Droit Fiscal Affaires Extrait
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Droit Fiscal Affaires Extrait
DROIT FISCAL
Le présent ouvrage poursuit un triple objectif qui en fait l’originalité :
– expliquer clairement les règles fondamentales du droit fiscal des entreprises en les replaçant dans
leur contexte historique et en présentant leurs enjeux économiques ainsi que leur application pratique ;
– donner au droit fiscal international et au droit de l’Union européenne la place essentielle qui leur revient
DES AFFAIRES
dans un monde caractérisé par l’internationalisation des échanges et des opérations ;
– présenter le droit français dans une perspective comparative : la connaissance des systèmes étrangers
est en effet indispensable pour expliquer de nombreux aspects de notre droit positif et pour comprendre
le comportement des acteurs économiques internationaux.
Ainsi conçu, cet ouvrage s’adresse à un large public. Pensé en premier lieu pour les étudiants des
12e édition
facultés de droit (du master 1 au doctorat) et des écoles de commerce, il présente de façon synthétique
les principaux impôts de la vie des affaires : l’impôt sur le revenu, l’impôt sur les sociétés, la taxe sur
2021-2022
la valeur ajoutée et la contribution économique territoriale. Il examine également les impôts frappant
la détention ainsi que la transmission du patrimoine.
L’ouvrage a par ailleurs vocation à servir d’outil de travail aux praticiens, qu’ils soient ou non spécialisés
dans la matière fiscale.
La 1re édition de cet ouvrage a reçu le prix spécial du livre juridique décerné par le Conseil constitutionnel
et le Club des juristes en octobre 2010.
Daniel GUTMANN est professeur de droit fiscal à l’École de droit de la Sorbonne (Université Paris 1
Panthéon-Sorbonne). Il est agrégé de droit privé et diplômé d’HEC.
Prix : 45 €
ISBN 978-2-275-09057-3
www.lgdj-editions.fr
Le Petit Atelier
DROIT FISCAL
DES AFFAIRES
12e édition
DANIEL GUTMANN
Professeur à l’École de droit de la Sorbonne (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
© 2021, LGDJ, Lextenso
1, Parvis de La Défense
92044 Paris La Défense Cedex
www.lgdj-editions.fr
ISBN 978-2-275-09057-3
SOMMAIRE
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SOMMAIRE
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SOMMAIRE
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BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE1
M. COZIAN ■ Les grands principes de la fiscalité des entreprises, Litec, 4e éd., 1999.
G. LOUSTALET et A. MERCHADIER ■ Cours de droit fiscal, 2021, Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne,
IEJ Jean Domat, coll. CRFPA, 2021.
J.-Y. MERCIER ■ Les impôts en France, Éditions Francis Lefebvre, 2016.
Ph. OUDENOT ■ Fiscalité approfondie des sociétés, LexisNexis, 2020.
Y. SÉRANDOUR ■ Précis de TVA, LexisNexis, 2019.
P. SERLOOTEN ■ La fiscalité des contrats d’affaires, Economica, 1998.
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Ph. BAKER ■ Double taxation conventions, Sweet & Maxwell, 3rd ed., 2009.
R. DANON, D. GUTMANN, X. OBERSON, P. PISTONE ■ Modèle de Convention fiscale OCDE concernant
le revenu et la fortune. Commentaire, Helbing Lichtenhahn, Éditions Francis Lefebvre, 2013.
G. GEST et G. TIXIER ■ Droit fiscal international, PUF, 1990.
International Tax Center Leiden ■ Materials on International & EC Tax Law, vol. 1. (réactualisé
chaque année).
K. VOGEL ■ Klaus Vogel on Double Taxation Conventions, Ed. by E. Reimer and A. Rust, Kluwer Law
International, 4th ed., 2015 (2 vol).
R. AVI-YONAH et N. SARTORI ■ Global perspectives on income taxation law, Oxford University Press,
2011.
H. J. AULT et B. J. ARNOLD ■ Comparative Income Taxation, A Structural Analysis, 3rd ed., Kluwer Law
International, 2010.
P. BELTRAME et L. MEHL ■ Techniques, politiques et institutions fiscales comparées, PUF, 2e éd., 1997.
V. THURONYI (ed.) ■ Tax Law Design and Drafting, IMF, 1998 (2 vol.).
V. THURONYI ■ Comparative Tax Law, Kluwer Law International, 2003.
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BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
L’année fiscale (éditeur : PUF de 2003 à 2006 ; supplément de la Revue de droit fiscal depuis lors).
Bulletin des conclusions fiscales (éditeur : Éditions Francis Lefebvre) : en abrégé, BDCF. N’existe plus
depuis son absorption par la RJF.
Bulletin fiscal Francis Lefebvre : en abrégé, Bull. FL.
Feuillet rapide fiscal social Francis Lefebvre : en abrégé, FR.
Fiscalité internationale (éditeur : Éditions JFA, Juristes & Fiscalistes Associés). Revue trimestrielle en
version électronique et papier créée en 2019.
Ingénierie patrimoniale (éditeur : Éditions JFA, Juristes & Fiscalistes Associés). Revue trimestrielle en
version électronique et papier créée en 2019.
Nouvelles fiscales (éditeur : Lamy).
Revue de droit fiscal (éditeur : LexisNexis) : en abrégé, Dr. fisc.
Revue fiscale du patrimoine (éditeur : LexisNexis)
Revue de jurisprudence fiscale (éditeur : Éditions Francis Lefebvre) : en abrégé, RJF. La RJF a absorbé
le BDCF et s’appelle désormais Revue de jurisprudence et des conclusions fiscales
Revue européenne et internationale de droit fiscal (éditeur : Bruylant).
Revues françaises non spécialisées mais contenant des articles et/ou chroniques fiscales
Revues internationales
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Sites internet
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INTRODUCTION GÉNÉRALE
1 Le présent ouvrage se propose de décrire les principes et les règles qui gouvernent
le droit fiscal des affaires. Pour l’introduire, il faut tout d’abord en présenter de façon
générale l’approche et le contenu (section 1). Il faut aussi décrire l’architecture des
sources du droit, qui présente en matière fiscale une physionomie et une importance
particulières (section 2).
2 Le droit fiscal des affaires est une matière vivante dont les enjeux
pratiques et théoriques sont considérables (§ 1). En en définissant les contours, on pré-
cisera aussi la méthode suivie dans ce livre (§ 2).
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DROIT FISCAL DES AFFAIRES
cession sont-ils les mêmes selon qu’il est associé d’une société de personnes ou d’une
société de capitaux ? Comment peut-il transmettre son entreprise à un successeur dans
de bonnes conditions fiscales ?
Quant aux PME et aux sociétés d’une taille supérieure, elles sont quotidiennement
confrontées à des choix de toutes sortes : quel est l’impact fiscal des investissements
opérés par la société ? Est-il fiscalement préférable de constituer des succursales ou
des filiales ? Comment limiter les « frottements fiscaux » sur les flux financiers entre
sociétés du même groupe ? Comment choisir l’État étranger dans lequel établir une
filiale1 ? Autant de questions dont la liste pourrait sans difficulté atteindre 500 pages...
et le lecteur préfère en général des réponses à des questions, même s’il est honnête de
lui annoncer d’emblée que cet ouvrage lui donnera davantage de moyens de réfléchir
que de réponses toutes faites.
4 Cet intérêt pratique du droit fiscal des affaires explique son rayonnement dans de multiples profes-
sions. Le fiscaliste d’entreprise, dont la fonction est chaque jour plus décisive et respectée, notamment
dans les groupes de sociétés, joue un rôle essentiel, aux côtés du comptable et du directeur financier,
pour faire en sorte que l’entreprise construise intelligemment sa stratégie fiscale. Les membres de l’ad-
ministration fiscale, que l’Université tend à oublier parce qu’ils sont partiellement formés ailleurs, sont
pourtant les interlocuteurs des entreprises toutes les fois qu’il s’agit de faire respecter la loi fiscale.
L’avocat, fiscaliste spécialisé ou occasionnel, exerce naturellement le rôle de conseil de l’entreprise :
il doit maîtriser le droit fiscal pour que ses clients prennent les bonnes décisions en matière civile ou
commerciale ; il le doit plus encore lorsqu’il s’agit d’assister le contribuable à l’occasion d’une vérifi-
cation de comptabilité et a fortiori d’un litige avec l’administration fiscale. Le notaire n’est pas en
reste : de conseil des familles, il devient toujours davantage un conseil des entreprises familiales, et sa
compétence dépasse désormais nettement le droit de l’enregistrement pour s’étendre à la fiscalité tout
entière. Les professionnels du chiffre, parce que théoriquement non-juristes, sont cités en dernier lieu
mais, en pratique, ce sont souvent les premiers – n’en déplaise aux avocats – à prodiguer des conseils
fiscaux parce qu’ils sont en prise directe avec l’élaboration de la comptabilité. Au demeurant, la juris-
prudence civile reconnaît clairement que « l’expert-comptable qui accepte d’établir une déclaration fis-
cale pour le compte d’un client doit, compte tenu des informations qu’il détient sur la situation de celui-
ci, s’assurer que cette déclaration est, en tout point, conforme aux exigences légales »2. Plus encore,
« l’expert-comptable qui accepte, dans l’exercice de ses activités juridiques accessoires, d’établir un
acte sous seing privé pour le compte d’autrui, est tenu, en sa qualité de rédacteur, d’informer et d’éclai-
rer de manière complète les parties sur les effets et la portée de l’opération projetée, notamment sur ses
incidences fiscales »3. On ne dira rien des magistrats, des deux ordres juridictionnels et de tout niveau
hiérarchique, dont il est légitime d’exiger qu’ils maîtrisent le droit qu’ils doivent appliquer.
On l’aura compris : le droit fiscal des affaires est utile à la décision et au porte-mon-
naie. Il serait pourtant réducteur de s’en tenir là car le droit fiscal n’est pas seulement un
instrument au service des États et des opérateurs économiques. C’est aussi l’illustration
vivante du système économique et politique que nous habitons.
B. LA THÉORIE
■ 1. Ce type de question se pose notamment (mais pas seulement) pour des filiales ayant une activité
immatérielle. Le facteur fiscal peut alors jouer un rôle décisif dans le choix de la localisation.
■ 2. Cass. com., 6 févr. 2007, n 06-10109, Bull. civ. IV, n 22.
o o
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INTRODUCTION GÉNÉRALE
l’État dans l’exercice des droits les plus sacrés. Est-ce à dire que le principe même de
l’impôt devrait être mis en cause ? La réponse est évidemment négative. L’impôt est le
moyen pour l’État de subvenir à ses besoins, c’est-à-dire à ceux de tous les citoyens. Il
est aussi utilisé pour orienter l’action des entreprises, que ce soit pour les inciter à
investir dans tel secteur ou dans telle zone géographique, ou pour les dissuader de se
livrer à certaines opérations jugées néfastes. Au regard de quels critères évaluer alors la
qualité d’un système fiscal ? De sa rationalité ? De son efficacité économique et/ou
environnementale ? De sa justice sociale ? De la combinaison entre les trois ? Voici
quelques questions fondamentales sur lesquelles la doctrine est généralement peu
prolixe.
Elle l’est d’autant moins que le droit fiscal des affaires révèle le paradoxe profond et
difficilement surmontable de notre société : d’un côté, nous cultivons l’idéal d’une fis-
calité absolument neutre, n’ayant aucun effet de distorsion sur les choix économiques et
juridiques, le paroxysme de la neutralité étant évidemment l’inexistence de l’impôt ;
dans cette perspective, on demande à l’État d’éliminer toutes les formes de discrimina-
tion entre acteurs économiques et de mettre fin aux « niches » fiscales. D’un autre côté,
cependant, l’interventionnisme non déclinant de l’État dans l’économie, l’idéal de la
solidarité entre les classes et les générations, le souci d’encourager l’investissement et
la consommation tout en protégeant l’environnement, le clientélisme électoral, la vision
à court terme et parfois l’absence de vision tout court militent en faveur de l’exact
opposé. À chaque loi de finances se reproduit le même phénomène : tel crédit d’impôt
est institué, tel autre est modifié, tel abattement est introduit ou supprimé, tel régime est
complexifié. Pourquoi ? Parce que ceux qui font les lois sont soumis à la pression cons-
tante des électeurs, du contexte économique, de la compétition internationale et de bien
d’autres facteurs encore. Parce que légiférer en matière fiscale, c’est refuser de faire le
deuil de notre souveraineté.
§ 2. LA MÉTHODE SUIVIE
6 Le meilleur moyen de décrire la méthode suivie dans ce livre est
de reprendre chacun des termes qui constituent son titre : droit (A)... fiscal (B)... des
affaires (C).
A. DROIT...
7 Il s’agit tout d’abord d’un ouvrage de droit. La précision est d’importance car la
« fiscalité » est souvent perçue par le grand public comme une technique parfaitement
étrangère au droit. Or, s’il existe une part de vérité dans cette perception, il n’en reste
pas moins que les principes sous-jacents à la technique fiscale sont souvent des princi-
pes juridiques classiques, que la « fiscalité » est régie par des textes et que ceux-ci sont
objet d’interprétation. La première ambition du présent ouvrage est donc de faire pren-
dre conscience à ceux qui étudient aujourd’hui et qui passeront demain les écritures
comptables des entreprises, qui conseilleront et défendront celles-ci, ou qui élaboreront
la norme fiscale, que le droit fiscal est autre que la comptabilité d’entreprise, de même
qu’il est autre que la politique politicienne.
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DROIT FISCAL DES AFFAIRES
8 Le droit fiscal est également autre chose que l’approche économique de la fiscalité.
Certes, il va de soi que la structure du système fiscal influe sur l’économie et récipro-
quement. Ils doivent d’ailleurs être considérés de pair lorsqu’on s’aventure sur le terrain
de la politique fiscale, où la prise de décision doit être éclairée par l’analyse juridique et
par l’analyse économique. Toutefois, faute de place et de compétence, le propos de
l’ouvrage est restreint, même si l’on ne se privera pas, en de fréquentes occasions, de
faire référence aux théories économiques lorsqu’elles permettent d’expliquer ou d’éva-
luer le droit existant.
9 Il convient également d’insister, d’emblée, sur le fait que cet ouvrage ne se conçoit
pas exclusivement comme un manuel de pur droit interne. L’interaction entre la loi
française, le droit de l’Union européenne et les conventions fiscales bilatérales (voire
multilatérales) est aujourd’hui l’un des traits marquants du droit fiscal. La dimension
internationale et européenne est donc au cœur de ce livre.
En outre, il est impossible de comprendre l’évolution de la loi interne, même sur des
points qui paraissent de détail au premier abord, sans faire référence au droit comparé4.
L’approche comparative n’est pas ici un divertissement de l’esprit : plus qu’en d’autres
matières, la fréquentation des systèmes juridiques étrangers est nécessaire pour com-
prendre les choix opérés par les acteurs économiques et les évolutions de la législation.
Les sociétés et les groupes exerçant des activités dans plusieurs États comparent les
règles et les systèmes fiscaux afin de se soumettre au régime le plus favorable. Les
États se livrent une concurrence fiscale permanente : toutes les fois qu’un État introduit
dans sa législation une nouvelle règle fiscale susceptible d’attirer l’investissement ou
l’implantation sur son territoire de certaines structures juridiques, d’autres États réagis-
sent et tentent de faire de même5. Lorsqu’un État invente une nouvelle règle anti-abus
pour protéger ses finances publiques, il est fréquent que d’autres le suivent. La circula-
tion des modèles fiscaux est ainsi une réalité qui explique dans une très large mesure le
droit français6. Inversement, il peut arriver que le durcissement par un État de sa poli-
tique fiscale incite ses voisins à rendre leur loi plus attractive encore afin de bénéficier
de cet effet d’aubaine7. L’histoire du droit fiscal est à bien des égards la description
d’un processus d’imitation et de réaction entre États. Il faut en prendre la mesure dès
le départ, c’est-à-dire dès l’apprentissage du droit fiscal.
B. DROIT FISCAL...
10 Ce livre est un livre de droit fiscal. Il ne traite que d’impôts. Les prélèvements fis-
caux, pourtant, ne représentent qu’une partie des prélèvements obligatoires, définis
usuellement comme l’ensemble des versements obligatoires (y compris les cotisations
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INTRODUCTION GÉNÉRALE
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DROIT FISCAL DES AFFAIRES
La fraude fiscale, infraction pénale définie par le Code général des impôts, relève-t-
elle du droit pénal ou du droit fiscal ? Il faut être abusé par la distinction des branches
du droit pour s’imaginer qu’il existe une réponse univoque. Le Conseil d’État a d’ail-
leurs affirmé à plusieurs reprises que les principes généraux du droit pénal s’appliquent
aux litiges relatifs aux pénalités fiscales15. Le droit fiscal peut-il exister indépendam-
ment du droit civil ? Évidemment non : lorsqu’il s’agit de déterminer, pour les besoins
de l’imposition des bénéfices industriels et commerciaux, si le cautionnement fait naître
une obligation continue ou instantanée, il est évident qu’un raisonnement civiliste s’im-
pose. Lorsqu’il s’agit de rechercher la nature juridique d’un contrat pour les besoins des
droits d’enregistrement, « il faut toujours avoir près de soi un traité de droit civil, et
celui qui sait lire dans nos vieux grimoires peut prévoir l’avenir »16. Lorsqu’il s’agit
de savoir si une personne doit être considérée comme propriétaire d’un bien (par exem-
ple d’un fonds de commerce), c’est le droit civil qui sert de base au raisonnement, sauf
lorsque la loi en dispose autrement17. Le droit fiscal peut-il être compris indépendam-
ment du droit international public ou même privé ? La réponse négative s’impose
tout autant : les conventions fiscales sont régies par les principes d’interprétation ordi-
naires des conventions internationales18, et il arrive même au juge fiscal de devoir appli-
quer de purs raisonnements de droit international privé19.
Bref, si le droit fiscal définit certains concepts de façon autonome, il est manifeste-
ment impossible de faire du droit fiscal sans être juriste. En vérité, il faudrait être aussi
économiste, spécialiste de sciences politiques, sociologue20... Il faut même, à l’heure
actuelle, que la fiscalité tienne compte des contraintes religieuses qui encadrent certai-
nes activités économiques : en témoigne la prise de position de l’administration sur le
traitement fiscal de la « finance islamique »21.
■ 15. V. en particulier : avis CE, 31 mars 1995, no 164008, Section, SARL Auto-Industrie Méri, RJF 5/95,
no 623, avec concl. J. ARRIGHI DE CASANOVA, p. 326 ; avis CE, 5 avr. 1996, no 176611, Section, Houdmond,
RJF 5/96, no 607, concl. J. ARRIGHI DE CASANOVA, BDCF 3/96 p. 63, pour l’application immédiate de la loi
pénale plus douce.
■ 16. G. BLANLUET, note à Dr. fisc. 2008, no 49, comm. 608. Pour un exemple parmi d’autres,
v. Cass. com., 22 oct. 2013, nº 12-23737, SCI Marot Montaigne, Dr. fisc. 2014, nº 7-8, comm. 171, note
J.-P. MAUBLANC (le rachat par une SCI des parts sociales détenues par un associé décédé et transmises à
ses légataires s’analyse comme le rachat d’un droit de créance au sens de l’art. 1870-1 C. civ. et non
comme une cession de parts sociales donnant ouverture à la perception de droits de mutation).
■ 17. Cf. à ce sujet CE, 17 févr. 2010, EURL Bosc Développement Loire, Dr. fisc. 2010, no 20, comm.
315, note P. FUMENIER et les intéressantes conclusions sur les relations entre droit civil et droit fiscal
d’E. CORTOT-BOUCHER. Adde, dans le même numéro de la revue de droit fiscal, l’article d’O. FOUQUET, act.
172.
■ 18. Cf. infra, no 46.
■ 19. Cf. notre article, « Le juge fiscal et la loi étrangère », in Regards critiques et perspectives sur le droit
et la fiscalité. Liber amicorum Cyrille David, LGDJ, 2005, p. 191 et s.
■ 20. Pour une réflexion sur le sujet, D. GUTMANN, « L’argument sociologique en matière fiscale », in
D. FENOUILLET (dir.), L’argument sociologique en droit, Dalloz, 2015. Plus généralement, pour un aperçu
des multiples disciplines intéressant la fiscalité, cf. M. LAMB, A. LYMER, J. FREEDMAN et S. JAMES, Taxation.
An Interdisciplinary Approach to Research, Oxford University Press, 2004.
■ 21. Sur ce sujet, cf. par ex. BOI-DJC-FIN relatif au « cadre fiscal de la finance islamique ».
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