La belle ouvrage, le Tour de France, le secret… tout l’imaginaire du compagnonnage tient dans quelques pratiques et quelques symboles qui ont focalisé l’attention, épaississant un « mystère » compagnonnique et laissant dans l’ombre les... more
La belle ouvrage, le Tour de France, le secret… tout l’imaginaire du compagnonnage tient dans quelques pratiques et quelques symboles qui ont focalisé l’attention, épaississant un « mystère » compagnonnique et laissant dans l’ombre les questions qui auraient dû être premières : qu’est-ce qu’être compagnon ? comment le devenir et le rester ?
Établi à partir d’enquêtes de terrain, de récits de vie et de dépouillements d’archives, cet ouvrage entend montrer les voies qu’il faut emprunter, faire entendre les appels auxquels il faut savoir répondre pour se dire « compagnon du Tour de France ».
Car l’auteur, ethnologue, le démontre : l’actualité des compagnons n’est pas une simple persistance. En effet, le compagnonnage est une institution dont la modernité s’est lentement construite depuis le XVIIIe siècle. Simple organisation de jeunesses artisanales vouée à « faire passer » cet âge de la vie dans un premier temps, le groupe compagnonnique a progressivement cherché à façonner de manière plus large l’existence des individus. Institution de passage devenue institution à rites de passage, les compagnons ont peu à peu mis en avant un modèle de vie auquel seule une minorité peut se soumettre : les hommes de Devoir, ceux qui ont su, comme ils le disent eux-mêmes, « faire de leur vie un chef-d’œuvre ».
Ce texte traite des usages et des représentations de la nostalgie au sein des sociétés compagnonniques. Celle-ci se déploie sur deux registres. Par-delà la nostalgie de la région d’origine, provoquée par le départ sur le Tour de France,... more
Ce texte traite des usages et des représentations de la nostalgie au sein des sociétés compagnonniques. Celle-ci se déploie sur deux registres. Par-delà la nostalgie de la région d’origine, provoquée par le départ sur le Tour de France, on trouve une nostalgie du Tour lui-même que suscitent les compagnons. L’auteur montre que ce redoublement nostalgique fait des pratiques, discours et objets qui la construisent des ressorts puissants de la construction identitaire des individus.
This text deals with the uses and representations of nostalgia within compagnon societies. It unfolds on two levels. Beyond the nostalgia of the homeland caused by the departure on the Tour de France, there is a nostalgia for the Tour itself that is aroused by compagnons. This doubling of nostalgia, set on practices, discourses, and objectsso the author arguesis a powerful resource for the construction of one's identity.
Partant du constat que, chez les compagnons du Tour de France, Marie-Madeleine occupe une place particulière parmi les saints patrons, l’auteur propose une analyse visant à établir la légitimité de sa position. La sainte pécheresse... more
Partant du constat que, chez les compagnons du Tour de France, Marie-Madeleine occupe une place particulière parmi les saints patrons, l’auteur propose une analyse visant à établir la légitimité de sa position. La sainte pécheresse entretient en effet avec les hommes en devenir un rapport étroit. Les guidant sur les sentiers de la nature, Marie-Madeleine les initie, en tant que prostituée et en tant qu’ermite, à leur propre condition. Elle offre donc certaines garanties quant à l’acquisition complète de la virilité, étant elle-même pensée sur le mode masculin, et cristallise ainsi les aspirations du compagnonnage désireux de produire des hommes complets.
Starting from the observation that Mary-Magdalene occupies a special place among patron saints for the compagnons of the Tour de France, the author provides an analysis of her position in an effort to establish its legitimacy. The holy sinner in fact has a very close relationship to men. As prostitute and hermit, she leads them to paths of nature and shows them their own condition. Consequently, she offers certain guarantees of attaining full virility, herself being thought of in the masculine mode. She thus crystalizes the aspirations of journeymen societies intent on producing complete men.
À partir d’enquêtes de terrain et d’autobiographies de « compagnons », cet article propose de retracer la naissance et l’évolution d’une notion clé du compagnonnage : l’« Orient ». Forgée en réaction aux progrès du machinisme au xixe... more
À partir d’enquêtes de terrain et d’autobiographies de « compagnons », cet article propose de retracer la naissance et l’évolution d’une notion clé du compagnonnage : l’« Orient ». Forgée en réaction aux progrès du machinisme au xixe siècle, elle a rapidement fait référence à une valeur identitaire : la maîtrise de soi, qui, pour les compagnons, définit l’homme de métier. Les « sentiers de l’Orient » évoquent ainsi le cheminement d’un concept dans la culture compagnonnique ainsi que les voies, techniques et initiatiques, conduisant les apprentis à se réaliser.
Based on field studies and autobiographies of "compagnons," this paper retraces the origin and development of a key notion of compagnonnage: the Orient. Created in the nineteenth century in reaction to the progress of mechanization, it soon refers to an identity value: self-control that for journeymen characterizes a craftsman. "Paths to Orient" evokes the evolution of a concept in the compagnonnage culture and the technical and initiatory ways leading apprentices to mastery.