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Chapitre 2 MB2

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École Supérieure Privée d’Ingénierie et de Technologies

Mathématiques de base II
PEG N° 2 : Polynômes et fractions rationnelles

Niveau : 1ère année A-EM-GC Année universitaire : 2023/2024

I Activité introductive
Une chaine de fabrication de produits industriels vend ses articles à 2600 euros l’unité.
Soient x le nombre d’articles vendus, C(x) le coût de production de ces articles et R(x) la recette
réalisée sur la vente de ces derniers. Les dirigeants constatent, après une étude mathématique à l’aide
d’un logiciel informatique, que le bénéfice B(x) et le coût de production C(x), en milliers d’euros,
peuvent être modélisés respectivement par les expressions réalisées par la chaîne de production
suivante :

B(x) = R(x) − C(x), avec C(x) = 0.005x2 + 280 et R(x) = 2.6x.

1. Vérifier que B(x) = −0.005x2 + 2.6x − 280

2. Compléter le tableau suivant donnant le bénéfice B(x) en fonction du nombre de produits x


variant de 150 à 330.

x 150 170 190 210 230 250 270 290 310 330
B(x)

3. Placer dans le repère, tracé ci-dessous, les points du tableau et tracer la courbe reliant ces
données

4. Justifier graphiquement si l’on peut avoir des bénéfices nuls.

1
5. Si c’est le cas, trouver les valeurs de x pour lesquelles le bénéfice est nul.

6. Quel est le nombre de produits à fabriquer assurant un bénéfice extrême ?

Les polynômes sont des objets très simples à manipuler mais aux propriétés extrêmement riches. En
mathématiques, un polynôme est une expression formée uniquement de produits et de sommes de
constantes et d’indéterminées habituellement notées X, Y, Z, .... Ils font l’objet de beaucoup d’uti-
lisations telles que les données de valeurs approchées de toute fonction dérivable (développement
limité) et la résolution des équations linéaires.

Au cours de ce chapitre, l’étudiant est appelé à maîtriser :

• la notion des polynômes avec les définitions usuelles : coefficients, coefficient dominant, degré,
addition, multiplication.

• l’arithmétique des polynômes avec un outil fondamental : la division euclidienne (notion de


divisibilité, de polynômes irréductibles, de pgcd et d’algorithme d’Euclide).

• la factorisation des polynômes sur R[X].

• la notion des fractions rationnelles et la décomposition en éléments simples de ces dernières.

II Polynômes à coefficients dans K


K désigne soit l’ensemble des nombres réels R, soit l’ensemble des nombres complexes C.

II.1 Définition

• On appelle monôme toute expression de la forme ak X k , où ak est un élément de K appelé


coefficient du monôme, et X une variable indéterminée.

• On appelle polynôme à une indéterminée X sur K l’expression définie par

P (X) = an X n + an−1 X n−1 + ... + a2 X 2 + a1 X + a0


Xn
= ai X i ; n ∈ N,
i=0

où les nombres réels (ai )0≤i≤n sont appelés les coefficients du polynôme P .

• On appelle fonction polynômiale f associée au polynôme P l’application définie par :

f : K −→ K
x −→ P (x).

• On appelle polynôme nul le polynôme dont tous les coefficients (ai )0≤i≤n sont nuls .

• Si P ̸= 0, on appelle degré de P le plus grand entier naturel n vérifiant an ̸= 0 et on le note


par deg P .
Dans ce cas le coefficient an est appelé le coefficient dominant de P .

2
• On dit que P est un polynôme unitaire, si le coefficient dominant est égal à 1.

• On appelle polynôme constant tout polynôme de la forme P (X) = a0 avec a0 ∈ R.


Si de plus a0 ̸= 0, alors deg P = 0.

• Si P est nul, alors par convention deg(P ) = −∞.

Dans la suite, on va se limiter à l’ensemble des polynômes à coefficients réels (K = R).

Notations
• L’ensemble de tous les polynômes à une indéterminée à coefficients réels est un R-espace
vectoriel noté R[X].
• L’ensemble des polynômes à coefficients réels de degré inférieur ou égal à n est noté Rn [X].
On note
Rn [X] = {P ∈ R[X] | deg(P ) ≤ n}
Exemple 1

1. P (X) = X 4 + 2X 3 − 2 est un polynôme ... de degré ... .
2. Q(X) = 4 est un polynôme ... de degré ... .

II.2 Structure de l’ensemble des polynômes R[X]


La somme de deux polynômes, le produit de deux polynômes, et le produit d’un polynôme par
un réel sont des polynômes. Plus précisément :

Définition II.1 L’espace vectoriel des polynômes R[X] est muni d’une loi de composition interne
qui est " l’addition de deux polynômes", et d’une loi de composition externe qui est "la mul-
tiplication d’un polynôme par un réel λ".
Plus précisément, pour tout P, Q ∈ R[X], les polynômes P + Q et P.Q sont définies par :

P + Q : X 7→ P (X) + Q(X),
P.Q : X 7→ P (X).Q(X).

Remarques :
• Les propriètés de l’addition et de la multiplication sur R sont conservées sur R[X].
• Soient P = an X n + an1 X n−1 + .... + a1 X + a0 et Q = bn X n + bn1 X n−1 + .... + b1 X + b0 deux
polynômes à coefficients dans R.
P = Q ssi ai = bi pour tout i et on dit que P et Q sont égaux.
Par la définition du degré on obtient la proposition :

Proposition II.2 Si P et Q sont deux polynômes à coefficients réels, alors

deg(P.Q) = deg P + deg Q.


deg(P + Q) ≤ max(deg P, deg Q).

3
Exemple 2

Soient les polynômes P (X) = X 2 + X + 1 et Q(X) = −X 2 − 2X + 1 alors

P (X) + Q(X) = −X + 2 et P (X)Q(X) = −X 4 − 3X 3 − 2X 2 − X + 1.

On déduit que

deg(P + Q) = 1 ⩽ max (deg(P ), deg(Q)) = max (2, 2) = 2,


deg(P Q) = 4 = deg(P ) + deg(Q) = 2 + 2.

II.3 Evaluation d’un polynôme en un point


Évaluer un polynôme P au point réel X = α, c’est déterminer la valeur de l’expression obtenue
lorsque la variable prend la valeur α.

Exemple 3

Évaluer le polynôme P (X) = 3X 3 − 5X 2 + 7X + 12 au point X = 2.


En prenant X = 2, on obtient :

P (2) = 3(2)3 − 5(2)2 + 7(2) + 12 = 30

Retrouvons ce résultat en utilisant le Schéma de Horner illustré ci-après.


En fait, le Schéma de Horner est une manière de disposer le calcul de façon à rendre encore plus
simple l’évaluation d’un polynôme en un point.

• On dressse un tableau constitué de deux lignes.

• Dans les cases de la première ligne, on place les différents coefficients y compris les nuls du
polynôme P .
La lettre R désigne "Reste", nous l’expliquons plus tard,
3 -5 7 12 R

• Dans la case de la première ligne et la première colonne, on place X = 2

3 -5 7 12 R
2

• On Commence par mettre un 0 dans la deuxième ligne (deuxième colonne) et le coefficient


dominant (ici le 3) dans la troisième colonne.

3 -5 7 12 R
2 0 3
• Afin de complèter le tableau, on commence par multiplier ce nombre 3 par 2 et additionner le
produit à −5, comme illustré ci-dessous :
Le résultat trouvé (la valeur 1) sera mis dans la case en dessous de celle du coefficient 7.

4
• On répète le procédé pour remplir les cases restantes en multipliant à chaque fois le nombre
obtenu par 2.
Le résultat final est donné par le tableau suivant :

3 -5 7 12 R
2 0 3 1 9= 2 ×1 + 7 30 = 2×9+
12

Le résultat R obtenu n’est autre que P (2).

II.4 Division euclidienne ou division suivant les puissances décroissantes


Dans cette section, nous verrons que les polynômes partagent de nombreuses propriétés et concepts
avec les nombres entiers. En particulier, les notions de diviseur, de multiples, de division eucli-
dienne, de PGCD, d’algorithme d’Euclide et d’irréductibilité des polynômes sont analogues à celles
des nombres entiers.

Définition II.3 Divisibilité :


Soient P, T ∈ R[X]. On dit que T divise P (ou P est divisible par T ) s’il existe Q ∈ R[X] tel que
P = T.Q. Dans ce cas, on note T |P . On dit aussi P est un multiple de T

Exemple 4

Le polynôme P (X) = X − 1
2 divise le polynôme Q(X) = 2X 2 + 2X − 3
2 car

1
Q(X) = (X − )(2X + 3).
2

Définition II.4 Division Euclidienne :


Soient P, T ∈ R[X], avec T ̸= 0. Il existe un unique couple (P, Q) ∈ R[X] × R[X] tel que

P = T.Q + R, avec deg R < deg T.

• Cette écriture est la division euclidienne de P par T . De plus, Q et R sont appelés respecti-
vement le quotient et le reste de la division euclidienne.

• T |P si et seulement si R = 0.

5
Exemple 5
X 4 +2X 3 −3X 2 −X +1 X 2 −1
X4 −X 2 X 2 +2X −2
2X 3 −2X 2 −X +1
2X 3 −2X
−2X +X
2 +1
−2X 2 +2
X −1
La division eucidienne de X 4 + 2X 3 − 3X 2 − X + 1 par X 2 − 1 est donnée alors par

X 4 + 2X 3 − 3X 2 − X + 1 = (X 2 − 1)(X 2 + 2X − 2) + X − 1.

Exercice 1

Effectuer la division euclidienne de A par B dans les cas suivants :

1. A(X) = X 3 + X + 1 et B(X) = X 2 + X + 1.

2. A(X) = X 3 + X 2 − X − 3 et B(X) = X − 2.

Définition II.5 Plus grand commun diviseur (pgcd) :

• Soient P, Q ∈ R[X] tels que P ou Q est non nul.


Le plus grand commun diviseur de P et Q noté pgcd(P, Q) est le polynôme
unitaire de plus haut degré qui divise à la fois P et Q.

• Deux polynômes P et Q sont premiers entre eux si et seulement si pgcd(P, Q) = 1.


Problème : Comment déterminer le pgcd de deux polynômes ?
Solution : On applique l’algorithme d’Euclide qui consiste à effectuer les divisions Euclidiennes
successives des diviseurs par les restes.
On arrête l’algorithme lorsque le reste est nul et le pgcd est le dernier reste non nul rendu unitaire.
Revenons aux exemples précédents.
En posant P (X) = X 4 + 2X 3 − 3X 2 − X + 1 et Q(X) = X 2 − 1, déterminons le pgcd(P, Q).
Pour ce faire, effectuons les divisions euclidiennes successives des divieurs par les restes comme
suit :

X 4 +2X 3 −3X 2 −X +1 X 2 −1
X 2 +2X −2
X 2 −1 X −1
.
X 2 −1 X +1
.
0
.
X −1

Le dernier reste non nul de l’algorithme d’Euclide est X − 1 qui est un polynôme unitaire, ce
qui implique que :

pgcd(P, Q) = X − 1.

6
Exercice 2 Déterminer le pgcd(P, Q) où

1. P (X) = 2X 3 − X + 1 et Q(X) = X + 3.

2. P (X) = X 3 + 3X 2 + X − 5 et Q(X) = X − 1.

II.5 Racine d’un polynôme, Ordre de multiplicité.


Définition II.6 Soient P ∈ R[X], α ∈ R et k ∈ N∗ . On dit que α est une racine (ou un zéro)
de P si et seulement si P (α) = 0.

Proposition II.7

• α est une racine de P si et seulement si X − α divise P (X).

• On dit que α est une racine de P d’ordre de multiplicité k (k ≤ deg P ) si (X − α)k divise
P (X) et (X − α)k+1 ne divise pas P (X). Autrement dit il existe un plynôme Q ∈ R[X] tel
que P = (X − α)k Q avec Q(α) ̸= 0.

• Si k = 1, on dit que α est une racine simple de P .

• Si k = 2, on dit que α est une racine double de P .

• α est une racine d’ordre de multiplicité k si

P (α) = P ′ (α) = ... = P (k−1) (α) = 0, et P (k) (α) ̸= 0.

Remarque :

Par analogie avec la dérivée d’une fonction, si P (X) = a0 + a1 X + ... + an X, avec n ∈ N alors le

polynôme P ′ (X) = a1 + 2a2 X + ... + nan X n−1 est le polynôme dérivé de P .

Exercice 3

1. Montrer que 1 est une racine double du polynôme P (X) = X 3 − X 2 − X + 1.

2. Montrer que (X − 2) et (X + 3) divisent le polynôme P (X) = X 2 + X − 6.

Théorème II.8 Un polynôme à valeurs réelles de degré n ≥ 1 admet au plus n racines réelles
distinctes.

Racines et ordre de multiplicité avec la méthode de Horner :

La méthode de Horner permet de déterminer l’ordre de multiplicité d’une racine d’un polynôme.

Exemple 6

Soit P (X) = X 4 + X 3 − 3X 2 − 5X − 2.
L’idée est de montrer que −1 est un zéro de P et trouver son ordre de multiplicité à l’aide de
la méthode de Horner.

7
• Montrer que −1 est un zéro de P . Compléter le tableau suivant :

1 1 -3 -5 -2 R
-1 0

• Alors P (X) = (X 3 − 3X − 2)(X + 1) + 0 = (X 3 − 3X − 2)(X + 1) = Q1 (X)(X + 1).

• Trouver l’ordre de multiplicité du -1. On commence par vérifier que −1 est une racine de Q1 ,
on place les coefficients des différents termes du polynôme Q1 dans le tableau de Horner.

1 0 -3 -2 R
-1 0

• Alors Q1 = (X 2 − X − 2)(X + 1) + 0 = Q2 (X + 1)

• On peut écrire alors P (X) = (X + 1)2 (X 2 − X − 2)

• On recommence le même procédé avec le polynôme Q2

1 -1 -2 R
-1 0

• Alors Q2 = (X + 1)(X − 2) + 0 = (X + 1)(X − 2) alors P (X) = (X + 1)3 (X − 2)

• P admet une racine −1 d’ordre 3 (racine triple).

• On résume tout ce travail dans un seul tableau (tableau de Horner complet).

On peut montrer par la même méthode que 2 est une racine simple de P.

Exercice 4
Soit P (X) = X 3 − 3X 2 + 4
1. Montrer que −1 est une racine de P .

2. Effectuer la division Euclidienne de P par (X + 1).

3. Trouver le même résultat en utilisant le Schéma de Horner.

Théorème II.9
Un polynôme P est divisible par un polynôme Q si toutes les racines de Q sont aussi racines de P
avec au moins le même ordre de multiplicité.

8
Exemple 7
Le polynôme Q(X) = (X + 1)2 (X + 2) divise le polynôme P1 = (X + 1)2 (X + 2)2 mais pas le
polynôme P2 (X) = (X + 1)(X + 2)3 .
Polynômes irréductibles :

Définition II.10

• Soit P ∈ R[X] tel que deg P ≥ 1. On dit que P est irréductible si les seuls polynômes non
constants divisant P sont de la forme λP , avec λ ∈ R∗ .
En d’autres termes, un polynôme irréductible P est un polynôme non constant dont les seuls
diviseurs sont les constantes ou les produits de P par des scalaires réels.

• Dans le cas contraire, on dit que P est réductible : il existe Q ∈ R[X] tel que Q|P , avec
1 ≤ deg Q < deg P.
Exemple 8
1. X 2 − 2 = ( ... ).( ... ) est ... dans R[X].
2. X 2 + 1 est ... dans R[X].
Remarques :
• La notion de polynôme irréductible pour l’arithmétique dans R[X] est analogue à la notion
de nombre premier pour l’arithmétique dans Z.
• Les polynômes irréductibles dans R[X] sont les polynômes de degré 1 et les polynômes de
degré 2 ayant un discriminant ∆ < 0.
Factorisation d’un polynôme :

Théorème II.11
Tout polynôme non constant A dans R[X] s’écrit comme produit de polynômes irréductibles uni-
taires :
A(X) = λP1k1 P2k2 ....Prkr
avec λ ∈ R∗ , r ∈ N∗ , ki ∈ N∗ et les Pi sont des polynômes unitaires irréductibles distincts.
Théorème II.12
Soit P ∈ R[X] de degré n ≥ 1 alors la factorisation de P s’écrit :

P (X) = λ(X − α1 )m1 (X − α2 )m2 ...(X − αr )mr Q1 Q2 ...Qs

avec λ ∈ R∗ est le coeficient dominant, les αi sont les racines réelles distinctes de multiplicité mi
et les Qi sont des polynômes irréductibles de degré 2.
Exercice 5

1. Décomposer les polynômes suivants en produit de polynômes irréductibles dans R[X]


(a) X 4 + X 2 + 4
(b) X 4 − 6X 3 + 7X 2 + 6X − 8
2. Soit le polynôme P (X) = X 4 − 5X 3 + 13X 2 − 19X + 10. Calculer P (1) puis P (2). En déduire
la factorisation en produit de polynôme irréductible dans R[X].

9
II.6 Division suivant les puissances croissantes
Etant donné un entier naturel p et deux polynômes A et B avec B(0) ̸= 0, il existe un couple
unique de polynômes (Q, R) vérifiant :

A(X) = B(X)Q(X) + X p+1 R(X),

et (deg(Q) ⩽ p ou R = 0R[X] ).
Le polynôme Q est le quotient de la division de A par B suivant les puissances croissantes jusque’à
l’ordre p et le polynôme R le reste de la division de A par B suivant les puissances croissantes
jusqu’à l’ordre p.

Exemple 9
Déterminons le quotient de la division du polynôme suivant les puissances croissantes jusque’à
l’ordre 2 du polynôme A(X) = X 5 + X 4 + X 3 + 2X 2 + 4 par B(X) = X 3 + 2.

4 +2X 2 +X 3 +X 4 + X 5 2 +X 3
−4 − 2X 3 2 +X 2
2X 2 −X 3 +X 4 + X 5
−2X −2X 5
−X 3 +X 4
Le quotient Q(X) est alors donné par Q(X) = X 2 + 2 et le reste R(X) par R(X) = X 3 (X − 1).
On a donc A(X) = X 5 + X 4 + X 3 + 2X 2 + 4 = (X 3 + 2)(X 2 + 2) + X 3 (X − 1).

Remarque :
Cette division ne se termine jamais ! C’est pour cela qu’on indique "jusque’à l’ordre p · · · " et on
sait alors que le reste est constitué de monômes de degré au moins p + 1.

Exercice 6
Effectuer la division suivant les puissances croissantes à l’ordre 3 de A(X) = 2 + 3X − 2X 2 par
B(X) = 1 + X 2 − 2x3 .

III Fraction rationnelle et terminologie


Définition III.1
Une fraction rationnelle à coefficients réels est une expression de la forme

P (X)
F (X) =
Q(X)

où P, Q ∈ R[X], avec Q est un plynôme non nul.

Exemple 10
Voici trois exemples de fractions rationnelles :

1 X +5 X(X + 1)(2X − 3)
, ,
X X2 − 4X + 6 X −6

10
Proposition III.2

• Le degré de la fraction rationnelle F = P


Q est défini par deg F = deg P − deg Q.

• On dit que F est une fraction rationnelle irréductible si les polynômes P et Q sont premiers
entre eux (pgcd(P, Q) = 1).

• Toute fraction rationnelle admet un représentant irréductible équivalent.


P
• Soit F une fraction rationnelle de représentant irréductible · On dit que
Q
– α est une racine d’ordre de multiplicité k de F si et seulement si α est une racine d’ordre
de multiplicité k de P .
– α est un pôle d’ordre de multiplicité k de F si et seulement si α est une racine d’ordre
de multiplicité k de Q.
Remarque :

P (X)
• Soit F (X) = Q(X) une fraction rationnelle. Si D = pgcd(P, Q) ̸= 1 alors pour trouver un
représentant irréductible de F, il suffit de diviser P et Q par D.

• Pour déterminer les pôles d’une fraction rationnelle il faut d’abord la simplifier et l’écrire sous
sa forme irréductible.

Exemple 11

(X−1)2
1. F (X) = X 2 +1
, 1 est un zéro d’ordre 2, la fraction n’a pas de pôle réels.
X 2 +1
2. F (X) = (X−1)2
, la fraction n’a pas de zéro dans R, 1 est un pôle d’ordre 2.

X 2 −3
√ √
3. la fraction rationnelle F (X) = X3
admet 3 et − 3 comme zéros (simples) et 0 comme
pôle d’ordre 3.

Exercice 7

On considère la fraction rationnelle suivante :

X 3 + 5X 2 + X + 5
F (X) = ·
X 4 + 5X 3
1. Montrer que F n’est pas irréductible, puis déterminer un représentant irréductible F1 de F .

2. Déterminer, s’ils existent, les racines et les pôles de F1 ainsi que leurs ordres de multiplicité.

11
III.1 Partie entière d’une fraction rationnelle.
Définition III.3 La partie entière d’une fraction rationnelle F est l’unique polynôme noté E vé-
rifiant la propriété :
F (X) = E(X) + F1 (X), avec deg(F1 ) < 0

Remarque : Si deg(F ) < 0 alors E(X) = 0.

En pratique si F = Q P
, la partie entière de F est exactement le quotient de la division eucli-
dienne de P par Q. Autrement dit on effectuons la division euclidienne de P par Q : il existe un
couple unique de polynômes (E, R) tel que :

P = QE + R,

avec deg(R) < deg(Q). Donc


R(X)
F (X) = E(X) + .
Q(X)

E(X) est appelée la partie entière de F (X).

Exemple 12

1. Montrer que
X5 − 3 3
F (X) = = X2 − 3 .
X3 X
2. Montrer que
X 3 + 2X 2 − 2X + 1 3X + 2
F (X) = =X +2− 2
X +1
2 X +1
Conséquence :
Nous allons dans la suite du cours essayer de décomposer F en somme de fractions plus simples.
L’intérêt est de pouvoir :
• Calculer facilement la valeur de F en un point.
• Déterminer la dérivée, la primitive.
• Trouver les éventuelles limites au voisinage d’un réel quelconque ou au voisinage de l’infini.

III.2 Décomposition en éléments simples d’une fraction rationnelle


Exemple introductif :
X 5 + X 4 + 5X 3 + 5X 2 + 2X + 1
Soit F la fraction rationnelle définie par F (X) = ·
X 2 (X 2 + 1)
2 1 2X + 3
En réduisant au même dénominateur on peut vérifier que F (X) = X + 1 + + 2+ 2 ·
X X X +1
• E(X) = X + 1 est la partie entière de F .
2 1 2X + 3
• F1 (X) = + 2+ 2 est la partie fractionnaire de F .
X X X +1

12
2 1
• et 2 sont appelés des éléments simples de première espèce (éléments admettant des
X X
pôles).
2X + 3
• est appelé élément simple de deuxième espèce (éléments n’admettant pas des pôles).
X2 + 1
• On dit que F est décomposée en éléments simples sur R[X].

P (X)
• Soit F (X) = Q(X) une fraction rationnelle irréductible. Alors F s’écrit d’une manière unique
comme somme :

– d’une partie entière E(X),


a
– d’éléments simples de première espèce d’ordre i (du type ),
(X − α)i
aX + b
– d’éléments simples de deuxième espèce d’ordre j (du type ),
(X + αX + β)j
2

où les X − α et X 2 + αX + β sont les facteurs irréductibles de Q et les exposants i, j ∈ N


sont inférieurs ou égaux à la puissance correspandante dans cette factorisation.
Problème : Comment on décompose une fraction rationnnelle en éléments simples ?
Réponse : On revient à l’exemple précédent donné par la fraction rationnelle

X 5 + X 4 + 5X 3 + 5X 2 + 2X + 1 P (X)
F (X) = =
X (X + 1)
2 2 Q(X)
où P (X) = X 5 + X 4 + 5X 3 + 5X 2 + 2X + 1 et Q(X) = X 2 (X 2 + 1).
1ère étape : Réduction de F .
Donner un représentant irréductible équivalent de F . Dans notre exemple, F est irréductible car
l’unique racine de Q, qui est 0, n’est pas une racine de P .
2ème étape : Décomposition de F en une partie entière et une partie fractionnaire
(F (X) = E(X) + F1 (X)).

• Si deg F < 0, alors E(X) = 0. Ainsi, F1 (X) = F (X).


• Si deg F ≥ 0, alors on effectue la division Euclidienne de P par Q afin de déterminer E(X).

X 5 +X 4 +5X 3 +5X 2 +2X +1 X 4 +X 2


X +1
.
.
.
4X 3 +4X 2 +2X +1

Ainsi, on obtient que P (X) = Q(X)(X + 1) + 4X 3 + 4X 2 + 2X + 1. Par suite,


4X 3 + 4X 2 + 2X + 1
F (X) = X + 1 + ·
Q(X)

13
4X 3 + 4X 2 + 2X + 1 P1 (X)
On pose E(X) = X + 1 et F1 (X) = = ·
X (X + 1)
2 2 Q(X)
3ème étape : Décomposition de F1 en éléments simples :

Dans notre exemple, on écrit F1 sous la forme de


a b cX + d
+ + 2
X 2 X X +1
où a, b, c et d sont des constantes réelles à déterminer. On se ramène alors à résoudre l’équation
suivante :
a b cX + d 4X 3 + 4X 2 + 2X + 1
(E) : 2 + + 2 = ·
X X X +1 X 2 (X 2 + 1)

• 1ère méthode : Méthode d’identification

En réduisant au même dénominateur, on obtient

a b cX + d (b + c)X 3 + (a + d)X 2 + bX + a
+ + = ·
X2 X X2 + 1 X 2 (X 2 + 1)

Par identification, on a
a = 1,


a + d = 4,



 b = 2,
b + c = 4.

Ceci implique que a = 1, b = 2, c = 2 et d = 3.

• 2ème méthode : Méthode de la division suivant les puissances croissantes

On utilise cette méthode si la fraction rationnelle est de la forme F (X) = XPp Q


1 (X)
1 (X)
. On effectue
la division suivant les puissances croissantes à l’ordre p − 1. On divise 4X + 4X 2 + 2X + 1
3

par X 2 + 1 jusqu’à l’ordre 1, après les avoir ordonnés suivant leurs puissances croissantes.

1 +2X +4X 2 +4X 3 1 +X 2


1 +X 2 1 +2X
2X +3X 2 +4X 3

2X +2X 3
3X 2 +2X 3

Ainsi, on obtient

1 + 2X + 4X 2 + 4X 3 = (1 + X 2 )(1 + 2X) + X 2 (3 + 2X).

On dit qu’on a effectué la division suivant les puissances croissantes à l’ordre 1 de


P1 (X) = 1 + 2X + 4X 2 + 4X 3 par T (X) = 1 + X 2 .

14
Plus généralement, la division suivant les puissances croissantes à l’ordre k d’un polynôme
P (X) par un polynôme T (X), dont le monôme de degré 0 est non nul, est une division qui
permet d’avoir l’écriture suivante :

P (X) = T (X)Q(X) + X k+1 R(X), deg(Q) ≤ k. (1)

Cette division nous permet d’avoir la décomposition en éléments simples de F1 . En effet,

(1 + X 2 )(1 + 2X) + X 2 (3 + 2X)


F1 (X) =
X 2 (1 + X 2 )
1 2 2X + 3
= + + 2 ·
X2 X X +1
Ceci implique aussi que a = 1, b = 2, c = 2 et d = 3. Remarques :

– On arrête le procédé de la division dès que le terme P (X) − T (X)Q(X) soit divisible
par X k+1 .
– Les polynômes Q et R qui vérifient (1) sont uniques.
– Dans l’exemple précédent, 0 est un pôle de F1 d’ordre de multiplicité 2. Maintenant si
a ̸= 0 est un pôle d’ordre de multiplicité k, on pose Y = X −a puis on effectue la division
suivant les puissances croissantes à l’ordre k − 1.
– L’utilisation de la méthode de la division suivant les puissances croissantes est recom-
mandée en présence de pôles d’ordre de multiplicité élevé.

• 3ème méthode : Méthode polaire, méthode de la limite, méthode de choix de certaines valeurs simples

On cherche à décomposer sur R la fraction F (X) = (X−1)X3 (X−2) .


Le théorème de décomposition nous ramène à écrire :
a b c d
F = + + + .
X − 1 (X − 1)2 (X − 1)3 X − 2

Méthode polaire :
Pour déterminer c, il suffit de multiplier la fraction F par (X − 1)3 , puis remplacer X par le
pôle 1. Ainsi, on obtient

d(X − 1)3 X
a(X − 1)2 + b(X − 1) + c + = ·
X −2 X −2
Pour X = 1, on déduit que c = −1.
Pour déterminer d, il suffit de multiplier la fraction F par (X − 2), puis remplacer X par le
pôle 2. Ainsi, on obtient

a(X − 2) b(X − 2) c(X − 2) X


+ 2 + 3 +d= ·
X −1 (X − 1) (X − 1) (X − 1)3

Pour X = 2, on déduit que d = 2.

15
Méthode de la limite :
Dans cet exemple, la méthode polaire ne permet pas de trouver a et b. Mais on peut trouver
a à l’aide de la méthode de la limite :

lim XF (X) = 0 = a + d.
X→∞

Par suite, on trouve a = −2.


Méthode de choix de certaines valeurs simples autres que les pôles
Puis on continue en choisissant des valeurs autres que les pôles. Il nous reste à déterminer la
valeur de b. Par exemple, en choisissant X = 0 on obtient F (0) = 0 = −a + b − c − d2 et par
suite b = −2.

• 4ème méthode : Considération de parité


Lorsque la fraction à décomposer est paire ou impaire, on obtient facilement des relations sur
les coefficients de la décomposition en utilisant l’unicité de celle-ci.
2
On cherche à décomposer sur R la fraction F (X) = X 4X+X+1 2 +1 . On obtient la factorisation du

dénominateur : X 4 + X 2 + 1 = (X 2 + X + 1)(X 2 − X + 1).


Le théorème de décomposition nous ramène à écrire :
aX + b cX + d
F = + .
X2 + X + 1 X2 − X + 1
Puisque F(X)=F(-X), on a :
aX + b cX + d −aX + b −cX + d
+ 2 = 2 + 2
X2 +X +1 X −X +1 X −X +1 X +X +1
et par unicité de la décomposition on a donc a = −c et b = d. On calcule alors F (0) = b + d donc
b = d = 21 puis F (1) = 23 = a+1/2
3 + −a+1/2
1 donc a = c = 0. Ainsi :

X2 + 1 1/2 1/2
= 2 + 2 .
X +X +1
4 2 X +X +1 X −X +1

IV Application : Le contrôle de redondance cyclique


Le contrôle de redondance cyclique noté CRC, est un mécanisme permettant de vérifier si un mes-
sage, converti en binaire, a été correctement transmis de l’émetteur au récepteur d’un système
éléctronique en télécommunication.

Le principe du CRC est simple et il se base sur la manipulation des polynômes. En effet, toute
séquence binaire est représentée par un polynôme, dit binaire, dont les coefficients correspondent
aux bits de cette dernière. Par exemple, le message M donné par la séquence binaire 0110101001
est représenté sous la forme polynomiale suivante :

M (X) = 0.X 9 + 1.X 8 + 1.X 7 + 0.X 6 + 1.X 5 + 0.X 4 + 1.X 3 + 0.X 2 + 0.X 1 + 1.X 0
= X 8 + X 7 + X 5 + X 3 + 1.

Si maintenant on veut envoyer un message M, représenté par une séquence binaire, et qu’on espère
pouvoir, à sa réception, identifier s’il est erroné ou non, on envoie à sa place un message M ′ corres-
pondant au message initial M auquel aura été concaténé un code CRC de n bits, comme illustré

16
dans la figure ci-dessou. Ce code CRC est un code de contrôle qui est connu par l’émetteur et le
récepteur au moyen d’un polynôme, dit générateur et noté G. Le code CRC est détérminé de telle
sorte que G(X) divise M ′ (X), le polynôme associé au message binaire M ′ . Ou encore, le code CRC
est le reste de la division polynômiale de M (X) par G(X).

À titre d’exemple, prenons M : 10011010, correspondant à : M (X) = X 7 + X 4 + X 3 + X,


et le code CRC : 101 relatif au polyôme générateur : G(X) = X 3 + X 2 + 1 (représenté par
1101). Le message M ′ à transmettre, dans ce cas, correspond à : 10011010 101
| {z } |{z} de polynôme
M code CRC
M ′ (X) = X 10 + X7 + X6 + X4 + X2 + 1.

Vérifions que G(X) divise M ′ (X). En fait, il est à noter qu’il ne s’agit pas d’une division euclidienne
classique. Sachant que nous traitons des polynômes binaires, il faut s’assurer, pour chaque étape
de la division polynomiale, que les cœfficients du polynôme résultant sont binaires (0 ou 1). Pour
ce faire, nous appliquons la disjonction exclusive (dite XOR en anglais) : seuls les polynômes de
même degré sont supprimés, les autres deviennent unitaires. La division de M ′ (X) par G(X), en
suivant cette règle, est illustrée ci-après :
10 + X
 +X +X +X +1 X3 + X2 + 1
X 7 6 4 2

X + X +
 10
 9 X 7 X7 + X6 + X5 + X4 + X3 + 1
9 + X
 +X +X +1
X 6 4 2

X + X + 

9 8 X6

X8 + X4 + X2 + 1

X8 + X7 + X5

7 + X 5 + X
 +X +1
X 4 2

X7 + X 6 + X4
 
6 + X
 +X +1
X 5 2

6 + X
 +X
X 5 3

3 + X
 +1
X 2
 
X3 + X2+1
  
0

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Si le reste de la division de M ′ (X) par G(X) n’est pas nul, cela indique la présence d’une erreur
de transmission dans le message initial M .

Maintenant, pour trouver le code CRC, nous effectuons une divion polynômiale du polynôme as-
socié au message initiale M , auquel nous concaténons n bits nuls correspondant à la longueur du
code CRC, ou encore au degré de G, par G(X).

Pour M : 10011010, nous divisons le polynôme associé à la séquence 10011010 000 par G(X). Le
résulat trouvé correspond à X 2 + 1 : 101 en binaire.

Exercice :

1. Prenons le message M de 16 bits suivant : 1011000100101010 et G(X) = X 3 + 1 le polynôme


générateur.

2. Étant donné que G(X) est de degré 3, il s’agit d’ajouter 3 bits nuls à M comme suit :

1011000100101010000

afin de trouver le code CRC. Vérifier de deux manières différentes que le code CRC est : 001

3. Vérifier si le message M ′ : 101100100101010001 correspond bien à un message M correcte-


ment transmis ou non.

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