Anatolia Antiqua XXVII (2019), p. 183-229
Olivier HENRY* et
J. BLID, Chr. BOST, N. CARLESS-UNWIN, R. CHEVALLIER, G. ÇİMEN, A. EYİGÖR,
A. FREJMAN, E. GOUSSARD, V. LUNGU, A. SITZ, A. MUSAT-STREINU, B. VERGNAUD
LABRAUNDA 2018
1. INTRODUCTION1
La campagne 2018 des recherches à Labraunda
(Fig. 1.1) s’est déroulée du 11 au 29 juin, pour la
prospection, et du 15 juillet au 13 septembre pour
la fouille. Nous tenons à remercier très chaleureusement les deux représentants du ministère de la
culture et du tourisme turc, Murat Kaleağasıoğlu
pour la prospection et Musa Ötenen pour la fouille.
Leur efficacité et leur professionnalisme furent
exceptionnels.
2. ADMINISTRATION, FINANCES ET
ÉQUIPES
2.1. Projet de collaboration avec l’Université
Bilkent
Dans le rapport de la saison de fouille 2017,
nous exposions l’idée de la mise en place d’une
collaboration étroite entre la fouille de Labraunda et
l’Université Bilkent (Ankara). Cette collaboration a
été formalisée dans le courant du printemps 2018 et
a débouché sur la participation de cinq étudiants du
département d’archéologie de Bilkent. À cette occasion, nous avons mis en place un blog (en anglais) qui
a permis aux étudiants de partager leur expérience
de terrain, qu’il s’agisse de l’approche scientifique
de la fouille, du ressenti de la vie sur le terrain, de
l’étude du matériel, etc. : http://bilkentlabraundateam.
blogspot.com
Le succès de cette expérience a amené l’Université Bilkent à souhaiter s’associer plus étroitement
au projet de fouille par la signature, au printemps
2019, d’un accord de partenariat incluant notamment
une participation de l’université au financement de
la fouille.
2.2. Projet de voie de contournement du site de
Labraunda
Depuis de nombreuses années la route asphaltée
qui passe au pied du site de Labraunda est empruntée par un nombre croissant de camions (plusieurs
dizaines par jour) qui transportent le feldspath depuis les carrières qui entourent le site. Le passage
répété de ces camions lourdement chargés dégrade
la route, la rendant parfois impraticable aux voitures
de tourisme. Mais encore, les vibrations causées par
le passage des poids lourds fragilisent les fondations
de plusieurs bâtiments antiques localisés en bordure
de voie, tel que le bâtiment hypostyle.
Nous avons plaidé depuis des années auprès des
autorités locales pour l’aménagement d’une nouvelle
route, dont le tracé s’éloignerait du site de Labraunda.
Ces dernières années plusieurs options ont été étudiées et systématiquement rejetées par les autorités
*) O. Henry, PSL* (ENS-AOrOc UMR 8546), IFEA et Université Bilkent ; J. Blid, Austrian Academy of Sciences ; Chr. Bost, EPHE
– ENS AOrOc UMR8546 ; N. Carless-Unwin, Université de Warwick ; R. Chevallier, Conservatrice-restauratrice diplômée du Master de
Conservation-restauration des Biens Culturels de L’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; G. Cimen, Université d’Uppsala ; A. Eyigör,
Istanbul Restorasyon ve Konservasyon Merkez Laboratuvarı ; A. Frejman, Université d’Uppsala ; E. Goussard, PSL* (ENS-AOrOc
UMR 8546) ; V. Lungu, Institute of South-Eastern European Studies, Bucarest ; A. Sitz, Heidelberg University ; B. Vergnaud, IFEA.
1) La rédaction de ce rapport est le fruit d’un travail collectif, dans lequel chaque contributeur signe en début de chapitre le texte
qu’il a rédigé. Lorsqu’aucune mention n’est apportée, le texte a été rédigé par O. Henry.
184
OLIVIER HENRY et alii
Fig. 1.1 : Plan général du site de Labraunda (O. Henry).
locales (ou par la direction de la fouille, notamment
lorsqu’il s’agissait d’élargir la voie existante au détriment de la nécropole).
Après de très nombreuses négociations et réunions, avec le sous-préfet de Milas, la direction du
musée archéologique de Milas et la direction régionale des routes, il a été reconnu et accepté par les
autorités locales de créer une toute nouvelle route
qui permettrait d’éloigner le trafic du site archéologique. Le tracé de celle-ci, sur notre proposition,
s’éloigne du site de plusieurs centaines de mètres,
en passant notamment par le village d’Ikiz Türbe.
Cette option, qui semble en voie de validation par les
autorités locales, offre l’avantage de passer très loin
des vestiges connus liés au site archéologique, tout
en préservant la voie ‘ancienne’, ainsi sanctuarisée,
qui sera dédiée aux véhicules de tourisme souhaitant
se rendre à Labraunda.
2.3. Financements
Grâce à la générosité de nombreux soutiens, nous
avons pu réunir pour la saison 2018 un budget qui
nous a permis de réaliser l’ensemble des projets envisagés. Nous tenons à remercier très chaleureusement
les institutions suivantes : le Ministère français des
Affaires étrangères, l’entreprise ESAN, Dumbarton
Oaks, le British Institute at Ankara, l’entreprise
LABRAUNDA 2018
Labrys Advisory, l’Université Brown, le Swedish
Research Institute in Istanbul, l’Université Bilkent,
la Municipalité de Milas, le laboratoire AOrOc de
l’ENS Paris et l’Université d’Uppsala.
2.4. Projet de transfert du dépôt archéologique
Peu après le début des fouilles archéologiques à
Labraunda, et depuis la fin des années 1940, l’essentiel du matériel mis au jour sur le site de Labraunda
est stocké sur le site même, au sein des ‘maisons
terrasses’, bâtiment semi-enterré datant de la période
hékatomnide, particulièrement bien conservé.
Avec l’accélération des recherches à Labraunda,
ces dépôts sont aujourd’hui saturés, et ce malgré
une politique d’enfouissement des fragments céramiques étudiés, mise en place depuis 2015. En outre,
la présence du dépôt au sein du site, remployant
un bâtiment antique, est en complète contradiction avec la nouvelle politique des autorités locales
visant à mettre en valeur les sites archéologiques
et à ouvrir les vestiges au maximum de visiteurs
possibles. C’est pourquoi nous cherchions depuis
plusieurs années à apporter une solution alternative qui viserait à déplacer ce dépôt hors du site
archéologique.
Cette année, grâce au soutien de M. Bekir Kuvvet
Erim, député AKP de la circonscription de Aydın,
nous avons obtenu l’autorisation d’utiliser l’ancienne
école primaire du village de Kargıcak. Celle-ci est
installée sur un terrain de 700 m2 et offre des espaces
de stockage et de travail de plus de 200 m2. Nous prévoyons d’aménager ces locaux dès la saison 2019 et
d’y transférer à la fois nos collections archéologiques
ainsi que le laboratoire d’analyse et de restauration
du petit matériel.
2.5. Publications
Dix nouvelles publications signées par des
membres de l’équipe ont paru cette année :
1. Blid, J., “The Andron of Maussollos at Labraunda
and its architectural sculpture”, dans : Dahlén, A.
(éd.), Achaemenid Anatolia. BOREAS, Uppsala
Studies in Ancient Mediterranean and Near
Eastern Civilizations, Uppsala.
2. Blid, J., forthcoming. “Anta construction and
design in the Hekatomnid building programme”,
dans : Pedersen, P. and Poulsen, B. (éds.), Karia
and the Dodekanese : Cultural interrelations in
185
the south-eastern Aegean ca. 500 BC-AD 500,
Oxford.
3. Blid, J., forthcoming. “Architectural polychromy
at Hekatomnid Labraunda”, dans : M. Mulliez
(éd.), Restituer les couleurs. Le rôle de la restitution dans les recherches sur la polychromie
en sculpture, architecture et peinture murale,
Bordeaux.
4. Frejman, A., 2018 : “Some thoughts on ancient
maps, travel, and the location of Greek rural
sanctuaries”, Thiasos 7.2 : 101-110.
5. Hellström, P. et J. Blid, 2019 : The Andrones
[Labraunda 5], Stockholm.
6. Henry, O., 2018 : “Eléments de réflexion sur
l’identification du site de Labraunda en Carie”,
dans : Bulletin de la SFAC XLVIII, 2016-2017,
Rev. Arch. 2018/1 : 137-145.
7. Henry, O., 2017 : “Hekatomnus, Son of
Hyssaldomus: A Unicum in Persian History”,
dans : Iren, K., et al. (éds.), The Persians : Power
and Glory in Anatolia, Istanbul : 350-365.
8. Henry, O., 2017 : “Sanctuaire et pouvoir : nouvelles pistes de réflexion à partir des recherches
archéologiques récentes sur le site de Labraunda
en Carie (Turquie)”, CRAI : 545-579.
9. Henry, O. et Konuk, K. (éds.), 2019 : Karia
Arkhaia, 4e Rencontres de l’Archéologie de
l’IFEA, Istanbul.
10. Sitz, A., 2018 : “Inscribing Caria: The Perseverance of Epigraphic Traditions in Late Antiquity”,
dans : Stephen Mitchell and Philipp Pilhofer
(éds.), Early Christianity in Asia Minor, LeidenBoston : 202-225.
2.6. L’équipe de recherche
Les membres de l’équipe de la saison 2018 ont
été les suivants :
1. ARABACI Aylin, architecte
2. ARAS Eda Doğa, étudiante, Université Bilkent
3. ARDIL Cem, étudiant, Université des beaux-arts
Mimar Sinan
4. ARSLAN Anıl, archéologue, Université de Aydın
5. BİLEKLİ Bengisu, architecte
6. BLID Jesper, archéologue, Université de Vienne
7. BOST Christophe, doctorant, EPHE/ENS
8. ÇAKMAKLI Ömür Dünya, archéologue,
Université de Karabük
9. CARLESS-UNWIN Naomi, archéologue,
Université de Warwick
186
OLIVIER HENRY et alii
10. CHARLIER Fabrice, archéologue, INRAP
11. CHARREY Pierre, doctorant, EPHE
12. CHEVALLIER Raphaelle, restauratrice
13. ÇİMEN Görkem, archéologue, Université
d’Uppsala
14. DAĞBAŞI Ege, étudiant, Université Bilkent
15. DAĞLI İpek, doctorante, Université Koç
(Istanbul)
16. DULUN Umut, étudiant, Université Bilkent
17. DURAK Çağla, étudiante, Université Bilkent
18. EHLINGER Flora, étudiante, Université Paris
Sorbonne
19. ERDİL Barış, ingénieur civil
20. EYİGÖR Ayşe, archéologue et restauratrice,
Centre national de restauration d’Istanbul
21. FREBAULT Eloïse, étudiante, ENS Paris
22. FREJMAN Axel, doctorant, Université d’Uppsala
23. GEORGESCU Cristina, restauratrice, Institut
d’archéologie Vasile Pârvan à Bucarest
24. GODON Martin, archéologue, IFEA
25. GOUSSARD Elisabeth, doctorante, ENS
26. GÜNAL Merve, étudiante, Université Bilkent
27. GÜNER Gizem, étudiante, Université Bilkent
28. HENRY Olivier, directeur des fouilles, AOrOc
ENS/EPHE/PSL, IFEA, Bilkent
29. İNANÇ Talha, étudiant, Université d’Istanbul
30. KIRÖMEROĞLU İpek, étudiante, Université
Bilkent
31. KRANIG Friederike Theresia, étudiante, Université Louis-et-Maximilien de Munich
32. LAMESA Anais, archéologue
33. LERSTEN Augustus, archéologue
34. LUNGU Vasilicia, céramologue, Bucarest
35. MARCHAND-BEAULIEU Frédérique, archéologue, AOrOc ENS Paris
36. MUSAT-STREINU Alina, archéologue, Musée
nationale d’histoire de Roumanie à Bucarest
37. NEWMAN Sarah, archéologue, Université
Brown
38. OMACAN Sinan, architecte
39. ORUÇ Mehmet, archéologue, Université de
Dumlupınar
40. ÖZBAŞ Beril, étudiante, Université Bilkent
41. ÖZÇELİK Nefise, étudiante, Université Paris
Sorbonne
42. ÖZMEN Duygu, étudiante, Université Bilkent
43. POPESCU Mariana Cristina, archéologue, Musée
nationale d’histoire de Transylvanie
44. ROJAS Felipe, archéologue, Université Brown
45. SHAW Genevieve, archéologue
46. SITZ Anna, archéologue, Université de
Heidelberg
47. TEKSÖZ Didem, architecte
48. VERGNAUD Baptiste, archéologue
3. PROSPECTION (O. Henry et Chr. Bost)
La campagne de prospection 2018 s’est inscrite
dans la continuité des travaux qui avaient été menés
en 2017. À cet égard, nous avons divisé les trois
semaines de recherche de terrain entre les quadrants
Ouest et Est.
Le premier avait été l’objet exclusif de notre activité en 2017 et il ne restait que quelques zones sur
lesquelles nous n’avions pas pu intervenir. L’essentiel
de ces zones a été vu dans le courant de 2018.
L’importance des vestiges des peintures rupestres de
Sarıkaya, et la découverte de nouveaux éléments dans
cette zone, a fait que nous n’avons pas pu boucler
ce dossier. Il sera nécessaire d’y revenir en 2019. La
prospection du quadrant Ouest de 2018 a, en outre,
permis de révéler 4 nouveaux sites archéologiques,
répartis entre les sommets au nord (Turgut Tepe, à
près de 1000 m d’altitude) et les fonds de vallées au
sud et à l’ouest (comme à Sarıca, à une centaine de
mètres d’altitude). Nous ne sommes cependant pas
tout à fait certains d’avoir épuisé la zone, puisqu’à
de nombreuses reprises l’un de nos guides locaux
nous a fait faux bond. Il est donc probable qu’une
dernière mission soit nécessaire à l’achèvement de
la prospection sur cette zone.
La seconde partie de la mission fut consacrée
au quadrant Est. Il s’agit d’une zone très étendue et
particulièrement riche. Les deux semaines passées
là ont révélé l’existence d’une dizaine d’importantes
concentrations de ruines (regroupant plus d’une
soixantaine de vestiges enregistrés). Pour l’instant
nous nous sommes principalement cantonnés à l’enregistrement et à la documentation des vestiges dont
l’existence était déjà connue de l’équipe de fouille de
Labraunda ainsi que des ouvriers locaux. Ici encore,
la richesse de ce territoire est impressionnante, avec
la présence notamment de trois importantes communautés anciennes, et une chronologie étendue entre
le tout début de la période hellénistique et le milieu
de l’époque byzantine. Le travail ici est loin (voir
très loin) d’être achevé, et il faudra bien plus qu’une
mission supplémentaire pour parvenir à couvrir
l’ensemble de la zone.
187
LABRAUNDA 2018
Cette année, comme l’année précédente, nous
avons choisi de privilégier la composition d’une
équipe restreinte, tout en augmentant notre capacité
de documentation, notamment grâce à l’utilisation quasi-systématique de la couverture aérienne
par drone. Cette méthodologie offre une souplesse
et une mobilité qui sont absolument nécessaires à
la réalisation de notre objectif.
3.1. Quadrant Ouest
Cette année, et avant de commencer la prospection à proprement parler, nous sommes revenus sur
plusieurs sites découverts et documentés en 2017,
afin d’en effectuer une couverture photographique
aérienne. Les sites concernés sont : la zone de peintures rupestres de Sarıkaya (SAR_01) ; le complexe
tardo-antique au nord de cette dernière (SAR_05) ; le
piton rocheux fortifié d’Asarlık tepe, un peu plus au
nord (SAR_19) ; le complexe fortifié d’Ikiztaş autour
des deux pitons rocheux2. Ce dernier survol n’a malheureusement pas été concluant. Les caractéristiques
de la formation rocheuse ainsi que l’étendue du site
ont provoqué de nombreuses difficultés de transmission entre l’opérateur et le drone (dont l’altitude de
vol ne pouvait réglementairement pas dépasser 120
m), et nous avons préféré abandonner ce projet.
Outre le site de Sarıkaya, sur lequel nous avons
passé une dizaine de jours, la prospection a permis
de découvrir 4 nouveaux sites archéologiques.
3.1.1. Çardaklı
Le site de Çardaklı Yaylası est situé au nord de
la zone de prospection, sur la pente sud du Oynalan
Tepesi qui culmine à 1081 m. Le territoire de la zone
prospectée, verte et fertile, aujourd’hui couverte
d’une végétation luxuriante de sapins, châtaigniers,
chênes, fougères, vignes et peupliers était autrefois
organisé en de nombreuses terrasses et le paysage
est encore marqué par d’innombrables vestiges de
murets de soutènement.
Dispersés parmi ces derniers, sur un vaste espace
(près de 600 m d’est en ouest et répartis entre 800
et 900 m d’altitude), on relève plusieurs aménagements ou vestiges d’aménagements liés à de l’habitat
comme à une production agricole.
2) Sur ces sites, voir notre rapport Henry et al. 2018.
Fig. 3.1.1 : Vue générale de la tombe
monumentale à Oyukça (O. Henry).
3.1.2. Girmederesi
Ce petit site est localisé le long de la route qui
mène à Sarıkaya, au sud du village, sur le flanc sud
du Çınalıburnu Tepesi. Il est situé au-dessus d’une
petite vallée où coule la rivière Girmederesi. On y
met au jour une tombe à chambre rupestre et, non
loin, une fontaine aménagée.
3.1.3. Oyukça
Ce site est localisé à l’extrémité orientale de notre
zone de prospection. Il se situe à 1 km au sud-ouest
du village d’Ikiztaş. On y a repéré plusieurs tombes.
L’une d’elles a fait l’objet d’un aménagement complexe (Fig. 3.1.1)
3.1.4. Sarıca Yer
Le site est localisé en fond de vallée, le long de la
rivière de Değirmen Deresi, 1,5 km au sud du village
de Çomakdağ. Les pentes de la vallée sont très fertiles
et, à perte de vue, couvertes d’oliviers. Au creux de
la vallée, bordant le chemin moderne, on trouve une
tombe à chambre rupestre taillée à même le flanc
de la colline. Elle se situe immédiatement sous une
maison abandonnée placée sur un replat naturel du
terrain qui surplombe le chemin.
188
OLIVIER HENRY et alii
3.1.5. Sarıkaya – peintures rupestres (A. Eyigör)
Au cours de la mission 2017, nos travaux avaient
permis de mettre au jour une belle collection de peintures rupestres datées de la période chalcolithique.
La documentation de ces dernières s’est poursuivie
cette année. Cependant, les mauvaises conditions
météorologiques ne nous ont pas permis d’achever
ce travail qui s’est déroulé du 10 au 20 juin 2018.
Ces travaux de documentation consistent à procéder à une couverture photos, à en faire des copies
à l’échelle 1, à établir des schémas et croquis d’implantation. Cette année, nous avons aussi utilisé
l’imagerie aérienne, grâce à un drone embarqué.
Nous avons aussi procédé à une prospection systématique au sol, afin d’essayer de découvrir des vestiges
céramiques permettant d’affiner la chronologie des
peintures. La récolte fut maigre et seule une petite
partie du matériel récolté semble appartenir à la période chalcolithique.
Les travaux de cette année ont également permis
de découvrir de nouvelles peintures, en plus des 17
ensembles mis au jour en 2017.
3.2. Quadrant Est
Le quadrant Est de notre prospection représente
une vaste superficie, probablement la plus grande
des quatre zones concernées par cette recherche
(Fig. 3.2.1). Au centre se situe le village d’Ortaköy
(situé à 2 km à l’est, à vol d’oiseau depuis Labraunda)
qui donne son nom au secteur, et dont dépendent l’ensemble des autres localités alentour (Çallı, Çamlıyurt,
Beypınarı, Akkovanlık, Hacıimamlar, Yeniköy,
Tığlılar, Kalekovuğu et Gökharman). La zone avait
fait l’objet d’une première prospection ‘sauvage’
de la part de l’archéologue suédois Paavo Roos,
prospection qui avait donné lieu à deux modestes
publications. La première décrit très rapidement la
zone d’Ortaköy et quelques vestiges (tombes, reliefs,
niches) ainsi que les sites des deux Asar Tepe (sous
d’autres dénominations), de Iskele et de Pazaryeri
(Roos 1980). La seconde publication révèle la présence d’inscription pétroglyphes gravées en plusieurs
endroits du plateau (Roos 1983). Dans un cas comme
dans l’autre nous reviendrons plus bas et avec d’avantage de détails sur les sites mentionnés par P. Roos.
Le quadrant s’étend sur plus de 10 km du nord
au sud et d’est en ouest. L’essentiel de la zone est
formé par un grand plateau fertile situé entre 450 et
500 m d’altitude, bordé au nord, à l’ouest et à l’est
par des reliefs marqués.
Le réseau hydrographique y est dense, même si
la plupart des cours d’eau ne sont que saisonniers.
Ces derniers alimentent aujourd’hui un large barrage
(Geyik barajı) situé dans la partie sud-est de notre
zone.
Au nord-ouest, le plateau communiquait par
une large vallée avec les sites antiques de Alinda et
Alabanda avant de rejoindre la vallée du Çine Çay
(ancien Marsyas).
Il semble que, par le passé, la culture de la vigne
ait été relativement bien développée dans ce secteur.
En témoignent quelques toponymes composés à
partir de la racine ‘bağ’ (la vigne) comme Kafabağ
au sud de Akkovanlık. Aujourd’hui, les basses terres
du plateau sont occupées par des cultures intensives
(fourrages, maïs) qui ont remplacé celle du tabac,
développée précédemment au cours du 20e s., tandis
que les premiers reliefs, très secs, contrairement au
quadrant Ouest, ne sont pas ou très peu exploités. La
culture de l’olive, notamment, y est très peu représentée aujourd’hui (seuls les contreforts des reliefs à
l’est portent encore des oliveraies). Ces reliefs sont,
par contre, le lieu d’une intense activité minière dédiée à l’extraction du feldspath. Nous avons recensé,
lors de la prospection, une quinzaine de carrières à
ciel ouvert, de tailles très variables. Certaines, abandonnées, se transforment en lac artificiel, tandis que
les autres s’étendent chaque jour un peu plus. Cette
situation ne fait que souligner l’urgence qu’il y a à
mener une prospection la plus détaillée possible dans
cette région.
3.2.1. Asar Tepe Nord (Asar 2018)
Il existe, dans la zone, deux lieux-dits Asar Tepe
(littéralement ‘la colline au château’). Le premier,
au nord, a été renommé, par commodité Asar2018,
permettant ainsi de faire la distinction avec le Asar
Tepe de l’ouest (voir plus bas).
Le Asar2018 est un important piton rocheux
qui culmine à 834 m et domine l’intégralité du pays
d’Ortaköy. L’endroit est particulièrement difficile
d’accès et, si le piton lui-même est relativement
dénudé, ses abords sont couverts d’une végétation
dense. Il a été mentionné par P. Roos (1980, 19),
sous le nom de Kayıcı Asar, comme une fortification byzantine, comprenant une citerne taillée dans
le rocher.
LABRAUNDA 2018
189
Fig. 3.2.1 : Carte générale des découvertes dans le quadrant Est (O. Henry).
À la suite de notre prospection, on retiendra que
l’essentiel des vestiges du site consiste en une double
fortification qui ceint les parties basses et hautes du
sommet rocheux. Les techniques de construction
du mur sont très variables, particulièrement dans
l’enceinte basse, et semblent appartenir à différentes
phases d’occupation du site (Fig. 3.2.2).
3.2.2. Asar Tepe Ouest (Asar)
Le second Asar Tepe se situe au nord-ouest de
la zone prospectée cette année, dans le quadrant
Ouest. Il est localisé à un peu plus de 2 km à l’ouest
du village de Kalekovuğu et à 2,5 km au nord-ouest
de Akkovanlık. Il s’agit probablement du site de Bel
Asar mentionné par P. Roos, et pour lequel il signale
des vestiges « insignifiants dont quelques tombes
rupestres à couvercle » (1980, 19).
190
OLIVIER HENRY et alii
Fig. 3.2.2 :
Vue aérienne
du site d’Asar
Tepe (Nord)
(O. Henry).
Le site, qui culmine à 667 m d’altitude, est visible
de nombreux points depuis le plateau d’Ortaköy et il
existe un lien visuel direct entre les deux Asar Tepe
(celui-ci et le précédent). Il est formé d’une haute
colline au sommet aplati, dominé en son centre par
des formations rocheuses de gneiss, typiques de la
région, composées de très larges blocs fortement érodés et aux formes arrondies. Les vestiges sont répartis
autour du sommet sur une superficie d’un peu plus
de 4 ha. Il est possible de les classer en quatre types :
traces d’extraction du rocher, vestiges de construction
(habitat ou autre), tombes et aménagements liés à des
productions (huile et vin) (Fig. 3.2.3).
3.2.3. Beypınarı
Le village de Beypınarı se situe au centre de notre
espace de prospection. À proximité serpente la rivière
du Sarı Çay (‘la rivière jaune’), la plus importante de
ce secteur, mais qui reste un cours d’eau non pérenne
et à sec pendant les périodes chaudes de l’année. Elle
est alimentée par les nombreux torrents des reliefs
Fig. 3.2.3 : Vue d’une série de pressoirs
à Asar Tepe (Ouest) (Chr. Bost).
situés au nord et s’écoule vers le sud pour alimenter
le Geyik Barajı3.
Le groupe de vestiges à Beypınarı occupe les
premiers contreforts des collines qui bordent la rive
gauche du Sarı Çay. L’essentiel des vestiges s’étale
le long d’une ligne nord-est/sud-ouest, sur près de
3) De part et d’autre de cette rivière, au nord du village, on découvre deux ensembles de vestiges couvrant, chacun, une superficie
relativement importante. Il n’est pas impossible que ces deux groupes aient appartenu à une même entité dans l’antiquité. Cependant,
pour des raisons pratiques et de prudence historique, nous avons préféré les scinder en deux secteurs : celui de Beypınarı et celui de
Pazar yeri / Gölbaşı.
191
LABRAUNDA 2018
1400 m, à une altitude comprise entre 490 et 510 m.
Plus à l’est (entre 350 et 500 m), on note la présence
d’autres vestiges, relativement isolés et localisés
légèrement plus haut (entre 500 et 550 m), dans
la pente douce du terrain. On y relève la présence
d’inscriptions pétroglyphes, d’abris-sous-roche, de
tombes rupestres, d’aménagements de production et
d’autres aménagements rupestres (niches, mortaises,
traces d’extraction, etc.).
Si le caractère antique des vestiges n’est pas mis
en doute (sauf peut-être pour l’abri-sous-roche), le lot
réduit de céramiques récoltées (principalement des
tuiles à rebord) n’apporte guère d’information plus
précise. Les inscriptions, et la forme de leurs lettres,
ne nous apprennent que peu de choses, tant elles
pourraient avoir été gravées aux périodes classique,
hellénistique comme romaine. Les tombes repérées
sont relativement mal conservées et/ou remblayées à
tel point que leurs caractéristiques sont difficilement
analysables. Un des sarcophages rupestres, avec
son ressaut périmétral situé très haut sur les parois,
ainsi que sa section tronconique, semble indiquer
une période relativement ‘tardive’, probablement
romaine, mais elle n’augure en rien de la date des
autres vestiges de la zone. L’abri-sous-roche pourrait être à la fois très ancien ou très récent, voire les
deux avec une réutilisation sur le long terme. Enfin,
les traces de taille dans le rocher, qu’il s’agisse du
débitage ou encore des niches et mortaises, sont
impossibles à dater.
3.2.4. Gökharman
Le site de Gökharman est le plus oriental de
la zone. Situé à une altitude de plus de 800 m, il
domine largement la zone d’Ortaköy. Le site est
formé par un promontoire rocheux en bout de crête
qui commande vers le sud-ouest une petite vallée
très verte et profonde au creux de laquelle coule un
ruisseau d’eau claire. Çà et là on note la présence
de nombreuses terrasses aménagées avec des blocs
hétéroclites dans la pente. On remarque également
la présence de très nombreux fragments de tuiles à
rebord. La face sud-ouest du promontoire rocheux
présente de nombreuses aspérités. L’une d’entre elles
a clairement servi d’abri-sous-roche et porte encore
une belle représentation byzantine peinte en blanc
sur fond noir offrant une série de croix et portant
une inscription : προσευχὴ το(υ) Ἀπο...., « Prière de
Apo.... ». La date de cette inscription est difficile à
Fig. 3.2.4 : L’inscription byzantine
de Gökharman (O. Henry).
déterminer. L’utilisation de lettres en minuscule et
la forme lunaire du e semblent indiquer une période
plutôt tardive, probablement après le 9e s. ap. J.-C.
(Fig. 3.2.4).
Au creux de la vallée, sous le promontoire
rocheux, on note plusieurs ruines formées de murs
hétéroclites ainsi que des habitats (anciens?) réutilisant les formes de rochers naturels.
3.2.5. Iskele
Le site de Iskele se situe à l’extrémité nord-ouest
de notre zone de prospection. Il est installé sur la
pente nord (à une altitude de 460 m), de l’autre côté
du massif qui ferme l’extrémité nord de la vallée
d’Ortaköy. Les vestiges s’organisent autour d’un
promontoire rocheux, installé sur une ligne de crête
descendant vers le nord. Il commande ainsi les deux
vallées, situées de part et d’autre de la ligne de crête
orientée sud/nord.
Nous n’avons passé que très peu de temps sur
ce site et la documentation s’est limitée à de rapides observations et quelques photographies. Nous
prévoyons de revenir compléter l’enquête, dans le
courant de la mission 2019.
Trois éléments ont retenu notre attention cette
année : une tombe double et un bassin, une inscription gravée sur la face préparée d’un rocher naturel
(mentionnée par Roos 1983), et un petit habitat,
probablement fortifié.
192
OLIVIER HENRY et alii
Fig. 3.2.5 :
Vue aérienne
d’un groupe de
tombes rupestres
à Gölbaşı
(O. Henry).
3.2.6. Osman Taşı
Le lieu-dit Osman Taşı se situe le long de la route
principale qui passe à l’est du village de Ortaköy
et se dirige vers le nord et le village de Karpuzlu
(ancienne Alinda). Les vestiges repérés ici sont
localisés à environ 2.250 m au nord d’Ortaköy. Ils
sont proches d’un cours d’eau faiblement alimenté.
On y distingue 2 groupes de vestiges séparés d’une
trentaine de mètres. Le premier, le plus proche de
la route consiste en un amas de blocs d’architecture
(colonnes, blocs équarris, etc.), probablement lié à
un bâti, tandis que le second réuni plusieurs éléments
appartenant à un aménagement de presse.
3.2.7. Pazar Yeri / Gölbaşı
Le site de Pazar yeri / Gölbaşı est particulièrement
étendu. Il se compose de trois principaux groupes de
vestiges. L’un, à l’ouest, occupe une légère hauteur
du plateau. Il est situé au lieu-dit Pazar yeri (le lieu
du marché), à une altitude de 500 m au pied des
contreforts sud du massif qui borde le plateau. Il
semble être le centre de l’occupation antique avec
de très nombreux restes d’éléments de constructions
monumentales, formés principalement d’imposants
blocs de gneiss finement équarris, souvent in situ,
autour desquels on note la présence d’aménagements
annexes (tombe, aménagement rupestre) et/ou tardifs
(aménagement de production). Le second groupe de
vestiges se trouve à un peu plus de 700 m à l’est,
au lieu-dit Gölbaşı, le long de la route moderne qui
rejoint le village de Beypınarı à celui de Akkovanlık.
On y remarque un groupe de tombes, du type sarcophage rupestre, particulièrement ostentatoires (Fig.
3.2.5). Entre ces deux groupes on note la présence de
très nombreux vestiges de blocs d’architecture qui ont
été soit remployés dans une construction moderne,
soit amassés en un large pierrier par les cultivateurs
cherchant à dégager leurs champs.
3.2.8. Yeniköy
Vers la fin de la saison nous avons découvert,
au-dessus du village de Yeniköy, localisé dans la
partie orientale de notre prospection, un important
site antique. Ce dernier pourrait être l’un des plus
riches de la zone. En effet, une première évaluation
a permis de repérer plusieurs dizaines de sarcophages
rupestres (Fig. 3.2.6) ainsi que de très nombreux
aménagements de production. Par manque de temps
nous n’avons pas pu effectuer une documentation
de ces vestiges, sur lesquels nous comptons revenir
l’année prochaine.
LABRAUNDA 2018
Fig. 3.2.6 : Exemple d’un double sarcophage
rupestre à Yeniköy (O. Henry).
3.3. Conclusion
Avec la découverte de plus d’une douzaine de
sites différents, la saison 2018 s’est avérée tout aussi
riche que celle menée en 2017. L’importance des
vestiges repérés cette année est cependant bien plus
exceptionnelle, particulièrement dans le quadrant Est.
Pour l’ouest on est surpris de remarquer la faible
concentration (voire parfois l’absence) de ruines dans
les parties les plus basses, proches de Bahçeburun par
exemple où une nécropole de l’époque géométrique
a pourtant été découverte il y a quelques décennies
(Özgünel 1979, passim ; Evren 2000, 30 ; Bulba
2005). On n’ignore pas en effet, les phénomènes d’aller/retour de l’implantation des communautés au fil
des siècles entre les hauteurs facilement défendables
et les fonds de vallées propices au développement
de l’activité économique. Deux explications sont
possibles ici. La première, la plus simple, serait
d’accepter qu’il n’y a aucun vestige dans ces secteurs.
La seconde serait de reconnaître que nous n’avons
pas réussi à voir lesdits vestiges. Pour cette seconde
explication, celle que nous privilégions, deux facteurs sont à prendre en compte : d’abord la présence
d’un fort alluvionnement au pied des reliefs de la
zone, alluvionnement qui a très bien pu recouvrir
tout ou partie des traces d’une occupation ancienne.
Cet alluvionnement est d’ailleurs à l’origine d’une
activité agricole intense menée sur ces terres fertiles.
Cette activité a deux conséquences : l’utilisation
de machines agricoles pour ‘nettoyer’ un terrain de
ses blocs errants, et le mutisme des habitants quant
193
à l’existence de vestiges sur leur propriété dont la
présence pourrait mener au classement des terres et
donc handicaper leur activité (la découverte en 2017
des peintures rupestres de Sarıkaya a débouché sur le
classement de plus de 80.000 m2 d’oliveraies). Une
saison supplémentaire passée sur ce quadrant Ouest
serait donc nécessaire pour nous assurer que nous ne
sommes passés à côté de rien.
Comme nous l’annoncions en préambule de ce
rapport, les recherches menées sur le quadrant Ouest
ont été particulièrement fructueuses. Nous sommes
encore loin d’avoir épuisé cette mine d’informations
que représente la zone d’Ortaköy. Il faudra d’avantage qu’une saison supplémentaire pour arriver à
avoir l’impression de bien connaître ce secteur.
Avec plus d’une douzaine de sites, dont notamment
l’existence de trois importantes communautés qui
encadrent le plateau au nord (Asar2018), à l’ouest
(Asar Tepe) et à l’est (Yeniköy), la géographie antique présente une structuration bien plus élaborée
que dans le quadrant Est. Ceci est probablement dû
aussi à une topographie moins marquée, ainsi qu’à
la configuration de la zone, un bassin cerné de part
et d’autre par des reliefs qui forment une protection
naturelle. Il pourra également s’avérer utile de revenir
sur certains sites, comme celui de Pazar Yeri, dont
l’identification et le caractère vernaculaire posent
encore problème.
Notons enfin que l’utilisation du drone cette
saison s’est avérée décisive dans le déroulement de
nos recherches. Cet outil, associé à un programme
de photogrammétrie (Agisoft), nous a permis non
seulement d’établir les cartes et plans des vestiges
en moins de 24h, mais aussi de découvrir des ruines
invisibles depuis le sol. Nous comptons donc systématiser l’utilisation de cet outil.
4. RESTAURATION/PROTECTION
4.1. Restauration du métal (R. Chevallier)
4.1.1. Objectifs de la saison 2018
Les objectifs de cette première année étaient
l’organisation de l’unité de traitement au sein du
local à disposition sur le site et la mise en place du
protocole de prise en charge des objets. Il s’agissait, à
partir de la stratégie d’étude typologique du mobilier
métallique choisie, de hiérarchiser les objectifs de la
194
OLIVIER HENRY et alii
conservation-restauration afin de définir et prioriser
les traitements à mener.
Une première stratégie de conservation-restauration a pu être dessinée grâce aux données transmises
en amont du projet. Les premiers chiffres associés
à l’état de conservation de la collection prise dans
sa globalité montraient un pourcentage élevé de
pièces en instabilité physico-chimique (« corrosion
active ») : le premier rapport de 2017 indiquait 76%
d’objets en corrosion active sur la totalité étudiée et
23% dans un stade avancé d’altération (label « prioritaire » dans l’inventaire Métal4). Ainsi, très tôt, la
réalisation de traitements curatifs sur les pièces en
souffrance s’est présentée comme une des priorités de
la mission. L’exécution de certains de ces traitements
étant impossible sur le site, une stratégie faite de compromis méthodologiques, mais permettant d’assurer
la conservation à long terme des artefacts in situ, a
été pensée dès la préparation du projet en France.
Les choix de produits et matériels de restauration
ainsi que les premiers protocoles de traitements ont
également été adaptés.
Sur place, la stratégie de conservation-restauration devait également être précisée en fonction des
besoins concrets de l’étude du mobilier (la nécessité
d’un nettoyage pour faciliter la lecture d’un objet
notamment). Aux objectifs conservatoires déterminés préalablement s’ajoutaient donc des objectifs
scientifiques immédiats. L’enjeu était ainsi de faire
coexister deux priorités à l’échelle de la collection :
révéler et documenter les informations morphologiques discrètes sur un échantillon choisi du mobilier,
tout en assurant la pérennité des données matérielles
potentiellement disponibles sur l’ensemble des objets
métalliques du site.
4.1.2. Installation et organisation du laboratoire
Préparation du matériel
La conception du laboratoire a été amorcée en
France par la remise en service de l’outil de travail
principal, la microsableuse de précision (outil destiné
à éliminer les produits de corrosion situés au-dessus de la limite de la surface d’origine des objets
métalliques). Un ancien modèle de haute qualité
a été donné à la mission et a pu être remis en état
par une entreprise spécialisée. Les premiers tests
4) Voir le rapport 2017 de E. Goussard dans Henry et al. 2018.
de fonctionnement ont été effectués dans l’atelier
parisien.
La seconde étape a consisté en la fabrication
d’une cabine de microsablage. Elle a été conçue
« prête à monter » afin d’être facilement transportable en Turquie et définitivement assemblée dans le
laboratoire sur le site.
Les produits indispensables aux traitements de
conservation-restauration (résines, solvants, solutions
de stabilisation, petits outils et consommables) ont été
soit rapportés de France soit trouvés sur place lorsqu’ils ne pouvaient traverser les frontières par avion.
Installation in situ
L’installation du laboratoire sur le site a occupé
la première semaine de la mission. L’espace réservé
au traitement du mobilier métallique a été aménagé afin de favoriser la cohabitation d’espaces de
bureau et d’espaces d’atelier : des zones de travail
spécifiques ont été définies, une protection contre les
poussières créées par le microsablage a été mise en
place (Fig. 4.1.1).
La cabine de microsablage a été montée et positionnée sur la table à disposition. L’unité de microsablage était ainsi composée de quatre éléments
principaux : le compresseur d’air sec, la microsableuse, la cabine de travail et l’aspirateur à particules (Fig. 4.1.1). Le poste de travail principal a
été optimisé afin de permettre le travail simultané
de trois personnes dans l’espace dédié au nettoyage
des pièces.
Organisation du laboratoire
Trois zones ont été définies pour la réalisation
des traitements, chacune correspondant à un temps
méthodologique particulier dans la prise en charge
de l’objet métallique. L’espace dédié au nettoyage
des pièces, bruyant et producteur de poussières,
a été isolé de l’espace réservé aux travaux de stabilisation, protection et retouche, qui nécessitent
propreté et luminosité. Un troisième espace, partagé
avec la spécialiste du mobilier métallique, était dédié
aux mesures, prises de vues et documentation sur
ordinateur.
Au sein des espaces « propres », des zones spécifiques ont été attribuées aux objets en attente de
LABRAUNDA 2018
195
Fig. 4.1.1 :
Vues du laboratoire :
aperçu de l’unité
de microsablage et
des postes dédiés
aux opérations de
nettoyage et de
protection des objets
(R. Chevallier).
traitement, en cours de traitement et aux traitements
achevés.
Cette organisation a permis d’optimiser le cheminement de chaque objet pris en charge pour restauration : les opérations de nettoyage achevées, les pièces
ne revenaient plus dans l’espace de microsablage et la
chaîne de traitement se poursuivait dans les espaces
dédiés jusqu’au retour des objets au dépôt.
4.1.3. Protocole global de traitement
La stratégie de conservation-restauration définie,
les objets à traiter ont été répartis en deux groupes :
les pièces en état de conservation critique (en corrosion active et/ou présentant une fragmentation
importante avec risque de pertes d’éléments) et celles
dont le traitement avait un intérêt spécifique pour
l’étude.
Cette saison, la priorité d’étude, et donc d’intervention de conservation/restauration, s’est portée sur
le mobilier métallique provenant des fortifications.
Plusieurs pièces provenant d’autres zones du site
et présentant un intérêt typologique spécifique ont
5) Voir la section 5.2. du présent rapport.
également été traitées. Quelques monnaies découvertes lors de différentes opérations de fouille ou
de prospection réalisées en 2018 ont été prises en
charge. Enfin, plusieurs objets provenant du dépôt
et dont la sensibilité s’est révélée au cours de la
poursuite de l’inventaire ont reçu des traitements
curatifs d’urgence5.
Prise en charge du mobilier
Le protocole de prise en charge appliqué à tous
les objets confiés au laboratoire consistait en :
-
-
La réalisation d’une documentation de l’état de
conservation de l’objet avant traitement par la
prise de vues normées (sur fond clair avec échelle
centimétrique et numéro d’inventaire Métal inscrit sur une étiquette) ;
La réalisation d’un constat d’état diagnostique,
grâce à un examen à l’œil nu et sous loupe binoculaire, destiné à affiner l’identification des
altérations mécaniques et physico-chimiques de
l’objet et leurs origines ;
196
-
-
-
OLIVIER HENRY et alii
À partir des conclusions du diagnostic, la détermination des objectifs individuels de traitement en accord avec la spécialiste du mobilier
métallique ;
La réalisation des traitements (parmi lesquels la
recherche de la limite de la surface d’origine par
élimination des produits de corrosion, le remontage des fragments, l’inhibition, la protection, le
comblement des lacunes, etc.) ;
L’analyse des informations recueillies destinées
à nourrir l’étude typologique ;
La documentation de l’état de conservation de
l’objet après traitement par la prise de vues et la
rédaction d’une fiche de rapport individuelle.
Note : La fiche de traitement de conservation-restauration reprend ce cheminement méthodologique :
individualisée par objet, elle consigne les informations concernant son identification, le constat d’état et
le diagnostic des altérations, les traitements réalisés,
les observations et informations recueillies durant le
traitement. Elle précise également les préconisations
de stockage et manipulation, les ouvrages éventuellement consultés pour la réalisation de la documentation ou des traitements. Elle présente en annexe les
photographies avant traitement et les éventuelles vues
de détails et schémas réalisés en cours d’intervention.
Bilan
La majorité des interventions réalisées a concerné des objets en alliage ferreux. Quelques objets en
alliage cuivreux, dont un doré à la feuille, ont également été traités, ainsi qu’une pièce composite en
plomb et alliage de fer6.
Au total, plus de 45 objets ont été observés durant
la saison et 35 ont reçu un traitement de conservation-restauration (35 fiches de traitement ont été
versées à la documentation générale du site à la fin
de la mission).
4.1.4. Retour sur la stratégie de conservationrestauration : les choix effectués, les attentes
de la prochaine saison
Les choix de traitements ont été adaptés aux
objectifs de la conservation-restauration, eux-mêmes
déterminés à partir des besoins de l’étude, dans le
6) Voir l’article de Goussard et Chevallier dans le présent volume.
respect de l’état de conservation des objets. Une série
de pièces n’a pas été protégée après recherche de leur
limite de surface d’origine : la conservation d’une
grande partie des sédiments et produits de corrosion
sur les individus où de simples fenêtres de lecture
ont été dégagées a empêché la réalisation complète
du protocole de traitement. Il en est allé de même
pour les objets pour lesquels un simple recollage
des fragments était demandé : l’action chimique de
l’inhibiteur de corrosion ou la barrière formée par la
couche de protection n’étant réellement efficace et/
ou pérenne que sur des surfaces totalement dégagées
de sédiments et autres produits de corrosion situés
au-dessus de la surface d’origine. Ainsi, plusieurs
objets aux faciès de dégradation semblables ont subi
des traitements divers.
Il a été décidé d’attendre la saison 2019 pour
parfaire ces protocoles de traitement : l’observation
des résultats des interventions réalisées après une
année de conservation des objets restaurés dans le
dépôt permettra d’adapter les traitements futurs aux
conditions climatiques sur le site (variations hygrométriques et de température). L’objectif de cette
démarche est de déterminer les moyens d’action
les plus appropriés pour la bonne conservation des
pièces : mise en place de mesures de conservation
préventive (modification éventuelle des conditionnements, agrémentés ou non d’absorbeurs d’humidité ou autres matériaux tampons), réalisation
d’opérations curatives à grande échelle, adaptation
des produits de restauration à utiliser, mise en place
d’une stabilisation physico-chimique systématique
des alliages ferreux, etc.
4.1.5. Formation d’étudiants : initiation à
la conservation-restauration des métaux
archéologiques
Au cours de la saison, plusieurs étudiants turcs et
français ont été initiés à la conservation-restauration
des objets archéologiques métalliques. Les objectifs
de cette initiation étaient de les familiariser à la
déontologie et à la méthodologie de la discipline, afin
d’améliorer leur analyse des objets restaurés et les
introduire aux apports de l’intervention de conservation-restauration à l’étude des mobiliers.
Les étudiants sont principalement intervenus
sur des objets en alliage cuivreux. Les pièces étaient
LABRAUNDA 2018
197
Fig. 4.1.2a-b : Etudiantes au travail : nettoyage d’objets sous loupe binoculaire et tri de fragments
(R. Chevallier).
préalablement choisies pour la facilité de lecture
de leurs différentes couches de corrosion. Certains
ont pu réaliser le protocole de traitement de bout
en bout, de l’analyse de la stratigraphie de la corrosion à la réalisation de la protection finale, en
passant par le tri des fragments et le nettoyage sous
binoculaire (Fig. 4.1.2a et b). La manipulation de la
microsableuse a également été abordée, soit par observation soit par expérimentation sur des objets en
fer en bon état de conservation. Plusieurs étudiants
ont également pu aider aux prises de vues en série
avant et après traitement.
4.1.6. Objectifs de la saison 2019
L’objectif principal de la saison future est de
continuer le travail de mise en état du mobilier pour
étude, en poursuivant la hiérarchisation des zones à
étudier déterminée par la mission. Il sera également
important de préciser la connaissance de l’état sanitaire de la collection, sur la base de l’important
travail mené lors de l’inventaire par E. Goussard, afin
d’établir un protocole de conservation et d’actions
systématiques à mener sur l’ensemble des objets
métalliques.
La formation d’étudiants sera par ailleurs poursuivie et leur intégration dans le protocole d’étude et
de conservation du mobilier renforcée. Enfin, la documentation produite sera améliorée afin que chaque
responsable sur la fouille puisse avoir un accès direct
aux données du laboratoire de restauration.
4.2. Protection des sols
Dans la continuité des travaux de protection des
sols réalisés depuis quelques années, deux nouveaux
bâtiments ont été traités cette année.
Le premier est le bâtiment Tétraconque, dont la
fouille, réalisée en 2008, avait permis de mettre au
jour un bel ensemble balnéaire dans la partie occidentale du site. Compte tenu de la conservation exceptionnelle des murs et du système de chauffe il avait
été décidé de laisser les vestiges ouverts tout en les
protégeant par un toit. Après près de 10 ans, le constat
198
OLIVIER HENRY et alii
Fig. 4.2.1 : Vue aérienne de la partie chaude des bains après protection des sols (O. Henry).
s’est avéré bien décevant. La curiosité des touristes,
ainsi que le passage récurrent d’animaux dans la
zone, a porté une grave atteinte aux vestiges. Il a
donc été décidé de recouvrir l’intégralité des parties
basses du bâtiment (suspensura) après un nettoyage
minutieux du sol. L’opération de recouvrement s’est
effectuée par une couverture de l’ensemble des vestiges apparents à l’aide d’un géotextile performant
(TYPAR SF27 produit par DUPONTtm), puis par le
versement d’une imposante couche de gravier.
La même opération a été opérée sur l’ensemble
des parties chaudes mises au jour dans les Bains Est
(Fig. 4.2.1). Jusqu’ici ces vestiges n’avaient pas été
recouverts, du fait de la nécessité d’effectuer quelques
dernières observations pour la documentation. Cette
dernière a été achevée cette année, ce qui nous a
7) Voir la section 6.3 du présent rapport.
permis de procéder à la couverture de l’ensemble
des parties visibles de la suspensura.
L’église Est, avait fait l’objet d’une opération
semblable en 2016. Or, à l’époque nous avions utilisé un géotextile de maigre qualité, qui n’a pas
résisté au temps ni aux conditions météorologiques
particulièrement difficiles dans la région. C’est
pourquoi nous avons décidé d’appliquer une seconde couche de géotextile (cette fois-ci avec du
TYPAR SF27), ainsi qu’un niveau supplémentaire
de gravier.
4.3. Renforts de la stoa X
Suite au décapage de la terrasse X17, un grand
bâtiment a été mis au jour dans la partie ouest de
199
LABRAUNDA 2018
Fig. 4.3.1 : Renforts du mur de la stoa X (O. Henry).
la zone. Il est composé notamment d’un long mur
à niches, orienté est-ouest, dont la technique de
construction laisse supposer une date dans le courant de la période romaine. Ce mur, qui pourrait
avoir appartenu à une stoa, sert également de mur
de soutènement. Au cours de sa mise au jour et du
nettoyage détaillé de la zone, il est apparu qu’il offrait un dangereux contre-fruit présentant un danger
immédiat, non seulement pour les visiteurs, mais
aussi pour l’intégrité de la structure elle-même. Nous
avons donc décidé de faire construire des éléments
de soutien temporaires afin de parer aux risques
d’effondrement (Fig. 4.3.1).
5. DOCUMENTATION
5.1. Water management (G. Çimen)
5.1.1. Background and aims
Early Swedish excavations at Labraunda, conducted in six seasons between 1948 and 1960, uncovered many water-related structures and water
pipelines at the site. While documented by excavation
diaries, photographs and drawings, these finds remain
essentially unpublished. The management and use
of water at Labraunda has not either been studied
previously.
During the 2018 season (16-29 July), the water
infrastructure at Labraunda was documented for
the author’s master’s thesis (preliminary title Water
management at the propylon area of Labraunda).
200
OLIVIER HENRY et alii
Entrance terrace
water pipe segments
with unknown direction
water pipelines
Fig. 5.1.1 : The Propylon area at Labraunda (G. Çimen).
This study aims at exploring how water was managed and used at the propylon area at Labraunda
(at the southeastern corner of Labraunda, covering
the areas of the South and the East Propyleia, the
Monumental Staircase, south of the East Complex
and the Doric Building) (Fig. 5.1.1), based on a
largely unpublished material consisting of diaries,
photographs and drawings from the early excavations
at the site.
The study is based on a qualitative close reading
of eight excavation diaries. All information about the
water installations and water pipelines located at the
propylon area of Labraunda are catalogued in a database. In order to understand how the water supply
system functioned in this area, each component of
the water infrastructure is mapped, using GIS. This
enables the study to show how the installations were
organized in the landscape and related to each other
as well as to the whole site. This partial “water-map”
of Labraunda is one objective for the study and which
could be later expanded.
5.1.2. The 2018 season
The documentation of the water infrastructure
in the 2018 season had two aims. The first was to
clean, photograph and draw water-related remains at
the site. The second aim was to compare the extant
remains of the water management network with the
documentation in the excavation diaries, in order to
identify the features described in the diaries and better
understand the remains. While more of the site was
examined, the focus was on two components of the
water infrastructure: the water pipes and the fountain
located under the split-rock.8
8) See the plan of Labraunda, Fig. 1.1, for the location of the fountain. A. Baran names this fountain as “Spring House 20” and
describes it briefly in Baran 2011: 79.
LABRAUNDA 2018
201
Fig. 5.1.2 : The documented water pipes
in the depot (G. Çimen).
Fig. 5.1.3 : The Fountain, from south
(G. Çimen).
During the early excavations, large numbers of
water pipelines were uncovered in different areas of
the site and removed after documentation. Within
the framework of my thesis, this documentation is
used to reconstruct the layout of the pipelines on the
water-map. In the 2018 season, the findspots of these
pipelines were investigated, based on their earlier
documentation. It is a work in progress and the analysis is not entirely done yet, but the current water-map
of the propylon area shows twelve terracotta water
pipe segments and seven terracotta water pipelines
based on four diaries from 1949 and 1950 (Fig. 5.1.1).
Remaining segments of the terracotta water pipelines from the early excavations were also found in
the depot, however with unknown context. In total
seven complete segments and seventeen fragments
from different types of water pipes were measured
and photographed (Fig. 5.1.2). Based on a preliminary classification, three different types of water
pipes have been identified and drawn.
One of the water supply structures, the Fountain
was also documented by drawing and photography
(Fig. 5.1.3). This Fountain, located northeast of the
Temple, below the Split rock is important for the
water use at Labraunda in terms of delivering water.
It is still the main water source for the archaeologists
working at the site today. In the beginning of the
season, the Fountain had to be cleaned as it produced
only little and muddy water. The cleaning made it
possible to enter the Fountain and document it by
measuring its interior as well as producing plan,
section and elevation drawings of the structure. After
the cleaning, the level of water rose quickly.
Complete results of the documentation of the
2018 season together with a water-map of the entrance area will be presented in my forthcoming
master’s thesis, which will provide an insight of the
water management network of Labraunda’s propylon
area. A further future study of the water infrastructure
at Labraunda could be to create a water-map for the
entire site.
9) Voir la section 4.1. du présent rapport.
5.2. Étude du mobilier métallique (E. Goussard)
L’étude du mobilier métallique réalisé lors de
la campagne 2018 à Labraunda comportait trois
objectifs :
Il s’agissait tout d’abord de compléter l’inventaire
répertoriant toutes les pièces métalliques du site, créé
durant la saison 2017. Ce recensement constitue en
effet une première étape à l’analyse globale du mobilier métallique de ce site.
Cette étude avait également pour but de poursuivre l’examen de l’état sanitaire de la collection,
afin de cibler au mieux les pièces à traiter au sein de
l’unité de conservation-restauration mise en place
sur le site en 20189.
Enfin, il s’agissait de commencer à analyser le
mobilier métallique, de l’échelle de l’objet à celle
du site.
202
OLIVIER HENRY et alii
5.2.1. Inventaire du mobilier métallique
5.2.3. Premiers résultats
Le mobilier métallique a été recensé dans un
inventaire divisé en trois sections :
Les informations relatives à l’objet lui-même :
numéro d’inventaire, matériau, poids et/ou dimensions, nombre de fragments, présence ou non de
restes organiques minéralisés, état de conservation,
brève description et proposition d’identification.
Il est important de noter que les identifications
proposées ne sont que préliminaires. Elles seront à
confirmer après l’étude typologique du mobilier.
La localisation de l’objet au moment de sa découverte : les différents marquages et l’année de fouille
ont été reportés, afin d’identifier le contexte et l’US
de découverte.
Les informations indiquant son lieu de conservation : numéro de boîte dans lequel l’objet a été placé,
localisation avant reconditionnement et indication de
son passage ou non au musée d’Izmir.
Analyses à l’échelle du site : de la quantification
à la carte de répartition
Une première quantification a été menée sur les
secteurs de provenance des objets inventoriés. Il
faut tout d’abord noter qu’environ 35 % des 3721
fragments intégrés à la base étaient anciennement
conservés au musée d’Izmir et possèdent un marquage qui n’a pas encore été relié à une localisation
sur le site. Un retour au carnet de fouille – déjà débuté
pour une partie de ces objets – permettra de pallier
ce problème.
Malgré ce biais, il est possible de constater que
les deux secteurs ayant livré les plus de mobilier sont
la Stoa Est (avec près de 13,5 % des fragments du
site) et les Bains Est (avec environ 13 % des fragments). La nécropole, le tétraconque, l’Andrôn B et
l’acropole ont également fourni chacun entre 3,7 et
4,9 % des fragments inventoriés.
La « Terrace House » a en outre livré un nombre
important de fragments (plus de 8 % du corpus)
mais correspondant à un seul objet (la couronne funéraire), très fragmenté. Cette observation souligne
l’importance d’aboutir à une quantification en NMI
(nombre minimum d’individus, cf. Bataille 2008), qui
permettra d’obtenir des résultats plus représentatifs
de la réelle quantité d’objets sur le site. Il conviendra également d’affiner cette analyse en prenant en
compte la surface fouillée par secteur.
Il a par ailleurs été possible d’établir des statistiques quant aux différents matériaux présents. Le fer
est majoritaire (avec plus de 63 % des fragments du
corpus). L’alliage cuivreux est la deuxième catégorie
représentée, correspondant à 23,5 % des fragments et
plus de 42 % des lots d’objets. Vient ensuite l’alliage
cuivreux doré, avec 8,25 % des fragments, mais seulement 0,4 % des lots d’objets. Cette différence tient
au fait que la couronne funéraire, particulièrement
altérée, est en alliage cuivreux dorée. Le plomb, l’or
et l’argent sont les catégories minoritaires, correspondant respectivement à 2,3 %, 2,2 % et 0,5 % des
fragments du site.
Les données intégrées à l’inventaire permettent
par ailleurs d’effectuer plusieurs observations quant
à la nature des objets métalliques découverts à
Labraunda. L’identification des différentes catégories
de mobilier représentées a été une première approche.
Le site a en effet livré, dans différentes proportions :
599 objets (ou lots d’objets) ont été inventoriés
cette année. L’inventaire comporte ainsi 1162 objets
(ou lots d’objets), correspondant à 3721 fragments
ou 55,494 kilogrammes de métal. Ils proviennent
des fouilles des années 1948 à 1960, 1988 à 1991 et
2005 à 2018.
5.2.2. Etat sanitaire de la collection et choix des
objets à restaurer
Dans l’inventaire global, l’indication de l’état de
conservation des objets se décline en deux mentions :
« stable » et « corrosion active ». Lorsque l’objet
nécessite une restauration urgente, un label « prioritaire » a été ajouté.
Les objets (ou lot d’objets) inventoriés présentent
dans près de 74 % du corpus des signes de corrosion
active et risquent donc de s’altérer au cours des
années à venir. Seuls 308 (soit environ 26,5 % du
corpus) sont stables. Parmi les 854 objets (ou lots
d’objets) dont la corrosion est active, 236 (ou 20 % du
corpus) présentent un stade d’altération avancé (label
« prioritaire »). Pour les conserver, ces objets devront
bénéficier de conditions de conservation particulières
et d’une stabilisation. En raison de ce constat, pour
limiter les risques d’altération mécanique, les objets
inventoriés ont été reconditionnés, selon le protocole
mis en place en 2017.
LABRAUNDA 2018
Fig. 5.2.1 : Proportion des différentes catégories
de mobilier métalliques (E. Goussard).
-
des objets finis,
de potentielles ébauches ou objets en cours de
recyclage,
de la quincaillerie10,
des scories,
des éléments qui n’ont pu être déterminés (fragments de tôles, de barres, de fers plats et de tiges),
et des artefacts indéterminables en raison de leur
fragmentation et de leur attaque par la corrosion.
Les objets finis et la quincaillerie sont les catégories les plus présentes (Fig. 5.2.1). Ils constituent
respectivement plus de 35 % et près de 34,5 % des
10) Est classé en quincaillerie, comme le propose Jean-Paul
Guillaumet, les petits artéfacts composant les objets fabriqués par
la petite métallurgie, comme les clous, les pitons ou les crampons.
Cf. Guillaumet 2003, pp. 43-59
203
fragments inventoriés. Les scories et les indéterminables, correspondant chacun à environ 12 % du
corpus, sont également très bien représentés. Les
potentielles ébauches et objets en cours de recyclage
sont en revanche assez rares. Seuls 51 fragments
d’artefacts en cours de fabrication ou de recyclage,
soit 1,37 % des fragments, ont été inventoriés. Enfin,
171 restes, soit 4,6 % du corpus, correspondent à
fragments de tôles, de fers plats, de barres et de tiges.
Cette approche par grande catégorie doit être
complétée par une analyse plus fine quant à la nature
des artefacts. À titre d’exemple, un premier constat
a été réalisé au sein des objets finis : parmi eux, 265
fragments (ou 116 lots d’objets) correspondent à
de l’armement. Cela représente 20,3 % des objets
finis inventoriés sur le site. De plus, il ne s’agit pas
d’un armement hétérogène, puisque 92,8 % de ces
armes sont des armes d’hast ou de jet (lance, javelot,
javeline, pointe de flèche). On dénombre notamment
parmi elles, 71 restes de pointes de flèches.
La présence d’un sanctuaire sur le site, associée
à cette importance quantitative et l’homogénéité des
armes découvertes, pourrait amener à envisager une
fonction d’offrande pour ces armes d’hast. En effet,
les pratiques rituelles – par définition symboliques,
normées, et répétées – se traduisent en archéologie
par une répétitivité des faits archéologiques, des
gestes appliqués au mobilier, des assemblages et
des actes de dépôt. Elles peuvent ainsi donner aux
offrandes un aspect sériel prononcé (Kaurin, Marion,
Bataille 2015). Pour pouvoir confirmer cette hypothèse, une analyse du contexte de découverte de ses
armes devra être mise en place.
Notons également que d’autres catégories fonctionnelles d’objets finis semblent occuper une place
importante sur le site. Les couteaux notamment,
représentés par 73 restes, correspondent à près de 6
% du corpus.
Enfin, les analyses qui seront menées à l’échelle
du site devront prendre en compte les contextes de
découverte. Pour ce faire, une première analyse a été
menée sur la répartition des scories. Cette catégorie
de mobilier présentait en effet un très faible pourcentage de découverte hors contexte. Il a donc été
possible de calculer la quantité de scories découverte
par secteur (Fig. 5.2.2).
Il est ainsi possible de proposer la présence d’une
activité métallurgique à l’est du site. Cette analyse
sera affinée par un examen plus fin des contextes,
afin de pouvoir replacer ces indices de production
204
OLIVIER HENRY et alii
Fig. 5.2.2 : Carte de répartition des scories inventoriées à Labraunda (E. Goussard).
au sein de la chronologie du site, mais aussi par une
étude du type de scorie (de fer, en alliage cuivreux,
de foyer, de réduction …) pour mieux cerner le type
de production.
Les restes organiques minéralisés : une étude de
l’objet quantifiée à l’échelle du site
L’identification des restes organiques minéralisés
a débuté par une observation à l’œil nu, permettant
de repérer les fibres végétales. Elle a ensuite été
complétée par une observation sous loupe binoculaire
(Fig. 5.2.3), afin de pouvoir identifier les textiles, les
fourrures et les cuirs (selon la méthode mise en place
par C. Proust (Proust 2009)).
Il a ainsi été possible de constater la présence
de restes organiques minéralisés dans les produits
de corrosion sur 52 des 1162 objets ou lots d’objets
inventoriés (soit environ 4,5 % du corpus). Parmi eux,
45 sont en fer, 6 en alliage cuivreux et 1 en plomb.
Dans plus de 96 % des cas, ces restes correspondent à des fibres végétales (bois ou brindilles).
Seuls 2 objets ont livré des restes de textiles minéralisés (le couteau n° ordre 265 et le strigile n° ordre
725 de l’inventaire). Aucun cuir ni aucune fourrure
n’ont pu être identifiés pour l’instant.
LABRAUNDA 2018
205
Fig. 5.2.3 : Type de restes organiques identifiés sur le site, photographies sous loupe binoculaire
(E. Goussard).
Au sein de ces restes, il est possible de distinguer
ceux en position fonctionnelle, comme à l’intérieur
de la douille de fixation de la lance (n° ordre 554) ou
sur l’armature de la couronne (n° ordre 564), de ceux
en position non fonctionnelle. Ces derniers résultent
du contact fortuit, au moment de l’abandon (et de la
corrosion) de l’objet, avec des éléments organiques.
Le cas des traces de brindilles, repérées par exemple
sur le fer plat (n° ordre 900), provenant de l’acropole,
indique probablement une exposition à l’air libre à
la suite de son abandon. Des observations similaires
ont également été effectuées sur des objets provenant
des Bains Est et de l’Andrôn B (notamment les objets
n°ordre 524 et 726).
Analyses à l’échelle de l’objet
Ce type d’analyse a pu être commencé durant la
saison 2018. Tout d’abord, un modèle de catalogue,
associé à une documentation graphique systématique,
a été mis en place.
Le catalogage du mobilier – et donc son analyse
typologique – est effectué par secteur de provenance.
En 2018, le catalogue du mobilier métallique des
fortifications a été amorcé. La documentation graphique a été entièrement réalisée. La rédaction des
fiches est en cours.
En parallèle, certains objets, aux caractéristiques
typologiques particulières, ont bénéficié d’une étude
approfondie : il s’agit du goujon (scellement vertical)
n° ordre 385, du poids décoré n° ordre 726 et de la
couronne n° ordre 564.
L’analyse des objets n° ordre 726 et 564 a été
étroitement liée aux traitements de restaurations dont
ils ont pu bénéficier11.
5.2.4. Perspectives
Plusieurs perspectives s’ouvrent suite aux travaux réalisés en 2018 sur le mobilier métallique de
Labraunda.
Le travail de mise en place du catalogue, de
l’étude typologique et chronologique – en lien avec la
restauration – et de la documentation graphique systématique sera poursuivi. Cela permettra d’effectuer
des analyses fiables à l’échelle du site.
Il sera également possible de mettre en place de
nouveaux types d’études, autour de la production du
métal sur le site, avec des analyses métallographiques
sur les scories ou les objets en cours de fabrication.
5.3. Sol (Axel Frejman)
The Surroundings of Labraunda project (SOL)
did one week of work this year, focussed on checking
and supplementing results from previous seasons.
Areas identified as archaeologically interesting
(Fig. 5.3.1) were revisited, checking if additional diagnostic material was present, or if the spatial layout
could be better understood. Furthermore, additional
work was done on understanding the road network
around Labraunda. Although most work consisted of
checking previous finds, some new evidence could
be noted.
11) Voir l’article de R. Chevallier et E. Goussard dans le présent volume.
206
OLIVIER HENRY et alii
Fig. 5.3.1 : Cartographique générale des vestiges mis au jour dans le voisinage immédiat
de Labraunda (A. Frejman).
In Zone 2 of Area E three pieces of metal slag
were found. As the findspot is more than 100 metres
from the previously known metalworking location,
this most probably constitutes the remains of a second
iron production facility. The slag was checked with
a magnet and confirmed to be from iron production.
Additionally, 350 metres east of the sanctuary a previously unexplained trench in the bedrock, 15 metres
long, 5 metres wide, and 2-3 metres deep, was found
to contain ferrous rock. Although no traces of tool
marks can be found, the feature breaks the natural
topography of the area, which is reason to suspect
that it is anthropogenic. The trench could be the
result of following an iron vein in the bedrock, and
thus at least partly the source for the iron used at
Labraunda. As the amount of ore needed for primary
LABRAUNDA 2018
iron production is considerable, it is not likely that
this was done at the two known iron production
locations in Area E, roughly 550 metres west of the
trench. A primary production facility has not been
found close to the trench, though there is a topographical anomaly 25 metres southwest of the trench,
possibly a waste pile from the trench or from primary
iron production there. However, no archaeological
traces indicating iron production have been noted
amongst the dense vegetation in this area.
In Area K, 40 metres northwest of Ucalan kule,
a robber’s trench was found. Only one piece of diagnostic ceramic was found at the trench, and very
few ceramic pieces were noted at all. Furthermore,
the trench did not clarify the ground plan of the
structural remains located here. The scarcity of finds
would perhaps suggest that the area was not used
intensively.
On the acropolis, Area J, a large quarry was added
to the survey database. In an area of approximately 30
by 30 metres, several large boulders show quarrying
marks and successful extraction points. The quarry
is situated roughly 30 metres north of the gate area
in the fortress. The stone quarried here was most
likely used for the gate, and other parts of the outer
acropolis fortress.
The routes around Labraunda were investigated
in 2017, but some parts were left for 2018. The main
concern was investigating the connection between
the sanctuary proper, Area I, and Route 7 some
250 metres south of the sanctuary. The area in and
around Area I is densely vegetated, and Route 8 had
to be investigated in separate parts where passable.
Nevertheless, a conceivable route can be suggested,
passing by structural remains situated in Area I, and
producing a connection between Route 7 and the
sanctuary. This route would only have been passable
on foot. Another route to be investigated was a branch
to Route 2, past two rock-cut sarcophagus tombs
roughly 850 metres northeast of the sanctuary. Cart
traffic would not have been possible here, but a walking path could be identified branching of at Spring
House 39. There are many possible routes past the
tombs, and no single line will be suggested here. One
further tomb on the same elevation has been found
350 metres north, and the path could be expected to
have continued northwards along the mountain ridge
towards the city of Alinda, 15 km north of Labraunda.
Possibly this was an alternative to the larger Route
2, for those who did not bring carts or other heavy
207
packing. Finally, a connection between Area K and
Route 1 was also sought southwest of Area K. The
terrain proved suitable walking paths, but not for cart
traffic. No single route can be suggested here.
5.4. Bains est
Après quatre années de fouilles sur le secteur des
Bains Est, il a été décidé de faire une pause dans les
travaux de mise au jour du complexe balnéaire et de
concentrer nos efforts sur l’étude du matériel. Cette
décision a le double objectif de traiter l’ensemble du
matériel (très abondant) mis au jour lors des années
précédentes, mais aussi de s’assurer du fonctionnement de notre système d’étude et de l’efficacité
de l’équipe constituée dans le cadre de ce projet. Il
nous a en effet paru judicieux de faire cette pause à
mi-parcours de la fouille des bains qui nous permettra
de gagner en efficacité tant sur le plan de la fouille
(et de l’enregistrement du matériel au fil de l’eau,
une fois les protocoles définis lors de cette présente
étude) que pour la deuxième tranche des travaux
(celle concernant la partie froide des bains) et lors
de la phase de publication finale.
5.4.1. Le marbre (Chr. Bost)
Conjointement à la céramique, aux matériaux
de construction en terre cuite (TCA), au verre et aux
objets en métal, nous avons poursuivi l’inventaire
des pièces de marbres exhumées dans les différents
secteurs des bains.
Le système d’inventaire adapté, mis au point en
2016, s’organise comme un enregistrement différencié dont l’un des buts principaux est de faire face à la
quantité importante de fragments. Les éléments lisses
sont triés par espèces et par US, puis photographiés
et décrits dans une fiche de synthèse. Les éléments
moulurés, appliques, chambranles, baguettes ou
autres spécimens particuliers font, quant à eux, l’objet
d’un système de recollement plus développé. Chaque
fragment ou ensemble de fragments d’une même
moulure fait l’objet d’un enregistrement propre dans
le cadre d’une base de données Filemaker, d’une
couverture photo, et de dessins de profil.
Cette année, concernant les éléments moulurés ou
remarquables, 175 fiches ont été créées. L’ensemble
des données recueillies et des dessins relevés fera
l’objet d’une analyse détaillée.
208
OLIVIER HENRY et alii
5.4.2. La TCA (F. Charlier)
Ce texte n’est qu’un compte rendu très succinct
du travail réalisé au cours du mois d’août 2018 à
Labraunda par Fabrice Charlier et Héloïse Frébault
(avec la collaboration de Demet Bingöl) sur les terres
cuites architecturales (TCA) des Bains Est, fouillés
depuis 2014 sous la direction de Christophe Bost.
La mise en forme et l’exploitation des données
recueillies ne seront terminées qu’au cours du premier
trimestre 2019. Ne sont donc présentés ci-dessous que
les objectifs suivis et les méthodes de travail mises
en œuvre, illustrées par quelques figures, ainsi que
quelques réflexions sur les développements que nous
souhaitons donner à ces travaux.
Les objectifs de 2018
La suspension de la fouille des Bains Est en
2018 devait être l’occasion d’avancer les études du
mobilier recueilli et notamment des TCA.
Pour ces matériaux, nous souhaitions rattraper
une partie du retard dans l’inventaire et affiner la
typologie. Ces deux objectifs sont étroitement liés
puisque plus nous serons en mesure d’identifier
chacun des types et sous-types de matériaux et de
les caractériser typologiquement, plus leur inventaire par unité stratigraphique et leur enregistrement
individuel seront précis et pertinents. La qualité de
ces dernières données est capitale dans l’exploitation
que nous voulons en faire pour comprendre l’emploi
des TCA dans les différents états de la construction.
Des études avaient été précédemment réalisées
sur les TCA de Labraunda, et notamment sur ceux des
Bains Est (travaux d’Alexandra Doléa). Ces travaux
étaient basés, non pas sur la réalisation d’inventaires
par contexte s’appuyant sur une typologie aussi
exhaustive que possible, mais sur la description de
quelques matériaux choisis en fonction de critères
non explicités.
Il convient donc d’établir une typologie, et de la
compléter au fur et à mesure des nouvelles découvertes, c’est ce à quoi nous nous attelons depuis 2016,
parallèlement aux travaux d’inventaire. L’an dernier,
à partir des observations réalisées en 2016 et 2017,
une première typologie des briques, matériaux les
plus nombreux en volume et en type dans les Bains
Est, avait été dressée.
En 2018, nos objectifs principaux étaient d’une
part d’affiner la typologie des briques, et d’autre part
de dresser celle des tuyaux et des tubulures. Faute
de typologie, ces deux derniers types de matériau
n’avaient jusqu’à présent fait l’objet que d’un inventaire quantitatif et non qualitatif.
Les briques
Les types et sous-types de briques répertoriés
parmi les seules TCA des Bains Est sont maintenant
au nombre de 23 (Fig. 5.4.1). Cette typologie est
basée sur la métrique et la technique de fabrication
des matériaux.
Ainsi, les briques sont orientées suivant les stries
de lissage réalisées sur leur face supérieure à la fin de
moulage. Par convention, l’orientation de ces stries
détermine la longueur des matériaux. C’est sur ce critère que les briques C1a et C1b, ainsi que les briques
C3a et C3b ont été distinguées. Autre exemple de différenciation sur un critère technologique : parmi les
Fig. 5.4.1 : Typologie (en construction) des
briques des Bains Est (Dessins : F. Charlier).
LABRAUNDA 2018
briques circulaires, le type A1bis ne se distingue du
type A1 que parce qu’il s’agit non pas d’une brique
moulée, mais d’une brique découpée. La brique
A1bis a été découpée uniquement dans les briques
rectangulaires C1a ou C1b.
Sur la planche typologique ne figurent pas les
tracés faits aux doigts sur la surface supérieure des
briques. Ces marques ne sont présentes que sur les
briques de voûtes, à savoir les briques C1a, C1b, C3a
et C3b. Elles étaient destinées à améliorer l’accroche
de mortier.
La quantité respective de chacune de ces briques
est extrêmement variable, la brique C7 ou celles du
groupe E ne sont connues par un ou deux individus
seulement.
L’inventaire de ces briques par contexte permettra de préciser, ou de supposer, leur emploi. La rare
brique E2 n’est présente dans les Bains que dans la
maçonnerie qui ceinturait la cuve de la chaudière placée au-dessus du praefurnium, d’où sa forme cintrée.
Tuyaux
Dans un premier temps, quelques tuyaux entiers
ont été examinés afin de mettre au point une fiche
d’enregistrement spécifique à ce type de matériaux.
Les dimensions à retenir et les observations typologiques à réaliser ont été choisies, non seulement à
209
partir des tuyaux des Bains Est mais aussi d’autres
exemplaires découverts ailleurs et précédemment
à Labraunda, qui sont conservés dans les dépôts.
Nous nous sommes également appuyés sur des travaux réalisés sur des tuyaux d’autres sites antiques,
notamment sur ceux développés dans la publication
récente consacrée à la gestion de l’eau à Pergame
(Wellbrock 2016).
Afin de disposer d’une population d’étude plus
grande, tous les tuyaux conservés dans les dépôts,
la plupart entiers mais dont la provenance reste
malheureusement à déterminer, ainsi qu’un exemplaire issu du tétraconque ont fait l’objet du même
enregistrement.
Au total, ce sont 58 individus qui ont fait l’objet
d’un enregistrement individuel : 38 proviennent
des Bains Est, 1 du tétraconque et 24 de contextes
à déterminer.
En l’état actuel de l’étude, parmi ces 58 exemplaires, 41 sont suffisamment bien conservés pour
être classés typologiquement : ils se répartissent en
11 groupes de production, distingués d’après la pâte
et des critères typométriques (par exemple, leurs longueurs varient de 30 à 55,7 cm). Chacun des groupes
est actuellement composé de 1 à 9 individus.
Un ou plusieurs tuyaux de chacun des groupes
ont fait l’objet d’un enregistrement graphique et
photographique normalisé (Fig. 5.4.2).
Fig. 5.4.2 : Exemples de tuyaux découverts à Labraunda (Dessins : H. Frébault).
210
OLIVIER HENRY et alii
Les tubulures
Si plusieurs tubulures ont été découvertes entières
et en place dans certaines pièces des Bains, aucune
n’a malheureusement fait l’objet d’un enregistrement
métrique complet. Les détériorations de certains
vestiges et le réenfouissement de certaines pièces,
pour éviter les détériorations, ne permettent plus de
disposer de ces exemplaires. Seuls des fragments de
tubulure ont été recueillis dans les couches sédimentaires fouillées.
Le fait de ne disposer que de fragments rend
plus difficile l’établissement d’une typologie, d’autant que les fragments conservés rendent compte
d’une certaine diversité métrique. Plusieurs modules
peuvent néanmoins être reconstitués. Autres critères
de différenciation des tubulures : les caractéristiques
du peignage et des ouvertures réalisés sur certaines
des faces des matériaux. Si certains motifs sont
parfaitement identifiables parmi les fragments des
Bains Est, la taille réduite de ceux-ci ne facilite pas
les comparaisons. En revanche, les caractéristiques
des outils utilisés, les peignes, peuvent souvent être
exploitées.
Fig. 5.4.3 :
Disposition
théoriques
des tubulures
et des fiches
en T dans
les Bains Est
(Blid 2016,
fig. 41, p. 42).
L’examen des tubulures a permis de repérer sur
certaines de leurs faces des traces d’oxydation ferriques provenant des fiches en T qui servaient à les
fixer verticalement aux murs. Il est à noter que ces
fiches n’étaient généralement pas placées entre les
tubulures comme on le restitue souvent et notamment
dans le cas de ces Bains (Fig. 5.4.3). On remarque en
effet sur nombre de fragments des perforations réalisées après cuisson qui étaient destinées au passage
de ces fiches. Le faible nombre de joints dans des
murs en grand appareil comme ceux des Bains Est
laissait peu de chance qu’il y ait correspondance entre
ces joints et ceux des tubulures, il convenait donc de
percer les tubulures au niveau des joints des murs.
La poursuite des recherches
Pour pouvoir exploiter les données recueillies en
2018, il convient de s’assurer de la qualité de leurs
saisies dans les tableaux d’enregistrement et de terminer les mises au net des dessins.
Les typologies des briques, des tuyaux et des
tubulures devront être retravaillées à partir de ces
données. Un va-et-vient sera nécessaire pour corriger
les attributions typologiques si des changements sont
apportés.
Avant la campagne de 2019, il sera nécessaire
de construire une base de données afin d’enregistrer
plus directement les données métriques et typologiques par unité stratigraphique et surtout pouvoir
les exploiter plus rapidement.
En ce qui concerne le travail qui devra être réalisé sur les TCA en 2019 à Labraunda, deux axes
se dégagent d’ores et déjà : terminer l’inventaire
des TCA issus des unités stratigraphiques à traiter
et réaliser l’inventaire des tuiles, seuls matériaux
en terre cuite sur lesquels nous n’avons pas encore
travaillé à Labraunda. Comme cette année avec les
tuyaux et les tubulures, il conviendra d’établir une
fiche d’enregistrement spécifique. Ce travail sera
plus important pour les tuiles qu’il ne l’a été pour
les autres TCA compte tenu de la grande diversité
des tuiles employées sur le site (tuiles laconiennes
et tuiles corinthiennes, courantes et couvrantes). Il
faudra donc mettre au point plusieurs modèles de
fiche. Nous envisageons, plutôt que de commencer
par les fragments retrouvés dans les Bains Est, de
travailler d’abord sur des séries de tuiles entières
(après recollage) provenant de toitures effondrées
déjà fouillées ou qui le seront en 2019 (Stoa Est).
LABRAUNDA 2018
5.4.3. Pottery of the Roman Period
(A. Musat-Streinu)
During this year the ceramic study concentrated
on working on the pottery discovered during the excavation in Zone 10 (at the external corner between
the Doric house and the East Baths). Most of the time
was spent drawing the selected materials for dating
and cataloguing. Considering the high number of
sherds discovered (4278), approximately 1000 have
been drawn, described and photographed. All of the
sherds have been counted according to category and
when possible according to type in order to achieve
an adequate statistic table relevant for the occupation
phases. Together with the tables and catalogues from
the other excavated sectors, such information can
offer real insight into the preferences of people in
Roman times when it came to their tableware, their
culinary customs, and practices and of course, commerce, when dealing with imported pottery.
As preliminary remarks, within the fine
tableware, the main types discovered for the first
phases of functioning of the bath, 1st-2nd c. AD, are
the imported and regionally/locally produced vessels.
The imported wares mainly come from micro Asian
centres and consist of dishes and bowls, cups and
pitchers. The Eastern sigillata B wares are among
the most numerous, red slipped, both with relief decoration and plain. The least represented type is the
Çandarlı production, with only a few items discovered. From a yet unidentified centre come numerous
fragments, both rims and bases from a collarino type
of cups, found in most layers of the excavation. It is
a thin-walled ware for drinking considered to have
had a Thracian origin. This type emerges in large
number of imitations and derivatives largely widespread between the Pontic and the Aegean spaces in
the late 1st to 3rd centuries AD.
Among all fine ware discoveries, the most frequent finds are fragments from the so-called Knidian
type bowls. The main features are the angular body,
straight rim, low ring foot and two small opposing
handles. Thus far, no entire vessel of this type has
been discovered in the East Bath. However numerous
finds, whole and in a much better state of conservation, have been recovered from the Water Pool sector.
The original Knidian bowl is part of the “Knidian
Grey ware” derived from the Hellenistic black gloss
pottery (Hayes 1997). The features of this vessels
also appealed to the potters from Çandarlı, as a very
211
similar type was also produced there (Atl.Tav. XVI,
15). The fragments discovered in the East bath, although keeping with the known shape of the vessel,
show a variety of fabrics and decoration: the fabric
is always fine, ranging from light grey to reddish
yellow - light red - brown, with and without mica; the
slip also covers a wide range of shades from light red
to dark reddish brown. The variety of finds, as well
as two distorted fragments considered as rejects, can
lead to the assumption that at least some of the vessels
have a local-regional origin, from a production centre
in the proximity of Labraunda. No kilns for certain
pottery production have been discovered yet, but
there are traces of pottery-related activities on site, as
a late Roman pottery fragment was discovered in the
Tetraconch bath with a metal clipper attached, used
for perforation for the probable purpose of repairing
the vessel or repurposed use. In the same fine ware
category are included the large, open dishes, for
serving food, with very few variations of shape, but
in considerable numbers.
The common ware category, dominant in the statistic, includes a considerable number of sherds from
of pitchers/table amphorae and large basins. The first
are in a very fragmentary state and most sherds recovered are body fragments and ring bases. The second
type, the basins, in various shapes and sizes, consist
mainly of rims, adding to a variety of forms. Some
of the basins show traces of an incised decoration
and some even of red pain. Both these types, dated
mainly to the 1st-2nd c. AD, were used for storing
and pouring liquids, not unusual if we consider the
location of their discovery – the East Bath complex.
In this preliminary study of the ceramic materials, the
statistics aid towards a viable hypothesis, although
there are notable mentions. For instance, there is a
considerable number of amphora sherds, but few
rims and bases, indicating that their actual presence
on the site is not as high and the number of sherds
is explainable given the actual size of the amphorae.
As stated earlier, the largest category attested is the
common ware, the finds including numerous rims and
bases which confirm the presence and use of a large
number of different vessels. The same observation
can be made regarding the fine ware; most of the
sherds represent rims and bases from different vessels. The preliminary identification of certain types
also attest to a variety of source for some of the fine
bowls, red slipped, with mould made decoration or
rouletting (Pergamon, Candarli, Knidos, Ephesos).
212
OLIVIER HENRY et alii
Attached to this report is the general statistic table
for the pottery excavated in this area, resulted after
analysing the sherds from each stratigraphic unit (for
each US we are in the progress of developing statistical tables that include details regarding all categories
and types of pottery discovered, as previously done
for the excavation in the East Bath).
5.5. Matériel céramique de la tombe
monumentale (V. Lungu)
La tombe monumentale est située à flanc de la
colline couronnée par le rempart de l’acropole de
Labraunda. De 2012 à 2015, une fouille a été menée
dans quatre secteurs différents, numérotés BTA, BTB,
BTC et BTD, au pied du monument, côté sud. Ces
travaux ont notamment mis au jour la présence d’un
vaste bâtiment en Pi, probablement lié à un culte
dédié au(x) propriétaire(s) de la tombe12.
5.5.1. Résultats et chronologie
La fouille a livré plus de 15.800 fragments de céramique (Figs. 5.5.1 et 5.5.2), récupérés en quantités
variables d’un secteur à l’autre. Aucun d’entre eux ne
provient de l’intérieur de la tombe. À partir de 2013,
nous avons entrepris la numérotation de tous les
tessons collectés au cours des fouilles et nous avons
procédé à leur répartition entre fragments céramiques
identifiés (FCD) et fragments indéterminés (FNS).
Ces derniers correspondent surtout à des fragments
de panse ou d’autres parties du vase ne permettant pas
une évaluation typologique ou chronologique précise.
Le rapport entre les deux groupes est de 8,9% FCD
contre 91,1% FNS. La situation est résumée dans les
deux tableaux suivants :
Quantités des fragments céramiques
diagnostiqués (FCD) par secteur
Année de
la fouille BTA BTB
BTC BTD Date
2012
455
110
87
2013
181
2014
217
2015
279
78
Observation
IVe av. J.-C. –
IIe ap. J.-C.
Total : 1.407 fragments diagnostiqués
Quantités des fragments céramiques non
sélectionnés (FNS)
Année
de la
fouille
BTA BTB
BTC BTD Date
2012
-
-
-
2013
2907
2014
5093
2015
9046
-
Observation
IVe av. J.-C.
– IIe ap. J.-C.
Total : 14.436 fragments non sélectionnés
Fig. 5.5.1 : 121 LAB 12 BTC 121 (V. Lungu).
Fig. 5.5.2 : LAB12 BTA13 (V. Lungu).
Notre étude a recensé au total dix catégories de
récipients et a montré que les formes les plus fréquentes au sein du mobilier céramique récolté aux
environs de la tombe monumentale étaient, hormis
les matériaux de constructions, dans l’ordre décroissant : les vases à boire, suivis par les vases à servir
les liquides et les mets, les vaisselles de transport,
les vases de stockage et ceux de cuisine, tandis que
les vases de service, ceux à parfums ou moyens
d’éclairage (lampes) sont les plus rares.
Au sein de cet immense ensemble, très peu
de vases ont présenté suffisamment d’éléments
12) Voir les rapports de fouille correspondant dans les volumes d’Anatolia Antiqua.
LABRAUNDA 2018
Fig. 5.5.3 : 527 LAB 14 7.08., BTC Z1,
CON 3-1 nettoyage coupe (V. Lungu).
213
Fig. 5.5.4 : LAB15.BTC.Z2.Con1bis. 1223
(V. Lungu).
permettant de restituer un profil complet. Il s’agit
essentiellement de vases de petites dimensions. Les
nombreuses formes et divers types de céramiques
rencontrés couvrent un intervalle chronologique
allant du IVe av. J.-C. au IIe s. ap. J.-C. Trois phases
de lʼhistoire du secteur sont attestées par ce mobilier
céramique.
1. Les plus anciens fragments repérés datent des
deuxième-troisième quarts du IVe s. av. J.-C.
(céramique attique à vernis noir). Les formes
datables sont les salières13, les bolsals ainsi qu’un
fragment de col d’un lécythe de type Dejanire
(Sparkes 1970 : 313, pl. 38, fig.11, cat. 1108,
ca. 325-310 av. J.-C.) de même que des bolsals à
vernis rouge de production loco-régionale (LAB
12 BTC 121 ; Fig. 5.5.1) (Lungu dans Henry et
al. 2016 : 373, figs. 39-40, avec la bibliographie).
2. Le gros du matériel date des IIe-Ier s. av. J.-C. Il
s’agit essentiellement d’amphores de Cos à anse
bifide, de Rhodes et, plus rarement, d’autres
centres ; de vases à boire notamment de bols à
bord rainuré et engobe rouge, de bols à décor en
relief et de sigillée romaine ; les vases à servir
sont représentés par des écuelles ou des plats
à poisson. Une anse bifide d’amphore de Cos
retrouvée dans le BTA en 2012 est frappée d’un
timbre fragmentaire au nom de Dao- dans un
Fig. 5.5.5 : LAB15 BTC 1457+1441 (V. Lungu).
cartouche rectangulaire (Fig. 5.5.2)14. Un bol à
décor godronné imité de la Forme 19, Atlante
II, ESA, date de la première moitié du Ier s. av.
J.-C. (LAB 14 BTC Z1 CON 3-1, no 527 ; Fig.
5.5.3) (Kögler 2010 : 481, E 271 (Reliegbecher),
pl. 16, fig. 28). Parmi les pièces céramiques plus
rarement attestées, on remarque la présence de
quatre fragments d’un skyphos du type « Lykos
Skyphos », identifié à Laodicée et daté entre le
Ier s. av. J.-C. et le Ier ap. J.-C. (Duman 2014 :
159-172, 172, fig. 23-24)15.
3. Le 1er siècle ap. J.-C. est marqué par quelques
tessons de sigillée italique, dont un bol ESB2
(LAB15 BTC 1457+1441 ; Fig. 5.5.4), datable
13) Pour d’autres exemples à Labraunda, voir Hellström 1965, nos 35, 42, pl. 5, 33 ; Lungu dans Henry et al. 2016 : 2016, 370, fig.
34, avec la bibliographie.
14) À reconstituer probablement en Daos, anthroponyme bythinien, lequel, en plus de celui de Mostis, d’origine thrace, mentionné
dans un rapport précédent, représente le deuxième nom spécifique du nord de l’Asie Mineure à Labraunda.
15) Pour d’autres exemples à Labraunda, voir Hellström 1965 : op. cit.
214
OLIVIER HENRY et alii
ca. 15-50 ap. J.-C. (Hayes 2008 : 158, cat
378, pl. 17). La chrono typologie de ces vases
confirme la présence de plusieurs exemplaires
de la forme VII : Kalathos Cup (Atlante II, Form
70) (Hayes 2008, op. cit. (n. 6), nos 377-383,
p. 157-158, pls. 13, 17), datables entre le Ier s. et
le milieu du IIe s. ap. J.-C. ainsi que des bols de
type cnidien.
5.5.2. Fonctions des formes représentées
Les vases concernés répondaient à des besoins
variables, pouvant fournir des renseignements sur la
nature de leur espace d’utilisation. Les assemblages
définissent le profil de cet espace comme très hétérogène, combinant vases de service et vases de
cuisine, amphores, vases de stockage et matériaux
de construction. Les couches de BTC sont les plus
riches et les quantités de tuiles fragmentaires et de
fragments de pithoi y sont majoritaires. Lʼassemblage
de vaisselle de chacune des autres zones - BTA, BTB
et BTD - est beaucoup plus réduit, mais aussi plus
hétérogène. Nous avons par exemple relevé une
proportion importante de vases culinaires (chytrai,
lopades) dans le secteur BTB ; ils suggèrent la présence d’un espace culinaire situé probablement à
proximité de la tombe. Du BTD et du BTA provient
un nombre plus élevé de vases de stockage (pithoi,
amphores) et de petits vases de consommation, tels
que bols, cruches, assiettes, couvercles...
5.6. Le bâtiment des ‘magasins’
Au cours de la saison 2018 nous avons entamé la
documentation d’un tout nouveau bâtiment qui, bien
que présentant une belle élévation, n’avait pas encore
fait l’objet de l’attention des chercheurs sur le site.
Ce bâtiment, composé de très larges blocs équarris de gneiss local, est situé à l’entrée du site, à l’ouest
du propylon sud. Ses vestiges, dont l’élévation est
encore imposante, montrent un solide mur de terrasse
est-ouest, rythmé par une série de murs de refend
nord-sud (Fig. 5.6.1). Puisqu’il semble avoir formé
une série de pièces mitoyennes fermées, les premiers
archéologues du site lui attribuèrent la fonction de
‘magasins’, sans toutefois justifier cette appellation.
5.6.1. Les blocs d’architecture en marbre
L’étude a débuté par un nettoyage détaillé des
murs ainsi que des espaces situés immédiatement
au nord et au sud de la structure. Au sud, une fois
dégagée du couvert végétal, la zone montre un amoncellement impressionnant de blocs issus de l’effondrement, partiel ou total, des murs de refend, parfois
couvert de terre issue de la terrasse supérieure. Ce
nettoyage a permis de mettre au jour de nombreux
blocs d’architecture en marbre dans les niveaux d’effondrement. D’autres blocs d’architecture en marbre
Fig. 5.6.1 : Vue aérienne photogrammétrique du bâtiment des ‘magasins’ (O. Henry).
LABRAUNDA 2018
215
présentant le diamètre le plus important ne dispose
pas de mortaise de scellement ; caractéristique partagée avec les tambours de colonnes mis au jour dans
la Stoa Est).
5.6.2. L’infrastructure du bâtiment
Fig. 5.6.2 : Bloc d’ante mis au jour dans
les décombres du bâtiment des ‘magasins’
(O. Henry).
ont été repérés, partiellement enfouis, sur la terrasse
supérieure au contact ou à proximité de l’arase du
mur de terrasse. Ces blocs d’architecture ne semblent
appartenir à aucun autre bâtiment connu sur le site
de Labraunda et pourraient donc très probablement
provenir de la structure des ‘magasins’.
Notre inventaire (rapide) a montré la présence
de 37 blocs ou fragments de blocs quadrangulaires
de marbre, dont notamment deux éléments qui pourraient avoir appartenu à un mur d’ante. L’un de ces
deux blocs, est entier et dispose en outre d’un trou
de louve de type ‘carien-ionien’, c’est-à-dire dont
la cavité associe un espace parallélépipédique et un
autre trapézoïdal (Fig. 5.6.2)16.
À ces éléments il convient d’ajouter les 14 tambours ou fragments de tambours de colonne mis au
jour. Dans 13 cas il s’agit de colonnes lisses, pour
le dernier il s’agit d’un fragment (très partiel) qui
montre des cannelures peu profondes. Les diamètres
observés de ces tambours de colonne varient de 63 cm
à la base à 49 cm, ce qui semble indiquer une hauteur
de colonne d’environ 3,80 m (ces mesures sont très
comparables à celles remarquées dans la Stoa Est).
Les tambours de colonnes semblent avoir été scellés
entre eux grâce à des goujons métalliques biconiques,
tandis que le tambour inférieur n’était pas scellé au
stylobate (on note que la face de pose des tambours
L’ensemble du bâtiment a subi de très gros dégâts
qui résultèrent dans la destruction presque totale de
la façade sud et l’effondrement d’une grande partie
des murs de refend axés nord-sud.
Une étude détaillée des vestiges, ainsi qu’une
documentation associant niveau de chantier, station
totale et photogrammétrie aérienne permettent toutefois de dessiner le plan de l’ensemble à gros traits.
Il s’agit d’un bâtiment composé de 7 pièces
alignées sur un axe est-ouest (numérotées de 1 à 7
depuis l’ouest, les deux dernières pièces forment
un léger décrochement avec l’alignement de la façade) dont la paroi nord sert de mur de soutien à
la terrasse portant l’Andrôn C. L’emprise totale du
bâtiment est de 52 m de long pour un peu plus d’une
dizaine de mètres de large (Fig. 5.6.3). Compte tenu
de l’importance des blocs d’architecture en marbre,
et notamment du nombre élevé de colonnes, il est
probable que la façade nord de l’ensemble ait été
dotée d’une longue stoa, ce que semble confirmer
le retour du mur de terrasse à l’ouest. Chacune des
sept pièces présente un plan identique plus ou moins
carré de 6 m de côté en moyenne.
La façade sud était percée, à sa base, par une série
de portes, une par pièce, dont seuls deux exemplaires
subsistent. Des mesures prises localement permettent
de remarquer que les portes des pièces 3 et 7, dont les
montants sont conservés, ne sont pas centrées mais
légèrement décalées vers l’est.
Pour les mêmes raisons qu’invoquées plus haut,
l’élévation du bâtiment est difficile à appréhender. Il
semble que la structure ait comporté au moins deux
étages. L’étage inférieur, correspondant à l’élévation
du mur de terrasse, est partiellement conservé, tandis
que l’étage supérieur, marqué par un léger ressaut,
n’est conservé que sur 4 assises dans le mur ouest
du complexe. S’il est impossible d’estimer la hauteur
de l’étage supérieur (au moins supérieur aux 3,80
m calculés pour les colonnes de la supposée stoa,
auxquelles il faut ajouter chapiteau et entablement,
16) Sur ces types spécifiques de trous de louve voir Pedersen 2001/02 et 2011.
216
OLIVIER HENRY et alii
1
Niveau de sol étage supérieur
2
3
4
5
6
7
-1,82
Niveau de sol étage inférieur
0
5
10 m
Fig. 5.6.3 : Plan et section du bâtiment des ‘magasins’ (O. Henry).
soit une hauteur probablement supérieure à 4,50 m),
il est par contre possible d’évaluer l’élévation de
l’étage inférieur.
Les bases du mur de terrasse et des murs de refend sont enfouies par un important amoncellement
de blocs effondrés. Il est donc impossible, sans fouiller le pied de ces murs, de déterminer avec précision
l’élévation originale de la façade sud. Cependant,
une mesure de la différence d’élévation entre le
lit d’attente de la série de panneresses, conservées
à l’ouest du complexe et qui semblent marquer le
ressaut de fondation des murs du second étage, et la
base du linteau de la porte de façade de la pièce n°7,
à l’est, nous donne une hauteur de 4,95 m. Si nous
considérons que l’ouverture de la porte (dont la partie
basse disparaît sous les blocs) avait une hauteur de
2,00 m, il est alors possible de proposer une élévation
totale de l’étage inférieur, et donc du mur de terrasse,
autour de 7 m.
5.6.3. Datation et conclusion préliminaire
L’ensemble formé par ces ‘magasins’ devait offrir un spectacle rare au visiteur de l’antiquité. Avec
une élévation d’au moins 11,50 m (7 m pour l’étage
inférieur et plus de 4,50 m pour l’étage supérieur)
et une longueur de 50 m, la façade sud du complexe
offrait une paroi de près de 600 m2. Les techniques de
construction des murs à double parement et carreau
et boutisse en grand appareil pseudo-isodome et boutisse débordante, associés aux détails de conception
portés par les blocs de marbre (goujons biconiques,
trous de louve, etc.) pointent vers une datation à
l’époque hékatomnide. Cette datation semble d’ailleurs confirmée par les nombreuses similitudes de
forme (plan et élévation) et de dimensions (des colonnes, des pièces) observées entre ces ‘magasins’
et les éléments constitutifs de la Stoa Est, datée de
la même période.
Dans l’état actuel de nos connaissances il est impossible de proposer avec assurance une quelconque
identification à ce complexe, même si la position
excentrée des portes d’entrée n’est pas sans rappeler
la configuration des salles de banquet.
LABRAUNDA 2018
6. FOUILLES
6.1. Tetraconchos (A. Sitz)
6.1.1. Introduction
An excavation carried out in the Tetraconch sector at the edge of the ancient site resulted in the surprise discovery of an early Christian (5th/6th century)
cemetery only meters away from the Tetraconch Bath,
built circa 300-350 AD17. The Tetraconch was likely
originally attached to an elite villa. The cemetery
therefore indicates a significant shift in land usage
during the course of late antiquity, as the sanctuary
of Zeus Labraundos was closed and the population
became Christian. The graves were sealed and several
had preserved skeletal remains, offering a glimpse of
the late antique inhabitants of Labraunda.
217
6.1.3. 2018 Season
In order to better understand the context of the
Tetraconch in late antiquity, my team stratigraphically excavated a 12 x 2.80 m trench approximately
three meters to the west of the Tetraconch (Fig.
6.1.1). The entire area is on a slope of 13% grade
towards the south. Our trench was designated “Area
6.1.2. State of Research
Early excavations at Labraunda were mainly
focused on the Hekatomnid core, but in recent years
the scope of the archaeological work has expanded
to other parts of the site and later periods. Previous
work on late antiquity has uncovered both mundane
agricultural installations (including a number of wine
and olive presses) and two impressive churches dated
to the early 5th century18.
In 2008-9, J. Blid excavated the elaborate
Tetraconch Bath located north of the West Church.
Small baths of this architectural type are typically
part of an elite domestic structure (Blid 2016, 3241). It perhaps represents a late pagan interest in the
ancestral sanctuary of Zeus Labraundos during the
first half of the fourth century, before Christianity had
become a major force at the site. The Bath ceased to
function as such around 500 AD, when the hypocaust
heating system was filled, and the whole area perhaps came under the control of the West Church
(Blid 2016, 70).
Fig. 6.1.1 : Drawing of Trench 1. The rock
cut graves at a lower level are shown in grey
(A. Sitz).
17) Work was carried out from July 23-August 22, 2018 and was funded by a Dumbarton Oaks Project Grant. The team was composed of myself, Pierre Charrey (PhD student, Ecole Pratique des Hautes Etudes), Friederike Kranig (MA student, Ludwig-Maximilians
Universität), Anıl Arslan (MA, Adnan Menderes University), Cağla Durak (BA student, Bilkent), Merve Günal (BA student, Bilkent),
Nurdoğan Arslan (worker), Yasin Demir (worker), and Sinan Henry. I would like to thank my team as well as Olivier Henry, Ömür
Çakmaklı, Musa Ötenen, Jesper Blid, Vasilica Lungu, Alina Musat-Streinu, Ayşe Belgin Henry, Christophe Bost, Elisabeth Goussard,
Raphaëlle Chevallier, and several students for various forms of assistance and support. For the Tetraconch Bath, see Blid 2016: 17-71.
18) For the presses, see A. Sitz in Henry et al. 2016: 416-24; Chr. Bost in Henry et al., 2015: 210-215; A. Sitz in Henry et al., 2018:
297-301. For the churches, see Blid 2016.
218
OLIVIER HENRY et alii
Z, Tetraconch: Trench 1.” It included a portion of two
walls (Walls A and B) visible on the surface at the
north; they are roughly aligned with, and employ the
same masonry as, the Tetraconch, and therefore were
likely built at the same time. Wall B, now broken,
appears to have run farther to the south originally;
however, no continuation of this wall, nor its foundation trench, were uncovered. It had apparently been
completely robbed out by approximately the 5th or
6th century, leaving an open field into which graves
were dug. After we removed the topsoil (Context 1,
ranging from c. 0.10 - 0.35m in depth), the dirt in this
area could be divided into three main stratigraphic
layers: the highest, a lighter, yellowish, sandy soil
(Contexts 3 and 7); underneath a darker brownish
soil with more abundant ceramics (Context 19); and
lower a lighter, yellowish-brown soil (Context 25)19.
The edges of these layers were diffuse and mixed due
to the later activity of digging the graves.
6.1.4. Graves
In approximately the 5th/6th century, graves were
dug through these soil layers down to the level of the
bedrock (around 0.60-1.00 m below the late antique
ground level). Eleven undisturbed, sealed graves,
most containing preserved skeletal remains, were
found partially or fully within our trench (Fig. 6.1.2).
The graves were Contexts 21-24, 22, 26-29, 31, 32,
and an unnamed context visible but not excavated
in the southern scarp. The tombs are oriented east
to west.
After the carving of the grave, the deceased was
placed in the rock-cut cavity with the head at the west
(Fig. 6.1.3). Few grave goods were deposited with
the deceased (see further below); no ceramic vessels
could be identified as intentional deposits. Unworked,
roughly flat stone slabs were laid over the opening
of the bedrock cut, sealing the tombs. Pieces of tiles
or bricks were sometimes used in the construction of
these tomb lids. After the tomb was closed, dirt was
placed again over it.
Then, in the late antique ground level, stones
and bricks/tiles were arranged on the surface in a
rectangular shape, outlining the tomb below. Several
of these grave outlines had broken bricks or tiles
placed vertically at the head or feet, or both (Fig.
6.1.4). In three of the graves, these bricks had roughly
Fig. 6.1.2 : Trench 1, graves cut in bedrock.
Orthophoto (O. Henry).
19) At the very southern part of the trench, a dark soil with abundant of charcoal was found (Context 33).
LABRAUNDA 2018
Fig. 6.1.3 : Trench 1, grave Context 21
(A. Sitz).
219
Fig. 6.1.4 : Trench 1, Stone borders
Context 18 (above grave Context 31) and
Context 15 (above grave Context 26).
Notice the bricks placed at the west,
as marked. The brick in Context 18 had
a cross etched on it (A. Sitz).
Fig. 6.1.5 :
Trench 1, grave
Context 22
and brick with
cross. Brick was
facedown at the
edge of the tomb,
circled in white
(A. Sitz).
etched crosses on them, clearly marking the area as a
Christian cemetery (Grave Contexts 21, 26, 31)20. In
grave Context 22, two bricks with crosses were found
as supports underneath the in situ tomb lid, indicating
that the crosses were not post facto additions to earlier
graves (Fig. 6.1.5).
20) Other tiles may possibly have originally held painted crosses, now completely disappeared.
220
OLIVIER HENRY et alii
One tomb was distinguished from the others:
Grave Context 29 had a stone rectangular outline
on the surface, like the other graves, but the space
between the stones was packed with broken bricks
placed vertically. The tiles were wedged in between
the stones and each other in such a way that it was
certainly an intentional feature.
6.1.5. Skeletal Remains
The graves produced three fairly well preserved
and six badly degraded skeletons; in the other graves,
the skeletal material had completely deteriorated. In
at least one instance, the deceased had arms crossed
over the abdomen (grave Context 21). One grave
was for a child, with a length of one meter. Each of
the graves seems to have contained the remains of
one individual; there is no evidence of re-use in the
tombs21.
It is unusual in the region around Labraunda
to find skeletal remains because, in addition to the
plundering of graves, the chemical qualities of the
soil cause skeletons to disintegrate completely. The
bones collected from Trench 1 therefore represent one
of the first opportunities to investigate the inhabitants
of Labraunda themselves. We seek to further study
the skeletal remains to better understand the origins,
health, ages, sexes, and familial relations, of these
individuals.
6.1.6. Finds
Throughout the trench, most ceramic sherds were
small fragments consistent with fill dirt and alluvial
run off from higher up on the slope. The sherds recovered within the graves were generally small fragments
and were simply part of the soil matrix, rather than
intentional grave deposits. Preliminary examination
of the ceramics by Vasilica Lungu suggests that the
latest material found can be dated to the 5th or 6th
centuries AD. A large quantity of earlier ceramics
were found as well mixed into the soil, including
Hellenistic and early Roman fineware, Knidian-type
bowls, a well-preserved Roman oinochoe rim and
neck, and amphorae.
Potential grave goods were rare. Grave Context
32 contained a cut rock-crystal gem recovered from
the sieve (LAB18.SZ.32.F03; 1.90cm x 1.04cm). In
the Roman period, rock crystal was mined in Caria
(Pliny, Natural History, 37.9 ln. 23-26). This gem
was therefore likely of local origin.
Other graves contained small fragments of metal,
including bronze pieces perhaps from jewellery or
appliques on clothing (for example, C22B Metal 741
from grave Context 22). Occasional iron nails were
found in the dirt outside of the graves. Twenty-three
fragments of metal were collected in total: eleven
iron and twelve bronze, according to the analysis by
Elisabeth Goussard. Small, non-joining fragments
of glass were also mixed throughout the soil in the
trench.
Three coins were recovered from Trench 1:
LAB18.SZ.02.C01 (Context 2; largely illegible),
LAB18.SZ.07.C02 (Context 7; well-preserved, obverse: lion looking back over its shoulder with a
Μ, reverse: stellate pattern with text) and LAB18.
SZ.24B.C03 (from Context 24; illegible). This final
coin was found in the grave near where the head
would have been located; it may have been an intentional deposit.
6.1.7. Analysis of the graves
The tombs located mere meters away from the
Tetraconch Bath indicate a sharp change in land
usage at the site over the course of a few centuries,
between circa 300/350 AD and the 6th century. Land
which previously belonged to an elite landowner was
instead given over to burying the average inhabitants
of Labraunda. Furthermore, these graves are located
at some distance from the West Church; this perhaps
indicates that burials began closer to the church, but
space was filled up by what must have been a sizeable
population. The tombs are clustered close together,
some separated by a meter or less. The method of
burial – tombs carved into the bedrock and covered
over with slabs – was in use at Labraunda from at
least the 4th century BC.
The individuals buried seem to have been nonelites, lacking inscribed tombstones, decorative elements, or Christian devotional jewellery. Only three
of the tombs were marked with crosses etched onto
the bricks, likely because the entire population was
Christian, so there was no need to publically declare
this for each grave. These crosses, each one distinct
and inexpertly etched into broken bricks with a sharp
21) In grave Context 22 the bones seem to have been disturbed and disjointed; this could be due to earthquake activity.
LABRAUNDA 2018
tool, were most likely spontaneous expressions of
grief or piety from the loved ones of the deceased,
rather than a standardized practice.
6.1.8. Trench 2
We also opened a test trench (Trench 2, 3.30
x 2.30m) to the southwest of Trench 1 in order to
investigate an unfluted gneiss column visible on
the surface. We found that this column is built into
a Byzantine (?) spolia wall running northwest to
southeast. The wall was associated with a tile roof
collapse and, below it, a rough surface of tiles. A
small number of Byzantine glazed sherds were found
in the soil above the surface, giving some indication
of the date of the use of this structure, although its
function is unclear.
6.1.9. Tetraconch Cleaning
In addition, the interior of the Tetraonch Bath
was cleaned in preparation for consolidation. A
number of ceramic fragments, bricks, tiles, and
glass fragments were collected. Of particular interest was a fragment of a plate with a lead clamp or
piercing tool in it, indicating an ancient repair of a
broken ceramic. After the cleaning, the interior of the
Tetraconch was filled with gravel up to the level of
its original (now missing) floor, in order to protect
the hypocaust system, still in situ. Furthermore,
cleaning to the west of the Tetraconch, between
this structure and Trench 1, uncovered a few stones
associated with the bath’s praefurnium. At the end
of the season, both Trench 1 and Trench 2 were
backfilled.
6.1.10. Conclusion
The 2018 discovery of the graves is significant
because it gives us our first glimpse of the physical
remains of the inhabitants of late antique Labraunda.
The cemetery indicates the changing usage of this
sector of the site. Further analysis of the material
from the graves and surrounding contexts is on-going,
and scientific testing to be carried out on the skeletal
remains will hopefully shed further light on these individuals. In the coming season, it is planned to open
another trench, closer to the West Church, in order
221
to better understand how the church was connected
with the surrounding cemetery.
6.2. Stoa est (J. Blid, N. Carless Unwin,
B. Vergnaud)
The Labraunda East Stoa Project was resumed
in 2018 on a larger scale, with the first excavation
campaign. It focused on three areas: a renewed architectural analysis of the East Stoa complex; the excavation of Room 4 of the stoa; and the investigation
of the esplanade in front of the building.
6.2.1. The architectural survey
J. Blid conducted an architectural survey of the
East Stoa and its associated areas, referred to as the
East Complex (Hellström 2015). The investigations
confirmed a structural connection between the East
Stoa and an elongated building to the west, traditionally known as the ‘Palace’ (Fig. 6.2.1). This two-storey building is constructed in a similar way to the East
Stoa, with double-skinned walls of gneiss ashlars.
The ‘Palace’ originally consisted of a row of four or
five rectangular rooms entered from the south, in the
area below the East Stoa, next to the East Propylon.
The entire East Complex measures approximately
35.5 m west-east and 45 m north-south. The East Stoa
itself, which consists of a Doric marble colonnade
in front of six square rooms, measures 14.5 m x 45
m. The rooms of the stoa measure 6.3 m square.
The doorways of each room are displaced towards
the south; this asymmetrical position tallies with the
character of rooms in banquet stoas. All documented architectural features of the East Stoa, including
dowel and clamp holes, marble type and design of
the architectural members, point to a Hekatomnid
date of construction22.
The investigation of the walls revealed that the
north-eastern corner of the building still stands to
its full original height of ten wall courses (5.36 m)
above the stylobate. The level from the stylobate to
the ground level of the ‘Palace’ is approximately 7 m,
or 13 wall courses. The total height of the standing
walls of the East Complex is thus c. 12.4 m.
The colonnaded front of the East Stoa originally
consisted of 16 or 17 Doric columns between returning antae. Two fully preserved marble columns
22) Previous research is partially published in Hellström 1994. See also Carless Unwin & Vergnaud ‘La Stoa Est’, in Henry et al. 2018.
222
OLIVIER HENRY et alii
Fig. 6.2.1 : View of the ‘Palace’ (N. Carless Unwin).
have been documented. The columns consist of four
drums each and the average height of the column
shafts measure 3.85 m. A column capital in marble
(height: 21 cm), which most probably belongs to
colonnade, was identified south of the building by
the Doric House. The total height of the colonnade
was thus 4.06 m.
The estimated total height of the East Stoa, measured from the top of the roof to the level of the
stylobate, is approximately 7 m; 14 m including the
substructures. This makes the East Complex one
of the largest structures of the intramural area of
Labraunda.
6.2.2. Room 4 Excavation
The excavation of Room 4 was directed towards
identifying the function of the stoa and its occupation
history, testing the hypothesis that the building was
used for dining. Exploration at the stoa is made difficult due to its collapsed walls. Efforts were focused
on Room 4 for practical reasons: its internal surface
seemed to contain fewer blocks, and their extraction
was facilitated by the presence of a sizable flat area
located at the back where the blocks could be stored.
The first phase involved removing the blocks
inside the room (Fig. 6.2.2). In total, 90 blocks were
numbered and stored. The blocks located near the
entrance were left in situ, with the possibility of
restoring the entrance. The removal of the blocks
took most of the time spent on the field; however, a
small trench (2.5 x 1.4 m) was opened in the second
week of the campaign in the south-eastern corner of
the room (Fig. 6.2.3).
A mixed pottery sequence containing glazed
Byzantine sherds, Late Roman ware and glass (layer
4000/surface-4001) was found while removing the
blocks and the topsoil (Fig. 6.2.4)23. This suggests
that the room was used as a dump after the walls had
collapsed. The sandy layer below can be interpreted
as a natural deposit between the destruction of the
roof and before the stone walls collapsed. Below this
layer, a dense layer of roof tiles was encountered
(4003). The homogeneity of the material and its
dispersion across the trench supports its interpretation as the collapsed roof layer; whether this is the
23) The chronological observations about the material are preliminary.
LABRAUNDA 2018
223
Fig. 6.2.2 : Aerial view of room 4 before and after removal of the blocks (O. Henry).
Fig. 6.2.3 : S-E trench, showing roof tile layer
(4003) (B. Vergnaud).
original Hekatomnid roof or a later roof remains to be
ascertained. This layer also contained Hellenistic and
Imperial period ceramics, indicating that the building
collapsed in Roman times. Layer 4004 was directly
below the tiles and may be interpreted as the abandonment phase of the stoa. A clayish layer (4005) is
located along the east and south wall, extending c.
40 cm from them; we will ascertain whether it continues along the length of the walls in 2019. In the
N-W corner of the trench, a wall made of roughly cut
small stones, two courses high, has been uncovered.
Its function has not yet been ascertained, though it
is a secondary installation.
No layers of material dating to the Hekatomnid
occupation of the building have yet been uncovered.
The roof tile layer rests on a level located c. 88 cm
below the threshold level; one possibility is that
there was an underground space beneath the room24.
The excavation of the room will resume in the 2019
campaign, which will allow us to establish a full
occupation sequence and test this hypothesis.
After completion of the investigation, 6 boxes of
ceramics (24 litres) were stored, 5 belonging to the
test-trench. The material will be studied in the 2019
campaign, but preliminary studies reveal a wide
range of ceramic types from fine ware (drinking cups,
plates) to coarse ware (pithoi, amphorae), as well as
glass, bones and metal. Three coins were discovered;
one has been identified as a coin of Mylasa25.
24) The level of the threshold is 672.39 m. The tile layer rests on the flat level 4004 which is located at an average height of 671.51 m.
25) The coin may be compared to one found in tower 8 on the acropolis. See Vergnaud in Henry et al. 2014: 285-286, fig. 51.
224
OLIVIER HENRY et alii
Fig. 6.2.4 : North and west stratigraphical profiles in the S-E trench (B. Vergnaud).
Fig. 6.2.5 : North facing section of Trench 1,
showing (112) at the base (N. Carless Unwin).
6.2.3. Exploration on the Terrace
Exploration on the terrace in the 2018 campaign
was directed towards investigating structures identified by a geophysical survey in 2009 (Karlsson et
al. 2010). Two trenches were excavated, aimed at a
number of the geophysical anomalies identified from
the multi-method survey. The main anomaly targeted was a series of linear high amplitude reflections
which were interpreted as a building, oriented eastwest, possibly a church. The trenches were located
within an open space on the terrace. Trench 1 measured 3 x 2 m and was located across the geophysical
anomaly interpreted as the possible east wall. Trench
2 measured 3 m x 2.5 m and was placed to target the
possible west wall.
Within Trench 1, a sequence of stratigraphy
was excavated spanning approximately 2.3 m, from
topsoil down to the earliest archaeological deposit
encountered (Appendix 1, Fig. 6.2.5). No structures
were identified within this trench; we should consider the possibility that the geo-referencing of the
geophysical survey was inaccurate.
The geological subsoil (112) occurred at a depth
of approximately 200-210 cm below ground level. It
was a yellow sand deposit, soft and fine in texture,
and devoid of material. It is possible that it was
formed by alluvium being washed down the hillside
over time. The surface was uneven and two irregular
features were cut into the surface – [110] and [113]
(Fig. 6.2.6). They contained significant amounts of
ceramics and tiles and have been interpreted as pits.
Feature [110] contained one or possibly two nearly
complete vessels, one with a bone preserved inside;
one suggestion for its function is cooking or ritual
related. Feature [113] had a similar pale brown grey
sandy fill (114) and contained ceramic and tile fragments. An initial examination of the pottery suggests
an Imperial date.
The deposit above these features was a dark
brown, compact silty sand layer, context (109), which
again contained significant quantities of ceramic and
tile fragments. This is interpreted as an occupation
layer, though the sorts of activities and their duration
remain unknown. Context (108) lay above this; it
again had a high concentration of ceramic fragments,
within a dark brownish-grey soil. Inclusions included two amphorae handles, two figurine fragments,
tile fragments, occasional animal teeth, charcoal
225
LABRAUNDA 2018
Trench 1
LAB 18
East Stoa Project
ST
(109)
ST
ST
ST
ST
C
C
(1011)
C
ST
C
ST
[1010]
C
M
C
C
ST
B
ST
0
ST
ST = Stone
C = Ceramic
M = Marble
B = Bone
50
Fig. 6.2.6 : Plan of T1, showing [110] & [113] (N. Carless Unwin).
fragments, and glass fragments. Initial examination
suggests the ceramics are a mixed fill, dating primarily to the late Hellenistic/Imperial period, with
a probable late date in the 2nd century CE. A full ceramic study will be undertaken in the 2019 campaign.
Context (106) was similar in composition to
(108), with frequent ceramic fragments, and a severely eroded coin. Features [103] and [107] have
tentatively been related to the erection of temporary
structures on the esplanade. The evidence suggests
that (106) was a fill layer, employed to stabilise and
flatten the terrace surface. The top of context (106)
measured c. 110 cm below the surface layer. Context
(102) above was a fine and clean yellowy sand layer,
with very little material. It appears to have been imported onto the terrace, likely to level the surface. The
overburden layer above this context, labelled (101),
was of significant depth, c. 75-80 cm. It was light
grey and contained very little material, suggesting
it was the result of the accumulation of silt being
washed down the hillside over a long period.
The concentration of material of late Hellenistic/
Imperial date in Trench 1 occurred at a level below
the stylobate of the stoa. One suggestion is that the
terrace was cleared of its deposits in the 1st-2nd centuries CE. This suggests that the occupation of the
building was disrupted at some stage; it is possible
that the terrace was dug out to the natural layer (112)
before strengthening fill layers were added and the
terrace built up.
In order to understand how the sand layer (102)
interacted with the stoa, the trench was extended at
a width of 1m to the stylobate. The layer (102) hit
the stylobate c. 5-10 cm below its surface, suggesting
that the new terrace permitted access to the colonnade. The investigations further revealed a column
drum, which had fallen directly onto the sand layer,
indicating that it was still standing at the time of the
terrace reworking. The sand layer contained very
little material and currently it can only be said that
it is later than the 1st/2nd centuries CE.
Trench 2 was targeted to investigate a possible
N-S oriented wall. The remains of a stone and tilebuilt structure were uncovered at approximately 0.3
226
OLIVIER HENRY et alii
m below ground level. This structure is possibly
connected to the structures identified in the geophysical survey. The remains of the structure included a
collapsed rubble layer (202), large rectangular stone
building blocks, possibly reused Hellenistic/Roman
stonework [203], and a floor layer of reused roof
tiles [205]. This structure will be returned to in a
later campaign.
6.2.4. Conclusions
The early investigations on the terrace and inside
Room 4 indicate that the East Stoa was still in use in
the Imperial period; however, there appears to have
been disruption in occupation, with the ground layer
on the terrace lowered. When the level of the terrace
was restored, it was meant to provide access to the
stoa. More extensive excavations will take place in
Room 4 and on the terrace to help clarify the history
of occupation of the East Complex and the nature of
this activity during the Roman Imperial period.
Appendix 1: Context Register for Trench 1
Context
Description
101
Overburden: light grey, silty.
102
Yellowy sandy layer; soft and fine.
103
Cut of possible post hole.
104
Fill of [103]
105
Mid-grey, sandy gravel; transition from (102).
106
Dark greyish brown slightly clayey sandy layer.
107
Post-packing, arrangement of two stones and a tile.
108
Dark greyish brown sandy layer; stone inclusions.
109
Dark brownish grey compact sand; heavy
concentration of tiles and ceramics.
110
Potential pit.
111
Fill of [110]. Grey sandy layer, with frequent ceramic
inclusions.
112
Natural yellowy sandy layer.
113
Potential pit.
114
Fill in [113]. Grey sandy layer; large fragments of
tiles.
115
Stylobate block at E end of T1.
116
Column drum at E end of T1.
6.3. Stoa nord (Zone X)
Conformément à ce que nous annoncions dans
notre rapport de la saison 2017, et à la suite de la
fouille partielle de la Stoa Nord, la saison 2018 s’est
concentrée, dans cette zone, sur la terrasse qui surplombe la stoa. Cette dernière est en effet bordée au
nord par un imposant mur de terrasse qui présente
un contre-fruit dangereux. Il était donc urgent de
procéder à une opération de sécurisation avant de
poursuivre la fouille. Compte tenu de la taille de ce
mur de terrasse (conservé sur plus de 4 m de hauteur)
et de sa localisation, il était impossible de construire
une structure de soutien au pied du mur, ce qui aurait
eu pour double effet de défigurer le site, mais aussi
d’interdire la poursuite de la fouille de la stoa. Il a
donc été décidé, après consultation d’un ingénieur
civil (de l’Université ODTÜ), d’alléger la pression
sur le mur, tout en mettant en place un système de
drainage.
L’opération de 2018, qui a duré 3 semaines,
s’est donc essentiellement consacrée à ces travaux.
L’ensemble de la terrasse surplombant la Stoa Nord
a été nommé X1, en référence à la numération mise
en place au début des fouilles suédoises. L’espace
concerné représente un large rectangle orienté estouest de 37 m de longueur et de 6 m de largeur.
Si le dégagement de la partie orientale de la terrasse, effectuée jusqu’à l’arase du mur de terrasse qui
surplombe la Stoa Nord, n’a rien révélé de particulier,
la partie occidentale a mis au jour une belle structure.
Celle-ci est composée de deux murs perpendiculaires d’époques différentes (Fig. 6.3.1). Le mur
ouest, orienté nord-sud, présente une technique
de construction en carreau et boutisse à parement
isodome et date probablement de la période hellénistique (éventuellement hékatomnide). Le second mur,
perpendiculaire au premier sur lequel il s’appuie,
dispose encore dans sa partie occidentale d’une
élévation importante, sur plus de 3,50 m, tandis
qu’à l’est, il n’est conservé qu’en fondation. Il est
composé d’un matériau hétéroclite comprenant des
blocs de taille et des cailloux, noyés dans un mortier
de chaux. Malgré la très mauvaise conservation de
ce mur, on remarque la présence d’au moins trois
niches, l’une semi-circulaire à l’ouest, suivie de
deux autres niches rectangulaires peu profondes vers
l’est. Il semble que tout ou partie de ce mur était
recouvert d’un placage de marbre (Fig. 6.3.2), conservé en quelques endroits (et particulièrement dans
LABRAUNDA 2018
227
Fig. 6.3.1 : Vue aérienne de la terrasse X, après les opérations de fouille (O. Henry).
l’angle ouest formé par les deux murs), identique à
celui constaté dans les vestiges de la Stoa Nord. Il
apparaît donc que l’espace formé par les deux murs
était probablement protégé des intempéries et donc
couvert d’une toiture. L’abondance de fragments de
tuiles à rebord mises au jour lors du nettoyage de
surface paraît confirmer ce point.
Très peu de matériel céramique a été récolté au
cours de l’opération. Il semble que la face avant du
bâtiment, correspondant probablement au stylobate
de la stoa, ait complètement disparu dans la pente,
avec une large partie des niveaux de circulation. Il est
donc difficile de dater cette structure avec précision.
On est cependant tenté d’associer cette nouvelle stoa
à une inscription connue de longue date, dans laquelle
un certain Titus Flavius Neon dédicace la couverture
d’une stoa26.
26) Labraunda 21.
Fig. 6.3.2 : Angle nord-ouest de la stoa X et
placage de marbre (O. Henry).
228
OLIVIER HENRY et alii
Cette opération ayant été menée lors des dernières
semaines de la mission, il ne nous a pas été possible
de procéder à la documentation de la structure. Nous
y reviendrons donc lors de la saison 2019.
7. CONCLUSION
Comme le lecteur a pu s’en rendre compte, cette
saison 2018 s’est concentrée pour une grande partie
sur la documentation. Il s’agissait de continuer la
mise à plat de l’étude des matériels (mobiliers et
immobiliers) mis au jour depuis le début des travaux
de fouille en 1948. Cet effort sera poursuivi lors de
la saison 2019. Concernant le matériel mobilier,
l’accent sera porté particulièrement sur la céramique,
les objets métalliques, les ossements (suite à la découverte du cimetière byzantin), ainsi que la TCA.
S’agissant du matériel immobilier, nous poursuivrons
la documentation des ‘magasins’, entamée cette
année. Un dernier programme de documentation
concernera la tombe monumentale, si nous en avons
les moyens financiers et disposons des autorisations
nécessaires : dans le courant de la saison 2018 et
dans le cadre des études métalliques, nous avons
remarqué que les scellements métalliques des murs
de la tombe monumentale de Labraunda, dont la
datation est très problématique, étaient composés
d’un alliage riche en fer. Suite à cette découverte,
nous avons pris contact avec Ph. Dillmann, directeur
de recherche au CNRS (RAMAT-LMC UMR5060),
pour envisager de mener une analyse C14 de ces
scellements grâce à la méthode élaborée par l’équipe
du LAPA (Laboratoire Archéomatériaux et Prévision
de l’Altération). Il s’agirait d’une opportunité unique
de dater la construction de cette tombe monumentale.
Celle-ci appartient à la famille des Mausolées cariens
mais sa technique de construction semble indiquer
une date antérieure à celle du fameux Mausolée
d’Halicarnasse. Si cette datation devait être confirmée
par l’analyse du scellement, il s’agirait d’un résultat
qui permettrait de remettre en perspective la tradition des tombes monumentales dans le sud-ouest de
l’Asie Mineure.
Concernant la conservation/protection du patrimoine archéologique de Labraunda, les résultats obtenus par l’équipe en charge du métal, suite à la mise
en place cette année d’une station de travail dédiée
aux objets métalliques, ont démontré non seulement
le caractère judicieux d’une telle décision, mais aussi
l’urgence d’interventions qui ont par trop tardé. Nous
comptons donc poursuivre cet effort dans le courant
de la saison 2019. Nous reprendrons également les
travaux entamés en 2017 sur la ‘maison dorique’ et
compléterons la restauration/protection du sol du bassin, ainsi que les travaux de nettoyage et de remise en
état des ‘Oikoi’. Nous comptons également procéder
à la protection des sols de plusieurs autres bâtiments,
dont notamment ceux des propylées Y (à l’est de la
terrasse du temple). Enfin, nous reprendrons le programme de conservation des marbres, qui avait été
mis en pause en 2018.
Concernant les fouilles, nous poursuivrons les
investigations entamées dans la stoa est ainsi que
celle de la Stoa Nord. Une nouvelle tranchée sera
également ouverte dans le secteur du tétraconque, à
proximité de l’église ouest afin de déterminer l’emprise du cimetière byzantin. Enfin, nous prévoyons
d’entamer une nouvelle opération destinée à fouiller
l’Oikos L, un petit bâtiment distyle in antis attenant
à l’escalier monumental.
LABRAUNDA 2018
229
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