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Association Algérienne pour la Sauvegarde et la Promotion du Patrimoine Archéologique (AASPPA) Siège : Babzman, résidence Chabani, Bt. F5E, Val d'Hydra, 16 028 Alger Téléphone : 213 (0)7 70 35 15 97 ou 213 (0)7 70 17 75 80 Adresse électronique : ikosim.aasppa@gmail.com Comité scientiique Aïn-Séba Fauré Nagète, préhistorienne, Institut d’Archéologie, Alger Aït Amara Ouiza, historienne, Institut d’Histoire, Alger Aumassip Ginette, préhistorienne, Alger Blanc-Bijon Véronique, archéologue, Aix-Marseille Université/CNRS (France) Chaïd-Saoudi Yasmina, préhistorienne, Institut d'Archéologie, Alger Dahmani Saïd, archéologue, Musée d’Hippone, Annaba Desanges Jehan, historien, Académie des Inscriptions et Belles Lettres (France) Ghaki Mansour, archéologue, Universita degli studi di Napoli « L’Orientale » (Italie) Heddouche Abdelkader, préhistorien, CNRPAH, Alger Leveau Philippe, historien, Université Aix-Marseille (France) Rédaction F. Benouis, directrice N. Aïn-Séba, G. Aumassip © AASPPA ISSN n°2170-1016 Conception couverture et infographie Rym Mokhtari Photo de couverture réalisée par A. Hadjilah A.A.S. P. P. A. Association Algérienne pour la Sauvegarde et la Promotion du Patrimoine Archéologique 2016 N° 5 Remerciements Merci à toutes les personnes, hommes et femmes de bonne volonté qui contribuent tout à fait gracieusement à la réalisation de cette revue, les auteurs, les experts et membres de la commission scientiique, nos traductrices Samia Boudjebbour et Sana Alleg pour l’arabe, Fatma Alioua pour l’anglais. Toute notre gratitude va à l'entreprise Sonelgaz qui nous renouvelle sa coniance en inançant la totalité de ce numéro. Nous sommes heureux que cette publication vouée à la promotion de notre patrimoine soit prise en charge par cette Société nationale qui réalise ainsi pleinement sa vocation de mécène à l'égard de cet héritage public. SOMMAIRE Hadjouis Dj. – Vers un paradigme holistique de l'anatomie paléoanthropologique : entre adaptation posturale et globalité architecturale du corps chez les Hominidés ........................... 7 Vernet R., Le Floch R., Pasty J.F., Gauthier Y. – Une région archéologique sinistrée : préhistoire de la région de Zouerate (Mauritanie)...................................................................... 21 Leveau Ph. – L’environnement de l’Afrique dans l’Antiquité. Climat et société, un état de la question .......................................................................................................................... 57 Hadjilah A. – La rue Bab Azoun - Bab el Oued à la période romaine. Essai de restitution de l’hypothétique cardo d'Icosium .......................................................................................... 73 Ben Mansour A. – Alger, la longue et diicile naissance d’une capitale ....................................... 85 Aillet C. – La dame de Sedrata : retour sur l’entreprise archéologique de Marguerite van Berchem (1946-1965) ............................................................................................................. 93 Chazaud (du) S. – Aujourd’hui à Chlef le centre Larbi Tebessi, hier à Orléansville le centre Albert Camus (1955-1961) ..................................................................................................... 125 Notes et travaux Aumassip G. – N’Gaous, un rêve évanoui ? .................................................................................. 136 Rabhi M., Aberkane K., Bellahreche H., Belkacemi S. – Recherches préhistoriques dans la région de Amoura (Djelfa, Atlas Saharien oriental) .............................................................. 143 Mehentel Dj. – Note sur une inscription inédite de la région d’Aïn Kebira (région de Sétif ) ..... 153 Iaichouchen O., Boukhenouf A. – Étude du site archéologique de Tablast (Bejaïa) ................. 155 Dahmani S. – Villes et villages d’Algérie du VIIIème au XVIème siècles d’après les géographes ........ 163 ‫ – تقرير عن المعرض المؤقت" التحف المسترجعة" بالمتحف العمومي الوطني لآثار القديمة‬.‫حضري ع‬ (10 2015 ‫ ديسمبر‬10 - ‫)ماي‬......................................................................................................... 182 Chronique du patrimoine déplacé Hanoune R. – Des sculptures baladeuses .................................................................................... 183 Hommage à Henriette Camps-Fabrer ................................................................................... 187 Comptes rendus ....................................................................................................................... 195 Résumés ..................................................................................................................................... 201 Appel à contribution Ikosim est intéressé par la recherche dans tous les domaines en rapport avec le patrimoine archéologique en Afrique du Nord : • Préhistoire • Archéologie antique • Archéologie médiévale • Architecture et urbanisme historiques, réhabilitation, mise en valeur • Restauration des monuments, du vieux bâti, du mobilier archéologique • Muséologie, conservation • Anthropologie physique et culturelle • Paléontologie, palynologie, sédimentologie, géomorphologie, paléo-environnement • Géophysique en matière de prospection et de datation • Archéométrie • Législation, éducation Envoyez vos propositions d’article à ikosim.aasppa@gmail.com Le contenu des articles relève de la responsabilité de leurs auteurs. Ikosim est disponible : En Algérie, à la Librairie Générale, place Kennedy, El Biar, Alger. Tél. : +213 21 79 10 05 ; fax : +213 21 92 21 69 En France, à la Librairie Picard, 18, rue Séguier, 75006 Paris. Tél : +33 1 43 26 40 41 En Tunisie, à La maison du Livre, rue Malaga, Manar 1, Tunis. Tél. : +216 23 474 031 ; +216 95 571 723 Nos contacts : mail : ikosim.aasppa@gmail.com facebook : aasppa athar tél : +213 7 70 35 15 97 ou +213 7 70 17 75 80 pour obtenir les points de vente, contracter un abonnement, ou pour toute autre information. Recherches Préhistoriques dans la Région de Amoura (Djelfa, Atlas Saharien oriental) Merouane Rabhi*, Karim Aberkane, Hocine Bellahreche, Samir Belkacemi** Mots clés - Algérie, Atlas saharien, Amoura, Préhistoire, Acheuléen, Néolithique, Protohistoire, prospection, sondage. Nous présentons dans cet article les résultats préliminaires du projet intitulé « Peuplement humain pléistocène et holocène de la région de Amoura (Djelfa, Atlas Saharien) ». Ce projet de recherche initié en 2013 consiste à engager des travaux de prospections, sondages et éventuellement des fouilles archéologiques dans la vaste région de Amoura, d’une supericie de 800 km2. Trois campagnes de prospections ont été programmées entre juin et octobre 2013 et deux sondages ont été réalisés dans un remplissage d’une cavité karstique. Les travaux de fouilles archéologiques ont été lancés à partir de 2014. PRÉSENTATION DE LA ZONE D'ÉTUDE Le présent projet fait suite à de nombreuses visites de terrain depuis 2002. Nous avons mené plusieurs missions de reconnaissance dans cette région pour nous rendre compte de son potentiel archéologique et à partir de 2008, elle a fait l’objet d’un intérêt particulier vu sa situation géographique et ses atouts tant géologiques qu’environnementaux propices à une occupation humaine préhistorique. Amoura fut donc programmée dans tous les stages pédagogiques pour les étudiants en Préhistoire de l’Institut d’archéologie. A partir de 2013, nous avons lancé un programme d’investigations archéologiques dans cette région. Plusieurs campagnes de prospections ont été menées dans des zones présélectionnées grâce à une étude cartographique et deux sondages archéologiques ont été ouverts dans un remplissage karstique identiié par nos soins en 2002. Dans un site préhistorique en grotte inédit, les sondages ont mis au jour plusieurs niveaux archéologiques. Situation géographique Située au sud-est de Djelfa, la commune de Amoura est localisée sur le lanc sud de Djebel Bou Kahil, longue crête montagneuse qui fait partie de l'Atlas saharien oriental et qui domine la cuvette de * Maitre de conférences. Institut d’Archéologie, Université Alger 2 (mrabehi@yahoo.com). ** Respectivement : Institut d’Archéologie, Alger 2 ; Université Ferhat Abbas, Sétif 2 ; Samir Belkacemi: Oice de Gestion et d'Exploitation des Biens culturels Protégés (OGEBC). Nous tenons à remercier l’Institut d’archéologie d’Alger, les autorités locales notamment le wali de Djelfa, l’APC de Amoura, la direction de la Culture de la wilaya de Djelfa ainsi que la population locale de Amoura. 147 Ikosim Messad comme un immense et inaccessible château-fort (Fig. 1). Ses coordonnées géographiques sont les suivantes : longitude 3°52'9", latitude 34°21'16". Contexte géologique et caractéristiques naturelles La région de Amoura présente un intérêt géologique majeur en raison de la présence au milieu même du village d'empreintes de pas de dinosaures. Du point de vue historique, c'est l’un des plus anciens sites à empreintes de dinosaures connus dans le monde. Outre la présence de ces ichnites de dinosaures, le site de Amoura présente également une excellente coupe du Crétacé dont les couches vont du Barrémien au Turonien (Laghouag et al., 2011). Cette coupe comporte parfois des cavités karstiques dues sans doute à un phénomène d’érosion hydrochimique et hydraulique ainsi qu’un réseau hydrographique essentiellement souterrain (Fig. 2). L'une d'elles à remplissage quaternaire a retenu notre attention et a fait l’objet d’un sondage puis d’une fouille archéologique. En plus de l’aspect géologique particulier, Amoura est un joyau naturel avec un grand potentiel touristique. Surplombant l’immense plaine qui sépare Djebel Boukahil de Djebel Es-Senn, l’ancien village de Amoura est traversé par l’oued Amoura qui alimentait à la fois les habitants en eau potable tandis que l’agriculture artisanale est à l’origine des jardins luxuriants qui ont fait la renommée du village. La situation géographique plus que favorable ainsi que l’abondance des ressources naturelles font de Amoura une région attractive qui explique l’occupation humaine depuis la Préhistoire. Fig. 1 - Position géographique de Amoura et limites de la commune. (Extrait de la carte topographique, feuille Djelfa NI-31-XVI, 1/200.000). 148 M. Rabhi, K. Aberkane, H. Bellahreche, S. Belkacemi - Recherches préhistoriques dans la région de Amoura Historique des recherches Cette région reste archéologiquement méconnue à l’exception de quelques notes sur une station à gravures rupestres découverte par De Villaret en 1965 (Lhote, 1984 : 201), et qui représentent deux éléphants gravés attribués à la période naturaliste de style Tazina (Hachid, 1983 : 145). Cette donnée fut relayée par certains auteurs dans leur rétrospective sur l’art rupestre atlasique et son contexte, sans pour autant signaler la présence de sites archéologiques témoiFig. 2 - Coupe igurative du Djebel Boukahil gnant d’une occupation humaine pré(Le Mesle & Peron, 1880). historique dans cette région (Roubet & Amara, 2015). Lhote a noté du silex taillé dispersé en surface, non loin de la station abritant les deux gravures, sans aucune autre indication (Lhote, 1984, p. 202). Les cavités karstiques creusées dans les formations du Crétacé n’ont pas suscité la curiosité des chercheurs, aucune expertise n’a été tentée pour tester les niveaux quaternaires de remplissage des grottes et des abris. La région de Amoura reste donc vierge de toute recherche archéologique, les découvertes qui se feront dans le cadre de ce présent projet relèveront donc de l’inédit. Sélection des zones d’étude Pour répondre aux problématiques qui gravitent autour du peuplement humain préhistorique dans cette région de l’Atlas saharien oriental qui s’étend sur une supericie d’environ 800 km2, nous avons opté pour une méthodologie de recherche basée sur l’échantillonnage de zones d’étude représentatives de cette unité géographique, géomorphologique et géologique. Les critères de choix ont fait l’objet d’une rélexion approfondie basée sur une recherche bibliographique et une étude de la cartographie, photos aériennes et photos satellitaires. Pour la première phase du projet, trois zones à prospecter ont été sélectionnées qui répondent à des critères essentiellement géographiques. La zone 1 est d’une surface de 6,3 km2 ; c’est une dépression délimitée par deux lignes de crêtes qui s’étend nord-ouest/sud-est. La zone 2 est d’une supericie de 29 km2 ; elle englobe le village de Amoura et la zone sud constituée du bassin versant et de la plaine de Messad. La zone 3 n’a pas encore été prospectée à cause de restrictions sécuritaires, sa supericie est d’environ 26 km2 et se situe à l’est de Amoura (Planche III). RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES La prospection archéologique Nous avons abordé la prospection archéologique dans les zones sélectionnées avec des objectifs précis qui sont la localisation des sites archéologiques, leur description, l’exécution d’échantillonnages 149 Ikosim pour l’identiication culturelle et la prise de photos, et enin leur géo-référencement. La prospection permet donc de collecter les informations et de les structurer en banques de données archéologiques et géographiques. L’utilisation des Systèmes d’Information Géographique (SIG) ofre l’avantage de synthétiser, de rendre visibles et d’assembler de nombreuses données de manière rapide et dynamique, et de les représenter sur des supports cartographiques numériques de diférents types (cartes thématiques, cartes prédictives, modèles numériques de terrain...). La cartographie devient de fait un élément d’analyse indispensable, mais aussi une méthode eicace de catalogage. La prospection archéologique par échantillonnage de transects appliquée dans le cadre de cette étude a permis de localiser 18 sites archéologiques avec diférentes concentrations de matériel archéologique (Fig. 3 et 4). À partir des types de sites et des restes archéologiques (densité et cohérence), nous avons distingué parmi les zones prospectées : 1- Les sites archéologiques déinis en tant que tels à partir de la concentration et de la cohérence du matériel retrouvé ; 2- Les aires avec les vestiges archéologiques dispersés ; 3- Les aires sans vestige archéologique. Pour chaque site répertorié, quelle que soit son importance, nous avons relevé nombre d’informations sous forme de iche technique standardisée. Ces données sont les suivantes : - Numéro d’inventaire - Le positionnement GPS (X, Y et Z) - Conditions météo (pour la précision du GPS) - Accessibilité - Surface du site - Fonction actuelle du site - Statut juridique - Description du site (géologie, géomorphologie, pédologie) - Type de site (faciès culturel) - Description du contenu du site (types de vestiges étudiés) - Concentration des artefacts (grande, moyennement grande, difuse…) - Les risques (naturels, anthropiques) - N° photos. - Observations. Le matériel recueilli pour une étude a fait l'objet d'un diagnostic préliminaire ain de déinir la chronologie des sites. Le matériel céramique et lithique le plus signiicatif a été photographié. Une base de données sous plateforme Microsoft Access est en cours d’élaboration pour une gestion globale de l’information archéologique spatialisée. Les sites répertoriés par la prospection archéologique sont de diférente nature et importance. Leur appartenance chrono-culturelle ainsi que leur répartition spatiale sont les seuls critères d’interprétation dans cette phase préliminaire de l’étude. Faute d’une analyse géomorphologique de la région qui pourrait nous renseigner sur les formations supericielles, nous nous sommes basés sur nos constatations personnelles pour essayer de proposer une interprétation sur la répartition spatiale des sites découverts. Les deux zones prospectées sont de nature diférente du point de vue formations sédimentaires. La zone 1 est caractérisée par une topographie très accidentée avec des pentes abruptes 150 M. Rabhi, K. Aberkane, H. Bellahreche, S. Belkacemi - Recherches préhistoriques dans la région de Amoura Fig. 3 - Zones prospectées et sites découverts (Google Earth). Fig. 4 - Zones prospectées et sites découverts. Modèle Numérique d’élévation (ArcGis 9.3). 151 Ikosim creusées par des cours d’eau, ce qui favorise l’érosion, donc le transport des sédiments et par conséquent le charriage des vestiges archéologiques tout en expliquant le nombre réduit de sites découverts dans cette zone ou le caractère difus des vestiges découverts. Six sites à diférentes concentrations ont été répertoriés dont trois appartenant au Néolithique (lato senso), un site renfermant des éclats larges indiquant le mode 2 (Acheuléen) ; nous y avons découvert en 2010 plusieurs bifaces, certains érodés. La zone 2 prospectée, quant à elle, a révélé la présence de 12 concentrations de vestiges, dont 5 pourraient représenter des sites de surface. La plupart d’entre eux appartiennent au Néolithique ; certaines concentrations d’industrie lithique sont difuses et n’ofrent pas d’indices culturels. Trois sites sont attribuables sans aucun doute à l’industrie du mode 2. Le sondage archéologique Dans le cadre de cette étude, nous avons estimé nécessaire d’approfondir notre exploration en exécutant un sondage archéologique dans une cavité karstique à remplissage détritique se situant aux environs immédiats du village de Amoura. L’objectif majeur de ce sondage est dicté par le besoin d’élucider la nature du peuplement préhistorique, sachant que Amoura recèle des richesses environnementales et naturelles remarquables (sécurité, climat, eau, sol) qui ont fait d’elle un lieu propice pour un campement humain durable ou temporaire, notamment durant la période holocène qui parait être la plus représentée si l’on prend en compte les résultats de la Fig. 5 - Plan de la grotte d’Amoura. prospection. Positionnée sur une falaise d’environ 30 mètres de hauteur, cette cavité creusée dans du calcaire cénomanien et d’accès diicile, mesure 19 mètres de profondeur et une moyenne de 7 à 8 mètres de largeur ; elle s’oriente nord-ouest/sud-est (315°) (Planche II ; Fig. 1). Nous avons procédé à la réalisation d’un sondage dont l’emplacement a été dicté, non pas par un choix méthodologique, mais plutôt par des aléas pratiques (Fig. 5). Le sondage a consisté d’abord à décaper mécaniquement la couche supérieure constituée essentiellement de sédiments meubles très ins, de pierres, de restes récents d’animaux, ainsi que d'une quantité considérable d’excréments d’oiseaux. Le sondage a été réalisé sur deux carrés de 1 m2 chacun et d'une profondeur de 30 cm, soit un volume de sédiment retiré d’environ 0,6 m3 (2 x 1 x 0.3 m). Un intérêt particulier a été porté à la stratigraphie du remplissage ainsi qu'aux artefacts récupérés. Le décapage a été exécuté avec minutie en utilisant toutes les techniques de la fouille traditionnelle avec relevé stratigraphique et documentation des coordonnées cartésiennes (X, Y et Z) de chaque objet archéologique découvert. 152 M. Rabhi, K. Aberkane, H. Bellahreche, S. Belkacemi - Recherches préhistoriques dans la région de Amoura Stratigraphie partielle Un échantillonnage préliminaire a été exécuté sur les diférentes couches pour procéder à des analyses sédimentologiques. Plusieurs unités stratigraphiques ont été identiiées (Planche II ; Fig. 2) ; elles seront ainées ultérieurement : - Couche 0 : Couche supericielle encroûtée, sujette aux piétinements et à l’érosion. Elle mesure 6 cm d’épaisseur, de couleur marron clair, elle est composée de sable limoneux carbonaté, cailloux, de quelques pierres angulaires, ainsi que de restes osseux et végétaux récents ; cette couche est d’un moindre intérêt archéologique. - Couche 1 : Elle se compose de limon argileux avec quelques pierres angulaires et peu de restes de végétaux. Cette couche est de couleur jaunâtre à marron jaunâtre ; elle est moins compacte que la couche précédente et son épaisseur est de 9 cm. - Couche 2 : Couche de limon argileux-sableux, de couleur semblable à la couche 1, elle se compose aussi d’une poche cendreuse dense de couleur marron très foncé à noirâtre. Les pierres et les restes végétaux sont quasi absents ; elle est épaisse de 5 cm. - Couche 3 : De texture limono-argileuse semblable à la couche 2, mais avec une déviation de la couleur vers un jaune vif, elle contient aussi une poche cendreuse. Son épaisseur atteint 9 à 10 cm et semble continuer vers le bas. Les données archéologiques L’opération de sondage menée dans la grotte de Amoura a été concluante vu le nombre considérable d’artefacts récoltés dans un volume de sédiments n’excédant pas 0,6 m3 : plus de 1168 objets, dont 474 objets lithiques et 670 ossements dont la plupart sous forme de fragments d’os. quelques tests d’œufs d’autruche et des restes de carapaces de tortues ont été aussi récupérés, ainsi que de rares restes de coquilles d’escargots. Une analyse préliminaire a été faite sur l’ensemble du matériel récupéré, les tableaux qui suivent résument cette analyse : Type d’objet Industrie lithique Os Tessons de poterie Tests d'œuf d'autruche Restes d'escargot Total Carré H5 290 583 5 10 2 890 Carré H6 184 87 2 4 1 278 Total 474 670 7 14 3 1168 Fig. 6 – Nombre d’objets par type et par carré. Type d’industrie lithique Nucleus Produits de débitage Fragments Total Carré H5 4 243 43 290 Carré H6 25 73 86 184 Total 29 316 129 474 Fig. 7 - Nombre d'objets lithiques par type et par carré. 153 Ikosim DISCUSSION Sur la base des résultats préliminaires du sondage, nous pouvons d’ores et déjà airmer qu’il s’agit d’un niveau d’occupation s’étendant sur un intervalle de temps allant du Paléolithique supérieur au Néolithique pouvant même atteindre le post-Néolithique, couvrant donc le Pléistocène tardif et l'Holocène (Fig. 8). L’identiication culturelle du niveau archéologique sondé dans la grotte reste une des problématiques majeures de notre projet, compte tenu de la complexité des documents récupérés et en l’absence de datation absolue. On a noté la présence de poterie et de tests d’œuf d’autruche non décorés, ainsi que d’une industrie osseuse et de quelques restes d’escargots. quant à l’industrie lithique, elle se caractérise par un débitage orienté vers la production d’éclats et l’absence de lames et lamelles, en appliquant deux techniques principales : la percussion directe au percuteur dur et la percussion directe au percuteur tendre, sans avoir recours au débitage par pression. L’absence des microlithes géométriques ne fait que compliquer ce constat. L’analyse faunique, qui a le privilège de posséder des critères discriminants quant à une possible appartenance au Capsien typique ou au Néolithique (présence/absence de restes d'animaux domestiques), pourra nous renseigner sur le modèle de comportement et de peuplement ainsi que sur l’interaction de la biocénose. Il serait aussi intéressant de réaliser des études comparatives des séries lithiques issues de la grotte de Amoura avec celles appartenant aux deux faciès régionaux du Néolithique, à savoir le Néolithique de tradition capsienne (Roubet, 1968 ; 1979) et le Néolithique saharien (Aumassip, 1970 ; 2003), vu la position géographique du site qui se situe à la limite sud-ouest du ief des populations capsiennes « néolithisées » et à la frontière nord du Bas-Sahara connu pour son Néolithique saharien (Aumassip, 1986). La recherche sur l’attribution culturelle des documents préhistoriques de la grotte de Amoura pourra aussi s’orienter vers un des faciès locaux identiiés dans des sites d’Algérie orientale et du Sud-Ouest tunisien. CONCLUSION - Les travaux de prospection ont permis l’identiication de plusieurs sites préhistoriques dans la région de Amoura dont un site en grotte inédit, attestant d’une occupation humaine dès le Paléolithique inférieur. - Les sondages ouverts dans la cavité karstique ont livré un matériel archéologique abondant, laissant supposer une certaine fréquence d’occupation humaine. Les niveaux supérieurs ont une ainité néolithique et post-néolithique. Le projet de fouille est de ce fait opportun et pourrait répondre à certaines problématiques qu'il a préalablement posées. BIBLIOGRAPHIE Arnaud L., 1862 – « Exploration du djebel Bou Kahil », Revue Africaine, 6 (34), p. 253-271. Arnaud L., 1863a – « Exploration du djebel Bou Kahil (suite) », Revue Africaine, 7 (37-38), p. 42-66. Arnaud L., 1863b – « Exploration du djebel Bou Kahil et des ksar de l’annexe de Djelfa », Revue Africaine, 7 (40), p. 299-310. 154 M. Rabhi, K. Aberkane, H. Bellahreche, S. Belkacemi - Recherches préhistoriques dans la région de Amoura Fig. 8 - 1 : Paléolithique inférieur (Zone1) ; 2 : Paléolithique inférieur (Zone2) ; 3 : Echantillons d’artefacts mis au jour par le sondage : (a)-(b) Industrie lithique ; (c)-(d) Ossements ; (e) Tests d’œuf d’autruche, fragments de coquilles ; (f) Tessons de poterie, carapaces de tortue. 155 Ikosim Arnaud L., 1863c – « Exploration du djebel Bou Kahil et des ksar de l’annexe de Djelfa (suite et in) », Revue Africaine, 7 (41), p. 342-350. Aumassip G., 1970 – « Notes sur le néolithique saharien », Bulletin de l’Association sénégalaise des études quaternaires de l’Ouest Africain, 25, p. 17-21. Aumassip G., 1986 – Le Bas-Sahara dans la Préhistoire, CNRS, Paris. Aumassip G., 2003 – « Le site néolithique de Tin Hanakaten (Tassili Azjer, Sahara algérien) », Les Dossiers d’Archéologie, 282, p. 72-78. Aumassip G., 2004 – Préhistoire du Sahara et de ses abords, Maisonneuve & Larose, Paris. 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Le Mesle G., Peron P.A., 1880 – « Sur des empreintes de pas d'oiseaux observées par M. le Mesle dans le Sud de l'Algérie », Association Française pour l'Avancement des Sciences, Congrès de Reims, 1-6. Lhote H., 1984 – Les gravures rupestres de l’Atlas saharien. Monts des Ouled Naïl et région de Djelfa, Oice du Parc National du Tassili, Alger. Mammeri C., Belkebir L., Bessedik M., Mahboubi M., 2011 – « Nouvelles traces de pas de dinosaures dans le Crétacé supérieur d’Amoura (Atlas saharien oriental, Algérie) », Mémoires du Service Géologique National, 17, p. 85-99. Rabhi M., 2012 – Le peuplement humain protohistorique dans l’Atlas saharien : Cas de la région d’El Idrissia - Approche archéogéographique, thèse de doctorat, Institut d’archéologie, Université Alger 2 (en langue arabe). Rahmani N., 2003 – Le Capsien typique et le Capsien supérieur : évolution ou contemporanéité. Les données technologiques, 1187 (vol. 57). Roubet C., 1968 – Le gisement du Damous el Ahmar et sa place dans le Néolithique de tradition capsienne, Arts et métiers graphiques, Paris. Roubet C., 1979 – Économie pastorale préagricole en Algérie orientale : le Néolithique de tradition capsienne, exemple l’Aurès, CNRS, Paris. Roubet C., Amara I., 2015 – « From art to context : Holocene roots of an Initial Neolithic Pastoralism (INP) in the Atlas Ouled Naïl, Algeria », Quaternary International, XXX : 1-20. Safer M.A., Chabou M.C., Laghouag M.Y., 2011 – « Amoura (djebel Bou Kahil, Algérie) : un site d’intérêt patrimonial majeur », 7ème colloque international : magmatisme, métamorphisme et minéralisations associées (3MA), communication par poster. Taquet P., 2010 – « he dinosaurs of Maghreb : the history of their discovery », Historical Biology, 22 (1), p. 88-99. Vaufrey R., 1939 – L’art rupestre nord-africain, mémoires de l’ I.P.H, 20, Paris. Vaufrey R. 1955 – Préhistoire de l’Afrique : T.1, Le Maghreb, Publications de l’Institut des Hautes- Études de Tunis 4, Masson, Paris. 156 Ikosim PLANCHE I Fig. 1 - Cypho-scoliose congénitale par défaut de segmentation, diagnostiquée sur un squelette de femme provenant du cimetière protestant (XVIIème siècle) de Charenton/Saint-Maurice. Cette rare pathologie a engendré non seulement une asymétrie dimensionnelle des membres mais également une réduction de la taille, © D. Barrau (cf. article D. Hadjouis). Fig. 2 - Bassin remonté montrant la sacralisation unilatérale de L5 et l’asymétrie de celle-ci causée au rachis lombaire,diagnostiquée sur un squelette de femme provenant du niveau XIII-XIVème siècle de la nécropole de l’église Saint-Pierre à Chennevières-sur-Marne. On note par ailleurs une importante asymétrie des cotyles donnant lieu à une asymétrie dimensionnelle des membres inférieurs, origine de la sacralisation incomplète, © D. Hadjouis. Fig. 3 - L'unique avulsion mixte (supérieure et inférieure) qui a touché cet individu adulte d'Afalou Bou Rhummel (Af. 2, IPH, MNHN Paris) a provoqué des modiications au niveau architectural entre la mandibule sur cette igure et le calvarium. Ici c'est l'incisive inférieure latérale gauche qui a été arrachée bien avant les 10 ans de l'enfant. © D. Hadjouis. Fig. 4 - Crâne de la femme de Taza (- 16 000 ans) reconstitué pour les besoins d'une analyse du conduit vocal. Le rachis cervical est positionné en tenant compte de la luxation mandibulaire (d'après Louis-Jean Boé et D. Hadjouis). 107 Ikosim PLANCHE II Fig. 1 - Position de la grotte et du village de Amoura. Niveau à ichnites de dinosaures de Amoura. (cf. article M. Rabhi et al.). Fig. 2 - Coupe stratigraphique section transversale (H6) (cf. article M. Rabhi et al.). 108 Ikosim PLANCHE III Fig. 1 - Plaine à prospecter, zone 2 (cf. article M. Rabhi et al.). Fig. 2 - Plaine de Messad vue de la grotte, zone 2 (cf. article M. Rabhi et al.). 109 Ikosim PLANCHE IV Empreintes de pas dans la diatomite du paléolac de l’Azrag : a - 1. antilope ; 2. rhinocéros ; 3 & 4. Eléphant ; b - pas humains, 1 & 2. sous forme d’empreintes ; 3. sous forme de semelles (Ph. R. Le Floch ; B. Mafart ; R. Vernet). 110 Ikosim PLANCHE V Fig. 1 - Voie romaine dallée, Timgad, 2010 (Ph. A. Hadjilah). Fig. 2 - Localisation des sondages archéologiques de 2009, avec indications du tracé des paliers de terrassement (Souq et Stiti, 2010, p. 21, cf. article A. Hadjillah). Fig. 3 - La rue Bab Azoun – Bab el Oued au temps d’Icosium. Aspect de la voie et essai de restitution de son tracé sur la base d’un plan actuel de la Casbah (A. Hadjilah). 111 Ikosim PLANCHE VI Fig. 1 – Commode (cf. article R Hanoune). Fig. 3 - Tessons formés de débris de lampes, de sigillée ine et décorée de motifs géométriques (Ph. Iaïchouchen). 112 Fig. 2 - Julia Domna (cf. article R. Hanoune). Fig. 4 - Tessons de jarres avec décor imprimé en cercles (Ph. Iaïchouchen). Ikosim PLANCHE VII Fig. 1 - Vue d’Alger en couleur : Vue d’Alger, Bibliothèque Royale de Copenhague, 1725 environ (cf. article A. Ben Mansour). Fig. 2 - Fragments de frise épigraphique (AFVB) © Y. Montmessin, janvier 2012 (cf. article C. Aillet). 113 Ikosim PLANCHE VIII Fig. 1 - Centre Saint Réparatus, architecte Jean Bossu, carte postale antérieure à 1962, © Technique et architecture, n° 329, février-mars 1980, numéro spécial Algérie (cf. article S. du Chazaud). Fig. 2 - Détails claustras et vitraux, octobre 2014, © Soraya du Chazaud. 114