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Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa littp://www.archive.org/details/lalinguistiqueouOOmaro LA LINGUISTIQUE ou SCIENCE DU LANGAGE «NGEKS. — IMPRIMERIE F. GAULTIER ET A. THÊBERT J MAROUZEAU Docteur es lettres Directeur d'études à l'Ecole pratique des Hautes-Etudes. LA LINeUISTIûDE ou SCIENCE DU LANGAGE 4^^ " PARIS LIBRAIRIE 13, PAUL GEUTHNER RUE JACOB, 13 I92I AVANT-PRCPOS Vous « lez-vous? êtes linguiste? » — Question souvent posée par des pro- pour qui linguiste fanes, un. De que la Combien de langues par^ et polyglotte c'est tout plus avertis, confondant linguiste et philologue, croient le linguiste voué à Vexplication des langues mortes et des vieux textes. Si on leur dîî ^ pas du n'est langues, gage? » tout la même — Qu'est-ce alors que science — Voilà question à laquelle la « la voudrait répondre En du lan- ce petit livre (i). Camp (i) du langage, ce qui chose que Vêtude des linguistique est la science de prisonniers de guerre de Crefeld, 19 16. vue de rendre l'exposé accessible même à des lec- ignorants de toute langue étrangère, on a emprunté teurs exemples presque exclusivement au français de nos pour la même raison, la bibliographie est limitée aux ouvrages écrits ou traduits en français. les jours ; 1 N LES SONS (PHONÉTIQUE) ROUDET, Éléments de phonétique générale. L. P. Passy. Étude SUT ÏD», Petite 2® édition, les phonétique Leipzig, Paris, 1910. changements phonétiques. Paris, 1890. comparée des langues indo-européennes, 1912. P. RousSELOT, Principes de phonétique expérimentale. Paris, 1908, 1897- PHONÉTIQUE Nous L'écriture et la prononciation. une phrase en passant dans de Neuilly a voyelle, et s, : que ni de vê. i / consonne, : voyelle, Voilà un Plus loin, ïe de s. réduit presque à de nous c'est le un son ê d'écrire s'est jeu de : amusé aux compter le e i. de ! \ je — î/, lettres ni de âf, a, le î, eu de groupe de, tout le Chacun bizarreries de l'orthographe; les 15 et les au, eau, haut, aulx, richesse inutile j, c Et ainsi de suite. 20 manières ait, ais, haie, hais, etc., les : : ne s'entend pas, fête un soit pas de trace de ; comme verra trans- la que j'analyse en 4 vais, : vais à la fête voyelle; v consonne, t consonne; mot Neuilly se prononce îlly se s prononce en 2 sons je « je : Le premier enfant venu qui saura épeler crite i, ». rue la entendons d'écrire 40 ou 50 manières 6, oh, os, etc., etc. Quelle Quelle pauvreté au contraire quand on voudrait marquer la différence entre les deux eu de peu ode fort morosel Les signes que nous écrivons ne répondent pas aux sons que nous prononçons. C'est que les mêmes signes nous servent depuis d'heures ou les trois des siècles, depuis un temps où différent de ce qu'il est devenu. le français était bien L'écriture, dont avons toujours des modèles sous nos yeux, change tandis que les sons se transforment sans cesse. nous peu,, LES SONS 4 Rétablir toute une la correspondance dans On révolution. pu a la pratique, la réaliser ce serait dans certains pays» ainsi en Espagne, à une époque où l'instruction était par assez peu répandue pour que la réforme ; pour la le public ne fût pas gêné plupart des pays civilisés elle est éternellement à Tordre du jour. L'orthographe phonétique. Mais les linguistes bien été obligés de la réaliser pour leur compte. impossible de travailler scientifiquement si on Il ont est est obligé d'accepter les conventions orthographiques de chaque langue et de préciser à chaque instant Vo de dorme^ ou Vo de : et malgré la dos. Vo de dort, ou : : Après bien des tâtonnements, concurrence de systèmes rivaux, on est arrivé un alphabet phonétique qui permet de de manière rigoureuse les principaux sons de ï constiruer transcrire de toute langue donnée, suivant le principe : un seul son chaque signe, un seul signe pour chaque son. D'où simplification, puisque nous n'avons plus qu'un |)Our signe pour o, auy eau, etc. ; mais complication puisque nous aurons trois signes pour les trois o aussi, de fo^'t nous faudra un signe spécial pour ou, qui est an son élémentaire ni plus ni moins que u (ou s'écrira morose. Il u, et u, u)^ de même pour an, pour on, in, un^ qui sont nous en faudra un pour ch (j) ^ui est une consonne simple tout comme /. Et il nous 'laudra adopter aussi des signes nouveaux pour tous les aussi des sons simples. Kms Il étrangers à notre langue, c'est-à-dire en plusieurs centaines de sons élémentaires. fait pour PHONÉTiaUE On Classement des sons. f ' ne pourra pas entre- prendre de transcrire tous ces sons différents sans s'oc- même cuper en temps de Notre alphabet usuel ment : sonnes les voyelles : les définir et une est n'y sont liste^ et même de non pas un pas séparées des coiih non scientifique. D'après Timpression qu'ils font Les grammairiens latins, à la suite des qu'ébaucher un classement Timpressionque font les sons, sur laient voyelles (lat. vocalis) sur l'oreille^ grecs, n'avaiem méthodique. Notat^t notre oreille, ils appe- ceux qui comportent xxrxt consonnes (lar. consonans) les autres^ consonnes, les unes, si on ne leur donne pa^ émission de Parmi classe- nous nous contentons d'un ordre a, ^, c, d, e...; traditionnel, historique, fait les classer. les la voix^ l'appui d'une voyelle, sont à peine perceptibles : ce soM muettes (/>, t, l, etc.); certaines donnent Timpressioa d'un écoulement du son ce sont les liquides (/, r,); les : d'autres, d'un sifflement : sifflantes {s, z) On distingue encore des fortes et des ténues, suivant qu'elles portent un com- musculaire relativement violent (p /), ou faible {p, d,), des dures (s) et des douces QOf ^^^ claires] {é) et des eff"ort sourdes (o), des continues, dont tion peut se prolonger (/, Mais ce sont rences. Un là la prononcia- m, r) et des instantanées(p. F) etc. des caractères extérieurs, des appa- chimiste classe les corps non d'après leur cou- leur et leur forme, mais autant composition. De même le que possible d'après leur phonéticien tâcha de saisir h nature intime des sons, et>n les classant, deles défimc« LES SONS C'est ce qu'avaient essayé, y il a bien des siècles, préoccupaient d'assurer les grammairiens de l'Inde, qui la prononciation correcte du sanskrit, langue de leurs et textes sacrés, reprendre le se linguistiqae la moderne n'a fait que principe de leur classification. D'après le mode d'émission. Que se passe- t-il quand nous émettons un son? Nous chassons de nos poumons une certaine quantité d'air (si nous fermons la bouche sur le et le nez, impossible de rien prononcer), et passage du courant d*air nous disposons d'une certaine manière les organes de l'appareil vocal. « Dites âââ ))j nous demande regarder dans le fond de le médecin quand la gorge; c'est il veut nous que pour pro- noncer â nous devons placer nos organes dans la posi- tion du repos, celle de la respiration normale. Nous pouvons observer nous-mêmes de nos organes : notre langue sous en appuyant le les mouvements en prononçant r nous sentons vibrer la pression de doigt sur notre l'air expiré; disons pomme d'Adam p'.:rcevonsune vibration, qui cessera si : ;( nous nous prononçons s. main devant la bouche et parlant tout près d'un miroir une buée légère atteste que l'air Disons w en mettant la : poumons a passé par le nez. moyens sont insuffisants. Nous chassé de nos Mais ces serions bien embarrassés de découvrir par l'observation directe quels mouvements il faut pour produire physiologiste intervient alors un é, pour nous un /, etc. exphquer Le la m. PHONETIQUE Structure et le fonctionnement de nos organes, ce qu'il nous apprend Les organes de : — la parole. L'appaieil Représentation schématique des organes de est et voici de la parok la parole. comparable à un instrument de musique mis en poumons. L'embouchure, tourvers les poumons, est une sorte de action par le soufflet des née vers l'intérieur, tuyau cartilagineux, le larynx, en travers duquel son^ '*-- LES SONS tendues des membranes de part foédiane aucun son. Tendues, font obstacle au passage de l'air qui leur imprime laissent passer l'air sans obstacle -filles d'une fente cordes vocales. Relâchées, ces membranes les : et d'autre : ane vibration, d'où un son plus ou moins élevé suivant îe degré de tension. Ce son se propage hors du larynx à une sorte de boîte de résonance qui travers son timbre la bouche cette c'est la cavité : et les fosses nasales. cavité en tant le larynx iosses du aasales les ; palais la partager en deux en pour fermer contractions et les dBnairement variés de la langue en remon- la rapetisser nous pouvons en enfin agrandir mâchoire intérieure, en la nous pouvons ; donne l'arrière-gorge, Nous pouvons nous pouvons ; voile le âoTme par abaissant langue retirant la relevant formée par lui ; l'entrée des modifier mouvements la extraor- des milliers de fibres musculaires et nerveuses entrent en jeu pour produire h son le plus élémentaire. La phonétique expérimentale. Pour étudier position et l'action de tous cqs organes, iirecte ne suffit plus ; reils; de c'est l'affaire il faut la la dis- l'observation une méthode et des appa- phonétique expérimentale. du phonéticien voici des Instruments de toute forme, de toute dimension celuid enregistre les mouvements du diaphragme et des Entrons dans le laboratoire : : 3Riiscles thoraciques qui agissent sur asons; celui-là mesure surprend les la le soufflet des ppu- quantité d'air expiré; un autre mouvements de la langue ; un système de PHONÉTIQUE miroirs et de réflecteurs nous larynx fait voir jusqu'au tond plus profonds ; en cinématogra- des appareils photographiques, ; phiques, de Rœntgen, fixent les les ^'9 mouvements des organes partout les appareils étalent leurs rouleaux et leurs disques : enregistreurs une membrane vibre sous l'action de la voix, les oscillations se trans- mettent à un levier qui va les enduite de noir de fumée, et une surface nous trace par exemple inscrire sur l'image d'un a : d'un : d'un / VV : Le phonographe et le gramophone nous fournisscEl des tracés compliqués où nous pouvons mesurer durée des vibrations jusqu'au loo® de seconde, k hm amplitude, leur fréquence ; des tableaux de chiffres et de formules permettent d'interpréter les données des ins- 10 LES SONS truments et d'exprimer mathématiquement durée, la la hauteur (moins bien l'intensité) des sons. L'opérateur phonème une peut donc nous donner de chaque cription minutieuse et ne retiendrons que ici une définition scientifique d'air bouche où la elle la Voyelles. Prononçons a poumons et faible : le vibrer au pas- fait vibration se transmet à tra- détermine une résonance, normalement entre souffle s'échappe Résonance : chassé de nos sage les cordes vocales, vers nous ; les principales caractéristiques. Description des sons courant des- les lèvres dépense de souffle ; et le ouvertes. ce sont les carac- téristiques de la voyelle. Prononçons la change d'un son le timbre : série des voyelles ou o de ow à i nous remontons bouche, en augmentant la i ce qui : à l'autre, c'est la nature de la résonance, langue de façon à diminuer chaque de a é le larynx et avant fois la cavité cavité arrière la la nous ; allons des voyelles basses aux voyelles hautes. deuxième onous abaissons langue qui vient fermer en partie la cavité Prononçons morose: pour le dos de la le un o fermé (noté o) par rapport au premier qui est un o ouvert(aoté ç) a,e, peuvent erre également ouverts ou fermés, ainsi dans amas, élève... Quand nous sommes enrhumés, nous parlons « du buccale : c'est ; : nez » palais : a devient an, o devient on c'est ; que ne ferme plus l'entrée des fosses nasales de résonance se trouve prolongée, s'échappe par le nez : an, on, et l'air in s.mt voile le la : avec les du boîte le son voyelles 1 , PHONETIQUE nasales (notées à ô cales a 1 correspondant aux voyelles buc- e) e. Prononçons encore morose : deuxième le plus long à prononcer que le premier y longues (ô). abominable »! Lee de « deux fois a des voyelles (ô) et des voyelles brèves Disons est il : o est « c'est : abominable prononcé avec bien plus d'intensité que Va ou 17 demande une plus grande tension des muscles : il ; » il est accentué (d) Quand nous neuse hé hé « : disons sur un ton de raillerie soupçon! » le plus élevée que premier é est deuxième le prononcé sur une note il : y a entre les deux une différence de hauteur. Timbre, longueur, hauteur; ce sont intensité, les quahtés des voyelles. Consonnes. moment de lèvres se Prononçons du passer maintenant premier au a empêchent un rejoignent, s'échapper (c'est rocclusion), puis îà-bas : second, instant lui livrent l'air au nos de passage en s'écartant brusquement (explosion) nous avons pro; noncé une consonne chissé des poumons : c'est contre le les heurt du courant d'air obstacles qu'on lui op- pose. Dans de b, ce sont les lèvres qui font l'obs- une labiale; pour /, ce sera la pointe de langue appuyée contre la racine des dents (dentale) tacle la le cas pour : b est ; k, le dos de la langue pressé contre l'arrière du palais (gutturale). Premier classement des consonnes. LES SONS 12 d'après le point du canal buccal où se rencontre Tobstacle. Ce encore. Le la défini avec peut être point g de gui se prononce en amenant langue vers l'avant de l'occlusion se voile du palais : bouche; pour la beaucoup plus en fait c'est des faubourgs dire « de précision plus le léger dos de la partie le mouillé d'après s'acconr langue la médiane du palais pagne; nous le le venu s'appuyer contre est un g palatal, c'est : penser à un dit aussi dont bruit caractéristique petit le g de goût un g vélaire. Écoutons un Parisien gamin! ». Cette fois le g s'accom- souffle, d'une fuite d'air, qui fait : dos de arrière, contre pagne d'un i le il notons/. Pour n nous faisons mêmes mouvements que pour d\ ce sont deux den- Prononçons maintenant les tales. Mais n en est dîner. même noncer nous avons abaissé temps nasale; pour le voile courant d'air passage à travers Dans dater nous prononçons-les le nez. avons encore deux dentales, mais pomme d'Adam nous comme un léger tremblement; : la glotte, pro- palais et livré au isolément en appuyant notre de du la sentons le en doigt sur disant d ce sont des vibrations qui font de d une sonore. Rien de pareil quand nous prononçons t, qui est une sourdePrononçons avec violence, comme pour imiter un choc rude, un éclatement ^^«//ûtr/ Le p et le / s'accompagnent d'une sorte de souffle qui s'interpose pour : ainsi dire entre l'explosion de la de la voyelle; on aspirées {ph, th). consonne les appelle, assez mal et la résonance à propos, des , PHONÉTIQUE Toutes ces consonnes quelque chose de : ont différentes si commun 13 pourtant n'ont pas de durée elles notable, parce qu'elles consistent essentiellement dans une explosion ce sont des explosives ou instantanées. Prononçons maintenant s, f, /, ;, v l'échappement de Tair n'est pas arrêté, il n'est que contrarié; le souffle : : se livre passage à travers d'où le nom de constrictives, dure tant que nom le tantôt un canal le souffle resserré {constrictus) de et le bruit poumons peut y des consonne suffire, de continues. L'échappement de un sifflement la d'où produit l'air à travers les dents serrées (sifflantes), un écoulement sur les bords de la langue (liquide tantôt un tremblotement de la pointe de la langue tantôt /)/ (vibrante r); parfois, tout obstacle enlevé, un soutfle, comm^. embuer une glace à quelquefois si : l'aspirée dans des hepi — halte! ces sons appartiennent civilisés, h, qui s'entend interjections — pro- hé hé! à l'alphabet nous voulions relever ceux dont cipaux peuples se réduit que nous produisons pour c'est ; en français noncées avec vivacité Tous celui il français; se servent les prin- nous arriverions à un total de plusieurs centaines. Sons mixtes. En réalité le nombre des phonèmes que nous employons est illimité : quand nous prononçons tout d'une haleine la série de voyelles u ( zziou}C'â-a-ê-é-i-û, il est aussi impossible de dire où finit Tune et où commence les différentes l'autre que de marquer la Umite entre couleurs de l'arc-en-ciel. Autant dire qu'il . LES SONS 14 y a entre l'une et l'autre des sons intermédiaires que nous ne rotons pas. Nous avons une fnçon de prononcer le ahl qui exprime demande souvent la compassion, nous ne prononçons exactement qu'on se ahl ou ohl C'est que faut écrire s'il telle ni l'un ni l'autre, mais bien une voyelle intermédiaire (quelquefois notée â). Mieux que cela la : distinction fondamentale entre voyelles et consonnes n'est pas toujours tellement nette. Vi a autrnt de sonorité que Dsiiis plié, presque à un souffle, est réduit même dans pied, \'é; que semi- n'est plus il il ou dans oui. En revanche, dans chut Ipstt llet (représenté par -ut et par -//) voyelle (notée / ; de u dans lui, a autant de sonorité qu'une voyelle, et sert de support à la consonne précédente, avec syllabe. De même IV dans brr /le il forme une />r/// deviennent laquelle t dans une valeur qu'ils n'ont qu'exceptionnellement en français, mais que d'autres langues leur donnent couramment. des sonantes (notées Action des sons des complications Mais c'est : r) c'est uns sur les autres. Voilà bien aucun son n'estimmuablement défini les si au lieu d'extraire phonèmes du mot peur les examiner surprenons au passage dans ment, nous les ment de phrase : ils vont s'altérer, s'entre-détruire. ficulté ; bien autre chose ainsi dire les la { s'y heurter, Nous énonçons isolé- déroule- le s'amalgamer, bien sans dif- quatre consonnes de suite {-rscr-) dans pule, mais impossible pour : par scru- de prononcer sans Tahérer un groupe de deux consonnes tel que -pm-. Soit le mot tnap- PHONÉTIQUE petnonde, 15 que nous sommes supposés prononcer map- monde ; py m, voilà Jeux consonnes labiales, donc deux explosions et deux mouvements de fermeture des lèvres. Observons-nous fermons en les lèvres : moment au effet les lèvres, de prononcer mais le p en le p^ reste là Ym pour prononcer se rouvrent, c'est : nous quand ; nous ou plutôt nous avons un phonème nouveau, que nous ne savons pas noter. n'avons eu que l'amorce d'un On peut faire tictac même la />, expérience pour le premier c de (qu'on ne peut prononcer entièrement à moins de dire tiquetac), nèmes pour premier le / de et cœtera... n'entrent pas dans la phrase intacts pierres dans un édifice, ils comme les doivent s'adapter, s^accommo- der de leur voisinage, en obéissant à certaines Assimilation. Dans Les pho- je siiis^ si lois. nous prononçons IV, comme dans a conversation familière dirons-nous fsuis ? Non pas. Le y se durcit pour ainsi dire, et sonne comme ch. C'est que le ; reste intact ; mais supprimons Ve : y, sonore, comporte des vibrations de la glotte (cf. p. 12) Ys qui suit, sourde, n'en comporte pas prononcer le y, pour prononcer ; au ; moment de nos organes se mettent déjà en position l'j, la glotte n'a pas le temps d'entrer en on entend ch, qui est la sourde correspondante. De même, prononçons examen nous avons phonétiquement le choix entre ecsamen (deux sourdes) ou eg:(amen (deux sonores), mais nous vibration, le j perd sa sonorité, et — : ne pouvons dire ni egsamen (sonore -j- sourde) (sourde -f sonore). Ce sont tion par contact. là ni ecsamen des exemples d'assimila- — LES SONS l6 Quand il commence à parler, l'enfant dit marna avec les deux mêmes a que papa ; puis, .grand garçon, il apprend à dire maman, mais neuf c'est que, perdu enfants sur dix prononcent manman Harmonie vocalique. : dans un mot qui ne contient que des nasales, Va se nasa'lise cer lui-même : le voile premier m, le deuxième m palais, abaissé devra et qui an et le du disons la queue pris le le fait à laqueue-leu-leti; : (= leu à la encore pour l'être ne se relève pas pour final, intermédiaire, qui se trouve de ce Nous pour pronon- queue le timbre des deux eu qui le le a prononcé du nez. c'est loup) anciennement le ^ : : à du milieu a Cest une l'encadrent. qu'on appelle harmonie voca- assimilation de voyelles, lique. Dissimilation. Autre genre d'altération cierge dit qu'il est ailé « sercher « silurgien répugne tiques comme » qui viendra ch j ; le notre con- sirurgien » rendemain ». ou le La langue coup sur coup deux articulations iden- à répéter comme « le : ch ou simplement apparentées l'une des deux ici ch en s, r en ch, r r, elle altère : un phénomène de différenciation, une dissimilation. Cest par dissimilation que lat. peregrinuma donné k. pèlerin. l. Cette fois nous avons Métathèse. Le peuple plane; cette fois de phénomènes il ; dit : un aréonaute, un aréo- n'y a pas altération, mais interversion c'est ce que nous appelons une méta- thèse (grec m^^a//;dJ5/^= transposition). PHONETIQUE Prothèse. brusque : Un écolier 1 7' répond à son maître par un « oui m'sieur ». Ym Entre cù nous et Vs, là écrivons une apostrophe, apparaît un son nouveau, à peu près comme si l'enfant disait oui m'psieiir. Cest qu'en effet au moment où il écarte brusquement les lèvres pour l'explosion de Vm, il relève déjà le voile du palais pour : prononcer Vs il y a : Y cette fois m cesse d'être nasal, et aboutit à production d'un phonème, un^; prothèse (grec prothesis^^2iàà\x\on). Tous ture ; ces accidents, nous ne l'employé qui écrit : les notons pas dans Je ne peux pas prendre « quatre dimanches de congé de suite Hté quelque chose comme : « l'écri- )>, prononce en réa- Ch'peux dimanj" de congé t'suitc » Mais il prts prent' quat' n'en a pas conscience. Groupement des sons. La syllabe. En entrant dans le mot et dans la phrase, un phonème s'attache plus particulièrement à certains phonèmes voisins avec lesquels il forme un groupe qu'on appelle Ym fait groupe avec /, non pas avecût. pure n'est pas toujours aussi nette tîon : y Seulement a-t-il -sta- Le sentiment que nous avons de le groupe de sons qu'il représente, la cou- dans aérostafaut la division labes repose sur deux impressions. Soit le dans dans ami^ : comme dans sta-tion, ou comme on partage r^i"--^^r ? une syllabe tager -ros-ta- syllabe la mot u et il par- en syl- surprise / : sont des points de sonorité accentuée, séparés par des intervalles de sonorité moindre; ce sont des sommets de syllabe. Mais ce sont aussi les points où nos organes livrent lar- I l8 LES SONS gement passage à l'air sage pour produire après w, la langue rétrécit vibration de IV complètement intercepter limite de la : le kp les lèvres courant d'air minimum la syllabe, le ; le c'est : pas- vont ici la d'ouverture, car après demi pour le second r. pour un phonème d'appartenir cela le canal va se rouvrir à Il n'est pas indifférent ou telle syllabe dans « il va partir pour Paris » nous ne donnons pas plus de durée aux deux syllabes de à telle : Paris; comme cbicune comporte un phonème de plus, l'r final, nous nous partir qu'aux deux syllabes de d'elles rattrapons sur la durée de la voyelle : Va et Vi qui sont en syllabe ouverte (finissant sur la de Paris, voyelle), sont plus longs que Va et Vi départir qui sont eh syllabe fermée (finissant en Le mot. même dans Pris temps pris consonne). dans la le syllabe, mot : le phonème est en nouvelle unité phoné- tique. Dans un mot long les sons ont moins de consistance que dans un mot court Va dans pâte est très marqué, : dans pâté il l'est dans pâtissier, déjà moins, et il s'abrège de plus en plus pâtisserie. Les syllabes du hnr sont diversement accentuées dans articulés A abominable c'est la que dans fin fait s'amuit : le b et Vo sont bien plus nettement aborder. y a comme un relâchement de la qu'une consonne finale souvent s'assourdit, du mot, voix qui ! : il dans quatre^ mettre, prononcées à la manière du peuple, nous n'entendons plus IV, et dans l'usage cou- rant on peut dire PHONÉTIQUE 19 qu'il n'y a plus en français de verbes en-/r^. Les mots sont d'importance inégale il : a des y mots autonomes qu'on prononce en articulant avec netteté, et des mots accessoires, qu'on avale pour ainsi dire aux le mot bien est autodépens de tel de leurs éléments : nome dans « je vais bien « crois bien que... » où ; se réduit il dans est accessoire il presque à « je « bin ». Le groupe. Les mots peuvent s'associer en groupes dans posez « entendons groupe : le livre, s'il trois temps dans le où il le livre » : le marquons un nous c'est- léger voix, et la la groupe-z^r-est moins net que par exemple dans « le livre n'est pas fin de groupe. phrase. Mais dans cette tion finale de table est encore tion finale )), mot. Après chaque groupe, finale s'assourdit posez (( est là » La que nous laissons un peu tomber d'arrêt, consonne la table un sur la finale de chaque table. Le groupe est une nouvelle après chaque accent, nous à-dire sur plaît, accents, livre, plaît, unité, plus large vous : de livre ; c'est même phrase l'articula- moins nette que Tarticula- que le mot table est fin de phrase. Après livrelQs organes restent pour ainsi dire en position, prêts à entrer en jeu pour prononcer le suivant ; après table ils se mettent dans la groupe position de repos, celle delà respiration normale; pour peu qu'ils se relâchent trop tôt, l'articulation finale en souffre. ainsi <iu une phonétique de mot, de la syllabe. la phrase comme du Il y a groupe, 20 LES SONS Changemeats phonétiques tanés. Ainsi son n'entre dans le son indépendance altérations y il ; subit qu'on appelle les conditionnés et spon- \ le du mot que pour y perdre fait de son voisinage des changements phonétiques conditionnés. Mais ce n'est pas tout encore. Nous prononçons briller comme prier, sans tenir compte des deux /. Il y a pourtant en France certaines régions où s'entend dans bri '1er, famille, ce qu'on appelle Yl mouillée. Seulement en plusieurs endroits nous la surprenons en train de disparaître. Dans telle famille les grands-parents ne la prononcent distinctement, l'ont conservée que dans quelques mots ailleurs, et les enfants ne savent même les parents : meilleur, plus l'articuler. Pourquoi? Nous ne savons pas, c'est un changement spontané, nous ne pouvons qu'en constater la régularité. Et ce qui se passe sous nos yeux pour 1'/ mouillée a pu se produire dans le passé pour toute espèce de sons. Cest ainri que, même sans cause apparente, les sons du langage résulte Mais naissent, que le transforment, meurent, se il matériel des mots se renouvelle sans cesse. cette évolution, moins soumise pour être inexpliquée, n'en à des lois, phonétique historique torique). d'où dont l'étude (cf. ci-dessous. est fait l'objet Grammaire pas de la his~ LES MOTS (VOCABULAIRE) LEUR FORME (MORPHOLOGIE) LEUR SENS (SÉMANTIQUE) A. Darmsteter, La vie des mots. Paris, 1886. M. Bréal, Essai de sémantique, 3^ édition. Paris, 1904. A. Meillet, L'évolution des form,es gramm.aticales (Scientia, vol. Id., XII, 1912). Comment gique, les 1905- 1906). mots changent de sens (Année sociolO" VOCABULAIRE Le met. Les sons qu'étudie phonétique forment la par leurs combinaisons les mots de Qu'est-ce qu'un sent. Cela se sent mot si ? — On ne peu que les langue. la dira pas enfants que cela se ou demi- les illettrés font en écrivant les coupures les plus bizarres et les plus inattendues. — graphe officielle, et qu'un mot c'estce qui comme tel est dans le Dira-ton dictionnaire ? un mot, puisque nous le qu'il A ce trouvons y a une ortho- compte davantage à sa place alphabé- tique, et d'abordn'Qn est pas un, puisque nous ne vons que sous un mot, à r envers a-t-il ? le titre — Et si abord ; alentour dans à l'envers dans à trois aussi tant que, tandis en sers, y a il trois l'envi ? Si tant est est-il un dans pas^ répondra-t-on, parce et le et trou- non mots, y en un mot dans tandis que que envi classé est ? — Non tandis n'existent pas en dehors de ces deux expressions. Bonne raison, mais encore insuffisante. Nous disons que potpourri est un mot unique, bien que pot et pourri soient par ailleurs deux mots indépendants. Seulement, dans le mot potpourrij quand musique, les habituel en il désigne par exemple un morceau de deux mois pot même temps œuvre sont aussi ei pourri ont perdu leur sens que leur individualité. Chef et des mots dans un grand chef, une belle LES MOTS 24 auvre, mais n'en sont plus dans tm chej est d! oeuvre. Un mot une unité qu'on ne peut pas décomposer, ou dont on ne peut pas isoler les éléments composants sans en modi- fier la valeur. Les catégories de mots. Le matériel des mots, qu'on appelle vocabulaire d'une langue, le est extraordinaire- ment composite. Dans ses se contente de peu dodo signifie à la fois « « dormir Mais à mesure que ». compliquent, sortes : : mois d'apprentissage, l'enfant pour nommer pour courir), et enfin relier les uns aux autres exemple : pousse pierretsi distinction la un substantif, plus et Pierre en : mots les de, pour...). appelle ces catégories les parties elle pour gros), ce qu'ils font (verbe : principaux (termes de liaison ou de rapport cours, » et sa vie et sa pensée se les objets (substantif: chien), dire ce qu'ils sont (adjectif et lit apprend àemployer des mots de plusieurs il La grammaire le du dis* avant. est un Par aussi; premier, qui s'applique indistinctement à tous les le objets d'une espèce, est appartient spécialement à est un nom propre. j'ajoute nom, c'est : « il est », puisqu'il désigne la un pronom (mis à qu'il également ;V, h Quand nous la j'ai est // nommé même personne place du « je le disons : « Pierre, et que encore une espèce de c{Mt Pierre; nom). Pronom per- désigne une personne, dans qui personne dont nous parlons, la — Quand venu sonnel, parce nom commun, le second, un comme le font, vois ». im jardin, le jardin, ce jardin, pion jardin, jardin anglais », seul le dernier adjectif VOCABULAIRE anglais exprime les une manière 25 d'être; est qualificatif il deux premiers indiquent simplement (un jardin) ou objet indéterminé défini mon et indéfini; est situation d'un ce la montre (démonstratif). Les verbes sont de plusieurs sortes (marcher, prendre), verbes : d'état qui une situation, une manière attitude, = liaison) plus expressif et indique l'appartenance (adjectif possessif), objet qu'on verbes d'action expriment une d'être (paraître, Les termes de liaison s'attachent à un mot plaire) d'un supposé connu Ce ce sonr les articles (lat. ^r//Vw/w^ jardin); s'agit s'il ; position (Pierre deux termes : dit : pré- à Paul), ou joignent l'un à l'autre conjonction (Pierre et Paul disent)... L'emploi des mots. Ce sont là pour ainsi dire les cadres du vocabulaire. Ils ne sont pas aussi rigides qu'on pourrait comme croire. Nous nous permettons d'employer substantif tantôt un un verbe (le boire et le manger), un adverbe {le pourquoi et \tcomment), comme adjectif un substantif (un salon empire, vous êtes colère), ou même un groupe de mots (un combat nouveau genre une mode fin de tantôt adjectif (le beau, le vrai), — ^ siècle),,, ILt sens des mots. ment enfermé dans une Le mot catégorie; réservé nécessairement à sert à trois, quatre, à (rendre un service, n'est pas il irrévocable- n'est pas une notion unique une douzaine d'usages le service militaire, un non plus tel mot : différents service 4 thé) ; 26 MOTS LES par contre, peuvent répondre plusieurs à telle notion mots {quoique et bien que, paraître et se7nhîer).\\ correspondance rigoureuse entre le monde sens, des idées; c'est à tel par suite actuelles, qui ne si groupe de sons répond tel et qui nécessairement hier. Comme il arrive dans la nature, besoin qui crée l'organe s'appauvrit, s'enrichit, le des mots et d'un ensemble de conventions L'origine des mots. besoins monde peuvent n'être plus valables demain, l'étaient pas c'est ici le le n y a pas notre vocabulaire : suivant que nos se renouvelle, permettent ou l'exigent nous voyons : à chaque instant apparaître dans l'usage des mots nouveaux : un avion, la sans-fil, les cégétistes; ce sont des néologismes. Nous faisons des emprunts inonde de ses termes de sport : : l'anglais nous jockey et steeple, foot-hall^ Beaucoup d'emprunts sont de vieille date, si bien que nous ne les reconnaissons plus comme tels c'est à TAllemagne que nous avons pris le bourg et la cricket ti tennis... : guerre f à l'Italie fétiche portugais, la banqueroute) hâbler bouquin est flamand ; est les espagnol, langues les plus lointaines ou les plus inattendues sont mises à contribution : almanach est arabe, avatar est sanskrit, orange est persan; nous allons chercher notre bien jusque dans les langues des sauvages : tabou est polynésien et grigri Tient des nègres d'Afrique, etc.. La langue fait aussi fructifier son propre patrimoine des mots qu'elle possède elle tire des dérivés nouveaux sur mur on fait murer, mural emmurer,; sur bord. ; : , VOCABULAIRE aborder ; sur mer, on essaye amerrir contingenter qui est Cest l'affaire de le ; contingent donne en train de donner contingentement..,. la morphologie d'étudier tous ces procédés de formation des mots. Enfin 27 , vocabulaire se renouvelle sans même que la où nous appelons limousine un certain type de voiture, ce n'est pas un mot que nous créons nous donnons à un mot déjà existant un sens nouveau; il y a transfert de signification. La science qui traite des significations s'appelle la forme des mots se modifie ; sémantique. : le jour j . MORPHOLOGIE La morphologie Suffixes. est Tétude de Un examen la formation des mots. superficiel du vocabulaire montre que les mots d'une même catégorie se ressemblent fréquemment par la terminaison un substantif cherté se classe avec bonté, beauté, et une multitude d'autre mots en- té ; un verbe valoir avec recevoir : un déchoir.., 2id]Qcti( heureux avec peureux, paresseux..., un adverbe simplement avec 'îé, -oir, superbement, agréablement... comme eux, -ment, sont étiquettes qui aident à classer les appelle Il y a des Le mots par espèces ; des ; on des suffixes suffixes très productifs français à pourvoir tout le -re. les des appendices, substantif, : quatre ont domaine du verbe ont l'adjectif, un suffi en 'er,4r;-oir, : jeu de suffixes plus langue en profite pour attribuer à chacun une valeur définie. Le compteur est la personne qui compte variés ou : la l'appareil qui sert à compter d'agent ou d'instrument) {-âge suffixe de où noms l'on compte, etc. ; l'opération, c'est le d'action) Dans (-^^^rzz suffixe la ; le comptoir de noms comptage est l'endroit catégorie des adjectifs,-ûtW^ convient à l'expression d'une aptitude (tr an sportable), -eux d'une qualité {vakureux),-ij d'une activité {persuasif) . ^ . MORPHOLOGIE 2^ Cette spécialisation des suffixes va très loin -iste expriment une disposition d'esprit l'attachement à une doctrine nationalisme...)^ en particulier et (patriotisme, impérialisme, peuple fabrique le sur idées de l'adversaire, un raillerie parti modèle ce fm'enfichisme,erpéisîe...\-ard a une valeur exprime une critique, une :-isme, péjorative, pour insulter aux : crée politique l'injure dreyfusard, et l'autre répond p^r patrioiard. Les suffixes se superposent, s'attachent autres : sur vantard on fait uns aux les vant-ard-ise; partant de avant on crée avant-age, avant-ag-eux, avant-ag-euse-ment. Le mot Préfixes. arrive s'allonge ainsi par la fait (réduit ici à i' davantage ou à ^-) est suffixe, le préfixe sert à marque une radical. ; : il le Le mo sens d'un tête et apparaît mot un : le dé- état ainsi comme en queue les éléments ajou- ne va plus rester au milieu qu'une sorte de tronc, de souche, qu'on appelle la racine ou La sur . . démontable retirons en tés Comme devenu préûxe. modifier : il d' abord sur abord; de altération (i^(?rw^r), re- le retour a antérieur [reformer) Ëlément comme Mais commencement aussi qu'il s''allonge par le avantage on fin. le radical racine pourra se retrouver dans toute ; ici-form-. une série de mots, en emportant avec elle une notion fondamentale, que modifiera l'addition de préfixes et de suffixes '.formel^ formalité, formaliste, ^orme, uniformité,,. information, réformer, informe^, LES MOTS 30 Thème. Quand on {-jorm et suffixe [er-) ) éliminé préfixe (in-), racine a ne reste d'ordinaire plus rien il du mot; mais voici dans in-form-(a)-teur,in'for m- (a)- lion un élément-ûf-qui s'obstine à accompagner la racine; ^ qu'on appelle une voyelle thématique, c'est ce dire fondamentale (grec joignant à sont racine on obtient un thème, thématiques quand dits thème truits la (form-a-tion) = fondement) théma ïa la ils accidents : un ou sont cons- racine (form-er). thème, su fixe, préfixe ad- (ad venir) sable par suite de la laisse nexer, ac-céder... altérée dans ét-at pas n'ira Une tendre, asservir, ar-river racine st- est (anciennement nous ne savions pas que du sans devient méconnais- 1"*' an- intacte dans rerst-er, bien e-st-at), et encore dans coûter où nous serions incapable^s de (couster, à rencontre du d avec diverses con- sonnes dans ap-prendre, at si le rencontre de ces éléments de formation, racine préfixe, la et les dérivés Ce que nous savons de phonétique nous penser que en ; sont construits sur i!s athématiques quand directement sur c'est-à- représente un plus l'isoler ancien s latin con-st-are). Mots composés. La dérivation et clairsemé; nous avons dans l'adjectif clair, et suffixes procédé de formation des mots. Covn- n'est pas le seul parons parsemé par préfixes le au Heu d'un préfixe (par-) second exemple un véritable mot, uni au mot semé par le procédé de la composition. Nous avons l'habitude d'écrire un mot compose sans séparer les composants {passeport, porte- MORPHOLOGIE plume) ou au moins en les réunissant par un {passe-montagne, porte-crayon) pas indispensables : 3 I mais ces ; trait d'union artifices ne sont chemin de fer est aussi un mot com- posé; un chemin de fer pourrait être établi sur métalliques sans pour cela perdre son le peuple dit appliquant : le nom ; rails non bien mieux, chemin de fer qui arrive » en mot au train lui-même chemin de fer est un « voilà le : mot nouveau qui n'a plus rien à voir ni avec chemin ni 2iVQcfer\ le mot composé exprime autre chose que ce la simple réunion des composants. Grande pas un mot composé, mais bonne femme qu indiquerait femme n'est peut en être un, tout ne pensons guère appelons ainsi comme « à la (cf. bonhomme, attendu que nous femme que nous du mot p. 23). bonté de » la définition la Dans ces exemples de mots composés la disposition des composants reste ce qu'elle serait dans la construction normale construit il comme barre de fer, qni n'en est pas toujours ainsi plus dans posants : mot composé, chemin de fer, qui est un : le le composé la il : n'en est pas un. Mais arrive qu'on ne retrouve construction normale des rouge-gorge est [l'oiseau à porieplume e^t [l'instrument qu est ] la] porte com" gorge rouge, [la] plume; le le sans culofte =1 [celui qui est] sans culotte; etc. Flexions. Simples, dérivés, composés, nous avons considéré jusqu'ici les mots sous l'aspect qu'ils ont en tête d'article dans le dictionnaire premier^ substantif /)^^^, les pronom entrer dans une phrase : toi, « les : article le^ adjectit verbe plaire. Faisons- premières pages te 2 -LA FORME 32 plairont ». Les voilà qui DI-.S MOTS premier écolier venu nous expliquera ce qui s'est passèy au moins dans Técriture, qui ne répond pas à ciation (cf. p. 3) à page, parce : que nous avons ajouté une sk 1'^ est L- Le changent de forme. tous la pronon- ï premier, le^ signe du plunel et qu'il s'agit de plusieurs pages; nous avons en outre, donné un e, signe du féminin, à premier, parce que l'idée de premierest rapportée à pages et est la (toi) que page est du genre féminin; forme du complément qui exprime que touchée par l'action; enfin dans tst minaison -o«nndiqae que l'action la te personne /)/fl/rc«/ la ter^ Ainsi la\ forme du mot peut varier suivant qu'on considère le nombre genre des et le objets, le est rapportée, le sujet de qui elle intéresse, etc. est future. temps nuquel émane, l'action" l'objet qu'elle Ces changements de forme consistent gé- néralement dans l'addition de suffixes d'un nouveau genre-, qu'on appelle désinences {phir-ont), quelquefois dans l'emploi d'un auxiliaire {a plu); on dans les classe grammaires en tableaux de déclinaisons (pour stantifs et adjectifs) et de Ainsi D'une la traite un préfixe est-il re-, form-er..., et é gard. les verbes). de deux ordres de faits : — donné par exemple un verbe regarder, formé? comment se décompose-t-il en- qui se retrouve dans re-tour, re-pli^ etc., suffixe -er qui sert à toute sub- part, étant comment un morphologie conjugaisons (pour les les un élément . ? — D'autre en entrant dans la radical -gard- qui est de mots une famille . former d'autres verbes part, : gard-ien, : aim-er, commun à sauve-gard-e^ que va devenir ce verbe reoarder phrase? Comment sera-t-il modifié, MORPHOLOGIE suivant qu'on le rôle désinences 33 lui fera jouer, par l'adjonction de ou regard- ons, regard-er ai, etc, : fat regardé. . . d'auxiliaires : ? morphologie. Mais on ne peut pas s'en tenir à cette analyse sommaire. Que sont en Les procédés de la définitive ces éléments de formation Où désinences? à ses besoins? la vous dise^ désinence se passe sous nos yeux peut nous emprunte {lise^). mécanisme tionnelle » pour pourvoir L'homme du en donner une idée. « les prend-elle langue — Ce qui à lire, se refuse à médise/^, contredise^, admettre qui ont il avoir dans « tical, mais il accepte une origine semblable. : (( je crois qu'il veut d'une volonté ; a plu « » il ; sert à pleu- il a perdu son former une espèce de fuiur prochain » du verbe devenu un élément de formation un ; par le procédé de Analogie et la outil /?/^wi^ofr ; gramma- grammaticalisation. grammaticalisation, ce procédés essentiels delà morphologie; 1 elle un mot autonome pour passer au comme aller dans « il fa pleuvoir » ou temps composé, un est dise:(^, a cessé d'être rôle d'auxiliaire, il x=^ dise:;^. La Qu^est-ce que ce veut? Il n'a plus rien à faire avec vouloir, avec l'expression sens, qui ressemble à dire, sa ce que dire est à Certaines personnes disent )). : rappelle l'opération de la quatrième propor- grammaire voir peuple qui dit C'est le procédé de l'analogie, dont le lire est à lisex^ : préfixes, suffixes, : sont il les deux appartient à historien de la langue d'en suivre TappUcation dans la formation du langage (cf. ci-Jessou ). Il SÉMANTIQUE Le sens des mots. Le sens des mots n'en pas tou- jours aussi nettement défini qu'on est porté à Nous nous comprenons nous représentons mêmes à les uns peu près le croire. les autres parce que nous mêmes choses sous les les mots^ mais à peu près seulement, et c'est pour- quoi nous discutons tant. Q.ae de contestations com- mencent par par là! « et mots... ! )) « : s'achèvent par Ah^ « si vous jouez sur ce que qu'on essaye de définir ce que dans signifie métal, la ditîcrence qu'il Homonymes seul : ce que vous entendez les Les notionsles plus élémentaires ne sont pas les plus claires; goût, Tout dépend de et y a courant parler le c'est le entre grand ^i gros, synonymes. Encore mot pour chaque chose et s'il y que le mot etc.? avait un une seule notion sous chaque mot! Mais quel rapport entre une ordonnance de médecin partitif, et une ordonnance d'officier? V article de Paris et Y article de la entre Y article mort ? Le proprié- veuille aussi la louer, maison cherche un locataire qui sans compter que le concierge se charge de son côté d'en louer taire qui veut louer sa les commodités... Ou ^ SÉMANTIQUE appelle M^/ une sert à tout habitation privée et hôtel aussi celle qui venant; Vhôte que celui qui 35 bien celui qui reçoit est aussi est reçu... '^ D'autre part, on habite au deuxième ou au second, qui est la même a chose; l'espace de douze mois s'appelle un an ou une année; vingt-quatre heures font un jour ou une journée. Or, c'est devenu une banalité de dire on arrive en effet à que second s'emploie surtout quand deux objets paire (ie second des deux), tandis que deuxième- n'y a pas de synonymes, qu'il établir font la n'est qu'un numéro d'ordre et comme troisième, quatrième: y a une idée de durée qui n'est deux ou trois jours »,. pas d^Lns jour, de sorte qu'on dit etc.; que àa.ns journée il «^ mais « bien deux longues identité sembler et avoir /owr^^'^j" »... parfaite l'air, D'autres de signification, arriver et advenir \ fois comme : arriver, y aura entre mais alors deux mots n'appartiennent pas véritablement langue il à la les même du parler courant^ avoir l'air sont advenir, sembler^ sont plus savants, plus distingués. Ce des différences subtiles qu'en général nous sentons sont là s.ins pouvoir les définir Comment un mot de précision dans la avec rigueur. arrive-t-il donc signification à s'établir avec tant que tout le monde lui reconnaît? Le mot une représentation sonore de la chose. Nous avons quelquefois un peu l'illusion que le sens d'ua mot est lié à son aspect, à sa consonance ; que la sonorité de mots com ne clair, vif, leste, fin, net, n'est pas 3 6 LE SENS DES MOIS aiçu... convient à l'impression qu'ils éveillent; de pour sourd, lourd, grave, gros, obtus,.. même] qui éveillent des ^ imprLSbions contraires; dur, rude, âpre, sont rébarbatif*;, doux et suave sont aimables et caressants... une grande Ce qui part d'illusion. Il y a là est parlant, c'est l'in- tonation que nous donnons aux mots, l'accent dont nous les marquons, qui les gestes prédispose nécessairement dégoût, mais nous le accompagnent. Rien ne son pouahl le un Allemand ; avec les sons tout différents effet igitt exprimer à rendons expressif en avec un rictus approprié la les le prononçant réalisera le ! le même accompagnés de même moue. Voici pourtant des mots qui semblent reproduire des bruits réels fanfare, bombe, ronronner, chuchoter, tonner. : Mais rrême à ceux-là il une bombe » n'éveille chez confiseur que l'idée d'un entremets et sommes-nous leur sonorité expressive le arrive de perdre le bénéfice de : assez loin dans « étonner A « de l'idée du tonnerre >• ! plus forte raison ne faut-il pas attacher trop d'im- portance à l'aspect des mots ordinaires. Sans doute <( compendieusement » des Plaideurs a son sens de « en raccourci pieusement par perdre pour prendre celui de « co- dimension doit y être pour quelque instantanément » n'est guère moins long, >^ sa chose. Mais a et » fini si le son sens n'en souffre pas. Tout ce qu'on peut dire, c'est que certains sous ont par eux-mêmes, à condititDn que le sens du mot où ils entrent ne s'y oppose pas, une certaine valeur expressive : ceux qui exigent une grande dépense de soutfle ou SEMANLTIQUE un mouvement articulatoire très 37 marqué (r, ch,j) nent une impression de force, de violence Comme un vol de gerfauts hors du don- : c^a; nier natal ...Partaient ivres d'un rêv-e héroïque et brutal d'autres sont doux et languissants, ainsi w, ou^ v, Vous mouYÛiQs aux bord^ où vous Les poètes mettent réaliser des effets / fûtes laissée. à profit cette qualité des sons pour d'harmonie imitative. Mais nous somm^'s portés à exagérer effets, et :( valeur de ces la nous attribuons volontiers au son une valeur qui ne lui vient que de l'idée ; les mêmes sons nous paraissent charmants dans JOwnV^, horribles dans pourrir, et quelconques dans tentés d'attribuer nourrir. Nous sommes presque une forme expressive, propre à repré- un déchirement, au mot shrapnell, tout bonnement le nom d'un colonel anglais. Là senter un éclatement, qui est où nous croyons c'est l'effet sont sentir une relation entre le son et Tidée, d'une habitude, et rien de plus. Les sons ne comme que des signes conventionnels, tout sont ce que l'histoire de les la langue indépendamment des idées qu'ils pas une définition de la caractères d'écriture; ils veut qu'ils soient, représentent. Le mot Quand nous ii^est appelons vin-aigre l'acide a-bé-cé daire le tableau l'impression que Même quand il le l'est mot est une avec du vin^ fait où on apprend la b chose. c, nous avons définiiion de Tobjet. par son origine, il ne le reste pas LE ShNS DES MOTS 38 longtemps. On appelle dans une maison de carré le ^ rapport le palier l'étage; mais on ne pense déjà plus en prononçant ce mot forme à la sur lequel ouvrent qu'il appartements de les indique, car on n'hésitera pas à appeler carré un palier de forme triangulaire. Le cens du mot n'est pas immuable. Au reste, le mot a beau être parlant, il ne Test pas de la même manière pour tous ceux qui l'emploient. enfant joue avec dçs Li;i objets d^ couleur et en choisit un qu'il préfère à tous les autres. Si une lui « chose on lui dit qu'il jolie », et j'ai sistait à couleur », bleu, bleu signifiera est peut-être même « une pour jolie vu un enfant qui pendant des mois per- appeler bleu tout ce qui idée éveille en nous le mot lui plaisait. — Quelle glace » ? L'idée d'une chose « Saivant que l'une ou l'autre froide ? lisse ? transparente ? de ces représentations dominante, oa sera-am^né à dire ture, : un vent — glacé, et voilà le <:|uand les est du papier mot glacé, une glace de devan- parti sur la voie des dérivations circonstances s'y prêteront, s'appliquer à de nouveaux objets, mot pourra le comme à ; un miroir, à un entremets... A une condition pourtant, ne cesse pas c'est d'être compris- Car qu'en vertu d'une convention qui <:onstances ou de nos habitudes C'est l'objet qui change. qu'en l'employant on le mot n'a son sens est le produit des cir- d'esprit. Un écolier employait pour écrire une plume d'oie ; d'autrefois un beau jour on ' SEMANTIQUE mis entre lui a de métal : le maias pour les nom n'a pas le 39 même usage une peinte changé pour aujourd'hui, sans remarquer la cela et on parle bizarreri; de l'expression, plume » d'acier. Une paillasse ne péri pas sod nom quand on remplace la paille par des copeaux de bois ou du papier; un fer à repasser peut être en nickel, etc. Dans tous ces cas c'est Tobjet qui se transforme, et d'une le « mot ne change C'est se le nom pas. qui change. avec modifie l'objet. Il que arrive aussi le nom* premières automobiles Les nom avaient été baptisées teuf-teuf, d'un qui rappelait le Le moteur s'est perfectionné, et n'a plus produit qu'un doux ronflement teufieuf a disparu; pendant ce temps l'automobile se répan- bruit des moteurs à explosion. : dait^ et avec elle le de métier; tout Mais il arbre, la y a terme d'argot qu'employaient le monde aujourd'hui dit « des objets qui ne changent pas main. Voici pourtant que les les gens une auto ». le ciel^ un : mots qui les. désignent s'esquivent pour ainsi dire de leur signification dans ciel de lit, arbre de couche, main de papier. Cette fois ce sont les circonstances qui nous amènent: deux objets quons à du mot nous notons entre une ressemblance expressive, et nous appli- à étendre la signification l'un le nom qui appartient à l'autre; d'où pied d'une table, des dents de scie, de Rappelons-nous que l'objet; l'essentiel, l'interlocuteur. : le mot un le bras de mer... n'est pas c'est qu'il : une définition en suggère lïdée à LE SENS DES MOTS 40 Une mobiles; ctst être annonce au public une exposition affiche terme le compris de tout nouveau avec le nous invite à faire sine, le le qu officiel monde ; à'autO' faut eni ployer il nais le pour public familiarisé ne parle que daulos; l'ami qui sport, un tour vante le contort de sa limou^ en ireur qui s^intéresse au rendement Tappelle une quarante-chevaiix ; pour six-cylindres , pour le le constructeur, c'est une représentant, une Charron... Raison du changement. Les noms des objets changent suivant les circonstances, et il appartient à la foule anonyme de consacrer telle autre; d'esprit, c'est telle expression plutôt que qu'interviennent ici nos habitudes nos dispositions, nos manies. Nous empruntons j le langage des spécialistes la générale pour la répétition nous imitons scène; nous adoptons chic, le des initiés quand nous disons générale, les planches parler expressif de la rue épatant, s'en distingué de remplacer de patience par et \q pnx/(le\ la fich' marche par ;' pour la quand nous trouvons le nous cédons au footing Qtlejeu désir d'atténuer l'expression en appelant simplicité la sottise, au besoin sens de rare), de faire de la réclame (toute eau-de-vie est cognac, tout café moka, et d'exagérer [unique dans le tout mousseux Champagne)^ au désir de voiler par l'expression ce que l'idée peut avoir de choquant pour l'épilepsie, les lieux ^ le dans .sa haut mal une médecine). Nature du changement. Une établi (le fois qu'un mot s'est nouvelle signification, on peut mesurer chemin parcouru. SÉMANTiaUE Quelquefois la scène 41 comme la signification s'est élargie, désignant pour théâtre, d'autres fois elle se trouve le restreinte {essence zr essence minérale). On passe de l'abstrait au concret {V exposition pour la salle où Ton expose), du concret pour la sensibilité), la partie pistons), matière à l'objet la ou inversement l'on boit) prend de pour inversement et (un pour (la pour poste le cœur (le verre bouton en (le piston tout le à Tabstrait, (le corne), le où on cornet à bureau des postes). IL peut du sens êtes un y avoir renforcement du sens enquête « d' « drôle » est » à celui de « : question passe torture »; presque l'inju-e la vous plus violente qui soit... Plus souvent les mots perdent de leur valeur mot expressive, le servi [gêne de 2i comme une monnaie qui a trop jadis signifié « torture »; étonner ^ « frapoer foudre »). la La vie des mots. Ainsi le sens des plus fixé que leur forme matériel de la langue est en lement perpétu-4; que, s'use comme un il mots n'est pas leur prononciation; et mouvement et le en renouvel- y a une vie des mots, en ce sens être vivant, le mot se transforme d'âge en âge, s'adapte à de nouvelles fonctions, se développe et fructifie, ou au contraire dépérit assistons quelquefoi> à sa naissance bus erpéiste...; nous ^ mort le voyons totale et définitive ; et disparaît. c'est le cas Nous pour auto- parfois mourir, soit d'une comme le ains ou le moult du vieux français, soit en conservant une espèce de survie. LE SENS DES MOTS 42 comme oui'r laissant au qui subsiste dans « par ouï dire moins une descendance, », soit comme goupil qui perpétue dans goupillon, cuider dans outrecuidance, en s( etcj C'est à suivre et à expliquer cette vie des mots qu( s'attache la gram iiaire historique (cf. ci-dessous). LA CONSTRUCTION DE LA PHRASE (SYNTAXE) I SYNTAXE Le groupe de mots inots « : moi, indique bien à pas ce et la quoi « la père, nous pensons, — que nous pensons. nous disons mon, maison, la, maison ou », Une phrase. Il « y mais père » ^groupes de mots, dans chacun desquels (maison, père), ; un déterminé par Tautre est retourner » n'exprime a déjà progrès mon de suite quand ce sont des des termes mon), (la, qu'on appelle déterminant. Nous aurons un groupe mon plus complexe dans « : la ou retourner à la maison »; mais ce nouveau groupe exprime encore une notion, maison de non père », : un jugement. Tout change si nous disons « je retourne à la maison d nous avons cette fois énoncé une pensée complète, nous avons affirmé une chose, qui pas : ; est le prédicat (retourne. qui est le .) en la sujet (je); nous avons Organiser l'affaire . de la les rapportant à quelqu'un une phrase. tait mots en groupes syntaxe (grec syntaxis et en phrases, c'est = arrangement). Les prm^édés de constructioa termes de rap= port. Dans « la maison de mon père »^ c'est le petit mot de qui sert à marquer le rapport de l'idée dt père » : (( aridee.de a maison ». LA CONSTRUCTION DE LA PHRASK 4^ L'emploi de semblables termes de rapport principaux procédés de syntaxe la est un des parler pour : tous, aller en ville. Mais voici un autre procédé : Ordre des mots. S ms rien ajoutera la phrases Pierre appelle Paul », nous pouvons en renverser le sens : « Paul appelle Pierre la disposition des mots Nous ». que « La maison : paternelle » dit la maison du père la que changer procédé syntaxique. Autre procédé encore « fait des termes; nous avons employé l'ordre comme Accord. n'avons » ; même chose nous marquons cette fois le rapport de Tadjectif au substantif en donnant au premier la forme du féminin Les termes de c'est le ; phrase. La construction du groupe la erela st tivement simple; compliquée : le procédé de l'accord. celle de la phrase est plus verbe, qui exprime l'action, est en rap- émane port d'une part avec le sujet de qui elle montre), d'autre part avec l'objet immédiatement (complément direct : il le montre), en seconde analyse (complément indirect montre) le ; — //, le même pronom Mais Le cette lui : : il le soit lu^ formes que p jut prendre rôle qu'il joue dans la phrase. voilà trois selon mobihté (// à qui elle aboutir_, soit le n'est rien auprès de celle du verbe. verbe. Le verbe peut exprimer toutes sortes d'as- pects, de modes de l'action. l'action est rapportée à un Une forme parle indique que sujet unique, par!ei qu'elle est SYNTAXE rapportée 47 qui on plusieurs personnes à à s'adresse; parlera transporte l'action dans l'avenir, parlait dans le passé personnes ce sont les ; Nous pouvons même indiquer nous reportons Faction parlé), à un moment divers parlait^, à (il moment autre nous avons passé affaire à Nous pouvons comme faisant l'objet vous (il le complir et j'écris a moments rapport à un ; dans ce dernier cas relatif. marquer de quelle manière : passé comme simplement il faut énoncée (il m'en voudrait), comme (il d'un ordre (venez), d'un souhait (Dieu Ce sont les modes du verbe. parle aussi dans certaines langues de Taspect verbe; « passé par avait parlé) hypothétique bénissel),.. On moment du parla), à des (il un temps enfin verbe. à une date indéterminée : précis (il temps du les quel à un moment se représenter l'action pleut), et du verbe exprime une action en train de s'ac- dont on n'envisage pour imperfectif), il me distraire ni la fin ni l'objet ))- (aspect indéterminé ou exprime une action dont on sente l'objet dans : « j'écris une dans se repré- lettre » (aspect déter- miné ou perfectif). Dans certaines langues, comme le russe, â cette différence d'aspect répond une différence de forme. Une même action peut être considérée par rapport à celui qui l'accompHt (le maître instruit l'élève) rapport à celui qui maître); c'est Il 1 la subit (l'élève est instruit par la distinction peut aussi arriver que a fois comme ou par le des voix (active mê!ne accomplissant et et le passive). sujet soit considéré à comme subissant Tac- LA CONSTHUCTION DE LA PHRASE .48 tion rélève s'inslriùt auprès du maître « : » ; c'est la forme réfléchie. Nous pouvons dire « je dis un mot mais non pas », mot >^ Différence de consiructioa transitive dans un cas parce qu'on passe (latin iransirè) directement de Tidée de « dire » à celle de « un mot », « je un parle : intransitive dans l'autre cas parce que le verbe se suffit à lui-même et ne peut pas avoir d'objet. Le verbe Phrase sans verbe. terme est le plus le expressif, le plus parlant de la phrase; à lui tout seul peut constituer une soit ». « phrase Et pouitant on peut Imaginations que tout mauvaise louange. mais français, comm€ elles « viens; sortira! phrases sans verbe faire des cela. — — Amas : d'épithètes, Ces phrases sont exceptionnelles en » sont normales dans certaines langues, On russe. le : il — les appelle nominales, parce que un nom, par opposition aux phrases verbales. En français nous avons le sentiment qu'il y a dans ces phrases un verbe sous-entendu, et nous Ls l'attribut y est pourvoyons d'une forme du verbe ment (( être » qni^ totale- vide de sens, équivaut tout au plus à correspondance (d'où liirxi^s est beau »). le nom un signe de de copule == Haison Mais, vide de contenu, le verbe : « le « être » peut au moins porter des .désinences, et nous permet ainsi de la donner phrase verbale soit pauvre, phrase nominale tous à la ii : était la affirme Lu premier, les aspects <ie serait pauvre, qu'il marquer de quelle manière le phrase, qu'on appelle attribut, est etc. Il sert second terme de pauvre, il 1- à sujet. SYNTAXE Sur modèle de le 49 cette phrase k verbe « ê:re w on en construit de semblables avec les verbes dits attributifs : sembler, devenir, s'appeler... — exclamative, — interrogative. Phrase positive, Verbale ou à affirmer tatation; attributive, ou (( un jugement, à nier est il phrase sert la parti, il à communément énoncer une cons- n'est pis parti » sont des phrases positives. Miis d'un départ inattendu qu'il s'agisse cause une déception spéciale : « il dans laquelle la nous nous dirons avec une intonation : est parti et qui ». ! C'est une phrase exclamative, constatation du fait s'accompagne d'une émotion. Nous étonnons-nous de « il avec un air de doute : ce départ, nous demanderons C'est une phrase est parti? » interrogative. L'mtonatioa suffit à marquer la valeur de chacune de ces trois phrases; mais la syntaxe peut aussi nous y aider; par exemple nous distinguerons l'interrogation en renversant Tordre des mots employant une formule spéciale Phrase subordonnée. : : « est-il parti? ou en « est-ce qu'il est Supposons parti? » maintenant que nous ayons à renseigner quelqu'un qui s'informe d'un départ; nous répondrons par exemple « il est parti, je : deux affirmations, deux phrases assemblées. idées qu'elles expriment ne sont pas indépen- crois». Voilà Mais les dantes; chacune des deux est influencée par de l'autre; il « est parti », suivi de « je le contact crois », cesse LA CONSTRUCTION DE LA PHRASE 50 d'être une simple constatation; du départ l'affirmation n'est plus catégorique, tlle est subordonnée à la connais- sance imparfaite que nous en avons; nous disons de phrase « il subordonnée par rapport principale ou indépendante- est parti » qu'elle est à la phrase « je crois », dite Ici encore syntaxe nous fournit un la joignons subordonnant, conjonction que la Nous n'avons les moyen d'exprimer deux ce rapport; nous parti ». la : phrases un par qu'A est « je crois plus alors en réalité qu'une seule composée de deux propositions; nous avons passé du procédé de la coordination ou parataxe à phrase, celui de la en de réaliser toutes état suivant subordination ou hypotaxe. Et nous voilà la temporel combinaisons possibles, les nature du rapport que nous avons (j étais ici quand aurait écrit si vraiment consécutif (on l'a si il il est parti), était parti), mal reçu La syntaxe exige quelquefois conditionnel de cause à (il ou (on plus que l'addition d'un le mode du subjonctif p^/'^d dans le dernier exemple. Les règles de syntaxe. pensée se développe multiplier les se effet : etc. subordonnant, par exemple qu'on change : exprimer ^w'il est parti), final Ta tourmenté pour qu'û parte), verbe à demande et se mesure que les a nuances la la complique, nous voyons se ce qu'il faut adn^irer le plus, La syntaxe d'expiimer à moyens d'expression grammaticaux, complexité des règles de absolue. Ainsi, de et on l'infinie syntaxe, ou de leur rigueur des subtilités qui permettent les plus délicates de la pensée; SYxNTAXE ce n'est pas tout à <( pensez-vous qu'il ait est parti Seulement soit parti? » la fait il même ?» et syntaxique et chose que de dire : la qu'il et nécessaire entre la marche de développement historique. Si un dans fait de » et celle moaté « ]QSuis « je suis resté » rinuicatif jonctif : « : rester ^ voilà tout. tour Eiffel », Ce ]'ai y a une consune construction ; Nous j'espère qu'il viendra « je désire qu'il vienne ». à la construction de « la truction propre au verbe demeurer ei propre au verbe l'auxi- à quatre » et celui de l'auxihaire être, nous n'en voyons aucune entre demeuré nous jW monté qui exprime une action dans « l'escalier quatre qui exprime La elle est voyons une différence de sens entre l'emploi de liaire avoir f », il disons aussi avec et avec n'est pas le sub- une diffé- rence de sens, mais une différence d'éducation, qui qu'on Ce dit « je ne m en rappelle n'est pas le sens qui locution (( y cons- pensée. la syntaxe n'est pas seulement affaire de logique; aussi le résultat d'un : pensez-vous qu'il « ne faut pas s'imaginer correspondance constante truction 5 I » nous ou fait « je me ajouter fait rappelle ». le un ne dans la à moins qu'il ne refuse » ou « plus que vous croyez ». Les règles de la syntaxe ne actuelle répondent pas seulement à nos besoins d'expression un développement histoune observation sommaire la actuels; elles résultent de tout qui échappe rique n'est pas syntaxe caractère règles, syntaxe de la ï conventionnel que les et parfois ; capricieux manuels ont tant de peine elle aussi langue. ; une construction logique d'où le de ses à codifier. La trouve son explication dans l'histoire L^EXPRESSION DE LA PENSÉE (STYLISTIQUE) Ch. Bally, Précis de — — Traité de stylistique. Genève, stylistique française, Le langage et la vie. Genève, 1905. Paris, 1913. 1900. STYLISTIQUE Phonétique, ia de morphologie, syntaxe, nous montrent langue codifiée, soumise à un ensemble de règles et gens qui parlent un lois; les même idiome sont obli- gés d'avoir recours approximativement aux mêmes mots, aux Ce qu'est le style. aux mêmes mêmes sons, constructions de phrase. Mais l'uniformité n'est que théo- rique. Les mots et les procédés grammaticaux nous sont comme au peintre ses Or, devant le même paysage, fournis couleurs et ses pinceaux. avec le m.ême matériel, deux peintres feront deux tableaux tout moque Bruyère se le monde disiez « : vous : pleut? » avons une tendance d'autres les diraientchoisissons, nous le dans La comme tout pîeut. Que ne de celui qui ne parle pas Vous voulez il différents. la permettent, à dire, Acis, qu'il — C'est que précisément nous ne pas dire les choses comme Pour exprimer notre pensée, nous mesure où les règles du langage les moyens d'txpression conformes à notre caractère, à la situation présente, à l'impression que nous voulons produire; l'étude de ces moyens c'est affaire d'expression fait de style, et l'objet de la stylistique. Dans le parler courant nous n'avons guère le loisir de soigner l'expression de notre pensée; pourtant nous nous exprimons différemment selon que nous parlons à l'expression de la pensée 56 un camarade ou un inconnu, à des gens du peuple ou à des personnes cultivées, à un égal ou à un supérieur, à une dame, devant un auditoire... Mais à en écrivant que nous travaillons c'est surtout notre style; plume la nous juger, et à la comme nous appliquer main, nous avons nos lecteurs auront nous songeon: sans cesse de loisir de le à faire valoir les choses que nous disons par la manière de la stylistique, le loisir les dire; aussi au contraire des autres disciplines linguis- tiques, a-t-elle plus à faire avec la langue écrite et la litté- rature qu'avec le parler vivant. Valeur des sons. Et pourtant la langue parlé'î dis- manque pose d'un élément d'expression qui précisément à la langue écrite, à savoir la prononciation. la prononciation d'une langue soit que la moindre hésitons Tout conteur, tandis le t\ point fixée faute d'un étranger prête à rire, pourtant d'articuler. à ce Quoique quelquefois le entre monde prononce que dans sceptre on entre ces deux cas extrêmes il fait y nous deux manières compteur entendre a celui comme le p de dompteur ou de impromptu, qu'on entend prononcer de Tune 'l'autre reux » manière. Faut-il dire avec ou sans liaison nonciation pour la ? et et bon à brûler, trop heuDans tous ces cas la pro^ « plus explicite, celle qui détaille, qui épelle ainsi dire, nous apparaît comme plus distinguée, moins que nous ne la jugions pédante; suivant les cas, nous l'accueillons ou l'évitons. Le traitement de Ve muet est la grande difficulté de la à STYLISTIQUE prononciation « un second française. » et tantôc (( 57 Pourquoi disons-nous tantôt un s'cond » (prononcé x§^on)} y a une différence de ton la seconde prononciation nous paraît négligée, c'est celle de la converencore Ici sation il : nous employons ; Nous déclamant... « fie veux » ; le disons l'autre dans un discours, en couramment /'veux « ou « je choix nous paraît presque indifférent mais pour affirmer catégoriquement notre volonté, nous arrivera de prononcer sur chacun des deux e. « veux! je le Cette fois la en » : il insistant prononciation a une valeur expressive. Cest surtout qui donne au langage sa l'intonation physionomie. L'écolier qui déchiffre son livre de prononce tout sur ture même la note^ le lec- prêtre en chaire psalmodie et fait retomber toutes ses phrases sur une monotone; certaines personnes minaudent et affectent un parler chantant; Tacteur en scène accuse les intervalles en vue du maximum d'effet; tous nous nous servons de Tintonation pour finale solennelle et nuancer l'expression de notre pensée. Il d'élever la voix sur certaines syllabts qui primer Nous permet d'ex- doute, l'ironie, la conviction, le disons « : votre ami n'a pas écrit en prononçant d'une voix égale « a telle façon y les ? l'émotion... c'est trois étonnant », syllabes de étonnant »; nous ne faisons qu'une simple constata- tion, et le fait nous laisse marquer au contraire que le indifférent. fait Voulons-nous nous touche? Nous prononcerons en accentuant violem.ment syllabe é^cnwant». Voulons- nous laisser entendre : « c'est la seconde l'hX PRESSION DE LA PENSHE 58 malicieusement que nous soupçonnons du de silence la raison cachée nous pourrons exprimer cette l'ami; nuance en prononçant sur une note plus élevée, comme en chantant, la même et, syllabe. L'art de tirer parti des sons intéresse tout spécialement le poète. Il c^mme y de sons agréables a des suites : Le phalène doré dans et des séries ainsi Malherbe dans la d'un même son a quelque chose de -pa-ra-bla-la-fla- le comparable à la qui a échappé à flamme cascade des huit n dans Vjltaire : : ... OU comme t'occupais-iu de bien porter ta lyre? répétition déplaisant, sa course légère... cacophoniques, Que ne La le malheureux vers de : ... Non Et pourtant il la «'est rien que Na-ttine «'honore. répétition de certains sons est parfois recherchée pour ce qu'elle a d'expressif parti du souffle des /dans La di la à Toreille, dia le au matin : Hugo a tiré : /redonnant sa /an/are, course rapide des consonnes dans : Ladislas futtif prend un couteau sur la nappe, R icine, du sifflement des Pour qui sont Leconte de Une Lisle, s dans du glissement doux des voyelles dans ondulat/on majesti/^wse Pareil emploi de un procédé de : ces serpents qui sifflent sur vos têtes, rharmonie imitative style. : et lente. (cf. p. 37) est STYLISTIQUE 59 Valeur des mots. Les mots eux-mêmes valent par leur sonorité, leur forme, leur par son ampleur Un tel volume; tel est expressif : navire y passait majestueusement. comme autre par sa légèreté, mots ces faits tout de Le mot a sa physionomie, son allure, qui tait qu'il plaîc ou déplaît, convient ou ne convient pas, indépendamment de son consonnes : preste, leste, svelte, furtif.,. sens. même Mais, dans au sens du mot, m:sure où nous nous attachons la s'en faut il que notre seule préoccupa- tion soit de trouver l'expression adéquate à notre pensée. Souvent nous ne pensons pas compris de dire ou les le pommes mot ; c'est 1j peintre, nous adorons effet bon vieux mot simple «) D'autres notion « Ah fois, si nous sommes et juste : dirait par poli- mauvaise langue, devant une exposi- tion de médiocrités, jusqu'à ce que, arrivant à : le procédé de l'hyperbole^ Admirable! merveilleux Isplendide! de valeur qua- expressif fiait par le rendre b mal, réduits à reprendre le un relief les divinement beau, h'ii nn^i goutte de liqueur, b en qu'un beau juu^ pour faire un tesse nous gros- ; ^ nous offrons qui en usant pour être chaud nous demandons une seconde d'atten- beefsteack aux (( sont telles qu'elles d-fauts; nous disons qu'il effroyahlcînent tion, choses nous enjolivons, nous mettons en sissons, lités les qu'il suffise ça, c'est bien », dit-il une œavre simplement. sans exagérer, nous déformons abstraite ^est pour le : une vulgaire presque inaccessible; 6o L'EXPRhyS.'ON DE LA PE:,SÉE nous saisissons mieux ce qui frappe nos sens sommes-nous portés notions de l'ordre à faire passer les Tordre concret par un abstrait dans aussi ; artifice de style : au de craindre, nous tremblons qu'un malheur n'arrive; lieu une douleur Cest le Tout tsi déchirante] procédé de on du fond du cœur... som\\2aiq métaphore. la cela par le simple désir de ous bien i faire com- prendre, d'être expressifs; qu'est-ce a'ors quand intervient le coup parler souci de bien dire comme ou d'une condition ? Bien dire, pour beau- c'est parlent les gens d'une instruction sociale supérieure. Le valet attrape des mots de son maître, l'électeur de son député, cierge de son journal, quitte à sur le sens de ces emprunts patronne que le de plus propice » « émancipé c'est ainsi Ou que une cuisinière était « disait à sa tout ce qu'il y a ! le il langage du de dire », con- tromper quelquefois se fourneau neuf Par un retour amusant, guées d'affecter : le chic, aux personnes arrive ptupk ; épatant, i'argot s'infiltre dans la on trouve ficher., s langue distin- original, embêter, et commune. bien on affecte Temploi de termes étrangers; on parle avec complaisance du dancings de handicaper et d'être smart. on on s*amuse volontiers à ressusciter des mots de la langue d'hier ; on emploiera partant pour « par conséquent », à cause que, d'aucuns... C'est la manie Si a des lettres, de l'archaïsme. Au mots nouveaux, à le dictionnaire, contraire peine nés, on affecte d'employer des et que n'a pas encore admis des néologismes : joliesse, féminité... . 6l STYLISTiaUî-: rend intéressant en ne nommant pas, les choses par leur nom, en empruntant aux spécialistes le terme technique; on dit unejeuille pour un « journal », la On se : rampe pour on emploie des détours pouE théâtre »; le « on c"iter l'évocation de réalités choquantes; terme général (( prendre une médecine « : par énigmes une marque de c'est : périphrase », à Li dans une position intéressante »; on être finesse ai ne pas mal faire dans peu recommandable »^peu signifie « il est plus le : z=. : à parler que de dire moins pour entendre au a recours le très bien; pas du « tout »... duand on dispose de synonymes, pus l'un soit plus distingué, notions les qu'on on les plus dit pas on fréquent que httéraire q^ e l'autre; ainsi on heurt, * tandis dit se sauver^ se dépécher on sembler, et un bond, un est banales ont leurs doublets écrit s'enfuir, se hâter, écrit paraître il avoir l'air dit mais un saut et ; ; on ne un coup. . Il n'y a presque pas une conjonction, une particule, qui ne soit en double dans la langue; comparez quand et lorsque, quoique et bien que, pourtant et cependant, pour que et afin que, aussitôt que et dès que, etc. on remarquera que le ché, plus httéraire que second des termes vers et est enferme Celui qui mots mots encombrants et les poésie la cadre prestigieux du entrer que des ces couples est plus recher- l'autre. Le vocabulaire de conventionnel. Dans chacun de se sa pensée dans préoccupe de n'y des sons choisis. inexpressifs, les termes de rapports, particulièrement les outils mots Il le faire évite les accessoires, grammaticaux : de sorte 62 l'expression LA PENSÉE liE que, jusqu'à ce que, néanmoins, par conséquent. imposer plus ou moins un vocabulaire comme au xvin* celui qui dit « poétique », siècle traduisait champs par guérets et ciel par firmameyit, un peut aboutir à se laisse Il une langue véritable jargon, et qui artificielle qu'on a parfois peine à comprendre sans un dictionnaire. nous avons Ainsi à notre disposition mais plusieurs vocabulaires que nous en non pas un, différents, et suivant l'usage? ou monocomme celle d«:; Hugo, faisons notre langue est variée tone, composite ou épurée, riche économe comme celle de Racine. Valeur des formes. La qualité des mots tient quelquefois à leur formation. La langue soignée de la poésie évite -aiionnel, -icité. en on (( o\i a en -ablement, encombrants, comme V-esque vulgaires comme Y-ard des suffixes savants et des suffixes flambard, V asse de bonasse, fadasse. Les mots manquent -ation et -ition les y Il . . de pédantesque, à^ fêtard lourds, suffixes les accumule comme d'clé_:^ance, surtout ce journaliste qui notre époque souffre de Ymàtitrm\nation de de la que tion ». A plus forte raison si à écrivait la Le entrer, le préfixe ce suffixe lourd re- solu- ! aussi p^ut changer amasser, s'éveiller sont de préfixe : position on accroche encore un appendice, comme dans tionner, réceptionner quand leur la la qualité du mot : meilleure langue; donne ces synonymes vulgaires : rentrer, ramasser, se réveiller- Le tableau des flexions nominales et verbales est si STYLISTIdUE rigoureusement fixé qu'il 63 ne nous guère laisse choix le des formes. Pourtant voici deux doublets dont l'un est usijel : peux « ]e écrivons « 'faiété », écrivant, : « je Nous puis ». nous disons plus volontiers Dans un récit d'allure littéraire, et surtout en « je suis allé : pédant », et l'autre )) nous employons Le coup passa si et le passé défini : près que le chapeau tomba. Mais, à moins que nous ne soyons du Midi, nous l'ignc- ron: dans conversation, où des (ormes la courûmes, vous allâtes et barbare. » Nous nous auraient un comme « nous pédant air à la fois risquons quelquefois, dans une conversation de ton soutenu, à dire « qu'il fût » ; nous hésiterons céjà devant « que nous fussions », et nous ne risquerons jamais « que vous ou courussieT^ » qu'ils (( allassent ». Valeur des constructions. Autant le mot est rigide, immuable, autant la phrase est souple et malléable. Un homme du Je lui ai dit d'hui. Je ne : peuple dira restez dîner. peux pas ». Il de dire, ou plutôt d'écrire venu il me voir, et que a la je lui : une façon plus chose : « voir. Pas aujoursavante « Comme » X... était demandais de rester dîner, m'a répondu qu'aujourd'hui il ne pouvait pas ». Le parataxe ou disposition caractéristique du parler populaire, mais premier procédé, celui de parallèle, est me X... est venu m'a répondu Il y « : la aussi d'un certain style solennel Ecritures ont vulgarisé : « que les traductions des Allez en Et Jésus leur dit : 3 , la pensée l'expression de 64 paix. Et le peuple répandait ses louanges Le secon )). k procédé, de l'hypotaxe ou disposition subordonnée, per met la construction savante de phrases compliquées. Dans la première des phrases citées plus haut nou: avons aussi un exemple de style direct, qui consiste i rapporter les paroles telles qu'elles ont été prononcées; dans seconde, de style indirect, qui consiste à la les|"' transposer, à les faire entrer dans le corps d'une phrase nouve41e. Une j'ai phrase complexe peut être gauchement conduite mon vu ami, qui m'a conseillé ce jeune auteur, dont C'est a l'air la phrase à la tiroirs, de sortir de la œuvre d'un livre, réputation n'est pas : et qui... faite, dans laquelle chaque proposition^ précédente. On peut au contraire disposer les propositions de façon que l'ensemble s'équilibre, organiser passe par un la phrase, faire qu'elle développe, se point culminant pour redescendre en uni sorte de circuit : caractéristique da c'est la période (grec pcfiodos = circuit),, style oratoire. Rôle de Tordre des mots. Il y a aussi un art de disposer les mots dans la phrase qui n'intéresse pas la syntaxe. le la Aucune temps des chanson : règle ne nous prescrit de dire cerises reviendra » plutôt que, « Quand Mais nous sentons que tandis que la seconde a reviendra la le « Quand comme dans temps des première phrase vaguement une : cerises ». est banale, allure poétique^ Ainsi l'ordre des mots peut prêter à des effets de style» En français nous ne sommes guère libres de le faire varier : 1 STYLISTIQUE Qous disons « une belle temme 6$ ne pouvons pas », et une laide femme »; ici Tordre des mots est fixe; nous disons « un homme brave » si nous disons un brave homme », le sens change; ici l'ordre des mots mais quand Musset dit une valeur sémantique ; dire « — « a ; — a une robe blanche ne modifie pas et : deux blanches mains le sens, et », Tinversioa nous trouvons qu'elle est d'un eâet heureux. Si La Fontaine avait troisième larron banale; nous « Arrive la me nous trouverions arrive », un troisième larron en suis distinguée si pas répondu, allé » ; : « la Aussi m en suis allé ». lui je n'ai rien à dire ». tournure classique La je ne phrase disons dans lui ai Un : : la pas répondu, « Aussi ne lui ai-je des effets de Tinver" un terme de Mais elle vue de toute valeur expressive, la la Un phrase prend une allure plus sion est de mettre en reliet De Nous ». nous changeons Tordre je « : trouvons expressive grâce à l'inversion conversation familière je écrit la phrase : « De peut aussi être dépour- comme dans la vieille : chute des rois funeste avant-coureur. rhétarique. Choix des mots et des formes, cons- truction de la phrase, arrangement des mots, accommodant — c'est en ces procédés à Texpression de la pensée -que l'écrivain fait oeuvre de style. Les grammairiens se sont appliqués à codifier cet art, qu'ils ont appelé rhéto- rique, à cataloguer ces procédés sous ou tropes : le figures de mots, figures figures de pensée. Dire « une feuille nom de figures de construction, de papier, un pied 66 l'expression de la peksée une bouche de table, feu à », c'est faire une cata- chrèse, figure de mots, parce qu'elle consiste à élargir sens strict des mots « a ne savoir pas » pour feuille, « pied, bouche ne pjs savoir ». — », c'est faire — le Dire une de construction qui s'appelle hyperbate. Parler d'un honnête mensonge » c'est faire une alliance J de mots, qui est une figure de pensée... Ne parlons pas j figure (( de l'ellipse, dyin et de la prolepse et de de l'hypotypose... ; nous pouvons nous dispenser de comprendre ce langage. La rhétorique, ihorique-là — , n'est plus de l'hendia- la syllepse, — cette rhé- qu'une curiosité. Elle s'occu- pait surtout de noter et de cataloguer des apparences, là où la linguistique cherche des explications et des lois ; masque des figures et des tropes nous nous apphquons nujourd hui à discerner et à définir des changements phonétiques, des phénomènes morphologiques sous le ou sémantiques, des procédés de syntaxe et de style. CONSTITUTION DE LA LANGUE (GRAMMAIRE DESCRIPTIVE) P. Stapfer^ Récréations grammaticales et littéraires. Paris, 1909. GRAMMAIRE DESCRIPTIVE Appliquer à une langue donnée qui procédés d'étude les viennent d'être décrits, en constituant une sorte d'inventaire du matériel (sens mots) et (formes et constructions), d'expression grammaire de des procédés c'est faire la cette langue. La grammaire tive. et Ce qu'on qu'il enseigne la grammaire norma= des manuels; attend d'abord du grammairien, c'est langue, et ce que nous appelons habi- tuellement grammaire, c'est cette espèce de code que renferment maire est les un l'auxiliaire, manuels de clisse. recueil de règles règle du recueil d'exceptions. : Pour Técolier, la gram- règles d'accord, règle de et aussi, participe..., hélas! un La grammaire enseigne comment il faut parler et écrire, et elle appelle faute tout ce qui n'est pas conforme aux règles édictées ou aux exceptions admises. ;t Rôle de la tradition. ces exceptions prétend ? Ce Où prend-elle donc ces règles n'est pas dans l'usage, puisqu'elle justement réglementer Tusage. C'est d'abord lans la tradition. Un manuel, sauf la rédaction qui peut kre plus ou moins heureuse, reproduit à peu près un CONSTITUTION DE LA LANGUE 70 manuel antérieur. Mais comme la langue vit et se transforme sans cesse, il vient un jour où telle forme sort de l'usage, où telle règle devient désuète. Ce jour là il faut une autorité pour trancher le différent entre Car la il théorie et la réalité, entre ne saurait y avoir dans même incertitude ni la tradition et Tusage. grammaire la En tolérance. olficielle ni particulier la tolé- rance n'est pas compatible avec l'institution des examens un élémentaires, qui jouent moderne; il faut pour juger si grand rôle dans les candidats une On mesure, un étalon grammatical. la société commune se réfère alors au Dictionnaire de TAcadémie ou aux décisions d'une com- mission compétente, consignées dans riel. Il Et ainsi grammaire devient la de est facile officielle : faire la ? Sur la logique On la est correct et ce qui Ta fait l'analyse logique qui et qui fait croire marchant que (( je ». C'est le systématiser à la conduit à phrase nominale marche c'est la ramener la (cf. p. 48), » doit s'analyser « je souci de la logique qui pousse outrance, de sorte qu'après avoir en français 4 types de y réduit à avouer ensuite que « les décrété, par exemple^ conjugaison, on est ne souvent, mais en Par exemple, langue. phrase verbale au type de à grammaire ? la logique. faussant l'esprit de suis affaire d'État. sur quoi se fondent à leur tour ces personnes Rôle de manie de décret ministé- critique de cette compétentes pour déciier ce qui Test pas un qu'il a GRAMMAIRE DESCRIPTIVE 7! verbes delà 3' conjugaison sont tous plus ou moins irréguliers » (voir fait à la 3® personne savent devoir, doivent; savoir, qui revient son est un peu fictif, à dire type de le pour et établi voient; pluriel mouvoir, meuvent ...),, cq ; que du 3® conjugai- la les besoins de renseigne- ment. même La notion de formes irrégulières est un peu un produit de l'enseignement grammatical. Quand nous disons que le présent « je vais, tu vas..., nous allons..., cela signifie seulement que ils vont » est irrégulier, du présent de le tableau ne répond pas au tableau aller du présent de aimer, mais cela n'empêche pas que comme « ]e fais nous allons » comme « », « lu as nous aimons « 1^, chacune de ces formes s'explique pour c'est tant pis la grammaire « tu si elles que le grammairien lui ; n'ont pas, en se On ne peut pas langue rentre docilement dans la », etc. correctement, et très groupant, abouti à un système régulier. exiger que comme vas » vais » soit régulier « je les cadres prépare. grammaire une construction régulière et ordonnée revient à peu près à peindre des fausses fenêtres pour la symétrie. Regardons un tableau Vouloir faire de la nous y trouvons un passif, qui en réaUté n'existe guère (nous ne disons pas cela est de conjugaison : : dit, mais : cela se dit) ; l'imparfait purement théorique pour autant de place que le la Ce subjonctif, forme plupart des verbes, y tient présent ; place un conditionnel passé n n'emploie... du on y rencontre en bonne il eût eu » que personne tableau de conjugaison donne une idée 1 CONSTITUTION DE LA LANGUE 72 si on le met, par exemple, entre mains d'un étranger, on sera obligé de marquer d'un fausse de l'usage les que si signe les formes qu'il lui faut apprendre et celles qu'il peut négliger. Rôle de Tusage. Sans doute la réglementation de la 1 langue n'échappe pas complètement à l'usage. L'Aca- }i demie est réduite parfois à enregistrer les ce n'est pas elle qui a ni engueuler « », épatant », ni « elle qui a tait que « genre féminin; ce n'est pas « elle avec taximètre » supplanterait sa rivale du débu»t officielle comme le qui a décrété que la « taxamètre »... Et toutes les interdictions de la maire », automo- », après maints tâtonnements, s'est fixé forme : vient d'admettre dans son qu'elle Dictionnaire; ce n'est pas bile autobus fait « innovations gram- n'empêchent pas que des constructions « préférer... que », « davantage que peler de » se rencontrent déjà sous la », « se rap- plume des aca- démiciens eux-mêmes. Cependant, il s'en faut tellement se borne à enregistrer Tusage que, une véritable révolution. La grammaire est la théorie de que la grammaire si elle le tentait, ce la langue écrite, et serait l'usage est l'affaire de la langue parlée. C'est sur le papier que « d'une aimer s, » forme sa seconde personne par Tadddition « dire » sa troisième par l'addition t; en n'y a pas de différence entre « j'aime » et « tu réalité il aimes a, entre « tu dis » et « pas dans d'un la il dit ». — On ne trouvera langue un seul exemple de pluriel formé par GRAMMAIRE DESCRIPTIVE d'un addition entendons du s, xemple de féminin son « » pas un j, formé par Taddition d'un^; énoncer une règle pour des gens qui fallait 'il d'adjectif 75: ne ubstantifs se on devrait leur dire le pluriel des marque par le changement de l'article le ui précède en avent pas écrire, le[s]femmes)j bminin des in le:<^ 'est ou « une jolie femme de la pas celui dcjort), » comme lour, et lourde la consonne voyelle qui précède La — un « le joli l'avantage de décrire les qu'on prononcé finale (vif, (l'o àQ forte règle est déconcertante et mplifie pas les choses^ bien au implications ; marque par Taddition d'une consonne changement de même devant consonne ne se distingue pas du mascu- du mot {lourd prononcé mrd'), par le le devant voyelle (Je[s]-)'enfants) adjectifs tantôt isage), tantôt se ïv[e]) (ou plutôt en les (on prononce la fin : faits c'est ; mais contraire, ne elle au prix de maintes grammaire des une grammaire vraiment abandonne lanuels pour tenter de faire la escriptive. La grammaire ive, descriptive. La grammaire descrip- dégagée de toute préoccupation pédagogique, ne se ropose que de fournir des faits au linguiste; pour elle n'y a pas de fautes, pas de bon et de mauvais franais, mais seulement des aspects multiples de ,'enfant de l'école qui dit : « Je lui ne langue non moins autorisée issante as que son instituteur qui causé avec lui ». et ai la langue. pas causé » parle peut-être plus inté- lui fait dire : « C'est toujours du français. Je n'ai C'est CONSTITUTION DE LA LANGUE 74 peut-être encore du français que noncée par un petit villageois Mais d'où vient que ce n'en (( pas causa I y'ai c'est-à-dire Où mite? » ? Nous est plus le d'une langue Où français? cesse le problème du tas, trois non : s'arrête : la li- gram- la — définir? le est un C'est deux grains de sable plus, dix et cent non plus, commence à quel grain à un c^est un : le certain tas. De a différentes façons de s'exprimer qui font que moment nous avons sentiment que le les sujets parlants disent — et il y : nous ne pa.r\ons pas même le une limite au delà de laquelle a uns disent des autres le Où ? réponse que de dire tas? Pas d'autre français^ Ou de sable tas mais dix mille en font un; y l'enfant dit disons alors qu'il parle patois, est la limite il quand ». une autre langue. Pourquoi? ne font pas un mêene phrase pro- ons pas causé « J'y : maire descriptive qui prétend peu même la ils : les ne parlent pas français. C'est point où l'on cesse à peu près de se comprendre. même du groupe où l'on a Iq même langue, que de différences Mais dans l'intérieur sentiment de parler la ! Limites géographiques. l'autre : chaque province sa phonétique particulière nous appelons muet, dit « s^avoir » pour gie : le passé défini « qu'au Sud de dans le a la — « Différences d'une région à son : le « accent », c'est-à-dire Midi prononce Ve que son vocabulaire pouvoir — », je fus, je pris », Loire, — et même : sa ne s'entend guèr< sa syntaxe Nord donnez-lui quelque chose pour : Wallon morpholo le lui : on di manger GRAMMAIRE DESCRIPTIVE Mais la 75 subdivision va bien plus loin que provinces : Centre, à la il a des régions, y d'un village à Tautre, à et dans un Nord et dans le du Midi, où, kilomètres de distance, les 3 paysans s'amusent eux-mêmes de langage, limite des exemple par limite des parlers du la à relever des même village qu'on puisse noter d'une famille il divergences n'est pas rare à l'autre des habitudes de parler différentes. Zones frontières. bout des complications. une limite entre : ne faut pas se représenter Il comme une frontière poliAppelons A ti B deux parlers gnons par a (par exemple dans sont en A notons une particularité de -â : au deux parlers tique entre deux pays. voisins ne sommes pas nous Mais bonnes z=: A féminins pluriels les bounâ); cette que nous dési- particularité s'étend jusqu'à une limite que nous représentons par \x ligne i, yl l^jt. au delà de laquelle la limite entre A le pluriel est B} Qt que nous appellerons et du côté B il est ô, a' en -è : bouné. Est-ce là Voici une autre particularité, : du côté mais cette A le pronom fois la limite il est est ou repré- . CONSTITUTION DE LA LANGUE 76 semée par une Une ligne 2, qui ne coïncide pas avec la ligne troisième particularité al' i aura pour limite une , ligne 3, qui ne coïncidera avec aucune des deux autres^ Où de suite. et ainsi Tout ce qu'on peut donc est de faire et B} tracer fictivement la moyenne selon une lignes, qui est la dites lignes d*isoglosses. A est la limite entre des lignes 1,2, 3, est bien obligé en général On de se contenter de cette limite approximative, mais la descriptive prétend fournir aux recherches grammaire matériaux des des linguistes menu d'entrer dans le plus été amené, pour du tifique mots un un, à de village en village, ainsi c'est se doit qu'on a vraiment scien- et, les suit d'une région à sans jamais généraliser, patiemment l'infinie diversité faits. Limites sociales. Mais ce des limites géographiques; social à l'autre. Il se rapproche de la qui est la 'dre; ex. : ou cela (il réduit à -t, français de la rue a sa quat\ prend), son vocabulaire = devant voyelle iz : (ici se dit là, ça, bête signifie sot, et vilain signifie laid), sa sont, // Le -d, toutes les finales tn-tre, (le pluriel datif de langue varie d'un groupe a morphologie et n'est pas assez de tracer une langue des gens cultivés, qui langue écrite, et une langue vulgaire, y le vrai parler vivant. phonétique ceci détail; elle composer un atlas linguistique à se contente de cataloguer des définitifs, réaliser un.e description français, qui, prenant les l'autre, si yi dirai), de il est i : i^^ devant consonne ont; i est aussi : t le sa syntaxe (que sert de liaison GRAMMAIRE DESCRIPTIVE pa-se-partoat de à dans Thomme : que je t'ai couteau à Jean « le )), 77 parlé; de de dans l'emploi cf. une chose « qui n'est pas de faire »), des tours de phrase spéciaux {prendre un tison pour allumer sa pipe avec, emploi de « il y a le sujet une sorte de particule ya pour signaler régime ya Jean qui m'a dit...) Du reste » réduit à ou le : on ne peut pas dire qu'il y a une langue vulgaire; c'est par degrés qu'on passe du français cultivé au français de la rue on ; sant par « je iiche », — m'en désintéresse » m'en moque » on aboutit à part de « je puis plus bas encore. plus une langue cultivée le même : en pas- et « je m'en n'y a pas non Il un professeur ne parle pas langage qu'un banquier, ni qu'un artiste; nous ne parlons pas dans un salon comme menade L'habitude à la campagne... nous empêche de divers milieux nous ne nous apercevons même au cours d'une prode fréquenter saisir ces nuances, et pas que nous modifions notre langage suivant les circonstances; mais l'étranger s'en aperçoit, qui ayant appris notre langue dans certain milieu, a de la peine à un littéraire la A plus autre. : il y a forte raison comprendre si s'il passe dans nous regardons la une langue de l'éloquence, qui construction périodique, les liaisons, les particules la un langue cultive subordination, multiplie (or donc, si tant est que...), recherche les expressions vives et parlantes (exclamations, le présent qui donne au langue de pour le passé); une langue de l'histoire, passé défini une place privilégiée; la chaire, de la politique..., et souvent du jargon juridique, avec ses une on s'amuse ledit, je soussigné, parlant à nous, ont déclaré ne savoir signer... CONSTITUTION DE LA LANGUE 78 Limites dans le Sommes-nous temps. l'extrêine limite de la spécialisation qu'au moment même où saisir l'usage, sur ? arrivés à Pas encore, parce un point donné nous voici qu'il est en train allons de se modifier. Celui qui après dix ans d'absence revient dans son pays entend des expressions étaient neuves qui et qu'il ne connaissait pas; celles originales au temps de notre enfance paraissent vieux jeu aux enfants d'aujourd'hui. Mais cette fois il s'agit de différences dans le temps, c'est-à-dire d'une évolution; ce n'est plus l'affaire de la grammaire de la descriptive; nous entrons dans le grammaire historique. domaine ÉVOLUTION DE LA LANGUE (GRAMMAIRE HISTORIQUE) A. Darmsteter, La vie des mots. Paris, 1886. La vie du langage. Paris, A. Dauzat, Pour le français 1910. : A. Darmsteter, Cours de grammaire historique de la lar^ gue française. Paris, Delagrave. Kr. Nyrop, Grammaire historique de la langue française. Copenhague, 1899 et suiv. F, Brunot, Histoire de la langue française des origines à 1900. Paris, 1905 et suiv. GRAMMAIRE HISTORIQUE La grammaire des manuels nous dit : me h « Je rap- pelle » est français, et je tnen rappelle » ne Test pas. — La grammaire descriptive tructions existent^ mais la nous dit première est deux cons- les : du langage seconde appartient au parler courant. tivé, et la grammaire historique nous dira est la construction ancienne, « Je : me rappelle » le m'en rappelle sur le modèle de « cul- — La je » est « je une construction nouvelle, faite m'en souviens ». La grammaire historique explique les faits actuels en étudiant le passé elle remonte le cours ; de la langue en observant les sons, les mots (forme L'étymologie. l'histoire des sons, les mots qu'ils les vicissitudes lat. capram a latin; il les changements qu'ont subis et sens), les constructions. mots doit L'histoire des puisque sons n'existent que dans composent du mot — qu'on les : c'est chèvre précéder en suivant en français — vieux fr. chièvre — arrive à reconstituer l'évolution d'un faudra donc préalablement établir que chèvre vient de capram, c'est-à-dire taire l'étymologie de fr. chèvre. L'étymologie guistique, et est on ne un peu résiste la distraction de guère au plaisir de s'y la hn- livrer. ÉVOLUTION DE LA LANGUE 82 Plaisir dangereux du reste^ parce qu'il expose à bien des erreurs. où les mûres s'appellent des « moures ». Pourquoi? La « moure », c'est ce qui mourir » Et du coup on déf^ind aux enfants d'en fait manger. Il n'y a guère un mot de la langue qui ne resVoici un village (( I semble à quelque autre, chement, on en s'oppose au rappro- et si le sens est quitte pour ruser avec le sens : miles (le soMat) vient de mollis (mou), disait sérieusement un hommes des rien Varron. ment ce qui les plus savants Il est que vrai de l'antiquité^ la gr.immai- le mollesse n'est pas précisé- eh bien, doit distinguer le soldat; sera « celui qui n'est pas mollis » des siècles durant, on a traité la le miles, comment, Et voilà ! ce science qu'on se per- mettait d'appeler étymologie, ce qui veut dire « science des vraies significations ». Naissance des mots '. Création. Comment faut- il se représenter la naissance d'un mot?' Est-ce quelque chose de comparable à d'un outil, que la fabrication d'un instrument, l'ouvrier crée de toutes pièces pour ses besoins? Pour un cas que nous connaissons, oui. xvii® siècle le chimiste hollandais pour les besoins de ses théories fortune. C'est Au van Helmont imagina le mot gaT^, qui a fait une exception unique. Emprunt. Avons-nous besoin d'un mot pour désigner un objet nouveau, par exemple certaine espèce de jeu de patience qui terons le nous vient d'Angleterre; nous impor- mot avec la chose ; c'est ainsi que « puzzle » GRAMMAIRE HISTORiaUE devient un mot français. Cestlà le 83 procédé de l'emprunt, qui nous fournir des termes de provenances étonnam- ment diverses : le train et le rail nous viennent d'Angle- terre, le bourg et la guerre sont allemands, la banqueroute et le piano nach viennent à'IiaWQ.Jétiche est portugais, Vaîma- est arabe, V orange est persane, et même nous empruntons aux langues mortes est un mot larin, avatar un mot un mot hébreu de la Genèse... Quand nous Onomatopée. le kiosque tsiiuïc\ : album sanscrit; iohu-bthu est disons : le du ronron montre, nous avons bien l'impression de fabriquer des mots, et on appelle ce procédé chat, ou le tictac de la ronomatopée (création de nom). En fait, c'est un bruit naturel qui nous iournit le terme nouveau; nous ne faisons que le reproduire tant bien que mal; nous ne créons pas. Dérivation. Prenons un cas comparable à celui du chimiste qui a créé le mot ga7^\ un industriel a besoin d'un terme expressif pour lancer un produit nouveau : il le baptise dentol. Est-ce là un mot denty un suffixe car nous y trouvons le destiné le d'autres produit, et noms de mot créé? Non pas, qui indique à quoi est -ol, qui se trouve dans produits pharmaceutiques : form-ol phén-ol. un autre cas, où la fabrication du mot est anonyme on va y reconnaître le même procédé. Voici : L'invention de Thydro- aéroplane a verbe amerrir ; il est clair que le fait mot apparaître est fait sur un mer ÉVOLUTION DE LA LANGUE 84 comme atterrir Tétait sur terre. Ici encore il n'y a pas créa^ on emprunte au matériel de la langue de quoi faire un mot nouveau d'une part un élément radical (dent-y tit)n; : -mer-^y d'autre part des éléments de formation 'oly -ir, suffixe et préfixe a- (cf. p. 28). Mais Tétymologiste ne mière analyse d'où vient ; éléments de formation que : a- et -ir? ? se contente pas de cette prele radical, et d'où viennent Qu'est-ce que mer^ et qu'est-ce Dans nombre de considérée qu'il faut chercher cas, c'est hors réponse la : ae la langue a- et -ir sont ce qui reste en français des éléments latins ad- et Cependant raisse Le il arrive qu'un élément de formation au cours du développement de la suffixe. Voici par exemple un sous nos yeux omnibus qui : — signifie Le « les- » ; appa- même. suffixe qui naît mot latia adopté français a pour tous langue -ire. ainsi le dans l'expres- omnibus ». « Un carrosse omnibus ))j et par abréviation « un omnibus », c'est donc voilà une terminaiproprement une voiture publique sion : « une explication : son -bus liée à l'idée où l'automobile a d'un transport en La ; le jour remplacé l'omnibus à chevaux, on baptisée aufobus, et nous aérobus. commun sommes en l'a train de fabriquer syllabe -buSy qui en latin était tout uniment une désinence de datif pluriel, est devenue en français un suffixe de substantif pourvu d'un sens tout à fait original. Voici un cas un peu diiîérent vousoyer; c'est-à-dire que : sur tutoyer nous faisons à tutoyer nous empruntons la. GRAMMAIFE HISTORIQ.UE terminaison pour Tajouter au pronom vous. Mais -o'str un élément tutoyer représente quand nous fixe -er ; suffixe nouveau un sufdonc un morceau radical tu-toi isolons-c^ydr, c'est de radical que nous arrachons avec un 85 -f- le suffixe -er pour faire -oyer. Enfin voici un cas un mot qui c'est tout oii a été un élément de formation. Nous disons d'un cœur léger » ou « légèrement », « à cœur ouvert » ou « ouvertement », comme s'il y avait équiva- employé à faire : (( cœur, esprit »^ et le suffixe -ment. mot Effectivement, -mm/ représente une forme dérivée du mot lence entre le (( mentem, latin qui dé-ment^; ouverte-ment même La il chose comprendr-a, ils servi à faire faire un radical. mer il comme a compris^ beau le que « suivre à travers reste toujours « mer mer a [à] : comprendre « avoir » ont nous servent à suffixes expHqués, » s'explique par lui-même? Nous avons toute l'histoire du français, il », et il faut faire le saut de mer « Car nous savons que mare maire historique de suivre du fran- » l'étymologie le français est transformé, et c'est précisément la tâche de lïiation. ». » au latin pour trouver dans ». ouvert ont compris. amerrir çais « il elles ils ou Désinences », qu'est-ce : Des formes du verbe reste l'élément radical. Si « « ment-al, (cf. passée pour certaines désinences futur, tout « » « l'esprit comprendr-onty c'est un passé dans Le esprit donc c'est , s'est ont [à] comprendre. ils « signifiait les étapes du la latin gram- de cette transfor- 86 ÉVOLUTION DE LA LANGUE La lâche Filiation des mots. jusqu'à un certain écrits pour suivre est relativement facile moment; nous avons assez de la trace d'un mot usuel ce, qui : devant voyelle, a été anciennement anciennement encore plus loin : à partir icist du ;"mais cest ou textes est cet plus cist, nous ne pouvons pas aller x' siècle environ, les textes fran- quand nous rattachons icist au latin ecce istum^ c'est en faisant un saut de plusieurs siècles pendant lesquels s'est accomplie une transformation qui nous échappe; l'étude des documents ne nous fait constater qu'un état « avant » et un état « après; la grammaire historique est obligée de faire là une véritable çais font défaut, et reconstitution. Encore sible... si le point de départ était directement acces- Mais ce que nous connaissons, textes, la langue qui a comme c'est le latin des survécu presque jusqu'à nos jours langue scientifique internationale, sans se trans- former, sans vivre véritablement; cette langue n'a pas eu de descendance, et le latin qui a aboati au français, c'est la langue des fonctionnaires, des soldats, des colons qui ont civilisé la Gaule, langue du commerce, des écoles, moitié vulgaire, moitié cultivée, dans laquelle « bouche » se dismbucca et non pas os; « caput; « cheval », caballus, et et non pas anser, etc. tête », testa non equus; Or, cette langue-là, plutôt « oie », que auca nous ne la connaissons que par bribes, et le plus souvent, loin qu'elle puisse servir de point de départ à l'érj-mologie, ce sont au contraire les déductions de l'étymologie qui nous permettent de la reconstituer. GRAMMAIRE HISTORIQUE Méthode à Au suivre. milieu 87 de difficul- telles Tétymologiste ne peut s'avancer qu'avec prudence et tés, méthode. ne Il pour qu'on pas que deux mots se ressemblent suffit ait le droit heur, malheur » de les rapprocher heur dans ne vient pas de horam, à quoi mais de auguriunty à quoi mot : français (dialectal) il « bon- ressemble, il ne ressemble pas; il y a un couture qui vient de culturam, mais un autre identique, de sens différent, dont il faut aller chercher l'origine dans consuturam. La parenté de sens n'est pas non plus convaincante avec pondus qui a presque mêmi sens. Il même donc nous faut poids n'a rien à voir : forme et exactement défier des apparences et ne pas deviner; une étymologie ne s'improvise pas; dès qu'on Ta proposée, on gements de forme Comment la comment aboutir à / — le dans pèlerin, à celle qui [ail comment pour percepteur aboutit à sevrer (cf. quoi nous (cf. p. les 11), — (cf. p. à -ro- celie qui fait p. 16); en perdant portent pas l'accent à chirurgien de Jormaticum aboutit mage par une métathèse comm^^ teur C'est premier r de peregrinum a pu par une dissimilation analogue du Q chilurgien pour -or- chan- Ede nous explique par phonétique. exemple les de sens qu'elle suppose. s'altèrent les sons. d'abord aide et tenu d'expliquer tous est 16); dans fro- dut comment précep- separare dtux syllabes qui ne — commmt me aboutit quand on lui donne toute sa valeur (mo/, je dis...) me {e muet) quand on le traite comm accessoire en à moi et à l'incorporant nu bloc de i la phrase (cf. p. 19). Tous ces . 88 EVOLUTION DE LA LANGUE changements s'expliquent; conditionnés sont de ceux qu'on appelle ils p. 20). (cf. Mais reste à savoir pourquoi Va de séparera aboutit à e, me Ve de tanés à oi, etc. 20) (cf. p. sommes ; nous ne me expliquons pas, mais nous les un est e réalisées, il la régularité nos étymologies soient long d'une syllabe; toutes (ë), les est accentué, il fois si nous ne fantaisistes. il est à la fin que ces conditions seront sera représenté en français par oi; effective- ment: të>toi, të-Iam devoir- des changements spon- tenus d'en démontrer voulons pas que L'e de Ce sont ? > së-tam'> ioiJe, debë-re> sole, . Dans nera ou la même position un û donnera mUrum, lûnam >- mur, : lune, w, — un û donûbi, cûbat^ où, couve... un système de correspondances phonétiques latin et le franc lis qui ne vaudrait pas pour y Il entre a le d'autres langues, et dont téristiques; telle on peut relever certaines carac- consonne est résistante bien que mal en toute position chose, trans > fm); telle autre est fragile tient qu'à Tinitiale {talent'^ amat^ aime) . En tiale, s'altèrent à Une {sanum^ tel, s subsiste : sain, : ^ causam^ ne se main- mais amatum > général les consonnes résistent à l'intérieur, tant disparaissent à la aimé, l'ini- finale. voyelle couverte par un groupe de consonnes (en syllabe fermée), se défend assez bien; elle est plus fragile en syllabe ouverte < charte, et s'altère : Va se maintient dans cartam dans carum < cher, etc. GRAMMAIRE HISTORIQUE Comment s'altèrent les formes. 89 ne Il pas suffit encore de connaître tout ce système de correspondances. Suivons l'histoire du mot « Dieu pour taient la Terre Sainte au que nous traduisons par que « Dieu » vienne de du régime « Dies ». de cri le Dies « Ce veut! ». le sujet celle du régime, qui sert ! » n'est pas mêmes », car les Dies était le volt Croisés Q^LÙndeus), deum). La langue a perdu (latin gardé sujet, et cas la le Dieu Dieu parlaient de « prier Dieu « Les Croisés par- ». forme la pour tous les nos substantifs français s'expliquent en général par : forme qu'avaient à Taccusatif les mots latins corres- pondants. Le remonter français voile doit telam\ pourtant donner la forme comme voil à uelam comme toile à dû Mais nous latine est vélum, qui aurait donné poil. neutre vêla de uelum pilum a savons que le comme un féminin singulier, dont Taccusatit devait être pluriel a été traité uelam. Le loriot est « l'oiseau n'explique pas P/ de en ancien français voyons d'or loriot. loriot se produire ; a {aureolus). On puis dans dans Une l'oriot > « un-n-âne effectivement que nous », qui, en arrivent à par se souder au loriot. la forme d'un mot ou au moins pour lui donner moins étrange on entend dire à des illettrés une allure « Trois Cadéro le fini autre faute consiste à corriger pour en expliquer dire est arrivé ce dire « le n-âne »; 17 de l'article a nom dû langage des enfants le habitués à entendre et à dire il a Mais aureolum le sens^ : » et « la Sainte-Maritaine » parce qu€ ÉVOLUTION DE LA LANGUE 90 d'autres monuments ou Sainte-Chapelle la « cinq sets » « (= en angl. potron-minet couramment s'appellent les « Trois Quartiers » de ; « vert »; c'est là ce qu'on appelle Mais formule de jeu altérer la langue; les on », et « grammairiens ont derniers à les été parfois sou- mot: cieux de rappeler par l'orthographe l'origine d'un sachant que févre, que nous avons conservé propre, vient de fabrum, semble avoir perdu, Lefebvre, mal ils lui comme nom restituaient et écrivaient /«î^z^r^; le orthographe on ne distinguait pas le h qu'il b nom un document où selon lu sur », dit pour au diable-vauTétymologie populaire. » gens instruits ne sont pas les en « en cinq secs fait « patron-minet au diable vert « la on séries) devenu est )> » propre l'ancienne v de Vu, donnera naissance au Lefébure que nous rencontrons aujourd'hui. Encore, dans ce cas, Tétymologiste mais quand le a il donné un J rapport avec pondus, à pois (poids) s'est il vu juste; pour marquer complètement trompé, Comme car pois venait de pensum. avait-il le restaurateur des oeuvres d'art, l'étymolcgiste a souvent altéré les origi- naux, et compliqué venus après la lui. Quelquefois on des reconstitutions est allé : pour un mot lui encore plus loin dans la voie pour exprimer une idée nouvelle, par dessein d'enrichir fait tâche des chercheurs qui sont français la en langue, on a d'un le déformant tout mot et latin juste assez enlever son air étranger, on a créé une dériva- tion artificielle : c'est ce que nous appelons rétymoîogie savante. Quelquefois la déformation est insensible : nocif \ GRAMMAIRE HISTORIQUE reproduit nocivus donner pour chapitre. Qsi il ; arrive l'illusion qu'elle d'une 9I assez notable soit normale dérivation : déjà assez loin de capitulum; mais capitidum lui-mêaie n'aurait pu donner que quelque chose livré à comme un mot savant. Souvent on ne s'est pas aperçu que le mot latin ainsi simulare repris avait déjà donné un dérivé français avait abouti à sembler {6.o\xh\Qt populaire) quand on en cheveil chapitre est encore ; : a tiré simuler manière : (doublet savant). Se doublent de la août et auguste^ forge ti fabrique, blâme Qi blas- phème, hôtel et phage, crétin hôpital, chétif et captif, cercueil et sarc(h chrétien... et et \ qu'un mot se présente sous peut il trois même formes, arriver pour peu une langue congénère un dérivé du original latin c'est ainsi que nous avon^,, venant qu'on emprunte même à ; un mot populaire parole, doublet savant parabole, ^^ un doublet emprunté de même parabolam la t. : i° 2^ un à Tes- pagnol palabre. La connaissance du latin est une cause de perturba- tion; Tinfluence des langues vivantes peut l'être .aussi. Le latin altum devait donner aut ; pourquoi écrivons- nous haut, avec un h qui suffit encore aujourd'hui à empêcher la liaison? Le voisinage de l'allemand hoch, même qui a sens et un peu sans doute pas étranger. fenum plénum — Dans dû donner fdn, donné plein ^ Qiplenam a les consonance, n'y est le français de Paris, et auena, aveine, aurait et avoine^ c'est avec même y pleine. Si nous disons/o/« que ces mots sont venus de choses qu'ils désignent,, et ils comme la campagne ont apporté avec ÉVOLUTION DE LA LANGUE 92 forme eux leur emprunts. C'est champs -yV des réalité encore que labour a apporté des phonétique campagnarde {jorem donnait en sa français de chaleur) ainsi en sont ce dialectale; l'Ile comme de France -eur, amour lui-même, qui devrait dans calorem^ être ï'ameur, est ime importation du pays des troubadours (en français trouveurs) et de leur littérature galante. Comment Que s'altèrent les significations. d'ac- cidents et de complications! que d'embûches pour Téty- mologisteî Et au bout de toutes ses recherches une quand il a poursuivi un mot-protée à travers tous ses changemeats de forme, et qu'il ne lui reconnaît presque plus rien de son apparence primitive, il arrive que le sens ait changé avec surprise lui la forme ! est souvent réservée : L'é.tymologiste doit encore rendre cette évolution, en invoquant les lois de la compte de sémantique. Nous savons, par exemple, comment le sens d'un mot peut s'élargir ou se restreindre (cf. p. 41), ce qui explique que huile puisse venir du mot qui veut dire « oUve » (oliuam), et jument du mot qui veut dire « bête de somme » (iumenîum). Le sens du latin pomum (fruit) s'est restreint (^pom^=^ arbre). en français {pomme) Souvent mener vient de minari ^=- le sens Au : en roumain s'affaiblit (cf. p, 41) i menacer (en parlant du conduc- = pousser) poison vient de potionem = teur d'un troupeau force et élargi bout du compte, quand ; le quelquefois il se ren- breuvage, etc. mot é'volution phonétique et sémantique, il a accompli est son entièrement GRAMMAIRE HISTORiaUE comme une renouvelé, maison qu'on vieille d'âge en bien restaurée 93 si raccommodant aux en âge aurait besoins nouveaux que rien ne reste plus ni des matériaux ni du plan Comment primitif. d^ns oie, redempîionem dans rançon^ Que acrem arborem dans érable} dans ce, de hoc ille retrouver aucam disjej unare d^ins dîner, reste-t-il de ecceistum dans owf ? Evolution du système morphologique. Mais le mot perd encore autre chose que sa physionomie et sa signification dans uent-um, : qui indique que complément sujet (-/). et ou {uni), Or, du mot, sujette vent, mot le la une terminaison a y de qu'il est pluriel et joue le rôle de est à disparaître justement en français la partie fragile : uentum donne Plus de diff'érence entre uenti aussi. donnent il est singulier et joue le rôle la finale singulier uentus et l'autre uent-i^ régime pluriel uentos qui l'un et le Plus de différence (au moins dans ven[t]s. prononciation) entre chante qui vient de canto, sonne, chanîe[s], chante[nt], sujet le de cantas, y^ personnes du 2® personne, i^® per- chante singulier et du pluriel. et Dans tous ces cas le français supprime des distinctions utiles, il uniformise; ailleurs plique le3 que : il en ajoute de gênantes, la différence cède : com- entre les masculins d'adjectifs siccum, uiuum, et féminins correspondants, siccam uiuam, français il n'y avait il de Vu du masculin à Va du féminin; y ajoute un changement de la le consonne qui pré- sec, sèche; vif, vive... Voilà bouleversé le système des formes ; il faudra ÉVOLUTION DE LA LANGUE 94 que le français réorganise tout cela. nitivement le cas : respectera féminin la et noncé, comme essentielle 'asculin vif, et sec, du -^îtra : T^ deviendra comme e, autrefois pro- le si^ne dufémi- forme pour a beau n'avoir qu'une fera grand et secon- grande sur le modèle et chaude. Evolution de jour où On syntaxe. la voit par ces exemples changements phonétiques intéressent les morphologie Du régime du plu- Vs fmal. consonne appa. la deux genres, on comment : que mais dans ces leux séries de formes , grandem nin, et le latin de chaud défi- distinction nouvelle au contraire l'addition d'un daire, les le pluriel distinction dr. sèche, vive changement de le et le cas du coup apparaît une entre le singulier et Il abandonnera distinction des cas, et ne conservera la régime du singulier vent vents riel Il ; ils dieu peuvent même la influencer la syntaxe. a représenté à la fois le latin dei deum (accusatif), rien ne marquait il faut être plus le rôle du mot dans la phrase prévenu pour savoir que « la Fête-Dieu » Çfesta deî) (génitif), deo (datif) : signifie (( la fête de Dieu ». C'est par l'addition de la préposition de que le français désinence latine compense la perte de la (-z). Le jour où dieu en vient même à remplacer la vieille forme dies du cas sujets (cf. p. 89), la confusion est encore plus dommageable. La phrase latine « pium hominem amat deus » ne change pas de sens si nous « deus amat pium intervertissons l'ordre des mots : i GRAMMAIRE HISTORiaU:: hom'nem » : l's tina' nous indique que deus Vm^nilq'dtpiuni hominem des indications que le complément est français ne et le précède changera sens l'homme pieux » ou Ordre des m )ts cule le dans l'autre, est sujet, direct. Voilà nous fournit plus supplée par une convention nouvelle tantif qui 95 qu'on y est sujet le subs- : verbe, régime celui qui sp^* \nt il ; « dit le suit, Dieu aime L lomme pieux aime Dieu ». dr.as un cas, emploi d'une partinouveaux procédés ce sont de « syntaxiques. Grande l'évolution perturbatrice, phonétique n'est pourtant pas seule responsable des changements gram- maticaux qui peu à peu donnent à mie nouvelle. L'historien de la la langue sa physiono- langue sans tou- assiste, jours pouvoir les expliquer, à toutes sortes de change- ments morphologiques et syntaxiques neutre, du passif,' disparition du futur remplacé par prehendere habeo nouveau passé [habeo latin > prendrai), factum >- passif (cela se dit), extension disparition : ai fait), du (prehendam création d'un d'un nouveau d'emploi de l'inhnitif (pa^^r voir, à faire...), création de suffixes Facteurs de l'évolution. On nouveaux, peut, etc., etc. pour expliquer ces transformations, faire appel à des lois proprtment H iguistiques ou psychologiques; l'analogie, déjà invoquée plusieurs fois, joue ici encore un rôle important la : construction de « parier lui ai ler » causé », celle de dans : « je y. « s'étend à « causer » dans « je se souvenir » à m'en rappelle (( rappe- se ». 4 ÉVOLUTION DH LA LANGUE 96 Mais souvent aussi c^est à qu'il fiut avoir recours : des explications historiques mélange de populations langues par immigration, conquête, relations mariages ciales, ; de Rôle de commer- l'instruction, action de du journal, delà livre, de influences politiques, prépondérance de- là capitale, diffusion du et Técole, littérature... Le développement d'une la littérature. lit- térature est un facteur des plus importants. Les textes écrits fixent la langue, tive, si bien tion le de p a des l'écriture finit par agir sur la prononcia- gens qui se croient obligés de prononcer de dompter, parce que nous avons conservé l'habitude l'écrire ner à et y il : que donnent aux mots une forme défini- ^ le ; dans gageure, son doux gô; mais que pour don- nous empêcher de prononcer gu et prononcer on entend des demi-savants comme gageure geôlier, Ve n'est là heure et geôlier comme comment géographe. Par ailleurs nous avons vu (p. lettrés, ont puisé à source intarissable du latin pour la enrichir la langue de ainsi dispensés 90) les écrivains, les mots nouveaux qui se trouvaient d'une évolution normale. •L'influence de la littérature est surtout conservatrice. Les paroles s'envolent, parlons demeurent: nous comme on parle autour de nous, mais en écri- sommes influencés par des modèles du temps vant nous passé, et les écrits nous subissons une tradition langue écrite qu'on doit la littéraire. C'est à la survivance du passé défini er de l'imparfait du subjonctif, formes mortes dans courant. Même dans la syntaxe on surprend le parler l'effort con- GRAMMAIRE HISTORIQUE servateur des écrivains «en vieux français morte comme moins mis est à la Je la crois la personne qu'on venue»; V. Hugo a, sinon créé^ du il parle de mode un emploi le spécial de l'apposition : pâtre-promontoire au chapeau de »... Histoire du style. Cest surtout par style « : « rhydre-peuple, nuées quand Cor- : une construction désuète, tout affecte Faguet quand lui a dit qui « proposition infinitive la il )), ce sont eux qui ont fait revivre : un personnage de Pompée neille (ait dire à être 97 que les écrivains agissent L'influence de tions de r la école (( mode, sur la du langue. goût du jour, le travail le les affecta- déterminent certaines tendances », de sorte qu'on générales, qui se modifient, évoluent, peut suivre d'une époque à l'autre l'histoire du style. Les chansons de geste ont eu leurs phrases parallèles, monotones, toutes en propositions principales sateurs de la Renaissance une phrase à sée d'incidentes, tiroirs, ; les pro- embarras- de parenthèses, de subordonnées, qui tout à coup semble finir pour reprendre encore, péni- blement raccrochée ami de XVII® siècle, s'équilibre, se à quelque l'ordre, mot organise insignifiant ; le une période qui développe jusqu'à un point culminant pour retomber en chute harmonieuse ; le xviii^ siècle détruit cette belle construction, analyse, découpe, cherche le trait .s'était et fait .de choix, la formule. une langue un — Notre artificielle, style riche en « littérature classique avec un vocabulaire figures )) et en déguise- ÉVOLUTION DE LA LANGUK 98 ments; de la elle évitait, disait \e fer ré:'lité, cloche... surtout en poésie, l'expression directe Fairain pour Vépée^ la Les romantiques firent une révolution en appe- nom lant les choses par leur procédés, et crient les pour « : ils : guerre à Ce qui n'empêche qu'aujourd'hui piraît aussi truqué renient les artifices que Ta jamais rhétorique la ! ) romantisme nous le été le classicisme, el Nous avons connu de nouveaux pro aussi vieux-jeu. cédés, ceux des réalistes qui par réaction ne voient dans le mot que la notation directe de qui cherchent la la beauté plastique des formes, des listes qui traduisent idées a d'eau...)), des » et « sangloter les jets impressionnistes, qui poursuivent évocateur, capable de suggérer sans décrire cadences On ))...). nous dénaturent sitions, qui rent glacier des vols qui syntaxe la sont futuristes les le sens des mots ( nont {il en ( (( le mot aimes les a habitués à toutes les transpo pas fui pleure dans train de « pour » blancheur des oiseaux sédentaires ») violence à symbo sentiments en images con font « pleurer Va.utoxr. nu crêtes, chose, des parnassiens et transpa- le : l'éclatante mêm font mon cœur); nous offrir enfin de bien autres audaces. Fantaisies, artifices, affectations de théoriciens, sans doute, mais qui finissent par créer des habitudes, des tolérances, et qui font qu'en définitive tion du La style vie comme une évolution de du langage. Tout à coups; le cela il y a une évolu la lar^gue. ne va progrès du langage n'tst pas pas san; régulier e GRAMMAIRE HISTORIQUE 99 morphologie, qui Test plus que le vocabulaire pour moderniser du vieux français, il suffit souvent de traduire mot pour mot, sans changer la forme des phrases. Le mouvemécanique la : syntaxe est plus stable que la : ment à certaines à qiiin:(e époques se précipite, puis se de rajeunir tienne, tandis siècles, même la ou peu s'en Nous avons au terme de l'évolution, La langue nous d'abord que, vieillissant avec la et que l'impression français va le langue, nous n'avons pas la marche : nous y a dix ans nous disions au masculin? D'autant plus que la brièveté souvenons-nous seulement » nous paraît immobile. C'est de points de repère pour en apprécier un auto faut, langue que Voltaire. Et après? où allons- nous? rester ce qu'il est. Chré- texte de son Institution le qu'après deux écrivons aujourd'hui « : ans d'imervalle, d'une édition à l'autre, Calvin es: oDligé d'être ralentit qu'il de notre existence ne nous permet pas d'assister à de grands changements. Ce qui n'empêche pas par exemple que des personnes de notre génération peuvent avoir entendu leurs grands parents dire tandis que leurs père ploient plus guère « être », et et que : je pris, vins.,., je mère, vivant aujourd'hui, n'em- les passés définis d' « avoir » qu'elles-mêmes n'en connaissent plus aucun. Enfin ce n'est pas en bloc, tout d'une pièce, que langue se et transforme; certains points il faut pour remarquer fixer la attentivement Nous l'instabilité. hési- tons sur la prononciation des consonnes finales, disant tantôt « lin de plu [s] » et tantôt « un de plus suite d'une évolution qui a fait disparaître le / » : c'est la de haut, le 100 ÉVOLUTION DE LA LANGUE Nous ne savons Vr de manger... p de trop, faut prononcer ^w/ dans aiguillon ou comme dans osciller, anguille, s'il comme vaciller., prononcer faut dans comme s'il dans aiguille les deux comme ou ville, pas trop / de dans fille, etc. Hésitation aussi dans faut-il faire le domaine de en -ah ou en -aux Dans quelle mesure avons-nous adjectifs en -ahle : la morphologie le pluriel la sortable, mettable... le droit d'écrire risquent de bons écrivains Sur bien des points a hésitation, mouvement, il y la de banal} faculté de créer des ? La syntaxe elle-même n'est pas toujours nous décidément : fixée « préférer : que avons», que ? langue hésite, et a promesse de là changement, où il y y a vie du il y a une manifestation de cette langage dont la grammaire historique s'efforce de suivre il les étapes. ; PARENTÉ DES LANGUES (GRAMMAIRE COMPARÉE) En général : A. Meillet, Le problème de la parenté des langues (dans Scientia, 19 14). Pour les langues indo-européennes : A. Meillet, Introduction à l'étude comparative des langues indo-européennes, 4® édition. Paris, 1915. K. Brugmann, Abrégé de grammaire comparée des langues indo-européennes, traduit de l'allemand sous la direction A. de A. Meillet et R. Gauthiot. Paris, 1905. Meillet, Les dialectes indo-européens. Paris, Reinach, L'origine des Aryens. S. Paris, 1908. 1892. Pour les langues sémitiques et chamitiques C. : Brockelmann, Précis de linguistique sémitique, traduit W. Marçais et M. Cohen. Paris, 1910. de l'allemand par E. N A VILLE, L'évolution de la langue égyptienne gues sémitiques. Pour A, Meiilet, 1918. Paris, et les lan- 1920. les langues modernes : Les langues dans l'Eur&pe moderne. Paris,. GRAMMAIRE COMPARÉE La grammaire historique du au latin; c'est aussi au nous français latin que nous fait remonter conduirait la grammaire historique de l'italien, ou celle de l'espagnol; chacune de ces langues est du latin diversemem altéré, et nous reconnaissons assez facilement un mot ancien aiium dans filius, Cest esp. hijo. telles dérivés les fils^ grammaire comparée d'observer de à la correspondances, qui permettent de conclure à des parentés et de définir des familles de langues. Ressemblances entre est franc, ital. figlio, : un jeu aussi tentant les langues. La comparaison que Tétymologie. En apprenant une langue étrangère^ nous sommes amusés de découvrir les ressemblances qu'elle avec offre la sautent aux yeux pour l'italien et Tespagnol dent que iï. jeune, même mot; mais ce l'anglais young, d'ordinaire dans si ital. mot nous le du elles est évi- il un seul et trouvons encore dans dans l'allemand jung, dans français, iaouanc, le et breton, jusque russe iunei. Valeur des correspondances. Il ne faut pourtant pas se laisser entraîner inconsidérément ressemblances. : giovane, esp. jôven sont différent le lointain nôtre; à la poursuite des PARENTÉ DES LANGUES 104 Elles peuvent être fortuites. Le hasard peut faire que des combinaisons de sons analogues dans des langues différentes entre rapport nombre qui vient de numerum français le retrouvent n'y a pas de il : se et l'es- pagnol nombre qui vient de nomine; l'allemand kalt qui signifie « froid » « chaud latin mot marna existe », et le papa signifie « » Mais ! il et que commun ont même n'y a rien de il : qui le latin habere, en géorgien, où même peut et sens paraissent d'accord sans ce soit calidum qui signifie ressemble au arriver cela il que forme prouve quoi que entre l'allemand haben signification; les Alle- appellent Glass et nous glace une vitre de devan- mands ture, et le comparatiste commun nous prouve qu'il n'y a rien de entre les deux mots, pas plus qu'entre feu et Feuer. Peut-on im.aginer moins de rapport qu'entre le grec et Tiroquois qui pour presque identiques D'autre part, fleuve » ont deux mots u oquo'is potomacl changements phonétiques peuvent, les indépendante dans deux un faire abouiir lement différentes le gvQC potamos, : s'exerçant de façon sœurs, « : le même mot à langues deux formes radica- comparatiste nous affirme que l'anglais do et le français faire sont, par leur origine, seul et même ïussQ pîat et quatre^ de main ! Il à méthode. même bite Qt fendre; de mêm.e le français cinq, l'allemand vier et le français même miel vient agneau résolu le mot, de un voîl Qt plein, keck et vifl et du même mot faut vraiment^ mépriser les latin que que le le rou- français pour s'en convaincre, être bien apparences et avoir foi en la GRAMMAIRE COMPAREE 10^^ Elles peuvent être dues à des emprunts. commu- voulons prouver par des correspondances une nauté d'origine, il faudra d'abord distinguer entre les ressemblances héritées et a des siècles que les nous Si les ressemblances acquises. Il y grandes nations de l'Europe se déve- mêmes mouvements loppent côte à côte, participent aux de civilisation, sont amenées à échanger les produits de communiquer leur sol et de leur industrie, à se leurs usages, leurs idées, et les mots qui les expriment. Il s'est créé ainsi une espèce de vocabulaire européen, qui fait que les principales langues mais prouve des qui de civilisation se ressemblent, rapports Le comparatiste emprunts. parenté. historiques, donc d'abord dépister doit Souvent l'emprunt se reconnaît s'est pas nétique de sa langue d'adoption ; choucroute s'il est pris a allure le mot encore adapté à un peu ancien, une que à ce son aspect étranger, ne ball^ etc. non une a gardé la pho- ainsi jockey, foot- : a il pu s'acclimater française, derrière lui son original Sauerkraut les. ; et laissant : loin faut souvent il une connaissance précise de la phonétique historique d'une langue pour nous déceler l'intrus si nous ne : savions pas pertinemment par : latin plénum, plênam >- quQ Jënum, auënam devaient donner /«w, aveine, nous ne soupçonnerions pas que les mots foin, plein, pleine, avoine sont des mots empruntés par de France la plus à un le français de l'Ile dialecte provincial. Aussi est-on obligé à grande méfiance quand on ne dispose que de données incomplètes. En présence d'une correspondance PARENTÉ DES LANGUES Ï06 de vocabulaire, est de la premier le mouvement du suspecter. Correspondances de formes. de formes autonome, un mot. Pourtant, s'attache, il et avec arrive n'a suffixe nous mot, son le pas comme qu'emporté avec comme une semence a popularisé chez le Un ne peut pas se déplacer et il correspondances le mot avec sa tige, il Roman de sur un sol étranger. Le succès du aille fructifier Renard Les sont plus probantes. d'existence auquel cornparatiste Reinhardt germanique, suffixe, qui a eu en français tune extraordinaire (Jouvard, busard, une for- têtard, canard, pou- pard), et nous sert encore aujourd'hui à faire couram- — ment des dérivés fêtard, patriotard... Par un détour semblable on arrive même à emprunter des désinences l'allemand nous prend des mots comme Dépôt, Ballon, avec leur pluriel Dépôts, Ballons un b.au jour 1'^ appa: : -^ raît si bien comme le signe du pluriel dans certaines mots qu'aujourd'hui on catégories de magne du Nord = Jungens dit dans TAUe- les enfants Hofles Hoffmann. La désinence s'est naturalisée. manns Le hasard peut faire aussi qu'un élément de formation apparaisse en même temps dans deux langues différentes. : die ; die = français s'est donné, d'nprès certains adverbes Le vieux usuels trans), comme une adverbes : s mais (de magis)^ plus adverbiale guêres, hasard l'allemand hestens, vorwàrts, qu'il oncques, ores. fait aussi des abseits, mais plus), très (de étendue a Il .^J (^àç: à d'autres se trouve que par verbes en c'est un s -s : erstens, de génitif. IO7 GRAMMAIRE COMPARÉE comparable il ya rien là à celui de TagSj Nachls=dQ jour, de nuit ; deux développements parallèles, qui ne prouvent pour la parenté du français et de l'allemand. Les ressemblances générales ne sont pas les plus pro- deux langues très différentes par ailleurs peuvent se rencontrer dans l'emploi d'un bantes; tout contraire r.u procédé général verbe « : le ; polonais s'est un passé avec fait avoir » joint au participe, de sorte que par exemple nosit-em répond exactement (porté ai). Ce sont deux de l'autre. De telles à notre Une ressemblance de n'y aurait-il de la commun seule opposition initiale) avec serait assez le le pluriel sut' la r= ils Titalien proilli- sont {s est : que (voyelle initiale), ce parenté des deux langues. Difficultés de la comparaison. embarrassés dans un cas nombre français et le russe singulier est' =^\\ pour affirmer les détail est plus ir>structive entre du Tune parce que pensée, et par suite la cédés généraux d'expression, ne sont pas en mité. fai porté créations indépendantes rencontres sont possibles, manières d'analyser les le comme Nous ne som.mes celui du pas français et de pour trouver des correspondances probantes, parce que nous pouvons suivre rhistoi''e des deux langues pres- que sans interruption jusqu'au latin d'où elles dérivent; quand l'état actuel de la langue nous voile les ressemblances, l'état ancien nous les découvre. Le français ^/70/r ne ressemble guère à chedeîr s'en en l italien cadère, rapproche; est plus près : ce est mais le vieux français loin de questo, mais cest en nous poserons la correspondance sous io8 la PARENTÉ DES LANGUES forme ht. ecceistum >• : que C'est ainsi irai, questo, vieux franc, comparatiste est conduit le langues sous leur forme icist^ étudier les à plus anciennement attestée, la de sorte que ce n'est pas toujours un paradoxe quand déclare ne pas connaître les langues dont il il l'his- fait toire. Parenté des langues. La rechercha des correspondances n'est pas le tout de la comparaison. Nous avons vite fait mun russe de reconnaître entre français et tri, établir fortuite que : y qu'il a quelque chose de com- trois, ital. îre, angl. three^ allem. drei^ nous avons assez d'autres exemples pour correspondance entre cesUngues n'est pas la ir. j'eune^ russe iunei; — aurait beau jeu ital. ^iovane, angl. young, neuf^ miovo, new, neii, d'allonger la li>te. ail. nove, etc.; dans mieux que cela^ Asie Mineure, de l'Inde. les langues Scandinaves, nous pourrons et jusque dans Comment aller on Nous trouverons encore des ressemblances avec ces langues dans moderne^ jung, le grec breton; le en chercher jusqu'en les parlers de la Perse et mettre de Tordre dans tout cela? Toutes ces langues sont parentes, mais à quel degré? Familles de langues. La connaissance de certaines langues anciennes nous aide à faire trouvons par exemple dans le classement le latin l'explication : nous des par- ticularités qui sont propres aux langues romanes (italien, espagnol, français, roumain, etc.). Nous connais- sons aussi le grec ancien, le sanskrit, qui nous expliquent «j GRAMMAIRE COMPARÉE le passé des dialectes de Quand nous la Grèce I09 de l'Inde moderne. et rencontrerons dans l'anglais, l'allemand, le un système de correspondances limitées à ce groupe, nous supposerons que l'explication s'en trouve dans un original que nous ne connaissons pas, et que nous appelons le germanique commun. Au russe, au danois, polonais, au serbe, au bulgare, nous reconnaîtrons de même un commun, ancêtre celtique expliquera l'irlandais, nouaille, le des parenté du la ancêtre breton moderne, de du pays de Galles parlers du gaulois, Un slave. le Mais tandis que et de Cor- le grec, le latin, sanskrit, sont des réalités connues, le germanique, etc. le celtique, le slave, ne sont que des resdtutions fondées ' sur des systèmes de correspondances filiations nous sommes ainsi : pour établir des amenés à poser des^intermé- diaires hypothétiques. descendants sont apparentés entre eux, leurs Si les ascendants doivent l'être plus étroitement encore longtemps qu'on langues sœurs le latin se de l'Italie grec la : a reconnu que comme le sont le le grec et : voici le latin étaient français et l'italien. Mais trouve présenter avec d'autres langues anciennes des correspondances qui ne s'étendent pas au parenté du latin avec l'osque et l'ombrien par exemple est plus étroite que celle du grec avec latin : il médiaire faudra pour l'expliquer que nous le admettre un inter- appelons l'italique. L'italique à son tour présentait des particularités qu'on ne retrouve que dans les langues celtiques, et qui font que. contre toute apparence, le latin est plus proche parent du IIO PARENTE DKS LANGUES gaulois OU de l'irlandais que du grec! L'italo-celtique se groupe enfin avec le germanique, dans Inquelle latin r^;ï/wm, un s slave. avec le temps avec forme avec eux une unité nouvelle, en vitux s^ave sûto; au grec, : même grec, mais en slave n'est pas sdmis le Le !atin et le le cent » ^e dit en « : c laiin {^=^k) celtique, le geriraniqte répend marchent grec [he]katân, celtique (irlardais) cet..., tandis qu'auteur du sL^ve se grouperont des langues à s : lituanien STJïïitas, sanskrit çatàm, iranien (zend) satdm. D'après l'opposition du le latin et de l'iranien, on appelle premier groupe celui des langues centum, et lui le deuxième des langues satam. L'unité indo-européenne aucun classemient Mais . voici n'est plus possible : la un eas < \i 3'^« persor.'»- du singulier du verbe « être » était en sr.nskrit àsîi, e grec ésti^ tn lituanien esii, en slave (vieux ïu^st) jesU, en latin cst^ en germanique (gotique) forme, à peu de chose près, langues dont les ist... conservée dans des s'est depuis jusqu'à Vladivostock et depuis 1 le détreit d'une partie de l'Afrique. largues nous attribuons un les A cette ancêtre Amériques et grande famille de commun, l'indo- Allemands appellent indo-germa- nique), dont on pfcut représenter : de Gibraltar Islande jusqu'à Calcutta, sans parler de l'envahissement des deux tableau ci-contre même descendants s'étendent aujourd'hui sur l'Europe et sur l'Asie, européen (que La la descendance par le INDO-ELHOPÉEN le gnc uolen ( I )<;|.oi|iie gruupes classique par (le \i.ii divers dialerles 1) est r«iiré»eulé par 3 groupes -de dialectes : [onque, ombiien), représenté est tj til rcprésejilc jiiiémes n'im^riijttfs, coltique le Ittaliquo ) Isngue . hIeUUt. Les dialectes indo-européens, Paris, 1908;. italo-celtique grec J'v, (cf. .4. doiil le plus imporlaiil, (Jialuclet le s'csl t'ixi' èolit vers la lin do gaulois le laliniti. coiinne l:iugue fS , sans presque laisser de traces. lilléraire la lliipubliquc. brittonique, le lanfîue de la Cranle-BretagD», qui survit dans le bretiin nie Du latin vul|;alre parle duus les dillùreulcs parties de l'huipiru sont issues l-ï Jej'ivcuil lus ilifl'ér'enla Jiuleclus du yrefl moderne lu» langues romane» lTnn((iis. rspa<jnol, roumain, (1) /, /..liiianJ. ari.fiiiiMirP le gajliquei principal repré senlant,- Virltmdms (4), est utleslé depuis le viii" siècle. iiiheii, (2). (i) le 3nl mudeme (3) etc. dialectes indo pménien le gotique arménien dont le pi'incipannu nar cl«s raonumcnl csl utes littéraires traduction Hible df. Ais le v* siècle notre ère, (lu IV e siècle, encore repréest mort depui-é aujourd'tiui longtemps. deux groupes 3 e dialectes. tokharien tokharien le (1) représenté par des textes antérieurs au x* s. de notre ère, récemment découverts dans le Turkestan ctiiaois, particulier dans en la région de Koutcha, d'où le nom de koiitchéen donné à l'un des dialectes attestés. (1) A. Meillet, Ca A. Meilktf Es{2)V. Henry, fV((d'ttne grammaimand, l' édition, Pd'iparée de l'arclassique. a 19 7, 1 9, 19C3. (1) A. Meillet, Les nouTelles langues indo-européennes trouvées en Asie eentra'e (Revue du luois, t. XIV). — Le tokharien (Indogermanisches Jahrbuch, t. 1). indo-iranien vieil iranien représenté par 2 langues littéraires indien représenté par 2 langues littéraires védique sanskrit ''2) langue des vieux perse éooiée^ hindoues, Mahâbhârata et Kâmàyaaa, et de la insct'i.diorf< (t) igue des livres sacrés, Védas, serrés en partie ous une forme les rès archaïque. m»yen (6'-5» siècle avant notre ère). dialecte d'un autre groupie, Le indien etc. A. Be gaigne et V. Henry, Manuel p»ur sanscrit védique. Pans, 1890. V. Henry, Eléments de eanscrit classique. (lier le -2) 'is, lyo;^. 3) y. Henry. Précis dje grammaire pâllo. is, 1904. 4) J. Bloch^ La formatiwa fdthe. Paris, 1920. de la iranien commentaires de l'Avesta, le langue pchivi Des dialectes iraniens sont parlés awjiurd'hui en Perse, en Afghanistan, dans le \) moyen est représente par la languô des gue de la htlérnfure bouddhique du ud. et par les prâkriti», d'oti dérivent erses langues modernes de l'Inde, hin'^4), tre). le sogdien, connu par des textes récemmcnlt découverts dans le Turk^tïtan ['6). est représenté par le pâli (3) doustani, bengali, marathe de Darius Un (2) langue des livres sacrés de l'Avesui (religion de Zoroas- est ère. Le avestique (1) langue des liltérature dite classique, postérieure au m* siècle avant notre : (I) Pamir, le Caucase, etc. A. Meillet, Granimaire Paris, 1915. {i) E. Blochi't, Lexique l'Avesta. Paris, 1901. du vieux perse. des fragmeuts de (3) R, Gauthiot, Hissai de grammaire sogdienne (eu «ours d'impression). GRAMMAIRE COMPAREE III Reconstitution de rindo=européen. La grammaire comparée, en établissant de pose surtout d'expliquer tées elle ; pro- telles classifications, se des correspondances ne prétend pas reconstituer les consta- intermédiaires hypothétiques; à plus forte raison ne faut- il pas attendre d'elle le miracle de faire revivre devant nous après des siècles et des millénaires l'indo-européen primitif. elle nous donne au moins La concordance langue. verbe « être » (cf. l'idée de ce qu'a pu être cette extraordinaire des formes du ci-dessus) nous invite à nous repré- senter une forme indo-européenne aurait contenu en Mais germe toutes les telle que ^esii qui autres, et qui est riche en enseignements. Sa phonétique. Voilà deux consonnes s, voyelle i, attestées par un accord unanime; tion de Ve paraît moins sûre, parce que le et t, une restitu- la sanskrit a sommes pas embarrassés de cet a nous savons par de nombreux exemples que le sanskrit représente par a non pas seulement un a ancien, mais dsti, mais nous ne aussi un e (latin : que =^ sanskrit ca) et qiwt'=- sanskrit hâtï). On même un o (latin est arrivé ainsi à recoostiiuer le système des voyelles indo-européennes a,o,e^ brèves et longues, plus une voyelle de timbre mal déterminé qu'on e5t convenu de représenter par ?, — un sys- tème très riche de consonnes, qui comprend par exemple au moins deux séries de gutturales les unes : prépalatales (prononcées en avant du palais auties postpalatales {k"), représentées dans la : Jî), ks classe des 112 PARENTÉ DES LANGUES sourdes W;, k^), des sonores {Je g' h. g'^h) — ; un système de sonantes qui fait phonétique indo-européene y, w, enfin roriginalité de la m r, If n. 0*f ") : sont susceptibles de jouer h fy de brèves des aspirées {lîh, (g' ^«'), et de voyelles le rôle ^0» ^" point qu'elles peuvent avoir valeur w, f) ou de longues {î, û, r), et porter l'ac" ^y (i', cent. Son vacabulaire. Dans notre élément de vocabulaire : *esti nous avons un racine *es-, qui renferme la ridée d'existence. Cest généralement sous Taspcct de racines que nous nous représentons européen. Il est rare en effet permette de reconstituer un verbe, conservé on slave le que dit un là le le vocabulaire indo- qu'une concordance nous mot au complet un adjectif, ailleurs ici : substantif... qui a vestige d'un élément indo-européen : ainsi verbe sanskrit budhyate, l'adjectif vieux le budrû, c'est le substantif irlandais buide.,. remontent à une racine indo-européenne *bheud-. La concordance des formes répond quelquefois à une concordance de sens, mais le plus souvent il faut être prêt à admettre une évolution sémantique considérable : le sanskrit budhyate signifie « vieux slave MJru « éveillé, de vif »; « éveil buide « conscience d'un bienfait, zend baoidi^ « ce mais le « et c'est donner encore l'éveil, la » et le zend baodah l'irlandais reconnaissance qu'on sent, une odeur haut allemand biotan tion, inviter », s'évtille pensée, conscience », signifie la il même », attir'ir le », le vieux l'atten- racine qui se GRAMMAIRE COMPAKEE IFJ retrouve dans l'aliemand moderne ver-hieten ne... pas, défendre » Notre autre chose qu'une racine le système de assez de concordances : la nous donne encore *esti désinence la pour nous faire Le plus souvent se place entre joint à la pûr-na-h, forme racine, le le lei> thème deux un 30) procédé original, : il arrive laquelle elle entre; (degré é) (degré 6) dit procédé de nous faire ir, il mmr-t, suffixe qui, : le sanskrit que la la -s. Enfin, par un racine se déforme, se la formation dans racine qui signifie « regarder » dans le grec derk-e-tai =: dans de-dork-e dans e-drak-e — = il il regarde, a regardé, *drk Cest le alternance vocalique, dont nous pouvons ;^^Vo) 1 racine. racine *peh-, suffixe présente à des degrés divers suivant (degré la lituanien pil'na-s,\t latin plè-nu-s... repré- d*adjectif -no-, désinenccvde nominatif *dork- la de ^esti nous le cas (cf. p. sentent un original indo-européen est *derk- tait une idée de désinence s'attacher directement à la nous -// conjugaison, et nous avons morphologie indo-européenne. Dans voyons inviter à ! Sa morphologie. entrer dans « il une idée approximative par il regarda. le français : mour- est mor-t. Le système du verbe indo-européen est ce qu^il y a de plus étrange pour nos habitudes modernes. Notre' conjugaison française est essentiellement un tableau des temps du verbe parfait, qu'elle futur, : présent, imparfait, parfait, plus-quc- futur antérieur, et toutes les formes comprend dérivent en général d'un thème unique PARENTè DES LANGUES 114 commande qui tout le système : je chant-e^ je chant-ais, Le verbe indo-européen comporte des thèmes différents, dont chacun indique un aspect, et non un temps de l'action un thème *lik"'é' je chanl-er-ai, j'ai chant-é, etc. : indique une action un thème *léîk"'e- kip-ein := ètTQ telle quelle une action qui en train de il fait laisser). se développe (grec un thème laisser), une action qui commence *loîk^-éye- une action qu'on = (grec /î/?-^/n= laisser), (latin li-n-qu-o)\ fait faire *li-n-k"'' un thème (sanskrit rec-âya-ti D'autres formes de thèmes expriment une action qui se répète, ou qui est accomplie avec vigueur, ou qui aboutit à son terme (sens du parfait), ou qui est comme considérée comme réelle (thèmes d'indicatif), possible (thèmes d'optatif), etc. Ainsi la conju- gaison indo-européenne, pour employer notre grammaire, est fondée sur les termes de distinction la des modes plutôt que sur celle des temps. Ce que nous appelons la voix n'est encore qu'une question d'aspect, de mode de désinences qui servent à indiquer, l'action (ce sont les désinences qui marquent en outre que l'action : il sans plus, actives), le sujet est y a telles le sujet telles de autres particulièrement intéressé au résultat de l'action (ce sont les désinences moyennes) et : je me ; différence par : je lave le mur, lave les mains... Sa syntaxe. Avec logie^ exemple entre la nous reconstituons phonétique même syntaxe de l'indo-européen. et la morpho- sur certains points la Nous nous rendons compte GRAMMAIRE COMPARÉE II5 deux types de phrases, une phrase verbale nôtre, et une phrase nominale, sans verbe, qu'il possédait comme la comme nous russe la moderne langues (fr. : trouvons encore normalement dans et j'arrive exceptionnellement personne à : la dans maison) ; le d'autres qu'il ne liait pas les phrases les unes aux autres, mais les juxtaposait comme nous faisons dans Ainsi voilà que la : « il est parti, je crois », etc. comparaison nous découvre par delà les siècles et les millénaires une langue mystérieuse, insoupçonnée des anciens grammairiens, sans sans écriture, sans intermédiaires eux-mêmes inconnus, littérature, de nous par des histoire, séparée dont l'évocation et explique l'histoire des langues qui se partagent depuis longtemps les principales régions du Autres familles de langues. ser plus avant, et d'appliquer la monde Il est civilisé. tentant de pous- même méthode à d'autres langues. Les linguistes s'y sont effjrcés, sans trouver nulle part des conditions d'étude aussi favorables que sur domaine indo-européen mais ils ont dès maintenant constitué une grammaire comparée de plusieurs autres grandes familles de langues. Celle dont on a pu le mieux le ; suivre l'histoire est la famille sémitique. Famille sémitique. Un peuple parti semble- t-il d'Arabie au cours du 2^^ millénaire avant l'ère tienne envahit l'Assyrie et langue aux peuples conquis la : Babylonie et chré- impose sa c'est le vieil-assyrien, la langue de l'écriture cunéiforme, qui sera déjà une langue morte au temps d'Alexandre le Grand. ii6 PARENTE DES LANGUES Une deuxième vat;ue du môme millénaire le d'invasion apporte vers long des côtes de la le milieu Méditerranée une autre langue de la môme famille, le cananéen^ dont un représentant, l'hébreu, a eu une fortune extraordinaire s'est : langue morte dès avant Tère chrétienne, perpétué à littéraire la faveur des textes sacrés jusque religieuse et modernes. Le commerce voisin, dans comme langue synagogues les a fait la fortune d'un dialecte phénicien, que nous connaissons depuis le il le x^ siècle avant notre ère, et qui, importé par les colons Tyriens à Carthage^ a vécu sur la côte d'Afrique sous la forme du punique jusqu'aux environs de l'ère chré- tienne. Une troisième invasion sémitique chasse de potamie vers d'un III' le viii® siècle les nouveau dialecte, Méso- langues anciennes au profit l'araméen, qui grande langue de siècle la la civilisation sera vers le de toute l'Asie occidentale. Enfin l'invasion arabe répand sur tout la Méditerranée asiatique sémitique, du Coran langue des et de la et africaine le bassin de une nouvelle langue vieilles poésies pre-islamiques, littérature arabe, aujourd'hui des dialectes de l'Arabie, que représentent de la Syrie et de l'Afrique du Nord. Famille chamitique. Les langues sémitiques ont été baptisées du nom de Sem; Japhet a donné le sien aux langues indo-européennes, japhétiques; Cham est le qu'on appelle quelquefois patron d'uu troisième groupe^ GRAMMAIRE COMPAREE II7 celui des langues chamitiques. L'égyptien est importante des langues chamitiques; par le il plus la a été continué copte, qui a servi de langue religieuse aux chré- tiens des premiers siècles. Les parlers berbères de l'Afrique représentent aujourd'hui la du Nord famille chami- tique. Sem, Cham, Ja|;het ces trois : noms symbolisent manqué d'imaginer parenté qu'on n'a pas entre la les trois grandes familles de langues qui voisinent depuis plusieurs millénaires dans le bassin de la Méditerranée. Le chamitique semble bien en à date très ancienne de parenté du la sémitique effet un rameau détaché souche sémitique; quant de et l'indo-européen, permet ni de Taffirmer actuel de la science ne ni à la l'état de la nier. Familles diverses. Du reste il faut bien se résoudre à voir les langues résister à notre besoin d'unification et de simplification. Voici une autre famille de langues au domaine indo-européen, la famille finno-ougrienne, qui comprend des langues éparses beau milieu depuis la du Finlande Danube (hongrois). dites altaïques, le a Laponie (finnois) jusqu'au voulu y rattacher hs langues principal représentant est le une immense famille ouraloaltaïque, laquelle appartiendraient l'Asie •le la On dont turc, et constituer à et la septentrionale, tatares, plupart des langues de mandchoues, mongoles, japonais lui-même, et jusqu'aux vieilles langues des peuples qui ont précédé les Sémites en Assyrie (sumé- PARENTè DES LANGUES Il8 rien) et les On Aryens dans l'Inde (langues dravidicnnes). renoncé aujourd hui a toute l'étendue du sommes rcduts à ce groupement, domaine européen et et asiatique sur nous langues isolées, sans pou- à relever des voir constituer de grandes familles. Le chinois n'est pas parent du japonais, le tibétain est à peu près isolé dans ses mont:'gnes, les langues caucasiques font à part, le une famille basque en pleine France se refuse à toute comparaison, Ténigme de Tétrusque exaspère tous les chercheurs, qui, après en avoir poursuivi la solution tantôt du côté de vont ongrien, oriental de la entre les 1 indo-européen tantôt du côté finnochercher aujourd'hui vers la le bassin Méditerranée, où une parenté apparaît langues entrevues peine à des Lydiens, Lyciens, Cariens^ Mysiens, et celles des côtes et des mer Egée. Et d'autres langues surgissent encore sur les mêmes domaines, que le grec ou le îles latin de la ont détiônées à des dates diverses : hittite^ phrygien en Asie Mineure, ètéocrétois dans TArchipel, le macédonien aux confins de la Grèce, le Ugure, le vénète, le messapien en Cependant la linguistique maines, jusqu'aux plus famille Italie, l'ibère explore en Espagne... les éloignés, reconnaît autres do- une grande malayo-polynésienne ou austronésienne, qui par les langues malaises (Malacca, Philippines), polyné- siennes (Polynésie, Nouvelle Zélande), mélanésiennes N. O. de TAustraHe), s'étend d'un bout à l'autre de l'Océan Indien, jusqu'à Madagascar même où une migration a apporté un dialecte polynésien; en Asie (îles Fidji, GRAMMAIRE COMPARER méridionale famille bantou, qui comprend la 9-' Mon (Birma- grande famille des langues Khmer (Cambodge), Munda nie), la la 1 1 (Inde); en Afrique plupart des langues nègres,..; l'étude systématique des langues de l'Amérique est à peine Où commencée. D'immenses champs s'arrête la comparaison. de recherche sont ouverts, d'innombrables problèmes se posent; la conquête de Tindo-européen nous même temps insolubles. Nous à les aborder, mais elle nous enseigne en que plupart sont la voyons pendant leur matériel luer, laume il a y la reste le tout jamais période historique les langues évose renouveler. Conquérant du grec, du à a préparés dans l'albanais a fraacisé l'anglais; slave, du turc. de l'indo-européen que qu'en pourrions-nous L'invasion de Guil- tirer ? A Supposons l'anglais supposer qu'il ne l'albanais; et même que nous arrivions à déterminer l'ancêtre de chaque famille de langues, nous n'en serions guère plus avancés constituer ai que nouveaux groupements. Car il pour s'en faut tituer comparaison des descendants permette de reconsexactement l'image de l'ancêtre l'indo-europkn n'est pour la : nous qu'un encore rep:éseate-t-il squelette le cas 1j de langage, et plus favorable que nous connaissions, puisqu'il nous est accessible par de nom- breuses langues de civilisation, qui ont été de bonne heure fixées pir cas, l'écriture. Mai> dans la plupart des ou bien nous manquons de témoignages anciens, ou bien les descendants se sont si bien différenciés que 120 PARENTÉ DES LANGUES rhéritage commun échappe que à notre prise et la com- paraison cesse bientôt, faute d'objets à comparer. Au la reste, le point comparaison est extrême où peut nous faire remonter encore au temps écoulé depuis qu'il proche de nous par rapport si qu'il y a des hommes ne faudrait pas s'aviser de prendre les qui parlent^ langues ainsi reconstituées pour des langues primitives. Primitives, Ton veut, hommes de si en ce sens qu'elles étaient parlées par des civilisation rudimentaire, actuelles des nègres d'Afrique, mais comme les non pas en langues ce sens nous donnent une idée des premiers balbutiements de rhomme. Un mot indo-européen est IVdouqu'elles tissant d'une longue évolution plus que ne peut le faire un sur l'origine et mot ne nous renseigne pas français d'aujourd'hui du langage. La grammiire comparée se borne à constater des faits et des correspondances et à les expliquer par des restitutions hypothétiques. Son ambition pour l'instant ne va pas au delà. GRANDES LOIS DU LANGAGE LES (GRAMMAIRE GÉNÉRALE) F. DE Saussure, par Ch. Bally Cours de linguistique générale, publié A. Séchehaye. Lausanne, Payot, 1916. et A. Meillet, L'état actuel des études de linguistique géné- — — Leçon d'ouverture au Collège de France, 1906. Linguistique (De la méthode dans les sciences, 2® série, rale. Paris, 9^ section). Linguistique 192 191 1. historique et linguistique générale. Paris, 1. A. Séchehaye, Programme théorique. Paris, et méthodes de la linguistique 1908. V. Henry, Antinomies linguistiques. Paris, 1896. A. Dauzat, La philosophie du langage. Paris, 1912. J. VAN Ginneken, Principes de linguistique psychologique. Paris, 1907. J. GilliéroN; Mongin et Roques, Etudes de géographie lin- guistique. Paris, 1912. GRAMMAIRE GÉNÉRALE La grammaire comparée ne satisfait qu'à demi notre besoin de généralisation tt d'unification. nous cherchons diversité dts langues A travers la à saisir l'unité langage, ce qu'il peut y avoir de com.mun dans moyens d'expression d'hommes m.êmes organes pour traduire une delà des grammaires particulières qui disposent même du les des pensée; au- expliquées par la méthode historique et comparative, nous imaginons une grammaire générale. < Unité apparente des langues. Nous avons peine à nous défendre de voir dans notre langue maternelle une sorte de type idéal de langue; les gens simples qui ne que leur propre langue connaissent difficilement qu'on qu ils disent. Même puisse dire représentent se autrement qu'eux ce lorsque nous apprenons des langues étrangères, le plan des manuels entretient cette illusion rentrer dans un cadre parce qu'il fait grammaires les plus diverses, construisant, celle de Tanglais, modèle A ie celle vrai dire, de l'allemand ou du français, si et même l'on regarde le invariable par exemple, du russe sur du grec détail, les et on du le latin. n'a pas DU LANGAGE LES GRANDES LOIS 124 de peine à trouver entre des langues Le slave et le sanskrit sont rencontrés pour employer comme prétérit un correspondances se très diverses des participe mand sans et des analogies. auxiliaire; français, le un s'accordent pour construire de Tauxiliaire « parallèles, qui ce sont ne prouvent plus, avoir innovations des là comme indépendante aux mêmes les limité, ramener les cataloguer, à les mêmes les hommes de façon sur ce que ces procé- dés, en particulier ceux qidi intéressent nombre une procédés d'expression. Types de langues. Se fondant mots^ sont en du celles d'origine, parenté historique; elles tiennent à ce que démarches de Tesprit ont conduit l'alle- passé avec l'aide une communauté précédent, chapitre »: l'anglais, à on la formation des appliqué s'est à quelques types essentiels sur lesquels on a basé une nouvelle classification des langues, indépendante de leur parenté et de leurs rap- ports historiques. Langues analytiques développement de Paul les livres français au latin seule que : <( la synthétiques. phrase française de Pierre correspondante ainsi dire. la et », et dédit comparons ; « la il donné a dédit à exprime à elle Du » pour phrase se ramasse, se tasse La forme du mot le phrase latine Paulo libros Pétri, toute l'action est passée, qu'elle est rapportée à sujet unique, qui est la personne dont sonne) : Suivons on parle ïo de Paulo indique que Paul est le (3°^® un per- destina- ; GRAMMAIRE GÉNÉRALE de Tetri que Pierre est 1'/ taire, marque français le 12-5 le possesseur, ce que de termes de rela- par Taddition tion de, à. Par rapport au français, langue analytique, qui décompose, on dit que une langue synthé- le latin est tique, qui combine. Mais on cation : = en aller thétique quand que valeur de ce principe de classifi- la le latin aussi est urbem in exagéré a ordonnée, qu'elle sieurs personnes, il dit : « ire syn- ville », et le français aussi est exprime par un seul mot il l'action est analytique quand est : « voyons » rapportée à plu- que ces personnes se groupent avec celle qui parle... Du reste, l''analyse n'est le plus Quand nous nous avons aussi peu poser, que le latin seul mot oc en disons dédit ». souvent qu*apparente. mots trois : « il donné », sentiment d'analyser, de décom- le lui-même quand Toutes les il en disait langues sont à synthétiques et analytiques, mais elles le nières différentes, et dans des proportions De a un la fois sont de ma- différentes. sorte qu'on doit recourir à d'autres principes de clas- sement. « Langues isolantes. bébé dodo » signifie bébé » signifiera par Dans « le parler des bébé veut dormir exemple : « le lit enfants, », et de bébé «( ». dodo Seul changement d'ordre, sans changement de forme, donne à chacun des mots un rôle et une valeur nouvelle; dans le premier cas « dodo » est ce que nous appelerions le un verbe, dans le second cas il est un substantif. Voilà 126 LES GRAN'DES LOIS LANGAGK D'J une image grossière des langues qu'on appelle isolantes ou radicales, parce que le mo' y est traité comme une racine isolée, formation. laquelle ne se rattnche à De aucun élément de ce genre est le chinois. Langues agglutinantes. C'est le contraire de ce qui quand par exemple sur un mot se passe construisons dormir-a, en-dormir, s* <« dormir -en-dormir-a .. » nous Cette façon de coller, d'agglutiner ensemble divers élémcnis de formation, préfixes, suffixes, térise les même infixes, carac- langues dites agglutinantes. Ainsi en hon- homme grois « et se dit enther\ ajoutons ek, suffixe » emher-ek signifiera « les pluriel : suffixe de àzùï-nek sur ember-ek-nek Langues = le suffixe aux homm^es (( hommes du pluriel \ il n'y a plus : collons un nous aurons ». flexionnelles. Comp^ironsi \a.tm homini-bus i>\ de ici ua e m ter-ek-nek\t suffixe de datif et un suffixe de pluriel, mais une désinence -bus qui sutht à marquer à la fois le datif et le pluriel. Langue flexionnelle, c'est geables que dans la par un système de désinences interchan- latin exprisue le le rôle attribué aux inots phrase. Seulement ces divers procédés ne sont pas uns des autres ; la exclusifs les limite n'est pas toujours facile à tracer entre une langue flexionnelle et une langue agglutinante. El du reste ce classement est loin encore de tout explipliq ler : mots sur est ainsi le où classera-t-on l'arabe, qui construit ses trilitère, comme un groupe de trois consonnes qui squelette du mot, tel que par exemple ! GRAMMAIRE GENERALE sur k. b. t. écrivain », on fera hiâb kàtab =r : = un écrite, On Différences irréductibles. lis les classifiJations toutes les moyen dans peut bien distinguer 1 mgues, ne elles peuvent être qu'un un peu d'ordre humains. Et elles ne idées et de mettre les confusion la un qu'on obtient sont loin d'épuiser possibilités; de fixer « livre », etc. ? et détiiiir approximativement quelques types de m = « a écrit », kàtib il une chose « llj des parlers doivent pas nous faire perdre de vue les différences profondes^ irréductibles, qui séparent jusqu'aux langues les plus étroitement rub out l'anglais « to tant » apparentées. Q_uel français « enlever en frot- » et le entre l'allemand « ich habe die Zeit verschlafen » ? en dormant et le français « j'ai laissé passer l'heure O.i rapport entre sait la difficulté et d'une langue à même l'autre » ? Timpossibilité de réaliser une traduction exacte; chacun de nous connaît l'impression de balbutiement étrange et puéril que Considérons m iticales les principes les mot-à-mot généraux, élémentaires plus donsTïVolontiers qu'il n'y plus un produit nécessaire que la les distinction nombres. Effectivement nous voyons langues distinguer voyons aussi tical « die : le genre naturel nous disons « le Bank, der Tisch persua- plus naturel et de des genres et communément d'après le sexe les êtres qu'il n'y a nulle part nécessaire entre notions gram- nous nous : rien de a juxtalinéaire. ; des les mais nous de correspondance ^i le genre gramma- banc, la table », et l'allemand » ; faisant contradictoirement LES GRANDES LOIS DU LANGAGE 128 masculins sexe est les féminins des mots pour lecquels l'idée de et un non-sens. Bien mieux, noms telle langue classera suivant un principe tout diffèrent : ainsi le vieux slave distinguera entre un genre animé (catégorie des êtres doués de vie), et un genre inanimé. distinction élémentaire celle du singulier et du A la qui nous paraît pluriel, suffisante, certaines langues substituent de l'individu et de notion du « couple la collectivité (cf. p. ex. ce une confrérie « lin confrère » est à « la et _ »); » est essentielle, et que pour d'autres marquée par les désinences du duel; d'autres distingueront en outre un triel (nombre tissent les êtres de la personne Les langues bantoues répar- trois). en catégories (du couple, de et de la chose, de direction, de la la situation, etc.) notées par des affixes divers... diversité dans le système du verbe, qui du langue n'a pas de forme pour futur, ou même — le passé, se désintéresse de ce Même reste n'est S3'stème du pas toujours tellement distinct du telle quantité, la nom ou pour : le que nous appelons temps pour marquer plutôi les modes, les aspects de l'action. Mieux encore la notion mê^ne du mot et de la phrase n'est pas partout la même le chinois ne connaît les : : guère que des monosyllabes qui s'agglutinent de différentes façons pour former des groupes le groënlandais ; soude si bien les éléments de form.uion qu'il n'y a presque mot Il plus moyen les uns aux autres de distinguer entre le et la phrase... ne s'ensuit pas qu'on doive s'interdire tout essai de généralisation et de systématisation. Mais tout ce qu'on GRAMMAIRE GENERALE dans ce sens, leut faire retrouvent, grammaticales, qui ïrande de détails, variété se 29 de noter un petit nombre de modes d'expression procédés, 3e c'est I dans iiverses, et paraissent ainsi avoir de catégories et quoique avec une les langues une valeur plus les universelle, nais qui ne permettent pas, tant s'en faut, de définir m schéma, un prototype Ebauche d'une grammaire générale. M. A. Meillet n° 65, 19 16, de Bulletin la ain^i « : Toute phrase those... Si l'on On peut donc rement un est faite nomme Ou choses. )) exprime On les procès, et le « verbale... la prédicat est le phrase est verbale maison mots qui expriment ou complexes vient de la ville. groupe est comme Le les fonction nominale et Suivant que a la exprime » les Pierre dort), est neuve le »)... uns par Le sujet comme dans notions. dans un (fr. prédicat peuvent donc être simples Pierre vient, — la nom procès... arrive à tout exprimer en déterminant les les autres les le nommer énonce quelque chose... ou nominale (russe dom nov On qui est énoncé, peut convenir de Toute langue distingue fonction pour énoncer quelque énoncer une chose ou un procès ou une chose, et suscep- faits que toute phrase comporte nécessai- dire prédicat... peut verbe la quelques « prédicat » ce sujet » ce sur quoi l'on ^( les de constituer un embryon de grammaire géné- tibles rale Linguistique, Société de résume 135-136) p. « idéal de langue. grand Pierre Suivant que l'élément central du un nom ou un veibe, on distingue le « groupe DU LANGAGE LES GRANDES LOIS 130 nominal » et le <( groupe verbal On »... suivre encore un peu celte déduction de générale; mais on ne peut heurter à la la peut pour- grammain pousser très loin sans si des catégories qui se trouvent seulement dan certaines langues. Partout on trouvera des adjectifs, ^^^\ partout des compléments, démonstratifs, On peut mot principal et le Mais on ne trouvera pas partout des en grammaire générale définir mot mais ce accessoire..., n'est des appositions^ articles,.. le qu'en se plaçant à un point de vue strictement français qu'on peut analyser une forme telle que j'ai vu... II langues un plan unique de y pour toutes a... de la théorie la les phrase... Mais commun..., il faut se placer au point de vue de chaque langue, si Ton ne veut aussitôt qu'on est sorti de ce plan pas risquerdeprésenterlesfaits sous des aspects inexacts Faut-il donc renoncer à l'idée générale ? Sans doute, s'il s'agit même d'une grammaire de définir un type idéal de langue auquel on rapporterait routes lières. est Mais il y a mieux à faire hs les que langues particu- cela. Si le l'œuvre de nos organes, de notre pensée, duit de notre vie en société, ». on peut et langage un pro- tenter de reconnaître nécessités physiologiques, psychologiques, sociales,, qai s'imposent également à tout sujet parlant et à toute langue humaine. Lois générales du langage. sons : chez tous organes qui sités les les hommes domaine fonctionne ment Soit le le produisent est soumis aux physiologiques; tous les mêmes des des néces- enfants anicultni avec LOIS PHONÉTIQUES difficulté les 13 I d'où partout sons qu'on leur enseigne, des lisques analogues d'altérations et d'accidents. mêmes les adultes y a des sons il ficiles. Sans doute pas les mêmes peur tous des sons faciles et ne sont difficultés d'articulation les sujets parlants exemple par : dif- nous Français un tour de force de prononcer c'est pî^ur le th anglais ou Anglais les Pour et jery russe; le et c'en un pour est Russes de prononcer notre w; les il les faut bien distinguer entre ce qui est dilficulté réelle, inhé- rente à manque dano un fait constant on voit langues un /se transformer en h {Unn fiîium > d'habitude. Mais voici les espagnol c'tst le nature de nos organes, et ce qui n'est que la et hijo), jamais : transformation la qu'en articulant nous appliquons inconsciemment principe du moindre eiîort quand on produit un : coaffle, faut il un effort notable^ pour tenir la rieure serrée contre les dents d'en haut; or sion se relâche, h. da'un le individu, double acviient pointe de la : lèvre infési la pres- bruit de soulfte s'affaiblit et le/devient quel quM soit, cer un groupe de consonnes ns la inverse; au moment : le essaye de voilà exposé à d'ariiculer Vs langue appuyée contre dents d'en haut dans la pronon- les un nous avons alvéoles des position de n; pour livrer pas- nous écartons brusquement la langue; mais c'est là le mouvement d'articulation d'une dentale nous entendons un léger d entre Vn et ù. Ce n'est pas tout pour prononcer w, qui est une sonore (cf. p. 12) notre glotte entre en sage à l'air qui doit produire le siifîement de s, : : vibration ; la vibration ne cesse pas pendant l'articulation LES GRANDES LOIS DU LANGAGE 132 du une sonore d, qui est aussi pour ; longe jusqu'à Tarticulation de l'i, sonore, et nous entendons un u pc qu'elle se pro- Vs ellc-mêcne devient devenu ndz- ns est ;(; A moins qu'au contraire nous ne préparions déjà en prononçant \e d l'articulation de Ys; alors les vibrations cessent trop vite, Il d le s'assourdir_, et a tantôt paresse de y nous entendons nos organes qui n'abandonnent pas assez vite une position prise, phonétique qui loi phonèmes à s'ouvrir : le de /> (cf. un fait 10), p. une saponem subsiste lat. le provençal encore tn devenant spirante, dans savon. Voilà principe le que entre deux voyelles, mais s'ouvre dans l'italien sapone, plus et C'est très ouverts par définition consonne tend dans fait empressement et tantôt excessif à en prendre une nouvelle. d une nts. i'û^Z'i?, français le de phonétique générale. Nous avons vu au chapitre de la phonétique d'autres causes d'altération qui peuvent s'exercer sur toutes les langues geons mot gée ficie : l'allure » les du débit (en parlant sons et accessoire est bien : devenant les syllabes), exposé à bin, tandis — la vite nous valeur des « man- mots (un une prononciation négliqu'un mot en d'une prononciation emphatique : relief béné- h aspirée violem- — l'influence de l'accent ment dans « c'est un héros »), d intensité qui fait ressortir une syllabe aux dépens des voisines, un certain besoin de rythmer le débit en tgalisant des groupes de syllabes ou de mots (nous donnons ! — sensiblement rie » , la même durée à « pâté, quittes à réduire la durée de <jue le mot s'allonge), chaque syllabe — peut-être pâtisse- pâtissier, aussi à mesure une tendance à LOIS PHONETiaUES rharmonie ou plutôt à 135 Feuphonie, qui nous fiit éviter certaines rencontres de sons, etc. Régularité des Tout phonétiques. lois ne cela fait pas que nous puissions prévoir et prédéterminer les alté- mais ces causes rations phonétiques, insoupçonnées s'exercent de telle et d'autres causes façon que les altéra- tions se produisent avec régularité. Par exemple quand un type d'articulation est atteint par un changement, tous les phonèmes du même type subissent tôt ou tard un changement parallèle -.p, t, k, forment un système, celui des occlusives sourdes; le jour où nous voyons Tune exemple passer d'elles s'altérer (par à la sonore en posi- même tion iatervocalique), les deux autres suivent le chemin : donnera si ripam donne riba en provençal, latin seda^ pacat Autre nécessité un accident : donnera paga. où p passe à b^ ce n'est pas changement se fera sur un domaine isolé; le sées. C'est là L'idée de « lité, a de instables, que le où les cas une jour le déterminé chez tous dans tous setatft individus, sans exception, les les loi mêmes conditions seront réali- phonétique. loi » c'est-à-dire de nécessité, d'universa- quoi surprendre dans ce domaine des sons, si variés, caprice, si mal définis. Il arrive bien, l'affectation, ments accidentels : les en si effet, déterminent des change- Incroyables du Directoire se dis- tinguaient par une façon d'avaler les Pa'is, Incroyables »; et mais ce n'était duré ce que durèrent leurs chapeaux r, en disant « h '0/, qu'une mode qui a et leurs cannes. Au ^ 134 GRANDi-S LOIS DU LANGAGE LliS contraire, lors.-^uedans sonne s'en rende meilleur avec comme / tel village de Savoie, sans que per- compte, on cesse un beau jcur de dire mouillée (cf. 12) pour prononcer méyeur conmiune payeur^ c'est une altération les sujets parlants sans exception. de même la Quand tous à région, et définitive, et y a des exceptions, elles ne sont qu'apparentes. Parexemple un fermé latin, accentué, en il syllibe ouverte, aboutit en français à en cantatôrem prôhas > chanteur. a-t-il donné . . [tu] C'est que, prohàlis ayant : flôrem > ' fleur Poui-quoi alors, demandera-t-on, prouves et non pjs donné [vous] [tu] preuves'^ prouvez^ (régulière- ment, car Yo non accentué devait donner ou), on a ret.iit [tu] torem prouves sur [vous] prouve^. > troubadour au provençal, qui, question par ou. ? C'est lui, — — Pourquoi troba- un mot étranger, emprunté représente normalement Va en ^o\iï(\\io\ tôt uîn> tout} ioîum avait pris en latin la C est que forme tottum (attestée par où 0, se trouvant en position fermée (devant tt) devait donner ou. Exceptions ? Non, mais application d'autres lois. Un corps abandonné dans l'espace doit tomber selon la verticale, ce qui n'empêche Titalien tutto), — une pas feuille de papier de glisser en zigzags, ballon de s'élever. Dans dans d la. nature, autres lois. une loi l'histoire du langage^ ne va pas sans L'exception à une loi se un comme hcuner à phonétique n'est exception que tant qu on n'a pas découvert loi et la nouvelle qui l'explique. En tout cas muler des il faut déjà bien des précautions pour for- lois générales quand on n'a à compter qu'avec LO:S PSYCHOLCGIdUES Iles sons, qui relèvent du I35 domaine des sciences exactes physique, pliysiologie. La tâche sera bien plus si nous entrons dans monde le où règne en souveraine des mots et : difficile des phrases, capricieuse, tantôt subtile et tantôt inconsciente, la déconcertante pensée huniciine. Rôle des élémentaires de Tesprit. En lois que qu'il faut svant tout se représenter, c'est lion et développement du langage le psychologie, et non est de langue, à invoquer n'avons pas à juger forma- afîaire te habitue, pour expliquer les faiis la raison les si ; mais en parlant nous formes, cqnstrucîiors les nous obéis- que nous employons, sont raisonnables sons simplement, inconscien ment, aux ; taires qui régissent Tactivité lois élémen- de notre esprit. Cest ainsi plupart des changements de forme, de significa- la de construction, s'expliquent par tion, la ce pas afîiùre de logique. L'enseigne- ment grammatical nous que effet, l'analogie, qui est un le processus de cas particulier de la loi de Tasso- ciation des idées. L^association des idées et l'analogie. C'est par une démarche en trional, fait somme illogique qu'à correctement sur' un septentrion, un pendant méridional, que ne faisait nous donnons pas attendre méri- C'est par ce,qu'on appelle quelquefois dien. analogie, par une' extension abusive, lait-ier, tirons tier, adjectif septen- sabot-ier, un où où le t appartient à une fausse que de la fruit-ier, racine, nous suffixe -tier qui servira à faire clou-fier, Jerhlan- le t n'a que faire. I3é Il DU LANGAGE LLS GRANDIiS LOIS non plus n'y a guère de logique plume à (l'acier^ parler d'une à appeler hôte tantôt celui qui reçoit tôt celui qui est reçu, à tirer mcme mot d'un et tan- | latin disieîu- nare deux mots de sens aussi nettement différents que que déjeûner et dîner. C'est loi de l'association d^s domaine de la sémantique. C'est par exemple que des langues très différentes idées régit aussi elle qui fera le de procédés analogues pour exprimer les se serviront mêmes la idées : pour rendre de l'idée français, l'anglais, l'allemand, sans recours à l'idée de nuit la franc : soir », le prendre modèle l'un mais par une démarche sur l'autre, ce « is auront parallèle, (dialectal) a-neu, angl. tonight, allem. (bavarois) hein t (pz v'iqux haut hî-naht) de l'idée ; généralement par demain « » non moins se rendra du matin l'idée de-main fr. : ail. (lat. de-mane)^ angl. to-morrow^ allem. morgen, russe :(a-vtra... Regardons syntaxe la : qu'y a-t-il de logique à dire, en employant deux auxiliaires différents dans fonction : « cassé son bâton » et « il ât bras »? ou à employer au contraire pour auxiliaire « être sitif (je suis venu), 2^ pour (je me (je suis » suis coupé), soigné par i° 3'^ le tions : « je rn qui décide le pour le cassé le s'est un seul même et même passé d'un verbe intranpassé d'un verbe transitif présent d'un verbe passif*! docteur X...), sans parler de la] construction attributive « l'analogie le il la : je étant fai coupé » et « je ai coupé » ou « je me « logique, mais par analogie, suis donné suis suis »? perdu deux coupé coupé le .^rançais », » ? Ici cest^ construcdira-t-on :'] Sans raison' vulgaire admet la'j LOIS PSYCHOLOGIQUES preirièrci construction, 137 écrit a et le français adopté la seconde. phrase? la logique non plus n'a rien à y voir. plus normal, comme comme mots dans l'agencement des de régler S'agit-il raisonnable, plus en français, entre en latin, le de mettre sujet et le verbe, ou, régime, le aucun ordre ce qu'on peut faire, c'est de suivre la n'est pas après l'un et l'autre, que de préférer autre ordre, ou de n adopter marche de Il pensée : et nous présentons défini. de la Tout définir les faits un de la la façon qui convient à notre état d'esprit, à celui de notre interlocuteur, aux circonstances; tantôt dans Tordre ils où se sont produits, tantôt selon leur ordre d'importance en général, nous prenons sait comme le sujet l'interlocuteur, point de départ ce que psychologique, venir à ce que nous voulons lui apprendre, le psychologique. qui joue La loi le Ici ; pour en prédicat encore, c'est l'association des idées rôle principal, et non pas raisonnement. le de Thabitude. Toute une catégorie impor- une autre tante de faits de langue s'expliquent par loi élémentaire de notre esprit, celle de l'habitude. Nous prenons garde à un mot rare, comme « sourdre, mièvre, humer » en parlant, nous le mettons en relief; ; nous en soulignons nous glissons sur les tant dans le discours Au valeur expressive. la mots : qui. reviennent à dire, « conjonctions, prépositions : « je, pour... »; nous nous habituons faire », nous, si chaque ins- les il, contraire^ pronoms, en, que, de, bien à les entendre IjS LHS GRANDES LOIS DU LANGAGE qu'ils finissent dégradent, ils par passer inaperçus, sont exposés à perdre à ils s'usent, mots accessoires bien prononcé bin, n sans c final dans dites pas ^^ est-ce donc (cf. p. s' pas j s leur forme, la fois leur sens, et leur fonction. C'est en phonétique cipe de l'usure des ils prin- le 19 et 87) : prononcé J(7«c ! Mais avec leur consonance ces mots d'usage courant sont exposés fication à perdre aus une partie de leur qu'un remplissage dans n'est n'exprime plus signi- plus qu'une valeur concessive, s^pas bin n'a : i conséquence, la conversation, la don[c] Et ces altérations etc. de sens conduisent à un renouvellement du vocabulaire. Enfin, en perdant son sens, veux le Ainsi dans sa fonction. aussi voir, je verbe « veux lui parler, et veut pleuvoir, a pris « il tour fréquent si il veut venir vous voir », veut tonner ». Voilà que il n'est ; tout comme « « avoir » a suivi le même tical « chemin dans « il a [à] donner ce dernier cas l'évolution devenu simple clément de passage d'un est la il : vouloir )) verb >: » (cf. p. 85). achevée d'outil grammaticalisation le donner-a formation; mot autonome au rang qu'on appelle notion plus qu'un auxiliaire qui sert a qui n'est autre chose que est la « aller » dans] former un futur proche. Nous savons que Dans je bien qu'on entend dire parfois une fonction nouvelle va venir », « ne sert à peu près qu'à annoncer une action imminente, il le mot perd souvent vouloir » ne renferme plus guère d'une volonté, « il le le ; motl c'est c grammi (cf. p. 33). LOIS SOCIOLOGIQUES Action de la vie d'observer dans la en société. Mais ce qu'une construction de la l'esprit. a voulu qu'elle parole, autre chose Chacun de nous soit. Elle n'est oeuvre, elle est un bien héréditaire, un bien un produit et elle est social, conditions de la vie soumise en société. est autre employée par sa naissance la trouve toute faite, que Fusage La langue nos organes chose qu'un jeu des organes de telle n'est pas assez formation du langage l'action de notre pensée ou celle de aussi I39 Il comme i d'autres, pas notre commun, telle aux en résuhe pour toutes langues certaines conditions de développement com- les munes qu'on peut encore Tendance à langue est tenter de définir. langues communes. La essentiellement un instrument de corresponl'unification : dance^ qui sert aux échanges d'idées de que la monnaie, les elle domaine où même façon poids et les mesures servent aux échanges commerciaux; mesures, la comme le système des poids et tend à s'unifier sur toute l'étendue d'un les hommes sont en relations régulières- Voyages, mariages, commerce, administration, colonisation, tous les événements de la vie sociale ou politique élargissent ce domaine. de se faire l'autorité, En même temps que comprendre, le agit la la nécessité tendance à l'imitation prestige de ceux qui s'imposent par leur situation, leur naissance, leur éducation, le souci de pas paraître trop « de son village », bourg, : la petite ville, le la ne manie de copier le chef-lieu, la capitale, tout cela contribue à fixer et à répandre une langue-modèle ; les LES GRANDES LOIS DU LANGAGE 140 communiquent habitudes de langage se comme les façon de langue à un comme idées et les préjugés, s'iiabiller commune ou toutes la mode koinê (nom appliqué par Le aspect de leur propre Lingue). l'allemand, s'imposent grandes les la et qu'on appelle une: se crée ce ainsi -, et les Grecs français, Tanglais, lEurope langues de moderne sont des langues communes, dont chacune s'est développée à la faveur des pour noyau français a du domaine royal dans les riches répandu à la la de la Réforme; en Sibérie, parce sation, qu'il est la tandis que le turc, au sein ottoman, a peine à concurrencer le l'Est, russe formé s'est gagne Caucase, en Aiie cen- le y le : de France, capitale; l'allemand, aujourd'hui vers l'Orient, dans trale, l'Ile de colonisation de pays faveur langue de la de et progrès d'une civiUsation le langue de même la civili- de l'Empire grec, l'arabe, l'armé- nien, langues qui portent avec elles toute une culture. Uanité de langue répond approximativement à l'unité de civilisation. Mais où va lisation s'arrêter l'unification? car l'unité dépasse les frontières des nations. de civi11 y a, par exemple, aujourd'hui, une civilisation européenne, née dun tés, fondée sur développement la parallèle des grandes nationaU- diffusion de la science, des idées, sur les progrès de l'instruction, de la culture générale, des communications. Eh bien, il tend à se former effec- tivement une espèce de langue européenne, dont éléments sont d'abord les emprunts. les LOIS SOCIOLOGiaUES 14! Rôle de l'emprunt. Quelquefois l'emprunt misse, par suite conquête : d'immigration, l'anglais si se fait de colonisation, ressemble tant au français, en de c'est que les Normands de Guillaume le Conquérant ont imposé leur langue en Angleterre. Dans ce cas la substitution a été partielle. totale : le latin arrive Il n'a à peu près rien gaulois sur notre sol. Il même peut qu'elle soit aussi laissé subsister du que ce soit arriver b peuple conquis qui impose sa langue au conquérant le grec a tué une le macédonien, parce qu'il portait : avec lui civilisation supérieure. communément, l'emprunt Plus une sorte de pénétration lente. se fait en détail, par On emprunte langue étrangère des termes de science, d'industrie, des d'objets noms d'animaux, de d'art, une à de sport, plantes, de fruits, manufacturés, de jeux, ce qu'on appelle des termes de civilisation ; quelquefois aussi les mots qui désignent des qualités typiques^ des sentiments et des notions caractéristiques d'un pays (le confort et Thumour en général cependant plus anglais, le farniente italien), que des termes volontiers des termes concrets Le goût de l'emprunt tourne abstraits. parfois à la mnnie, et on en arrive parfois à parler véritablement anglais en français (« ni dandy de son home kokettierte Hotels ))). ») ni sportsman, ou français il aime surtout le confort en allemand (« die Dame mit de m Militàr- Attaché auf der Terrasse des O.r n'emprunte guère des procédés un détour de mots à suffixe ticaux, des éléments de formation, sauf par par exemple on accueille une série gramma: I LES GRANDES LOIS DU LA KG ACE 142 typique {aubade, sérénade, empruntes 1 à l'espagnol), et on en tire des tormations analogiques qui feraient croire à un emprunt de suffixe fanfaronnade, dégringolade. On n'emprunte pas dans le domaine de la syntaxe : : l'habitude de désigner à l'anglaise certains établissements tels que Park-Hotel, Luna-Park, Elysée-Palace, conc'uit : à fabriquer en français des titres analogues, où qu'on emprunte un procédé de construction nasse-Cinéma. Mais ce qu'un n'est là : il semble Montpar- accident, sans portée générale. En revanche, on trouve en assez grand nombre dans des langues voisines des manières de s'exprimer, des types de phrase, des procédés, qui ont Tair calqués les uns sur les autres : un journaliste allemand Herren an der Macht « les hommes cour )) machen tismes. comme » au pouvoir A ». répondent exactement » ; ce sont pourtant Pour exprimer là l'idée a écrit « die son confrère français « prendre feu, faire la Feuer fangen, den Hof ce qu'on appelle des idio- de langues ont recours àTexpression « traduire », plusieurs passer » (allem. ûher-setxçn^ angl. trans-late, russe pere-vadit)^ qui répond « faire précisément au latin tra-ducere. Les mots ont beau être différents, l'expression est la même. Il y a là un parallé- communauté de procédés, qui trahit une anade pensée et une communauté de civilisation. lisme, une logie Limites de Tunificatian. Faut-il conclure de ces faits qu'une communauté linguistique peut s'étendre indéfi- niment, que par exemple il pourrait s'établir une langue LOIS sociOLoraQ.UEs Une faut distinguer. artificielle, temps même européenne ou internationale théoriquement n'a pas de limites On par latin, fixé vingt siècles a conservé le le latin liturgie, est la grec ancien et se sert de l'arabe littéral, le ? Ici il littéraire, ni dans le de Cicéron. encore après langue de TÉglise catholique; la 143 publie encore en tous pays des ouvrages scientifiques écrits dans orthodoxe universelle langue écrite, une langue ni dans l'espace. Le même . le bouddhisme l'Église slavon, l'Islam a gardé le pâli... Mais toutes ces langues privilégiées doivent leur extraordinaire survie et leur universalité à ce que d'autres langues ont pris leur place dans l'usage courant, ont vécu à leur place. parle, est Une condamnée Tendance à langue qui vit, une langue qu'on à s'altérer et à se diversifier. la différenciation. L'enfant qui apprend langue maternelle reproduit aussi exactement que sa possible le parler de ceux qui l'entourent, mais l'imita- tion ne peut pas être parfaite entre le parler de la il ces différences soient les d'une génération ou sur tout Puis, chez tous intervient des différences nouvelle génération et celui de génération précédente, et que il : les la n'y a aucune raison pour mêmes le chez tous domaine d'un sujets parlants les enfanis parler. agissent les causes d'altératloa qui ont été définies au cours des chapitres précédents : sens, formes, significations, emplois, toute cette construction fragile et instable de la langue est livrée à l'action des lois physiques, psychologique^, sociologiques. Il physiologiques, n'y a pas deux individus LES GRANDES LOIS DU LANGAGE I-I4 parlant la menu langue qui mê:ne minière. Seul le le la parlent exactement de la besoin de se faire comprendre et souci d'être correct, de ne pas se signaler, conduit Its gens qui se fréquentent Mais ce processus à adopter le mêm*;; langage. même que nous avons vu conduire à Tunificaiion peut conduire aussi à la différentirtion il ; suffit pour cela qu'un obstacle se présente. Cet obstacle, c'est l'existence de groupes sociaux. même Les parlers spéciaux. Les individus a'une classe sociale, Its ouvriers d'ua atelier, les élèves d'une école, les membres d'une association, les gens qui ont à êmes chosts, sont conduits natuadopter une façon de parler qui réponde à parler entre eux des n fs^îllement à leurs besoins; abrégées; ils emploient des expressions convenues, volontiers d'ê:re incompris hors affectent ils de [leur entourage, de marque faire de leur langage originale. C'est ainsi spéciaux, de l'atelier, de Tassommolr, ks jargons, que comme une se créent les parlers l'usine, de l'école, de la rue, de les argots... Les parlers lacaux. Indépendamment des groupes sociaux, la répartition de la population en villages, en régions, crée aussi un obstacle à l'expansion d'un parler. Supposons deux familles d'un même village transportées dans deux îies désertes et y faisant souche ne faudra pas beaucoup de générations pour que il en villes, : comimune aboutisse Dans ks conditions de la deux dialectes diffé- leur langue à rents. vie normile, c'est une LOIS SOCIOLOGIQUES chaîne de montagnes, I45 cours d'un fleuve, une sépara- le tion politique, administrative, qui créera la coupure et déterminera patois... La formation de parlers locaux, dialectes, la une différenciation diverses viennent l'accentuer, dont pri: de clocher, qui conduit à sions, les tournures des moins rapide : obtenue, des causes fois la principale est Taccent, railler étrangers. Elle dans un groupe res:rtint la expres- les est l'es- pli^s ou langue se tranbforme plus vite que dans une large communauté; les innovations en ont vite qu'un pour minimum fait le de résistance tour et ne rencontrent c'a été le cas sans ; doute plupart des langues à date ancienne, car plus on la remonte dans Thistoire de Thumanité, plus on trouve les populations morcelées en peuplades^ en tribus. dialecte nettement exemple un parltr de isolé, par Un la haute montagne;, se développe plus régulièrement, plus normalement^ se conserve plus de la pbine frontières^ que et surtout « » les parlers qu'un parler des provinces des marches, qui sont contaminés parlers voisins. Du reste s'établit il concurrence entre parlers contigus ville, pur d'une province à l'autre, des actions réciproques ; ; par les normalement une les relations d'qnç déterminent des empruntr, pour peu que l'une des popula- tions voisines soit plus influente, plus puissante, possèce une culture supérieure, sa langue ttnd à s'imposer, à devenir une langue commune, et voici que nous touinons dans un cercle vicieux, allant de la diflérenciation à runificâiion après avoir suivi un rythme qui caractérise le la marche inverse, selon développement de la plupart LtS GRANDES LOIS 146 des langues, vie des langues. penser fait tude, essentiellement ce qu'on appelle du langage. la vie La et constitue DU LANGAGE une enfance, une maturité, une décrépi- à comme du langage L'idée d'une vie une naissance et à une mort. Toutes Une langue meurt quelquefois, sup- aussi à notions fausses. primée par l'invasion, par une langue de la conquête, supplantée par civilisaiion supérieure : le gaulois a dis- paru sans rien laisser au français que quelques dizaines de terme de mots. Mais le trompeur le latin : toute langue, où il langue morte » est d'ordinaire comme par exemple n'est pas mort; s'est transformé, différencié, et le ce qu'il est ne ressemble plus à ce qu'il a été, l'appelons français, là italien, ici espagnol, erc, toujours du latin que nous parlons, ou, c'est ancien du français. le latin, c'est l'état langue-mère sa « » non pas mère, mais ce que Teau il « si ce que l'enfant tude du toire, latin : ; jeunesse du français, c'est une langue donnée n'est est est à à sa qu'un ; la vieillesse la décrépi- état transi- une étape dans une évolution continue, dont nous n'apercevons ni 11 la mais vapeur à l'eau ne faut donc pas parler de l'enfance ou de d'une langue nous Ton veut, Une langue est à la glace et la jour faut le début ni l'aboutissement. donc renoncer aussi toire d'une à l'idée qu'en faisant l'his- grande famille de langues, comme la famille indo-européenne, nous trouverons dans l'ancêtre lointain, dans le vieil iado-européen, un type de langue primitive. La langue delà peuplade inconnue que nous DU LANGAGE VIE imaginons par delà les I47 millénaires n'était pas un balbu- tiement enfantin, un premier essai de création. C'a été une erreur de la science d'hier de croire par exemple qu'un son ^'^ dans le mot indo-européen qui est kâh en sanskrit, quis en latin, soit l'expression naturelle de l'in- terrogation, celle qui se serait présentée aux premiers hommes. Une racine *^^wp- (z= un élément primitif, elle n'est naître) pas plus irréductible par exemple que l'élément ul- qui français cel-ui, de deux mots un cel-le, cel-a, et latins [ec]ce descendant, tout mots est à la base des qui représente une fusion iU[um] comme ne représente pas L'indo-européen . le français était d'aujourd'hui ; il ne représente qu'une étape dans l'évolution des langues, et si nous prétendions remonter au delà de l'indo-euro péen jusqu'à courir un l'origine du langage, il nous faudrait par- chemin interminable auprès duquel de l'époque historique n'est qu'une étape L'origine du langage. Nous ne la traversée ^insignifiante. possédons pour du langage aucune Ce que nous savons du mécanisme résoudre ce problème de rorigine donnée historique. 4e la parole nous permet tout au plus de thèses incontrôlables. Les par désigner les caractérisent, <( frapper » objets comme hommes en imitant l'enfant ou moumou pour « qui la faire des ont- ils les commencé bruits dit vache hypo- qui les panpan pour j) ? — ou en reproduisant l'émission de voix que nous arrache une impression vive, quand on fait une émotion, une douleur, comme brrr pour exprimer qu'on a froid, ouf pour 148 LES traduire le GRANDES LOIS DU LANGAGE soulagement ? — ou en reproduisant des sons qui par hasard ont une première la vision de l'objet? nous apprendre, — Tout ce comment, c'est que constances données, fructifier, jusqu'à tion de de la rejeter depuis en blo: Tantiquité Et c'est assez a a pu, dans des cir- eu nota- pour nous permettre simplistes communément construction du langage par convention entre d'une communauté, invention d'un révélation divine... développer, se un système complet de les solutions on il peut donné un premier transformer^ se devenir pw^nsée. la linguistique étant fonds d'expressions élémentaires, accompagné fois auxquelles recours les homme : membres de génie, LES AUXILIAIRES DE LA LINGUISTIQUE (SCIENCES HISTORIQUES, PHILOLOGIE) S. Reinach, L. Laurand, Manuel de philologie, 2® éd. Manuel des études grecques Paris, 1883. et latines. Paris, Picard. L. Havet, Manuel de critique verbale appliquée aux textes latins. Paris, 191 1. t SCIENCES HISTORIQUES ET PHILOLOGIQUES Les progrès récents et rapides ea grammaire comparée, de particulier les découvertes de la la reconstitution la linguistique, et de i'indo-earopèen, ont fait naître Tes- poir d'arriver par une voie nouvelle à combler certaines lacunes de la préhistoire, de l'archéologie, de l'anthro- pologie. Rapports de la liaguistique avec les sciences his= nous fait remonter au-delà de tous documents historiques; les toriques. Sans doute l'étude des langues parentés, les emprunts, nous conduisent à relations de voisinage, migrations, commerciales, politiques, des conquêtes, des im iglner des Par exemple, etc. cer- du vieil irlandais ne s'expliquent que si l'on admet une période de développement commun de l'itahque et du celtique or, c'est une hypothèse que sont venues confirmer les études de droit taines particularités du latin et ; et de civilisation comparée. Les grecque et même mot latine de la phonétique ne permettent pas d'expliquer qu'un indo-européen liliutn et leirion. lois ait Or, ce sont pu donner uinum là des noms de et oinos, plantes (la SCIENCES AUXILIAIRES 152 vigne, (cf. p. 141) son côté, grec et le ; sont sujets à l'emprunt tels auraient le latin que justement voici ils, chacun de quelque langue non indo-euro- pris ceux-là à péenne? Or, ment sur comme qui le lis), les côtes et les îles de la les fouilles nous exhu- Méditerranée une bril- lante civilisation de peuples qui ont précédé les Grecs et les Latins, et qui un peu en ont pu leur fournir ces emprunts. C'est petit Fhistoire de la planète Verrier avait établi l'existence par observateur le Uranus, dont Le calcul avant qu'un découvrît au bout de sa lunette. la Bien mieux, en faisant le bilan des mots indo-euro- péens^ nous arrivons à imaginer à peu près ce qu'a pu être la civilisation hommes qui des les employaient. Ils ont dû mener une existence mi-pastorale mi-jgricole, ils connaissaient les animaux et les végétaux des pays tempérés, le bouleau, rame hêtre, travaillaient le métal, possédaient la le des huttes de branchages, recon* et l'arc, habitaient chefs de famille naissaient l'autorité de comptaient le temps d'après les phases de et de tribus, la lune, prati- quaient un système de numération duodécimale qu'ils tenaient peut-être des Babyloniens, et occupaient avant le une région voisine de l'Europe orientale occidentale. Mais dans tout cela que d'in- 5* millénaire ou de l'Asie certitudes encore d'arbres, celui On ! empruntés signification (Jagus) et (( ; état par du bouleau, du blement anciens; mais être fait les exemple de noms hêtre, qui sont incontesta- noms de plantes sont sujets à même à changer complètement de même mot signifie en latin « hêtre » et le chêne » en grec (phégos). Il n'y a pas de mot SCIENCES HISTtJRIQUES indo-européen commun pour « mer » ; 153 peut-on en con- clure que les Indo-Européens habitaient loin des côtes? Mais il n'y a pas « lait », non un pour quoiqu'il y en ait est plus inquiétant, donc avec mot indo-européen pour plus de il n'y en a pas pour « fils »! plus grande réserve qu'il faut la qui bétail », et ce « C'est demander à langues de quoi éclairer l'histoire des civi- l'histoire des lisations. A plus forte raison ne faut-il pas songer pour sommes les descendants des Gaulois, une langue peuple_, ni à <( peuples et des races. l'histoire des refaire latine. Une une région, peuples qui il Nous nous parlons et langue n'appartient ni ni à famille » indo-européenne dépeuples! Et à s'en servir une : On race. ont répandu dans parle d'une famille de langues, est parfaitement possible indo-européennes n'appartienne à la non qu'aucun des monde le un à langues les hommes race des qui parlaient l'indo-européen primitif. La Hnguistique n'est des sciences historiques pour elles, elle son but, qui donc qu'un modeste auxiliaire ; du elle n'est porte en elle-même sa raison d'être et est la connaissance et procédés du langage humain. C'est qui peut et qui doit faire nous l'avons vue s'adresser à la physiologie, la l'explication des elle au contraire appel aux autres sciences : à la physique, à l'anatomie, pour fonder l'étude des sons, psychologie pour expliquer, à reste pas faite les — à la procédés d'expression, — sociologie et à l'histoire pour suivre le développe-* SCIENCES AUXILIAIRES 154 ment des langues. Mais que toutes estrauxiliaire de qu'on bien associée, l'autre La une science est il qui, plus linguistique, qui lui est la prend si Tune pour quelquefois c'est la philologie. : philologie. La principale dilficulté que rencontre dans ses recherches, le linguiste que c'est la langue, objet de son étude, échappe presque toujours à l'obser- vation directe pour est passé, la langue actuelle^ peu de chose, lui il : n'a devant lui et des textes idées, des tion, mot il l'objet de arrive présent, que des documents défigurés par Or, l'étude des textes la philologie, n'allant pas sans mœurs, de moment dès qu'il veut interroger le l'écriture et par la littérature. proprement le l'étude l'histoire, de est encore que, l'étude hommes, des des de l'art, la civilisa- qu'on appelle philologue au sens large du celui qui par quelque côté que ce soit aborde la science des antiquités. L'écriture. L'étude des textes suppose l'étude préalable de l'tcriture, nous est les par qui se sont conservées jusqu'à langues du passé. Malheureusement récriture un faux témoin, d'interroger l'anglais et qu'il appartient à la philologie de contrôler. Quelle idée donnera de aux linguistes de l'avenir une orthographe qui représente par oo tantôt notre son eu (dans flood), tantôt notre son ô (dans floor), (dans food)^ mais jamais orthographe qui fournit le son tantôt c?a? Ou notre son ou du français une près de cinquante manières PHILOLOGIE de représenter son le Malheureusement eau, haut, etc.)? os, au, (o, presque impossible qu'il en est il 155 soit autrement. Le jour où une prononciation se modifie, changement on que personne ne s'en avise est si insensible a continué d'écrire oi en français alors qu'on çait successivement le oï, oé, oué, continue d'appeler un enfant Jean « le petit pronon- même oua, tout de : qu'on » alors qu'il devenu un grand jeune homme. Le jour où, par est exemple pour réflexion, par ment, on aperçoit prononciation, il la besoins de l'enseigne- Its contradiction entre pour est trop tard graphie et la la la faire disparaître, car l'habitude est prise. Et puis, si récriture et caducs, on il est vrai la liaison faire dans « ils f/; dans « du de -ent personne des 3* la ne se prononce pas, mais qui explidoivent arriver ils Et que va-t- ». des sons changeants? Le v de doivent reste v doivent venir doivent suivre écrire complet entre réaliser l'accord prononciation, que va-t-on faire des sons pur exemple verbes, qui que la on veut » ; », sonne il comme/ dans va-t-on l'écrire là v et X^je de « je suis »? Même dans ici les « ils f^ Va-t-on pays où on a une réforme de l'orthographe, on n'a pu prétendre à une pareille exactitude. réalisé Pour le philologue qui interroge graphe traditionnelle a au moins senter d'ordinaire un état ceci ancien de les textes, l'ortho- pour la que nous écrivons encore aujourd hui y a dix siècles; de même Yo et inexactes peuvent ainsi avoir 1'/ un de « elle langue était oi » ; de repré: le -ent prononcé les il graphies intérêt historique. SCIENCES AUXILIAIRES 156 L^alphabet. Mais encore ici aucun moment de son disposé d'un faut se méfier, car à il aucune histoire exactement alphabet langue conforme n'a ses à besoins. Les peuples se sont servis d'alphabets de fortune. J Nous employons, à peine modifié, celui des Latins, qui le tenaient eux-mêmes des colons Chalcidiques du sud de qui l'avaient à leur tour apporté de Grèce, ritalie, leur pays d'origine. C'est encore IV' siècle, un alphabet grec, du que Tévêque Wulfila emploie pour tion gothique de la Bible, un alphabet grec sa traduc- aussi que reproduit au ix® siècle l'alphabet cyrillique des Slaves, de sorte qu'en définitive notre écriture et celle des Russes ont une origine commune. Mais cet ancêtre com- mun, l'alphabet grec, n'avait langue indo-européenne; un peuple sémitique, Araméens vers B.ibylonie, la les leur Phéniciens. fait emprunté C'est aussi à un Sémites envahisseurs de emprunteurs eux aussi avaient écriture pour une Hindous ont emprunté aux le ix® siècle; les anciens habitants du pays, de pas été les G^'ecs l'avaient les alphabet sémitique que même les Sumériens, Enfin cunéiforme. les pris aux éléments une découverte récente nous permet de rattacher les écritures sémitiques à récriture égyptienne. Pour interpréter près tion, à les à peu notre aise, malgré toutes les difficultés d'adapta- quand nous nous trouvons en écriture phonétique, les documents, nous sommes qui en principe sons élémentaires. Mais exemple ne représente pas il y présence d'une représente tous a telle écriture qui par les voyelles (alphabets sémi- i PHILOLOGIE 157 y a des alphabets syllabiques qui représentent par un signe unique un groupe de sons (écriture tiques); il des cunéiforme)^ Tégypiienne. qui, représentant mots par des les ne peuvent donner aucune idée de La prononciation. Mais, condidons imaginables, infidèle, et le comme idéographiques écritures prononciation... la même dans meilleures les qu'un témoin n'est l'écriture signes, premier soin du lingu'ste qui interroge documents écrits est de les interpréter. Heureux quand des témoignages anciens lui facilitent cetre inter- le^ prétation. mines » Saint Augustin nous parle des braves du peuple qui commettent aspirer leur /;; faute de ne pas la Aulu-Gelle conte l'anecdote d'un gram- mairien qui corrigeait un jour de l'empereur prononciation fautive la Vespasien plosîrum (pour plaustrum); Quintilien note que les Latins ne connaissent pas ^ du grec, et nous cer l's de rosa « /do- condamne comme le son par conséquent à pronon- celui de ainsi. C'est à l'aide de semblables témoignages que nous arrivons à reconstituer la prononciation du par bê bê le moderne, comme Un comique bêlemeat du mouton interdire u'appliquer grec latin. vi vi ! ; pour nous c'est assez au grec ancien qui ferait de grec représente la prononciation du ce bê bê quelque chose Les fautes d'orthographe des ignorants nous fournissent des indications, parce quelles sont d'ordinaire influencées parla prononciation réelle; ainsi les barbouillages retrouvés sur les murs des velies contiennent souvent plus de vérité villes que ense- les textes SCIENCES AUXILIAIRES 158 plus purs. Les transcriptions d'une langue littéraires les dans un alphabet étranger nous sont d'un secours précieux grec Loiikios nous enseigne que le : comme k dans latin Luciiis le Nous appelons . aide la métrique et les lois de la versification ne pas tenir compte dans de \'m et initial romanes montre réservé dans langues Its (cf. p. histo- 1 1) nous qu'elle était frappée en laiin d'un accent o'in- tensité, etc. etc. Tout cela ne suffit cas les plus favorables, à du passé de savoir teur la phonciiqi'.e une certaine syllabe du mot à l'usage de nous montre que c'étaient des final traitement spécial le : : notre à mt^sure du vers latin de Vh la consonnes amuies. Nous utilisons rique sonnait le c nous ùïrc nous discutons : si à p:.s, vue sur l'accent de Cicéron était ou un accent d'entendre déclamer les étonnés les la question un accent de hau- d'intensité, et, sans aller serions sans doute bien dans réentendre les langues erte de [ même s'il si nous loin, était nous donné vers de Racine avec la pronon- ciation du temps. Les textes gravés nous écrits. Il laissé conservation les marbre, les dont on monuments matériaux le vicissitudes les inscriptions ex-votos... raires, les tuer des : Encore scmmesde 1 his- parvenir jusqu'à nous des documents a des textes y grave sur inscriptions. heureux quand bien toire ont : ; on a intérêt à assurer la ccmmémoratives qu'on publics, les inscriptions funé- choisit durables, le donc pour bois, la les perpé- pierre, le bronze. La plupart des civilisations antiques ÉPIGRAPHIE nous ont laissé un Nous possédons lois, grand nombre de ces documents. très des inscriptions officielles textes de : décrets politiques, listes de fonctionnaires, dédi- caces..., mais ont aussi mis les fouilles documents moins ambitieux pour 15^ postérité la des jour qui n'étaient pas et murs de Pompéï, sur les : au la fait ville ensevelie par l'éruption de Vésuve, nous lisons encore des phrases gravées au couteau, griffonnées au chai bon (les graffiti) réclames électorales : : plaisanteries de corps de garde, littérature d'édicules publics... verre à boire — sur un collier d'esclave m'échappe! » — ; « : Tiens moi, que sur une lamelle de aux courses souhaite jambes... Tandis que à tel et même aujourd'hui M. Loubet écrit ablatif absolu dent de la archaïque sur (ne d'allure latine : et nous font voyons-nous pas monuments nos ne solennelle, conserva- avec un u antique, et le nom de enfermé dans un M. Lovbet étant prési- République...?), les inscriptions familières ont l'avantage, quand à des professionnels, courant, un plomb un parieur les inscriptions officielles volontiers je cocher de se casser bras connaître une langue d'apparat, trice sur lit aujourd'hui, demain, trop tard! » « Bois : On la inscriptions, la rédaction n'en est pas confiée de nous langue vulgaire, en interpréter faire connaître l'usage parler vivant. le Lire les abréviations, les dater les d'après les caractères de l'écriture et la rédaction, éta- bhr leur authenticité, leur provenance..., voilà à quoi s'applique l'épigraphie, science d'études est immense, et difficile, dont les dont le champ méthodes doivent 6 léO SCIENCES AUXILIAIRES suivant varier, romaines les landes du Nord les pierres fouilles les ou dans belles inscriptions impériales les imposants rochers de Béhistoun où s'étalent en caractères cunéiform.'s du exploits pelle ramène au jour des en langue inconnue, oubliés depuis l'an ou sur les ruines d'un poste-frontière, devant tombeaux, les textes noms les bords du Nil : la propres, fouiller cachettes souterraines, les « trésors », langue trouve encore tionneurs looo dans nous entraîne jusqu'à d'où nous sortons monnaies la passe-ports hiéroglyphes des obélisques. les La poursuite des les les du Turkestan où roi Darius, vers les sables un heureux coup de les gravées des Runes, suivant nous conduit devant qu'elle dans va chercher qu'elle et médailles. à glaner numismatique L'histoire de dans ce coin des collec- lui fournit des dates, des des légendes, des indications de prove- nance... Les textes imparfaits, littéraires insuffis.mts, fidèles, les textes Un Il n'en va pas de ouvrage du histoire livre. Témoins fragmentaires, mais au moins gravés nous font remonter sans transi- tion, sans intermédiaire, chons. ; jusqu'au passé que nous cher- même littéraire est fait pour pour les textes Uttéraires. le pubUc, pour passer de mains en mains, pour se répandre au plus grand nombre d'exemplaires possible; il faut donc le présenter sous une forme maniable, qui exige une matière légère, fragile : les Hindous ont employé par suite, hélas I l'écorce de bouleau, la feuille de palmier, les Egyptiens ÉPIGRAPHIE ont fai: le répandu le papyrus avec des lél fibres végétales, parchemin ; on a Pergame a écrit sur des tablettes de bois, sur toile, sur soie, sur feuillets enroulés, enfilés par le comme centre, reliés par les bords nos cahiers ou nos Procédés insuffisants pour empêcher l'usure. livres... Comment faire que ne se perde pas avec texte le le livre? L'imprimerie a résolu le problème, en assurant la production d'un très grand nombre d'exemplaires Quand nous réédition aisée des exemplaires détruits. lisons les une lettre de Voltaire, nous avons réellement sous yeux ce que Voltaire surveiller texte a écrit la ; il de son l'impression imprimé, a pu lui-même surveiller livre, et manuscrit original. Aussi la lui a deux éditions successives ont des variantes, quand il change en « fâcheux «... puisque édition. ... puisqu'Horace Corneille Rom.ain est » le Test » de sa première — Mais avant Timprimerie! Histoire de récriture (paléographie) cas le plus favorable, de nombreux documents cours qu'il veut publier; sténographie le (c'est et : il . Supposons le d'un texte écrit dans une celui époque de haute culture, inventé Quand c'est d'ordi- s'est corrigé, ainsi mon époux permis excepiionne d'un texte imprimé. lui-nême du reproduction de son est-il tout à fait ait à faire la critique naire que l'auteur netteté la faciHté des corrections, d'obtenir à peu près sans faute qu'on et la que nous connaissons par Cicéron en confie a prononcé un le dis- brouillon ou la justement son secrétaire Tiron qui a système des notes tironiennes) à l'éditeur qui l62 SCIENCES AUXILIAIRES Dès se charge d'en faire faire des copies. pouvons un Il est texte sans faute. Quand il soient de tout point identiques. ou copié, tel copiste aura tel mot, redoublé une blables, tel de ligne fin comprend pas... le en vente n'y en aura pas deux qui Que le texte ait été dicté mal entendu ou mal lu, sauté autre, passé d'une fin de ligne à pareille, L'ouvrage confondu des lettres collés, cousus, a-t-il du succès? sem- qu'il les ne exem- car ce ne sont pas de solides plaires s'usent à circuler; volumes l'éditeur mettra pour une faute une forme rare pris nou: matériellement impossible de reco- première série de copies, la moment notre deuil du texte original^ nous ne faire reverrons plus. pier ce un reliés; c'est fragile rouleau de mauvais papier, très long, écrit par colonnes transversales, le de sorte qu'à chaque fois qu'on développer presque en entier. une nouvelle ainsi édition, qui sera le consulte faut faut bientôt refaire Il une copie de copie; de suite. Les fautes vont se multiplier, tions anciennes se perdant, il et, les et édi- on ne gardera aucun moyen de contrôle. Ce n'est pas tout; l'écriture à lautre (quelle peine l'autre siècle !) : à la tue une capitale qui change d'une génération nous avons minuscule du fait le i®"* capitale s'altère mément les : la C, un peine I, M comme T, L, F, E. en une onciale qui arrondit unifor- jambages; de l'onciale naît une nouvelle minuscule, qui diffère suivant copistes à de siècle le iv^ substi- G comme un deux AA, dans laquelle on distingue La à lire des lettres les pays et les écoles de lombarde, qui confond presque Va et le t^ 1 PALÉOGRAPHIE italique penchée, lus claire, la 165 gotique anguleuse, que reproduisent Caroline, la peu près nos caractères à l'imprimerie. Toutes iujourd'hui dater !es manuscrits, mais elles ont été à divergences ces nous servent ks copistes une cause d'erreurs toujours renou- )Our elée. Histoire des textes. lar her le : Un jour le parchemin, p^us solide; mais on Tépargne, on serre /// parchemin on mater se écrit lit est sans comme on abrège, en signalant l'abréviation par un tum (c'est une abréviation de tu ou un point um. ater 1 le les lignes, éparation de mots, de sorte que ilde papier est remplacé ; = : pour un x dans notre finale -us qui a été prise hevaus) ; on utilise par économie pluriel un parchemin déjà mployé dont on gratte l'ccriture, et on écrit en surharge: c'est un palimpseste (d'un mot grec qui. signifie regratté ») on ; Dquent, et on relie fait en cahiers les feuilles qui se dis- des fautes de reliure, des interver- îons de pages... Autres causes d'accidents ransformée; le ajeunir son modèle. rend plus du tout langue s'est il ne peut guère se défendre de Le jour vient le texte qu'il même où il ne com- reproduit; alors il perd Mais des gens instruits interviennent, un ?cteur attentif, un grammairien, un bvise et corrige le texte. entpire que la copiste rencontre des formes désuètes^ ne orthographe abolie, et )ut contrôle. entre temps, : le Hélas \ c'est mal. Le texte restauré professeur, qui un remède souest lisible, donne . 1^4 SCIENCKS AUXILIAIRES parta.ut un sens raisonnable, mais raisonnable dans sens où le réviseur l'entend, dans le sens de ses préjugé de ses théories, de ses ignorances. « réviseur et du copiste intelligent » est ! Préservez-nous un peu la df piiè du philologue. Et enfin, Romain accidents historiques les : TEmpi transporte son siège à Byzance, qui devient monde centre du mentées y a il et civilisé remaniées par voilà les : œuvres les savants de la latines f com- Renaissance j byzantine. La domination des Barbares s'étend sur vieil Empire : après plusieurs siècles d'ignorance et de dévastation les restes de ou détruits; le' on ne sait la culture antique sont perdus plus guère lire que dans les cou- vents, car le latin est resté langue d'Eglise, et les textes sacrés ont fait quelquefois passer les ouvrages profanes où un nouveau pouvoir central organise le monde occidental, où un souverain écLiiré (Charlemagne savait au moins lire!) se laisse persuader que la lecture du latin est utile pour ses prêtres, on se met à la chasse des vieux manuscrits, et voilà l'anti" avec eux ; le jour quité sauvée de la poussière des bibUothèques Renaissance Caroline. parchemins, ce On et, le texte sont ces copies, : c'est la met à recopier les vieux sauvé, on abandonne Toriginal; ou seront enfin conservées, les et se copies de ces copies, qui que l'imprimerie fixera au XV* siècle, mettant fin au règne désastreux du copiste, a, Critique des textes. sont perdues que parfois Tant de copies successives se un texte ne nous" est conservé CRITIQUE DES TEXTES 165 que par un manuscrit unique. Quand, par bonheur, nous en avons plusieurs, il y a des chances pour qu'iis ne soient pas des copies d'un exemplaire, et pour chaînons de quelques-uns des représentent qu'ils même la remonte du dernier exemplaire conservé à la rédaction originale. Dans ce cas, si on peut établir que série qui l'un d'eux Ça) une copie de est i'une copie perdue (x) de autre (A), ou la copie tel A^ que nous est évident il légligerons a pour lui substituer son ancêtre 'approche du texte primitif. D'où A de l'utilité qui nous faire une de généalogie des manuscrits. »orte Un A manuscrit nous donne un texte ainsi disposé : debemuscum natura cumin nos mitisetcum dura consentire et fit... Un autre manuscrit a remplace ce texte par consentire debemus Il y a des cum chances pour que a natura soit fit. copié sur A, car 'omission des huit mots est due à ce que i sauté de la fin de ligne -tura à la fin : le copiste de ligne semblable iura. Nous avons deux omise par a; mais :onservé la ligne nos^ quominus, 'n ie A 2l autres manuscrits, b et et c : quodominus. ^, Ce c, qui ont au lieu de cum n'est pas le cum qui a pu donner naissance auquo de bc; mais nous îavons que dans certains textes juom\ c'est cette anciens cum est écrit forme quom, peu connue des copistes, qui aura été d'une part rajeunie en cum, d'autre part l66 SCIENCES AUXILIAIRES Nous supposerons donc altérée en quo. ou archétype x, qui avait quom in nos, la — que nous restituons par conjecture; connue A^ duite para à qui ; nous devons la c un ancêtre bonne leçon, 2° une copie variante cum, repro" — 5° une copie inconnue y qui a quo. reproduite par h et par généalogie i" : fait la faute Et nous établissons une : X A a qui, une b c confirmée par d'autres déductions analo fois gués, pourra nous fournir des règles de critique exemple, l'accord de b qu'à y, prouvera remonter Reste Li c, qui ne nous peu; l'accord de a c, fait par : remonter qui nous fai^ à x, sera plus probant. la divergence in nos {A), minus (b), dominus : intervient la considération de l'écriture de et d'autre part pas quont abréviation in miis quelque nos, chose que devait avoir qiiôînos d'une part, Ce n'est comme un( psychologie du copiste. la le (c) manuscrit j 163); y a interprété cette abréviation en quominus usuel, qui s^ présente facilement à l'esprit, et c'est (cf. p. mot le texte qui a été transmis à b; quant au copiste de supposons qu'il était un moine habitué groupe de des textes sacrés : suggéré l'idée du mot dominus ment en dnus^, et sa le plume à copier Cy et à lire lettres -ôînus lui aura (qui s'abrège habituelle a suivi sa pensée distraite. C CRITiaUE DES TEXTES 167 n'est qu'après avoir expliqué ces accidenis vons présenter avec confiance Dans une édition critique, quement, en bas ce page, par la conjecture au lecteur de refaire nous critique; lui quom in nos. nous disposerons méthodirenseignements fournis les façon à permettre collation des manuscrits, de la que nous pou- pour son compte notre de travail un ce qu'on appelle présenterons apparat critique. Engagé dans les conjectures, le critique s'expose du lecteur. On l'appellera suivant conservateur ou révolutionnaire. Il ne peut être défiance la Tun ni tout Tautre. Il il fr-çon au.' si ne peut pas se Il lui précaire, flatter reste à adopter moins la de la et, pas de et ce lisible, la suspicion la mais utiUsable et même la ; raison, avec exactitude. s'aider : chercher de la con- paléographie, de l'histoire, de qui est douteux langue pour les reconstituer langue..., pour déterminer dans admis ni tout conservés une attitude intermédiaire conjecture que naissance exacte de cas ne peut pas se résoudre à prendre pour authentiques des textes qui ont été de les à ; ; un la texte ce qui peut être viser à rendre le texte fournir en somme au linguiste des textes dont la non à Thistorien valeur soit définie. Au méthode doit changer à mesure que change l'histoire des textes. La critique des textes grecs n'est pas la même que celle des textes latins, du fait par exemple que l'histoire des premiers est liée au développement de la civilisation alexandrine. En particulier on ne peut pas traiter un manuscrit latin sur parchemin du reste la l68 SCIENCES AUXILIAIRES IX* siècle comme un manuscrit grec du papyrus dans un tombeau égypiien la papyrologie, est : i*^ ccnservé sur l'étude des papyru*^^ une science qui occuper ses su;fit à spécialistes. Utilisation des textes. Lorsque, avec bien de la peine, le critique est arrivé à discerner dans nos pauvres textes mutilés ce qui a des chances d'être authentique, ua autre collaborateur du linguiste^ l'historien de la littérature. Car les œuvres littéraires les plus authentiques re nous donnent qu'une image imparil cède faite de la la place à langue véritable, de la langue vivante elles ; ont besoin d'être interprétées. Les genres littéraires. Écrire con^ une tâche au dessus de nos forces la ; me on parle semble dès que nous plume en main, devant un papier sommes, nous habil- blanc, lons notre pensée d'un vêtement de parade, nous faisons de plus la Httérature, griffonnons un billet, ou moins. Très peu quand nous une lettre familière : genre le épistolaire est, sauf exception, celui où on retrouvent le mieux les aspects de la langue parlée. Nous sommes égar lement plus préoccupés des choses que des mots, du fond que de la forme, quand nous écrivons pour l'enseignement, dans un ouvrage didactique; pourtant^ mettons quelque coquetterie sujet nous ici déjà, rendre attrayant le lan- nous sommes gênés par les exigences qui nous impose un vocabulaire spécial mots gage scientifique, du à et : techniques, termes abstraits, néologismes. Mais en gêné- HISTOIRE LITTÉRAIRE 169 nous avons plus Toccasion d'écrire pour :al 30ur instruire, et gros morceau le domine le que d:ms l'histoire des ittératures, ce sont les belles-lettres 3Ù plaire proprement souci de l'esthétique, qui est la dite?^ principale :ause de déformation de la langue. Cette déformation se fait de manières très diverses et louvent imprévues. Elle tient naturellement à l'attitude, lux dispositions, aux goûts, aux prétentions de l'écriElle i^ain. raires Kome, la : dépend aussi de la formation d'écoles litté- querelle des atticisants et des asianisants à celle des classiques et des 3nt orienté à des époques romantiques en France, de critiques l'évolution angue. L'influence de Cicéron pour a la ainsi dire arrêté développement du latin litté•aire. La constitution de genres a des effets extraordilaires dans les genres dits nobles on affectera une rendant quatre siècles le : angue spéciale, souvent rant. Il arrive même >on attitré dialecte :royaient obligés que : très tel les éloignée de l'usage cou- genre ait sa langue et même poètes grecs alexandrins se de composer leurs poèmes dans angue d'Homère, morte depuis des siècles; dans la la belle période de la littérature grecque, le dialecte dorien était 3ar tradition la langue de la poésie chorale, et iuit cette bizarrerie :ragédie grecque iorien La il se pro- que nous avons dans une même un dialogue en attique et des chœurs en ! poésie. Ce qui est conr.mun à tous les écrivains, à tous les genres, à toutes le§ époques, c'est le désir de lyO SCIENCES mettre en valeur les dire. Il AUXILIAIRES choses dites par manière de la ne faudrait pas croire pourtant qu'il ait là se y lement une préoccupation d'hommes cultivés tendance qu'on observe chez Rien de plus laires : dans se perpétue artificiel que la se permettrait pas dans ; les plus c'est u simple langue des dictons pop n'amasse pas mousse a pierre qui roule un archaïsme gens les 1 (l'absence d'article) qu'en ne le parler courant mais on y ; remarque autre chose encore en énonçant cette phrase, nous la scandons, nous la coupons en deux membres : que nous nous efforçons €t nous marquons chaque membre le d'égaliser dans la prononciation, retour pierr' qui rou-i' : l'embryon d'un rythme c'est même du et manière de versification. Et, de d'une rime commence pensée en vaut peine, prière à d'oracle, dicton..., on la que la les poésie. la une c'est ; peuples pri- Dès qu'une divinité, louange réponse de héros, là proprement la poé- prose, c'est ce qui se parle, ce qui ne la mémoire des hommes ou l'écriture. La tion de pourvoit d'une expression solennelle, mérite pas d'être fixé dans dans la formule de conjuration, éloignée de l'usage courant. C'est sie, tandis chez fait, par la fin n'amass' pas mou-ss', | mitifs la littérature la son ou à métrique. La diffusion de du langage. D'abord moule auquel codifie et la la la poésie modifie l'évo- forme du vers comme un langue doit se prêter. La métrique impose un système de règles rieuses, parfois est étroites, étonnamment compliquées, impé- qui gênent la I HISTOIRE LITTERAIRE marche du naturelle discours. Tantôt I7I nous découpons la phrase en groupes symétriques, mesurant des membres, comptant les syllabes, ce prononcé {nation amuïes (1'^ muet) na-ti-on), les la anglais, dont les ménageons retour à le comme de syllabes longes la il groupements constituent arrivera retour intervalles en allemand ou de syllabes brèves, et comme musicales (mètres grecs et pieds latins) cas le sauve des consonnes finales, définis de syllabes accentuées, en marquons par voyelles limite des groupes (c'est )a rime, sylhbes caduques); nous des rétablir à tantôt nous ; périodique d'un son qui renforce qui conduit à détailler les sons ; des mesures dans ce dernier que certaines successions, normales dans langue usuelle, soient impossibles dans mot latin fâctwnem ne peut pas entrer dans lique); or, une forme ainsi exclue de la le vers (un un vers dacty- poésie risquera une d'être déconsidérée et remplacée dans la langue par forme concurrente. La prose logues Rome : les n'est pas toujours exempte d'artifices rhéteurs Grecs avaient imaginé et importé à une prose métrique, qui imposait en membre ana- certaines manières de longues (clausules) ; combiner le latin d'Eglise a une prose rhythmique, fondée les fin de brèves et les connu de même sur la distribution des syllabes accentuées... Influence de la poésie. Mais ces règles mécaniques ne sont pas littérateur. le seul genre de contrainte Dans la forme savante que s'impose du vers le le poète SCIENCES AUXILIAIRES 172 s'efforce de n'enfermer que des idées formes expressives; grammaticaux, tient de la les il rejette les choisies et des mots vides, les outils désinences encombrantes, tout ce qui place et contient peu de sens, les parce que de manièie à, les adverbis en -ablement, etc. rogne dans le matériel de D'autre part est il il Tenrichit : tions rares (prends avec ton luth en profile ii de formes abolies, libertés, s'autorise écrit encor sans e et guères et une écrivant langue qui échappe au contrôle de l'usage, pour prendre des Il taille langue. la vrai les ^ un s, ose des construcet me donne un baiser), innove jusqu'en syntaxe (apposition de Hugo : l'hydre- peuple), renverse Tcrdre des mots (inversion chère aux classiques). Et surtout, par élimination un vocabulaire tion, le poète se crée faut parfois, comme pour comprendre la prosateurs spécial, bien qu'il langue des vers. le du vers prestige permettent d'imiter se si en anglais, tout un apprentissage Puis un jour vient où les ou par innova- la est tel que langue des poètes. Et les uns et les autres se complaisant volontiers dans cette idée que bien écrire naturel et commun, littéraire qui nous ils qui est c'est éviter tout ce constituent peu à peu une langue donne précisément l'image de ce que n'est pas la langue véritable. La langue littéraire et la tion s'exerce d'ordinaire langue réelle. dans un sens l'écrivain est famiUer avec k-s L affecta- conservateur; œuvres du passé plaît à laisser voir qu'il les connaît : c'est la et se tendance HISTOIRE LITTERAIRE OU manie archaïsante. la Ou vant expressif et savoureux époques où la bien au contraire, trou- le parler vulgarismes enrichir de plaît à langue I73 littéraire la du peuple, langue écrire. il se Aux n'est pas encore fixée, toutes ces tendances^ d'autres encore, s'exercent libre- ment : nos écrivains toutes mains, ont les trésors la Renaissance ont le pris de appel aux langues mortes et « pillé du temple Delphique vinces (« que aller »), tait de Gascon y aille )), si glané dans les prole français sont allés prendre leur bien dans la n'y peut langue des métiers, dans celle des « crocheteurs du port au foin )^.. Il résulte de tout cela que l'histoire de la langue litté- raire n'est pas du tout l'histoire de la langue, et c'a été Terreur de maint philologue de croire par exemple qu'on grammaire historique d'une langue gram.maire particulière de chaque auteur. pouvait constituer en faisant la La littérature est pour l'histoire de la langue un témoin demande à être contrôlé et interprété, et interprétation demande une colloboration étroite suspect, cette la qui du philologue et du linguiste. HISTOIRE DE LA LINGUISTIQUE A. Meillet, Introduction à V étude comparative des langues indo-européennes. 4« édition, 1915 Appendice : ; aperçu du développement de la grammaire comparée. HISTOIRE DE LA LINGUISTIQUE Nous avons parcouru de à grandes enjambées linguistique, en n'accordant qu'un la depuis qu'il y a des hommes, et champ regard rapide aux multiples problèmes soulevés sous nos ques-uns de ces problèmes sont vieux le pas. comme le Quel- monde; qui parlent, et qui écri- vent, on s'est intéressé de toutes manières à l'expression de la pensée, mais il a fallu arriver jusqu'au siècle de la science, jusqu'au xix* siècle, tifique du langage. pour réaliser l'étude scien- • Comme L'étude du langage dans l'antiquité. arrive d'ordinaire, plus sité difficiles, de la : la inventant des tour problème::: les ceux de l'origine du langage, de des langues homme on a com,mencé parles Genèse nous montre noms pour les il la diver- le premier animaux; l'histoire de Babel veut expliquer la diffusion des langues; les Grecs imaginent un inventeur du langage et de l'écriture... C'est l'mvention et la diffusion de l'écriture qui a d'abord avancer l'étude du langage. Pour fait arriver à HISIOIRE DE LA LINGUISTIQUE 178 représenter les mots par des signes, naître, les isoler, faire comme de la décomposer une il a fallu les recon- véritable analyse de la phrase pensée. L'écriture syllabique obligeait à mot en groupes de le sons, écriture alpha- I bétique à isoler jusqu'aux sons élémentaires. C'est aussi l'écriture qui, des en transmettant d'une génération prières, des textes rences entre rédacteurs la de lois, a fait apparaître les diffé- langue présente s'efforcent à l'autre du passé et celle de conserver : les formules an- les ciennes parce qu'elles ont un caractère sacré, de sorte devient bientôt nécessaire de qu'il les expliquer, si l'on les Latins, Hindous ont formes dont et travaillé à nétiques le iv° siècle une précision étonnante le sanskrit, avant notre les règles pho- grammaticales. L'œuvre de Pânini sera point de départ de toute une littérature de taires, faisaient très sons de leur langue sacrée, les ère formule avec et comme bonne heure analyser minutieusement les exemple que de grammairien Pânini dès le pa5, commenter, de de répéter des formules qu'on ne comprend plus. C'est ainsi par les ne se contente les mais la tradition le commen- des études grammaticales res^ tera confinée dans l'Inde. Dans le monde préoccupations. occidental, les Grecs avaient d'autres Philosophes plus que théologiens, ne s'intéressent guère aux textes, et s'attaquent à ils une métaphysique du langage. Qu'est-ce que le langage? où faut-il en chercher l'origine? qu'est-ce sorte de qu'un mot? y a-t-il entre le mot et la chose un rapport naturel et nécessaire? le sens appartient-il au mot par HISTOIRE DE LA LINGUISTIQUE I79 nature [phusei) ou par suite d'une convencioa Prodi:us mière théorie, qui nymie (car nature de et, si le mot répond exactement ils s'y plier grammaire grammaticales doi- vent correspondre aux catégories du jugement; concordance (analogie, la mot). Les à leur logique, la les catégories ; n'y il linguistique philosophique, la ramènent tout elle-même doit chose à la Torigine du chose explique la syno- la de l'étymologie (puisque et eux aussi font de comme v® siècle soutiennent la pre- conduit à s'occuper de les synonymes), a pas de stoïciens du et les sophistes {theseï) ? disaient-ils) par y a exemple entre le il signe du pluriel et l'idée de pluralité. Mais aux analo- gistes répondent anomalistes les avoir le sens du singulier ; le répond pas au genre naturel dance nécessaire entre Et voilà à peu près les Latins à la suite la le : un mot pluriel peut genre grammatical ne donc, pas de correspon- : langue et la réalité. genre de disputes dans lesquelles des Grecs se seraient perdus si l'étude de la littérature n'avait appelé à d'autres besognes les théoriciens de la langue. La philologie alexandrine. ère on taire le c'est le siècle avant notre commençait à ne plus comprendre sans commentexte d'Homère et des premiers poètes lyriques; moment où Alexandrie est devenue le centre de la culture font Au m® une grecque spécialité commune le grammairiens alexandrins se d'expUquer, de transposer en langue : les des vieil-ionien dorien de la poésie chorale ; c'est poèmes épiques ou le l'époque des scholiastes. HISTOIRE DE LA LINGUISTIQ.UE l8o qui composent des commentaires sur les textes des lexi- ; cographes, qui étudient le vocabulaire; des glossateurs, qui expliquent les termes des rhéteurs, que la difficiles, théorie de Tart oratoire conduit à l'étude de la langue. Toute dialectaux, poétiques; "* que domine cette philologie, le grand nom d'Aristarque, n'aboutit pas à une étude systématique du langage, mais Mincure, à Pergame. mouvement de le suscite elle qui sauvera surtout de faire rentrer les y participe dès le ii® siècle grammairiens se préoccupent la langue latine dans grammaire grecque; la de l'oubli Rome avant notre ère, mais ses imaginés pour d'Asie- écoles les à Tarse, plus tard à Byzance, tout culture œuvres de Tantiquité. dans ils les cadres décrivent im- si parfaitement leur propre langue que nous avons beaucoup de peine à reconstituer leur prononciation, leur accentuation, leur métrique... (i^'^ Du De lingua laiina de Varron siècle avant notre ère) jusqu'à Donat (iv® siècle après) et aux Institutions de Priscien (vi® siècle), c'est le La même scholastique de du Moyen-Age YArs grammatica de les enseignement qui se perpétue. Moyen=Age. Dans la barbarie études grammaticales se bornent à l'apprentissage de la langue latine, et le premier ouvrage qui montre quelque savoir est une grammaire latine en vers (!) du xiii^ siècle; encore ne contient-elle guère que des subtilités scholastiques. Les théories grammaticales consistent à édicter des règles au nom de la logique on : décide que la construction normale de la proposition. HISTOIRE DE LA LINGUISTIQUE c'est celle qui met forme verbale + ; les sujet et l'objet, : la vraie antiquité^ nistes, c'est la pensée et sible ! Démosthène en On une forme verbe est Le jour où on Renaissance. la Cicéron, Tite Live, Tacite^ Grecs^ ce qui intéresse ses admirateurs, traduit qu'une etc. L'humanisme de découvre le doit s'analyser en agit lat. prédicat agens verbe entre le l8r le style latin, plus pour le que la les huma- langue : on rendre plus acces- s'inquiète surtout de présenter les textes sous lisible et intelligible : ce sont les débuts de la critique des textes, qui ne fera des progrès décisifs que deux siècles plus tard, à la suite des travaux de Bentley. L'œuvre la plus méritoire est celle des Estienne, dont les Thésaurus sont un inventaire imposant des langues latine et grecque. ItjMais faits au la grammaire nom piétine sur place ; elle d'entités, figures et tropes; explique les elle admet le caprice, l'artifice, confond la rhétorique avec l'étude de la langue; la Royal au xvii® Grammaire générale siècle, et celle et raisonnée de Port- de Condillacauxviii* siècle en seront encore à construire selon la logique une espèce de schéma du langage auquel bon gré mal gré doivent se plier les multiples apparences des langues réelles. Avènement de la méthode comparative. Cependant une rénovation se prépare qui va conduire au xix® siècle à l'avènement de la méthode historique et comparative-. Il y avait beau temps que l'occasion s'était présentée HISTOIRE DE LA LINGUISTIQ.UE l82 de faire entre les langues d'utiles comparaisons Grecs avaient pu observer du dialectes; la parenté les les : correspondances de leurs latin et du grec manifeste était ; mais justement on trouvait naturel que des langues de eussent entre elles de civilisés la ressemblance ; langues des barbares, on ne s'y intéressait pas d'Alexandre le quant aux : l'armée Grand envahie Tlnde sans en rapporter révélation du sanskrit. Plus tard conduit à apprendre les la la propagande chrétienne langues dts pays évangélisés : la Bible est traduite en gotique au iv® siècle, en arménien au v^ siècle; mais pour les apôtres du christianisme les langues des Gentils ne sont que des instruments de pro- pagande. Plus tard encore les sance apprennent l'hébreu, et la Bible leur tous les mais il hommes théologiens de ont un jour parlé la Renais- enseigne que n:ême langue; trouve malheureusement que se la l'hébreu ne ressemble à aucune autre langue connue. La pratique des langues modernes^ de partir sons du xvi® littéraires. l'italien^ à de l'espagnol, siècle, ne conduira qu'à des comparai- C'est de l'Orient que devait venir la lumière. Au XVI® siècle, l'Italien Sassetti prétendait avoir trouvé dans rinde une langue qui ressemblait à xviii* siècle l'italien! Au des missionnaires, des représentants de la compagnie anglaise des Indes orientales, étudient cette langue, qui leur révèle une vieille civilisation; un magisWilliam Jones, trouve le trat anglais du Bengale, sanskrit si si les trois semblable su grec et au latin qu'il se langues n'auraient pas une origine dem.ande commune. HISTOIRE DE LA LINGUISTIQUE Pour première la nettement •où, sur tout comparaison conduit à poser fois la problème historique. Or, le domaine des sciences le 183 c'est le moment naturelles, histo- mêmes, on commence riques, sociales et morales à se rendre compte qu'il faut renoncer aux explications à observer priori, qu'il faut présent par le le passé., historique, qui, donner en tâchant d'expliquer les faits Le xix® siècle crée la appliquée à l'étude des méthode langues, va l'essor à la linguistique. La grammaire comparée des langues in(lo=euro= péennes. En 1808, Fr. Schlegel, dans une étude sur langue et la philosophie des Hindous, découvre l'intérêt linguistique du sanskrit; en 1816, Fr. premier ouvrage sur grec, le domaine la latin, le Bopp publie son comparaison du sanskrit avec la perse et le favorable à l'éiude le germanique. C'était un langues bien connues, : attestées à date ancienne, le latin et le grec apportant avec eux toute une tradition philologique, sa grammaire et sa phonétique toutes Aux J. le sanskrit faites (cf. p. 178). langues moins connues s'attaquent des spécialistes Grimm : au germanique, Zeuss au celtique, Schleicher au lituanien; méthodes de Burnouf conduisent au déchiffrement du zend. En même temps se constituent les les différentes mule à disciplines linguistiques propos du germanique nétiques, Fr. Pott construit on apprend fonder à ressemblances de mots la et ]. Grimm for- principe des lois pho- le la : science étymologique; comparaison non plus sur des sur des faits isolés, mais sur HISTOIRE DE LA LINGUISTIQUE 184 un système grammatical. Fr. Bopp, le fondateur de la grammaire comparée, publie en l'étude de tout véritable deux éditions, de 1833 ^ i8éi, les différentes parties Grammaire comparée du sanskrit, du latin, du lituanien^ du gotique et de sa Tiend, du de du grec, l'allemand, en y adjoignant, au fur et à mesure des nouvelles découvertes, le vieux slave, définitivement blit péennes le ; l'arménien. le celtique, Cest lui qui éta- parenté des langues indo-euro- la Compendium Sch\t\ch.tx j en à.^ i8éi, peut déjà aborder Fétude historique et l'explication des corres- pondances. A partir de ce moment, Science allemande jusque par la la la linguistique est constituée. là, elle se répand en France traduction que donne Bréal, de 1866 à 1872, de grammaire de Bopp. champ Son méthodes sont spécialement ses s'élargit, appliquées aux langues classiques par Curtius et Corssen, étendues aux langues romanes par Diez et G. Paris Constituer la linguistique déchiffrement de l'assyrien ; la fin sémitique, ; on du siècle voit se préparée par définit de nouvelles familles de langues: finno-ougrienne, turco-tartare s'attaque à l'immense le on ; donaine des langues d'Asie d'Afrique et au chaos des langues du En même temps on aborde l'étude et Nouveau Monde. des langues non écrites, des dialectes et des patois. Ainsi se poursuit pas à pas l'inventaire des langues humaines. Mais, résultats déblayé à mesure qu'on avance, d.s premiers par les travaux. il taut aussi réviser les Le terrain une fois ouvriers du début, on a pu^ dans la HISTOIRIi seconde moitié du 185 aboutir à des découvertes siècle, d'une grande portée : rigueur des faits les lois phonétiques, rôle de l'analogie, méca- nisme de l'emprunt, formation des dialectes, développe- ment des langues communes...; on tution de l'indo-européen arrive à (cf. les résultats successiv.s du Grundriss de K. les éditions d'autre part phonétiques, études de phonétique expérimentale, confirmée par constance des DE LA LINGUISTIQUE on une resti- exposés dans Brugmann) une théorie générale du travaille à ; lan- Humboldt il se constitue une philosophie, une psychologie, une physiologie linguistiques (H. Paul, W. Wundt), en même gage indiqué par G. de d.ins le sens temps qu'on de langue ; s'attache à définir scientifiquement les faits et à délimiter champ de le la ling-uistique. .. Résistance de la grammaire traditionnelle. Tous ces progrès ne vont pas sans résistance. maire regardé a moitié avec l'avènement de dédain, l'abandon de méthodes aux patois lectes, la langue moitié avec : c'était la faveur donnée à de nou- des idiomes sans littérature, aux dia; plus de privilège pour la belle langue, officielle, puisqu'au contraire faible pour ce qui n'ebt pas pour les fautes, gram- de traditions séculaires, les langues classiques détrônées, velles venues, à défiance, vieille jeune linguistique la et La la règle, le linguiste a pour un les altérations, pour ce qui n'a pas de prestige litté- raire. La ïnaire. linguistique et renseignement de Anarchie apparente, dont se méfie la gram« la science l86 HISTOIRE DE LA LINGUISTIQUE officielle, celle qui a la responsabilité et les manuels continuent propager dans à vieux préjugés de les lycées les de renseignement;^ logique plus que de grammaire aperçoit bien quand dans « en marche marchant on lui Puis ». ». il (( Des mange )) la analogiques... « dans dans /m, l'idée et on une dans le que dans », hicr^ est il man- », lui aux de langue qui lui il arrive à connaître mais quel français possède le montre que ^f^ français! voyelles, 6 aussi en est ou dans/o/^, et que il féminin en ajoutant un et reste intervit qu'il n'y a entre long et longue, moins faits pas plus que u dans lui\ forme du masculin, la des français; /ow, et les adjectifs font leur grande que « formes irrégulières Tant bien que mal tout étonné quand on pas : application de lois phonétiques, stricte SI lanû;ue, à savoir vit mis pour est exceptions », aux « figures résultent de Il » cours supérieurs » de grammaire « expliquent par l^appel aux « l'analyse logique « en « enseigne, véritable contre-sens historique et gram- matical, que ij^eant apprend il conjonction dans de en » pauvre écolier s'en distinguer en préposition lui faut il pour » qui date qui est affaire de et le ; des l'école, c'est la du discours moins de Denys d'Halicarnasse, le Une la philologie. premières choses qu'apprend l'enfant à distinction des « dix parties les écoles et différence d'une e quand on doux i une n'en est répère que muet à la lui montre grand et douce, et consonne de plus ou de (cf. p. 73). C'est qu'il est habitué à voir la langue sous de récriture, c'est-à-dire défigurée, travestie. le Il masque étudie le HISTOIRE DE LA LINGUISTIQUE comme on rançais étudie une langue morte. nontre pas que ces apparences, Ve muet, ont été autrefois des réalités, etc., '«, 187 et la que On ne lui diphtongue actuel l'état 'explique par l'état ancien. même Si en temps que sa langue maternelle il a la hance d'apprendre une ou deux langues étrangères, on ui présente une grammaire construite sur le modèle de sa grammaire française ou de sa grammaire lC règles et d'exceptions, à lui fasse >ar méthode Il on ne : îrie est : lui révéler le non dans la présente et vivante. même mécanisme de l'emprunt. de prononciation la la bizar- il prononciation, qui est la — S'il a temps l'allemand, exemple de voir comparer lut à blood, et s'étonnerait Raum à le bonheur d'ap- cela l'intéresserait room, Tûr à door, moins de voir rononcé de manières différentes suivant au (dans Raum), à /^(dans Tûr), ccasion de lui faire comprendre le groupe oo qu'il répond à u (dans Blut); belle le mécanisme élémen- des correspondances qui attestenr une parenté et ne origine ni y sont ils dans l'orthographe, qui n'a qu'une valeur de rendre en ire langue la ce serait l'occasion de lui montrer que invention, et ir comment pas dit lui est dérouté par les caprices oglaise îalité matériel de le et s'étonne de rencontrer en anglais quantité de enus, ce qui serait Il tout directe » « lots français - moins que, autre excès, on absorber sans explication grammaticale le arlée. bourrée latine, commune. de toutes les — Fait-il conquêtes de du grec? Ce linguistique moderne du la latin et pénétré dans l'horizon de certaines classes de langues . HISTOIRE DE LA LINGUISTIdUE l88 souvent inexact est bien insignifiant, et Mûller, la vague notion que le latin et le langues sœurs dont le ridée que les mots sont formés sont sanskrit serait répandu en somme, ce sont tique d'hier. Et les il y a tout un : Max grec sont des l'ancêtre (!), monde la voilà le guide Ce qui s'est (!) erreurs de la linguis- façade austère des à connaître et que ce petit et qui regrettent quelquefois de n'avoir pas pénétrer de p'u^ curieux, les plus avertis, rendant compte que derrière maires les nom sur des racines éléments primitifs du langage les le : se gram- à explorer, un guide pou: y livre voudrait être ( i ) Le présent ouvrage, dont la publicatioi a été retardée par guerre, était achevé en nianuscrit quand l'auteur a eu connais- (i) la sance du Petit traité de linguistique du à un besoin analogue. iVl. A. Grégoire, qai répond TABLE DES MATIÈRES Page». Les sons Les mots — — phonétique : : i 21 vocabulaire leur forme leur sens : : morphologie sémantique La construction de L'expression de Constitution de évolution de 28^ la la la la pensée langue langue Parenté des langues : 34 phrase ; ; : syntaxe : 43 stylistique grammaire descriptive . 55. ... 67 grammaire historique 79 grammaire comparée Les grandes lois du langage : ici grammaire générale Les auxiliaires de la linguistique : ... lologie 149 histoire de la linguistique ANGERS. 121 sciences historiques, phi- IMPRIMERIE 17S F. GAULTIER ET A. THÉliERT. SEP 15 /:, • •H CD University of Toronto LQi KO 05 Library S DO NOT REMOVE THE CARD FROM 05 00 ES S THIS o y: 5 O POCKET Acme I ibrary Card Pocket Under Pat. "Réf. Index File" 3 .-s << 5- Made by LIBRARY BUREAU i^i