Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

thème 3 objet conclusif jalon 1

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 2

Objet conclusif : L’histoire et les mémoires du génocide des juifs et des Tsiganes

Entre 1944 et 1945, les armées alliées découvrent, au fur à et mesure de leur avancée en
Allemagne et en Europe de l’Est, l’horreur du système d’extermination mis en place par le
régime nazi. Entre 1939 et 1945, plus de 5 millions de juifs sont tués, d’abord dans les ghettos,
puis par des commandos SS (les Einsatzgruppen), enfin dans les camps d’exterminations bâtis
à partir de 1942, essentiellement en Pologne (le camp d’Auschwitz ayant été, à lui seul, le
théâtre d’un million d’exécutions). Dans le même temps, entre 300.000 et 500.000 tziganes
ont été tués (bilan difficile à établir). Toutefois, les spécificités de ces génocides sont d’abord
ignorées, noyées au milieu de l'ampleur des crimes de masse perpétrés contre les civils, les
résistants ou les prisonniers de guerre. D’autant que, des cinq camps d'extermination, seul
Auschwitz subsiste. C’est donc progressivement que, grâce aux récits des rescapés et à la
découverte des rouages de la mort industrielle, le génocide des Juifs et des Tsiganes apparait
comme un crime hors-norme qu’il faut juger, dont il faut documenter l’histoire et qu’il faut
commémorer. Ainsi, au moment où une partie des criminels sont condamnés, la littérature et
le cinéma s'emparent du sujet pour tenter de transmettre l’indicible et l’irreprésentable.
Par quels moyens l’histoire du génocide des Juifs et des Tziganes s’est-elle inscrite dans
la mémoire collective ?
Jalon 1 : Lieux de mémoire du génocide des juifs et des Tsiganes
1. Lieux et non lieux de mémoire
Dès 1942 et la mise en place de la SOLUTION FINALE, les nazis ont cherché à cacher la
réalité du crime en détruisant des traces : celles des ghettos, celles des exécutions par les
Einsatzgruppen à l’est, celles des chambres à gaz et fours crématoires systématiquement
dynamités en 1944). C’est ainsi que sont rasés les camps de Belzec, Sobibor et Treblinka en
Pologne. L’archéologie permet néanmoins aujourd’hui de faire réapparaitre les témoignages
enfouis de l’extermination. Ainsi, les fouilles menées dans le camp de Sobibor ont permis de
découvrir des charniers, des centaines d’objets ayant appartenu aux déportés ainsi que les
fondations des chambres à gaz, etc.
L’enjeu est à la fois mémoriel et historique : remémorer le martyr des 170 000 Juifs qui y furent
assassinés et documenter le génocide afin de lutter contre le négationnisme.
Auschwitz-Birkenau : cet ensemble de camps mixte (de concentration et d’extermination) a
échappé à une totale destruction et reste l'un des rares témoignages matériels du processus de
mort industrielle mis en œuvre par les nazis. Transformé en musée dès 1947, il présente aux
visiteurs les traces laissées par les déportés juifs et tsiganes qui y périrent en masse. Il associe
expositions (affaires de déportés, etc.), mémoriaux et traces des bâtiments mis en valeur et
conservés (four crématoires, ruines des baraquements, rampe ferroviaire, etc.). Inscrit au
patrimoine de l’UNESCO en 1979, le camp est devenu le principal LIEU DE MÉMOIRE des
génocides (2 millions de visiteurs par an, surtout européens).
Les anciens ghettos sont aussi investis d'un fort poids mémoriel. En 1948, cinq ans après le
soulèvement du ghetto de Varsovie, la Pologne inaugure le monument aux héros de
l'insurrection. C’est aussi là qu’en 1970 le chancelier de RFA, Willy Brandt, exprime le
repentir du peuple allemand.
Mais la mémoire du monde juif européen n’est pas uniquement celle du génocide. C’est aussi
celle d’une culture et d’une langue (le YIDDISH) englouties, que les communautés virtuelles
cherchent à faire renaitre. Le site consacré au ghetto de vilnius, présenté comme un
« monument digital », en constitue un bon exemple.

2. La fonction des mémoriaux


Le souvenir de la déportation et de l'extermination s'inscrit rapidement dans l'espace, et ce
dans de nombreux pays. La mémorialisation du génocide juif et tsigane prend d’abord la
forme de plaques commémoratives, de stèles, de monuments. De nombreux acteurs
interviennent dans la création des mémoriaux : il peut s'agir d'initiatives privées, associatives
ou encore publiques (municipalités, gouvernements). Le mémorial du Martyr juif inconnu est
créé à Paris en 1953. En 2005, le président Jacques Chirac inaugure au sein du mémorial de la
Shoah, le mur des noms rappelant l’identité des 76 000 juifs déportés de France.
En Israël, la « loi sur le souvenir des héros et des martyrs », promulguée en 1953 crée un
organisme, le Yad Vashem, chargé de la direction de la mémoire et de la commémoration de
la SHOAH.
À partir des années 1980, les mémoriaux se multiplient, alors que les derniers témoins
disparaissent. En 1993, à Washington, le musée du Mémorial de l'Holocauste des États-
Unis est inauguré. Il entreprend de numériser toutes les archives concernant le génocide des
Juifs. Lors du 60e anniversaire de la capitulation allemande, le 8 mai 2005, est inauguré à
Berlin le « Mémorial aux Juifs assassinés d'Europe », constitué de 2 711 blocs de béton
assemblés en damier, rappelant des stèles mortuaires. Un centre d'information et de ressources
complète le monument. D'autres mémoriaux visent, plus simplement, à susciter le
recueillement.
Tardivement reconnu, le génocide des Tsiganes ne bénéficie pas de la même visibilité dans
l'espace public. Le premier mémorial concernant les victimes roms est inauguré en 1956, en
Pologne, en mémoire des victimes du massacre de Szczurowa. Mais il faut attendre 2012 pour
que soit érigé un monument à leur mémoire à Berlin (alors que la RFA avait reconnu leur
génocide en 1982). Enfin, des critiques dénoncent l'organisation d'un véritable tourisme
mondial de la Shoah autour des lieux d'extermination, comme Auschwitz, ou des musées-
mémoriaux qui accueillent de nombreux visiteurs.

Vous aimerez peut-être aussi