Delia Popa

L’analyse phénoménologique de l’imagination permet une nouvelle considération de son apport gnoséologique en tant que mode intentionnel spécifique, mais aussi une remise en question du rapport de la conscience à la réalité de son expérience. Car l’imagination désigne à la fois l’accès à la conscience du possible et la relation à une absence qui se donne indirectement, par le biais d’une apparence sensible dont la présence est instable et incertaine. Nous atteignant là où nous ne l’attendions pas, nous surprenant et nous bouleversant, la présence de l’absence dans les images, les rêves et les rêveries, concerne le sens en train de se faire dans l’expérience, à partir duquel sa réalité est à envisager. Dès lors, l’apparence devient le lieu où se joue la rencontre déstabilisatrice avec l’altérité d’une phénoménalité dont le sens échappe aux prestations subjectives, mais qui concerne néanmoins la subjectivité dans la singularité de ses effectuations. Une nouvelle compréhension phénoménologique du sens en découle, comme provenant d’une transcendance qui pousse la subjectivité à se laisser transformer par la réalité de son expérience. En prenant pour fil directeur la question de l’apparence, cet ouvrage interroge le rapport entre réalité et imagination, ainsi que ses conséquences pour la théorie husserlienne de l’intentionnalité.

Die phänomenologische Analyse der Einbildungskraft ermöglicht eine neue Betrachtung ihres erkenntnistheoretischen Beitrags, den sie als ein spezifischer intentionaler Modus leistet, aber auch eine Infragestellung des Bezugs, den das Bewusstsein zu der Realität seiner Erfahrung unterhält. Denn die Einbildungskraft bezeichnet sowohl den Zugang zum Bewusstsein des Möglichen, als auch die Bezugnahme auf eine Abwesenheit, die sich indirekt durch den Umweg über einen sinnlichen Schein ergibt, dessen Präsenz instabil und unsicher ist. Uns dort erreichend, wo wir uns nicht erwarteten, uns überraschend und erschütternd, betrifft die Präsenz der Abwesenheit in den Bildern, Träumen und Träumereien den sich jeweils in der Erfahrung selbst bildenden Sinn, von dem aus es seine Realität zu betrachten gilt. Infolgedessen wird der Schein zu dem Ort, an dem sich das destabilisierende Zusammentreffen mit der Andersartigkeit einer Phänomenalität ereignet, deren Sinn sich den subjektiven Leistungen immer schon entzieht, der aber dennoch die Subjektivität in der Einmaligkeit ihrer Tätigkeiten betrifft. Daraus ergibt sich ein neues phänomenologisches Verständnis des Sinns als aus einer Transzendenz herkommend, die die Subjektivität dazu bewegt, sich von der Realität ihrer Erfahrung verändern zu lassen. Indem es die Frage nach dem Schein als Leitfaden nimmt, befragt dieses Buch die Beziehung zwischen Realität und Einbildungskraft sowie deren Konsequenzen für die husserlsche Theorie der Intentionalität.

Cet ouvrage poursuit le processus de subjectivation qui sous-tend l’entreprise éthique d’Emmanuel Lévinas, à partir de la confrontation avec le fait d’être, en passant par l’institution économique d’un système égoïque de pouvoirs et jusqu’à la responsabilité pour autrui, où le sujet se singularise. Il s’agit ainsi de montrer que, par-delà son institution économique et gnoséologique, un être humain ne devient sujet que dans le mode singulier qu’il a de rencontrer autrui et de répondre à l’appel de toute altérité humaine. Vivre pour l’Autre constitue dès lors le lieu concret de la vocation subjective, qui transmue la pesante étrangeté d’être en radicale étrangeté de se situer « hors de soi », véritable exercice de la liberté où l’unicité de chacun se forge.