Les Echos du CCT
management et projets
Editorial ....................................................................... p. 1
Zoom Projets
Présentation du projet PLEIADES ................................ p. 2
Événements projets ................................................... p. 4
Trois questions à un Chef de Projet ............................ p. 6
- Synthèse des dix entretiens des « échos »
Zoom Entreprise
Le Retour d’Expérience (REX) à la DCT :
c’est quoi et à quoi ça sert? ...................................... p. 8
Zoom CCT Man
Bilan 2011 et perspectives 2012 ................................. p. 11
Pléiades. © CNES, 2012
Regard
L’indicateur « état d’esprit » ...................................... p. 15
Ailleurs
Image de l'ile de Bora-Bora acquise le 2 janvier 2012 par le satellite
Pleiades.
Associations ........................................................... p. 18
A lire ...................................................................... p. 19
Dossier n° 8 p 22
MANAGEMENT de l’INNOVATION : DES CONCEPTS AU TERRAIN. REGARDS CROISES ENTRE
RECHERCHE ET ACTEURS INDUSTRIELS.
Séminaire du 28 septembre 2011
N°11
janvier 2012
CNES - CCT MAN
Selon les règles de copyright en vigueur, la diffusion ou la reproduction de tout ou partie de ce numéro
devront, au préalable, faire l’objet d’une autorisation de la part du Comité de Rédaction - CCT MAN © 2012
Conception - Réalisation ACM © 2012-037
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Editorial
Le premier sens que donne le dictionnaire du verbe « échanger » est « de donner quelque chose et recevoir
autre chose en retour ». Le deuxième sens est de « communiquer, adresser quelque chose à quelqu’un d’une façon
réciproque ». Ce verbe « échanger » caractérise d’autant mieux un projet que ce dernier est complexe, et que les
échanges, s’opérant sur plusieurs plans, se chargent d’enjeux de toutes natures.
Le « CCT Management & projets » est un lieu où l’on se rencontre et échange autour des problématiques de conduite et
de management de projets. Un des enjeux, aussi bien pour les organisateurs des différents événements, que pour ceux
qui y participent, est de retirer de ces rencontres et échanges de quoi améliorer sa pratique et nourrir sa réflexion au
contact de personnes d’horizons divers. A cette fin, le CCT MAN privilégie les rencontres ayant peu de chances de se
réaliser dans l’environnement de travail. Il en est ainsi du séminaire organisé le 28 septembre dernier sur le management
de l’innovation, où des représentants du monde académique et du monde industriel ont été invités à croiser leurs regards.
Le « Dossier » (le huitième) de ce numéro des « Echos » donne les points de vue présentés ce jour-là et des pistes de
réflexion.
L’année 2011, pour le CCT MAN, a été particulièrement propice aux échanges et rencontres. En effet six séminaires ont
été organisés cette année en collaboration avec des services du CNES, d’autres CCT et des entités extérieures (l’Ecole
Supérieure de Commerce de Toulouse et l’association AFITEP). La rubrique « Zoom CCT MAN » complète la présentation
de ces animations par un bilan sur les adhésions, la composition du bureau et les perspectives 2012.
La rubrique « Zoom entreprise » parle de la formalisation et de la prise en compte du Retour d’Expérience au Centre
Spatial de Toulouse. Là aussi, la réussite de ce processus d’entreprise passe par la qualité des échanges pour une bonne
compréhension des faits constatés, et pour leur traduction en fiches pratiques au profit des communautés concernées.
Quand on demande aux chefs de projets chevronnés les conseils à adresser à un chef de projet débutant, 9 sur dix
répondent (avec plusieurs autres choses) : « bien communiquer avec tous ». Ce constat n’a rien d’un sondage mais est
tiré de l’analyse des 10 entretiens réalisés pour les « échos », depuis que notre publication électronique existe. Tous les
éléments de cette analyse sont donnés dans la rubrique « 3 questions à » consacrée à cette synthèse. Les entretiens
reprendront dès notre prochain numéro.
La phase de développement des projets Pléiades et Elisa s’est terminée par le succès du lancement des satellites le 17
décembre dernier depuis Kourou par une fusée Soyouz. Les performances techniques obtenues sont celles attendues.
La fiche du projet « Pléiades », fournie dans la rubrique « zoom projets », permettra à certains de mieux appréhender ce
type de projets et de mesurer peut-être la somme de rencontres, d’échanges et de négociations qui ont du être conduits
pour fixer les paramètres déterminants du projet (comme le montage industriel et les périmètres contractuels).
Le champ de l’évaluation des performances s’est déplacé ces dernières années vers les organisations et les équipes,
aussi bien dans le monde de l’Industrie que le monde de la Recherche. Le CCT MAN a organisé un séminaire sur ce
sujet le 7 juillet 2011 à Paris. A cette occasion, un indicateur nommé « état d’esprit », qui combine deux dimensions clefs
du comportement que sont les perceptions et les aspirations des individus, nous a été présenté. La rubrique « regard »
donne la parole au créateur de cet indicateur.
« Les échos » donne dans chacun de ses numéros, dans sa rubrique « ailleurs », la parole à des responsables
d’associations de management de projet qui vous proposent leurs rendez-vous. Cette rubrique présente aussi quelques
ouvrages à lire. Si vous voulez participer à cette rubrique, ou à une autre, n’hésitez pas : cctman@cnes.fr.
Bonne lecture et bonne année 2012 : qu’elle soit riche en échanges et en rencontres profitables sur le plan professionnel
et personnel
Pour le bureau du CCT MAN
L’animateur : Renaud DARDEL
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Janvier 2012
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Zoom Projets
© EADS Astrium/Master Image Films, 2007
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LE PROJET
PLEIADES
MISSIONS BESOINS
Pléiades est la composante optique du système
Orfeo développé en coopération avec l’ASI (Agence
Spatiale Italienne).
Pléiades est une mission « duale », capable de satisfaire à la fois des objectifs de défense et des objectifs
civils. Les capacités d’acquisitions « ciblées » à haute
répétitivité de Pléiades en font un système particulièrement adapté à des missions de type défense ou
sécurité civile.
Pleiades fournira une contribution unique et originale aux systèmes d’observation utilisables dans le
cadre de GMES (Global Monitoring for Environment
and Security). Par ailleurs, la résolution spatiale et les
capacités d’acquisition stéréoscopique de Pléiades
en font un système adapté aux besoins de carto-
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
Responsable de programme
Benoît BOISSIN
DSP/OT
Responsable technique
Eric BOUSSARIE
DCT/PO/OH
graphie ine, notamment en zone urbaine, et pouvant intervenir en complément de la photographie
aérienne. Ce système complétera les informations
fournies par d’autres capteurs, tels que ceux de Spot
5, pour des applications telles que la sylviculture, la
géologie et l’environnement marin, en fournissant
des informations mieux résolues spatialement, et
des possibilités de caractérisation tridimensionnelle
des surfaces. Pléiades est développé en coopération
avec l’Autriche, la Belgique, l’Espagne et la Suède.
DESCRIPTION TECHNIQUE PERFORMANCES
Le système Pléiades est constitué d’une constellation
de deux satellites optiques agiles (domaine visible et
proche infrarouge) qui permettront :
• une capacité d’accès journalière en tout point du
globe,
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Zoom Projets
• une résolution de 0,7 m en visée verticale,
• un champ de vue de 20 km,
• une capacité d’acquérir dans un même passage
une mosaïque d’images d’une taille de 120 km par
120 km,
• une capacité d’acquisition quasi instantanée de
couples stéréoscopiques de 20 km par 300 km,
• une capacité de couverture d’images sans nuages
de 2 500 000 km2 par an,
• une très bonne localisation des images (<1 m avec
points d’appui) permettant une utilisation optimale
des données dans des Systèmes d’Information
Géographique (SIG).
ORGANISATION
CALENDRIER EVENEMENTS-CLES / DATES
Evénement
Date clé
Phase B
octobre 2001 à octobre
2003
Phase C/D
octobre 2003 à
décembre 2010
Lancement Pléiades 1A
17 décembre 2011
lancement Pliéiades 1B
un an après
Après le lancement réussi du 17 décembre,
le satellite PLEIADES a délivré ses premières
images.
La recette en vol se passe nominalement
© CNES 2011
© CNES/ThalesAleniaSpace/OBRENOVITCH Yoann, 2008
Le CNES est maître d’ouvrage Pléiades et maître
d’œuvre système, Astrium est maître d’œuvre industriel des satellites. Spot Image sera l’opérateur civil
du système.
Le CNES est responsable du développement des
centres utilisateurs pour la Défense française, la
Défense espagnole et l’opérateur civil Spot Image.
Intégration de l'instrument optique FM1 du satellite Pléiades chez Thales
Alenia Space à Cannes.
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Janvier 2012
CNES - CCT MAN
Image de San Francisco acquise le 21 décembre 2011 par le satellite
Pléiades.
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Zoom Projets
Evènements - Projets
Quelques évènements 2012 liés à des projets du CNES
ALTIKA
SARAL
SWARM
Revue de
faisabilité (in de
phase A)
Lancement
Lancement
T2
T2/T3
T3
Projets
VEGA
ATV
SWOT
MERLIN
IASI NG
Evènements
Premier
lancement
Lancement
ATV3 Edoardo
Armaldi
Revue de faisabilité (in de
phase A)
Revue de faisabilité (in de
phase A)
T1
T1
T2
T2
Trimestres
cibles
MISSIONS/BESOINS
VEGA : Dans le cadre de la stratégie déinie par l’ESA, la réalisation d’un
lanceur permettant d’emporter de petits satellites en orbite basse est considérée comme un outil nécessaire à la consolidation de l’indépendance de
l’Europe pour couvrir une gamme complète de satellites.
© CNES/GRIMAULT Emmanuel, 2011
ATV : l'ATV, vaisseau cargo européen, est conçu pour ravitailler la Station
Spatiale Internationale, y rester amarré pendant plusieurs mois et assurer
un support propulsif à l'ISS. L'ATV-CC, situé au Centre Spatial de Toulouse,
est chargé de la conduite des opérations et de la coordination de l'ensemble
des moyens sols nécessaires, en interface avec les centres de contrôle ISS
de Moscou et Houston. Actus projet : http://www.cnes.fr/atv-cc
MERLIN : La mission MERLIN (MEthane Remote sensing LIdar missioN)
a pour objectif la restitution des lux de méthane (CH4) à l’échelle globale
(planétaire) grâce à une mesure précise obtenue par un LIDAR (LIght
Detection And Ranging). Les performances visées seront meilleures que
celles des systèmes existants, notamment les instruments IASI (METOP)
et Schiamachy (ENVISAT). La mission MERLIN est précurseur d’un nouvel
ensemble d’observatoires de la Terre pour le suivi du changement climatique et notamment des Gaz à Effet de Serre (GES).
SWARM : La mission de l’ESA Swarm a pour objectif scientiique la mesure
du champ magnétique terrestre par une constellation de 3 satellites identiques, mais sur des orbites différentes, ain de mieux séparer les sources
internes et externes du champ magnétique. Les études scientiiques apporteront une grande avancée de nos connaissances de la dynamique du
noyau terrestre, de la lithosphère aimantée, de la circulation des courants
électriques dans l'ionosphère et la magnétosphère, ainsi que de la nature
du signal océanique. Cette mission a été sélectionnée à l’ESA en 2004
comme la 3eme «Mission d’opportunité» du programme Earth Explorer. Le
CNES participe à cette mission par la fourniture des magnétomètres absolus du CEA/Leti (Commissariat à l’Energie Atomique/Laboratoire d’électronique et de technologies de l’information, Grenoble) nécessaires à la
charge utile des trois satellites de Swarm.
IASI NG : IASI, lancé sur le satellite METOP du programme EPS (European Polar System) d’Eumetsat en octobre 2006 a d’ores et déjà démontré
ses apports majeurs tant pour la météorologie opérationnelle que pour les
recherches scientiiques en météorologie, chimie atmosphérique et climatologie. L'instrument IASI-NG (New Generation) répond au besoin en sondage atmosphérique dans l'infra-rouge thermique dans le contexte mission
EPS-SG (Second Generation). Il doit à la fois assurer une continuité de
service en météorologie opérationnelle (suite de IASI sur EPS), et avoir des
performances améliorées d’un facteur 2 par rapport à IASI, pour répondre
aux besoins, à l'horizon 2020-2030, de la météorologie et de la "chimie de
l'atmosphère" exprimés par la communauté scientiique et par les utilisateurs du service "atmosphère GMES".
Le lancement du satellite européen météorologique METOP 2 (avec, en particulier, les instruments IASI, Argos 3 et Sarsat 3 où le CNES a été impliqué dans le développement ) prévu au deuxième trimestre et l’arrivée sur la planète mars de la sonde MSL (avec les deux instruments français
ChemCam (Chemistry and Camera) et SAM (Sample Analysis at Mars) à l’été 2012 sont aussi des événements remarquables à venir.
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CNES - CCT MAN
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Zoom Projets
© Astrium / A. Ruttloff / 2010
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SWOT : La mission SWOT (Surface Water and Ocean Topography) est une
mission Franco- Américaine destinée à une couverture globale de la totalité
des surfaces liquides à la surface de la planète. Cette mission fait l'objet
d'une recommandation d'implémentation prioritaire par le Decadal Survey
américain à l'horizon 2019. Elle a pour objectif d’atteindre une résolution
décamétrique sur les surfaces continentales (lacs, rivières) et les zones
côtières, et une résolution kilométrique dans les océans hauturiers. Cette
mission répond à un certain nombre d'objectifs de recherche et pré-opérationnels dans les domaines océanographique (circulation meso et submeso échelle…) et hydrologique (bilan et dynamique des surfaces d’eaux
continentales...) .
ALTIKA SARAL : La mission AltiKa sur SARAL (Satellite with ARgos and
ALtika) consiste à faire voler, simultanément à Jason-2, un altimètre en
bande Ka sur une orbite basse de forte inclinaison et avec une répétitivité
adéquate, pour l’observation de la circulation océanique à méso-échelle.
Ces caractéristiques d’orbite assurent une complémentarité avec un satellite de type Jason, en fournissant une couverture à haute résolution aux
hautes et moyennes latitudes. AltiKa répond donc au besoin d’altimètre
post-Envisat, nécessaire pour remplir les besoins de la communauté utilisatrice (recherche, mais aussi Mercator, Ifremer, Meteo-France, Shom).
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CNES - CCT MAN
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Zoom Projets
Trois questions à...
Dans ce numéro nous faisons la synthèse des enseignements majeurs que
l'on peut tirer des réponses obtenues au cours des 10 premiers articles
parus dans les Echos.
Par Didier Pecceu, CNES/DCT
Dix chefs de projets différents ont été interviewés,
dont un extérieur au CNES.
Les projets
Les projets concernés sont tous du domaine spatial ;
ils sont caractérisés par leurs domaines d'application,
leurs natures, leurs montages industriels et leurs
N°
tailles variées (du petit au grand projet, réalisé en
interne ou en collaboration internationale, pour
produire un logiciel, un instrument ou un système…).
Responsable
Entité
Dom.
Projet / activité
Prod.
Part.
Taille
1
Thien LAM-TRONG
DCT/PO
S
COROT
Sys
F
**
2
Nadia KAROUCHE
DCT/PO
OT
Megha-Tropiques
Sat
Co
**
3
Michel PIGNOL
DCT/TV/IN
SI
R&T
SI
–
*
4
Eric BOUSSARIE
DCT/PO
OT
Pléiades
Sys
C+F
***
5
Jean-Bernard DUBOIS DCT/PO
S
Microscope
Sat
Co
**
***
6
Marie JASINSKI
DLA
L
Soyouz au CST
L
Co
7
Xavier PASSOT
DCT/
S
Centre données GAIA
SI
Co + F *
8
Didier MASSONNET
DCT/PO/PM
S
Pharao
Instr
F
**
9
Philippe ROY
CNES – DCT/PO
OT
Hélios 2
Sys
C+F
***
10
J-Louis AUGUERES
CEA
S
Partie de l'instrument MIRI
Instr
Co
**
Légende des colonnes
• Dom. (Domaine de inalité du projet) : Lanceur, Observation de la Terre, Science.
• Prod. (Produit : Instrument, Lanceur, Satellite, Système, Système Informatique.
• Part. (Partenaires du CNES) : Client, Collaboration, Fournisseur.
• Taille (au sein de l'organisme considéré) : le nombre d'étoile croît avec la taille (et le coût).
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CNES - CCT MAN
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Zoom Projets
Les entretiens
L’option prise a été de privilégier la courte durée en limitant le nombre de questions à trois, qui sont
restées les mêmes pour les dix entretiens.
Première question.
Quels sont les points remarquables de ce
projet ?
Les points cités par les chefs de projets interrogés
sont ainsi, par ordre de fréquence :
• Les exigences techniques ambitieuses (4 fois)
qui nécessitent des études aux limites du savoirfaire, des arbitrages, et une implication importante
(impacts directs sur les délais et les coûts).
• Le montage industriel (3 fois) – Dans la moitié
des collaborations (best effort), l'absence
d'engagements contractuels complique l'action
du Chef de Projet face aux retards (voire aux
manques) des partenaires (pas de moyen de
pression contractuel). Un montage complexe,
décidée pour des raisons politiques plutôt que
techniques, génère également des dificultés
impactant les coûts et les délais.
• Les différences de cultures entre partenaires
(3 fois)
• Autres points : la durée des projets (2 fois) ;
le turn-over dans l'équipe (mémoire projet
écornée) ; l'information classiiée (lourdeur)…
Deuxième question.
Comment y avez-vous fait face ?
Les solutions, ou dispositions, majeures citées
par ordre de fréquence décroissante sont ainsi les
suivantes.
• Ensuite il faut être pragmatique : adapter les
règles, réduire les incertitudes, relâcher les
spéciications secondaires s'il le faut…
• Autres points cités : processus de développement
basé sur les standards du spatial (et suivi
rigoureusement), disponibilité d'une équipe de
gestion sufisante (Planning, Coût, Système, AQ,
GC), …
Troisième question.
Quels conseils donneriez-vous à un chef de
projet débutant ?
• Entretenir une bonne communication avec tous
(conseillée 9 fois / 10) : permanente, contacts
directs, préparation et explication des choix,
motivation et enthousiasme de tous, garder son
calme, être lexible, comprendre les attentes et ce
que l'autre veut (et ses craintes et ses contraintes),
climat de coniance, favoriser les compromis
pérennes…
• Maîtrise les principes de base (Organigramme
Produit, exigences, organisation, planning,
ressources…) et mettre en place un plan de
développement adapté.
• Autres points : prendre du recul ; penser en termes
de besoins ; un problème bien posé est à moitié
résolu ; conserver des marges inancières ; se
rappeler lors des discussions avec les industriels
que chaque partie a des objectifs bien différents
et que les enjeux (inanciers en particulier) ne sont
pas de même nature.
• Une bonne communication entre tous les acteurs
internes et externes (citée dans 9 cas sur 10).
Celle-ci permet d'assurer un processus optimal.
Encore faut-il assurer la coniance entre partenaires
(3 fois), la motivation de l'équipe projet (2 fois), et
un référentiel commun clair et approuvé au niveau
des exigences techniques, organisationnelles
et procédurales. Les réunions fréquentes et les
contacts informels sont indispensables, autant
que l'obtention de l'implication de tous et à tous
niveaux hiérarchiques.
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CNES - CCT MAN
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Zoom Entreprise
Retour d’expérience
(REX) à la DCT2 : c’est quoi et à quoi ça sert ?
Par Daniel Lacroix
Sous-directeur Adjoint de la Sous-direction
Assurance Qualité de la DCT
Introduction.
Un processus de REX a pour but d’identifier et de capitaliser tout ce qui permet d’éviter la
répétition des erreurs, de partager et de prendre en compte les bonnes pratiques, de favoriser le travail au quotidien par soumission d’exemples, guides ou autres outils...à partir
d’événements vécus.
Le processus de REX à la Direction du Centre de Toulouse consiste essentiellement à collecter (sous la
forme de iches) des faits vécus (à caractère positif ou négatif) par tout acteur d’une affaire ou d’un projet
et dans tous les domaines (programmatique, technique, etc.…). L’admissibilité d’une iche REX pour être
introduite dans une base centralisée est étudiée d’abord par des correspondants nommés dans les sous
directions « métiers » ou projet et opérations et ensuite par un comité des sages (appelé COREX) qui
amende et améliore les iches (ou les rejettent si elles ont un caractère trop ciblé c’est-à-dire ne concernant
par exemple qu’un seul « métier » d’une sous-direction) et enin valide les iches retenues. Le COREX propose aussi une traduction de chaque iche en « bonnes questions à se poser » pour aider les projets dans
l’utilisation au quotidien de cette base de données.
Le REX à la DCT peut donc se concrétiser par :
Fonctionnement et finalité
● une mise à jour de la documentation du RNC3 ou du
SMC4, lorsque c’est possible,
● des recommandations, dont la prise en compte peut
être vériiée lors des revues de projets par exemple,
● des enseignements utiles, permettant de faciliter la
tâche de ses collègues,
● d’alimenter un portefeuille de risques ou de retrouver
trace de faits techniques importants,
● la traduction en « bonnes questions » à se poser lors
du montage des projets, en cours de développement
ou lors des revues (problèmes soulevés types par
produits/revues/métiers…).
Le processus de REX a été mis en place en 2003
à la DCT. L’illustration de ses entrées/sorties et son
« Logo » ci-dessous illustrent son fonctionnement et
sa inalité. Il n’est pas la propriété d’une personne en
particulier, mais appartient à tout le monde. Il est mis
aux dispositions de tous, et est lui-même alimenté par
tous les agents sur la base de faits vécus proitables
aux autres.
2
DCT : Direction du Centre de Toulouse du CNES
RNC : Référentiel Normatif du CNES décliné en 3 branches : ingénierie, qualité et management. Ce référentiel regroupe un ensemble de documents normatifs permettant d’établir des spéciications applicables aux projets
4
SMC : Système Mangement du CNES. Le SMC est l’ensemble des dispositions et dispositifs que met en place le CNES pour piloter, maîtriser et améliorer
les activités en vue d’atteindre les objectifs ixés (ce référentiel est conforme aux exigences de la norme ISO 9001)
3
N°11
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CNES - CCT MAN
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Zoom Entreprise
D’un point de vue pratique, le REXDCT est accessible
via le portail du CNES sans mot de passe à tout agent
en suivant le chemin suivant:
CNES Pratique > Qualité projet > Retour d’Expérience.
Le moteur de recherche multicritère permet de
retrouver facilement les iches ou les FEPS5 type.
Aspects qualitatif et quantitatif.
D’un point de vue qualitatif, les iches de REX et les
FEPS types (ou bonnes questions à se poser au
bon moment dans le cycle de vie d’un projet) sont
approuvées par un comité des sages (le COREX6
représentant toutes les sous directions de la DCT
ainsi que les Directions fonctionnelles présentes sur
le Centre).
D’un point de vue quantitatif, environ une iche sur
trois fait l’objet d’une modiication (ou même d’une
création) d’un document du RNC ou du SMC.
Les 2 illustrations ci-dessous montrent d’une part une
vue instantanée (à in 2011) d’une part des iches de
la base REXDCT ayant fait l’objet d’un « rebouclage
» sur le RNC ou le SMC, et d’autre part son évolution
dans le temps de la contribution du processus REX à
l’amélioration de nos pratiques dans le développement
des systèmes orbitaux.
5
Fiche d’Etude de Problème Soulevé
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CNES - CCT MAN
6
COREX : Comité de Retour d’EXpérience
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Zoom Entreprise
Ce qu’il faut au moins savoir en résumé sur
le REX DCT
Pour les acteurs des projets, dans leur travail
quotidien, on peut y trouver facilement des
informations pertinentes d’évènements signiicatifs
(positifs ou négatifs) vécus par des collègues,
a) On y trouve des informations très spéciiques
pour alimenter le processus de maîtrise des
risques (par nature le REX contient des évènements
spéciiques très dificiles à anticiper…),
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
Une aide précieuse pour les projets ou les groupes
de revues par la mise à disposition des FEPS type qui
ne sont que les « bonnes questions à se poser »
au bon moment sur le bon produit et par l’acteur
concerné.
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Zoom CCT Man
Bilan 2011 et perspectives 2012
Le CCT MAN a organisé 6 séminaires7 et a diffusé deux numéros des « échos du management
de projet » (dont ce numéro 11) en 2011. Les perspectives de l’année 2012 ont été débattues
lors de l’atelier d’été du 13 septembre 20118, et discutées lors de l’Assemblée Générale du
13 décembre 2011 où le programme préliminaire 2012 a été défini. Le présent article revient
sur les différents points abordés lors de cette AG, dont un point sur les adhésions et la
composition du bureau 2012.
Animations 2011 :
L’année 2011 a été la plus chargée (en termes
d’activités, et en particulier en termes d’organisation
de séminaires) depuis que le CCT existe. La
dynamique déjà constatée les années précédentes
est donc encore montée d’un cran. Cette situation
est due aux sollicitations que le CCT MAN a reçues
in 2010, pour la première fois en nombre aussi
important.
Ainsi les 6 séminaires 2011 ont été organisés soit
avec des structures du CNES (services ou CCT),
soit avec des entités extérieures (Ecole Supérieure
de Commerce de Toulouse et l’AFITEP qui est
l’association francophone de management de
projet). Le séminaire organisé avec l’AFITEP a eu
lieu à Paris. C’était la première fois qu’un séminaire
du CCT MAN était organisé ailleurs qu’à Toulouse.
Les séminaires « REACh : analyse d’impact sur les
projets spatiaux » (dont l’organisation était pilotée
par le CCT MAT ) et « management de l’innovation
» font partie des séminaires non situés au cœur
du périmètre du CCT mais dont les sujets peuvent
néanmoins toucher de près le management de
projet.
Le nombre de participants aux séminaires a oscillé
entre 45 et 77 (avec un pic à 123 personnes pour le
séminaire « REACh »).
7
Séminaire : animation sur une journée en général (l’organiser sur une
demi-journée est tout à fait possible) où un thème lié à la conduite et au
management de projet est abordé via le croisement de plusieurs présentations dont certaines sont choisies délibérément hors du domaine spatial.
Une table ronde clôture le séminaire.
8
Quatre sujets étaient situés au cœur du périmètre
privilégié du CCT :
• Un dans le domaine « SHS» (Sciences Humaines
et Sociales) : séminaire « évaluation des
performances »
• Deux dans le domaine « métiers » : séminaires
« estimation des coûts » et « carrière et parcours »
• Un dans le domaine « méthodes » : séminaire « de
l’utilisation des règles de conception dans le cadre
d’un projet »
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
L’atelier d’été du CCT MAN a lieu en septembre de l’année n et a pour
but de préparer l’année n+1 en permettant au bureau de se « nourrir »
d’apports extérieurs. Il fait suite à un appel à idées adressé à tous les adhérents avant l’été de l’année n. Il se passe à Toulouse sur une journée. Le
matin est organisé autour de courtes interventions réalisées par des invités
sur des sujets choisis pour permettre d’identiier des thèmes d’animations
pour l’année n+1. Tout membre du CCT MAN s’étant manifesté auprès du
bureau, par exemple suite à l’appel à idée, peut être invité à cette matinée.
Après un déjeuner pris en commun le bureau se réunit, sans invités, pour
exploiter les résultats de la matinée. Ce travail est enrichi ensuite par le
bureau ain de préparer la proposition du programme de l’année n+1 qui
sera présentée à l’Assemblée Générale de l’année n. Le premier atelier
d’été a eu lieu en 2009.
9
CCT Matériaux
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Zoom CCT Man
Chaque séminaire a fait l’objet d’une synthèse. Les
présentations et les synthèses seront accessibles
pour les adhérents sur notre site web dès qu’il sera
disponible (La refonte des sites web des CCT a
pris du retard et devrait être inalisée avant la in du
premier trimestre 2012) :
► http://cct.cnes.fr/cct19/private/rapports_activites.
htm
A noter :
• les 9 recommandations issues du séminaire sur
le parcours professionnel qui ont été présentées
au Comité Directeur de la Direction du Centre de
Toulouse du CNES,
Bilan adhésions et bureau 2012
Les adhérents sont en augmentation constante
depuis plusieurs années et pour la première fois
le nombre d’adhérents extérieurs au CNES (107)
a dépassé le nombre d’adhérents CNES (99).
Le bureau 2012 est composé de 14 membres
dont 6 CNES, 1 3A CNES10, 2 labos CNRS, 2 CEA,
2 du milieu universitaire, 1 du milieu industriel11
• la proposition de création d’un groupe de travail à
l’issue du séminaire sur « l’utilisation des règles de
conception »,
• la dynamisation de divers réseaux (« communauté
des estimateurs des coûts des projets » par
exemple) permise par l’organisation et le
déroulement de certains séminaires,
• la création d’une formule originale de séminaire
(croisement des regards entre monde académique
et monde industriel) qui s’annonce prometteuse.
10
Retraité
11
R. Dardel (CNES/DCT) – Animateur ; R. Bellenger (CNRS/INSU) ; JC
Benech (CNES/IGQ) ; P. Boigey (Université des Sciences Sociales de
Toulouse I) ; Sophie D’Armagnac (ESC Toulouse) ; L. De Botton (CNES/
DCT) M. Fesquet (CEA/DSM) ; E. Fieux (CNES/DLA) ; C. Olivetto (CNRS/
IN2P3) ; D. Galarreta (CNES/DSI) ; F. Galzin (3A CNES) ; D. Pecceu
(CNES/DCT) ; F. Rouesnel (LuxSpace) ; M. Talvard (CEA).
250
206
184
200
156
159
143
150
112
93
100
66
50
0
63
107
99
72
46
2006
2007
Adhérents Cnes
N°11
87
80
63
93 91
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
2008
2009
2010
Adhérents extérieurs au Cnes
2011
total
page 12
Zoom CCT Man
© CNES/DELMAS Serge, 2010
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Journées R&T du CNES au centre des congrès Diagora, session 2010
Perspectives 2012
Organisation de 4 séminaires et participation à
l’organisation d’un atelier :
« Méthodes Agiles » - séminaire - organisation
CCT MAN et CCT SYS - organisation en cours –
programmé le jeudi 22 mars 2012 – Lieu : IAS
Toulouse – 1 Journée
Objectif du séminaire : « On parle de plus en plus
des méthodes "agiles" pour le développement des
systèmes informatiques. Ces méthodes commencent
à être utilisées sur le CNES et, au-delà de leurs
avantages, posent un certain nombre de problèmes.
L’objectif de ce séminaire est de présenter ces
méthodes, le retour d’expérience au CNES et
ailleurs, dans des domaines techniques spatiaux et
non spatiaux, d’ouvrir le débat sur leurs avantages
et inconvénients, et, si possible, d’identiier quelques
règles simples pour leur utilisation au CNES. »
(Extrait note d’organisation)
« Eco (matériaux ou conception) & Spatial » atelier organisé par plusieurs CCT et piloté par le
CCT MAT (matériaux) – organisation en cours (le
CCT MAN a rejoint le Comité d’Organisation) –
programmé le 15 mai 2012 - Lieu : IAS Toulouse – 1
Journée
Objectif du séminaire : « Cette journée est la
première sur la thématique organisée par le CCT
MAT. Elle a plusieurs objectifs : 1/ Sensibiliser aux
méthodes et outils permettant de faire de l’éco
conception, comme l’analyse du cycle de vie 2/
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
Connaître les matériaux ou procédés respectueux de
l’environnement qui pourraient avoir une utilisation
spatiale, pour des applications sol ou vol » (extrait
du projet d’appel à communication).
« Management en situation de crise » séminaire
– organisation CCT MAN et AFITEP - organisation
en cours – programmé le 01/06/2012 2012 – Lieu :
Paris – 1 Journée
Présentation du séminaire (à afiner par le Comité
d’Organisation) : « on entend par "situation de crise
dans un projet" une situation projet où les moyens
sont apparus insufisants en cours de projet,
ou lorsque les délais sont fortement contraints,
ou lorsqu’une situation imprévue met en péril
l’achèvement du projet (abandon d’un partenaire,
etc.). Le séminaire devrait porter sur l’analyse de
la prise de décision en situation exceptionnelle et
imprévue, en s’intéressant à des domaines où cette
situation est fréquente (services d’urgence, ..). Le
séminaire sera orienté SHS (dimension humaine) et
devrait porter sur la manière dont le management
réagit face à ces situations. »
« Identités et valeurs » séminaire – organisation
CCT MAN, et éventuellement partenaire (AD)
– organisation à venir – programmé deuxième
semestre 2012 – Lieu : Toulouse – 1 Journée
Présentation du séminaire (à afiner par le Comité
d’Organisation) : « les thèmes du séminaire seront
déinis à partir des missions du CNES et du spatial.
Cette « matière première », facilement accessible,
sera complétée par une rélexion plus théorique
page 13
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Zoom CCT Man
donnant l’occasion d’une certaine généralisation.
Cette généralisation permettra de pointer les enjeux
et la problématique. Des éclairages complémentaires
(comme l’approche sociologique) pourront être
proposés. Les moyens « pratiques » de faire émerger
une identité (comme le théâtre en entreprise)
pourront être abordés. La dimension éthique, qui
éclaire l’identiication (et la construction) des valeurs
de l’entreprise devra apparaitre. D’autres aspects
liés à la thématique du séminaire pourraient être
pris en compte comme la culture, les transmissions
des savoirs, les questions de mémoires d’entreprise,
etc. ».
« Management de l’information » séminaire –
organisation CCT MAN et éventuellement partenaire
(AD) – organisation à venir – programmé deuxième
semestre 2012 – Lieu : Toulouse – 1 Journée
Présentation du séminaire (à afiner par le Comité
d’Organisation) : les constats et les interrogations
suivantes, « captés » lors du déroulement de
l’atelier d’été, serviront de base au Comité
d’Organisation pour élaborer ce séminaire. «
Qu’entend-on par information ? Comment extraire
l’utile (collecte, archivage, diffusion…) ? Pour qui ?
Quels sont les intérêts commerciaux en jeu ? Peut
on clariier les concepts (gérer quoi, pourquoi, pour
combien de temps) et les méthodes et moyens
pour maîtriser l’information pertinente et utile ?
Quelle est l’information à échanger dans un projet
spatial, automobile… (Management, technique,
contractuel…) ? Deux critères forts : le temps (celui
d’un projet, 30 ans plus tard ?) et l’espace (volume
de la population des utilisateurs). Archiver est une
nécessité, mais l’on ne peut pas connaître l’utilité
de l’information plus tard. ATV = 200 t de papier.
La doc est devenue immatérielle. Conidentialité
de l’information, moyen de partage, différences de
point de vue (producteur / consommateur). Un bon
moteur de recherche… Google. Outils collaboratifs,
authentiication, qualité.» (Extrait du CR de l’atelier
d’été 2011 où ces points ont été posés).
« Maitrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre : REX
d’un chef de projet d’un domaine non spatial titre
AD) ».
Idée : trouver un chef de projet expérimenté d’un
domaine d’activités autre que spatial (par exemple
génie civil) ayant une expérience dans le montage
et dans le management d’un projet complexe où les
problématiques maître d’ouvrage et maître d’œuvre
sont similaires à celles du domaine spatial (un
intervenant potentiel est identiié). On demandera
à l’intervenant d’axer sa présentation sur ce thème.
Programmation AD.
Autres activités :
« Les Echos du CCT Management & projets » :
élaboration et diffusion des 2 numéros annuels de
notre publication électronique.
Site web : inalisation du site web et enrichissement
du site tout le long de l’année. Activation et suivi
du forum. Ouverture prévue d’ici la in du premier
trimestre 2012.
Congrès des 30 ans d’existence de l’AFITEP :
ce congrès se passera à Liège. Le CCT MAN sera un
des partenaires de l’organisation de cet événement.
Participation du bureau à la mise en œuvre des
actions issues du séminaire ABC 201112, et en
particulier pour celle concernant la révision du
concept et de la inalité des CCT.
L’adhésion au CCT MAN (comme à tout
CCT) est gratuite. Elle permet d’accéder
à l’information via la réception de mails
(annonces des événements, le présent journal
électronique, …) et via l’espace privé du site
web du CCT où sont enregistrées (entre autres)
les présentations des différents séminaires.
Organisation de 2 RMP
« Nouvelles méthodes de management »
– idée : trouver un intervenant du monde académique
proche du monde industriel pour nous exposer un état
de l’art des « nouvelles » méthodes de management
mises en œuvre ces dernières années (l’intervenant
est à trouver). Programmation AD.
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
Pour adhérer :
► http://cct.cnes.fr/cctinfo/adherer.htm
12
Séminaire organisé annuellement par le bureau de coordination des
CCT et auquel participent les animateurs de tous les CCT
page 14
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Regard
L’indicateur
« état d’esprit »
Copyright © RC&S 2010 - all rights reserved
Par René Rupert,
Rupert Consulting & Services
René Rupert est expert dans la conduite des hommes : il a développé
des outils pour la bonne gouvernance. Sa carrière dans l’industrie et
la finance lui a fait prendre conscience de l’usage abusif des indicateurs poussant les managers à décider en visant les symptômes au
lieu des causes.
Il est ingénieur de Chimie Paristech, MBA de l’INSEAD et est certifié en
psychologie appliquée par Nolan Norton, Palo Alto.
www.rupertconsulting.com
Nouveau paradigme.
L’indicateur état d’esprit rend possible le nouveau
paradigme de management nécessaire aux
organisations de pointe, car notre management
actuel butte sur l’absence d’outil pour intégrer
l’émotionnel au rationnel.
Cette problématique qui invalide la théorie économique
classique a été relevée par Herbert Simon (La Rationalité
Limitée lui a valu le Prix Nobel en 1979).
Perceptions et aspirations.
En créant la cartographie de l’état d’esprit, nous
développons l’outil nécessaire.
Voici d’abord pourquoi :
Sachant que
1. toute personne libère son énergie sur ce qui fait
converger ses perceptions vers ses aspirations13 et
que
2. le travail du manager consiste à donner envie à son
personnel de dépenser son énergie au projet dont il a
la responsabilité,
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
le manager doit savoir faire converger perceptions
et aspirations.
Quand il n’y a pas proximité entre managers et managés,
un cas dont la fréquence explose, le manager ne
dispose que des indicateurs RH pour voir comment faire
converger perceptions et aspirations. Ces indicateurs
sont tous14 des compilations des jugements des salariés
sur la convergence qu’ils voient individuellement entre
leurs perceptions et leurs aspirations.
Or ces jugements ne révèlent rien à leurs managers
de leurs perceptions et aspirations. Celles-ci restent
cachées dans les têtes des salariés.
Donc les décideurs n’ont pas l’information qu’il leur
faut pour décider et c’est bien par manque d’outil.
Que fait-on aujourd’hui ? On réunit des jugements et
on y fonde les décisions dessus, une insufisance car
les managers n’arrivent pas à créer la convergence
fondamentale pour que leurs collaborateurs déploient
leur énergie.
13
Aristote ; cela semble aussi être une constante caractérisant le vivant
l’étude
au CNRS)
Les
indicateurs
RH sont des compilations de jugements ; voir note en
14 (à
in d’article
page 15
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Regard
L’indicateur état d’esprit.
Perceptions et aspirations sont bien en effet les deux
dimensions clés. Mais au lieu de les comparer, ce qui
donne le jugement, (J=P-A), il faut les combiner (F(P,A)).
Là se trouve la clé du nouveau paradigme... et leur
combinaison s’appelle l’état d’esprit !
7
6
5
A
On ress ent les règ les
comme un étau
On res sent la facilité
du contournement
où
ts se
oje pr i
r
p re
r e nt
On s e s ent
n t l’e On se sent
Volonté d’implication
isolé co d e
s et
s ous employé
et de suppléance
e
t d roj
en u p
On a envie
m a
r
fo ée
d’agir
se etir
ens emble
où e r
ti e er gi
On a envie
m
Volo nté de s’ass ocier
L i l’én On se sent
de se cacher
et de s ’a ccorder
va maintenu à l’écart
On s e s ent
tyrannisé
3
On s e s ent
exclu
de s oi
C
On se s ent
infantilisé
4
Réalis ation
de la divinité
Réalis ation
des autres
Réalisa tion
On res sent les autres
comme un fa rdeau
On s e sent
responsable
derrière l’autre
En faisant s’expliciter les perceptions et les aspirations,
nous donnons aux managers le moyen de faire converger
par leurs décisions, les perceptions et aspirations de
leurs collaborateurs et cela change tout. Comparer
le Toyota Way au management classique de General
Motors.
Voici comment faire :
7
6
5
4
2
On s e s ent
incompris
On s e s ent
menacé
1
Volonté limitée
à la réalis ation
Volo nté limitée
à la qualité
et au s ens
On apprécie
On a le s entiment
quelques
de perdre s on temps
échanges
On ne sait pas ce
qu’il faut faire
On a peur de ne
pas pouvoir s uivre
On se s ent
trop ex pos é
On ress ent
un vide
Dés es poir
On s ’en v eut
On res sent
un v ide
vertigineux
On se sent
intimidé
P
2
3
4
Comment se détermine la cible ? À partir de la
complexité. Quand on agit sous les projecteurs comme
au CNES, les processus de travail sont essentiellement
des processus synergiques proches de F(4,4).
A=P
3
Usages de la cartographie des états d’esprit
1. Outil de rélexion stratégique
2. Outil de diagnostic, de navigation et de contrôle :
positionnement
précis,
quantiication
de
l’opportunité à saisir, et guidage de l’action.
2
1
1
2
3
4
P
5
6
7
On fait s’expliciter, à l’aide d’un questionnaire, les
perceptions puis les aspirations, repérées sur des
échelles normées à cinq échelons. On déinit ainsi 25
états d’esprit distincts. Au CNES, les processus critiques
sont complexes et doivent idéalement être traités dans
un état d’esprit voisin de F(4,4). La charte du manager
s’en rapproche beaucoup.
Toutes les activités managériales, bien toutes – donc
chaque mot que prononce le manager – laissent
des traces sur l’état d’esprit de ses collaborateurs et
sont représentables par de petits vecteurs sur cette
cartographie de l’état d’esprit décrit par mots clefs : elles
déplacent l’état d’esprit. C’est cette propriété que nous
utilisons pour que les managers fassent coïncider l’état
d’esprit au travail avec celui qui est rendu nécessaire par
la complexité à traiter.
N°11
On s e s ent
indés irable
1
A
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
L’équipe est
dés emparée
Applications
• Guider le management dans toute réorganisation
et conduite du changement
• Guider le management dans sa communication et ses
pratiques managériales
• Guider et faciliter la communication entre direction
et syndicats
• Assurer les meilleures conditions pour la créativité
et l’innovation
• Résoudre les conlits de manière sûre
• Anticiper et réduire le risque psychosocial
• Justiier tout investissement là où il n’y a pas
d’indicateur inancier établi.
page 16
5
6
7
Retour
sommaire
Regard
Conclusion : qu’est-ce qui change par
rapport aux pratiques connues ?
Le management a le moyen de voir l’essentiel des
aspirations et des perceptions des salariés, donc
de connaître et d’agir sur l’état d’esprit au travail, le
paramètre oublié de la conduite des hommes, devenu
important parce qu’on sait traiter tous les autres, parce
que le travail est devenu intellectuel, parce que le
management se fait de plus en plus à distance, parce
que souvent des indicateurs incomplets ont pris le pas
sur le contact direct, etc.
Tout cela n’existe pas encore et on décide au feeling,
à l’intuition, par analogie mais pas selon un schéma
déductif.
PUBLICATIONS
• RUPERT (R.).- “Key Performance Indicator Autonomy”. Revue de l'Observatoire
de la Finance. 8e rencontre internationale,
Septembre 2007 - Rédacteur en chef : Professeur Paul H. Dembinski, Université de
Fribourg, Suisse.
• RUPERT (R.).- “Mindset”, the indicator for
risk and performance. Revue Économique
et Sociale. Vol. 65, June 2007- ISSN 0035
– 2772 - Rédacteur en chef : Professeur
Fabien de Geuser, HEC, Université de Lausanne.
• RUPERT (R.).- La réponse à la complexité
avec la Boussole du management. AG1580,
éditions Techniques de l'Ingénieur, traité
L'Entreprise
industrielle.
janvier.2005.
Rédacteur en chef : Jean-François Vautier,
Commissariat à l’Énergie Atomique.
Sur simple demande à
rene.rupert@rupertconsulting.com
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
Note complémentaire : les indicateurs RH
sont des compilations de jugements
Tous les modes de sondages, notamment ceux
élaborés par Karasek et Technologia appellent des
jugements. Voici la question 40 du questionnaire de
Technologia « dans mon travail, j’ai le sentiment d’être
exploité ». Existe-t-il une échelle communément
acceptée permettant de répondre objectivement
« pas du tout d’accord », « plutôt pas d’accord »,
etc. ? NON.
Les 170 autres questions sont identiques. Les
réponses ne sont pas consolidables mais on en tire
des moyennes quand-même ! Même si la majorité
répond « oui », sait-on de quel type d’exploitation on
parle ? Sait-on ce qu’il faut faire ? NON. L’appréciation
est relative.
Le taux d’absence au-delà du taux de maladie
usuel est le résultat du salarié jugeant, souvent
consciemment, justiié de ne pas se présenter au
travail. Cet indicateur est donc une compilation des
jugements des salariés ; le taux de démission idem.
Le taux d’erreurs et le taux d’accidents sont, au-delà de
ce que cause l’ignorance, le résultat d’un relâchement
de vigilance des salariés dont les préoccupations se
sont éloignées du travail qui se présente à eux. Ce
relâchement est le résultat d’un jugement dont le
salarié n’a pas forcément conscience mais qui traduit
sa perte de vue de l’intérêt de ce qu’il fait. C’est
sa démobilisation. Ces indicateurs sont aussi des
compilations de jugements.
Tous ces indicateurs RH d’usage courant ne donnent
qu’une image de la situation mais ne permettent pas
de décider d’un programme d’amélioration.
page 17
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Ailleurs
ASSOCIATIONS
AFITEP - Association Francophone
Infos pratiques:
de Management de Projet
Contact : Aleksandra Stojanovic
mail : ► info@afitep.org
tél. : 01 55 80 70 60
Sites Web: ► www.afitep.org
► www.afitepcongres.org
► http://www.afitep.fr/
« PMI Chapitre France Sud »
en Midi-Pyrénées
Par Géry Schneider,
Chef de Projet Sénior IBM (certifié PMP®),
Vice-président du Chapitre PMI France-Sud,
section Midi-Pyrénées (pmi-fr.org)
« PMI Chapitre France Sud » en Midi-Pyrénées :
► http://www.pmi-fr.org
Le chapitre PMI France-sud est fier d'accueillir le
CONGRES EUROPEEN
PROJECT MANAGEMENT INSTITUTE
MARSEILLE 7-9 MAI, 2012
Par ailleurs, la section toulousaine organise
le vendredi 17 janvier un cercle de discussion
collégial ouvert à tous sur réservation et traitant
des « Équipes Virtuelles, Projets distribués ».
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
La Cible, seule revue francophone dédiée
au management de projet, téléchargeable
en accès libre sur le site ► http://www.afitep.org
rubrique La Cible ; Informations sur les certiication de compétences en Direction et
Gestion de projet ► http://www.afitep.org
rubrique Certiication.
Le 16 décembre à Toulouse, un cercle de
discussion a réuni les membres du chapitre PMI
France-sud pour une présentation sur « Getting
things done », une méthode qui remet en
question les idées communément répandues sur
la gestion des priorités et offre un cadre structuré
pour maîtriser le flux d'information auxquels nous
avons tous à faire face.
Auparavant, la section Midi-Pyrénées du chapitre
PMI France-sud avait organisé en novembre
une conférence « La gestion du stress et des
conflits dans les projets ». Cette conférence
gratuite et ouverte à tous sur réservation a permis
aux Chefs de Projets d'apprendre comment «
Gérez les situations conflictuelles, grâce à votre
profil managérial XTrem7» et « Gérer le stress à
la source » grâce à la technique de la cohérence
cardiaque.
Pour plus d'informations, consulter le
programme des événements de la section
Midi-Pyrénées ou contacter
► midi-pyrenees@pmi-fr.org
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Ailleurs
A LIRE...
Des membres du bureau du CCT MAN vous recommandent …
THE PROjECT MANAGEMENT OFFICE (PMO):
A QUEST FOR UNDERSTANDING
Autheur : Brian Hobbs, PhD, PMP and Monique Aubry, PhD, MPM
Pages : 196
ISBN13 : 9781933890975
Prix, 39,95 €
Description de l’ouvrage
Bien que le PMO commence à apparaitre ces dernières années dans les organisations, les acteurs de projets et les
organisations se posent de nombreuses questions tant sur les processus d’organisation pour structurer leur PMO que
sur les fonctions qu’elles doivent leur attribuer.
Le livre que nous proposons au lecteur est intitulé : The Project Management Office (PMO): A Quest For Understanding, dont les auteurs, tous reconnus pour leur expertise, Brian Hobbs et Monique Aubry tentent de répondre à ces
questions. Pour ce faire, ils nous proposent une lecture transversale et complète sur le PMO d’aujourd’hui ainsi que
des clés de lecture sur leur évolution à venir.
De plus, ce livre se focalise particulièrement sur les acteurs de projets. Les auteurs soulignent l’importance et le rôle
que jouent les PMO dans les organisations et soulignent que les PMOS fournissent des informations précieuses pour
l’ensemble des parties prenantes. Et pour dépasser toutes les questions sur la structuration du PMO, ces auteurs se
proposent de définir et de construire un PMO par type, c'est-à-dire de le construire en fonction des caractéristiques
structurelles et des fonctions et des types de rôles de PMO que l’on veut dans l’organisation.
Enfin, les auteurs se posent la question de savoir si le PMO est le signe d’une innovation en matière organisationnelle
ou au contraire le signe de sa propre désorganisation et instabilité. La meilleure réponse, mais nous vous laissons la
lire dans le détail, serait que les PMO sont toujours en plein développement.
Nous avons aimé l’approche et la clarté du propos. S’il est vrai qu’en France le PMO n’est pas encore pleinement
développé, ce livre a le mérite de clarifier le sujet.
MANAGEMENT DE L’INNOVATION DE LA STRATéGIE AUX PROjETS
Autheurs : Sandrine Fernez-Walch, François Romon
Description de l’ouvrage
Sandrine Fernez-Walch est intervenue lors du séminaire que nous avons organisé le 28 septembre 2011 sur le
management de l’innovation (cf. dossier n°8). Nous vous présentons l’ouvrage qu’elle a écrit avec François Romon.
Pour l'entreprise, l'innovation constitue un enjeu réel et devient une activité récurrente et stratégique. Mais bien
qu'omniprésente, l'innovation garde son caractère d'incertitude. Son management nécessite vision et créativité tout
autant que rigueur et contrôle, constituant ainsi un véritable défi pour les entreprises.
Cette nouvelle édition traite l'ensemble des questions du management de l'innovation tant au niveau des processus
opérationnels que stratégiques des entreprises.
Pages : 400
ISBN 978-2-7117-7393-1
Prix, 39,50 €
Elle propose de nombreux exemples, des études de cas avec corrigés et des témoignages de praticiens. Elle prend
en compte les évolutions récentes des pratiques, savoirs et savoir-faire en management d’innovation : innovation
ouverte, design thinking, stratégie « océan bleu »
Cet ouvrage s'adresse particulièrement :
• aux étudiants en management et en ingénierie se destinant à être chefs de projets d'innovation, membres d'une
équipe projet ou spécialistes des nouveaux métiers d'accompagnement de l'innovation,
• aux experts et aux cadres acteurs de l'innovation dans les entreprises et les organismes de soutien, de financement et d'accompagnement de l'innovation,
• aux enseignants-chercheurs et formateurs.
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
page 19
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Vous avez envie de faire part de vos lectures en lien avec
la conduite et le management de projet ? N’hésitez pas !
Vous pouvez nous adresser une courte chronique à :
► cctman@cnes.fr
Comité de Rédaction :
Jean-Claude BENECH- CNES/IGQ
Philippe BOIGEY –Université des Sciences Sociales de Toulouse I
Renaud DARDEL - Rédacteur en Chef – CNES/DCT
Didier PECCEU – CNES/DCT
Ont contribué à ce numéro :
• Sophie d’ARMAGNAC - ESC Toulouse « Le dossier N° 8 »
• Jean-Claude BENECH - CNES/IGQ « Le dossier N° 8 »
• Philippe BOIGEY - Université Sciences Sociales – Toulouse I : « Ailleurs », « Le dossier N° 8 »
• Renaud DARDEL - CNES/DCT : « Editorial », « Evènements projets des systèmes orbitaux », « Zoom CCT
MAN », « Ailleurs » et « Le dossier N° 8 »
• Michel DELANOUE - CNES/RH « Le dossier N° 8 »
• Victor DOS SANTOS PAULINO - ESC Toulouse « Le dossier N° 8 »
• Daniel LACROIX - CNES/DCT : « Zoom entreprise»
• Didier PECCEU -CNES/DCT : « Trois questions à … »
• Géry SCHNEIDER - Chapitre PMI France-Sud : « Ailleurs »
• Lionel Baize - CNES/DCT : « Le dossier n°8 »
• René Rupert - Rupert Consulting & Services : « Regard »
CCT MAN © 2006
Conception, réalisation ACM © 2012
Iconographie CnesDiffusion
« Les Echos du CCT MAN » sont diffusés à tous les Adhérents du CCT MAN ainsi qu’aux participants à la formation
« Filière management de projet » des Centres de Toulouse et d’Evry.
Notre site : ► http://cct.cnes.fr/cct19/sommaire
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
page 20
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ACM 2012-037 - CNES Toulouse.
Les Echos du CCT
management et projets
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Dossier n°8
MANAGEMENT DE L’INNOVATION:
DES CONCEPTS AU TERRAIN.
REGARDS CROISES ENTRE RECHERCHE
ET ACTEURS INDUSTRIELS
Dossier construit à partir du séminaire organisé par le CCT MAN
du CNES en collaboration avec l’Ecole Supérieure de Commerce
de Toulouse le 28 septembre 2011 à Toulouse.
LE SEMINAIRE .............................................................................................................. p. 23
INNOVER DANS L'INNOVATION ................................................................................... p. 24
LE REGARD EXTERIEUR .............................................................................................. p. 46
© Management, je me marre !!! / Gabs, Jissey / éd. Eyrolles
LES « IDEES-FORCES » ............................................................................................... p. 51
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
Dossier n°8 - page 22
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Dossier n°8
LE SEMINAIRE
Positionnement
La stratégie d’une entreprise sur l’innovation
dépend, entre autres choses, de son positionnement dans le paysage industriel et de son statut
: entreprise publique, organisme de recherche,
maître d’œuvre industriel, PME, … En fonction de
ce positionnement la stratégie en terme d’innovation peut être de favoriser « la recherche applicative » ain d’augmenter les proits, ou la valeur
à court terme, ou pour simplement survivre.
D’autres positionnements, en revanche, peuvent
favoriser le long terme en privilégiant la recherche
fondamentale. Apporter une attention particulière
à la production de nouvelles connaissances,
sources d’innovations potentielles sans en être
sûrs, est d’ailleurs une des missions des organismes de recherche publics. La frontière entre
« la recherche applicative » et la « recherche fondamentale » est donc en réalité particulièrement
loue au sein d’une entreprise privée, ou non.
Aménager l’innovation au jour le jour est un pari
d’une entreprise qui conçoit un produit ou service
nouveau et qui est ainsi innovante. Cet aménagement concerne aussi bien le processus choisi
pour concevoir cet objet, que le lien entre les
activités de R&T de l’entreprise et les projets de
développement. Chaque acteur, ou chaque partie
prenante, a son importance dans le processus
d’aménagement de l’innovation.
Le séminaire s’est intéressé plus particulièrement à ces deux axes du management de l’innovation. Ce séminaire a été l’occasion privilégiée
de « confronter » les concepts au terrain. Il présentait en effet des regards croisés venant du
monde de la recherche et du monde industriel.
Le titre du séminaire : « Management de l’innovation : des concepts au terrain. Regards croisés entre recherche et acteurs industriels.» en
témoigne.
Préparation
Le Comité d’Organisation du séminaire était
constitué de :
• Lionel Baize, Jean-Claude Benech, Renaud
Dardel et Michel Delanoue du CNES
• Sophie d’Armagnac et Victor Dos Santos
Paulino de l’ESC Toulouse
• Philippe Boigey de l’Université Toulouse 1
Michela Denis de l’ISIA Florence (et collaboratrice à l’Université de Toulouse Le Mirail) a été
sollicitée par le Comité d’Organisation pour
apporter un regard extérieur et aider au déroulement
de la journée
Déroulement
Le Séminaire s’est déroulé le 28 septembre
2011 à Toulouse. Quarante neuf personnes y ont
participé (dont 45 % du CNES et 25 % du monde
académique).
Le présent dossier fournit les résumés des neuf interventions,
ainsi que le regard extérieur et les « idées forces » relevées
par les organisateurs.
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
Dossier n°8 - page 23
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Dossier n°8
« Innover dans l’innovation ?
Ressource pour un espace au service
des enjeux sociétaux - La vision du Groupe
de Travail Innovation du CNES »
Par Michel Delanoue, CNES chef du service Carrières et Compétences à la DRH et co-animateur
du Groupe de Travail Innovation (GTI)* du CNES
Michel Delanoue est de formation d’ingénieur Sup’Aéro (1986), MBA et master RH de l’université
Paris Dauphine (2010). Il a un parcours dans le secteur spatial. Après 10 ans dans l’industrie
sur le projet du moteur Vulcain d’Ariane 5 (à la SEP), et 3 ans à la direction industrielle d’Arianespace
en tant qu’autorité technique sur les étages supérieurs d’Ariane 4 et 5, entrée au CNES il y a 11 ans,
il a travaillé 4 ans à la DLA en tant que manager d’une équipe technique (Systèmes Propulsifs
et Etages), puis d’une équipe projet chargée de la préparation du futur des lanceurs (prospective,
R&T, avant-projets) et travaille actuellement depuis 7 ans à la DRH, chef du service « Carrières
et Compétences ». En parallèle depuis 3 ans, co-animateur du Groupe de Travail Innovation du CNES.
Le CNES a engagé depuis 2008 une rélexion sur sa
démarche d’innovation. L’ambition est d’ « innover
dans l’innovation » : être en mesure d’entretenir
en permanence une capacité de régénération et
mobilisation de son intelligence collective dans
son environnement, ain que le secteur spatial
serve au mieux les enjeux des citoyens dans la
société contemporaine. L’innovation fait partie
des évidences du CNES en tant qu’élément de
patrimoine, d’attribut d’une activité spatiale encore
jeune, et d’apanage culturel d’un organisme né
dans une culture de pionnier. Ce goût de l’innovation,
largement partagé non seulement au sein du CNES,
mais aussi dans le secteur spatial tout entier, est
une force.
Pourtant la toute 1ère étape dans le groupe a consisté
à s’entendre sur la nature de l’innovation dont on
parlait. Dans un monde d’ingénieurs, le 1er rélexe
est souvent de penser spontanément technologie,
invention, brevets, voire de rêver de la rupture,
avant d’envisager un spectre plus large à la notion
d’innovation.
Pour converger et structurer, il a été utile de revisiter
l’histoire et d’en extraire trois logiques d’actions
toujours présentes, mais avec des intensités
variables en fonction des époques :
- l’innovation technique, identitaire et structurante
dans le secteur spatial, toujours légitime comptetenu de la sévérité des contraintes inhérentes aux
phases de lancement et au milieu dans lequel les
satellites évoluent sans réparation possible,
- l’innovation industrielle, ayant permis de passer
de la conception pionnière à la production de
ilières,
- l’innovation d’usage : en se déployant dans la
vie quotidienne, l’espace s’est progressivement
insinué dans des domaines d’usages entraînant
les ingénieurs loin des domaines fondateurs de la
défense et de la science.
Le groupe a finalement distingué quatre types
d’innovation à articuler entre elles :
- technique et technologique,
- organisationnelle (fonctionnement interne : RH,
culture, collectif ; partenariat),
* GTI : Groupe de Travail Interne
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
Dossier n°8 - page 24
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Dossier n°8
Edition 2011(la onzième) des “Journées CNES Jeunes Chercheurs”,
Toulouse.
partenariaux), soit par le partage d’une culture
sufisamment commune.
Une dernière étape importante a été relative à
la notion d’écosystème : on ne peut se situer
uniquement dans un écosystème spatial coniné.
C’était peut-être vrai lorsqu’il ne s’agissait que
d’accès à l’espace, voire de sciences spatiales,
© CNES/GIRARD Sébastien, 2011
L’étape suivante a consisté à converger sur ce qui
peut faire utilement l’objet d’un pilotage en matière
d’innovation, reprenant in ine la vision de Thierry
Weil, professeur à Mines Paris Tech et animateur
de rencontres autour de l’innovation. Ainsi,
outre l’apport d’une synthèse quant à la inalité
du management de l’innovation : construire,
entretenir, et mettre en œuvre une capacité
collective d’innovation, il a permis de ne pas se
cantonner à l’aspect coordination des processus,
mais d’intégrer les deux autres composantes du
management de l’innovation : les aspects humains
et organisationnels d’une part, et d’autre part le
nécessaire travail de la cohésion dans la durée, soit
par des cadres de gestion (contractuels, régionaux,
© CNES/JALBY Pierre, 2011
- d’usage (nouveaux services satellitaires,
nouveaux usages des données spatiales),
- politique (stratégique, européenne,
internationale).
Réunion des équipes franco-américaines du projets MSL Curiosity.
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
Dossier n°8 - page 25
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Dossier n°8
mais la défense a très vite introduit la nécessaire
interopérabilité de la ressource spatiale avec
d’autres moyens terrestres, maritimes et aériens.
Lorsque l’on multiplie les usages potentiels,
apparaissent des questions très différentes pour
rencontrer le besoin des utilisateurs : l’écosystème
des télécoms n’a rien à voir, par exemple, avec
celui de la santé, et au sein de l’observation de la
Terre il semble nécessaire de distinguer plusieurs
écosystèmes.
Et comment aborder de nouvelles questions comme
la mobilité, l’énergie, la gestion de l’eau ? Le spatial
apparait ici de plus en plus comme un moyen à
articuler avec d’autres au sein d’un écosystème.
Cette notion est aussi à considérer sous l’angle
territorial, comme en région Midi- Pyrénées.
Suite à ces 1ères rélexions, le GTI a élaboré un
programme de travail, validé par le COMEX**,
mettant en œuvre des partenariats de recherche
nouveaux au CNES, sur les thèmes suivants :
- les régimes de conception dans le processus
d’innovation (avec le CGS de Mines Paris Tech),
de la génération d’idée à la réalisation d’études et
projets innovants en passant par leur sélection et
leur pilotage,
- les logiques d’actions, d’écosystèmes (avec le
CRG de l’Ecole Polytechnique),
- la valeur de la donnée spatiale pour la société (cas
des changements environnementaux planétaires) :
construction de la valeur (avec le CRG), processus
de socialisation (avec le GSPR, EHESS), et usage
des données satellitaires par les climatologues
(avec le centre Alexandre Koyré, CNRS-EHESS),
- l’enrichissement de la culture de l’innovation et la
gestion des ressources humaines,
- la gestion de l’information, la veille, et la
communication.
Ces travaux se poursuivent et n’en sont pas tous au
même stade de maturation, mais on peut citer pour
exemple quelques résultats intermédiaires obtenus
avec le CGS et le CRG.
Le CGS fait la distinction entre un régime de
conception réglé, mode projet classique, et
un régime de conception innovante favorisant
l’émergence de concepts et usages en rupture,
en s’appuyant sur sa théorie C/K (C pour concept,
K pour knowledge) pour décrire et stimuler les
mécanismes de raisonnement en œuvre dans les
processus d’innovation.
La recherche-intervention menée au CNES a mis
en évidence :
- l’excellence du pilotage pour ce qui concerne le
régime de conception réglé (projet),
- peu ou pas de conception innovante, peutêtre lié aux contraintes excessives de l’espace
(management des risques, coûts, iabilité,…),
- mais une capacité d’innovation distinctive et
fréquente, baptisée depuis « régime d’extension
des usages », permettant d’aider l’écosystème
à inventer de nouveaux usages : comme par
exemple dans le cas de l’altimétrie et du satellite
SWOT l’extension de l’océanographie grande
échelle au traitement des leuves et des rivages,
- la distinction de deux logiques d’activités
« amont » très différentes, toutes deux précieuses,
gérées jusqu’ici de façon identique :
• une logique de pré-développement, pour spéciier
une mission ou un système et s’assurer de sa
faisabilité et intérêt,
• une logique de pré positionnement, pour explorer,
repérer les connaissances manquantes, générer
de nouvelles propositions de mission, ou proposer
des concepts en rupture à fort potentiel ouvrant
à une exploration conjointe au sein d’un
écosystème.
Ces deux logiques nécessiteraient sans doute des
modes d’évaluation et de pilotage distincts, et la
recherche-intervention se poursuit pour aboutir à
des propositions en ce sens.
Pour ce qui concerne la question de la valeur de
la donnée spatiale, il y a 50 ans, dans une logique
d’après-guerre, on ne se posait pas la question
** COMEX : Plus haute instance de décision du CNES
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Dossier n°8
de la valeur d’usage : logique d’objet et logique
industrielle étaient prédominantes. Aujourd’hui,
l’environnement de l’innovation est de plus en plus
contraint, et chaque usage nouveau arrive dans un
univers saturé où le rapport au temps s’est accéléré.
L’enjeu n’est plus seulement de faire des objets
spatiaux qui marchent et de savoir les industrialiser,
mais en même temps de trouver la bonne
temporalité avec les acteurs d’un écosystème pas
toujours constitué.
Sur ce sujet, un master PIC mené avec le CRG
par deux élèves de dernière année (binôme
HEC/Ponts), a mis en évidence, à partir de leur
monographie détaillée de l’histoire de la météo, les
enseignements suivants:
- il existe des moments favorables pour permettre la
création de valeur,
- la valeur de la donnée n’est pas innée : elle se
construit tout au long du projet,
- évaluer la valeur ajoutée a priori n’est pas iable
pour décider d’un go/no go,
- il y intérêt en revanche à comprendre les leviers
de création de valeur pour essayer de les actionner.
Cinq leviers de création de valeur ont pu ensuite
être identiiés à partir de ce cas : solliciter un acteur
fort, s’appuyer sur une communauté scientiique
compétente, aider au développement des
technologies complémentaires, aligner les différents
acteurs de la chaîne de valeur, et en stimuler
l’extrême aval.
Une thèse poursuit actuellement ces travaux. Elle
vise notamment à mettre à l’épreuve des outils de
gestion pour piloter la construction de la valeur et
passer plus facilement du marché de niche adopté
par des pionniers à la recherche de marchés
prescripteurs.
Concernant la coordination des processus
d’innovation, les travaux menés avec le CGS et le
CRG permettent de revisiter la façon de travailler
l’exploration amont.
Quant au travail de cohésion dans la durée, les
apports relatifs à la construction de la valeur et aux
domaines d’innovation inluent sur le positionnement
des CCT, et sur la contribution du CNES à des
initiatives régionales favorisant l’émergence de
communautés fédérées d’utilisateurs du spatial.
Les aspects humains et organisationnels font eux
l’objet du renforcement de démarches internes
comme la GPEC, la Démarche Compétences, la
gestion des experts et de l’expertise, ou encore la
communication et la formation visant à mettre les
salariés en capacité de réviser leur conceptions de
l’innovation.
L’objectif est d’accroitre ainsi les capacités
individuelles et collectives à se saisir de questions
nouvelles, et développer une culture favorisant
davantage la curiosité, le débat, et la coopération.
Ce programme contribue actuellement à la
formulation d’une politique d’innovation permettant
d’orienter la dynamique collective vers les priorités
stratégiques du CNES, et de soutenir l’intuition
des personnes par des instruments de gestion et
des ajustements organisationnels appropriés. Le
contexte de grande rigueur budgétaire, de
compétition internationale, tout autant que
l’importance des déis sociétaux pour lesquels
l’espace peut être convoqué renforcent encore
la pertinence d’un management stratégique de
l’innovation.
Michel Delanoue
En reprenant le modèle à trois composantes du
management de l’innovation de Thierry Weil, les
apports concrets à ce stade sont en synthèse les
suivants :
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Dossier n°8
« La R&T aéronautique civile :
enjeux et organisation »
Par Bruno Stoufflet,
Président de la Commission R&D du GIFAS
Bruno Stouflet est diplômé de l’école Polytechnique, Docteur-Ingénieur en Mathématiques Appliquées de
l'Université Paris VI. Bruno Stouflet a réalisé toute sa carrière dans le secteur aéronautique. Il a débuté
dans le développement de méthodes de simulation numérique en aérodynamique. Il a participé à de grands
programmes de recherche européens, tels la navette Hermès, le programme de recherche aéronautique
européen Clean Sky et a contribué de manière très active au renforcement des activités scientiiques de
Dassault Aviation. Il est actuellement Directeur de la Stratégie Scientiique et Directeur de la Prospective.
Il a en charge la préparation des produits futurs civils et militaires et la coordination des activités de
Recherche & Technologie de la Société. Il est actuellement Président de la Commission R&D du GIFAS,
membre de la Commission R&T de l'ASD et correspondant de l'Académie de l'Air et de l'Espace.
Les enjeux de l'aéronautique civile sont tout
d'abord rappelés :
• Poids croissant pris par les questions environnementales et la sûreté de fonctionnement
• Disparition progressive des recherches, technologies produits et réglementations spéciiquement militaires en dehors de niches
• Transformation de l’avion en un nœud d’un
réseau, permettant une automatisation accrue
• Demande très forte de systèmes plus ouverts à
l’évolution en cours de vie et à la personnalisation libre.
La présentation est axée sur l’organisation de la
recherche aéronautique civile autour d’un Conseil
créé en 2008 (le CORAC) qui déinit et implémente la feuille de route de la R&T nationale.
Le CORAC est le Conseil pour la Recherche
Aéronautique Civile. Il a été créé en juillet 2008
à partir d’engagements pris in 2007 lors du
«Grenelle de l’Environnement ». Etabli sur le
modèle de l’ACARE(*) européen, il regroupe
sous l'impulsion de la DGAC et du GIFAS,
Les caractéristiques intrinsèquement multidisciplinaires ainsi que les temps de cycle très longs de
la vie des produits aéronautiques impriment également fortement les activités de R&T de ce secteur.
Une grande partie de celles-ci doit être menée en
coopération ain notamment de développer en partageant les coûts les plateformes de démonstration
nécessaires pour atteindre le niveau de maturité
technologique de TRL 6.
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
Dossier n°8 - page 28
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Dossier n°8
l’ensemble des acteurs français du secteur du
transport aérien, c’est-à-dire l’industrie aéronautique, les compagnies aériennes, les aéroports,
l'ONERA, les institutionnels et ministères concernés. La mise en place du CORAC s’inscrit dans
une volonté de mise en cohérence des efforts
de recherche et d’innovation dans le domaine
aéronautique, notamment pour la préservation
de l’environnement et le développement durable.
Parmi ses premières réalisations, il a établi la
Feuille de route technologique pour la recherche
aéronautique, base de la mise en œuvre d’une
stratégie de recherche ambitieuse et coordonnée autour d’objectifs de maîtrise de l’empreinte
environnementale du transport aérien, à l’horizon
2020. »
Bruno Stoufflet
GLOSSAIRE
ACARE :
Advisory Council for Aeronautics
Research in Europe
ASD :
Aerospace and Defense Industries
Association of Europe
CORAC :
COnseil pour la Recherche Aéronautique Civile
DGAC :
Direction Générale de l'Aviation Civile
GIFAS :
Groupement des Industries
Françaises Aéronautiques et Spatiales
ONERA :
Ofice National d'Etudes et de
Recherches Aerospatiales
TRL :
N°11
Technical Readiness Level
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
Dossier n°8 - page 29
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Dossier n°8
« Quel marketing pour une agence
régionale de l’innovation ? »
Par Christophe Nicot
Directeur général de l’agence régionale de l’innovation
de Midi-Pyrénées
Christophe Nicot est diplômé de l’INSA de Lyon et docteur en Génie Physique et Génie des matériaux.
Il a pris la direction de l’agence régionale de l’innovation Midi-Pyrénées, à sa création, en septembre
2006, après un parcours dans l’industrie, dans le groupe SNR roulements où il a occupé des postes dans
la recherche puis de développement avancé. Il est titulaire de 80 brevets
Clustering, Interclustering !
Benchmarking, Matchmaking,
Networking !
Internationalisation, Globalisation des
marchés, Glocalisation des approches !
Quel marketing pour une agence
régionale de l’innovation ?
L’innovation est au cœur du processus de
croissance, et favorise l’apparition de nouveaux
domaines d’activité qui pourront créer de nouveaux
emplois.
L’Union Européenne avec les accords dits de
Lisbonne, défend la nécessité de renforcer les
activités de Recherche et de Développement en
vue de gagner en compétitivité, et une stratégie
dont la priorité est l’innovation et une économie
de la connaissance la plus compétitive et la plus
dynamique du monde.
La participation des régions à la réalisation de ces
objectifs est essentielle.
L’Etat Français a alors développé de nouvelles
orientations stratégiques pour renforcer la
compétitivité des territoires, au travers de
partenariats entre le monde académique et le
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
monde économique, notamment par le biais des
pôles de compétitivité.
La Région Midi-Pyrénées a également mis en
place une politique originale et volontariste en
matière d’innovation avec le Schéma Régional
de Développement Economique (SRDE) en MidiPyrénées adopté en 2006, puis celui plus récent
en 2010, et conforte et développe l’innovation sur
le territoire.
Quels sont alors les enjeux ?
Il faut assurer la cohérence entre les différentes
politiques quelles soient européenne, nationale
ou régionale, et ainsi réviser la gouvernance de
l’innovation.
Il faut élargir la base des entreprises innovantes,
et en particulier exploiter le formidable potentiel
des TPE/PME, voir ETI (entreprise de taille
intermédiaire). Ce changement d’échelle consiste
par exemple en Midi Pyrénées à travailler non
plus avec quelques centaines d’entreprises mais
quelques milliers (8 à 10000). C’est un enjeu de
renouvellement de l’offre d’accompagnement
qui s’appuie sur une approche transversale de
l’animation.
Il faut accompagner le redéploiement des
écosystèmes régionaux existants et en même
Dossier n°8 - page 30
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Dossier n°8
temps préparer les écosystèmes de la société de
demain. Il faut aussi garantir à la fois l’équilibre du
territoire, mais aussi l’accès à l’international pour
ces entreprises, ce qu’on appelle la glocalisation
(global + local). Il faut donc adapter la stratégie
territoriale et intégrer la notion de priorités.
La réponse opérationnelle à ces enjeux impose
alors un changement du modèle marketing
d’accompagnement des entreprises dans leurs
démarches de développement, et dans une
articulation public-privé.
C’est la création en Septembre 2006, de l’agence
régionale de l’innovation, Midi-Pyrénées Innovation
(MPI), inancée par la Région Midi Pyrénées,
l’Etat, l’Union Européenne et OSEO, qui souligne
l’ambition de la région pour le développement
d’innovations dans les entreprises du territoire.
L’action de MPI s’articule autour d’une gamme
innovante et personnalisée de services aux
entreprises.
Depuis sa création, MPI a démontré par ses
résultats opérationnels (plus de 1000 projets
d’entreprises accompagnés, très majoritairement
des PME, 137 M€ d’investissements, en 4 ans
d’exercices) qu’une structure parapublique avec
un modèle marketing nouveau, de type « best
cost », pouvait apporter une réponse en terme :
• de soutien au développement économique de
l'ensemble du territoire de Midi-Pyrénées, en
mettant l'innovation, sous ses différentes formes,
au cœur de la stratégie de développement des
entreprises existantes, quels que soient le niveau
et l’intensité technologique,
• d'amélioration de la cohérence et de l'eficacité
du système régional d'innovation,
• de renfort du rôle de stratège de la Région MidiPyrénées et de l'État, à travers une analyse
prospective et partagée des besoins des
entreprises en matière de soutien à l'innovation.
• sa forte logique collaborative et partenariale
(plus de 80 partenariats en région),
• sa stratégie de soutien à la notion de grappe
ou de cluster, permettent de développer des
activités économiques à fort ancrage, liée à
l’écosystème régional, et à fort degré d’image.
S’il apparait clairement aujourd’hui que l’innovation
en réseau a pris un essor nouveau, que, dans un
contexte de marché de plus en plus « global » et «
système », c’est un vecteur de développement et
d’image pour les entreprises, mais aussi pour les
laboratoires, alors les politiques publiques de ces
dernières années, dans une approche régionale,
ont à coup sûr, eu un impact sur cette évolution.
Ces politiques régionales visent désormais
progressivement à prendre mieux en compte trois
dimensions supplémentaires :
• l’international : l’innovation est un vecteur de
développement de la PME à l’international (on
parle de glocalisation), mais quelle priorité se
donner,
• l’innovation de service : l’innovation n’est pas
que technologique ou produit. La frontière avec
l’innovation de services est de plus en plus
poreuse, et l’accès au marché impose désormais
la combinaison innovation technologique/produit/
service,
• l’innovation qui accompagne les mutations de la
société, et la politique d’innovation et de l’emploi
régionale doit très certainement mieux tenir
compte des éléments de générations par exemple
(génération Y), d’intégration professionnelle et
d’obsolescence plus rapide des compétences .
Christophe Nicot
L’intervention a montré comment
• le positionnement particulier (transversalité
multiilière, approche système, compétences
« matérielle/immatérielle ») de l’agence,
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CNES - CCT MAN
Dossier n°8 - page 31
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Dossier n°8
« Gouvernance et complexité de
mise au point d'une politique
d'innovation par les parties
prenantes d'un écosystème »
Par Alain Costes,
Directeur scientiique de la société MAPPING Consulting
Alain Costes est co-fondateur de la société MAPPING Consulting et en assure la direction scientiique.
Il a une connaissance très approfondie des milieux de l’Enseignement Supérieur, de la recherche et
de la technologie, milieux dans lesquels il a exercé et il exerce de très nombreuses responsabilités au
niveau régional, national et européen. Alain Costes est un spécialiste des systèmes de mesures dans le
domaine des hautes tensions, des commandes d'attitude et contrôle d'orbite de satellites géostationnaires
ainsi que de la sûreté de fonctionnement des systèmes Informatiques. Il a été Professeur de classe
exceptionnelle des universités, puis, Directeur du LAAS-CNRS (1982-1996), puis Président de l’INP de
Toulouse (1996-2000), puis Directeur de la Technologie au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la
Recherche (2000-2003), puis Président du CA du GIP Renater. Il est membre de la commission nationale
de déontologie
La commission européenne a ixé à 3% du PIB
les inancements consacrés à la Recherche et au
Développement à l’horizon 2020, dont deux tiers
assurés par des inancements privés.
En France, en 2011, les inancements consacrés à
la Recherche et au Développement sont de l’ordre
de 2,1% dont 1% est assuré par du inancement
public : Etat, Collectivités territoriales...
Nous manquons donc de inancement en
provenance des entreprises et tout doit être fait
pour accroître les activités de R et D dans les
entreprises, tout particulièrement dans les PMEPMI.
Depuis plusieurs années, tous les gouvernements
européens mettent en place des mesures
permettant d’améliorer cette situation. En France,
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Janvier 2012
CNES - CCT MAN
le Crédit Impôt Recherche est la mesure phare
de cette politique, il représente annuellement un
investissement de l’Etat de 4 milliards d’euros.
D’autres mesures ont pour objet principal de
favoriser le partenariat entre les entreprises et
les laboratoires publics de recherche dans un
objectif de mutualisation des compétences, de
savoirs et de moyens en créant des écosystèmes
s’appuyant sur des projets ou/et des territoires.
Parmi ces mesures on peut citer les pôles de
compétitivité et le FUI* qui leur est rattaché, les
appels à projets de l’ANR**, les appels à projets
des collectivités territoriales.
* FUI : Fonds Unique Interministériel
** ANR : Agence Nationale de la Recherche
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Dossier n°8
Les investissements d’avenir ont donné une très
grande accélération aux mesures de inancement
de la R&D et à son organisation en créant de
nouveaux systèmes de mutualisation parmi
lesquels on peut citer : les IHU dans le domaine
de la santé, les IEED dans le domaine des
énergies décarbonnées, les IRT dans le domaine
de la recherche technologique, les IDEX dans
le domaine de l’excellence scientiique et de la
formation,….
Les écosystèmes ainsi créés devraient permettre
aux entreprises de se positionner dans le triangle
gagnant des trois I : Innovation, Industrialisation,
Internationalisation.
Globalement ce n’est pas le cas.
Il est donc impératif de simpliier les aides publiques
et les procédures qui les accompagnent ain de les
rendre plus lisibles et donc plus utilisables.
Des inancements qui seraient attribués selon
des approches « Bottom Up », type Eureka,
permettraient aux PME-PMI de monter des
dossiers de R&D réellement au cœur de leurs
activités et de leur développement.
Il est de fait impératif que ces entreprises
construisent un vrai plan stratégique de R et D
évolutif, sur plusieurs années et priorisent sur
chaque exercice les actions et les soutiens leur
permettant de répondre à leurs objectifs, comme
par exemple la recherche des partenariats
eficaces et des inancements appropriés.
Alain Costes
© CNES/DELMAS Serge, 2010
Les entreprises, en particulier les PME-PMI,
n’ont pas une vision globale de ces dispositifs
de inancement. Celles-ci considèrent le système
trop complexe, la préparation d’un dossier trop
chronophage et les délais d’obtention des résultats
trop longs.
De plus, l’approche « Top Down » des appels à
projets et les contraintes qui les accompagnent
obligent souvent les entreprises à quitter leur cœur
d’activités.
Journées R&T 2010 du CNES au centre des congrès Diagora.
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CNES - CCT MAN
Dossier n°8 - page 33
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Dossier n°8
« Le management de l’innovation,
de la stratégie aux projets »
Par Sandrine Fernez-Walch,
chercheur au CRM, Université Toulouse 1 Capitole
Sandrine Fernez-Walch est maître de conférence à l’IAE de Toulouse. Elle est ingénieur agronome
de formation (INA-PG). Docteur en Economie Industrielle (école nationale supérieure des mines de
Paris). Habilitée à diriger des Recherches en Sciences de Gestion, elle est chercheur au Centre de
Recherche en Management Université Toulouse 1 Capitole. Ses thèmes de recherche concernent
d’une part l’instrumentation du management de l’innovation dans les structures des domaines social et
médico-social, et d ‘autre part l’articulation entre les projets d’innovation et le management stratégie de
l’innovation (rélexion qu’elle mène en s’appuyant sur un partenariat de recherche, menée en coopération
avec l’entreprise Liebherr Aerospace Toulouse). Elle est auteur de plusieurs ouvrages 2ème édition en
2010) dont le titre est : « management de l’innovation : de la stratégie aux projets ». Elle est créatrice et
animatrice d’un site dédiée aux professionnels de l’innovation visant à diffuser et créer des connaissances
sur le management de l’innovation www.innovationmanagement.fr
Les témoignages de praticiens de
l’innovation, pour certains en position
opérationnelle (chef de projet), pour
d’autres en position de cadre de direction
(responsable recherche et développement
voire dirigeants d’entreprises), montrent la
difficulté qu’il y a à relier, dans les petites
comme dans les grandes entreprises, la prise
de décision stratégique et la conduite des
projets d’innovation. Par exemple, un chef
de projet d’une entreprise agroalimentaire
explique ne pas comprendre pourquoi le
projet qu’il conduisait a été stoppé, alors
que le triptyque coût/délai/exigences
du maître d’ouvrage était respecté. Un
responsable R&D d’une entreprise de
l’aéronautique exprime son désarroi
lorsqu’il doit répartir le budget de R&D
entre les différents projets, etc.
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CNES - CCT MAN
Une revue de la littérature en sciences de gestion
(revues à caractère scientiique comme « The
International Journal of Project Management,
Research-Technology Management, Journal of
Product Innovation Management, etc.), atteste
d’un cloisonnement des travaux de recherche
et du faible nombre de publications s’efforçant
de faire le lien entre les projets d’innovation et la
stratégie de l’entreprise.
Pourtant, la stratégie de l’entreprise s’incarne au
quotidien dans les projets d’innovation, comme
nous venons de le voir et, réciproquement, les
projets d’innovation nourrissent la rélexion
stratégique. Les projets d’innovation sont des lieux
de création et d’amélioration de savoir et savoirfaire (technologiques et non technologiques) qui
viennent enrichir le patrimoine technologique,
le portefeuille de compétences de l’entreprise,
ses compétences clés. Une rélexion sur la
dépendance vis-à-vis d’un sous-traitant pourra
être engagée parce que plusieurs projets
sollicitent les expertises détenues par ce sous-
Dossier n°8 - page 34
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Dossier n°8
traitant. L’entreprise pourra répondre à de nouveaux
appels d’offres, trouver de nouveaux inancements
ou de nouveaux partenaires, voire faire évoluer
son métier parce qu’elle maîtrise de nouvelles
technologies grâce à ses projets de recherche.
Relier les projets et la stratégie est donc une
problématique de gestion clé pour les entreprises
et devient, de notre point de vue, un des enjeux
majeurs du management de l’innovation dans
un contexte à la fois d’augmentation du recours
aux inancements externes et de conduite de
l’innovation en mode ouvert (Chesbrough, 2003).
Mais que signiie relier la stratégie et les projets ?
Comment relie-t-on la stratégie et les projets
dans les entreprises ? Quels sont les dispositifs
instrumentaux et organisationnels actuellement
mis en œuvre ?
Nous proposons ici des éléments de réponse qui
s’appuient à la fois sur des rélexions menées avec
des responsables de R&D et d’innovation et des
chefs de projet, sur une revue actualisée de la
littérature en sciences de gestion et sur des travaux
de recherche que nous menons depuis plus de
quinze ans sur le management de l’innovation.
Nous présenterons brièvement16 les résultats
d’une recherche menée en partenariat avec une
entreprise industrielle du secteur aéronautique,
Liebherr Aerospace Toulouse, visant à élaborer
un modèle de management multi-projets pertinent
pour le management de l’innovation de l’entreprise.
1 Relier la stratégie et les projets
d’innovation, proposition d’une définition
Faisant le lien entre différentes modélisations17,
nous suggérons de représenter un projet
d’innovation comme un processus non récurrent
qui incarne les choix stratégiques de l’entreprise
(top down) et, en même temps, un lieu de création
de connaissances qui nourrit la stratégie (bottom up).
Relier la stratégie et les projets pourrait se déinir
de la manière suivante : « favoriser la circulation
de l’information entre le niveau du management
stratégique et le management de chaque projet
en vue d’améliorer l’eficience des activités de
l’entreprise ».
Cette interaction se produit à des moments clés de
la vie d’un projet : émergence de l’idée du projet,
prise de décision pour la réalisation du projet,
avancement du projet, clôture et retour d’expérience
sur le projet. Elle se fait également à différents
moments de la vie d’une entreprise : négociation
d’un budget de R&D et d’innovation, répartition des
budgets entre les projets.
Elle
concerne
la
conduite
d’un
projet
indépendamment des autres projets (un avionneur
lance un programme d’avion parce qu’il veut
pénétrer un segment de marché sur lequel est déjà
présent son principal concurrent) ; elle concerne
également la gestion multi-projets (choix des projets
à lancer et arbitrage des projets en cours).
2 Les dispositifs actuellement mis en œuvre
pour relier la stratégie et les projets
Une revue de la littérature a permis de repérer des
dispositifs instrumentaux et organisationnels visant
à relier la stratégie et les projets d’innovation dans
une entreprise. Les plus fréquemment utilisés sont
les suivants : outils d’aide à la décision de sélection
des projets (représentation multicritères, modèles
d’optimisation sous contrainte de ressources) ;
modèle économique (business model) qui, appliqué
à l’innovation, permet d’étudier l’intérêt stratégique
d’un projet et de déinir de nouvelles offres de
service et de produit ; modèle de la carte routière
(roadmap) aidant à planiier le lancement des
projets et à gérer le portefeuille de technologies en
fonction du lancement sur un marché de familles
de produits ; Knowledge management visant à
capitaliser les savoirs créés dans les projets et à les
diffuser dans l’organisation ; enin, le management
multi-projets qui a pour but de gérer de façon globale
Des publications pour des revues scientiiques étant en voie d’achèvement, il ne nous est pas possible d’approfondir la présentation du modèle
pour l’instant.
17
Les différentes façons de modéliser un projet d’innovation sont présentés dans l’ouvrage : Fernez-Walch S., Romon F. (2010, 2e édition),
Management de l’innovation : de la stratégie aux projets », Paris, Vuibert.
16
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
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Dossier n°8
des ensembles de projets en tenant compte des
interdépendances entre les projets de l’ensemble,
projets qui sont, par ailleurs, conduits séparément.
3 Le management multi-projets
Les projets d’innovation peuvent partager des
ressources : matériel, budget, heures de travail,
ressources rares ; des composants et matières
premières ; des savoirs (technologiques et non
technologiques). Il en résulte des interdépendances
qui peuvent être caractérisées par le critère
temporel (interdépendances séquentielles et
simultanées) ou par le critère concurrence/
synergie : mise en concurrence des projets pour
l’obtention d’un budget ou d’expertises rares,
synergie par l’utilisation de mêmes technologies et
composants.
Fernez-Walch et Triomphe (2004) ont mis en
évidence trois formes de management multiprojets : approche portefeuille, approche
plateforme, approche trajectoire.
• L’approche portefeuille a pour objectif d’améliorer
l’eficience de la sélection et de l’arbitrage des
projets. Un portefeuille de projets étant un
ensemble de projets d’une même entité (Business
Unit, etc.) ou présentant des caractéristiques
communes (Fernez-Walch, 2004).
• L’approche plateforme vise à lancer, de façon
rapide et économique, des lux de produits
différenciés, mais partageant des composants
communs, voire une plate-forme commune. Une
plate-forme est un ensemble de sous-systèmes
et d’interfaces qui constituent une structure
commune à partir de laquelle un lux de produits
dérivés peut être développé et fabriqué de
manière eficace (Meyer et Lehnerd, 1997, traduit
en 2002) et eficiente.
• L’approche trajectoire a pour objectif de lancer des
familles de produits construites selon une logique
globale reliée aux marchés et aux compétences de
l’entreprise. Une trajectoire d’innovations est « un
ensemble de projets de développement articulés
selon les connaissances qu’ils nécessitent ou
qu’ils génèrent » (Jouini, 2004).
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
4 Proposition d’un modèle de management multi-projets permettant de relier
la stratégie et les projets (publications en
cours)
Un partenariat de recherche avec l’entreprise
Liebherr Aerospace Toulouse (contrat de recherche
signé entre l’auteure et la direction Technique et
projets), a permis d’élaborer un modèle de gestion
de portefeuilles de projets qui emprunte à l’approche
plate-forme et à l’approche trajectoire le principe clé
de la valorisation des synergies entre les projets.
Comme nous l’expliquons dans un article rédigé
pour le site MI, site innovationmanagement.fr,
« ’étude que nous avons menée, en 2006-2008,
dans une entreprise très fortement impliquée dans
le pôle Aerospace Valley, Liebherr Aerospace
Toulouse (LTS) 2 deuxième mondial sur le marché
des systèmes d’air pour les cabines d’avions, a
permis de mettre à plat les interdépendances entre
les différents projets d’innovation sous l’angle à
la fois de la mise en concurrence et du partage
constructif de connaissances et de technologies.
L’entreprise a ainsi identiié cinq portefeuilles de
projets pertinents, selon des critères de structuration
relétant le management stratégique de l’innovation
de l’entreprise.
Des processus de gestion associés à chaque
portefeuille ont été développés à partir des
pratiques existantes de LTS et des spéciicités du
contexte, avec, in ine, l’amélioration progressive
de l’organisation de la R&D et de l’innovation de
l’entreprise.
Au cours du déroulement de l’étude, l’entreprise a
ressenti la nécessité d’une gestion multi-portefeuille ;
d’où la formalisation de trois processus de gestion
multi-portefeuille ayant trait, respectivement, à la
budgétisation de la R&D et de l’innovation, à la mise
en cohérence des portefeuilles entre eux et avec
la stratégie de LTS et à l’allocation des ressources
humaines. »
Dossier n°8 - page 36
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Dossier n°8
Conclusion
Bibliographie
Ce modèle, qui a été imaginé dans le cadre de
l’entreprise LTS, pourrait être testé dans d’autres
entreprises (le CNES ? entreprises participant
au CTC ?) à condition de prendre en compte les
spéciicités du contexte (secteur d’activité, typologie
des innovations, organisation de l’entreprise, etc.).
© Fotolia
Sandrine Fernez-Walch
• BEN MAHMOUD-JOUINI S. (2004), «
Management des connaissances et des
apprentissages dans les entreprises multiprojets : le cas des stratégies d’offres innovantes»,
in Faire de la recherche en management de
projet, GAREL G., GIARD V., MIDLER C. (dir.),
Paris, Vuibert, chapitre XI, p. 225-245.
• CHESBROUGH H. (2003), Open Innovation,
Boston, Massachusetts, Harvard Business
School Press.
• FERNEZ-WALCH S. (2004), «La problématique
de portefeuilles de projets : inalités et mise en
œuvre », Faire de la recherche en management
de projet, GAREL G., GIARD V., MIDLER C. dir.,
chapitre X, Vuibert, Paris, p. 209-224.
• FERNEZ-WALCH S. (2011), “Le management
multi-projets, une réponse possible à l’explosion
du nombre de projets d’innovation de type
coopératif”,
Site
Innovationmanagement.fr,
publié le 6 août 2011.
• FERNEZ-WALCH S., ROMON F. (2010, 2ème
édition), Le management de l’innovation. De la
stratégie aux projets, Vuibert, Paris.
• FERNEZ-WALCH S., TRIOMPHE S. (2004),
« L’approche plate-forme : le management
des familles de projets articulées autour de
composants », Faire de la recherche en
management de projet, GAREL G., GIARD V.,
MIDLER C. (dir.), Vuibert, Paris, chap. 12, p.
247-279 .
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
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Dossier n°8
« Dynamiques d’innovation
dans l’industrie spatiale mondiale
de 1957 à 2009 : l’importance des
innovations de commercialisation »
Par Victor Dos Santos Paulino,
chercheur au Management Research Centre,
Toulouse Business School
Victor Dos Santos Paulino est professeur de stratégie et de management de l’innovation à la Toulouse
Business School (ex. ESC Toulouse). Ses thèmes de recherche concernent le management stratégique de
l’innovation avec un focus particulier sur l’industrie spatiale.
deux phases, le développement de l’industrie et
des ses acteurs est freiné, voir remis en cause. En
effet, l’existence de ces cycles permet notamment
une hausse des volumes dans l’industrie, une
© CNES/ill./DUCROS David, 2005
Cette présentation s’attache à étudier les
dynamiques d’innovation dans l’industrie
spatiale mondiale en comptabilisant les
innovations technologiques observées
entre 1957 et 2009 dans les différents
segments de l’industrie. Cette méthode met
en évidence des dynamiques d’innovation
très différentes en fonction des trois
segments
étudiés
(communication,
observation de la Terre et navigation). Ces
différences sont interprétées à la lumière
des cycles de l’innovation qui existent
normalement dans les industries.
Toute industrie tend à exhiber des cycles fondés
sur une phase de fermentation technologique puis
une phase de changement incrémental. L’existence
de ces deux phases témoigne de la faculté d’un
maximum d’acteurs de l’industrie à s’approprier les
gains des changements technologies. Sans ces
Illustration du minisatellite d'observation des océans Jason 2
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
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Dossier n°8
baisse des prix, une diminution de la duplication
des innovations et au inal la diffusion des gains
issus du changement technologique à un maximum
d’acteurs.
© CNES/ill./DUCROS David, 2005
Dans le segment satellites de communication,
on observe des dynamiques de changement
qui tendent à devenir conformes à la description
proposée par la théorie. Entre 1957 et 2009, on
observe progressivement l’apparition de cycles
fondés sur une phase de fermentation puis
une phase de changement incrémental. Nous
expliquons cette évolution par l’apparition d’un
sous segment commercial dans le segment des
satellites de télécommunication. L’émergence de
ce sous segment permet une concurrence entre les
différentes solutions technologiques proposées par
les constructeurs de satellites, ce qui constitue l’un
de facteurs clés pour l’observation de cycles tels
que décrit par la théorie.
Dans le segment d’observation de la Terre, on
n’observe depuis 1957 qu’une seule grande phase
Séparation de la coiffe du lanceur Soyouz pour le placement en orbite
des 2 premiers satellites opérationnels IOV du système de
positionnement par satellites européen Galileo.
N°11
Janvier 2012
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de fermentation. En d’autres termes, les acteurs de
l’industrie ne sont pas en mesure de s’approprier
les fruits des changements technologiques réalisés
dans l’industrie. Les constructeurs de satellites
existant réalisent trop de produits expérimentaux
ce qui génère un attentisme de la part de clients et
de concurrents potentiels qui pourraient permettre
un accroissement des volumes. La réalisation
d’un nombre important de produits expérimentaux
contribue à maintenir de hauts niveaux d’incertitude
technologique et de marché ce qui freine le
développement de ce segment.
Dans le segment de la navigation par satellite,
on constate une toute autre situation. Entre 1957
et 2009 on n’observe qu’un seul et unique cycle.
Nous interprétons cette situation également comme
problématique pour la survie de l’industrie car on peut
s’attendre à plus de cycles sur une période si longue.
Nous expliquons cette situation par le fait qu’un seul
client dans l’industrie, à savoir le département de
la défense américain, s’approprie la majeure partie
des gains générés par le changement technologique
réalisé dans ce segment. Du fait du comportement
adopté par le département de la défense (secret,
exclusivité, pressions diplomatiques, etc.), il est très
dificile pour d’autres clients ou constructeurs de
satellites d’entrer sur ce segment.
Grace à cette analyse on peut envisager plusieurs
pistes possibles pour lever certaines contraintes qui
freinent le développement de l’industrie spatiale.
Toutefois ain de libérer les gains potentiels
apportés par les technologies que sont les satellites
d’observation de la Terre et de navigation, il faudrait
poursuive cette analyse plus en profondeur.
C’est un travail que l’auteur réalise actuellement.
Victor Dos Santos Paulino
Dossier n°8 - page 39
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Dossier n°8
« Les dispositifs de collaboration
en Innovation Ouverte »
Par Sophie d’Armagnac
chercheur au Management Research Centre,
Toulouse Business School et Pascal Manier
Expernova
Sophie d’Armagnac est chercheur en Sciences de Gestion, à l’ESC Toulouse. Ses thèmes de recherche
sont :
• le management des connaissances, notamment en projet,
• les processus d’innovation collective impliquant des relations partenariales : en particulier, les pratiques de
coopétition, et l’innovation ouverte.
Pascal MAGNIER, est fondateur d’Expernova.com, Moteur de recherche d’experts scientiiques en Europe
et Asie de l’Est.
De plus en plus d’organisations innovent en
modèle ouvert : leur modèle d’innovation
est fondé sur la combinaison de leurs
ressources avec des ressources acquises
à l’extérieur. Les organisations acquièrent
et cèdent les ressources de l’innovation en
fonction de leurs besoins, des besoins de
leurs partenaires et des perspectives de
marché. Une enquête récente (Bluenove,
2011), auprès de 144 représentants de
plus de 60 grandes entreprises françaises
montre que l’innovation ouverte est en
train de devenir un aspect central de leur
politique d’innovation. 36% des personnes
interrogées considèrent en 2011 que l’enjeu
est important, ce qui paraît assez peu (la
même question aux Etats-Unis donnait en
2009 une proportion de 67%). Mais 86%
des personnes interrogées pensent que
dans 5 ans, les projets en innovation ouverte
seront importants ou très importants.
N°11
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CNES - CCT MAN
Lorsque ce travail en Regards Croisés se met en
place, une étude sur la notion de collaboration en
innovation ouverte est envisagée par le chercheur
(Sophie d’Armagnac). C’est alors que l’expérience
de la société Expernova relatée par son dirigeant
(Pascal Magnier) attire l’attention sur le rôle
spéciique des intermédiaires. Les entreprises
innovant en modèle ouvert utilisent en effet des
intermédiaires entre elles et leurs partenaires.
Créée en mars 2008, Expernova a pour objet,
via son site web, de permettre aux industriels de
repérer les experts dont ils ont besoin. Ces clients
sont à la recherche d’experts, soit pour se lancer
dans un partenariat, soit pour les accompagner
dans leurs projets d’innovation. Il s’agit pour
Expernova de se connecter à des bases, bases
de publication, de projets, de brevets, pour créer
les proils de chercheurs ou d’experts intéressant
les entreprises. Pour le client, le gain estimé
est de quatre à cinq jours de temps pour une
problématique de recherche. La croissance des
activités d’Expernova tend à montrer le besoin
grandissant d’un intermédiaire de l’innovation, en
modèle ouvert.
Dossier n°8 - page 40
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Dossier n°8
Les études académiques indiquent de même
que les intermédiaires de l’innovation ont un rôle
de plus en plus étendu. Les études identiient
des activités centrales à partir desquelles les
intermédiaires ont pu se développer, et parfois
développer d’autres activités. Ces activités
centrales sont : la veille technologique pour le
client, l’identiication et la sélection des partenaires
possibles. Cela recouvre assez bien les activités
décrites par le dirigeant d’Expernova. La société
totalise plus d’un million de iches d’experts ou de
chercheurs correspondant à 24 000 laboratoires
ou institutions et 26 000 entreprises à forte activité
de recherche et développement. Actuellement, les
clients sont des grands comptes, via leur Direction
de R&D (une trentaine), mais aussi des cabinets de
Conseil en innovation, des technopoles publiques
et des start-ups. L’entreprise se développe en Asie
de l’Est, en proposant l’accès à plus de 300 000
experts scientiiques à Singapour, Taiwan, la Corée
du Sud, la Thailande, Hong-Kong, le Japon.
Certains intermédiaires ont connu un développement
important sur la seule base de cette compétence
de mise en relation. Par exemple, dans l’étude de
Sieg&al. (2010), l’intermédiaire (InnoCentive) est
une plate-forme de résolution de problèmes, dans
l’industrie chimique. L’intermédiaire n’intervient pas
dans le processus d’innovation et ne développe
pas de relation de long terme avec le partenaire.
La plate-forme fournit un service d’exposition des
problèmes de R&D à un public très large. Mais les
organisations clientes ont des dificultés à utiliser
avec succès la plate-forme. Les organisations qui
réussissent, et sachant combiner les solutions
extérieures à leurs propres ressources, sont celles
qui ont une longue expérience de ce système, et
ont appris à l’utiliser. Ce constat rejoint celui de
Lichtenthaler&Ernst (2008) : les performances
des services des intermédiaires sont liées à
l’organisation interne de leurs clients : elles seront
d’autant plus fortes que ces organisations ont déjà
développé des capacités de valorisation de leurs
technologies à l’extérieur.
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Les intermédiaires développent aussi d’autres
activités que le mise en relation, qui se déploient dans
le temps et structurent le processus d’innovation.
Pour Howells (2006), l’intermédiaire n’est pas
uniquement dans une action unique (one-off
service) mais dans une relation partenariale longue,
par exemple pour des activités amont de diagnostic
(besoins et opportunités), et aval d’évaluation.
De plus, les intermédiaires ont parfois un rôle
important dans le processus créatif, pour aider
les partenaires à combiner leurs connaissances.
L’étude de Lee&al (2010) fait un constat proche
dans un autre contexte, celui d’un intermédiaire
qui est une association de PME coréennes ; ces
PME fonctionnent en réseau dans des processus
d’innovation collectifs coordonnés par l’association.
L’intermédiaire (l’association) voit son activité
d’analyse se développer considérablement au fur et
à mesure que de nouveaux partenaires adhèrent,
car elle s’efforce de garantir l’adéquation des
besoins et des compétences des partenaires qu’elle
met en relation.
L’intermédiaire peut développer dans le temps
une relation suivie avec un client, et intervenir
dans le processus d’innovation. Ce constat rejoint
l’expérience d’Expernova. La société a été amenée,
à la suite des discussions avec ces clients, à proposer
de nouvelles offres au départ non identiiées. La
cartographie des compétences internes consiste
à aider les grands groupes industriels, disposant
de nombreux centres de recherche, à identiier
précisément leurs propres experts. Expernova est
également amené à structurer des communautés
d’experts et animer des ilières technologiques :
certains grands groupes ou institutions souhaitent
dynamiser certains écosystèmes sans forcément
développer des projets internes de R&D. La
structuration et l’animation de plates-formes
collaboratives sur des sujets à forts enjeux
d’innovation intéressent donc ces industriels, en
leur permettant de se positionner comme leader ou
catalyseur d’innovation sur un domaine.
Dossier n°8 - page 41
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Dossier n°8
Ainsi, l’intermédiaire, en plus de son rôle central
de mise en relation, peut fournir d’autres services :
analyser les organisations clientes sur le plan
de leurs connaissances et capacités, assister
son client dans son recours à l’intermédiation,
apporter des expertises, structurer et animer des
communautés. Les études académiques nous
montrent que lorsque ce rôle à plus long terme,
cette implication dans le processus d’innovation,
n’existent pas, ce sont les organisations clientes
qui doivent adapter leurs modes de travail. Lorsque
l’intermédiaire s’implique dans le processus
d’innovation, il assume, au moins en partie, une
analyse des connaissances et capacités de
l’organisation cliente, et il exerce pour elle des
capacités de combinaisons des connaissances.
Travaux académiques cités.
Howells, J. (2006). Intermediation and the role
of intermediaries in innovation. Research Policy,
35(5), 715-728
Lee, S., Park, G., Yoon, B., & Park, J. (2010). Open
innovation in SMEs—An intermediated network
model. Research Policy, 39(2), 290-300.
Lichtenthaler, U., & Ernst, H. (2008). Intermediary
Services in the Markets for Technology:
Organizational Antecedents and Performance
Consequences. Organization Studies, 29(7), 10031035
Sieg, J., Wallin, M. W., & von Krogh, G. (2010).
Managerial challenges in open innovation: a study of
innovation intermediation in the chemical industry.
R&D Management, 40(3), 281-291.
En attirant notre attention sur l’activité
d’intermédiaire, et sur les possibilités offertes pour
les entreprises choisissant d’innover en modèle
ouvert, ces Regards Croisés précisent (et invitent
à re-préciser) les exigences d’adaptation et les
efforts à accomplir dans la durée pour innover
collectivement.
© Fotolia
Sophie d’Armagnac et Pascal Manier
N°11
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CNES - CCT MAN
Dossier n°8 - page 42
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Dossier n°8
« Le développement d'un système
aéronautique complexe : quels
défis relever ? Une réflexion à partir
d'un cas historique »
Par Pierre Barbaroux
Chercheur au CReA, École de l’air de Salon
de Provence
Pierre Barbaroux est enseignant chercheur au sein de l’équipe de management des organisations de
Défense (EMOD) du Centre de Recherche de l’Armée de l’air (CReA). Ses travaux de recherche s’inscrivent
dans les champs de l’analyse économique des processus de décision et de coordination, du management
de l’innovation et de la gestion des compétences dans les organisations. Ses articles de recherche sont
publiés dans des revues académiques telles que la Revue Économique, la Revue Française de Gestion,
Management & Avenir, l'European Journal of Innovation Management, le Journal of Economic and Social
Systems, le Journal of Organizational Change Management et le Mind & Society Journal.
La capacité des firmes d’inventer et de
commercialiser de nouveaux produits et
de nouveaux services est aujourd’hui
considérée comme une compétence clef.
L’innovation permet en effet aux firmes
de survivre et de se développer dans un
environnement économique turbulent,
marqué par l’extension géographique des
marchés et l’intensification des relations
concurrentielles. Face à des changements
technologiques,
institutionnels
et
organisationnels rapides et parfois radicaux,
les firmes ont adapté leurs pratiques de
gestion des activités d’innovation. Ces
adaptations se caractérisent par un degré
d’ouverture accru des processus de R&D,
l’intégration des utilisateurs finals lors des
phases de conception de nouveaux produits/
N°11
Janvier 2012
CNES - CCT MAN
services, et l’émergence de nouvelles formes
d’organisation facilitant la collaboration et
le partage de connaissances entre parties
prenantes du processus d’innovation.
Dans ce contexte, les concepts d’ouverture, de
conception et d’interaction éclairent différemment les
pratiques relatives au management de l’innovation,
en particulier dans les industries de produits
complexes (comme l’aéronautique, le spatial, le
nucléaire, les biotechnologies ou l’électronique
de Défense). Ici, les ressources tangibles et
intangibles sont le plus souvent distribuées à
l’intérieur et à l’extérieur des frontières de la irme
innovante. Celle-ci doit donc être capable de mettre
en œuvre les mécanismes de coordination et
d’intégration des contributions d’acteurs individuels
et organisationnels très divers avec lesquels
elle collabore pour innover (fournisseurs, clients,
Dossier n°8 - page 43
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universités, entreprises de R&D, consultants,
communautés d’utilisateurs etc.). En dépit
d’avancées signiicatives, notamment dans le
domaine du développement logiciel (open source
software), nous n’avons qu’une connaissance
imparfaite des principes sous-tendant ces
nouvelles approches de l’innovation. En particulier
la nature des compétences mises en œuvre par
la irme pour innover dans des environnements
ouverts, intensifs en connaissances et impliquant
la collaboration d’acteurs détenteurs de ressources
spéciiques, reste encore à explorer.
Cet article explore la nature des compétences
associées à l'innovation collaborative en
développant une étude de cas historique. Celle-ci
porte sur le programme TSR-2 (Tactical Strike
and Reconnaissance aircraft) mis en œuvre
dans les années 1960 en Grande Bretagne. Il
s'agissait du premier avion de chasse polyvalent,
dotés de capacités de communication et de
navigation numériques et capable d'atteindre des
vitesses supersoniques. Les résultats de l'étude
de cas montrent que le développement du TSR-2
N°11
Janvier 2012
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© http://fr.wikipedia.org/wiki/BAC_TSR-2
Dossier n°8
Un TSR-2 restauré, exposé actuellement a l'Imperial War Museum.
a nécessité la mise en cohérence de quatre
dimensions clefs du projet : conception du système
et alignement de l'organisation industrielle,
gestion des interactions formelles et informelles
entre les acteurs, déploiement d'une structure de
gouvernance adaptative, et complémentarité des
valeurs culturelles portées par les acteurs. Chaque
dimension relète une compétence spéciique
associée au modèle d'innovation collaborative.
Pierre Barbaroux
Dossier n°8 - page 44
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Dossier n°8
« L'innovation par les produits pour
le domaine spatial : exemple du
développement d'une ligne de
produits de test spaceWire »
Par jacky Rozmus, Directeur Technique Skylab
Industries
Jacky Rozmus est Associé et Directeur technique à la société SKYLAB Industries de Toulouse, où il partage
ses activités entre l’organisation de l’entreprise (stratégie, recrutement, ..) et la technique (dossiers de
sécurité, analyses de risques, …). Jacquy Rozmus est ingénieur électronique (diplômé de l’ISEP Paris en
95). Il commence sa carrière en 96 à EADS Astrium (à Vélizy) en tant que responsable de qualiication (il
travaille sur l’équipement chaîne image pour SPOT 5 et HELIOS 2) – Il poursuit sa carrière à Toulouse en
99 à EADS Astrium dans un certain nombre d’activités (dont les applications ROSETTA). Il quitte Astrium,
en 2004 pour devenir expert auprès du bureau Veritas AED (en charge des analyses de sécurité et de la
documentation avion dans le cadre des retroits avioniques sur avion Falcon chez Dassault Falcon Services)
avant d’occuper, en 2006, son poste actuel à la société SKYLAB
Sa présentation a porté sur l’innovation
dans une PME, en la replaçant dans le
contexte national, dans celui de MidiPyrénées et en la positionnant pour une
PME comme l’alternative aux services.
Il différencie valorisation et création :
• valoriser c’est aller vite en s’appuyant sur le
spin-off des grands groupes ou sur les travaux
d’agences ou de laboratoires
• créer c’est prendre son temps pour déinir un
nouveau produit. Cela nécessite d’analyser le
cahier des charges potentiel, d’identiier les
concurrents et les futurs clients.
De manière contradictoire, il faut néanmoins aller
vite et donc trouver des partenaires et retenir un
sujet technique à fort potentiel dans un domaine
connu, sans oublier de préparer la phase vente,
nécessaire à la réussite du projet.
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Janvier 2012
CNES - CCT MAN
Il illustre l’approche création avec la présentation
de sa gamme de produits de test spaceWire et, au
travers elle, de l'innovation menée par une PME
toulousaine en partant d'une page blanche.
Du choix de la ilière, du besoin technique, des
attentes de l'industrie et de l'accession au domaine
spatial pour un nouvel entrant, il a retracé la logique
de ses décisions et de son positionnement en tant
que PME (autrement appelée stratégie dans les
grands groupes et dans les livres). Par le prisme de
cette expérience, il a illustré les points particuliers
qui permettent de connoter comme innovant un
produit, son usage ou un process.
Exemples de produits de
SKYLAB Industries
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Dossier n°8
Le regard exterieur
Par Michela Deni
Michela Deni enseigne la Sémiotique et Communication à l’Isia de Florence (Industrial & Communication
Design) et collabore avec le CPST (Centre Pluridisciplinaire de Sémiolinguistique Textuelle) de l’Université
de Toulouse Le Mirail
1 L’Innovation comme valeur : entre évolution et révolution ?
En écoutant les interventions de la journée et en
provenant d’un domaine externe, j’ai remarqué
plusieurs récurrences importantes et riches
pour nous permettre de mieux saisir le concept
d’innovation et, en particulier, le concept du
Management de l’innovation. Il s’agit d'une
thématique qui, d’un côté, revient dans plusieurs
interventions ; de l’autre elle est abordée parfois
différemment, avec des acceptions divergentes
– implicites ou bien explicites – pour les mêmes
déinitions.
D’abord, au cours des interventions, la
problématique de l’innovation a basculé sur
deux axes sémantiques : a) l’innovation comme
évolution qui se base sur la continuité dans la
progression d'une recherche ; b) l’innovation
comme révolution qui se base sur la rupture, donc
la discontinuité, provoquée par l’invention. Si l’on
développe ce premier partage qui a caractérisé la
plupart des interventions, nous pouvons pousser
notre opposition en rentrant dans des déclinaisons
sémantiques plus profondes pour penser
l’innovation comme valeur en la différenciant selon
le contexte.
Avant de continuer sur ce chemin, il faut se
questionner sur la notion de valeur, parce que bien
évidemment l’innovation a été évoquée par tous
les intervenants comme une valeur positive.
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Janvier 2012
CNES - CCT MAN
2 La valeur
2.1 Interdéfinition et ambivalence
Qu’est-ce qu‘une valeur ? Une valeur possède des
caractéristiques de base spéciiques ain de pouvoir
être déinie comme telle : a) les valeurs n’existent
pas en elles-mêmes, elles se déterminent les
unes par rapports aux autres ; b) les valeurs ne
sont ni positives ni négatives, elles ne sont pas à
considérer en termes généraux.
En ce qui concerne l’interdéinition des valeurs,
chaque valeur existe par rapport aux autres
valeurs données, dans un contexte culturel, social,
historique et elle n’est pas positive en soi même,
mais elle l’est pour quelqu’un par rapport à quelque
chose, dans un moment particulier. Il est nécessaire
de se rappeler que toute valeur « est une valeur
positionnelle » : les valeurs n’ont pas d’existence
isolée et se déinissent réciproquement. Le but
du management d’entreprise est, alors, celui de
traduire et transformer des concepts en valeurs, en
les adaptant à l’actualité ; les rendre spéciiques
même quand elles sont partagés par la majorité des
entreprises qui peuvent les décliner différemment
(je pense au développement durable) ; les rendre
réciproquement cohérents même dans les cas
qui pourraient devenir contradictoires comme
– pour rester sur un exemple connu comme le
Cnes - les Applications grand public (le marché)
et la Recherche et l’innovation (l’éthique de
la recherche). Une fois établi le périmètre de
l’innovation comme valeur, ses déclinaisons
Dossier n°8 - page 46
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.© CNES/, 2011
Dossier n°8
Image Pleiades du centre de Dubaï acquise le 21 décembre 2011 par le satellite Pléiades.
sémantiques sont à transformer en applications
cohérentes avec la « mission » d’une entreprise.
Les lignes de conduite qui en dérivent doivent
être valorisées par la communication globale de
l’entreprise, selon chaque contexte, en trouvant
la façon de les représenter et de les raconter,
en uniiant toutes les exigences de tous les
partenaires en jeux. Si l’on pense au Cnes, à son
slogan « de l’espace pour la terre » qui consiste
dans une déclinaison de l’espace comme valeur
répondant aux exigences stratégiques, politiques,
économiques et, en même temps, aux besoins des
citoyens, son habileté est de transformer l’espace
en un service à travers l’explicitation de cette
valeur.
Au sujet de la polarisation d’une valeur, la
compréhension de la possibilité de neutralité
de chaque valeur (ni positive, ni négative) doit
être comprise au début, en permettant d’éviter
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Janvier 2012
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de donner comme implicite ou acquise la façon
ou l’obligation de soutenir une valeur (par le
management, les partenaires, les citoyens). Par
exemple, avant de la décliner concrètement,
« l’innovation » peut être positive dans un domaine
technologique, mais négative dans un domaine
comme celui de l’artisanat. En d’autres termes, il
est évident que deux pôles à l’apparence opposés,
comme celui de la production industrielle et celui
de l’artisanat, peuvent proposer des applications
différentes (thèmes), même aux antipodes, pour
converger dans le but plus général de la valeur
de l’innovation. Réléchir d’une façon théorique
à la base et à la déinition de ces concepts –
l’innovation comme valeur – n’est pas simplement
un exercice spéculatif puisque cela nous permet
d'atteindre une vision la plus complète, en
choisissant le parcours spéciique à suivre ain
d’éviter d’admettre tout et son contraire sous une
étiquette nominale (« l’innovation », par exemple)
et à son service.
Dossier n°8 - page 47
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Dossier n°8
Une fois éclairée la question de l’interdéinition des
valeurs et leur importance par rapport à un contexte
spéciique, il y a encore une distinction nécessaire.
Il s’agit d’une distinction émergée à plus reprises
pendant les interventions du séminaire consacré
au Management de l’innovation.
Il y a une démarcation fondamentale sur laquelle il
faut se questionner, à chaque fois, à propos de la
hiérarchisation des valeurs en question. Saisir les
interactions entre les valeurs de base (but) et les
valeurs d’usage (moyen) par rapport à sa propre «
mission », permet d’identiier les territoires concrets
et opératifs de chaque innovation possible. Par
exemple, et au-delà de l’innovation, dans la «
mission » déclarée du Cnes il y a une liste de
valeurs d’entreprise : un objectif valorisé comme
l’Accès à l'espace c’est le but (valeur de base) ou il
peut être le moyen (valeur d’usage) pour rejoindre
d’autres objectifs (nouvelles valeurs de base
possibles) comme la défense ou la recherche ;
Le Développement durable (but ou moyen ?),
les Applications grand public (but ou moyen ?).
Ça dépend : ce que pour l’entreprise peut être le
but (recherche et compétence technologique par
exemple), pour les clients ou pour les usagers peut
représenter le moyen (performance technologique)
pour un autre but (applications ou logiciels).
Comment résoudre ce genre des problèmes ? Il
faut prendre le temps de le faire soigneusement,
en tenant compte du fait que sur les valeurs de
base (la raison d’être de l’entreprise) se joue
la planiication des projets, l’organisation et
la hiérarchie des étapes à suivre (les valeurs
virtuelles, actualisées et réalisées). La inalité étant
d’abord celle de circonscrire un projet innovant et,
inalement, le valoriser en le communiquant d’une
façon cohérente par rapport à l’entreprise et aux
partenaires impliqués (citoyens, institutions, etc.).
En d’autres termes, la valeur est à construire à
chaque étape du projet (du concept au produit ou
au service) en relation à son contexte et, une fois
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construite, elle est à « valoriser » par un projet
de communication adéquat, cohérent et globale.
Ainsi comme tous les concepts susceptibles de
devenir une valeur, comme on a pu le constater
pendant le séminaire, le concept d’innovation se
prête à cette tâche assez facilement à partir de
sa généricité constitutive. En tous les cas, ain de
ne se trouver face à un concept vide – un simple
mot – l’innovation est à remplir de contenus et à
articuler. Qui pourrait s’opposer à la promotion
« d’innovation » ? Tout le monde en parle et la
partage mais, qu’est-ce que c’est en particulier
que l’innovation et en quels termes une entreprise
publique ou privée est innovante ou adopte une
stratégie innovante ?
3 L’innovation : de l’évolution
à la révolution
Cet exercice de formalisation facilite l’identiication
des questions qu'il faut se poser et des orientations
à suivre quand il y a la nécessité de développer
une nouvelle stratégie d’innovation, cohérente
avec l’identité d’entreprise et sa mission.
C’est alors le moment de revenir à la déclinaison
que nous avons proposé toute à l’heure à partir
du concept d’innovation tel qu’il a émergé
pendant le séminaire consacré à ce thème.
Cette première opposition sémantique générale
concerne le positionnement – parfois implicite –
© CNES/ESA/Arianespace/CORVAJA Stéphane, 2011
2.2 La valeur de base ou d’usage
Décollage du lanceur Soyouz (VS01) depuis le Centre spatial
Guyanais.
Dossier n°8 - page 48
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Dossier n°8
des intervenants qui sont dans la partie à gauche
ou à droite de notre schéma dans un partage qui
différencie d’un côté le Cnes et les entreprises
à caractère publique, de l’autre les entreprises
privées. Dans cette formalisation, évidemment
réductive – comme chaque formalisation – il y
a l’exigence de polariser les contenus qui ont
émergés pendant le séminaire. D’ailleurs, pour
quelques cas, ces contenus ont basculé entre
les nuances des thèmes qui peuvent apparaître
comme opposés, et parfois avec des tentatives
de conciliation autant sémantique (la redéinition
d’une valeur, par exemple) que opératoire (des
applications « révolutionnaires » pour le marché en
répondant aux valeurs éthiques et de partage)
INNOVATION
Évolution
vs
Révolution
Continuité (tradition)
Rupture
Progrès
Invention
Partage
Proit
Convergence
Compétition et
concurrence
Dimension éthique
Dimension
commerciale
séminaire, indiquée à partir de valeurs de base
nécessaires à chaque forme d’innovation. Il
s’agit, en forme plus ou moins explicite, des
mêmes valeurs promues par le ilm projeté à la
in des interventions : les investissements, les
objectifs partagés, la coopération, l’interaction, la
collectivité, les usagers, les réseaux, les services,
l’internationalité, la créativité. Et encore, dans un
territoire commun et partagé, les thèmes les plus
nommés comme espaces d’applications possibles
pour la valorisation de l’innovation ont été : le
développement durable, la sécurité, la santé, la
solidarité.
Pour conclure, il y a un problème général
d’interdéinition que j’ai remarqué au cours des
interventions, et il est la conséquence, parfois,
d’un manque de rélexion approfondie sur la
déinition de « projet » et, par conséquent, «
d’innovation » : il s’agit d’établir clairement quelle
relation entretiennent réciproquement ces deux
concepts, en amont ou en aval. En d’autres termes,
l’innovation est-elle une valeur à thématiser (à
identiier dans un champ d’action) pour arriver
à un projet ; ou encore c’est le projet qui permet
d’obtenir un produit innovant, ou bien les deux
aspects sont strictement liés et envisageables ?
Le pôle « évolution » prend en charge la recherche
et les contenus et il est nécessaire pour attendre
le pôle « révolution », plus concret et visible,
mais ouvert aux risques à travers l’impact
réel (commercial, d’usages, etc.). En outre,
conformément aux directives internationales,
un management qui travaille en direction de
l’innovation, aujourd’hui, a la possibilité de
solliciter un développement stratégique partant
des valeurs que l’on a classées sous l’étiquette
de l’ « évolution » pour rejoindre et, en même
temps, garantir les valeurs « révolutionnaires »,
mais toujours en cohérence avec les valeurs de
base (progrès, partage, convergence, dimension
éthique), et en les conservant. D’ailleurs, il y
a une approche commune et partagée – au
moins citée - par tous les intervenants du
Création de la valeur d’une donnée spatiale
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Dossier n°8 - page 49
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Dossier n°8
Il ne s’agit pas simplement d’une théorisation,
mais d’une rélexion pour adapter la méthodologie
d’approche au problème, à son parcours et à
l’ambition de ses résultats : il faudrait mieux
déinir l’innovation comme valeur à construire (en
la thématisant à partir des missions de chaque
entreprise ou institution) pour mettre en place,
ensuite, des projets cohérents qui puissent
produire des produits innovants et répondre en tout
aux valeurs identiiées préalablement à la base par
l'entreprise. Réléchir au sujet du management de
projet et de l’innovation c’est, à notre avis, prendre
conscience de ces dimensions complexes et
différentes.
Michela Deni
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Dossier n°8 - page 50
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Dossier n°8
Les « idees force »
Les « idées force » retenues à l’issue du séminaire sont données ci-après
(leur ordre d’apparition ne définit pas un quelconque classement)
• Innover, c’est tisser le lien entre invention et
valeur
• Innover, c’est préparer demain dans des contextes
hérités d’hier (prise en compte du savoir faire,
l’apport des standards comme moyen de diffusion de l’innovation, d’émulation et d’ouverture
des marchés, le REX, …)
• Identiier les personnes disposant de proils en
« T » (expertise + capacité à dialoguer en transverse) peut s’avérer plus eficace que des changements notables de l’organisation.
• Prendre en compte les problématiques environnementales comme source d'innovation (écoconception)
• L'observation et l'analyse des ruptures sociétales
participent au processus d’innovation. Les nouvelles technologies demandent des ruptures de
raisonnements.
• L'adaptation des proils de l'entreprise (sociologie
voire anthropologie, ouverture d'esprit, transversalité…) est un point important dans l’innovation.
Structurer une communauté d’utilisateurs en
général dispersés et mettre en place la communication avec les concepteurs permet de doper
l’innovation. Des laboratoires virtuels peuvent
favoriser l’accès aux attentes des utilisateurs.
L’innovation prend tout son sens dès lors qu’elle
répond aux attentes essentielles de la société.
• Le management multi-projets peut contribuer
au lien entre stratégie et projets d’innovation.
En effet, les projets peuvent partager des ressources, des composants, des savoirs… selon
des approches gestion de portefeuilles, plateforme (ex : standardisation du monde du satellite), de stratégie. Cela permet par exemple de
réinjecter les savoirs d’un projet vers les autres,
incluant les « savoirs non faire ».
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• La veille stratégique (mise en plan d'un dispositif
d'intelligence économique et stratégique) peut
notamment permettre d’identiier l’expertise et les
travaux disponibles sur un sujet donné. Elle doit
être intégrée aux processus de l’entreprise.
• Provoquer des rencontres improbables est un
élément favorable à l’innovation. De même
lorsque l’on favorise une structuration transverse
selon des thématiques (ex : matériaux, TIC,
transports, eau-énergie-environnement, applications espace-santé, agro industrie, Europe…) qui
peuvent donner lieu à l’émergence de clusters.
Mais aussi, l’innovation doit rimer avec international et entreprenariat. Il faut trouver des montages
permettant que l’innovation ne soit pas limitée à
la seule ingénierie.
• Les inancements de la R&D présentent des
dificultés d’utilisation (dispersion, complexité,
longueurs, image trop attachée au monde de la
recherche, pas assez de bottom-up venant des
PME-PMI sauf Crédit Impôt de Recherche…), et
le dispositif de recherche souffre d’un manque de
lisibilité et de coordination. Mais l’industrie française devient trop dépendante des aides et se
déconnecte du marché. La R&D est encore trop
perçue comme un coût et le lien avec les projets
est trop faible
Dossier n°8 - page 51
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ACM 2012-037 - CNES Toulouse.