Dominique Bouverat

Ce travail présente dans une première partie les aptitudes des villes de Savoie, leur distribution hiérarchique et leur disposition à exercer autour d'elles une véritable polarisation. Une seconde partie s'intéresse aux composantes du tissu urbain et à la pratique de la ville. Une étude des populations et des sociétés urbaines termine cette présentation.

Cet article s'intéresse au découpages urbains dans les villes de Savoie durant la période moderne : découpages officiels, administratifs, tels que les paroisses, pennons ou dizaines; mais d'autres aussi : rues, faubourgs ou quartiers qui sont des espaces réellement vécus par les habitants, qui structurent le territoire urbain, mais qui agissent aussi sur la sociabilité et l'identité des habitants de la ville.

Eh quand même ! ». Telle aurait été la protestation naïve décochée par les Rumilliens aux troupes de Louis XIII qui demandent la reddition de la ville en mai 1630 et qui résonne comme un défi. Mais la légende dorée n'est pas le seul héritage des Temps modernes. Du XVI e au XVIII e siècle, la petite cité de Rumilly apparaît comme une ville de transition particulièrement dynamique, située à l'intersection des aires d'influence de Chambéry, d'Annecy et de Genève. Sa position sur un axe de grand trafic et les aménités de son territoire proche profitent à ses marchés et favorisent toute une gamme d'activités. Bastion de la Contre-Réforme, Rumilly devient une ville sonnante et accueille plusieurs ordres religieux dont les bâtiments modifient le faciès de la localité. Dans un cadre qui demeure encore médiéval, même si l'époque voit tomber le lourd carcan des murailles, s'anime une société plurielle, avec ses solidarités et ses conflits. Cet ouvrage propose un tableau d'ensemble de la vie à Rumilly sous l'Ancien Régime à partir de nombreuses et diverses sources d'archives. Sont évoqués le paysage urbain, l'organisation municipale, les structures démographiques et sociales, les aspects religieux et intellectuels, les humeurs des habitants et les diverses facettes de l'existence quotidienne.

Une vallée au cœur du Haut-Chablais et un creuset commun, Le Biot, qui a engendré au fil du temps et après maintes péripéties quatre autres localités, La Baume, La Forclaz, Seytroux et La Vernaz. Dans ce territoire, partagé entre des sommets majestueux, des alpages verdoyants, une pente omniprésente, un climat rigoureux et le cours impressionnant de la rivière de la Dranse, le quotidien des habitants était rude. De la Protohistoire au début du troisième millénaire, des pans entiers de l’histoire de cette vallée du Biot sont dévoilés dans cet ouvrage, fruit de plusieurs années de recherches en archives, de recueil de témoignages et d’excursions sur le terrain.

Saint-Blaise est une petite localité située dans le Genevois, sur les contreforts du massif du Salève. Bien que modeste, elle est citée précocement dans les textes. "Terre de passage", Saint-Blaise constituait le point culminant de la voie traditionnelle entre Annecy et Genève. Cette "terre de labeur", les habitants se sont ingéniés à la faire fructifier pendant des millénaires, malgré les handicaps d’un milieu particulièrement contraignant. À partir de sources d’archives nombreuses et variées, cet ouvrage dévoile des pans entiers de l’histoire de ce village et des Saint-Blaisiens, des origines à l’aube du XXIe siècle.

La seigneurie de Vulpillières est un petit mandement seigneurial situé en Savoie (France). Les mandements seigneuriaux sont moins connus que les mandements comtaux en raison d'un matériel documentaire lacunaire. Les informations récoltées, diverses, permettent toutefois ici de connaître les modalités d'évolution de cette seigneurie, du Moyen Age à la Révolution.

Charly, Jussy et Saint-Symphorien, trois villages, trois destins, réunis dans une même entité communale, Andilly (Haute-Savoie, France). À partir des principales sources historiques, les registres paroissiaux, les actes notariés, les recensements anciens, les enquêtes et divers témoignages, l’ouvrage tente de faire revivre ce petit bout de territoire situé dans le Val des Usses, en Genevois, sur les pentes du mont de Sion. Il participe à la connaissance du monde rural savoyard en donnant une suite de tableaux inscrits dans les grandes périodes historiques. Les villageois sont replacés dans leur terroir, leur maison et leurs préoccupations, de la naissance à la mort. On les voit aussi au travail, qu’ils soient notaires ou laboureurs. Leurs rapports avec les autorités et leurs représentants, le curé, les seigneurs et autres administrateurs, sont également envisagés. Andilly, c’est aussi un patrimoine bâti et documentaire, deux églises, des cadastres anciens, dont l’analyse est présentée dans ce livre. En outre, les communautés villageoises n’ont jamais vécu en autarcie totale. C’est pourquoi cette monographie multiplie les références sur l’histoire de plusieurs communes voisines de la région de Cruseilles, comme Cernex, Copponex, Saint-Blaise et le bourg même de Cruseilles, animées par des relations nombreuses.

A partir de nombreux documents d'archives et de témoignages, ce sont des pans entiers de l'histoire de Menthonnex, une commune située au cœur du plateau des Bornes (Haute-Savoie, France), qui sont retracés ici. Des temps les plus reculés jusqu'à nos jours, la mémoire quotidienne d'une société vouée pendant des siècles au labeur agricole dans un milieu rude est exhumée. Le riche patrimoine de la commune, ses châteaux, ses oratoires, ses bâtiments sont également décrits. La "grande histoire", celle de la Savoie en particulier, intervient aussi, avec l'évocation du phénomène seigneurial, des péripéties révolutionnaires, des affaires politiques ou de la condition des Menthnalis pendant les conflits.

Des vestiges antiques à foison, des légendes, un prieuré, une léproserie, des maisons fortes et des seigneurs à l'envi, des bains d'eau sulfureuse, des querelles entre villages, une agriculture laborieuse pour assurer la subsistance, voici tous les ingrédients qui composent la destinée de Sillingy. A partir d'archives riches et nombreuses et de témoignages solides, l'ouvrage a pour ambition de dessiner une histoire totale de cette commune typique de l'avant-pays savoyard, située dans la mouvance de l'aire urbaine d'Annecy (France).

Perçues actuellement comme des pays de cocagne, les deux Savoie formaient autrefois une province misérable. La région comptait un réseau de villes qui s'était développé au Moyen Age. A l'époque moderne, les voyageurs étrangers portaient un jugement sévère sur ces cités, décrites comme petites, sombres, vilaines et mal bâties. Ils ne songeaient guère qu'à les fuir rapidement. Et pourtant, de la Réforme à la Révolution française, on note un épanouissement de ces localités urbaines, qui prenaient la forme de bourgs dans les massifs montagneux et de villes modestes dans les cluses en raison d'un milieu rude et d'une économie relativement sclérosée. Dans le cadre d'une histoire totale, l'ouvrage aborde les conditions et les manifestations de ce développement urbain en s'intéressant aux institutions, à l'économie, à la démographie, aux rapports sociaux, au paysage urbain et à la gouvernance urbaine. Il en découle finalement une définition du fait urbain aux Temps modernes, dans une province qui s'apparente aux régions urbaines périphériques de l'Europe.

Les localités urbaines de Savoie, une dizaine de villes et une trentaine de bourgs, constituent le relais incontournable pour toutes les influences venant de l'extérieur. En conjuguant diverses sources, témoignages de voyageurs, enquêtes, dénombrements, délibérations municipales, tentons d'appréhender l'image donnée par ces villes à l'extérieur et le regard porté par les étrangers sur les cités savoyardes, mais aussi les courants, les flux qui animent ces cités en lien avec l'étranger. On s'arrêtera particulièrement sur le cas des villes-frontières, espaces privilégiés dans le cadre des relations avec l'extérieur.

Du 16e au 18e siècle, il n’y a guère de modification dans la hiérarchie urbaine du Chablais, une des provinces de Savoie. Deux villes, Thonon et Evian, coexistent, avec leurs caractéristiques et leurs différences liées avant tout à leur écart de taille. Elles se distinguent des communautés rurales environnantes par divers traits proprement urbains. Au premier abord, ces deux cités apparaissent comme figées dans une sorte de "temps immobile". Elles peinent à sortir de leur carcan médiéval et elles restent marquées par une forte empreinte rurale. Il est vrai que, handicapées par un manque chronique de moyens financiers, par leur situation relativement enclavée à l’écart des grands circuits commerciaux et par l’investissement préférentiel des élites dans la rente foncière au détriment des activités industrielles, elles ne bénéficient guère d’atouts pour envisager une réelle croissance, si ce n’est la vogue croissante pour les eaux minérales, qui n’est pas encore à l’origine d’un urbanisme particulier durant la période étudiée. Et pourtant, divers changements sont perceptibles, notamment aux plans démographique, politique et social. Le destin de ces deux villes présente de fortes similitudes avec la situation des autres villes savoyardes durant la période

Ce travail fait emerger les indices d'urbanite dans une Savoie encore toute rurale, entre 1536 (independance de Geneve) et septembre 1792 (invasion de la Savoie par les troupes revolutionnaires francaises). Une premiere partie degage d'abord un corpus de villes, de villes-bourgs et de simples bourgs, a partir des temoignages contemporains. Elle insiste ensuite sur les conditions du developpement urbain. La Savoie urbaine compte de toutes petites villes, dont le ressort s'etend generalement sur un territoire et une population ruraux importants. Au cours de la periode, ces cites connaissent une croissance demographique faible, voire negative pour nombre de bourgs. Quelques traits specifiques a la demographie urbaine caracterisent les villes savoyardes (surmortalite, surfeminite, faible part des familles elargies et multiples...). L'examen des fonctions administratives, religieuses et culturelles devoile une hierarchie urbaine dominee par Chambery, et dans une moindre m...