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Située à la croisée de l’anthropologie des savoirs et des techniques et de l’ethnologie des patrimonialisations, cet ouvrage est le fruit d’un travail d’immersion de quatre années dans le monde de l’horlogerie suisse. Les dynamiques de... more
Située à la croisée de l’anthropologie des savoirs et des techniques et de l’ethnologie des patrimonialisations, cet ouvrage est le fruit d’un travail d’immersion de quatre années dans le monde de l’horlogerie suisse.

Les dynamiques de transmission et de patrimonialisation des savoir-faire y ont été étudiées en menant des observations au sein d’écoles techniques, d’ateliers, d’usines et lors d’événements (salons professionnels, visites d’entreprises, journées d’étude, grands prix, journées du patrimoine) ainsi qu’en réalisant trois-cent entretiens avec des acteurs de la branche et des consultations de fonds documentaires.

Ces enquêtes de terrain ont permis d’explorer les manières dont le métier d’horloger était exercé et vécu au sein de différents groupes et organisations de la branche. En se focalisant sur les formes incorporées de connaissance, ce livre décrit de quelles façons les praticiens, entourés d’un nombre important d’artefacts, sont engagés dans l’apprentissage et la pratique quotidienne de la profession mais également investis dans la mise en valeur de l’horlogerie, de ses produits, de ses acteurs, de ses territoires.

Au cours des recherches, il est apparu que le patrimoine et la transmission du savoir-faire étaient aujourd’hui des motifs récurrents dans les discours et les activités promotionnels de très nombreux collectifs (marques, organismes de tourisme, médias, institutions muséales, collectivités territoriales, etc.). Parallèlement, nombreux sont les horlogers qui, malgré cette prolifération patrimoniale, s’inquiètent de la passation de leur métier et affirment que ce dernier est en train de se perdre.

L’ouvrage problématise les rapports qu’entretiennent désormais la transmission et la patrimonialisation. A rebours de la conception habituelle – relayée par certains anthropologues et spécialistes du patrimoine – selon laquelle ces deux opérations sont intimement liées, un grand nombre d’horlogers considère que les savoirs de métier et les techniques corporelles y afférant sont en danger non pas malgré mais en vertu de l’essor pléthorique des pratiques patrimoniales.

Ces  formes de valorisation sont perçues de manière ambivalente et apparaissent comme ce qui favorise l’oubli de ce qu’elles prétendent pourtant pérenniser. En posant un regard sur l’actualité et l’histoire récente de l’horlogerie helvétique, le présent ouvrage est une invitation à comprendre ce qui a progressivement façonné un tel état de fait.
Research Interests:
This article investigates the issues of sight, visibility and gaze in the learning process of vocational knowledge. Specifically, the links between senses and knowledge will be explored in considering the craft of watch-repairer, its... more
This article investigates the issues of sight, visibility and gaze in the learning process of vocational knowledge. Specifically, the links between senses and knowledge will be explored in considering the craft of watch-repairer, its synesthetic dimension and the ways in which its transnational mobility transforms itself. On the basis of two fieldworks conducted in vocational schools and training centers in Switzerland and Hong Kong, the article questions sensoriality and technique transfers related to the servicing of Swiss watches in Greater China. The article is organized around three core questions: how are the eyes of watchmakers and watch-repairers trained in the Swiss vocational learning system? How is this gaze appropriated in HK after having been transferred from Switzerland? Which methodological tools can anthropology make use of to study vocational knowledge in the making?
Research Interests:
Sur la base d’une recherche anthropologique relative aux dynamiques de transmission et de patrimonialisation de l’horlogerie dans l’Arc jurassien, cet article entend défaire l’évidence avec laquelle de nombreux acteurs et organisations... more
Sur la base d’une recherche anthropologique relative aux dynamiques de transmission et de patrimonialisation de l’horlogerie dans l’Arc jurassien, cet article entend défaire l’évidence avec laquelle de nombreux acteurs et organisations lient les notions de « patrimoine » et de « transmission ». En caractérisant tout d’abord les multiples usages du patrimoine horloger dans la région, je montrerai qu’ils forment désormais ce que Foucault appelle un « dispositif ». L’ampleur avec laquelle ils circulent aujourd’hui est l’effet d’une rupture qui marqua profondément le monde horloger, au début des années 1980. En deuxième lieu, je rendrai compte du point de vue de praticiens qui perçoivent cette prolifération patrimoniale comme un « faux discours de l’industrie ». Malgré l’omniprésence de tels usages, ces horlogers considèrent que la transmission du métier est menacée, entre autres par l’organisation du système de production, le raccourcissement des formations et l’arrivée de nouvelles technologies de fabrication des montres qui redéfinissent leur statut et leur tâche. Bien plus, à travers les différenciations que certains praticiens établissent entre « patrimonialisation » et « transmission », la valorisation du patrimoine horloger apparaît comme un facteur indirect de perte du savoir-faire. En devenant progressivement un dispositif, le patrimoine n’a donc pas résolu le problème de la transmission du métier mais semble, au contraire, le redoubler en l’agençant d’une nouvelle façon.
For almost fi fteen years, labels such as « Watch Valley » or « the Country of Chronometry » have been progressively invented in an attempt to characterize the specificity (and, of course, the attractiveness) of the Swiss Jura region in... more
For almost fi fteen years, labels such as « Watch Valley » or « the Country of Chronometry » have been progressively invented in an attempt to characterize the specificity (and, of course, the attractiveness) of the Swiss Jura region in the area of watch-making. More recently, the category of « watch-making heritage » has appeared in order to underscore both the historical and the current importance of the links between the Jura area and the watch-making industry. The social use of such a category crystallizes around an important issue : by reproducing the myth
of a specifi cally Swiss history of watch making it portrays the borders of watchmaking know-how as coinciding with the Swiss territorial boundary. The use of the term « watch-making heritage» thereby masks, ignores or forgets all that the Swiss
watch-making industry has historically owed and still owes today to the transnational mobility of workers and to the circulation of skills in the Jura region.
Research Interests:
Dans le cadre de cet article, je m’intéresse, d’une part, aux dynamiques de patrimonialisation de l’horlogerie jurassienne qu’a suscitées l’implémentation de la Convention UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en... more
Dans le cadre de cet article, je m’intéresse, d’une part, aux dynamiques de patrimonialisation de l’horlogerie jurassienne qu’a suscitées l’implémentation de la Convention UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en Suisse et d’autre part je confronte le paradigme de PCI aux modes par lesquels se transmet effectivement le savoir-faire horloger. Pour ce faire, je me demande comment le corps des horlogers est « technicisé » dans la pratique horlogère et transformé en dépositaire de savoir informel, d’adresse et d’éclat. Ces qualifications du corps sont-elles liées à des modes de transmission culturelle? Ces modes de transmission sont-ils conditionnés par la présence de techniques particulières dans l’industrie horlogère? Les gestes et postures liés à ces travaux de « haute précision » peuvent-ils constituer, manifester ou signifier, pour les acteurs qui les mettent en œuvre, des formes de patrimoine culturel ? En prenant l’exemple de l’apprentissage du limage d’un tournevis, je montre alors en quoi le début de la formation des apprentis horlogers suppose, avant toute autre chose, l’acquisition de techniques corporelles particulières qui implique la progressive (trans)formation de leurs habitudes motrices et sensorielles.
Research Interests:
Pour qui s'y intéresse de près, les pratiques artisanales cristallisent d'intéressantes tensions. Dans le discours des artisans avec qui j'ai travaillé au cours des dix dernières années, il a régulièrement été question du corps humain... more
Pour qui s'y intéresse de près, les pratiques artisanales cristallisent d'intéressantes tensions. Dans le discours des artisans avec qui j'ai travaillé au cours des dix dernières années, il a régulièrement été question du corps humain comme d'un outil technique à part entière et de la suprématie de la « main » et du « contact immédiat avec la matière » sur la « machine » et les « équipements automatisés ». J'ai néanmoins constaté qu'un nombre important de choses accompagnait les actions que ces professionnels décrivaient pourtant comme rigoureusement « manuelles ». Loin de m'en tenir à cet apparent paradoxe, j'ai progressivement invité mes interlocuteurs à expliciter ce qu'ils entendaient par « fait main », où ils localisaient la frontière entre leur corps et les artefacts environnants et ce qu'était pour eux un objet.
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Une ambivalence structurelle préside à la mise en œuvre de toute patrimonialisation. En choisissant préalablement les propriétés constitutives de ce qu'elle qualifie, l'opération patrimoniale engendre nécessairement des partages, des... more
Une ambivalence structurelle préside à la mise en œuvre de toute patrimonialisation. En choisissant préalablement les propriétés constitutives de ce qu'elle qualifie, l'opération patrimoniale engendre nécessairement des partages, des clivages, des exclusions et produit inévitablement des restes. Le « patrimoine » est, à ce titre, le fruit d’un geste qui fait voir autant qu'il voile. Dans le cadre de cet article, j’envisage le « patrimoine horloger » comme un écran qui médiatise, tour à tour, des jeux de voilement et de dévoilement, cristallisant une tension permanente entre les pôles du montrer et du cacher. Différents usages du « patrimoine horloger » seront tout d’abord décrits afin de caractériser les images qui y sont projetées et valorisées. J’examinerai, ensuite, ce qui se trouve au bord de ces écrans patrimoniaux et participe néanmoins de leur construction. Enfin, je montrerai en quoi de telles traductions patrimoniales font écran à un certain nombre d'enjeux qui ont été et demeurent centraux dans l'histoire et l’actualité de l’horlogerie régionale.
Dans le milieu horloger, le problème de la transmission rencontre, de manière récurrente, le thème du secret. Le présent travail interroge le thème de la transmission et la pratique horlogère à la lumière d'une réflexion sur le secret. Il... more
Dans le milieu horloger, le problème de la transmission rencontre, de manière récurrente, le thème du secret. Le présent travail interroge le thème de la transmission et la pratique horlogère à la lumière d'une réflexion sur le secret. Il envisage comment la transmission peut être repensée en étudiant les manières dont l'activité horlogère met en jeu le secret. Pour ce faire, je problématiserai les liens qui s'articulent entre le secret et la transmission en trois temps. Tout d'abord, il conviendra de montrer en quoi le secret sous-tend la mise en discours de la pratique horlogère et en quoi, en retour, cette dernière l'informe. En un deuxième temps, j'observerai en quoi le secret constitue un opérateur de transmission de savoirs, de positions sociales, de représentations qui structurent le milieu de l'horlogerie jurassienne. Enfin, j'examinerai comment le dialogue noué entre le secret et la transmission permet de décrire le processus par lequel la valeur de l'activité horlogère est socialement produite.
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Swiss watches are synonymous with luxury, not-as is increasingly the case today-robots and production lines. An anthropologist has delved into a profession at a crossroads.
Recension de l'ouvrage, "La transmission en jeu. Apprendre, pratiquer, patrimonialiser l’horlogerie en Suisse", paru aux Éditions Alphil/Presses universitaires suisses, 2016.
The term “Swiss watchmaking” does not necessarily mean made by Swiss watchmakers. Despite the insistence of a number of key players in the sector that watchmaking is the very epitome of a national tradition. A four-part overview of recent... more
The term “Swiss watchmaking” does not necessarily mean made by Swiss watchmakers. Despite the insistence of a number of key players in the sector that watchmaking is the very epitome of a national tradition. A four-part overview of recent history.
La poursuite d'une réflexion sur le patrimoine horloger de l'Arc jurassien suisse fournit à la présente étude l'occasion d'interroger les rapports entre la pratique horlogère actuelle et la notion de tradition. En procédant à une... more
La poursuite d'une réflexion sur le patrimoine horloger de l'Arc jurassien suisse fournit à la présente étude l'occasion d'interroger les rapports entre la pratique horlogère actuelle et la notion de tradition. En procédant à une description succinte des manières dont cette dernière est convoquée par différents acteurs du « monde » horloger, je montre tout d'abord en quoi elle correspond à une opération de mise en forme de l'histoire technique et sociale de l'horlogerie suisse. J'envisage ensuite ces usages de la tradition en regard de la « crise du quartz » qui ébranla l'industrie horlogère suisse au milieu des années septante. Cette étape permet, en dernier lieu, de préciser en quoi le recours à la tradition a été le signe d'un « retour aux origines » et le ferment constitutif d'un « renouveau horloger » dans la région, à partir des années nonante. « Renouveau » dont un des effets aura été de redéfinir la catégorie d' « artisanat horloger ».
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