Books by Chloe Ragazzoli
Did the Egyptians invent bureaucracy? The question is not an easy one since rituals, orality and ... more Did the Egyptians invent bureaucracy? The question is not an easy one since rituals, orality and patronage networks must have played a role that was at least as important as formal written procedures.
What is however certain is that during the New Kingdom period, between 1500 and 1070 before Christ, Egypt achieved the size of an Empire. From Nubia to Syria, there were huge resources to explore and to exploit. It is therefore no surprise that this age was also the age of a revolution in the status of the Egyptian writing. As agents of the institutional control of activities, scribes played a prominent role and formed a social category which had its own values and language.
In order to trace the entire history of this environment and of these men, Chloé Ragazolli uses archeological and textual sources that has been so far largely unexploited : the manuscripts of miscellanea, called florilegia, in which scribes showed their skills and literary knowledge. The investigation begins looking at the scribe’s hand on the manuscript, his writing, ink on papyrus, where variation and compilation from memory play an important role. Scribes take hold of the literate archive of their time and indulge in thousands of variations in order to produce new literary genres which have led us to consider them as masters covered with honour. Scribes are therefore an intermediary elite which is the only instance capable of initiating and operating the political and state machinery. In a word: how a literate knowledge holds an Empire, and even more, its memory.
L'Egypte pharaonique. Histoire, société, culture, Armand Colin, Paris., 2019
Dans la vallée du Nil, émerge au terme d’un processus culturel complexe l’un des plus anciens Éta... more Dans la vallée du Nil, émerge au terme d’un processus culturel complexe l’un des plus anciens États territoriaux du monde, dirigé par une royauté sacrée et une administration qui se développe et évolue durant les presque 3000 ans qui séparent la Ire dynastie de la conquête romaine.
Au-delà de l’image d’une Égypte des pyramides immobile dirigée par un despote tout puissant, les recherches les plus récentes, issues de l’analyse de la documentation écrite et iconographique autant que des dernières découvertes archéologiques, amènent au contraire à peindre un tableau beaucoup plus nuancé. Du rôle essentiel de l’échelle locale aux jeux de pouvoir entre grandes familles de la Cour, de l’économie vivrière aux échanges internationaux, de l’exploitation des déserts entourant l’Égypte aux expéditions au long cours vers le Sinaï, Pount, le Soudan ou le Proche-Orient, c’est un royaume en constante évolution qui est ici dépeint. Au-delà du résumé de la trame
chronologique essentielle à la compréhension de l’histoire égyptienne, l’ouvrage aborde les problématiques historiques propres à chacune de ses grandes périodes, touchant à l’histoire, mais aussi à la société et à la culture, en présentant également les débats historiographiques en cours.
La tombe MMA 504 se trouve dans la nécropole de la XIe dynastie située sur le flanc nord du ouadi... more La tombe MMA 504 se trouve dans la nécropole de la XIe dynastie située sur le flanc nord du ouadi menant au cirque de Deir el-Bahari. Les difficultés d’accès au site conduisirent les carriers du Moyen Empire à abandonner rapidement le creusement de la tombe qui, inachevée et inusitée, prit davantage l’apparence d’une grotte rupestre que d’un monument funéraire.
Quelque cinq cents ans plus tard, au début de la XVIIIe dynastie, le lieu reçut la visite des membres du personnel de construction et du clergé des temples mémoriaux établis dans le voisinage de Deir el-Bahari. Leur passage est signalé par près de quatre-vingt graffiti textuels et figuratifs. Ces inscriptions renvoient à un ensemble de pratiques lettrées, sociales et culturelles spécifiques aux scribes et membres de l’élite intermédiaire.
Fondé sur la publication des inscriptions et l’étude archéologique du site, le présent ouvrage offre une étude complète du monument et de ses graffiti, considérés en tant que pratique créatrice d’espace et de dynamiques sociales.
Tomb MMA 504 is at the heart of 11th Dynasty necropolis that is on the northern flank of the wadi leading to Deir el-Bahari. The site chosen by the quarrymen of the Middle Kingdom was totally unsuitable, to the extent that tunneling had to be rapidly abandoned, leaving an unfinished tomb that looked more like a rocky cavern rather than a funerary monument. Neverthess, some five hundred years later the site received visits from many members of the construction team and the clergy of the funerary temples established in Deir el-Bahari at the beginning of the 18th Dynasty. Consequently the site houses nearly eighty textual and figurative graffiti. These inscriptions reveal a combination of literate, social and cultural practices, specifically relating to scribes and middle-level administrators of the New Kingdom.
The present volume is intended to be a complete biography of the monument based on the publication of its graffiti, here considered as a practice generating space and social dynamics, and the archaeological study of the site.
D u Sinaï au Soudan, de la Méditerranée à la quatrième cataracte du Nil, en passant par le désert... more D u Sinaï au Soudan, de la Méditerranée à la quatrième cataracte du Nil, en passant par le désert occidental et Thèbes, l'égyptologue Dominique Valbelle a parcouru l'ensemble du monde égyptien. Au coeur de l'Égypte, elle a travaillé, par exemple, dans le village des ouvriers royaux du Nouvel Empire, Deir el-Médina, dans le grand temple romain de Médamoud, et a mené des recherches sur les institutions royales et l'administration. Sur les marges de l'Égypte, dans le Sinaï, elle a ouvert la mission franco-égyptienne de Tell el-Herr, site de forteresses perses et romaine, et a mis en valeur le sanctuaire d'Hathor à Sérabit el-Khadim, au coeur de la région d'exploitation de la turquoise. Au Soudan, terre d'expansion des pharaons au Nouvel Empire, elle étudie la présence égyptienne sur le site de Doukki-Gel, dans un contexte non-égyptien, celui de la culture Kerma. Son éclairage original sur l'ensemble des aspects de l'histoire et de la culture égyptiennes, sa vision large et novatrice de la discipline, et la richesse des programmes qu'elle a lancés se reflètent dans cet ensemble de contributions, qui lui est offert par ses amis, étudiants et collègues. Ce volume de mélanges rassemble des études archéologiques, des essais d'histoire, et des publications d'objets inédits provenant à la fois du Soudan, du Sinaï et de la vallée du Nil.
For most people the mention of graffiti conjures up notions of subversion, defacement, and underg... more For most people the mention of graffiti conjures up notions of subversion, defacement, and underground culture. Yet, the term was coined by classical archaeologists excavating Pompeii in the 19th century and has been embraced by modern street culture, and graffiti have been left on natural sites and public monuments for tens of thousands of years. They mark a position in time, a relation to space, and a territorial claim. They are also material displays of individual identity and social interaction. As an effective, socially accepted medium of self-definition, ancient graffiti may be compared to the modern use of social networks.
This book shows that graffiti, a very ancient practice long hidden behind modern disapproval and street culture, have been integral to literacy and self-expression throughout history. Graffiti bear witness to social events and religious practices that are difficult to track in normative and official discourses. This book addresses graffiti practices, in cultures ranging from ancient China and Egypt through early modern Europe to modern Turkey, in illustrated short essays by specialists. It proposes a holistic approach to graffiti as a cultural practice that plays a key role in crucial aspects of human experience and how they can be understood.
Les grandes capitales égyptiennes, Thèbes, Memphis, Perramsès (le Pi-Ramsès de la Bible) ont marq... more Les grandes capitales égyptiennes, Thèbes, Memphis, Perramsès (le Pi-Ramsès de la Bible) ont marqué les descriptions des géographes grecs, qui en ont assuré la pérennité dans la mémoire culturelle occidentale. Mais la littérature égyptienne ancienne avait déjà pris la cité pour objet, au point de produire un genre littéraire propre au Nouvel Empire, l'Eloge de la ville. Ces poèmes adressés à Dieu ou à Pharaon louent une ville que l'on regrette de quitter ou que l'on s'émerveille de découvrir. Oeuvres de piété personnelle, eulogies royales ou amusements de lettrés, ces textes révèlent un lien particulier de l'Egyptien à sa "ville" et nous offrent un pan entier de la culture égyptienne. Nous donnons l'intégralité de ces textes dans une édition philologique et une traduction littéraire. Le commentaire analyse la structure interne du genre et ses qualités stylistiques. L'étude des représentations contextualise ces œuvres dans une perspective idéologique et historique. Le tableau de la ville égyptienne en ressort comme la réalisation royale du plan divin, tout autant que comme le reflet du cosmos ou une métaphore de l'organisation sociale. Sur le plan de l'urbanisme, certaines métropoles s'affirment dans une association historique entre la ville-temple et la capitale administrative.
Book projects by Chloe Ragazzoli
Mémoires de l'Institut Français d'Archéologie Orientale
Cet ouvrage est le résultat d’un travail de terrain mené avec l’IFAO depuis 2010 autour de la col... more Cet ouvrage est le résultat d’un travail de terrain mené avec l’IFAO depuis 2010 autour de la collecte des inscriptions de visiteurs dans les chapelles des tombes d’élite au sein de la nécropole thébaine (moderne Louxor).
Ces graffiti, qui datent du Nouvel Empire, sont inscrits dans la partie des tombes ouvertes au culte, au sein même du programme décoratif. Il peut s’agir de simples signatures, mais aussi d’offrandes funéraires sous forme de textes littéraires tout comme de biographies clandestines. D’autres mettent en scène l’identité des signataires et comprennent des prières à leur propre bénéfice. Souvent omises dans les publications, ou considérées ponctuellement pour les données historiques qu’elles peuvent contenir (dates, éléments de prosopographie), ces inscriptions permettent d’aborder des pratiques manuscrites dans leur contexte social, matériel et local. Majoritairement inscrits en hiératique très soigné, ces dipinti constituent l’ostentation d’une identité lettrée et d’un usage particulier de l’écriture habituellement réservée aux manuscrits littéraires.
En se basant sur l’édition et le commentaire philologique de près de deux cents inscriptions inédites, données en photographie, fac-similé, transcription hiéroglyphique, translittération et traduction, cet ouvrage met en évidence, dans six chapitres de synthèse, d’une part la réception, l’usage et la réappropriation de l’espace funéraire en Egypte ancienne ; il étudie également les pratiques lettrées que ces graffiti mettent en jeu, comme la construction d’une identité publique de scribe, l’appropriation de lieux par des communautés lettrées, l’usage de l’écriture manuscrite en contexte monumental ou encore l’inscription des graffiti dans la culture textuelle de leur époque.
The aim of this research catalogue is to bring together the manuscripts of the so-called Late-Egy... more The aim of this research catalogue is to bring together the manuscripts of the so-called Late-Egyptian Miscellanies (LEM), which were compiled by scribes of the New Kingdom (c. 1539-1075 BC) and represent a cultural practice specific to their milieu. Composed of short literary and administrative texts set in an epistolary frame, these manuscripts have rarely been considered as coherent works, although they are the work of high-flying scribes showing off their art and penmanship. This state of affairs arises from the difficulty of accessing papyrus, which are mostly unpublished albeit available in standardized hieroglyphic transcription. To this difficulty must be added a scholarly tradition that has considered first and foremost the very rich lexicographical and prosopographical content of many of these texts, rather than their status or place in a whole composition. The volume will bring together these documents, in liaison with the online database of the British Museum for the core of the corpus.
Most of the 21 manuscripts of miscellanies are kept in the British Museum, but 8 are scattered among various European institutions, including some unpublished fragments. The book will reconstruct each collection of texts as a coherent manuscript. To that end, it will include a comprehensive description of the papyri along with a complete analysis of their material features along the lines of material philology. Commentary chapters will present original research about the history of the LEM, as well as their status as material manuscripts and products of a specific New Kingdom scribal culture. It will eventually offer a series of technical tools such as concordances and interaction with the online catalogue of the BM in order to provide a platform for research to come on this substantial and understudied corpus.
Thesis by Chloe Ragazzoli
Dossier d'habilitation à diriger des recherches présenté par Chloé Ragazzoli Université de Paris ... more Dossier d'habilitation à diriger des recherches présenté par Chloé Ragazzoli Université de Paris IV – Sorbonne ; garant : Pierre Tallet – 2016 Titre de l'ouvrage inédit : L'épigraphie secondaire dans les tombes thébaines Résumé Ce dossier d'habilitation a pour objet les modes de valorisation et d'usage de l'écriture manuscrite en Egypte ancienne. Ancrée dans les manuscrits et les artefacts, l'enquête recentre le regard sur l'écriture considérée comme pratique, dispositif graphique et marqueur social. L'ensemble de ce travail porte ainsi sur les praticiens de l'écriture et le monde manuscrit avant d'envisager le contenu linguistique des textes, à plusieurs niveaux d'analyse. Le mémoire inédit construit la catégorie d'épigraphie secondaire, à partir de l'édition de sources inédites. Ce mémoire est en effet le résultat d'un travail de terrain mené depuis 2010 autour de la collecte des inscriptions de visiteurs dans les chapelles des tombes d'élite au sein de la nécropole thébaine (moderne Louxor). Ces graffiti, qui datent du Nouvel Empire, sont inscrits dans la partie des tombes ouvertes au culte, au sein même du programme décoratif. Il peut s'agir de simples signatures, mais aussi d'offrandes funéraires sous forme de textes littéraires tout comme de biographies clandestines. D'autres mettent en scène l'identité des signataires et comprennent des prières à leur propre bénéfice. Souvent omises dans les publications, ou considérées ponctuellement pour les données historiques qu'elles peuvent contenir (dates, éléments de prosopographie), ces inscriptions permettent d'aborder des pratiques manuscrites dans leur contexte social, matériel et local. Majoritairement inscrits en hiératique très soigné, ces dipinti constituent l'ostentation d'une identité lettrée et d'un usage particulier de l'écriture habituellement réservée aux manuscrits littéraires. En se basant sur l'édition et le commentaire philologique de près de deux cents inscriptions inédites, données en photographie, fac-similé, transcription hiéroglyphique, translittération et traduction, ce travail met en évidence, dans six chapitres de synthèse, d'une part la réception, l'usage et la réappropriation de l'espace funéraire en Egypte ancienne ; il étudie également les pratiques lettrées que ces graffiti mettent en jeu, comme la construction d'une identité publique de scribe, l'appropriation de lieux par des communautés lettrées, l'usage de l'écriture manuscrite en contexte monumental ou encore l'inscription des graffiti dans la culture textuelle de leur époque. Le dossier bibliographique met plus largement en évidence la construction d'une méthode consistant à réaliser une archéologie des textes étudiés afin de rassembler tous les éléments de sens portés par un manuscrit en plus du seul contenu linguistique. L'écriture est ainsi envisagée dans ses modalités effectives avant d'en considérer la valeur sociale, notamment dans le discours des scribes et de l'élite.
Articles and book chapters by Chloe Ragazzoli
Polish Archaeology in the Mediterranean, 2021
Recent work by the Polish mission in Asasif brought to light 11 fragments of an inscription in th... more Recent work by the Polish mission in Asasif brought to light 11 fragments of an inscription in the name of the vizier Paser, coming from the chapel, the cult space of Khety’s tomb (TT 311). The fragments are one with two fragments found earlier and exhibited in the Metropolitan Museum in New York. Together they form an inscription that is now almost complete, shedding light on Paser’s self-fashioning as a scholar and a kind of Khaemwaset of the South. This hieroglyphic graffito can be considered as a restoration label in the name of Paser on a monument of an illustrious predecessor. By raising himself to the level of his illustrious ancestors whose monuments marked the sacred landscape of his time, Paser demonstrated his scholarship and social pre-eminence.
Comptes-rendus de l'Académie des Inscriptions et des Belles Lettres, 2022
Les hommes dialoguent avec leur environnement ; l’un et l’autre
se façonnent. Les liens que chaqu... more Les hommes dialoguent avec leur environnement ; l’un et l’autre
se façonnent. Les liens que chaque société entretient avec ses
lieux de mémoire le rappellent. Ainsi, de la même manière qu’il
est possible de retracer le parcours d’une personnalité humaine,
on peut envisager objets et monuments à travers leur biographie :
leur fonction, leur définition, leur usage évoluent à travers le temps.
Et la distance peut être grande entre l’intention de l’architecte et
les derniers usages avant abandon ou ruine. Or, ce qu’on appelle
communément « graffiti » constituent de riches témoins de ces
histoires. Ce sont des sources essentielles pour comprendre l’usage
par les Égyptiens de leurs propres monuments.
Cette contribution présente les inscriptions de visiteurs (de
l’allemand Besucherinschriften) laissées par des scribes dans
la partie publique des monuments funéraires qu’ils visitaient,
entre 1550 et 1100 av. J.-C. Ce tour d’horizon repose sur les résultats
d’une dizaine d’années de travaux de terrain dans la nécropole
thébaine. Ce projet touche aujourd’hui à son terme et ouvre des perspectives de recherche sur les pratiques écrites égyptiennes, dans
le cadre créé à cette fin du programme quinquennal « Écritures », de
l’Institut français d’archéologie orientale et la Sorbonne, pour une
archéologie et une anthropologie de l’écriture de l’Égypte ancienne.
in Tallet, P., Collombert, Ph. Les archives administratives de l'Ancien Empire
Le document que nous présentons ici appartient par son registre graphique aux archives décrites d... more Le document que nous présentons ici appartient par son registre graphique aux archives décrites dans ce volume : le script employé, la paléographie, et la « mise en page » sont ceux d’un document comptable sur papyrus de la fin de l’Ancien Empire. Par son contexte d’apparition en revanche, il appartient au domaine du monumental. Cette situation paradoxale lui donne, au-delà de sa signification linguistique et historique, une portée symbolique forte.
Ce petit tableau de compte provient de la chapelle de la tombe du gouverneur de Haute Égypte Pépyânkh-Hénikem, à Meir (A2) . Le visiteur moderne peut le voir dans un espace qui fut probablement le serdab d’origine avant que la pièce ne soit remaniée lors de l’un des agrandissements de la tombe . Ce document a été inscrit en hiératique à l’encre noire, sur le soubassement vierge du mur nord, sous les registres gravés et représentant les statues du défunt et de ses dépendants (fig. 1-2). On peut le dater par son contexte, son contenu et sa paléographie de la deuxième moitié de la VIe dynastie.
Abécédaire des mondes lettrés, 2021
Le registre graphique renvoie à l’aspect visuel et matériel d’une écriture à travers son script (... more Le registre graphique renvoie à l’aspect visuel et matériel d’une écriture à travers son script (par exemple, dans le cas d’une écriture latine : cursive, monumentale, gothique, imprimée, etc. ; en Égypte ancienne : hiéroglyphes, hiéroglyphes cursifs, hiératique d’apparat, hiératique littéraire, hiératique administratif, etc.), sa disposition ou encore le médium utilisé (encre, peinture, incision, gravure) et les significations associées. Un registre donné indexicalise une sphère d’activité donnée (monde de l’administration, activité rituelle, etc.). Le registre graphique a une valeur sémiotique qui contribue à part entière à la signification d’un texte et à sa réception.
Archéologia, 2021
Depuis 2019, l'Ifao et Sorbonne université mènent conjointement un programme de recherches (ÉCRIT... more Depuis 2019, l'Ifao et Sorbonne université mènent conjointement un programme de recherches (ÉCRITURES-Pour une archéologie et une anthropologie des écritures de l'Égypte ancienne) afin de mieux comprendre les usages des différentes écritures égyptiennes et les acteurs impliqués. Les textes de la vie courante (administration, lettres, littérature, sciences, textes magiques et rituels) étaient inscrits en hiératique, l'écriture principale des scribes égyptiens, une cursive dérivée des hiéroglyphes, lesquels demeuraient limités à des usages monumentaux et sacrés.
Uploads
Books by Chloe Ragazzoli
What is however certain is that during the New Kingdom period, between 1500 and 1070 before Christ, Egypt achieved the size of an Empire. From Nubia to Syria, there were huge resources to explore and to exploit. It is therefore no surprise that this age was also the age of a revolution in the status of the Egyptian writing. As agents of the institutional control of activities, scribes played a prominent role and formed a social category which had its own values and language.
In order to trace the entire history of this environment and of these men, Chloé Ragazolli uses archeological and textual sources that has been so far largely unexploited : the manuscripts of miscellanea, called florilegia, in which scribes showed their skills and literary knowledge. The investigation begins looking at the scribe’s hand on the manuscript, his writing, ink on papyrus, where variation and compilation from memory play an important role. Scribes take hold of the literate archive of their time and indulge in thousands of variations in order to produce new literary genres which have led us to consider them as masters covered with honour. Scribes are therefore an intermediary elite which is the only instance capable of initiating and operating the political and state machinery. In a word: how a literate knowledge holds an Empire, and even more, its memory.
Au-delà de l’image d’une Égypte des pyramides immobile dirigée par un despote tout puissant, les recherches les plus récentes, issues de l’analyse de la documentation écrite et iconographique autant que des dernières découvertes archéologiques, amènent au contraire à peindre un tableau beaucoup plus nuancé. Du rôle essentiel de l’échelle locale aux jeux de pouvoir entre grandes familles de la Cour, de l’économie vivrière aux échanges internationaux, de l’exploitation des déserts entourant l’Égypte aux expéditions au long cours vers le Sinaï, Pount, le Soudan ou le Proche-Orient, c’est un royaume en constante évolution qui est ici dépeint. Au-delà du résumé de la trame
chronologique essentielle à la compréhension de l’histoire égyptienne, l’ouvrage aborde les problématiques historiques propres à chacune de ses grandes périodes, touchant à l’histoire, mais aussi à la société et à la culture, en présentant également les débats historiographiques en cours.
Quelque cinq cents ans plus tard, au début de la XVIIIe dynastie, le lieu reçut la visite des membres du personnel de construction et du clergé des temples mémoriaux établis dans le voisinage de Deir el-Bahari. Leur passage est signalé par près de quatre-vingt graffiti textuels et figuratifs. Ces inscriptions renvoient à un ensemble de pratiques lettrées, sociales et culturelles spécifiques aux scribes et membres de l’élite intermédiaire.
Fondé sur la publication des inscriptions et l’étude archéologique du site, le présent ouvrage offre une étude complète du monument et de ses graffiti, considérés en tant que pratique créatrice d’espace et de dynamiques sociales.
Tomb MMA 504 is at the heart of 11th Dynasty necropolis that is on the northern flank of the wadi leading to Deir el-Bahari. The site chosen by the quarrymen of the Middle Kingdom was totally unsuitable, to the extent that tunneling had to be rapidly abandoned, leaving an unfinished tomb that looked more like a rocky cavern rather than a funerary monument. Neverthess, some five hundred years later the site received visits from many members of the construction team and the clergy of the funerary temples established in Deir el-Bahari at the beginning of the 18th Dynasty. Consequently the site houses nearly eighty textual and figurative graffiti. These inscriptions reveal a combination of literate, social and cultural practices, specifically relating to scribes and middle-level administrators of the New Kingdom.
The present volume is intended to be a complete biography of the monument based on the publication of its graffiti, here considered as a practice generating space and social dynamics, and the archaeological study of the site.
This book shows that graffiti, a very ancient practice long hidden behind modern disapproval and street culture, have been integral to literacy and self-expression throughout history. Graffiti bear witness to social events and religious practices that are difficult to track in normative and official discourses. This book addresses graffiti practices, in cultures ranging from ancient China and Egypt through early modern Europe to modern Turkey, in illustrated short essays by specialists. It proposes a holistic approach to graffiti as a cultural practice that plays a key role in crucial aspects of human experience and how they can be understood.
Book projects by Chloe Ragazzoli
Ces graffiti, qui datent du Nouvel Empire, sont inscrits dans la partie des tombes ouvertes au culte, au sein même du programme décoratif. Il peut s’agir de simples signatures, mais aussi d’offrandes funéraires sous forme de textes littéraires tout comme de biographies clandestines. D’autres mettent en scène l’identité des signataires et comprennent des prières à leur propre bénéfice. Souvent omises dans les publications, ou considérées ponctuellement pour les données historiques qu’elles peuvent contenir (dates, éléments de prosopographie), ces inscriptions permettent d’aborder des pratiques manuscrites dans leur contexte social, matériel et local. Majoritairement inscrits en hiératique très soigné, ces dipinti constituent l’ostentation d’une identité lettrée et d’un usage particulier de l’écriture habituellement réservée aux manuscrits littéraires.
En se basant sur l’édition et le commentaire philologique de près de deux cents inscriptions inédites, données en photographie, fac-similé, transcription hiéroglyphique, translittération et traduction, cet ouvrage met en évidence, dans six chapitres de synthèse, d’une part la réception, l’usage et la réappropriation de l’espace funéraire en Egypte ancienne ; il étudie également les pratiques lettrées que ces graffiti mettent en jeu, comme la construction d’une identité publique de scribe, l’appropriation de lieux par des communautés lettrées, l’usage de l’écriture manuscrite en contexte monumental ou encore l’inscription des graffiti dans la culture textuelle de leur époque.
Most of the 21 manuscripts of miscellanies are kept in the British Museum, but 8 are scattered among various European institutions, including some unpublished fragments. The book will reconstruct each collection of texts as a coherent manuscript. To that end, it will include a comprehensive description of the papyri along with a complete analysis of their material features along the lines of material philology. Commentary chapters will present original research about the history of the LEM, as well as their status as material manuscripts and products of a specific New Kingdom scribal culture. It will eventually offer a series of technical tools such as concordances and interaction with the online catalogue of the BM in order to provide a platform for research to come on this substantial and understudied corpus.
Thesis by Chloe Ragazzoli
Articles and book chapters by Chloe Ragazzoli
se façonnent. Les liens que chaque société entretient avec ses
lieux de mémoire le rappellent. Ainsi, de la même manière qu’il
est possible de retracer le parcours d’une personnalité humaine,
on peut envisager objets et monuments à travers leur biographie :
leur fonction, leur définition, leur usage évoluent à travers le temps.
Et la distance peut être grande entre l’intention de l’architecte et
les derniers usages avant abandon ou ruine. Or, ce qu’on appelle
communément « graffiti » constituent de riches témoins de ces
histoires. Ce sont des sources essentielles pour comprendre l’usage
par les Égyptiens de leurs propres monuments.
Cette contribution présente les inscriptions de visiteurs (de
l’allemand Besucherinschriften) laissées par des scribes dans
la partie publique des monuments funéraires qu’ils visitaient,
entre 1550 et 1100 av. J.-C. Ce tour d’horizon repose sur les résultats
d’une dizaine d’années de travaux de terrain dans la nécropole
thébaine. Ce projet touche aujourd’hui à son terme et ouvre des perspectives de recherche sur les pratiques écrites égyptiennes, dans
le cadre créé à cette fin du programme quinquennal « Écritures », de
l’Institut français d’archéologie orientale et la Sorbonne, pour une
archéologie et une anthropologie de l’écriture de l’Égypte ancienne.
Ce petit tableau de compte provient de la chapelle de la tombe du gouverneur de Haute Égypte Pépyânkh-Hénikem, à Meir (A2) . Le visiteur moderne peut le voir dans un espace qui fut probablement le serdab d’origine avant que la pièce ne soit remaniée lors de l’un des agrandissements de la tombe . Ce document a été inscrit en hiératique à l’encre noire, sur le soubassement vierge du mur nord, sous les registres gravés et représentant les statues du défunt et de ses dépendants (fig. 1-2). On peut le dater par son contexte, son contenu et sa paléographie de la deuxième moitié de la VIe dynastie.
What is however certain is that during the New Kingdom period, between 1500 and 1070 before Christ, Egypt achieved the size of an Empire. From Nubia to Syria, there were huge resources to explore and to exploit. It is therefore no surprise that this age was also the age of a revolution in the status of the Egyptian writing. As agents of the institutional control of activities, scribes played a prominent role and formed a social category which had its own values and language.
In order to trace the entire history of this environment and of these men, Chloé Ragazolli uses archeological and textual sources that has been so far largely unexploited : the manuscripts of miscellanea, called florilegia, in which scribes showed their skills and literary knowledge. The investigation begins looking at the scribe’s hand on the manuscript, his writing, ink on papyrus, where variation and compilation from memory play an important role. Scribes take hold of the literate archive of their time and indulge in thousands of variations in order to produce new literary genres which have led us to consider them as masters covered with honour. Scribes are therefore an intermediary elite which is the only instance capable of initiating and operating the political and state machinery. In a word: how a literate knowledge holds an Empire, and even more, its memory.
Au-delà de l’image d’une Égypte des pyramides immobile dirigée par un despote tout puissant, les recherches les plus récentes, issues de l’analyse de la documentation écrite et iconographique autant que des dernières découvertes archéologiques, amènent au contraire à peindre un tableau beaucoup plus nuancé. Du rôle essentiel de l’échelle locale aux jeux de pouvoir entre grandes familles de la Cour, de l’économie vivrière aux échanges internationaux, de l’exploitation des déserts entourant l’Égypte aux expéditions au long cours vers le Sinaï, Pount, le Soudan ou le Proche-Orient, c’est un royaume en constante évolution qui est ici dépeint. Au-delà du résumé de la trame
chronologique essentielle à la compréhension de l’histoire égyptienne, l’ouvrage aborde les problématiques historiques propres à chacune de ses grandes périodes, touchant à l’histoire, mais aussi à la société et à la culture, en présentant également les débats historiographiques en cours.
Quelque cinq cents ans plus tard, au début de la XVIIIe dynastie, le lieu reçut la visite des membres du personnel de construction et du clergé des temples mémoriaux établis dans le voisinage de Deir el-Bahari. Leur passage est signalé par près de quatre-vingt graffiti textuels et figuratifs. Ces inscriptions renvoient à un ensemble de pratiques lettrées, sociales et culturelles spécifiques aux scribes et membres de l’élite intermédiaire.
Fondé sur la publication des inscriptions et l’étude archéologique du site, le présent ouvrage offre une étude complète du monument et de ses graffiti, considérés en tant que pratique créatrice d’espace et de dynamiques sociales.
Tomb MMA 504 is at the heart of 11th Dynasty necropolis that is on the northern flank of the wadi leading to Deir el-Bahari. The site chosen by the quarrymen of the Middle Kingdom was totally unsuitable, to the extent that tunneling had to be rapidly abandoned, leaving an unfinished tomb that looked more like a rocky cavern rather than a funerary monument. Neverthess, some five hundred years later the site received visits from many members of the construction team and the clergy of the funerary temples established in Deir el-Bahari at the beginning of the 18th Dynasty. Consequently the site houses nearly eighty textual and figurative graffiti. These inscriptions reveal a combination of literate, social and cultural practices, specifically relating to scribes and middle-level administrators of the New Kingdom.
The present volume is intended to be a complete biography of the monument based on the publication of its graffiti, here considered as a practice generating space and social dynamics, and the archaeological study of the site.
This book shows that graffiti, a very ancient practice long hidden behind modern disapproval and street culture, have been integral to literacy and self-expression throughout history. Graffiti bear witness to social events and religious practices that are difficult to track in normative and official discourses. This book addresses graffiti practices, in cultures ranging from ancient China and Egypt through early modern Europe to modern Turkey, in illustrated short essays by specialists. It proposes a holistic approach to graffiti as a cultural practice that plays a key role in crucial aspects of human experience and how they can be understood.
Ces graffiti, qui datent du Nouvel Empire, sont inscrits dans la partie des tombes ouvertes au culte, au sein même du programme décoratif. Il peut s’agir de simples signatures, mais aussi d’offrandes funéraires sous forme de textes littéraires tout comme de biographies clandestines. D’autres mettent en scène l’identité des signataires et comprennent des prières à leur propre bénéfice. Souvent omises dans les publications, ou considérées ponctuellement pour les données historiques qu’elles peuvent contenir (dates, éléments de prosopographie), ces inscriptions permettent d’aborder des pratiques manuscrites dans leur contexte social, matériel et local. Majoritairement inscrits en hiératique très soigné, ces dipinti constituent l’ostentation d’une identité lettrée et d’un usage particulier de l’écriture habituellement réservée aux manuscrits littéraires.
En se basant sur l’édition et le commentaire philologique de près de deux cents inscriptions inédites, données en photographie, fac-similé, transcription hiéroglyphique, translittération et traduction, cet ouvrage met en évidence, dans six chapitres de synthèse, d’une part la réception, l’usage et la réappropriation de l’espace funéraire en Egypte ancienne ; il étudie également les pratiques lettrées que ces graffiti mettent en jeu, comme la construction d’une identité publique de scribe, l’appropriation de lieux par des communautés lettrées, l’usage de l’écriture manuscrite en contexte monumental ou encore l’inscription des graffiti dans la culture textuelle de leur époque.
Most of the 21 manuscripts of miscellanies are kept in the British Museum, but 8 are scattered among various European institutions, including some unpublished fragments. The book will reconstruct each collection of texts as a coherent manuscript. To that end, it will include a comprehensive description of the papyri along with a complete analysis of their material features along the lines of material philology. Commentary chapters will present original research about the history of the LEM, as well as their status as material manuscripts and products of a specific New Kingdom scribal culture. It will eventually offer a series of technical tools such as concordances and interaction with the online catalogue of the BM in order to provide a platform for research to come on this substantial and understudied corpus.
se façonnent. Les liens que chaque société entretient avec ses
lieux de mémoire le rappellent. Ainsi, de la même manière qu’il
est possible de retracer le parcours d’une personnalité humaine,
on peut envisager objets et monuments à travers leur biographie :
leur fonction, leur définition, leur usage évoluent à travers le temps.
Et la distance peut être grande entre l’intention de l’architecte et
les derniers usages avant abandon ou ruine. Or, ce qu’on appelle
communément « graffiti » constituent de riches témoins de ces
histoires. Ce sont des sources essentielles pour comprendre l’usage
par les Égyptiens de leurs propres monuments.
Cette contribution présente les inscriptions de visiteurs (de
l’allemand Besucherinschriften) laissées par des scribes dans
la partie publique des monuments funéraires qu’ils visitaient,
entre 1550 et 1100 av. J.-C. Ce tour d’horizon repose sur les résultats
d’une dizaine d’années de travaux de terrain dans la nécropole
thébaine. Ce projet touche aujourd’hui à son terme et ouvre des perspectives de recherche sur les pratiques écrites égyptiennes, dans
le cadre créé à cette fin du programme quinquennal « Écritures », de
l’Institut français d’archéologie orientale et la Sorbonne, pour une
archéologie et une anthropologie de l’écriture de l’Égypte ancienne.
Ce petit tableau de compte provient de la chapelle de la tombe du gouverneur de Haute Égypte Pépyânkh-Hénikem, à Meir (A2) . Le visiteur moderne peut le voir dans un espace qui fut probablement le serdab d’origine avant que la pièce ne soit remaniée lors de l’un des agrandissements de la tombe . Ce document a été inscrit en hiératique à l’encre noire, sur le soubassement vierge du mur nord, sous les registres gravés et représentant les statues du défunt et de ses dépendants (fig. 1-2). On peut le dater par son contexte, son contenu et sa paléographie de la deuxième moitié de la VIe dynastie.
The article is divided into the following sections:
Modern echoes of ancient practices;
Impetus for a book on graffiti throughout history;
What graffiti are: an (im)possible definition;
Common paths and threads of discussion: graffiti as social and cultural practices;
From landscapes to the written page.
The article is divided into the following sections:
Ancient Egypt: an epigraphic culture;
The graffiti within the Scribes' Cave;
Scribal identity;
The graphic performance;
A social place: worldly and divine ties;
Conclusion.
Three kinds of space are considered here: tomb chapels, "chapelles de confrérie" and houses. This paper presents the range of recorded inscriptions and focuses on a case study with the place christened by Bernard Bruyère "Chapelle des Trois Loges". This fellowship chapel (no. 1211) contains a sanctuary with three naos on the west wall. These naos are undecorated; yet they were painted with more than twenty dipinti, mainly in red ink. The latter are mostly figurative and follow rules of monumental decorum. Compared with ostraca used for practice and examined in relation to the documentation found in situ by Bruyère, this unpublished ensemble seems to indicate a place of scribal social meeting and possibly training.
The first tomb belongs to the Amun priest Pairy in Sheikh Abd el-Gurna, that contains two visitors' inscriptions, one of which – Pawah's prayer – is well known for its references to the Amarna period. While the interpretation of this text has been largely discussed, only its positioning in the tomb, ignored so far, can lead to a full understanding of its symbolic importance in relation to the funerary realm.
The third graffito, ramesside, comes from the naos of TT 112, the tomb of the high priest of Amun Menkheperraseneb under Thutmosis IV, which was reused in the Ramesside time. Although this inscription may seem fairly different, it shares with the long graffito from TT 139 the theme of god's sight in the darkness. Its position in a key point of the tomb bears witness to a meaningful use of the funerary space by graffiti, showing a change in how tombs were defined from the Amarna period onwards.
This paper is about the material and human processes of textual transmission in the New Kingdom, from a vantage point as close as possible to that of the writing hand. I develop the hypothesis that ‘variation’, which straddles the boundary between the two benchmarks ‘reproduction’ and ‘production’, is a central and defining aspect of Egyptian textual practices.
Je considère d’abord l’hommage rendu à Ouseramon dans la biographie d’Amenemhat, et les échos qu’il entretient avec le discours biographique des hauts dignitaires de l’époque, mais aussi la littérature de scribes de l’époque ramesside. Dans un second temps, je prends en compte la place accordée au haut dignitaire dans le programme décoratif de la tombe d’Amenemhat et dans celle de certains de ses collègues de rang également intermédiaire. Enfin, les deux scènes de banquet offerts par Amenemhat au vizir Ouseramon et au père de ce dernier, le vizir Aâméthou-Ahmosé, permettent de mettre en évidence différentes attestations d’offrandes au patron à la XVIIIe dynastie.
Les histoires courtes d'Anne Papillault et Jean-François Dars : L’esprit de la recherche se nourrit aussi bien aux sources du réel qu’aux labyrinthes de l’imaginaire. À travers de rapides monologues à haute voix, des scientifiques, toutes disciplines et toutes approches confondues, laissent entrevoir les forces qui les poussent à s’enfoncer toujours plus avant dans le décryptement du monde.
Des photos en noir et blanc de leurs humeurs, souvenirs, défis ou interrogations accompagnent la parole de ceux qui nous ont confié un bref instant les clefs de leurs domaines.
Chaque document dure de trois à quatre minutes, en mode flash, sous le titre général Histoires courtes.
Cet atelier mettra en œuvre les approches les plus pertinentes abordées lors du premier atelier introductif “annotation d’images appliquée à l’égyptologie: classification de textes anciens par scribes” qui a eu lieu le 1er avril dernier.
Une des tâches des égyptologues consiste à examiner les styles individuels d’écriture pour rapprocher différents documents de la main d’un même scribe. Afin de faire avancer la reconnaissance des caractères et décodage des écritures anciennes, les algorithmes basés sur l’intelligence artificielle pourraient apporter de nouveaux résultats.
Comment des données hétérogènes (texte, image de l’artefact, tridimensionnalité) peuvent être interconnectées ? Lorsqu’il s’agit de textes attestés sur différents supports et/ou dont les formes ne sont pas fixées (textes funéraires ou miscellanées par exemple ; phénomènes intertextuels ; diversité des sources et des scripts), quels sont les éléments de références à considérer ? Quelle hiérarchie des données adopter ? Comment créer un outil qui rende compte de manière pertinente la pluralité des approches pour conduire des recherches à la fois philologiques, matérielles, et sociales sur ces corpus ?
Dans le cadre du programme Écritures, l’enjeu est de s’interroger sur les perspectives offertes par les humanités numériques pour rendre compte dans l’édition même des corpus des éléments de sens non strictement linguistiques (choix du script, registres graphiques, disposition du texte dans l’espace, etc.) et de développer des méthodes qui permettent de systématiser l’analyse des corpus selon ce point de vue.
L’objectif de cette table ronde relativement informelle est de faire le point sur les projets en cours, les outils disponibles et les problèmes rencontrés.
Le registre graphique renvoie à l’aspect visuel et matériel d’une écriture à travers son script (par exemple hiératique, hiératique littéraire et hiératique administratif), sa disposition ou encore le médium utilisé (encre, peinture, incision, gravure). L’usage d’un registre graphique donné a une valeur sémiotique qui contribue à part entière à la signification d’un texte et à sa réception.
The practice of graffiti, rock inscriptions and secondary epigraphy in Ancient Egypt need to be examined, elucidated and evaluated in relation to their archaeological and environmental contexts. This conference seeks to render ever more discernible these voices from the past, long regarded as inconsequential and perfunctory, by shedding new light on their interrelational links with visual reception, society and culture.
The papers aim to map corpora of graffiti throughout the Egyptian space and to address common issues of definitions and interpretations. It will assess various lines of enquiry such as the relations and dialogues that graffiti create with not only their natural environments (landscape) but also with man-made spaces; the social context of graffiti creation and their reception by an audience when considered as artefacts of cultural practices and performances ; the relations and dialogues between various epigraphic layers on a single surface and with their surroundings ; the semiotic value of various graphical.
The conference will also be an opportunity for discussion on the technical tools and concepts which are available for both documentation and publication and exploitation. The edited volume of the conference aims to offer a map of graffiti practices, types of graffiti, relevant sites, communities and spaces covered by graffiti.
At the turn of the 18th and 19th centuries, Western patterning of knowledge partially based itself on philology, particularly in Germany, thus forming a global science of the past, perhaps even of the world. In the same period, hieroglyphics were deciphered, and the study of ancient Egypt became a discipline through an etic relationship to writing, marked by classical philology and embedded in the world of orientalism, consecrating the primacy of the text to characterise a society of the past. Yet, « Text », « writing », and « manuscript » form structured items whose implicit sense and even their existence vary throughout time and space. Their construction reveals specific systems of historicity: laying down in writing and communicating a text and a message is part of a particular and implicit link between the past, the present and the future. This strain between text, writing and book (in the generic sense of composed medium) summarises and spurs the different social, epistemological and disciplinary regimes to which texts may have been subjected.
The recent turning points of social sciences have invited a back turn to the materiality of artefacts and the human gestures and agency they are embedded in; it calls, among other things, to historicising the strongly emic relationship that a culture builds between a text and its constituted medium. Digital humanities offer a further turn and align multidimensional metadata on a single object.
The seminar will be the occasion to question the modern definition and practice of philology in Egyptology through the lens of the so-called papyrus Prisse, deemed "the oldest book in the world" and carrying a 12th dynasty edition of the Teaching for Kagemni and the Teaching of Ptahhotep. The papyrus has been the focal point of a research project led by the research program ECRITURES (Institut français d'archéologie orientale/Sorbonne) in conjunction with the celebration of Jean-François Champollion in 2022 at the Bibliothèque Nationale de France.
This presentation is an illustration of a wider research aiming at taking in consideration the semantic value of scripts beyond linguistic contents and at characterizing various graphic registers. A corpus approach allows to show meaningful differences as will be shown in the case of the dossier of scribes’ graffiti from tomb MMA 504 in Deir el-Bahari: this unfinished tomb dating to the end of the XIth dynasty was appropriated in the early XVIIIth dynasty by the staff of the memorial temples situated in the wadi below. There they left a large variety of graffiti. Written in a graphic spectrum going from cursive hieroglyphs to rapid hieratic, these inscriptions attest to meaningful choices, usually genre related. A careful consideration of hands and ink dipping reveals practices and social contexts from the time of inscription.
À travers une véritable enquête dans les manuscrits de miscellanées, recueils où se mêlent des textes de genres divers conçus par et pour des scribes, Chloé Ragazzoli nous dresse le portrait d’une société de lettrés. Elle nous invite à comprendre ce milieu professionnel, ses valeurs et l’image que cet acteur, au rôle crucial dans l’Égypte pharaonique, se projette de lui-même. Elle nous conduit ainsi au cœur du rapport que les anciens Égyptiens entretenaient avec leur patrimoine écrit.
Dr Chloé Ragazzoli (Oxford University) - chloe.ragazzoli@orinst.ox.ac.uk
In literary studies the question of tradition is often expressed in terms of transmission in a binary system establishing the author versus a multitude of copyists, or, to put it in more theoretical terms, dynamic productivity versus static reproductivity. Within the last generation, classicists and medievalists have pointed out the limits of such a model in manuscript and scribal cultures where the texts we read are always the works of individual copyists and readers. They have therefore pleaded for more consideration to be given to individual copies whose ‘variations’ can be seen as creations (e.g. B. Cerquiglini, L. Canfora).
Egyptian literature presents two salient features which amount to ‘variation’ and ‘compilation. ‘Variation’ here refers to the creation of a new text by the unfaithful reproduction of an already existing one. ‘Compilation’ refers to the composite aspect of many Egyptian texts that reflects their actual mode of creation.
This paper aims to consider the dynamics of textual production in the context of a scribal culture. I will examine how scribal transmission can be productive and how ‘reproduction’ through scribal copies – seen as a reading and a variation – constitutes the key pragmatic circumstance for literary production in Ancient Egypt.
My starting point will be the corpus of the Late Egyptian Miscellanies. Since their very creation arose via the two principles of variation and compilation, this corpus can be used to reveal the salient features of Egyptian production. The Late Egyptian Miscellanies, known in Egyptian as ‘teachings of/by letters’ are collections of literary and administrative texts; they contained models and references for scribal writing and reflect the textual production of the New Kingdom. Kept by high-flying scribes throughout their careers and accompanying them to the grave, they constituted a device that could be used for producing further texts. These works constituted the archive of the literate culture of their time; yet they were above all tools. Thus each collection of miscellanies reinterpreted the rules and gathered the necessary material to produce further miscellanies. They were never an arrangement destined to be transmitted as such, but a set of material to rearrange and rework. This system rests on a truly scribal writing mode, with on the one hand variation on elements that scribes rework and on the other hand compilation, or composition from textual units that scribes put together.
I will approach this problem through the examination of specific questions:
• the attitude of the scribe towards his text: what material evidence tells us about the process of writing beyond textual evidence. Examining the various manuscripts as artefacts enables us to identify a spectrum of attitudes of the scribe towards the text he writes, from passive copy to actual invention.
• the practical circulation of texts: the miscellanies are long manuscripts on papyrus but they gather texts that are often individually known on ostraca. This invites us to raise the question of the modalities of the actual, material circulation of texts.
• the mechanisms of variation through the po(i)etic usage of incipits and lexical lists. How the reproduction of fixed elements works as a trigger to production and variation.
These features can be tracked in Egyptian textual production in general; from that point of view the whole of Egyptian literature seems to be on the verge of virtual miscellaneity. This also brings to the foreground the figure of the scribe, beyond the tentative figures of an intangible author, haphazard copyist or erratic school-boy.
Chloé Ragazzoli
La maîtrise de l’écriture suppose des techniques, mentales et physiques. Elles sont l’objet d’un savoir-faire qui se transmet et s’apprend. La question de l’apprentissage implique donc un questionnement d’ordre à la fois anthropologique et social : quelles sont les opérations cognitives en jeu ? Qui apprend à écrire ?
Concernant les méthodes pédagogiques et cognitives, l’égyptologue ne peut les les rétablir qu’à partir des exercices conservés, et des principes pédagogiques sous-jacents qu’il peut y deviner. Une partie des exercices égyptiens visent à la maîtrise technique et physique de l’écriture, c’est-dire le tracé, la formation des signes. De ce point de vue, il est important de garder à l’esprit que les scribes égytiens apprenaient d’abord, et principalement, le hiératique, une forme cursive simplifiée des hiéroglyphes quand ces derniers étaient réservés à un stade plus avancé de l’apprentissage, pour un nombre réduit de scribes. D’autres exercices visent la maîtrise du vocabulaire et de l’orthographe. Pour ces derniers, le principe de décomposition retenu est le phonogramme, à la fois unité de sens et de son. La logique purement phonétique (ou alphabétique) n’est mise en jeu que lorsque le locuteur égyptien n’est plus linguistiquement motivé, c’est-à-dire chaque fois qu’il ne peut rattacher le mot à une racine connue dans sa langue, ce qui est le cas des nombreux mots étrangers transcrits phonétiquement en écriture égyptienne.
L’archéologie égyptienne n’a pas livré de traces d’école au sens physique et architectural du terme. En revanche, là où une activité professionnel de scribe est attestée (bureaux administratifs, chantiers de construction d’une tombe royale), on retrouve très souvent des exercices scolaires et des textes littéraires. Il semble donc que le modèle de transmission à l’oeuvre en Égypte ancienne était fort proche de celui de l’apprentissage professionnel, une formation sur le tas, auprès de ses aînés dans la profession.
Dans un tel cadre, il faut enfin poser la question de l’accès à l’écriture en dehors de la profession. Trois catégories de population sont examinées : les femmes, dont la représentation officielle ne comprend pas la lecture et l’écriture ; l’élite de naissance, lettrée en Égypte ancienne, et les “parvenus” comme les appelle P. Vernus, c’est-à-dire les personnes qui auraient changé de classe sociale grâce à leurs qualités professionnelles et leur éducation.
We all try to look attractive and ‘cool’ to the rest of society. This encompassing human behaviour is a good approximation to what academics refer to as self-fashioning. It describes how individuals relate to their social environment.
The wide disseminaton of “wall-writing” through history witnessed to this need. The expedition scribe in Egypt who left a prayer on a desert road and the user of Facebook both attempt at fashioning their social identity and at publicly perpetuating their self and memory
Graffiti and the religion of scribes duringthe New Kingdom
The seminar will develop this approach with a fully contextualised examination of the ancient Egyptian visitors’ inscriptions on historical monuments, specifically from the rich necropolis of Thebes presenting recent field work and numbers of unpublished new inscriptions. Such a corpus of sources offer us the means to access an ensemble of religious and cultural practices that is otherwise inaccessible through the architecture or monumental inscriptions.
Scribes are not only iconic figures of Ancient Egypt and of our representations of it; they have shaped much of the surviving documentation in both physical and intellectual terms. In a society where literacy rates varied between one and ten percents, scribes were responsible for the administrative functioning of the Egyptian state and of its temples. In the New Kingdom (c. 1539-1075 BC) scribes took a prominent role in representations. There they constructed and promoted a self-image, framing themselves as the members of a specific ‘social world’ defined by their profession rather than belonging to a social class. The development of such a community feeling reflected the new position granted to the individual in society through the shift of allegiance from traditional authorities to a personal, almighty god. Thus scribes could turn writing into a pious practice thanks to the specific temporality of written texts. Scribes used the decorum of traditional tombs where they left prayers and commemorations as graffiti to their own benefit along with literary offerings.
Dr. Chloé Ragazzoli, Oxford University
Traditional graffiti could be described as secondary inscriptions that redefine and appropriate natural sites and man-made monuments: They mark a position in time and history, a relation to space and a territorial claim; they are material displays of individual identity and social interaction. These questions will be discussed through the case study of New Kindgom scribes’ inscriptions in Theban tombs presenting recent field work and a number of unpublished new inscriptions.
Lanscapes of Ancient Egypt
Dr Chloe Ragazzoli
A landscape, whether depicted in a painting or actually created, is a human construction. For dead cultures, such as Ancient Egypt, landscapes therefore let us establish the relation of a community to its environment; they are symbols by which we can elicit otherwise mental representations. Landscapes in Ancient Egypt contrast the natural and the urban. In the very compact Egyptian view of the world, the divide between cosmos and chaos is represented as a spatial separation between city and desert, between the humanized Nile valley and the rest of the world. The organised world is eventually viewed as a city, the city standing in turn for the cosmos. But the landscape of this city is presented as what would seem to a modern mind very rural: the city is identified by its rich gardens. Thus in Egyptian texts and representations, the city becomes a lush garden, which is itself an organized world in reduction, an empire for the human ordering of nature.
This line of thought will be elaborated using Egyptian literature, especially the genre of ‘praises of cities’ from the New Kingdom (c. 1550-1069 BC) where scribes praise the capital city, and reference will be made to the representations of environment which are painted in tombs of the same period.
The so-called ‘visitors’ inscriptions’ (German ‘Besucherinschriften’) refer to the ink-graffiti left by people often presenting themselves as scribes in the funerary monuments they visited (private tomb chapels, funerary temples). In the case of the Theban Tombs, these texts are integrated within the tomb decoration, using depictions of prayer and offerings on behalf of the tomb owner and of those who inscribed the graffiti, who often added their own names and biographical epithets. These graffiti show the reception of the tombs as well as the appropriation of these spaces by specific communitues.
This project aims to collect these graffiti both in archives and in the field. The lecture will present preliminary interpretative results through the focus on two study-cases: the Tomb of Antefoqer (TT 60) and an unfinished tomb over Deir el-Bahari known for its erotica (MM 504).