Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                
Un sceau inédit de Robert Bertran, maréchal de France dans les collections de la société historique de Lisieux (1345) Christophe MA!EUVRIER L a société historique dispose dans ses archives d’une série intéressante de pièces originales des XIIIe et XIVe siècle, publiées en 1915 par Jean Lesquier1. Quelques-unes de ces chartes ont été exposées lors des manifestations réalisées par la société pour son 140e anniversaire. Parmi ces pièces originales, figure un acte, passé à Beaumont-en-Auge et daté du 8 juillet 1345, par lequel Robert Bertran « sire de Briquebec, capitaine commis de par le roy monseigneur à la garde et gouvernement du pais de Normendie sur les frontieres de la mer depuis Honnefleu jusques en Bretaigne » ordonne à Robert de Pîtres, vicomte d’Auge, d’approvisionner le château de Bonneville-surTouques2. Ce document est le seul à avoir conservé son sceau de cire rouge. Il s’agit cependant d’un élément sigillographique important puisqu’il s’agit du sceau de Robert Bertran de Bricquebec, né vers 1285, maréchal de France à partir de 1326, et décédé le 3 août 1348, qui n’était jusqu’alors connu que par une empreinte très fragmentaire. Le sceau de Robert Bertran, sur cire rouge, plaqué sur une simple queue de parchemin découpée sur la partie inférieure d’un 1. Jean Lesquier, « Les plus anciens textes de la société historique de Lisieux », Bull. de la Société Historique de Lisieux, n° 22, 1914-1915, Caen, 1915. 2. A.6. Lesquier, 1915, n° 4, p. 31-32 34 BULLETIN N°69 DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE LISIEUX Figure 1. parchemin de 270 x 7 mm de côté (fig. 1), ne comprend pas de contre-sceau. Dans le champ du sceau se trouve un homme d’armes à mi-corps, casqué, tenant une épée dans sa main droite et un écu dans la gauche (fig. 2). L’arrière plan est constitué d’un décor réticulé formé d’un treillis insérant de petites croix, l’ensemble étant limité par un double cordon Figure 2. perlé. La base de l’écu, le coude de l’homme d’arme et vraisemblablement la pointe de l’épée (aujourd’hui perdue) débordent le liseré. La surface de l’écu est assez plate, on y devine – plus qu’on y voit réellement – les restes d’un lion rampant bien visible sur l’empreinte de la collection Clairembault décrite par Germain Demay qui précise qu’il s’agit d’un lion couronné ce qui correspond aux armes de Robert Bertran qui étaient « d'or au lion de sinople couronne d'argent »3. La légende est incomplète, et force est de constater que depuis la description qu’en Jean Lesquier, l’empreinte a perdu une partie de sa matière. Elle demeure cependant bien plus lisible que 3. Armorial Wijnbergen, n° 328. UN SCEAU INÉDIT DE ROBERT BERTRAN 35 sur une autre empreinte du même sceau conservée dans la collection Clairembault et sur laquelle Germain Demay n’avait pu lire que quelques lettres isolées4 . S’. ROBERT. BERTR[AN] + SIRE DE BRIQU[E]BE[C]. Ce sceau de Robert Bertran fut en effet précédemment signalé par Germain Demay dans son inventaire des sceaux de la collection Clairembault, mais à partir d’une empreinte beaucoup moins complète que celle conservée dans les archives de la Société historique de Lisieux5. Il n’apparaît en revanche ni dans les « Collections sceaux » moulées par Louis Douët d'Arcq à partir des sceaux conservés aux Archives nationales, ni dans les moulages effectués par Germain Demay dans les services d’Archives des cinq départements normands pour constituer la collection « Normandie » des Archives nationales6. Les sceaux figurant un homme d’armes à mi-corps tenant un écu sont particulièrement rares. On en compte, par exemple, aucun exemplaire parmi les 3187 sceaux de collection Normandie. Germain Demay, dans son volume sur le blason d’après les sceaux, n’en site que quatre, qui presque tous appartiennent à des Normands de haut rang : Robert Bertrand, Pierre de Tournebu (1339), Charles III, comte d’Alençon (1356) et Olivier de Clisson, (1397)7. 4. « … OBER. .. RTRA.. …….. B …. ». Germain Demay, Inventaire des sceaux de la collection Clairembault à la Bibliothèque nationale, Paris, Imprimerie nationale, tome I, 1885, n° 1573, p. 167. 5. Germain Demay, Inventaire des sceaux de la collection Clairembault à la Bibliothèque nationale, Paris, Imprimerie nationale, tome I, 1885, n° 1573, p. 167. 6. Louis Douët d’Arcq, Collections de sceaux, 3 volumes, Imprimerie nationale, Paris, 1863-1868 ; Germain Demay, Inventaire des sceaux de la !ormandie recueillis dans les dépôts d'archives, musées et collections particulières des départements de la Seine Inférieure, du Calvados, de l'Eure, de la Manche et de l'Orne avec une introduction sur la paléographie des sceaux, Paris, Imprimerie nationale, 1881, 434 p. 7. Germain Demay, « Le blason d’après les sceaux du Moyen Âge », Mémoire de la société nationale des Antiquaires de France, tome XXXVII, Paris, 1877 ; Louis Douët d’Arcq, Collections de Sceaux, n° 202. 36 BULLETIN N°69 DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE LISIEUX Le sceau de Robert Bertran conservé à la société historique de Lisieux n’est connu que par deux empreintes apposées l’une sur un acte du 8 juillet 1345, l’autre sur un acte du 15 juillet de la même année8. Il ne constitue que l’un des sceaux de ce personnage puisqu’on lui connaît également un signet au lion de 15 mm de diamètre utilisé sur une ordonnance de paiement de gages du 16 mai 13359, ainsi qu’un grand sceau rond de 65 mm, au type équestre. Sur ce dernier, utilisé en 1338 et 1339, l’écu du chevalier porte également un lion et présente une légende en latin qui indique sa fonction de maréchal de France10. 8. Coll. Clairembault, 1573, p. 167. Ordre donné à Thomas Fouques d’envoyer sans délai au bailli de Cotentin à Valognes 60 arbalètes avec les baudres et dix milliers d’artillerie. Bricquebec, 15 juillet 1345. 9. Coll. Clairembault, 1572, p. 167. 10. S’. ROBERTI : B(er)TRANI : MILIT(i) : D(omi)NI : DE : BRICQVEBEC : MARESCALLI : FRA(n)CIE, Douët d’Arcq, tome I, p. 298, n° 220.