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Anlyse Linéaire LL

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Analyse linéaire 1

Objet d’étude : Littérature d’idées


Écrire et combattre pour l’égalité
Louise Labé, Épître dédicatoire à Clémence de Bourges (1555)

Introduction :

- (Présentation de l’auteur, contexte, œuvre) Louise Labé est une poétesse du XVI ème siècle. Cette époque est
marquée par la redécouverte des textes antiques et du savoir qu’ils renferment. C’est l’humanisme. Un appétit
de connaissances naît alors et les femmes comptent bien en profiter aussi .

- (présentation du texte et des thèmes)C’est ainsi que Louise Labé introduit ses œuvres poétiques par cette
épître qu’elle dédie à Clémence de Bourges, son amie. Elle va ainsi pouvoir développer des thèmes qui lui sont
chers comme le joug des hommes, l’exhortation à l’étude pour finir par redéfinir la mission des femmes dans
la société.

- (lecture expressive + annonce de la problématique/projet de lecture) On va donc pouvoir voir dans quelle
mesure, d’après Louise Labé, la connaissance permet aux femmes de s’affranchir et de prétendre à égaler
l’homme ?

- (mouvements) On pourra identifier trois mouvements. Des lignes 1 à 6 « pouvaient venir », Louise dénonce le
joug que les hommes font peser sur les femmes. Des lignes 6 à 11, elle tente de montrer comment l’étude et la
connaissance vont affranchir les femmes. Enfin des lignes 12 à la fin, elle donne la mission aux femmes de
revendiquer plus d’égalité.
Passages Remarques stylistiques Interprétation
Mouvement 1 : lignes 1 à 6
L. 1 « étant le temps venu », Emploi d’un participe présent pour -Cette expression sonne comme un
Mademoiselle introduire cette épître, présent ralliement pour agir, l’action est en
d’actualité cours.
Apostrophe à la dédicataire -Elle missionne en particulier Clémence
de Bourges et c’est une femme non
mariée, elle pourrait donc être à l’origine
de nouvelles normes sociales.
l. 1 à 6 Opposition de champs lexicaux : - dénonciation du joug des hommes sur
contrainte associée aux hommes et les femmes et démonstration que la
liberté/plaisir associé aux femmes : connaissance va les libérer
« sévères, n’empêchent plus, tort, - Cette importance de l’apprentissage
privant »≠ « s’appliquer, commodité, définit aussi l’humanisme.
honnête liberté, désirée, bien, honneur »
Champ lexical de la connaissance se
mêle à celui de la liberté : « sciences,
disciplines, apprendre »
l. 4 « notre sexe », emploi du déterminant Louise Labé montre ici que c’est le
possessif combat d’un groupe entier. Il fait écho à
l’idée que Clémence de Bourges peut en
être une porte-parole.
Conclusion intermédiaire : Dans ce premier mouvement, Louise Labé affirme la nécessité des femmes de se saisir des
changements qui s’opèrent en matière d’éducation, notamment, pour s’émanciper du joug des hommes. Elle va ainsi pouvoir
développer l’importance du savoir dans la libération dans un second mouvement.
Mouvement 2 : lignes 6 à 11
l.6 « quelqu’une » : indéfini au féminin Détournement de l’indéfini qui mis au
féminin réaffirme que ce texte s’adresse
aux femmes
l.6 à 8 « si, pouvoir mettre, soigneusement, non - le modèle féminin est important dans la
dédaigner, par écrit » : hypothèse de littérature. Elle fait sans doute référence
création à elle de manière voilée mais elle en
appelle aux autres femmes aussi
l.8 Opposition de « gloire » à « usage » : - Ornements intellectuels qui s’opposent
jeu sur « chaînes, anneaux, somptueux aux ornements plus matériels avec un
habits » double sens de « chaînes « et
« anneaux » qui peuvent faire référence
au mariage et à ces contraintes
« usage ». C’était le seul moyen pour les
femmes d’avoir un moment de gloire.
l.9 à 11 Opposition syntaxique à nouveau entre - Affirmation de l‘émancipation par le
« honneur, science et nôtre » qui sont savoir
rapprochés - Termes qui font référence aux aléas
et «ni larron, ni force d’ennemis, ni humains, répétition de la négation
longueur de temps » permet de comprendre que la
connaissance est un acquis immuable
Conclusion intermédiaire : La narratrice démontre ainsi que la femme doit prendre sa place dans les écrits et que les
connaissances qu’elle aura acquises seront éternellement les siennes à la différence des biens matériels. Elle doit donc
changer les « usages ».
Mouvement 3 : lignes 12 à la fin
l.12 et 14 « Si » opposé au « mais » : structure en - Affirmation de LL qu’elle n’est pas le
deux phrases opposées, proche d’une chef de file des femmes
période dans un discours oratoire
l.12 à 13 « favorisée des Cieux, esprit grand - renoncement à être un modèle
assez, admonition »
l.14 à 20 « Exercice de la Musique, beauté, - Opposition qui montre la mission que
« quenouilles, fuseaux » : champ lexical LL donne aux femmes
des activités féminines en opposition - Elle s’adresse aux nobles mais le mot
avec « science, vertu, bon vouloir, notre « Dames » à un côté très médiéval qui
sexe, élever un peu leurs esprits » montre le besoin de modernité et de
- « Vertueuses Dames » : lexique changement.
médiéval
l.18 « passer ou égaler les hommes» : ordre - Affirmation d’une supériorité à
des mots atteindre en premier lieu
l.20 à la fin « faire entendre au monde » : hyperbole - Universalité du combat
- négations : « ne nous sommes faites, - LL cherche à faire réagir en choquant,
ne devons nous être » accolée à en accumulant mépris et oubli
« commander » et dédaignées » - Elle dénonce, montre les responsables
- répétition de si de cette situation.
- « tant… que » : formule qui exagère le - les femmes n’ont de place nulle part
mépris « domestiques et publiques »
- « ceux qui gouvernent et se font
obéir » : emploi du démonstratif
(=montrer)
- Outils rhétoriques
Conclusion : Louise Labé n’écrit pas cette épître pour présenter son œuvre ou flatter sa dédicataire mais elle donne pour
mission aux femmes et, aux nobles en particulier, de se libérer des images superficielles qu’elles peuvent avoir de leur sexe
pour se cultiver et apprendre afin de se battre avec les mêmes armes que les hommes et revendiquer plus d’égalités. Elle
finit même en dénonçant le mépris dont les hommes font preuve à leur égard.
Ainsi LL soulève déjà le problème des inégalités sociales et politiques entre hommes et femmes et comme Olympe de
Gouges, elle appelle les femmes à se prendre en main pour les combattre. Son épître devient alors un discours efficace qui
prend parfois l’accent d’une diatribe.

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