FR Rapport Annex Notesdesynthese Francais
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GLOSSAIRE
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EHCAAN Egyptian Holding Co. for Airports and Air Navigation
ENNA Etablissement National de la Navigation Aérienne d’Algérie
ERSI Ecole Régionale de Sécurité Incendie (ASECNA)
FAA Federal Aviation Administration
FANS Future Air navigation Services
FASD Fonds de l’Arabie Saoudite pour le Développement
FED Fonds Européen de Développement
FFP Frequent Flyer Program
FIR Régions d’Information de vols - Flight Information Region
FTAA Free Trade Area of the Americas
GAB Groupe de l’Accord de Banjul
GATT General Trade Agreement Treaty
GDS Global Distribution Systems - Système de distribution de réservation
GNSS Global Navigation Satellite System
GPS Global Positionning System (Système mondial de localisation)
GRC Gestion de la Relation Client
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OCDE Organisation de Coopération et de Développement Economique
ODA Overseas Developpement Administration (Grande Bretagne)
OECF Overseas Economic Coopération Fund (Japon)
OMT Office Mondial du Tourisme
Open sky Politique de ciels ouverts, Déréglementation américaine
OSP Obligation de Service Public
PAS Programme d’Ajustement Structurel
PST Programme Sectoriel Transport du PAS
Pool Association de plusieurs transporteurs aériens pour exploiter
certaines activités (Assurance, maintenance, exploitation, recettes)
PKT Passagers-kilomètres-transportés
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
RAN/AFI Plan de Navigation Aérienne Afrique Océan Indien
RSFTA Réseau du Service Fixe des Télécommunications aéronautiques
RVSM Séparation verticale minimale de sécurité
SADC Southern African Development Community / Communauté de développement de
l'Afrique australe
SAFA Safety Assessment of Foreign Aircraft
SALT Société Aéroportuaire de Lomé Tokoin
SAR Search and Rescue
SEGAP Société d’Exploitation et gestion des Aéroports
SFI Société Financière Internationale
SIDA Swedish International Development Authority
SPCAR Société de Promotion d’une Compagnie Aérienne Régionale
SKO Sièges-kilomètres-offerts
SSLIA Service de Sauvetage et de Lutte contre l’Incendie des Aéronefs
TCAA Transatlantic Common Airspace Agreement
UACC Centres de Contrôle de l’Espace Aérien Supérieur
UEMOA Union Economique et Monétaire d’Afrique de l’Ouest
UNTACDA Décennie des Nations Unies pour les Transports et les Communications en
Afrique
USOAP Universal Safety Oversight Audit Programme – Programme d’Audits Universel
d’Evaluation de la Sécurité
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
USTDA US Trade and Development Agency
VSAT Terminal de faible ouverture d’antenne
VOR VHF OMNI RANGE (Radiophare ou radiobalise omnidirectionnel)
YIELD Abréviation de Yield management.
-5-
TABLE DES MATIERES
Pages
Glossaire 2
Table des matières 6
INTRODUCTION GENERALE 9
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Introduction 51
1.1 Globalisation du transport aérien 51
1.2 De la mondialisation et de la globalisation 51
3.1 EXPERIENCES AMERICAINE ET EUROPEENNE 51
3.1.1 La déréglementation Américaine et ses conséquences 51
3.1.2 La libéralisation européenne et ses conséquencs 53
3.2 LE TRANSPORT AERIEN EN AFRIQUE 56
3.2.1 Décision de Yamoussoukro relative à la libéralisation des marchés du transport 58
aérien en Afrique
3.2.2 Bilan de la mise en œuvre de la Décision de Yamoussoukro 58
3.2.3 Conclusions : L’Afrique est paralysée par des divergences d’intérêts 60
3.3 CLAUSE COMMUNAUTAIRE DE L’UNION EUROPEENNE 61
3.3.1 Conclusions de la Cour Européenne de Justice (CEJ) 61
3.3.2 Propositions de l’Union Européenne 61
3.3.3 Impact sur le transport aérien africain 61
3.3.4 Conclusion 63
3.4 STRATEGIE AFRICAINE COMMUNE 64
3.4.1 Approches possibles pour la poursuite de la libéralisation 64
3.4.2 Stratégie africaine commune 65
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INTRODUCTION GENERALE
Le transport aérien est un mode de transport récent, né avec le 20è siècle et introduit dès 1919 en
Afrique (vol Toulouse-Casablanca). Pendant longtemps, il a été perçu comme un mode de transport
réservé à des privilégiés, idée qui a progressivement évolué grâce à son usage de plus en plus répandu
par les différentes couches sociales.
Aujourd’hui, il constitue d’ailleurs à l’instar des autres modes de transports de surface un support à la
production économique des Etats et un instrument efficace pour l’intégration du continent.
Mieux, il se révèle comme l’un des modes de transports les plus appropriés pour l’Afrique. Le continent
africain est d’une grande immensité territoriale comprenant une mosaïque de 53 Etats étendus sur
30 millions Km2 soit 22% de la surface émergée du globe, avec un relief accidenté et, 850 millions
d’habitants vivant sur des noyaux de peuplement dispersés. Il y est constaté l’insuffisance et/ou
l’impraticabilité des transports de surface (maritime, routier, ferroviaire et fluvial). A tout cela,
s’ajoutent les besoins de désenclavement des 15 pays africains sans littoral maritime et des 7 pays
insulaires africains.
Les handicaps des transports de surface sont facilement surmontés par le transport aérien. Aussi, en
raison de la vitesse de déplacement de l’avion, le transport aérien reste le seul mode capable de relier
physiquement en moins de 24 heures les capitales africaines entre elles, de même celles-ci avec les
autres villes partout dans le monde.
Ainsi, le développement du transport aérien en Afrique permettra aux Etats africains de désenclaver et
de mettre en valeur, au moindre coût et rapidement, leurs vastes territoires, de renforcer leurs relations
internationales et commerciales, de stimuler des entrées de devises issues des activités des compagnies
aériennes, prestataires et fournisseurs de services aériens ainsi que de la croissance du tourisme, de
générer des revenus pour l’agriculture par l’exportation des produits agricoles (fleurs, fruits et légumes,
poisson et viande) ainsi que de mieux combattre les famines et les épidémies par l’acheminement
rapide des vivres et des médicaments, contribuant de façon concrète à la réduction de la pauvreté sur le
continent.
En 2004, l’IATA et l’AFRAA ont évalué que l’industrie du transport aérien africain génère 470 000
emplois sur le continent et contribue à hauteur de 11,3 milliards US Dollars, soit 1,7% du Produit
Intérieur Brut (PIB) de l’Afrique.
Au plan mondial, l’industrie du transport aérien se situe parmi les secteurs les plus rentables avec un
chiffre d’affaires de plus de 1800 milliards de dollars US ayant engendré directement 4 millions
d’emplois et indirectement 24 millions d’emplois en 2005. Cette richesse est inégalement répartie. Elle
est concentrée en Amérique du Nord et en Europe (65 % du trafic). La part de l’Afrique dans cette
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industrie du transport aérien mondial reste modeste. En effet, sur les 1,8 milliards de passagers
transportés en l’an 2005 par les 189 pays membres de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale
(OACI), seulement 4,5% de ce trafic revient à l’Afrique.
De 1960 à 1970, dans un contexte mondial économique favorable, les Etats africains ont connu un taux
annuel de croissance du PIB de 5,8%. C’est dans cette période que le transport aérien a pris son essor le
plus dynamique : construction des aéroports internationaux, création de East African Airways, de la
multinationale Air Afrique le 28 mars 1961, de l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en
Afrique et à Madagascar (ASECNA) créée le 12 décembre 1959…, avec un taux de croissance annuel
de l’ordre de 14%.
Au cours des années 1970 à 1980, avec la récession économique mondiale (pétrole, inflation galopante,
chute du prix des matières premières, taux de changes flottants) et la globalisation (déréglementation et
libéralisation), le taux de croissance du transport aérien africain a régressé à 11%. A la suite de
l’accentuation de la crise économique en Afrique au cours de la période 1980-2000, ce taux n’a cessé de
chuter pour être négatif dans certaines sous régions, notamment en Afrique de l’Ouest et du Centre, ce
qui a entraîné la faillite des compagnies aériennes suivantes : Nigeria Airways en 1999, Air Afrique en
2002 et Ghana Airways en 2004.
En 2004, les 42 compagnies aériennes membres de l’African Airlines Association (AFRAA) ont
transporté 36 millions de passagers (soit une hausse de 12% par rapport à 2003) tandis que les
compagnies aériennes européennes (Air France, KLM, British Airways, Alitalia, Ibéria, Lufthansa, SN
Brussels et Swiss) ont transporté au départ et à destination de l’Afrique, 72 millions de passagers, soit
les 2/3 du trafic aérien total (108 millions de passagers). Les compagnies aériennes membres de
l’AFRAA ont transporté en 2004, 656.000 tonnes de fret, soit une hausse de 12% par rapport à 2003.
La reprise de la croissance amorcée à nouveau à partir de 2003, est soutenue par les compagnies
aériennes de l’Afrique du Nord (Egypt Air, Royal Air Maroc, Tunis Air, Air Algérie, Afriqihya),
d’Afrique de l’Est (Kenya Airways, Ethiopian Airlines) et d’Afrique australe (South African Airways).
De l’avis de l’IATA, le trafic aérien africain détient en 2005 un taux de croissance plus élevé que la
moyenne mondiale : 11% contre 8,3% pour les passagers ; 8% contre 3% pour le fret. Cette analyse est
corroborée par les prévisions de Boeing qui prévoient dans la période 2000-2019 une croissance
continue du transport aérien africain de l’ordre de 4,8% pour les passagers et de 6,4% pour le fret. De
même, Airbus prévoit une croissance du trafic passagers de 6,3% dans la période 2004-2013 et de 3,9%
dans la période 2014-2023, d’une part, et, une croissance du trafic fret de 7% dans la période 2005-
2023, d’autre part.
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Tableau 1 - Prévision de croissance du trafic aérien en Afrique
Passagers Fret
IATA 11% 8%
2005
Boeing 4,8% 6,4%
2000-2019
Airbus
2004-2013 6,3% 7%
2014-2023 3,9%
L’analyse des tendances qui ont marqué le transport aérien international fait ressortir que la demande de
services de transport aérien dans le monde a été en étroite corrélation avec l’évolution des revenus
(Tableau. 1). Les variations de la croissance du trafic aérien de passagers ont été plus fortes que ceux de
l’augmentation des revenus.
Certaines analyses de long terme du secteur des transports aériens montrent cependant que cette
sensibilité aux variations de l'économie mondiale semble tendanciellement de plus en plus faible. Ainsi,
selon une étude, certes contestée par certains, réalisée par le cabinet Arthur D. Little, « l'élasticité du
trafic aérien mondial au PIB ne cesse de chuter depuis 1970 et se rapproche de 1 ». Le tableau suivant
met en lumière le fait que le rapport entre la croissance du secteur des transports aériens et la croissance
du PIB a tendance à régresser durant les trois décennies passées :
Tableau 2 : Comparaison des taux de croissance du trafic aérien et du PIB sur les trois dernières
décennies
1971-1980 1981-1990 1991-2000
Taux de croissance du trafic aérien 6,7 % 4,4 % 3,3 %
Taux de croissance de l'économie 3,7 % 3,0 % 2,6 %
Selon les concepteurs de l'étude, cette convergence traduit « une plus grande maturité des marchés et un
poids de plus en plus important du facteur prix ».
Il est démontré qu'en période stable, le trafic aérien croît en moyenne deux fois plus vite que le
PIB (avec sur trois décennies, une croissance annuelle moyenne du trafic mondial de 6,5 %, pour
une croissance moyenne du PIB de 3,1 %...).
Au cours des dix prochaines années, la croissance des arrivées de touristes dans le monde (OMT)
évoluera en moyenne de 3,5 à 4 pour cent par an, ne manquera pas de se répercuter aussi sur la demande
des services aériens.
Le transport aérien étant étroitement lié à la croissance économique, il convient impérativement de
prendre en compte ces incertitudes lors de toute projection à long terme de ce secteur.
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NORMES ET PRATIQUES RECOMMANDEES DE L’OACI
Par ailleurs, depuis le 27 novembre 2003, est rendue obligatoire par l’OACI la certification de tous les
aérodromes ouverts à la circulation aérienne publique et utilisés pour les vols internationaux.
.La 35ème Assemblée Générale de l’OACI, tenue à Montréal en septembre 2004 a décidé de la mise en
place d’un mécanisme d’audits systémiques portant sur l’application de toutes les annexes par les Etats
contractants, d’une part , et, sur la publication des résultats desdits audits, d’autre part. En clair, il s’agit
de la mise en place d’un « système de tolérance zéro » en matière de sécurité aérienne. Tout Etat
contractant « défaillant », incapable de respecter ces normes, de remédier aux carences à la suite des
audits systémiques ou de satisfaire dans les délais prescrits à un plan d’actions correctrices, pourrait se
voir marginaliser dans le transport aérien international.
Les évènements terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats Unies ont conduit l’OACI à tenir une
conférence ministérielle de haut niveau les 20 et 21 février 2002 à Montréal. Il a été prévu de renforcer
le dispositif de lutte contre les actes d’intervention illicite contre l’aviation civile, contenu à l’Annexe 17
de la Convention de Chicago. L’Assemblée Générale de l’OACI a adopté un programme d’audits
universels et obligatoires de sûreté aéroportuaire devant être conduit par l’OACI dans tous les Etats
contractants et a décidé que les portes des postes de pilotage des aéronefs doivent être blindées pour
empêcher toute intrusion non autorisée.
Les exigences des normes et pratiques recommandées de l’OACI ont une incidence directe sur les
compagnies aériennes et tous les prestataires de services du transport aérien (services de contrôle aérien,
gestion des aéroports, assistance au sol) dans la mesure où ces intervenants doivent, chacun pour sa part,
s’y conformer.
Conscients des avantages et des enjeux du transport aérien, les Etats africains se sont efforcés à asseoir
une politique aéronautique africaine susceptible de leur permettre de tirer profit de l’industrie florissante
de ce secteur. Cette politique aéronautique africaine commune repose sur deux fondements :
La Déclaration relative à une nouvelle politique aéronautique africaine, a été adoptée à Yamoussoukro
le 07 octobre 1988, dite « Déclaration de Yamoussoukro », par les Ministres africains chargés de
l’aviation civile. L’objectif principal de la Déclaration de Yamoussoukro, est la coopération entre Etats
africains et l’intégration des compagnies aériennes en trois phases :
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Phase 1 (2 ans) : échanges d’informations et banque de données sur l’industrie aéronautique
africaine : flotte, maintenance, formation, coopération ;
Phase 2 (3 ans) : renforcement de la coopération entre les compagnies aériennes par la mise en
commun des moyens de production : assurance, SIR, pièces de rechange, exploitation, centrale
d’achats ;
Phase 3 (3 ans) : réaliser l’intégration totale des compagnies aériennes sous forme de
consortium, de compagnies conjointes ou de fusion.
La réunion des Ministres africains chargés des Transports tenue à l’île Maurice en septembre 1994, a
évalué la mise en œuvre de la Déclaration de Yamoussoukro, et, a abouti à la conclusion qu’aucun des
objectifs fixés n’avait été atteint en huit ans, malgré les efforts des Etats et des CER. Les contraintes
identifiées sont :
la nature juridique de la Déclaration de Yamoussoukro : sans valeur contraignante, laissée au
bon vouloir de chaque Etat signataire ;
l’absence réelle de volonté politique des Etats africains, minés par le protectionnisme dans
l’échange des droits de trafic et l’interventionnisme dans la gestion des entreprises aériennes et,
manquant d’esprit de suite pour appliquer une politique aéronautique cohérente.
Par la suite, les tentatives de l’organe de suivi pour rendre exécutoire la Décision de Yamoussoukro
(sous forme de traité ou de législation nationale) vont échouer.
La Décision a été ensuite entérinée par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’OUA à
Lomé en juillet 2000 et signée par son Président en exercice. Conformément à l’Article 10 du Traité
d’Abuja instituant la Communauté Economique Africaine, la Décision de Yamoussoukro est devenue
exécutoire de plein droit trente (30) jours après la date de signature par le Président de ladite
Conférence, soit le 12 août 2000 ; et en raison de la période transitoire de deux ans, cette force
exécutoire produit tous ses effets, à compter du 12 août 2002, dans tous les Etats africains qui ont signé
et ratifié le Traité d’Abuja.
La mise en œuvre de la Décision de Yamoussoukro a été retenue parmi le programme à court terme du
NEPAD, au titre des 10 actions prioritaires en 2003.
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L’objectif principal de la Décision de Yamoussoukro, est de favoriser le désenclavement du continent
africain, le développement des liaisons intra africaines et la participation du secteur privé. A cet effet,
elle fixe le mécanisme de la libéralisation comme suit : libre exercice des droits de trafic y compris ceux
de 5è liberté, libre fixation des tarifs par les transporteurs aériens, non limitation de capacité ou de
fréquences, possibilité de multidésignation des compagnies éligibles (constituée selon la loi d’un Etat
partie, siège social et administratif dans un Etat partie, assurance, aéronef, permis d’exploitation
aérienne et respect règles de sécurité).
Il a été prévu que les organes chargés de la mise en œuvre (Organe d’exécution, Agence d’exécution)
devaient élaborer par la suite, sous forme d’annexes, des mesures d’accompagnement, concernent la
régulation économique (statut et éligibilité des transporteurs aériens, accès au marché, responsabilité,
règles de concurrence, protection des usagers), la réglementation technique de la sécurité et de la sûreté
de l’aviation civile et le renforcement des capacités des autorités aéronautiques (nationales et
continentales) pour leur permettre d’assumer les missions régaliennes de réglementation et de contrôle
du transport aérien.
A ce jour, aucune de ces mesures d’accompagnement n’a été ni élaborée ni adoptée au niveau
continental.
En conséquence, il est constaté que la Décision de Yamoussoukro est mise en œuvre de façon mitigée et
inégale, selon les sous régions en Afrique. Des avancées significatives relatives à la régulation
économique et à la réglementation technique existent dans certaines CER (UEMOA, CEDEAO,
CEMAC) tandis que des projets sont en cours dans d’autres (COMESA, UMA). Le résultat est une
libéralisation imparfaite, la Décision est source d’interprétations divergentes et de tensions entre certains
Etats. Cet immobilisme porte également préjudice à l’exploitation des compagnies aériennes et fait le
jeu d’autres qui pratiquent soit un abus de position dominante soit une concurrence déloyale sur le plan
tarifaire.
Aussi, la réunion des Ministres en charge de l’aviation civile tenue en mai 2005, a décidé d’impulser
une nouvelle dynamique en vue de réaliser les mesures d’accompagnement initialement prévues dans la
Décision. L’action majeure est la mise en place effective de l’Agence d’exécution, régulateur principal
du cadre institutionnel de la Décision de Yamoussoukro pour relever les défis du transport aérien
africain : transparence des règles du jeu, augmentation des liaisons aériennes intra africaines,
renforcement des capacités de négociation « bloc à bloc » de l’Afrique dans le cadre de la globalisation
et promotion d’un mécanisme de financement durable du secteur aéronautique.
C’est pourquoi, la présente réunion de haut niveau des Directeurs Généraux des compagnies aériennes
soumet à votre appréciation quatre thèmes de réflexion qui sont :
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THEME – I - CADRE INSTITUTIONNEL ET DE NORMALISATION
1.1.CADRE INSTITUTIONNEL
Le transport aérien commercial constitue une activité économique dont la spécificité réside dans les
moyens mis en œuvre, les espaces exploités (internationaux et nationaux) et la très forte réglementation
à l’échelon international. Les principaux organismes et organisations intervenant (réglementation et
contrôle) dans le transport aérien africain sont les suivants :
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(iii) un Organe d’exécution (ou Agence d’exécution) pour assurer une bonne mise en œuvre de la
Décision et dont les principales responsabilités seront, entre autres la supervision et la gestion d’une
industrie du transport aérien libéralisée en Afrique.
1.1.3. Fonctionnement
Il s’est réuni, de façon sporadique de 2000 à 2006, sous les auspices de l’OUA et de la CEA, puis de
l’Union Africaine. Il a relevé les efforts entrepris par les CER en vue de la mise en œuvre de la Décision
de Yamoussoukro : projets et textes relatifs à la régulation économique et à la réglementation technique
de l’aviation civile.
Cependant, il a contribué par ses propositions à l’organisation de la première réunion des Ministres
africains chargés de l’aviation civile de l’Union Africaine, à Sun City (Afrique du Sud) en mai 2005.
1.1.3.2. Première réunion des Ministres en charge de l’aviation civile des Etats
membres de l’Union Africaine
Les Ministres en charge de l’aviation civile, invités à l’initiative de l’Union Africaine à Sun City les 18
et 19 mai 2005, ont regretté le retard pris dans la mise en œuvre de la Décision de Yamoussoukro et ont
réaffirmé la nécessité d’une mise en œuvre intégrale par tous les Etats parties. Depuis son adoption
aucun Etat signataire, en dehors de l’île Maurice, ne l’a dénoncée même s’il existe un certain nombre
d’Etats qui ne l’appliquent pas totalement.
Les Ministres en charge de l’aviation civile ont adopté une résolution dans laquelle ils recommandent de
clarifier le rôle des membres de l’Organe de suivi, et de revoir ceux de l’Union Africaine et des
Communautés Economiques Régionales (CER). Ils ont, en outre, décidé que la Banque Africaine de
Développement (BAD) et le Secrétariat du NEPAD seront désormais membres de l’Organe de suivi.
En effet, il est apparu clairement que la mise en œuvre de la Décision ne saurait être envisagée sans
l’implication directe et complète des organismes financiers africains et des CER. Quant à la
Commission de l’Union Africaine, ses missions en matière d’intégration du continent africain, qui sont
bien plus larges que celles de l’OUA, la désignent pour être l’instance hiérarchique de cet Organe de
suivi.
Les décisions des Ministres chargés de l’aviation civile africaine, étaient rendues incontournables pour
espérer une application intégrale de la Décision. D’autres aspects sont obligatoirement à revoir si l’on
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veut que la totalité des Etats parties, dans toutes leurs composantes (gouvernements, autorités de
l’aviation civile, compagnies aériennes, sociétés d’assistance, Aéroports, leaders d’opinion, etc.) se
l’approprient, condition indispensable pour atteindre l’objectif d’une mise en œuvre complète de la
Décision.
1.1.4. Dysfonctionnements
Pour éviter tout dysfonctionnement, une clarification s’impose sur les compétences des structures
intervenant dans la supervision du transport aérien africain au niveau continental :
(i) L’Organe de suivi prévu dans la Décision de Yamoussoukro a pour mission : Article 9.2
« assister le sous comité du transport aérien composé des ministres africains chargés de
l’aviation civile dans le suivi de la mise en œuvre de la présente Décision ». Dans l’article
9.4 il est stipulé que : « pour assurer une bonne mise en œuvre de la décision, un organe
d’exécution en matière de transport aérien en Afrique sera créé dès que possible ». A terme
il faut craindre des chevauchements entre les compétences de ces deux organes. La Décision
de Yamoussoukro semble donner la primauté à l’Organe de suivi, ce qui peut sembler
équivoque. En effet, selon son mandat l’Organe de suivi doit : Annexe 2 g) « exprimer ses
vues, à la demande des Etats parties sur les pratiques de concurrence abusive ou déloyale. »
alors qu’à l’Article 9.5 concernant l’Agence d’exécution, il est stipulé que : « l’Organe
d’exécution dispose de suffisamment de pouvoirs pour élaborer et faire des règles et
réglementations appropriées qui offrent des opportunités justes et égales à tous les acteurs et
favorisent une saine concurrence. ».
Il apparaît donc souhaitable que dès la création de l’Agence d’exécution, les compétences de
l’Organe de suivi soient revues.
(ii) En qui concerne l’Agence d’exécution, il est important de définir de manière précise son
rayon d’action. Les articles 9.5 et 9.6 semblent la limiter à la Décision de Yamoussoukro,
alors que l’article 9.4 dit : « Ses principales responsabilités seront, entres autres, la
supervision et la gestion d’une industrie du transport aérien libéralisé en Afrique ». Le
champ d’application de cet article couvre tous les aspects (techniques, réglementaires, sûreté
sécurité, économiques, financiers.. etc.) et toutes les activités du transport aérien.
- « a) coordonner les questions d’aviation civile en Afrique et coopérer avec l’OACI ainsi qu’avec
tous les autres organisations et organismes assurant la promotion et le développement de
l’aviation civile en Afrique
- c) favoriser l’application des Normes et Pratiques recommandées de l’OACI en matière de
sécurité sûreté et de régularité du transport aérien et,
- b) examiner tout problème spécifique susceptible d’entraver le développement et l’exploitation de
l’industrie de l’aviation civile africaine et, dans la mesure du possible, prendre des mesures
idoines en coordination avec les Etats membres, selon le cas. »
- 17 -
L’Article 7 spécifie également les missions ci-après:
L’examen de ces articles fait comprendre que la CAFAC a des compétences précises en matière
réglementaire, de sûreté et de sécurité aériennes au niveau continental.
Aussi, il importe donc de bien limiter le champ d’actions de chaque structure (Agence d’exécution,
Organe d’exécution et CAFAC) pour éviter une duplication préjudiciable au développement du
transport aérien africain. Autrement, il y aurait des confusions et des blocages.
- en tant que sous-comité du Comité chargé des Transports, des Communications et du Tourisme tel que
spécifié par l’Article 25.4 du Traité instituant la Communauté Economique Africaine ? ou, alors,
- en tant qu’organe de l’Union Africaine conformément à l’Article 5 alinéa 2 (« la Conférence peut créer
d’autres organes ») de l’Acte Constitutif de l’Union Africaine ou mieux en tant que Comité technique
spécialisé, prévu aux Articles 14,15 et 16 de l’Acte Constitutif précité? ?
Pour une question de cohérence, les instances (réunion des Ministres africains chargées de l’aviation
civile et Agence Africaine d’exécution) chargées de dynamiser la mise en œuvre de la Décision de
Yamoussoukro, devront être établies sur la base du Traité instituant la Communauté Economique
Africaine dont l’Article 10 confère la force exécutoire à ladite Décision.
La création de l’Agence Africaine d’exécution parait non seulement urgente pour accélérer la mise en
œuvre de la Décision de Yamoussoukro, mais elle doit être dotée de compétences en ce qui concerne les
règles de concurrence (Articles 9.5 et 9.6), les arbitrages en première instance (Article 9.5) et la
protection des intérêts des usagers (Article 9.6)
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L’Agence Africaine d’exécution doit jouir d’une autonomie fonctionnelle au sein de la Commission de
l’Union Africaine, c’est-à-dire être la seule entité en charge de la mise en œuvre de la Décision de
Yamoussoukro dans tous ses aspects.
L’Agence d’Exécution pour être efficace devra avoir une structure à la fois simple et représentative.
- Une instance d’orientation et de contrôle : la réunion des Ministres en charge l’aviation civile ;
- Une instance technique consultative : l’Organe de suivi dont la composition sera la suivante :
1 Président : Commission de l’Union Africaine ;
1 membre permanent de la BAD ;
1 membre permanent du secrétariat du NEPAD ;
1 membre permanent de la CAFAC ;
1 membre permanent de la CEA;
1 membre permanent de chacune des CER ;
1 représentant permanent de l’AFRAA.
Nb : par membre permanent, il faut entendre une personne physique nommément désignée par son
organisme d’origine et seul qualifié à ce titre comme membre de l’Organe d’exécution.
L’Agence d’exécution pourrait en outre se faire assister par toute personne physique ou morale dont les
compétences lui seraient utiles.
Les compétences de l’Agence d’exécution sont celles qui lui sont attribuées par la Décision de
Yamoussoukro, à savoir, entre autres :
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- Superviser et gérer une industrie du transport aérien libéralisée en Afrique : il s’agit de veiller à la
mise en œuvre de la Décision de Yamoussoukro, dans tous ses aspects : droits de trafic, normes de
sûreté sécurité tant au niveau des compagnies que des aéroports et sociétés d’assistance en escale.
Identifier à travers les critères d’évaluation, les pays qui ont du mal à mettre en œuvre la Décision de
Yamoussoukro afin de les aider à y parvenir ;
- Elaborer et faire appliquer les règles et réglementations appropriées qui offrent des opportunités
justes et égales à tous les acteurs et favorisent une saine concurrence : le projet de règles de
concurrence et le suivi de leur application relève de cette compétence ; de même l’élaboration d’une
réglementation harmonisée relative à la sûreté sécurité en conformité avec les normes et pratiques
recommandées de l’OACI) ;
- Veiller à la protection des droits des consommateurs : cette compétence couvre les droits des
passagers qui doivent être intégrés dans les règles de concurrence ;
- Arbitrer en première instance par la négociation tous litiges pouvant naître de l’application de la
Décision de Yamoussoukro : cette compétence étant implicite dans l’article 9.4, elle est
indispensable avant l’étape des tribunaux.
(iii) Fonctionnement
L’Agence d’exécution réalise les missions qui lui sont assignées sous la tutelle du Président de la
Commission de l’Union Africaine.
Elle fait appel, en tant que de besoin, aux experts en transport aérien et à toutes compétences utiles au
sein ou en dehors de l’Organe de suivi.
- préparer les sessions de la réunion des Ministres en charge de l’aviation civile et de l’Organe de
suivi ;
- exécuter les décisions et recommandations de la réunion des Ministres en charge de l’aviation
civile ;
- commanditer, suivre, analyser les études nécessaires ou décidées par la Commission de l’Union
Africaine ;
- analyser, effectuer le suivi-évaluation périodique de la mise en œuvre de la Décision par les CER ;
- élaborer et exécuter le budget de l’Agence d’exécution.
En cas de différend, les arbitrages se feront dans un cadre de négociation entre les Etats parties aux fins
de trouver des solutions conformes aux règles et réglementations en vigueur selon le schéma suivant :
- 20 -
- l’Agence d’exécution disposera de 15 jours pour aviser la partie plaignante de la recevabilité ou
non de sa plainte, et saisira automatiquement la partie adverse ;
- la partie adverse disposera de 15 jours pour faire parvenir à l’Agence d’Exécution, tous les
éléments justifiant sa position ;
- l’Agence d’exécution disposera alors de 30 jours pour rendre un premier avis concernant le litige ;
- si le premier avis de l’Agence d’Exécution ne résout pas le litige, une réunion de l’Organe de suivi
est alors organisée en présence de toutes les parties concernées au siège de l’Agence d’Exécution
qui devra après l’exposé des concernés, donner un dernier avis qui aura force d’arbitrage définitif à
son niveau ;
En cas d’échec, le litige pourrait être porté au niveau de la Cour de Justice de l’Union.
(iv) Budget
Le budget de fonctionnement de l’Organe d’Exécution doit être assuré par la Commission de l’Union
Africaine qui doit rechercher les ressources nécessaires à son alimentation.
Ce budget prendra en compte essentiellement les dépenses suivantes:
- Salaires, indemnités et émoluments du personnel,
- Equipements (ordinateurs, imprimantes) et fournitures de bureau,
- Charges de secrétariat,
- Communications (tél, fax, internet, etc),
- Organisation des réunions de l’Organe de suivi,
- Frais d’interprète si nécessaires,
- participations aux réunions internationales et régionales (transport et séjours)
- Honoraires des compétences sollicitées,
- Services de consultants pour les études,
- Missions de suivi-évaluation de la mise en œuvre de la Décision de Yamoussoukro.
Le cadre juridique du transport aérien en Afrique est régi par différentes dispositions législatives et
réglementaires, ainsi qu’il suit :
(i) des conventions internationales parmi lesquelles les plus importantes sont la Convention
relative à l’aviation civile internationale signée à Chicago le 07 décembre 1944, y compris
ses 18 annexes (qui comprennent les normes et pratiques recommandées édictées par
l’OACI) qui affirme la souveraineté des Etats sur l’espace aérien au-dessus de leurs
territoires et la Convention pour l’unification de certaines règles relatives au transport aérien
international, signée à Varsovie le 12 octobre 1929 ainsi que ses protocoles modificatifs ;
(ii) des conventions et traités régionaux ou sous-régionaux comme le Traité de Yaoundé relatif
au transport aérien en Afrique du 21 mars 1961 ayant donné naissance à l’ex Air Afrique, la
convention de l’ASECNA de 1959, etc. ;
(iii) des codes nationaux ou régionaux (Code CEMAC) de l’aviation civile ;
- 21 -
(iv) des accords aériens bilatéraux, de type Bermudes 1 ou 2, et pour l’essentiel de nature
protectionniste.
C’est dans ce contexte général que la Décision de Yamoussoukro est intervenue en 1999 pour
libéraliser les marchés du transport aérien en Afrique.
Le champ d’application de la Décision de Yamoussoukro couvre l’exploitation des services aériens intra
africains.
La Décision de Yamoussoukro a force exécutoire dans tous les Etats signataires du Traité instituant la
Communauté Economique Africaine, depuis le 12 août 2002, et aucun accord bilatéral contraire à ses
dispositions ne saurait lui être opposé.
au libre exercice des droits de trafic 1er, 2ième, 3ième,4ième liberté et 5ième liberté
(Article 3 de la Décision) ;
à la libre fixation des tarifs (Article 4 de la Décision) ;
à la non limitation des fréquences et des capacités (Article 5 de la Décision) ;
aux conditions d’éligibilité et de désignation des compagnies aériennes.
Il est important que ces règles soient respectées par tous les Etats parties. La meilleure façon d’y arriver,
est de procéder à une évaluation périodique dans chaque Etat partie afin de mesurer le degré de mise en
œuvre de la Décision.
Des critères d’évaluation sont évidemment nécessaires pour cela. Elles doivent prendre en compte
notamment les éléments suivants pendant chaque évaluation :
(i) Vérifier que l’Etat évalué a fait la déclaration d’engagement à respecter la Décision de
Yamoussoukro conformément à l’Annexe 1(c) ;
(ii) Vérifier s’il existe encore des accords bilatéraux de service aérien en vigueur entre l’Etat
Evalué et d’autres Etats qui sont incompatibles avec les dispositions de la Décision de
Yamoussoukro ;
(iii) Vérifier que l’Etat évalué accorde effectivement à toute compagnie éligible (définition de la
Décision de Yamoussoukro) les droits de trafic y compris de cinquième liberté, et si les
compagnies y ont la liberté de décider de leurs routes, de leurs fréquences, de leurs capacités
et tarifs ;
(iv) Vérifier que l’Etat évalué reconnaît comme valables le certificat d’exploitation, le certificat
de navigabilité, le certificat de compétence et les licences délivrées ou validées par un autre
état partie et toujours en vigueur, à condition que les exigences en ce qui concerne de tels
certificats ou licences soient au moins équivalentes aux normes minimales fixées par
l’OACI ;
- 22 -
(v) Après avoir harmonisé et fait adopter des règles de concurrence, vérifier qu’elles sont en
vigueur dans l’Etat évalué, notamment en ce qui concerne la faculté donnée aux compagnies
éligibles de participer effectivement à la fourniture de services de transport aérien ;
(vi) Vérifier que l’Etat évalué se conforme aux dispositions des diverses conventions relatives à
la sécurité et à la sûreté aériennes, conformément aux normes et pratiques recommandées de
l’OACI, notamment les Annexes 1, 6, 8, 14 et 17 de la Convention de Chicago ;
(vii) Vérifier que l’Etat évalué a pris les dispositions pour prendre en compte toute demande que
ferait un autre Etat partie pour la prise de mesures de sécurité spéciales en vue de faire face à
une menace particulière ;
(viii) Vérifier que l’Etat évalué s’oblige à se conformer aux normes et pratiques recommandées de
l’OACI en matière de sécurité et de sûreté de l’aviation civile ;
(ix) Vérifier que dans chaque Etat évalué, l’administration chargée de l’aviation civile est une
structure jouissant de l’autonomie financière et de gestion ;
(x) Vérifier que dans l’Etat évalué l’administration de l’aviation civile dispose de moyens
financiers, techniques et humains nécessaires à l’audit et aux contrôles des gestionnaires
d’aéroport, des compagnies aériennes, des sociétés d’assistance en escale, en application des
normes et pratiques recommandées de l’OACI.
- 23 -
Tableau 1-Impact de la mise en œuvre de la Décision de Yamoussoukro : principaux indicateurs
L’absence dans la Décision de Yamoussoukro de règles de concurrence précises est un des lourds
handicaps pour sa mise en œuvre. Dans sa lettre, la Décision de Yamoussoukro donne à l’Organe de
suivi et à l’Agence d’Exécution des compétences en la matière (article 9.5). Dans la résolution sur le
suivi de la mise en œuvre de la Décision de Yamoussoukro, adoptée le 19 mai 2005 à Sun City, les
Ministres en charge de l’aviation civile ont décidé, entre autres, que :
- « 2c l’Organe de suivi harmonise les règles de concurrence élaborées au niveau des CER » ;
- 2d les Etats parties, à travers les CER, élaborent et appliquent effectivement les règles de
concurrence ».
Compte tenu de ce qui précède, il revient à l’Agence d’exécution, au titre des compétences qui lui sont
dévolues, de procéder à la coordination et à l’harmonisation au niveau du continent des règles élaborées
au niveau des CER.
- 24 -
Ces règles doivent prendre en compte les éléments suivants :
- Egal accès pour toutes les compagnies éligibles aux marchés publics et parapublics (voyages des
agents de l’administration publique ou parapublique, appel d’offres, pèlerinage.. etc.) ;
- Interdiction de toute subvention directe ou indirecte publique ou parapublique ;
- Toute aide financière privée n’étant pas conforme aux règles généralement admises quant à
l’accès au financement privé ;
- Interdiction d’abus de position dominante ;
- Règles précises et équitables pour l’attribution des créneaux horaires, notamment par la mise en
place de commission de coordination des horaires au niveau des grandes plates formes,
commission comprenant : les autorités aéroportuaires, les compagnies, les autorités de l’aviation
civile ..etc. ;
- Interdiction de toutes pratiques de dumping ou d’entente illicite ;
- Respect par tous des droits des consommateurs communément définis.
Le respect des normes est un impératif non négociable en matière de transport aérien. Aussi, une
vigilance particulière doit être observée en la matière.
La Décision de Yamoussoukro dans son article 6.11 impose à chaque Etat partie de reconnaître comme
valables, le certificat de d’exploitation, le certificat de navigabilité, le certificat de compétence et les
licences délivrées ou validées par un autre Etat partie à condition que les exigences en ce qui concerne
de tels certificats ou licences soient au moins équivalentes aux normes minimales fixées par l’OACI.
L’Agence d’exécution à travers ses critères d’évaluation doit veiller au respect de ces dispositions par
les Etats parties.
La sûreté et sécurité font partie aujourd’hui des fondamentaux du transport aérien commercial. La
Décision de Yamoussoukro dans son Article 6.12 identifie les Etats parties comme responsables :
- du respect des diverses conventions relatives à la sécurité aérienne, conformément aux normes et
pratiques recommandées de l’OACI, notamment les Annexes 1, 6, 8, 14 et 17 de la convention
de Chicago.
- 25 -
L’Afrique a une très mauvaise image dans le monde en matière de sécurité aérienne. Cela nuit non
seulement à son image de marque mais également au développement du trafic aérien. En effet, on
constate que l’Afrique, nonobstant une nette amélioration en 2004, enregistre une moyenne d’accidents
aériens plus de 6,6 fois supérieure à la moyenne mondiale, alors que la région ne représente de 4,5% du
trafic mondial.
La sécurité, après avoir été longtemps basée sur la conception des aéronefs et les règles de leur
utilisation, est maintenant davantage tournée vers la supervision effective des exploitants par les États
quant à l’application des normes et pratiques recommandées de l’OACI.
Les résultats des audits menés dans le cadre du Programme Universel d'Audits de la Supervision de la
Sécurité (USOAP), ont mis en lumière d'importantes faiblesses dans nombre d’Etats d'Afrique, mais ont
dans le même temps permis la réalisation de progrès significatifs.
Le manque d'efficacité de certaines Autorités de l'aviation civile est souvent mis en avant, au vu des
résultats des audits successifs de l'OACI, comme étant le maillon faible du système global de sécurité du
transport aérien en Afrique. Les Etats concernés dans leur majorité, pressés par l'OACI de donner suite
aux recommandations faites par les auditeurs du Programme de Supervision de la Sécurité Aérienne
(USOAP), ont réagi souvent avec célérité pour apporter le plus rapidement possible les corrections
nécessaires aux dysfonctionnements signalés. L'implication politique a souvent été décisive. La création,
en remplacement des Directions de l'aviation Civile, d’Agences Nationales de l’Aviation Civile
(ANAC), disposant d'une plus grande autonomie financière et de gestion ainsi que de responsabilités
mieux définies, constitue, à n'en pas douter, un élément contributif à la sécurité très important.
- 26 -
1.2.5.2. Initiatives d’amélioration de la sécurité aérienne en Afrique
- 27 -
(iv) Au niveau continental
la CAFAC organisme consultatif qui regroupe 46 pays africains, s’efforce de remplir ses missions, entre
autres :
- fournir aux autorités de l'aviation civile des Etats membres, le cadre dans lequel ils pourront
débattre et planifier toutes les mesures de coopération et de coordination nécessaires à leurs
activités dans tous les domaines de l'aviation civile ;
- assurer la coordination, l'utilisation optimale et le développement ordonné des systèmes de
transports aériens en Afrique.
(vi) ASET
l’IATA concernée au premier chef par la sécurité aérienne, a créé un groupe de travail, l’ASET (Air
Safety Enhancement Team). Les Etats africains réunis par l’ASET ont décidé d’assurer progressivement
et de façon coordonnée un environnement plus sûr au transport aérien en se fixant comme objectif de
ramener le taux d’accident sur le continent à la moyenne mondiale dès 2008.
L’AFRAA, IATA, l’OACI, et d’autres organisations ont activement promu le concept des Systèmes de
Gestion de la Sécurité dans les compagnies aériennes, dans les aéroports et dans les Services de
Navigation Aérienne en Afrique. De fait, les Etats ont décidé d’utiliser ces Systèmes de Gestion de la
Sécurité comme méthode fondamentale pour améliorer la sécurité des opérations pour tous les acteurs
de l’aviation en Afrique, d’autant que les problèmes d’organisation sont responsables pour 40% des
accidents dans le monde et plus particulièrement en Afrique. L’utilisation de ces systèmes de gestion
permettrait la mise en place de programmes sécurité effectifs.
(vii) IOSA
Enfin, les Etats s’engagent à inciter leurs opérateurs aériens à remplir toutes les conditions afin d’être
certifiés IOSA (IATA Operational Safety Audit). Les audits IOSA qui existent depuis 2003 sont
internationalement reconnus ; ils permettent d’évaluer la gestion opérationnelle d’une compagnie ainsi
que ses systèmes de contrôle. Ils ont été établis en coopération avec l’OACI et complètent ainsi son
programme d’audit (USUOAP). Le NEPAD et le PNUD seront sollicités pour aider financièrement à la
formation et à la préparation aux audits IOSA ; mais si le NEPAD a décidé d’investir 30 Md$ dans les
infrastructures de transport en Afrique, seuls 3% sont affectés au transport aérien. Malgré tout, IATA
déplore le manque d’empressement des compagnies africaines à se faire auditer : seules trois
compagnies (SAA, Egyptair et Kenya Airways) ont subi cet audit, alors que 140 compagnies aériennes,
représentant environ 70% du trafic mondial, ont été auditées à fin 2005.
- 28 -
Il devient pourtant urgent pour les Etats et leurs compagnies de se conformer à ces normes
internationales car les pays du Nord comme la France ou le Royaume-Uni, établissent des « listes
noires » de compagnies aériennes interdites dans leur pays, au motif qu'elles ne respectent pas la
réglementation internationale. Par exemple, au Royaume Uni, sur les quatre pays dont les compagnies
sont toutes interdites, trois relèvent du continent africain (Guinée équatoriale, Gambie, Libéria). Sur les
onze compagnies restantes interdites, cinq sont immatriculées en Afrique
Les pays de l’Union Européenne vont renforcer au niveau national les procédures de contrôles inopinés
d’appareils de compagnies étrangères, afin d’accroître l’efficacité du programme SAFA. Le conseil des
Ministres des Transports de l’Union Européenne a adopté le 5 décembre 2005 le règlement sur
l’information des passagers et l’établissement d’une « liste noire communautaire » des compagnies
interdites. Cette liste qui fait la part belle aux compagnies non africaines, a été publiée en mars dernier.
L’AFRAA et la CAFAC ont néanmoins fortement protesté contre la procédure choisie par l’Union
Européenne. A noter, que les Etats-Unis d’Amérique ont depuis longtemps strictement réglementé
l'accès des compagnies étrangères à leurs aéroports.
Les récents accidents au Nigeria, ont fait réagir les organisations internationales, et les protagonistes
africains comme l’AFRAA ou encore la CAFAC, qui, par la voix de son Président, a déclaré en janvier
2006 que « le temps de sévir était venu ». Il met l’accent sur le manque de volonté de transparence de
nombreux états africains ce qui se traduit souvent par une ignorance délibérée des problèmes de sécurité
dans leur Etat. La Conférence mondiale des directeurs généraux de l'aviation civile sur la sécurité de
l'aviation que l’OACI a organisé du 20 au 22 mars 2006 à Montréal, a adopté une déclaration adoptant
le principe de la publication des audits et de l’autonomisation des administrations de l’aviation civile.
Comme déjà noté, la Décision de Yamoussoukro qui ambitionne de créer les conditions d’un transport
aérien africain fiable et sûr, dans un espace unique libéralisé, et au service de l’intégration et du
développement du continent africain, doit au minimum être plus précise et complète par le rajout rapide
d’annexes, ou revue partiellement à la lumière des insuffisances constatées dans sa lettre.
Les autorités de l’aviation civile africaine doivent être autonomes et dotées de moyens conséquents en
ressources humaines et financières comme le stipulent les recommandations de l’OACI pour faire face à
leurs responsabilités.
Un espace unique libéralisé impose des règles et des réglementations communes. L’Afrique ne saurait
déroger à cette évidence. Aussi, une des tâches de l’Agence Africaine d’exécution sera de veiller à
l’harmonisation des règles et réglementations élaborés par les pays et CER afin d’arriver à l’adoption de
règles et réglementations communautaires africaines (notamment Code africain de l’aviation civile, accord
aérien type).
- 29 -
1.2.6.3. Renforcement de la sécurité et de la sûreté conformément à la Stratégie
Unifiée adoptée par l’OACI
Les différentes initiatives mise en œuvre aujourd’hui par les différentes communautés régionales doivent
être soutenues afin d’arriver à terme à la création de l’Agence panafricaine de gestion de la sécurité aérienne
comme c’est le cas pour la plupart des espaces aérien intégrés (EASA en Europe, ACSA dans COCESNA).
- 30 -
THEME –II- DEVELOPPEMENT DU RESEAU INTRA-AFRICAIN DES SERVICES AERIENS
Introduction
Le transport aérien reste un vecteur d’échanges entre les pays et les continents, pour ce qui concerne les
personnes et les marchandises. Dans ce domaine, l’Afrique se contente de la portion congrue : elle ne
représente que 4,5% du trafic aérien mondial passagers (soit 108 M de passagers en 2005) et 1,6% du
fret (soit 1,334 MTonnes métriques). Cependant, l’Afrique enregistre des taux de croissance qui sont
parmi les meilleurs de l’industrie.
Tableau n° 2 : Evolution du trafic aérien mondial par régions ; de 2004 à 2005
De plus, selon les principaux constructeurs d’aéronefs, les prévisions de croissance annuelles pour les
10 années à venir sont parmi les meilleures au niveau mondial (environ 5% pour le trafic aérien passager
et +6% pour le fret).
L’état du transport aérien en Afrique est sensiblement différent selon les zones. Si l’Afrique du Nord, du
Sud et de l’Est connaissent une situation relativement bonne, l’Afrique de l’Ouest et Centrale reste une
zone difficile avec un trafic nettement moindre et disposant de peu d’opérateurs fiables. Les contextes
historiques et économiques peuvent en partie expliquer ces différences. Pour des besoins de
compréhension, le continent Africain a été divisé en quatre zones distinctes (voir carte en annexe) :
- Afrique du Nord : Algérie, Egypte, Libye, Maroc, Tunisie.
- Afrique de l’Ouest et Centrale (regroupées du fait de similitude des situations)
Afrique de l’ouest : Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana,
Guinée Bissau, Guinée, Liberia, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone,
Togo.
Afrique centrale : Cameroun, Centrafrique, Congo Brazzaville, Gabon, Guinée
Equatoriale, RDC, Sao Tome et Principe, Tchad.
- 31 -
- Afrique de l’Est : Angola, Burundi, Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Kenya, Ouganda, Rwanda,
Seychelles, Somalie, Soudan, Tanzanie.
- Afrique Australe : Afrique du Sud, Botswana, Ile Maurice, Lesotho, Madagascar, Malawi,
Mozambique, Namibie, Swaziland, Zambie, Zimbabwe.
Le trafic intra-africain a enregistré une croissance plus faible que celle notée dans les autres régions du
monde. De 1994 à 2002, le taux de croissance du trafic aérien dans le continent est inférieur à celui du
trafic intra-Europe. Les flux aériens entre pays européens se sont développés à un taux annuel moyen de
4,7% pendant cette période, contre 3,9% entre pays africains. Cet écart est encore plus frappant (7,2%
contre 3,7%) si l’on fait abstraction de la stagnation de l’industrie aérienne causée par les événements de
septembre 2001.
La croissance intra-Afrique peut être illustrée par l'augmentation des fréquences entre quelques villes
grâce à une plus grande tendance à la libéralisation. Par exemple, il y a maintenant 65 vols entre Lagos
et Accra chaque semaine et ce développement positif se retrouve aussi entre Johannesburg - Gaborone.
Si l’on s’intéresse aux deux cartes ci-dessous, on s’aperçoit que 77% des routes aériennes africaines
desservies à fin 2005 comptaient moins de 350 sièges hebdomadaires. On peut citer deux exemples:
(Source : Embraer)
- 33 -
2.1.1 Afrique du Nord
Le trafic domestique en Afrique du Nord est faible au regard du trafic international, qui représente le
plus gros du trafic aérien de la région, alimenté par le tourisme venant des pays européens. Chaque pays
d’Afrique du Nord a sa ou ses compagnies nationales qui ont une mission de service public. Ces
compagnies assurent le transport des touristes de la capitale vers les villes de province. Leur réseau
couvre généralement bien l’ensemble de leur territoire.
On peut citer en exemple l’Algérie : La compagnie nationale Air Algérie et la compagnie Tassil
Airlines, assurent des services aériens sur le réseau domestique qui est composé de trois zones :
Nord/Nord avec 11 liaisons ; Nord/Sud avec 32 liaisons ; et Sud/Sud avec 24 liaisons.
Air Algérie envisage de créer une compagnie régionale avec la SONATRAC, pour assurer les vols
domestiques (gestion, programmation et organisation des lignes domestiques) et pour garantir le confort
des passagers qui se déplacent entre les villes algériennes (notamment Jijel, Mostaganem, Bousaada et
El Oued). Ainsi la compagnie nationale Air Algérie sera dégagée de ce réseau et pourra se concentrer
sur l’exploitation du réseau international dont la gestion est différente.
Le transport aérien régional est fortement concurrencé par le transport routier et/ou ferroviaire, plus
économique. Le trafic intra régional en Afrique du Nord est moins important pour ces pays
comparativement au trafic aérien domestique et international. Le nombre de vols intra régionaux s’est
particulièrement développé de 1994 à 2001 en Afrique du Nord (6.1% par an), et cette tendance se
confirme malgré la forte concurrence du transport routier, plus économique.
On peut noter à titre d’exemple, la création en 1997, d'une compagnie aérienne marocaine privée,
Régional Airains qui dessert des destinations de proximité.
- 34 -
(Source AFRAA)
Les compagnies nationales d’Afrique du Nord, exemples d’un transport aérien africain de qualité, sont
majoritairement dans une bonne situation financière car elles profitent de l’attrait touristique que
suscitent leurs pays pour les autres continents. Des filiales « low-cost » ont été créées pour exploiter
cette manne (exemple la compagnie Atlas Blue filiale de la RAM).
L’Algérie et la Libye ont des liaisons d’affaires plutôt que touristiques avec les pays européens. Elles
arrivent à tirer leur épingle du jeu en proposant aux pays européens, des continuations sur les pays de
l’Afrique sub-saharienne qui souffrent d’un manque de liaisons suffisantes et de tarifs compétitifs (Air
Algérie, Afriqhyah en libye), redynamisant ainsi le trafic régional.
Après de nombreuses restructurations, les compagnies nord-africaines ont renoué avec la rentabilité et
commencent à chercher à rejoindre des grandes alliances afin d’asseoir leur développement (exemple :
Tunis Air / Sky Team).
Les exigences des leaders des alliances sont très élevées et les compagnies doivent se préparer à
atteindre les standards requis afin d’être acceptées dans le cercle des « élues » et ainsi profiter des
avantages financiers et commerciaux que donnent l’appartenance à ces groupements.
- 35 -
Le Nigeria est un cas à part : c’est le seul pays qui a un réseau intérieur développé. Les 42 compagnies
aériennes opérant dans le pays, ont un marché assez conséquent pour pouvoir se concentrer sur le
domestique sans avoir besoin de desservir le régional ou l’international pour rentabiliser leurs activités.
Les Etats insulaires sont eux obligés de développer le transport aérien domestique, le Cap Vert
notamment.
En Afrique Centrale c’est le Gabon qui se distingue en termes de trafic domestique, avec 419.248
passagers pour le seul aéroport de Libreville en 2003 (cf. Statistiques ASECNA, hors transit), du fait
d’un trafic routier difficile.
Le trafic régional a stagné en Afrique de l’Ouest (+0.8%) et du Centre (+1.6%) de 1994 à 2001. Le
nombre très limité de liaisons aériennes en Afrique de l’Ouest et du Centre, est d’autant plus dramatique
qu’un nombre élevé de pays de cette région sont enclavés (par exemple : Mali, Niger, Burkina,
République Centrafricaine, Tchad …) ou insulaires (Guinée Equatoriale, Sao tomé et Principe, Cap
Vert).
- 36 -
(Source AFRAA)
Sur les 276 paires de villes sur cette région, on constate que seules 5% ont un trafic supérieur ou égal à
150 passagers par jour et par sens.
Tableau n° 6 : Trafic aérien africain par jour et par sens
La distance moyenne entre deux villes principales est de 400 Miles nautiques. Il semble donc
illusoire d’imaginer la coexistence de plusieurs compagnies exploitant des modules d’avions de
plus de 100 sièges.
Le plus simple pour se rendre d’un pays à un autre, et notamment pour rejoindre l’Afrique de l’Ouest à
l’Afrique Centrale, est, plus que jamais, de passer par l’Europe, notamment par Paris avec Air France.
- 37 -
Le manque de liaisons Est - Ouest en Afrique et les tarifs élevés sont des freins dans les échanges intra-
régionaux. On constate néanmoins un début d’amélioration de la situation avec les nouvelles dessertes
de Kenyan Airways et d’Ethiopian Airlines.
- 38 -
2.1.2.3 - Les compagnies aériennes
Globalement la région ne semble pas s’être remise de la faillite d’Air Afrique. Les anciens pays
membres ont cherché à relancer leurs compagnies nationales et d’autres initiatives privées ont vu le jour.
Depuis 2002, il y a plus d’une dizaine de petites compagnies qui se sont créées dont la plupart ont mis la
clé sous la porte (Ivoire Airways, Finalair, Faso Airways, STA, Afrique Airlines, West African Airlines,
etc. …) pour cause de sous capitalisation et bien souvent de mauvaise gestion.
Ces compagnies desservent en général les mêmes lignes ce qui entraîne une « guerre des prix » qui n’a
pour conséquence que de fragiliser leur santé économique et les empêcher de couvrir leurs coûts
d’exploitation. La question de la rentabilité est cruciale ici : le marché étant étroit il est difficile pour une
compagnie d’amortir les investissements nécessaires que requièrent la pérennité d’une compagnie
aérienne.
A noter :
- Le succès d’Air Sénégal International depuis sa reprise par le groupe RAM, qui vient d’acheter
un Boeing 737-800 ;
- La liquidation de la compagnie Air Gabon, suivie de la création d’Air Gabon International avec
la RAM ;
- Cameroon Airlines qui cherche des repreneurs parmi les compagnies africaines ou des pays
industrialisés ;
- La création de la Compagnie Aérienne du Mali (CAM), qui a débuté ses vols sur Paris depuis le
printemps 2006 et exploite un Airbus A319 en coopération avec Air Burkina. Cette coopération
est facilitée par l’unicité de l’actionnaire principal des deux compagnies (Groupe Agha Khan) ;
- La reprise des vols de Virgin Nigeria qui met en place son opération "hands-across-Africa" avec
l’ouverture en avril 2006 de sa ligne Lagos-Dakar.
- 39 -
Tableau n° 8 : Trafic régional par compagnie aérienne en Afrique de l’Est
Ethiopian Airlines et Kenyan Airways, en tête, desservent la majeure partie de la zone au départ de leur
base principale (Addis Ababa et Nairobi). Leurs bases, organisées en hub, sont connectées et facilitent
les échanges dans la région.
Le secteur est dynamique dans des pays comme le Kenya, où la concurrence est rude entre opérateurs :
Kenyan Airways étend son réseau intra-africain car les routes européennes deviennent de moins en
moins lucratives. Cependant elle voit son « monopole » contesté par des compagnies comme Regional
Air, compagnie franchisée de British Airways, qui opère avec 4 Boeing 737-200.
(Source AFRAA)
- 40 -
2.1.3.3 - Les compagnies aériennes
Cette région est caractérisée par la prédominance de compagnies « historiques » qui se situent en tête du
classement des meilleures compagnies africaines.
Le cas de l’Ethiopie est à souligner car la compagnie nationale a bénéficié, jusque récemment, de la
protection des autorités aéronautiques nationales, qui contrôlent étroitement leur ciel, mais surtout de la
présence des sièges de l’Union Africaine et de la CEA qui drainent beaucoup de trafic d’affaires et de
conférences internationales. Ethiopian Airlines a été créée en 1946 avec l’assistance de TWA et s’est
largement développée depuis. Elle a su se moderniser et a misé sur son potentiel humain tout en
développant des outils permettant son expansion tel que son centre de maintenance, son école de
formation et son hub d’Addis-Abeba. Ethiopian Airlines est un exemple de réussite d’un transport aérien
africain de qualité.
La compagnie Kenyan Airways, elle, a bénéficié de la prise de participation financière dans son capital
social par KLM (26%) qui l’a remise sur la voie de la rentabilité, en stabilisant le haut management de
la compagnie, en renouvelant sa flotte et en formant son personnel aux nouvelles technologies. Elle sert
de « feeder » pour le Groupe Air France/KLM, qui lui fait bénéficier de son expérience en terme de
rationalisation du réseau. Elle-même prend des parts dans des compagnies aériennes africaines
(Precision Air). Elle bénéficie aussi de la plate-forme aéroport de Nairobi (hub) qui l’aide à étendre ses
activités.
Depuis la libéralisation du transport aérien en 1992, la Tanzanie a agréé 29 transporteurs aériens pour
des services réguliers et charters. La compagnie nationale ATC a été privatisée laissant à l’Etat qu’une
part minoritaire.
La compagnie Air Seychelles est aussi remarquable sur le plan de la rentabilité et de la productivité. Elle
est une des rares compagnies de l’Afrique de l’Est à exploiter un réseau intercontinental. Elle a, par
ailleurs, su se moderniser (flotte, technologie, …) et créer des partenariats stratégiquement intéressants
(Air France sur le long-courrier et Air Mauritius sur le régional, par exemple).
Enfin, il faut noter les dessertes exploitées par SAA dans presque toutes les capitales de l’Afrique de
l’Est.
Son marché domestique est caractérisé par un pouvoir d’achat élevé des populations et une clientèle
habituée à prendre l’avion. Le fait que sa compagnie nationale ait une flotte adaptée et conséquente pour
exploiter le marché domestique contribue à garantir un niveau de trafic domestique élevé. Ce marché est
contrôlé à 70% par SAA qui ne laisse que peu de places aux éventuels entrants (faillite de Sun Air en
2000), même si elle compte près de 17 compagnies aériennes qui desservent les différents aéroports du
pays.
- 41 -
2.1.4.2 - Le trafic régional
Les dessertes intra régionales actuelles n’arrivent pas à répondre à la demande du marché : en effet, les
retards dans la libéralisation des services aériens de la région freinent le développement du trafic.
En Afrique Australe, le trafic régional a enregistré des taux de croissance annuels de plus +5% de 1994
à 2001. La région devrait continuer à être le principal vecteur de la croissance du volume passagers intra
africain, à un taux moyen annuel de 6 % pour les douze années à venir.
Une grande partie des déplacements à l’intérieur de la région s’explique par des migrations temporaires
de travailleurs (mines et docks recrutant une main d’œuvre peu qualifiée) et des déplacements d’affaires.
C’est l’Afrique du Sud en plein « boom » économique qui génère la plus grande part de ce trafic (40%).
Par ailleurs, le nombre important de compagnies existant dans le pays, couplé à l’existence du Hub de
Johannesburg, plaque tournante du trafic régional, permet une bonne desserte locale et régionale.
South African Airways, en prenant des participations dans les compagnies de la région, contribue à
développer ce trafic en maintenant un certain niveau de qualité de services. Dans ce cadre, elle compte
desservir de nouvelles destinations ou augmenter ses fréquences :
- dans la région de la SADC : particulièrement au Mozambique, Angola, Madagascar et Zambie.
- en Afrique centrale : République Démocratique du Congo (RDC), Cameroun et Tchad, et dans
une moindre mesure Tanzanie, Ouganda, Nigeria et Ghana.
South African Airlines a profité de la bonne santé économique de l’Afrique du Sud pour développer son
réseau. Elle a bénéficié du savoir-faire de British Airways pendant de longues années. Elle est
maintenant la compagnie leader du continent africain et la seule à avoir intégré une alliance mondiale
(Star Alliance). La supériorité de SAA repose surtout sur son marché intérieur (70% de parts de
marché), sur lequel elle subit la forte concurrence des compagnies low-cost qui se développent. SAA
cherche à se développer sur le continent mais la non application totale de la Décision de Yamoussoukro
ne permet pas une expansion à la mesure de ses ambitions. Elle cherche à profiter de la dynamique du
NEPAD, pour s’étendre sur toute l’Afrique en prenant des participations dans des compagnies africaines
(Air Tanzania). Son achat récent du système Amadeus Altea (« Sell » pour les ventes et réservations,
« Plan » pour le contrôle de l’inventaire et « Fly » pour le contrôle des départs) lui permettront de gérer
plus efficacement ses activités recentrées autour du client qui bénéficiera d’une meilleure qualité de
service.
Il est à noter les bonnes performances d’Air Mauritius qui a été restructurée et a su tirer partie de l’attrait
touristique de l’Ile Maurice et des nouvelles technologies comme l’e-ticket. Avec une flotte jeune, elle
dessert plus de 30 destinations sur 3 continents et mise sur sa qualité de services aux standards
internationaux.
- 42 -
Dans certains pays de la région, on constate aussi la constitution de petites compagnies aériennes
privées qui échappent à tout contrôle. Le risque est réel pour les passagers : manque d’entretien des
machines, manque de formation du personnel, etc. Récemment, la liste noire de l’Union Européenne a
stigmatisé les compagnies de la République Démocratique du Congo.
La région a également connu l’expérience de création d’une compagnie régionale : Alliance Air, fondée
fin 1994 par South African Airways (40%), les gouvernements d'Ouganda (30%) et de Tanzanie (30%)
et leurs compagnies aériennes nationales. Elle fut rebaptisée SA Alliance en 1999 mais cessa ses
opérations à la mi-2000, pour cause de pertes financières trop lourdes.
Le manque de liaisons Est - Ouest en Afrique et les tarifs prohibitifs sont des freins dans les échanges
intra-régionaux, handicapant la croissance économique nécessaire du continent. Les liaisons aériennes
intra africaines existantes apparaissent insuffisantes, même si l’on constate récemment des initiatives de
quelques compagnies pour mailler et relier les régions (Air Algérie, RAM, SAA, Kenyan, Ethiopian,…).
Il reste encore que pour se rendre d’un pays à un autre, il est parfois plus simple de passer par l’Europe.
Quelles sont les causes majeures de cette situation paradoxale ?
Les transporteurs aériens africains, en plus de leurs faiblesses intrinsèques, sont confrontés aux
difficultés d’une exploitation aérienne du continent :
- Mêmes si plusieurs sont au niveau des standards internationaux, aucune compagnie n’atteint la taille
critique d’une major compagnie internationale, condition pourtant nécessaire aujourd’hui pour être
présente sur les marchés mondiaux et s’assurer ainsi d’une certaine pérennité ;
- Les technologies modernes, coûteuses mais indispensables à la bonne gestion des compagnies
aériennes sont peu utilisées (systèmes informatiques de distribution, de gestion des capacités, de
fidélisation, etc.) ;
- L’intégration dans une alliance mondiale est une des conditions de la survie des compagnies
aériennes : celles du continent africain sont pour la plupart tenues à l’écart de ces groupements du
fait du non respect des normes et standards internationaux ou de leur incapacité à leur apporter un
trafic substantiel. Seule une compagnie (SAA) à ce jour est intégrée dans des grandes alliances
mondiales, ce qui tient les compagnies africaines en marge des marchés mondiaux ;
- Les flottes utilisées sont souvent de vieille génération et ne respectent pas les normes
internationales, les inscrivant prioritairement sur les « listes noires » des pays occidentaux ;
- Les compagnies nationales souffrent souvent de l’ingérence de certains gouvernements qui ne font
pas de la rentabilité une priorité ;
- Elles souffrent d’une sous-capitalisation et d’un manque chronique de moyens de financement alors
que les besoins en investissements (aéronefs, maintenance…) sont énormes et les empêchent
d’accéder à des modules de transport adaptés à leur marché ;
- 43 -
- Les coûts d’exploitation directs et ceux des prestataires en Afrique sont plus élevés que dans les
autres parties du monde : prix carburant, assistance aéroport, frais financiers (coût du capital),
formation du personnel, maintenance des avions, outils informatiques et de télécommunication,
etc.) ;
- Les populations ont des bas revenus, ce qui rend les marchés étroits et rend difficile la rentabilisation
d’une exploitation ;
- De nombreuses petites compagnies voient le jour mais le plus souvent leur existence est éphémère.
Les principales causes relevées sont le fait qu’elles sont gérées par des dirigeants du secteur privé
sans connaissance du métier du transport aérien, le marché mal évalué, les coûts sans rapport avec
les recettes.
La Décision de Yamoussoukro de 1999 a créé un espace unique en Afrique instituant le principe du libre
accès des transporteurs aériens (éligibles) aux liaisons intra-africaines. Elle réglemente l’activité du
transport aérien commercial dans un espace unique africain, et a pour objectif de créer les conditions
pour l’émergence d’un transport aérien fiable et de qualité, répondant aux impératifs d’intégration du
continent. Déjà en son temps, la Déclaration de Yamoussoukro voulait assurer l’intégration des
compagnies aériennes et la création d’entités régionales.
Malheureusement, la mise est en œuvre de cette Décision rencontre de sérieuses difficultés au niveau de
plusieurs pays parce que :
- d’une part, la volonté de se conformer aux textes communautaires est confrontée à des intérêts
nationaux ;
- et d’autre part, certaines faiblesses de la Décision elle-même constituent un frein à sa mise
œuvre (notamment l’absence de règles de concurrence, d’Agence d’exécution).
La libéralisation et ses conséquences effraient certains opérateurs et Etats. Cependant si l’on en juge par
l’expérience de l’Union Européenne, les effets à terme sont plutôt positifs : création d’emplois,
accroissement du nombre de routes, du nombre de compagnies régulières, amélioration de la qualité de
services et baisse des tarifs. Dans tous les espaces libéralisés, on constate dans un premier temps la
création de multiples compagnies aériennes, pour ensuite les voir disparaître les unes après les autres, ne
laissant place qu’à quelques unes : les plus fortes, celles qui ont su faire face à la concurrence farouche à
laquelle elles se sont livrées.
- 44 -
Il est communément reconnu que les compagnies étrangères ont souvent moins de difficultés que les
compagnies africaines à obtenir des droits de trafic en Afrique, ce qui est pour le moins paradoxal.
La mise en œuvre de la Décision de Yamoussoukro parait être un élément qui favorisera la croissance
du réseau intra-africain quand elle sera appliquée uniformément dans tous les pays africains.
De plus, il ne faut pas négliger la clause communautaire européenne (arrêt de la Cour de Justice
Européenne de 2002) qui introduit un nouveau paramètre dans les négociations des droits de trafic avec
les pays tiers. L’Afrique se doit d’adopter une position commune qui renforcera son pouvoir de
négociation et protègera son espace unique.
Les Etats font appel aux organismes internationaux mais doivent aussi laisser la place au secteur privé
en garantissant son investissement. Pour cela, ils doivent créer un cadre juridique propice à attirer les
investisseurs potentiels nationaux ou étrangers.
A titre d’exemple, la Tanzanie a mis en place l’environnement nécessaire pour attirer les investisseurs
étrangers privés en :
- libéralisant l’économie ;
- adoptant des cadres de politiques macro économiques appropriés ;
- en améliorant les infrastructures et la délivrance du service public ;
- réglant les problèmes de bonne gouvernance ;
- garantissant une paix durable et la stabilité politique ;
- faisant valoir sa position géographique auprès de pays enclavés.
D’autres pays comme Madagascar ont voté des lois comme (la loi N°2004-027 du 09/09/04 portant code
de l’aviation civile) qui favorisent les investissements étrangers dans le pays pour des projets tels que la
création de compagnies aériennes et de centres de maintenance.
Un des grands principes à observer est le respect de la propriété. Celle-ci doit être garantie dans tous les
pays d’Afrique. De même, les règles de concurrence claires doivent être édictées et respectées au niveau
régional.
Si des avancées ont pu être constatées en matière d’amélioration du cadre juridique en Afrique, comme
le souligne le rapport 2004 de la CNUCED sur l’investissement dans le monde, la difficulté en cas de
conflit dans l’exécution des contrats à faire reconnaître le droit des parties par les juridictions
compétentes reste un frein majeur.
Par ailleurs, les Etats africains, en majorité, manquent cruellement d’infrastructures de base, notamment
en matière de télécommunications, nécessaires à la création d’un environnement propice.
- 45 -
Mais au-delà de la nécessité d’un cadre juridique et d’un environnement adéquat, c’est la sécurité et la
stabilité politique dans les pays africains qui inciteront les investisseurs privés, tant étrangers que
locaux, à s’intéresser au continent.
Cependant, les échanges économiques restent faibles entre les pays africains et certaines questions
restent encore à régler, apparaissant d’ailleurs plus problématiques entre les différents CER :
- La facilitation (annexe 9 de l’OACI) : l’accès aux visas est très réglementé dans certains
pays. Pour les pays qui freinent la mise en œuvre de la Décision de Yamoussoukro c’est
une manière de décourager les dessertes de compagnies « étrangères » ;
- les monnaies non convertibles : la difficulté réside dans le fait de desservir des pays dont
la monnaie n’est pas convertible. Le rapatriement des recettes est délicat et le besoin en
ressources financières des compagnies n’est pas compatible avec la lenteur des transferts
de fonds ;
- les différends politiques au sein des pays et entre les pays africains : même si ces crises
deviennent plus rares, il n’en demeure pas moins que les perturbations qu’elles
engendrent dans les dessertes aériennes dissuadent les compagnies d’étendre leur réseau
sur les pays à risques.
Ces différents constats renvoient tous au problème de rentabilité des compagnies aériennes africaines
que l’étroitesse de leurs marchés empêche de se hisser aux standards internationaux.
Il paraît dès lors évident que la création de synergies et la mise en commun de moyens (humains,
financiers, techniques) sont les seules issues pour ces compagnies africaines. Cependant, leurs stratégies
étant trop antagonistes, cette solution ne peut être valable que ponctuellement et sur des points bien
précis.
La solution la plus viable pourrait être la création de compagnies régionales ou sous-régionales utilisant
les droits de trafic de plusieurs Etats Africains ayant un intérêt à la constitution de ces entités
(inexistence de compagnie nationale, désenclavement, …). Ces compagnies pourraient ainsi exploiter
des réseaux conséquents permettant d’amortir les coûts d’exploitation de modules idoines pour les
transports long courrier et inter-Etats. Elles gagneraient ainsi sur :
- 46 -
- La maintenance ;
- La formation ;
- etc.
Dans tous les cas, si aucune initiative n’est prise au niveau du continent pour favoriser
l’émergence de transporteurs régionaux, la disparition des petites compagnies deviendra
inéluctable et le continent africain assistera à terme à l’émergence de quelques grandes
compagnies détenues soit par des capitaux majoritairement étrangers, soit par les grandes
compagnies étrangères dont les intérêts ne seront pas forcément en adéquation avec ceux des
Etats africains.
Les recettes (rendement) sur les routes africaines sont relativement plus élevées que dans les autres
parties du monde. Cependant, pour maximiser la recette de ses vols, il devient incontournable d’utiliser
les systèmes informatisés de Revenue Management. En effet, gérer efficacement ses capacités sous-
entend stocker et traiter une grande masse d’informations provenant de sources diverses (GDS, DCS,
Recettes commerciales,…) afin de réduire les pertes potentielles de revenus dues aux annulations
tardives et no-show en fixant des taux de sur-réservation adaptés. La vente de tarifs non adaptés est
aussi une source de déperdition de recettes, tout comme le remplissage de la cabine avec des tarifs de
basse contribution réservés tôt, ne laissant plus de sièges disponibles à la vente pour les départs de
dernière minute qui sont souvent l’apanage des hommes d’affaires prêts à acquitter de plus fortes
contributions.
L’IATA dans le cadre de son soutien aux compagnies membres a lancé son grand projet « Simplifying
the Business » qui vise à réaliser les économies nécessaires à la survie des compagnies. Ces économies
sont réalisées grâce à l’utilisation des nouvelles technologies et touchent les domaines suivants :
- 100% billets électroniques ;
- cartes d’accès à bord à code barre ;
- généralisation de l’utilisation des bornes interactives self-service ;
- identification des bagages par fréquence radio ;
- e-cargo (suppression des papiers).
Dans le même temps, l’IATA pousse à une meilleure coopération entre compagnies et fournisseurs de
services aériens afin d’instaurer de meilleures pratiques génératrices d’économies substantielles
notamment au niveau du carburant, qui représente environ 25% des coûts d’exploitation d’une
compagnie aérienne. Parmi ces pratiques, on peut citer : l’utilisation d’avions modernes plus économes
en carburant ou encore l’utilisation de routes et d’altitudes maximisant la consommation de carburant.
- 47 -
Etre compétitif c’est donner le meilleur service au moindre coût. Cependant, il s’agit de ne pas faire de
« fausses » économies. Le poste « Ressources Humaines » ne doit pas être négligé dans cette industrie
où l’amateurisme n’a pas sa place. Dans beaucoup de compagnies aériennes africaines, on peut faire les
constats suivants :
- des Etats interviennent dans le recrutement du personnel pas toujours à bon escient, ce qui induit
une démotivation générale du personnel ;
- les salaires sont bas ce qui induit :
o une démotivation du personnel
o une absence de culture d’entreprise
o un débauchage par les compagnies concurrentes (compagnies du Golfe) ;
- un personnel qui n’a pas accès à la formation continue, entraîne une faible productivité pour les
compagnies et une mauvaise image de marque.
Etre compétitif, c’est aussi avoir une bonne image de marque sur le marché. Ceci passe, entre autres, par
le respect des mesures de sécurité internationales. Dans ce cadre, les compagnies devraient au plus vite
se faire certifier IOSA (IATA Operational Safety Audit) afin de rassurer sa clientèle et devenir un
concurrent non négligeable sur tous les marchés. Ces audits sont considérés comme la norme pour les
compagnies aériennes et deviendront à l’avenir une condition de l’obtention de l’agrément IATA.
Un nouveau modèle de gestion de compagnies, les transporteurs « low-costs » qui ont fait leurs preuves
en Europe dans l’exploitation de lignes à fort potentiel particulièrement sur des routes moins fréquentées
et opérant avec des aéronefs adaptés selon une grille tarifaire bien étudiée, peuvent émerger en Afrique.
On en voit déjà fleurir en Afrique du Sud (Kulula.com, par exemple), instaurant un niveau de
concurrence élevé sur certaines routes pour le bénéfice des consommateurs actuels et des nouveaux
consommateurs générés. Certains pays ont déjà des niveaux de trafic permettant la création de telles
compagnies : Nigeria, Egypte. On assiste aussi à la création de filiales « low-costs » sur le continent
permettant d’utiliser des capacités sous-utilisées ou exploiter des catégories de clientèle différentes. La
Royal Air Maroc a créé sa filiale « Atlas Blue », qui reste pour le moment tourné vers l’Europe.
La coopération et l’intégration entre les compagnies aériennes africaines sont les objectifs majeurs de la
Déclaration de Yamoussoukro, rappelés à l’Article 11.3 de la Décision de Yamoussoukro.
Il est fortement recommandé que les compagnies aériennes africaines s’affilient aux organisations
professionnelles comme l’AFRAA pour mieux organiser la défense de leurs intérêts sur une base
collective. De même, il leur est recommandé d’entretenir les meilleures relations possibles avec les
associations internationales de transport aérien, notamment l’IATA, afin de pouvoir s’inspirer de leurs
expériences et surtout bénéficier des opportunités d’assistance technique et financière (billet
électronique e-ticketing, IOSA).
Les coûts d’exploitation des compagnies aériennes en Afrique sont plus élevés que dans le reste du
monde. Pour surmonter ce handicap, les compagnies ont intérêt à développer une coopération poussée
entre elles. Les avantages de la coopération entre compagnies sont multiples :
- achats groupés de kérosène et de pièces détachées ;
- meilleure négociation des primes d’assurance ;
- meilleur remplissage des avions ;
- économies d’échelles sur la maintenance ;
- accès facilité au financement.
- 48 -
La coopération entre compagnies aériennes peut prendre différentes formes et on observe certains cas de
rapprochement entre compagnies africaines :
- Accords Interlignes : droit accordé à un passager d’utiliser son billet sur les vols d’une
compagnie avec laquelle il a signé de tels accords. La facturation se fait ensuite avec une balance
des coupons utilisés sur l’une et l’autre des compagnies.
- Code-share : la compagnie operating opère avec son appareil dont une partie de la capacité est
vendue sous le code IATA de la compagnie marketing (exemples : Compagnie Aérienne du
Mali/Air Ivoire, Air Gabon/Interair).
- Franchises : le franchiseur donne son nom, son savoir-faire technique et managérial et le
franchisé lui reverse des royalties en contrepartie. Exemples : Comair/BA (Afrique du Sud),
Regional Air/ BA (Kenya).
- Acquisitions / prises de participation : une compagnie prend part au capital d’une autre
compagnie, majoritairement ou non (exemples : SAA dans Air Tanzania, RAM dans Air Sénégal
International, Kenya Airways dans Precision Air).
Ces coopérations sont souhaitables pour la survie des petites compagnies. On peut citer en exemple
« Arabesk », un regroupement de compagnies du Moyen-Orient (incluant Egyptair), qui ont, entre
autres, harmonisé leurs horaires afin de mieux exploiter leurs marchés et intéresser les alliances
mondiales. Ce genre d’initiatives pourrait être étudié au niveau du continent africain. Il reste que ces
coopérations commerciales restent limitées du fait de la divergence des stratégies propres des
compagnies aériennes africaines qui tiennent principalement à la nature de leur actionnariat.
L’Afrique a connu pendant des décennies des exemples de compagnies aériennes régionales ou sous
régionales : East African Airways, Air Afrique. Il est vrai que ces compagnies n’opèrent plus. La raison
majeure de ces faillites tenait à leur actionnariat majoritairement étatique qui ne facilitait pas les prises
de décisions et induisait une forte ingérence dans les ressources humaines notamment.
Le besoin des nouvelles compagnies régionales à capitaux privés se fait toujours sentir compte tenu de
l’étroitesse des marchés et des coûts élevés d’exploitation. La mise en œuvre totale de la Décision de
Yamoussoukro accélèrera le mouvement. On peut voir en Europe que la création de l’espace unique a
permis la formation du Groupe Air France/KLM qui atteint ainsi une taille de nature à compétir avec
succès avec les majors airlines américaines.
Sur le continent, la récente initiative de la Société de Promotion d’une Compagnie Aérienne Régionale
(SPCAR) soutenue par des privés (Ecobank) et des banques et fonds régionaux (BIDC de la CEDEAO
et BOAD de l’UEMOA), relance l’idée d’une compagnie régionale. Elle a pour objet la création d’une
telle compagnie de standard international qui pourrait bénéficier d’un large portefeuille de droits de
trafic et d’un marché plus large pour rentabiliser ses activités. La compagnie devrait voir le jour au plus
tard en 2007 et devrait permettre une meilleure desserte en Afrique de l’Ouest et du Centre.
L’existence d’un cadre institutionnel et réglementaire adapté est une des conditions préalables au
développement cohérent du transport aérien en Afrique. La Décision de Yamoussoukro de 1999, qui
crée de jure l’espace unique africain, rencontre, encore aujourd’hui, de sérieuses difficultés dans sa mise
en œuvre et ne permet pas d’atteindre le niveau de développement souhaité. Cependant, il est clair que
s’il appartient aux Etats de créer les conditions favorables à l’épanouissement des compagnies
- 49 -
aériennes, d’elles seules dépend la décision d’étendre leur réseau, répondant en cela à des impératifs
économiques et à des stratégies commerciales propres.
Il serait contraire à l’esprit même de la libéralisation de décider arbitrairement en leur lieu et place de
qui desservira quelle route. Les compagnies aériennes africaines ont des contraintes internes
(matérielles, humaines, financières et capitalistiques...) et externes (juridiques, institutionnelles, de sous-
traitance, ..) qui les amènent à faire des choix et les conduisent souvent à renoncer à l’exploitation de
services aériens dans certaines parties du continent. Il n’empêche que, devant les problèmes
d’enclavement, de temps de déplacement entre les pays voisins, les Etats peuvent toujours inciter les
compagnies à plus de coopération dans la mesure du possible. D’une façon plus volontariste, les Etats
peuvent aussi décider d’encourager financièrement directement ou indirectement des compagnies à
desservir certaines routes dans des cadres bien régulés de « service public ».
- 50 -
THEME –III- REPONSE AFRICAINE A LA GLOBALISATION DU TRANSPORT AERIEN
INTRODUCTION
Par ailleurs, plusieurs tendances dans le processus de mondialisation se sont manifestées ces dernières
années dans le transport aérien et qui se caractérisent par une multiplication d’arguments coopératifs
(alliances commerciales et techniques, franchises, fusions et acquisitions internationales, une
internationalisation de certaines activités comme le traitement et la saisie des données comptables,
l’entretien de flotte, une globalisation de la navigation aérienne).
Le transport aérien a été le premier à être déréglementé dans le monde, puisque, dès 1925, l'Air Mail
Act confie le service postal américain à des transporteurs privés.
- 51 -
Cela contribuera largement au développement spectaculaire du transport aérien américain qui comptera
jusqu'à 38 compagnies en 1930, contre 13 en 1926. Mais la grande crise de 1929 aboutit à une grave
crise du transport aérien en 1934, débouchant en 1938 sur le Civil Aeronautics Act qui confie à l'Etat
américain la tutelle de ce secteur. La tutelle économique est confiée au Civil Aeronautics Board qui est
chargé de distribuer les subventions (un tiers des compagnies est subventionné en 1938) et de garantir
un service sûr et de qualité pour tous les citoyens américains.
Les droits de trafic sont accordés par le CAB, qui certifie les compagnies et approuve leurs tarifs, leur
fusion et les accords qu'elles passent, gère les subventions qui assurent la survie des petites lignes, etc.
Cette réglementation très stricte assure malgré tout un développement important du transport aérien
américain puisque le trafic des compagnies américaines est multiplié par 300 entre 1938 et 1978. Les
petites villes sont desservies par le biais de subventions et de grandes compagnies émergent grâce à la
protection contre la concurrence que leur garantit le CAB.
A la fin des années 70, les Etats-Unis disposent de grandes compagnies, puissantes et rentables, le
niveau des subventions pour les lignes non rentables est en baisse, et les économistes critiquent
l'absence de concurrence par les prix sur ce secteur. C'est dans ce cadre que la vague de
déréglementation inclut les transports aériens. Les tarifs sont libéralisés en quatre ans, les droits de trafic
internes libres au bout de trois ans et les subventions attribuées, par enchères., dans le cadre du
programme « Essential Air Services » (EAS) Les lois anti-trusts régissent désormais les fusions et
ententes. Le CAB, qui a perdu sa raison d'être, disparaît le 1er janvier 1985.
Dans ce contexte concurrentiel, les compagnies se multiplient jusqu'en 1982-1983 puisque, à côté des 80
compagnies existantes, 120 nouvelles compagnies entrent sur le marché. La concurrence effrénée
entraînant notamment une importante baisse des tarifs, les faillites se multiplient en 1983, suivies de
nombreuses fusions ou absorptions, qui conduisent à la survie de cinq compagnies majeures. Elles sont
aujourd'hui au nombre de dix1.
1
United, American, Delta, Northwest, US Airways, Continental, America West, Alaska Airlines, ATA,
Southwest Airlines
- 52 -
La France n'a pas signé d'accord de « ciel ouvert », mais, le 18 juin 1998, un accord prévoyant une
libéralisation progressive à l’horizon 2003. La libéralisation étant aujourd'hui effective, les Américains
considèrent cet accord comme un accord de « ciel ouvert ».
Ainsi, vingt ans après la déréglementation, on peut affirmer que les Etats-Unis ont été les précurseurs, et
ont largement contribué aux évolutions puis au bouleversement du paysage aéronautique mondial.
L'Union européenne s'est engagée dans la même voie, mais plus progressivement, à la fin des années 80.
Au sein de l'Union Européenne, la libéralisation du transport aérien est effective depuis le 1er avril 1997.
Le processus a su ménager une phase de transition et d'adaptation aux compagnies aériennes, et s'est
déroulé sans heurts structurels majeurs, contrairement à ce qui s'était passé aux Etats-Unis, permettant la
constitution d'un marché intra-communautaire du transport aérien concurrentiel, mais toujours organisé
au niveau national, tant en ce qui concerne le contrôle aérien que les droits de trafic extérieurs à l'Union
Européenne.
Cette libéralisation est engagée en 1987 et est effective depuis 1997. Elle découle des principes
fondamentaux du Traité instituant la Communauté européenne, et notamment de son article 14 :
« Le marché intérieur comporte un espace sans frontières intérieures dans lequel la libre circulation des
marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée selon les dispositions du présent
Traité ».
- 53 -
iii. Accès au marché : Dans ce contexte libéralisé, un élément fondamental de concurrence
équitable entre compagnies aériennes est lié à l'accès de l'ensemble des transporteurs aux
aéroports, lorsque la capacité aéroportuaire est contrainte. En conséquence, des règles
communautaires ont été édictées de façon à garantir une gestion équitable et non
discriminatoire de cet accès, notamment par le biais de l'attribution des créneaux horaires. Le
règlement (CEE) n° 95/93 du 18 janvier 1993 fixe des règles communes en ce qui concerne
l'attribution des créneaux horaires dans les aéroports de la Communauté. Lorsqu'un aéroport est
saturé et qu'il n'y a pas d'autre solution que d'attribuer aux compagnies aériennes des plages de
décollage et d'atterrissage de façon à ce qu'elles puissent mettre en place leurs programmes de
vols, il est nécessaire de faire intervenir un régulateur (ou coordonnateur). Ce règlement
s'inspire d'un système informel mis en place et géré par l'Association Internationale des
Transporteurs Aériens (IATA), dans le cadre duquel les compagnies s'étaient fixées des règles
d'attribution des créneaux par des coordonnateurs, et qui leur permettaient d'échanger entre
elles, deux fois par an, lors de conférences mondiales, les créneaux sur les aéroports du monde
entier.
iv. Principe de libre accès des entreprises communautaires aux liaisons intra-communautaires :
Le règlement (CEE) n° 2408/92 du 23 juillet 1992 concernant l'accès des transporteurs aériens
communautaires aux liaisons aériennes intracommunautaires permet, depuis le 1er avril 1997,
un libre accès aux liaisons domestiques de chaque Etat (droit de cabotage, « huitième liberté de
l'air » au sens de l'OACI). L'extension des libertés de l'air intracommunautaires a été
progressive puisque les cinquième et septième libertés de l'air étaient effectives dès le 1er
janvier 1995.
Cette libéralisation a eu de nombreuses conséquences tant sur les compagnies que sur les politiques de
transport aérien des pays membres. C’est ainsi que depuis 2003, la Commission a entrepris un processus
de révision de ces trois règlements. Elle mène pour le moment une large consultation sur le sujet, afin de
réaliser un bilan exhaustif de ce « troisième paquet », certaines dispositions étant devenues obsolètes et
d'autres étant mal appliquées ou devant être précisées.
Récemment la Cour Européenne de Justice a remis en cause les accords aériens bilatéraux entre les pays
membres de l'Union européenne et les États tiers.
Dans le cadre d'une procédure remettant en cause les accords de « ciel ouvert » conclus avec les Etats-
Unis par huit pays membres, la Cour Européenne de Justice (CEJ) a rendu le 5 novembre 2002 plusieurs
arrêts déclarant la clause de nationalité type de ces accords aériens bilatéraux contraire au principe de
liberté d'établissement établi par l'article 43 (ex. 52) du Traité de Rome qui dispose que « les restrictions
à la liberté d'établissement des ressortissants d'un État-membre dans le territoire d'un autre État-membre
sont interdites (....). La liberté d'établissement comporte (....) la constitution et la gestion d'entreprises ».
- 54 -
La Commission européenne estime depuis de nombreuses années que les compagnies européennes
souffrent d'une sous-capitalisation chronique et d'une trop grande fragmentation. Plus globalement, le
marché européen du transport aérien est encore, selon elle, trop fragmenté. Les arrêts de la CEJ
s'inscrivent donc tout à fait dans le cadre des réflexions de la Commission.
Son interprétation de ces arrêts va très loin puisqu'elle prévoit que l'ensemble des compagnies
communautaires doivent pouvoir bénéficier des mêmes possibilités d'accès au marché des pays tiers (ce
qui signifie que toute compagnie communautaire pourrait offrir des services aériens vers tous les
points situés dans des pays tiers au départ de tout point en Europe sans nécessairement établir
une filiale dans le pays concerné).
Dans cette optique, la Commission a publié en février 2003 une communication concernant les relations
entre la Communauté et les pays tiers dans le domaine de l'aviation où elle plaide pour une politique
extérieure de l'aviation européenne, « en vue de traiter les principaux problèmes auxquels est confrontée
l'industrie communautaire et l'Union Européenne dans son ensemble ». Elle plaide notamment :
(i) Pour la mise en place d'un espace aérien transatlantique commun (TCAA), dans le but de
créer un « marché unique » qui remplacera les différents accords bilatéraux conclus entre les
États-membres et les Etats-Unis.
(ii) Pour que la Commission poursuive également ce type de politique avec les pays en
développement.
(iii) Pour être la voix des États-membres dans les instances internationales de l'aviation civile
membres sur des points mineurs (clause de propriété et de contrôle, SIR, tarifs
intracommunautaires, etc.), mais ne touchant pas aux droits de trafic.
(iv) Elle a enfin présenté un projet de règlement d'encadrement des négociations bilatérales des
États-membres.
La Commission et les États-membres vont tenter de modifier les accords bilatéraux pour les rendre
conformes au traité et à la jurisprudence de la CEJ. A terme, toute compagnie européenne établie dans
un pays pourra bénéficier de droits de trafic, quelle que soit sa nationalité avec des pays tiers. La
libéralisation progressive, auparavant interne à l'Union, va donc rapidement s'étendre aux relations
externes.
Ainsi, le bilatéralisme semble, une nouvelle fois, remis en cause. Le passage au multilatéralisme,
éventuellement par un rattachement du transport aérien à l'OM, solution souhaitée par la Commission
européenne depuis de nombreuses années, à laquelle la décision de la CEJ a donné une certaine assise,
est toujours rejeté par les Etats-Unis, comme en 1944.
A l'automne 1999, la Commission européenne avait par ailleurs produit une communication intitulée
« La création du ciel unique européen », initiative qui faisait suite à un été 1999 marqué par une forte
augmentation du trafic et des retards chroniques.
- 55 -
Le document attribuait ces difficultés à l'impact des frontières nationales impliquant un fractionnement
des systèmes de contrôle aérien, au tracé du réseau des routes inefficient, aux zones militaires trop
nombreuses et peu perméables au trafic civil et au manque de pouvoir de décision d'Eurocontrol.
Il envisageait un certain nombre de solutions : une autorité européenne et non plus nationale, une
réorganisation des routes et de l'espace aérien, une séparation institutionnelle entre autorités
réglementaires et opérateurs de service de la navigation aérienne, à la fois au niveau national et au sein
d'Euro control, une mise en concurrence des opérateurs pour la fourniture des services selon un système
de concession.
Cette communication a été présentée en Conseil des Ministres des Transports les 9 et 10 décembre 1999,
Conseil qui a créé un groupe de réflexion de haut niveau sur le sujet,et qui a rendu ses conclusions en
mai 2000.
Au cours des quinze dernières années, et malgré la fragmentation actuelle de l'espace aérien européen,
de nombreuses améliorations ont permis une meilleure qualité de service et une diminution des retards
Le système européen de gestion du trafic aérien est aujourd'hui composé de 58 centres de contrôle, cette
situation se traduit par des organisations et méthodes de travail différentes.
La mise en place du « Ciel Unique Européen » devrait accélérer les coopérations existantes et permettre
d'améliorer la gestion des capacités en Europe, mais sa date de mise en oeuvre reste incertaine. Avec
une estimation de croissance du trafic aérien de 4,5% par an sur le moyen terme, le risque de saturation
des capacités existe donc, si la réalisation effective du « Ciel Unique Européen » est décalée par rapport
aux besoins concrets.
Une douzaine de compagnies africaines seulement sont en bonne santé mais restent aussi menacées que
les autres par :
- La révision des accords aériens signés avec les pays européens. En effet, la Commission
de l’Union Européenne a entrepris d’approcher les Etats africains individuellement pour
réviser les accords bilatéraux signés avec les pays européens, de façon à les rendre
conformes au Traité et à la jurisprudence de la CEJ ;
- L’acceptation des propositions européennes permettrait à toutes les compagnies
européennes de desservir les Etats Africains à partir de n’importe quel aéroport de
l’Union. La pression concurrentielle sur les modestes compagnies africaines s’en
trouverait dramatiquement accrue" alerta le Secrétaire Général de l’AFRAA ;
- La consolidation transfrontalière et la menace des alliances. Les principaux grands
groupes d’alliance (Star Alliance, SkyTeam, Oneworld) ont transporté, en 2005, 62% du
trafic mondial (voir tableau ci- après)
La libéralisation du transport aérien aux Etats Unis depuis 1977 et au sein de l’Union Européenne
depuis 1993 a eu un impact considérable et direct sur le transport aérien en Afrique. La quasi-totalité des
transporteurs aériens africains étaient en crise et le déficit global a été estimé en 1987 à 100 millions de
US dollars ; d’ou la nécessité de reformer tant soit peu ce secteur. La stratégie de sortie de crise a été
l’adoption en 1988 de la Déclaration de Yamoussoukro. La mise en œuvre de cette déclaration a été très
timide par manque de volonté politique.
C’est ainsi et en vertu de l’article 10 du Traité d’Abuja instituant la Communauté économique africaine,
que la Décision de Yamoussoukro a été adoptée en novembre 1999 par les Ministres africains chargés
l’aviation civile et par les Chefs d’Etats africains en juillet 2000.
Cette Décision est entrée en vigueur depuis le 12 août 2000, soit un mois après sa signature.
A la date du 12 août 2002, la période de dérogation provisoire de deux ans (Article10 de la Décision) et
ième
relative à l’octroi graduel des droits trafic de 5 liberté de l’air, a disparu.
Conformément à son article 2, la Décision a préséance sur tous les accords bilatéraux et multilatéraux de
transports aériens qui n’y sont pas conformes.
Le bilan est mitigé et timide et le degré de mise en oeuvre varie d’une sous région à l’autre.
Les résultats de la cinquième conférence du transport aérien de l’OACI ont tendance à encourager toutes
actions aidant à accélérer la libéralisation et la mondialisation de l’industrie ainsi que le renforcement
des compagnies aériennes internationales en incluant la flexibilité des critères de propriété et de
contrôle. Ces changements fondamentaux ajoutés au manque d’outils de gestion (SIR, CRS, FFP,Yield)
ont un effet de marginalisation des compagnies africaines et retardent la mise en œuvre de la Décision.
3.2.2.2 Accès aux marchés : Visas, attribution des créneaux et accès difficiles aux
marchés internationaux
Les compagnies africaines sont confrontées aux problèmes de facilitation d’accès aux marchés
internationaux. En effet :
- 58 -
(i) Les politiques d’octroi de visas d’immigration par certains pays individualisés n’aident pas
au développement du trafic et sont en partie à l’origine des déséquilibres des flux de trafic
aérien intra et extra africain.
(ii) Les aéroports africains n’étant pas saturés, les compagnies aériennes étrangères ont profité de
cette situation et se sont positionnées sur les créneaux horaires disponibles. Par contre, les
créneaux horaires deviennent de plus en plus difficiles à obtenir dans les aéroports
internationaux situés dans les pays industrialisés.
Le comportement d’évection dans le transport aérien peut prendre diverses formes : baisse des tarifs
et/ou accroissement de l’offre et/ou repositionnement dans des créneaux horaires profitables. La
situation en Afrique est que :
(i) Certaines compagnies aériennes non africaines et parfois africaines, ont tendance à profiter
de leur position dominante au détriment des intérêts des usagers et des compagnies locales
qui avaient une bonne performance avant l’entrée en vigueur de la Décision de
Yamoussoukro. Ces opérateurs bien structurés ont cherché à réduire les activités des autres
compagnies. Par ailleurs des accords de coopération et de partenariat ont été conclus entre
transporteurs dans certaines sous régions (KLM-Kenya Aiways, RAM-Air Sénégal, RAM-
Air CEMAC).
(ii) Des alliances stratégiques et des accords de franchise internationale que favorise la
libéralisation ont permis d’ouvrir le marché africain à toutes les compagnies étrangères. Le
partage de code entre pour une part de plus importante dans leur développement.
A long terme, cette situation pourrait marginaliser les compagnies aériennes africaines au profit
des grandes multinationales. D’où la nécessité de négocier un code de conduite afin de
sauvegarder les intérêts du continent
La libéralisation africaine a favorisé l’introduction de nouveaux opérateurs sur le marché, ce qui a exigé
le renouvellement, l’expansion, l’amélioration de la maintenance et la construction de nouvelles
infrastructures. Elle a en outre entraîné la nécessité de respecter strictement les normes et pratiques
recommandées par l’OACI relatifs à la sécurité aérienne. Or, des défaillances majeures ont été
constatées lors des audits de l’OACI entrepris dans le cadre du programme de la supervision de la
sécurité. Ainsi, il est nécessaire de prendre en compte les besoins de financement qu’implique la
libéralisation du transport aérien surtout dans un continent où les multiples besoins font que l’aviation
civile n’occupe pas une place prioritaire.
La disposition de la règle sur la concurrence exprimée dans la Décision de Yamoussoukro, a été jugée
insuffisante car elle n’empêche pas les pratiques malsaines des grandes compagnies aériennes sur les
marchés. Cette situation a entaché la crédibilité de la politique de libéralisation et a engendré des
craintes et méfiances des compagnies qui sont en mauvaise situation financière, technique et
opérationnelle. Pour remédier à cette situation, certaines sous régions africaines ont développé des
règles sur la concurrence. Afin d’éviter la création des blocs sous régionaux et régionaux ; il est par
- 59 -
conséquent urgent d’harmoniser et d’unifier ces règles et de se conformer aux règlements de l’Union
Africaine.
Les Ministres africains ont jugé nécessaire de mettre en place une Agence Africaine d’Exécution dont
la mission principale est d’assurer la régulation économique et technique d’une façon uniforme des
dispositifs régissant l’exploitation des services aériens africains libéralisés. Afin d’éviter les différentes
interprétations de la décision, la mise en place de ladite agence constitue l’une des priorités de l’Union
Africaine.
Comme toute activité commerciale, la libéralisation entraînera des mésententes et des différends qui
nécessiteront un arbitrage. Les textes actuels figurant dans les accords bilatéraux ne seront plus adaptés.
Ainsi, l’adoption d’un texte de règlement des conflits et des différends s’avère nécessaire.
La Décision de Yamoussoukro a prévu un dispositif relatif aux intérêts des usagers. Toutefois, il est
nécessaire que soit défini un texte récapitulatif des droits des usagers. L’Union Monétaire Ouest
Africaine a pris des initiatives dans ce domaine. Au niveau régional africain, un texte général pourrait
être adopté.
La situation géographique des pays africains, la faiblesse des marchés nationaux à l’exception de
l’Afrique du nord et australe, la situation des compagnies aériennes et des autorités aéronautiques et
aéroportuaires sont au nombre des éléments qui expliquent que dans le transport aérien, plus qu’ailleurs,
les intérêts face aux pays tiers (Etats Unis, Union Européenne) sont loin de converger. La Décision de
Yamoussoukro n’a pas aidé au développement d’un marché de transport aérien intérieur à fort trafic.
Avec des transporteurs peu performants, la libéralisation du transport aérien n’a pas développé le trafic,
ni servi les consommateurs, ni favorisé les compagnies aériennes elles mêmes, bien au contraire.
En conclusion, il est important de noter que la libéralisation du transport aérien en Afrique est un
enjeu majeur mais il y a une absence de solidarité africaine et une absence de dynamique
communautaire.
- 60 -
3.3 CLAUSE COMMUNAUTAIRE DE L’UNION EUROPEENNE
La CAFAC a été saisie par le Directeur des transports aériens de l’UE le 13 novembre 2003, pour
l’informer que le nouveau cadre juridique implique la renégociation de tous les accords aériens existants
avec les Etats membres de l’Union Européenne qui contiennent des clauses contraires aux dispositions
de cette politique aéronautique extérieure.
(i) L’instauration de dialogue entre l’Union Européenne, l’Union Africaine et les organismes sous
régionaux de l’aviation civile en Afrique ;
(ii) Le partage de l’expérience européenne pour stimuler les échanges et assurer un transfert du
savoir faire et technologique dans le cadre d’une assistance technique en particulier dans les
domaines de sûreté et de sécurité ;
(iii)La priorité de l’Union Européenne est accordée aux projets COSCAP. D’autres opportunités
sont offertes notamment la navigation par satellite (EGNOS et GALLILEO) et la gestion du
trafic aérien (SESAR)
En attendant que l’Afrique termine le processus d’intégration et que le marché africain devienne une
réalité avec des institutions qui fonctionnent et des règles communautaires, l’Union Européenne propose
des négociations horizontales avec l’UEMOA, la SADC, la CEMAC, la COMESA
3.3.3.1 Mise en œuvre du jugement : Une brèche a ainsi été ouverte dans le dispositif
communautaire embryonnaire (Décision de Yamoussoukro)
- 61 -
Les Américains et les Européens brouillent les cartes avec la conclusion d’accords de ‘’ciel ouvert‘’.La
rapidité avec laquelle ces accords ont été paraphés, est révélatrice de l’attente des pays concernés.
3.3.4 Conclusion
Pour les Etats africains, la question qui se pose est : Quelle stratégie à adopter afin de préserver, de
renforcer le marché intérieur, d’assurer le maintien de l’équilibre bilatéral existant et de mettre en place
des gardes fous appropriés qui permettront une participation efficace et durable des Etats africains dans
le transport aérien international ?
- 63 -
bilatéral actuel et de la nécessité de lancer une initiative en faveur d'une réelle libéralisation des services
aériens. L'OACI est favorable à un processus de libéralisation progressive, accompagnée de mesures de
sauvegardes afin d'assurer la participation effective de tous les États au transport aérien international.
L'OCDE et d'autres examinent également des possibilités de faire progresser la réforme. L'espace
transatlantique commun ("Transatlantic Common Aviation Area" ou TCAA) proposé par l'Association
des compagnies européennes de navigation aérienne (AEA) constitue un projet complet destiné à
remplacer le régime fragmenté actuel par un système unifié donnant aux compagnies aériennes des
opportunités commerciales égales et assurant la couverture de leurs activités par un corps commun de
règles. En pratique, différentes voies pourraient être poursuivies parallèlement, et de manière
complémentaire, afin de parvenir à une libéralisation accrue du transport aérien.
Cette voie permettrait, lors de la renégociation d'accords bilatéraux, d'adopter des dispositions
spécifiques utilisant des termes standard définis. Ces dispositions pourraient inclure l'échange de routes
ouvertes, la désignation multiple, la liberté de capacité, la liberté de prix, l'ouverture de droits de
troisième et quatrième libertés, etc. Ce type d'approche présenterait l'avantage d'instaurer une certaine
uniformité dans le système d'accords existant, mais aujourd'hui disparate, sans perturber la structure de
base de ces accords. Le problème pourrait être qu'il n'y ait que peu de concepts communs de portée
pratique auxquels un nombre suffisant de pays serait prêt à se rallier sur une base purement bilatérale.
Cette solution s'appuie sur une extension progressive, à partir d'un noyau d'États partageant les mêmes
vues et d'accords pour établir entre eux des marchés du transport aérien pleinement libéralisés. Les
nouveaux membres devraient être agréés par les premiers participants ou pouvoir adhérer simplement en
acceptant les conditions en vigueur. Cela permettrait aux États qui en sont convenus de se rassembler
assez rapidement et éviterait de contraindre les États qui ne le souhaitent pas à changer brutalement de
politique. Ces derniers pourraient ensuite rejoindre les autres à leur rythme. Des arrangements
transitoires, sans conditions préalables contraignantes autres que quelques exigences minimales,
devraient être envisagés afin de permettre l'adhésion de nouveaux États à l'accord multilatéral mis en
place.
Dans ce cas, toutes les compagnies aériennes des pays participants seront autorisées à participer à la
concurrence pour le transport de voyageurs et de marchandises, indépendamment de leur nationalité.
Cela implique, à long terme, l'ouverture du cabotage à tous les transporteurs et la liberté de fournir des
services sur les marchés internationaux. Cette ultime situation de marché libre est celle qui assurerait la
plus grande efficacité économique. Elle pourrait être mise en place sous l'égide d'un certain nombre
d'institutions, dont des conférences diplomatiques propres au secteur de l'aviation civile et l'OMC. Les
règles du GATS, par exemple, sont un gage de clarté et de sécurité juridique et assurent à tous les
participants un traitement non discriminatoire et un accès à la procédure de règlement des litiges de
l'OMC. Certaines questions devront cependant être précisées, notamment en ce qui concerne
l'application du traitement de la nation la plus favorisée aux services de transport aérien, la possibilité de
réserves et la réciprocité.
- 64 -
3.4.1.4 Approche pragmatique
Il faut se convaincre des vertus de la libéralisation multilatérale de tous les biens et services et
considérer que, de manière générale, l'OMC s'est avérée être le mécanisme le plus efficace pour y
parvenir. Le secteur du transport aérien présente des caractéristiques particulières qui pourraient
compliquer, à ce stade, l'inclusion de l'accès direct au marché (droits de trafic) dans le GATS. Les
gouvernements qui cherchent la voie la plus rapide pour instaurer une libéralisation peuvent avoir le
sentiment que les perspectives de parvenir à une entente sur l'inclusion du transport aérien dans un
accord comptant autant de signataires que le GATS sont trop incertaines et que d'autres solutions, plus
sûres, sont préférables - du moins à court terme.
Une initiative devrait être lancée en vue de négocier, entre pays partageant les mêmes vues, un accord
sur la libéralisation du transport aérien en leur sein. Parmi les projets prometteurs existant à ce jour, on
peut retenir l'accord multilatéral tout récemment conclu par cinq pays de l'APEC, ainsi que la FTAA. La
démarche permettrait de fixer un seuil de libéralisation minimum en dessous duquel aucun pays
participant ne pourrait ultérieurement se situer.
La "Transatlantic Common Aviation Area" proposée par l'AEA est aussi un exemple utile. Cette
initiative, qui émane de l'industrie elle-même, offre un moyen pratique de progresser vers une véritable
libéralisation multilatérale des services de transport aérien. Quatre domaines principaux ont été définis
dans ce cadre comme cibles d'une action initiale :
Il est aussi prévu, dans le contexte de la TCAA, d'investir la Commission Européenne du pouvoir de
négocier les droits de trafic. ICC soutient plusieurs des propositions de l'AEA.
Le développement du transport aérien devrait être déterminé par des considérations économiques et
techniques et pas par des questions de fierté nationale et de propriété nationale. Les changements seront
considérablement accélérés surtout que l'industrie et le développement de nouvelles technologies font
pression pour obtenir les avancées nécessaires pour la concrétisation de la mondialisation.
Le transport aérien ne peut jouer son rôle économique que s'il existe des infrastructures et des
équipements appropriés. Par conséquent, le développement des capacités aéroportuaires existantes, la
mise en œuvre du plan CNS/ATM, le respect des normes de sécurité et de sûreté, le renouvellement du
matériel volant et la maîtrise des nouvelles technologies (SIR, CRS, E-ticketing, Yield-managment,)
constituent des défis majeurs à relever en Afrique.
- 65 -
Une approche combinée permettra aussi d'obtenir au moins certaines améliorations de la prestation des
services aériens internationaux, en attendant que les questions empêchant une libéralisation plus
complète soient résolues. Toute réforme de grande ampleur devrait être conçue de manière à pouvoir
être étendue à des pays ou à des groupes de pays n'ayant pas initialement participé à l'accord mais
poursuivant leur propre stratégie de libéralisation à l’intérieur et l’extérieur du continent
Le défi majeur et l’urgence pour l’Union Africaine est l’achèvement du processus de libéralisation du
transport aérien grâce à la mise en œuvre totale de la Décision de Yamoussoukro à travers le continent.
Ceci devrait aboutir au remplacement des centaines d’accords aériens qui régissent actuellement les
relations aériennes entre les pays africains par un accord multilatéral.
1. Œuvrer avec les pays du Sud pour convoquer, avant 2010, une conférence diplomatique sur
le multilatéralisme dans le transport aérien sous l’égide soit de l’OACI, soit de l’OMC ;
2. Elaborer et adopter un accord multilatéral à la lumière des résultats de ladite conférence.
- 66 -
4. FINANCEMENT DU SECTEUR AERONAUTIQUE EN AFRIQUE
Les besoins de financement du secteur public de l’aéronautique sont exprimés par les structures et les
démembrements de l’Etat, chargés de la gestion des infrastructures, installations et équipements
aéroportuaires, des services de navigation aérienne ainsi que de la réglementation et du contrôle de
l’aviation civile.
Les infrastructures aéroportuaires (pistes d’atterrissage, aérogares, hangars fret) des Etats africains se
composent de 117 aéroports internationaux (pistes de 2400 à 3500 m asphaltées) régulièrement
exploités, de 500 aéroports nationaux (pistes de 1000 à 2000 m) et de plus de 1000 autres aérodromes
domestiques (peu entretenus).
Chacun des cinquante-trois (53) Etats membres de l’Union Africaine dispose d’au moins un aéroport
international ouvert à la circulation aérienne publique et recensé par l’Organisation de l’Aviation Civile
Internationale (OACI). Ces aéroports construits pour l’essentiel dans les années 1960, connaissent des
détériorations et des insuffisances liées à l’usure du temps ou à l’évolution de la technologie.
Les carences constatées par les audits de l’OACI et/ou de la Federal Aviation Administration (FAA),
imposent les travaux de réfection, d’entretien, de réhabilitation, d’extension des aérodromes et des
services de navigation aérienne, conformément aux normes et pratiques recommandées de l’OACI.
En vue de lever les contraintes, des actions sont engagées, notamment dans:
(i) la grande majorité des Etats : allongement ou réhabilitation de pistes d’atterrissage, voies de
circulation et taxiway, aires de stationnement, achats de groupes électriques, extension et
réaménagement des aérogares passagers et hangars fret, devenus exigus en capacité ou construction de
clôtures.
(ii) la plupart des Etats : acquisition et/ou entretien des équipements de contrôle de sûreté : matériel
d’établissement de badges d’accès, détecteurs électromagnétiques, portiques à rayons x, caméras de
surveillances, notamment lors des manifestations internationales et/ou continentales (CAN, Sommet de
l’Union Africaine, de la BAD, etc) ;
(iii) certains Etats, de gros travaux d’aménagement sont entrepris : réaménagement de l’aéroport
d’Alger (Algérie), construction du nouvel aéroport d’Addis-Abeba, à la suite des dommages subis lors
de la guerre en 1998, un programme spécial de mise aux normes OACI de l’Aéroport International
Osvaldo Vierra de Bissau a été engagé pour un coût de 7,436 milliards francs CFA. Le groupe Egyptian
- 67 -
Holding Co. for Airports and Air Navigation (EHCAAN) a décidé de reconstruire en 2006, deux
terminaux (T1 et T2) et un nouveau hall (H3) à l’aéroport international du Caire pour un montant de 74
millions d’Euros ainsi que la construction d’un nouveau terminal (T3) en 2007, dans l’objectif de faire
du Caire un hub d’une capacité de 20 millions de passagers par an en Afrique du Nord. Egalement en
Tunisie, l’OCAA a entrepris des travaux d’aménagement des aéroports internationaux pour répondre à
la croissance du tourisme. Le gouvernement sénégalais a engagé des études de faisabilité pour la
construction du nouvel aéroport Blaise Diagne prévu à Ndiass, à 100 km de Dakar pour un coût estimé à
173 milliards francs CFA. Airports Company of South Africa (ACSA) a entrepris depuis 2002 de
construire un nouveau terminal à l’aéroport international de Johannesburg, capable d’accueillir les
nouveaux aéronefs de plus grandes dimensions (Code F de l’Annexe 14), de type Airbus A380. Le
gouvernement béninois a déjà consacré 253 millions francs CFA en 2002 et 2003 pour la délimitation et
la libération de l’emprise de l’aéroport de GLODJIGBE et l’étude de faisabilité des voies d’accès. De
même, le Burkina a consacré plus de 300 millions francs CFA à des études de faisabilité du nouvel
aéroport de Ouagadougou, prévu à Tabtinga. Kenya Airports Authority a engagé en 2006, un
programme d’investissements de 100 millions US Dollars dont 10 millions USD par la Banque
Mondiale, pour augmenter la capacité de l’aéroport de Nairobi de 2,5 millions à 4 millions de passagers.
L’espace aérien contrôlé par les Etats africains couvre une superficie de plus de 80 millions de km² de la
Région Afrique Océan Indien (AFI) suivant les spécifications techniques du plan de navigation aérienne
de l’OACI RAN/AFI 7. Les services de navigation aérienne et de météorologie aéronautique sont
assurés par des établissements publics qui ont contrôlé plus de deux (2) millions de mouvements
d’aéronefs en 2004.
17 Etats (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Congo, Comores, Côte d’Ivoire, Gabon,
Guinée Bissau, Guinée Equatoriale, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad, Togo et Sénégal) se
sont regroupés au sein de l’Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique (ASECNA)
qui assure le contrôle d’un espace de 16 millions de Km2 avec plus de 500 000 mouvements d’aéronefs
par an.
Le plan RAN/AFI 7 de l’OACI a mis en place un Groupe régional AFI de planification et de mise en
œuvre (APIRG) des infrastructures de navigation aérienne en Afrique. APIRG est chargé notamment
d’assurer la transition du passage des aides radio-électriques de navigation aérienne classique (VOR,
DME, ILS, NDB) à la réalisation du Global Navigation Satellite System (GNSS) pour la mise en œuvre
intégrale du système de navigation par satellite (CNS/ATM), prévue par le plan mondial de l’OACI en
2010, ainsi que l’établissement de centres de contrôle de l’espace aérien supérieur (UACC).
La mise en œuvre du GNSS s’effectue en trois phases pour être opérationnelle à l’horizon 2010. A cet
effet, les services de navigation aérienne des Etats africains ont adopté des programmes pluriannuels
d’investissements :
(i) l’ASECNA a ainsi adopté un programme d’investissements de 172 milliards FCFA. Elle assure le
financement de ce plan sur fonds propres et par recours aux prêts (100 milliards FCFA) auprès de la
BOAD, l’AFD, la BEI ;
(ii) Air Trafic Navigation System Co. d’Afrique du Sud (ANTS) a prévu des investissements de l’ordre
de 1,467 milliards de Rands.
La 15ème réunion du groupe APIRG, tenue à Nairobi en septembre 2005, a identifié les carences
suivantes :
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(i) aéroports : insuffisances dans la mise en place des plans d’urgence aux aérodromes, la
formation du personnel ainsi que la lutte contre l’incendie et le risque aviaire ;
(ii) circulation aérienne : insuffisance ou absence de financement des services de recherche et
sauvetage (SAR) ;
(iii) télécommunications aéronautiques : existence en 2005 de carences de priorité « A » et « U » dans
les domaines RSFTA (8), ATS/DS (28) AMS (7) et ARNS (38) ;
(iv) météorologie aéronautique : la mise en œuvre des microstations (VSAT) du SADIS est effective à
80%.
En conclusion, Les besoins de financement du secteur public de l’aéronautique civile en Afrique sont
énormes. En juin 2000, l’OACI a estimé que les besoins d’investissements des 187 Etats contractants,
pour les aéroports et les services de navigation aérienne d’ici à l’an 2010 dépasseront 300 milliards US
Dollars. La part de l’Afrique est estimée à plus de 80 milliards US Dollars.
L’IATA et l’AFRAA interpellent également les Etats africains afin qu’ils mettent leurs infrastructures,
installations et équipements aéroportuaires aux normes internationales de l’OACI pour leur permettre de
les utiliser de façon efficiente, tenant compte des redevances et taxes aéronautiques qu’elles paient.
Le coût de la mise en œuvre de ces nouvelles technologies préoccupe les Etats africains. La réunion des
Ministres africains chargés de l’aviation civile, tenue à Montréal le 21 février 2002 souligne que « la
plupart des Etats en développement éprouvent des difficultés à accéder à de nombreux marchés
financiers, en particulier aux marchés de capitaux étrangers, pour financer l’infrastructure des aéroports
et services de navigation aérienne ».
Les Etats africains, signataires de la Convention de Chicago, ont l’obligation comme tous les 189 Etats
contractants de mettre en place un organe compétent, doté des moyens nécessaires pour élaborer et
appliquer la réglementation conformément aux normes et pratiques recommandées de l’OACI.
La mise en œuvre de la Décision de Yamoussoukro du 14 novembre 1999 doit avoir pour corollaire le
renforcement des capacités des Autorités de l’aviation civile au niveau national, des Communautés
- 69 -
Economiques Régionales (CER), de la CAFAC et de la Commission de l’Union Africaine (Agence
d’Exécution), afin qu’elles puissent jouer pleinement leur rôle de régulateur.
Toutes les organisations internationales (OACI,CAFAC) s’accordent sur la nécessité pour ces autorités
d’aviation civile d’acquérir et de maintenir une expertise de haut niveau nécessaire à l’efficacité de leurs
missions de réglementation et de contrôle notamment en matière de sécurité et de sûreté. Elles
recommandent aux Etats africains de leur accorder une autonomie financière et de gestion. Certains
Etats africains ont déjà institué de telles Agences autonomes (Bénin, Cameroun, Cap Vert, Congo,
Gambie, Ghana, Mali, Nigéria, Sénégal) tandis que d’autres sont au stade d’étude de faisabilité.
De même, les CER intervenant dans la mise en œuvre de la Décision de Yamoussoukro ont besoin
d’établir en leur sein une Unité transport aérien d’au moins quatre cadres spécialisés en aviation civile
(Juriste, Economiste, Ingénieur, Statisticien) pour pouvoir élaborer, coordonner et harmoniser la
régulation économique et la réglementation technique.
Les Ministres africains chargés de l’aviation civile, réunis à Sun City en mai 2005, ont décidé de
dynamiser le fonctionnement de l’Organe de suivi et de créer l’Agence d’Exécution prévue par la
Décision de Yamoussoukro.
Le renforcement des capacités de toutes ces Autorité aéronautiques africaines, nécessite la mise à
disposition de ressources financières suffisantes pour assurer la régularité et l’efficacité de leur
fonctionnement.
Les besoins du secteur privé sont exprimés par les opérateurs (compagnies aériennes) et les prestataires
de services du transport aérien (services d’aéroports et de navigation aérienne, d’assistance en escale et
catering). Ceux-ci ont essentiellement besoin de capitaux, d’équipements, de matériel d’exploitation, de
ressources humaines qualifiées et de réduire les coûts d’exploitation élévés. .
Il est constaté la sous capitalisation de la grande majorité des compagnies aériennes africaines, souvent
lourdement endettées et confrontées à de graves difficultés de trésorerie. Une minorité de compagnies,
(notamment SAA, Egypt Air, Ethiopian Airlines, Kenya Airways, Air Algérie, RAM, Tunis Air, Air
Sénégal, Air Botswana, Air Mauritius, Air Seychelles) ont le capital social requis, la surface financière
adéquate et la taille critique pour faire face aux charges d’exploitation (notamment carburant, assurance,
maintenance des aéronefs et système de réservation informatisé, redevances aéronautiques).
La pénurie des ressources financières et la faiblesse des capacités techniques, ont conduit les Etats
africains à faire appel dès les années 1960, à des capitaux extérieurs pour financer notamment le capital
social de leurs compagnies aériennes (exemple l’entrée de la SODETRAF à hauteur de 28% dans la
capital d’Air Afrique en 1961).
- 70 -
4.1.2.2 Equipements et matériels
Le besoin de renouvellement de la flotte en Afrique, est estimé à 641 gros et moyens porteurs dans la
période 2004-2023 par Airbus.
Le coût d’un aéronef de nouvelle génération varie entre 40 et 150 millions US Dollars, selon le module
(petit, moyen ou gros porteur).
Les compagnies aériennes africaines, généralement en difficultés d’exploitation ne peuvent pas obtenir
des crédits auprès des banques en vue d’acquérir les avions neufs, faute généralement de garantie
suffisante et aussi de la politique prudentielle desdites banques régionales de développement ainsi que
des taux de crédit élevés des banques commerciales.
La formule de crédit-bail est quelquefois utilisée en Afrique pour financer l’acquisition des aéronefs.
Elle présente des avantages et des inconvénients.
Au titre des avantages, c’est la possibilité de disposer rapidement d’un aéronef sans débourser de
grosses sommes. Au titre de inconvénients, l’absence de propriété n’enrichit pas le patrimoine et à long
terme elle est plus coûteuse pour le locataire car celui-ci doit absorber les frais généraux et les bénéfices
du fréteur.
- 71 -
4.1.2.2.2 Industrie de la construction aéronautique
En l’absence de moyens financiers et d’une technologie de haut niveau, les Etats africains achètent ou
louent les aéronefs fabriqués dans les pays industrialisés (Etats-Unis avec Boeing, Union européenne
avec Airbus, ex-URSS avec Tupolev, Iliouchine,). Certaines compagnies aériennes ont développé une
expertise leur permettant d’assurer en partie la maintenance et l’entretien de leurs aéronefs. Ces centres
d’entretien sont l’embryon d’une industrie de la construction aéronautique africaine.
L’entretien des aéronefs (checks A, B,C et parfois D) s’effectue par des ateliers agréés par les
Administrations de l’aviation civile de certains Etats (Afrique du Sud, Algérie, Kenya, Ethiopie,
Nigeria, Maroc, Tunisie). Les gros travaux (Checks D) ainsi que l’inspection des réacteurs s’effectuent
généralement à des coûts élevés dans les pays industrialisés.
Des projets de création de centres de maintenance sont à l’étude dans différents pays, dans l’objectif de
faire baisser les coûts d’exploitation des compagnies aériennes africaines.
Les gestionnaires d’aéroports et des services de navigation aérienne ont un savoir-faire leur permettant
d’assurer l’entretien des équipements techniques. Toutefois, certains d’entre eux manquent de moyens
financiers pour acquérir les pièces détachées ou de nouveaux équipements plus performants.
La grande majorité des compagnies aériennes réalise elles-mêmes leur auto-assistance au sol dans leurs
pays d’origine, réalisant ainsi des économies. Certaines font de l’assistance aux tiers. Les besoins de
financement exprimés concernent le renouvellement du matériel d’exploitation (tracteurs, chariots,
élévateurs, loaders…) et la formation continue du personnel en vue de se conformer aux normes et
pratiques recommandées de l’OACI et à celles fixées par le Airport Handling Manual (AHM) de
l’IATA.
Les autres prestataires du transport aérien, comme les exportateurs de fruits et légumes, de produits
horticoles, de viandes, de poisson, en matière de fret aérien, connaissent des difficultés d’exploitation :
insuffisance d’avions cargos (38 avions cargos) et de hangars fret frigorifiques dans certains Etats
africains (Afrique de l’Ouest et du Centre notamment).
Les transitaires et les pétroliers, bien que réalisant d’importants chiffres d’affaires sont tributaires de
l’évolution en dents de scie du marché du transport aérien africain.
Toutes les compagnies aériennes africaines sont confrontées à la problématique des coûts d’exploitation
qui sont parmi les plus élevés au monde, notamment en raison des facteurs suivants :
- prix du carburant : les compagnies aériennes sont vulnérables à la hausse continue du prix du
carburant, de 30 US Dollars le baril en 2002 à 75 US Dollars le baril en 2006, soit 150%
d’augmentation. Cette augmentation surenchérit le prix du carburéacteur (Jet A1) et entraîne des
pénuries sur certaines plateformes aéroportuaires. L’IATA estime que le coût du carburant
représente 25% des charges de ses 265 compagnies membres et, est la principale cause des
- 72 -
déficits enregistrés par certaines compagnies aériennes en 2005 (au total 7,5 milliards US
Dollars).
- Nouvelles technologies : en vue de réaliser des économies d’échelle (estimées à 6,5 milliards US
Dollars) et de lutter contre la fraude, l’IATA a adopté l’application du billet électronique et ses
composantes (bagages et fret) à compter de décembre 2007. Il en découle l’obligation pour
toutes les compagnies aériennes du monde de s’équiper pour être connectées à cette nouvelle
technologie d’où des besoins de financement supplémentaire pour les compagnies aériennes
africaines ;
- Audits IOSA : dans l’objectif de compléter le programme d’audits OACI pour renforcer la
sécurité aérienne, l’IATA a lancé une initiative IATA’s Oversight Safety for Airlines (IOSA).
L’agrément IOSA a un coût élevé et à ce jour seules trois compagnies africaines ont entrepris de
l’obtenir : Egypt Air, Kenya Aiways et SAA.
- Taxes aéronautiques : les compagnies aériennes africaines se plaignent fréquemment de la
prolifération, du taux et de l’augmentation continue des redevances et taxes aéronautiques qui
remettent en cause leurs efforts de productivité et se répercutent négativement sur le tarif du
billet pour les passagers. En effet, les tarifs aériens en Afrique sont ainsi parmi les plus chers au
monde, selon le kilomètre parcouru (20 à 30% plus élevé) parce que les redevances représentent
presque le tiers du coût du billet. Certaines compagnies sont lourdement endettées à cause des
redevances aéronautiques à l’égard des services d’aéroports et des organismes de navigation
aérienne.
Différentes écoles ont été créées par les Etats africains en vue de délivrer, à moindre coût, le savoir-
faire et l’expertise nécessaires aux besoins des opérateurs et des prestataires de service aérien : ANTS
en Afrique du Sud, Ethiopie, Egypte, Nigeria (centre de Zaria), ASECNA (avec ses trois écoles
aérienne (EAMAC , ERNAM, ERSI) etc. Ethiopian Airlines a prévu de transformer son centre de
maintenance à Addis Abeba en un centre régional de formation en aéronautique.
L’AFRAA délivre chaque année des sessions de formation professionnelle aux cadres de ses 42
compagnies aériennes membres.
En novembre 2005 grâce à un partenariat tripartite : Air France, ASECNA et Etat malien, a été créé à
Bamako l’Institut Africain des Métiers de l’Aérien (IAMA) au capital de 250 millions FCFA.
L’objectif poursuivi par l’IAMA est d’assurer une formation initiale et continue destinée au personnel
de l’aéronautique civile en matière d’assistance au sol et plus tard en billetterie, en maintenance au sol
et en transit aérien, en vue de maintenir un niveau élevé de sûreté et de sécurité aériennes des
opérations techniques au sol.
Par ailleurs, les normes et pratiques recommandées de l’OACI, salutaires pour le renforcement de la
sécurité et de la sûreté aériennes, créent de nouvelles contraintes pour les Etats africains, principalement
des charges financières supplémentaires en termes d’investissements, d’expertise et de frais généraux
pour les administrations de l’aviation civile, les exploitants d’aéroports, les compagnies aériennes ainsi
que tous les intervenants de la plate-forme aéroportuaire.
- 73 -
En conclusion, il faut souligner que les coûts des emprunts publics ou privés doivent être généralement
payés en devises étrangères d’où une ponction sur les réserves de devises des Etats africains. Il en
découle ainsi la nécessité pour les Etats africains d’avoir individuellement ou collectivement une
politique de monnaies et de changes leur permettant de financer le secteur aéronautique dans de bonnes
conditions économiques.
Diverses sources sont utilisées pour financer les besoins en investissements de l’Afrique : budget des
Etats, autofinancement des entités et organismes autonomes, prêts ou aides des pays étrangers, banques
et fonds de développement, prêts commerciaux, participation au capital social.
Le budget des Etats africains dont les recettes proviennent pour l’essentiel de l’impôt et des taxes
douanières, n’accorde pas, ou le fait de façon insuffisante des crédits au transport aérien. La priorité des
Etats africains, dans le contexte de crise économique et du Programme d’Ajustement Structurel (PAS),
est orientée vers les secteurs socio-économiques : santé, agriculture, éducation, dettes, lutte contre la
pauvreté…
L’OACI, consciente de l’insuffisance des moyens financiers consacrés au secteur aéronautique, souligne
que :
« La mise en œuvre et l’entretien des services d’aéroport et de navigation aérienne présents par les plans
régionaux de navigation aérienne sont particulièrement graves pour les économies moins avancées ;
parmi ces problèmes, il convient de citer les ressources financières limitées dont ces Etats disposent
pour leur développement économique en général, le rang élevé de priorité assignée à d’autres secteurs
de l’économie dont les besoins sont considérés comme étant plus urgents, la sous utilisation des
aéroports et des services de navigation aérienne, le coût élevé de l’achat de l’équipement à l’étranger et
la difficulté de recruter et de garder suffisamment de personnel qualifié ». (Cf. Doc. OACI N° 9082/6,
p.1).
Cependant, le financement par le budget national a été important dans les années 1960 (construction des
aéroports internationaux, création de l’ASECNA, de East African Airways, d’Air Afrique), mais cela a
tendance à décliner au fur et à mesure que progresse, l’autonomisation des entités d’administration de
l’aviation civile, de gestion des aéroports et des services de navigation aérienne.
Par ailleurs, il faut indiquer que certains Etats africains mettent en place des systèmes de partage de
coûts ou de cofinancement des projets de transport aériens comme c’est le cas pour le financement des
projets COSCAP relatifs à la supervision de la sécurité aérienne de la CEDEAO, de la CEMAC et de
l’UEMOA. En effet, un panel de bailleurs de fonds (BAD, USTDA, IFFAS), de partenaires au
développement (OACI, Union Européenne, Coopération française) se sont engagés à apporter une
assistance financière complémentaire (3 à 4 millions US Dollars) à la mobilisation de la quote-part des
Etats concernés (environ 1 millions USD).
- 74 -
4.2.2 Autofinancement
L’autofinancement concerne à la fois le secteur parapublic (entités autonomes de l’aviation civile, des
services d’aéroports et de navigation aérienne) et le secteur privé (compagnies aériennes et prestataires
de service aérien). Ce mode de financement est devenu le plus important et le plus courant dans les Etats
africains.
Certains Etats africains ont confié la gestion de ces ouvrages à des Administrations de l’aviation civile
autonomes (Ghana Civil Aviation Authority, ANAC au Congo) ou à des établissements publics
autonomes (Office de l’Aviation Civile et des Aéroports de Tunisie, Etablissement de Gestion des
Services Aéroportuaires d’Alger, Agence Nationale de l’Aviation Civile du Congo, Kenya Airports
Authority..). D’autres Etats à un organisme public international comme l’ASECNA.
Ces entités fournissent des services aux usagers (compagnies aériennes et passagers) et perçoivent en
contrepartie les produits de redevances aéronautiques. Les recettes ainsi perçues concernent
généralement plusieurs redevances aéroportuaires et de services en route, ainsi qu’il suit :
redevance d’usage des aides et services en route perçue pour tout vol dans l’espace contrôlé par
le service de navigation aérienne, visant à recouvrer les coûts de la fourniture de services de
navigation aérienne (Tour de contrôle, balise, VOR, DME, ILS etc.) et calculée d’après le poids
maximum au décollage de l’aéronef et la distance parcourue sur la base de coefficients appliqués
aux différents vols. Cette redevance apporte généralement 80% des recettes des organismes de
navigation aérienne (ASECNA, ANTS, EGHAAC, OCAA …) ;
redevance d’atterrissage fixée en fonction du poids maximal admissible au décollage porté sur
le Certificat de Navigabilité (CDN) et répartie entre l’organisme de navigation aérienne, le
gestionnaire de l’aéroport et l’Etat ;
redevance de balisage lumineux de piste due à l’organisme de navigation aérienne en raison de
la couverture des coûts d’installation du balisage, par atterrissage ou décollage de l’avion, selon
son poids ;
redevance de stationnement due au gestionnaire de l’aéroport, par tout aéronef selon le poids et
la durée d’utilisation de l’aire de trafic ou de l’aire de parking en raison de la couverture des
coûts de construction et d’entretien du parking avion ;
redevance passagers due par tout passager détenteur d’un billet de voyage en raison de la
couverture des coûts de prestations à l’aéroport, généralement perçue par le transporteur aérien
et versée au gestionnaire de l’aéroport ;
redevance sûreté due par chaque passager embarquant en raison de la couverture du coût des
investissements de sûreté aéroportuaire ;
redevance carburant due sur les quantités de carburant Jet A1 vendues par le pétrolier ;
redevance fret perçue sur les marchandises embarquées ou débarquées par les compagnies
aériennes ;
autres redevances et taxes ne correspondant pas à des services rendus de certains Etats africains
(heures extra légales, taxe de développement touristique, taxe de la municipalité, taxe
compensatoire pour les non résidents) ;
recettes extra aéronautiques dites domaniales et commerciales perçues par les exploitants des
aéroports au titre de location et de prestations diverses.
Un sondage effectué en 1999 par l’OACI, indique que sur 68 aéroports de 18 pays africains, 43 avaient
des recettes excédentaires et 25 avaient des difficultés à couvrir leurs charges. Un autre sondage de
l’OACI portant sur 62 aéroports de 15 pays africains, indique des dépenses d’investissements de l’ordre
de 318,375 millions US Dollars en matière d’infrastructures aéroportuaires par autofinancement.
- 75 -
Les entités autonomes utilisent quelquefois le préfinancement au moyen de paiement à l’avance des
redevances aéronautiques (en vigueur notamment dans les Etats membres de l’ASECNA) pour pouvoir
moderniser les équipements de sûreté aéroportuaire, les banques d’enregistrement, la construction de
voies de circulation ou l’extension des parking avions ou véhicules.
Cependant, les établissements publics, chargés de gérer les aéroports et les services de navigation
aérienne restent confrontés à des difficultés financières face aux exigences des mutations technologiques
du transport aérien (CNS/ATM) d’où recours à des endettements massifs et à des augmentations
systématiques des taux des redevances et taxes aéronautiques, à des prêts auprès des banques de
développement et/ou commerciales.
Kenya Airways a été l’une des premières compagnies aériennes africaines à accepter la privatisation en
1996. Progressivement, les Etats africains vont accepter de plus en plus de se désengager du capital
social de leurs compagnies aériennes.
La privatisation entre 2000 et 2002 de quatre (04) compagnies nationales (Air Sénégal, Air Ivoire Air
Burkina et Compagnie Aérienne du Mali) est significative à ce sujet. Air Sénégal a été reprise par Royal
Air Maroc à 51% ; Air Mauritanie (82% privés et 18% Etat), Air Ivoire par Air France à 51% ; Air
Burkina (86%) et Compagnie Aérienne du Mali (51%) par l’Agha KHAN.
Certaines privatisations ont eu recours au marché des bourses de valeurs : Tunis Air (20%), Carthago
Airlines (40%), RAM (40%) et Kenya Airways.
D’autres compagnies aériennes ont vu le jour en Afrique de l’Ouest et du Centre, notamment à la suite
de la liquidation d’Air Afrique (Africa West, Afrique Airlines, West African Airlines, Air Togo, Faso
Aiways, NAS Air, STA, ...) grâce à des investissements d’opérateurs privés africains mais la grande
majorité d’entre elles n’a pu survivre plus de deux ans.
Les facteurs favorables à la participation financière au capital social des compagnies aériennes, sont
entre autres, la consolidation du fonds de commerce constitué par le vaste portefeuille des droits de
trafic libéralisés par la Décision de Yamoussoukro, le vide laissé par la liquidation d’Air Afrique, la
hausse de la demande de transport aérien et surtout le désengagement de l’Etat du secteur marchand du
transport aérien.
Des projets de privatisation de compagnies aériennes sont en cours (Air Gabon, CAMAIR) ainsi que des
projets de création de nouvelles compagnie aériennes régionales, telles que Air CEMAC (ou Equatorian
Airlines) ou le projet de compagnie aérienne régionale de la Société de Promotion d’une Compagnie
Aérienne Régionale (SPCAR) dans le cadre de l’UEMOA et de la CEDEAO.
- 76 -
4.2.3.2 - Services d’aéroports et de navigation aérienne
La privatisation et la mise en concession des aéroports internationaux ont permis à des capitaux privés
nationaux et étrangers de participer au capital social de nombre d’entreprises ou des sociétés
d’économie mixte ( ACSA en Afrique du Sud, FAAN au Nigeria, SOGEAC en Guinée Conakry, etc.).
D’autres Etats ont mis en concession la gestion de leurs aéroports à l’ASECNA (Bénin, Burkina Faso,
RCA, Sénégal, Tchad, Niger, Guinée Equatoriale) en attendant l’aboutissement des projets de
privatisation.
Ces différentes opérations ont été favorisées par le désengagement de l’Etat du secteur marchand du
transport aérien. Ce qui a permis à ces sociétés d’attirer les capitaux privés et d’accéder au marché
international du crédit.
Il est à souligner que la privatisation de AERIA lui a permis de mobiliser par voie de BOT la somme de
25 milliards FCA pour rénover l’aéroport international d’Abidjan entre 1998 et 2000.
Dans le domaine de l’assistance en escale : après ST-Handling en 1998 au Togo, deux nouvelles
sociétés (SHS et AHS) ont été créées en 2002 au Sénégal. AHS s’est étendue ensuite à travers des
filiales au Bénin, au Niger et ambitionne remplacer toutes les Régies Administratives, mises en place
consécutivement à la liquidation d’Air Afrique.
Les compagnies aériennes et les sociétés de prestation de service aérien qui offrent des garanties de
surface financière suffisante bénéficient de prêts auprès des banques commerciales locales et
internationales. Les banques commerciales internationales qui présentent les dispositions les plus
favorables au financement du transport aérien africain sont Barclays, Citibank, et Standard Chartered
Bank, selon Elijah CHINGOSHO dans « African airlines in the era of liberalization ».
Les compagnies aériennes africaines qui ont su faire preuve de restructuration (SAA, Kenya Airways,
Ethiopian Airlines) ou qui bénéficient de la manne du tourisme (RAM, Air Algérie, Egypt Air, Tunis
Air…) mobilisent sur fonds propres des ressources financières pour leur développement et bénéficient
de la confiance des banques commerciales pour accéder au crédit. C’est ainsi que certaines d’entre elles
ont lancé des programmes de renouvellement de leur flotte aérienne : Air Algérie s’est dotée de 25
nouveaux aéronefs entre 2002-2005, en 2004 Air Sénégal, Kenya Airways et Egypt Air ont reçu de
nouveaux avions ; Ethiopian Airlines a lancé une commande de 10 avions Boeing B787 Dreamliner et
SAA a commandé 41 nouveaux aéronefs. De même, en 2005 Air Burkina a introduit un Airbus A319 et
Air Ivoire deux Airbus A320 dans leur flotte.
D’autres compagnies aériennes pratiquent les différents formes de location d’aéronefs (coque nue ou en
ACMI) auprès des fréteurs (notamment IFLC, GECAS et autres compagnies européennes) pour pouvoir
exploiter leurs réseaux.
L’assistance bilatérale, après son effondrement dans les années 1990, recommence à prendre de
l’ampleur avec les initiatives du Millenium en 2000, de l’initiative PPTE et du G8 en 2005. Toutefois,
les résultats concrets se font attendre. Ainsi, en fin 2002, l’aide au développement fournie par l’Union
Européenne aux Etats africains s’élevait à 0,34% du PIB et celle des Etats Unis à 0,12% du PIB ; donc
en deçà de l’objectif de 0,7% du PIB fixé par les Nations Unies.
Dans le cadre de l’aide bilatérale, les Etats africains ont bénéficié de prêts à des taux concessionnels et
d’assistance financière de la part de plusieurs Gouvernements étrangers, notamment la France, la
Grande Bretagne et les Etats-Unis d’Amérique.
- 78 -
(i) La France utilise plusieurs instruments :
l’Agence Française de Développement (AFD) qui a évalué en 1999 avoir consacré plus de
400 millions US Dollars entre 1982 et 1997, au financement des infrastructures
aéroportuaires (réhabilitation, réforme institutionnelle) dans plus de 30 Etats africains.
L’AFD avait également souscrit au capital d’Air Afrique (25, 199 milliards FCFA) à hauteur
de 9,1% . En juin 2004, l’AFD a signé une convention de financement de 1,3 millions
d’Euros pour la réhabilitation de l’aéroport d’Atar en Mauritanie. Sa filiale PROPARCO est
présente également dans le capital social de certains gestionnaires d’aéroports en Afrique
(ADL, AERIA) ;
le Ministère chargé de la Coopération française qui a, entre autres, accordé des crédits d’un
montant de plus de 1 million Euros d’appui à l’UEMOA et de plus de 2 millions d’Euros à la
mise en œuvre des projets COSCAP relatifs à la supervision de la sécurité aérienne des Etats
membres du Groupe de Banjul et de l’UEMOA ;
le COFACE pour garantir l’exportation des équipements, matériels et aéronefs achetés par
certains organismes et compagnies aériennes dont l’ASECNA et l’ex Air Afrique.
(ii) La Grande Bretagne apporte une aide bilatérale similaire aux Etats africains anglophones et utilise
les services de Export Credits Guaranted Departement (ECGD) pour garantir les exportations des achats
d’aéronefs et d’équipements aéronautiques.
4.2.6.1.1 -ASECNA-Services
Dans l’objectif de diversifier ses activités, l’ASECNA a créé une filiale, ASECNA-Services dont l’objet
est la prise de participation et la réalisation de toutes opérations financières, commerciales et
industrielles. Doté d’un capital de 5 milliards francs CFA, ses statuts ont été mis en conformité avec les
textes de l’OHADA le 09 juillet 1998 à Bata.
- 79 -
Les interventions financières de ASECNA-Services ont été à ce jour :
- Appui aux Etats membres de l’ASECNA pour payer leurs cotisations à l’OACI pour un montant
de 355.906.950 francs CFA ;
- Prêt de 300 millions FCFA sans intérêt et remboursable en deux ans (compte spécial, déduction
d’impôts, trésor public) à chaque Etat. A ce jour, 1.759.898.436 FCFA ont été octroyés aux Etats
membres de l’ASECNA ;
4.2.6.1.2.-BOAD
Elle est également actionnaire de la SPCAR à hauteur de 30% du capital social (200 millions francs
CFA) en vue de la création d’une compagnie aérienne régionale.
4.2.6.1.3-BIDC
4.2.6.1.4 –ECOBANK
ECOBANK, banque privée des Etats membres de la CEDEAO est également actionnaire de la
SPCAR à hauteur de 30% du capital social (200 millions francs CFA) en vue de la création d’une
compagnie aérienne régionale.
4.2.6.1.5 –BAD
- Le 16 mai 2005, elle a octroyé un don FAD de 4,6 millions UC (soit environ 6 millions USD)
aux Etats membres de la CEMAC, de la CEDEAO et de l’UEMOA pour la mise en œuvre d’un
programme COSCAP relatif à la sécurité aérienne.
- Dans le domaine du secteur privé, la BAD participe par des opérations de prêts, des prises de
participation, des garanties et une assistance technique au financement de projets et programmes
dans le secteur privé, y compris les petites et moyennes entreprises et la privatisation. Elle
effectue également des études en vue d’identifier les opportunités d’investissement et de susciter
la création d’un climat favorable au développement du secteur privé. Elle dispose ainsi de
plusieurs produits pouvant intéresser les compagnies aériennes, les gestionnaires des services
d’aéroport et de navigation aérienne :
Financement d’infrastructures au sol (aéroport, centre de maintenance,
catering, etc…) pour des projets dont le coût total est supérieur à 10
millions US Dollars avec un niveau de fonds propres de 25 à 40% ;
Financement indirect de petits projets, de compagnies aériennes et de
PME à travers des participations dans des fonds d'investissements et des
lignes de crédit à des banques commerciales : ex. Emerging Management
Partnership qui a accordé un prêt à Air Ivoire ; Zénit Bank au Nigéria qui
a bénéficié de 100 millions USD de la BAD.
Toutes ces opérations obéissent à des règles précises avec la mise en vigueur de critères d’évaluation
des risques pays et des risques de chaque projet.
4.2.6.1.6 -NEPAD
Le Nouveau Partenariat pour le Développement en Afrique (NEPAD) n’est pas une institution
financière en tant que telle mais un programme global, mis en place en juillet 2001, intégrant plusieurs
aspects du développement du continent dans le cadre de l’Union Africaine. Les instruments du NEPAD
sont : la Conférence des Chefs d’Etat de l’Union Africaine, le Comité des Chefs d’Etat des 5 régions
africaines (Nord, Ouest, Centre, Est, Australe) ; le Comité de pilotage des 5 pays fondateurs (Algérie,
Egypte, Sénégal, Nigéria et Afrique du Sud) ; le Secrétariat pour la coordination et la communication
(basé en RAS). Le Comité de Pilotage est l’organe clé qui supervise 5 groupes de travail (paix et
sécurité, gouvernance politique et économique, normes financières et bancaires, infrastructures, accès au
marché), chargés d’élaborer des conventions i.e des codes de conduite. L’originalité du dispositif
NEPAD repose sur l’instauration d’un mécanisme de surveillance, la revue des pairs.
Le NEPAD poursuit « l’objectif de cieux et aéroports sûrs, sans risque et efficaces (qui) consiste à
réduire les coûts du transport et du fret aériens, limiter l’isolement de l’Afrique sur le marché du
transport aérien et améliorer la sûreté au sol et dans les airs. A cet égard, l’objectif premier consiste à
consolider la Déclaration de Yamoussoukro en apportant le soutien nécessaire à la réforme du secteur, à
la privatisation des compagnies aériennes, au renforcement de la capacité de réglementation, à la
restructuration des services de l’aviation civile et à la modernisation de l’infrastructure aéronautique. Le
programme de sûreté et de sécurité sera appuyé par le truchement de la mise en œuvre :
- 81 -
i) d’un projet régional de Centre de contrôle de l’espace aérien supérieur (UACC) ;
ii) de deux projets régionaux de GNSS (Système mondial de navigation par satellite ;
iii) de mesures visant à veiller au respect des normes de sécurité de l’OACI ; et
iv) du renforcement de la capacité d’inspection de la sûreté conjointe (COSCAP).
Au plan politique, le mécanisme d’évaluation par des pairs du NEPAD appuiera la mise en
œuvre de la Déclaration de Yamoussoukro. Le Partenariat permettra également de parvenir à un
consensus sur l’adoption de mesures communes concernant, en particulier, les centres modernes
de contrôle de l’espace aérien supérieur ». (Cf. Programme d’Actions à Court Terme du
NEPAD).
A cet effet, le NEPAD prévoit de mobiliser des ressources d’un montant de 244 millions US Dollars
(soit environ 3% du programme Infrastructures du NEPAD) sur la base d’un mécanisme comprenant des
tournées de présentation intermittentes, des tables rondes ou des fora sur l’investissement en vue de
susciter un partenariat public-privé pour le financement des projets de transport aérien, ainsi qu’il suit:
Ces projets transports aériens, destinés à la mise en œuvre de la Décision de Yamoussoukro, ont été
retenus parmi les 10 projets pilotes, identifiés comme hautement prioritaires. Le NEPAD a mis en place
en 2003, un Fonds de préparation des projets d’infrastructure du NEPAD (NEPAD-FPPI), à l’aide de
fonds de lancement du Gouvernement canadien. En 2005, ce fonds a été transformé en un fonds multi
donateurs.
4.2.6.1.7 –CEA
La Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), créée le 19 avril 1958, est un
organisme régional dépendant du Conseil Economique et Social (CES) de l’ONU. Elle n’est pas une
- 82 -
banque mais s’est affirmée comme un des principaux organes d’unification économique de l’Afrique,
notamment dans le secteur aérien : 1964, réalisation de la première étude sur le transport aérien en
Afrique ; appui financier aux CER ; lancement de 2 Décennies sur les transports et les communications
en Afrique (1978-1998) au cours desquelles elle a contribué à l’adoption de la Déclaration de
Yamoussoukro en 1988 et de la Décision de Yamoussoukro en 1999 ainsi qu’à la production de
plusieurs études sur le secteur aérien.
Dans le cadre de la coopération avec les Etats ACP, l’Union Européenne intervient régulièrement pour
apporter son concours au transport aérien africain, notamment par l’intermédiaire du Fonds Européen de
Développement (FED) qui a accordé, en 2005, 14 millions d’Euros à l’ASECNA pour le renforcement
des capacités de ses écoles de formation. Elle apporte également une subvention de 1 million d’Euros à
la mise en œuvre des projets COSCAP relatifs à la supervision de la sécurité aérienne des Etats
membres de la CEDEAO (Groupe de Banjul et UEMOA). Une subvention supplémentaire de 1 million
d’Euros est en cours d’octroi à la CEDEAO pour renforcer la sécurité aérienne, dans le cadre du 9è
FED.
La Banque Européenne d’Investissements (BEI) intervient pour accorder des prêts, notamment un crédit
de près de 100 milliards francs CFA à l’ASECNA pour la mise en œuvre du CNS/ATM.
En 2000, au titre de la coopération technique, l’OACI a mobilisé 88,2 millions US dollars dont 56,9
millions US dollars ont été effectivement utilisés soit un taux d’exécution de 65 %. Le programme
OACI de coopération technique est ainsi reparti par régions :
L’OACI apporte une assistance technique et financière, individuellement aux Etats membres et
collectivement à 23 Etats membres de la CEDEAO, de la CEMAC, de l’UEMOA plus Sao Tomé et la
Mauritanie notamment pour la mise en œuvre des projets COSCAP ainsi que pour le projet de
renforcement de la sûreté de l’aviation civile (programme AVSEC).
- 83 -
4.2.6.2.3 –IFFAS
La Banque Mondiale est intervenue ces dix dernières années par trois actions significatives dans le
transport aérien africain :
(iii) Projet Sécurité et Sûreté du transport aérien en Afrique de l’Ouest et du Centre : dans le cadre
du programme d’Ajustement Structurel (PAS) la Banque Mondiale prévoit une composante nationale
aviation civile en 2006 pour 4 pays africains (Burkina Faso, Cameroun, Guinée et Mali) pour un
montant de 31, 8 millions US Dollars sous forme de prêts ou de subventions IDA.
4.3 RECOMMANDATIONS
De tout ce qui précède et tenant compte des besoins immenses du transport aérien et de l’insuffisance
des ressources financières, il est recommandé que les décideurs dans l’aviation civile en Afrique
recherchent, individuellement et de préférence collectivement, des mécanismes appropriés pour assurer
de façon durable le financement du secteur aéronautique africain.
De tous les défis du transport aérien, la sécurité et la sûreté du transport aérien sont les plus importantes
à relever car elles sont les pierres angulaires de cette industrie. La mise en œuvre du système de
navigation par satellite (CNS/ATM, GNSS) accroît la fiabilité et la sécurité du guidage des aéronefs
dans la navigation aérienne. La sécurité et la sûreté conditionnent la confiance des passagers.
Elles constituent les points faibles du transport aérien africain d’où une fragilisation quasi endémique
risquant de marginaliser voire d’exclure les compagnies aériennes africaines dans les marchés
internationaux dans le contexte des « listes noires », dressées par les pays industrialisés.
Les résultats attendus sont l’amélioration du niveau de sécurité et de sûreté, dans tout l’espace de
l’Union Africaine dans un délai maximal de trois ans, et cela conformément aux normes et pratiques
recommandées de l’OACI.
Tous les bailleurs de fonds (USTDA, IFFAS, BAD, Banque Mondiale) et les partenaires au
développement (OACI, France, Etats-Unis d’Amérique, Union Européenne) qui apportent leurs
concours financiers à la mise en œuvre du programme COSCAP CEDEAO/CEMAC/UEMOA,
sont encouragés à poursuivre leur assistance financière au programme COSCAP des autres sous-
régions africaines, en relation avec le NEPAD, les CER et les Etats concernés.
- 85 -
4.3.1.2 – A court et moyen terme : renforcer la coopération aéronautique
La coopération aéronautique devrait être entreprise par les Etats africains, les CER et surtout la
Commission de l’Union Africaine en direction de l’OACI, de l’IATA, des pays qui jouent un rôle
éminent dans la construction aéronautique (Etats-Unis d’Amérique, Canada, Brésil, Union Européenne,
Russie) et des constructeurs d’aéronefs (notamment Boeing, Airbus, Bombardier, Embraer).
4.3.1.3 – A moyen terme : mettre en place un Comité africain de coordination des redevances
aéronautiques
Les redevances aéronautiques sont les principales recettes qui permettent d’assurer l’autofinancement du
secteur aéronautique en Afrique.
Il est proposé de mettre en place, après une étude, un Comité africain de coordination des redevances
aéronautiques, sous les auspices de la Commission de l’Union Africaine (à travers la future Agence
Africaine d’Exécution).
Un tel Comité sera chargé d’harmoniser les politiques nationales et sous-régionales, sur la base des
principes et des recommandations de l’OACI, de façon à éviter des dérapages préjudiciables aux
intérêts des prestataires de service aérien, des usagers et partant, à toute l’industrie du transport aérien
africain.
Ce Comité regroupera les Etats, les CER et la Commission de l’Union Africaine (régulateurs), services
d’aéroports et de navigation aérienne (opérateurs et prestataires de service aérien), l’AFRAA, les
compagnies aériennes, sociétés d’assistance au sol, de catering, les exportateurs de fruits, légumes et
viande (usagers) ainsi que les associations de consommateurs avec, au besoin l’assistance technique de
l’OACI et de l’IATA.
- 86 -
Le résultat attendu est de garantir la pérennité de cette source de recettes pour l’autofinancement du
secteur aéronautique tout en conciliant deux impératifs : la régularité de sa perception par les services
d’aéroports et les services de navigation aérienne d’une part, et, l’équilibre de l’exploitation des
compagnies aériennes et des autres usagers ainsi que la protection des consommateurs, d’autre part.
Certaines techniques de mobilisation des fonds ont déjà fait leurs preuves en Afrique : ouverture du
capital aux participations financières, privatisation, recours aux bourses de valeurs, montage de BOT,
subventions et prêts à des taux concessionnels, etc.
Il est recommandé que les compagnies aériennes, les gestionnaires de services d’aéroport et de
navigation aérienne, assistés par le NEPAD, présentent des projets et programmes de financement aux
bailleurs de fonds et des investisseurs identifiés par l’OACI comme ayant déjà manifesté un intérêt pour
le financement du transport aérien. Il s’agit notamment des :
(i) Institutions bilatérales
Des financements peuvent être obtenus sous des formes variées :
emprunts et subventions négociés directement auprès des pays industrialisés par les Etats
africains ;
emprunts par recours aux organismes publics institués pour promouvoir les exportations. Il
peut être obtenu une assistance financière sous différentes formes : emprunts accordés
directement par l’agence, garanties sur emprunts privés, assurance pour les risques que
courent les entreprises nationales en fournissant les biens et services à crédit, etc. Les plus
importantes agences sont EXIMBANK des Etats-Unis d’Amérique, COFACE de France,
ECGD de Grande Bretagne, HERMES en Allemagne, Export_Import Bank du Japon, Société
pour l’expansion des exportations du Canada ;
emprunts dans des conditions préférentielles avec une possibilité d’obtenir directement des
fournitures, du matériel et des services d’experts : KFW et GTZ en Allemagne,
Administration Générale de la Coopération au Développement (AGCD) en Belgique, ACDI
au Canada, DANIDA au Danemark, USTDA et USAID aux Etats-Unis d’Amérique,
Département de la Coopération en Italie, Overseas Economic Coopération Fund (OECF) du
Japon, Ministères des Affaires Etrangères des Pays Bas, Overseas Developpement
Administration (ODA) de la Grande Bretagne, Swedish International Developement
Authority (SIDA) de Suède.
(ii) Banques et fonds de développement
Les banques et fonds de développement à solliciter pour le financement du secteur aéronautique, sont :
Groupe de la Banque Mondiale, composé de
- Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD) : accorde des prêts et
des garanties ;
- Association Internationale de Développement (IDA) qui accorde des subventions;
- Société Financière Internationale (SFI) qui accorde des prêts et des garanties au secteur privé ;
- 87 -
- Agence Multilatérale pour la Garantie des Investissements (AMGI) : garantit les risques et les
investissements ;
Fonds Européen de Développement (FED) ;
Fonds Européen d’Investissements (BEI) ;
Fonds OPEP pour le développement international ;
Banque Africaine de Développement (BAD) et sa filiale, le Fonds Africain de Développement
(FAD) ;
Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA) ;
Banque Islamique de Développement (BID) ;
Fonds de l’Arabie Saoudite pour le Développement ;
Fonds d’Abou Dhabi pour le développement économique ;
.Fonds du Koweït pour le développement économique arabe ;
Fonds du Koweït pour le développement économique et social ;
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a réduit ses interventions
financières en raison de la baisse de ses ressources mais continue à financer des études de
faisabilité et des études coûts-avantages, les services d’experts techniques et parfois du
matériel.
La possibilité d’obtenir un financement auprès de ces banques et fonds, nécessite l’intervention des
Gouvernements africains parce que les prêts et subventions sont versés au Gouvernement (ou à une
institution, organisme privé bénéficiant d’un appui ou d’une garantie du Gouvernement) et que le critère
d’attribution est fonction des priorités de développement ou des plans de développement des
Gouvernements africains.
En conséquence, les décideurs publics et privés du transport aérien africain doivent au préalable
convaincre les Ministères chargés des Finances et du Développement Economique d’inscrire les projets
du secteur aéronautique comme prioritaires dans les plans de développement nationaux afin de faciliter
leur examen par les banques et fonds de développement internationaux.
- 88 -
(i) Etudes sur le secteur aérien
- Création d’un Fonds africain pour les compagnies aériennes AFIFA)
La Conférence des Chefs d’Etat sur la participation du secteur privé au financement du NEPAD, tenue à
Dakar du 15 au 17 avril 2002, a souhaité impliquer l’AFRAA à la recherche de solutions pour la
création de centres de maintenance et d’entretien, d’une part, et, le renouvellement de la flotte africaine,
d’autre part.
Aussi, l’AFRAA a proposé à l’Union Africaine de créer un fonds africain pour les compagnies
aériennes, dénommé « Airline Fund Initiative for Africa (AFIFA) ».
Il est prévu que ce fonds soit alimenté par une mobilisation financière des bailleurs de fonds, notamment
dans le cadre du NEPAD.
L’idée de la création d’un tel fonds est séduisante et il faudrait effectuer au préalable, une étude de
faisabilité pour pouvoir examiner les avantages et les inconvénients, l’organisation, le fonctionnement et
l’origine des ressources financières d’une telle structure.
– Autres études
Il est proposé les études suivantes :
création de centres régionaux d’entretien et de maintenance des aéronefs ;
création d’écoles régionales de formation de pilotes, de mécaniciens et des contrôleurs de la
circulation aérienne;
création d’une société africaine de leasing d’aéronefs ;
création d’une banque des données statistiques sur le transport aérien ;
création d’une banque de projets aériens ;
coûts d’exploitation des compagnies aériennes ;
mise en place d’un pool assurance et carburant pour les compagnies aériennes.
L’objectif général de ces études est de permettre une meilleure visibilité sur les indicateurs du transport
aérien africain, de réduire les coûts d’exploitation élevés et de contribuer ainsi à faire baisser les tarifs
aériens pour les usagers.
Les résultats attendus sont l’amélioration de la gestion des compagnies aériennes, une plus grande
coopération entre elles, en raison des économies d’échelles escomptées dans la mise en commun des
moyens de production, et enfin une plus grande compétitivité face aux compagnies aériennes des pays
industrialisés.
Deux questions d’intérêt majeur concernent, à la fois les Etats africains et leur secteur privé. Il s’agit
du mode de gestion des entreprises du transport aérien, d’une part, et, des conditions de prêts et de
garantie des risques, d’autre part.
L’évolution du transport aérien dans le monde comme en Afrique permet de tirer quelques leçons de
bonnes pratiques et de formuler certaines recommandations aux Etats africains et à l’ensemble de leur
secteur privé.
La gestion publique des entreprises du transport aérien (services d’aéroports, de navigation aérienne,
compagnies aériennes et prestataires de services) présente plus d’inconvénients que d’avantages :
- au titre des avantages, figurent la main mise de l’Etat sur les richesses nationales, la paix sociale
relative (absence de compression du personnel) et une politique des prix qui tient généralement compte
des revenus des populations sous la pression des syndicats ;
- au titre des inconvénients, figurent la médiocrité des performances, l’incohérence de la politique des
prix, une gestion déficitaire, le personnel peu compétent et en sureffectif, le mauvais recouvrement des
coûts (l’Etat étant généralement le premier débiteur), l’interventionnisme étatique et l’insuffisance des
ressources financières pour investir.
La gestion étatique conduit dans bien de cas à la faillite et à la liquidation avec son cortège de drames
sociaux, comme cela a été le cas pour East African Airways, Air Afrique, Nigeria Airways, etc.
Certains cas atypiques ne contredisent pas ce schéma mais constituent l’exception qui confirme la règle :
cas de SAA privatisée en 1999 (avec Swissair) et reprise par l’Etat suite à la liquidation de Swissair et
d’Ethiopian Airlines, à 100% contrôlée par l’Etat ; il faut souligner que ces deux compagnies aériennes
bénéficient d’une large autonomie financière et de gestion avec une intervention quasi nulle de leurs
Etats respectifs.
Le résultat de la privatisation n’est certainement pas idyllique mais constitue le moindre mal qui permet
d’accéder au crédit et d’assurer la survie des compagnies aériennes africaines, voire leur redéploiement,
dans un contexte de concurrence acharnée.
Par conséquent, il est recommandé que les Etats se désengagent le plus possible de la gestion des
entreprises du transport aérien et se focalisent plus sur leurs missions régaliennes de
réglementation et de contrôle, notamment le renforcement de la sécurité et de la sûreté de
l’aviation civile.
L’expérience dans le transport aérien montre qu’il existe différents modes de gestion adaptés à chaque
catégorie d’entreprises :
- services d’aéroports et de navigation aérienne : concession, BOT, contrat d’exploitation sont les
modes les plus prisés ;
- compagnies aériennes, sociétés d’assistance en escale, de catering et de fret aérien : privatisation
totale ou partielle avec une participation symbolique ou pas de l’Etat.
Cette voie est à recommander aux Etats africains et à leur secteur privé, ce d’autant plus que l’OMC,
après avoir libéralisé les services de maintenance, de réservation informatisé et d’assistance au sol,
envisage d’ouvrir à la concurrence, à partir de 2007, toutes les activités à caractère concurrentiel du
transport aérien.
Il reste attendu que le mécanisme d’évaluation par les pairs, initiative lancée par le NEPAD en juillet
2001, puisse permettre aux Etats africains d’évaluer en toute transparence, leurs avancées en matière de
bonne gouvernance et de développement. En effet, ce mécanisme d’autoévaluation est de nature à
augmenter la crédibilité politique et économique des Etats africains.
Pour lever cette contrainte, les Etats, individuellement pris, sont généralement obligés de se porter
garants de tels prêts, lorsqu’ils peuvent remplir cette condition. Au niveau international, les Etats
contractants de l’OACI ont signé le 16 novembre 2001, une convention et un protocole, relatifs aux
garanties internationales portant sur des matériels d’équipement, communément appelés « Convention
du Cap ».
Ces deux instruments de droit aérien établissent un régime de protection des droits de propriété sur des
biens aéronautiques (cellules d’aéronefs, moteurs d’avions ou d’hélicoptères) et de garanties
internationales (registre international électronique d’inscription des garanties) opposables aux tiers. Ils
contribuent à rassurer les créanciers futurs dans leur décision d’accorder un crédit, à diminuer les
risques relatifs aux créances sur le matériel d’équipement et à réduire ainsi les coûts du crédit pour les
emprunteurs.
En conséquence, les Etats africains doivent rapidement signer et ratifier la Convention du Cap afin de
pouvoir faire baisser le coût de l’emprunt sur le marché des crédits et de contribuer à une mobilisation
conséquente des ressources financières pour le développement du transport aérien africain.
Lors de leur réunion tenue à Sun City en mai 2005, les Ministres africains chargés de l’aviation civile
ont invité avec justesse, les Etats africains à signer et à ratifier la convention du Cap. La Convention et
le Protocole du Cap sont entrés en vigueur le 1er mars 2006 : 4 Etats africains les ont signés et ratifiés
(Angola, Ethiopie, Nigéria et Sénégal) et 7 autres Etats africains les ont seulement signés (Afrique du
Sud, Burundi, Congo, Ghana, Kenya, Lesotho, Soudan). A leur tour, le secteur privé (l’AFRAA en tête),
en tant que principal bénéficiaire des dispositions de la Convention du Cap, devrait engager un lobbying
auprès des 42 autres Etats africains pour qu’ils les signent et ratifient dans les délais les meilleurs.
- 92 -
ANNEXES AU RAPPORT
y compris les
ECA/RCID/CM.CIVAV/99/RPT
Annexe I
NATIONS UNIES
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL Original: Français/Anglais
-2-
ECA/RCID/CM.CIVAV/99/RPT
Annexe I
Nous, ministres africains chargés de l’aviation civile réunis les 13 et 14 novembre 1999 à
Yamoussoukro (Côte d’Ivoire)
Rappelant les décisions des ministres africains chargés de l’aviation civile, adoptées à Maurice
en septembre 1994 en vue d’accélérer la mise en œuvre de la Déclaration de Yamoussoukro et
spécialement celles relatives aux droits de trafic, à la coopération régionale en matière de transport
aérien et au rôle des gouvernements;
Considérant la nécessité d’adopter des mesures dans le but de créer progressivement un marché
intra-africain libéralisé et l’urgence d’introduire des dispositions libérales concernant notamment les
droits de trafic, la capacité, les fréquences et les tarifs ;
Article 1
Définitions
Aux fins de la présente Décision, les expressions ci-après ont les significations suivantes :
Services aériens et entreprise de transport aérien : tels que définis par l’article 96 de la
Convention de Chicago du 7 décembre 1944 relative à l’aviation civile internationale.
Compagnie éligible : toute compagnie africaine de transport aérien qui remplit les critères
définis à l’alinéa 6.9 de l’article 6 ci-dessous.
Compagnie conjointe et agence multinationale : toute compagnie créée selon les dispositions
de l’article 77 de la Convention de Chicago relative à l’aviation civile internationale;
Contrôle effectif : une relation fondée sur des droits, des contrats ou sur tout autre moyen qui,
soit séparément soit conjointement, donne à l’Etat partie ou groupe d’Etats parties ou à leurs
ressortissants, la possibilité d’exercer directement ou indirectement une influence déterminante dans les
décisions des organes de la compagnie (ou dans la jouissance d’un droit sur tout ou partie des actifs de
la compagnie) ;
Compagnie désignée : compagnie éligible désignée par un Etat partie pour exploiter les droits
de trafic dont il dispose en vertu de la présente décision ;
Part de capacité : la part d’une compagnie éligible d’un Etat partie exprimée en pourcentage de
la capacité totale dans une relation bilatérale avec un autre Etat partie.
Etat partie : chacun des Etats africains ayant adhéré au Traité instituant la Communauté
économique africaine et les autres Etats africains, qui, bien que n’étant pas parties audit traité, se sont
engagés par écrit à être liés par la présente Décision.
Tarifs : les prix qui doivent être payés pour le transport de passagers, ou de fret (à l’exclusion
du courrier) sur des services aériens réguliers et les conditions auxquelles ces prix s’appliquent, y
compris la rémunération et les conditions offertes aux agences de voyages et autres services auxiliaires.
Droit de trafic de troisième liberté : le droit pour un transporteur aérien titulaire d’une licence
dans un Etat partie de débarquer, sur le territoire d’un autre Etat partie, des passagers, du fret et du
courrier embarqués dans l’Etat partie où la licence a été délivrée.
Droit de trafic de quatrième liberté : le droit pour un transporteur aérien titulaire d’une licence
dans un Etat partie d’embarquer, sur le territoire d’un autre Etat partie, des passagers, du fret et du
courrier, en vue de leur débarquement dans l’Etat partie où la licence a été délivrée.
Services réguliers et non réguliers : tels que définis dans la Convention de Chicago et les
résolutions du Conseil de l’OACI.
Article 2
Portée de la décision
La présente Décision établit un accord entre les Etats parties pour une libéralisation
graduelle et progressive des services de transport aérien régulier et non régulier intra-africain. La
présente Décision a préséance sur les dispositions des accords bilatéraux et multilatéraux sur les
services aériens entre les Etats parties, qui lui sont incompatibles. Les dispositions qui sont
normalement incluses dans ces accords et qui ne sont pas incompatibles avec la présente Décision,
continuent d’être valides et s’ajoutent à la Décision.
Article 3
3.1. Les Etats parties s’octroient mutuellement le libre exercice des droits de trafic de première,
deuxième, troisième, quatrième et cinquième libertés pour l’exploitation, par une compagnie éligible, de
vols réguliers et non réguliers de transport de passagers, de fret et de courrier, en provenance et à
destination de leurs territoires respectifs.
3.2. Nonobstant les dispositions du paragraphe 3.1 ci-dessus, chaque Etat partie peut, par une
déclaration faite conformément à l’alinéa 10.1 de l’article 10 de la présente Décision, limiter son
engagement concernant l’octroi des droits de trafic de cinquième liberté, et ce, pour une période ne
dépassant pas deux (2) ans, à ce qui suit :
a) Octroyer la cinquième liberté de droits de trafic sans restriction sur les relations où il
n’existe pas, pour des raisons économiques, de compagnies aériennes exploitant les droits de
trafic de troisième et quatrième libertés ;
b) Octroyer au moins 20% de la capacité offerte sur les relations où il existe des
compagnies aériennes exploitant les droits de trafic de troisième et quatrième libertés.
Article 4
Tarifs
4.1. En cas de hausse de tarifs pour toute compagnie désignée d’un Etat partie, aucune approbation
des Autorités aéronautiques des Etats parties concernés n’est nécessaire pour l’application des tarifs
aériens de transport de passagers, de marchandises et de courrier. Les compagnies sont tenues dans ce
cas de déposer ces tarifs auprès des autorités compétentes 30 jours ouvrables avant leur application.
4.2 La présente disposition n’est pas applicable aux cas de baisse de tarifs qui prennent effet
immédiat selon la volonté de la compagnie.
Article 5
Fréquences et capacité
5.1 Sous réserve des dispositions de l’article 3, aucune limite n’est imposée quant au nombre de
fréquences et à la capacité offerte des services reliant des combinaisons de paires de villes entre les
Etats parties. Chaque compagnie désignée est ainsi autorisée à mettre en œuvre les fréquences et la
capacité qu’elle estime appropriée. Conformément à ce droit, aucun Etat partie au Traité ne peut limiter,
de façon unilatérale, ni la capacité, ni le type d’appareil utilisé, ni le nombre de fréquences
hebdomadaires sauf pour des considérations d’ordre environnemental, de sûreté, techniques ou
spéciales ;
5.2. Sans préjudice des dispositions de l’alinéa 5.1 ci-dessus, un Etat partie concerné peut refuser
l’augmentation de capacité si cela n’est pas conforme aux dispositions de l’article 7 de la présente
Décision, relatif aux règles de concurrence.
Article 6
Désignation et autorisation
6.1 Tout Etat partie a le droit de désigner par écrit au moins une compagnie éligible pour exploiter
les services de transport aérien intra-africain en conformité avec la présente Décision. La désignation
doit être notifiée à l’autre Etat partie par voie diplomatique.
6.2. Un Etat partie peut désigner une compagnie éligible appartenant à tout autre Etat partie à la
présente Décision pour exploiter des services aériens en son nom.
6.3 Un Etat partie a le droit de désigner une compagnie conjointe ou multinationale africaine éligible
de transport aérien dont il détient des parts de capital et cette compagnie conjointe ou multinationale
sera acceptée par les autres Etats parties.
6.4 Suite à la notification d’une telle désignation, l’autre Etat partie conformément à la législation
nationale, accélère la procédure d’autorisation d’exploitation, à la compagnie désignée par l’autre Etat
partie, pour exploiter les services. En tout état de cause, l’autorisation est délivrée dans un délai
n’excédant pas 30 jours. Toutefois, le programme d’exploitation devrait être soumis aux autorités
appropriées.
6.5 Au cas où l’un des Etats parties est convaincu qu’une compagnie aérienne désignée ne remplit
pas les critères à l’alinéa 6.9 ci-après, il peut refuser la désignation de cette compagnie. L’Etat qui a
désigné cette compagnie peut demander des consultations conformément au paragraphe 4 de l’article 11
de la présente Décision relatif aux dispositions diverses.
6.6 Chaque Etat partie a le droit de retirer la désignation d’une compagnie éligible et de désigner une
autre compagnie ou d’autres compagnies éligibles par voie diplomatique dans un délai de 30 jours, sauf
pour des raisons de sécurité.
6.7 Les autorisations d’exploitation de services de transport aérien non régulier au profit des
compagnies aériennes éligibles des Etats parties doivent être octroyées par les autorités compétentes
respectives, à condition qu’une demande précisant l’objet du transport soit soumise à l’autorité
compétente accompagnée de permis d’exploitation du pays de nationalité de la compagnie et des
polices d’assurance correspondantes.
6.8 Afin d’assurer la poursuite de services aériens réguliers sur un itinéraire particulier où les
compagnies aériennes régulières ont l’obligation d’opérer durant les périodes de trafics faibles et
intenses, les compagnies aériennes régulières auront la préférence sur les compagnies aériennes non
régulières sur le même secteur.
a) être régulièrement constituée selon les lois et règlements d’un Etat partie à la présente
Décision ;
b) avoir son siège social, son administration centrale et son centre principal d’activité
physiquement situés dans l’Etat concerné ;
c) détenir un permis d’exploitation aérien tel que défini par l’annexe 6 à la Convention de
Chicago, et délivré par un Etat partie ;
d) disposer au moins d’un aéronef en pleine propriété ou en location, pour une durée
supérieure à six mois et dont elle assure la conduite technique;
e) souscrire une assurance adéquate couvrant sa responsabilité à l’égard des passagers, du
fret, de la poste et des tiers, qui soit au moins équivalente aux dispositions des
conventions internationales en vigueur.
f) être en mesure de prouver sa capacité de maintenir un niveau de sécurité d’exploitation
au moins équivalent aux normes de l’OACI et répondre à toute requête de tout Etat
desservi par elle ;
g) être soumise au contrôle effectif de l’Etat partie;
6.10 Révocation de l’autorisation
Un Etat partie peut résilier, suspendre ou limiter l’autorisation d’exploitation d’une compagnie aérienne
désignée de l’autre Etat partie dans le cas où cette compagnie ne satisfait plus aux critères d’éligibilité;
En cas de résiliation, l’Etat partie prévient la compagnie au moins 30 jours avant l’entrée en vigueur de
la mesure.
6.11 Documents
a) Les Etats parties réaffirment leurs obligations mutuelles de protéger la sécurité de l’aviation
civile contre des actes d’intervention illicites. Les Etats parties se conforment aux dispositions
des diverses conventions relatives à la sécurité aérienne, conformément aux dispositions de
l’OACI et spécialement à l’annexe 17 de la Convention de Chicago relative à l’aviation civile ;
b) Chaque Etat partie prend en considération toute demande que ferait l’autre Etat partie pour la
prise de mesures de sécurité spéciales en vue de faire face à une menace particulière ;
c) Les Etats parties réaffirment leurs obligations de se conformer aux normes et pratiques
recommandées de l’OACI en matière de sûreté de l’aviation civile.
Article 7
Règles de concurrence
7.1 Les Etats parties veillent à offrir, sans discrimination les mêmes opportunités aux compagnies
aériennes africaines désignées pour qu’elles puissent effectivement participer à la fourniture de services
de transport aérien dans leurs territoires respectifs.
Article 8
8.1 En cas de désaccord entre les Etats parties concernant l’interprétation ou l’application de
la présente Décision, les Etats parties concernés doivent en premier lieu essayer de le régler par
voie de négociation.
8.2 Dans le cas où les Etats parties n’arrivent pas à trouver une solution au différend qui les oppose
dans les 21 jours, l’une des parties peut avoir recours à la procédure d’arbitrage prévue à l’annexe 2 de
la présente Décision.
Article 9
Organe de suivi
9.2 Il est créé un organe de suivi composé de la CEA, de l’OUA, de la CAFAC et de l’AFRAA,
assisté des organisations économiques sous-régionales dans le but d’assister le sous-comité du
transport aérien composé des ministres africains chargés de l’aviation civile dans le suivi de la
mise en œuvre de la présente Décision.
9.3 Les fonctions et les responsabilités de l’organe de suivi figurent à l’annexe 3 de la présente
Décision. Le secrétariat de cet organe de suivi est assuré par la CEA.
9.4 Pour assurer une bonne mise en oeuvre de la Décision, un organe d’exécution en matière de
transport aérien en Afrique, sera créé dès que possible. Ses principales responsabilités seront,
entre autres, la supervision et la gestion d’une industrie du transport aérien libéralisée en Afrique.
9.5 L’organe d’exécution dispose de suffisamment de pouvoirs pour élaborer et faire appliquer des
règles et réglementations appropriées qui offrent des opportunités justes et égales à tous les acteurs et
favorisent une saine concurrence.
9.6 L’organe d’exécution veillera aussi à la protection des droits des consommateurs.
Article 10
Mesures transitoires
10.1. Tout Etat partie peut, par une déclaration formelle écrite adressée au Dépositaire ou au
Secrétariat de suivi de la Décision, selon le cas, par voie diplomatique au moment de l’adoption de la
présente Décision par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement ou à tout moment ultérieur,
choisir l’option de ne pas être lié par les droits et obligations établis par les Articles 3 et 4 de la présente
Décision pour une période transitoire n’excédant pas deux (2) ans.
10.2. Chaque Etat partie peut, après une notification de six (6) mois donnée au Dépositaire ou au
Secrétariat de l’organe de suivi de la Décision, assumer ou retrouver ses droits et obligations.
10.3 L’exemption d’un Etat partie de l’application de la présente Décision prend fin à la date indiquée
dans la déclaration faite au paragraphe 10.1 ci-dessus. Durant la période transitoire, aucun Etat partie ne
doit être contraint d’octroyer les droits prévus dans la présente Décision à un Etat partie qui n’est pas
également lié dans le domaine considéré.
10.4 Concernant toutes les mesures prévues dans la Décision, les Etats parties ne font pas de
discrimination à l’égard des compagnies aériennes désignées des Etats parties qui ont contracté des
engagements similaires.
10.5 Les Etats parties s’engagent à ne contracter aucune obligation qui serait plus restrictive que la
présente Décision. Cependant, les Etats parties ne doivent pas être empêchés de maintenir ou de
développer, sur une base bilatérale ou entre eux des accords favorisant une plus grande souplesse que
celle prévue dans la présente Décision.
10.6 La présente Décision n’impose pas l’obligation aux Etats parties d’octroyer des privilèges de
cabotage.
Article 11
Dispositions diverses
11.1 Conditions d’exploitation
11.1.1. Toute compagnie désignée par un Etat partie a le droit d’installer ses bureaux
sur le territoire de l’autre Etat partie en vue de la promotion et de la vente de
ses services de transport aérien.
11.1.3 La compagnie désignée doit être autorisée à payer ses dépenses locales, y
compris l’achat de carburant en monnaie locale conformément à la
réglementation des changes.
11.1.4 La compagnie désignée de chaque Etat partie doit être autorisée, conformément
aux lois et règlements de l’autre Etat partie régissant l’entrée, la résidence et
l’emploi, à amener sur le territoire des employés dans les domaines de la gestion
commerciale, technique et opérationnelle ainsi que dans d’autres domaines
spécialisés nécessaires pour la fourniture des services de transport aérien.
2
Le terme “ sans taxation” fait référence à la taxation sur la conversion et l’envoi et, non pas à la taxe de revenu
nationale qui est mieux traitée sur la base d’un traité de taxation double, ou certains autres arrangements dans
lesquels le revenu de vente de transport aérien par des compagnies étrangères est exempté de taxe de revenu
nationale sur une base réciproque. Cependant, en l’absence d’un traité de double taxation ou d’autre
arrangement, les Etats pourraient utiliser cette clause pour exempter réciproquement les transporteurs aériens de
taxes de revenus, mais devraient clairement indiquer leur intention à cet effet.
11.1.5 Toutes les mesures ci-dessus destinées à faciliter l’installation des compagnies
désignées, l’exercice de leur activité et le transfert d’excédents de recettes seront
prises par les Etats parties sur la base de la réciprocité.
En exploitant des services réguliers et non réguliers, chaque compagnie désignée peut, sur
un ou sur tous les vols :
b) être autorisée par les Etats parties concernés à combiner des services aériens
et utiliser le même numéro de vol ;
c) desservir les points intermédiaires et au-delà dans les territoires des Etats
parties en Afrique sur les routes, quels que soient la combinaison et l’ordre ;
et
En exploitant des services agréés sur des routes approuvées, toute compagnie désignée
d’un Etat partie peut conclure des accords commerciaux tels que la location d’espace, le partage
de code et l’accord de franchise avec une ou plusieurs compagnie (s) d’un autre Etat partie.
11.4 Consultation
Tout Etat partie peut, à n’importe quel moment, solliciter une consultation relative à
l’interprétation ou à l’application de la présente Décision. Une telle consultation doit commencer
dans les 30 jours qui suivent la date de réception de la requête.
11.5 Examen
La présente Décision fait l’objet d’examens périodiques tous les deux ans ou en cas de
besoin, à la demande expresse des deux tiers des Etats parties par le sous-comité de transport
aérien. Au cours de ces examens, l’organe de suivi proposera des mesures pour éliminer
graduellement les restrictions existantes.
11.6 Enregistrement
La présente Décision sera enregistrée par le Dépositaire et/ou l’organe de suivi auprès de
l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI).
Article 12
Dispositions finales
12.1.2 En ce qui concerne les Etats africains qui ne sont pas parties au Traité d’Abuja, la
présente Décision entre en vigueur dans les trente (30) jours qui suivent la date de
dépôt auprès de l’organe de suivi, lequel transmettra au dépositaire, leur
déclaration d’intention d’être liés par la présente Décision sous forme de l’annexe
1(a), 1(b) et 1(c).
12.3 Dénonciation
12.3.1 Un Etat partie peut dénoncer la présente Décision par une notification écrite
adressée au Dépositaire signalant l’intention de le faire ou dans les circonstances envisagées par
l’Article 104 du Traité d’Abuja. Le Dépositaire doit, dans les trente (30) jours qui suivent la
réception de la notification de dénonciation, aviser les autres Etats parties ;
12.4 Annexes
Après adoption par les organes compétents de la Communauté économique africaine, les
annexes font partie intégrante de la présente Décision.
Déclare que mon pays est lié par la Décision de libéraliser l’accès aux marchés du transport aérien
en Afrique dans son intégralité et qu’il appliquera entièrement la Décision, à laquelle il est partie.
A cet égard, j’ai le plaisir de vous faire savoir que mon gouvernement a pris toutes les mesures
administratives nécessaires pour donner pleinement effet à la présente Déclaration.
Par : [……….signature……]
3
Ce Modèle est destiné aux Etats qui ne sont pas parties au Traité d’Abuja mais qui souhaitent être parties à la Décision.
ANNEXE 1(b)
Déclare que mon pays est lié par la Décision de libéraliser l’accès aux marchés du transport
aérien en Afrique dans son intégralité et qu’il appliquera entièrement la Décision, à laquelle il est
partie, en se réservant toutefois un droit aux exceptions ci-dessous, applicables pendant une période de
transition n’excédant pas [insérer une durée qui ne dépasse pas deux ans à compter de la date de la
déclaration] :
1.1 Conformément aux dispositions du paragraphe 3.2 de l’article 3 de ladite Décision, j’engage
mon pays à octroyer durant la période de transition les droits de trafic de cinquième liberté aux
compagnies aériennes désignées des Etats parties, sur la base suivante :
a) Octroi de droits de trafic de cinquième liberté, sans restrictions, sur les secteurs où il n’existe
pas, pour des raisons économiques, de compagnies aériennes exploitant les droits de trafic de
troisième et quatrième libertés ; et
b) Octroi d’au moins 20% de la capacité offerte [ou un pourcentage plus élevé] sur les itinéraires
pour lesquels il existe des compagnies aériennes exploitant les droits de trafic de troisième et de
quatrième libertés.
2. Autres dispositions
Toutes les autres dispositions de la Décision demeurent valides et ont force obligatoire pour
nous.
1
Ce Modèle est destiné aux États qui ne sont pas parties au Traité d’Abuja et qui souhaitent être parties à la Décision, tout
en limitant leur engagement
3. La présente Déclaration expirera au plus tard le [insérer la date] et nous serons alors entièrement
liés par les termes de la Décision.
4. Au sujet des questions traitées dans les paragraphes qui précèdent, mon pays confirme que
durant la période de transition, les droits que les autres Etats parties seront tenus de lui octroyer
seront strictement équivalents à ceux que nous nous engageons à leur octroyer par la présente
déclaration.
Pour le Gouvernement [Compléter en insérant l’adjectif ou le groupe de mots désignant le pays, selon le cas ]
Par : [……….signature……]
1.1 Conformément aux dispositions du paragraphe 3.2 de l’article 3 de ladite Décision, nous nous
engageons à octroyer durant la période de transition les droits de trafic de cinquième liberté aux
compagnies aériennes désignées des Etats parties, sur la base suivante :
a) Octroi de droits de trafic de cinquième liberté, sans restrictions, sur les secteurs où il n’existe
pas, pour des raisons économiques, de compagnies aériennes exploitant les droits de trafic de
troisième et quatrième libertés ;
b) Octroi d’au moins 20% de la capacité offerte [ou un pourcentage plus élevé] sur les itinéraires
pour lesquels il existe des compagnies aériennes exploitant les droits de trafic de troisième et de
quatrième libertés.
2. Autres dispositions
Toutes les autres dispositions de la Décision demeurent valides et ont force obligatoire pour
nous.
3. La présente Déclaration expirera au plus tard le [insérer la date] et nous serons alors entièrement
liés par les termes de la Décision.
4. Au sujet des questions traitées dans les paragraphes qui précèdent, mon pays, [compléter en insérant
le nom du pays], confirme que durant la période de transition, les droits que les autres Etats parties
1
Ce Modèle est destiné aux États qui ne sont pas parties au Traité d’Abuja et qui souhaitent être parties à la Décision, tout
en limitant leur engagement
seront tenus de lui octroyer seront strictement équivalents à ceux que nous nous engageons à leur
octroyer par la présente.
5. J’ai le plaisir de vous faire savoir que mon gouvernement a pris toutes les mesures administratives
nécessaires pour donner pleinement effet à la présente Déclaration.
Par : [……….signature……]
1. Fonctions
L’Organe de suivi créé en vertu de l’Article 9 de la Décision est investi du mandat suivant:
a) Etablir, en vue de leur adoption par le Sous-Comité des transports aériens, les annexes à
la Décision ;
c) Faire appel à des experts, le cas échéant, pour des études concernant l’application de la
décision ;
d) Fournir aux organisations intéressées et aux États membres, sur demande, des conseils
techniques concernant l’application de la Décision.
f) Exprimer ses vues sur les différends concernant l’application et/ou l’interprétation
de la Décision, et recommander des moyens de régler ces différends ;
g) Exprimer ses vues, à la demande des Etats parties, sur les pratiques de concurrence
abusive ou déloyale ;
i) Aider l’OUA à organiser la réunion du Sous-Comité des transports aériens, qui relève du
Comité des transports, des communications et du tourisme ;
3. Réunions
L’Organe de suivi tiendra des réunions tournantes, deux fois par an la première année, puis selon
les besoins par la suite.
4. Financement
Les autres activités de l’Organe de contrôle pourraient être financées par des sources extérieures.
ANNEXE 2 : PROJET DE CLAUSE
COMMUNAUTAIRE DE L’UNION
EUROPEENNE
La nécessité d’inclure les clauses de désignation suivantes dans les accords bilatéraux concernant les services
aériens en vigueur dans les états membres de la Communauté Européenne, découle des arrêts rendus par la Cour
Européenne de Justice le 5 novembre 2002.
Le texte précis des clauses de désignation existantes variera selon les accords bilatéraux considérés. Le texte en
italique est donc indicatif. Le texte en gras est obligatoire.
Désignation et autorisation
Dès réception d’une telle désignation……..,l’autre partie accorde les autorisations appropriées avec un délai de
procédure minimum, pour autant que:
a) dans le cas d’une compagnie aérienne désignée par (nom de l’Etat membre)
i. Celle-ci soit établie sur le territoire de (nom de l’Etat membre) en vertu du Traité
instituant la Communauté Européenne et ait reçu une licence d’exploitation
conformément au droit de la Communauté Européenne ; et
Chaque partie contractante peut révoquer, suspendre ou limiter l’autorisation d’exploitation ou l’autorisation
technique d’une compagnie aérienne désignée par l’autre partie lorsque:
a) Dans le cas d’une compagnie aérienne désignée par (nom de l’Etat membre)
i. Elle n’est pas établie sur le territoire de (nom de l’Etat membre) en vertu du traité
instituant la Communauté Européenne et ait reçu une licence d’exploitation
conformément au droit de la Communauté Européenne ; et
DEFINITIONS
Désignation et autorisation
a) Au cas où une compagnie aérienne est désignée par (un Etat membre) :
i. La compagnie aérienne est légalement établie sur le territoire d’un Etat partie
conformément aux règles en vigueur dans ledit Etat ;
ii. La compagnie aérienne a son siège, son administration centrale et son lieu d’exercice des
activités établis physiquement dans l’Etat partie concerné ;
iii. La compagnie arienne répond aux critères d’éligibilité énoncés à l’article 6.9 de la
Décision.
b) Au cas où une compagnie aérienne est désignée par (un pays membre de l’Union Européenne)
1 Une partie contractante a le droit de révoquer une autorisation d’opérer, de suspendre l’exercice des droits
accordés dans le présent accord à la compagnie désignée par l’autre partie contractante, ou d’imposer des
conditions sur l’exercice de ces droits, le cas « échéant, lorsque :
i. la compagnie aérienne n’est pas installée sur le territoire d’un Etat membre, ou
ii. n’a pas son siège, son administration centrale et son lieu d’exercice des activités
établis physiquement dans l’Etat partie concerné ; ou
iii. ne répond pas aux critères d’éligibilité énoncés à l’article 6.9 de la décision.
1. Lorsque l’Etat de l’Union Européenne a désigné une compagnie aérienne dont le contrôle réglementaire
est effectué et maintenu par un autre Etat membre de l’Union Européenne, les droits de l’Etat africain en vertu du
présent article s’appliquent au même titre que pour l’adoption, l’exercice et le maintien des normes de sécurité par
cet Etat membre de l’Union Européenne et pour le permis d’opérer de cette compagnie.
2. Lorsque l’Etat africain a désigné une compagnie aérienne dont le contrôle réglementaire est effectué et
maintenu par un autre Etat membre, les droits de l’Etat de l’Union Européenne en vertu des dispositions de cet
article s’appliquent au même titre que pour l’adoption, l’exercice et le maintien des normes de sécurité par cet
Etat membre et pour le permis d’opérer de cette compagnie.
NOTES DE PRESENTATION DES THEMES
Note de présentation Thème I
Les organes chargés de la mise en œuvre de ladite Décision (Organe d’exécution, Agence d’exécution)
devaient élaborer par la suite, sous forme d’annexes, des mesures d’accompagnement concernant
l’harmonisation de la régulation économique (statut et éligibilité des transporteurs aériens, accès au
marché, responsabilité, règles de concurrence, protection des usagers), l’harmonisation de la
réglementation technique de la sécurité et de la sûreté de l’aviation civile et le renforcement des
capacités des autorités aéronautiques pour leur permettre d’assumer les missions régaliennes de
réglementation et de contrôle du transport aérien.
A ce jour, aucune de ces mesures d’accompagnement n’a été, ni élaborée, ni adoptée au niveau
continental. Le résultat est une libéralisation imparfaite, la Décision faisant l’objet d’interprétations
divergentes et devenant de ce fait source de tensions entre certains Etats. Cet immobilisme porte
également préjudice à l’exploitation des compagnies aériennes et fait le jeu d’autres qui pratiquent soit
un abus de position dominante, soit une concurrence déloyale sur le plan tarifaire.
De même, Il est constaté que la Décision de Yamoussoukro est mise en œuvre de façon mitigée et
inégale, selon les sous régions en Afrique. En effet, des avancées significatives relatives à la régulation
économique et à la réglementation technique existent dans certaines communautés économiques
régionales (UEMOA, CEDEAO, CEMAC), tandis que des projets sont en cours dans d’autres
(COMESA, UMA).
Les difficultés de mise en œuvre de la Décision de Yamoussoukro, sont dues à plusieurs facteurs,
notamment :
(i) le manque de volonté politique au niveau de certains Etats qui continuent à privilégier des intérêts
nationaux au détriment de l’intérêt régional (fondement de la politique d’intégration du continent). En
effet, certaines compagnies aériennes pour bénéficier de l’exclusivité sur leur marché, encouragent
leurs Gouvernements à user de méthodes dilatoires dans l’application des dispositions de la Décision.
(ii) les faiblesses inhérentes à la Décision de Yamoussoukro qui a prévu des organes dont les
compétences se chevauchent, et d’autres dont la création tarde à venir (Agence d’exécution). Les
attributions de l’Organe de suivi, telles que définies par l’Article 9, devraient être révisées dès la
création de l’Agence d’Exécution, prévue dans le même article. La CAFAC qui est une institution
spécialisée de la Commission de l’Union Africaine, doit jouer son rôle d’organe technique consultatif
sur des sujets précis ne créant pas de confusion avec les missions de l’Agence d’Exécution.
(iii) l’absence d’une régulation économique régionale, notamment des règles de concurrence, ne
rassure pas les compagnies aériennes,
III - Recommandations
Il est recommandé de :
(i) créer rapidement l’Agence Africaine d’Exécution, telle que recommandée par les Ministres en charge
de l’aviation civile lors de leur réunion tenue à Sun City en mai 2005. Cette Agence devra être dotée de
compétences et d’une réelle autonomie lui permettant de jouer efficacement son rôle : supervision et
gestion d’une industrie de transport aérien libéralisé en Afrique, arbitrage des litiges et protection des
consommateurs. Cette Agence devra également être en charge d’évaluer en permanence la mise en
œuvre de la Décision dans tous les Etats parties;
(ii) renforcer les capacités des autorités nationales de l’aéronautique civile en les dotant d’une
autonomie financière et de gestion ainsi que de moyens conséquents en ressources humaines et
financières, conformément aux recommandations de l’OACI;
(iii) Harmoniser les règles et réglementations : un espace unique libéralisé impose des règles et des
réglementations communes. L’Afrique ne saurait déroger à cette évidence. Aussi, une des tâches de
l’Agence Africaine d’Exécution sera de veiller à l’harmonisation des règles et réglementations élaborées
par les pays et CER afin d’arriver à l’adoption de règles et réglementations communautaires africaines
(notamment Code africain de l’aviation civile, accord aérien type).
(iv) renforcer la réglementation technique de la sûreté et de la sécurité, qui sont des fondamentaux du
transport aérien. Cette mission doit être assurée par l’Agence d’Exécution à travers l’harmonisation des
réglementations, des règles et procédures édictées par les organismes nationaux et régionaux,
conformément aux normes et pratiques recommandées par l’OACI. Les différentes initiatives
d’application de la Décision de Yamoussoukro par les CER (CEDEAO, CEMAC, UEMOA, COMESA,
UMA) doivent être soutenues afin d’arriver, à terme, à la création d’une Agence panafricaine de gestion
de la sécurité aérienne comme c’est le cas pour la plupart des espaces aériens intégrés (Agence
européenne de la sécurité de l’aviation de l’Union Européenne, Agence centraméricaine de la sécurité de
l’aviation de COCESNA).
Note de présentation Thème II
L’Afrique est diverse et le développement des services aériens est inégal selon les régions :
- En Afrique du Nord : les trafics domestique et régional, sont faibles au regard du trafic
international qui est drainé par deux sources : les touristes (Maroc, Tunisie, Egypte) et les
voyageurs en transit de l’Europe vers l’Afrique de l’Ouest et du Centre (Algérie, Libye, Maroc).
En outre, le transport aérien est fortement concurrencé par le transport routier et ferroviaire. Les
compagnies d’Afrique du Nord (Egyptian Airlines, RAM, Air Algérie, Tunis Air, Afriqihya)
sont majoritairement bénéficiaires et cherchent à rejoindre les alliances aériennes mondiales. Des
compagnies charter ou low cost se créent pour exploiter le fort potentiel touristique de ces pays.
- En Afrique de l’Est : le trafic domestique de la région est bien assuré dans des pays comme
l’Ethiopie, le Kenya ou la Somalie (aucun autre moyen de déplacement disponible ou sûr dans ce
pays). Le trafic régional a crû ces dernières années, soutenu par la mise en place d’outils comme
les Hubs (Nairobi, Addis Abeba). Les autres compagnies de la région maillent bien le réseau
(Air Tanzania, Sudan Airways). La région est dominée par les compagnies historiques Ethiopian
Airlines, Kenyan Airways et SAA. Air Seychelles est aussi une des rares compagnies à opérer
des vols inter continentaux.
- En Afrique Australe : le trafic domestique est surtout développé en Afrique du Sud et est en
pleine croissance avec la prédominance de South African Airways (SAA) et la création de
compagnies low costs. Au niveau du trafic régional, l’Afrique du Sud est encore leader de la
région ; l’offre de transport aérien n’est pas adaptée à la demande des marchés, principalement
pour cause de retards dans la mise en œuvre de la Décision de Yamoussoukro. Le trafic régional
de l’Afrique Australe sera le vecteur de croissance du trafic régional africain pour les 10 années
à venir. SAA, nouveau membre de Star Alliance, est le leader des compagnies aériennes de la
région et même au niveau continental. Cependant, il est également noté les bonnes performances
d’Air Mauritius. Par contre, d’autres pays de la région ont une multitude de compagnies
aériennes privées qui utilisent des aéronefs mal entretenus et facteurs de risques d’accidents.
Les compagnies aériennes africaines se caractérisent par les insuffisances ci -après, notamment:
(i) la taille critique non atteinte,
(ii) les nouvelles technologies sous-utilisées,
(iii) l’absence d’intégration dans les alliances mondiales,
(iv) la flotte souvent obsolète dont l’exploitation est coûteuse (maintenance, carburant),
(v) l’ingérence des gouvernements dans la gestion des compagnies nationales,
(vi) la sous capitalisation et manque de moyens de financement,
(vii)les coûts d’exploitation plus élevés que la moyenne mondiale,
(viii)la population à faible revenu et marchés étroits (rentabilité difficile).
De même, des facteurs exogènes freinent également le développement du transport aérien intra africain :
(i) la mise en œuvre partielle de la Décision de Yamoussoukro : la libéralisation effraie les pays qui
n’ont pas les instruments nécessaires à l’exploitation de leurs services aériens. L’impact à court
terme est que les lignes aériennes à faible potentiel sont désertées alors que les autres connaissent un
regain de concurrence (pas toujours bénéfiques aux passagers). Selon l’expérience de l’Union
Européenne, la libéralisation à moyen terme stabilise le marché, augmente les emplois et entraîne
une concentration du marché, mais aussi une stabilisation du nombre des compagnies aériennes
exploitantes. En outre, la Décision de Yamoussoukro doit être complétée (Règles de concurrence,
création de l’Agence d’Exécution) pour permettre sa mise en œuvre de façon uniforme au niveau du
continent.
(ii) un cadre juridique incomplet : les Etats, n’ayant pas les moyens de faire les investissements
nécessaires dans les infrastructures de transport aérien, doivent créer les conditions idoines à
l’implication des investisseurs privés. Des pays comme la Tanzanie ou Madagascar ont mis en place
des mesures de nature à rendre attractif leur pays. Au delà de ces mesures, c’est la garantie du
respect de la propriété privée et la stabilité politique qui seront recherchées en premier lieu par les
investisseurs ; et,
(iii) une faible intégration du continent lui-même : en dehors des Communautés Economiques
Régionales, les échanges économiques entre les pays africains restent faibles (environ 2%). Les
freins à ces échanges sont entre autres : le manque de facilitation (accès aux visas très restrictif) ; les
monnaies non convertibles (transferts de fonds très lents), et les différends politiques et crises
internes.
Cependant, il est de la responsabilité des compagnies aériennes d’exploiter ou non des lignes, et il ne
pourrait donc être envisagé de le leur imposer, sauf à les subventionner au nom de l’intérêt général ou
du service public.
III- Recommandations
Il est recommandé de :
(i) améliorer la coopération de façon plus étroite entre compagnies aériennes africaines (accords
commerciaux, maîtrise des coûts, accès aux nouvelles technologies, achats groupés d’avions et de pièces
de rechanges, pool d’assurances,…) qui pourrait entraîner des économies d’échelles et la réduction des
coûts d’exploitation.
La coopération peut prendre différentes formes : accords interlignes (utilisation des billets d’une
compagnie sur une autre) ; code-share (partage de capacités) ; franchises (utilisation d’une marque et
d’un savoir-faire en contrepartie de royalties) et/ou acquisitions / prises de participation dans le capital.
(ii) créer des compagnies régionales, tel le projet de la Société de Promotion d’une Compagnie Aérienne
Régionale (SPCAR ), prévu en Afrique de l’Ouest et du Centre et soutenu par des privés (notamment
Ecobank et ITI), ou des compagnies continentales ainsi que le recommande la Déclaration de
Yamoussoukro de 1988.
Note de présentation Thème III
I - Objet
L’aviation civile internationale qui a une vocation universelle est le meilleur exemple de mondialisation
et de globalisation. Durant les trente dernières années, plusieurs tendances dans le processus de
mondialisation du transport aérien se sont manifestées dans plusieurs régions du monde notamment : les
Etats-Unis (1978), l’Union Européenne (1987) et l’Afrique (Décision de Yamoussoukro 1999).
Le thème 3 traite de :
i. la mondialisation et de la globalisation ;
ii. des expériences américaine et européenne ;
iii. du transport aérien en Afrique ;
iv. de la clause communautaire de l’Union Européenne et son impact sur le transport aérien en
Afrique ;
v. de la stratégie Africaine à adopter et qui constitue la réponse Africaine à la globalisation .et
plus particulièrement à la politique de l’Union Européenne vis-à-vis des pays tiers (Clause
communautaire de l’Union Européenne).
L’objectif recherché est l’adoption d’une stratégie commune en vue de préserver, et de renforcer le
marché intérieur, d’assurer la compétitivité des compagnies aériennes et de sauvegarder l’équilibre
bilatéral existant
La déréglementation américaine du transport aérien, décrétée vers la fin des années 1970, a eu comme
conséquences :
(i)- la multiplication d’opérateurs aériens passant de 80 à 200 ;
(ii)- la concurrence effrénée entraînant notamment une importante baisse des tarifs et une
multiplication des faillites en 1983, suivies de nombreuses fusions ou d’absorptions,
conduisant à la survie de cinq compagnies majeures. Elles sont aujourd'hui au nombre de dix
(United, American, Delta, Northwest, US Airways, Continental, America West, Alaska
Airlines, ATA, Southwest Airlines).
Au sein de l'Union Européenne, la libéralisation du transport aérien est effective depuis le 1er avril 1997.
Le processus a su ménager une phase de transition et d'adaptation pour les compagnies aériennes, et
s'est déroulé sans heurts structurels majeurs, contrairement à ce qui s'était passé aux Etats-Unis. Cela a
permis la constitution d'un marché intra-communautaire de transport aérien concurrentiel, mais toujours
organisé au niveau national, tant en ce qui concerne le contrôle aérien que les droits de trafic extérieurs à
l'Union Européenne.
La mise en œuvre est confrontée à l’imprécision des textes et à l’absence d’institutions de régulation et
de règlement des différends. La majorité des compagnies africaines sont confrontées aux problèmes de
compétitivité, de facilitation d’accès aux marchés internationaux, de position dominante de certaines
compagnies aériennes étrangères et africaines, de financement des infrastructures et des équipements, de
la sécurité et de la sûreté aérienne, de l’absence de règles de concurrence, etc.
Dans le cadre d'une procédure remettant en cause les accords de « ciel ouvert » conclus avec les Etats-
Unis par huit pays membres, la Cour Européenne de Justice (CEJ) a rendu le 5 novembre 2002 plusieurs
arrêts déclarant la clause de nationalité type de ces accords aériens bilatéraux contraire au principe de
liberté d'établissement établi par l'article 43 (ex. 52) du Traité de Rome qui dispose que « les restrictions
à la liberté d'établissement des ressortissants d'un État-membre dans le territoire d'un autre État-membre
sont interdites (....). La liberté d'établissement comporte (....) la constitution et la gestion d'entreprises ».
Par conséquent, les accords aériens comportant des clauses discriminatoires doivent être renégociés en
vue d’assurer le même niveau d’accès aux marchés internationaux à toutes les compagnie aériennes
européennes établies dans un Etat membre de l’Union européenne.
L’Union Africaine a été saisie par l’Union Européenne, de sa nouvelle stratégie qui a été adoptée le 12
Octobre 2005 (Developing the Agenda for the Community’s external aviation policy). Cette stratégie
s’articule autour des axes ci-après :
En attendant que l’Afrique termine le processus d’intégration et que le marché Africain devienne une
réalité avec des institutions qui fonctionnent et des règles communautaires, l’Union Européenne propose
des négociations horizontales avec l’UEMOA, la SADC, la CEMAC, la COMESA.
La nouvelle politique de l’Union Européenne en matière de transport aérien a des implications sérieuses
sur la compétitivité des compagnies aériennes africaines et sur la participation durable des Etats
Africains dans l’industrie du transport aérien.
L’inclusion de la clause communautaire dans les accords bilatéraux sur les services aériens a des
répercussions sérieuses sur le transport aérien africain, notamment sur les questions suivantes:
l’équilibre des droits ; l’impact de la concurrence sur les compagnies aériennes africaines ; la
désignation et les autorisations ; la mono désignation et la multidésignation ; l’accès aux marchés
(Droits de trafic) ; les droits de trafic non exploités et la cinquième et la septième libertés.
Par conséquent, les Etats africains sont appelés à adopter une stratégie commune en vue de préserver, et
de renforcer le marché intérieur, d’assurer la compétitivité des compagnies aériennes et de sauvegarder
l’équilibre d’exploitation des services aériens.
La stratégie commune Africaine proposée à la présente réunion pourrait être basée sur une approche
combinée du libéralisme dans un cadre bilatéral et du Multilatéralisme progressif :
(i)- la stratégie intérieure découle de l’urgence pour l’Union Africaine de relever le défi de
l’achèvement du processus de libéralisation du transport aérien grâce à la mise en œuvre totale de la
Décision de Yamoussoukro à travers le continent ;
(ii)- la stratégie extérieure devrait aboutir, à long terme, au remplacement des centaines d’accords
aériens qui régissent actuellement les relations aériennes entre les pays africains et les pays de
l’Union Européenne. Toutefois, et à moyen terme, des négociations pourraient être engagées avec
l’Union Européenne sur l’adoption de la clause communautaire et sur la possibilité pour que les pays
africains bénéficient d’un traitement préférentiel.
Politique intérieure
Le défi majeur et l’urgence pour l’Union Africaine sont l’achèvement du processus de libéralisation du
transport aérien grâce à la mise en œuvre totale de la Décision de Yamoussoukro à travers le continent.
Ceci devrait aboutir au remplacement des centaines d’accords aériens qui régissent actuellement les
relations aériennes entre les pays africains par un accord multilatéral.
Pour atteindre cet objectif, il y a lieu de:
(i)- s’assurer que la Décision est appliquée d’une façon harmonieuse ;
(ii)- confirmer l’approche combinée : Libéralisation dans le cadre bilatéral et
Multilatéralisme progressif ;
(iii)- régler le problème institutionnel afin d’éviter les conflits de compétence notamment
concernant la régulation économique et technique, le règlement des différends et l’organe de
négociation. Les pays peuvent continuer à négocier avec des directives précises de négociation et
en présence d’un représentant de l’Union Africaine ;
(iv)- établir, à l’instar de l’Union Européenne, des règlements concernant les licences
d'exploitation, le transporteur aérien communautaire, l’accès aux marchés et la concurrence ;
(v)- élaborer et adopter un code de l’aviation civile africaine.
Politique extérieure
(i)- oeuvrer avec les pays du sud pour convoquer, avant 2010, une conférence diplomatique sur
le multilatéralisme dans le transport aérien sous l’égide soit de l’OACI soit de l’OMC ;
(ii)- élaborer et adopter un accord multilatéral à la lumière des résultats de ladite conférence.
Note de présentation Thème IV
Le secteur aéronautique a besoin de ressources suffisantes pour financer les infrastructures, les
équipements et les matériels d’exploitation, afin de pouvoir jouer son rôle de support à la production
économique des Etats africains, à l’instar des autres modes de transports terrestres.
I – Besoins de financement
1.1- Secteur public
Les besoins en financement des Etats et de leurs démembrements concernent les:
(ii) services de navigation aérienne : l’espace aérien contrôlé par les Etats africains couvre une
superficie de plus de 80 millions de km² de la Région Afrique Océan Indien (AFI) suivant le plan de
navigation aérienne de l’OACI RAN/AFI 7. En 2004, les services de navigation aérienne ont contrôlé
plus de 2 millions de mouvements d’aéronefs dont plus de 500 000 mouvements par l’ASECNA. Le
Groupe régional de planification et de mise en œuvre de RAN/AFI 7, dénommé APIRG est chargé
d’assurer une transition des aides radio-électriques de navigation aérienne classique (VOR, DME, ILS,
NDB) vers la réalisation du système de navigation par satellite (GNSS, CNS/ATM) prévu en 2010. En
juin 2000, l’OACI a estimé que les besoins d’investissements des 187 Etats contractants dont 53 Etats
africains, pour les aéroports et les services de navigation aérienne d’ici à l’an 2010 dépasseront 300
milliards US Dollars. Déjà pour leur part, l’ASECNA a engagé un programme d’investissements de 172
milliards francs CFA et ANTS Co. d’Afrique du Sud, 1,467 milliards Rands.
(iii) renforcement des capacités des Autorités de l’aviation civile : La libéralisation du transport
aérien en cours par la Décision de Yamoussoukro du 14 novembre 1999 doit avoir pour corollaire le
renforcement des capacités des Autorités nationales de l’aviation civile (autonomie financière et de
gestion), des Communautés Economiques Régionales (CER), de la CAFAC (autonomie) et de la
Commission de l’Union Africaine (Agence d’Exécution), afin qu’elles puissent jouer pleinement leur
rôle de régulateur.
Les opérateurs (compagnies aériennes) et les prestataires de services du transport aérien (services
d’aéroports et de navigation aérienne, fret aérien d’assistance au sol et catering) ont besoin de:
Le besoin de renouvellement de la flotte en Afrique, est estimé à 641 gros et moyens porteurs dans la
période 2004-2023 par Airbus. Le coût d’un aéronef de nouvelle génération varie entre 40 et 150
millions US Dollars, selon le module (petit, moyen ou gros porteur).
1.2.3- Fret aérien, assistance au sol et catering: les besoins de financement concernent le matériel
d’exploitation (avions cargos, hangars fret, tracteurs, chariots, loaders…) et la formation continue du
personnel en vue de se conformer aux normes et pratiques recommandées par l’OACI et à celles fixées
par Airport Handling Manual (AHM) de l’IATA.
1.2.4- Ressources humaines qualifiées: l’insuffisance des centres de formation en Afrique a pour
conséquence d’énormes dépenses en devises fortes pour former, notamment, les pilotes, hôtesses et
stewards, mécaniciens, commerciaux, dans les pays industrialisés.
II –Sources de financement
Diverses sources sont utilisées pour financer les besoins en investissements de l’Afrique :
2.1 – Budgets des Etats, limités en raison de la priorité accordée à d’autres secteurs (santé, agriculture,
éducation, dettes, lutte contre la pauvreté). Certains Etats développent avec succès des systèmes de
partage de coûts ou de cofinancement, comme c’est le cas pour le financement des projets COSCAP
relatifs à la supervision de la sécurité aérienne de la CEDEAO, de la CEMAC et de l’UEMOA où grâce
à la mobilisation financière de chaque CER (environ 1 million USD), un panel de bailleurs de fonds
(BAD, USTDA, IFFAS), de partenaires au développement (OACI, Union Européenne, Coopération
française), les budgets ont été bouclés ( 4 à 5 millions US Dollars par CER).
2.2- Prise de participation financière dans le capital social des compagnies aériennes : KLM dans
Kenya Airways (26%), RAM dans Air Sénégal (51%), Air France dans Air Ivoire (51%), Agha KHAN
dans Air Burkina (86%) et Compagnie Aérienne du Mali (51%) ; des gestionnaires d’aéroports
(SALT/Togo, ADC/Cameroun, AERIA/Côte d’Ivoire, ADL/Gabon) et d’assistance au sol (AHS au
Sénégal, Bénin et Niger), de catering (Abidjan catering).
2.3-Autofinancement : la privatisation et l’autonomie financière et de gestion accordée aux entités
autonomes de l’aviation civile, services d’aéroports et de navigation aérienne et compagnies
aériennes ont favorisé l’afflux des capitaux privés ainsi que l’accès au crédit. Ce qui a contribué à
améliorer les capacités d’autofinancement des opérateurs et prestataires concernés.
2.4 - Prêts commerciaux : l’accès au crédit a permis à certaines compagnies aériennes de renouveler
leur flotte aérienne : Air Algérie a acquis 25 avions entre 2002 et 2005, Air Sénégal, Kenya Airways et
Egypt Air ont reçu de nouveaux avions en 2004 ; Ethiopian Airlines a lancé une commande de 10
avions Boeing B787 Dreamliner et SAA a commandé 41 nouveaux aéronefs. De même, en 2005 Air
Burkina a introduit un Airbus A319 et Air Ivoire deux Airbus A320 dans leur flotte.
2.5 -Prêts et assistance financière des Gouvernements étrangers : les Etats africains bénéficient de
prêts à des taux concessionnels et d’assistance financière de la part de plusieurs Gouvernements
étrangers, notamment la France (AFD, Coopération française, COFACE), la Grande Bretagne (ECGD)
et les Etats-Unis d’Amérique (USTDA, USAID, EXIMBANK).
III – Recommandations
3.1- A l’attention des bailleurs de fonds, du NEPAD, des CER et des Etats africains
3.1.1- A court terme : Financer en priorité les projets du NEPAD : Sécurité et de Sûreté aériennes
et mise en œuvre du CNS/ATM (GNSS)
L’objectif poursuivi est d’aider les Etats africains à satisfaire les normes et pratiques recommandées par
l’OACI, grâce aux projets COSCAP, IOSA, ASET et de renforcer les capacités des autorités
aéronautiques (nationales, CER, CAFAC, Agence Africaine d’Exécution), pour qu’ils ne soient pas
marginalisés dans le transport aérien mondial.