Deuxième Guerre Mondiale

Un livre de traduction anglaise de quinze des  "Poèmes du camp et de la prison" de Jean Wahl,  parvient à sa fille, de manière inattendue, plus de quarante après sa parution (1974) aux soins de la belle-fille d'un imprimeur, traducteur et bibliophile, Charles Guenther.

"Les Français au coeur des "années noires"
Occupation, résistance et collaboration : ces trois termes ont longtemps résumé l'expérience française de la Seconde Guerre mondiale. S'ils recouvrent en partie la réalité, ils ne suffisent pas à rendre compte de toute la complexité de l'époque. De la crise de Munich en 1938 à la Libération, cet ouvrage restitue à ces « années noires » toutes leurs dimensions. Il montre comment le double échec diplomatico-militaire de la France se traduit par un sabordage de la IIIe République et l'établissement d'un régime dictatorial : l'État français du maréchal Pétain qui foule aux pieds les valeurs républicaines et humanistes, et opte pour la violence politique et la collaboration.
Nicolas Beaupré restitue l'expérience quotidienne des Français et analyse la manière dont l'occupant établit son pouvoir et réalise son projet homicide. Une partie de cet ouvrage reprend des chapitres parus dans Les Grandes Guerres, 1914-1945, collection « Histoire de France », Belin, 2012.
Nicolas Beaupré, spécialiste d'histoire contemporaine de la France et de l'Allemagne, est maître de conférences en histoire à l'Université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand et membre de l'Institut Universitaire de France.
Un ouvrage publié sous la direction d'Henry Rousso.

La colonisation française de l’Indochine a conduit à la mise en place de nouveaux flux, intégrant des mobilités étudiantes. Dès la fin du XIXe siècle, de jeunes Indochinois désireux de bénéficier des enseignements occidentaux rejoignent la France pour poursuivre leurs études dans des établissements supérieurs ou professionnels. L’apogée de ces mobilités correspond à l’entre-deux-guerres, malgré des réticences et tentatives de contrôle par les administrations coloniales et métropolitaines (création de services dédiés, rapatriement des « perturbateurs » ...).
La Seconde Guerre mondiale vient bouleverser ces flux et réseaux d’étudiants, paralysant certains pôles métropolitains, dont Paris. Le territoire est divisé en différentes zones, avec une zone septentrionale occupée et une zone méridionale libre, tandis que les communications avec la colonie sont – partiellement ou totalement – bloquées.
C’est cette période de conflit qui constituera le cœur de mon intervention afin d’interroger la pertinence des idées de rupture et continuité concernant les mobilités étudiantes pendant la guerre. Une approche à moyen terme permettra de déterminer si la résolution du conflit a conduit à une totale réorganisation des flux, réseaux et pôles ou à un retour au statu quo ante. Pour cela, j’utiliserai principalement les sources des Archives Nationales d’Outre-Mer à Aix-en-Provence.

The French colonisation of Indochina was the starting point of new flows integrating students’ mobility. From the end of the 19th century, some young Indochinese were willing to benefit from Western knowledge and went to France to continue their studies in technical or higher education schools and universities. The apex of this mobility matches the Interwar, even though colonial and metropolitan administrations showed some reluctances and attempted to control the flows (foundation of special agencies, repatriation of “troublemakers” ...).
WWII disrupted these student flows and networks, paralyzing some metropolitan hubs, including Paris. The French territory was divided in different zones, with an occupied northern zone and a free southern zone. At the same time, the communications with the colony were – partially or totally – blocked.
My paper deals with this period of conflict as I will try to examine the pertinence of the ideas of break-up and continuity concerning student mobility during WWII. I’ve chosen a middle-term approach in order to determine whether the resolution of war has led to a complete reorganisation of the flows, hubs and networks or to a return to the statu quo ante. To do so, I’ll use materials from the Aix-en-Provence’s Archives Nationales d’Outre-Mer.

En 1942, le jeune Albert Camus adresse son manuscrit, Le Mythe de Sisyphe,  au philosophe Jean Wahl, celui-ci, lui répond dans le détail avec une lettre qui mêle admiration, critiques et points de convergence. A' son tour, Albert Camus le remercie dans une lettre (jusque-là inédite), traçant déjà ses grands thèmes; Barbara Wahl, qui en a hérité, a désiré faire connaitre cette lettre et a accompagné l'échange d'une brève introduction. La publication est aux pages  118-124 de la nrf.
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La forme et le fond
Camus débutant. Lettres inédites
ALBERT CAMUS, JEAN WAHL

Defending the Bourgeois State against Fascism: Swiss Social Democratic Lead- ers after the Fall of France in 1940
In May and June 1940, the German army defeated France. In just a few weeks, most of Western Europe found itself under German rule, leaving neutral Switzerland encircled by Axis powers. Facing this radically new context, Swiss political and economic leaders were confronted with equally radical strategic questions: How far should Switzerland go in accommodating to the new Europe? Historians have indeed described the summer of 1940 as a moment of deep political and economic uncertainty, when Europe oscillated between fascism, liberalism and socialism. But while historians have thoroughly studied debates within the conservative establishment in Switzerland, the labor movement during that period has been relatively neglected. To fill this gap, this article investigates the debates held among trade unions and socialist leaders. The authors show that they defended the bourgeois state in order to save, if nothing else, what was most important in a very unfavorable context: national independence (against Nazi Germany) and democratic institutions (against pro-fascist forces in Switzerland), and promoting social justice for the working class. In doing so, they aimed at maximizing their influence despite headwinds. The strategic options of this pivotal summer resonate with the history of the political integration of Swiss Social Democracy.

Les deux conflits mondiaux, par l’ampleur de leurs destructions, posent à l’Europe  une même question pendant et après les conflits : de quelle façon reconstruire les territoires ?

Que faire de ces lieux, de ces espaces éminemment signifiants, dont les significations et les pratiques sont bouleversées ? Est-il encore possible, sinon souhaitable, pour les acteurs de la reconstruction, d’ajuster le passé et le présent, alors que la reconstruction appelle à des transformations radicales ? De ces monceaux de pierres, on a fait divers usages. Si la plupart de ces pierres ont été vouées au rebut et à l’oubli, d’autres ont été considérées comme des artefacts dignes d’être sélectionnés et préservés.

On va voir comment on a fait de certains de ces artefacts quelque chose d’éminemment signifiant, qu’ils soient conservés, réifiés dans les musées ou dans les ruines (la ruine devient alors monument, au sens littéral du terme : elle devient cette injonction à se rappeler, à faire mémoire. Elle est conservée pour sa valeur exemplaire : elle est la trace d’un lieu, d’un temps qui a été et qui n’est plus), ou au contraire récupérés pour être réemployés dans les reconstructions. Dans les deux cas, la volonté de monstration (de démonstration serait-on tenté de dire) est la même. L’artefact doit être une injonction à se rappeler. On dote l’objet d’une valeur mémorielle, patrimoniale. Les pierres ne sont plus de simples rouages architecturaux au sein d’une construction. Elles endossent un rôle nouveau : elles articulent forme (ou plutôt absence de forme, agencement dérouté) et sens, car c’est bien de la destruction que le sens de la ruine, de l’artefact devenu œuvre découle. C’est la destruction et la reconstruction qui s’ensuit qui leur confère ce statut particulier et cette aura nouvelle et vénérable. Ce sont ces trajectoires culturelles et sociales qu’il faut envisager. Sonder la « biographie » de ces artefacts pour comprendre comment ils se métamorphosent en œuvres signifiantes. Et comment d’une temporalité à l’autre, d’une spatialité à l’autre, ils sont recomposés, tour à tour matériau oubliable ou œuvre digne d’être conservée et mise en mémoire. Pourquoi une telle ambivalence ? Pourquoi une telle emprise potentielle sur les hommes ?