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Rosalie DOUYON
Rosalie Douyon est professeure associée en entrepreneuriat/sciences de gestion à l’EDC Paris
Business School. Ses travaux de recherche portent sur l’entrepreneuriat, la RSE et la stratégie
d’entreprise. Elle intervient régulièrement dans des conférences scientifiques et des séminaires
d’entreprise sur les questions de l’entrepreneuriat et de la RSE.
70, galerie des Damiers
Paris La Défense 1
92415 COURBEVOIE CEDEX, France
rosaliedouyon@yahoo.fr
Résumé
L’entrepreneuriat créatif et culturel est considéré comme un moteur important de la croissance
économique par les pouvoirs politiques. Néanmoins, malgré la reconnaissance de l’utilité de ce type
d’entrepreneuriat, les données quantifiables sur son impact sont rares, voire inexistantes dans les pays en
voie de développement. Cet article passe en revue les connaissances issues de la littérature et présente les
résultats d’une étude qualitative sur les caractéristiques et la représentation de l’entrepreneuriat créatif
et culturel dans un pays en voie de développement comme le Mali et son impact dans l’économie globale
du pays. Les résultats montrent que l’entrepreneuriat créatif et culturel occupe une place importante
dans la société malienne (attachement aux traditions et valorisation de la culture), avec une dimension
sociologique et des représentations identitaires. Il s’agit ici d’un entrepreneuriat par nécessité qui se
caractérise aussi par la volonté de promouvoir les savoirs, les savoir-faire et la culture traditionnelle
malienne et africaine. Les résultats mettent enfin en lumière son impact notamment sur la création
d’emplois, la lutte contre la pauvreté et le développement social et sociétal, car la survie des familles et
de l’entourage en dépend.
Mots-clés
Entrepreneuriat culturel et créatif, Entrepreneur, Mali, Pays en voie de développement,
Caractéristique et impact économique
Abstract
Cultural and creative entrepreneurship is seen as an important driver of economic growth by political
powers. Nevertheless, despite the recognition of the usefulness of this kind of entrepreneurship,
quantifiable data on its impact are rare or non-existent in developing countries. This paper reviews
what is known in the literature and presents the results of a qualitative study on the characteristics,
representation of creative and cultural entrepreneurship in a developing country like Mali and its impact
in the global economy of the country. Results show that creative and cultural entrepreneurship is main
important in Malian society (attachment to traditions and valorization of culture) with a sociological
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dimension and representations of identity. This entrepreneurship is characterized by entrepreneurship
by necessity but also by the will to promote knowledge, know-how and traditional culture of Mali and
Africa. The results highlight its impact particularly on job creation, in fight against poverty and on social
and societal development through the survival of families and people who depend on it.
Keywords
Cultural and creative entrepreneurship, Entrepreneur, Mali, Developing countries,
Characteristic and economic impact
Resumen
El espíritu empresarial creativo y cultural es considerado como un importante motor del crecimiento
económico por los poderes políticos. Sin embargo, a pesar del reconocimiento de la utilidad de este tipo
de emprendimiento, los datos cuantificables sobre su impacto son raros o inexistentes en los países en
desarrollo. Este artículo revisa lo que se conoce en la literatura y presenta los resultados de un estudio
cualitativo sobre las características, la representación del emprendimiento creativo y cultural en un país
en desarrollo como Malí y su impacto en el mundo. Economía global del país. Los resultados muestran
que el emprendimiento creativo y cultural ocupa un lugar importante en la sociedad maliense (apego
a las tradiciones y la valorización de la cultura) con una dimensión sociológica y representaciones
de identidad. Este espíritu empresarial se caracteriza por el espíritu empresarial por necesidad, pero
también por la voluntad de promover el conocimiento, los conocimientos técnicos y la cultura tradicional
de Malí y África. Los resultados destacan su impacto, especialmente en la creación de empleos en la
lucha contra la pobreza y en el desarrollo social y social a través de la supervivencia de las familias y las
personas que dependen de ella.
Palabras clave
Emprendimiento cultural y creativo, Emprendedor, Malí, Países en desarrollo, Impacto
característico y económico
INTRODUCTION
Rosalie DOUYON
Ces statistiques mettent en lumière le rôle important de ces entrepreneurs qui représentent
des employeurs clés du continent africain où, de manière générale, l’entreprise est considé-
rée comme un moyen d’améliorer le quotidien des populations (Temple et al., 2017).
Ainsi, face au chômage, les jeunes font preuve de beaucoup d’énergie et de créativité. Leurs
talents sont des atouts pour le développement de l’entrepreneuriat culturel et créatif et pour
la promotion des savoirs, des savoir-faire et de la culture traditionnelle africaine.
Depuis quelques années, nous observons, en effet, une augmentation significative des petites
entreprises culturelles et créatives qui contribuent au développement de l’économie natio-
nale. En participant activement à la croissance économique nationale, ces entrepreneurs
concourent à la valorisation des richesses culturelles, à la création d’emplois et au dévelop-
pement humain et social (Hausmann et Heinze, 2016).
La notion d’industrie culturelle et créative connaît aujourd’hui un fort engouement sur la
scène internationale. Considérée comme une source décisive d’avantages compétitifs et un
moteur de l’économie de la connaissance, elle fait l’objet de nombreuses politiques natio-
nales et locales, depuis une dizaine d’années, à l’échelle mondiale (Henry, 2018). En Afrique,
selon les travaux de l’OCDE (2017) et de l’Agence française de développement (2018), un
nombre important d’emplois créés sont directement liés au secteur des industries culturelles
et créatives, qui occupe une place significative dans la croissance économique des pays afri-
cains. Ces structures contribuent à l’emploi, à la croissance, à l’éducation, à la formation
professionnelle, à la citoyenneté, à la prévention des conflits, à l’égalité des sexes ainsi qu’à
la création d’une identité locale (OCDE, 2017 ; AFD, 2018). Au Mali, la notion de business
culturel et créatif (spectacle, musique, danse, art…) joue un rôle prépondérant dans la socié-
té (Djebbari, 2015). Ainsi, à la différence des autres industries dans les domaines de l’agricul-
ture, de l’élevage et de la pêche, l’univers culturel – élargi à la sphère créative – est présenté
par les acteurs politiques comme un secteur économique à part entière. En effet, ces activités
sont créatrices d’emplois et participent à la valorisation de la culture, au renforcement des
valeurs et au respect des traditions. De plus, au Mali, l’entrepreneuriat est considéré comme
une solution alternative favorisant la création massive d’emplois pour tous les jeunes, qu’ils
soient diplômés ou non, ruraux ou urbains, autochtones ou étrangers (Dougnon, Cissé,
Bello, Koné et Touré, 2013). C’est pourquoi il est intéressant de se focaliser sur le cas du Mali,
car l’Afrique est une réalité géopolitique hétérogène.
Selon Fleischmann, Welters et Daniel (2017), l’économie culturelle et créative désigne l’en-
semble des activités ayant recours à la propriété intellectuelle et orientées vers l’exploitation
marchande de la création artistique. Depuis de nombreuses années, l’intérêt pour l’acti-
vité culturelle et créative a donné lieu à un modèle entrepreneurial, non seulement pour
mieux comprendre les effets de la créativité sur l’entrepreneuriat et l’innovation, mais aussi
pour valoriser les conditions sociales, culturelles et géographiques de son développement
(Chapain, Emin et Schieb-Bienfait, 2018).
De ce fait, avec la mondialisation, la valorisation des produits culturels, le développement
des réseaux sociaux et de la technologie, il y a eu une intensification de la consommation de
produits culturels et créatifs au Mali (Djebbari, 2015). De nombreuses transformations sont
désormais à l’œuvre, comme les tissus wax dans la mode et la décoration contemporaine ou
encore les ressources alimentaires sous un format moderne, mais aussi la musique, le spec-
tacle vivant (humour, théâtre, danse…) et tant d’autres (Dicko, 2018).
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Cependant, malgré la reconnaissance de l’utilité de l’entrepreneuriat culturel et créatif, les
données quantifiables sur l’impact des industries culturelles africaines sont rares, voire
inexistantes. De plus, de nombreux travaux portant sur l’entrepreneuriat dans les indus-
tries créatives et culturelles s’intéressent aux villes créatives et aux pays développés (Florida,
2002 ; Anderson, Potočnik et Zhou, 2014). Pourtant, ces industries sont très présentes dans
les pays en voie de développement et occupent une place importante dans l’économie. Il est
donc intéressant de voir comment se distingue l’entrepreneuriat dans les industries de ces
pays du Sud, qui sont sous-étudiés, voire ignorés, dans le champ créatif et culturel.
C’est pourquoi l’objectif de cette étude sera d’analyser et de comprendre les caractéristiques
de l’entrepreneuriat créatif et culturel dans un pays en voie de développement comme le
Mali, ainsi que sa représentation et son impact dans l’économie globale du pays. Il s’agira de
combler le manque observé dans la littérature sur les industries culturelles et leur influence
dans un contexte africain, car, au Mali, l’entrepreneuriat créatif et culturel est ancré dans
la société. Il est associé non seulement à une activité au service de la valorisation culturelle,
des valeurs et des traditions, mais aussi au développement économique (création d’emplois,
renforcement de l’identité locale, nationale, etc.). Selon Chapain, Emin et Schieb-Bienfait
(2018), les recherches sur l’entrepreneuriat culturel et créatif doivent aussi mettre en lumière
les spécificités et caractéristiques des entrepreneurs créatifs en fonction de leur environne-
ment. Pour ce faire, il nous paraît donc pertinent de poser la question de recherche suivante :
quelles sont les caractéristiques de l’entrepreneuriat créatif et culturel et son impact au sein
d’une dynamique économique spécifique à un pays en voie de développement ?
Pour y répondre, dans la première partie, sera proposée une analyse conceptuelle de l’entre-
preneuriat culturel et créatif, offrant un éclairage sur le concept, sa spécificité et la manière,
dont il se manifeste dans le contexte malien. La question posée sera ainsi étudiée sous un
angle empirique. Puis, la deuxième partie sera consacrée à l’analyse et à la présentation des
résultats.
Rosalie DOUYON
1.1. L
’entrepreneuriat culturel et créatif, un éclairage au travers de la
littérature
Le secteur de l’industrie culturelle et créative occupe une place majeure dans le dévelop-
pement des sociétés contemporaines, en raison de son poids économique croissant et de
l’importance de son rôle culturel et sociétal. Un ensemble de références académiques permet
de poser les bases d’un cadre de réflexion générale.
Le secteur se développe rapidement dans les premières années du xxie siècle et fait l’objet
d’études qualitatives qui permettent déjà de mettre en lumière un certain nombre de spé-
cificités (Hausmann et Heinze, 2016). Il regroupe diverses activités ayant toutes leurs spé-
cificités idéologiquement uniformisées autour des « activités qui trouvent leur origine dans
la créativité, la compétence et le talent individuels et qui ont un potentiel de création de
richesse et d’emplois à travers la génération et l’exploitation de la propriété intellectuelle »
(Henry, 2018, p. 8).
Les multiples études de la Commission européenne permettent de se faire une idée plus
précise sur la dimension entrepreneuriale des industries culturelles et créatives et sur la
place qu’elles occupent dans les petites structures (Emin et Guibert, 2017). Celles-ci sont
majoritairement des petites organisations ou des autoentrepreneurs travaillant seuls dans
un certain contexte. Par conséquent, l’ensemble du spectre possible dans ce secteur fait ap-
paraître des positionnements d’entrepreneurs contrastés, entre ceux qui se concentrent sur
le développement de leur production culturelle et sur la créativité et ceux qui misent sur la
distribution de biens ou de services ainsi que sur le profit économique et la croissance de
leurs activités (Loots et Witteloostuijn, 2018).
Selon Cauvin, Ferry-Maccario et Paris (2015), sept secteurs correspondent aux activités ar-
tistiques et culturelles : le patrimoine (musées, monuments historiques et marché de l’art), le
spectacle vivant, le livre, la musique, les jeux vidéo (logiciels de loisirs), le cinéma et l’audio-
visuel (radio et télévision). À ceux-ci s’ajoutent souvent d’autres secteurs comme l’architec-
ture, le design, la mode et la publicité. Dans l’ensemble de ces secteurs, la création joue un
rôle majeur dans la constitution de la valeur. La place principale occupée par la notion de
créativité se traduit par une démarche d’innovation visant l’originalité des contenus, et donc
par la singularité des œuvres produites.
Comme dans tout type d’entrepreneuriat, la force de conviction, de persuasion, d’organisa-
tion et de management réside aussi chez l’entrepreneur culturel, auprès des parties prenantes
en mesure de contribuer à son projet (Patten, 2016). De plus, une grande partie du travail
créatif dans le secteur culturel se réalise dans les grandes organisations, dans une logique de
projet qui implique des partenariats temporaires entre acteurs différenciés.
Ces entrepreneurs sont aujourd’hui amenés à développer une approche entrepreneuriale
rarement par libre choix, mais plutôt sous la pression d’un environnement davantage insti-
tutionnel, contraignant et précarisant. Ainsi, des dimensions sociales et politiques sont très
souvent présentes dans le travail qu’ils réalisent au quotidien (Gehman et Soublière, 2017).
L’entrepreneuriat culturel et créatif renvoie donc à une dynamique pluridimensionnelle, avec
plusieurs approches privilégiées dans la littérature, notamment sur l’individu entrepreneur,
l’entreprise, la forme de structuration liée aux différents secteurs d’activité. Cela permet de
85
se rendre compte de la complexité et de la difficulté de trouver un consensus général sur la
définition de cette notion (Golpushnezhad, 2018). Néanmoins, les différents travaux issus de
la littérature convergent et soulignent l’importance de la personnalité de l’entrepreneur, de
ses compétences entrepreneuriales, du capital social, mais aussi des opportunités à saisir ou
à développer, de l’innovation, de la capacité à produire des ressources nouvelles et de créer
une structure (Hausmann et Heinze, 2016).
Après cet éclairage sur l’entrepreneuriat créatif et culturel à travers la littérature, il convient
de s’intéresser à sa spécificité et à son utilité.
Selon les travaux d’Henry (2018, p. 24), l’entrepreneuriat culturel et créatif est un processus
socioéconomique identifiable à partir d’un faisceau de six traits liés : « le développement
d’un système d’action collectif ; autour de la production-diffusion d’un nouveau bien ou
service à forte dimension symbolique ; souvent à l’initiative ou sous l’impulsion d’une ou
de quelques personnes très motivées et investies dans le portage du projet ; à partir d’une
opportunité pressentie ou repérée de besoin ou de circonstance, mais aussi de moyens et de
ressources ; de manière à générer d’abord une valeur esthétique, culturelle et sociale ; qui
engendrera autant que possible une valeur économique apte à assurer une viabilité au moins
minimale du système d’action considéré ».
Ici, l’auteur insiste sur le fait que tout projet créatif et culturel à caractère économique doit
être inscrit dans un contexte entrepreneurial, avec la prise en considération de l’apport des
différentes parties prenantes dans le projet entrepreneurial (Favereau et Baudoin, 2015).
L’entrepreneuriat culturel et créatif possède un certain nombre de spécificités qui font sa
richesse :
• la notion de l’offre sur la demande : dans de nombreux cas, la demande est non exprimée.
Chaque création est un défi artistique et commercial, dont le résultat n’a pas été anticipé.
Ici, l’offre crée sa propre demande ;
• la fragmentation de l’offre : chaque produit proposé sur le marché est unique, différent des
autres et tire sa valeur du travail créatif nécessaire à sa production. Ceci limite les phéno-
mènes d’expérience et la parfaite maîtrise du processus productif.
Selon Klamer (2011), les caractéristiques du « bon » entrepreneur créatif et culturel re-
couvrent la capacité à saisir des opportunités, la créativité artistique et managériale, la pas-
sion pour l’art, la persuasion pour inclure d’autres acteurs dans les projets, ou encore la
prudence, le courage et l’espoir. Des auteurs rajoutent à ces critères la certitude d’avoir une
influence sur les résultats de son travail. Pour eux, la personnalité de l’entrepreneur culturel
et créatif détermine la réussite de son business. Quant à Henry (2018), il met l’accent sur les
traits qu’il qualifie de récurrents chez les entrepreneurs culturels et créatifs. Selon l’auteur,
ces derniers ont une vision du plan de financement généralement limitée à une année et
une forme d’investissement qui est l’autofinancement. Il souligne également la difficulté
pour repérer des opportunités, des marchés, ou encore la méfiance des acteurs financiers
à s’engager dans des projets particulièrement risqués. Pour lui, cette situation s’explique
Rosalie DOUYON
La culture et l’art sont riches et divers au Mali et représentent un réel phénomène social. La
valorisation de l’art et de la culture, à travers la créativité et l’entrepreneuriat, joue un rôle
important dans le développement économique et socioculturel du pays (Djebbari, 2015).
Dans l’entrepreneuriat culturel et créatif, plusieurs activités sont développées : les arts du
spectacle tels que la danse, la musique, le théâtre, les marionnettes (très prisés par toutes les
couches sociales), la création et la vente de tissus culturels (transformation d’étoffes teintées)
(Duponchel, 2004), la commercialisation de tissus wax, la confection de tissus, la création et
la vente d’objets d’art décoratif, de bijoux, de meubles, etc. (Yabara et Guidère, 2017).
Ce type d’entrepreneuriat provoque ainsi l’engouement des Maliens, fortement enracinés
dans leur culture, même bien au-delà des frontières du pays (AFD, 2018). Tous sont capables
de faire revivre les grands noms et les moments clés du passé, tout comme ils ont la capacité
d’inciter au respect des grandes valeurs, à la paix, à la générosité, au travail, à la sagesse
(Dicko, 2018).
L’entrepreneuriat culturel et créatif s’inscrit également dans la lignée d’un intérêt croissant
pour la dimension économique de la culture (Malion, 2017). Dans un pays où il y a peu
d’industries formelles et où le taux de chômage est élevé, l’entrepreneuriat devient un moyen
de survie.
Dans cette dynamique, depuis le début des années deux-mille, l’entrepreneuriat connaît une
forte croissance au Mali, spécifiquement dans le secteur culturel et créatif, influencé par
les habitudes culturelles, les valeurs et les principes entretenus dans l’inconscient collectif
87
(Hernandez, 2000). Néanmoins, ces entrepreneurs sont majoritairement dans une démarche
d’entrepreneuriat informel, avec une économie de survie où la notion de temps ne compte
pas. Le court terme est beaucoup plus important que le long terme, ce qu’illustre parfaitement
un proverbe bambara (Mali) : « Que demain se débrouille, je ne connais qu’aujourd’hui. »
Selon les travaux de Dougnon et al. (2013), l’entrepreneur culturel ne reçoit pas d’aide venant
de l’État, des banques, des institutions, de la microfinance ou des associations formelles ; il
compte plutôt sur ses réseaux sociaux informels (capital social). Les auteurs montrent que
le chômage est aussi à l’origine de ce type d’entrepreneuriat. De jeunes diplômés n’ayant pas
trouvé de travail dans leurs domaines de formation se lancent dans l’aventure, car la dimen-
sion culturelle, très présente chez eux, rend plus facile et accessible cette forme d’entrepre-
neuriat. Selon l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes du Mali (2019), c’est un
moyen pour les jeunes de freiner le chômage et la pauvreté.
Ainsi, la culture joue un rôle important, car elle permet aux jeunes de saisir des opportu-
nités d’affaires, mais aussi de la valoriser sous différentes formes (danse, musique, art, etc.)
(Kamdem, 2016).
Après cette présentation des particularités et des caractéristiques de l’entrepreneuriat créatif
et culturel, la partie suivante va décrire la démarche méthodologique qui a permis de confron-
ter les éléments de l’analyse théorique au cas des entrepreneurs créatifs et culturels maliens.
Le Mali est un pays avec une position géographique stratégique, en Afrique de l’Ouest. En
termes d’entrepreneuriat, on observe une forte représentation culturelle à travers l’expor-
tation des tissus traditionnels, de la danse, de la musique, etc. Un pays riche de sa diversité
culturelle, ethnique et linguistique (une soixantaine d’ethnies et autant de langues, dont
treize sont consacrées langues nationales par la Constitution). L’une des particularités cultu-
relles au Mali concerne le concept de diatiguiya (l’hospitalité caractérisée par des échanges
très conviviaux) et celui de sanankouya (la parenté à plaisanterie) qui est un système de soli-
darité interclanique et interethnique qui distingue le Mali de ses voisins africains.
De plus, selon l’étude de l’AFD (2017), l’industrie malienne est la plus importante de l’Afrique
de l’Ouest. Alleman et al. (2018) ont mené des travaux sur le développement des industries
culturelles et créatives en Afrique, en partenariat avec les Nations unies et la Francophonie.
Ceux-ci montrent que le secteur créatif et culturel représente 2,6 % du PIB de l’Union euro-
péenne, 2,15 % du PIB de la République populaire de Chine et 2,39 % du PIB du Mali, un
taux supérieur aux pays environnants comme le Burkina Faso (2,36 %), le Sénégal (2,37 %) et
la Guinée-Conakry (2,10 %). Ces chiffres révèlent l’importance économique et commerciale
de ce secteur au Mali. Le pays est également connu pour ses particularités culturelles ainsi
Rosalie DOUYON
que pour sa musique qui est exportée à l’échelle mondiale grâce à de grandes figures comme
Salif Keïta ou la diva Oumou Sangaré (Yabara et Guidère, 2017). Cela lui confère un leader-
ship dans le secteur culturel et créatif en Afrique. Malgré la grande richesse culturelle et le
potentiel créatif des autres nations africaines, le Mali est l’un des pays d’Afrique de l’Ouest
qui exporte le plus de produits culturels comme les tissus traditionnels et la musique, à tra-
vers les griots (Djebarri, 2015).
Enfin, le Mali étant le deuxième pays le plus vaste de l’Union économique et monétaire
ouest-africaine, derrière le Niger (Dicko, 2018), son cadre d’étude pourrait être transposé à
d’autres pays de la même zone monétaire (l’entrepreneuriat de nécessité, la précarité, etc.).
Au regard de l’ensemble de ces éléments, une analyse du contexte malien s’avère intéres-
sante, étant donné la place que le pays occupe dans ce secteur en Afrique et sa croissance
économique qui repose majoritairement sur le domaine culturel et créatif (Agence pour la
promotion des investissements au Mali, 2019).
Pour mener à bien cette recherche, une étude qualitative exploratoire auprès de 30 entrepre-
neurs créatifs et culturels maliens a été réalisée entre février et mai 2019. Ils ont été sélec-
tionnés sur la base de leur appartenance au secteur culturel et créatif. Six entrepreneurs ont
été écartés de la population de départ (qui était donc de 36), car ils n’exerçaient pas réelle-
ment dans ce domaine. Les entrepreneurs ont été également retenus sur la base de l’existence
d’une structure fixe avec des salariés, une activité et un chiffre d’affaires, même si certaines
structures sont plus ou moins informelles.
Chaque interview a duré entre une heure et demie et deux heures, en suivant le guide d’en-
tretien établi.
Selon Wacheux (1996, p. 15), « la mise en œuvre d’un processus de recherche qualitatif, c’est
aussi vouloir comprendre le pourquoi et le comment des événements dans des situations
concrètes ». L’analyse qualitative permet ainsi de décrire des phénomènes sociaux, d’amé-
liorer leur compréhension et de générer des propositions nouvelles (Eisenhardt, 1989). Un
guide d’entretien, élaboré à partir de la littérature sur l’entrepreneuriat culturel et créatif, a
permis de conduire les entrevues. Le guide d’entretien administré était semi-directif. Ainsi,
le début de l’entretien était consacré au contexte de l’entreprise. Ensuite, l’utilité, la représen-
tation et les caractéristiques de l’entrepreneuriat culturel et créatif étaient évoquées, avant
d’aborder, enfin, son impact dans l’économie globale du pays.
2.3. La population
Ce sont 30 entrepreneurs qui ont été interrogés, dont 18 hommes et 12 femmes. Parmi ceux-
ci, 11 sont âgés de 15 à 30 ans, 7 ont entre 30 et 40 ans, 7 entre 40 et 50 ans, et 5 entre 50 et
70 ans. C’est donc une population plutôt jeune dans l’ensemble, car 18 entrepreneurs sur les
30 ont entre 15 et 40 ans.
89
D’une manière générale, la population malienne est majoritairement jeune avec un âge moyen
de 16 ans (Institut national de la statistique du Mali, 2019). Ainsi, le contexte de la pauvreté
pousse plusieurs jeunes à entreprendre ou à travailler pour subvenir au besoin de la famille.
Quant au secteur d’activité, 12 entrepreneurs appartiennent à la catégorie « Art : création et
vente de tissus culturels », huit à la catégorie « Danse, musique, théâtre » et dix à la catégorie
« Art : création et vente d’objets culturels ». On observe une représentation dominante de la
catégorie « Art : création et vente de tissus culturels ».
Les entreprises maliennes sont pour la majorité des PME, elles représentent plus de 90 % des
entreprises (Niang, 2020). En ce qui concerne la taille des entreprises interviewées, elles sont
majoritairement de toutes petites structures : 27 entrepreneurs emploient entre 1 et 20 salariés,
et 3 seulement disposent de 20 à 50 salariés. Le taux de scolarisation de la population malienne
est de 40 % et celui d’étude et d’alphabétisation est de 25 % (Institut national de la statistique
du Mali, 2019 ; Loua, 2018). Ainsi, la plupart des entrepreneurs interrogés (18) n’ont pas reçu
d’instruction (ce qui explique, pour certains, le recours à l’entrepreneuriat par nécessité).
2.4. Le codage
Chaque entretien a fait l’objet d’un codage (un code a été attribué à chacune des unités
considérées) et d’une catégorisation thématique à l’aide du logiciel NVivo 12. Les données
Rosalie DOUYON
collectées ont également donné lieu à une analyse de contenu utilisant les techniques de
Huberman et Miles (2015).
Cette technique consiste en un découpage, un assemblage et une structuration des cor-
pus, permettant la systématisation des données et l’établissement de conclusions fiables de
l’analyse. En effet, l’étude qualitative pose généralement un problème lié à la complexité de
codification et de systématisation. Ainsi, les verbatims sont classés en codes qui, ensuite,
deviennent des catégories permettant de résumer et de regrouper les segments de données.
Un codage thématique est également réalisé, il s’agit en fait d’un « métacode » qui recherche
les régularités répétables à travers tout le corpus. Selon Huberman et Miles (2015), cette
technique d’analyse consiste à considérer la complexité des situations, dans l’approche quali-
tative, en intégrant la dimension de temps et d’espace dans l’analyse des résultats. Le corpus
était déjà structuré par les thèmes et les questions et réponses. Nous avons donc, dans un
premier temps, réalisé une structuration par balises (Cabré, 2007), c’est-à-dire en établissant
des distinctions entre les questions et les réponses issues des différents entretiens avec les
entrepreneurs.
Ensuite, nous avons procédé à une catégorisation thématique des trois principaux thèmes
récapitulant les éléments importants à analyser au niveau des entretiens (l’utilité et la repré-
sentation de l’entrepreneuriat culturel et créatif, son impact dans l’économie, ses caractéris-
tiques). Des catégories se déclinant en sous-catégories ont été établies à partir de ces trois
thèmes, pour plus de précision. Avant cela, un codage ouvert a permis de sélectionner les
idées par thème, en classant les verbatims des entrepreneurs dans chaque thème. Le codage
ouvert permet d’identifier et d’ordonner, à partir des questions du guide d’entretien ou des
thématiques de la recherche, le discours de chaque interlocuteur (Adreani et Conchon, 2005).
Après l’explication des méthodes utilisées pour le codage des données, il convient de présen-
ter les résultats de l’étude.
3. P
RÉSENTATION DES RÉSULTATS : LES CONTOURS DE
L’ENTREPRENEURIAT CRÉATIF ET CULTUREL DANS
L’ÉCONOMIE D’UN PAYS EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT
Pour présenter les apports de l’analyse thématique de contenu réalisée avec le logiciel NVivo,
et en appliquant les méthodes d’analyse de contenu d’Huberman et Miles (2015), les thèmes
du guide d’entretien seront repris en ce qui concerne les caractéristiques de l’entrepreneuriat
créatif et culturel, son impact dans l’économie malienne, sa représentation et son utilité.
91
socio-éducatif, à travers la danse, la musique et le théâtre, un rôle de communication et un
rôle esthétique via le développement de tenues ou d’objets culturels. Selon OT : « Nos acti-
vités font vivre la population, animent la vie de la société, car les gens sont très attachés à la
culture, ils ont besoin de nous pour tous les événements, le quotidien… on fait vivre la société. »
Au Mali, des événements sociaux comme les mariages (tous les dimanches et fréquemment
les jeudis) ou les baptêmes (pratiquement tous les jours) rythment la vie quotidienne. De ce
fait, toutes les semaines, les femmes investissent essentiellement dans la confection de tenues
ou de bijoux pour ces occasions. Les griots y sont aussi sollicités. Il existe tout un circuit de
consommation de produits culturels liés à ces événements. Comme mentionné par MT :
« Nous sommes perçus comme les garants de la culture, ce qui nous pousse d’ailleurs à être
perfectionnistes dans nos réalisations afin de valoriser davantage nos richesses culturelles. »
La création artistique assure également une fonction de régulation des tensions et des dé-
sirs sociaux, d’évacuation et de canalisation de l’excès d’angoisses, dont l’art est l’espace
d’expression privilégié (spectacle, danse, théâtre). Les œuvres d’art établissent aussi un lien
affectif, historique et mental entre les membres d’une communauté ou ethnie, qui s’identi-
fient à des manières de penser, d’être et d’agir ; elles constituent un puissant facteur d’inté-
gration sociale et de dialogue interculturel. Comme expliqué par MM : « Nos objets d’art
sont très appréciés par les clients, car ils peuvent s’identifier à travers ces objets qui sont issus
de leurs ethnies, c’est leurs histoires, leurs traditions, leurs identités et ça leur fait vraiment
du bien. » Il convient ainsi de souligner l’existence d’une dimension sociologique, avec une
forte présence de l’appartenance sociale et des représentations identitaires. Comme indiqué
par AK : « Sans identité, nous sommes un objet de l’histoire, un instrument utilisé par les
autres, car les Maliens ne peuvent pas se contenter des éléments culturels qui leur viennent de
l’étranger. Par les objets manufacturés qui nous viennent des pays industrialisés, nous sommes
forgés, moulés, formés et transformés. » Ainsi, parmi les entrepreneurs interrogés, certains
déclarent être soutenus par les consommateurs et la population pour encourager la péren-
nité de la consommation des objets culturels afin de contrer les objets importés qui viennent
de l’étranger et essentiellement de l’Occident. Ce soutien de la population a également été
souligné dans les travaux de Chapain et Hargreaves (2016) qui mettent en lumière le rôle
important que jouent les citoyens dans la promotion de la culture et de la créativité.
Il apparaît ici que l’entrepreneuriat créatif et culturel est essentiellement soutenu pour la
dimension sociologique et psychologique collective. Cela est certainement appuyé par l’essor
de la Black Fashion (mode afro) venant des États-Unis, qui a pour objet de valoriser, favoriser
et promouvoir la consommation des produits identitaires.
3.2. L
es impacts de l’entrepreneuriat créatif et culturel : entre création
d’emplois et développement social et sociétal
L’analyse des résultats sur l’impact de l’entrepreneuriat créatif et culturel dans l’économie
malienne montre qu’il joue un rôle important dans la lutte contre la pauvreté, à travers la
création d’emplois, mais aussi la prise en charge des familles des entrepreneurs qui vivent
de ces activités. Ici, par « famille », il faut entendre la famille traditionnelle africaine, très
étendue, où il y a les parents, les frères et sœurs, les cousins, les oncles et tantes, les voisins
Rosalie DOUYON
93
conçus selon les formats de la couture européenne. Citons notamment les pagnes tissés ve-
nant du Mali et vendus à de grandes maisons de luxe en Occident. Il y a aussi les masques,
statues et objets culturels dogons (ethnie malienne) proposés par une galerie française spé-
cialisée dans la valorisation de la culture et du patrimoine dogon. Ainsi, la part des échanges
de biens culturels dans le commerce mondial ne cesse d’augmenter, à la faveur de l’évolution
de leurs modes de production et de diffusion, marqués essentiellement par le développement
du numérique et du satellite, entraînant une baisse des coûts des installations techniques
et un accroissement du commerce électronique. Outre le développement économique s’ap-
puyant sur l’exportation, on remarque également une volonté de faire la promotion de la
culture malienne. Selon AK : « La vente de mes tissus de création permet de faire découvrir le
Mali à l’étranger, car je pense que le monde doit découvrir notre belle culture, nos savoir-faire
et cela permet de valoriser notre travail également. »
Au-delà de la dimension créative et culturelle, ces entrepreneurs participent, comme les
autres, à la création de richesse, mais aussi au paiement des taxes, favorisant la croissance
économique du pays (White, 2010). Selon le Fonds européen de développement en Afrique
(2018), la contribution des activités culturelles et créatives au Mali représente 7 % du PIB
et 12 % des emplois. Comme souligné dans les travaux de Fleischmann, Welters et Daniel
(2017) et Crawford (2016), les industries culturelles et créatives jouent un rôle crucial dans le
développement économique du territoire.
En conclusion, nous retenons un fort impact de l’entrepreneuriat créatif et culturel sur la
création d’emplois et la lutte contre la pauvreté, et une présence importante de la redistri-
bution des gains aux proches et à l’entourage, ce que nous qualifions de dimension sociale
et sociétale. La culture et la création contribuent à la croissance économique, à l’emploi, à
l’innovation et à la cohésion sociale. « L’entrepreneuriat créatif et culturel est peu valorisé,
mais l’État doit aider ces entrepreneurs, former les jeunes à ce type d’entrepreneuriat, car c’est
à ce prix que sera gagnée la lutte contre la pauvreté. Je reste convaincu que c’est avec l’entre-
preneuriat de ce genre que nous pourrons créer des entreprises, réussir la bataille contre le
chômage et relever le défi du développement » a déclaré AC.
Il s’agit à présent de décrire les caractéristiques de ce type d’entrepreneuriat dans le contexte
malien.
3.3. U
n entrepreneuriat caractérisé par une création par nécessité et un
fort attachement culturel à caractère ethnique
Les résultats mettent en lumière la forte présence d’une population plutôt jeune : dix-huit
entrepreneurs sur trente ont entre quinze et quarante ans. Parmi les répondants, dix-huit
entrepreneurs sur trente ne sont pas du tout instruits, donc sans aucune qualification. Cela
montre la difficulté, pour cette jeune population, d’accéder à des emplois sanctionnés par
un diplôme.
En résumé, il s’agit d’un entrepreneuriat caractérisé par une population plutôt jeune, avec
des qualifications acquises en dehors du système scolaire, par l’apprentissage informel. Ce
sont souvent de petits vendeurs ou commerçants en situation plus ou moins légale. Les
Rosalie DOUYON
motivations des entrepreneurs interrogés sont diverses, mais deux facteurs clés peuvent être
mis en évidence : l’entrepreneuriat par nécessité pour certains, l’attachement à la culture et
la volonté de la valoriser pour d’autres.
En effet, l’entrepreneuriat par nécessité est un phénomène important au Mali, compte tenu
du taux de chômage des jeunes, de la configuration économique du pays et du manque d’ins-
truction et de qualification de la population, ne permettant pas d’autres possibilités. Même
si les jeunes sont de plus en plus éduqués et formés, il semblerait que les diplômes ne soient
pas adaptés aux besoins du marché de l’emploi malien. Puisque l’économie malienne ne peut
absorber les demandes d’emploi, la survie économique de nombre de Maliens passerait par
l’entrepreneuriat de nécessité (Nkakleu, 2018). D’où le développement de l’entrepreneuriat
de nécessité, avec un objectif de création comme meilleure option disponible pour travailler
et subvenir aux besoins de la communauté, de la famille. Un grand nombre d’entrepreneurs
se sont donc lancés parce qu’ils n’avaient pas de meilleurs choix (Block, Kohn, Miller et
Ullrich, 2015). Selon AK : « Je fais ça pour subvenir à mes besoins et aider ma famille. »
Une autre caractéristique concerne la présence de l’aspect communautaire : s’unir pour
survivre. En effet, la relation d’emploi s’avère moins marchande et contractuelle, car elle
découle souvent de liens de parenté et d’amitié. Par exemple, un entrepreneur chef de famille
recrute souvent la majorité de ses employés dans le cercle familial élargi et amical. Comme
l’indique IC : « Mon activité est réalisée en famille, qu’avec des gens que je connais, car l’objec-
tif est de former les plus petits pour qu’ils assurent la relève, car ils n’auront jamais la chance
de faire des études. » Dans l’aspect communautaire se trouve une volonté de sécuriser l’acti-
vité et de préparer l’avenir des plus petits. Nous constatons que cet aspect communautaire
est aussi une façon de garder l’activité familiale, c’est-à-dire de père en fils, sans oublier
le caractère ethnique. En effet, au Mali, certaines activités culturelles, comme les chants
pendant les mariages, les baptêmes et autres événements, sont réservées aux griots, appelés
djélis (communicateurs traditionnels). Selon KK : « Dans notre caste [classe sociale fermée],
nous sommes tous dans la danse, le chant, le spectacle, car c’est ce qui nous caractérise et c’est
notre rôle dans la société. » On retrouve la même idéologie dans la caste des forgerons, qui
sont aussi des entrepreneurs culturels et créatifs, de père en fils, spécialisés dans la création
d’objets culturels.
Parmi les caractéristiques, on retrouve également des relations de travail dominées par des
liens de dépendance entre un patron aîné et des cadets qui lui sont personnellement dévoués,
car redevables de leurs emplois.
Il convient aussi de mentionner le fort ancrage local et culturel qui caractérise certains
d’entre eux, qui ont décidé de développer leur business dans le domaine culturel et créatif
pour répondre à la spécificité de leur territoire. C’est le cas, par exemple, d’IB : « Je fais
l’activité de tissus culturels, car je sais que c’est un phénomène de société et que nos femmes
ont régulièrement des mariages, baptêmes et d’autres événements qui les obligent à s’habiller
par ce que je confectionne. Donc, au-delà de l’aspect économique, je souhaite que nos femmes
s’habillent en tissus traditionnels et non européens. C’est d’ailleurs ce qui me motive à faire
cette activité, car nos ancêtres se sont toujours habillés comme ça et je ferai tout pour que cela
perdure. » Ainsi, il existe ici une volonté de conserver les cultures et traditions à travers
l’activité culturelle et créative.
95
Au regard des résultats obtenus, et sur la base des éléments identifiés dans la littérature,
il semble pertinent de proposer un modèle illustrant les caractéristiques de l’entrepreneu-
riat créatif et culturel malien. Comme souligné dans la présentation du terrain d’étude, le
cadre du Mali pourrait être transposable dans les autres pays d’Afrique de l’Ouest comme
le Sénégal, la Guinée-Conakry, le Bénin et le Burkina Faso, compte tenu des ressemblances
culturelles (musique, danse, art, tradition, etc.) que l’on peut y trouver (Djebbari, 2015).
Ainsi, ce modèle pourra être élargi au contexte de certains pays africains en tant que carac-
téristique de l’entrepreneuriat créatif et culturel africain.
Sur la base des principaux apports de la littérature consacrée aux particularités de l’entre-
preneuriat créatif et culturel, les résultats ont permis l’identification de sept caractéristiques
dans le contexte africain et malien. Ainsi, il s’agit de confronter les éléments de l’analyse
théorique au cas des entrepreneurs créatifs et culturels maliens.
Les sept caractéristiques sont les suivantes :
1. Entrepreneuriat par nécessité.
2. Jeunes peu ou pas instruits.
3. Relation d’emploi communautaire.
4. Caractère ethnique de l’activité culturelle et créative, lié à la culture d’origine.
5. Fort attachement culturel.
6. Ancrage local et volonté de valoriser et de préserver la culture et la tradition.
7. Création visant l’entraide sociale.
Rosalie DOUYON
Cette représentation permet de faire une proposition de modèle mettant en lumière les ca-
ractéristiques de l’entrepreneuriat créatif et culturel que l’on pourrait trouver dans certains
pays du Sud. Cela représente un apport important dans la littérature consacrée aux caracté-
ristiques de l’entrepreneuriat créatif et culturel.
5. DISCUSSION
97
d’emploi communautaire (Torrès, 2015) et la création visant l’entraide sociale (Hernandez,
2000). Mayer et Timberlake (2014) rapportent que la culture mondiale devient de plus en plus
homogène à cause des médias de masse et des grandes entreprises. Alors, face à cette globa-
lisation, plusieurs entrepreneurs au sein des industries créatives et culturelles ont tendance
à adopter des caractéristiques communes, formant ainsi une masse dominante. Néanmoins,
il convient de noter que la spécificité de l’entrepreneuriat créatif et culturel est le fort atta-
chement de l’entrepreneur à la culture et aux traditions, et le caractère ethnique de cette
pratique entrepreneuriale (Woong et Wyszomirski, 2015). De plus, les résultats montrent
le manque d’instruction et de qualification de ces entrepreneurs. Cependant, il est impor-
tant de souligner que même si ceux-ci ont un faible niveau d’instruction, ils détiennent des
formes de savoirs endogènes rares (Sissoko, 2017).
Cette étude a également permis de mieux comprendre l’impact de l’entrepreneuriat créatif
et culturel dans un contexte de pauvreté économique. Elle met en lumière le rôle important
joué par celui-ci dans la lutte contre la pauvreté, à travers la création d’emplois et la redistri-
bution des gains aux proches et à l’entourage, ce que nous qualifions de dimension sociale et
sociétale. Ces résultats rejoignent les travaux de Fleischmann, Welters et Daniel (2017) sur
le rôle important que joue l’entrepreneuriat créatif et culturel dans le développement écono-
mique d’un territoire. Elles vont également dans le même sens que les travaux de Chapain,
Emin et Schieb-Bienfait (2018) qui soulignent la contribution directe de l’entrepreneuriat
créatif et culturel à la dynamique économique mesurée en termes de croissance économique
(emplois, valeur ajoutée) et sa contribution indirecte à travers un effet d’entraînement sur la
créativité, l’innovation et l’économie de la connaissance.
Et enfin, sur la base des résultats obtenus et de leur discussion, il semble pertinent de for-
muler quelques propositions dans la lignée de la littérature sur l’entrepreneuriat culturel
et créatif. Ainsi, nous souhaiterions ici émettre quelques recommandations dans le but de
favoriser le développement de l’entrepreneuriat créatif et culturel dans les pays en voie de
développement.
Pour ce faire, nous pensons que des actions seraient nécessaires, comme la modification de
la structuration du cadre juridique et institutionnel des entreprises culturelles et créatives
afin de mieux les formaliser. Cette action pourrait être accompagnée par la mise en place
de dispositifs d’aide aux entrepreneurs, tout en mettant l’accent sur leur encadrement et
formation, en vue d’atteindre la performance technique et économique. Les États de ces pays
pourraient aussi faciliter l’accès à des financements publics et privés, et mettre en place des
organismes spécialisés de formation et d’appui financier.
En effet, en 2008, le Mali a mis en place l’Agence pour la promotion des industries cultu-
relles, dont le premier volet est celui de la formation, mais, malheureusement, cette agence
n’a pas obtenu les résultats escomptés et il s’agira donc de redynamiser ces institutions avec
ces quelques propositions. Pour autant, il convient de signaler l’apport positif du Programme
de soutien aux initiatives culturelles décentralisées, financé par l’Union européenne, et du
Projet d’appui à la filière du livre au Mali, fruit de la coopération franco-malienne pour aider
le secteur de l’entrepreneuriat créatif et culturel.
Rosalie DOUYON
CONCLUSION
Le présent article a permis de jeter un éclairage sur l’entrepreneuriat dans les industries créa-
tives et culturelles en s’intéressant à un pays en voie de développement. Partant de là, nous
avons cherché à cerner les caractéristiques et l’impact de l’entrepreneuriat créatif et culturel
dans un pays du Sud.
Le cas des entrepreneurs culturels et créatifs maliens permet de comprendre l’importance
de la problématique de l’entrepreneuriat culturel dans le développement économique, mais
dans un contexte différent. Grâce à une étude approfondie des entrepreneurs, nous avons
constaté que des éléments comme la valorisation de la culture, l’innovation et la créativité
sont des facteurs clés qui sous-tendent l’entrepreneuriat culturel. À travers ces résultats, sept
caractéristiques ont été identifiées, mettant en lumière les particularités de l’entrepreneu-
riat créatif et culturel dans les pays du Sud. Ainsi, cet article apporte sa contribution à la
littérature existante sur l’entrepreneuriat et, plus singulièrement, sur le secteur créatif et
culturel. Il propose plusieurs applications pratiques et pertinentes pour les pays du Sud et les
politiques publiques.
L’apport principal de cette étude réside dans l’originalité de la problématique de recherche,
avec une analyse centrée sur un pays en voie de développement où la question de l’entrepre-
neuriat créatif et culturel occupe une place cruciale. Elle ouvre également sur d’autres pistes
de réflexion concernant le rôle et la position de l’entrepreneuriat créatif et culturel dans un
pays en voie de développement.
Sur le plan théorique, l’état de l’art sur l’entrepreneuriat créatif et culturel a permis un éclai-
rage sur la notion, qui est difficile à définir compte tenu de la diversité des activités qu’elle
englobe. Certaines spécificités ont été identifiées, comme la passion, les principes et les va-
leurs de la dimension culturelle, que l’on ne retrouve pas chez les autres entrepreneurs. Au
vu de ces résultats, cet article participe à la théorisation d’un modèle sur les caractéristiques
de l’entrepreneuriat créatif et culturel transposable dans un contexte africain, voire dans les
pays en voie de développement. Les travaux dans ce domaine se développent et cette étude
apporte une contribution à l’avancée des connaissances dans le champ de l’entrepreneuriat
culturel.
Sur le plan managérial, les résultats obtenus pourront fournir des éléments de réponse à
l’État malien qui mène actuellement un projet de réflexion sur la mise en place de l’enseigne-
ment de l’entrepreneuriat dans la formation des élèves dès le collège. Ainsi, des éclairages
pourraient être apportés pour mettre en évidence l’importance de l’entrepreneuriat, plus
particulièrement dans le domaine créatif et culturel, afin d’inciter l’État à concrétiser ce
projet, car, selon Golpushnezhad (2018), l’entrepreneuriat culturel est un processus créatif
et il peut être enseigné, appris, mis en pratique et amélioré pour mieux préparer les jeunes.
Ces contributions et implications sont toutefois sujettes aux limites de la présente recherche,
qui sont autant de pistes pour des études futures. Il s’agit, en particulier, du caractère explo-
ratoire et du manque de références bibliographiques, de données, de connaissances dans
le contexte africain et malien. En outre, nous nous sommes limités au contexte malien.
Une réplication de l’étude dans d’autres environnements, auprès d’une population plus
large, avec d’autres facteurs socioéconomiques, aboutirait peut-être à la mise en évidence
99
de caractéristiques additionnelles ou de nouveaux éléments rassembleurs. Par la suite, il
conviendrait également de faire une étude comparative entre les entrepreneurs créatifs et
culturels des pays du Nord et du Sud, pour identifier les ressemblances et les disparités.
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