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Faust BN

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FAUST

Opéra en cinq actes.

texte

Jules Barbier
Michel Carré
musique

Charles Gounod

Première fois: 3 mars 1869, Paris.

Représenté pour la première fois à Paris, sur le Thèâtre­Lyrique, 19 mars 1859, et


repris à l'Académie Impériale de Musique le 3 mars 1869.

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Informazioni Faust

Cara lettrice, caro lettore, il sito internet www.librettidopera.it è dedicato ai libretti


d'opera in lingua italiana. Non c'è un intento filologico, troppo complesso per essere
trattato con le mie risorse: vi è invece un intento divulgativo, la volontà di far
conoscere i vari aspetti di una parte della nostra cultura.

Motivazioni per scrivere note di ringraziamento non mancano. Contributi e


suggerimenti sono giunti da ogni dove, vien da dire «dagli Appennini alle Ande».
Tutto questo aiuto mi ha dato e mi sta dando entusiasmo per continuare a migliorare e
ampliare gli orizzonti di quest'impresa. Ringrazio quindi:
chi mi ha dato consigli su grafica e impostazione del sito, chi ha svolto le operazioni
di aggiornamento sul portale, tutti coloro che mettono a disposizione testi e materiali
che riguardano la lirica, chi ha donato tempo, chi mi ha prestato hardware, chi mette a
disposizione software di qualità a prezzi più che contenuti.
Infine ringrazio la mia famiglia, per il tempo rubatole e dedicato a questa
attività.

I titoli vengono scelti in base a una serie di criteri: disponibilità del materiale, data
della prima rappresentazione, autori di testi e musiche, importanza del testo nella
storia della lirica, difficoltà di reperimento.
A questo punto viene ampliata la varietà del materiale, e la sua affidabilità, tramite
acquisti, ricerche in biblioteca, su internet, donazione di materiali da parte di
appassionati. Il materiale raccolto viene analizzato e messo a confronto: viene
eseguita una trascrizione in formato elettronico.
Quindi viene eseguita una revisione del testo tramite rilettura, e con un sistema
automatico di rilevazione sia delle anomalie strutturali, sia della validità dei lemmi.
Vengono integrati se disponibili i numeri musicali, e individuati i brani più
significativi secondo la critica.
Viene quindi eseguita una conversione in formato stampabile, che state leggendo.

Grazie ancora.

Dario Zanotti

Libretto n. 61, prima stesura per www.operalib.eu: giugno 2015.


Ultimo aggiornamento: 25/01/2016.

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divers auteurs / C. Gounod, 1869 Personnages

PERSONNAGES

Le docteur FAUST .......... TÉNOR

MÉPHISTOPHÉLÈS .......... BASSE

VALENTIN .......... BARYTON

WAGNER .......... BARYTON

MARGUERITE .......... SOPRANO

SIÉBEL .......... SOPRANO

MARTHE .......... MEZZO­SOPRANO

Étudiants, Soldats, Bourgeois, Sorcières, etc. etc.

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Acte premier Faust

ACTE PREMIER
[N. 1 ­ Introduction]

Scène première
Le cabinet de Faust.
Faust, seul.
[N. 2 ­ Scène et Chœur]
(Sa lampe est près de s’éteindre. Il est assis devant une table chargée de parchemins. Un livre est ouvert devant
lui.)
FAUST

Rien !... ~ En vain j’interroge, en mon ardente veille,


la nature et le créateur;
pas une voix ne glisse à mon oreille
un mot consolateur !
J’ai langui, triste et solitaire,
sans pouvoir briser le lien
qui m’attache encore à la terre !...
Je ne vois rien ! ~ Je ne sais rien !...
(Il ferme le livre et se lève. Le jour commence à naítre.)
Le ciel pâlit ! Devant l’aube nouvelle
la sombre nuit
s’évanouit !...
(Avec desespoir.)
Encore un jour ! ~ encore un jour qui luit !...
Ô mort, quand viendras­tu m’abriter sous ton aile ?
(Saisissant une fiole sur la table.)
Eh bien ! puisque la mort me fuit,
pourquoi n’irais­je pas vers elle ?...
Salut ! ô mon dernier matin !
J’arrive sans terreur au terme du voyage;
et je suis, avec ce breuvage,
le seul maître de mon destin !
(Il verse le contenu de la fiole dans une coupe en cristal. Au moment où il va porter la coupe à ses lèvres, des
voix de jeunes filles se font entendre au dehors.)

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divers auteurs / C. Gounod, 1869 Acte premier

JEUNES FILLES Paresseuse fille


qui sommeille encor !
Déjà le jour brille
sous son manteau d’or;
déjà l’oiseau chante
ses folles chansons;
l’aube caressante
sourit aux moissons;
le ruisseau murmure,
la fleur s’ouvre au jour,
toute la nature
s’éveille à l’amour !
FAUST Vains échos de la joie humaine,
passez, passez votre chemin !
Ô coupe des aïeux, qui tant de fois fus pleine,
pourquoi trembles­tu dans ma main ?
(Il porte de nouveau la coupe à ses lèvres.)
JEUNES FILLES Aux champs l’aurore nous rappelle;
le temps est beau, la terre est belle;
béni soit dieu !
À peine voit­on l’hirondelle,
qui vole et plonge d’un coup d’aile
dans le ciel bleu !
(dans l'éloignement)
L'oiseau chante !
LABOUREURS La terre est belle !
(dans l'éloignement)
FAUST Ô prière universelle !
JEUNES FILLES, Béni soit Dieu !
LABOUREURS
FAUST Dieu !
(Il se laisse retomber dans son fauteuil.)

[N. 3 ­ Récitatif]
FAUST

Mais ce dieu, que peut­il pour moi ?


(Se levant.)
Me rendra­t­il l’amour, l'espérance et la foi ?
(Avec rage.)
Maudites soyez­vous, ô voluptés humaines !
Maudites soient les chaînes
qui me font ramper ici­bas !
Maudit soit tout ce qui nous leurre,
vain espoir qui passe avec l’heure,
rêves d’amour ou de combats !
Maudit soit le bonheur, maudite la science,
la prière et la foi !
Maudite sois­tu, patience !
À moi, Satan ! à moi !
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Acte premier Faust

Scène deuxième
Faust, Méphistophélès.
[N. 4 ­ Duo]
MÉPHISTOPHÉLÈS (apparissant)
Me voici !... D’où vient ta surprise ?
Ne suis­je pas mis à ta guise ?
L’épée au côté, la plume au chapeau,
l’escarcelle pleine, un riche manteau
sur l’épaule; ~ en somme
un vrai gentilhomme !
Eh bien ! que me veux­tu, docteur ?
Parle, voyons !... ~ Te fais­je peur ?
FAUST Non.
MÉPHISTOPHÉLÈS Doutes­tu de ma puissance ?
FAUST Peut­être.
MÉPHISTOPHÉLÈS Mets­la donc à l’épreuve !...
FAUST Va­t’en !
MÉPHISTOPHÉLÈS Fi ! ~ c’est là ta reconnaissance !
Apprends de moi qu’avec Satan
l’on en doit user d’autre sorte,
et qu’il n’était pas besoin
de l’appeler de si loin
pour le mettre ensuite à la porte !
FAUST Et que peux­tu pour moi ?
MÉPHISTOPHÉLÈS Tout. ~ Mais dis­moi d’abord
ce que tu veux: ~ est­ce de l’or ?
FAUST Que ferais­je de la richesse ?
MÉPHISTOPHÉLÈS Bon ! Je vois où le bât te blesse !
Tu veux la gloire ?
FAUST Plus encor !
MÉPHISTOPHÉLÈS La puissance ?
FAUST Non ! je veux un trésor
qui les contient tous !... je veux la jeunesse !

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divers auteurs / C. Gounod, 1869 Acte premier
FAUST

À moi les plaisirs,


les jeunes maîtresses !
À moi leurs caresses !
À moi leurs désirs !
À moi l’énergie
des instincts puissants,
et la folle orgie
du cœur et des sens !
Ardente jeunesse,
à moi tes désirs !
À moi ton ivresse !
À moi tes plaisirs !
MÉPHISTOPHÉLÈS Fort bien ! je puis contenter ton caprice.
FAUST Et que te donnerai­je en retour ?
MÉPHISTOPHÉLÈS Presque rien:
ici, je suis à ton service,
mais là­bas tu seras au mien.
FAUST Là­bas !...
MÉPHISTOPHÉLÈS Là­bas.
(Lui présentant un parchemin.)
Allons, signe. ~ Eh quoi ! ta main tremble,
que faut­il pour te décider ?...
La jeunesse t’appelle: ose la regarder !...
(Il faut un geste. Le fond du thèâtre s'ouvre et laisse voir Marguerite assise devant son rouet et filant.)
FAUST Ô merveille !...
MÉPHISTOPHÉLÈS Eh bien ! que t’en semble ?...
FAUST (prenant le parchemin)
Donne !...
(Il signe.)
MÉPHISTOPHÉLÈS Allons donc !
(Prenant la coupe restée sur la table.)
Et maintenant,
maître, c’est moi qui te convie
à vider cette coupe où fume en bouillonnant
non plus la mort, non plus le poison; ~ mais la vie.
FAUST (prenant la coupe et se tournant vers Marguerite)
À toi, fantôme adorable et charmant !...
(Il vide la coupe et se trouve métamorphosé en jeune et élégant seigneur. La vision disparaît.)
MÉPHISTOPHÉLÈS Viens ?
FAUST Je la reverrai ?
MÉPHISTOPHÉLÈS Sans doute.
FAUST Quand ?
MÉPHISTOPHÉLÈS Aujourd’hui.

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Acte premier Faust

FAUST C’est bien.


MÉPHISTOPHÉLÈS En route !
FAUST À moi les plaisirs,
les jeunes maîtresses !
À moi leurs caresses !
À moi leurs désirs !
MÉPHISTOPHÉLÈS À toi la jeunesse,
à toi tes désirs,
à toi ton ivresse,
à toi tes plaisirs !
(Ils sortent. La toile tombe.)

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divers auteurs / C. Gounod, 1869 Acte deuxième

ACTE DEUXIÈME
La kermesse.

Scène première
Une des portes de la ville. À gauche un cabaret à l’enseigne du dieu
Bacchus.
Wagner, Ètudiants, Bourgeois, Soldats, Jeunes filles, Matrones.
[N. 5 ­ Chœur]
WAGNER, ÉTUDIANTS
Vin ou bière,
bière ou vin,
que mon verre
soit plein !
Sans vergogne,
coup sur coup,
un ivrogne
boit tout !
Jeune adepte
du tonneau,
n’en excepte
que l’eau !
Que ta gloire,
tes amours
soient de boire
toujours !
ÉTUDIANTS Jeune adepte
etc.
(Ils trinquent et boivent.)

SOLDATS
Filles ou forteresses
c’est tout un, morbleu !
Vieux burgs, jeunes maîtresses,
sont pour nous un jeu !
Celui qui sait s’y prendre
sans trop de façon
les oblige à se rendre
en payant rançon !

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Acte deuxième Faust

BOURGEOIS
Aux jours de dimanche et de fête,
j’aime à parler guerre et combats,
tandis que les peuples là­bas
se cassent la tête.
Je vais m’asseoir sur les côteaux
qui sont voisins de la rivière,
et je vois passer les bateaux
en vidant mon verre !
(Bourgeois et soldats remontent vers le fond du thèâtre.)
UN MENDIANT (circulant de groupe en groupe)
Mes beaux messiers, mes belles dames,
que la pitié touche vos âmes;
et que votre folle gaité
sur moi retombe en charité.
(Un groupe de jeunes filles entre en scène.)
JEUNES FILLES (regardant de côté)
Voyez ces hardis compères
qui viennent là­bas;
ne soyons pas trop sévères,
retardons le pas.
(Elles gagnent la droite du thèâtre. Un secon chœur d'étudiants entre à leur suite.)
ÉTUDIANTS Voyez ces mines gaillardes
et ces airs vainqueurs !
Amis, soyons sur nos gardes !
Tenons bien nos cœurs !
MATRONES (observant les étudiants et les jeunes filles)
Voyez après ces donzelles
courir ces messieurs !
Nous sommes aussi bien qu’elles
sinon beaucoup mieux !
LE MENDIANT Mes beaux messiers, mes belles dames,
que la pitié touche vos âmes !
Et que votre folle gaité
sur moi retombe en charité !...
(Tous les groupes redescendente en scène.)

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divers auteurs / C. Gounod, 1869 Acte deuxième

Ensemble
ÉTUDIANTS Vin ou bière,
bière ou vin,
que mon verre
soit plein !
SOLDATS Pas de beauté fière !
Nous savons leur plaire
en un tour de main !
BOURGEOIS Vidons un verre
de ce bon vin !
MATRONES Vous voulez leur plaire,
(aux jeunes filles) nous le voyon bien !
JEUNES FILLES De votre colère
nous ne craignons rien !
ÉTUDIANTS Voyez leur colère,
voyez leur maintien !
(Les étudiants et les soldats séparent les femmes en riant. Tous les groupes s'éloignent et disparaissent.)

Scène deuxième
Wagner, Siébel, Étudiants, Valentin.
[N. 6 ­ Scène et Récitatif]
VALENTIN (paraissant au fond; il tient une petite médaille à la main)
Ô toi, sainte médaille,
qui me viens de ma sœur,
au jour de la bataille,
pour écarter la mort, reste là sur mon cœur !
WAGNER Ah ! Voici Valentin qui nous cherche sans doute !
VALENTIN Un dernier coup, messieurs, et mettons­nous en route !
WAGNER Qu’as­tu donc ?... quels regrets attristent nos adieux ?
VALENTIN Comme vous, pour longtemps, je vais quitter ces lieux;
j’y laisse Marguerite, et, pour veiller sur elle,
ma mère n’est plus là !
SIÉBEL Plus d’un ami fidèle
saura te remplacer à ses côtés !
VALENTIN Merci !
SIÉBEL Sur moi tu peux compter.
ÉTUDIANTS Compte sur nous aussi !
WAGNER Allons, amis ! point de vaines alarmes !
À ce bon vin ne mêlons pas des larmes !
Buvons, trinquons, et qu’un joyeux refrain
nous mette en train !

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Acte deuxième Faust

ÉTUDIANTS Buvons, trinquons, et qu’un joyeux refrain


nous mette en train !
WAGNER (montant sur un escabeau)
Un rat plus poltron que brave,
et plus laid que beau,
logeait au fond d’une cave,
sous un vieux tonneau;
un chat...

Scène troisième
Les mêmes, Méphistophélès.

MÉPHISTOPHÉLÈS (paraissant tout à coup au milieu des étudiants et intertrompant Wagner)


Pardon !
WAGNER Hein !
MÉPHISTOPHÉLÈS Parmi vous, de grâce,
permettez­moi de prendre place !
Que votre ami d’abord achève sa chanson !
Moi, je vous en promets plusieurs de ma façon !
WAGNER (descendant de son escabeau)
Une seule suffit, pourvu qu’elle soit bonne !
MÉPHISTOPHÉLÈS Je ferai de mon mieux pour n’ennuyer personne !
(Les étudiants se groupent autour de Méphistophélès; Valentin le regarde avec défiance et se tient à l’écart avec
Siébel.)

[N. 7 ­ Ronde du veau d’or]


MÉPHISTOPHÉLÈS

I
Le veau d’or est toujours debout;
on encense
sa puissance
d’un bout du monde à l’autre bout !
Pour fêter l’infâme idole,
rois et peuples confondus,
au bruit sombre des écus,
dansent une ronde folle
autour de son piédestal !...
Et Satan conduit le bal !
II
Le veau d’or est vainqueur des dieux !
Dans sa gloire
dérisoire
son front abjecte insulte aux cieux !
Suite à la page suivante.

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divers auteurs / C. Gounod, 1869 Acte deuxième

MÉPHISTOPHÉLÈS Il contemple, ô rage étrange !


à ses pieds le genre humain
se ruant, le fer en main,
dans le sang et dans la fange
où brille l’ardent métal !...
Et Satan conduit le bal !
TOUS Et Satan conduit le bal !

[N. 8 ­ Récitatif et Choral des épées]


ÉTUDIANTS Merci de ta chanson !
VALENTIN Singulier personnage !
(à part)
WAGNER (tendant un verre à Méphistophélès)
Nous ferez­vous l’honneur de trinquer avec nous ?
MÉPHISTOPHÉLÈS Volontiers !...
(saisissant la main de Wagner et l’examinant)
Ah ! voici qui m’attriste pour vous !
Vous voyez cette ligne ?
WAGNER Eh bien ?
MÉPHISTOPHÉLÈS Fâcheux présage !
Vous vous ferez tuer en montant à l’assaut !
(Wagner retire sa main avec humeur.)
SIÉBEL Vous êtes donc sorcier ?
MÉPHISTOPHÉLÈS (lui prenant la main)
Tout juste autant qu’il faut
pour lire dans ta main que le sorte te condamne
à ne plus toucher une fleur
sans qu’elle se fane !
SIÉBEL (retirant vivement sa main)
Moi !
MÉPHISTOPHÉLÈS Plus de bouquets à Marguerite !...
VALENTIN Ma sœur !...
Qui vous a dit son nom ?
MÉPHISTOPHÉLÈS Prenez garde, mon brave !
Vous vous ferez tuer par quelqu’un que je sais !
(Prenant le verre des mains de Wagner.)
À votre santé !...
(Jetant le contenu du verre, après y avoir trempé ses lèvres.)
Peuh ! que ton vin est mauvais !
Permettez­moi de vous en offrir de ma cave !
(Frappant sur le tonneau, surmonté d’un Bacchus, qui sert d’enseigne au cabaret.)
Holà, seigneur Bacchus ! à boire !...
(Le vin jaillit du tonneau. Aux étudiants)
Approchez­vous !
Chacun sera servi selon ses goûts !
À la santé que tout à l’heure
vous portiez, mes amis, à Marguerite !...
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Acte deuxième Faust

VALENTIN (lui arrachant le verre des mains)


Assez !...
Si je ne te fais taire à l’instant, que je meure !
(Le vin s’enflamme dans la vasque placée au­dessous du tonneau.)
WAGNER, ÉTUDIANTS Holà !...
(Ils tirent leurs épées.)
MÉPHISTOPHÉLÈS Pourquoi trembler, vous qui me menacez ?
(Il trace un cercle autour de lui avec son épée. Valentin s’avance pour l’attaquer. Son
épée se brise.)
VALENTIN Mon fer, ô surprise !
dans les airs se brise !

VALENTIN, WAGNER, De l’enfer qui vient émousser


SIÉBEL, ÉTUDIANTS nos armes,
nous ne pouvons pas repousser
les charmes !
Mais puisque tu brises le fer,
regarde !...
(Il prend son épée par la lame et la présente sous forme de croix à Méphistophélès.)
SIÉBEL, VALENTIN, (forçant Méphistophélès à reculer en lui présentant la garde de leurs epées)
WAGNER, ÉTUDIANTS Puisque tu peux briser le fer,
regarde !
C’est une croix, qui de l’enfer
nous garde !...
(Ils sortent.)

Scène quatrième
Méphistophélès, puis Faust.

MÉPHISTOPHÉLÈS (remettant son épée au fourreau)


Nous nous retrouverons, mes amis ! ~ Serviteur !
FAUST (entrant en scène)
Qu’as­tu donc ?
MÉPHISTOPHÉLÈS Rien ! ~ À nous deux, cher docteur !
Qu’attendez­vous de moi ? Par où commencerai­je ?
FAUST Où se cache la belle enfant
que ton art m’a fait voir ? ~ Est­ce un vain sortilège ?
MÉPHISTOPHÉLÈS Non pas, mais contre nous sa vertu la protège;
et le ciel même la défend !
FAUST Qu’importe ? je le veux ! viens ! conduis­moi près d’elle
ou je me sépare de toi !

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divers auteurs / C. Gounod, 1869 Acte deuxième

MÉPHISTOPHÉLÈS Il suffit !... Je tiens trop à mon nouvelle emploi


pour vous laisser douter un instant de mon zèle !
Attendons !... ici même, à ce signal joyeux,
la belle et chaste enfant va paraître à vos yeux.
(Les étudiants et les jeunes filles, bras dessus, bras dessous, et précédés par des joueurs de violon, envahissent la
scène. Ils sont suivis par les bourgeois qui ont paru au commencement de l'acte.)

Scène cinquième
Les mêmes, Étudiants, Jeunes filles, Bourgeois, puis Siébel et
Marguerite.
[N. 9 ­ Valse et Chœur]
CHŒUR
(marquant la mesure en marchant)
Ainsi que la brise légère
soulève en épais tourbillons
la poussière
des sillons,
que la valse nous entraîne !
Faisons retentir la plaine
de l’éclat de vos chansons !
Valsons !...
(Les musiciens montent sur les bancs; la valse commence.)
MÉPHISTOPHÉLÈS Vois ces filles
(à Faust) gentilles !
Ne veux­tu pas
aux plus belles
d’entre elles
offrir ton bras ?
FAUST Non ! Fais trêve
à ce ton moqueur !
Et laisse mon cœur
à son rêve !...
SIÉBEL (entrant)
C’est par ici que doit passer Marguerite !
QUELQUES JEUNES (s’approchant de Siébel)
FILLES Faut­il qu’une jeune fille à danser
vous invite ?
SIÉBEL Non !... non !... je ne veux pas valser !

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Acte deuxième Faust

CHŒUR
Ainsi que la brise légère
soulève en épais tourbillons
la poussière
des sillons,
que la valse nous entraîne !
Faisons retentir la plaine
de l’éclat de vos chansons !
Valsons !...
(Marguerite paraît.)
FAUST Ah !... la voici ! c’est elle !
MÉPHISTOPHÉLÈS Eh bien ! Abordez­la !
SIÉBEL (apercevant Marguerite et faisant un pas vers elle)
Marguerite !...
MÉPHISTOPHÉLÈS (se retournant et se trouvant face à face avec Siébel)
Plaît­il !...
SIÉBEL Maudit homme ! encor là !...
(à part)
MÉPHISTOPHÉLÈS Eh quoi ! mon ami ! vous voilà !...
(d'un ton mielleux)
(Siébel recule devant Méphistophélès, qui lui fait faire ainsi le tour du thèâtre en passant derrière le groupe des
danseurs.)
FAUST (abordant Marguerite qui traverse la scène)
Ne permettrez vous pas, ma belle demoiselle,
qu’on vous offre le bras pour faire le chemin ?
MARGUERITE Non, monsieur ! je ne suis demoiselle, ni belle,
et je n’ai pas besoin qu’on me donne la main !
(Elle passe devant Faust et s’éloigne.)
FAUST (le suivant des yeux)
Par le ciel ! que de grâce... et quelle modestie !...
Ô belle enfant, je t’aime !
SIÉBEL (redescendant en scène sans avoir vu ce qui vient de passer)
Elle est partie !...
(Il va pour s'elancer sur la trace de Marguerite; mais, se trouvant de nouveau à face
avec Méphistophélès, il lui tourne le dos et s’éloigne par le fond du thèâtre.)
MÉPHISTOPHÉLÈS Eh bien ?
(à Faust)
FAUST On me repousse !...
MÉPHISTOPHÉLÈS Allons ! à tes amours,
(en riant) je qu'il faut prêter secours !...
(Il s'éloigne avec Faust du même côté que Marguerite.)
QUELQUES JEUNES (s'adressant à trois ou quatre d'entre elles qui ont observé la rencontre de Faust et de
FILLES
Marguerite)
Qu’est­ce donc ?...
DEUXIÈME GROUPE DE Marguerite,
JEUNES FILLES qui de ce beau seigneur refuse la conduite !...

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divers auteurs / C. Gounod, 1869 Acte deuxième

ÉTUDIANTS (se rapprochant)


Valsons encor !...
JEUNES FILLES Valsons toujours !...
(Les étudiants, qui ont reconduit Valentin et Wagner, rentrent en scène et se mèlent à la valse.)

LES VALSEURS
Ainsi que la brise légère
soulève en épais tourbillons
la poussière
des sillons,
que la valse nous entraîne !
Faisons retentir la plaine
de l’éclat de vos chansons !
Valsons !...
Jusqu’à perdre haleine !...
jusqu’à mourir !...
je respire à peine !...
Ah !... quel... plaisir !...
Mon regard se noie...
dans le... ciel bleu !...
La terre tournoie !...
je meurs... Ah !... dieu !...
Jusqu'à perdre haleine !...
jusqu’à mourir !...
je respire à peine !...
Ah ! quel plaisir !...
BOURGEOIS
Ainsi que la brise légère
soulève en épais tourbillons
la poussière
des sillons,
que la valse vous entraîne !
Faites retentir la plaine
de bruit de vos folles chansons !
Jusqu’à perdre haleine,
jusqu’à mourir,
un dieu les entraîne,
c’est le plaisir !
La terre tournoie,
et fuit loin d’eux !
Quel bruit, quelle joie
dans tous les yeux !
Jusqu’à perdre haleine
jusqu’à mourir,
un dieu les entraîne,
c’est le plaisir !...
(La toile tombe.)

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Acte deuxième Faust

Scène troisième (supplement)


Supplement par Charles Gounod.
Invocation

VALENTIN
Avant de quitter ces lieux,
sol natal de mes aïeux,
à toi, seigneur et roi des cieux,
ma sœur je confie;
daigne de tout danger
toujours la protéger,
cette sœur si chérie.
Délivré d’une triste pensée,
j’irai chercher la gloire au sein des ennemis.
Le premier, le plus brave au fort de la mêlée,
j’irai combattre pour mon pays.
Et si, vers lui, dieu me rappelle,
je veillerai sur toi fidèle,
ô Marguerite.
Avant de quitter ces lieux,
sol natal de mes aïeux,
à toi, seigneur et roi des cieux,
ma sœur je confie !
Ô roi des cieux, jette les yeux,
protège Marguerite, roi des cieux !

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divers auteurs / C. Gounod, 1869 Acte troisième

ACTE TROISIÈME

Scène première
Le jardin de Marguerite.
Au fond, un mur percé d’une petite porte. À gauche, un bosquet. À
droite, un pavillon dont la fenêtre face au public. Arbres et massifs.
Siébel seul.
[N. 10 ­ Entracte et Couplets]
(Il est arrêté près d’un massif de roses et de lilas.)

SIÉBEL
I
Faites­lui mes aveux,
portez mes voeux,
fleurs écloses près d’elle,
dites­lui qu’elle est belle,
que mon cœur nuit et jour
languit d’amour !
Révélez à son âme
le secret de ma flamme !
Qu’il s’exhale avec vous,
parfums plus doux !...
(Il cueille une fleur.)
Fanée !...hélas !
(Il jette la fleur avec dépit.)
Ce sorcier que dieu damne
m’a porté malheur !
(Il cueille une autre fleur qui s’effeuille encore.)
Je ne puis sans qu’elle se fane
toucher une fleur !...
Si je trempais mes doigts dans l’eau bénite !...
(Il s’approche du pavillon et trempe ses doigts dans un bénitier accroché au mur.)
C’est là que chaque soir vient prier Marguerite !
Voyons maintenant ! voyons vite !...
(Il cueille deux ou trois fleurs.)
Elles se fanent ?...Non !... Satan, je ris de toi !...
II
C’est en vous que j’ai foi;
parlez pour moi !
Qu’elle puisse connaître
l’ardeur qu’elle fait naître
et dont mon cœur troublé
n’a point parlé !
Suite à la page suivante.

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Acte troisième Faust

SIÉBEL C’est en vous que j’ai foi;


parlez pour moi !
Si l’amour l’effarouche,
que la fleur sur sa bouche
sache au moins déposer
un doux baiser !...
(Il cueille des fleurs pour en former un bouquet et disparaît dans les massifs du
jardin.)

Scène deuxième
Faust, Méphistophélès, puis Siébel.
[N. 11 ­ Récitatif]
(Faust et Méphistophélès entrent doucement.)
MÉPHISTOPHÉLÈS C’est ici ! suivez­moi !
FAUST Que regardes­tu là ?
MÉPHISTOPHÉLÈS Siébel, votre rival.
FAUST Siébel !
MÉPHISTOPHÉLÈS Chut !... le voilà !
(Ils se cache avec Faust dans un bosquet.)
SIÉBEL (rentrant en scène, avec un bouquet à la main)
Mon bouquet n’est­il pas charmant ?
MÉPHISTOPHÉLÈS Charmant !
(à part)
SIÉBEL Victoire !
Je lui raconterai demain toute l’histoire;
et, si l’on veut savoir le secret de mon cœur,
un baiser lui dira le reste !
MÉPHISTOPHÉLÈS Séducteur !
(à part)
(Siébel attache le bouquet à la porte du pavillon et sort.)

Scène troisième
Faust, Méphistophélès.

MÉPHISTOPHÉLÈS Attendez­moi là, cher docteur !


Pour tenir compagnie aux fleurs de votre élève,
je vais vous chercher un trésor
plus merveilleux, plus riche encor
que tous ceux qu’elle voit en rêve !
FAUST Laisse­moi !
MÉPHISTOPHÉLÈS J’obéis !... Daignez m’attendre ici !
(Il sort.)

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divers auteurs / C. Gounod, 1869 Acte troisième

Scène quatrième
Faust, seul.
[N. 12 ­ Scène et Cavatine]
FAUST

Quel trouble inconnu me pénètre !


Je sens l’amour s’emparer de mon être.
Ô Marguerite ! À tes pieds me voici !
FAUST

Salut ! demeure chaste et pure, où se devine


la présence d’une âme innocente et divine !...
Que de richesse en cette pauvreté !
En ce réduit, que de félicité !
Ô nature, c’est là que tu la fis si belle !
C’est là que cette enfant a grandi sous ton aile,
a dormi sous tes yeux !
Là que, de ton haleine enveloppant son âme,
tu fis avec amour épanouir la femme
en cet ange des cieux !
Salut ! demeure chaste et pure, où se devine
la présence d’une âme innocente et divine !...
Que de richesse en cette pauvreté !
En ce réduit, que de félicité !

Scène cinquième
Méphistophélès, Faust.
[N. 13 ­ Récitatif]
(Méphistophélès réapparaît, une cassette sous le bras.)
MÉPHISTOPHÉLÈS Alerte ! la voilà !... Si le bouquet l’emporte
sur l’écrin, je consens à perdre mon pouvoir !
FAUST Fuyons !... je veux ne jamais la revoir !
MÉPHISTOPHÉLÈS Quel scrupule vous prend !...
(plaçant l’écrin sur le seuil du pavillon)
Sur le seuil de la porte,
voici l’écrin placé !... venez !... j’ai bon espoir !...
(Il entraîne Faust et disparaît avec lui dans le jardin. Margurite entre par la porte du fond et descend en silence
jusque sur le devant de la scène.)

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Acte troisième Faust

Scène sixième
Marguerite, seul.
[N. 14 Scène et Air]
MARGUERITE

Je voudrais bien savoir quel était ce jeune homme,


si c’est un grand seigneur, et comment il se nomme ?
(Elle s’assied dans le bosquet, devant son rouet, et prend son fuseau, autour duquel elle prépaire de la laine.)
MARGUERITE

I
« Il était un roi de Thulé,
qui, jusqu’à la tombe fidèle,
eut en souvenir de sa belle,
une coupe en or ciselé !... »
(S'interrompant.)

MARGUERITE

Il avait bonne grâce, à ce qu’il m’a semblé.


(Reprenant sa chanson.)

MARGUERITE

« Nul trésor n’avait tant de charmes !


Dans les grands jours il s’en servait,
et chaque fois qu’il y buvait,
ses yeux se remplissaient de larmes !... »
II
(Elle se lève et fait quelques pas.)
« Quand il sentit venir la mort,
étendu sur sa froide couche,
pour la porter jusqu’à sa bouche
sa main fit un suprême effort !... »
(S'interrompant.)

MARGUERITE

Je ne savais que dire, et j’ai rougi d’abord.


(Reprenant sa chanson.)

MARGUERITE

« Et puis, en l’honneur de sa dame,


il but une dernière fois;
la coupe trembla dans ses doigts,
et doucement il rendit l’âme ! »
MARGUERITE

Les grands seigneurs ont seuls des airs si résolus,


avec cette douceur !
(Elle se dirige vers le pavillon.)
Allons ! n’y pensons plus !
Cher Valentin, si dieu m’écoute,
je te reverrai !... me voilà
toute seule !...
Suite à la page suivante.

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MARGUERITE (Au moment d’entrer dans le pavillon, elle aperçoit le bouquet suspendu à la porte.)
Un bouquet !
(Elle prend le bouquet.)
C’est de Siébel, sans doute !
Pauvre garçon !
(Apercevant la cassette.)
Que vois­je là ?...
D’où ce riche coffret peut­il venir ?... Je n’ose
y toucher, et pourtant... ~ voici la clef, je crois !...
Si je l’ouvrais !... ma main tremble !... Pourquoi ?
Je ne fais, en l’ouvrant, rien de mal, je suppose !...
(Elle ouvre la cassette et laisse tomber le bouquet.)
Ô dieu ! que de bijoux !... est­ce un rêve charmant
qui m’éblouit, ou si je veille ? ~
Mes yeux n’ont jamais vu de richesse pareille !...
(Elle place la cassette tout ouverte sur une chaise et s’agenouille pour se parer.)
Si j’osais seulement
me parer un moment
de ces pendants d’oreille !...
(Elle tire des boucles d’oreille de la cassette.)
Voici tout justement,
au fond de la cassette,
un miroir !... comment
n’être pas coquette ?
(Elle se pare des boucles d’oreille, se lève et se regarde dans le miroir.)
MARGUERITE

Ah ! je ris de me voir
si belle en ce miroir !...
Est­ce toi, Marguerite ?
Réponds­moi, réponds vite ! ~
Non ! non ! ~ ce n’est plus toi !
ce n’est plus ton visage !
c’est la fille d’un roi,
qu’on salue au passage ! ~
Ah ! s’il était ici !...
s’il me voyait ainsi !...
Comme une demoiselle
il me trouverait belle !...
Ah ! s’il était ici !...
Achevons la métamorphose !
Il me tarde encor d’essayer
ce bracelet et ce collier.
(Elle se pare du collier d’abord, puis de bracelet. Se levant.)
Ah ! je ris de me voir
si belle en ce miroir !...
Est­ce toi, Marguerite ?
Réponds­moi, réponds vite ! ~
Suite à la page suivante.

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Acte troisième Faust

MARGUERITE Non ! non ! ~ ce n’est plus toi !


ce n’est plus ton visage !
c’est la fille d’un roi,
qu’on salue au passage ! ~
Ah ! s’il était ici !...
s’il me voyait ainsi !...
Comme une demoiselle
il me trouverait belle !...
Ah ! s’il était ici !...

Scène septième
Marguerite, Marthe.
[N. 15 ­ Récitatif]
MARTHE (entrant par le fond)
Que vois­je, seigneur dieu !... comme vous voilà belle,
mon ange !... ~ D’où vous vient ce riche écrin ?
MARGUERITE Hélas !
(avec confusion) on l’aura par mégarde apporté !
MARTHE Que non pas !
ces bijoux sont à vous, ma chère demoiselle !
oui ! c’est là le cadeau d’un seigneur amoureux !
(Soupirant.)
Mon cher époux jadis était moins généreux !
(Méphistophélès et Faust entrent en scène.)

Scène huitième
Les mêmes, Méphistophélès, Faust.

MÉPHISTOPHÉLÈS Dame Marthe Schwerdtlein, s’il vous plaît ?


MARTHE Qui m’appelle ?
(Marguerite se hâte d’ôter le collier, le pendant et les pendants d’oreille, et de les remettre dans la cassette.)
MÉPHISTOPHÉLÈS Pardon d’oser ainsi nous présenter chez vous !
(bas à Faust)
Vous voyez qu’elle a fait bon accueil aux bijoux !
(haut)
Dame Marthe Schwerdtlein ?
MARTHE Me voici !
MÉPHISTOPHÉLÈS La nouvelle
que j’apporte n’est pas pour vous mettre en gaîté. ~
Votre mari, madame, est mort et vous salue !
MARTHE Ah !... grand dieu !...
MARGUERITE Qu’est­ce donc ?

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MÉPHISTOPHÉLÈS Rien !...


(Marguerite baisse les yeux sous le regard de Méphistophélès, referme la cassette, la reporte sur l’appui de la
fenêtre et pousse les volets.)
MARTHE Ô calamité !
ô nouvelle imprévue !...
Ensemble
MARGUERITE, FAUST Marguerite
(à part)
Malgré moi mon cœur tremble et tressaille à sa vue !
Faust
(à part)
La fièvre de mes sens se dissipe à sa vue !
(à Marguerite)
Pourquoi donc quitter ces bijoux ?
Marguerite
Ces bijoux ne sont pas à moi ! ~ Laissez, de grâce !...
MÉPHISTOPHÉLÈS, Méphistophélès
MARTHE (à Marthe)
Votre mari, madame, est mort et vous salue !
Marthe
Ne m’apportez­vous rien de lui ?
Méphistophélès
Rien !... et pour le punir, il faut dès aujourd’hui
chercher quelqu’un qui le remplace !
(à Marthe)
Qui ne serait heureux d’échanger avec vous
la bague d’hyménée ?
Marthe
(à part)
Ah bah !
(haut)
Plaît­il ?
Méphistophélès
(soupirant)
Hélas ! cruelle destinée !...

[N. 16 Quatuor]
FAUST Prenez mon bras un moment !
(à Marguerite)
MARGUERITE Laissez !... je vous en conjure !...
MÉPHISTOPHÉLÈS (de l'autre côté du thèâtre, à Marthe)
Votre bras !...
MARTHE Il est charmant !
(à part)
MÉPHISTOPHÉLÈS La voisine est un peu mûre !
(à part)
(Marguerite abandonne son bras à Faust et s’éloigne avec lui. Méphistophélès et Marthe restent seuls.)
MARTHE Ainsi vous voyagez toujours ?
MÉPHISTOPHÉLÈS Dure nécessité, madame !
Sans amis, sans parents !... sans femme.

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Acte troisième Faust

MARTHE Cela sied encor aux beaux jours !


Mais plus tard, combien il est triste
de vieillir seul, en égoïste !...
MÉPHISTOPHÉLÈS J’ai frémi souvent, j’en conviens,
devant cette horrible pensée !...
MARTHE Avant que l’heure en soit passée,
digne seigneur, songez­y bien !
(Ils s'éloignent. Marguerite et Faust rentrent en scène.)
FAUST Eh quoi ! toujours seule ?...
MARGUERITE Mon frère
est soldat; j’ai perdu ma mère;
puis ce fut un autre malheur,
je perdis ma petite sœur !
Pauvre ange !... Elle m’était bien chère !...
C’était mon unique souci;
que de soins, hélas !... que de peines !...
C’est quand nos âmes en sont pleines,
que la mort nous les prend ainsi !...
Sitôt qu’elle s’éveillait, vite
il fallait que je fusse là !...
Elle n’aimait que Marguerite !...
Pour la voir, la pauvre petite,
je reprendrais bien tout cela !...
FAUST Si le ciel, avec un sourire,
l’avait faite semblable à toi,
c’était un ange !... oui, je le crois !...
MARGUERITE Vous moquez­vous ?...
FAUST Non, je t’admire !

MARGUERITE Je ne vous crois pas,


et de moi tout bas
vous riez sans doute !...
J’ai tort de rester
pour vous écouter !...
Et pourtant j’écoute !...
FAUST Laisse­moi ton bras !...
Dieu ne m’a­t­il pas
conduit sur ta route ?...
Pourquoi redouter,
hélas ! d’écouter ?...
mon cœur parle; écoute !...
(Méphistophélès et Marthe reparaissent.)

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MARTHE Vous n’entendez pas,


ou de moi tout bas
vous riez sans doute !
Avant d’écouter,
pourquoi vous hâter
de vous mettre en route ?
MÉPHISTOPHÉLÈS Ne m’accusez pas,
si je dois, hélas !
me remettre en route.
Faut­il attester
qu’on voudrait rester
quand on vous écoute ?
(La nuit commence à tomber.)
MARGUERITE Retirez­vous !... voici la nuit.
(à Faust)
FAUST (passant son bras autour de la taille de Marguerite)
Chère âme !
MARGUERITE Laissez­moi !...
(Elle se dégage et s’enfuit.)
FAUST (la poursuivant)
Quoi ! méchante !... on me fuit !
MÉPHISTOPHÉLÈS (à part, tandis que Marthe, dépitée, lui tourne le dos)
L’entretien devient trop tendre !
esquivons­nous !
(Il se cache derrière un arbre.)
MARTHE Comment m’y prendre ?
(à part) (se retournant)
Eh bien ! il est parti !... seigneur !...
(Elle s'éloigne.)
MÉPHISTOPHÉLÈS Cours après moi !...
Ouf ! cette vieille impitoyable,
de force ou de gré, je crois,
allait épouser le diable !
FAUST Marguerite !
(dans la coulisse)
MARTHE Cher seigneur !
(dans la coulisse)
MÉPHISTOPHÉLÈS Serviteur !

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Acte troisième Faust

Scène neuvième
Méphistophélès, seul.
[N. 17 ­ Récitatif]
MÉPHISTOPHÉLÈS

Il était temps ! sous le feuillage sombre


voici nos amoureux qui reviennent !... c’est bien !
Gardons­nous de troubler un si doux entretien !
Ô nuit, étends sur eux ton ombre !
amour, ferme leur âme aux remords importuns !
et vous, fleurs aux subtils parfums,
épanouissez­vous sous cette main maudite !
Achevez de troubler le cœur de Marguerite !...
(Il s’éloigne et disparaît dans l’ombre. Faust et Marguerite rentrent en scène.)

[N. 18 ­ Duo]
MARGUERITE Il se fait tard !... adieu !...

Scène dixième
Faust, Marguerite.

FAUST (la retenant)


Quoi ! je t’implore en vain !
attends ! laisse ma main s’oublier dans ta main !
(S’agenouillant devant Marguerite.)

FAUST

Laisse­moi, laisse­moi contempler ton visage


sous la pâle clarté
dont l’astre de la nuit, comme dans un nuage,
caresse ta beauté !...
MARGUERITE Ô silence ! ô bonheur ! ineffable mystère !
enivrante langueur !
J’écoute !... et je comprends cette voix solitaire
qui chante dans mon cœur !
(Dégageant sa main de celle de Faust.)
Laissez un peu, de grâce !..
(Elle se penche et cueille une Marguerite.)
FAUST Qu’est­ce donc ?
MARGUERITE Un simple jeu !
laissez un peu !
(Elle effeuille la Marguerite.)
FAUST Que dit ta bouche à voix basse ?...

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MARGUERITE Il m’aime ! ~ Il ne m’aime pas ! ~


Il m’aime ! ~ pas ! ~ Il m’aime ! ~ pas ! ~ Il
m’aime !...
FAUST Oui !... crois en cette fleur éclose sous tes pas !...
Qu’elle soit pour ton cœur l’oracle du ciel même !...
Il t’aime !... comprends­tu ce mot sublime et
doux ?...
MARGUERITE Je me sens tressaillir !
FAUST (prenant Marguerite dans ses bras)
Aimer ! porter en nous
une ardeur toujours nouvelle !...
Nous enivrer sans fin d’une joie éternelle !...
FAUST, MARGUERITE Éternelle !...
FAUST Ô nuit d’amour !... ciel radieux !...
ô douces flammes !...
Le bonheur silencieux
verse les cieux
dans nos deux âmes !...
MARGUERITE Je veux t’aimer et te chérir !...
Parle encore !...
je t’appartiens !... je t’adore !...
pour toi je veux mourir !...
FAUST Marguerite !...
MARGUERITE (se dégageant des bras de Faust)
Ah !... partez !...
FAUST Cruelle !...
me séparer de toi !...
MARGUERITE Je chancelle !...
FAUST Ah ! cruelle !...
MARGUERITE Laissez­moi !...
(suppliante)
FAUST Tu veux que je te quitte !
hélas !... vois ma douleur !
tu me brises le cœur,
ô Marguerite !...
MARGUERITE Partez ! oui, partez vite !
je tremble !... hélas !... j’ai peur !
Ne brisez pas le cœur
de Marguerite !
FAUST Par pitié !...

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Acte troisième Faust

MARGUERITE Si je vous suis chère...


par votre amour, par ces aveux
que je devais taire,
cédez à ma prière !...
cédez à mes voeux !...
(Elle tombe aux pieds de Faust.)
FAUST (après un silence, la relevant doucement)
Divine pureté !...
chaste innocence,
dont la puissance
triomphe de ma volonté !...
J’obéis !... mais demain !...
MARGUERITE Oui, demain !... dès l’aurore !...
demain !... toujours !...
FAUST Un mot encore !...
Répète­moi ce doux aveu !...
tu m’aimes !...
MARGUERITE (s’échappe, court au pavillon, s’arrête sur le seuil et envoie un baiser à Faust)
Adieu !...
(Elle entre dans le pavillon.)

FAUST Félicité du ciel !... ~ Ah ! fuyons !...


(Il s’élance vers la porte du jardin. Méphistophélès lui barre le passage.)

Scène onzième
Faust, Méphistophélès.

MÉPHISTOPHÉLÈS Tête folle !...


FAUST Laisse­moi !...
MÉPHISTOPHÉLÈS Daignez seulement
écouter un moment
ce qu’elle va conter aux étoiles, cher maître !...
tenez !... elle ouvre sa fenêtre !...
(Marguerite ouvre la fenêtre du pavillon et s’y appuie un moment en silence, la tête entre les mains.)

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divers auteurs / C. Gounod, 1869 Acte troisième

Scène douzième
Les mêmes, Marguerite.

MARGUERITE
Il m’aime !... quel trouble en mon cœur !...
L’oiseau chante... le vent murmure !...
toutes les voix de la nature
me redisent en chœur:
Il t’aime !... ~ Ah ! qu’il est doux de vivre !...
Le ciel me sourit... l’air m’enivre !...
Est­ce de plaisir et d’amour
que la feuille tremble et palpite ?...
Demain ?... ~ Ah ! presse ton retour,
cher bien­aimé !... viens !...
FAUST (s’élançant vers la fenêtre et saisissant la main de Marguerite)
Marguerite !...
MARGUERITE Ah !...
(Elle reste un moment interdite et laisse tomber sa tête sur l’épaule de Faust; Méphistophélè souvre la porte du
jardin et sort en ricanant. La toile tombe.)

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Acte quatrième Faust

ACTE QUATRIÈME

I ­ Scène première
La chambre de Marguerite.
Marguerite, seul.
[N. 19 ­ Marguerite au rouet]
(Elle s'approche de la enêtre et écoute)
MARGUERITE

Elles ne sont plus là ! ~ Je riais avec elles


autrefois !... maintenant...
VOIX DE JEUNES Les amours ont des ailes !...
FILLES Le galant étranger s’enfuit...et court encor !
(dans la rue)
Ah ! ah ! ah ! ah ! ah !
(Les jeunes filles s’éloignent en riant.)
MARGUERITE Elles se cachaient ! ah ! cruelles !
Je ne trouvais pas d’outrage assez fort
jadis pour les péchés des autres !...
Un jour vient où l’on est sans pitié pour les nôtres !
Je ne suis que honte à mon tour !
et pourtant, dieu le sait, je n’étais pas infâme;
tout ce que t’y porta, mon âme,
n’était que tendresse et qu’amour !
(Elle s’assied devant son rouet et file.)
MARGUERITE

Il ne revient pas !...


j’ai peur, je frissonne,
je languis !... ~ hélas !
en vain l’heure sonne,
il ne revient pas !...
Où donc peut­il être ?...
Seule à ma fenêtre,
je plonge là­bas
mon regard !... ~ hélas !
Où donc peut­il être ?
il ne revient pas !...
Je n’ose me plaindre;
il faut me contraindre !
je pleure tout bas !...
S’il pouvait connaître
ma douleur !... hélas !
Où donc peut­il être ?
il ne revient pas !...
Suite à la page suivante.

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divers auteurs / C. Gounod, 1869 Acte quatrième

MARGUERITE Oh ! le voir !... entendre


le bruit de ses pas !
Mon cœur est si las,
si las de l’attendre !...
Il ne revient pas !...
Mon seigneur ! mon maître !...
s’il allait paraître,
quelle joie !... ~ hélas !
Où donc peut­il être ?
il ne revient pas !...
(Elle laisse tomber sa tête sur sa poitrine et fond en larmes. Le fuseau s’échappe de ses mains.)

I ­ Scène deuxième
Marguerite, Siébel.
[N. 20 ­ Scène et Récitatif]
SIÉBEL (s'approchant doucement de Marguerite)
Marguerite !
MARGUERITE Siébel !...
SIÉBEL Encor des pleurs !
MARGUERITE (se levant)
Hélas
vous seul ne me maudissez pas !
SIÉBEL Je ne suis qu’un enfant, mais j’ai le cœur d’un homme
et je vous vengerai de son lâche abandon !
Je le tuerai !
MARGUERITE Qui donc ?
SIÉBEL Faut­il que je le nomme ?
L’ingrat qui vous trahit !...
MARGUERITE Non !... taisez­vous !...
SIÉBEL Pardon !
Vous l’aimez encore ?...
MARGUERITE Oui !... je l'attends !... et je pleure !...
Je vei le nuit et jour; j'écoute passer l'heure !...
mais ce n’est pas à vous de plaindre mon ennui.
J’ai tort, Siébel, de vous parler de lui !...

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Acte quatrième Faust

SIÉBEL
I
Versez vos chagrins dans mon âme !
Mon fol amour s'est endormi !
Il ne m'est resté de sa flamme
que la tendresse d'un ami !
II
Hélas ! ne mettez pas en doute
ce dévoûment silencieux !...
Mon cœur a reçu goutte à goutte
les pleurs qui tombent de vos yeux !...
MARGUERITE
Soyez béni, Siébel ! votre amitié m’est douce !
Ceux dont la main cruelle me repousse,
n’ont pas fermé pour moi la porte du saint lieu;
j’y vais pour mon enfant.. et pour lui prier dieu !
(Elle sort; Siébel la suit à pas lents.)

II ­ Scène première
L’église.
Marguerite, puis Méphistophélès
[N. 21 ­ Scene de l’église]
(Quelques femmes traversent la scène et entrent dans l'église. Marguerite entre après d'elles et s’agenouille.)
MARGUERITE Seigneur, daignez permettre à votre humble servante
de s’agenouiller devant vous !
UNE VOIX Non !... tu ne priras pas !... frappez­la d'épouvante !
Esprits du mal, accourrez tous !
VOIX DE DÉMONS Marguerite !...
INVSIBLES

MARGUERITE Qui m'appelle ?


LES VOIX Marguerite !...
MARGUERITE Je chancelle !...
Je meurs ! ~ dieu bon ! dieu clément !
est­ce déjà l'heure du châtiment ?
(Méphistophélès parait derrière un pilir et se penche à l'oreille de Marguerite.)

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divers auteurs / C. Gounod, 1869 Acte quatrième

MÉPHISTOPHÉLÈS Souviens­toi du passé quand, sous l’aile des anges


abritant ton bonheur,
tu venais dans son temple, en chantant des louanges,
adorer le seigneur !
Lorsque tu bégayais une chaste prière
d’une timide voix,
et portais dans ton cœur les baisers de la mère,
et dieu tout à la fois !...
C'en est fait !... les élus ont détourné leur face
de ton sombre chemin,
le ciel t'a condamnée, et le juste qui passe
ne te tend plus la main ! ~
Écoute ces clameurs ! c’est l’enfer qui t’appelle !...
c’est l’enfer qui te suit !
c’est l’éternel remords, c’est l’angoisse éternelle
dans l’éternelle nuit !
MARGUERITE Dieu ! quelle est cette voix qui me parle dans l’ombre ?
Dieu tout­puissant !
quel voile sombre
sur moi descend !

Chant religieux (accompagné par l'orgues).


CHŒUR Quand du seigneur le jour luira,
sa croix au ciel resplendira,
et l’univers s’écroulera...

MARGUERITE Hélas ! ce chant pieux est plus terrible encore !...


MÉPHISTOPHÉLÈS Non !
Dieu pour toi n’a plus de pardon !
pour toi, le ciel n’a plus d’aurore !

CHŒUR Que dirais­je alors au seigneur ?


où trouverai­je un protecteur,
quand l’innocent n’est pas sans peur ?

MARGUERITE Ah ! ce chant m’étouffe et m’oppresse !


je suis dans un cercle de fer !
MÉPHISTOPHÉLÈS Adieu les nuits d’amour et les jours pleins d’ivresse !
À toi l’enfer !...
(Il disparaît.)

MARGUERITE, CHŒUR Seigneur, accueillez la prière


des cœurs malheureux !
Qu’on rayon de votre lumière
descende sur eux !
VOIX DES DÉMONS Marguerite !
Sois maudite !
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Acte quatrième Faust

MARGUERITE Quel sinistre éclair


traverse la nuit ! la voûte s'embrase !...
elle s'abaisse.. et m'écrase !...
De l'air !... de l'air !...
VOIX DES DÉMONS À toi l’enfer !...
(Marguerite pousse un cri et tombe évanouie sur les dalles. Le rideau tombe et laisse voir en se relevant une rue;
à gauche, la maison de Marguerite.)

III ­ Scène première


La rue.
Valentin, Soldats, puis Siébel.
[N. 22 ­ Chœur des soldats]
CHŒUR
Déposons les armes;
dans nos foyers enfin nous voici revenus !
Nos mères en larmes,
nos mères et nos sœurs ne nous attendront plus.

VALENTIN Eh ! parbleu ! c’est Siébel !...


(apercevant Siébel)
SIÉBEL Cher Valentin !...
VALENTIN Viens vite !
Viens dans mes bras !
(Il l’embrasse.)
Et Marguerite ?
SIÉBEL Elle est à l’église, je crois.
VALENTIN Oui, priant dieu pour moi !
Chère sœur, tremblante et craintive,
comme elle va prêter une oreille attentive
au récit de nos combats !

CHŒUR
Oui, c’est plaisir dans les familles,
de conter aux enfants qui frémissent tout bas,
aux vieillards, aux jeunes filles,
la guerre et ses combats !...
Gloire immortelle
de nos aïeux,
sois­nous fidèle !
mourons comme eux !
Suite à la page suivante.

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divers auteurs / C. Gounod, 1869 Acte quatrième

CHŒUR Et sous ton aile,


soldats vainqueurs,
dirige nos pas, enflamme nos cœurs !
Pour toi, mère patrie,
affrontant le sort,
tes fils, l’âme aguerrie,
ont bravé la mort !
Ta voix sainte nous crie:
en avant, soldats !
le fer à la main, courez aux combats !
Gloire immortelle
de nos aïeux,
sois­nous fidèle !
mourons comme eux !
Et sous ton aile,
soldats vainqueurs,
dirige nos pas, enflamme nos cœurs !
Vers nos foyers hâtons le pas !
on nous attend: la paix est faite !
Plus de soupirs ! ne tardons pas !
notre pays nous tend les bras !
l’amour nous rit ! l’amour nous fête !
Et plus d’un cœur frémit tout bas
au souvenir de nos combats !
Gloire immortelle
de nos aïeux,
sois­nous fidèle !
mourons comme eux !
Et sous ton aile,
soldats vainqueurs,
dirige nos pas, enflamme nos cœurs !
(Les soldats se séparent et se dispersent de différents côtés. femmes et enfants accourent à leur rencontre et
s'éloignent avec eux. Valentin et Siébel restent seuls en scène.)

III ­ Scène deuxième


Valentin, Siébel.
[N. 23 ­ Récitatif]
VALENTIN Allons, Siébel ! entrons dans la maison !
le verre en main, tu me feras raison !
SIÉBEL Non ! n’entre pas !...
(vivement)
VALENTIN Pourquoi ?... ~ tu détournes la tête ?
Ton regard fuit le mien !... ~ Siébel, explique­toi !
SIÉBEL Eh bien !... ~ non, je ne puis !

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Acte quatrième Faust

VALENTIN Que veux­tu dire ?


(Il se dirige vers la maison.)
SIÉBEL (l’arrêtant)
Arrête !
Sois clément,Valentin !
VALENTIN Laisse­moi ! laisse­moi !
(furieux) (Il entre dans la maison.)

SIÉBEL Pardonne­lui !...


(Seul.)
Mon dieu ! je vous implore !
Mon dieu, protégez­la !...
(Il s’éloigne. Méphistophélès et Faust entrent en scène, Méphistophélè tient une guitare à la main.)

III ­ Scène troisième


Faust, Méphistophélès.
(Faust se dirige vers la maison de Marguerite et s’arrête.)
MÉPHISTOPHÉLÈS Qu’attendez­vous encore ?
Entrons dans la maison.
FAUST Tais­toi, maudit !... j’ai peur
de rapporter ici la honte et le malheur !
MÉPHISTOPHÉLÈS À quoi bon la revoir, après l’avoir quittée ?
Notre présence ailleurs serait bien mieux fêtée !
Le sabbat nous attend !
FAUST Marguerite !...
MÉPHISTOPHÉLÈS Je vois
que mes avis sont vains et que l’amour l’emporte !
Mais, pour vous faire ouvrir la porte,
vous avez grand besoin du secours de ma voix !

(Faust, pensif, se tient à l'écart. Méphistophélè s'accocmpagne sur sa guitare.)


[N. 24 ­ Sérénade]
MÉPHISTOPHÉLÈS

I
« Vous qui faites l’endormie,
n’entendez­vous pas,
ô Catherine, ma mie,
ma voix et mes pas ?... »
Ainsi ton galant t’appelle,
en ton cœur l’en croit !...
N’ouvre ta porte, ma belle,
que la bague au doigt !

FAUST Par l'enfer, tais­toi !

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divers auteurs / C. Gounod, 1869 Acte quatrième

MÉPHISTOPHÉLÈS Bon !
Ce n'est qu'une plaisanterie !
Laissez­moi, je vous prie,
achever ma chanson !
MÉPHISTOPHÉLÈS

II
« Catherine que j’adore,
pourquoi refuser
à l’amant qui vous implore,
un si doux baiser ?... »
Ainsi ton galant supplie,
et ton cœur l’en croit !
Ne donne un baiser, ma mie,
que la bague au doigt !
(Valentin sort de la maison.)

III ­ Scène quatrième


Les mêmes, Valentin.
[N. 25 ­ Scène et Trio du duel]
VALENTIN Que voulez­vous, messieurs !...
MÉPHISTOPHÉLÈS Pardon ! mon camarade,
mais ce n’est pas pour vous qu’était la sérénade !
VALENTIN Ma sœur l’écouterait mieux que moi, je le sais !
(Il dégaîne et brise la guitare de Méphistophélès d’un coup d’épée.)
FAUST Sa sœur !
MÉPHISTOPHÉLÈS Quelle mouche vous pique ?
(à Valentin) Vous n’aimez donc pas la musique ?
VALENTIN Assez d’outrage !... assez !...
À qui de vous dois­je demander compte
de mon malheur et de ma honte ?...
Qui de vous deux doit tomber sous mes coups ?
(Faust tire son épée.)
C'est lui !...
MÉPHISTOPHÉLÈS Vous le voulez ?... ~ Allons, docteur, à vous !...

VALENTIN Redouble, ô dieu puissant,


ma force et mon courage !
Permets que dans son sang
je lave mon outrage !
FAUST Terrible et frémissant,
(à part) il glace mon courage !
Dois­je verser le sang
du frère que j’outrage ?...

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Acte quatrième Faust

MÉPHISTOPHÉLÈS De son air menaçant,


de son aveugle rage,
je ris !... mon bras pouissant
va détourner l'orage !...
VALENTIN (tirant de son sein la médaille que lui a donné Marguerite)
Et toi qui préservas mes jours,
toi qui me viens de Marguerite,
je ne veux plus de ton secours,
médaille maudite !...
(Il jette la médaille loin de lui.)
MÉPHISTOPHÉLÈS Tu t’en repentiras !
(à part)
VALENTIN En garde !... et défends­toi !...
MÉPHISTOPHÉLÈS Serrez­vous contre moi !...
(à Faust) et poussez seulement, cher docteur !... moi, je pare...
VALENTIN Pare donc celle­ci !...
MÉPHISTOPHÉLÈS Très­bien ! et l'autre aussi !...
VALENTIN Vive dieu !...
FAUST Laisse­nous !... de toi je me sépare !...
Va­t'en ! va­t'en !
MÉPHISTOPHÉLÈS Non pas !
si vous rompez d'un pas,
vous ête mort !
VALENTIN À toi !...
MÉPHISTOPHÉLÈS Pousse donc !...
VALENTIN C'est le diable !...
MÉPHISTOPHÉLÈS Oui !...
VALENTIN Ma main s'engourdit !...
(Il s'enferre.)
Ah !
FAUST Qu'as­tu fait, maudit ?...
(Valentin tombe.)

MÉPHISTOPHÉLÈS Voici notre héros étendu sur le sable !...


Au large maintenant ! au large !...
(Il entraîne Faust. Arrivent Marthe et des bourgeois portant des torches.)

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III ­ Scène cinquième


Marthe, Bourgeois, Valentin, puis Marguerite et Siébel.
[N. 26 ­ Mort de Valentin]
MARTHE, BOURGEOIS Par ici !...
par ici, mes amis ! on se bat dans la rue !... ~
L’un d’eux est tombé là ! ~ Regardez... le voici !...
Il n’est pas encor mort !... ~ on dirait qu’il remue !... ~
Vite, approchez !... il faut le secourir !
VALENTIN (se soulevant avec effort)
Merci !
Des vos plaintes faites­moi grâce !...
J’ai vu, morbleu ! la mort en face
trop souvent pour en avoir peur !...
(Marguerite paraît soutenue par Siébel.)
MARGUERITE Valentin !... Valentin !...
(Elle écarte la foule et tombe à genoux près de Valentin.)
VALENTIN Marguerite ! ma sœur !
(Il la repousse.)
Que me veux­tu ?... va­t’en !
MARGUERITE Ô dieu !
VALENTIN Je meurs par elle !...
J’ai sottement
cherché querelle
à son amant !
LA FOULE Il meurt frappé par son amant !
(à demi­voix, montrant
Marguerite)
MARGUERITE Douleur nouvelle !
Ô châtiment !...
SIÉBEL Grâce pour elle !...
(à Valentin) Soyez clément !
VALENTIN (soutenu par ceux que l'entouret)
Écoute­moi bien, Marguerite !...
Ce qui doit arriver arrive à l’heure dite !
La mort nous frappe quand il faut,
et chacun obéit aux volonté d’en haut !...
~ Toi !... te voilà dans la mauvaise voie !...
Tes blanches mains ne travailleront plus !
Te renîras, pour vivre dans la joie,
tous les devoirs et toutes les vertus !...
Suite à la page suivante.

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Acte quatrième Faust

VALENTIN Poursuis ta route !... allons ! courage !...


je vois déjà le temps
où les honnêtes gens
reculent devant toi pour te livrer passage !...
et le mépris public te soufflète au visage !...
Oses­tu bien encor,
oses­tu, misérable,
garder ta chaîne d’or !...
(Marguerite arrache la chaîne qu’elle porte au cou et la jette loin d’elle.)
Va ! la honte t’accable !
le remords suit tes pas !...
Meurs enfin !... l’heure sonne !
et si dieu te pardonne
sois maudite ici­bas !
MARGUERITE Mon frère !... mon frère !... hélas !...
LA FOULE Ô blasphème !
à ton heure suprême,
infortuné !
Songe, hélas ! à toi­même...
pardonne, si tu veux être un jour pardonné !...
VALENTIN Marguerite ! Marguerite !
MARGUERITE Mon frère !...
VALENTIN Sois maudite !...
La mort t’attend sur ton grabat !...
moi je meurs de ta main !... et je tombe en soldat !
(Il meurt. Siébel entraîne Marguerite éperdue. La toile tombe)

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I ­ Scène deuxième (supplement)


Supplement par Charles Gounod.
Romance

SIÉBEL
Si le bonheur à sourire t'invite,
joyeux alors, je sens un doux émoi,
si la douleur t'accable, Marguerite,
ô Marguerite ! ô Marguerite !
je pleure alors, je pleure comme toi.
Comme deux fleurs sur une même tige
notre destin suivait le même cours
de tes chagrins en frère je m'afflige,
ô Marguerite ! ô Marguerite !
comme une sœur je t'aimerai toujours !

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Acte cinquième Faust

ACTE CINQUIÈME

I ­ Scène première
Les montagnes du Harz.
Follets, puis Faust, Méphistophélès.
[N. 27 ­ La nuit de Walpurgis]
CHŒUR DES FEUX FOLLETS
Dans les bruyères,
dans les roseaux,
parmi les pierres,
et sur les eaux,
de place en place,
perçant la nuit,
s’allume et passe
un feu qui luit !
Alerte ! alerte !
De loin, de près,
dans l’herbe verte,
sous les cyprès,
mouvantes flammes,
rayons glacés,
ce sont les âmes
des trépassés !

(Méphistophélès et Faust paraissent sur une cime élevée.)


FAUST Arrête !
MÉPHISTOPHÉLÈS N’as­tu pas promis
de m’accompagner sans rien dire ?
FAUST Où sommes­nous ?
MÉPHISTOPHÉLÈS Dans mon empire !
Ici, docteur, tout m’est soumis.
Écoute: rien qu'à mon approche
là­bas tout s'agite à al fois !
Debout sur cette antique roche
je parle, et tout tremble à ma voix !
Les hiboux se heurtent dans l'ombre,
le vent tourbillonne en sifflant;
la nuit de son long voile sombre
couvre des monts la large flanc !
Quel vacarme ! quelle tempête !
Mammon est maître du logis !
Suite à la page suivante.

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MÉPHISTOPHÉLÈS Mammon est le roi de la fête !


Voici la nuit de Walpurgis !
VOIX LONTAINES Voici la nuit de Walpurgis !
FAUST Mon sang se glace !...
(Il veut fuir.)
MÉPHISTOPHÉLÈS (le retenant)
Attends ! je n’ai qu’un signe à faire
pour qu’ici tout change et s’éclaire !...

II ­ Scène première
La montagne s’entr'ouvre, et laisse voir un vaste palais resplendissant
d’or, au milieu duquel se dresse une table richement servie et entourée
des reines et des courtisanes de l’antiquité.
Méphistophélès, Chœur, Faust
[N. 28 ­ Scène et Chœur]
MÉPHISTOPHÉLÈS Jusqu’aux premiers feux du matin,
à l’abri des regards profanes,
je t’offre une place au festin
des reines et des courtisanes !...

CHŒUR Au nom des anciens dieux


que les coupes s’emplissent !...
Que les airs retentissent
de nos accords joyeux !
MÉPHISTOPHÉLÈS Hétaïres de Grèce ou filles de l'Asie,
Phryné, Laïs, Aspasie,
Cléopâtre aux doux yeux, Hélène au front charmant,
laissez­nous au banquet prendre place au moment...
CHŒUR Que les coupes s’emplissent
au nom des anciens dieux !
Que les airs retentissent
de nos accords joyeux !
MÉPHISTOPHÉLÈS Pour guérir la fièvre
de ton cœur blessé,
prends cette coupe et que ta lèvre
y puise l'obli du passé !...
FAUST Vains remords, ~ risible folie !
Il est temps que mon cœur oublie !
Donne et buvons jusqu’à la lie !
(Il saisit une coupe et la porte à ses lèvres.)

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Acte cinquième Faust

[N. 29 ­ Chant bachique]


FAUST
I
Doux nectar, en ton ivresse
tiens mon cœur enseveli !
Qu’un baiser de feu caresse
jusqu’au jour mon front pâli !
Dans la coupe enchanteresse
pour jamais je bois l’oubli !
II
Volupté, devant tes charmes
se réveille le désir !
Laisse­nous loin des alarmes
au passage te saisir,
et noyons l’amour en larmes
dans l’ivresse et le plaisir !

Ballet.
(Aspasie, Laïs et Phryné avec la courtisanes, Cléopâtre avec les esclaves nubiennes, Hélène avec les filles de
Troie, viennent tour à tour enivrer Faust de leurs séductions. Faust subjugué leur tend sa coupe. Une teinte livide
se répand sur le thèâtre. Tout à coup le fantôme de Marguerite apparaît dans un rayon lumineux.)
MÉPHISTOPHÉLÈS (sans voir Marguerite)
Que ton ivresse, ô volupté
étouffe le remords en son cœur enchanté !
(Faust aperçoit Marguerite et jette sa coupe loin de lui; aussitôt, palais et courtisanes disparaissent.)

III ­ Scène première


La vallée du Brocken.
Faust, Méphistophélès.

MÉPHISTOPHÉLÈS Qu’as­tu donc ?


FAUST Regarde !... ne la vois­tu pas
là, devant nous, muette et blême ?
Sa bouche tout bas
murmure: je t'aime !
Elle pleure !... elle tend les bras !...
MÉPHISTOPHÉLÈS Magie et sortilège !
Ne va pas, maître fou,
te laisseer prendre au piége !

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FAUST Quel étrange ornement autour de ce beau cou !


Un ruban rouge qu’elle cache !
Un ruban rouge étroit comme un tranchant de hache !
(L’image de Marguerite disparaît.)
Marguerite !... je sens se dresser mes cheveux !
Mon cœur frémit ! ~ Je veux la voir ! ~ Viens, je le veux !
(Il entraîne Méphistophélès et s’ouvre, l’épée à la main, un passage à travers la foule des démons et des
monstres infernaux qui cherchent à le retenir. Les sorcières envahissent la scène de toutes parta. Elles apportent
une chaudière pleine d'un liquide flamboyant. Les unes agitent le breuvage magique avec de longues cuillers de
fer, les autres dansent autour de la chauidière.)

IV ­ Scène première
La prison.
Marguerite endormie, Faust et Méphistophélès.
[N. 30 ­ Scène de la prison]
MÉPHISTOPHÉLÈS Le jour va luire. ~ On dresse l’échafaud !
Décide sans retard Marguerite à te suivre.
Le geôlier dort. ~ Voici les clefs. ~ Il faut
que ta main d’homme la délivre.
FAUST Laisse­moi !
MÉPHISTOPHÉLÈS Hâtez­vous. ~ Moi, je veille au­dehors.
(Il sort.)

IV ­ Scène deuxième
Faust, Marguerite.

FAUST Mon cœur est pénétré d’épouvante ! ~ Ô torture !


Ô source de regrets et d’éternels remords !
C’est elle ! ~ La voici, la douce créature,
jetée au fond d’une prison
comme une vile criminelle !
Le désespoir égara sa raison !...
Son pauvre enfant, ô dieu !... tué par elle !...
Marguerite !
MARGUERITE (s’éveillant)
Ah ! c’est lui ! ~ c'est lui ! le bien­aimé !
À son appel mon cœur s’est ranimé !
FAUST Marguerite !
MARGUERITE Au milieu de vos éclats de rire,
démons qui m’entourez, j’ai reconnu sa voix !
FAUST Marguerite !

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Acte cinquième Faust

MARGUERITE Sa main, sa douce main m’attire !


Je suis libre ! il est là ! je l’entends ! je le vois !

FAUST Oui, c’est moi, je t’aime !


Malgré l’effort même
du démon moqueur,
je t’ai retrouvée !
Te voilà sauvée ! C’est moi,
viens, viens sur mon cœur !
MARGUERITE Oui, c’est toi, je t’aime !
Les fers, la mort même
ne me font plus peur !
Tu m’as retrouvée !
Me voilà sauvée !
je suis sur ton cœur !
FAUST Viens, suis­moi ! ~ hâtons­nous.
(Il veut l’entraîner.)
MARGUERITE (se déageant doucement de ses bras)
Attends !... voici la rue
où tu m’as vue
pour la première fois !...
Où votre main osa presque effleurer mes doigts !
« Ne permettrez­vous pas, ma belle demoiselle,
qu’on vous offre le bras pour faire le chemin ? »
~ « Non, monsieur, je ne suis demoiselle ni belle,
et je n’ai besoin qu’on me donne la main ! »
FAUST Oui, mon cœur se souvient ! ~ Mais suis­moi !
l’heure passe !
MARGUERITE (s'appuyant amouresement sur son bras)
Ah ! reste encore ! et que ton bras
comme autrefois au mien s’enlace !...
FAUST Ô ciel ! elle ne m’entend pas !
(Méphistophélès reparaît.)

IV ­ Scène troisième
Les mêmes, Méphistophélès.
[N. 31 ­ Trio Finale]
MÉPHISTOPHÉLÈS Alerte ! alerte !
Ou vous êtes perdus !
Si vous tardez encor, je ne m’en mêle plus !
MARGUERITE Le démon ! le démon ! ~ Le vois­tu ?... là... dans
l’ombre
fixant sur nous son oeil de feu !
Que nous veut­il ? ~ Chasse­le du saint lieu !
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divers auteurs / C. Gounod, 1869 Acte cinquième

MÉPHISTOPHÉLÈS L'aube depuis longtemps a percé la nuit sombre,


le jour est levé;
de leur pied sonore
j’entends nos chevaux frapper le pavé.
(Cherchant à entraîner Faust.)
Viens ! sauvons­la. Peut­être il en est temps encore !
MARGUERITE Mon dieu, protégez­moi ! ~ Mon Dieu, je vous implore !
(Tombant à genoux.)
MARGUERITE

Anges purs ! anges radieux !


Portez mon âme au sein des cieux !
Dieu juste, à toi je m’abandonne !
Dieu bon, je suis à toi ! ~ pardonne !
FAUST Viens, suis­moi ! je le veux !...
MARGUERITE Anges purs, anges radieux !
Portez mon âme au sein des cieux !
MÉPHISTOPHÉLÈS Hât­toi ! l'heure sonne !
FAUST Viens, Marguerite, je le veux !
Viens !... le jour evahit les cieux.
MÉPHISTOPHÉLÈS Hât­toi de quitter ces lieux !
Fuis !... le jour evahite les cieux !
MARGUERITE Anges purs, anges radieux !
Portez mon âme au sein des cieux !
(Bruit au dehors.)
MÉPHISTOPHÉLÈS Écoute !
FAUST Dieu !
MARGUERITE Par vous que je sois préservée !

FAUST Marguerite !
MARGUERITE Pourquoi ce regard menaçant ?
FAUST Marguerite ?
MARGUERITE Pourquoi ! ces mains rouges de sang ?
(le repoussant)
Va !... tu me fais horreur !
(Elle tombe sans mouvement.)
FAUST Ah !
MÉPHISTOPHÉLÈS Maudite !

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Acte cinquième Faust

[N. 32 ­ Apothéose]
VOIX D'EN HAUT Sauvée !
(Son de cloches et chants de pâques.)
CHŒUR DES ANGES
Christ est ressuscité !
Christ vient de renaître !
Paix et félicité
aux disciples du maître !
Christ vient de renaître !
Christ est ressuscité !
CHŒUR DES SAINTES FEMMES

L'univers racheté
a tressailli de joie !
CHŒUR DE DISCIPLES
Il écrase, il foudroie
l'hydre d'iniquité !

Les murs de la prison se sont ouverts.


L’âme de Marguerite s’élève dans les cieux.
Faust la suit des yeux avec désespoir; il tombe à genoux et prie.
Méphistophélès est à demi renversé sous l’épée lumineuse de l’archange.

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divers auteurs / C. Gounod, 1869 Résumé

RÉSUMÉ
Personnages............................................3 Scène neuvième................................28
Acte premier...........................................4 [N. 17 ­ Récitatif].............................28
[N. 1 ­ Introduction]...........................4 [N. 18 ­ Duo]....................................28
Scène première...................................4 Scène dixième..................................28
[N. 2 ­ Scène et Chœur].....................4 Scène onzième..................................30
[N. 3 ­ Récitatif].................................5 Scène douzième................................31
Scène deuxième..................................6 Acte quatrième......................................32
[N. 4 ­ Duo]........................................6 I ­ Scène première............................32
Acte deuxième........................................9 [N. 19 ­ Marguerite au rouet]...........32
Scène première...................................9 I ­ Scène deuxième...........................33
[N. 5 ­ Chœur]....................................9 [N. 20 ­ Scène et Récitatif]...............33
Scène deuxième................................11 II ­ Scène première...........................34
[N. 6 ­ Scène et Récitatif].................11 [N. 21 ­ Scene de l’église]................34
Scène troisième................................12 III ­ Scène première..........................36
[N. 7 ­ Ronde du veau d’or].............12 [N. 22 ­ Chœur des soldats].............36
[N. 8 ­ Récitatif et Choral des épées]... III ­ Scène deuxième........................37
13 [N. 23 ­ Récitatif].............................37
Scène quatrième...............................14 III ­ Scène troisième.........................38
Scène cinquième..............................15 [N. 24 ­ Sérénade]............................38
[N. 9 ­ Valse et Chœur]....................15 III ­ Scène quatrième........................39
Scène troisième (supplement)..........18 [N. 25 ­ Scène et Trio du duel].........39
III ­ Scène cinquième.......................41
Acte troisième.......................................19 [N. 26 ­ Mort de Valentin]...............41
Scène première.................................19 I ­ Scène deuxième (supplement).....43
[N. 10 ­ Entracte et Couplets]..........19
Scène deuxième................................20 Acte cinquième.....................................44
[N. 11 ­ Récitatif].............................20 I ­ Scène première............................44
Scène troisième................................20 [N. 27 ­ La nuit de Walpurgis].........44
Scène quatrième...............................21 II ­ Scène première...........................45
[N. 12 ­ Scène et Cavatine]..............21 [N. 28 ­ Scène et Chœur].................45
Scène cinquième..............................21 [N. 29 ­ Chant bachique]..................46
[N. 13 ­ Récitatif].............................21 III ­ Scène première..........................46
Scène sixième...................................22 IV ­ Scène première.........................47
[N. 14 Scène et Air].........................22 [N. 30 ­ Scène de la prison]..............47
Scène septième.................................24 IV ­ Scène deuxième........................47
[N. 15 ­ Récitatif].............................24 IV ­ Scène troisième.........................48
Scène huitième.................................24 [N. 31 ­ Trio Finale].........................48
[N. 16 Quatuor]................................25 [N. 32 ­ Apothéose]..........................50

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Passages significatifs Faust

PASSAGES SIGNIFICATIFS
À moi les plaisirs (Faust, Méphistophélès) .................................................................. 7
Anges purs ! anges radieux ! (Marguerite, Faust, Méphistophélès) ........................... 49
Il était un roi de Thulé (Marguerite) ........................................................................... 22
Il ne revient pas ! (Marguerite) ................................................................................... 32
Le veau d’or est toujours debout (Méphistophélès) ................................................... 12
Mon cœur est pénétré d’épouvante ! Ô torture ! (Faust) ............................................ 47
Quand du seigneur le jour luira (Chœur) .................................................................... 35
Rien ! En vain j’interroge, en mon ardente veille (Faust) ............................................ 4
Salut ! demeure chaste et pure, où se devine (Faust) ................................................. 21
Sauvée ! Christ est ressuscité ! (Chœur) .................................................................... 50

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