Arabs and Berbers

Les géographes arabes qui traversèrent l’Afrique septentrionale à partir du IXe siècle se trouvèrent confrontés à un immense pays insoumis, dans la plupart des cas, et surtout habité par une population, certes, en partie islamisée, mais non encore arabisée. Ces témoignages nous livrent des informations précieuses sur différents aspects du monde berbère, tels que l’histoire, la vie religieuse, économique ou sociale. Ils contiennent également des données sur les différents dialectes berbères, dont l’exploitation pourrait fournir d’importantes indications sociolinguistiques, structurelles, lexicales ou phonétiques sur l’état de la langue berbère médiévale. Sources qui demeurent malheureusement jusqu’à présent peu exploitées par la recherche scientifique.
Par ailleurs, c’est précisément l’étude de ces mêmes sources qui nous permet de découvrir quelques aspects et motifs d’une vision très ancienne des Berbères, développée et transmise par les voyageurs arabes. Une image qui est loin d’être aussi positive et qui est probablement le reflet de rapports mutuels, pas toujours aussi « fraternels ».

A l’arrivée du Sultan Hassan I  au pouvoir (16 septembre 1873 – 7 juin 1894), le Maroc en tant que puissance régionale et ancien empire africain était dans de mauvais draps : révoltes successives de la périphérie qui se sentait délaisser par le pouvoir et léser dans ses droits fondamentaux, d’où la fracture du pays en deux parties : bled as-siba et bled al-makhzen et la naissance de deux Maroc. Bled al-makhzan se composait des régions côtières enrichies par le commerce maritime avec l’Europe et les plaines fertiles, grenier du pays et même de l’Europe, à un certain temps, tandis que bled as-siba c’étais généralement les montagnes, les plateaux et les régions désertiques habitées par le peuple amazigh, autochtone et libre mais appauvri par l’ingratitude de la géographie et le manque d’intérêt des politiciens et décideurs.