Philo Tle - L6 - Lhistoire Et Lhumanité
Philo Tle - L6 - Lhistoire Et Lhumanité
Philo Tle - L6 - Lhistoire Et Lhumanité
Situation d’apprentissage
Après les cours d’histoire sur les relations internationales, les élèves de la Terminale A1 du Lycée
Moderne 1 de Port-Bouët découvrent la volonté manifeste de certains peuples de dominer le reste de
l’humanité. Choqués par l’attitude de ces peuples, les élèves s’interrogent sur le sens de l’humanité.
Aussi, décident-ils de connaître davantage la notion d’humanité, montrer que décoloniser et désaliéner
sont des exigences humaines et apprécier les conditions de l’humanité.
Introduction
L’histoire et l’humanité révèlent l’identité spécifique de l’homme parmi l’ensemble des êtres vivants.
A ce titre il s’agit de faire une évaluation des caractéristiques de l’histoire et de l’humanité. Ainsi donc
l’évolution de l’humanité rend compte des diverses productions accomplies par les hommes. Dès lors
l’histoire permet-elle de saisir les caractéristiques fondamentales de la notion d’humanité ?
On perçoit sans aucun doute l’idée et l’image de l’homme à travers la culture, la civilisation et l’histoire.
Pour ce faire, l’homme se distingue fondamentalement de l’animal. Car la culture, la civilisation et
l’histoire confèrent à l’humanité une spécificité. Selon Jean Jacques ROUSSEAU (1712-1778) :
« Cette différence de l’homme et de l’animal réside dans une qualité très spécifique, c’est la faculté
de se perfectionner. » Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Ici,
l’évocation de la perfectibilité par ROUSSEAU souligne la nécessité de la culture et de la civilisation
qui caractérisent l’humanité et l’éloignent de l’animalité. Aussi, Emmanuel KANT (1724-1804) peut-
il renchérir : « L’homme ne peut devenir homme que par l’éducation. Et l’éducation fait faire à la
nature un pas vers la perfection. » Anthropologie du point de vue pragmatique. Il approfondie cette
analyse dans son Traité de pédagogie où il fait l’examen de la discipline et de l’instruction comme les
deux branches de l’éducation qui permettent d’humaniser l’être humain. De ce fait, la culture, la
civilisation et l’éducation constituent la trame du cadre et des facteurs qui déterminent l’existence
humaine et l’évolution de l’humanité. Dans ces conditions, quels rôles l’homme joue-t-il dans le cours
de l’histoire ?
Tout en admettant l’histoire comme l’étude et la connaissance du passé humain, il n’est pas exclu de
souligner le fait que le passé des hommes n’est pas en rupture totale avec le présent et par la même
occasion, le présent contribue à tracer les sillons de l’avenir. Telle est la signification de l’historicité qui
caractérise l’humanité.
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lumière dans Les Dimensions de la conscience historique, la nécessité de connaître le passé, de ne point
le négliger afin de rendre la marche et l’évolution de l’humanité performantes. D’autant plus que
l’homme demeure le seul être historique, l’histoire acquiert la dimension d’un devenir puisqu’elle
intègre le passé, le présent et l’avenir. Si tel est le cas, quel rôle l’homme assure-t-il dans le devenir
historique ?
À l’encontre de cette vision, fataliste et essentialiste, Karl MARX (1818-1883) et ENGELS (1820-
1895) défendent le matérialisme historique. Ils affirment en ce sens : « La conception hégélienne de
l’histoire qui suppose un Esprit abstrait ou absolu faisant de l’humanité une Masse relève d’une
double insuffisance. » La Sainte Famille. Et Karl Marx précise : « Les hommes font leur propre
histoire dans des conditions directement héritées du passé. » Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte.
Il ressort que l’homme est le maître ou l’agent de son devenir. Alors SARTRE reprend à son compte la
thèse marxiste à propos de l’histoire. Celui-ci a justement fondé la doctrine de l’existentialisme athée
dont le principe relève de l’assertion suivante : « L’existence précède l’essence » L’existentialisme est
un humanisme. Dès lors l’histoire n’est rien d’autre que l’œuvre de l’homme en clouant au piloris le
déterminisme historique. Il souligne à ce titre : « Ainsi l’homme fait l’histoire. En ce sens l’histoire
est l’œuvre propre de toute l’activité de tous les hommes. » Critique de la Raison Dialectique.
Admettons tout de même que toute l’histoire de l’humanité ne dépend pas pleinement de la volonté et
de la liberté des hommes.
L’histoire est un processus complexe qui échappe à l’ordre répétitif des évènements. En ce sens
MACHIAVEL (1469-1527) expose la vision selon laquelle les hommes sont à la fois produits et agents
de l’histoire. De ce fait il démontre respectivement dans Le Prince comme dans Le discours sur la
première décade de Tite-Live que l’histoire n’est pas totalement prédéterminée, car elle laisse une place
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à l’engagement et à l’action des hommes. Il existe seulement des circonstances susceptibles de favoriser
des leçons ou des enseignements. Si l’homme est objet de l’histoire, il en est aussi le sujet. Et on peut
relever que tout au long de l’histoire de l’humanité divers phénomènes notamment l’esclavage, le
racisme, l’apartheid, la colonisation et la domination ont marqué les rapports entre les hommes et les
peuples. Alors comment peut-on édifier l’humanité ?
La notion d’humanité repose sur la valorisation de la dignité humaine et sur la diversité culturelle, en
cela elle est incompatible avec l’idée de domination. En ce sens l’ethnocentrisme, en tant que tendance
à privilégier un type de société et de culture auquel on appartient, s’avère illégitime et dangereux. Dans
la mesure où cette attitude conduit à la division, au racisme, à l’exclusion, à la discrimination, à
l’esclavage, au sexisme, à la domination coloniale et bien d’autres pratiques du même genre. À en croire
MONTESQUIEU (1689-1755) dans son ouvrage De l’Esprit des lois, l’esclavage des noirs et
l’extermination des indiens d’Amérique sont justifiés du fait que ceux-ci n’ont pas de raison et
n’appartiennent pas à l’humanité ou au genre humain. Contre cette position Senghor, Césaire, Damas,
Frantz Fanon revendiquent l’égalité des peuples et des cultures à travers le courant remarquable de la
négritude. Il importe donc de dénoncer et de faire cesser toutes les formes d’exclusion et de domination
au sein de l’humanité. Selon Claude Lévi-Strauss (1908-2009) : « Aucune société n’est foncièrement
bonne ; mais aucune n’est absolument mauvaise » Tristes Tropiques. Tel est le sens de la promotion
de la diversité culturelle pour enrichir l’humanité.
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CONCLUSION
En définitive, l’histoire de l’humanité permet de saisir le parcours des hommes et des peuples à travers
le temps. Elle donne l’occasion de rendre compte des productions et des acquis résultant de la culture,
de la civilisation et de l’existence. Alors le rejet ou le refus de l’ethnocentrisme et de la domination au
sein de l’humanité acquièrent une légitimité au nom du principe du rationalisme selon lequel la raison
est une faculté universelle et caractérise la réflexion philosophique.
Activité d’application
Coche parmi les assertions suivantes celles qui soutiennent que l’homme est agent de l’histoire.
Les hommes qui sont les créatures de Dieu ne peuvent s’affranchir du plan préétabli par le
créateur.
L’homme est le maître ou l’agent de son devenir
« L’essence précède l’existence »
L’histoire n’est rien d’autre que l’œuvre de l’homme en clouant au pilori le détermine
historique.
L’Idée est en vérité ce qui mène les peuples et le monde.
SITUATION D’EVALUATION
Dans le cadre d’une réflexion sur l’histoire et l’humanité, le texte ci-dessous t’est proposé, fais-en
une étude ordonnée et dégage son intérêt philosophique.
L’homme n'est rien d'autre que son projet, il n'existe que dans la mesure où il se réalise, il n'est donc
rien d'autre que l'ensemble de ses actes, rien d'autre que sa vie. D'après ceci, nous pouvons comprendre
pourquoi notre doctrine fait horreur à un certain nombre de gens. Car souvent ils n'ont qu'une seule
manière de supporter leur misère, c'est de penser : “Les circonstances ont été contre moi, je valais
beaucoup mieux que ce que j'ai été ; bien sûr, je n'ai pas eu de grand amour, ou de grande amitié, mais
c'est parce que je n'ai pas rencontré un homme ou une femme qui en fussent dignes, je n'ai pas écrit de
très bons livres, c'est parce que je n'ai pas eu de loisirs pour le faire ; je n'ai pas eu d'enfants à qui me
dévouer, c'est parce que je n'ai pas trouvé l'homme avec lequel j'aurais pu faire ma vie (…)
Or, en réalité, pour l'existentialiste, il n'y a pas d'amour autre que celui qui se construit, il n'y a pas de
possibilité d'amour autre que celle qui se manifeste dans un amour ; il n'y a pas de génie autre que celui
qui s'exprime dans des œuvres d'art : le génie de Proust c'est la totalité des œuvres de Proust ; le génie
de Racine c'est la série de ses tragédies, en dehors de cela il n'y a rien ; pourquoi attribuer à Racine la
possibilité d'écrire une nouvelle tragédie, puisque précisément il ne l'a pas écrite ? Un homme s'engage
dans sa vie, dessine sa figure, et en dehors de cette figure il n'y a rien.
Jean Paul Sartre (1905-1980), L’existentialisme est un humanisme
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CORRIGE
I. Problématique du texte
Thème : L’homme et son devenir.
Problème : L’homme a-t-il une emprise sur son devenir ?
Thèse : L’homme est entièrement responsable de son devenir.
Antithèse : L’homme est soumis au déterminisme.
Intention : L’auteur veut montrer que l’homme est le sujet de son devenir.
Enjeu : La liberté.
A. Critique interne
Nature du texte : Polémique.
Type de raisonnement : Antithétique.
Adéquation entre la démarche et l’intention.
❖ L’homme est-il toujours responsable de son devenir ?
B. Critique externe
Axe 1 : L’homme est entièrement responsable de son devenir.
Argument 1 : L’homme est un être qui existe d’abord et par la suite se réalise.
• Cf. : Sartre : « L’existence précède l’essence » L’existentialisme est un humanisme.
Argument 2 : L’homme trace lui-même le chemin de son devenir à travers les différentes contradictions
sociales.
• Cf. : Karl Marx et Engels : « L’histoire de toutes sociétés jusqu’à nos jours n’a été que
l’histoire de la lutte des classes » Le manifeste du parti communiste.
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EXERCICES
Activité d’application 1
Coche les cases qui correspondent aux arguments qui peuvent être illustrés par cette assertion :
« Si tu diffères de moi mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis »
Toute forme de culture a des traits rudimentaires qui peuvent être polis par les productions
novatrices d’une tradition différente.
L’humanité est une totalité qui se construit dans la diversité des peuples, des hommes et des
cultures.
Activité d’application 2
Coche parmi les assertions suivantes celles qui soutiennent que l’homme est agent de l’histoire.
Les hommes qui sont les créatures de Dieu ne peuvent s’affranchir du plan préétabli par le
créateur.
L’homme est le maître ou l’agent de son devenir
« L’essence précède l’existence »
L’histoire n’est rien d’autre que l’œuvre de l’homme en clouant au pilori le détermine
historique.
L’Idée est en vérité ce qui mène les peuples et le monde.
Activité d’application 3
A l’aide d’une croix désigne l’auteur de ces citations :
CITATIONS AUTEURS
J.J Rousseau B. Pascal L.S Senghor E. Kant
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SITUATION D’EVALUATION 1
Dans le cadre d’une réflexion sur l’impact des diversités culturelles, les élèves des Terminales A sont
soumis au sujet suivant : La pluralité des cultures est-elle un obstacle au rapprochement des
peuples ?
Dans une production argumentée, donne ton point de vue sur cette question.
CORRIGE
I- Définition des termes et expressions essentiels
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Cf. Aimé CESAIRE dans Discours sur le colonialisme : « j’admets que mettre les civilisations
différentes en contact les unes avec les autres est bien ; que marier des mondes différents est
excellent ».
Cf. Saint Exupéry, Terre des hommes : « Si tu diffères de moi, loin de me léser, tu m’enrichis ».
Argument 3 : Le respect des autres malgré nos différences est une exigence morale.
Cf. Emmanuel KANT : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne
que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement
comme un moyen ». Fondements de la métaphysique des mœurs.
SITUATION D’EVALUATION 2
Dans l’intention de connaître ton point de vue sur un débat relatif au travail, le sujet suivant t’est
proposé : Le travail humanise-t-il ?
A travers une production argumentée, fais-nous connaître ta position.
CORRIGE
I- Définition des termes et expressions essentiels du sujet
DOCUMENTS A CONSULTER
Sophocle – Epictète – Montaigne – Erasme – Pascal – Spinoza – Montesquieu - Rousseau – Kant –
Hegel – Marx – Engels – Schopenhauer – Bergson – Merleau-Ponty – Lévi-Strauss – Raymond Aron –
Irénée Marrou – Sartre – Senghor – Aimé Césaire - Auguste Comte - Saint Augustin – Kierkegaard –
Hérodote
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