Elkhart I at MN 292014
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Lahcen el Kharti
Université de Rouen
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All content following this page was uploaded by Lahcen el Kharti on 03 April 2023.
A u cours de ces dernières années, l'apparition de la microfinance comme un outil novateur pour
réduire la pauvreté des personnes économiquement actives mais financièrement contraintes et
vulnérables a attiré l'attention de plus en plus de décideurs politiques et de gouvernements de nombreux
pays dans le monde. En 2011, les institutions de microfinance (IMF) ont fourni des microcrédits à plus de
124 millions de ménages vivant dans l'extrême pauvreté, selon le rapport publié en 2013 par la Campagne
du Sommet du Microcrédit.
En particulier, le secteur du microcrédit marocain a connu l'une des croissances les plus rapides et
importantes observées dans le secteur de la microfinance. En quatre ans, de 2003 à 2007, le portefeuille de
prêts des IMF a été multiplié par 11 et le nombre de clients par quatre, selon le (MIX) Microfinance
Information Exchange. Ces résultats font du secteur de la microfinance au Maroc l'un des acteurs les plus
actifs et dynamiques du monde arabe. Ce succès a bénéficié de l'appui du gouvernement marocain qui a
promulgué la loi de la microfinance en 19993 et a créé le Fonds Hassan II pour fournir une première
assistance aux IMF.
Malgré cette croissance rapide, des signes d’inquiétude sont apparus en 2007. Les prêts non remboursés
ont commencé à augmenter de façon significative passant d’un des niveaux les plus bas du monde, 0,42%
en 2003 à 1,9% en 2007. Fin 2008, le risque portefeuille a dépassé 5% alors qu’il était inférieur à 1% entre
2003-2007. Il excédait 10% en 2009 et 2010. Les radiations constituent l'un des principaux coûts pour les
IMF et pèsent lourdement sur leur rentabilité et leur solvabilité. De nombreuses IMF ont été restructurées
afin d’assurer leur viabilité financière, de financer leur croissance et de garantir une diffusion à grande
échelle pour les pauvres sur une base à long terme4. Comme à ce jour, il n'existe aucune étude sur les
déterminants clés de la viabilité des IMF marocaines, cet article vise à combler cette lacune.
La littérature empirique sur la viabilité financière des institutions de microfinance est rare. Hartarska
(2005) analyse l'impact de la gouvernance sur la viabilité des institutions de microfinance (IMF) en Europe
orientale et centrale. Les résultats indiquent que la rémunération du gestionnaire basée sur la performance
n'est pas associée avec les plus performantes IMF, mais que l'expérience de gestionnaires améliore la
performance. Cull et al. (2007) ont examiné les tendances de la rentabilité, le remboursement du prêt, et la
réduction des coûts avec les données concernant 124 IMF de 49 pays. Leurs résultats montrent la
possibilité de réaliser des profits tout en servant les pauvres, mais un compromis se dégage entre assurer la
viabilité et servir les plus pauvres. Mersland et Strom (2009) explorent la relation entre la performance et la
gouvernance des IMF en utilisant un ensemble de données mondiales recueillies auprès d’agences de
notation. Ils étudient le type de propriété des entreprises, la relation entreprise-client, l’effet de la
concurrence et de la réglementation sur la viabilité financière et la sensibilisation de l'IMF aux clients
pauvres. Les résultats montrent que la viabilité financière s'améliore avec des dirigeants locaux plutôt
qu’internationaux, un conseil auditeur interne et une femme PDG. Mersland et al. (2011) examinent
comment les divers aspects de l'influence internationale agissent sur la viabilité financière et sociale des
IMF. Utilisant des données de 379 institutions de microfinance de 73 pays en développement (entre 2001
et 2008), ils constatent que l'internationalisation des IMF dans une large mesure améliore la performance
sociale mais pas la viabilité financière. Tchakoute (2010) étudie la relation entre le statut juridique des IMF
1
L'auteur remercie les professeurs C. Mayoukou, F. Mourji, M. Labie et P. Adair, ainsi que les participants des 29es
Journées du développement, Association Tiers Monde (ATM-Université de Paris-Est Créteil, 2013), de la 31e École d'été de
l'audit social (Université de Mons, Belgique, 2013), de la 7ème conférence internationale sur les transformations
institutionnelles structurelles de l'économie de la Méditerranée (Rabat, Maroc, 2013) et la 30e journée de l'Ecole doctorale de
gestion Economie Normandie (Rouen, 2013) pour leurs commentaires et suggestions très utiles.
2
CREAM, EA4702 Université de Rouen. lahcen.elkharti1@univ-rouen.fr
3
Cette loi exige une viabilité au bout de cinq ans.
4
Car le taux de bancarisation au Maroc ne dépasse pas 40%.
et leur performance. Il montre que la performance des sociétés privées est meilleure que celle des
organisations non gouvernementales (ONG) si la qualité du portefeuille est utilisée comme un indicateur
pour mesurer la performance. En outre, il constate que les IMF bénéficiaires de subventions sont
socialement plus efficaces que les IMF sans but lucratif. L'approche commerciale de la microfinance ne
semble pas incompatible avec la mission sociale des IMF.
Cet article analyse la viabilité financière des IMF marocaines. Les résultats montrent que le volume de
crédit, le ratio de productivité et le ratio de fonds propres dans l'actif améliorent les performances
financières tandis que le portefeuille à risque de plus de 30 jours et le pourcentage des femmes parmi les
emprunteurs diminuent la viabilité financière.
La première partie présente une revue de la littérature qui met l'accent sur les questions et les hypothèses
de la viabilité financière. La seconde décrit la méthodologie et les données. Les résultats sont présentés et
discutés dans la troisième partie.
1. CONTEXTE ET HYPOTHÈSES
Il existe deux principales approches de la microfinance dans la littérature. La première met l'accent sur
l'exigence sociale de lutte contre la pauvreté (défendue par l'école Welfariste : Brody et al. 2003 ; Morduch
2000 ; Woller et al. 1999 ; Dunford 1998). Cette approche évalue le succès par la façon dont elle améliore
le bien-être immédiat des clients. Tandis que la seconde met l'accent sur l'exigence de la viabilité
économique de l'institution (défendue par l'école Institutionnaliste : Gonzalez-Vega 1993 ; De Briey 2005).
Elle évalue le succès de l'institution dans la réalisation de l'autosuffisance financière. En d'autres termes,
les IMF ne doivent pas seulement être en mesure de couvrir leurs frais opérationnels et financiers à travers
leurs activités, mais elles doivent également être en mesure de générer des profits pour assurer leur
viabilité financière.
Dans cette étude, nous nous sommes inspirés de l'approche des institutionnalistes afin de déterminer les
facteurs déterminants de la viabilité financière car les auteurs de cette école estiment que le meilleur moyen
de toucher la grande majorité des personnes pauvres sans accès aux services financiers est d'intégrer le
secteur de la microfinance dans le système financier formel.
doivent adopter des stratégies inspirées du modèle commercial afin de se libérer de la dépendance des
subventions et d’agir en conformité avec les normes bancaires.
2. MÉTHODOLOGIE ET DONNÉES
2.2 Données
Le tableau 3 présente quelques indicateurs économiques et financiers du Maroc. En 2009, 8,8% de la
population marocaine est considérée comme pauvre contre 14,3% en 2006, proportion importante pour
un pays de 32 millions de personnes sans beaucoup de ressources naturelles. Le PIB par habitant a
augmenté de plus de 7% entre 2006 et 2009. Ce taux de croissance a contribué à la baisse du taux de
pauvreté au Maroc. Selon le Haut-Commissariat marocain de la Planification, une croissance économique
par habitant de 1% réduit le taux de pauvreté de 2,9%. En outre, les IMF ont joué un rôle important dans
la réduction de la pauvreté par leurs activités dans le développement local grâce à des partenariats officiels
avec le gouvernement.
5MIX est une organisation sans but lucratif créée en Juin 2002 dont le siège est à Washington et disposant de bureaux
régionaux au Pérou, au Sénégal, en Inde et en Indonésie. Le MIX fournit des informations financières et sociales détaillées
issues des institutions de microfinance (IMF) ainsi qu’une information de marché provenant des organisations d’appui, des
principales agences de bailleurs de fonds et des investisseurs en microfinance.
par des politiques de crédit laxistes, des systèmes d'information et de gestion obsolètes, des déficiences
dans le contrôle interne et une faible gouvernance. Par conséquent, il est essentiel de prendre en
considération la crise dans notre estimation du modèle. Pour cela, nous divisons notre période d'étude en
deux sous-périodes : une sous-période avant la crise (2003-2007), reflétant la phase de croissance et une
sous-période après la crise (2008-2012), caractérisée par la restructuration du secteur de la microfinance.
Dans cette seconde sous-période, le nombre d'IMF est de 9 car Zakoura (la deuxième plus grande IMF
dans le pays) a été reprise en mai 2009 par FBPMC (voir encadré 1). Pour cette raison, la durée totale de la
période pour l'échantillon va de 2003 à 2010, car les données de Zakoura n’existent plus après 2010.
Le tableau 4 résume les résultats obtenus lors de la première régression du modèle pour l'ensemble de la
période étudiée de 2003 à 2010. En plus les résultats du test de Hausman montrent que le modèle à effets
aléatoires doit être choisi de préférence au modèle à effets fixes car la (Prob> chi2> 10%).
Tableau 4 : Résultats économétriques, période 2003-2010
variables ROE ROA
ratioass 0.49 (9.32) 1.18 (1.17)
lncredit -3.92 (3.68) -1.61*** (0.46)
lnclient 3.73 (5.12) 2.68*** (0.63)
PFEM -0.005 (0.006) -0.001** (0.0008)
Empr_Ef 0.0005 (0.005) 0.0001 (0.0007)
mature 6.63 (14.65) 0.014 (1.85)
PAR30 -4.65*** (1.37) -0.327** (0.17)
constante 37.84 (43.79) 1.6 (5.31)
nombre d’IMF 10 10
nombre d’observations 80 80
within 0.2 0.27
test de Hausman (Prob>chi2) 0.5082 0.4574
*** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1, Standard errors in parentheses. Le test d’Hausman indique le modèle à effets
aléatoires est pertinent pour l’estimation.
Les résultats ne prennent pas en charge l'hypothèse 1, puisque le coefficient (Ratioass) n'est pas significatif.
Ce résultat peut être expliqué par le fait que le volume des fonds propres des IMF n'est pas assez
important pour les premières années de la période étudiée.
Les résultats indiquent que le ratio de productivité et l'âge n'ont pas influencé les ROA et ROE des IMF.
Ces résultats s'expliquent par le manque de maturité des IMF et l'inefficacité des agents de crédit,
respectivement. En effet, dans la première période, la gestion technique et le personnel de gestion ne sont
pas suffisamment développés pour permettre aux agents de crédit d'acquérir une expertise technique
éprouvée dans le domaine de la microfinance.
Étonnamment, le coefficient de pourcentage de femmes emprunteuses (PFEM) impacte le ROA
négativement et significativement au seuil de 5%, ce qui traduit une baisse de la performance liée au poids
des femmes parmi les emprunteurs. Ce résultat est contraire à l'hypothèse 4. Rappelons que l'expérience
de microfinance a confirmé que les femmes font les meilleurs emprunteurs, et il a été confirmé par des
études que les femmes remboursent leurs prêts plus fidèlement que les hommes. Cet impact négatif pour
le cas du Maroc s'explique par le défaut de paiement de ces clients femmes. Selon le CGAP (2010), des
emprunts multiples des mêmes clients constituent un facteur aggravant de la forte hausse des prêts
improductifs.
Le résultat le plus fort de cette étude est celui qui justifie l'hypothèse 2, il est comparable à celui constaté
par Mersland et al. (2011) et Tchakoute (2010), mais contraire à celui suggéré par Mersland et Strom
(2009).
Le PAR30 affecte négativement le ROE ainsi que le ROA avec des coefficients respectifs de -4,65 et -
0,327. Cela implique qu'une augmentation de 1% du PAR30 entraine une baisse de la rentabilité financière
(ROE) et de la rentabilité économique (ROA) respectivement de 4,65% et de 0,327 %. Le grand impact
sur le ROE est expliqué par le fait que les crédits distribués au début des périodes sont principalement des
fonds originaires des subventions des bailleurs de fonds et du gouvernement. Ce résultat suggère que les
IMF avec portefeuille à risque élevé auraient pour effet de limiter l'argent à prêter, comme ce fut le cas
pour Zakoura (voir encadré 1 en dessous). Le coefficient de portefeuille à risque, de plus de 30 jours, a la
valeur absolue la plus élevée dans la régression (4.65). Cela implique que le portefeuille à risque est le
facteur déterminant de la viabilité financière des IMF. Ces dernières doivent se concentrer sur la gestion
préventive du risque d'un portefeuille de qualité de crédit afin d'être financièrement autonomes. Il apparaît
que pour accroître leur viabilité financière, les IMF doivent favoriser la gestion proactive des risques en
tenant compte de leur capacité à anticiper les problèmes de recouvrement de crédit afin d'éviter la
contagion perverse parmi les emprunteurs. En effet, seule une petite fraction du PAR30 est sous-jacente à
l'autosuffisance financière des IMF dans le contexte de faibles niveaux de mobilisation de l'épargne et de
réduction des possibilités de financement externes. Cela devrait pousser à la professionnalisation des IMF
afin de parvenir à une gestion relativement efficace de leur risque de crédit.
Le coefficient du nombre de client est positif et significatif à 1%. Ce résultat est conforme avec
l'hypothèse 4. Cependant, l'impact du volume de crédit (Lncredit) sur la viabilité financière est négatif et
statistiquement significatif à 1%. Cela est dû au rationnement de crédit des IMF marocaine, conséquence
du taux élevé de défaut de paiement dans leurs opérations à la fin de la période de croissance (2003-2007).
Pour faire face à toutes ces difficultés et dans le cadre d’une bonne gestion des risques de crédits, les IMF
marocaines se sont regroupé pour créer un bureau de crédits (centrale de risque) afin de réduire
l’endettement croisées, de permettre l’échange et une meilleure circulation de l’information sur la
solvabilité des emprunteurs. En effet, lorsque les IMF commencent à se concurrencer et à se disputer la
clientèle, le taux de défaut de remboursement s’élève rapidement si elles n’ont pas accès à une base de
données affichant les éléments appropriés du comportement de leur clientèle. En l’absence du bureau de
crédit, un contrôle beaucoup plus accru des IMF sur les prêts individuels et les prêts de groupe avec la
caution solidaire des membres du groupe (Ahlin et Townsend et al 2007, Laffont et Nguessam 2000,
Conning 1999) devrait jouer un rôle prépondérant dans certains environnements marqués par une
solidarité de ses membres comme au Maroc par exemple. La caution solidaire est à la fois une garantie ex
ante et ex post pour lutter contre le risque de défaut (Stiglitz 1990, Gatak 1999). De ce fait, une bonne
gestion des risques de crédit entraînant un bon taux de remboursement des crédits pourrait permettre aux
IMF d’accroître leur portefeuille moyen de crédit pour un niveau de charges identiques et donc de baisser
éventuellement leurs taux d’intérêt effectifs, améliorant ainsi leur compétitivité.
Comme nous l’avons indiqué dans la stratégie d'estimation, les deux spécifications du modèle seront faites
suivant la période de croissance (2003-2007) et la période de déclin (2008-2012) afin d'étudier les
déterminants de la viabilité des IMF marocaines en prenant en compte la crise de 2008. En effet, en
réponse à cette crise, les IMF se serrent leurs processus de crédit, en mettant ensemble des équipes
dédiées uniquement à la reprise des prêts, et de prendre des mesures judiciaires contre les emprunteurs
défaillants. Le tableau 5 présente les résultats de l'estimation.
Tableau 5 : Résultats économétriques, période 2003-2012 (avant et après la crise)
2003-2007 (avant la crise) 2008-2012 (après la crise)
variables ROE ROA ROE ROA
ratioass -0.81 (3.71) 0.22 (1.14) -0.86 (11.26) 6.94** (2.83)
lncredit -0.76 (3.10) -1.41 (0.95) 2.02 (1.46) 0.59** (0.36)
lnclient 6.98** (4.04) 3.03** (1.24) -6.32** (2.48) -1.55*** (0.53)
PFEM 0.08 (0.14) 0.08** (0.045) -0.005** (0.002) -0.0005 (0.0004)
Empr_Ef -0.002 (0.002) -0.0004 (0.0007) 0.36*** (0.09) 0.08*** (0.018)
mature -2.12 (8.65) -0.69 (2.67) 17.46 (12.43) 3.89** (2.26)
PAR30 0.26 (1.30) -0.62 (0.40) 1.03** (0.63) -0.16 (0.18)
constante -47.95 (29.93) -7.83 (9.24) -29.46 (25.45) -7.99 (7.07)
nombre d’IMF 10 10 9 9
nombre d’observations 50 50 45 45
within 0.16 0.04 0.4 0.55
test de Hausman (Prob>chi2) 0.2408 0.2350 0.1173 0.3661
*** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1 ; écart-type entre parenthèses. Pour la période 2008-2012, nous avons retenu 9 IMF.
Le coefficient de ratio de fonds propres sur l'actif est positif et significatif à 5% pour la période (2008-
2012). Ce résultat met en évidence le changement de la structure de financement des IMF dans
l'augmentation de leur part de capitaux propres dans l’actif, ce qui suggère que la capacité de financement
des IMF est améliorée.
L'impact du nombre de clients et le pourcentage de femmes sur la viabilité financière des IMF est positif
et statistiquement significatif à 5% au cours de la période 2003-2007. En revanche, le nombre de clients et
le pourcentage de femmes affectent négativement la viabilité financière au cours de la période 2008-2012.
Ceci s'explique par le fait que les IMF ont considérablement ralenti leur croissance, réduit la taille de leurs
bilans, renforcé leurs méthodologies de crédit, constitué des équipes dédiées à la récupération de prêts et
aux poursuites judiciaires contre les emprunteurs défaillants. En outre, elles échangent régulièrement des
informations sur leur clientèle. Les IMF ayant réduit le risque à un niveau gérable, l'impact de PAR30 sur
le ROE est significativement positif après la crise.
Les résultats montrent également que l'âge des IMF et le ratio de productivité ont un impact positif et
significatif sur la viabilité financière des IMF pour la période 2008-2012. Ce résultat est attendu parce que
les IMF marocaines matures ont amélioré leur productivité. Il semble que la viabilité financière augmente
avec le nombre d'années d'existence de la structure (Cull et al., 2007). En outre, avec l'ancienneté, les IMF
ont tendance à changer leur relation avec les utilisateurs, en remplaçant la stratégie du client par la celle du
bénéficiaire et en donnant la priorité à l'établissement de règles claires pour la structuration d'un marché
efficace et stable.
CONCLUSION
L'objectif de cette étude est d'examiner les déterminants de la viabilité financière des IMF marocaines,
laquelle conditionne l'accès aux services financiers pour les pauvres et les exclus du secteur financier
traditionnel. Nos résultats d'estimation indiquent que le portefeuille à risque de plus de 30 jours et l'âge de
l'IMF sont les principaux déterminants de la viabilité financière. Ils montrent que la portée des
programmes de microfinance des IMF a un impact positif sur l'autonomie financière. En outre, nous
constatons un impact significatif du ratio des capitaux propres à l'actif, de la productivité du personnel,
ainsi que le pourcentage de femmes clientes sur la viabilité financière des IMF.
La crise marocaine a montré que le risque sur le marché existe, même dans le cas des établissements de
crédit. Comme les marchés de microcrédit concurrentiels conduisent souvent à des prêts multiples, les
IMF sont de facto connectées et les défauts de crédits peuvent se propager aussi vite que les rumeurs d'un
client à l'autre. Pour éviter une telle contagion, le cas marocain fournit de précieuses leçons en matière de
gouvernance, d’infrastructures et de surveillance du marché ainsi que la création d’un central de risque.
Rétrospectivement, nous pouvons noter que les IMF ayant réalisé une meilleure gouvernance sont celles
qui ont reçu les compétences techniques de leurs membres dans le secteur bancaire et financier. Elles se
sont concentrées sur la viabilité à long terme, plus surement que leurs homologues qui ont augmenté de
manière significative leur profil de risque, sans modifier leurs pratiques de gestion du risque de crédit.
De nouveaux défis se dessinent déjà pour le secteur du microcrédit marocain. À moyen terme, trouver le
créneau dans le système financier mondial sera crucial pour intégrer un marché de plus en plus diversifié.
Un sujet pour la recherche future serait l'élargissement de la portée de cette étude, à d'autres déterminants
de la viabilité financière en prenant ne considération les subventions et les aspects de gestion. En effet, les
données disponibles dans le MIX Market n'existent que pour quelques IMF. Il serait intéressant de
recueillir ces données au cours des enquêtes de terrain sur les IMF marocaines.
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TCHACOUTE T. (2010) L’influence des mécanismes de gouvernancesur la performance des institutions de
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VANROOSE A., D’ESPALLIER B. (2009) Microfinance and Financial Sector Development, CEB Working Paper N°
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WOLLER G. M., DUNFORD C., WOODWORTH W. (1999) Where to microfinance?, International Journal of
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Annexes
Tableau A1: Variables employées par les différents auteurs pour mesurer la viabilité.
auteurs variables définitions
Mersland et al. (2011) ; Adair & Berguiga Rentabilité des Ratio de Rentabilité des Actifs :
(2010) ; Lafourcade et al. (2006) ; Hartarska Actifs (ROA) ROA= [Résultat net
(2005) ; Mersland and Strøm (2008 and d‘exploitation/total actif], ce ratio
2009) ; Cull et al. (2007) ; Bruett (2005) ; mesure la façon avec laquelle l‘IMF
Tchakoute (2010 and 2011) ; Vanroose and. utilise ses actifs pour générer des
D’Espallier (2009) revenus.
Mersland et al. (2011) ; Adair & Berguiga Autosuffisance Ratio d‘Autosuffisance
(2010) ; Lafourcade et al. (2006) ; Hartarska Opérationnelle opérationnelle : OSS= [Produits
Viabilité (2005) ; Mersland and Strøm (2008 and (OSS) financiers/ (Charges
2009) ; Cull et al. (2007) ; Bruett (2005) ; financières+charges
Tchakoute (2010 and 2011) ; Vanroose and d‘exploitation+provisions pour
D’Espallier (2009) créances douteuses)], ce ratio
mesure la capacité de l‘IMF à
couvrir ses coûts à partir de ses
revenus d‘exploitations.
Tchakoute (2011 and 2010) ; Bruett (2005) ; Rentabilité des Ratio de Rentabilité des fonds
Vanroose and D’Espallier (2009) Fonds propres propres : ROE= [Résultat Net /
(ROE) Fonds Propres Moyens], ce ratio
mesure le retour sur leur
investissement effectué dans
l’institution.