ou moins sévères de ces animaux, les signes C’est la gravité des infections chez ces individus
cliniques sont souvent frustres, et l’infection fragiles qui justifie le soin pris pour éradiquer ces
évolue rapidement vers une dégradation brutale germes dans l’ensemble de l’effectif.

18
http://www.ratbehavior.org/WildRatDisease.htm
19
« Parasites of wild brown rats (Rattus norvegicus) on UK farms. » J.P. Webster and D.W. Macdonald Parasitology. 1995
(111/3):247-255.
20
« Parasitological survey of rats in rural regions of Croatia » D. Stojcevic et al, Vet.Med.Czech, 2004 (49/3) :70-74
21
« Gastric spiral bacteria in wild rats from Italy » A.M. Giusti et al, J.Wildl.Dis 1998 (34/1) :168-172
22
« Population Structure of Rat-Derived Pneumocystis carinii in Danish Wild Rat » R.J. Palmer Applied and Environmental
Microbiology, November 2000 (66/11) : 4954-4961
23
« Lymphocytic choriomeningitis virus infection in a province of Spain: analysis of sera from the general population and wild
rodents. » L. Lledo et al J Med Virol. 2003 Jun;70(2):273-5
24
« Confirmed persistent mouse hepatitis virus infection and transmission by mice with a targeted null mutation of tumor
necrosis factor to sentinel mice, using short-term exposure » J.K. Pullium et al, Comp Med. 2003 Aug;53(4):439-43.

Sci Tech Anim Lab (2006) 1er trimestre N° 1 25


• Des infections par des bactéries (ou fungi) (Pseudomonas aeruginosa, Corynebacterium,
opportunistes, non spécifiques des souris, Acinetobacter, Bordetella, Haemophilus, Proteus,
d’origine humaine ou environnementale. Des cas
Staphylococcus, Streptococcus, Yersinia,
cliniques très divers, plus ou moins exceptionnels,
sont reportés dans la littérature : de très
Burkholderia …). Les problématiques posées par
25

nombreux germes sont mis en cause, causant des les souris immunodéficientes sont assez proches
difficultés diagnostiques et thérapeutiques des problématiques nosocomiales.

Tableau 4 - Principaux pathogènes actuels des souris nude (nu/nu) et des souris nouveaux-nés
Infections respiratoires Pneumonia virus of mice (PMV), Sendai virus, Mycoplasma pulmonis,
des souris nude Pneumocystis carinii, Klebsiella pneumoniae, Streptococcus
pneumoniae, Streptocoques beta-hémolytiques, Pasteurella
pneumotropica26…
Infections digestives Citrobacter rodentium, Helicobacter hepaticus, Helicobacter bilis,
des souris nude Clostridium piliforme27, Giardia muris, Spironucleus muris,
Cryptosporidium sp, Escherichia coli pathogènes, mouse adenovirus
(M-Ad2)…
Infections cutanées Staphylococcus aureus (et autres staphylocoques opportunistes),
des souris nude Corynebacterium sp…
Infections systémiques Mouse cytomegalovirus, mouse adenovirus (M-Ad1), Pseudomonas
(cérébrales, hépatiques, aeruginosa, Proteus mirabilis, Mouse hepatitis virus (MHV),
articulaires, rénales, Encephalitozoon cuniculi…
génitales…) des souris nude
Infections des souris MHV (mortalité brutale ; atteinte cérébrale et/ou thymique), Mouse
nouveaux-nés (issues de parvovirus 1, Mouse minute virus, Kilham’s rat virus, rotavirus (EDIM,
mères compétentes IDIR), Clostridium piliforme, Spironucleus muris, oxyures, LCMV,
infectées) mouse adenovirus (entérite due à M-Ad2).
On peut noter que de nombreux protocoles d’infection expérimentale
(recherche ou diagnostic) utilisent l’inoculation aux souris nouveaux-nés
(rage…) en raison de leur grande susceptibilité.

Les éleveurs, mais aussi les expérimentateurs les mères sont immunes, les jeunes sont alors
qui utilisent des rongeurs gestants (y compris protégés à la naissance et développeront une
dans les unités de transgénèse) sont confrontés maladie atténuée au moment du sevrage.
aux agents d’infertilité et de maladies
néonatales, souvent véhiculés de façon De nombreuses stratégies de suivi sanitaire
asymptomatique par les adultes. La prévention sont possibles : l’harmonisation des pratiques de
des infections chez les souris en reproduction dépistage chez les rongeurs a fait l’objet d’un
doit viser 2 groupes de pathogènes : groupe de travail FELASA dont les
recommandations ont été publiées en 1993,
• Ceux qui affectent la fécondité des
1996 puis en 200228. Toutefois, ces
animaux et provoquent des mortalités
recommandations doivent être adaptées au
embryonnaires (étant donnée la courte durée de
contexte local. Le niveau d’exigence, en
gestation des rongeurs, les résorptions
particulier pour les bactéries opportunistes et les
embryonnaires sont plus fréquentes que les
protozoaires, doit être modulé en fonction des
avortements) : Sendai virus, parvovirus...
besoins expérimentaux. Grâce aux efforts
• Ceux qui affectent les nouveaux-nés et les d’éradication entrepris depuis les années 1980,
jeunes au sevrage (MHV, agents de gastro- certains agents sont maintenant devenus
entérites..). Paradoxalement, les troubles graves exceptionnels (agents des zoonoses, Theiler’s
s’observent en cas de contamination d’élevages murine encephalomyelitis virus, Clostridium
protégés, car aucun anticorps d’origine piliforme27, K virus, mouse polyomavirus, mouse
maternelle ne protège alors les jeunes ; lorsque thymic virus…).

25
« Outbreak of otitis media caused by Burkholderia gladioli infection in immunocompromised mice ». P.L. Foley et al, Comp
Med. 2004, 54(1):93-9.
26
« Reclassification of 30 Pasteurellaceae strains isolated from rodents » R. Boot R et M. Bisgaard Lab Anim. 1995, 29(3):314-9.
27
Agent de la maladie de Tyzzer, rare actuellement (auparavant décrit comme une cause d’entérites graves des rongeurs)
28
« FELASA Recommendations for the health monitoring of rodent and rabbit colonies” Laboratory Animals 2002,36
http://www.lal.org.uk/pdffiles/LAfel2.PDF

26 Sci Tech Anim Lab (2006) 1er trimestre N° 1


Tableau 5 - infections et parasites des rongeurs présentant un danger pour l’homme29

Agent Espèce(s) cible(s)30,31, Zoonose/ Réglementation/


Facteurs de risque niveau de confinement
Chlamydophila psittaci32 oiseaux, rongeurs sauvages (rare)… 3
➔ Infection aiguë multi-systémique

Dermatophytes : Nombreuses (environnement) Zoonose 2


Microsporum, ➔ Teignes (Microsporum)
Trichophyton…

Giardia sp33 Rongeurs (environnement) 2 (G.intestinalis)


➔ Entérite

Hantavirus Rongeurs 3 (2 : puumala virus)


➔ Fièvre hémorragique avec syndrome rénal

Echinococcus Carnivores (Rongeurs= hôtes intermédiaires) Zoonose ; 3


➔ Hydatidose

Hymenolepis nana Rongeurs (Homme) Troubles digestifs 2

Leptospira interrogans Nombreuses (rongeurs…), environnement : Zoonose ; 2


nombreux sérovars plus ou moins pathogènes (L.interrogans34)
Leptospirose (atteinte rénale…)

Pasteurella multocida Nombreuses (carnivores) 2 (souches virulentes)


➔ Pasteurellose d’inoculation (morsure, griffure)

Salmonella sp. Nombreuses (vertébrés) 2 (S.enteritidis et


➔ Salmonellose (atteinte digestive..) S.typhimurium)

Spirillum minus Rongeurs (rat) Syndrome algique (Sodoku) Zoonose

Streptobacillus Rongeurs (rat) Fièvre d’Haverhill Zoonose ; 2


moniliformis

Virus de la lympho Rongeurs (souris) Méningite 2 (3/souche neurotrope


chorioméningite : LCMV)

La plupart de ces infections sont asymptomatiques chez les rongeurs adultes (avec quelques
exceptions : le virus de la lymphochorioméningite virale peut être mortel chez la souris infectée à
l’âge adulte..).
Les mesures de biosécurité prises dans les élevages rendent ces zoonoses exceptionnelles chez les
rongeurs de laboratoire ; néanmoins le risque zoonotique existe à partir des rongeurs sauvages.
Attention : l’hébergement des rongeurs avec des individus infectés d’autres espèces animales (lapins,
carnivores..) peut occasionner leur contamination et majorer le risque zoonotique (Francisella
tularensis, Taenia/Cysticercus/Echinococcus, Toxoplasma gondii.).

29
http://www.phac-aspc.gc.ca/msds-ftss/ (Agence de Santé Publique du Canada)
30
La principale source d’infection humaine est citée entre parenthése dans le cas où un groupe d’espèce cible est indiqué.
31
Les infections asymptomatiques ou subcliniques sont fréquentes
32
“Small mammals (Insectivora, Rodentia) as a potential source of chlamydial infection in East Slovakia.” L. Cislakova et al, Ann
Agric Environ Med. 2004,11(1):139-43.
33
Zoonotic aspects of giardiasis: a review.“ W. Kasprzak et al, et Parasitol. 1989, 32(2-3):101-8.
34
http://www.bacterio.cict.fr/bacdico/ll/leptospira.html

Sci Tech Anim Lab (2006) 1er trimestre N° 1 27


Tableau 6 - Infections et parasites des rongeurs présentant une contagion et une morbidité élevées

Agent Espèce(s) cible(s) et maladies


Ectromélie (poxvirus) Souris : morbidité variable (léthargie-mortalité) selon les souches virales et
murines en cause.
EDIM (rotavirus) Souris : entérite des nouveaux-nés.
Kilham rat virus et Atteintes embryonnaires et néonatales lors d’épizooties dans des colonies
Mouse Minute virus naïves.
(parvovirus)
MHV et SDAV MHV/souris et SDAV/rat : symptômes lors d’épizooties dans des colonies
(coronavirus) naïves (troubles respiratoires/viscéraux chez l’adulte, mortalité des
nouveaux-nés). Forte contagiosité et forte prévalence.
Mycoplasma pulmonis Rongeurs : morbidité importante dans les souches murines sensibles
(pneumonie exsudative). Endémies subcliniques dans de nombreuses
espèces de rongeurs.
Agents des gales Rongeurs : morbidité variable selon les conditions d’entretien et les
(Myobia musculi, souches murines.
Radfordia…)
Sendai virus Rats/souris : morbidité importante en cas d’épizooties dans des colonies
(paramyxovirus) naïves : infections respiratoires et troubles de la reproduction. Forte
contagiosité et forte prévalence.
Les agents listés ci-dessus causent des épizooties, mais ils peuvent pour la plupart persister
également dans une colonie sous forme enzootique, en provoquant alors des infections subcliniques
ou asymptomatiques.

décontaminés. Un suivi attentif de l’infection doit


Conduite à tenir en cas d’infection être réalisé pour vérifier qu’il n’y a pas de ré-
Il existe des traitements antibiotiques, mais pas émergence (sérologies répétées…). Le maintien
d’antiviraux ni de vaccins disponibles pour les en parallèle, dans des locaux contigus,
rongeurs : la première règle est donc de prévenir d’individus porteurs et indemnes est une
et d’identifier rapidement tout problème démarche risquée.
infectieux. La prévention se fait sur le contrôle
• Décontamination par un processus
adapté de l’entrée des animaux (certificats
d’adoption de nouveaux-nés, ou par
sanitaires, quarantaine) et sur les barrières
transplantation embryonnaire : les infections qui
(tenues de protection, ventilation, autoclavage
ne passent pas ou peu la barrière placentaire
des matériels et litières, traitement de l’eau…). La
peuvent être éliminées si les nouveaux-nés,
conduite à tenir en cas d’infection est
prélevés immédiatement avant terme par une
essentiellement basée sur l’euthanasie des
hystérectomie en condition aseptique (avec
malades et porteurs, l’isolement et la
euthanasie des mères), sont adoptés par des
décontamination des zones infectées. On
nourrices indemnes. Les méthodes de
n’envisagera le traitement médical individuel ou
transplantation embryonnaire, maintenant bien
collectif, accompagné d’un isolement des lots
développées chez les rongeurs, sont encore plus
atteints jusqu’à guérison complète, que pour des
fiables dans la mesure où peu d’infections
animaux de grande valeur.
atteignent les cellules germinales et les
En pratique, les colonies de rongeurs infectées embryons. Ces méthodes de décontamination
et/ou parasitées peuvent être décontaminées sont efficaces (même si plusieurs agents
selon une ou plusieurs des modalités suivantes : infectieux et parasites sont concernés), mais elles
sont contraignantes : il faut organiser un schéma
• Gestion sanitaire stricte de la colonie : de reproduction respectueux des contraintes
élimination des malades et porteurs (attention à génétiques, organiser l’adoption/transfert par
la fréquence du portage asymptomatique chez des femelles nourrices/réceptives synchronisées,
les individus reproducteurs), diminution ou arrêt et tenir compte des délais nécessaires à la
des flux animaux (réduction de la reconstitution d’un effectif suffisant et à la
reproduction…), et redémarrage de l’animalerie vérification de la décontamination (ces services
à partir des animaux indemnes, dans des locaux sont souvent disponibles sous forme de
désinfectés et en utilisant des matériels prestations commerciales).

28 Sci Tech Anim Lab (2006) 1er trimestre N° 1


Figure 5 - Principes de la décontamination de lignées de rongeurs a) par hysterectomie aseptique,
b) par transplantation embryonnaire (photos JP Champier et E Gomas, Charles River Laboratories,
France).

(a)

1-hysterectomie (obtention de l'uterus gravide


contenant les foetus à terme),
2- transfert de l'uterus dans un isolateur à travers un
bain germicide (rapidement!)

3- ouverture de l'uterus et sélection des nouveaux- 4-adoption des nouveaux-nés par une femelle de
nés viables statut sanitaire défini, synchronisée

(b)

1- collecte des embryons à partir de 2- implantation des embryons dans


l'utérus de la femelle donneuse l'utérus de la femelle receveuse

Sci Tech Anim Lab (2006) 1er trimestre N° 1 29


Remerciements
Mes remerciements à François Veillet (ancien Directeur du Laboratoire de
Diagnostic sanitaire et génétique, Charles River Laboratories, France), pour ses
corrections et commentaires attentifs.

Pour en savoir plus


• « Infectious Diseases of Mice and Rats » 1991, Committee on Infectious
Diseases of Mice and Rats, Institute of Laboratory Animal Resources,
Commission on Life Sciences, National Research Council, 415 pages,
National Academic Press ISBN 0-309-06332-9,

• « Diagnostic microbiology for laboratory animals », I. Kunstyr ed, 1992, GV-


SOLAS volume 11, Gustav Fischer Verlag ASIN : 3437306928

• « Natural pathogens of laboratory mice, rats, and rabbits and their effects
on research » D.G. Baker, Clin Microbiol Rev. 1998, 11(2):231-66

• « 10 year long monitoring of laboratory mouse and rat colonies in French


facilities: a retrospective study » L. Zenner et J.P. Regnault Lab Anim. 2000,
34(1):76-83

• « Risks of infection among laboratory rats and mice at major biomedical


research institutions. » R.O. Jacoby and J.R. Lindsey. 1998. ILAR J 1998,
39(4):266-71

• « Handbook of laboratory animal bacteriology » A.K. Hansen, 2000, CRC


Press, 255 pages, ISBN 0-8493-2913-2

• « Parasites of Laboratory Animals » D.Owen Laboratory Animals HandBook


12. 1992, 170pages, ISBN1-85315-159-9

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