V 09 W 1 Lccu 0
V 09 W 1 Lccu 0
V 09 W 1 Lccu 0
(U.C.A.O)
FACULTE DE DROIT
THEME :
LA PROTECTION DES ACTIONNAIRES
MINORITAIRES DES SOCIETES ANONYMES DANS
L’ESPACE OHADA
A mes parents
2
REMERCIEMENTS
Avant de présenter ce mémoire, je tiens tout d'abord à remercier tous ceux qui
ont participé à la réalisation de ce mémoire tant par leurs conseils que par leurs
sollicitudes.
Je tiens ainsi à dire :
merci vivement à mon directeur de mémoire, le Professeur
DIEUNEDORT NZOUABETH, pour avoir su me guider et me diriger
dès le début et pour sa confiance et sa disponibilité tout au long de ce
travail.
mes vifs remerciements et ma profonde gratitude spécialement à mes
parents Mr et Mme SENIADJA qui ont su m'encourager et me soutenir
lors de mes études, notamment lors de la recherche pour réaliser ce
travail.
3
TABLE DES ABREVIATIONS
Al. Alinéa
Art. Article
AUSCGIE Acte Uniforme relative aux Sociétés
Commerciales et au Groupement
D’Intérêt Economique
Bull. Bulletin
CA. Cour d’appel
Cass. Cour de cassation
C. civil. Code civil
Ch. Chambre
Chr. Chronique
Cf Confère
Civ. Civile
Coll. Collection
Com. Commerciale
c/ Contre
Gaz.Pal. Gazette du palais
D. Dalloz
Doctr. Doctrine
Ed. Editions
JCP. Jurisclasseur périodique
LGDJ Librairie Générale de Droit et de
4
Jurisprudence
n° Numéro
P. Page
Obs. Observations
OHADA. Organisation pour l’Harmonisation
en Afrique du Droit des Affaires
Op. cit. Cité plus haut
Ref. Référence
RJDA Revue Juridique de Droit
Administratif
RTD. Revue trimestrielle de droit
Somm. Sommaire
t. tome
Trib. Tribunal
TRHC Tribunal Régional Hors Classe
Vol Volume
5
SOMMAIRE
INTRODUCTION …………………………………………………………….1
CONCLUSION……………………………………………………………...74
6
INTRODUCTION
1
Keba MBAYE ; L’histoire et les objectifs de l’OHADA ; Petites affiches, n°205, 13 octobre 2004 ; P.4
2
OHADA
3
Pour une présentation générale de l’OHADA, V. Gérard POUGOUE, Présentation générale et procédure en
OHADA, PUA, 1998
4
Jean PAILLUSSEAU, L’acte uniforme sur le droit des sociétés; Petites affiches, n°205, 13 octobre 2004 ;
P.19
7
règles identifiables et claires à la création et au fonctionnement des
entreprises est un préalable indispensable au développement économique 5.
Afin de satisfaire aux exigences de l’économie contemporaine, la reforme
de l’OHADA devait donc relever le double défi de la modernisation du droit
des sociétés commerciales et surtout celui de la sécurisation des associés.
5
Benoît LE BARS et Boris MATOR, Management et financement de la société anonyme de droit OHADA, La
semaine juridique n°5, 28 octobre 2004 ; P12
6
Les rédacteurs de l’Acte Uniforme se sont inspirés du droit français tout en gardant des solutions avant-
gardistes
7
Jean PAILLUSSEAU, L’acte uniforme sur le droit des sociétés ; op. cit. ; P.20
8
La Côte d’Ivoire et le Cameroun
9
C’est une convention qui doit remplir toutes les conditions de validité prévues par les dispositions relatives au
droit commun des contrats. Mais, en raison de son caractère particulier, cette convention nécessite
l’intervention d’éléments spécifiques également exigés à peine de nullité.
8
une seule personne « associé unique »10 à l’instar de la loi française du 11
juillet 1985.
10
Jean PAILLUSSEAU, L’acte uniforme sur le droit des sociétés; op. cit. ; P.23
11
Dans le cadre de l’OHADA, la société anonyme joue un rôle économique de premier plan, elle apparaît
comme la forme sociétaire la plus importante. Aussi, elle est la seule forme de société de capitaux.
12
Yves Guyon, Droit des affaires : droit commercial général et sociétés, 8 ème édition Paris, Economica, 2003,
P.402
13
Le principe de la majorité se manifeste à travers plusieurs articles de l’AUSCGIE.L’article 545 par exemple
dispose que « les décisions sont prises à la majorité des membres présents ou représentés à moins qu’un statut
ne prévoit une majorité plus forte ».
14
Pour plus de précision sur la notion de majorité, voir infra 1ère partie, chapitre 2, p.30
9
prises à la majorité des membres présents ou représentés. Ici, la majorité est
égale à 50% plus une voix. Les minoritaires sont donc l’ensemble des voix
restantes.
Dans les assemblées générales, le quorum est fixé par l’article 548 de
l’AUSCGIE, les majoritaires représentent au moins le quart des actionnaires
ayant le droit de vote. A la deuxième convocation, la majorité est calculée
selon les voix exprimées.
Pour ce qui est de l’assemblée générale ordinaire, l’article 549 de
l’AUSCGIE dispose que : «L’assemblée générale ordinaire statue à la
majorité des voix exprimées. Dans les cas où il est procédé à un scrutin, il
n’est pas tenu compte des bulletins blancs dont disposent les actionnaires
présents ou représentés ». En d’autres termes, elle statue à la majorité des
voix exprimées, les abstentions et les votes blancs étant considérés comme
des votes contre15.
Quant à l’assemblée générale extraordinaire, elle statue suivant les
dispositions de l’article 554 de l’AUSCGIE, à la majorité des deux tiers des
voix exprimées.
A l’inverse, « la minorité réunit ceux qui pour des raisons diverses n’ont
pas votées les résolutions adoptées par les majoritaires »16.
Autrement dit, l’actionnaire minoritaire est un actionnaire qui de part sa
faible participation dans la société, ne joue pas un rôle décisionnel important
durant les assemblées générales. La minorité réunit ceux qui n'ont pas voté
les résolutions des majoritaires.
Cette règle de la majorité domine ainsi la participation et le vote des
décisions collectives des actionnaires ainsi que celle des organes dirigeants.
Notons cependant qu’au cours d’une assemblée ceux qui ont une forte
15
Alain FENEON, « Les droits des actionnaires minoritaires dans les sociétés commerciales de l’espace
OHADA », PENANT, n.839, p. 156
16
GUYON Y., op. cit.P.408
10
participation dans la société peuvent être mis en minorité au cours d’un
vote.
17
La majorité ne saurait pourtant faire mauvais usage de son pouvoir car elle violerait l’alinéa 2 de l’article 4
de l’AUSCGIE qui prévoit que la société est constituée dans un intérêt commun.
18
La notion d’actionnaire renvoie aux sociétés de capitaux, notamment la société anonyme.
11
Cette tendance à l’écrasement des minoritaires entraîne des conflits, sinon
des oppositions entre actionnaires conduisant à la constitution de blocs
antagonistes dont l’attitude peut provoquer la fin prématurée de la société.
Alors, quelle solution le législateur OHADA apporte-il à cet épineux
problème ? En d’autres termes, la protection mise en place par le législateur
africain en faveur des actionnaires minoritaires est-elle efficace ?
12
Programmes d’Ajustement Structurels ont mis à la charge des pays
bénéficiaires, l’obligation de privatiser les sociétés d’Etat.
Ainsi, plusieurs multinationales ont pris le contrôle d’importantes
compagnies en s’octroyant la majorité des actions ; l’Etat et les travailleurs des
dites sociétés ne détenant que des parts minoritaires.
C’est pourquoi, conscient des dangers divers encourus par les pays
africains, l’OHADA, dans ses dispositions sur la protection des actionnaires
minoritaires se présente donc comme une réponse aux problèmes liés au
développement économique des pays visés.
13
actionnaires minoritaires qu’il serait judicieux d’appréhender à travers les
moyens de protection prévues par le législateur (Titre I) et à travers les
sanctions en cas d’atteintes de leurs droits (Titre II).
22
POUGOUE (G.) (Sous la direction de) ; sociétés commerciales et du groupement d’intérêts économique,
http://www.ohada.com/faq.php?cat=3; P. 44
16
Elle s’effectue à travers les assemblées générales (A) et la procédure
d’alerte (B).
A/L’INFORMATION AVANT LES ASSEMBLEES GENERALES
Pour que la présence des actionnaires soit effective, ils doivent être
valablement convoqués, admis, et ils doivent valablement participer aux
assemblées générales.
23
Yves Guyon, L’évolution récente des assemblées d’actionnaires, in mélanges Guy Flattet, 1985
diffus.Payot, Lausanne, P.40. V. Crim. 8 mai 1981, Bull. Joly1981, P.41
24
L'assemblée d'actionnaires est dirigée par un bureau composé du président, de deux scrutateurs et d'un
secrétaire. Le président est selon les cas, le Président du Conseil d'Administration (PCA), le Président
Directeur Général (PDG) ou l'Administrateur Général (AG). En cas d'empêchement du président, l'assemblée
est présidée par l'actionnaire ayant ou représentant le plus grand nombre d'actions, sauf dispositions statutaires
contraires. En cas d'égalité d'actions, le législateur OHADA a préféré le doyen d'âge des actionnaires (art. 529
AUSCGIE).
17
L’assemblée est convoquée en principe, soit par le Conseil
d’Administration, soit par l’Administrateur Général selon le mode de gestion
de la société25.
Cependant, il peut arriver que l’organe habilité, pour des raisons
diverses, ne parvienne pas à le convoquer. C’est pour cela que l’Acte uniforme
a prévu que le commissaire aux comptes, un mandataire 26 désigné ou un
liquidateur pourrait également convoqué l’assemblée générale27.
La convocation aux assemblées générales doit toucher tous les
actionnaires quelque soit le nombre d’actions qu’ils possèdent.
La convocation se fait par avis de convocation au journal d’annonces
légales lorsque la société a émis des actions au porteur. Cela est parfaitement
compréhensible puisque la société ignore l’identité de ses actionnaires. En
revanche, si toutes les actions sont nominatives, la convocation se fait par lettre
au porteur contre récépissé ou par lettre recommandée avec demande d’avis de
réception aux frais de la société.
Dans tous les cas, il doit s’écouler un délai entre la convocation et la
tenue de l’assemblée car il faut permettre à l’actionnaire de préparer sa
réunion. Le législateur africain a fixé ce délai à quinze jours au moins lorsqu’il
s’agit de la première convocation et à six jours au moins pour les convocations
suivantes lorsque l’assemblée n’a pas pu se tenir sur première convocation 28.
L’AUSCGIE donne compétence au juge pour fixer un délai différent lorsque
l’assemblée est convoquée par un mandataire de justice29.
L’acte portant convocation de l’assemblée doit porter un certain nombre
de mentions que l’AUSCGIE énumère en son article 519 ainsi que l’ordre du
jour qui est essentiel pour la tenue de l’assemblée. L’ordre du jour fixe la liste
25
Il existe deux modes de gestion de la société Anonyme.
26
TRHC Dakar, réf. n°1729, 31-12-2002 : Rong Yin PDG Sociétés SENEGAL ARMEMENT et SENEGAL
PECHE c/ Alioune DIANE et LIU SHEN LI, www.ohada.com, Ohadata J-03-182.
27
Cf. art. 516 AUSCGIE
28
Cf. art. 518 al. 4 AUSCGIE
29
Cf. art. 518 al. 5 AUSCGIE
18
des questions sur lesquelles les actionnaires seront appelés à délibérer et à
voter.
L’ordre du jour présente une double utilité.
D’une part, il permet aux actionnaires, notamment les minoritaires, de
connaître à l’avance les questions qui seraient débattues lors des assemblées et
de se préparer à y participer efficacement30.
D’autre part, il serait antidémocratique et dangereux pour les
actionnaires absents ou minoritaires qu’une assemblée convoquée avec un
ordre du jour, et donc ne réunissant que peu de participants, puissent
inopinément se saisir d’une question importante qui n’avait pas été inscrite et
émettre, dans les conditions précipitées, un vote capital pour l’avenir de la
société31.
19
prérogatives de contrôle et de haute gestion. Cependant, l’alinéa 2 de l’article
548 de l’AUSCGIE apporte une exception à ce principe qui prend en compte
l’intérêt des actionnaires en énonçant que : « les statuts peuvent exiger un
minimum d’actions, sans que cela ne puisse être supérieur à dix, pour ouvrir le
droit de participer aux assemblées générales ordinaires ».
La restriction qu’on peut trouver dans ce texte nous paraît
compréhensible, car en effet, dans les sociétés anonymes qui comportent
beaucoup d’actionnaires, la réunion de tous les actionnaires est une chose
impossible.
En tout état de cause, cette mesure ne saurait aboutir à priver
l’actionnaire minoritaire de son droit de participer aux assemblées générales.
C’est ainsi que lorsque cette réserve existe, les actionnaires peuvent se réunir
pour atteindre ce minimum et se faire représenter par l’un d’entre eux.
Cette mesure ne porte donc pas atteinte au droit d’intervention de
l’associé dans les affaires sociales ; celui-ci dispose toujours de son droit de
voter dans les assemblées.
Il convient de préciser que les assemblées générales extraordinaires ne
sont pas concernées par cette règle. En effet, le droit de participation de
l’actionnaire à l’assemblée générale extraordinaire ne peut être limité. Toute
clause contraire sera réputée nulle34.
34
POUGOUE (G.) (Sous la direction de) ; OHADA, sociétés commerciales et du groupement d’intérêts
économique, coll. Droit uniforme africain, Bruylant, Bruxelles, 2002, P.318
35
L'actionnaire exerce son droit à l'information lui-même ou par le mandataire qu'il a nommément désigné
pour le représenter aux assemblées. Ce représentant peut être un autre actionnaire ou son conjoint. Il peut
également se faire assister par un expert.
20
Elle peut cependant être autorisée, par exception, pour deux assemblées lorsque
celles-ci sont une assemblée générale ordinaire et une assemblée générale
extraordinaire tenues le même jour ou au cours d’une même période de sept
jours ; la procuration donnée par un actionnaire est aussi valable pour les
assemblée successives tenues sur la base du même ordre de jour 36. On
appliquera alors entre les parties le droit commun du contrat de mandat 37.
Mais à côté du droit à l’information qui permet de sauvegarder l’intérêt
des actionnaires minoritaires, l’Acte Uniforme prévoit un autre mécanisme de
protection qui est la procédure d’alerte.
L’alerte est une procédure élaborée pour faire réagir la direction d’une
société lorsque la continuité de l’exploitation est compromise. Elle tend à
prévenir les difficultés dans la société.
Elle peut être initiée soit par le commissaire au compte, soit par
l’actionnaire.
Le commissaire aux comptes est celui qui chargé de contrôler la
comptabilité de la société, de la certifier et plus généralement, de vérifier que la
vie sociale se déroule dans les conditions régulières.
Cependant, dans le cadre de notre mémoire, nous ne traiterons que de la
procédure d’alerte initiée par les actionnaires eux-mêmes, plus généralement
par les actionnaires minoritaires.
5Ainsi, aux termes de l’article 158 alinéa 1er AUSCGIE : « dans une
société anonyme, tout actionnaire peut deux fois par exercice poser des
questions au président du Conseil d’Administration, au président directeur
général ou à l’administrateur général, selon le cas, sur tout fait de nature à
36
Cf. art.538 AUSCGIE
37
Yves Guyon, op. cit ; p. 497
21
compromettre la continuité de l’exploitation. La réponse est communiquée au
commissaire aux comptes. »
L’AUSCGIE est allé plus loin, puisqu’il n’a fixé à ce titre aucune limite.
Il n’a pas défini non plus la notion de « faits de nature à compromettre la
continuité de l’exploitation », et il appartiendra donc à la jurisprudence de
l’espace OHADA de préciser cette notion.
Pour notre part, la mise en évidence de critères défavorables à la
continuité de l’exploitation pourra résulter en effet à la fois des comptes
annuels de l’exercice et des exercices précédents, mais aussi d’évènements
postérieurs à la clôture ou à l’arrêté des comptes, tels que :
Ces questions devront obligatoirement être posées par écrit dans la limite
de deux fois au cours d’un même exercice social.
Le dirigeant questionné est tenu d’y répondre par écrit, dans un délai
d’un mois. Le texte ne précise pas si la réponse doit être adressée
22
personnellement à l’actionnaire, ou être consultable directement au siège
social ; de même, il n’est pas précisé de qui doit émaner cette réponse.
En tout état de cause, l’actionnaire minoritaire qui a initié la procédure
d’alerte doit, dans le même délai d’un mois, adresser une copie de la question
ou de la réponse au commissaire aux comptes.
Pour mieux exprimer leurs avis sur les affaires sociales, les actionnaires
minoritaires bénéficient d’un droit d’information plus renforcé. Cette
information renforcée se fait à travers le contrôle par l’information (A) et aussi,
par l’information en cas de restructuration de la société (B).
23
A/LE CONTROLE PAR L’INFORMATION
38
POUGOUE (G.) (Sous la direction de) ; sociétés commerciales et du groupement d’intérêts économique, op.
cit. ; P. 94
24
En ce qui concerne l’exercice du droit de communication de manière
ponctuelle, l’actionnaire a le droit de prendre connaissance au siège social
quinze jours avant la tenue de l’assemblée générale extraordinaire de
l’inventaire , des états financiers et de la liste des administrateurs, des rapports
du commissaire au compte et du conseil d’administration ou de
l’administration générale selon les cas, du texte de l’exposé des motifs, des
résolutions proposées ainsi que des renseignements concernant les candidats au
conseil d’administration ou au poste d’administrateur général ; de la liste des
actionnaires, du montant global certifié conformes par les commissaires aux
comptes des rémunérations versées aux dix ou cinq dirigeants sociaux les
mieux rémunérés selon que l’effectif de la société excède ou non deux cents
salariés.
Le droit de poser des questions écrites aux dirigeants sociaux est tout à
fait nouveau. Il améliore le contrôle interne exercé par les actionnaires sur la
gestion de la société. C’est un mécanisme plus efficace que les questions
posées oralement au cours de l’assemblée, car les dirigeants habiles peuvent
39
L’inventaire est exclu de la copie à cause de son volume et des risques d’espionnage industriel.
40
Cf. art. 528 AUSCGIE
25
s’arranger pour ne leur apporter que des réponses insuffisantes. Les
dirigeants sociaux qui opposeraient un refus non justifié à cette demande
d’information engageraient leur responsabilité et pourraient être condamnés à
des dommages et intérêts ; ils pourraient être également poursuivis
pénalement41.
41
L’article 892 de l’AUSCGIE sanctionnant le fait d’empêcher un actionnaire de participer à une Assemblée
Générale. Infra deuxième partie, chap I, p.48
42
Cf art 189 AUSCGIE
43
Cf art 190 AUSCGIE
26
Ces opérations de restructuration peuvent être caractérisées par un conflit
d’intérêt44. La société initiale peut disparaître au détriment des actionnaires
minoritaires. C’est pour cela que le législateur africain n’est pas resté
insensible à la situation des plus faibles, notamment, des actionnaires
minoritaires. En effet, il soumet le projet de restructuration à une procédure
minutieuse45. Particulièrement, il rend obligatoire l’intervention du
commissaire aux comptes. Il est également rigoureux sur l’information. En
effet, placés dans une telle situation d'asymétrie d'information, les actionnaires
minoritaires tentent alors d’obtenir des éclaircissements au sujet du rapport
rédigé par les commissaires aux comptes.
Il en est ainsi par exemple si une société anonyme ordinaire est absorbée
par une société anonyme au capital variable dont les statuts autorisent
l'exclusion des actionnaires, la délibération qui décide l'opération de la fusion
encourt la nullité parce qu'elle porte atteinte au droit des actionnaires de faire
partie de la société.
Aussi, le législateur OHADA a-t-il prévu un autre palliatif pour protéger les
actionnaires minoritaires quand l’information s’avère insuffisante : l’expertise.
44
SCHMIDT D., Les conflits d’intérêts dans la société anonyme, éditions JOLY, 1999, P170, P.172
45
Formalité de dépôt et d’information, consultation des salariés, rapport du conseil d’administration,
intervention du commissaire aux comptes…
46
SCHMIDT D., Les conflits d’intérêts dans la société anonyme, op.cit. , P 177
27
SECTION II : LA PROTECTION PAR L’EXPERTISE
47
La qualité d’associé est nécessaire pour demander une expertise.
28
Comme son homologue français, le législateur africain ne donne aucune
définition de l’opération de gestion, sans doute parce qu’il ne faut pas enfermer
une notion aussi fluide dans une définition devant rendre son utilisation
difficile dans la pratique, mais aussi certainement parce qu’il s’agit d’une
notion de fait.
48
La procédure d'expertise de gestion n'est pas expressément réservée aux associés minoritaires, tous les
associés peuvent demander une expertise de gestion sur des opérations de gestion déterminées. En pratique,
les associés majoritaires étant le plus souvent les dirigeants de la société, on voit mal comment ils pourraient
demander une expertise sur leur propre gestion.
49
En effet, en droit français, le demandeur doit avoir préalablement posé une question écrite au dirigeant de la
société. Ce n’est qu’à défaut de réponse dans un délai d’un mois, ou à défaut de communication d’éléments de
réponse satisfaisants que les actionnaires minoritaires peuvent alors demander la désignation d’un expert.
50
L’actionnaire minoritaire doit-il par exemple apporter la preuve d'une présomption d'irrégularité ou peut-il se
contenter de l'alléguer?
29
nomination de l’expert est concrètement la présence d’indices graves
d’irrégularité dans la gestion sociale.
51
L’expertise de gestion ne peut porter ni sur l'ensemble de la gestion, ni sur la régularité des comptes sociaux
qui sont approuvés par l'assemblée générale à la fin de chaque exercice.
52
Convention réglementée
30
actionnaires minoritaires ayant voté contre, de demander une expertise de
gestion sur la convention concernée. Cela est d'autant plus vrai que les
dirigeants de la société sont les actionnaires majoritaires. Par ailleurs, le fait
que les opérations critiquées n’aient pas été ignorées des actionnaires à
l’approbation desquelles elles ont été soumises ne peut, à notre avis, suffire à
faire rejeter une demande d’expertise de certains actionnaires qui n’auraient
pas pris part au vote, manifestant ainsi leur désaccord53.
Les conditions de l’expertise de gestions ayant étés examinées, qu’en
est-il de ses effets ?
53
Voir sur ce point la jurisprudence française Compagnie Minière de l’Ogoué Socomilog c/ Maaldrift – RJDA,
7/97 n°916
31
La procédure étant consécutive le plus souvent à des dissensions entre
actionnaires et susceptible de paralyser le bon fonctionnement de la société. Il
appartient alors aux actionnaires minoritaires de donner la suite qu’ils veulent à
cette investigation, en engageant par exemple la responsabilité des dirigeants 54.
32
Elle est prévue par l’article l'article 232 du code de procédure civile,
commerciale et administrative qui dispose que : « toute requête non prévue par
un texte particulier ou une disposition spéciale, lorsqu’elle tend à voir ordonner
toutes mesures propres à sauvegarder les droits et intérêts, qu’il n’est permis de
laisser sans protection, est présentée au président du tribunal de première
instance ou à son délégué, ou juge de section de tribunal qui y répond à charge
de lui en référer, en cas de difficulté »
Aussi, verrons-nous successivement les conditions (A) et les effets (B) de cette
expertise.
55
Notamment, l'accès à une telle procédure n'est pas subordonné à une détention minimale d'actions ou de
parts sociales.
33
Si la jurisprudence n'admet encore qu'assez difficilement la désignation d'un
expert de gestion, et si notamment la demande est rejetée chaque fois que le
minoritaire n'invoque que des griefs imprécis, qui tendent à remettre en cause
la gestion en général au contraire, l'expertise préventive, est admise de manière
beaucoup plus libérale.
Il suffit que le demandeur justifie du motif légitime qu'il a de vouloir
conserver ou établir avant tout procès la preuve des faits dont pourrait dépendre
la solution d'un litige. Notamment, le demandeur n'a pas besoin de préciser la
nature et le fondement du litige qui l'oppose ou est susceptible de l'opposer à la
société. Il suffit que les faits qu'il veut éventuellement prouver soient
susceptibles d'exercer une influence sur la solution du litige, c'est à dire soient
pertinents et utiles.
Après avoir traité des conditions de l’expertise in futurum, il nous importe, à
présent, de souligner ses effets.
Les effets produits par cette autre forme d’expertise montre bien qu’elle
peut jouer un rôle important aux côtés de l’expertise de gestion dans la
recherche de la transparence sociétaire. Les actionnaires ne remplissant pas les
conditions de l’expertise de gestion peuvent toujours y trouver un moyen de
contrôle très efficace, sauf pour le juge africain d’insister sur son caractère
purement probatoire.
Elle sert en effet, à conserver ou établir avant tout procès la preuve ;
c'est-à-dire, rassembler et conserver des preuves en vue d’une action en justice.
Peu importe, au demeurant, que les demandeurs à l'expertise n'indiquent pas
dès à présent s'ils engageront un procès et qu'ils n'énoncent pas précisément la
nature et le fondement juridique de celui-ci.
34
Ainsi, les actionnaires minoritaires disposent de l’information et de
l’expertise de pour se protéger contre les dirigeants sociaux. Mais, de quels
moyens disposent-ils pour se protéger contre les actionnaires majoritaires ?
35
d’abus de majorité (Section I) et d’autre part de la détermination des éléments
caractéristiques de cet abus (section II).
Alors qu'en droit français l'abus de droit est une création purement
jurisprudentielle dans l'optique de sanctionner tout comportement abusif lié à
l'exercice du droit de vote des majoritaires, l'AUSCGIE a le mérite de préciser
les contours de cette notion en posant de façon explicite : « Il y a abus de
majorité lorsque les associés majoritaires ont voté une décision dans leur seul
intérêt, contrairement aux intérêts des associés minoritaires, et que cette
décision ne puisse être justifiée par l'intérêt de la société »56.
Mais comment cerner les notions d’actionnaire majoritaire 57 (A) et
d’abus de majorité (B)?
56
Cf. Art. 130 AUSCGIE
57
Voir aussi supra introduction, P.3
36
Deuxièmement, on désigne l’actionnaire majoritaire par rapport au vote.
L'abus de majorité peut se manifester au sein de l'assemblée générale comme
au sein du conseil d'administration.
58
V. Schmidt, Les droits de la minorité dans la S.A. Sirey 1970, P. 112
59
A l’intérieur d’une même société, il se peut qu’existent plusieurs minorités ou plusieurs majorités dont la
composition varie en fonction des décisions soumises au vote.
37
L’abus de majorité est distinct de l’abus de droit et du détournement du
pouvoir.
En effet, pendant longtemps, une partie de la doctrine française avait
assimilée l’abus de majorité à l’abus de droit issu des règles de la
responsabilité délictuelle.
La notion d’abus de droit a fait l’objet d’une vive controverse60.
A l’instar de Planiol, Ripert61, tout en admettant le principe de l’abus de
droit, en adoptait une conception restrictive. Selon lui, l’exercice d’un droit est
abusif, non s’il cause un dommage à autrui, mais si son auteur a été animé par
l’intention de nuire ou, à tout le moins, par la conscience de causer un
préjudice. De nombreux auteurs modernes voient d'ailleurs dans l’abus de droit
la faute commise dans l’exercice d’un droit62.
La question qui se pose est donc de savoir si ces conceptions sont
adaptées à l’exercice du droit de vote dans les sociétés.
Reste à savoir si le vote répréhensible émis par l’associé est une faute
commise dans l’exercice d’un droit. Une réponse négative s’impose63.
60
Sur cette controverse, J. GHESTIN, G. GOUBEAUX et M. FABRE-MAGNAN, Traité de droit civil.
Introduction générale, 4ème éd., LGDJ, 1994 ; n° 763 et s.
61
M. PLANIOL, Traité élémentaire de droit civil, II, LGDJ, 1900, n° 871. et G. RIPERT, La règle morale dans
les obligations civiles, 4° éd., LGDJ, 1949, n° 90 et s.
62
TERRE, Ph. SIMLER et Y. LEQUETTE, op. cit., n° 711 et s.
63
En premier lieu, si l’on fait référence à la faute, il faut déterminer a contrario ce qu’est un usage non fautif
du droit de vote. Or, cette appréciation s’avère difficile, sauf à considérer que l’associé doit seulement avaliser
les projets présentés par les dirigeants. Cela conduirait à nier le principe de la liberté du vote.
En second lieu, en matière de responsabilité civile, la faute peut également prendre la forme d’une abstention
ou d’une imprudence. Or, en matière de sociétés, si l’abstention peut être répréhensible.
En troisième lieu, le vote de l’associé, s'il est indéniablement un droit, est aussi une fonction, qui lui permet de
participer au gouvernement de la société. Non seulement en votant l’associé concourt à la formation de la
volonté sociale, mais il ne peut profiter en aucune façon de sa prérogative. Dès lors, si l’on assimile le vote à
une fonction, l’exercice fautif ne pourrait être chose qu’un détournement du pouvoir de sa finalité.
38
On le voit, le vote émis en méconnaissance de l’intérêt social et dans
l’unique dessein de favoriser ses propres intérêts au détriment de l’ensemble
des autres associés ne peut être une forme d’abus de droit. Pourtant, la Cour de
cassation vise fréquemment dans ses arrêts l’article 1382 du Code civil 64. Ce
visa laisse quelque peu perplexe, d’autant plus que l’abus du droit de vote est
celui d’un droit contractuel.
Une conception extensive de l’abus de droit considère que tous les droits
sont accordés en vue de la satisfaction d’une finalité. Ils sont octroyés non en
vue d’intérêts égoïstes mais dans ceux de la collectivité toute entière. Dans ces
conditions, l’abus de droit sera caractérisé chaque fois que le droit sera
détourné de son objet. Il s’agit de « l’acte contraire au but de l’institution, à
son esprit, à sa finalité »65.
64
L. CADIET et Ph. LE TOURNEAU, Droit de la responsabilité, Paris, D. 1996, n° 3156
65
D. SCHMIDT, Les droits de la minorité dans la société anonyme, Sirey 1970, P. 210
66
,R. CHAPUS, Droit administratif général, t. 1, 11° éd.,
39
droit de suffrage dans un but autre que l’intérêt social, sous peine de commettre
un détournement de pouvoirs67. Certains d’entre eux ont vu dans l’exercice
illicite du droit de vote « un détournement flagrant de l’intérêt collectif de la
société au profit des intérêts particuliers et illégitimes des dirigeants ou d’un
groupe d’actionnaires ».68
Selon ces auteurs, la majorité ne dispose de son pouvoir qu’autant
qu’elle l’exerce dans l’intérêt social. Autrement dit, le propre du pouvoir étant
d’être finalisé, celui des associés prépondérants ne trouve sa légitimité que
dans le respect de cet intérêt supérieur69. Si ce dernier est méconnu alors le
groupe majoritaire méconnaît la finalité de son pouvoir, ce qui caractérise
précisément un détournement de pouvoirs70.
En définitive, tant la théorie de l’abus de droit que celle du détournement
de pouvoirs sont inadaptées au fonctionnement de la société, en ce qu’elles
occultent sa base contractuelle. Dès lors, seule la méconnaissance de
l'obligation de bonne foi est susceptible de fonder la théorie du vote abusif en
prenant en compte la dimension conventionnelle de la société.
40
Or, la jurisprudence n’exige pas de l’associé qu’il émette un suffrage
contraire à ses intérêts74. Certes, ce vote est une composante de la volonté
sociale. Néanmoins, c’est également un moyen qui lui permet de défendre ses
intérêts au sein de la société. Contrairement à l’agent administratif, ou même à
certains titulaires de droits-fonctions75, l’actionnaire peut et doit tenir compte
de ses intérêts lorsqu’il émet un suffrage. Comme le souligne M. le Professeur
Schmidt, « la majorité dispose de son pouvoir pour satisfaire non seulement
les intérêts des autres associés, mais aussi les siens propres »76. Cependant, il
ne peut s’agir que de ses intérêts dans la société, car ils vont dans le même sens
de ceux de ses coassociés. S’il tient compte de ses intérêts externes, alors il
risque de mésuser de son droit de vote.
Aussi, rares sont-ils les arrêts à faire expressément référence au
détournement de pouvoirs77.
Ainsi, pour qu’il y ait abus de majorité, la résolution litigieuse doit avoir
été prise contrairement à l’intérêt social et dans l’unique dessein de favoriser
les membres de la majorité au détriment de ceux de la minorité 78.
D'ailleurs, cette solution est la seule qui s'impose.
de pouvoir. Ce qui caractérise celui-ci, c’est que l’agent a entendu poursuivre une fin étrangère à l’intérêt
général, quand bien même ce but ne lui serait pas directement contraire.
74
CA Paris 26 juin 1990, JCP 1990 II n° 21589
75
Il faut distinguer les « droits-pouvoirs », établis avant tout dans l’intérêt propre de certains individus qui en
sont les titulaires des « droits-fonctions », reconnus à des individus moins dans leur intérêt personnel que dans
l’intérêt d’autres personnes .
76
D. SCHMIDT, Les droits de la minorité dans la société anonyme, op. cit., n° 234 ; du même auteur, Les
conflits d'intérêts dans la société anonyme, op. cit., n° 273 ; L. DUBOUIS, La théorie de l’abus de droit et la
jurisprudence administrative, LGDJ, 1962, p. 327.
77
CA Pau 24 déc. 1935, S. 1936, 2, p. 55 ; CA Paris 24 nov. 1954, D. 1955 p. 236, note G. RIPERT, qui font
référence au détournement de pouvoirs ; CA Grenoble 6 mai 1964, qui retient à la fois l’abus de droit et le
détournement de pouvoir.
78
Art 130 AUSCGIE ; voir aussi Com. 10 avril 1961 : D., 1961, P. 661
41
Les sociétés anonymes ne sont viables que si les décisions sont prises à
la majorité. Ainsi, la société fonctionne selon le principe majoritaire et
l’AUSCGIE s’en accommode lorsqu’il précise par exemple à l’article 454 que
« les décisions du conseil d’administration sont prises à la majorité des
membres présents ou représentés, à moins que les statuts ne prévoient une
majorité plus forte (…) ».
La majorité s’avère être le mode le plus juste de prise de décisions
comme l’illustre bien la démocratie (A). Cependant, les actionnaires
majoritaires sont interdits de détourner leurs pouvoirs (B).
79
http://fr.wikipedia.org/wiki/Democratie
42
est pourtant une vision tout à fait partiale qui peut se tromper lourdement 80.
Cependant ce qui la définit c'est qu'elle cherche à devenir majoritaire, et par la
même elle s'impose suivant un énoncé81 et avec une logique comme structure la
soutenant82. C'est la dictature de la majorité, mais cette majorité dans
l'idéologie est une force majoritaire instrumentalisée : pourtant là ou il y a
influence d'un groupe sur un autre ou sur la politique de la société, il ne s'agit
donc pas à proprement parler de démocratie, mais d'un autre type de
gouvernement.
43
Les décisions du conseil d'administration ne peuvent cependant pas
devenir l'instrument d'un abus de majorité. C'est aux administrateurs qu'il
appartient d'apprécier l'opportunité des décisions à prendre dans l'intérêt de la
société, et le juge ne peut contrôler leur pertinence que de manière marginale.
Une décision majoritaire n’est pas abusive du seul fait qu’elle déplaît aux
minoritaires. L’alinéa 2 de l’article 130 AUSCGIE retient deux critères
cumulatifs pour reconnaître l’abus de majorité : l’abus de majorité est
caractérisé lorsqu’une décision adoptée par le ou les actionnaires majoritaires
44
au cours d’une assemblée générale ordinaire, extraordinaire ou encore au cours
d’un conseil d’administration, apparaît à la fois contraire à l’intérêt social, et
comme ayant été prise dans l’unique dessein de favoriser les membres de la
majorité au détriment des autres actionnaires.
En d’autres termes, les éléments caractéristiques de l’abus de majorité
sont l’atteinte à l’intérêt social (Paragraphe I) et la rupture d’égalité
(Paragraphe II).
Le droit de vote doit être exercé dans l’intérêt social. Cette assertion a
été renchérie par la cour de cassation qui a affirmé que : « le droit de vote est
conféré à l'associé pour qu'il l'utilise dans l'intérêt commun et non pas à des
fins égoïstes (...) et qu'ainsi, aucune délibération d'un organe sociétaire n'est à
l'abri de la qualification d'abus de majorité »84.
84
Cass. Com. arrêt N° 322 du 24/09/1999 Revue Juridique Tchadienne, 2002 ; p.3
85
Cf Articles 130, 131 AUSCGIE
45
Faute de définition légale, plusieurs conceptions s’affrontent pour définir
l’intérêt social86.
La première conception envisage l’intérêt social comme l’intérêt de la société.
C’est l’intérêt de la personne morale ayant une certaine autonomie, distincte des
associés ou des dirigeants. C’est ainsi que les professeurs Cozian, Viandier et
Deboissy affirment que : « l’intérêt social ne se confond pas nécessairement avec
l’intérêt des associés, qu’ils soient majoritaires ou minoritaires ; la société a un intérêt
social propre qui transcende celui des associés»87.
Dans cette optique, L’intérêt propre à la personne morale transcende celui des
actionnaires88. C’est la limite aux pouvoirs des dirigeants et des actionnaires. La
distinction réside alors dans le principe selon lequel « la société est une personne
morale indépendante de la masse des personnes physiques qui la composent »89.
L’intérêt de la personne morale prend sa source dans la conception institutionnelle de
la société, qui doit poursuivre un intérêt qui lui est propre et disposer d’une
organisation juridique et autonome par rapport aux associés.
La seconde conception voit dans l’intérêt social, l’intérêt des associés 90.
Elle se fonde sur l’analyse contractuelle de la société. Pour les partisans de
cette thèse91, la société naît d’un contrat dont la cause est le partage des
bénéfices. D’après l’article 4 AUSCGIE, «La société commerciale est créée par
deux ou plusieurs personnes qui conviennent, par un contrat, d'affecter à une
activité des biens en numéraire ou en nature, dans le but de partager le bénéfice
ou de profiter de l'économie qui pourra en résulter. Les associés s'engagent à
86
MEUKE B. ; De l’intérêt social dans l’AUSCGIE de l’OHADA, www.ohada.com; OHADATA D-06-24,
P.2.
87
COZIAN M., VIANDER A. et DEBOISSY F. ; Droit des sociétés 14ème édition, Paris, Litec, 2001, P175
88
COZIAN M., VIANDER A. et DEBOISSY F. ; idem
89
J-M. VERDIER in M-C. MONSALLIER « L’aménagement contractuel du fonctionnement
de la société anonyme »; LGDJ 1998, n° 762.
90
Art. 4 al. 2 AUSCGIE
91
D. SCHMIDT, Les conflits d'intérêts dans la société anonyme, op. cit., P. 11 et du même auteur, De l’intérêt
social, JCP éd. E 1995 I n° 488 ; Y. GUYON, La société anonyme, une démocratie parfaite !, in Mélanges
Christian Gavalda, Propos impertinents de droit des affaires, Dalloz, 2001, p. 133, n° 13.
46
contribuer aux pertes dans les conditions prévues par le présent Acte uniforme.
La société commerciale doit être créée dans l'intérêt commun des associés. ».
Il ressort de ce texte, d’une part, que le but de la société ne peut être que
la satisfaction de l’intérêt des associés et d’autre part qu’il doit exister une
communauté d’intérêts entre les associés, qui s’oppose à l’octroi d’avantages à
certains d’entre eux seulement. En d'autres termes, l'intérêt social ne peut être
que celui des associés.
Dans ces conditions, ce dernier dicte la recherche du profit maximal qui
doit être opérée, non en dehors de toute activité sociale, mais à travers la
réalisation de l’objet. L’intérêt commun a été envisagé à ce moment-là comme
l’obligation de chacun de respecter l’intérêt de ses coassociés 92. C'est d'ailleurs
cette approche de l'intérêt social que retient le législateur OHADA.
92
On sait que les actionnaires- investisseurs (le plus souvent minoritaires) préfèrent généralement maximiser leurs profits
à court terme plutôt que d’assurer la pérennité de l’entreprise dans laquelle ils investissent. L’intérêt social pour eux
relève exclusivement de la seule recherche de profit. A contrario, pour les actionnaires entrepreneurs (traditionnellement
majoritaires), l’intérêt social repose aussi et surtout sur la croissance de la société à long terme.
Mieux, l’intérêt commun des associés suppose une égalité de traitement entre les associés, se traduisant par une
prise en compte des attentes légitimes des actionnaires investisseurs qui représentent généralement la minorité
dans le capital social.
93
La doctrine de l’entreprise est en réalité une analyse fonctionnelle de la société, celle-ci n’étant qu’un moyen
au service d’une finalité, et se borne donc à consacrer l’approche institutionnelle, née au début du XX° siècle –
sur cette approche,
94
J. PAILLUSSEAU, La société anonyme, technique d’organisation de l’entreprise, Sirey, 1967, p. 196
47
auteurs estiment que l’entreprise doit être entendue comme un ensemble de
moyen en capital et en travail destiné à assurer la production de biens et de
services. Il s’agit de l’intérêt d’un organisme économique, point de rencontre de
multiples intérêts.
Pour le Professeur J. PAILLUSSEAU, « la société est une structure
d’accueil de l’entreprise : ou bien la société a été spécialement constituée pour
recevoir une entreprise individuelle qui existe et qui fonctionne, et elle est la
structure d’accueil, l’organisation juridique de cette entreprise ; ou bien la
société est créée pour exercer une activité économique, et une entreprise naît et
se développe, la société est l’organisation juridique de cette entreprise »95.
Cette protection par l’AUSCGIE des intérêts catégoriels suppose que la
société soit indépendante et autonome de chacun de ces intérêts particuliers.
95
J. PAILLUSSEAU « La modernisation du droit des sociétés commerciales »; D 1996, Chr. 289 /
Voir aussi dans le même sens, J. PAILLUSSEAU « L’efficacité des entreprises et la légitimité du pouvoir »;
Petites affiches 19 juin 1996, n° 74. 23
48
Généralement, le mauvais fonctionnement de la société prend sa source
dans les conflits d’intérêts entre actionnaires. Or ces derniers disposent d’un
pouvoir de décision qu’ils doivent utiliser conformément à l’intérêt social 96.
L’abus de majorité tire généralement son origine dans les conflits
d’intérêts entre actionnaires97, lors de la répartition ou de la mise en réserve des
bénéfices. Pour résoudre le conflit d’intérêt lié à l’abus de majorité par
exemple, l’article 130 impose de tenir compte de l’intérêt de la société. Ainsi, il
ne fait aucun doute qu’il s’agit bien là de la volonté du législateur OHADA de
protéger le fonctionnement de la société et garantir sa pérennité par l’intérêt
social sous le couvert de l’abus de majorité.
96
Ce n’est plus un secret pour personne, la société fonctionne selon le principe majoritaire et l’AUSCGIE s’en
accommode lorsqu’il précise à l’article 454 que « les décisions du conseil d’administration sont prises à la
majorité des membres présents ou représentés, à moins que les statuts ne prévoient une majorité plus forte (…)
» Ce qui ne sous entend pas que les minoritaires sont complètement démunis, ils disposent de droit notamment
lorsque la majorité commet des abus, il ne faut pas tout simplement qu’ils en abusent à leur tour.
97
Voir supra section 1ère, P. 30
98
Voir supra 1ère partie, chapitre 1 ; P. 12
99
Voir infra 2ème partie, chapitre 2, P. 61
49
PARAGRAPHE II : LA RUPTURE D’EGALITE
100
C’est la volonté de collaborer à une entreprise commune de manière active, intéressée et égalitaire.
101
FAYE A. ; L’égalité entre associés, www.ohada.com; OHADATA D-04-10, P.2
50
En cas d’abus du droit de vote par les majoritaires, le rôle du juge est de
contrôler la validité de la résolution adoptée au regard de l’intérêt social et de
ceux des membres de la minorité.
Dès lors, on peut se poser la question de savoir en quoi réside la
recherche d’un avantage personnel.
Le majoritaire doit suivre l'intérêt de la société et ne peut rechercher son
intérêt personnel lorsqu'il prend une décision. En matière d’abus de majorité,
cette notion ne suscite pas de difficultés particulières. Ainsi, en matière de
constitutions de réserves, il pourra s’agir de l’octroi aux majoritaires de
substantielles rémunérations.
De même, la Cour de cassation a sanctionné un apport partiel d’actif à
une société créée à cette occasion, en retenant que l’avantage du majoritaire
résidait dans l’octroi d’un poste de gérant dans la deuxième société102.
102
Cass. com .24 janv. 1995, Defrénois 1995 p. 690, note J. HONORAT
103
D. SCHMIDT, Les droits de la minorité dans la société anonyme, op. cit. , n° 210.
104
CA Aix en Provence 30 juin 2000, Bull. Joly 2001 p. 168
105
Infra 2ème partie ; chap. I ; P.47
51
Bien que la Cour Commune de Justice de l’OHADA n'ait pas encore eu
l'occasion de se prononcer sur ce point, peuvent notamment faire l'objet d'un
recours pour abus de majorité, à l’instar de la jurisprudence française 106 sur ce
sujet et au regard de la définition donnée par l’Acte Uniforme, le fait pour les
actionnaires majoritaires:
106
Pour l’abus de majorité, voir l’arrêt de principe Cass. Com. 18 avril 1961 : JCP Ed.G.1961, 2, 12164, qui
vise les résolutions prises « contrairement à l’intérêt général et dans l’unique dessein de favoriser les membres
de la majorité au détriment de la minorité ».
52
Les moyens mis à la disposition des actionnaires minoritaires permettent
une bonne protection de ceux-ci. Ainsi, les dirigeants sociaux doivent
s’acquitter loyalement de leurs devoirs envers les actionnaires minoritaires et
les actionnaires majoritaires sont interdits de prendre des décisions allant à
l’encontre de l’intérêt social et portant préjudice aux actionnaires minoritaires.
Les actionnaires minoritaires bénéficient de tous ces moyens pour être
mieux éclairés et pour affirmer leurs droits dans la société.
53
En effet, la sanction est nécessaire car elle permet de prévenir les fautes et les
abus contre des minoritaires et elle dissuade ainsi les dirigeants sociaux et les
actionnaires majoritaires.
Elle permet également de renforcer la protection des actionnaires minoritaires
et d’établir surtout une sécurité juridique des affaires.
54
SECTION I: L’ANNULATION DES ACTES
PREJUDICIABLES AUX ACTIONNAIRES
MINORITAIRES
Les décisions prises par les dirigeants sociaux et faisant grief, sont ceux
portant atteinte aux intérêts des actionnaires minoritaires directement ou
indirectement. Si l’atteinte directe est celle qui préjudicie les intérêts
personnels ou individuels des actionnaires minoritaires, l’atteinte indirecte est
celle qui entraîne un préjudice de moindre portée à l’actionnaire minoritaire.
C’est le cas de l’atteinte aux intérêts directs de la société 109.
Nous examinerons successivement le régime de l’annulation des
décisions prises par les dirigeants sociaux (A) et les effets de cette annulation
(B).
A / LE REGIME DE L’ANNULATION
107
Cela est en conformité avec la règle « pas de nullités sans textes ».
108
Cass. Com. 17 janv. 1989, Bull. Joly 1989, P. 247, nte P. Le Cannu
109
NGOUE J. ; La mise en œuvre de la responsabilité des dirigeants sociaux, www.ohada.com; OHADATA
D-05-52, P.10
55
L’actionnaire minoritaire doit prouver que l’acte mis en cause lui a causé
un préjudice110.
Une fois le préjudice prouvé, le juge pourra procéder, à la diligence des
parties, à l’annulation des actes préjudiciables.
L’annulation peut, par exemple, porter sur les délibérations des assemblées
dont les conditions relatives à leur tenue n’ont pas été respectées : défaut de
convocation, atteinte au droit de communication des actionnaires, inexactitude
ou irrégularité de l’établissement de la feuille de présence, méconnaissance des
règles de compétence, du quorum et de la majorité, défaut d’accomplissement
111
des formalités de publicité, etc. .
Toutefois, l’action en nullité des délibérations n’est pas recevable
lorsqu’elle est intentée par des associés qui avaient été présents ou représentés
à cette assemblée générale lorsqu’il s’agit d’une convocation régulière de
l’assemblée112.
110
La mise en œuvre de cette sanction requiert seulement la démonstration de l’avantage personnel tiré par les
dirigeants ou par d’autres actionnaires.
111
NGOUE J., idem, P. 11
112
Trib. 1ère instance d’Abidjan n° 1245 du 21 juin 2001, Michel Jacob et autres c/ Société Scierie Bandema-
Etablissements Jacob et autres, Ecodroit, juillet 2001, p. 49.
113
V. Art. 251 de l’AUDSC-GIE.
56
L’intérêt social se trouve également méconnu lorsqu’un acte ou une
décision des dirigeants sociaux satisfait l’intérêt personnel de ceux-ci ou de
celui des autres actionnaires au détriment de la société ou des actionnaires
minoritaires114. L’annulation frappe alors un acte irrégulièrement pris émanant
des dirigeants sociaux.
57
A/ LE REGIME DE L’ANNULATION
Par ailleurs, la jurisprudence a admis que l’action puisse être intentée par
la société elle-même. Cependant on doit reconnaître au représentant légal la
qualité pour agir en annulation de la décision contestée.
118
Les actionnaires minoritaires doivent également dans ce cas rapporter la preuve que l’acte pris par les
actionnaires minoritaires constitue un abus de majorité.
119
L’art 130 AUSCGIE énonce que : « Les décisions collectives peuvent être annulées pour abus de
majorité… »
58
B/ LES EFFETS DE L’ANNULATION
120
NZOUABETH D. ; Les litiges entre associés, thèse d’Etat, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, 2005,
P.361
121
L’abus de majorité consiste en un détournement de pouvoir par les membres de la majorité du but qui le
légitime, lequel engendre principalement un problème de validité de l’acte.
122
Ce dernier n’aura qu’à prononcer simplement la nullité.
123
Voir infra section II, P. 54
124
Toutefois, cette nullité ne saurait avoir d’effet qu’entre les actionnaires, mais non à l’égard des tiers dès lors
que ceux-ci sont de bonne foi.
59
A l’instar de l’ annulation des actes portant griefs aux actionnaires
minoritaires pris par les dirigeants sociaux, l’annulation des actes abusifs des
majoritaires constitue une preuve indéniable pour engager leur responsabilité.
60
commises dans l’exercice de leurs fonctions. Cette faute peut par exemple être
prouvée par les actes préjudiciables pris par les dirigeants sociaux.
Cette responsabilité civile peut être recherchée par la voie d’une action
sociale et ou d’une action individuelle
L'action individuelle est l'action en réparation d'un dommage subi par un
actionnaire, lorsque celui-ci subit un dommage distinct de celui que pourrait
subir la société du fait de la faute commise individuellement ou collectivement
par les dirigeants sociaux dans l'exercice de leurs fonctions.
Bien entendu cette action en responsabilité, pour être recevable, doit
remplir les conditions de droit commun de la responsabilité125:
- il faut qu'il y ait une faute commise par un dirigeant;
- qu'il y ait un dommage subi par un associé ;
- que l'on puisse établir un lien entre la faute du dirigeant et le dommage subi
par l'associé.
Il appartiendra à l'actionnaire qui prétend avoir subi un dommage d'en
rapporter la preuve.
61
Les dommages intérêts sont une sanction inéluctable lorsque les
conditions sont réunies127. D’après la jurisprudence, la réparation est faite au
prorata du préjudice subi128.
Malheureusement, elle est fréquemment sans intérêt parce que, souvent,
un dirigeant est personnellement moins solvable qu’une société.
La responsabilité civile des dirigeants sociaux étant analysée, qu’en est il
de celle des actionnaires majoritaires ?
127
cass. Com. 6 juin 1990. 606 n.Chartier ; Lyon, 20 décembre1984 : D.1986, P.506, note Y. Reinhard ; trib.
com. Slon-de-provence, 29 juin 1990, bull. joly1991, p.306, note D. Bompoint
128
Cass. Req. 16 février 1937, G.P. 1937.1.807.
129
cass. Com. 6 juin 1990 précité
62
L’action peut être intentée par les actionnaires minoritaires 130. Elle ne
peut en revanche être dirigée contre la société.
Cependant, une difficulté peut surgir, s’agissant de la détermination des
personnes responsables. Les actionnaires minoritaires doivent-ils poursuivre
l’ensemble du groupe majoritaire ou seulement les instigateurs de l’abus ?
A notre connaissance, la jurisprudence ne s’est jamais expressément
prononcée sur la question. Il semble néanmoins que la deuxième option soit
conforme aux principes de la responsabilité civile131.
Toutefois, du fait du caractère fluctuant des notions de majorité et de minorité,
il est parfois difficile d’identifier les auteurs de l’abus 132. Malgré le fait que
plusieurs sociétés anonymes soient dominées par un actionnaire majoritaire
unique133 facilement identifiable, la majorité est parfois constituée de plusieurs
personnes dont les votes convergent à un moment donné pour l’adoption d’une
résolution134.
130
cass com 18 avr. 1961, précité ; cass com 6 juin 1990, précité
131
com nov. 1991, n° spécial, La loi de la majorité, p. 138 ; D. SCHMIDT, Les droits de la minorité dans la
société anonyme, op. cit., n° 251. En faveur de cette solution, on pourrait également invoquer l’arrêt précité du
6 juin 1990. La Chambre commerciale entend sanctionner les majoritaires « qui avaient commis l’abus ». Par
conséquent, elle laisse entendre que les autres majoritaires n’encourent aucune sanction.
132
V. Schmidt, Les droits de la minorité dans la S.A. Sirey 1970, n° 6 ; Boquet, La minorité dans les sociétés
de capitaux, Rev. Juris. Com.1983, P. 121.
133
Société anonyme unipersonnelle
134
NZOUABETH (D.) ; Les litiges entre associés, op. cit., P.36
63
sanctions pénale (B) peut freiner l’élan du législateur OHADA quant à la
protection des actionnaires minoritaires.
135
Voir les articles 886 à 905 de l’AUSCGIE
136
NGOUE J. ; La mise en œuvre de la responsabilité des dirigeants sociaux, op. cit. ; P. 15
64
B/ LE DEFAUT DE SANCTION DANS L’ACTE UNIFORME
137
Jean PAILLUSSEAU ; L’acte uniforme sur le droit des sociétés ; op. cit. ; P. 28
138
La loi camerounaise numéro 2003/008 du 10 juillet 2003 relative à la répression des infractions contenues
dans certains actes uniformes OHADA.
65
une pluralité de sanction pour une même infraction communautaire à cause de
la différence du système pénal de chaque Etat membre et l’absence d’une
politique criminelle cohérente dans l’espace OHADA
un paradis pénal.
66
SECTION I : L’INTERVENTION D’UN TIERS
139
Cotonou n°256-2000, 17 août 200, affaire Société Continentale des Pétroles et d’Investissements
Fagbohoun, Sonacop, Cyr R.Koty c/ Etat Béninois
140
CA Abidjan, 5ème ch., n° 28, 13-1-2004, C.O c/ C.A, www.ohada.com, Ohadata J-06-24
67
La désignation d’un administrateur provisoire peut être demandée par les
actionnaires minoritaires grâce à leur lien de droit avec la société 141. L'action
est intentée devant le tribunal de première instance142.
Pour que le juge des référés143 soit compétent, il suffit que le demandeur
invoque l'urgence de son intervention. Si le magistrat ne reconnaît pas
l'existence de cette urgence, il ne pourra se déclarer incompétent, mais devra
dire qu'il n'y a lieu à référé et déclarer la demande non fondée144.
141
Cf. MERLE (Ph.), op. cit., p. 687
142
En fait, il s'agit le plus souvent d'une action en référé introduite devant le président du tribunal, et la société
doit être mise en cause
143
On rappellera que l'intervention du juge des référés dans la vie des sociétés, est soumise à quatre conditions
par la loi : l'urgence, le provisoire, une apparence de droit, et l'absence d'immixtion du juge ; dans la mesure où
la société continue à être gouvernée par le principe d'autonomie de volontés exprimées à la majorité.
144
Abidjan n°258, 25 février 2000, Société Négoce Afrique Côte d’Ivoire dite NACI c/ Société WIN.
145
Cotonou n°178-99. 30.09.1999, affaire Dame Karamatou Ibukunlé c : Société CODA Bénin
146
Supra 1ère partie ; chap II, Section I, P. 31
68
demande de l'actionnaire minoritaire, la désignation d'un administrateur
provisoire.
147
RIPERT (Georges) et ROBLOT (René), Traité de droit commercial, T.1, vol.2, Paris, LGDJ, 18ème éd.,
2002, p.119.
148
GUYON Y., Droit des affaires : droit commercial général et sociétés, op. cit. P 467
69
La convocation d'une assemblée générale, l'inventaire des biens, des
investigations et des mesures de sauvegarde relatives à la structure du capital
social ou à la répartition des actions entre les actionnaires, un pouvoir
d'autorisation préalable ou un droit de veto réservé au mandataire de Justice,
constituent autant de missions limitées dans le temps dont il paraît opportun de
recommander le libellé lorsque les circonstances l'imposent.
149
Cf. MERLE (Ph.), op. cit., p.689
70
En pratique, le caractère provisoire de sa fonction lui évite de commettre des
fautes. En effet, sa nomination est de courte durée et la probabilité pour lui de
commettre des fautes est très faible.
A/ LE SEQUESTRE JUDICIAIRE
71
Le séquestre judiciaire consiste en un dépôt d'une chose litigieuse entre
les mains d'un tiers qui s'oblige à la rendre après la contestation terminée à la
personne qui sera jugée devoir l'obtenir.
Le séquestre judiciaire est ordonné par une juridiction saisie d'une contestation
quant à la propriété d'une chose. La mission du séquestre est fixée dans l’acte
de désignation.
B/ L’ARBITRAGE
150
Voir Dieunedort Nzouabeth, Les litiges entre actionnaire, op. cit ; P.475
151
Voir Dieunedort Nzouabeth ; idem
72
La condition essentielle pour qu'il y ait arbitrage est l'existence d'une
convention d'arbitrage. C'est cette exigence que traduit l'article 21 du Traité
OHADA : « En application d'une clause compromissoire ou d'un compromis
d'arbitrage, toute partie à un contrat, ... peut soumettre un différend d'ordre
contractuel à la procédure d'arbitrage prévue par le présent titre ».
152
Voir art 148 AUSCGIE
153
V.art.2 al.2 du traité OHADA
154
Philippe FOUCHARD ; Le système d’arbitrage de l’OHADA, Petites affiches, n°205, 13 octobre 2004 ; P.
54
73
Le législateur OHADA permet également aux actionnaires de recourir à la
dissolution de la société lorsque la situation devient irrémédiable 155.
155
Le CANNU P., note sous Cass. Comm. 18 mai 1982, Rev. Soc. 1982, p. 804.
74
Nous examinerons donc successivement la mésintelligence entre
actionnaires (Paragraphe I) et la paralysie de l’activité sociale (Paragraphe II).
156
Voir sur ce point la jurisprudence française Cass. Com. 12 mars 1996, Nolet c/ Salon, Evolution
jurisprudentielle 1996 Droit des Affaires, p. 64 ; Revue des Sociétés 1996, p.554, note Bureau
75
La disparition de l’affectio societatis n’est une cause de dissolution que dans le
cas où elle paralyse la vie sociétaire. A l’inverse, les juges refusent de
prononcer cette sanction si, en dépit du conflit, les affaires sociales ne sont pas
compromises.
A/ LA SAISINE DU JUGE
157
Com. 16 juin 1992, Bull. Joly 1992, p. 944n n° 305, P. Le Cannu.
158
Cass. com. 23-1- 1950 : D. 1950 p. 300 ; Cass. com. 12-6 1960 : Gaz. Pal. 1961 II p. 176
159
CA Paris 5-7-1988 : Bull. Joly 1988 p. 674
160
Cass. com. 8-7- 1970 : Rev. sociétés 1971 p. 154
76
Aussi, la saisie conservatoire pratiquée sur les biens de la société avant
sa dissolution et suivie d’une conversion en saisie vente, doit-elle être déclarée
bonne et valable161.
77
La demande de dissolution formée par l’associé gérant doit être
accueillie, par application de l’article 200 AUSCGIE, si les faits de la cause
démontrent une mésentente entre les associés. Le tribunal doit nommer par la
suite un liquidateur et un juge-commissaire pour les besoins de la liquidation 165.
L’appréciation des faits constitutifs de la mésentente doit être effectuée
au moment de la décision de justice166 et elle est souveraine167.
Comme nous l’avons précédemment noté, cette procédure est tout à fait
exceptionnelle. Elle ne peut être utilisée que quand les abus subis par les
actionnaires minoritaires ne peuvent être réglés par d'autres moyens.
165
TGI Ouagadougou, idem
166
Cass. com. 4-12- 1968 : JCP 1969 IV p. 23
167
Cass. com . 25-2- 1964 : Bull. civ. III ° 98
78
CONCLUSION
79
C'est là une heureuse initiative, étant donné qu'elle s'inscrit dans l'optique
de la sécurité juridique des investissements que réalisent les actionnaires car le
droit des sociétés est au cœur de la mondialisation.
168
Infra P.40
80
Il est louable qu’il faille pérenniser la sécurité juridique, condition de la
qualité du droit169. Cela se fait par le maintien de la stabilité dans la société.
L'insécurité judiciaire découle de la dégradation de la façon dont est rendue la
justice, tant en droit qu'en matière de déontologie, notamment en raison d'un
manque de moyens matériels, d'une formation insuffisante des magistrats et des
auxiliaires de justice.
Par ailleurs, il est indéniable que l’insécurité juridique est une entrave au
fonctionnement économique d’une société et même d’un Etat.
169
Parce qu’elle démontre son aptitude à permettre une réalisation effective et durable des projets des sujets de
droit
81
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92
TABLE DES MATIERES
Dédicace…………………………………………………………………………...II
Remerciements………………………………………………………………….III
Liste des abréviations…………………………………………………………...IV
Sommaire……………………………………………………………………......V
Introduction………………………….…………………………………………..1
94
PARAGRAPHE I : LE DEFINITION DE L’ABUS DE
MAJORITE……………………………………………..30
A/ LA NOTION D’ACTIONNAIRE MAJORITAIRE…………………….31
B/ LA NOTION D’ABUS DE MAJORITE………………………………......32
PARAGRAPHE II : LE VOTE A LA MAJORITE…………………….…..36
A/ LE PROCESSUS DECISIONEL : LA DEMOCRATIE……………..........36
B/ L’INTERDICTION DE DETOURNEMENT DU POUVOIR…………….38
SECTION II : LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’ABUS…………....39
PARAGRAPHE I : L’ATTEINTE A L’INTERET SOCIAL………………...39
A/ LES CONTROVERSES DOCTRINALES RELATIVES A LA NOTION
D’INTERET SOCIAL……………………………………………………40
B/ LE ROLE DE L’INTERET SOCIAL……………………………………..43
PARAGRAPHE II : LA RUPTURE D’EGALITE……………………. …….44
A/L’INTENTION DE NUIRE……………………………………………...45
B/ LE PREJUDICE CAUSE AUX MINORITAIRES ……………………..45
95
LES ACTIONNAIRES MAJORITAIRES………….52
A/ LE REGIME DE L’ANNULATION………………………………….…52
B/ LES EFFETS DE L’ANNULATION…………………………………….53
SECTION II : LA RESPONSABILITE DES FAUTIFS…………………......54
PARAGRAPHE I : LA RESPONSABILITE CIVILE …………………......54
A/ LA RESPONSABILITE CIVILE DES DIRIGEANTS SOCIAUX …….55
B/ LA RESPONSABILITE CIVILE DES ACTIONNAIRES
MAJORITAIRES………………………………………………………. ..56
PARAGRAPHE II : LA RESPONSABILITE PENALE ………………...…58
A/ LES PERSONNES PENALEMENT RESPONSABLES………………..58
B/ LE DEFAUT DE SANCTION DANS L’ACTE UNIFORME………..…59
96
B/LES EFFETS DE LA DECISION JUDICIAIRE………………………....72
Conclusion………………………………………………………………………74
Bibliographie…………………………………………………………………....77
Table des matières………………………………………………...…………….VI
97